résumé de l’acte iii -...
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Résumédel’acteIII:
Aprèsledépartd’AndrewBlakeduPeninsula,Katchoisitd’oublierleurbaiseretdeprivilégiersarelationavecDan.Pourtant,leurhistoireestvacillante,troubléeparlapossessivitédeDanetsarivalitéavec Andrew. Kat confie ses craintes à l’inconnu de l’annonce, qui la conseille et lui redonneinvariablementlesourire.
QuandDanannuleàladernièreminuteleursoiréeauthéâtrepourunmatchdebase-ballavecsonpère,Kat est unenouvelle fois déçue.La fois de trop ?AndrewBlake, qui a observé la scène, saisitl’occasionettentedesoutirerunenouvellesoiréeensacompagnie.MaisKattientbonetrefuse.
Pourtant, malgré cela, elle le retrouve , assis à ses côtés au théâtre. Cette dernière provocationannihile ses dernières résistances et elle accepte de passer la nuit avec lui.Mais Andrew refuse deprofiterdelasituation.
À son retour chez elle, et encore sous le charmede sa nuit auprès d’Andrew,Kat retrouveDan,furieux.
***
–J’avaistablésurunretourunpeumoinstardif.–Bonsang,Dan,tum’asfaitunepeurbleue!Qu’est-cequetufichesici?hurlai-jeenavançantvers
lui.–Jet’attendais.Soncalmem’effrayaitetjereculaidoucementjusqu’àlaporte.Ducoindel’œil, jevisunsacde
voyagebleu.JeprisconsciencequemasoiréepuismanuitavecAndrewBlakem’avaientfaitoublieruncertainnombredechoses,notammentmonprojetdeweek-enddans leNewJerseyavecmonpetitamiofficiel.
–Tuesentréchezmoienmonabsence?–Tongardienmetrouvesympathique.Oùétais-tu?demanda-t-ilsèchement.–Àl’hôtel,répondis-jeavecsincérité.–Aveclui,jeprésume.Ilselevaetavançaversmoi.Jefixaisonvisageimpassible,tropcalme,troplisse.Sesyeuxétaient
noirs,sespoingsserrésàs’enfairesûrementmal.Àlavuedescernessoussesyeux, jecomprisqu’iln’avaitpasdormidelanuit.
–Commentétaitlapièce?s’enquit-il.–Dan,ilfautqu’onparle.
–Jet’aivueaveclui.J’étaislà,avecmonpère,jet’attendaisàlasortieettuétaisaveclui.Ilavaitlamainsurtoi.Justelà,précisa-t-ilavantd’enroulerprestementsonbrasautourdemoipourappuyersurlebasdemondos.
Jem’écartaivivementetm’éloignaidelui.Jen’aimaispascequejeressentais.Peut-êtreétait-celaconversationavecGregoryquimetroublaittoujours,maisDanm’effrayait.
–Dan,jecroisquetoietmoidevrionsfaire…unepause,articulai-jedifficilement.–Unepause?–Unelonguepause,précisai-jeenagrippantlachaisederrièremoi.–Tumequittespourlui?s’esclaffa-t-il.–Non.C’estjustequejenesupporteplus…ta…jalousie, tacolèrecontreluietcontremoi.J’ai
l’impressiondepassermontempsàapaisertescraintes.Sonvisageseradoucitaussitôtetjedécrispaimesmainspourlesmettredevantmoi.–Jecraignaisdeteperdre.Enquoicelafait-ildemoiunmauvaispetitami?–Tun’aspasconfianceenmoi.–Tuaspassélanuitdehors,danslesbrasd’unautrehomme!ironisa-t-ilavecunsouriremauvais.Jebaissaileregardetmetriturailesmains.Certes,Danieln’avaitjamaiseuunegrandeconfiance
enmacapacitéàrésisteràBlake,maisj’étaiscellequiavaitcédé.Jel’avaisembrassé,j’avaisacceptédepasserlanuitaveclui,j’avaisoubliéDanieletluiavaisdonnéraison.Jeneméritaispassaconfiance.
–Tuneprendsmêmepaslapeinedenier!souligna-t-il.–Pourquoifaire?Jesuiscertainequetuaseutoutletempsdet’inventerunehistoireàcesujetet
quetun’endémordraspas.–Iltevoulaitdepuisledépart.–C’estfaux.C’estjuste…unconcoursdecirconstances.–J’aicruquetuétaisdifférente.J’aicruquesonargent,sonpouvoir,sesrelationsnet’atteindraient
pas.– Je me fiche de tout ça ! hurlai-je, détestant qu’il me considère comme une femme vénale et
matérialiste.–Voyons,Kat!J’aidéjàconnuça,murmura-t-il.–Dan,tuesuntypeformidable,tuesgentiletprévenant,mais…–…jenesuispaslui.Jeconnaislachanson,merci.Ilvatefairedumal,lança-t-ilaprèsuncourt
silence.Iltemanipule,ilsesertdetoi,detanaïveté,pourmieuxtelaissertomberensuite.–Manaïveté?MonDieu,Dan,maistunemeconnaisvraimentpas!–Jeleconnais,lui,etlestypesdanssongenre!cracha-t-il,pleindehargne.«AndrewBlake,roi
tout-puissantdesmédias…»Commentpeux-tucroirequ’ilpuisses’enticherd’unefillecommetoi?–Sorsdechezmoi!luiordonnai-jeenretenantmeslarmes.Son visage changea de nouveau, et il sembla prendre conscience de la portée de ses mots. Il
s’approchademoietposasamainsurmajoue.Jefermailesyeux,pascertainedepouvoirsupporterlasuite de cette conversation. Mon ventre se tordit douloureusement quand je compris à quel point jem’étaistrompéesurlui.
–Kat,cen’estpascequej’aivouludire.–Sorsdechezmoi,répétai-je.–Ilvatepiétiner.Ilvafairedetoiunefemmesansâme.Petitàpetit,tuneserasplustoi-même.Ou
alors,danslemeilleurdescas,ilsedésintéresseradetoidujouraulendemain.Mon cœur se serra dans une douleur atroce.Non seulementDanme considérait comme faible et
fade,maisiljugeaitAndrewsansleconnaître.LamaindeDanquittamajoue.Ilattrapasavesteposéeprèsdemoi.
–Lestypescommeluines’embarrassentpasdesétatsd’âme,dit-ilenrécupérantlesacdevoyage.
–Detouteévidence, tunet’embarrassespasdesmiens, lâchai-jealorsquejemesentaisvacillersurmesjambes.
–Tun’esqu’unpiondanssonunivers.Ilt’écrasera,sansmêmequetut’enrendescompte.Etquandilauraréussiàtecouperdumonde,àtevidertotalement,alorstucomprendrasquej’avaisraison.
Ilenfilasavesteet,aprèsundernierregard,quittamonappartement.Àboutdesouffle,lecœurenmiettesetlecorpspétridedouleur,jem’écroulaicontrelemurjusqu’àheurterlesol.Jem’octroyaideprofondesinspirationsetexpirationspourtenterdechassermonmal-être.Aprèsplusieursminutes,jemerelevaietallaidansmachambremechanger.J’enfilaiunpullépaisetunbasdejogging,espérantlimiterlefroidquis’insinuaitenmoi.
Je passai lamatinée dans le coton. Après l’euphorie dema nuit avecAndrew, l’atterrissage futdouloureux.LesmotsdeDanflottaientdansmoncrâne,provoquantmêmeunelégèrecrisedeparanoïa.Ets’il avait raison…Si j’avais cédé trop facilement…L’univers d’Andrew et lemien n’avaient rien encommun…Pourquoim’avait-ilchoisie?
Lajournéepassalentement,trèslentement.Malgrétoutemavolontéàm’occuperetàm’activerdansl’appartement,jemesentaispresquenauséeuse.Jen’avaisaucunregretconcernantmanuitavecAndrew,maisj’avaisl’impressiond’enpayerlesconséquencesdemanièredisproportionnée.
***
Finalement,c’estavecuncertainsoulagementquejeregagnailePeninsula.J’yretrouvaiSamavecune pointe d’anxiété. S’il me parlait de Blake, c’était que tout l’hôtel était au courant. Mais lestransmissionssepassèrentsansencombre.Oupresque.
–Blakealaisséunmotpourtoi,l’enveloppeestdanstabannette.–Oh…merci,murmurai-jeenrougissant.–Ilt’aimebien,ondirait,plaisantaSam.–Ondirait,oui,souris-je.Jemeperdis dans le souvenir de ses lèvres surmamain.QuandSamme ramena à la réalité en
claquantdesdoigts,jem’aperçusquejecaressaismapaumeensouriant.–T’esavecmoi,là?s’amusamoncollègue.–Humm…oui.Justeunpeudefatigue.–Lanuitaétécourte?Unsourireentendus’installasurseslèvreset,pendantuneseconde,jemedemandais’ilsavait.Ou
peut-êtrequ’ilnesavaitpas,etque,àl’instardeGregory,ilprêchaitlefauxpourobtenirlevrai.–Oui.Jesuisrentréetard,mentis-je.–Jevaisyaller,mafemmem’attendpourqu’onfêtesonanniversaire.–OK…Bonnesoiréealors,dis-jedistraitement.–Tuessûrequetoutvabien?–Oui,oui.Parstranquille.Jedormiraidemaintoutelajournée.L’esprit encore embrumé, j’occultai volontairement la lettre de Blake. J’avais déjà beaucoup de
difficultés à trouver lamotivation pour fairemon travail, il fallait que je la conserve aumoins pourexécuterlestâchescourantes.
Maisceque jepensaisêtreunchoix raisonnable futune torture.Mesmainsagissaient,maismesyeux fixaient la bannette où reposait l’enveloppe. Mon cerveau était en veille et c’est en modeautomatiquequej’expédiaislavalidationdesréservations.
Je repoussai le dossier et arrachai le tiroir contenant le courrier d’Andrew. Son écriture était àpeinelisible.Etenvoyantquesonmotavaitétéécritsurundespapiersàen-têtedel’hôtel,jedevinaisqu’ill’avaitrédigéjusteavantsondépart,defaçonunpeuprécipitée:
Ilyatellementdechosesquejeveuxtedire,ettellementdechosesauxquelles jepense.Ettoujourstroppeudetempspourlespartageravectoi.Maisj’aiprisunedécision.Maseuleexception,c’esttoi.Jet’embrasse,Andrew.P-S:Garde-moitasoiréedu15.
JefronçailessourcilsàlavuedesonP-S.Le15…Ilm’avaitdit«quinzejours»,etmaintenant,ilm’annonçaitsonretourdansplusdetroissemaines!Maismadéceptionsedissipatrèsvite.Jerelussonmot:
Maseuleexception,c’esttoi.
Unsourirediscret,maisheureux,s’étalasurmonvisage.Son«exception».Ceseulmotsignifiaittellementdechosesmaintenant.Jerepliailanoteetlaglissaidansl’enveloppeadresséeàmonprénom.Ce n’est qu’à cet instant que je sentis un poids presque imperceptible. Je retirai le mot et retournail’enveloppe.
L’allianced’AndrewBlakeatterritdanslecreuxdemamain.Éberluée,jeprislabague.C’étaitbienla sienne. Toujours aussi brillante, avec une simple phrase gravée à l’intérieur : « Je ne veux pourflambeauxquetesyeux.»Souslechoc,jem’assisdanslefauteuiletfixailebijousansvraimentlevoir.
Ilavaitretirésonalliance.Pourmoi.Poursonuniqueexception.«Maisj’aiprisunedécision»,m’avait-ilécrit.C’était cela : se défaire de son passé et me choisir. Décider de garder dans un coin de sa tête
l’amourqu’ilporteàsafemme,pourmoi.Leslarmesaffluèrentàmesyeuxetjelessentisroulerlelongdemesjoues,incontrôlables.Aprèsplusieurssecondesdeconsternation,jemeredressaietlesessuyai.J’étaisdeservice,jedevaismereprendre.
Avec précaution, je remis l’anneau dans son enveloppe. J’étais flattée. Plus que flattée même.Andrewmeconfiait sonalliance,mais jesavaisquecesquelques lignesallaientau-delàdecesimplebijou.
Jedevaisluiparler.Maintenant.Prise dans l’urgence, je cavalai jusqu’à mon vestiaire et récupérai mon téléphone portable. Je
trouvailenumérodesonbureausursondossier«client»et,aprèsavoirvérifiél’heure,lecomposai.Leconnaissant,ilavaitdûyallerensortantdel’avion.
–BlakeMedias,Laurenàvotreécoute,fitunevoixnasillarde.–Euh…Bonjour.J’aimeraisparleràAndrewBlake,soufflai-je,surprised’entendresonassistante
merépondre.–M.Blakeestenréunion.Puis-jeprendreunmessage?débita-t-ellerapidement.–Oh…Dites-luiqueKathleenDillonaappelé.–Unnumérooùilpeutvousjoindre?demanda-t-elleavecunepointed’énervement.–M.Blakeamonnuméro.Bonnesoirée,dis-jed’unevoixferme.Jeraccrochaisanslaisserletempsàcettepimbêchedemesaluer.Jepensaifurtivementàl’appeler
sursonportablemais,s’ilétaitenréunion,iln’apprécieraitpasd’êtredérangé.Jemedécidaifinalementpourunmessage:
Heureusedetadécision.Messoiréessontàtoi.Toutes.Sansconditions.K.
Je reposai mon portable dans un coin et, ragaillardie par cette bulle de bonheur que venait dem’offrirAndrew,jereprismesoccupations.
Mon téléphone sonna trois minutes plus tard. En voyant le numéro d’Andrew s’afficher, je risdoucement.
–Bonsoir,soufflai-je.–Jevoulaisentendretavoix.Pourquoin’as-tupasappelé?–Tonassistantem’aditquetuétaisenréunion.Jenevoulaispastedéranger.Jel’entendissoupirerlourdement,puisilappelaLauren.Intérieurement,jeressentaisuneformede
jubilation.Letonqu’avaitemployéAndrewétaitsecetmâtinédecolère.Detouteévidence,qu’ellefassebarrageneluiplaisaitpas.
– Lauren, quand Kathleen Dillon cherche à me joindre, vous me la passez, fit la voix étoufféed’Andrew.
–Mais…–Peuimporte.Nejouezpasavecmoi,Lauren,vousêtesàdeuxdoigtsdeperdrevotrejob.–Bien,monsieurBlake,murmura-t-elle.J’entendisunnouveausoupir,puisunbruitde frottement.Andrewdevait sûrementavoir retiré sa
maindumicro.–Préviens-moisicelasereproduit.–Cen’étaitrien,Andrew,soufflai-je,soudainementprisederemords.Tuesoccupé,c’estnormal
qu’ellefiltre.–Ellenetefiltrepas,toi!Jenetoléreraipasquetusoismisedecôté.–D’accord,chuchotai-jeavecdouceur.Mercipour…tonmot,lançai-jemaladroitement.Etpourle
resteaussi.– Ilétait tempsque je le fasse.Elle…Elleappartientaupasséet jenepeuxplusvivredansson
souvenir.–Andrew,jamaisjenetedemanderaid’oubliertafemme.Tul’asaimée.Etdetouteévidence,une
partiedetoil’aimetoujours.–Peut-être.Comments’estpasséetajournée?éluda-t-ilrapidement.–Bien.Je…J’aivuDan.–Oh…As-tupuluiparler?–Jen’aipaseulechoixàvraidire,ilm’attendaitchezmoi.–Cheztoi?s’écria-t-il.Commentest-ilentrécheztoi?–Legardien,expliquai-je.Mais,j’aimisleschosesaupointaveclui.Ilyeutuncourtsilence,etjemedemandaissijedevaisvraimenttoutluiraconter.Vulacolèrequ’il
avaitmanifestéeauprèsdeLauren, jen’osaisimaginersaragesi jeluiracontaismaconversationavecDan,ouàquelpointcelam’avaitsecouée.
–Ettajournée?demandai-jefinalement.–Longue…Chargée…Etloindetoi.J’aidûdécalermondéplacement.–J’aivu.Le15.C’estloin,avouai-jeenm’apercevantàquelpointjem’étaisattachéeàluietàsa
présence.–Vas-tuenfinreconnaîtrequetuespresséedemevoir?–Jamaisdelavie!ris-je.Tonegoestdéjàtellementmonstrueux!–Pasautantquetonentêtement!Cecidit,j’appréciequetuaiesappelé.–Oh,etpourquoi?l’interrogeai-jeensouriant.–Parceque,d’unepart,çaprouvequetutiensuntoutpetitpeuàmoiet,d’autrepart,çalimitela
casse.–Çalimitelacasse?répétai-jesanscomprendre.–Tucomprendrasdemain.–Andrew!râlai-je.Tusaisquejedétestequandtumecachesdeschoses.
–Jenetelescachequepourtonproprebien.Je grommelai, plus pour la forme que par volonté de vraiment savoir ce qu’il dissimulait.
ConnaissantAndrew,ilavaitencorefaitdansl’extrême.–Jedoistelaisser,murmura-t-il.–OK.Passeunebonnesoirée.–Jet’embrasse.Àplustard.L’instantsuivant il raccrochait,sansmêmemelaisser l’occasionderépondre.Unpeusurprise, je
regardaimontéléphoneavantdeleposerprèsdemoi.LerestedelanuitfutplutôtcalmeetjeprisplusdetempsquenécessairepourtraiterledossierdeBlakeMediasetfairelesréservations.Etcesmêmesréservationsmefirentréfléchiraugenredesoiréequ’Andrewvoudraitpasser.
Cet homme avait tout : l’argent, le pouvoir, la volonté. Mais je ne connaissais aucune de sespassions.Peut-êtrelepiano,songeai-jeenrepensantaufaitqu’ilavaitdemandédefaireaccorderceluidel’hôtel.Unconcert…Jesecouailatête.Ilvenaitdansquasimentunmois,etj’étaisdéjàentraindemerongerlessangs.
***
Le lendemain matin, Gregory arriva tout sourire à mon pupitre, m’apportant un café au lait. Cesimplefaitétaitsuspect.Etquandsonsourires’élargitàmesurequemesyeuxseplissaientdesuspicion,jepaniquaipresque.
– Gregory, tume fais peur, dis-je alors qu’il s’appuyait surmon comptoir, aussi silencieux quesouriant.Qu’est-cequetucaches?
–Moi?Rien!–Gregory!grognai-je.–Jeviensdem’apercevoird’untruc…SitucouchesavecBlake…–Jenecouchepasaveclui,lecoupai-jevivementenrougissant.–Oh…Bon,disonsquesitu«entretiensunerelationaveclui»,reprit-ilenmimantlesguillemets
avecunegrimaceexagérée,c’estqu’iln’entretientpasderelationaveclablonde.–Jepensaisquetulesavaisdéjà!–Jelesavais,maismaintenantçaveutdirequ’ilestdéfinitivementhorscourseetquecejolipetit
lotestàmoi.Une forme de fierté et d’excitation anticipée brilla dans ses yeux. Je le regardais, me retenant
d’exploserderire.–Gregory,jenevoudraispasruinertoustesespoirs,maisj’ail’impressionqu’ellenecôtoiepasle
mondedeshumains.–TuasréussiàattirerBlake…–Je…–Nedispaslecontraire!mecoupa-t-ilvivement.Donc,situaseuBlake,jepeuxavoirlablonde.–Meghan,corrigeai-je.MeghanStanton.Tonfantasmeaunnom,sifflai-je.–Eneffet,ettoi,tuasunemissionpourmoi.–Quelgenredemission?demandai-je,soupçonneuse.–M’aider.Jeveuxquecettefemmetombeàmespieds,sipossiblenue,etmedemandedel’honorer
jusqu’àlafindestemps,déclama-t-il.JepouffaiderireenvoyantGregorybomberletorse,convaincuparcequ’ildisait.Jerepensaià
Meghan,froide,distante,presquemesquine.ElleallaitécraserGregorycommeonécraseunmoucherongênant.
– Greg, arrête de regarder les péplums… Le gladiateur qui réussit à séduire la femme del’empereur,çaresteducinéma!
–Nesoispasdéfaitiste.Jecomptesurtoi!Ettuasséduitl’empereur!–Commentsuis-jecenséet’aider?–Tuasobtenusonnuméro?–Euh…non.–Tantpis.Ilfautquetumedisescequ’elleaime.Jesuiscertainquetuasdesinfos,ajouta-t-ilen
désignantl’ordinateurdevantmoi.–Jeneferaipasça,Gregory.–Ohnon,Kat…Pitié,nemefaispaslecoupdelafilleultraprofessionnelle!–Jevaismegêner!Situveuxluiparler,vas-y.Etamuse-toibiensurtout.Ellereviendrasûrement
avecAnd…avecM.Blake,corrigeai-jeenrougissant.–Talignededéfenseestmauvaise,Dillon.Tucouches…ahnon,pardon,tu«entretiensunerelation
privilégiée»avecunclient.Etfranchement,siturefusesdem’aiderspontanément,jevaisdevoiravoirrecoursàdesméthodeshonteusesetinavouables…
–Comme?demandai-je,soudainanxieuse.–Lechantage.Jemecrispai,songeantàtoutcequeGregorysavait.Lepire,évidemment,étaitcequ’ilnesavait
pas,maisquesonesprittorduimaginait.–Gregory,tuneferaispasça?murmurai-jeavecinquiétude.SiPerkinsapprendque…–Perkins?Maisenfin,Kat,tumeprendspourqui?–J’aicruque…–Kat,cequisepasseentreBlakeettoineregardequeBlakeettoi…Etmoiaussi,accessoirement,
maiscen’estqu’undétail.J’aimieuxpourtefairechanter…–Vraiment?Un sourire géant et effrayant s’étira sur ses lèvres. La phase de soulagement, que je venais de
ressentirenapprenantqueGregorynediraitrienàPerkins,s’effaçaaussitôt.Gregoryavaitétéflicdansuneanciennevie,ilsavaitcommentfairepressionefficacement.Ilretirauneenveloppedesapocheetlaposadevantmoi,laissantfermementsonindexdessus.
L’inconnu.
CHAPITRE14
–Lalettrecontretonaide.–Cen’estpasfair-play,Greg!–Jet’écoute,triompha-t-ilalorsquejepianotaissurmonclavier,défaite.Jesoupirai,àlarecherched’informationssurMeghanStanton.Sincèrement, jenecroyaispasune
secondequ’ellerespireraitneserait-cequelemêmeairqueGregory.Maisilavaitunelettrepourmoiet,malgrélesderniersévénements,jem’étaisattachéeàl’hommequim’écrivait.
–Ellearéservéuneséancedemassagelorsdesondernierséjour.Tudevraispeut-êtrecommencerparlà,suggérai-je.
–Parfait…Ilrelâchalalettreetjel’attrapaivivementavantdelafourrerdansmabannette.Gregory,heureux
commeunpape,s’éloigna.–Gregory?–Oui?–Faisdansleclassiqueavecelle:fleurs,dîner…flatteries,ajoutai-jeavecunepointed’ironie.–J’ypenserai!lança-t-ilavantderegagnersonbureau.Samarrivapourassurerlarelèvequelquesinstantsplustard.Cen’estqu’unefoisassisedanslemétro,bercéeparleronrondelarame,quejeressortislalettre
del’inconnu.Àl’intérieur,jetrouvailaphotod’uneville,baignéeparlanuitetseulementéclairéeparquelqueslumièresisolées.Jelaregardaiunlongmoment,laretournaimême,avantdelaglisserderrièrelalettre.
ChèreMarie,Merci. À l’exclusion dema famille, il est rare que je reçoive des cadeaux aussi… personnels. Je suisvraimenttouché.Unlivre…C’estplusqu’unlivre.Jemesouviensquedansvotrepremièrelettre,vousmeconseilliezdelire.J’aisuivicetterecommandationetjesuisheureuxqueceromanfassepartiedemeslecturesàvenir.Jenepeuxpascroirequevotreviesoitsicalme.Vousenviez lamienne,quand j’envie lavôtre.Vousavez du temps.Vous pouvez faire des choses,moi… je cours.Constamment.Après le temps qui file,après mon travail, après les gens que j’aime. Je n’ai pas assez d’heures pour faire les chosescorrectement.Néanmoins,j’essaye…Ledestinnevousapasoubliée.Sinon,jeneseraispasentraindevousécrirecettelettre.Vivezvotrevie,Marie.Nevousenlisezpasdanscequevousn’aimezpas…N’était-cepaslesbonsconseilsquevousmedonnieziln’yapassilongtemps?Vousvoulezêtrerassurée?J’ouvrevoslettresdanslesilencelepluscomplet.J’attendsd’êtreseul,jecoupelamusique,jefermelesfenêtres,j’éteinsmontéléphoneetjedécouvrevotrecourrier.Lebruitdupapiermerendheureux.Ouvrirvos lettres, c’est…excitant.C’estcommesi, lettreaprès lettre, jevousdécouvraisunpeuplus.Etj’aimeensavoirplussurvous.
Magrandepassionn’estpaspartageableparécrit.Jejouedupiano.Mallaplupartdutemps.Maismafamilletentedemefairecroirel’inverse.Dieumerci,jenedorsplusdansmachambred’enfant.J’aiunlitd’adultemaintenant!Vous souvenez-vous de votre premiermessage ? Il parlait du destin et d’unemain tendue. Je croisl’avoirtrouvée.Elleest…incroyable.J’ailasensationd’êtremoiquandjesuisauprèsd’elleet,quelquepart,jesaisquec’estgrâceàvous.Vousm’avezpousséàouvrirlesyeux,àmettredecôtémasolitude.Pourvousd’abord,etmaintenantpourelle.Vousn’avezpas idéeàquelpointvousécrirem’asauvé.Debiendes façons.J’oseseulementespérerquemeslettresvousapportentquelquechosed’aussifort.Jemesenspresqueredevableethonteuxdevousdevoirautant.Àdéfautdevous jouerdupiano, j’aiquandmêmeuncadeaupourvous.C’estceque jevoisquand jevousécris.C’estcequim’inspirequandjevousécris.Saufpourcettelettre…Maisc’esttoujourslanuitquejevousécris.Peut-êtredevrais-jechercheruneexplicationrationnelleàça?Jevousembrasse…Etsijepouvais,jevousenlacerais.Jenesaispassionpeutdirecegenredechosesdansunelettre,maisvousêtesimportantepourmoi.Votreinconnu.
Jereluslalettreplusieursfois,etmanquaideloupermonarrêt.Jesortisdumétroencourantavantdegagnermonappartement.J’ôtaimonmanteauetmonbonnet,etmeprécipitaidansmonlit.Lafatiguemegagnadèsquejeposailatêtesurl’oreiller.
***
Àmonréveil,enmilieud’après-midi, j’étaisencorecomateuse.Jemefisunthéetconsultaimontéléphoneportable.J’avaisunmessaged’Andrew:
Laplupartdesgenscomptentlesjours…Personnellement,jecomptelesnuitsquimeséparentdetoi.Prendssoindetoi.A.
Cettefois,jeneretinspasmonsourire.Monmugàlamain,jefixailavuebrumeusedevantmoi.Jepensaidenouveauànotrenuitensemble,àsonsourire,àsesmots,aufaitqu’ilvoulaitquej’oubliequiilétait.J’avaisdéjàoublié.Àmesyeux,AndrewBlaken’étaitplusunmillionnaireexcentriqueetarrogant,ilétaitjustel’hommeavecquij’avaisdormi,l’hommepourquij’étaisl’exception,l’hommepourquijecomptaislesjoursavantsonretour.
L’hommeàquijedevaisunesoirée.Voilà sur quoi j’allais devoir œuvrer. Furtivement, je songeai que je ne savais que très peu de
chosessurlui,etmêmepaslanourriturequ’ilaimait.Jefronçailessourcils,àlarecherched’uneidéeàlafoisoriginaleetàmaportée.Siluipouvaitsepermettred’êtreexcentrique,moi,jedevaisplutôtagirdanslamesure.
Perduedansmespensées,jefinismonthéetconsultaiencoreunefoismonportable.J’étaistentéedeluienvoyerunmessagepouravoirsonavis.Maisjesavaisqueceseraitpeineperdue.Ilprendraitunmalinplaisirànepasmerépondreet,parailleurs, jevoulais le surprendre.C’est la sonneriedemoninterphonequimetirademessonges.
–C’estMaria,chantalavoixdelafleuristedel’hôtel.Jelalaissaiaccéderàl’immeubleet,quelquessecondesplustard,ellesonnaàmaporte.Quandje
luiouvris,elleétaittoutsourire,lesmainsdanssondos.–Livraisonàdomicile,expliqua-t-elleenentrantdanslesalon.Andrew…Qu’avait-ilencoremanigancé?Jerefermailaportederrièreelleetluifisface.Deson
dos,ellesortitunelongueetsuperberoseblanche.–C’estsonassistantequiaappelémais,crois-moi,rienqu’àlacommande,jesavaisquec’étaitlui,
expliqua-t-elleenmetendantlafleur.
Je pris la rose d’entre sesmains et souris en la portant àmon nez. Son parfum était légèrementcapiteux,maisj’aimaisça.Jesavaisdésormaisqu’ilmeseraitimpossibledenepasassocierAndrewàcesroses.
–J’aipréférévenirtel’apportermoi-même,ditdoucementMariaenmetirantdemespensées.–Mercid’avoirfaitledéplacement.Cen’étaitpasnécessairepoursipeu.–Kat,jevoistonsourire,jesaisquecen’estpas«sipeu».–Cen’estpascequejevoulaisdire.Andrewm’ahabituée…–Andrew?Oh!Donccen’estplus«MonsieurBlake»?fit-elleavecunairfaussementétonné.–Leschosesontunpeu…évolué.–Oh…–Maisc’estencore tôt.Et je suis raviequ’ilait finipar seconteniretpar fairedans lamesure,
soulignai-jeendésignantmarosesolitaire.–Oh!Kat,tuestellementnaïve!ritMariasoudainement.Jefronçai lessourcils,cherchantuneexplicationàsonhilarité.Jereportai la fleursousmonnez,
m’enivrantdesonparfum.LeriredeMarias’éteignitetellemefixaunlongmoment.–Jenevenaispasquepourça,àvraidire,avoua-t-elledansunmurmure.–Vraiment?–Vraiment.J’auraistrèsbienputefairelivrercetterose,maisAndrewBlakeestdugenretêtuet
persuasif.Elle se dandina sur ses pieds et sembla soudainement mal à l’aise. Je l’invitai à s’asseoir et
m’installaiprèsd’elle.–Qu’est-cequ’ilt’ademandédefaire?soupirai-jeensongeantàsesmultiplesabusdepouvoir.–Ehbien…Ilyalarose…etilyaça,hésita-t-elleenposantunécrinsurlatable.Jefixailepetitcubedeveloursdevantmesyeux.J’auraisreconnulamarqueentremille:Cartier.
Lesbijoux.Lesouvenirdesapetitemascaradepourmefaireessayerlecadeaudesamèremerevintentête.Prèsdemoi,j’entendisMariasoupirerlourdementavantdesefrotterlesmainssursonpantalon.
–Oh!fis-je,tétanisée.–J’aidûallerlerécupéreràlaboutique.–C’est…impossible,murmurai-je.Rapidement,j’analysailatailledelapetiteboîteetconfrontaimesobservationsausouvenirdema
soirée dans sa suite. De toute évidence, il ne s’agissait ni d’un collier ni d’un bracelet. Je déglutisviolemment,prisedansuneformedetourbillondejoieetdepeur.Toutallaittropviteaveclui.Toutétaitdansl’excès,danslaviolence,danslapuissance.Jedétestaislafaçondontilimposaitsonpointdevue.
Je souris à cette pensée. C’était aussi son arrogance qui m’avait séduite. Son abnégation à mevouloir, samanièredemechambouler, rienqu’avec son regardétincelant…Sesbaisemainsm’avaientconquise.Etmaintenant,danslesilencelepluscomplet,auprèsdeMaria,jemedemandaissijedevaisouvrircetteboîteoufairecommesiellen’existaitpas.
–Tudevraisl’ouvrir,lâchaMariaprèsdemoi.–Tucrois?–Ehbien,jepensequ’ainsituarrêterasderegardercetteboîtecommesielleallaitexploserdansla
minute.–Ilfautquejeluidisedecesserça,soupirai-jeenprenantfinalementl’objetentremesmains.–«Ça»quoi?–Lesexcèsentoutgenre,précisai-jeenouvrantl’écrin.Unpeu tremblante, je découvris une sublimepaire debouclesd’oreilles. J’entendisMariagémir
d’aise. Je lui lançaiun regardet,d’unmêmemouvement,nousnousaffaissâmes toutes lesdeux sur lecanapé.
–Jecomprendsmieuxpourquoiiln’avaitpaslebudgetpourlesfleurs,ritMariaprèsdemoi.–Ilestdingue…Quelgenred’hommefaitcestyledecadeauàunefemmequ’ilconnaîtàpeine?–Legenrequialesmoyens.Etjedoisavouerqu’ilaplutôtbongoût.–Jenesaispassijedoisaccepter.–Ohque si, tu acceptes.Tu le remercieset tubénis le cielquecethommeveuille te couvrirde
bijoux.–Maria,c’estunclientdel’hôtel!–Demande-luidechangerd’hôtel.–Maria!râlai-je.–Kat,tunedevraispastefaireautantdesoucis.Tupeuxgérerça.–Lescadeauxhorsdeprix?–Lui.Ilteveut,constata-t-elleenselevantdemoncanapé.–Ilmeveutetdoncjedoisjusteêtred’accord?l’interrogeai-je,stupéfaiteparsonraisonnement.– Tu sais que ce n’est pas ce que je veux dire. Il ne te veut pas comme la plupart des hommes
veulentunefemme.Iln’estpas…vulgaireou…pressé.Kat,cetypeestsûrementprêtàtoutpourtoi.Tutrouvesquecesbouclessontexcessives?Sincèrement,jeparieraismaboutiquequ’ilnetrouverajamaisriendesuffisammentexcessifpourtoi.
–JeneremetspasencauseAndrewoucequ’ilpenseressentirpourmoi,expliquai-jeenmelevantàmon tour. Je dis juste que toute cette situation est étourdissante. J’aimerais prendre le temps de leconnaître… Tiens, je ne sais même pas quel genre de cuisine il aime, marmonnai-je en repensant àl’organisationdenotresoirée.
–Jedoisyaller,maispromets-moidenepasêtretropdureaveclui.Savourecequ’ilt’offre.–Maisilt’amisedanssapoche,ondirait!m’écriai-jeenriant.–Jet’aiditqu’ilaétépersuasif!Pourtouttedire,jeneluiaimêmepasfacturécettelivraison!
soupira-t-elle,commepresquedéçued’êtreaussifaibleaveclui.J’éclataiderireetl’embrassaifurtivementsurlajoue.Ellesedirigeaverslaporteets’éclipsaen
directiondesascenseurs.Jel’observaideloin,heureused’avoirunefemmecommeelleàmescôtés.Jerefermailaportedoucementetrécupéraimontéléphoneportable.
Ànousdeux,Andrew.–BlakeMedias,Laurenàvotreécoute.–Bonjour,KathleenDillonpourAndrewBlake,jevousprie.–Nequittezpas,m’intima-t-ellesèchement.Ilyeutunpetitsilencepuis,aprèsundéclic,lavoixd’Andrewmeparvint:– Ce que j’aime chez cette fleuriste, c’est qu’elle tient toujours parfaitement les horaires de
livraison,rit-il.–Tun’auraispasdû!legrondai-jegentiment.–Jesavaisquelaroseétaitdetrop.Toujourss’enteniràl’idéedebase!–Andrew!râlai-je.Cesbouclessontmagnifiques,vraiment,cen’étaitpasnécessaire.–Eneffet…Maisj’aitoujourscruqu’uncadeaunedevaitpasêtrenécessaire.Donc,jeterejoins
surcepoint.–Quesuis-jecenséefairemaintenant?interrogeai-je.–Est-cequepleurerenm’attendantseraittroptedemander?–«Tropmedemander»?Depuisquandt’inquiètes-tude«tropm’endemander»?plaisantai-je.–Jeneveuxpastefairefuir,répondit-ilavecsérieux.Lesilences’imposaentrenous.Letonlégerdenotreconversationétaitentraindelaisserplaceà
autre chose. Je sentis une boule se former dansma gorge et, brutalement, je n’eus plus la force de lecontredire.Detoutefaçon,jenevoulaispasluimentir:lafuitefaisaitpartiedemoi.
–Ellesteplaisent?s’inquiéta-t-ilfinalement.–Ellessontsuperbes.–Jemetargued’avoirungoûtcertainpourleschoses…précieuses,dit-ilavecunevoixchaude.Jeretinsunrirenerveux.Andrewavaitlechicpourmemettremalàl’aiseenunesimplephrase.–Tutravaillescettenuit?–Oui.Etlanuitprochaine.–J’espèrequetesclientssontsagesavectoi.–Oh…laroutine,certainsm’offrentdesfleurs,d’autresdesbijoux…Parfois,j’aidroitàunbillet
de5dollars,ris-je.–Tonrirem’avaitmanqué.Encore un silence. J’entendis sa respiration dans le combiné et, pendant une courte seconde,
j’imaginaiqu’ilétaitprèsdemoi,samaincaléedansmondos.Mariaavaitraison:jedevaissavourercesinstants-là.
–Jedoisadmettrequetumemanquesaussiunpeu.–Pourquoifais-tucegenred’aveuxquandjesuisàdeskilomètresdetoi?–Jeprésumequ’êtreautéléphonesimplifieleschoses.–Oh…Donc,jenedevraispastedirequecettelignerenvoiesurmonportable,etquejesuispeut-
êtreàNewYork.–Vraiment?m’écriai-jeensautillantdejoie.–Non,fit-ilenriant.Maisj’auraisaimévoirtatête!–Tuesméchant!grognai-je.–Jeneveuxquetonbien.Jet’assure,uniquementtonbien,ajouta-t-il.Jeneferaijamaisrienpour
t’embarrasser.–Oh…Doncmonbonheurpasseavant tout le reste, j’imagine,plaisantai-jeenespérantdétendre
l’atmosphère.–Kathleen,j’aiperdulafemmequej’aimais,jen’aipasvu…cequej’auraisdûvoir.Jenetiens
pasàrevivreçaencoreunefois.Savoixétaitlourdeetsérieuse.Jememordisleslèvres,meretenantdeluidemanderdesdétails.Sa
femme était morte dans un accident, il la regrettait, mais quelque chose dans sa conduite me laissaitpenserquejenesavaispastout.
–Est-ceque…Est-cequ’unjour,tumeparlerasd’elle?l’interrogeai-jeprudemment.–Jenecroispas,répondit-ilsèchement.Cen’estpascontretoi,reprit-ilplusdoucement,c’estjuste
quejeneveuxpasmereplongerdanstoutça.–D’accord,murmurai-je,unpeudéçue.Ilfautquejetelaisse,jedoismepréparer.–Tumeforcesàt’imaginernueoupresque,etc’estmoileméchant?sourit-il.–Andrew…,gémis-jedoucement,imagine-moidansmatenueduPeninsula,jesuiscertainequetes
fantasmesvontvites’éteindre.–Necroispasça…Tun’aspasidéedunombredefoisoùj’airêvédet’enlevercetrucimmonde.
Tun’espasfaitepourça!–«Ça»quoi?Lepolyester?–Exactement.–Alorspourquoisuis-jefaite?Lesatinetlasoie?–Mêmepas…Justenue.J’éclataiderire,m’imaginantentraindedéambulernuedevantlui.L’imagen’avaitfinalementrien
dechoquant,maisjedoutaisdepouvoirlefaireunjour.Nonseulementcen’étaitpastropmonstylemais,enplus,jen’étaispasspécialementàl’aiseavecmoncorps.
–Jedoisvraimenttelaisser,dis-jeentredeuxrires.
–Justequandlaconversationdevenaitenfinintéressante!–Jenecroispasquepoursuivrecettediscussionsoitvraimentutile,m’esclaffai-je.–Eneffet.Jepréféreraisl’avoirfaceàface.Peut-êtremêmequejetrouveraisunmoyenagréablede
tefairetaire!–Voilàquiestbienprésomptueux,monsieurBlake.Etcommentferiez-vousça?–Jecroyaisquetunevoulaispaspoursuivrecetteconversation?rit-il.–J’aimeraisjustesavoirjusqu’oùvonttescapacitésdepersuasion.–Plus loinque tune l’imagines.Peut-êtremêmeplus loinque jene l’imaginemoi-même. Il faut
croirequejesuisprêtàfairel’impossiblepourtoi.Je sentis mes joues se colorer vivement. Cette voix, cette façon de faire des promesses aussi
profondessansenavoirl’airmechamboulaienttotalement.Lemondecloisonnéquejem’étaiscrééétaitenpleineexplosion.Àcausedelui.Pourlui.
–Turedeviensprésomptueux,plaisantai-je.–Jesuistrèssérieux,Kathleen,murmura-t-il.Vraimentsérieux.Crois-moi,j’aimeraisêtreprèsde
toi. Être présomptueux au téléphone est nettement moins drôle. Je préférerais te voir, t’entendre, tetoucher…
–Etremettreencausenotrerelationprofessionnelle?–Kathleen!râla-t-il.– Pardon… Bientôt, soufflai-je. Bientôt tu pourras faire toutes ces choses. Me faire toutes ces
choses,précisai-jeenmemordantlesjouesd’anticipation.–Pasassezvite,approuva-t-ild’unevoixprofonde.–Bonnesoirée…Et…encoremercipourlesboucles,hésitai-je.–Monplaisir,mademoiselleDillon.Etpuislesondetavoixestlemeilleurdesremerciements.Jerougisdenouveauetfusheureusequ’ilsoitdel’autrecôtédupays.Iln’avaitpasbesoindevoir
l’adolescentequ’ilfaisaitressurgirenmoi.Ilenauraitététropheureuxetm’auraitrenduefolle.Aprèsunsilencesuccinct,ilrepritlaparole:
– Serait-ce présomptueux de t’embrasser avant que tu ne détales pour exaucer les vœux de tesclientsmillionnaires?
–Non,répondis-je,j’adoreraisça.Tupeuxcomptersurmadiscrétionprofessionnelle.– Et voilà qu’elle retrouve la raison, souffla-t-il comme un grand soulagement. Je t’embrasse,
Kathleen,termina-t-ildansunmurmure.Jefrissonnaietserrailetéléphoneavecforce.J’étaisàdeuxdoigtsdeperdrelecontrôle.Aurait-il
ditunmotquej’auraisrappliquéimmédiatementàsescôtés,laissantmaviederrièremoi.–Andrew?l’interpellai-jeavantqu’ilneraccroche.–Oui?–Concernantcetterelationprofessionnelle…–Oui,grogna-t-il,apparemmentpeuraviquejereviennesurcesujet.–Tuesmaseuleexception,soufflai-je.Je devinais son sourire et l’imaginais enfin détendu. Je n’avais pas vraiment eu l’occasionde le
côtoyer sansêtre en lutte contre lui.Mais l’entendre rire,voir sonvisagecalmeet serein,meplongerdanssonregardétincelantferaientdéfinitivementpartiedemesprioritéslorsqu’ilseraitderetour.
–Tun’imaginespas…combienjesuis…heureuxdel’apprendre.Plusqu’heureuxmême.–Jevoulaisjustequetulesaches.Jet’embrasse.Jeraccrochai,lesourireauxlèvresetunejoiedébordanteenvahissantmoncorps.
***
Enmilieud’après-midi,Lynnem’appelapourpasserunmomentavecPhilipetelle,etdiscuterdel’organisation de la cérémonie. Le mariage de mon amie était assez loin sur ma liste des priorités.AndrewBlakeavaitlittéralementtoutbalayésursonpassage.Soudain,jecomprisàquelpointmaviemesemblait terne, tristeetvide.Lemêmesentimentdesolitudeetderoutinequ’avaitgénérél’annoncedel’inconnumesaisit.
Il fallait que je le remercie dansma prochaine lettre. Sans lui, je n’aurais sûrement jamais oséfranchir le pas. Avec un sourire, je fourrai l’enveloppe dans mon sac, envisageant de lui répondrependantlanuit.Jequittail’appartementetm’engouffrairapidementdanslemétro.L’hiveravaitreprissesdroitsetlefroidmepénétraitjusqu’auxos.
JerejoignisPhilipetLynnedansunpetitcaféquisevoulaitêtreunerépliqueamélioréeduCaffèGreco.Lesfutursmariésdiscutaient,deuxtassesfumantesdevanteux.
–Bonsoir!dis-jejoyeusement.–Oh…Tevoilà.Cappuccino?proposaLynne.–Cappuccino,c’estparfait.Bonsoir,Philip.–Kat,mesalua-t-il froidementalorsqueLynnes’éclipsaitpourpassercommande.Commentvas-
tu?–Bien,jeteremercie.Commentvontlespréparatifs?–Çaavance.Lynneesttrèsorganisée.Ellegèreparfaitementlasituation.–Eneffet.Lacérémonieserasuperbe,jen’endoutepas.Philip me lança un sourire glacial. Ses yeux étaient sombres, inexpressifs, provoquant, comme
toujoursensaprésence,cesentimentdemalaise.Maiscommedenombreuxhommessurlepointdesemarier,jeprésumaisquelespréparatifsnel’intéressaientpas.Lynnerevintavecmoncappuccinoetjelaremerciai.
–J’aiunserviceàtedemander,hésita-t-elleavecunevoixdouce.–Jet’écoute,dis-jeenportantlatasseàmeslèvres.–J’aimeraisquetonpèremeconduiseàl’autel.–Quoi?m’écriai-je.Mais…Maismonpèreteconnaîtàpeine!Simessouvenirsétaientbons,ilss’étaientcroisésdeuxfois,aucoursdel’uniquevoyagedemon
pèreàNewYork.Jesavaisqu’ilavaittoutdesuiteappréciéLynneetsabonnehumeurpermanente,maisjenepensaispasqu’ilsétaientsiproches.
–Kat,tusais…pourmesparents,repritdoucementLynne.Jeneveuxpasremonterl’alléeseule.–Je…Enfin…Lynne,jenepeuxpasmeprononcerpourlui.Appelle-le.–C’estvrai?Tuescertainequecelanetedérangepas?JelançaiunregardenbiaisversPhilip.Jemedemandaispourquoicen’étaitpassonpèreàluiqui
accompagneraitLynne.Maisilauraitétémalvenud’engagerlaconversationsurcesujet.–Certaine,assurai-jeàmonamie.Appelle-le.Aumoins,çaluiferauneexcusepourvenirmevoir!–Super!Merci,Kat.Lynneretrouvainstantanémentsonsourireetsonvisageradieux.Ellen’avaitjamaiseulachancede
connaîtresesparentsetavaitétéballottéedefoyerenfoyeravantd’intégrerl’université.Jenepouvaispasluireprocherdevouloirunmariagedignedecenom,avecnonseulementlarobeetlaréception,maisaussiquelqu’unpour l’accompagner jusqu’à l’autel. J’avaisde la chanced’avoirmonpère, j’allais lepartager.
–Seras-tuaccompagnée?medemandabrutalementPhilip.–Je…Euh…,balbutiai-je.Je…Jenesaispas.–TuneveuxpasdemanderàDan?proposaLynne.–Danetmoiavonsrompuilyadeuxjours.–Oh…Ilmesemblaitpourtantquecelafonctionnaitentrevousdeux.
–Parfois,onfaitdemauvaischoix.L’amourn’estpasqu’unequestiondelogistique.LesouriredeLynnes’effaçaetses traitssedurcirent.Évidemment,maremarquevalaitavant tout
pour sonmariage précipité. J’aurais tellement aimé qu’elle le comprenne enfin et s’aperçoive qu’ellecouraitàsaperte.
–Donc,tuserasseule?s’inquiétaPhilip.–Jenesaispas.Peut-être.–Peut-être?Tusorsavecquelqu’und’autre?Jebaissailatête,fixantlatasseàmoitiévideentremesmains.Jenesavaispasvraimentcomment
qualifiermarelationavecAndrew.Etdesonpropresouhait,ilvoulaitpréserversavieprivée.MêmesiLynneétaitmonamie,mêmesijebrûlaisdeluifairepartagermonexpérience,jenepouvaispasvraimentenparler.
–Pasvraiment.C’estunpeu…compliqué,expliquai-je.–Compliqué?répétaPhilip,dubitatif.Tusorsavecunhommemarié?rit-il.Mes yeux s’agrandirent et mon regard navigua entre Philip, hilare, et Lynne, passablement
consternée. Elle savait. Je baissai les yeux de nouveau, ne supportant pas le rire gras de Philip.Nonseulement celamemettaitmal à l’aisemais, enplus, ilmedonnait l’impressionquema relation avecAndrewétaitchoquante.
–Unhommemarié?répétaLynne.–Jeneveuxpasenparler.Àvraidire,çaneregardepersonne.–Jecroyaisquelasituationétaitsouscontrôle?demanda-t-ellesèchement.–Certaineschosesnesecontrôlentpas,Lynne!Peut-êtredevrais-tu,toiaussi,t’enrendrecompte!–Jesaisoùjevais,merci.Maiscommentpeux-tucroirequ’il…?–Qu’ilquoi?Qu’ils’intéresseàmoi?–Quiest-ce?demandaPhilip.Tuleconnais,chérie?Ellesetournaversluiet,avantquejenepuissel’enempêcher,labombeexplosa:–AndrewBlake?s’étonna-t-ilalorsquesonsourires’effaçait.–C’estunclientdel’hôtel,précisaLynne.–Évidemmentquec’estunclient,iladespartsdanslachaîne!s’exclamaPhilip.Cetypechercheà
s’implanteràNewYorkdepuisaumoinscinqans!–Vraiment?m’étonnai-je.Tulesavais,Lynne?–Non…Non,biensûrquenon.Jemesuis toujoursappliquéeà leservircommeunclient.Tu le
connais?demanda-t-elleàsonfiancé.–Pasvraiment…Lemondedesaffairesestunpetitmonde.Maiscetypeestvraimentpuissant.Ce
n’estpasunsecret:ildétientunvéritableempireavecsesjournaux,maisjesaisqu’ilveutaussiinvestirdanslaconstruction,ici.Jeneseraispasétonnéqu’ilaitunprojetencours.
Il y eut un petit silence, presque gênant. Lynne était toujours sous le choc après avoir apprisqu’Andrewpossédaitenpartiel’hôtel.Quantàmoi,j’étaisabasourdie.Chaquefoisquejepensaisenfinvoir levéritableAndrewBlake, jedécouvraisunenouvelle facettede sapersonnalité.Philip finit soncaférapidementetmelançauncoupd’œildiscret:
–Jeprésumequ’ils’estremisdelamortdesafemme?lâcha-t-ilavecironie.– Sa femme estmorte ? s’exclamaLynne.Mais quand allais-tu enfin te décider àm’en parler ?
m’interrogea-t-elle,vexéed’avoirétémiseàl’écart.–Andrewveutresterdiscret.Personnen’abesoindesavoirça…nilereste,ajoutai-je.S’ilteplaît,
Lynne.–Est-cequec’estsérieuxentreluiettoi?–Çapeutledevenir,murmurai-je.Jenesaispastrop.
–Lamortdesafemmeaététerriblepourlui,expliquaPhilip.Pendantunmoment,onamêmecruqu’ilallaitseretirercomplètementdesaffaires.Maisc’estuncoriace,lessentimentsn’ontpasdeprisesurlui.
–Philip!m’exclamai-je,voulantprendreladéfensed’Andrew.–Oh,Kat,Philipasûrementraison,renchéritLynneenposantunemaincompatissantesurlamienne.
Tu ne devrais pas trop… t’emballer. Reste sur tes gardes. Tu es sûre pour Dan ? demanda-t-ellefinalement.
Jeretiraivivementmamain,mefaisantpresquemal.JetoisaiLynne,luilançantmonregardleplusmauvais.Commentosait-elle?C’étaitmesquin.
–Lynne,tun’espaslamieuxplacéepourlesconseilsrelationnels.Nedevions-nouspasparlerdecetincroyablemariagequetuprépares?grognai-je.
Elle se redressa légèrement, piquée au vif, et sortit des feuilles de son agenda. Je devinais deslarmesaubordde sesyeux,maisme refusais à la réconforter. J’aimaisLynne, elle était incroyable etpleined’énergie,maissonmariageétaitunevéritableerreur.
–EtçafaitlongtempsavecBlake?m’interrogeaPhilip,hermétiqueàmoncombatavecmonamie.–Jenecroispasquecelateregarde!ripostai-je.Ilsemblaétonnéparmacolèreetlevalesbrasdevantluiensignededéfense.Ils’enfonçadansla
banquetteetenroulasonbrasautourdeLynne.Sideprimeabord,celasemblaittendreetbienvenuentredeuxpersonnesquiallaientsemarier,jeconstataissurlevisagedePhilipuneabsencetotaled’émotion.Il agissaitmécaniquement, avecdistancemalgré leur apparenteproximité, son regardvide sebaladantautourdenous,nes’attardantjamaissursafuturefemme.
Montéléphonevibradansmapocheetjedécouvrisunmessaged’Andrew:
Nepourraipasserqu’unenuitàNewYork.Garde-la-moi.A.
Ladéceptionmegagna.Ilétaitloin,etjedoutaisd’êtresuffisammentrassasiéedeluienseulementunenuit.
–C’estlui?medemandaPhilip.–Oui…Il…Sonplanningestcompliqué.–Ilnevientpluslasemainedu15mars?demandaLynne,repassantainsienmodeprofessionnel.–Seulementunenuit,soupirai-jeavectristesse.Jesecouailatête,chassantcettedéconvenue.Lynnem’observa,sonplanningultraprécisentreles
mains,unsourirecompatissantsurleslèvres.–Bien.Sinousparlionsdel’organisationdecemariage?proposai-jepourchangerdesujet.–Parmitesnombreusesmissions,tudevraspréparerundiscours.–Undiscours?Undiscourssurlesjoiesdumariage?–Lesjoiesdunôtreenl’occurrence,rectifia-t-elledansunsourire.Jeluisourisàmontour,luisignifiantquemacolèrebrutaleavaitfinalementdisparu,heureusement
dissipéeparl’irruptioninattendued’Andrew.Jerelussonmessageencoreetencore.J’auraispuluirépondrequej’étaisdéçue,maisjenevoulais
pas l’accabler. J’espérais juste qu’il gérait au mieux ses priorités, mais une part de moi souhaitaitnaïvementêtre«sa»priorité.
–Hé!soufflaLynne,mesortantsoudaindematorpeur.Net’enfaispas,jesuiscertainequetoutvabiensepasser.
–Je…Jesuisjustedéçue,avouai-je.–Quedirais-tudefaireensortequecettesoiréesoitinoubliable?–Que…Quoi?
–Demain, shopping…Ça tombebien, ilme faut aussi certaines choses…pour la nuit de noces,ajouta-t-elleenjetantuncoupd’œilversPhilip.
Mais le souriredeLynnes’effondraaussitôtenvoyantqueson fiancépianotait sur son téléphoneportable.Unvoiledetristessepassadanssonregard,maisellelemasquaquandilsetournaenfinverselle:
–Désolé,chérie.Uneurgenceautravail,s’excusa-t-il.Tudisais?–Rien…rien.Tudoisretourneraubureau?demanda-t-elle.–Eneffet.Jesuisnavré,monange.Onpeutreparlerdetoutçacesoir?s’enquit-ilendésignantles
feuillesentreLynneetmoi.–Biensûr.Philipl’embrassafurtivementsurleslèvres.MalgrétousleseffortsdeLynnepourparaîtredétendue
etheureuse,sonregardrestaitsombre.Elleeutunsoupiràpeineperceptibleetseforçaàsourire.–Est-cequetoutvabien?l’interrogeai-je.–Je…Oui…J’auraisaiméqu’ilreste,c’esttout.–Lynne,soupirai-je.Quandvas-tuenfinouvrirlesyeux?–Ilaunposteàresponsabilité,l’excusa-t-elle.–Plus importantquevotremariage?Plus importantque toi?Voyons,Lynne, tu…tu te trompes!
lâchai-je,lasséedesonentêtement.Tutetrompessurtarelationaveclui.–Jel’aime,marmotta-t-elle.–Tucherchesàteconvaincredetonamourpourlui.Philipnet’aimepas,Lynne,ilsesertdetoi.Tu
esjuste…jolie,tuluidonnesl’imagequ’ilchercheàobtenir.–Philipn’estpascommeça.Nousavonsunerelationposéeetsincère.–Ettutecomplaisdanscegenredechoses?–Toutlemonden’apaslachancedes’envoyerenl’airavecunmillionnaire!lâcha-t-elleenfuyant
monregard.Estomaquée, je la toisai, me retenant presque de la gifler. Comment pouvait-elle juger notre
relation?Commentpouvait-ellemejuger,«moi»?L’argentd’Andrewnem’avaitjamaisintéressée,ellelesavait.
–Laseulechosequimeretientde tegifler,c’est l’amitiéqueje teporte.Je t’adore,Lynne,maisexplique-moid’oùsortcetteagressivité?demandai-jesèchement.Qu’est-cequiteposeproblème?QuejecouchepotentiellementavecBlakeouquejevivequelquechosequetuneconnaîtrasjamais?
–Commentpeux-tucroirequec’estsérieux?–Arrête !Tu ne sais rien, sifflai-je.Tu n’as aucune raison d’être jalouse…Sauf si, bien sûr, ta
relationidylliqueavecPhilipn’estfinalementqu’unmensonge.–Philip,lui,estréel.Tuvisdansuneespècedecontedeféessurnaturel.–Àtaplace,jenem’inquiéteraispasdemonmonde,maisplutôtdel’existencequit’attend.Tues
avecunhommeobsédéparsoncompteenbanque.Àsesyeux, tuesunobjetdedécoration,aumieux.Alorsjevissûrementdansuncontedefées,cequejefaistesemblesûrementcomplètementfou,maisjevis,Lynne.Jeviscedontj’aienvie.Jesuismoi-mêmeaveclui…
–…Etsonargent,finit-ellefroidement.–J’osecroirequ’ilpréfèreêtreobsédéparmoiplutôtqueparsonargent.Tupeuxdirecequetu
veux, rien neme fera changer d’avis surAndrew.Et il s’agit de toi. Tu vas dans lemur.Tu vas êtremalheureuse,tu…Bonsang,tun’espascettefilletristeetterne!
–Kat,aprèsquelquesannéesderelation,tuverrasquetouttourneainsi.Audébut,c’estl’extaseet,ensuite,ilterestejusteàsurvivreauquotidien.SiAndrewtientuntantinetàtoi,tun’échapperaspasàça,c’estinéluctable.
–Arrêtedecomparermavieàlatienne.Jesaiscequejeveux,etjesaisquejeneveuxpascequetupartagesavecPhilip.D’ailleurs,quepartages-tuexactementaveclui?
Ses yeux s’emplirent de larmes et je culpabilisai presque d’avoir été si rude.Notre amitié étaitforte.ElleavaitrésistéànosmultiplesprisesdebecausujetdesonmariageavecPhilipmais,sijamaisjedevaisfaireunchoix,jeleferaissanshésitation.Jenevoulaispascautionnercemariageetmonrôleétaitdelafaireréagir.Elleétaitcomateuse,triste,renfermée.Saufenprésencede…
– J’en étais certaine ! soufflai-je devant son éloquent silence. Lynne, la dernière fois que je t’aientenduerire,cen’étaitpasavecPhilip! lançai-jeenespérantluifairecomprendrecequ’ellerefusaitobstinémentdevoir.
Elle fronça les sourcils et chercha dans ses souvenirs. En vain. Elle secoua la tête et finit parreprendrelesfeuillesdepapierentrenouspourlesrassembler.
–NathanEvans,soufflai-je.Voilàledernierhommequit’afaitrire.–LecollaborateurdeBlake?–Lui-même.Etnemefaispascroirequetuessurprise!–Jelesuis!mentit-elleeffrontément.–Passe-moitontéléphone!luiordonnai-jeentendantlamain.–Quoi?–Passe-moitonfichutéléphone!–Pourquoifaire?demanda-t-elle,suspicieuse.Je…Iln’aplusdebatterie,mentit-elledenouveau.– Oh… Je présume que l’afflux de messages a fini par l’achever, plaisantai-je pour détendre
l’atmosphère.–Cen’estpascequetucrois,sedéfendit-elle.Cetypecroitque…Enfin,iltentedemedraguer.Je
luiaiditquej’étaisfiancée,mais…Ellesecoualatêteetjecomprisqu’elleétaitperdue.Quelquepart,ellecherchaitlasolution.Elle
avaitcettevietoutetracéeavecPhilip:sonmariage,desenfants,desréceptions.Unmondesanssaveurdanslequelellenedevraitqu’acquiescerdoucement.Etilyavaitl’autrevie,celleoùelleriait,celleoùellediscutaitdansuncoinsombre.
–Lynne,jevousaivuslesoirdelaréceptiond’Andrew.Tutecachais.Ilteparlait,ettutecachais!m’exclamai-je,victorieuse.Ettucontinuesdetecacheravectontéléphone!
–C’estfaux!s’écria-t-ellemollement.–Pitié,Lynne,cetypetefaitsentirbienet,pouruneraisonfoireuse,turefusesdel’admettre.–C’est…Cen’estpas…Je…,hésita-t-elleensepassantunemainsurlevisage.–Maisilsaitqueledestint’amisesursaroutepourunebonneraison,finis-jeenriant.–Ledestin?Pitié,Kat…Nemeressorspastessaladessurlesâmessœurs!Ellesoupiralourdement,évitantmonregard.Jesavaisquej’avaisréussiàlafairevacillersurce
qu’elle croyait juste et acquis.Elle ne pouvait pas épouserPhilip. Son téléphone sonna et je levai unsourcilmoqueur.
–Plusdebatterie,hein?–Laferme!sourit-elle,alorsqu’enfin,soulagée,jem’aperçusqu’elleavaitcompris.Elle prit son portable et lut lemessage. Jeme tordais le cou, espérant découvrir ce queNathan
pouvaitbienluiraconter.Ellecroisamonregardetrabattitl’appareilcontreelleensouriant.–Cetypeestfaitpourtoi!assénai-je,confiante.–Définitivement,répliqua-t-elleenriant.Ellemetenditsontéléphoneetjedécouvrisunmessaged’excusedePhilip,suivid’uneinvitationà
dînerpourcesoirdansunrestaurantchic.Jeréprimaiungrognementetacceptaimadéfaiteprovisoire.Jem’enfonçaidanslabanquettependantqueLynneluirépondait,unlargesourireirradiantsonvisage.
–Donc,cediscours,reprit-elle,plusdétendue.
Je poussai un profond soupir, abandonnant finalement toute idée de lui démontrer son erreur. Àregret,jeprêtaiuneoreilleattentiveàsespréparatifs.
Jel’écoutaisreligieusement,faisantfidesdoutessérieuxquej’avaissursonmariage.
CHAPITRE15
En sortant du café, je rejoignis immédiatement l’hôtel, permettant ainsi à Sam de gagner trenteminutessursonservice.Ilm’enremerciachaleureusementavantd’enchaînersurlespassations.Lenomd’Andrewsurlalistedesappelsretintmonattention.
–AndrewBlakeaappelé?–Justeavantquetuarrives.Apparemment,sonplanningestplutôtcompliqué.–C’est-à-dire?–Tudevraisnormalementrecevoirunfaxdesonassistante,maisilestpossiblequ’ildébarquela
semaineprochaine.–Lasemaineprochaine!m’exclamai-jevivement.–Celateposeunproblème?demandaSam,unpeusurprisparmaréactionviolente.–Je…Euh…Non…C’estjusteque…Enfin,cen’étaitpasprévu,bégayai-jeenrougissant.Sam fronça les sourcils, renonçant à comprendre mon excitation manifeste. J’avais un sourire
jusqu’aux oreilles, etme retenais presque de danser pour faire partagerma joie. Il venait la semaineprochaine!
Aprèsledépartdemoncollègue,jescrutainerveusementlefax,vérifiantqu’ilavaitbiendupapieret qu’il était convenablement branché. Quand, enfin, il émit un petit son strident, je sursautai sur machaiseetarrachaiquasimentlafeuilledel’appareil.Ilavaitconfirmé:unenuit,lasemaineprochaine!Jelâchaiunpetitcriextatiqueavantdesoupirercommeuneadolescentedevantlaphotodesonidole.Cethommeétaitentraindefairedemoiunepilehormonale!
Jenerésistaipasàcomposersonnuméroaubureau,espérantentendrelesondesavoix.Mais,denouveau,cefutLaurenetsavoixdétestablequim’accueillit.
–AndrewBlakepourKathleenDillon,dis-jeparautomatisme.–M.Blakeestendéplacementactuellement.Jeluiferaisavoirquevousavezappelé.–Merci,pourriez-vous…–Bonnefindejournée,mecoupa-t-ellefroidement.Garce!Pouruneraisonobscure,cettefemmenem’appréciaitpas.Unpeurefroidieparcetappel,la
joie que j’avais ressentie s’évapora petit à petit. J’envoyai tout de même un SMS sur le portabled’Andrew,luidemandantdemerappeler.
Manuitfutcalmejusqu’àl’arrivéedeLynne,àl’aube.Ilétaitàpeine7heuresquandellefranchitlaportetambour.Ellemelançaunregardtristeetdésemparéets’arrêtaàmonpupitre.
–Aurais-tuunpeudetempsàlafindetonservice?–Biensûr.Est-cequetoutvabien?l’interrogeai-je.Tuasl’air…–Jen’aipasfermél’œildelanuit,avoua-t-elle.Sûrementlestressdumariage.
–Sûrement,approuvai-jeavecunsourirecompatissant.Dès que Sam réapparut pour prendre le relais, je fonçai dans le bureau de Lynne. Je la trouvai
devantlaseulesourcedelumièredesonbureau:sonécrand’ordinateur.Sansdireunmot,ellem’invitaàm’asseoiretmetenditundossier.
– Séjour de Blake la semaine prochaine, lâcha-t-elle en guise d’explication. C’est son planningdétaillé.
–Oh…J’aireçulefaxhiersoir.J’ouvris le dossier, découvrant qu’Andrew ne restait effectivement qu’une seule nuit, mais qu’il
venaitavecMeghanetNathan.J’étaispresquedéçue.Ilyavaitdeforteschancesqu’ilnepuissepasmeconsacrer de temps. Égoïstement, j’aurais voulu qu’il vienne pour moi.Maintenant, je savais que cen’étaitpaslecas.
–Dequoivoulais-tumeparler?m’enquis-je.–Philipteproposeunevisited’appartementsceweek-end.Ilveutt’accompagner.–Philip?Lynne,jen’aipasbesoinqu’ilsoitlà.Jepensaisjustequ’ilallaitmemettreenrelation
avecdesagentsimmobiliers…–Ilyatroisappartementsqu’ilveuttefairevisiter,etilssonttousprochesdecheznous.Peut-être
pourras-tutejoindreànouspourledîner?–Oui…OK…Biensûr.Est-cequetoutvabien,Lynne?Vraiment,tum’inquiètes.–Philipestrentrétard,etjemesuiscouchéetard…Troptardsûrement,impossibledetrouverle
sommeil.Ducoup,j’aipenséquevenirtravaillerseraittoutaussibien.Elleportasonmugdecaféàseslèvres,fuyantmonregard.Jedevinailescernessoussesyeux,mais
l’expressiondesonvisagen’étaitpasdelafatigue.Elles’inquiétait.Quelquechoselatourmentait.–Lynne,situveuxmeparler,tusaisquetupeux.–Jeconnaisdéjàtonavissurlesujet.Soudain, son téléphone vibra et elle le chercha du regard quelques secondes, enfoui dans des
papiersetdesfactures.Elleeutunbrefsourire,puisleremitenveille.–ConcernantBlake…–Lynne,jeneveuxplusaborderlesujetavectoi…–Juste…Faisattentionàtoi,Kat.Pourl’instant, toutteparaîtbeauetfacile,maisjenevoudrais
pasqu’iltefassedumal.–Andrewn’estpascommeça.–J’espère,murmura-t-elle.Onsevoitceweek-endalors?termina-t-ellerapidement.–Sansfaute.RemerciePhilippoursontemps,c’estvraimentgentilàlui.–Jeleferai,assura-t-elle.Ce n’est qu’en regagnant mon appartement que je m’aperçus que j’avais oublié de répondre à
l’inconnu.Jemefustigeaid’êtreaussitêteenl’air,etce,justeparcequ’AndrewvenaitpasserunenuitàNewYork.
Cherinconnu,Mercipourvotrephoto.Cepaysageestsuperbeetmajestueux.Ettourmenté.Toutàfaitàvotreimagedonc.Lerefletd’unepartiedevotreâme,quevousm’ouvrezsivolontairement.Pouruneraisonidiote,jepensequevousentendrejouerdupianonedoitpasêtresiterrible.Etpouruneraisonencoreplusidiote, je sais que si cettephotom’ouvreunepartiede votre âme, le pianoenouvreune autre.Unepartieplussecrète,quevouscachez.Sûrementpourunebonneraison.Lamêmeraisonquifaitquevousm’écrivezlanuit.Seriez-vousinsomniaque?Depuis que je suis enfant, je crois au destin, aux rencontres, aux petits signes invisibles et pourtantimportantsquelavienousfaits.Laplupartdutempsjesuisseuleàycroire,parcequequandondevientadulte,ilsembleraitquecettepartdemagiedisparaisse.Ledestinoularaison,voilàleschoixquenoussommesamenésàfaireencoreettoujours.
Jenedoutaispasqueledestinfiniraitparvousfaireunsigne.Jesuistellementheureusequevousayeztrouvé cettemain tendue et qu’elle vous fasse sentir bien. J’aimerais vraiment que vousme parliezd’elle.Est-celabelleâmedontparlaitvotreannonce?Est-cedifférent?Jesaisquenousn’avonsencorejamais abordé le sujet, mais souhaitez-vous me parler de votre ancien amour ? Ce n’est pas de lacuriositémalsaine,c’estjustequejenecroispasavoirjamaisconnudansmonentourageunepersonnecapabled’aimerautant.Celam’intrigue.Jenesaisquidevousoumoiapporteleplusàl’autre.Toujoursest-ilquevoslettressonttoujoursunmomentdejoiedansmesjournées.Commevousmelefaisiezsipertinemmentremarquer,j’aisuivimespropresconseils.Jevis.J’ai,moiaussi,rencontréquelqu’un.Quelqu’underadicalementdifférent,etquimepousse,àchacunedenosrencontres,àêtreuneautre.Jenediraispasquejesuisuneautre,c’estjustequ’ilrévèleunefacettedemapersonnalitéquejeneconnaissaispas.Ilest…commentdites-vous?…incroyable.C’estça.Ausenspremier.Àvraidire,si jepouvais, jevous laisseraism’enlacer.Pas justepourvousfaireplaisir,maisaussipourvousremercierdevoslettres,delajoiequ’ellesm’apportent,delaforcequ’ellesmedonnent.Je ne sais pas non plus si cela se dit dans une lettre,mais vous êtes aussi important pourmoi, cherinconnu.Accepteriez-vousmaintenantdemedonnervotreprénom?Ondevientintimes,vousetmoi…Jevousembrasse,Marie.
Jemisl’enveloppesouspliet,l’instantd’après,gagnaimonlitpourunsommeilréparateur.J’enchaînai les deux nuits suivantes sur lemême rythme,mais l’absence de nouvelles d’Andrew
commençaitàm’inquiéter.Levendredisoir,alorsquejeprofitaisdemondébutdeweek-end,montéléphonesonnaenfinetje
meruaidessus.–Kathleen?fitlavoixd’Andrew.–Bonsoir,dis-jedansunsouffle.Àvraidire,j’avaiscavalédanstoutl’appartementpourêtrecertainedenepasloupercetappel.–Nouveaunuméro?l’interrogeai-jeenvoyantunnuméroinconnus’affichersurmonécran.–Excuse-moidenepasavoirappeléplustôt.Onm’avolémontéléphoneportableetmespapiers.–Quoi?m’exclamai-je.–J’étaisendéplacementàSacramentoetjemesuisaperçuhiersoirquejen’avaisplusrien.Jene
saismêmepasoùj’aipumefairedépouiller…Enfin,cen’estpasgrave,rassure-toi.–D’accord.Euh…Cenuméroest-ildéfinitif?–Tuenvisagesdemerappeler?plaisanta-t-il.–Maseuleexception,monsieurBlake…Ilmesemblaitquevouslesaviezdorénavant.–Mais c’est tellement bon de te l’entendre dire de nouveau.Et, oui, c’estmonnuméro définitif.
Justepourtoi.–Justepourmoi?J’aidroitàuneligneprivéeavectoi?souris-je.–Tuasdroitàbienplusqueça.Maisoui, tupeuxm’appelerquandtuveuxdirectementsurcette
ligne.–Bien.Mercidecettedélicieuseattention.J’apprécie.Il ne répondit pas et jem’inquiétai de nouveau. J’avais un pressentiment étrange et désagréable.
Mêmes’ilsemontraitdrôleetprévenant,ilyavaituneformedemalaise.–Aurais-jeleplaisirdetevoirmardisoir?demanda-t-ild’unevoixprofonde.–Çadépend.Veux-tumevoirautravailou…endehorsdutravail?–Oh…Attends,jeréfléchis…KathleenenpolyesterouKathleennue…Hummm…–Tevoilàredevenucethommeprésomptueuxetarrogant.–Nue,définitivement,m’ignora-t-il.Jerisdoucement,resongeantàlapropositiondeLynne.J’avaisvraimentbesoinderefairequelques
achats.Andrewmevoulaitnue,maisjemedoutaisqu’ilapprécieraitquelqueséléments…décoratifs.–Pouvons-nousdînerensemble?demanda-t-il.
–Euh…Àvraidire,j’aivuquetuvenaisavectescollaborateurs,donc…–Certes,maisj’aifaitlenécessairepouravoirmasoiréedelibre.–Tunereculesdevantaucunsacrifice.–Aucunpourtoi.Tudoislesavoir.Tues…importantepourmoi,avoua-t-ilaprèsavoircherchéle
motadéquat.Vraimentimportante,compléta-t-il.–Jesais,admis-je.Parfaitpourledîner,jedemanderaiàLynnedemodifiermonplanning.–Excellent.Italien,n’est-cepas?–Eneffet.Quelleexcellentemémoire!lefélicitai-je.–Iln’yapasundétailquej’aioubliéteconcernant.Aucun.Jesaisquetacouleurpréféréeestle
vert,etquetusaisfaireunnœuddecravate.TuaimesKeatsettuesattachéeauxvaleurséculées.Tunetelaissespasfaire,jamais.Tunesaispasdanser,maiscen’estqu’unadorabledétailcheztoi.Tunesaispasnonplusmentir…
–Je…–Jesaisaussiquetuascourupourprendrecetappel,parcequej’aientendutarespirationhachée.
Je sais aussi que ton corps est chaud sous les draps et, sincèrement, il me tarde de renouveler cetteexpérienceetdesentirtapeausurlamienne.
–Andrew,soufflai-je,lerougeauxjoues.–Dis-moiseulementsijemetrompe,murmura-t-il.–Non,avouai-je.–Jen’oublierienteconcernant,parcequetuesimportante.–Tues…dingue,souris-je.Vraimentdingue.–Seulementpartafaute.J’aihâtedetevoirmardi.–Moiaussi.Vraimenthâte.Tu…Je…Jet’embrasse,bégayai-je.–Àmardi.J’entendis un petit déclic et compris qu’il avait raccroché. Je restai plusieurs minutes interdite,
regardantsanslevoirmonécrandetéléphone.Ilavaitraison:ilmeconnaissait,maismoijenesavaisencoreriendelui.Dumoins,passuffisammentpourluitenirlemêmegenredediscours.
Jemepromis de creuser davantage le sujet dèsmardi soir.Quand jemeglissai dansmon lit, ladernièrepenséequimehantafutlaperspectivedesentirsapeausurlamienne.
***
Le lendemain, je me préparai activement dans l’attente de Philip. Ce dernier devait venir mechercherpourmeguiderdanslavisitedetroisappartements.Avecdixminutesd’avance,ilsonnaàmaporte.
–Désolé,jesuisunpeuenavance,lacirculationaétéplusfluidequecequejecroyais.–Pasdeproblème.Entre,jet’enprie.Ilmefitunebiserapidesurlajoueetpénétradansmonsalon.Sonmétierdepromoteurimmobilier
repritledessusetjelevisregarderrapidementautourdelui.–Jesais,jesais…C’estloind’êtreleplusbelappartementducoinmais,quandj’aiaménagé,je
n’avaispasvraimentlesmoyens.–J’imagine,murmura-t-il.–Jefinisdemepréparer,j’enaipourdeuxminutes.Jem’éclipsai en direction de la salle de bains, retenantmes cheveux dans une queue-de-cheval.
J’enfilaiungiletetrassemblaimesaffairesdansmonsacàmain.Quelquesminutesplustard,jeretrouvaiPhilipsuspenduàsontéléphone,parlantvisiblementaffaires.
–Parfait.Oui, j’aifait lenécessaire.Lecontratestdetoutefaçonconformeàcequenousavionsprévu.
Philipmejetauncoupd’œilet,d’unmouvementdetête,m’informaqu’ilavaitquasimentterminésaconversation.
–Ledélai?Commetoujours,leplusviteseralemieux…Jesais,sourit-il.Pourquoipas?Jevaissûrementavoiruncréneaudanslasemaine.
Iléclataderireets’éloignademoi.Jel’observaideloin,finissantmonmugdecafépresquefroid.Jen’avaisjamaisétéréellementprochedePhilip.Jesavaisqu’ilétaitpromoteur,maisjeprisconsciencequejeneconnaissaispasvraimentlatailledesonempire.
–Jedoistelaisser,dit-ilaprèsunnouveaurire.Toujoursunplaisirdebosseravectoi.Commeladernièrefois,crois-moi,j’engardeunsouvenirimpérissable.Siseulement…
Brutalement,ilsetournaversmoiet,presquesurpris,semblasesouvenirqu’iln’étaitpasseul.Ilmitfinàlaconversationetraccrocha.
–Unerelationdetravailsurlacôteouest,expliqua-t-ilrapidement.–Oh…Tubossessurlacôteouestaussi?–Depuispeu…Jeprospecte.Lesopportunitésseprésententàmoietjen’aipasl’intentiondeles
laisserfiler,sourit-il.–Jecomprends.–Tuesprête?Onpeutyaller?demanda-t-il.–Parfaitement.Nous rejoignîmes levéhiculedePhilip,unevoiturenoire surpuissantequi, àelle seule, endisait
suffisamment sur l’homme orgueilleux qu’il devait être. Il m’ouvrit la portière avec une étonnantegalanterieetjem’installai.
LaconduitedePhilipétaitviveetbrutale.Jefuspresqueraviedelafluiditédelacirculation,tantjesouhaitaissortirauplusvitedecettevoiture.
–Lynnem’aditque tucherchaisundeuxpièces.Jeneconnaissaispas tonbudget,alors j’ai tapédanslamoyenne.
–C’esttoutàfaitça.Cesontdeslogementsneufs?l’interrogeai-je.– Neufs, oui. Trois programmes différents, mais si tu es vraiment intéressée par un de ces
appartements,jeferaiensortequetunepayespaslevraiprix.–Uneristourne?plaisantai-je.–Exactement!C’estbienlemoinsquejepuissefaire.EtLynnevametuersijenefaisrienpour
t’aider.Ilsortitdelavoitureet,denouveau,fitpreuvedegalanterieenm’aidantàm’extirperduvéhicule.
JecomprisàcetinstantcommentLynneétaittombéedanslepanneau.Philipdonnaitlechange.Ilétait,deprimeabord,drôle,gentlemanetprévenant.Maisquelquechoseclochaitdans toutecette liste.Parfoismême, la façon dont il regardait Lynne était suffisamment parlante. Il ne la voyait pas vraiment, secontentantd’enfaireunaccessoiredanssaquêtederéussiteetdepouvoir.
Le premier appartement était lumineux et situé à un étage élevé.Comme de nombreux logementsneufs, il était avant tout fonctionnel et le moindre mètre carré avait été optimisé. J’en fis le tourrapidementpendantquePhilip,enretrait,attendait.
Ledeuxièmeressemblaitentoutpointaupremier,hormislebruitpermanentdelacirculation.Etletroisièmefitmonbonheur,iln’avaitriendeceslieuxmodernesetfroids.Larésidenceenelle-
même avait gardé l’ancienne façade en pierre et en briques, lui conférant un peu de chaleur.L’appartementétaitsimple,avecunechambreassezpetitemaisbaignéedelumière.J’observailavuesurNewYorkàtraverslabaievitrée.J’étaisconquise.
–C’estcelui-ci,affirmai-jeavecforceàPhilip.
–Vraiment?Tuescertaine?–Certaine.J’aimecetendroit.Jem’yvoisdéjà.–Oh…OK,balbutia-t-il.Ilseradisponibledébutavril,certainstravauxdeplomberiedoiventêtre
encoursdefinition.Jet’envoieuncontratdèsdemain.–Aveclaristourne?–Aveclaristourne,assura-t-il.Jesuiscontentquecelat’aitplu.Jeteproposequ’onaillefêterça.–Lynnedoitnousattendre,murmurai-jeenconstatantqu’ilétait18h30passées.–Sûrement.Etdenouveau,jedussubirsaconduitesportivedanslesruesdeNewYork.Nous arrivâmes rapidement à leur domicile etLynne sortit le champagnequand je lui appris que
j’avaistrouvél’appartementdemesrêves.Simonaprès-midis’étaitpassésansaccroc,lasoiréemedéplutrapidement.Aprèsavoiravaléd’un
traitsaflûteàchampagne,Philips’exiladanssonbureaupourytravailler.–Parlonsdetoi…Alors,leretourdeBlake?–Mardi,normalement.Etilnevientpasseul.–Oh!fitLynneens’affaissantsursachaise.Est-ceque…–Oui,soncollaborateurseralà.Ellerougitviolemmentavantdebaisserlesyeuxverssonassiette.Jesourislargement,secouantla
têtetellementlasituationétaitirrésistiblementdrôle.–Maisjeprésumequetuétaisdéjàaucourant?m’enquis-jepourlatester.–Je…Oui.Enfin,tusais,leplanningquesonassistantenousenvoieesttoujourscomplet…donc…–Oui.Leplanning,dis-jeenlevantlesyeuxauciel.Brutalement,uneidéemevint.Évidemment,celan’allaitpasplaireàAndrew,maisquelquechose
medisaitquejedevaistenter.–Andrewetmoiprévoyonsdedînerensemblemardisoir.Quedirais-tudetejoindreànous?–Pourtenirlachandelle?– J’étais prête à proposer àNathan de nous rejoindre. Il est de bonne compagnie, tu sais. Plutôt
sympamême.Elle leva les yeux surmoi, puisme regarda avec suspicion…ou jalousie peut-être.En tout cas,
quelquechoseneluiconvenaitpas.–Sympa?répéta-t-ellesanscomprendre.–J’aidéjàeul’occasiondedîneraveclui.Ilm’aracontéuntruchilarantsurunbœufquil’a…–…piétinéà15ans,finit-elledansunsourire.Ilfaitdurodéo.Je levai un sourcil, attendant une explication. Lynne remuait toujours sa nourriture et se rendit
comptedecequ’ellevenaitdedireencroisantmonregard.–Enfin…C’estcequ’ilditsursapageFacebook,balbutia-t-elle,gênée.Je…Jesuistombéedessus
parhasard.Jecherchaisdesinfos…surBlake,expliqua-t-ellepiteusement.–Andrewn’apasdepageFacebook…EtjenecroispasqueNathanenaitune.–Ah?–Lynne,j’aiétéjournalistedansuneanciennevie.J’aidéjàfaitmesrecherchessurAndrew,etil
n’apasdepage…Maintenant,jeveuxbienlavraieexplication.–Je…Onparle,unpeu,luietmoi.–Vousparlez?–Ilm’envoiedesSMSetparfois…jeréponds.–Parfois?–Souvent,avoua-t-elle.
Jesourislargementetmecalailatêtedanslecreuxdemamain.Lynnecommençaitenfinàs’ouvriretlavoirainsi,àlafoisperdue,heureuseetcoupable,étaitjouissif.
–Donc…Enfin,arrête-moisijemetrompe,laseulechosequit’empêchededîneravecnous,c’estPhilip?Tupeuxluidirequec’estundînerd’affaires,soufflai-jeenhaussantlesépaules.Jedoutequ’ilvérifie…
–Kat!s’écria-t-elle.Jenevaispasluimentir!–Doncilsaitausujetdetes«discussions»avecNathan?– Non ! Bien sûr que non ! Il imaginerait le pire ! De toute façon, nous avons prévu de dîner
ensemble,Philipetmoi.Mardi,c’estl’anniversairedenotrerencontre.–D’accord,Lynne,dis-jeavecunsourire.Jecomprends,mentis-je.Nousfinîmesnotrerepasensilence,maislesraresfoisoùjelevailesyeuxsurLynne,c’étaitson
téléphonequ’elleregardait.Avant de quitter son appartement, je lui demandaimon changement de planning pourmardi. Elle
acceptasansrienajouter.Cefutlàmadernièresoiréederépit.
***
Lelendemainmatin,jecomprispourquoiAndrewvoulaittellementpréserversavieprivée.Lechocfutrudeet,mêmesijeneleperçuspassurl’instant,mavieallaitchanger.
–Allô?fis-jeenrépondantàmalignefixe.–KathleenDillon?medemandaunevoixmasculine.–C’estmoi,oui.–Bonjour, jesuis journalisteauPost,nousaimerionsvousparlerdevotre relationavecAndrew
Blake.–Commentavez-vouseumonnuméro?m’enquis-je,lecœurbattant.–Donc,vouslaconfirmez?Jeraccrochaiaussitôtpuis,deuxheuresplustard,aprèshuitappelsidentiques,jedébranchaimon
téléphoneetmedécidaiàprévenirAndrew:
Lapressevientdem’appelerànotresujet.K.
Jesais.Nedisrien.Toutvabien?A.
Toutvabien.J’aicoupémaligne.K.
Parfait.Jet’appelledèsquepossible.A.
***
Aprèsplusieursjoursd’hésitations,jerebranchaimontéléphone.Jesavaisqu’ilmefaudraitchangerdenuméro.Danslasemi-obscuritédel’appartement,jemesentisbrutalementseule.Jerestaidevantla
baievitrée, réfléchissant auxdernières semaines, àAndrew,àmoi, àmavied’avantet à celleque jemenaismaintenant.
C’estdenouveaulasonneriedutéléphonequimesortitdematorpeurdansunsursaut.Lenumérod’Andrew s’afficha sur mon portable : l’ancien numéro. Je décrochai et, après un faible « allô »,n’entendisqu’unerespirationsifflante.
–Quiêtes-vous?criai-je,lecœurbattant.Mais très vite, la communication fut coupée. Quand je tentais de rappeler, une voix métallique
m’annonçaquelalignen’étaitplusattribuée.Lapaniquemegagnatotalementquand,quelquessecondesplustard,lenumérod’Andrew,lenouveaucettefois,apparutsurmonécran.
–Allô?fis-jed’unevoixtremblante.–Kathleen?MonDieu,est-cequetoutvabien?–Je…Oui…Quelqu’unvientd’appeler.Surtonancienneligne.–Monancienneligne?s’étonna-t-il.Jel’aipourtantfaitdésactiver.Jevaismerenseigner.J’aifait
lenécessairepourquetunesoisplusimportunée.Nathanarédigéuncommuniquédepressequiparaîtrademain.J’oseespérerquecesvautourscesserontdetetournerautour.Toutvas’arranger,assura-t-il.
Avantquejenecomprennepourquoi,jesentisleslarmescoulersurmesjoues.Quelquechoseavaitcédéenmoi.Cescoupsdefilde lapresse,puiscetappelétrange…Lesimplefaitd’entendre lavoixd’Andrewm’assurerquetoutiraitbienétaitlagoutted’eau.Parcequej’avaisdéjàentenducediscoursetquec’étaitlaplusfaussedesassertions.
–Kathleen?S’ilteplaît…S’ilteplaît,nepleurepas.Jeteprometsdefairel’impossiblepourtoi.Tulesais,n’est-cepas?
–C’est…C’estjusteque…Tun’espaslà,avouai-jed’unevoixétranglée.Et…Etmêmesi jetecrois,jesaisaussique…ilsn’arrêterontpas.Onnecesserademedireetdemerépéterquej’aieuunerelationavectoi,articulai-jeentredeuxsanglots.
–Quetuaseu?répéta-t-ild’unevoixblanche.Kathleen,jeneveuxpas…teperdre.Nimaintenantnijamais.Tunepeuxpasfaireça!s’écria-t-ilsoudain.
–Moi,non,maistoi,oui.–Tu…Tucroisquejevaistequitter?Tucroisque…Kathleen,n’as-tudoncriencompris?N’as-tu
doncaucuneconfianceenmoi?Je reniflai lourdementetessuyaimes jouesd’unreversdemain.Mapetitecrisedenerfsétaiten
traindeprendredesproportionsdésastreuses.– Ils vont se calmer, assura-t-il. Parce qu’ils tiennent sûrement plus à leur argent qu’à écrire un
articlecroustillant.–OK,soufflai-jeenmecalmant.–Kathleen, j’ai conscience que notre… relation n’est pas simple. Elle temet dans une position
ambiguëetjerefusequetusoisunevictimedeplus.J’aidéjàvécuça.Lamortd’Eleanoraétélapirechosedemavie.Lapire.Maisjesaisaussiquetues,toi,lameilleurechosequimesoitarrivéedepuis…longtemps.Jet’aidéjàditquejeferaitoutpourtepréserver,etjeleferai,sansaucunerestriction.
–D’accord.Je…Excuse-moi,c’est justeque…leschosesprennentuneproportionmonumentale,alorsque…
–J’ailuttépourtoi,etjecontinuerai.Nemelaissepas,ajouta-t-ildansunmurmure.–Jenesuispasunefillequiabandonnefacilement,souris-jeenespérantallégerl’atmosphère.Ilsoupira,évacuantainsilatensiondecetteconversation,etjedevinailatraced’unsourire.–Çameva…Lecommuniquéparaîtrademain.Ya-t-ilautrechosequejepuissefaire?–Non…Tuenasdéjàfaitbeaucoup,ilmesemble.Faisjusteensorted’êtrelàmardi.–Jenemanqueraisçapourrienaumonde…Surtoutque…,commença-t-ilavantdes’arrêter.–Surtoutquequoi?
–Commentdire?Jecroissavoirquetuasfaitdes…préparatifsenvuedemavisite.–Lynne…etNathan,conclus-je,presquemortifiée.J’entendislerired’Andrew,heureuxetléger.Jememordisfortementlalèvre,réprimantlahonteet
lerougequigagnaitmesjoues.–Génial!maintenantjemesensridicule,grognai-je.–Tun’asaucuneraisonde tesentir ridicule.Àvraidire, j’apprécie tongeste.Mais laprochaine
fois,j’espère…pouvoirt’accompagner.–Oh…Vraiment?Jepensaisquetuétaisplutôtdugenreàfairevenirlaboutiqueàtoi.De nouveau son rire résonna, mais il s’arrêta très vite. Je tendis l’oreille et compris que notre
conversation avait été interrompue. Je devinai la voix de Lauren, et fus surprise de constater qu’elletravaillaitundimanche.
–Laurenestavectoi?m’inquiétai-je.– Je l’ai fait revenirpourdiffuser lecommuniquédepresse.Ne t’inquiètepaspourelle,elleest
grassementrémunéréeencontrepartie.–Àvraidire,jem’inquiétaisplutôtpoursaviefamiliale.Onestdimanche,Andrew!N’as-tudonc
aucunepitié?m’exclamai-je.–Elleétaitlibrederefuser.Jen’imposeàpersonnequoiquecesoit…Saufpeut-êtreàtoi.Jedois
couper,éluda-t-il.JeprendsunvoldemainpourSacramento,etensuiteunautremardimatinpourNewYork.OnserejointauPeninsulavers20heurespuisjet’emmènedîner.
–Cetteorganisationmeconvienttoutàfait.–Trèsbien.Àmardialors…Ilmetarde,ajouta-t-ildansunmurmureàpeineaudible.–Moiaussi.Àmardi.Jeraccrochaietpassaiunemainsurmonvisageravagéparleslarmes.Parleravecluiavaitapaisé
certainesdemescraintes,maispastoutes.Quoiqu’ilfasse,quoiqu’ildise,ilyauraittoujoursunrisqueouunjournalisteunpeutropzélépouraffronterAndrewetsonarméed’avocats.Aprèsm’êtreassuréequemonappartementétaitbienferméàclé,jemecouchaietm’enroulaidansmacouette.
***
Àmonréveil,vers10heures,toutmesemblaplus…calme.NewYorkétaitbienréveillée,sij’enjugeaisparlebruitdelacirculationetlahargnedesautomobilistesenversleurklaxon.Jeprisletempsdemefaireunthéavantdem’apercevoirquejedevaisallerfairedescourses.
Cettenormalitéauraitdûm’inquiéter.Ausupermarché,aumomentderéglermesachats,lacaissièreme fixa avec intensité, scrutant mon visage. Je baissai le regard, gênée par cet examen un peu tropminutieux.
–Vousêteslafilledujournal?s’enquit-ellealorsqu’ellevérifiaitmonnomsurlacartedecrédit.–Jevousdemandepardon?– Le journal d’aujourd’hui. Z’êtes dedans ! expliqua-t-elle en saisissant un exemplaire du rayon
pourmemontrerlaphotoquiavaitétépriselorsdelaréceptiond’Andrew.J’arrachailejournaldesesmainsetmesyeuxparcoururentlapagedevantmoi.Ilyavaitunarticle
surAndrew,unephotodemoiet,justeaprès,lecommuniquédepresse.Incrédule,jerepliailejournaletleglissaidansmonsac.
–Fautpayer,madame!crialajeunefemmeoutrageusementmaquillée.–Oui…Oui,biensûr.Ellemerenditmacarte,etjeluitendisunbilletde5dollarspourréglerlejournal.–Alors,c’estbienvous,non?–Mamonnaie,jevousprie,luidemandai-jeunpeusèchement.
Elle me la posa brutalement sur le comptoir et haussa les épaules. Je ramassai aussi vite quepossible les pièces éparpillées devantmoi et, armée demes deux sacs de courses, je courus presquejusque chez moi. Je rangeai rapidement mes achats avant de me concentrer sur l’article consacré àAndrew. De toute évidence, le journaliste ne s’était pas foulé, reprenant juste des informationsbiographiquespuismaprésenceàsescôtés.
Ensuite,ilyavaitlecommuniquédepresse:
Mesdames,Messieurs,Nousavonsétéavisésd’agissementsdéplorablesenversKathleenDillon, en raisonde ses liensavecAndrewBlake,présidentdeBlakeMedias.AndrewBlakeserefuseàcommentertoutesassertionsourumeurss’agissantd’unepotentiellerelationamoureuse avec Mlle Dillon. Sa présence à la réception donnée lors du lancement du magazinePowerfullnedoitdonnerlieuàaucuneinterprétationautrequesonamitiéavecAndrewBlake.Comme depuis de nombreuses années, nous vous saurions gré de respecter la vie privée d’AndrewBlake,desafamilleainsiquecelledeKathleenDillon.Les méthodes de harcèlements, d’enquêtes et de filatures récemment constatées doivent cesserimmédiatementsouspeinedepoursuitesimmédiatesdevantlestribunauxcompétents.De lamême façon, toute photo non officielle d’AndrewBlake ou deKathleenDillon publiée dans lapressedonneralieuàunedemandedeconfiscationdetouslesexemplairesparus.Ce communiqué vaut avertissement. Des plaintes seront déposées immédiatement en cas de non-respectdecesdemandes.
Je repliai le journal. Curieusement, je n’étais ni heureuse ni triste, juste estomaquée. J’avais lasensationdeperdrelecontrôledemavie,den’êtrequ’unpantindansdesmainsmalavisées.JevoulaisjusteêtreavecAndrew,devais-jevraimentsubir toutça?Lapresse, lescommuniqués, les regardsenbiaisausupermarché…Sousprétextedevouloiràtoutprixgardernotrerelationcachée,nousétionsentraindenousexposerauxyeuxdetous.Mêmesi jecomprenaislechoixd’Andrew,jenesavaispassij’étaiscapabledesurvivreàlalamedefondBlake.
Je finis par me décider à débrancher définitivement ma ligne fixe. Je passai la journée entièrecloîtrée chezmoi,œuvrant àmechanger les idées.Mêmesi le tempsmeparut long, cene fut rienencomparaisondumardi.
Je regardais l’heure toutes les dix minutes, espérant arriver à 20 heures, comme par magie. Jen’arrivais pas à définir si j’étais anxieuse, ou simplement nerveuse. Je sentais juste cette bouledésagréabledanslecreuxdemonventre,quigrossissaitaufuretàmesurequelajournéeavançait.
Aumilieudel’après-midi,alorsquejesirotaisunthéententantd’oublierAndrewBlakeetcequesaseuleprésencedanslamêmevillequemoiprovoquait, lasonnettedemaporteretentit.Jesursautaiavant de vérifier l’identité de mon visiteur à travers le judas. Maintenant que les journalistesconnaissaientmonnumérodetéléphone,ilyavaitfortàparierqu’ilsavaientaussimonadresse.
Mais très vite, un sourire remplaça le masque d’anxiété et mon visage se détendit totalement.J’ouvris au livreur attitré deMaria – un jeune homme un peu lunaire, mais souriant. Je le remerciairapidementavantdeporterladizainederosesblanchesàmonnez.Divines.
Enattendantcesoir,avectoutemonaffection(etmonempressement…).Andrew.P-S:Unevoitureviendratechercherà19h30.Rendez-vousdirectementdansmasuite.
À18heures, jem’enfonçaidansunbainmoussant…Mabaignoireétait ridiculementpetiteetmeforçaitàgarderlesjambeslégèrementrepliées,maisj’avaisbesoindemedétendre.Évidemment,celanefonctionnapas.
À19heures,j’enfilaiunerobebleueetdesescarpinsnoirs,réprimantlestremblementsintempestifsdemesmains.Assisedansmoncanapé,j’attendisqueletempspasse…avant,finalement,decesserdelutteretdequittercetendroit. Jepatientaidans lehall,guettant l’arrivéed’unedesvoituresde l’hôtel
devantlaporte.Etenfin,unpeuavantl’horaireconvenu,undenoschauffeursseprésenta.Jefronçailessourcilsalorsqu’ilm’ouvraitlaportière.AndrewBlakesavait-ilfairedanslasimplicité?Cetteberlinesombre,auxvitresteintées,étaitsûrementunedesplusluxueusesduparcàladispositiondesclients.
Soudain, un élémentme revint à l’esprit :AndrewBlake n’est pas qu’un client. Il était aussi enpartiepropriétairedelachaînegérantlePeninsula…Forcément,celaluioctroyaitcertainsprivilèges.Jem’installaisurlabanquetterecouvertedecuir,cherchantunmoyenefficacedemedétendre.L’habitacleétaitsilencieuxet,trèsvite,jemeperdisdanslacontemplationdelaville,desruesgrouillantesetdeslumièresmulticolores.
Cen’estqu’en longeant lePeninsulaque jem’aperçusquenousneprenionspas l’accèshabituelmaisgagnionsdirectementlegarageausous-sol.Aprèss’êtregaré,lechauffeurvintm’ouvrirlaportièreetm’escortajusqu’àl’ascenseur.Mestalonsclaquaientbruyammentsurlebétonpeintet,mêmesij’étaisdans un endroit connu, éclairé et sûrement ultra sécurisé, je ne pouvaism’empêcher de ressentir unepointed’angoisse.
Jeremerciaipolimentlechauffeuretappuyaisurleboutonmenantau19eétage.Toutenregardantleschiffresdéfiler,jetrituraimapochette,lamaltraitantpresqueentremesmains.
Jeréajustaimongilet,espérantqueleredouxdelamétéo,entamécettesemaine,nemefassepasdéfaut.Enarrivantàl’étagedelasuite,alorsquemesescarpinss’enfonçaientdanslemoelleuxdelamoquette,jecomprisquecethôtelavaitdéfinitivementquelquechosedemagique,etlasoiréeàvenirnefaisaitquerenforcercetteprofondeconviction.
CHAPITRE16
Aprèsavoirprisuneprofondeinspiration,jetoquaiàlaportedelasuite.Celle-cis’ouvritdansunpetit déclic, et un sourire se dessina automatiquement sur mes lèvres quand je croisai le regard grismétalliquedeNathan.
–Bonsoir,Kathleen,dit-ilens’effaçantpourmelaisserentrer.–JusteKat,corrigeai-je.–Laissez-moivousaider,proposa-t-ilenm’aidantàretirermongilet.Ilm’indiqualechemindusalonetjelesuivis,cherchantunetracedelaprésenced’Andrewdansla
suite.Ilm’invitaàm’asseoirsurlecanapé,faisantdosàlachambre,avantdes’installerfaceàmoidansundesfauteuils.
–Andrewnedevraitpastarder,ilavaituneconfcallavecSanFrancisco.–Oh…Pasdesoucis.Jesuisunpeuenavancedetoutefaçon,souris-je.–Ilm’achargédevousaccueilliret,pourêtrehonnête,c’estlapremièrefoisquej’appréciequ’il
merefilesontravail.–J’imaginequ’ildoitêtreexigeant.–Ill’est.Maisilestincroyablementloyal,çacompense.–Vousêtesaussichargédesacommunication?m’enquis-je.–Jeluiavaisditquevousleremarquerieztoutdesuite!Jenesuispasdouépour…lasubtilité.–Oh…– Donc vous m’excuserez d’avance, mais je me dois de vous dire que vous êtes absolument
sublime!commenta-t-il.–C’esttrèsgentil.Allez-vousmeforceràvousretournerlecompliment?plaisantai-je.–Non…Pourdeuxbonnesraisons:lapremière,c’estqueledécalagehorairevasûrementfinirpar
metuer.–Çaoulanourrituredel’avion?souris-je.Ohnon…Çaouleshôtessesdel’air?corrigeai-je.–Kat,jesuis…blessé!s’écria-t-il,lamainsurlecœur.Jelevaiunsourcil,meretenantderire.–Vraiment?demandai-je,dubitative.–Non…En fait, je suis flattéquema réputation soitvenue jusqu’àvousetquevousayez retenu
toutescesinformationssurmatrépidantevieprivée.Maisofficiellement,vuqu’onseconnaîtdepuispeu,jemedoisd’êtreblessé!
–Etlaseconderaison?repris-je.–Laseconderaisonpayemonsalaireetdébouledroitsurnous.S’ilvousposedesquestions,dites
quej’aiétéunvraigentleman,chuchota-t-ilrapidementavantdedirigersonattentionderrièremoi.
Même si j’avais deviné qu’Andrew arrivait, il me sembla que tout mon corps avait senti saprésence.Mes muscles tendus se dénouèrent brutalement, son parfum frappa mes narines et la bouledésagréableaufonddemonestomacsedésagrégeadanslaseconde.Andrewpassaàmescôtésetsaisitmamaindroitequireposaitsurl’accoudoir.
Nosregardssecroisèrentet je l’observaiportermamainàseslèvreset l’embrasserfurtivement.Monbrasretombamollement,moncorpsliquéfiéparcetextraordinaireregard.Ilmefitunbrefsourireavantdesepencherversmoietdedéposerunchastebaisersurmajoue.
–Tuesabsolumentdivine,murmura-t-ilsurmapeau.Ils’assitprèsdemoi,soncorpsaussiprochequepossibledumien.Jerougisviolemmentetfermai
lesyeuxpourlimiterlebourdonnementdematête.Denouveau,ilrepritmamainetnouasesdoigtsautourdesmiens.Jeleregardaisfaire,presqueincrédule.
–Commentvas-tu?s’enquit-il.–Je…Bien…Jevaisbien,marmonnai-je.–Je tepriedem’excuserpour le retard,mais jedevais impérativement finiravantdepouvoir te
consacrerlerestedemasoirée.J’espèrequeNathanaétéàlahauteur.–Ilaététrèsprévenant.Nathan m’adressa un sourire heureux, puis un clin d’œil. Andrew se tourna vers moi, ignorant
presquelaprésencedeNathanenluifaisantdos.–J’aiprissoind’elle,ajouta-t-ilavecjoie.–Jecroyaisquecegenredeprérogativem’étaitréservé,souffla-t-ilenmefixantavecintensité.–Prendresoindemoi?–J’envisagedeprendresoindetoicesoir…Cesoiretlesautressoirsquetum’accorderas,dit-il
avecunedésarmanteassurance.Moncœurtressautadansmapoitrinetandisquejemecalaisaufondducanapé.Andrewrepritune
position neutre et enroula son bras autour demes épaules. Je fixai son visage, le dessin de sa barbenaissante, sesmèches de cheveux un peu trop longues qui lui retombaient sur le front, sesmâchoiressaillantes…Toutescespetitestouchesdeluiquim’avaientmanqué.
–CedéplacementàNewYorkn’étaitpasprévu?l’interrogeai-jesoudain.–En effet.Mais il semblerait que cette ville ait un étrange pouvoir addictif surmoi, répondit-il
tandisquesesyeuxmeparcouraient.–Oh…Beaucoupdetravailalors?– Énormément. Mais je refuse que nous passions la soirée à parler travail. J’ai un programme
nettementplusalléchantetdivertissantpourcesoir.Jebaissailesyeuxsurmesgenoux,chassantletremblementdemesjambes.Jesavaisquelerevoir
mechamboulerait,maisjen’avaispasprévuqu’ilsoitsi…démonstratif.–Tum’asmanqué,murmura-t-ilàmonoreille.Je tournai la tête, retrouvant ses yeuxbrillants.Denouveau, j’eus la sensationquemon corps se
liquéfiaitdansunocéandedésirchaudetbrûlant. Je levoulais.Physiquementetmaintenant.Sonbrastoujours enroulé autour de moi, je sentis la pulpe de ses doigts effleurer ma peau et un frisson metraversa.Àsonregard,jecomprisqu’ill’avaitsenti.
–Froid?demanda-t-ilavecunsourirearrogant.–Unpeu,mentis-jesciemment.Ilréitérasongeste,appuyantunpeusurlehautdemesbras,pendantquesongenoutouchaitpresque
lemien.Jehoquetaiensilence,maisnepusempêchermagorgedeseparerderouge.–Nememenspas,ordonna-t-ilavecunregardsévère.Jamais,ajouta-t-ild’unevoixaffreusement
basse.–Tum’asmanquéaussi…Toiettonarroganceperpétuelle,murmurai-je.
–Jenevoisaucunearrogancedanstoutça!Et,unefoisdeplus,sesdoigtscaressèrentmonbras,allantetvenantavecdélicatessesurmapeau.
Je frissonnaidenouveau, lui jetantun regardmi-amusé,mi-perplexe.Sonsourires’élargit, satisfaitdesoneffetsurmoi.
–Tonsourireestarrogant,expliquai-jeavecdouceur.–Aucunearrogance…Cen’estpascommesijeconvoitaislebiend’autrui,murmura-t-il.N’est-ce
pas,Nathan?ajouta-t-ild’unevoixforteensetournantverssoncollaborateur.Je sursautai légèrement,m’apercevant que j’avais oubliéNathanpendant notre échange et que ce
dernier,muetcommeunetombe,consultaitsontéléphoneportable.Andrews’écartaunpeu,laissanttoutdemêmesonbraspossessifautourdemoi,etfixasoncollaborateur.
–Quellessontlesnouvelles?l’interrogea-t-iltrèssérieusement.–Toujoursrien.JevaisrelancerJim.Qu’est-cequ’onfaitpourLauren?Andrewmejetaunregardenbiaistandisquej’observaisl’échangeentreeux.Ilsepassaunemain
surlevisageetmarmonnadanssabarbe.–Lauren?luidemandai-jeavechésitation.–Lesfuitesàtonsujet,expliqua-t-ilsimplement.Tulavires!grognaAndrew.–Andrew…,soufflaNathan,àlafoisdéconcertéetsurprisparsadécision.–Etjenereviendraipaslà-dessus!Elleestincapabledetenirsalangue!–Andrew,jesuiscertainequ’ellenevoulaitpas…–Kathleen,jetiensàmavieprivée.Ettuesmavieprivée.SiLaurenavaitsusetaire,plutôtquede
donnerdesinformationsàmonsujet,jen’auraispasétéobligédetefaireescorterjusqu’ici!lâcha-t-ilaveccolère.
Jemedétachailégèrementdelui,surpriseparsonchangementdeton.Jel’observaiunmomentet,alorsqu’ilmejetaitundernierregard,jecomprisquequelquechoselecontrariait.
–Vire-la,répéta-t-ilàNathan.Fais-luiunchèqueassezimportantpourqu’ellesetaise.Etrappelle-luilaclausedeconfidentialitédesoncontrat.
–Commetuveux,acquiesçaNathan.–Quesepasse-t-il?demandai-je.–Ilssavent,ditAndrewd’unevoixbasse.Pourtoietmoi.Ilssaventquetun’espasqu’uneamie,
précisa-t-il.Il se tourna versmoi et je remarquai le changement dans son regard. Ses yeux d’un vert brillant
s’étaientassombris.Ilétaitinquiet.Jerisquaiunsourirerassurantavantdeserrersamaintoujoursposéesurmonbras.Seslèvress’étirèrentdoucementetilsemblarassuréparmaréaction.
–Jeteprometsdetoutarranger,murmura-t-ilàmonintention.–Toutirabien,soufflai-jeenréponse.Situmeparlaisplutôtdufameuxprogrammealléchantdece
soir?l’interrogeai-jeavecjoie.–Ehbien,jevaiscommencerpart’inviteraurestaurant.Jeme levaiducanapéet récupéraimongilet.Andrewme lepritdesmainsetm’aidaà l’enfiler.
Maistoutcequemoncorpsenregistrait,c’étaitlapetitesensationélectrisantedesesdoigtssurmapeau.Ilcalaletissusurmesépaulesavantdesouleverlamassedecheveuxretenueparlegilet.Denouveau,jesentislereversdesamainpassersurmanuque,etilrabattitmacheveluredansmondos.
Jemetournaiverslui,lesjoueslégèrementrosies.–Tuasmislesboucles,remarqua-t-il,appréciateur.–Jenepouvaispasmanquerunetelleoccasiondelesmettre.Àcesujet,merciencore.–Ellessontàl’imagedelafemmequilesporte:précieuseetsublime.Ileutencorecepetit sourire irrésistibleetarrogant.Derrièremoi, j’entendisNathandemander la
miseàdispositiond’unevoitureaugarage.
–Jevaisprendremonmanteau,m’indiquaAndrewens’éclipsantverslachambre.–Çat’ennuiesij’empruntelamêmevoiturequevous?demandaNathanàtraverslachambre.–Donne-moiunebonneraisond’accepter!criaAndrew.–Jevaisprendreuntrucàemporter,ettravaillersurlegroschèquedeLauren.–Faiscommetoutlemonde,utiliseleroomservice!–S’ilteplaît,Andrew!–Roomservice!répétaAndrewensortantdelachambre.Ilavaitenfiléunevestenoireetsoncabanbleumarine,etjedevaisavouerqu’ilétaitsuperbeainsi.
Il s’approcha demoi, ajustant son col en faisant non de la tête àNathan. Instinctivement, je l’aidai às’habiller.Sesmainsretombèrent,melaissantresserrersacravateetlissersoncol.
–Tucommandesauroomserviceet,situveux,jetepayemêmeundecesmassagesquitefaisaienttantenvieladernièrefois!
–Tucherchesàmecorrompre?s’offusquaNathanavecunepetitevoixaiguë.–Tucherchesàt’incruster!–Laisse-levenir,plaidai-je.Ilveutjustepartagerlavoiture.Andrewbaissalesyeuxversmoialorsquej’apportaisladernièretoucheaucoltrèslargedeson
caban.–Tucroisça…Maisunefoissurplace,ildiraqu’ilneveutpasmangerseul,etils’incrusteraau
dîner.Jenelelaisseraipasfaireça!Roomservice!répétaAndrewenpointantsonindexsurNathan.–Cen’estpastrèssympa,boudaNathan.–C’estvrai,Andrew,approuvai-jeenattrapantmapochettesurlecanapé.–Allons-y,éluda-t-ilrapidement.Ilposaunemaindans lebasdemondos,réveillantcettezonenouvellementérogènechezmoi,et
nous dirigea vers la sortie de la suite. Je lançai un regard d’excuse à Nathan, réellement désolée. Ilhaussalesépaulesavantderécupérerundossiersurlebureauderrièrelui.
–Cen’est«vraiment»passympa,chuchotai-je.–Jenesuispasuntypesympa,Kathleen.Jesuis…arrogant,c’estça?–C’esttoncollaborateurleplusproche…Jemedemandemêmes’iln’estpastonmeilleurami!Andrewsecoualatêteetouvritlaportedevantnous.– Je n’ai pas d’ami dans le travail… Juste des gens qui bossent pour moi et sont payés en
conséquence.–Oh…Uniquementdesrelationsprofessionnellesalors?demandai-jeenm’arrêtantnetdevantla
porte.–Kathleen,soupira-t-il.–Laisse-levenir avecnous !Ona toute la soiréepournousensuite…alorsqu’ilva rester là, à
bosserpourtoi!Ilsoupiradenouveau,partagéentrel’agacementetl’enviedemefaireplaisir.Jemurmuraiun«s’il
teplaît»etillevalesyeuxauciel.–Allez,Nat,cria-t-il.Viens,ont’emmène!Unsouriregéants’étirasurmonvisageetNathandéboulacommeunfoufurieuxderrièrenous.–Merci,Kat,dit-ilavecunsourireheureux.–Etmoi,non?protestaAndrew.– Je sais qu’elle est définitivement meilleure que toi ! Tu n’es qu’un cœur de pierre, avide de
travail!–Àcesujet,j’attendsunretoursurJim,demainàmidi,dernierdélai.–Allonsdîner,proposai-jeenfranchissant laporte.Et,commetuledisais,parlonsd’autrechose
quedetravail.
Nous gagnâmes l’ascenseur pour rejoindre la voiture. Le même chauffeur que celui qui m’avaitconduiteicinousattendait.IlnousouvritlaportièreetNathan,justedevantmoi,esquissaunmouvementpours’asseoirsurlabanquette.
–Nathan,tuvasdevant…Etnecomptepassurmoipourt’ouvrirlaportière,grondaAndrew.Nathansefigeaet,aprèsunbrefregard,contournalevéhiculepourseplaceràl’avant.Jem’assis
surlabanquette,suivieparAndrew.Lavoituresortitdugarageet,dèsquenousfûmessurlaCinquièmeAvenue,Andrewpritmamaindanslasienneetlaportaàseslèvres.
–Continueàagirdelasorteetjeneseraiplusjamaiscrédibleenredoutablehommed’affaires.Jemefigeai,etcen’estqu’envoyantunsourires’affichersursonvisagequejecomprisqu’ilne
m’envoulaitpas.–Quelgenredepouvoiras-tusurmoi,Kathleen?m’interrogea-t-il.Il embrassa de nouveaumamain, gardant ses yeux plongés dans les miens. Je sentis mon cœur
bondirdansmapoitrinependantquemarespirationsesaccadait.Et à cet instant précis, aumilieu de la CinquièmeAvenue, je sus que j’étais en train de tomber
éperdumentamoureusedelui.Moncorpsétaitengourdi,presquecrispé,focaliséuniquementsurlui.La soudaineté et la violence de cette découverteme firent presque vaciller. Je clignai des yeux
plusieurs fois avant d’affronter de nouveau le visage d’Andrew. Il fronça les sourcils et un soupçond’inquiétudevintassombrirsonbeauregard.Leslumièresdelavilleéclairaientàpeinesonvisage,lesombresalternantavecleslueursvives.
–Est-cequetoutvabien?demanda-t-il.–Je…Oui.Je…Jerougisviolemment,lesangenébullitiondansmesveines.Jesavaisqu’iln’yavaitaucunechance
que je rende à cet homme ce qu’ilm’offrait actuellement. Je sentis ce picotement agréable dansmonventre,etlevailesyeuxsurlui.C’étaitlui…L’âmesœuràlaquellej’avaisenviedecroire,l’hommequime comprendrait enun seul regard, le destin auquel j’étais sûrement liée.Lentement, j’approchaimonvisagedusienetmeredressaipourarriveràlahauteurdeseslèvres.
Ilcomblal’espaceentrenouset,doucement,posasabouchesurlamienne.Cecontactdouxetfermeachevaleprocessus.
Jepassai,enuneseconde,deKatDillon,amieproched’AndrewBlake,àKatDillon,amoureusedel’hommeleplusarrogantqu’elleconnaisse.
Nouséchangeâmesunsourirepuis,ensilence,finîmesparrejoindrelerestaurant.Ànotrearrivée,je constatai qu’une fois deplus,Andrewn’avait pas fait dans la simplicité.Le restaurant italienqu’ilavaitchoisi–leVesuvio–était l’undespluschicdelaville.Nathannousdevançaitnettement.Ilétaitsimplement content d’avoir pu profiter de la voiture et semblait avoir compris qu’Andrew n’ensupporteraitpasdavantage.
Aunomde«Blake», l’hôtessedétaillaAndrewavecun large sourire et l’invita à la suivre. Jesaluai rapidementNathan pendant qu’il parcourait la carte. Je contenais un rire. Je n’étaismême pascertainequecerestaurantoffraitdu«àemporter»,maisaveclenomd’AndrewBlake,ilsemblaitqueleschosesimpossiblespourl’humainordinairedevenaienttoutàfaitnormales.
Perdue dansmes pensées, je constatai que nous passions devant la salle principale sans nous yarrêter.Puis,nousgrimpâmesunescalieretnousretrouvâmesdevantlasecondesallederéception,pluspetiteet…vide.
–MonDieu,tuasréservél’étageentier?m’écriai-je,stupéfaite.–Jerefusequ’unhomme,autrequemoi,poselesyeuxsurtoi.–N’est-cepasunpeu…excessif?Jeveuxdire…–Maseuleexception,Kathleen,mecoupa-t-il.–Tunepourraspasteservirdecetargumentpourjustifiertoustesexcès!lemenaçai-jegentiment.
–Jenem’ensersquepourjustifiermesexcèsavectoi!contra-t-iltoutsourire,toutenmeguidantversl’uniquetable.
–Tudevraistoutdemêmegardercetargumentpourleschosesvraimentessentielles…Paspour…unrestaurant,précisai-je,presquedépitée.
–Quandvas-tucomprendrequetoutcequitoucheàtapersonneestvraimentessentiel?Jemefigeaietmetournaiverslui.–Tun’assûrementpas idéedeceque tuprovoques…maisréserverunesallederestaurant juste
pourêtreseulavectoi…Commenttefairecomprendre?sedemanda-t-ilensoupirant.–Mais…–Kathleen,murmuraAndrewenmettant sonvisageà lahauteurdumien, réserver cette salle, ce
n’estrienpourmoi.Mêmecesboucles,ajouta-t-ilendégageantmonoreilledroite,mêmecesbouclesnesontrien.Toutcela,cen’estquedel’argent…
–Jenecroispasquejem’yhabitueraiunjour,avouai-je.–Jenetedemandepasdet’yhabituer.Surtoutpas.Jeneveuxpasquetoutcelatesemblenormal
et…dû.Jeveuxqueturestestoi,quetuteplaignesdemesexcès,queturâlesquandjesuisunêtresanscœur.Si…Lejouroùtut’habituerasàça…Non,jepréfèrenepasl’envisager.Allonsdînermaintenant,m’ordonna-t-ilenmepoussantdoucementendirectiondenotretable.
Jelesuivisavecplaisir,maissecouéeparcequ’ilvenaitdemedire.J’avaisl’espritencoretropembrumé, mais j’espérais, une fois revenue au calme routinier de ma vie, pouvoir réfléchir avecapaisementàtoutça.
Arrivésprèsdenotretable,lesouriantmaîtred’hôteltiralefauteuiloùjedevaism’installer.–Laissez-nous,luiintimaAndrewd’untonquinesouffraitaucuneréponse.Lepauvrehommesursautaets’écarta.Andrewpritsaplaceet,aprèsm’avoiraidéeàretirermon
gilet,m’installaànotre table. Ilôtasoncabanpuissavesteet,d’unsignede tête, fit revenir lemaîtred’hôtelversnous.
–Votremeilleurchampagne,jevousprie.–Andrew!râlai-je.–Jesais,maist’entendrerâlern’avraimentpasdeprix.Quedésires-tumanger?Je consultai la carte rapidement, arrêtantmonchoix surun risotto aux truffes.Andrewavait déjà
posésonmenuquandjerefermailemien.–Risottoauxtruffes.Qu’as-tuchoisi?–Jecroisquejevaismelaissertenterpardeslasagnes.Montéléphonevibradansmapochette,etjemedétestaiden’avoirpassongéàlecouper.Andrew
fronçalessourcilstandisquejedéchiffraislenomdeLynnesurl’écran.–Excuse-moi,dis-jependantqu’ilselevaitpolimentdesachaise.–Tuvasrevenir?s’inquiéta-t-il.–Oùveux-tuquej’aille?souris-je,attendrie.–Dîneravecunautre?suggéra-t-il.–Essayes-tudemefairecroirequetumelaisseraisfairesic’étaitlecas?Unsourires’étirasurseslèvresetsesyeuxs’illuminèrent.–Reviensvite,murmura-t-ilavecdouceurenattrapantmamainpourlapresserdanslasienne.Jedescendislentementlesescalierspourtrouverunendroitàl’abridesoreillesindiscrètes.Nathan
étaittoujoursàlaréception,passantsacommandeensouriantàlajeunefemmequinousavaitaccueillis.Un voile d’inquiétude inonda son visage,mais je le rassurai d’un sourire. Il était définitivement plusqu’unsimplecollaborateurpourAndrew…
–Quesepasse-t-il,Lynne?luidemandai-je,reclusedansuncoinducouloir.
–Désoléedetedéranger…Philipvientdem’appelerpourmedirequ’ilnerentreraitquedemain.Sonvolaeuduretard…Bref,jesuischezletraiteurchinoisetj’aipenséqu’onpourraitpeut-être…
–Lynne,lacoupai-jevivement,jedîneavecAndrew!–Oh…Merde!Désolée…Oùêtes-vous?m’interrogea-t-elle,extrêmementcurieuse.–AuVesuvio,et…–LeVesuvio ? hurla-t-elle.Mais il faut réserver desmois à l’avance pour y dîner ! Philip n’a
jamaisréussià…–Lynne!grognai-je.Jesentisunemainseposersurmonépaule,etjesursautai.Jemetournaiversl’importun,ettrouvai
Nathan.–Est-cequetoutvabien?demanda-t-ilalorsquejedevaissûrementavoircriécommeunefolle
furieuse.–Je…Oui…toutvabien,murmurai-je.Ilopinaetretournaàlaréceptionavantdereprendresaconversationavecl’hôtesse.–Jedoistelaisser,Lynne.–Onsevoitdemain?–Je…Oui…sûrement.–Parfait!Débriefingdemain!Mondînerestprêt,jevaismangerensolitaire,maisjedoutequetu
t’enpréoccupes,gémit-elle.Soudain,moncerveauseremitenmarche.Jeréfléchisàtoutevitesseetmetournaidenouveauvers
laréception.Ilétaittoujourslà,souriant.–Lynne?Oùes-tuexactement?l’interrogeai-je.–SurlaCinquante-Septième.Pourquoi?–Hummm,écoute,jenesuispasàl’aiseavecl’idéequetusoisseulecesoir.Quedirais-tudete
joindreàAndrewetmoi?Elleéclataderireet,derrièreelle,j’entendislavoixaiguëetàfortaccentdutraiteurchinois.–Kat,jenevaispastenirlachandelle!rit-elle.Enplus,tuesvraimentunemauvaisementeuse.–Biensûrquenon…Nathanestici.Jesuiscertainequ’ilseraravidedîneravectoi.Sonrires’éteignit,etilyeutunlongetpéniblesilence.Intérieurement,jepriaipourqu’elleaccepte.
Ce dîner était la chance deNathan.Quelque choseme disait que je neme trompais pas et queLynnecomprendraitenfinquesarelationavecPhilipétaitvouéeàl’échec.
Detoutefaçon,jen’avaisjamaisvuPhilipregarderLynnecommeNathanl’avaitfait.–Kat,murmura-t-elle.Jeneveuxpasfaireça…SiPhilipl’apprend…–Commentl’apprendrait-il?Philipestàl’autreboutdupaysettuesseulecesoir.Justeundîner,
Lynne.Jel’entendissoufflerlourdement,tirailléeentresonenvieetsondevoirdefemmebientôtmariée.–D’accord,abdiqua-t-ellesansjoieaucune.–Super!m’exclamai-je.Ilestàlaréceptiondurestaurant,jemechargedeleprévenir.Oubliele
chinois,cesoirc’estVesuviopourtoi.Jel’entendisrireetjeraccrochaiavantdemeprécipiterversNathan.Sonregards’illuminaquand
jeluiparlaideLynneet,trèsvite,ilignoralasuperbebruneàpeaumateavecquiildiscutaitjusteavant.Jeluifispartdemon«plan»,etilreculad’unpaspuissecoualatête.
–Horsdequestion!lança-t-il.Horsdequestion,Kat!Ilvametuersi…–Biensûrquenon!–Bien sûr que si ! s’exclama-t-il. Jamais il n’acceptera. Etmême s’il accepte, ilme virera dès
demainparcequej’auraisgâchévotredîner.–Nathan,nousavonstoutl’étage.Ilsuffitdevousinstalleràuneautretable!
–Parcequevouscroyezvraimentqu’Andrewvouslaisserafaire?Vouscroyezqu’ilvaencaisserçaaveclesourire?
–Qu’est-cequejesuiscensélaisserfaire?grondalavoixd’Andrewderrièrenous.Jemepétrifiai,fixantleregardperdudeNathan.Ilnaviguaalternativementd’Andrewàmoi,tandis
quelapaniquepeignaitsonvisage.Jesecouailatête,incrédule.Ilavaitvraimentpeurdesonpatron.–Nathan,jesaisqu’habituellement,cesontlesfemmesdéjàprisesquiteplaisent,maisj’aimerais
autantquetazonedechassenes’étendepasjusqu’àcequim’appartient,railla-t-il.–Andrew…Commentpeux-tucroire?bégayaNathan.–Kathleen,monte!ordonna-t-il.Àcetinstantprécis,Lynne,toutsourire,franchitlaportedurestaurant.CommeNathanunpeuplus
tôt,sesyeuxpassèrentsurchacundenous.Jemepostaiprèsd’Andrew,espérantpouvoirleconvaincre.–Kathleen?murmura-t-ilsèchement.–Je…Lynneétaitseule…et…–Etnousétionsseulsaussi,normalement,mecoupa-t-il.Quedois-jefaireaujustepourm’assurer
queriennipersonnenenousparasitera?D’abordlechiendegarde,ensuitelafuturemariée…–Katn’yestpourrien,medéfenditdoucementNathan.–C’estmoiquil’aiappelée,jecherchaisdelacompagnie,s’interposaLynne.–Votrecharmant futurépouxvousaurait-il fait fauxbond?claquaAndrewavecunbrind’ironie
danslavoix.Je levai les yeuxvers lui, constatant qu’il était effectivement en colère.Lynnebaissa les yeux et
reculaverslaporte.Jefisunpasverselle,maisAndrewplaçasonbrasdevantmoipourm’enempêcher.–Tasoiréeestàmoi!siffla-t-il.–Etc’estmameilleureamie!ripostai-jeavantdemedébattrepourrejoindreLynne.–Nathan,occupe-toid’elle!ordonnaAndrew.Jetournaileregardverslui,estomaquéeparcetteméchancetégratuite.Ilneconnaissaitmêmepas
Lynneetsepermettaitd’êtreodieux.Nathanmerejoignitet,d’ungestedelatête,m’intimaderetrouverAndrew. J’opinai doucement, espérant que sa petite scène n’avait pas ruiné tout ce que j’espérais.Lorsquejerevinsversl’escalier,cedernieravaitdéjàdisparu.
Furieuse, jemontai àmon tour, prête à endécoudre avec lui. Il était à table, tout sourire, la têtereposantsursesmainscroiséessoussonmenton.
–Enfin!J’aifailliattendre!plaisanta-t-il.–Tuasétéodieux!Vraimentodieuxavecelle!–Jen’aipasétéodieux.J’ai faitvaloirmapriorité. Je t’aidemandé tasoiréeet tudevaisme la
garder.–Tun’avaispasàêtresidésagréableavecelle!Jel’aifaitveniricietsituveuxt’enprendreà
quelqu’un,soisodieuxavecmoi,pasavecelle!–Crois-moi, elle a l’habitude de gérer les types odieux.La seule différence, c’est que j’assume
pleinement.Maintenant,pouvons-nousreprendrenotresoirée?demanda-t-ilensouriantlargement.Lespoingsserrés,jeleregardainousservirduchampagne.Illevalesyeuxversmoi,puisseleva
desachaiseetseplaçaderrièrelamiennepourlatirer.–Sinonquoi?Vas-tuêtreodieuxavecmoi?– Si tu ne le fais pas pour moi, fais-le au moins pour ton risotto qui va arriver d’ici quelques
minutes.Vienst’asseoir!–EttureprochaisàMeghansesécartsdelangageavecmoi!sifflai-je,àboutdenerfs.Situveux
quenousayonscegenrederelation,jecroisquejedevraismecantonneràmonrôledeconcierge!Ilmelançaunregardetjelesoutins.J’étaisdéterminéeànepaslelaissermarchersurlesautres,ou
surmoi.
–Tuasraison,admit-ildoucementtoutenseredressant.Jehaussaiunsourcil,fièredemoi,maisespérantmieuxdesapart.–S’ilteplaît,Kathleen,veux-turevenirt’installeràcettetable?Je restai silencieuse, croisant les bras surmapoitrine.Des excuses, riendemoins, voilà ce que
j’attendais.Ilsecoualatête,réprimantunrire–mefâchantdoncencoreplus–avantdes’approcherdemoi.Sansriendire,lesyeuxfixéssurlesmiens,ilmefitdécroiserlesbrasetattrapamamainpourlaporteràseslèvres,ilenembrassaledosavecunelenteurexagérée,etjelâchaiunsoupir,vaincue.
–S’il teplaît,répéta-t-il.Jesaisquej’aiétéunincroyablegoujat,maisjenesupportepasqu’onempiètesurmontemps,surtoutquandjelepasseavectoi.J’aiattenducettesoiréetoutelasemaine.
–Ettu…–Etjesuisentraindelagâcher…Maissituveuxm’octroyerunepetitechance,jeprometsdenous
fairepasserunexcellentmoment.Ilembrassadenouveauledosdemamain,etcefutmaperte.Jemedécidaiàl’écouter,nonsans
continuer à luimontrermonagacement. Ilm’aida àm’installer, poussant doucementma chaisevers latable.
–Jenecherchepasàêtreodieux,dit-ilens’asseyantàsontour.Jesuisjuste…possessif,jecrois.–C’étaitLynne!Sûrementcequiserapprocheleplusduconceptde«meilleureamie».Jevaisêtre
sademoiselled’honneur…–Tuvasaumariage?mecoupabrutalementAndrew.–Oui.–Jet’escorte,affirma-t-ilavecvéhémence.–Mais…–Quandest-ce?–Le25avril,débitai-jeenlefixantpendantqu’ilnotaitladatedanssontéléphone.Andrew,tun’es
pasobligédevenir.Jeveuxdire,c’estencorerécentet…–Etquoi?Crois-tuquejevaistelaisserallerseuleàcemariage?sourit-il,soudainplusdétendu.Jesecouailatête,cherchantcommentmacolèrecontreluis’étaitdissipée.Safaçondechangerde
conversation,depasserdel’autoritélaplusforteàunsourireirrésistible,medésarmaitcomplètement.Ildéfiait toutesmesstratégiesdedéfenseetd’attaque,mettantàmallamoindredemesremarques,et lesretournaitcontremoi.
–Jenepensaispasquecegenred’événementst’intéressait.–Honnêtement,jetrouveçasansintérêt.Laplupartdutemps,Meghanmereprésenteetsechargede
féliciterlesheureuxépouxpourmoi.–Cesontlesmariagesquiterebutentoul’idéed’apparaîtreenpublic?demandai-jeenportantla
coupedechampagneàmeslèvres.–Lesdeuxsûrement.DanslecasdeMlleHoffman,c’estlaperspectivedetesavoirseulelà-basqui
memotive,dit-ilencontinuantàpianotersursontéléphone.–Oh!Cen’estdoncpasleplaisirdem’yaccompagner,raillai-je.–IlesthorsdequestionquejetelaisseseuleentrelesmainsdelafamilleKingston.–TuconnaislafamilledePhilip?m’enquis-je,stupéfaite.–Leur réputation les précède.Et elle n’est vraiment pas en leur faveur, ajouta-t-il en levant son
regardversmoi.–Monpèreseralà…Etilestflic,jeterappelle,souris-je.–Cen’estpasçaquilesarrête,conclutAndrewenbuvantsonchampagne.Etcen’estpasçaqui
m’arrêtenonplus,continua-t-ilavecunlégersourire.Leserveurapportanosplatset remplitnosverresensilence. Ils’écartadoucement, restantàune
distancerespectabledenotretable.Jeluijetaiuncoupd’œilavantdemeconcentrersurmonassiette.Le
risottoétaitdivin,commejem’yattendais.Jerispresqueensongeantquec’étaitsûrementunnouvelabusdepouvoird’Andrewquimepermettaitdeledéguster.
–Qu’ya-t-ildesidrôle?s’enquit-ilenmevoyantsourire.–Rien.Jemedemandaisjustequelgenredesoiréej’allaispouvoirtefairepasseraprèsça…–Tupeuxtoujoursmelaisserl’organiser.–Horsdequestion!Tesabusdepouvoirontassezduré!–Mes abus de pouvoir ? s’étonna-t-il.Est-cemal de vouloir faire en sorte que cette soirée soit
aussiinoubliablepourtoicommepourmoi.–Tun’aspasbesoindefairetoutça…Ellel’estdéjà,crois-moi!m’esclaffai-jeenrepensantaux
événementsdudébutdesoirée.Et tuviensdet’inviteraumariagedeLynne…Franchement, jenevoispascommentjepourraisoubliercettesoirée!
–Jenevoispascommentnonplus,murmura-t-ilenmefixantavecintensité.Je baissai les yeux, cachant un nouveau rougissement. Quand je les relevai, je fixai ses mains,
soigneusementliéesautourdesonverredechampagne.Unsouvenirprécismerevintentêteetlesmotssortirentnaturellementdemabouche:
–Parle-moid’elle.–Non,grogna-t-il.–Andrew…–Non.Jeneveuxpas.Pasavectoi.–Andrew,tunepeuxpas…Tudisquejeneteconnaispas,maistupassestontempsàéluderle
sujet.Il sembla réfléchir intensément, pesant le pour et le contre. Je voulais qu’il s’ouvre, je voulais
connaîtresaversion–uneversionsûrementplusjuste–del’histoire.C’étaitsafemme,unepartiedesavie…Jevoulaissavoir.
–Tu…Tum’asconfiétonalliancedernièrement.Tulaportaisencoreaprèstoutcetempsettunedémentaispasêtremarié.Jeveuxquetumeracontestaversion,plaidai-je.
– Ma version ? Oh… Je comprends, tu as eu la version officielle. Pourquoi veux-tu que nousparlionsd’elle…?Surtoutcesoir?Jenesuispeut-êtrepastaprioritédelasoirée,maistueslamienne!asséna-t-il.
–S’ilteplaît.Jenepeuxpasfairecommesi…ellen’avaitjamaisexisté.–Ellen’existeplus.Etjemedemandemêmesicequej’airessentipourellearéellementexisté.Il y eut un long silence,mais je gardaismes yeux rivés aux siens. Je voulais savoir. Je trouvais
mêmequ’ilme«devait»uneexplicationàsonsujet.Sonvisages’affaissa,etjecomprisqu’ilabdiquait.–Tun’abandonnespas?sourit-il.–Pasavectoi!–Tun’aspasmaténacité…Dois-jeterappelercettehistoirederelationstrictementprofessionnelle
entretoietmoi?–Ne tente pas de dévier le sujet ! ripostai-je.Ma relation professionnelle avec toi était le seul
bouclierquej’avaispourmedéfendre.–Jesais,avoua-t-il.C’étaitassezdrôlede tevoir tedébattre!Mêmesi j’enconnaissais l’issue.
Riennepeutm’empêcherd’êtreavectoi!asséna-t-ilavecuneconfianceabsolue.–Voilàquiestbienprésomptueux,monsieurBlake.–Peut-être,maisc’estlaréalité.–Parle-moid’elle,répétai-jeavecdouceur.Ilsoupiradenouveau,melançaunregardrésignéetselança:–J’airencontréEleanoràl’université,encoursd’économie.Ellevenaitdel’Oregon.Noussommes
trèsvitesortisensemble.C’était…évidentenfait,expliqua-t-ilenjouantavecsacoupedechampagne.
–Etensuite?Aprèsl’université?–J’ai rachetéunpremier journal.C’était…unesortededéfi, sourit-il,perdudanssessouvenirs.
Eleanorétaitlà,participaitauxréunionsdebouclage,travaillaitjouretnuit.Curieusement,mêmeaprèstoutcetemps,aprèstoutcetravail,jecroisquec’estàcetteépoquequejesuisvraimenttombéamoureuxd’elle.
–Parcequ’elletecomprenait?lecoupai-je.–Parcequ’elleétaitlà.Toutletemps.Jeposaisunequestion,elleavaitlaréponse.Toutétaitfluide,
facile.Onserendaitensembleaujournal,onrentraitlesoir,onbossaittoutletemps,maisjel’aimais.Lejournal amarché et j’ai épouséEleanor. Peu de temps après, j’ai racheté un deuxième journal et j’aifondéBlakeMedias.
Il fronça les sourcils et sembla faire le tri dans ses souvenirs. Peut-être que je ne pouvais pasvraimenttoutentendredesonpassé.
–BlakeMediasestunevraieréussite,l’encourageai-je.– En effet, murmura-t-il. J’ai proposé à Eleanor d’être responsable de la communication de
l’entreprise.Detoutefaçon,jenemevoyaispasbossersanselle.Etnousavonsreprisunrythmeinfernal.J’aimaismontravail,maisj’aimaisEleanorprofondément.Elleétaitmaforcedanstoutceprojet.
–Ques’est-ilpassé,Andrew?–J’aivoulum’implanteràNewYork.Ellen’apascomprismesmotivations.Enfin,ça,jenem’en
suisaperçuqu’après.Nousnetravaillionsplussurlesmêmessujets,ellerestaitactivesurSanFranciscoquand, moi, je prospectais ici. Je présume que, fatalement, nous nous sommes éloignés,professionnellementparlant.
–Mais…–Oui,c’étaitilyalongtemps.M’implantericin’apasétésimple.Jen’avaispaslesbonscontacts,
paslesbonnesrelations.Onm’amisdesbâtonsdanslesroues,onatentédemedissuader.J'aitenubon,maisEleanorafiniparmeconvaincre.JepassaismontempsiciquandellesedémenaitàSanFrancisco.
–Ellet’aconvaincud’abandonner?–Pasvraiment…Jene sais pas comment les choses se sont enchaînéesmais, un soir,Eleanor a
décidédenepluspartagernotrechambreet,effectivement, j’aimisdecôtéNewYork,pourelle.Pourqu’ellemerevienne.Parcequ’elleétaitplusimportantequetoutlereste.
Ileutunbrefsourire,illuminantsonvisageconcentré,puisancrasonregardaumien.–À l’époque, je neme voyais pas faire sans elle, nous étions liés.Nous avions vécu un tas de
choses.Deschosesimportantes,etdeschosesmoinsimportantes.Nousétionsheureux.Aprèsl’épisodedeNewYork,noussommespartisenvoyage,loindetoutecettepression.C’estunpeuavantnotredépartquej’aiembauchéNathan.
–EtMeghan?–Meghan était avecmoi à l’université, elle était brillante, niveau finances. Elle a tout de suite
adhéréàBlakeMedias.SansMeghan, jen’aurais jamais réussi à tenir cette entreprise.Elle estd’uneincroyableforce.
–Donc…levoyage?lecoupai-jepourrevenirausujetquim’intéressait.–Levoyage…Parfait.Idyllique.J’airetrouvélafemmequej’aimais.Etjeluiaidemandédeme
faireunenfant,parceque…jenesaispas,c’étaitparfaitementévidentpourmoiqu’elledevaitêtre lamèredemesenfants.Etelleaditoui,sanssurprise.C’était…commeunnouveauprojetàdeux.
Encoreunsourireheureux.Pourtant,sesyeuxsevoilèrentetjesentisquelaversionidylliquequ’ilpartageaitavecmoin’étaitpassiparfaite.
–Noussommesrentrésunpeuavantjuillet.J’aireprislerythmeavecNathan.J’aiencoreachetéunjournal.Lessemainesontpassé,lesmoisaussi…
–Pasdebébé?
– Pas de bébé. Eleanor gardait le moral et je la rassurais. Nous étions jeunes, rien ne pouvaitréellement nous arriver, n’est-ce pas ? Un peu après Thanksgiving, j’ai eu des informations sur NewYork:unmagazinequipériclitait.Jen’étaispascertaindevouloirça.
–Àcaused’Eleanor?–Àcausedumagazineenquestion.Monmariageétait solidemais,aprèsenquête, j’ai suquece
journalnevalaitrien.–Commentça«rien»?–Nousn’avionsaucuneidéedunomdespropriétairesnidesinvestisseurs,lesiègesocialétaitbasé
àlaBarbade…–…dansunparadisfiscal,finis-je.Ilmefitunsourireentendu.Ilopinatandisquemoncerveaurepassaitenmode«investigation».– Malgré toutes nos recherches, cette histoire n’a pas abouti. Nous n’avions aucun nom, mais
Meghanestimaitquecelapouvaitêtrerentable.J’aifaituneoffre.–Et?– L’affaire était en cours. Nous avions signé un préaccord. J’ai fait plusieurs allers-retours,
rencontré leséquipes,montéunprojetéditorial.Meghanavaitbudgétisépourparaîtreenmars,Nathanavait des bureaux. Jeme souviens quenous avons fêté ça à lamaison, c’était énorme…Eleanor étaitheureuse,j’étaisheureux.
–Était-elleenceinte?–Oui. De peu. Le jour où ellem’amontré le test de grossesse restera à jamais gravé dansma
mémoire.Jemesouviens,quelelendemain,nousavonsécumélesboutiques.Iléclataderire,prisdanssespensées.Ilsecoualatête,etfinalementsonvisagesereferma.– L’accident a eu lieu deux semaines après. En une seconde, mon monde s’est écroulé. J’avais
tout…etàsamort,c’estcommesi jen’avaisplusrien.L’accidentm’a…court-circuitéd’uncoupetacoupémonmondeendeux:ilyavaiteulebonheur…etaprès,lenéant.
Jetentaid’imaginerAndrew,heureuxavecsafemmeetcebébéàvenir.Ilavait tout : laréussite,l’amour,lafamille.Ildevaitsesentirinvincible.Machinalement,etsûrementpourévacuersanervosité,jelevistriturersesmains,frottantlecercledepeauoùétaitencoreincrustéelatracedesonalliance.
–Etpuis ilyaeu toi, souffla-t-ilpresque timidement.Après touscesmoisdesolitude, ila fallurefairesurface,revenirauvraimonde.Et,commeledituneamieàmoi,ledestint’amisesurmaroute.
–Tonamieest…pertinente,remarquai-je.Jepartagecetétatd’esprit.Quisaitoùcertainscheminsnousmènent…Enfin,tuavaisl’airdetrèsbient’ensortir.Ques’est-ilpassépendant…tonabsence?
–Après les funérailles, tout a été plus difficile. Je n’avais plus envie deNewYork, je voulaisvendrel’entreprise.Jesuisrestécloîtréchezmoipendantdessemainesentières,refusantmêmel’idéedesortirprendresimplementl’air.Toutmerappelait…elle.Notreviedevaitêtreparfaite.
–Jenecomprendspas…Quandtuasfaitallusionàelle, tusemblais tellement loin…decetétatd’esprit.
–Eleanorm’aimait.Etjel’aimaisprofondément.Jel’aiperdue,çaaétél’épreuvelaplusterribledemavie,maisdécouvrir,aprèssondécès,qu’ellemementait,aétépirequetout.
–Àquelsujettementait-elle?–Nous.Notremariage.J’aicherchéàcomprendrependantdesmois,jel’aihaïeautantqu’aimée.
Maisellevoyaitunautrehomme.Sesyeuxseplantèrentdanslesmiensetjesentislacolèrevibrerenlui.Sespropossurlemensonge
etsurlesqualitésdesafemmemerevinrent.–Unautrehomme?Quetuconnaissais?demandai-je.–Non.C’estplutôtunebonnechosepourlui.Jen’aijamaissuquiilétait.Uneâmecharitablem’a
envoyé des photos floues. J’ai nié en bloc qu’elle pouvait avoir fait ça, mais il a fallu me rendre à
l’évidence,jen’étaispasleseul.Jen’étaisplus…sapriorité,murmura-t-ilenmefixant.Je déglutis lourdement, encaissant le flot d’informations. Maintenant, je connaissais enfin toute
l’histoire.Machinalement,jeposaimamainsurlasienneetlapressaidoucement.Lesépaulesd’Andrewserelâchèrent,commes’ilselibéraitenfind’unlourdfardeau.
–Jesuisdésolée,soufflai-jeencherchantàcaptersonregard.–C’estdel’histoireancienne.–Non,pourtoutàl’heure.Jen’avaispascomprisàquelpointcettesoiréeétaitimportantepourtoi.–Cen’estpascettesoiréequiestimportante,c’estd’êtreavectoi.Jeneveuxpas…passeraprès
Lynneou…tonpère.–Tuveuxêtreprioritairesurl’uniquehommedemavie?plaisantai-je.–Non.Jeveux«être»l’uniquehommedetavie.Ilsouritdoucementetjesentismoncorpsfondreetcrépiteràlafois.Cesourire,ceregard,savoix
profonde,sesaveux…Pourlapremièrefoisdepuisquejeleconnaissais,jemesentaisenconfiance.–Tuvasencoretrouverçaprésomptueux?rit-il.–Non…Jetrouveça…plutôtagréableàentendre.C’estmoioutucherchesàmeséduire?–Kathleen,jepensequ’iln’yapasuninstantoùjen’aipascherchéàteséduire…Etjecrainsque
celaresteprioritairesurlereste.Jememordis l’intérieurdes joues,à la foisheureuseetgênéepar sadéclaration.Nous reprîmes
notrerepas,discutantessentiellementdesonmétier.Alors que le serveur nous amenait nos desserts, et que j’étais pleinement détendue grâce à la
quantitéimportantedechampagnedansmonorganisme,Andrewmepritàmonproprepiège.–Tuconnaismessecrets,vas-tuenfinmedévoilerlestiens?–Queveux-tusavoir?m’enquis-je,incertaine.–Jenesaispas…Quepeux-tuvraimentmeconfier?J’aiparlédemavieprivée.Parle-moidela
tienne.–Jecrainsdenepastenirlacomparaisonavectoi.–Pasdemariagedonc?s’amusa-t-il.–Pasdemariage.Pasd’enfantsnonplus,complétai-je.Leseulhommedontjesoisvraimenttombée
amoureuses’estrévéléêtre…Disonsquec’étaituneimposturemanifeste.–Ilt’amenti?–Ilm’atrahie.Cequiestpire…sionenjugeparlesconséquencessurmavieactuelle.–C’estpourçaquetuaschangédemétier?Mesmusclessetendirenttousdanslamêmesecondeetunpicotementdésagréables’emparadema
nuque.–Cen’estpasimportant.–Çal’estpourmoi.–Ça…Çan’avraimentaucunintérêtetçafaitpartiedemonpassé.–Tuconnaismonpassé,j’aimeraisconnaîtreletien.–Andrew, tu connaismon passé !m’écriai-je enme souvenant de nos premières et déroutantes
conversations.–Certes,mais je n’ai pas réussi à élucider certainsmystères.Celui-ci, enparticulier,m’intrigue
beaucoup.Jesoupirailourdement.Jen’avaispasenviederessassermonpasséetmesidéauxmalmenés.Les
derniersévénements–lescoupsdefildelapresse,lapression,lesregardsextérieurs–avaientsuffiàréveillercesdouloureuxsouvenirs.
– J’ai toujours voulu être journaliste, commençai-je. J’aime… les recherches et recouper lesinformations.
–As-tufaitdesrecherchessurmoi?– Oui. Mais je dois admettre que tu as été meilleur que moi. Difficile de trouver des sources
crédiblesetdesinformationsavéréessurtoi.–Pourquoiavoirarrêtédefairecemétieralors?–J’yaiétécontrainte.–Parcethomme?m’interrogea-t-il,lesmâchoirescrispées.–Sionveut.Jen’étaispastrès…futée,jepense.Jen’aipasvuleschosesvenir.Unjour,j’aiété
convoquéedanslebureaudemonrédacteur,etleschosesquejepensaisacquises,lesvaleursauxquellesjecroyaissesontécroulées.Jen’aipaseulechoix.Jedevaispartir.
–Quelgenredepatronaputevirer?Certainsn’ontvraiment…– J’ai démissionné. Parfois, il faut savoir admettre qu’on a eu tort. Et je crois que je me suis
trompéedemétier.J’étaissûrementtropnaïve,maislaréalitéaétéplusviolentequecequej’imaginais.–Kathleen,murmura-t-ilavecdouceurencroisantsesdoigtsaveclesmiens,tun’espasnaïve…–Alors,disonsquejesuisidéaliste,contrai-je.Lerésultatestlemême…Cequejevoulaisfairene
coïncidaitpasaveccequevoulaitmonpatron.–Etcethomme?–Iladisparuenmêmetempsquelaplupartdemesrelationsdanslemétier.Jeneleregrettepas,
certaineschosesparaissentbellesde loin, et se révèlent finalementassez laides. Jen’envisagepasderevenirsurmadécision.Lejournalismeestderrièremoi.
Jevislessourcilsd’Andrewsesouleveràunehauteurhallucinante,atteignantquasimentlaracinedesescheveux.
–Tudevraisretentertachance.LeDCDailyest…particulier,souritAndrewaprèsavoircherchélequalificatifadéquat.
–Commentsais-tuquej’aibossépourleDC…?– Je connais ton passé, sourit-il.Mais j’ai dumal à croire que tu aies bossé pour ce repère de
technocrates ! C’estmême une planque tout court ! Le seul but de ce… truc est de faire du lobbyingauprèsduSénat.C’estpurementpolitique,etsij’osais,jediraismêmequec’estlebrasarmémédiatiquedesrépublicainsàWashington.
–Jesais,avouai-je.Maisjen’aipaseulechoix.–Tul’asmaintenant.Monoffretienttoujours.Tupeuxbosserpourmoi.–Etcoucheravecmonpatron?lâchai-jeavantdeprendreconsciencedel’énormitédemariposte.Mesjouessecolorèrentimmédiatement.Jebaissailesyeuxsurmonassiette,triturantmondessert.–Tuasdesprojets?souritAndrewalorsquejerougissaisencoreplus.–Cen’estpascequejevoulaisdire!medéfendis-je.–«J’ai»desprojets,dit-ilenignorantmaremarque.JeviraipivoineetfistoutmonpossiblepouréviterdefixerAndrew.Jetrouvaiunintérêtsoudainà
mon dessert, raclant le fond de mon assiette à la recherche des dernières traces d’un tiramisu déjàquasimentdisparu.Soudain,Andrewselevaetcontournalatablepourseplacerderrièremoi.
–Tuaslechoix,murmura-t-ilàmonoreille.Tul’aurastoujours.–Entrequoietquoi?soufflai-je,haletante.–Entrelepatronoumoi.Mais,eneffet…jenecouchepasavecmesemployées.–Donc,conclus-jeenexhalantunsoupirbruyant,jen’aipasvraimentlechoix.–Si…Réfléchisbien.Jemetournaiverslui,complètementperdue.Dequoiétait-ilentraindemeparler?Soudain,iltira
machaiseetmefitmelever.–Lavoiturenousattend.Mais,réfléchisàtoutcequejeviensdetedire.–Jenecomprendspas,Andrew,avouai-je,unpeuchancelante.
–Lechampagne,sûrement.Tuferaslelienplustard.Ilpressaseslèvressurmonfront,dansungestetendre,puism’aidaàremettremongilet.Ilenfila
soncaban,etpritsavestepourlaposersurmesépaules.–Allons-y.Sanspartagerunmotdeplus,ilnousguidaàlavoitureetnousrejoignîmeslePeninsula.Durantle
trajet, ilposadoucementsamainsur lamienne,etcen’estqu’à l’arrivéedans legaragesouterraindel’hôtelqu’ilosaposerlaquestionquimehantait:
–Veux-turentrercheztoi?
CHAPITRE17
Jesecouailatêteetunbrefsourires’étirasurseslèvres.Ilsortitduvéhiculeetm’ouvritlaporte.Toujoursensilence,nousgagnâmeslaPeninsulaSuite.Enentendantlaporteserefermerderrièremoi,jerelâchailavested’Andrewetlaposaisurunedespatèresdansl’entrée.Andrewretirasoncabanetjelesuivisjusquedanslesalon.
Le cœur battant, je détaillai ses gestes : il défaisait le haut de sa chemise, révélant le bas de sagorge, puis déboutonnait ses manches et les remontait doucement sur ses avant-bras. L’anticipation,l’anxiétéetledésirbrûlaientdansmesveines,merendanthermétiqueàcequinousentourait.Ilsetournaversmoi,etlesouvenirdenotrepremièrenuitensemble,ici,bourdonnadansmatête.Lesoufflecourt,jevisseslèvresbouger,maisnecomprispasunmotdecequ’ilmedemandait.
–Je…Euh…Pardon?fis-je,l’espritembrumé.–Serais-tutentéeparunbain?proposa-t-ilavechésitation.Jerestaiimmobilequelquessecondes,scrutantsonvisage.Ilsemblaitsifragileetsipeuconfiant.Je
pensaisavoirdécouvertlevéritableAndrewpendantnotredîner,leAndrewsansmasquemais,enfait,ilétaitlà,maintenant,devantmoi,incertainethésitant.
–Je…Unbain?répétai-je,toujoursdansleslimbes.–Tuneconnaisdoncpasmeshabitudes?–Oh…Lapiscine!m’écriai-jesoudain.–Situveux,l’hôtelaprévudesmaillots…,débita-t-ilendésignantlasalledebainsderrièrelui.
Enfin,jeprésumequetuesaucourant.Jesourislargement,hochantlatêteavantd’avancerverslui.– C’est une bonne idée, approuvai-je. Le maillot est-il de soie ou en satin ? plaisantai-je pour
cachermonanxiété.–Tuconnaismonavissurlesujet,non?–Eneffet,avouai-je.–Prendstontemps,etrejoins-moiquandtuserasprête.Unelueurd’amusementéclairasonregardet,danslasecondequisuivit,ildéfitunautreboutonde
sa chemise. Je fixai ses mains, ses doigts, les pans de sa chemise à peine écartés et qui, pourtant,révélaientsuffisammentdeluipourquetoutmoncorpss’embrase.Sansvoixetlesoufflecourt,jepassaiprèsdelui,lefrôlantàdessein,avantderefermerlaportedelasalledebainsderrièremoi.
Jeconnaissaissuffisammentl’hôteletcettesuitepoursavoiroùsetrouvaientlesmaillotsdebainetlespeignoirs.Jeretiraimesvêtementsàlahâteetenfilailespetitsmorceauxdetissunoir.Lanervositénem’avait pas quittée et, avant de sortir, jeme regardai rapidement dans lemiroir pour évaluer les
dégâts. Je frottai les paumesmoites demesmains sur le tissu-éponge demon peignoir et sortis de lapièce.
Aprèsavoirempruntél’ascenseur,jemefaufilairapidementparlesescaliersetrejoignislapiscineparl’accèsdesecours.Àmonarrivée,Andrewnageaitdéjà,étirantsoncorpsmusclésousl’eaudansdesmouvementsfluides.Ilmesurpritens’arrêtantnet,avantd’appuyersesavant-brassurlerebord.
–Tuasteshabitudesaussi,constata-t-ilavecunsouriresatisfait.–Je…Euh…Probablement,balbutiai-jealorsquesonsourires’élargissait.–Vas-tufinirparvenirmerejoindreouresteràm’observer?Il reculadoucement,bougeant lentement sesbrasdans l’eaupour reculeraumilieude lapiscine.
Son regardnemequitta pas, et je retiraimonpeignoir en tremblant presque.Malgrémaquasi-nudité,Andrewnecillapas,restantconcentrésurmonvisagetandisquejemedirigeaisverslesquatremarchesd’accès.
Mon corps s’immergeait progressivement. Le contact de l’eau apaisa ma peau brûlante et lepicotementd’enviequimeparcouraitdepuisnotrearrivéeàl’hôtel.J’avançailentementverslui,presqueavecprudence,jaugeantcommejelepouvaissesimprévisiblesréactions.Ilavaitcessédebouger.L’eauarrivaitàlahauteurdesatailleetilm’attendait.
Quandenfinjel’atteignis,illevalamainetrepoussamescheveux,dontlespointesétaienthumides,derrièremonépaule.Brutalement,leslumièresautourdenouss’éteignirent.Jesursautai,surpriseparlebruitsecdel’interrupteur.Seulesleslampessousl’eaurestèrentallumées,formantautourdenousunhalobleutéapaisant.
Mais très vite j’oubliai l’endroit, j’oubliai l’eau, j’oubliai même mon propre nom. La maind’Andrewremontasurmanuqueetilm’attiracontreseslèvrestoutenreculantdansl’eau.Jetrébuchaidoucement,etposaimesmainssursontorsepourmemaintenir.Moncorpsglissadansl’eaupendantqueleslèvresd’Andrewtravaillaientsurlesmiennes.
Il reculait toujours,nousentraînantvers la zone laplusprofondede lapiscine.Mesmouvementsn’était plus coordonnés, sûrement parce que mon cerveau ne savait plus comment donner les ordresadéquats.Jemeperdistotalementquandlalangued’Andrewquémandal’accèsàmabouche.J’enroulaimesbrasautourdesanuque,meredressantpourpouvoirprofiterdesonbaiser.
Ilme relâcha, avant d’enfoncer sesdoigts dansmeshanchespourmemaintenir contre lui. Jemecollaicontresoncorps,répondantardemmentàsonbaiser.Quandlaprofondeurdubassinmefitperdrepied,jerelâchaiseslèvresetsanuquepourmemaintenirhorsdel’eau.
–Jetetiens,murmura-t-ilenm’enlaçantbrutalementcontrelui.Satêtes’enfonçadansmoncouet,instinctivement,mesjambess’enroulèrentautourdesataille.Je
croisai mes chevilles dans son dos et l’entendis gémir contre ma peau. Je posai mes mains sur sesépaules,mestabilisantpendantqu’ilreculaittoujours.
Ensentantsabouchecontremapeau,jecomprisqu’ilétaitentraindememarquer.Maisc’étaitsansimportance.J’étaisheureused’êtreàlui,d’êtreaveclui.Jeremuaidoucementmonbassin,luiindiquantquej’appréciaiscequ’ilmefaisait,etilgrognaenretour.
Il releva la têteet,denouveau,dégageamescheveuxégarésautourdemonvisage.Sesdoigts seposèrentsurmajoueetjeremarquaisarespirationrapide.
–J’aiattendutoutelasoiréepourfaireça,murmura-t-ilavantdem’embrasserencorecommesisavieendépendait.
L’eauclapotaitautourdenous,brisantlesilencedecathédralequirégnaitdanslapièce.Maistoutcequejesentais,c’étaientseslèvresdoucesetmagiquessurlesmiennes.Jeremontaimesmainsdanssachevelure trempée,m’enfonçant entre lesmèches pour caresser son cuir chevelu. Il grogna contremaboucheetsedétachademeslèvresavantdesoudersonfrontaumien.
Larespirationhachée,lesyeuxclos,ilgémitdoucementavantdebougerlatêtepourquej’amplifiemongeste.J’esquissaiunsourire, raviedevoirquemescaressesavaientautantd’effetsur luiquesesbaiserssurmoi.Sesmainsremontèrentdemesgenouxàmescuisses,puismesfesses.Illespressa,mefaisantbougercontrelui.
–Commentfais-tuça?demanda-t-ilenembrassantlehautdemapoitrine.–«Ça»quoi?–Mefaireressentirtoutesceschoses…Jenepensaispasrevivreçaavecquelqu’un.Je me sentis frissonner malgré l’eau chaude et la température de la pièce. Il y avait un tel
soulagementdanssavoix,untelbesoindesesentir«normal»quej’enétaisvraimentémue.D’autantplusquej’enétaisàl’origine.
–Jenesaispas,bégayai-je.Jefaisseulement…cequimesemble…juste.–Resteainsialors,sourit-il.Denouveau il pressames fesses,mais cette fois pourmecoller unpeuplus contre lui, avant de
revenir torturer mes lèvres. Un gémissement m’échappa alors que je me soulevais légèrement, ledépassantunpeu.Saboucheglissademeslèvres,longeamonmenton,lalignedemamâchoire,avantdedescendredanslecreuxdemoncou.
Soudain,jesentisdumouvementetcomprisqu’Andrews’étaitmisàbougerafindenousemmeneràl’autreextrémitédelapiscine.Moncorpsglissalelongdusien,etmonempriseautourdeluiserompitpourmepermettrederetrouverlesoldubassinsousmespieds.
–Net’avisepasdefuiràtoutesjambes,meprévint-ilenmerepoussantverslesmarches.–Pourquoiferais-jeça?l’interrogeai-jeavecsérieux.Ilavançait toujours,meforçantà reculerunpeuplusvite.Sonregardpénétrantmefixaavecune
intensitérareetilpenchalatêtesurlecôté.–Tunet’enrendspasvraimentcompte,n’est-cepas?Jeheurtailesmarchesettombaiàladeuxième,meretrouvantassisedevantlui.Ils’approchademoi
et,mueparunautomatismeétrange,jel’accueillisentremesjambes.Ilplaquasesmainssurlecarrelagedepartetd’autredemeshanchesetplaçasonvisageàquelquescentimètresdumien.
–Kathleen…Tues…Tueslapremière,depuis…Eleanor,avoua-t-ild’unevoixrauque.–Oh…–Aprèscesoir,jenecroispluspouvoirtelaisserdenouveaulivréeàtoi-même.–Çanemeposepasdeproblème,dis-jeensoutenantsonregard.– Ça ne m’en pose pas non plus. Au contraire. Crois-tu pouvoir te contenter d’une relation
compliquéeavecunhommecommemoi?–Andrew,jemecontenteraiden’importequelgenrederelationavectoi…–Mêmequandjesuisprésomptueux?–Jen’abandonnepas.Jamais.Ileutunsourirequivalait,àmesyeux,toutl’ordumonde,puisilsepenchaversmoietm’embrassa
encore. Cette fois, la passion dévorante des instants précédents laissa place à plus de douceur. Jem’allongeai comme je pouvais, le haut de mon dos heurtant douloureusement l’arête de la marchesupérieure.
Andrews’installasursesgenoux,rampantau-dessusdemoncorpsavantdelerecouvrir.Sesmainslongèrentmescôtesetilremontaunedemesjambesautourdelui.Cettepositionfamilièremefitsourire,etjesentis,contremeslèvres,queluiaussi.
Nos corps collés l’un à l’autre, il frotta involontairement son bassin contre le mien afin de seréajuster.Ledésirqu’ilressentaitpourmoinefitalorsplusaucundoute.Jeremuaiàmontour,toutàfaitvolontairement,espérantqu’ilcomprennequesonenvieétaithautementpartagée. Ilgrognacontremoi,
laissant ses lèvres traîner surmapeau. Je réitéraimongesteplusieurs fois,obtenant toujours lemêmerésultat:ils’éloignaitdemoidansunpremiertemps,avantderevenircontremoncorps,lesoufflecourt.
Mesmainsseperdirentdenouveaudanssescheveuxalorsquelessiennescaressaientmescuisses.Je tentai de capter son regard, mais Andrewm’évitait, préférant naviguer sur mon cou, mes épaulesdénudéesetlehautdemapoitrine.
Soudain,ilremontasesmainssurmescôtesavantdelesplacerdepartetd’autredemapoitrine,etungémissementlourdsortitdemeslèvres.Enréaction,Andrewpressadurementsesmainscontremoietlesremontasurmesseinsavecunelenteurhorrible.
Jemecambrai,oubliantlecontactdésagréabledelamarchederrièremoi.Ilmassadoucementmesseins tandis que sa bouche continuait de faire desmerveilles surma peau, réveillant chacune demesterminaisonsnerveusesetprovoquantunincendieravageurdanslebasdemonventre.Jefermailesyeux,savourantladouceuretlaprévenancedecesgestes.Finalement,ilpritmesseinsencoupeetpassasonpoucesurlespointesdouloureusementérigées.
–S’ilteplaît,gémis-je,pantelanteetavidedeplus.–Kathleen,murmura-t-ild’unevoixrauqueavantdepressersonbassincontrelemien.–S’ilteplaît,répétai-je…S’ilteplaît,touche-moi,implorai-je.Ilserelevalégèrementetsondamonregard.Jehochaidoucementlatête,lefeuauxjoues.Ilpouvait
le faire. Son regard sombre m’indiqua que j’avais raison sur ses intentions. Il me voulait. Ses yeuxquittèrentmonvisageetparcoururentmoncorpsjusqu’àmapoitrine.Sesmainsglissèrentdutissunoiretseposèrentjusteendessous,avantdelerepousser.
Jehoquetaienvoyant son regards’enflammer. Il fixaitmapoitrinedénudéeavecadoration,alorsquematenueétaitplutôtdécadente.Sespoucesrepassèrentsurmestétons,etilmesemblaqu’ilprenaitunplaisirsadiqueàmetorturer.Moncœurfrappaitàunevitessefollecontremacage thoraciqueet jegémissaisdefaçonindécente.
Sans jamais quittermes seins des yeux, il pencha enfin la tête et prit un demes tétons entre seslèvres.Je refermaiviolemment les jambesautourde lui, sifflant ledésir fulgurantquime traversaitdepart en part. Il malmena mon sein encore et encore, ne se laissant aucunement perturber par lesmouvements saccadés et frénétiques de mon corps. Il prodigua le même traitement à mon autre seinpendantquejem’autorisaisàlegardercontremoi,plaquantmesmainscontresatête.
Aprèsuneéternité,illevalesyeuxversmoietfronçalessourcils.–Montons.–Que…Quoi?balbutiai-je,toujoursprisedanslemoment.–Montonsdanslasuite.Jeteveux,maispasici.Lasuitemesemblenettementplusappropriée.Nous rejoignîmesnos peignoirs, etAndrew se posta derrièremoi.Alors que jeme rhabillais en
tremblant,jesentissesdoigtscaressermanuque,puislesbretellesdemonmaillotdebaintombèrent.–Retire-le,murmura-t-il.Jem’exécutaiet,aussitôt,ils’enemparapourlefourrerdanssapoche.–Jeteretirerailerestelà-haut,promit-il.–Ettoi,tun’asencorerienretiré,répliquai-je,presqueboudeuse.–Veux-tulefairemaintenant?Jemetournaipourluifaireface.Sonpeignoirouvertlaissaitvoirunepartiedesontorse.Mesyeux
descendirent plus bas, suivant la ligne parfaite de sa musculature. Je me mordis la lèvre, prenantconscience d’à quel point il était superbe. Et à moi. Je levai un sourcil amusé en voyant la bossedéformersonboxernoir.
–Maissitupréfèrespatienter,metaquina-t-ilenrefermantlespansdesonpeignoir.–Non…non…Attends!luiordonnai-jeenm’approchantdelui.
Jeplantaimesyeuxdanslessienset,déterminée,passaimespoucesdanslaceinturedesonmaillot.Jeleglissailelongdesesjambes,mebaissantaumêmerythmependantlamanœuvre.Illevalespiedspours’endébarrasseretjelemisdansundespaniersprévusparl’hôtel.Quandjemeretournaiverslui,iln’avaitpasrefermésonpeignoiretsonérections’offritàmesyeux.
Jelâchaiunsoupiravantdecollermoncorpscontrelesienpourl’embrasser.Ilposasamainsurmanuque,m’attirantdurementcontreseslèvrespendantqu’ildéfaisaitlenœuddemonpeignoir.Lecontactdemapoitrinenuecontresontorsechaudnousfitgémirdanslamêmesecondeetunedemesmainssefrayauncheminentrenoscorpspourlecaresser.
Àpeinemesdoigtsl’avaienteffleuréquejesentissonsexetressauterdansmapaume.Ilrelâchameslèvresetbaissalesyeuxsursonentrejambe.Jem’arrêtai,pascertained’agiraumieux.Maistrèsvite,ilrécupéramamainetlareposasurlui.
–Continue,m’intima-t-il.–Jecroyaisque…Enfin…Sionallaitdanslasuite?proposai-je.Ilclignadesyeux,s’apercevantquenousn’avionspasbougédelapiscine.Ilrepoussamamainet
refermasonpeignoir,avantdemepousserverslesescaliersdesecours.Nousgagnâmesl’ascenseuret,dès que les portes furent refermées, Andrewme plaqua contre la paroi,m’embrassant comme un foufurieux.
–Tun’aspasidéedecequetumefais,Kathleen,murmura-t-ilens’écartantdemoi.Brutalement, il rouvrit mon peignoir et se dirigea directement vers ma poitrine, embrassant et
pétrissantmes seins.Mais ce ne fut qu’une étape. Ses lèvres glissèrent surmon estomac et, très vite,arrivèrentàlahauteurdemonentrejambe.Illevalesyeuxversmoi,quémandantmonassentiment,avantderetirer lemorceaude tissu.Sesmainscaressèrentmes jambeset,commepour lehaut, ilplaçamonmaillotdansunedesespoches.
Agenouillé devantmoi, il fit le chemin inverse, embrassant l’intérieur demes genoux, puismescuisses.Destremblementsterriblesmeparcoururentpendantquesesmainsremontaientsurmesfesses.Ilposa ses lèvres furtivement surmon entrejambe, grognant un peu quand j’écartai les cuisses, avant deremontersurmonventre,puisdedéposerunbaisersurlesillondepeauentremesseins.
Le « ding » de l’ascenseur retentit et Andrew me couvrit rapidement. Il prit ma main et nousgagnâmessasuite.Unefoislaporterefermée,ilyeutuninstantétrange,oùjemedemandaissicequej’étaisentraindevivreétaitbienréel.Andrewétaitdevantmoi,m’observantavecuneétincellededésirdansleregard.
–Allonsdanslachambre,ordonna-t-ilenprenantmamain.Ilm’entraînaderrièrelui,sansquejen’offreunequelconquerésistance,etmefitasseoirsurleking
size.Jemesentaisencorepluspetite,encoreplusfaiblesurcetimmenselit,pendantqu’Andrewallumaitles spots au-dessus de la tête de lit. Alors que je pensais le voir revenir devant moi, je perçus lemouvement du matelas qui s’enfonça, puis le bout de ses doigts effleura ma nuque. Il repoussa mescheveuxhumidessurlagauche,embrassantlacourbemenantdemoncouàmonépaule.
Jebasculailatêteenarrière,m’adossantpresquecomplètementàlui.Continuantàm’embrasseretàexplorermapeaudeseslèvres,ilpassasesmainsautourdemataille,dénouantmonpeignoiravantdel’écarter doucement. La seconde suivante, il en agrippa le col et le fit glisser demes épaules. Jemedégageaiduvêtement.Maintenantnuecontrelui,jetournailatêtepourtrouversabouche.
Je remuai et le repoussai gentiment avant dem’installer à genoux entre ses cuisses.Àmon tour,j’entreprisdeluiretirersonpeignoir,bataillantaveclenœudfermementnouéautourdeseshanches.Jerâlaiunpeu,peufièred’êtremiseenéchecparmanervosité.
–Laisse-moifaire,murmuraAndrewenposantsesmainssurlesmiennes.D’ungesterapide,ilouvritsonpeignoir,etjeprisunplaisirnondissimuléàcollermoncorpsnu
contre le sien. J’enroulaimesbrasautourde sanuque, l’embrassantàperdrehaleinependantquemes
mainspassaientsursesépaulespourluienlevercomplètementsonpeignoir.Quand,enfin,ilfuttotalementnu,ilm’attiracontreluietnousbasculâmessurlelit.Jecaressaison
torse, appréciant les petits grognements qui lui échappaient. Très vite,mamain glissa le long de sonventreetretrouvasonsexeérigé.Lecorpsenfeu,jelecaressaiaveclenteur.
–Tellementbon,murmura-t-ilenfermantlesyeux.Continue.Jepoursuivismongeste,observantsonvisagesecrisperàchaqueva-et-vientdemapaumecontre
lui.Illuttait,ilbataillaitmême.Jetentaidel’apaiser,picorantsontorse,soncou,seslèvresetmêmesonvisage,maisilgémissaitdeplusenplusfort,amplifiantd’autantmonenvie.Jem’allongeaisurlui,monentrejambefrottantcontresacuisse.
Brutalement, il attrapa mes mains et me retourna sur le lit. Il flotta au-dessus de moi quelquessecondes, sa virilité caressant la peaudemonventre. Je l’encourageai avecun sourire que j’espéraissexy,etilsedécalapours’allongerprèsdemoi.J’amorçaiunmouvementdehanchepourleretrouver,maisilmerepoussa.
–Laisse-moiteregarder.Jem’étendisànouveausurledos,immobile,tandisqueledésirbrûlantetdévastateurmenaçaitde
mefaireexploser.Sesyeuxbalayèrentmoncorpsdebasenhaut,nes’attardantnullepartenparticulier,mais semblant tout demême enregistrer lemoindre détail.Quand il retrouvamon regard, je perçus ànouveaucetteétincellepresquedémoniaquedanssesdeuxémeraudes.Ilportasesdoigtsàmeslèvres,lescaressantdoucement.Jeparvinsàprendresonpoucedansmabouche,lesuçantfortafind’atténuerlesflammesquimeravageaient.Andrewm’observafaire,sesmâchoiressecrispantaurythmedemeslèvres.
–Desprojets,mademoiselleDillon?sourit-ilenretirantsonpoucedemabouche.–Lesmêmesquelesvôtres,monsieurBlake.Ilréprimaunrire,heureuxetsatisfait,etabaissasamainpourlaposersurlehautdemapoitrine.
J’exhalaiunsoupird’anticipation.Et,avecunelenteurinsupportable,ilcaressamoncorps.Lapulpedeceslongsdoigtstraînasurmapeau,passantentremesseins,surmonestomac,puissurmeshanchesavantdefinirsurunedemescuisses.Avoirsesmainssurmoiétait,sansaucundoutepossible,lameilleuredessensations.
–Définitivementnue,affirma-t-ilavecconviction.–S’ilteplaît,geignis-je.Cettefois,jen’euspasàrenouvelermarequête.Ilposasamainsurmonsexechaudethumideetle
caressadoucement.Jecriaideplaisiretmecambraipourprolongerce légercontact.Jemurmuraisonnomet,trèsvite,saboucheétouffamesgémissements.Duboutdesdoigts,ilécartamesplisetsefrayaunchemindansmeschairshumides.
Jemecambraidenouveau,sentantdestremblementsprendrepossessiondemesjambes.Jesavaiscequ’annonçaitcesignechezmoi:unorgasmefulgurantallaitmeravageràlaminuteoùilseraitenmoi.Andrewseserracontremoi,nichantsatêtedansmoncou.
–Tuestellementbelle,murmura-t-il.–Andrew…,râlai-je,nepouvantplusattendre.Etdansl’instant,ilinséraundoigtenmoi,mefaisantainsiperdretoutcontrôle.Moncorpssetendit
soudainement,avantdeseramollirtoutaussivite.Jegrognaideplaisir,maisAndrewentrepritunva-et-vientenmoi,faisantfidemonorgasme.
–Encore,murmura-t-ileninsérantunseconddoigt.Àpeineremisedemesémotions,labouledechaleurétaitdéjàentraindesereformerdanslecreux
demonventre.Ilallaitetvenaitavecfrénésie,haletantdansmoncou.Jerelevailesjambes,luioffrantunmeilleuraccès,l’encourageantparmesgémissementsàpoursuivresonagréabletorture.
–Viensenmoi,luiintimai-je,àboutdesouffle.–Jesuisentoi,sourit-ilenlevantlevisageversmoi.
–Non…Ça,expliquai-jeenpassantmamainsursonsexetendu.Ilretiradoucementsesdoigtsetlaseulesensationdevidemecontraria.–Préservatif?demanda-t-il.–Non,balayai-jerapidement.Je…Enfin,jeprends…cequ’ilfaut,bégayai-je.Unsourires’étirasurseslèvresetilm’embrassatoutens’installantentremesjambes.J’étaisdéjà
pantelante,etcefutencorepirequandsonsexeeffleuralemien.–Tuestellement…chaude,commenta-t-ilsurmeslèvres.–Àcausedetoi!–Àcause?–Grâce,corrigeai-je.Grâceà…Mesmotsmoururentdanssaboucheetils’enfonçaauplusprofonddemoi.Denouveau,mesjambes
tremblèrentetjemesentispartirloin,emportéeparunevaguegéantedeplaisir.Andrewplaçasesmainsdepartetd’autredemoncorpsetsesouleva,atteignantlepointleplussensibledemonanatomie.Jemesentais…bien,vraimentbien,baignantdansuncotondouillet,chaud,imprégnéduparfumd’Andrew.Sescheveuxhumidesretombaientsursonfront,voilantunpeusonregard.Maisc’estlaseulesensationdelui,complètementetparfaitementenmoiquicanalisaittoutemonattention.
–Andrew!criai-jeensaisissantlesdrapsdansmespoings.–Encore,murmura-t-ilenrefaisantlemêmemouvement.J’entouraiseshanchesdemesjambes,cherchantà leretenircontremoi.Mais ilétaitplusfortet,
quandilrépéta«encore»,unnouvelorgasmes’abattitsurmoi,mecoupantlesouffle.Jemurmuraisonnom une nouvelle fois, encore et encore et, après s’être immobilisé en moi, il commença à bougerlentement.
–J’aimequandtum’appellesAndrew…surtoutcommeça,dit-ildansunmurmurerauque.–Andrew,répétai-jesurlemêmeton.–Bonsang!grogna-t-ilenaccélérantlemouvement.Jeprononçaidenouveausonnomet,pourtouteréaction,ilselovacontremoi,serrantsoncorpsau
plusprèsdumien.Sesmouvementssefirentplusampleset,denouveau,jememisàtrembler.Jefermailesyeux,jen’avaisjamaisressentiçaavecquelqu’und’autre.Moncœurs’emballa,battantàunrythmechaotique,pendantqu’Andrewbougeaitenmoi.
–Redis-le!m’ordonna-t-il.–Andrew,haletai-je.–Tellement…bon,Kathleen.Jamaisétéaussi…fort,avoua-t-il.Sonrythmes’accéléradeplusenplus,cadencéparnosgémissementsmutuels.Alorsquej’étaissur
lepointdetomberunenouvellefoisdanslevide,ilcollasonfrontcontremonfrontetplongeasonregarddanslemien.Ilportasamainàmajoue,effleurantàpeinemeslèvres.
–Kathleen,murmura-t-ilcommeuneprière.Ettoutsoncorpssetenditcontrelemien.Jemeresserraiautourdelui,explosantàmontourdansun
cri de joie sans fin. Je tremblai dans ses bras et ilme serra aussi fort quepossible, les yeux clos, lesourireauxlèvres.
Quand il se retirademoietseplaçaàmescôtéspourmeprendredanssesbras, jecomprisquej’avaisfranchiplusieurslimites:lalimiteentremacarrièreetmavieprivée,lalimiteentresonpasséetsonprésent,etuneautre,moinsévidentemaisqui,maintenant,alorsquematêtereposaitsursontorse,mesautaitauxyeux,j’étaistombéeamoureusedelui.
Je frissonnai un peu et Andrew écarta les draps pour pouvoir nous installer dans le lit.Machinalement,jeregardail’heure:1heuredumatin.Jen’avaisaucuneenviederentrer,encoremoinsquandmonamantembrassamonfrontavectendresse.
–Turestes?demanda-t-il,incertain,encaressantmondos.
–Tumechasses?plaisantai-jeenmeredressant.–Non.Aucontraire,jeveuxqueturestes.Jemesens…bienquandtueslà.Vraimentbien.–Moiaussi,avouai-je.–Et…enfin,pourêtretotalementhonnêteetprésomptueux,j’envisagevraimentderenouvelercette
expérience.Jelefixailonguementavantdeposermeslèvressurlessiennes.–J’aiquelquechosepourtoi,dit-ilensortantdulit.Jelesuivisdesyeuxalorsqu’ilquittaitlachambre,admirantlerésultatdesesséancesdenatation:
ledessinparfaitdesesépaules,lamusculaturefinedesondos,sessuperbesfesses.Ilétait…sublime.Jerécupérailachemisequ’ilportaitendébutdesoiréeetl’enfilaipourlerejoindre.Jeleretrouvaidanslesalon.Toujoursnu,ilsetournaversmoietunsouriresedessinasursonvisageenvoyantsonhabitsurmoi.
–Jenepensaispasquemesvêtementsteplaisaientàcepoint!railla-t-il.–Çatedérange?demandai-je,inquiète.–Aucunement.J’avançaivers lui,cherchantàcontrôlermesyeuxquinecessaientd’alleretvenirsursoncorps,
surtoutsurlapartielaplus…intéressante.–Voilà pour toi,murmuraAndrew enme tendant une enveloppe. J’ose espérer que cette fois, tu
accepteras.Je la lui pris des mains et, pendant qu’il se plaçait derrière moi pour me serrer contre lui, je
l’ouvris.Lebonpourleslivres,lecadeaudeNoëlquej’avaisrefusé.–Tun’asaucuneraisondelerefusermaintenant,mesouffla-t-ilenembrassantmoncou.–C’estvrai.Maisjen’aimepaslasensationd’êtretoujourscellequireçoitlescadeaux.–J’aiautrechoseàtedemander.Çadevrait…rétablirlabalance«cadeaux».–Ahoui?fis-je,heureusedepouvoirluirendreunpeudecequ’ilm’offrait.–J’aiuneréception,dansunmois,àSanFrancisco.Jemefigeaidanssesbrasetposail’enveloppesurunetableprèsdemoi.–Jeveuxquetuviennes,finit-il.– Et la presse ? murmurai-je, hésitante. Je ne veux pas… Je ne veux pas que ma présence
provoque…–Riend’officiel,assura-t-il.J’aienviequetusoislà,maissitutesensmalàl’aise,neteforcepas.
Jeneveuxpas…Jeveuxquetuviennesparcequetuenasenvie,paspourmefaireplaisir.–D’accord,murmurai-je.Jeviendrai.–Vraiment?s’étonna-t-il.–Vraiment. J’ai envie d’être avec toi, et si cette réceptionm’offre cette opportunité, alors je la
saisis.Ilmefitpivoterentresesbrasetposasabouchefermementcontrelamienne.Seslèvresattaquèrent
lesmiennesavecavidité,etlesoufflememanquatrèsvite.Jemereculaietcroisaisonregardsombre.–Ilyauntrucquej’aimequandtuportesmesvêtements,commenta-t-ilensaisissantlebasdela
chemisepourmelapasserpar-dessuslatête.–Ahoui?exhalai-je.–Jesaisquetuesàmoi.Ilenroulavivementunbrasautourdematailleetm’attiracontrelui.Nousheurtâmeslecanapéetje
meretrouvaiau-dessusdelui,unejambedechaquecôtédesescuisses.–Àmoi,répéta-t-ilenembrassantmapoitrine.–Andrew,murmurai-jeaveccetteintonationqu’ilappréciaittant.
Ilm’attiraunpeupluscontre lui, et se soulevapourprendreundemes seinsdans sabouche. Jem’entendisgémir lourdement,moncorpsse réveillantdesoncourtengourdissement.Ledésirgalopantreprit possession de moi, et je me retrouvai en train d’onduler au-dessus d’Andrew. Mes mainsagrippèrentlehautducanapéderrièrelui,leserrantàm’enfairemal,quandAndrewenfonçaunpremierdoigtenmoi.
–Parfaite,murmura-t-il.–Àtoi,soufflai-jesurseslèvres.–Entoi,grogna-t-ilenretirantsamainpourm’attirersursonsexe.Lasensationm’arrachauncrideplaisir.Jerestaiimmobilequelquessecondesavantdesentirses
mains sur mes hanches. Je bougeai doucement, allant et venant sur sa longueur. Il bascula la tête enarrière,gémissantmonprénom.
Je remuai sur lui, en avant, en arrière, alternant un rythme rapide et un rythme plus doux. Jemeconcentraissurlevisaged’Andrew,admirantlacrispationdesesmâchoiresalliéeauquasi-abandondelui-mêmedevantmoi.
C’étaitpourlui,uniquementpourluiquejebougeais.Monplaisirn’avaitaucuneimportance,seulscomptaientsesgémissementsetsesdoigtsquis’enfonçaientunpeuenmoipourm’indiquerlacadenceàsuivre.
Brutalement, il se redressa,meserrantcontre lui.Sabouche retrouvamapoitrineet remonta trèsvite,ilmordillamalèvreinférieureet,soudain,toutcequejeretenaislâcha.Moncœurfrappadansmapoitrine à une vitesse hallucinante et mon bas-ventre se contracta dans un orgasme fulgurant. Jem’effondraidanssesbrasavantdelesentirsecrispersousmoietselaisseremporteràsontour.
Après quelques minutes où seules nos respirations haletantes se faisaient entendre, je me sentissoulevée.J’enroulaimesjambesautourdelui,lespaupièrescloses,bercéeparsesbraspuissants.
Cefutl’étrangeetbrutaleclartéquimefitouvrirlesyeux.Jelesclignaiplusieursfois,cherchantàrepéreroùnousétions.
Lasalledebains.–Qu’est-ceque…–Unedouche.Etsansmelâcher,nousentrâmesdanslagigantesquecabinededouche.L’eau,déjàtiède,commença
àcoulersurnous,etjeglissailentementlelongdesoncorps.Ildégagealesmèchesquicollaientàmonvisageetmefittourner.Aprèsuninstant,sesdoigtsseposèrentsurmatêteetilmelavadoucementlescheveux.Aprèslesavoirlonguementrincés,ilentrepritdemesavonner,passantsesmainsblanchesdemoussesurchacunedespartiesdemoncorps.
Lasensationétaitàlafoisgrisanteetrelaxante.Andrewétaitdoux,délicat,sespaumesépousaientparfaitementchacunedemescourbes,nelaissantaucunendroitinexploré.Quandsesmainsremontèrentdemonventreversmapoitrine,jem’appuyailargementsurlui,mesfessesfrottantcontresonbas-ventre.
Ilpassasurmesseinscommesurlerestedemoncorps,m’arrachantungémissementdefrustration.Jedevinaissonsourireetsesmainsseposèrentsurmesépaules,memassantlonguementenrevenantseplacersurmanuque.
–Jevaist’offrirundecesmassagesdontMeghanraffole,murmura-t-ilenpétrissantmesépaules.–Pourquoidépenserdel’argentquandtulefaissibienetgratuitement?–Pourtefaireplaisir…– Oh… Prenons le problème autrement : l’équipe de masseurs est exclusivement masculine,
soufflai-je.Sesmainssefigèrentsurmoietjemepinçaileslèvrespourcontenirmonrire.–JecomprendspourquoiMeghanaimetantçafinalement!plaisanta-t-il.–Ilfaudraitêtredifficile!
–Teconcernant,jevaism’octroyerceprivilège.–Larègledel’exception,jeprésume.–Monexception,confirma-t-ilenmetournantfaceàluipourm’embrasser.Àmontour,jeprislegeldouchedel’hôteletlefismousserentremesmains.Jelesposaisurson
torse,lesavonnantdoucement.Larespirationd’Andrews’accéléraitàmesurequejedescendaisverssonentrejambe.Maiscommeill’avaitfaitavecmoi,jepassaisursonsexesansm’yappesantiretdescendissursescuisses.
–Tourne-toi,luidis-jedoucement.Il s’exécuta, et je repris lechemin inverse, remontant le longde ses jambes, caressant ses fesses
avantderetrouversondosfinementmusclé.–Depuisquandnages-tu?demandai-jeenlongeantsacolonnevertébrale.–L’université.Çamepermetd’évacuerlestensionsaccumulées.Je le rinçai rapidement et nous sortîmes de la cabine de douche. Andrew m’enroula dans une
serviette immense et moelleuse avant de se frictionner rapidement. De retour dans le grand lit, alorsqu’Andrew, dans mon dos, me serrait contre lui, j’en profitai pour aborder de nouveau le sujet«Eleanor»:
–Andrew?–Humm?fit-ilderrièremoi.–Est-ceque…Enfin,toutàl’heuretuasditquej’étaislapremièredepuisEleanor.Est-ceque…
Est-cequ’elleetmoi,nousnousressemblons?–Jenesaispas…Vousêtesdifférentes,maisvousêtesaussidéterminéesl’unequel’autre.Eleanor
était…plus agitée, toujours dans l’action.Elle prenait ses décisions en fonction de son ressenti, sansparfoissepréoccuperdecequepensaientlesautres.Ellesuivaitsoninstinct.
–Tumetrouvesplusréfléchie?–Plusposée.Tuesapaisante,sereine.Jemetournaiverslui,plaquantmesmainssursontorse.Jemeperdisdansleregardd’Andrewet
constatai,eneffet,quesonvisageétaitdétendu,quesesgestesétaientdoux,tendres,faciles.–Necherchepasàêtrecommeelle,murmura-t-il.–Cen’estpas…cequejeveux.Jecrois…C’estbizarre,maisj’auraisaimélaconnaître,souris-je.–Eleanor…Commentdire…Imagineunetornadedébarquerunjourdevanttoi,s’installersurton
pupitreettedirequ’elleauneidéeformidable.J’aimaisçachezelle.Cettecapacitéàs’enthousiasmerdetoutetderien.
–Tuluienveuxtoujours?demandai-jedoucement.–Parfois.Maispeut-onvraimentenvouloiràquelqu’unqu’onaaimésiprofondément?Meghana
étéplus…vindicative.Ellerefusedeparlerd’Eleanor,elles’estsentietrahie.–Cequiexpliquequ’elleveuilleteprotégerdemoi?– En partie, sûrement. Elle veut aussi te protéger. L’accident de voiture a tué Eleanor, mais sa
liaisonduraitdepuisquelquesmois.Quelquepart,notrecoupledevaitcertainementêtredéjàmortàsesyeux.Meghanpensed’ailleursquecetteaventureétaitliéeànotremodedevie,quel’argentaprislepassurnotrehistoire.Possible,maisjeneluienveuxpasd’avoireuuneliaison.
–Vraiment?m’étonnai-je.– Vraiment. Parce que je pense qu’elle m’aimait. J’ai envie de croire qu’elle avait juste envie
d’autrechose,dequelquechosededifférentdemoietdenotreviedecouple.Jeluienveuxdem’avoirmenti.J’auraispréféréqu’ellemequitte,qu’elleassumeêtrepasséeàautrechose.
–Commentaurait-ellepu?lâchai-je.Commentaurait-ellepuquitterl’hommeàquielleavaitdonnétantdesavie?
–Jenesaispas…Maisjepréfèrel’honnêteté.Toujours.
Il posa légèrement sa bouche sur la mienne et m’embrassa. Ce n’est qu’à ce moment que notreconversationaurestaurantmerevintenmémoire.Jemedétachaideseslèvres,espérantdémêlerlesujet.
–Cequetuasdit…cesoir.–J’aiditpasmaldechoses,sourit-il.–Ausujetdetoietmoi…Enfin,surlefaitquetusoismonpatron.–Oh…Ça…Lechampagneaurait-ilfinalementcesséd’agirsurtoncerveau?Tuesd’habitudesi…
perspicace!–Mais…tuasditquetunecouchaispasavectesemployées.–Eneffet.Jen’aijamaisconsidéréEleanorcommeuneemployée.–Elleétait…–…Mafemme,oui.Lapaniquemegagnaitetmoncœur,battantàunrythmebientroprapide,menaçaitdelâcherdansla
seconde.Jesentislamaind’Andreweffleurermajoue.–Tun’espasentrainde…–Kathleen,sij’avaisvoulutedemanderenmariagecesoir,j’auraistrèscertainementmisungenou
àterreetglisséundiamantaussigrosquemonpoingàtondoigt.–Mais…–Etj’auraisappelétonpèreavant,évidemment,ajouta-t-il,unsourireauxlèvres.–Onseconnaîtàpeine,contrai-je.–C’est vrai. Je veux juste que tu te fasses à l’idée…Tu as parfois tellement demal à accepter
l’évidence.–Entoutcas,j’acceptetrèsbientoncôté…excessifetprésomptueux!ironisai-jeenmecalantdans
sesbras.–C’estundébut.La conversation était finie, etmême si j’avais eu des réponses à certaines demes questions, de
nouvellesfleurissaientdansmatête.Aumatin,àmonréveil,Andrewmerefitl’amour.Cetteétreinte-làneressemblaitpasàcellesdela
nuitpassée.Luicommemoivoulionsnousrassasierl’undel’autre.IlrepartaitdanslajournéepourSanFranciscoet,moi,j’allaisreprendremonrôledePénélopeattendantleretourdesonaimé.
Alorsquenouspartagions lepetit déjeuner copieuxqu’Andrewavait commandépournousdeux,nousréglionsl’unetl’autrenosimpératifsd’agenda.
–Quandseras-tuderetour?demandai-jetandisqu’ilconsultaitsontéléphone.–Jereviensle20.Justepourunenuit.Laréceptionestle10avrilàSanFrancisco,jet’enverraiun
billetd’avion.–Andrew,jepeuxm’offrirmon…– Je demanderai à Nathan de t’escorter à la sortie de l’aéroport, compléta-t-il en ignorant ma
remarque.Ensuite,jeviendraipourlemariagedeLynne,le25.Jeresteraisûrementquelquesjours.Jenotaiprécieusementlesdatessurunmorceaudepapier,mepromettantdebouclermonplanningà
veniravecLynneenfonctiondelaprésenced’Andrew.–Euh…Dois-jeprévoirunhôtelàSanFrancisco?demandai-jeavantdeportermoncappuccinoà
meslèvres.–LaréceptionalieuauSheraton.Onaquasimentréservétoutl’hôtel.–Oh…–Tudormirasdansmasuite.–Oh…Etoùdormiras-tu?souris-je.–J’espérais,àvraidire,partagercettesuiteavectoi,murmura-t-ilavantdepassersonpouceau-
dessusdemabouche,retirantainsilesurplusdecrème,etdelefourrerdanslasienne.
–Sansmedemandermonavis?risquai-je,lesoufflecourt.– Je neme préoccupe généralement pas vraiment de l’avis des gens…Toutefois, te concernant,
l’exception est et sera toujours demise.Donc,Kathleen, accepteriez-vous de partagerma suite à SanFrancisco?
–Jeprendslelit,tuprendslecanapé!déclarai-je,hilare.Il eut un sourire heureux, presque soulagé, quime surprit. Ilme regarda rire avec cette attention
particulièreetsoutenue.–J’aimetonrire,commenta-t-il.Je rougisviolemment.Andrewsavaitcomplimenter,maiscegenredephrase, lâchéeauhasardet
incroyablementintime,memettaittoujoursmalàl’aise.J’avaislasensationdevolerlebiend’uneautre,enl’occurrence,Eleanor.Etl’amourqu’Andrewluiportaitoccupaittoujoursmonesprit.
–Àquelleheureesttonvol?demandai-jepourchangertrèsvitedeconversation.–Versmidi.D’ailleurs,jevaisdevoiryaller,ajouta-t-ilenregardantsamontre.Prendstontemps,
jevaismechangeretpréparermesaffaires.Trenteminutesplustard,Andrewetmoiétionshabillésetéchangionsundernierbaiser.–Turejoinsleparking,unevoitureteramènecheztoi.–D’accord,murmurai-je.–Situaslemoindreproblème,ousicesvautoursappellentencorecheztoi,tumeledisetjeferai
lenécessaire.–Andrew,jevaismedébrouiller.–Kathleen,promets-moid’appeler.Jeneveuxpasquecettehistoire…tedéstabilise,etjeneveux
pasquecelanousdéstabilise.Teperdremaintenant,aprèscettenuit,seraitterriblepourmoi.–Pourmoiaussi,avouai-je.–Bien.Maintenant, rentrechez toi, je t’appelledans lasoirée.Etsoisprudente,ajouta-t-ilenme
fixantavecintensité.Ilembrassadoucementmeslèvresetouvritlaporte.S’assurantquepersonnenerôdaitàl’étage,je
quittailasuiteetgagnail’ascenseur.
CHAPITRE18
Àpeineavais-jefranchilaportedemonappartementquejemesentisvide.Àvraidire,masoiréepuismanuitavecAndrewm’avaientpsychiquementépuisée.Ilétaitàpeinemidi,etjenedevaisrevoirAndrewquedansquinzelonguesjournées.Etautantdenuits.Jesoupirai,déjàlassequenosviessoientsicompliquées,luilà-basetmoiici.
Leretouràlanormalefutexpéditif.J’avaisquelquescoursesàfaire,quelquesfacturesàpayer,etdevaismemettreencontactavecmabanquepouracterlasignaturedemonnouvelappartement.Quandtoutfutenfinterminé,jem’effondraidansmoncanapéetilétaitquasiment17heures.Fortheureusement,jen’étaispasdeservicecettenuit,maisreprenaislanuitsuivante.Jedevaismeremettredanslerythme,etdevaisencoretenirunpeupournepasêtrelessivéelelendemain.
Etjesavaisdéjààquoij’allaismettreàprofitmasoirée:EleanorBlake.Pouruneraisonétrange, lesaveuxd’Andrewsursonamourpourelle,sursoncaractèreetsursa
liaison clandestine avec un autre homme m’avaient bouleversée. Je ne comprenais pas comment unefemmequiavaittoutpouvaitenvouloirencoreplus.Elleavaitl’argent,laréussite,l’amour…Pourquoiallerchercherailleurs?Pourquoivouloirmieux?
Mon ordinateur sur les genoux, je me décidai à lancer mes recherches sur elle.Mes premièresinvestigations surAndrewn’avaientpasété couronnéesde succès,mais j’espéraisqu’il restait encoreunetraced’Eleanorquelquepart.
Sanssurprise,jedécouvrisqu’Eleanorétaitessentiellementprésentéecommeétant«lafemmede».Celamesurprenaitd’autantplusque,d’aprèsAndrew,elleétaitune femmedecaractère,et jedoutaisqu’elle soit capable de se réduire à ce seul rôle. Finalement, un article qui lui était dédié dans unmagazinefémininattiramonattention.
Avantd’êtreEleanorBlake,elleétaitEleanorCummings,débarquantdel’Oregon,desétoilesdanslesyeuxetdesrêvespleinlatête.Silaplupartdesgensl’assimilentàsonmari,AndrewBlake,stratègedesmédias,ellenesecontentepasdel’affichageetrevendiquesonrôled’amante,defemme,d’amieetdedirectricedecommunication.
La journaliste,AnnaKlein, avait alorsdébuté son interviewsur l’adolescenced’Eleanor, sur sesrêvesderéussite.Aînéedelafamille,elleavaitdébarquéàSanFranciscosansbeaucoupd’argent,maisavecl’enviederéussir.
Je cliquai sur le lien me renvoyant vers l’article, espérant compléter ce qu’Andrew m’avaitesquissé.
AK :AndrewBlake,votreépoux,parle toujoursdevouscommed’uneévidencedans savie.Pouvez-vousnousdonnervotreversion?
EC:J’airencontréAndrewàlafaculté.Jecrainsdenepasêtreoriginale.Noussommesd’aborddevenusamis,jecroisque je suis tombéeamoureusede luiaumomentdeceprojet,enéconomie. Je l’écoutaisparler,décrirecetteentreprisefictivequenousdevionsmonter…C’étaitincroyable(sourire).Andrewacettevolontéférocedevouloirfaireparticiperlesgens.Iladituntrucdugenre«Eleanor,peux-tucompléterlepointmarketing?»et,jenesaispas,peut-êtrequec’estàcemomentque l’évidences’estproduite.Etpuisunsoir,nousnoussommesembrassés.Ilestdifficiledenepastomberamoureused’unhommecommeAndrew.
Je souris largement. Je devais l’admettre : lui résister avait été compliqué et épuisant.Apparemment, Eleanor ne s’était pas battue contre ce qu’Andrew éveillait en elle. Il parlaitd’«évidence»,j’auraispresquepréféréleterme«facilité»tantleurrelationsemblaitavoirétésimpleàgérer.
AK:Beaucoupvouscantonnentàunrôled’accessoire,est-cequecelavousblesse?EC:J’avouequejemesensàl’étroitdanslerôledelajoliefillequisourit.Jenesaispasd’oùvientcetteimageun peu réductrice. Le monde de l’entreprise, de la très grande entreprise, je veux dire, est assez masculin.AndrewestleP-DGdelasociété,maisjamaisiln’apasparticipéàcetteimage.Aucontraire…Ilatoujoursétéd’uneprévenancesansfaille.C’estunhommeloyal.
Je songeai furtivement à la réception à laquelleAndrewm’avait demandéde participer.Avec lerecul, jedoutaisd’avoireuunregard,ouunsourire franc. Je représentais ladistractionpourAbby, lamauvaisepressepourMattetpresqueuneintruseauxyeuxdeMeghan.Eleanorfaisaitpartieintégrantedel’entrepriseetsubissaitdéjàcegenredequolibetsetdecommérages…Jesavaisàprésentquecequej’allais affronter allait être encore plus violent. J’étais concierge de nuit, journaliste ratée, pasfranchementunefemmed’affairesaccompliepouvantrivaliseravecAndrew.
AK:Pouvez-vousnousdirecommentsedéroulentvosjournées?EC:Nousavonsunevieplutôtnormale.Andrewfaitpasmaldedéplacements,surlacôteest,àNewYork,pourfinaliserl’acquisitiond’unnouveaujournal.C’estunprojetauqueliltientetjeluiapportetoutmonsoutien.AK:Sesabsencesdoiventêtredouloureuses,non?EC:J’ysuishabituée.Mêmesi,parfois,j’aimeraisavoirunhommequirentreàuneheuredécenteàlamaison,j’aimemon époux…Nous nous attachons à communiquer chaque jour. Évidemment, ça ne remplace pas saprésence,mais il fautsavoirfairedescompromis.J’aidesamis,unmétier…toutcelam’aideàcompensersesabsences.Jen’aipaspourhabitudedemelaisserabattre.AK:Etdonc,quandest-illà?EC : La plupart du temps, nous nous croisons le matin, avant le début de ses réunions. Nous déjeunonsensembleassezsouvent.Lesoir,ilrentretard,maisnoustenonsàgarderunmomentpournous.Jevousl’aidit,nous avons une vie assez normale. Le plus difficile est de faire coïncider nos emplois du temps.Mais nousrecevonsdesamisàdînerleweek-end,nousavonspassénosdernièresvacancesausoleil…
Je recoupai les informationsde l’articleaveccequem’avaitditAndrew.Lesvacancesausoleilpoursauversoncoupleàladérive,l’acquisitiondujournalàNewYork.Jebaissailesyeuxenbasdel’articlepourtrouverladate:18novembre,quelquessemainesavantsamort.
Elle avait appris à gérer la solitude, l’absence, les déplacements. Et pourtant, malgré tous cescompromis, malgré les vacances, malgré le bébé, elle avait une liaison. J’imaginais sa double vie,presqueschizophrène:ellecroisaitparfoissonépoux,travaillaitpourlui,l’aimait,ettrouvaitletempspour rejoindre un autre homme. Je comprenais alors qu’effectivement, faire coïncider les emplois dutempsavaitdûêtreplutôtardu.
AK:Votremarifaitpartiedelafameuselistedeshommeslesplussexy…Pouvez-vousbriserlemythe?EC:Quepourrais-jevousdire?Andrewnecuisinepas,etilpeutserévélervraiment…bordélique.Ilaperdusonpasseportdernièrement, etmême les clés de sa voiture.C’est unmystèrepourmoi : cethomme retientunetonned’informations,maisoublie leschoses lesplusbasiques. Iln’offreque rarementdes fleursetoublie lesdatesd’anniversaire.Ça,c’estdifficile.J’aimeraisqu’ilsoitplusjaloux.Nousnousconnaissonsparfaitementet,mêmequandilrefusedel’admettre,jesaisquandiln’aimepasquelquechose.Mais,sincèrement,jecomprendsqu’Andrewsoitunhommeconvoité.
Jesourisenvoyantcedescriptifpeuflatteurd’Andrew.Jemedemandaismêmesielleparlaitbiendel’hommequim’offraitdesroses,quiretenaitchacundesminusculesdétailsdemavieetquiavaitfaitmontred’unepossessivitéassezdémonstrativedepuisquenousnousconnaissions.Detouteévidence,ilavaitchangé.
Oualors,était-celeurrelation?Elles’échinaitàdécrireunbonheursansfaille,ànousfairecroireà laperfectiondesavie,mais ilyavaituneformederésignationdanssesmots.Cesentimentcurieuxperduraquand jedécouvris lapremièrephotoquihabillait l’article.Eleanorapparaissait souriante,enmouvement, assise dans un fauteuil en cuir noir. Ses cheveux ramenés en arrière lui donnaient un airsérieux,presqueexagérémentautoritaire.Ellenevoulaitplusêtrel’épouse,justeunefemme.
AK:Etvous?Êtes-vousconvoitée?EC:Parfois…Audépart,j’avaislasensationqueleshommesn’osaientmêmepasmeregarderparcequej’étaislafemmede…Maintenant,c’estdifférent.Ilyadelacuriositéàmonsujet.Lesgensdécouvrentquejetravaille,quej’aidesenvies,desgoûts,quejenesuispasquelafemmede…Àvraidire,c’estflatteur.AK:Avez-vous,avecvotremari,leprojetd’avoirdesenfants?EC :Quin’apasceprojet?Maintenant, il fautparfoissavoirattendreetêtrepatiente,commepourtous lessujetsd’importance.C’estuneenvieplutôtrécente.
Peut-êtreétait-elledéjàenceinteàcemoment-là.Paradoxalement,alorsqu’elleparlaitmaternitéetenfant,unechosemefrappa:elleétaitseule.Elleneparlaitpasd’enviecommune,nid’Andrewentantque père. Le simple fait de rappeler que les choses changeaient à une vitesse effrayante résumait lasituation:mêmesielleétaitenceinte,mêmesielleétaitprête,elleavaitexclul’hommedontellevoulaitdesenfants.
AK:Sij’encroislesrumeurs,voscollaborateursfontpartdevotreenviepermanented’agir.Seriez-vousboulimiquedetravail?EC : Non. Le travail n’est pas toutema vie. Je suis une passionnée, je vis les choses. Onme reprochemonenthousiasme?Peuimporte…Onmereprochedevivreunpeubrutalement?Peuimporte…Jenem’attachepasàcegenredecommentaires.Jen’aimepas…laroutine,oucequicommenceàs’yapparenter.Parfois,uneidéevousvientet il faut lasuivre.Lavieesttellementcourte, jenevoispaspourquoi jemerefrénerais.Rienn’estécrit.Gamine,oui,jevoulaisréussir…Maissionm’avaitditquej’enseraislà…jen’yauraisjamaiscru.Toutestquestiond’opportunité.
Pour lapremière foisdepuis ledébutdema lecture, je retrouvai la femmedontAndrewm’avaitparlé.Elleétaitimpulsiveetinstinctive.Elleavaitcetenthousiasmedébordantpourlavieetcequ’ellenousapporte.J’imaginaisfurtivementEleanoretAndrewensemble,l’alliancedufeuetdelaglace.Peut-êtreavait-elleconsidéréAndrewcommeuneopportunité?
AK:Vousnevousinquiétezpasdesimpératifs?EC : Jene connaispas cemot (rire).C’estd’ailleursun termeque je tentede faireoublier àmonmari qui atoujoursdes«impératifs».Ceciétantdit,mêmesi laplupartdesgensmeprennentpouruneexubérante,j’aicertainesvaleursauxquellesjetiens:êtrehonnêteavecsoi-même,êtreheureux,oublierlesrumeurs.AK:Lesjournauxspécialisésdisentquel’empiredevotremaripourraits’écrouleràcausedelachutedesventes.EC:BlakeMediasseportebien.Etsicen’étaitpaslecas,AndrewneseraitpasàNewYorkentraindenégocieruncontrat.AK:Desphotosrécentesvousmontrentavecunautrehomme.Avez-vousdescommentairesàfaireàcesujet?EC: (Rires)J’aimemonépoux.Éperdument.Chaque jour, jesavoure lachanceque j’aid’êtreavecunhommecommelui.Jevousl’aidit,jenem’intéressepasauxrumeurs.
Je trouvaiunesecondephoto, sur laquelleEleanorapparaissaitplusdroite,plus figée.Lesmainscroisées, elle fixait avecobstination l’objectif. Il n’y avait pas le sourire lumineuxdupremier cliché,justel’alluredelafemmed’affaires,déterminéeàréussir.
Encoreune fois, je relus sesmots.Elledisait l’aimer.Sansdoutenementait-ellepas, sansdoutel’aimait-elle,maisjedoutaisdelaforcedesessentimentspourlui.Elleledisaitelle-même:lasolitudeluipesait,maisellecompensait.Elleparlaitdespetitsdéfautsd’Andrew,sansjamaiss’enattendrir.
AK:Etvotreépoux,qu’enpense-t-il?EC : Je ne suismêmepas certaine qu’il ait vu ces photos (rires).Quand je vousparlais de la jalousie tout àl’heure…Peut-êtredevrais-jelesluimontrerfinalement,histoiredeflattermonegoetmefaireoffrirunbijoumagnifiquequimeferaoubliersonagendasurchargé.AK:Dernièrequestion:voussembleztoujourssûredevous,confianteenlavieetenl’avenir,ya-t-ilunechosequipourraitvousmanquer?EC : Jenesaispas.C’estunequestiondifficile. Jeveuxdire, j’aipleindechoses :montravail,monmari,desprojets…Mais peut-êtremanque-t-il quelque chose que j’ignore ?Ou peut-être que j’ai tout ça,mais que jepourraisenavoirplusencore…Alors,oui,ilmanquesûrementquelquechoseàmavie,resteàdéterminerquoi.
Àpeine,avais-jebouclécesderniersmotsquejeretournaisurmapagederecherchesetrécupéraila fameuse photo floue. À la lumière des mots d’Eleanor et de la description d’Andrew, je comprismaintenantque l’hommeà côtéd’elledevait être son amant. Je rapprochai laphotoplusprèsdemoi,maisonnedistinguaitvraimentrien.Lephotographedevaitsûrementêtretroploinpourespérerunvraiscandale.
Jeretrouvaid’autresclichés,encoreplusflous.Deprimeabord,Eleanoretcethommesemblaientsetenirlamainmais,enexaminantdeplusprès,ilauraitputoutsimplements’agirdedeuxamismarchantl’unprèsdel’autre.Enfin,surladernièrephoto,unmicroscopiqueentrefiletdonnaituneinterprétation:
EleanorBlake,femmed’AndrewBlakeetdirectricedelacommunicationdeBlakeMedias,sortantd’unrestaurantencompagnied’unhomme.D’aprèslestémoins,lesdeuxamantsétaientàl’écartdelafouleetsesonttenuslamainpendanttoutledîner.Malgrélesdémentisd’EleanorBlakesurlesphotosaveccemêmehomme,ilyadixjours,ilsembleraitquel’idylleseconfirme.D’aprèsnosinformations,l’homme,dontl’identitéesttoujoursinconnue,aétévu,dernièrementetàplusieursreprises,sortantetentrantdudomiciledesBlake.
Je regardai longuement la photo. Jeme posais encore et toujours lamême question : pourquoi ?Pourquoiavait-elletournéledosàAndrew?Pourquoicettefemmequidisaitaimersonmariluimentait-elle?
Jesursautaiàlavibrationbruyantedemonportablesurlatablebasse.Andrew.–Bonsoir,murmurai-jeenm’installantconfortablementsurlecanapé.–J’espèrequejeneteréveillepasaumoins.–Je…Euh…Non…Ilestsitardqueça?demandai-jeenjetantunœilsurl’horloge.–Presque2heuresdumatincheztoi.–Jen’aipasvul’heuretourner,admis-je.Je…lisais.–Livre?–Presse.–Dois-jecomprendrequeturéfléchisenfinsérieusementàmonoffre?–Non.J’aidéjàunmétier,Andrew!Comments’estpassétonvol?demandai-jepourchangerde
sujetauplusvite.–Triste,longetennuyeux.Etjecroisquetumemanques.–Tudevraist’occuperl’esprit,pourlimiter…ça.–Peut-êtremais, àvrai dire, j’aimeassezquandmonesprit est occupépar toi.Tues…presque
aussiapaisantequelanatation.–Presque?–Tusaiscequejeveuxdire.Tuveuxquejetedisecequiestleplusironique?
–Dis-moi,soufflai-je.– Pendant desmois, je ne voulais pas sortir de cettemaison, pour ne pas affronter la réalité…
Maintenant…depuistoi,murmura-t-il,jen’aimêmeplusenvied’ymettrelespieds.–Andrew,cettemaison…tuytiens,tuyasdessouvenirs.– Alors, comment expliquer que je sois plus attaché à ma suite au Peninsula ? Je préfère les
souvenirsquisontlà-bas.Ettoi,ajouta-t-iluntonplusbas.Jechangeaimontéléphoned’oreille,àlafoisgênéeetheureuse.Andrewsavaitcommenttrouverles
motspourmechambouler.Silequittercematinavaitétédifficile,lelaisserdenouveaucettenuitseraitencoreplusdur.
–Tumemanquesaussi,avouai-je.Moiaussijecomptelesnuits.–Enfin!seréjouit-ildansunrire.Enfin,tul’admets!–Jenepensaispasquetonegoavaitbesoind’êtreglorifié.–Kathleen,jenemesuisjamaissentiaussidémuni,aussiimpuissantquedevanttoi.Alors,oui,mon
egoabesoind’êtreglorifié!–Tumemanques,répétai-je.Tumemanquesbeaucoup,assurai-je.Etj’aivraimentenviequenous
partagionsunenouvellesoirée.–Tuneveuxtoujoursrienmedire?–N’as-tujamaisrienfaitderéellementimprévisibledanstavie?–Tuveuxdireàpartt’avoirrencontrée,êtretombésoustoncharmemaléfiqueetavoirfaillitefaire
l’amouraumilieud’unepiscine?Non,rien!–Jesuismaléfique?dis-jeenfaisantsemblantdem’offusquer.–Danslebonsensduterme!C’estuncompliment,précisa-t-il.–Mercidemerassurer.Maismalgrétout,jegardelasurprise.Je l’entendis soupirer de lassitude.Ceque j’interprétai naïvement commeun signed’abandonde
toutelutteétaitenfait…autrechose.– Kathleen, il faudra que tu m’en parles, que tu le veuilles ou non, dit-il avec une froideur
effrayante.–Pourquoi?– Je ne peux pas… faire ce que je veux. Pas àNewYork.Etmême si je veux bien prendre les
risqueslesplusfouspourêtreavectoi,jeneveuxpasquetusois…undommagecollatéral.–Andrew,qu’est-cequ’ilsepasse?Lapresse,encore?–Pasquelapresse…NathanetMeghanontreçudescoupsdefilétranges.Monemploidutempsest
connupartoutdansSanFrancisco.–Lauren?–Jenesaispas.Maisilesthorsdequestionquetusoismêléeàça.Onpeutmepourrirlavie,mais
jeneveuxpasquelatiennechange.–Elleadéjàchangé,murmurai-je.Jesuisavectoimaintenant.Jesuismêléeàça,quetuleveuilles
ounon.–Kathleen…Tu…–Andrew…s’ilteplaît.Jepeuxgérerça!Jetediraicequ’onfait,maisjeveuxquetusoishonnête
avecmoisurlesujet.Denouveau,ilsoupira,vaincu.–Quandjedisaisquetuétaismaléfique!riposta-t-ilavecunetracederire.–Jesaisquetuveuxmeprotéger,maisilnem’arriverarien.Etàvraidire,laseulefaçonquetu
auraisdemeprotégerefficacementseraitsûrementdemequitter,plaisantai-je.–Inenvisageable,rétorqua-t-ilaussitôt.Vraiment,inenvisageable.Dieuseulsaitdansquellesmains
tutomberais…
–Jesais…Sij’encroismonpère,meschoixconcernantleshommesonttoujoursétédouteux.–Ilestflic,ils’yconnaît,approuvaAndrew.J’aimeraisconnaîtresonavissurmoi.Surtoutquandil
sauraquejet’empêched’allerdormirlanuit!–Que…Quoi?–Jeparledececoupdefil,Kathleen…Quelgenred’idéesavais-tuencoredanslatête?Sûrement
deschosesimpuresetpeuchastes.–Toi,soufflai-je.Deschosesimpuresettoi.–Mevoilàrassuré.Nousavonsexactementlemêmegenred’idées.Maintenant,fileaulit.–Celanem’aiderapasàlimiterlespenséesimpures,plaisantai-je.–Unjour,nousseronstouslesdeuxdanscelit,ettumedirasexactementlegenredepenséesquite
hantent.–Toutes?–Uneàune…Encoreetencore,ajouta-t-il.J’étouffaiungémissementà lamentiondeson«encore»,merappelantprécisémentdusondesa
voixetdesonregardsombrelorsqu’ill’avaitprononcépourladernièrefois.Jedéglutisavecdifficulté,sentantmoncorpss’embraserdoucement.
–Passeunebonnenuit,maléfiqueKathleen,murmura-t-il.–Jamaissanstoi,avouai-je.–Jamaissanstoinonplus.Jet’embrasse.Jeraccrochailasecondesuivanteetlafatiguepritfinalementlepassurmonorganisme.Aprèsdeux
bâillements, je décidai de suivre le conseil d’Andrew et d’aller me coucher. Avant de rejoindre machambre,jeplaquaiunPost-itsurl’écrandemonordinateurpourmesouvenirdemapremièremissionàeffectuerlelendemain:appelermonpère.
***
Àmonréveil,enfindematinée,j’avaislasensationd’avoirdormidesjoursentiers.Rarementmonsommeil avait été aussi apaisant et reposant. Comme un automate, je me glissai sous la douche et,quelquesminutesplustard,j’étaisdansmapetitecuisineàmeverserunetassedethébrûlant.
Versmidi,alorsquejem’apprêtaisàappelermonpère,lasonnettedemaporteretentit.Jecollaimonœilaujudasavantd’étoufferunrirequitenaitplusdugloussement.
–KathleenDillon?fitlejeunelivreurdevantmoi.–C’estmoi,acquiesçai-jeenrécupérantlesrosesblanches.Jesignailebondelivraisoncommejelepouvais,avantderefermerlaporte.Jeplongeailesfleurs
dansunvasepuiscomposailenumérod’Andrew.–BlakeMedias,bonjour,ditunevoixdouce.–Bonjour,KathleenDillonpourAndrewBlake,jevousprie.– Mademoiselle Dillon, M. Blake est en déplacement aujourd’hui. Son vol doit atterrir à
Sacramentodansenvironvingtminutes.–Oh…J’étaislégèrementsurprised’entendreunevoixsichaleureuse,encomparaisondecelledeLauren,
cettedernièreayantpasséleplusclairdesontempsàmefiltrer.–Bien.Jel’appelleraidirectementdanscecas.Mercidevotreaide.–Jevousenprie,mademoiselleDillon.J’allaisraccrocherquandlavoixdel’assistantecriamonnomdanslecombiné:–MademoiselleDillon?fit-elleunetroisièmefois.M.Evanssouhaiteraits’entreteniravecvous.–Aucunsouci.
–Jevousmetsenrelation.Bonnefindejournée.Ilyeutunpetitdéclicet,toutdesuiteaprès,l’accenttexandeNathanrésonnadansletéléphone:–Kat!seréjouit-il.Techniquement,jesuiscensévousdétesterpourm’avoirmisàdosl’hommequi
signemonchèqueàlafindumois…Mais,jesuisprêtàfairepreuvedemansuétude!–Ilavraimentétésiterrible?demandai-je,inquiète.–Non…d’oùmamansuétude.Ceciétantdit, j’aiunevague idéedecequiapu lui faireoublier
toutesarage.Jetenaisdoncàvousremercier.–Jenesaispassijedoisêtre…choquéeouflattée,ris-je.– Flattée… Je tenais à vous remercier à plusieurs titres…Hormis le fait de m’avoir sauvé du
licenciement et d’unemort certainement douloureuse, je tenais à vous dire que vous avez vraiment uneffetbénéfiquesurAndrew.
Jeréprimaiunrireenjetantunœilaubouquetdefleurssurlatable.Quelétaitlemotqu’Andrewavaitemployé…Ahoui…«Maléfique».
–Je…J’ensuisravie,balbutiai-jefinalement.Ilyeutunpetitsilence,etj’eussoudainuneidée.Andrewcraignaitvisiblementpoursavieprivée
etmasécurité.Etmoi,jetenaisàcequenotresoiréesoitunevraiesurprise.–Nathan,pouvez-vousmerendreunservice?–Kat,messervicesnesontjamaisgratuits.–JepensaispourtantquevousaviezpasséunebonnesoiréeavecmonamieLynne,soulignai-je.–Je…Euh…Oui.Eneffet.Quepuis-jepourvous?–AndrewrevientàNewYorkd’iciquelquesjours.Jelui«dois»unesoiréeenfait.–Règle numéro 1,Kat : ne jamais rien devoir à cet homme…C’est l’histoire de toutemavie !
plaisanta-t-il.–J’imagine!Jetiensàgarderlasurprise,maisAndrewsembletrèsinquiet.Sijevousexpliquece
quej’aiprévu,pourrez-vousprévoirlenécessaire?–Sijerésumebien:vousmedemandezdecacherunsecretàAndrew?s’enquit-il,trèssérieux.Je
veuxdireAndrew,l’hommequipeuttuerrienqu’aveclaforcedesonespritretors?–JesuiscertainequeLynneapprécieracegeste…courageux!–Dites-moitout!Jeluiexpliquaidanslesgrandeslignesmonplan.Detoutefaçon,lalogistiqueétaitassezlimitée.Je
n’avaispasprévuquenoussoyonsaucontactdupublic.Cettesoiréen’étaitqu’ànous,etjenevoulaispaslapartager.Nathanm’interrompituneàdeuxfois,defaçonextrêmementprofessionnelle,et,àlafindemonexplication,résumacequ’ildevaitprévoir.
–Pasdesoucis,Kat. Jem’occupedeça.MaissiAndrewsoupçonnequelquechose, jenieraienbloc!
–Jecomprends.Serez-vousaussidudéplacement?demandai-je.–Jenesaispas.J’aimebeaucoupNewYork,mais…–C’estLynne?–Andrewm’avaitditquevousétiezperspicace.–Jenelesuispastantqueça,ripostai-jeenrepensantaufaitquejelecroyaismarié.Maisj’aivu
quelquechoseentrevouslorsdelaréception.–Ellevasemarier.–Depuisquandcelavousarrête-t-il?souris-je.–Cen’estpastantlemariagequelefuturmarié.PhilipKingstonestredoutableenaffaires.Jedoute
qu’ilapprécieraitd’apprendrequej’aidînéavecsafutureépouse.–Nathan,vousvoulezvraimentmonavissurlesujet?–Çadépend…Est-cequeçarisquederuinerlepeud’espoirqu’ilmereste?
–JecroisqueLynnefaituneerreuraveccemariage.–Vraiment?s’étonna-t-il.–Philipn’estpas…désagréable.C’estjustequ’ilnelaregardepascommeildevraitlefaire.Ilne
laregardepascommevous,vouslefaites.IlyeutunsilencependantlequeljedevinaiqueNathanréfléchissaitintensément.J’avaisdansl’idée
del’encourager,maisjenevoulaispasallercontreLynne.Ilmefallaitêtreplussubtiledansmafaçond’agir.Jemarchaienlongetenlargedansmonsalon,cherchantlameilleuredesattaques.
–Kat,jesaisqu’Andrewadû…attendreavantquevousleconsidériezcommeillesouhaitait.JenecrainspaslerefusdeLynne.Je…Commentvousdire?Nousnoussommesrentrésdedansetj’aisuquec’étaitellequejevoulais.Ettoutétaitparfaitet,après,j’aiapprisquielleétait.
–LafiancéedePhilip,finis-jepourlui.–Safiancée,oui.J’aimiscelasurlecompted’uneerreurdejugementpersonnel.Voustrouvezque
Philipn’estpasdésagréable?Àmesyeux,c’estsûrementletypeleplusdéloyalquejeconnaisse.Ilestredoutableettravailleàunepossiblecarrièreenpolitique.
–Lynnen’estpascommelui!m’exclamai-je,presquechoquée.–Jelesaismaintenant.MaisnousvenonsenfindeperceràNewYork,toutroule…Jenetienspasà
fairescandaleenm’affichantaveclafiancéed’untypequiseracertainementsénateurdanscinqans!–Alorsvousbaissezlesbras?soufflai-je,tristeetdésemparéedelaisserLynneavecPhilip.–Jenepeuxrienfaired’autre.–Malgrévosconversations?–Nos conversations sont cequimemaintient la têtehorsde l’eau.Mais je n’ai aucundoute sur
l’issuedenotre…relation.EllesemarieraavecPhilip.–Laissez-moiluiparler.Jesuiscertaine…quetoutn’estpasréellementécrit.–Jesuiscertaindel’inverse,Kat.Jedoisfilerenréunion,merciencorepour…Andrew.–Merciàvousdegarderlesecret.–Àbientôt,Kat.Je raccrochaiavec lasensationque tousmes idéauxavaientétésauvagementpiétinés.Pendantun
instant, j’avais cru que Lynne verrait ce que j’avais vu, j’avais imaginé qu’elle comprendrait qu’ellefaisaitfausseroute…Etj’avaisnaïvementcruqueNathanm’aiderait.Maisaulieudeça,ilabandonnait.Illalaissait.
Unpeumalmenéeparcettediscussion,jemedécidaiàappelermonpère.Vul’heure,ildevaitdéjàêtre au commissariat.Assise sur le canapé, je fixai les fleurs devantmoi.Avec un peu de chance, jeréussirais à parler à Andrew dès que son avion aura atterri. Je lançai mon ordinateur, espérant mereplongerauplusvitedansmesrecherchessurEleanor.
–Bailey!criaunevoixforte,érailléeparletabac.–Bailey,bonjour.C’estKat…KatDillon…–Kat!Sacrénomd’unchien!seréjouit-il.Commentvas-tu?–Bien…Jevaisbien.Est-cequepaparôdedanslecoin?–Entournéepourlamatinée.Jeluidiraiquetuasappelé.–OK…J’espèrequetafillevabien.J’eusunsourireensongeantaunombreincalculabledefoisoùmonpèrem’avaitconfiéeàCarrie,la
femmedeBailey,pendantqu’ilpartaitpouruneurgence.Annieétaitdevenuecommeunesœur.–Annievabien.Ellevasemarierd’iciquelquesmois.–Oh…Génial !m’enthousiasmai-je. Je suisheureusepourelle. Jevais sûrementvenirvoirmon
père d’ici quelques semaines, j’irai l’embrasser et la féliciter personnellement.Comment vaCarrie ?m’enquis-je.
–Unejambedansleplâtredepuisdeuxjours.Elleabêtementglissésurduverglas.
–Zut!Dis-luiquejepenseàelleetquejecompatis.Laconversationquej’avaiseueavecmonpèrequelquessemainesavantmerevintentête.–Bailey?Je…Jefaisunarticle…surBlakeMedias,mentis-jeeffrontément.–Jecroyaisquetun’étaisplusundecescharognardsdejournalistes?–C’est juste…un article.En free lance, précisai-je.Papam’adit que tu avais été en chargede
l’enquêtesurlamortdesafemme.–L’accident?fit-ilavecétonnement.Lavoitureaglissésurduverglasetafinidansunarbre.Triste
maisfréquent.Cepauvrehomme,Blake,ilétait…presquemort.–Ilétaitlà?–Iladéboulépeuaprèsmonarrivée.Jeluiaidemandéd’identifierlecorps.Ilasimplementhoché
latêteavantd’allervomirunpeuplusloin.Ensuite…Ilestrestéavecuneautrefemmeànousregardertravailler.Iln’avaitpasl’airdes’enrendrecompte.Jeluiaiposédesquestions,maisiln’apasrépondu.
–Etensuite?Qu’adonnél’enquête?–Riendeplus.Lesconditionsmétéoétaientvraimentdésastreuses…Blaken’avaitaucuneidéede
cequ’ellefaisaitsurcetteroute,ilrépétaitsanscessequ’ellen’auraitpasdûêtrelà.J’aibouclél’affaire.Iln’yavaitriendeplusàsavoir.
–C’esttout?fis-je,stupéfaite.–C’esttout…Situveux,jet’envoiemonrapport.Tuverras,riendecroustillant.Unaccidentparmi
tantd’autres.–Jeveuxbien,s’ilteplaît.Mon cerveau fonctionnait à toute vapeur. J’avais ce curieux pressentiment, cette sensation
indéfinissable de louper quelque chose. J’entendaisBailey s’activer sur son ordinateur,maudissant aupassagelalenteurdel’appareil.Ilmedemandamonadressemailet,quelquesinstantsplustard,sonnomapparutdansmaboîtederéception.J’ouvrisrapidementledossieravantderéagirsurledétailquimechiffonnait:
–Bailey?–Oui?–C’étaitle25décembre,c’estça?–Lanuitdu25au26…Généralement,c’estplutôtcalmeàcettepériode,lesgensrestentchezeux.–Blakea-t-ilditpourquoielleétaitsurlarouteenpleinenuit?Allait-ellechercherquelqu’un?–Blakeajusteditqu’ilarrivaitdel’aéroport.Iln’avaitpasvusafemmedepuisdixjours.–OK…Merci,Bailey.EmbrassebienCarrieetAnniepourmoi.–Sansfaute.Jediraiàtonpèredeterappeler.Et…pourlerapport…–Çaresteentretoietmoi,Bailey.Jeraccrochailasecondesuivanteetmejetailittéralementsurlalecturedurapportdepolice.Ilétait
conformeàcequeBaileym’avait raconté.Aucuneautopsien’avaitétémenée.Lacausedudécèsétaitévidente.Jemefisunthé,réfléchissantàcequejevenaisd’apprendre.
L’imaged’Andrew,dévastésur leborddecetteroute,sûrementavecMeghan,mevinten tête.Enlieuetplacedel’appelquej’avaisd’abordenvisagé,jepréféraiunmessage:
Vas-tum’offrirdesfleurschaquefoisquenousnousvoyons?Merci,ellessontmagnifiques.K.
J’arpentaimon salon en réfléchissant, relisant le rapport, relisant l’interviewd’Eleanor. Je tentaid’imaginerlesévénements,detrouverunenchaînementcohérent,maisriennemevint.Monportablerestamuet durant une partie de l’après-midi, et je n’eus la réponse d’Andrew qu’à mon départ pour lePeninsula:
Tuesmagnifique.Jet’offriraislaboutique,siçapouvaitmepermettrederesterprèsdemoi.A.
Toujourslesmotspourmefairefondre,songeai-jeavecunsourire.JerassemblaimesnotessurEleanorainsiquel’impressiondurapportdepolicepourlesemporter
avecmoiàl’hôtel.J’arrivaiauPeninsulaunpeuplustôtqu’habituellementettoquaiàlaportedeLynne.–Entrez!cria-t-elle,encolère.–Lynne?soufflai-jeenpassantlatêteparl’entrebâillement.–Oh,c’esttoi!Entre…Désolée,s’excusa-t-ellerapidement,jeviensdemedisputeravecPhilip!–Riendegrave,j’espère?–Ilestencoreabsentceweek-end.Sonpèreleréquisitionnepouruneréunionjenesaisoù.–Désolée,Lynne.Jem’installai dansundes fauteuils face à sonbureau et, enun instant, sa colère sedissipapour
laisserplaceàunlargesourire.–Dis-moitout,souffla-t-elle,conspiratrice.–Àquelsujet?–AndrewBlake!–Onadîné,avouai-jeenrougissant.–Bonsang !Nathanavait raison, tuascouchéavec lui ! s’écria-t-elle, incrédule.Kat !C’estun
client!–Jesais,Lynne…Jesaisquejen’auraispasdû.Maiscen’estpascommesijepouvais…fuir.–Tupeuxtefairevirerpourça!–C’estmadémissionquetuveux?laquestionnai-jedurement.Elles’appuyalourdementcontreledossierdesonfauteuiletsemblamejauger.Ellemefixaavec
intensitépendantquejemecrispais.–Tuveuxpartir?demanda-t-ellesérieusement.–Non.J’aimecetendroit.Mecrois-tuincapabledefairemonmétierparcequejesuisaveclui?–Jenesaispas,Kat…J’aipeurpourtoi,peurdecequipourraitarrivers’ilchangeaitd’avis.Tuas
l’air…tellementéprise.Jeneveuxpasquetusouffres.–TucomprendsenfincequejeressensausujetdetonmariageavecPhilip,ripostai-je,agacée.–JeconnaisPhilipdepuisplusdedeuxans!TuconnaisBlakedepuisdeuxmois!–Tuasraison,Lynne,admis-jeenmelevantdufauteuil.Tuasraison,jeneleconnaispasdepuis
longtemps.Mais,curieusement,simavieendépendait,jepréféreraismillefoislaplacerentrelesmainsd’Andrewqu’entrecellesdePhilip.
Ellesefigea,stupéfaite.Jemedirigeaiverslaporteet, justeavantdelaclaquerderrièremoi, jedécidaid’enfoncerleclou,histoiredemettreuntermedéfinitifàcetteconversation:
–Nathant’aime.Etjesaisqu’unepartdetoil’aimeaussi…Sinon,tuneseraispasconstammententraindesurveillertontéléphone.
–Je…–Dis-moi que j’ai tort ! lui ordonnai-je. Dis-moi que j’ai tort de sortir avec un homme que je
connaisàpeinequand,toi,tuesamoureused’unhommeavecquituasunerelationtéléphonique.Ellebaissaleregard,fautiveethonteuse,etjeclaquailaportederrièremoi.Malgrétousmesefforts
pourrestercalme,Lynnem’horripilaitdeplusenplus.Ellefaisaitcommetous lesautres :elle jugeaitAndrewsansprendreletempsdeleconnaître.
Passablementénervée,jegagnaimonposteenécoutantàpeinelestransmissionsdeSam.J’avaislasensationdésagréablequeLynne avait percémabulledebonheur et, pour ça, je la détestais.Gregoryarrivadevantmonpupitrepeuaprèsmaprisedeservice.
–Toncourrier,commenta-t-ilsimplementenmetendantunelettre.–Merci,murmurai-jeavantdeprendrel’enveloppe.Gregoryfronçalessourcilsetjem’étonnaidesoncalmeinhabituel.
–Unproblème,Greg?–Jeréfléchis.–Oh…Vas-ydoucement,souris-je.–Onm’afaituneproposition,lâcha-t-ilsoudain.–Tuveuxchangerdetravail?m’étonnai-je.–Jenesaispas…Peut-être.Ilfautquejepèselepouretlecontre.Jedoisfiler.Passeunebonne
nuit!–Merci, toi aussi, répondis-je, un peu perturbée à l’idée queGregory ne travaille plus pour le
Peninsula.J’élaguai aussi vite que possible les tâches courantes, y compris la validation de la réservation
d’Andrew pour sa prochaine visite. Je m’apprêtais à ouvrir l’enveloppe de l’inconnu quand montéléphonevibrasurlebureau.
Jet’appelledemaindansl’après-midi.Passeunebonnenuit.A.Jet’embrasse…Encoreetencore.K.
Aprèsavoirattenduunehypothétiqueréponse,jereposaimontéléphoneetdécouvrisunenouvellelettre.
ChèreMarie,Jenesuispasinsomniaque.Ilsembleraitjustequel’inspirationmevienneplusfacilementlanuit,quandmonespritsevidedetoutesobligationsprofessionnelles.Toutefois,cettenuitestdifférentedesautres.Commentpourrais-jevousexpliquercequemoi-mêmej’aitantdemalàcomprendre?Pendantlongtemps,j’aiaiméunefemme.Elleétait,sansnuldoute,monâmesœur,maforce,mavietoutentièremême.Etunjour,toutcelaesttombéenmorceaux,commeunchâteaudecartes,lachutedespremièresentraînantcelledesautres.Unàun,lespansdemaviequejecroyaissiparfaite,siréussie,sesonteffondrés.Mavien’étaitplusparfaite,justevideetincomplète.Maiscettenuit,j’aicomprisàquelpointj’avaiseutort.J’aiaimécettefemmedetoutesmesforces,detoute mon âme, mais ce n’est rien par rapport à ce que je ressens maintenant pour elle. Elle dortactuellement,aussipaisiblequ’unlac,etpourtant,enellerésideunetellevolonté,unetellerage…C’estcommesiellem’avaitsortid’unsommeilprofond.C’estincomparableetstupéfiant.Est-cedifférent?Jedirais…bouleversant.Ausensnobleduterme,elleachamboulémonmonde.Ellefaitdemoiunautrehomme.Différentetmeilleur.Enpaixavecmoi-même.Elle est ma perfection dans ma vie imparfaite. Elle est mon océan de calme dans mon monde enmouvement.Elleest…incroyablementréelle.Manouvelleréalité.J’ose espérer que l’hommeque vous avez rencontré vous apporte autant qu’ellem’a apporté. Jemedemande ce qu’elle penserait de notre relation. À vrai dire, je ne crois pas que je pourrais la luiexpliquer.Commentdit-on à quelqu’unqu’on se confie à uneparfaite inconnue ?Commentdit-on àquelqu’unquecetterelationestimportante?Vousêtesimportante.Sansvous,elleneseraitpasentraindedormir.Jevaisdevoirvouslaisserpourlarejoindre,maisj’avaisbesoindevousdiremercipourtout.Jevousembrasse,Votreinconnu.P-S:Connaîtremonprénomest-ilsiimportant?
Je repliai la lettreaprès l’avoir relue trois fois.Moncœur frappaitdansmapoitrineàun rythmehallucinant.Commentfaisait-il?Malgrécequ’ildisait,j’avaislasensationderessentirchacunedesesémotions. Il aimait cette femme, il l’adoraitmême.Denouveau, cette silhouettemasculine et virile sedessinadansmatête.Jel’imaginaisentraind’écrire,admirantlafemmeendormiedanssonlit.
CHAPITRE19
Cettelettreeutleméritedechassermesdémons…J’oubliaimaragecontreLynneetmastupéfactionenversGregory.Laseulechosequimehantait,c’était lemanqued’Andrew.Sûrementparceque jemeretrouvaisdanslesmotsdel’inconnu.Andrewm’avaittiréed’unsommeilprofond,etilavait,defaçonplusqu’évidente,chamboulémonmonde.
Jerécupéraiunefeuilleblancheetentreprisdeluirépondre:
Cherinconnu,Mathéories’effondre.Vousn’êtesnitourmenté,nisecret,ni…sombre.Etvousavezréussivotredéfi:vousavezposédesmotssurvossentimentspourelle.Jepensequevousl’aimez.Mêmesivousneleditespasfranchement, lafaçondontvousparlezd’elle,votreadmirationpourelleprouventquevousl’aimez.Jesuisheureusepourvous.Cependant,jedouted’yêtrevraimentpourquelquechose.Cettefemmeseseraitpeut-êtreprésentéeàvoussansmeslettres.J’espèrequ’elleprendrasoindevousetdelapartiedevotreâmequevousluiconfierez.Dites-luid’yfaireattention,j’ytiensparticulièrement.Concernantl’hommequej’airencontré…jenecroispaspouvoirfairecommevousetmettredesmotssurmessentimentspourlui.C’estviolentetincontrôlable.Làoùvoussemblezmaîtriservosémotions,j’avouequejesuisplutôtdanslasituationinverse.Leslimitesquejem’imposaisdepuissilongtempsontexplosé,commes’ilm’ouvraitlesyeuxsurunmondenouveaudontj’ignoraistout.Pour être honnête, ce nouveaumondeme pose un problème : jem’inquiète de ce que je pourrais ydécouvrir. Et jem’inquiète encore plus des conséquences possibles de sa disparition.Curieusement,mêmesijetiensàluiplusquejenelepensaispossible,j’aicesentimenthorribleetsurpuissantquejevaisleperdre.Jenesaispassijesuisassezforte,sijesuisassez«magnétique»pourlegarderavecmoi.C’estau-delàdetoutcequejepouvaisimaginer…Jen’arrivemêmepasàcroirequ’unefillecommemoiaitpul’intéresser.Est-cedifférent?C’esttotalementdifférentdecequej’aidéjàvécu.Ilm’attireetmefascineàlafois.J’aienvie de lui poser mille questions, mais les réponses qu’il me donne entraînent de nouvellesinterrogations.Sielleestvotreperfectiondansvotreuniversimparfait,jenesauraisquoidiredelui…J’aime l’hommequ’ilest…J’aimequ’il soitconfiant, têtu,prévenantethorripilant. J’aimesesdéfauts,peut-êtreplusquesesqualités,parcequ’ilsendisenttellementplussurlui.Je crois que j’ai trouvé ce qui résume le mieux ma relation avec lui : il est ma force d’attraction,imprévisibleetcontinue.Jen’aipas lachancedepouvoir lerejoindre,nidepouvoirdormirdansson litet,rienquepourça, jevousenvie.Jevousembrasse,Marie.P-S:Cachervotreprénomest-ilsiimportant?
Unefoismalettreachevée,j’euslesentimentd’avoiravancé,d’avoirmisunnomsurmarelationavecAndrew.Mêmesijem’enréjouissais,j’avaiscepincementlancinantdanslecreuxdemonventre.
Tabledespersonnages
Kathleen–Kat–Dillon:Aprèsavoirabandonnésacarrièredejournaliste,Kathleen,jeunefemmede 25 ans, est devenue concierge de nuit dans un palace new-yorkais, le Peninsula. Romantique etprofondémentattachéeàl’importancedudestindanssavie,elleespère,unjour,sereconnaîtredansunedespetitesannoncesduNewYorker.Prenantconsciencedelamonotoniedesonexistenceethantéeparune annonce qui l’a bouleversée, elle finit par y répondre. C’est également au Peninsula qu’ellerencontreAndrewBlake,puissantmagnatde lapresse, clientde sonhôtel, unhommeséduisant et quitroublelaroutineprofessionnelledeKat.
AndrewBlake:ClientduPeninsulaetchefd’entreprisepuissant.Magnatdelapressesurlacôte
ouest,AndrewBlakeestaussiarrogantqueriche.Ilalimentelesrumeurs,attiselesconvoitises,maispeutsemontrerparticulièrementfragilequandons’attaqueàceuxqu’ilaime.
LynneHoffman : Collègue de Kat, en charge de l’événementiel, Lynne est très terre à terre et
raisonnable.TroppourKatquiluireprocheunevieterneetsanspassion.FiancéeàPhilipKingston,elleprépareassidûmentsonmariage.
NathanEvans : Bras droit dévoué d’Andrew Blake, Nathan est un charmeur, bourré d’humour.
C’estauPeninsula,àl’occasiond’unerencontrefortuiteetbrutale,qu’ils’éprenddeLynne,collèguedeKat.
DanielCooper:EngagécommebarmanintérimaireauseinduPeninsula,Danielserapprochetrès
vitedeKathleen.Gregory :Ancienpolicier,GregaconnuKathleenquandelleétaitencore journaliste.Désormais
responsabledelasécuritéduPeninsula,ilagitcommeungrandfrèreavecelle.MeghanStanton:Belle,brillanteettoutàfaitconscientedel’être,Meghanpeutsembler,deprime
abord,glaciale,voiremêmepédante.ElleserévèlechaleureuseetsensibleaucharmedeGregoryaufuretàmesuredel’évolutiondelarelationd’AndrewavecKathleen.
Maria:Fleuristeofficielledel’hôtel.TrèsliéeàKathleen,ellesontunerelationdetypemère-fille
quicompenselamèreabsentedeKathleen.Debonconseiletdouce,elleesttoujoursprêteàl’aider.M.Perkins:Directeurdel’hôtel.
Sam:CollèguedejourdeKathleen,c’estluiquil’aforméeàsonposte.Ilssonttrèsamis.JimCooper:PèredeDan.MattetAbby:Collèguesd’Andrew.Mattsemontreparticulièrementdésagréableetdubitatifsurla
relationentreAndrewetKathleen.Walt Dillon : Père de Kathleen, policier. Éloigné géographiquement, il demeure pourtant très
protecteurenverssafille.Ilespèrelafairereveniràsonmétierdejournaliste.EleanorBlake :Décritecommeétantenthousiasteetpétillanteparsonmari,Eleanorestdécédée
dansunaccidentdevoiture,laissantAndrewdansl’incompréhensionetlechagrin.PhilipKingston : Fiancé de Lynne, riche grâce à sa réussite dans l’immobilier et la finance, il
entretient le doute sur sa véritable personnalité. Son père, sénateur, lui assure un avenir politique.Désagréable quand il s’agit d’Andrew et dumonde des affaires, il ne cache pas son antipathie et sajalousieenverslaréussitedecelui-ci.
Bailey:CollèguedupèredeKathleen,Walt.IlconnaîtKatdepuisqu’elleestpetiteetluidonnera
desinformationsprécieusesconcernantledécèsd’Eleanor.Lauren:Assistanted’AndrewBlake.
HarlequinHQN®estunemarquedéposéeparHarlequinS.A.
Conceptiongraphique:AliceNUSSBAUM
©2013HarlequinS.A.
ISBN9782280300513
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