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Institut des Sciences de l’Ingénieur de Montpellier Université Montpellier II Stage d’élève –ingénieur Sciences et Technologies de l’Eau Rapport de stage 2 ème année Présenté par Bérengère HERSANT Septembre 2003 Responsable de stage : Jean-Pascal TORRETON Stage effectué dans le cadre de la thèse de Séverine Jacquet Institue de Recherche pour le Développement Institut des Sciences de l’Ingénieur de Montpellier

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Institut des Sciences de l’Ingénieur de Montpellier

Université Montpellier II

Stage d’élève –ingénieur Sciences et Technologies de l’Eau

Rapport de stage 2ème année

Présenté par Bérengère HERSANT

Septembre 2003

Responsable de stage : Jean-Pascal TORRETON

Stage effectué dans le cadre de la thèse de Séverine Jacquet

Institue de Recherche pour

le Développement

Institut des Sciences de l’Ingénieur

de Montpellier

Remerciements

Je tiens à remercier Mr COLIN pour m’avoir accueillie au sein de l’Unité de Recherche CAMELIA

de l’IRD de Nouvelle-Calédonie.

Je remercie également Jean-Pascal TORRETON, mon maître de stage, et Séverine JACQUET pour

tous les enseignements qu’elle m’a apportés.

J’associe à ces remerciements Alain LAPETITE, Sandrine CHIFFLET et Philippe GERARD pour

leur aide, ainsi que Miguel et Sam, les « pilotes » du bateau.

Je tiens aussi à exprimer toute ma gratitude à Pascal DOUILLET, Sylvain OUILLON et Olivier

PRINGAULT pour leur bonne humeur.

Enfin, je remercie tous les lofteurs et les autres: Héléna, Vincent, Ali, Aymeric, Romain (3),

Aurore, Barbara, Xavier (2), Kirti, K’ro, Audrey, Anaïs, Eric, Charles, Alexandre, Charlotte, Pierre

et Nicolas.

Sommaire

Sommaire 1. Introduction 1

1.1. IRD Nouvelle-Calédonie 1 1.2. Unité de Recherche CAMELIA 2 1.3. Contexte scientifique de l’étude 3 1.4. Description du site d’étude 4 1.5. Objectif du stage 6

2. Matériel et Méthodes 7

2.1. Stratégie d’échantillonnage 7 2.1.1. Choix des sites d‘échantillonnage 7 2.1.2. Echantillonnage 7

2.2. Bioessais 9 2.2.1. Enrichissements en nutriments 9 2.2.2. Cycles de mesures sur 24 heures 9 2.2.3. Validation du protocole 11

2.3. Variables biologiques mesurées 12 2.3.1. Chlorophylle a 12 2.3.2. Production primaire 12 2.3.3. Production bactérienne 15 2.3.4. Abondance bactérienne 17

2.4. Eléments nutritifs 18 2.4.1. Ammonium 18 2.4.2. Eléments nutritifs 18

2.5. Test-t sur populations hétéroscédastiques 18

3. Résultats – Discussion 19

3.1. Cycles de 24 heures 19 3.1.1. Caractéristiques physico-chimiques des stations échantillonnées 19 3.1.2. Station N12 19 3.1.3. Station M33 21 3.1.4. Mise en place du protocole 23

3.2. Test de validation 24 3.2.1. Caractéristiques physico-chimiques des stations échantillonnées 24 3.2.2. Validation sur la station N12 25 3.2.3. Validation sur la station M33 27 3.2.4. Validation sur la station N04 29 3.2.5. Choix des stations de mesures 30 3.2.6. Vérification des temps d’incubation 30 3.2.7. Nutriments limitants 31

4. Conclusion 33 Bibliographie 35 Annexes 37

- 1 -

Introduction

1 INTRODUCTION 1.1 IRD Nouvelle-Calédonie

L'Institut de recherche pour le développement (IRD) est un établissement à caractère scientifique et

technologique et dépend des ministères chargés de la Recherche et de la Coopération. Il satisfait

trois missions fondamentales : la recherche, l’expertise et la formation. Des programmes de

recherche scientifique, centrés sur l'étude des relations entre l'homme et son environnement, sont

développés à travers le monde (Afrique, Océan Indien, Amérique Latine, Asie et Pacifique), avec

comme cible le développement durable de ces régions. Ces recherches sont menées en coopération

avec des institutions d'enseignement supérieur et de recherche française ainsi qu'avec des

partenaires étrangers.

Le centre IRD de Nouméa en Nouvelle-Calédonie, créé en 1946 sous l'appellation IFO (Institut

Français d'Océanie), est le premier du Pacifique. En 1964, l'IFO prend le nom d'ORSTOM (Institut

Français de Recherche Scientifique pour le développement en Coopération), intitulé qu'il

conservera jusqu'en 1998. Par décret ministériel du 5 novembre 1998, l'ORSTOM devient IRD

(Institut de Recherche pour le Développement), et le centre de Nouméa devient centre IRD de

Nouvelle-Calédonie. Plusieurs disciplines scientifiques y sont représentées : océanographie,

écologie marine, géologie, géophysique, pharmacologie, agronomie, botanique, entomologie,

archéologie. Les recherches sont conduites en partenariat avec des institutions locales (Université

de la Nouvelle-Calédonie, Institut Agronomique Calédonien, IFREMER, Institut Pasteur, CNRS

…) ou régionales (Secrétariat général de la Communauté du Pacifique, University of the South

Pacific, Agence Universitaire de la Francophonie…). Actuellement, le centre est constitué de 13

Unités de Recherche (UR) et de 5 Unités de Service (US). Les premières ont pour mission

d'améliorer les connaissances scientifiques de la zone intertropicale, les secondes ont pour but

d’appliquer les résultats de la Recherche en répondant aux demandes d'expertise des partenaires

locaux. L’IRD remplit également un rôle de formation, le centre accueille des étudiants dans le

cadre de la formation continue et de la formation à la recherche. Intégrés dans les équipes, les

étudiants peuvent avoir le statut de stagiaires (du DEUG au DEA, IUT, école d’ingénieurs), de

thésards ou de post-doctorants.

Pour ma part, j’effectue un stage de deux mois d’élève-ingénieur S.T.E-I.S.I.M (Sciences et

Technologies de l’Eau à l’Institut des Sciences de l’Ingénieur de Montpellier) de 2e année au

sein de l’Unité de Recherche CAMELIA (Caractérisation et Modélisation des Echanges dans

les Lagons soumis aux Influences terrigènes et Anthropiques)

- 2 -

Introduction

1.2 Unité de Recherche CAMELIA Les écosystèmes tropicaux littoraux du pacifique sont soumis à des pressions anthropiques

croissantes. Les conséquences écologiques occasionnées ne sont pas sans effet sur l’économie des

états concernés. En effet, outre l’intérêt écologique, ces écosystèmes ont une importance

économique, sociale et culturelle majeure pour les pays qu’ils bordent. La pêche, et notamment la

pêche de subsistance, est vitale pour de nombreuses populations du pacifique. Le tourisme, lié

notamment aux récifs, est une source très importante de devises et constitue l'un des enjeux majeurs

de développement économique pour la plupart des états de cette zone. La bonne gestion de ces

environnements côtiers est donc une obligation écologique nécessaire à un maintien, voire un

développement économique.

L'Unité de Recherche CAMELIA s'inscrit dans le prolongement de la dynamique de recherche mise

en œuvre depuis 1996 avec le programme ECOTROPE (Ecosystèmes Côtiers et Tropicaux sous

influences terrigènes et anthropiques, 1996-2000) sur le thème général de l'influence des activités

humaines sur les écosystèmes côtiers tropicaux. Les recherches menées par CAMELIA portent sur

les mécanismes de transport et de transformation des apports en particules responsables de

l'hypersédimentation, des apports organiques et inorganiques responsables de l'eutrophisation et des

apports en métaux potentiellement inhibiteurs. Prévu sur une période de quatre ans, entre 2001 et

2004, l’UR étudie principalement deux sites lagonaires présentant des degrés d’eutrophisation

différents : le Lagon Sud Ouest de Nouvelle-Calédonie et le Lagon de Suva à Fidji.

Le Lagon Sud-Ouest de Nouvelle-Calédonie est sous influence anthropiques et terrigène, liée à la

présence de la ville de Nouméa, aux exploitations minières (nickel essentiellement) à ciel ouvert et

aux rivières (La coulée, la rivière des pirogues, la Dumbéa). On peut distinguer différentes sources

de pollution : les rejets d’eaux usées et les rejets liés aux activités industrielles et agricoles.

Différentes thématiques sont abordées au sein de l’Unité de Recherche CAMELIA :

1. Organisation des caractéristiques physico-chimiques des eaux et mécanismes de transport

2. Dynamique des échanges à l'interface eau-sédiment et influence des apports

3. Réponses des biocénoses pélagiques aux apports

4. Intégration des métaux dans la chaîne trophique et recherche de bio-indicateurs

5. Modélisation de la circulation, du transport et du fonctionnement biogéochimique du lagon

- 3 -

Introduction

1.3 Contexte scientifique de l’étude A ce jour, rares sont les études sur les impacts de l’eutrophisation en milieu côtier oligotrophe. La

structure et le fonctionnement des réseaux trophiques diffèrent fondamentalement entre milieux

oligotrophes, dominés par le réseau trophique microbien, et les milieux eutrophes, dominés par un

réseau trophique « herbivore » (Legendre et Rassoulzadegan, 1995 ; Joint et al, 2002). Les systèmes

oligotrophes fonctionnent au moyen d’un recyclage important de sels nutritifs, ce qui explique en

partie la prépondérance de la biomasse hétérotrophe. Dans ces conditions, les bactéries

hétérotrophes représentent des compétiteurs efficaces du phytoplancton vis-à-vis des nutriments

(Cotner et al, 2000 ; Joint et al, 2002). A l’opposé, les milieux eutrophes sont dominés par le

phytoplancton. Dans ces milieux, l’activité conjuguée des bactéries et de leurs consommateurs peut

amener un relargage des éléments nutritifs contenus dans la matière organique allochtone qui, en

s’ajoutant aux apports directs, augmenteront l’eutrophisation. Les expériences menées sur ce thème

montrent des modifications de la composition et du spectre de taille des communautés

planctoniques en fonction des apports en nutriments (Hein et Riemann, 1995 ; Eilers et al, 2000 ;

Henriksen et al, 2002 ; Carlson et al, 2002). On peut donc s’attendre à ce que l’eutrophisation d’un

système oligotrophe occasionne des modifications structurales des populations planctoniques.

Situés dans un environnement océanique oligotrophe tropical, les milieux récifo-lagonaires sont

généralement oligotrophes hors de l’influence des apports d’origine anthropique en raison du fort

taux de renouvellement de leurs eaux. Les peuplements planctoniques des milieux lagonaires non

perturbés sont limités par les ressources nutritives, ce qui les rend particulièrement sensibles aux

apports eutrophisants. Il existe peu de données sur la nature de cette limitation nutritive : celle-ci

varie selon les sites, les saisons et les communautés étudiées (Fisher et al, 1992 ; Holmboe et al,

1999 ; Lebaron et al, 2001). Il est donc impossible d’établir a priori la nature de cette limitation en

milieu lagonaire.

Les effets des apports eutrophisants sur le réseau trophique planctonique du Lagon Sud Ouest de

Nouvelle-Calédonie sont étudiés selon trois approches complémentaires au sein l’UR CAMELIA :

1. Etablir expérimentalement et comparer les réponses à des additions en éléments nutritifs des

différentes communautés planctoniques dans différentes situations trophiques allant de

l’oligotrophie à l’eutrophie.

2. Déterminer expérimentalement et comparer les caractéristiques cinétiques d’incorporation d’

NH4+ et de PO4

2- pour les bactéries hétérotrophes et le phytoplancton dans ces mêmes situations.

3. Etablir les relations in situ entre nutriments, abondance et activité des communautés

planctoniques au moyen de prélèvements périodiques.

- 4 -

Introduction

1.4 Description du site d’étude La Nouvelle-Calédonie est située au nord du tropique du Capricorne (22°S et 166°E). D'une

superficie totale de 18 575,5 km², l'archipel est constitué de "la Grande Terre", des îles Loyauté

(Ouvéa, Lifou, Maré, Tiga), de l'archipel des Belep, de l'Ile des Pins et de quelques îlots lointains

(figure 1). La Grande Terre se présente comme une bande d'environ 400 km de long sur 40 à 70 km

de large, traversée du nord au sud par une chaîne montagneuse. La chaîne centrale coupe l'île en

deux régions distinctes : la côte Est exposée aux alizés est la région la plus humide et la plus

chaude ; une végétation luxuriante y couvre les pentes abruptes ; la côte Ouest est plus découpée,

avec des plaines propres à la culture et à l'élevage, surplombées par des massifs riches en minerais.

La Nouvelle-Calédonie est caractérisée par un climat tropical humide où l’on distingue deux

saisons : la saison chaude (mi-novembre, mi-avril) de 25 à 27°C, marquée par une forte

pluviométrie avec des dépressions tropicales qui se produisent de manière discontinue ; la saison

fraîche (mi-mai, mi-septembre) de 20 à 23 °C. Deux régimes de vent prédominent : les vents d’Est

ou Alizés de direction ESE et SE prépondérants toute l’année et des coup d’Ouest plus occasionnels

de direction NW et SW généralement associés au passage des dépressions et des cyclones. Les

vents conditionnent largement le renouvellement et la circulation des eaux lagonaires (Douillet,

1998)

Figure 1 - localisation géographique de la Nouvelle-Calédonie

- 5 -

Introduction

Le Lagon Sud-Ouest de Nouvelle-Calédonie a une superficie de 2000 km². Les rivières des

Pirogues, de La Coulée, et de Dumbéa représentent les principaux apports en eau douce dans le

lagon. La présence de trois passes (Boulari, Dumbéa, Uitoé) au niveau du récif barrière permet des

échanges entre le lagon et l’océan. Le Lagon comprend le site urbain de Nouméa, et les zones

estuariennes environnantes, soit une superficie de 600 km² (figure 2). Nouméa regroupe 60 % de la

population sur 1 % du territoire. Au cours des trois dernières décennies, la ville a connu un essor

extrêmement rapide et compte 100 000 habitants. Ainsi les baies peu profondes (environ 10m),

autour de Nouméa sont soumises à une forte pression anthropique et terrigène.

30

5

8

34

166°16'E 166°26'E 166°36'E 166°46'E

22°10'S

22°20'S

22°30'S

22°40'S

TerreRécifs

N

Noum

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Piro

gues

Coul

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1020

20

10

30

20

20

30

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10

20

2030

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20

20

2030

20

20

Nouméa

20° S

21° S

22° S

23° S

164° E 165° E 166° E 167° E 168° E

OCEANPACIFIQUE

NOUVELLE - CALEDONIE

ILES LOYAUTESOuvéa

Lifou

Maré

Figure 2 – Lagon Sud-Ouest de Nouvelle-Calédonie

- 6 -

Introduction

1.5 Objectifs du stage Le stage que j’effectue au sein de l’UR CAMELIA s’inscrit dans le travail de thèse de Séverine

Jacquet (dirigée par J-P Torréton). Cette thèse traite de « l’influence des apports en nutriments sur

le fonctionnement du réseau trophique microbien dans le Lagon Sud-Ouest de Nouvelle-

Calédonie » et s’intègre essentiellement dans le thème d’action de CAMELIA : réponses des

biocénoses pélagiques.

Un premier travail réalisé dans le cadre d’un stage de DEA (Jacquet, 2001) a permis d’évaluer

l’importance comparée des productions bactérienne et primaire planctoniques dans un gradient

d’eutrophisation dans le Lagon Sud-Ouest de Nouvelle-Calédonie et leurs relations avec les

variables physico-chimiques. Cette étude a mis en évidence le contrôle potentiel par l’azote minéral

dissous de la production et de la biomasse phytoplanctonique, et un contrôle potentiel par l’azote

minéral dissous de la production et du taux de croissance bactérien. Elle a également montré

l’augmentation de la taille des producteurs primaires en réponse à un apport en azote minéral

dissous. Les objectifs de la thèse faisant suite à ce DEA sont : (1) d’étendre cette étude sur une plus

large échelle spatiale et temporelle, (2) d’approfondir l’étude des changements des communautés

planctoniques et de leurs activités avec l’eutrophisation.

L’aspect limitant de l’azote minéral dissous a été mis en évidence au travers de l’étude des relations

in situ entre nutriments d’une part, et biomasses et productions phytoplanctonique et bactérienne,

d’autre part. Il s’agit maintenant de compléter cette étude par une approche in vitro des réponses des

communautés planctoniques à des enrichissements. Une première expérience sur l’addition de

nutriments a été réalisée sur le lagon par J-P Torréton en 2000 (com. pers.). Dans les conditions

d’expérimentations (grazing, longues durées d’incubation), l’azote apparaît comme le premier

facteur limitant des activités planctoniques. Toutefois, des biais dans les résultats (exemple : forte

augmentation de la production bactérienne dans les témoins) montrent la nécessité de mettre en

place un protocole permettant d’avoir un temps d’incubation plus court.

L’objectif de mon stage est de mettre en place ce protocole. Il s’agit plus précisément de déterminer

un temps d’incubation minimal permettant d’avoir une réponse suffisante et limitant les biais liés au

confinement (augmentation de la production bactérienne et modification des communautés

planctoniques dans les contrôles non enrichis) et de tester ensuite ce protocole sur des situations

trophiques contrastées pour en vérifier la validité.

- 7 -

Matériel et méthodes

2 MATERIEL ET METHODES 2.1. Stratégie d’échantillonnage

2.1.1. Choix des sites d’échantillonnage

Pour la mise en place du protocole, deux stations d’échantillonnage ont été choisies : N12 et M33

(figure 3). Ces stations, étudiées au cours d’un suivi saisonnier dans le cadre de la thèse de S.

Jacquet, sont représentatives de situations trophiques contrastées et pérennes.

M33 est située dans le chenal lagonaire hors influence anthropique.

N12 est située dans la baie de Sainte-Marie où sont déversées les eaux usées non traitées de

l’agglomération de Nouméa.

Pour les tests de routine, les stations choisies sont N04, N12, M33 (figure 3) afin d’avoir un

gradient trophique.

N04 est située en fond de baie de Sainte-Marie à proximité des zones de rejets.

Figure 3 – Répartition des stations d’échantillonnage dans le lagon Sud-Ouest de Nouvelle-Calédonie

- 8 -

Matériel et méthodes

2.1.2 Echantillonnage

Les opérations en mer sont effectuées à bord du « Coris », navire de l’IRD. Les prélèvements sont

réalisés aux mêmes heures, le matin (7h00 - 8h00) pour la phase de mise en place du protocole et en

début d’après-midi (~13 heures) pour les tests de routine. L’eau est prélevée à l’aide de bouteilles

NISKIN de 5 litres (figure 4 a) à une profondeur de 3 m pour éviter l’éventuelle couche de

dessalure après de fortes pluies.

Chaque prélèvement est accompagné de mesures des paramètres physico-chimiques (température,

salinité, conductivité, pression) à l’aide de la sonde CTD (Conductivity Temperature Depth)

Seabird SBE 19 (figure 4 b). Des capteurs supplémentaires sont utilisés :

un fluorimètre permettant la détermination in situ de la concentration en chlorophylle

un capteur PAR (Photosynthetically Active Radiation) permettant l’estimation de

l’atténuation lumineuse en fonction de la profondeur

un néphélomètre mesurant la turbidité des eaux traversées par la sonde.

La sonde, fixée à un boute, est descendue à vitesse régulière pour acquérir ces paramètres sur

l’ensemble de la colonne d’eau.

Figure 4 : (a) bouteille Niskin de cinq litres, (b) Sonde CTD Seabird SBE 19

- 9 -

Matériel et méthodes

2.2. Bioessais Les bioessais ont pour objet d’établir et comparer les réponses à des additions en éléments nutritifs

des différentes communautés planctoniques : les bactéries hétérotrophes et le phytoplancton.

2.2.1 Enrichissements en nutriments

On choisit d’enrichir les milieux en azote (N), phosphore (P) et carbone (C) fournis respectivement

sous la forme chlorure d’ammonium (H4ClN), phosphate di-sodium hydrogéné (HNa2O4P) et

glucose (C6H12O6). Ces nutriments sont ceux utilisés dans la plupart des expériences

d’enrichissements (Cotner et al., 2000 ; Fisher et al., 2002 ; Henriksen et al., 2002 ; Joint et al.,

2002). L’azote sous forme ammonium présente l’avantage d’être directement assimilable par les

compartiments bactériens et phytoplanctoniques, contrairement au nitrate qui nécessite un

catabolisme supplémentaire chez les bactéries hétérotrophes entraînant un coût énergétique élevé.

Le glucose est aussi facilement et rapidement dégradable par les bactéries (Joint et al., 2002). Les

flacons destinés aux mesures d’activités phytoplanctoniques ne sont pas enrichis en glucose car la

production primaire est déterminée par incorporation de 14C-bicarbonate.

La quantité de nutriments ajoutée est calculée sur la base des concentrations moyennes en NH4+

mesurées au cours du suivi saisonnier (avril 2002-avril 2003) sur les stations N12 (0,163 µM) et

M33 (0,045 µM). On choisit d’ajouter une concentration en NH4+ environ cinq fois supérieure à

celle mesurée in situ en N12. La concentration en NH4+ ajoutée est 1 µM. Les concentrations des

autres nutriments sont calculées en se basant sur le rapport de Redfield, 1963 (C:N:P = 106:16:1).

Ce rapport correspond à une première approximation de la composition de la matière organique

océanique nécessaire à une croissance équilibrée du phytoplancton. Chez les bactéries hétérotrophes

des communautés côtières, le ratio est très proche de celui du phytoplancton (Kirchman, 2001). La

quantité de phosphore ajoutée est donc de 0,625 µM (10 fois supérieure à la moyenne annuelle en

N12) et celle de carbone 6,625 µM. Il n’existe pas de règle en matière de quantité ajoutée dans les

expériences d’enrichissement, en effet le choix des concentrations dans la littérature est assez

variable et pas toujours justifié (Fisher et al., 1992 ; Cotner et al, 2000). Se reporter à l’annexe 1

pour les préparations des solutions mère de nutriments ajoutés.

2.2.2 Cycles de mesures sur 24 heures

Cette étape constitue la phase de mise en place du protocole de mesure des réponses des

communautés planctoniques à des enrichissements. L’objectif étant de déterminer un temps optimal

d’incubation et donc un signal réponse conséquent, les milieux seront enrichis de manière à ce

qu’ils ne soient pas limités (C, N, P pour le compartiment bactérien et N, P pour le compartiment

- 10 -

Matériel et méthodes

phytoplanctonique). Les activités bactériennes et phytoplanctoniques sont mesurées selon un pas de

temps de 5 heures jusqu’à 24 heures d’incubation totale.

Les cycles de mesures sont réalisés le 22 juillet 2003 pour la station N12 et le 31 juillet 2003 pour la

station M33.

Variables mesurées avant ajout de nutriments (eau brute) : production bactérienne, abondance

bactérienne, concentrations en chlorophylle a, ammonium, nitrate, phosphate, azote et phosphore

organique dissous.

Etude du compartiment bactérien : 250 µl d’une solution mère CNP (C : glucose ; N : NH4Cl ;

P : HNa2O2P ) sont injectés dans un flacon de 500 ml (réplicat). Deux flacons témoins non enrichis

de même volume sont soumis aux mêmes conditions expérimentales. Les flacons sont mis à incuber

à température in situ, à l’obscurité pour empêcher un développement du compartiment

phytoplanctonique. On prélève de l’eau dans chacun des flacons à t = 5, 10, 15, 20 et 24 heures pour

la mesure de la production bactérienne (protocole cf. § 2.1.3). Les variables mesurées à t = 24

heures sont la production bactérienne, l’abondance bactérienne et la concentration en NH4+.

Etude du compartiment phytoplanctonique : 250 µl d’une solution mère NP (N : NH4Cl ; P :

Hna2O2P) sont injectés dans 5 flacons de 76 ml. 5 témoins non enrichis seront soumis aux mêmes

conditions expérimentales. Les flacons sont placés à incuber à température in situ et à lumière

constante 200 µE.m-2.s-1 (tubes fluorescents) dans un bac en plexiglas crée pour les expériences in

vitro (figure 5). Une circulation d’eau dans le bac permet de maintenir une température constante

palliant à l’échauffement engendré par les tubes fluorescents. Un flacon enrichi et un non enrichi

sont retirés du bac à t = 5, 10, 15, 20 et 24 heures pour des mesures de production primaire

(protocole cf. § 2.1.2).

Tubes fluorescents

200 µE.m-2.s-1

Bac en plexiglas contenant les flacons de 76 ml : 5 enrichis avec 250 µl de la solution mère NP et 5 témoins

: sens de circulation de l’eau

Figure 5 : dispositif expérimental pour l’étude du compartiment phytoplanctonique

- 11 -

Matériel et méthodes

2.2.3 Validation du protocole

Une fois le protocole mis en place, il sera appliqué aux stations N04, N12 et M33 pour validation.

Les expériences sont réalisées le 7 août 2003 pour N12, le 12 août 2003 pour M33 et le 14 août

2003 pour N04.

Variables mesurées avant ajout de nutriments (eau brute) : production bactérienne, abondance

bactérienne, concentrations en chlorophylle a, ammonium, nitrate, phosphate, azote et phosphore

organique dissous.

Etude du compartiment bactérien : afin de tester les réponses des communautés bactériennes à

des enrichissements, différents milieux seront élaborés (figure 6). Pour chaque milieu, 250 µl de la

solution mère sont injectés (réplicats). Deux flacons témoins non enrichis de même volume sont

soumis aux mêmes conditions expérimentales. L’incubation se fera dans les conditions déterminées

par les cycles de mesures. Les variables mesurées au terme de l’incubation sont la production

bactérienne et la concentration en ammonium pour chacun des milieux et l’abondance bactérienne

pour le milieu qui montre la réponse la plus importante à l’ajout de nutriments.

s

ph

m

de

da

m

Le

ét

co

Témoin

Figure 6 : enrichis

250 µ 250 µl 250 µl m

250 µ

Etude du com

ytoplanctoniques

ère P), et NP (sol

ux témoins non e

ns flacons de 76

esures.

s cycles de 24

endus à d’autres

mmandes en reta

+ CNP l de la solution

mère CNP

sements effectués pour l’étu

partiment phytoplancto

à des enrichissements,

ution mère NP) seront e

nrichis. Pour chaque m

ml. L’incubation se f

heures et les validation

stations pour des rais

rd).

+ N de la solution

ère N

de des réponses du comparl

nique : afin de tester

des milieux enrichis e

ffectués (2 flacons par

ilieu, 250 µl de la solu

era dans les conditio

s n’ont pu être répété

ons de temps et de

- 12 -

+ P de la solutionmère P

timent bactérien. Flacon

les réponses des

n N (solution mère N

enrichissement), av

tion mère considéré

ns déterminées par

s sur les stations c

moyens matériels (

+ NP l de la solutionmère NP

Flacons V = 500 m

s de V = 500 ml

communautés

), P (solution

ec en parallèle

e sont injectés

les cycles de

onsidérées ou

problèmes de

Matériel et méthodes

2.3. Variables biologiques mesurées 2.3.1 Chlorophylle a

La concentration en chlorophylle a a été mesurée par le laboratoire de Chimie Marine de l’IRD. Les

mesures ont été effectuées après filtration de 200 ml d’échantillon sur filtres Whatman GF/F

(porosité 0.7 µm). Les concentrations en chlorophylle a ont ensuite été déterminées par fluorimétrie

(fluorimètre TURNER TD 700) selon la méthode de Yentsch et Menzel (1963). Les concentrations

des pigments sont données par les formules de Lorenzen (1966), modifiées par Jeffrey et Humphrey

(1975) (formule 1) :

[ ]( ) ( ) DKKV

FFlµgachla

a ×⋅××

×⋅=−

1000)(. 0

1 ν et [ ]( ) DKKKV

FKFKlgPhéoaaa

aa ×−×××

×−××=−

)(1000. 01 νµ

Formule 1 – Formules de Lorenzen (1966) modifiées

Avec :

ν : volume de l’extrait (7 ml) V : volume filtré (ml) D : facteur de dilution

Ka : facteur d’étalonnage du fluorimètre pour la phéophytine a pure

K : facteur d’étalonnage du fluorimètre pour la Chlorophylle a pure

F0, Fa : fluorescence de l’échantillon avant et après acidification

La teneur en Chlorophylle a peut être considérée comme un estimateur de la biomasse

phytoplanctonique. Néanmoins, la relation entre la concentration en chlorophylle et le carbone

phytoplanctonique n’est pas constante (Hein & Riemann, 1995). Cette relation dépend de l’espèce

et de l’état physiologique des organismes. La concentration en Chlorophylle a est donc un

indicateur de la biomasse chlorophyllienne plutôt qu’une valeur de référence.

2.3.2 Production primaire

Protocole (figure 7)

La production primaire est déterminée par incorporation de 14C-bicarbonate (Steeman-Nielsen,

1992). On mesure ainsi la quantité de carbone incorporée dans le compartiment autotrophe au cours

de la photosynthèse. Dans chaque flacon de V = 76 ml, on injecte 500 µl de 14C-bicarbonate

correspondant à 13,33 µCi final. Les flacons sont ensuite placés dans le bac d’incubation en

plexiglas (cf. § 2.1.2). La quantité totale de radioactivité introduite est vérifiée dans chaque flacon.

Pour cela et avant toute autre manipulation, 50 µl sont prélevés dans chaque flacon et placés dans

des fioles à scintillation contenant 4 ml de liquide scintillant (Packard Ultima Gold) et 50 µl de

Carbosorb. Après incubation, le phytoplancton est collecté par filtration (<7000 Pa) sur filtre

Whatman GF/F préalablement mouillé avec de l’eau de mer filtrée. Les filtres sont ensuite rincés

- 13 -

Matériel et méthodes

avec 5 ml d’eau de mer filtrée. Les filtres sont ensuite placés dans des fioles à scintillation et

immédiatement décarbonatés par ajout de 250 µl d’acide chlorhydrique HCl 0,5 N. Les fioles sont

placées sous la hotte pendant la nuit et la quantité de radioactivité incorporée est mesurée après

ajout de 4 ml de liquide scintillant. Se reporter à l’annexe 2 pour le principe du marquage par un

isotope radioactif et du comptage par scintillation.

Calcul de la production primaire (formule 2)

WV

Vdpm

dpmdpmhmmgCPPf

P

t

be ×××

×−

=−− 05,11000)..( 13

Formule 2 - calcul de la production primaire

Avec :

dpme : désintégration par min dans l’échantillon, et dpmb à l’obscurité

Vp : volume prélevé pour la mesure de radioactivité introduite (µl)

Vf : volume d’échantillon filtré (ml)

1,05 : fractionnement isotopique entre 12C et 14C

W : concentration en carbonates (mgC.m-3)

Remarque : La concentration en carbonates a été obtenue par des mesures d’alcalinité totale par le

laboratoire de chimie de l’IRD sur des situations contrastées du lagon Sud Ouest. La valeur

moyenne est de 28215 mgC.m-3 (σ = 215 mgC.m-3).

- 14 -

Matériel et méthodes

1

Rinçage avec de l’eau de mer filtrée

2

Injection de 250 µl de solution mère de nutriments

3 Flacons non enrichis - témoins Flacons enrichis

4 5

Filtration sur filtre Whatman

GF/F sous dépression <7000 Pa

TOURELLE

6

A chaque pas de temps défini, prélèvement d’un flacon enrichi et un témoin pour

mesurer la Production Primaire

Incubation à température in situ et sous tubes fluorescents

Ajout 500 µl 14C dans chaque flacon

Mesure Quantité Introduite Qi

• Prélever 50 µl dans les flacons

• Verser dans fioles à scintillation

avec 50 µl Carbosorb + 4 ml liquide

scintillant

• comptage en scintillation liquide

7

+ 4 ml liquide

scintillant

Fioles sous hotte 12 heures

Décarbonatation :

200 µl HCl 0,5 N

8

Comptage en scintillation liquide

Figure 7 : Protocole de mesure de la production primaire

- 15 -

Matériel et méthodes

2.3.3. Production bactérienne

Protocole (figure 8)

La production bactérienne est mesurée par incorporation de [menthyl-3H] thymidine (TdR)

(Amersham, 1.92 TBq.mmol-1) dans le TCA précipité suivant le protocole de Torréton et Dufour

(1996). La thymidine, précurseur de la synthèse d’ADN, permet d’obtenir une estimation de la

synthèse d’ADN bactérien.

Des réplicats (parfois triplicatas) de 5 ml sont réalisés dans lesquels 50 µl de TdR sont injectés, soit

une concentration finale de 7.5 nM (un essai réalisé dans le cadre du DEA S. Jacquet, 2001 montre

que l’incorporation saturait dès 2 nM). Les tubes sont mis à incuber pendant 60 minutes à

température in situ ( ± 1°C). L’incorporation est stoppée en injectant 750 µl de formol (37%

tamponné au borate de sodium). Un témoin est réalisé pour chaque réplicat. Ce témoin est formolé

avant addition de TdR, puis est placé au froid. Après incubation, les bactéries sont collectées par

filtration sous faible dépression (104 Pa) sur filtres en polycarbonate (Nuclepore) de porosité 0,2 µm

reposant sur des membranes en microfibres de verre Whatman GF/D, préalablement imbibés avec

250 µl de thymidine non radioactive. Une fois la filtration faite, le vide est rompu et les

macromolécules sont précipitées avec de l’acide TriChloroAcétique (TCA 5% w/v) froid dans les

tourelles de filtration. Après 15 minutes à 4°C, le vide est rétabli et on rince les tourelles de

filtration trois fois avec du TCA 5% froid. Les filtres sont mis dans des fioles à scintillation, dans

lesquelles on ajoute 4 ml de liquide scintillant. Les fioles sont alors placées dans le compteur à

scintillation afin de déterminer la quantité de radioactivité incorporée par les bactéries.

L’autoabsorption dans le précipité TCA des radiations faiblement énergétiques du tritium a été

déterminée au cours d’une précédente étude par incubation d’une série d’échantillons en double

(Jacquet, 2001). L’un des lots a subi une hydrolyse acide à chaud (HCl 0 ;5 N, 100°C, 30 min) et

comparé au traitement standard. Le rapport entre les échantillons hydrolysés et non hydrolysés est

de 1,3 en moyenne (σ= 0,1). Un facteur correctif a donc été appliqué aux mesures. Se reporter à

l’annexe 2 pour le principe du marquage par un isotope radioactif et du comptage par scintillation.

Calcul de la production bactérienne

ASKTVdpmdpmhpMPB

fblancréplicats ×

×××−=−12

1 1060100)().(

Formule 4 – calcul la production bactérienne

dpmréplicats : radioactivité moyenne des réplicats T : temps d’incubation (minutes)

dpmblanc : radioactivité du témoin Vf : volume d’échantillon filtré (ml)

AS : activité spécifique de la solution mère de TdR (1920 TBq.mol-1)

K : 60.1012 TBq.mol-1

- 16 -

Matériel et méthodes

i

R

Incubation 60 min à

température in situ

e

A B C

A B C T

F

Précipitation des macromolécules :

Rétablir le vide et 3 rinçages avec

TCA 5%

ee

igure 8 : Proto

Filtr

n

Fioles à scintillatio

+ 4 ml liquide

scintillant

cole de mesure de la produ

- 17 -

Comptage en scintillation liquid

+ 50 µl Td

ction bacté

+ 750 µl formol

+50 µl TdR

Tube polystyrèn

Filtration sur membrane Nuclepore

0,2µm sous dépression < 104 Pa

5 ml d’eau de l’échantillon brut ou enrich

rienne

Matériel et méthodes

2.3.4 Abondance bactérienne

La technique de comptage bactérien utilisée est la microscopie à épifluorescence. Le marqueur

utilisé est le DAPI (4’6-diamidino-2-phenylindole), il se fixe sur l’ADN. Quand le complexe ADN-

DAPI est excité avec une lumière d’une longueur d’onde comprise entre 330 et 380 nm il fluoresce

dans le bleu. Le DAPI fixé sur du matériel non ADN peut fluorescer en jaune pâle. Cette méthode

améliore la visualisation des bactéries et leur distinction des cyanobactéries de taille inférieure à 1

µm (Porter & Feig, 1980). Se reporter à l’annexe 3 pour le principe de la microscopie à

épifluorescence.

Protocole

On filtre (< 10 mm Hg) 10 ml d’échantillon, fixé au formol (2 % final) immédiatement après le

prélèvement, sur une membrane en polycarbonate noire (Nuclepore) de porosité 0,2 µm. Lorsqu’il

reste environ 1 ml de l’échantillon dans la tourelle de filtration, le vide est rompu et on ajoute 4

gouttes de DAPI dilué. La coloration au DAPI dure 10 minutes à l’obscurité puis on reprends la

filtration jusqu’à ce que le filtre soit sec. Le filtre et le sous-filtre sont ensuite placés dans une boîte

de Pétri que l’on conserve à –20°C jusqu’au comptage.

Comptage

Les bactéries sont comptées au microscope à épifluorescence. Plus de 400 bactéries ont été

dénombrées sur au moins 20 champs pour obtenir un coefficient de variation de la moyenne par

champs d’environ 10%.

Calcul de la production bactérienne

66

101183191100)/10( ××××=

fT VcC

BmlBBactéries

Formule 5 – Calcul de l’abondance bactérienne

Avec :

BT : nombre total de bactéries comptées

C : nombre de carreaux par champs sur lesquels sont dénombrées les bactéries

c : nombre de champs comptés

Vf : volume filtré (ml)

18319 : nombre de champs de 100 carreaux sur un filtre de 25 mm

- 18 -

Matériel et méthodes

2.4. Eléments nutritifs 2.4.1 Ammonium

Principe

Le dosage des ions ammonium est fait par fluorimétrie. Pour cela, de l’OrthoPhtaldiAldehyde

(OPA) est ajouté dans chaque échantillon et forme avec l’ammonium un complexe mesurable par

fluorimètrie. Pour chaque série d’analyse, une gamme d’étalonnage complète est effectuée en début

et fin d’analyse. Un étalon interne est inséré tous les vingt échantillons pour vérifier qu’il n’y a pas

de dérive du signal.

Protocole

Quatre flacons de 40 ml sont remplis d’eau provenant des stations étudiées, 2ml de réactif OPA sont

ajoutés. Ils sont ensuite mis à incuber 6 heures à l’obscurité le temps que la réaction de

complexation se fasse entre les ions ammoniums et l’OPA. La fluorescence dans le flacon est

ensuite mesurée et convertie en concentration avec la relation établie grâce à la gamme

d’étalonnage.

2.4.2. Eléments nutritifs

Les mesures en nitrates, phosphates, et silicates ainsi que l’estimation de l’azote organique dissous

et du phosphore organique dissous ont été réalisées par le Laboratoire de Chimie Marine de l’IRD à

l’aide d’un Technicon selon une méthode colorimétrique.

2.5. Test-t sur populations hétéroscédastiques Le test de comparaison t considère deux populations normales de moyenne µ1 et µ2 et de variance

commune σ 2. Lorsque les variances s’avèrent inégales, il est préférable d’utiliser un test t modifié.

Ce test a été appliqué sur les données pour déterminer si les réponses aux enrichissements sont

significatives.

- 19 -

Résultats

3 RESULTATS - DISCUSSION 3.1 Cycles de 24 heures

3.1.1 Caractéristiques physico-chimiques des stations échantillonnées

Le tableau 1 présente les variables mesurées à t = 0 caractérisant l’eau échantillonnée en N12 et

M33. Les variables indicatrices de l’état trophique du milieu sont la chlorophylle a, la turbidité,

l’azote organique dissous, l’ammonium et le phosphore organique dissous. Quelles que soient les

variables, les concentrations sont plus importantes en N12 qu’en M33 d’un facteur 1,3 (ammonium)

à 4 (chlorophylle a). La température et la salinité sont équivalentes pour les deux stations.

Tableau 1 : conditions initiales en N12 (22/07/2003) et en M33 (31/07/2003).T: température (°C) moyenne à 3 m de profondeur. S : salinité (‰) moyenne à 3 m de profondeur. Chl.a : chlorophylle a (µg.l-1). Turb turbidité (FTU). NOD : azote organique dissous (µM). POD : phosphore organique dissous (µM). NH4

+ : ammonium (µM)

Station T S Chl a Turb NOD POD NH4+

N12 21,43 35,01 1,06 1,30 0,051 0,055 0,012

M33 21,25 35,30 0,23 0,50 0,023 0,019 0,009

3.1.2 Station N12

Réponse du bactérioplancton aux enrichissements •

A t = 5 heures (figure 9), le test-t ne montre pas de différence significative de la production

bactérienne entre le milieu enrichi et le témoin. La différence devient significative à partir de 15

heures d’incubation. La production bactérienne est alors 1,8 fois supérieure dans le milieu enrichi

que dans le témoin.

8494

4556

617 19

0

40

80

120

0 5 10 15 20 24heures

PB (p

M.h

-1)

Non EnrichiCNP

Figure 9 : production bactérienne PB (pM.h-1) en fonction du temps dans le témoin (non enrichi) et le milieu enrichi en carbone, azote et phosphore (CNP) pour la station N12. Les barres d’erreur représentent l’écart type

- 20 -

Résultats

L’abondance bactérienne dans le témoin après 24 heures d’incubation est peu différente de celle

mesurée à t = 0 (tableau 2). Dans le milieu enrichi, on observe une augmentation de l’abondance

bactérienne de 28 %. Tableau 2 : Abondance bactérienne AB (106 cell.ml-1) pour la station N12 à t =0 et t= 24 heures dans le milieu témoin et le milieu enrichi en CNP (carbone, azote et phosphore)

AB

t = 0

AB

t= 24 heures

Milieu Témoin 0.99 0.96

Milieu CNP

0.99

1.27

La concentration en NH4+ ajoutée dans le flacon enrichi est de 1 µM : la concentration initiale en

NH4+ est donc de 1,012 µM dans ce milieu. La concentration en NH4

+ au bout de 24 heures

d’incubation, est de 0.037 µM dans le milieu enrichi et 0,057 µM dans le témoin.

Réponse du phytoplancton aux enrichissements •

Dès 5 heures d’incubation, la production primaire instantanée (figure 10a) dans le

milieu enrichi en NP est deux fois plus importante que dans le témoin. A partir de 20

heures d’incubation, la production primaire instantanée dans le milieu enrichi est trois

fois plus importante que dans le témoin. La production primaire cumulée (figure 10b)

est aussi trois fois plus forte dans le milieu enrichi que dans le témoin, celui-ci ayant

peu varié depuis le début de l’incubation.

- 21 -

Résultats

3,7

1 ,31,7

6 ,4

3 ,84 ,3

0

2

4

6

5 10 15 20 24 he u re s

PP (µ

gC.l-

1.h-1

)

n o n en r ich i

N P

1925

32

77

0

30

60

90

5 10 15 20 24 heures

PP (µ

gC.l-1

)

non enrichi

NP

b

a

Figure 10: (a) production primaire instantanée PP (µgC.l-1.h-1); (b) production primaire cumulée PP (µgC.l-1.h-1) en fonction du temps dans les témoins (non enrichi) et les milieux enrichis en azote et phosphore (NP) pour la station N12

3.1.3 Station M33

• Réponse du bactérioplancton aux enrichissements

La figure 11 représente la production bactérienne dans les milieux témoin et enrichis en CNP au

cours du temps pour la station M33. Le test-t ne montre pas de différence significative entre le

témoin et l’enrichi jusqu’à t=10 heures. A partir de 15 heures d’incubation la différence est

significative jusqu’à la fin de l’expérience. L’activité dans le témoin reste faible en comparaison de

celle des flacons enrichis. A t = 20 heures, la production bactérienne dans le témoin représente 9%

de celle dans le milieu CNP. La production bactérienne décroît dans le milieu enrichi après 24

heures, ce qui pourrait être dû à la consommation totale des nutriments du milieu. Ce qui est

confirmée par la concentration en ions ammonium proche de zéro dans le milieu enrichi au bout de

24 heures d’incubation.

- 22 -

Résultats

157

66

2414

0

40

80

120

160

0 5 10 15 20 24

heures

PB (p

M.h

-1) CNP

Enrichi

Figure 11 : production bactérienne PB (pM.h-1) en fonction du temps dans le témoin (non enrichi) et le milieu enrichi en carbone, azote et phosphore (CNP) pour la station M33. Les barres d’erreur représentent l’écart-type

L’abondance bactérienne (tableau 3) dans le milieu témoin et le milieu enrichi en CNP augmente

de 40% entre le début et la fin de l’incubation (t = 24 heures). Tableau 3 : Abondance bactérienne AB (106 cell.ml-1) pour la station M33 à t = 0 et t = 24 heures pour le milieu témoin et le milieu enrichi en CNP (carbone, azote et phosphore)

AB

t = 0

AB

t= 24 heures

Milieu Témoin 0.46 0.64

Milieu CNP

0.46

0.65

Réponse du phytoplancton aux enrichissements •

Pendant les 20 premières heures d’incubation, aucune différence nette n’est observée entre le

témoin et le milieu enrichi (figure 12): la valeur de la production primaire instantanée est

d’environ 2 µgC.l-1.h-1 durant toute cette période. En revanche, la mesure effectuée au terme de 24

heures d’incubation montre une réponse nette de l’activité phytoplanctonique à l’addition en

nutriments par rapport au témoin.

- 23 -

Résultats

0,9

2,2

0

1

2

3

5 10 15 20 24 heures

PP (µ

gC.l-1

.h-1

)

non enrichiNP

Figure 12 : production primaire instantanée PP (µgC.l-1.h-1) en fonction du temps dans les témoins (non enrichi) et les milieux enrichis en azote et phosphore (NP) pour la station M33

3.1.4 Mise en place du protocole

L’étude vise à mettre en place un protocole de mesure de la réponse des différents compartiments

planctoniques à un apport en nutriments, en déterminant le temps d’incubation minimal pour limiter

les biais liés au confinement.

• Choix des stations

La mise en place de ce protocole nécessitait le choix de deux stations aux caractéristiques

trophiques contrastées. Les teneurs (tableau1) en matière organiques et inorganiques des stations

choisies confirment le choix de la station N12 comme site eutrophe et M33 comme site plus

oligotrophe. La turbidité qui, selon Cotner et al, 2000, permet la définition de l’état trophique d’un

site, confirme ce classement. En effet, elle est de 0,50 FTU en M33 et de 1,30 FTU en N12 (tableau

1).

Les mesures des teneurs en éléments nutritifs, de la turbidité et de la chlorophylle a visent à mettre

en évidence le choix stratégique qui porte sur la nature trophique des stations. Le protocole de

mesure testé doit pouvoir être appliqué à différents sites du Lagon. L’étude cible donc une large

gamme de réseaux trophiques. Les variations des valeurs des facteurs rendant compte de l’état

d’eutrophisation d’un milieu permettent de conclure que le gradient trophique existe donc bien entre

les stations N12 et M33.

La température et la salinité sont peu différentes entre N12 et M33. Ainsi, ces paramètres

n’influencent donc pas les mesures de l’activité des bactéries et du phytoplancton dans le cadre de

notre étude.

- 24 -

Résultats

Choix du temps d’incubation

Dans le compartiment bactérien, une réponse significative à l’addition de nutriments apparaît à

partir de 15 heures d’incubation pour les stations N12 et M33. L’abondance bactérienne a été

contrôlée afin de vérifier que l’augmentation d’activité était bien liée à l’apport en nutriment plutôt

qu’à un développement cellulaire lié à l’expérimentation (ex : confinement). En M33, le témoin et

le milieu enrichi ne présentent pas de différences d’abondance en fin d’incubation. En N12,

l’abondance bactérienne dans le milieu enrichi augmente de 28 % après 24 heures d’incubation

alors que dans le témoin elle reste inchangée. Cette augmentation reste tout de fois insignifiante en

comparaison de celle de la production bactérienne (1500% d’augmentation par rapport à t = 0).

L’eau prélevée en n’a été ni filtrée ni diluée selon la méthode de Landry (1995) afin d’éliminer les

prédateurs (Landry & al, 1995 ; Cotner & al, 2000 ; Lebaron & al, 2000). Ainsi, l’augmentation de

l’abondance bactérienne dans les milieux enrichis pour N12 et M33 a favorisé la croissance des

prédateurs, d’où une intensification du grazing (Joint & al, 2002). L’abondance bactérienne est donc

sujet à un contrôle top-down.

Les 15 heures d’incubation ont donc été retenues pour le protocole de mesures de la réponse du

compartiment bactérien aux enrichissements. Ce temps d’incubation est testé lors de la phase de

validation du protocole.

Dans le compartiment phytoplanctonique, une réponse significative et suffisante apparaît au bout de

20 heures pour la station N12 et 24 heures pour la station M33. Ainsi, Le temps d’incubation retenu

pour l’étude de la communauté phytoplanctonique est 24 heures, il est testé lors de la phase de

validation du protocole.

3.2 Test de validation 3.2.1 Caractéristiques physico-chimiques des stations échantillonnées

La turbidité, la concentration en chlorophylle a et en ammonium sont plus importantes en N12

qu’en M33 d’un facteur compris entre 2,6 (chlorophylle a) et 4,5 (ammonium). On observe

également que ces variables sont plus fortes en N04 qu’en N12. En N04, la chlorophylle a est 1,4

fois supérieure qu’en N12 ; la turbidité, 1,7 fois ; et la concentration en NH4+, 4,5 fois. En M33, la

chlorophylle a et la turbidité sont en moyenne 4,2 fois inférieures et l’ammonium est 20,5 fois

inférieur qu’en N04. Par contre, la salinité et la température ne varient pas entre les trois stations.

- 25 -

Résultats

Tableau 4 : conditions initiales en N12 (05/08/2003 et 07/08/2003), en M33 (07/08/2003) et en N04 (12/08/03) T: température (°C) moyenne à 3 m de profondeur. S : salinité (‰) moyenne à 3 m de profondeur. Chl a : chlorophylle a (µg.l-1). Turb: turbidité (FTU) . NOD : azote organique dissous (µM). POD : phosphore organique dissous (µM). NH4

+ : ammonium (µM)

Station T S Chl a Turb NH4

+

N12 (07/08/2003) 21,18 35,24 1,22

M33 35,48 0,25 0,42 0,022

N04 20,96 35,33 0,92 1,96 0,45

3.2.2 Validation sur la station N12

Réponse du bactérioplancton aux enrichissements •

La figure 13 présente la production bactérienne à t= 0 et t= 15 heures dans les différents milieux :

le témoin, enrichis en carbone, azote et phosphore, en azote, en phosphore et en azote et phosphore.

A t = 15 heures, la production bactérienne a augmenté de 142 % par rapport à t = 0 dans le témoin.

La production bactérienne dans les milieux N, P et NP n’est pas significativement différente de la

production bactérienne dans le témoin. Seul le milieu CNP montre une augmentation significative

de la production bactérienne par rapport au témoin au terme de l’incubation : la production

bactérienne est 5,9 fois supérieure à celle observée dans le témoin et dans les enrichissements.

1946

270

52 50 52

0

60

120

180

240

300

non enrichi CNP N P NP

PB (p

M.h

-1)

0 heures15 heures

Figure 13: production bactérienne PB (pM.h-1) à t= 0 et t = 15 heures pour la station N12 dans les milieux non enrichi

(témoin), et CNP (carbone, azote et phosphore), N (azote), P (phosphore) et NP (azote et phosphore). Les barres

d’erreur représentent l’écart-type

L’abondance bactérienne est mesurée uniquement dans le milieu CNP après 15 heures

d’incubation. Le but est de vérifier que l’augmentation de la production bactérienne n’est pas liée à

une augmentation de la population bactérienne mais à une stimulation de l’activité bactérienne.

Comme le milieu CNP est celui qui montre la réponse la plus significative à l’apport en nutriments

- 26 -

Résultats

par rapport au témoin et aux milieux N, P et NP, il est plus facile de comparer les variations de

l’activité bactérienne et celles de l’abondance bactérienne entre le milieu CNP et le témoin.

L’abondance bactérienne augmente de 45 % entre t = 0 et t = 15 heures dans le milieu CNP.

(tableau 5) Tableau 5 : Abondance bactérienne AB (106 cell.ml-1) pour la station N12 à t =0 et t= 15 heures dans le milieu enrichi CNP (carbone, azote et phosphore)

Milie

• Réponse du phytoplancton

La production primaire des

l’activité du phytoplancton com

montre que cette augmentation

le milieu enrichi N, la produc

milieu enrichi P mais cet écart

pas de conclure à une différen

enrichis, N et P.

1,66

0

1

2

3

4

non enrichi

PP (µ

gC.l-

1.h-

1)

Figure 14 : production primaire insta(azote), P (phosphore), NP (azote et p

Remarque: Les résultats obte

significative à l’addition en CN

alors été remplacé par un milie

si le carbone seul suffit à sti

d’azote et de phosphore en plus

AB

t=0

AB

t=24 heures

u CNP 0,86 1,25

aux enrichissements

milieux enrichis en N, P et NP montre une faible augmentation de

parée à celle mesurée dans le témoin (figure 14). Cependant un test t

est significative dans les milieux N et P par rapport au témoin. Dans

tion primaire instantanée est plus importante de 11% que dans le

n’est pas significatif. Par contre, dans le milieu NP, le test ne permet

ce significative de l’activité bactérienne par rapport aux milieux non

2,752,47

2,69

N P NP

ntanée PP (µgC.l-1.h-1) à t = 24 heures dans les milieux non enrichis (témoin), N hosphore) pour la station N12. Les barres d’erreur représentent l’écart-type

nus en N12 pour la production bactérienne montrent une réponse

P par rapport au témoin et aux milieux N, NP et P. Le milieu NP a

u enrichi en C (sous forme de glucose). L’objectif est de déterminer

muler significativement la production bactérienne ou si l’addition

du carbone est nécessaire.

- 27 -

Résultats

3.2.3 Validation sur la station M33

• Réponse du bactérioplancton aux enrichissements

Comme pour N12, pour la production bactérienne, aucune réponse significative n’est observée

dans les milieux N et P par rapport au témoin (figure 15). On observe une importante augmentation

de l’activité du compartiment bactérien en réponse à l’addition en glucose uniquement (milieu C) à

t = 15 heures: 800 % d’augmentation par rapport à t = 0. Dans ce milieu, la production bactérienne

est significativement plus élevée d’un facteur 3,3 par rapport le témoin et aux milieux N et P au

même temps. Le milieu CNP montre une croissance plus forte de la production bactérienne à t = 15

heures que le milieu C avec une augmentation de 4250 % par rapport à t = 0, ce qui est 16 fois

supérieur à l’augmentation de la production bactérienne dans le témoin au même temps.

4 11

174

11 13

36

0

60

120

180

non enrichi CNP N P C

PB (p

M.h

-1)

0 heures15 heures

Figure 15: production bactérienne PB (pM.h-1) à t= 0 et t = 15 heures pour la station M33 dans les milieux non enrichi (témoin), CNP (carbone, azote et phosphore), N (azote), P (phosphore) et C (carbone). Les barres d’erreur représentent l’écart-type

L’abondance bactérienne n’augmente que de 2,2 % entre le moment initial et le moment final de

mise en incubation dans le milieu CNP (tableau 6). Tableau 6 : Abondance bactérienne AB (106 cell.ml-1) pour la station M33 à t =0 et t= 15 heures dans le milieu

enrichi CNP (carbone, azote et phosphore)

AB

t=0

AB

t=24 heures

Milieu CNP 0,49 0,50

- 28 -

Résultats

• Réponse du phytoplancton aux enrichissements

La production primaire dans les milieux enrichis N et P est significativement plus importante que

la production primaire instantanée dans le témoin après 24 heures d’incubation (figure 16). La

production primaire instantanée dans le témoin représente 67 % de celle dans le milieu N, 86 % de

celle dans le milieu P. Le test t montre également une différence de la production primaire

significative de 22 % favorable au milieu N par rapport au milieu P. En revanche, il ne montre

aucun écart significatif entre l’activité phytoplanctonique dans le milieu NP par rapport aux milieux

enrichis N et P et le témoin.

0,25

0,37

0,29

0,32

0,0

0,1

0,2

0,3

0,4

non enrichi N P NP

PP (µ

gC.l-

1.h-

1)

Figure 16 : production primaire instantanée PP (µgC.l-1.h-1) à t = 24 heures dans les milieux non enrichis (témoin), N (azote), P (phosphore), NP (azote et phosphore) pour la station M33. Les barres d’erreur représentent l’écart-type

- 29 -

Résultats

3.2.4 Validation sur la station N04

• Réponse du bactérioplancton aux enrichissements

Après 15 heures d’incubation, la production bactérienne a augmenté d’un facteur 3,3 dans le

témoin entre t = 0 et t = 15 heures (figure 17). Aucune réponse à l’apport en nutriments par rapport

au témoin n’est observée dans le milieu N. En revanche, l’apport de phosphore engendre une

augmentation significative de la production bactérienne 2,6 fois supérieure à celle observée dans le

témoin. On observe également une importante croissance de l’activité bactérienne par rapport au

témoin dans le milieu C avec une production bactérienne représentant 573 % de celle dans le

témoin. Cependant les augmentations dans les milieux C et P sont significativement moins

importantes que dans le milieu CNP, où la production bactérienne a augmenté de 3700 % en 15

heures, ce qui est 11,4 fois plus élevé que la production bactérienne dans le témoin au même temps.

1240

456

39

103

229

0

100

200

300

400

500

non enrichi CNP N P C

PB (p

M.h

-1)

0 heures15 heures

Figure 17: production bactérienne PB (pM.h-1) à t= 0 et t = 15 heures pour la station N04 dans les milieux non enrichi (témoin), CNP (carbone, azote et phosphore), N (azote), P (phosphore) et C (carbone). Les barres d’erreur représentent l’écart-type

L’abondance bactérienne croît de 43,5 % entre le moment initial et le moment final de mise en

incubation dans le milieu CNP (tableau 7). Tableau 7 : Abondance bactérienne AB (106 cell.ml-1) pour la station N04 à t =0 et t= 15 heures dans le milieu

enrichi CNP (carbone, azote et phosphore)

Milie

La teneur en ammonium es

est de 0,482 µM. Dans le m

0,012 µM à la fin de l’incub

bactéries hétérotrophes dont

AB

t=0

AB

t=24 heures

u CNP 0,51 0,73

t de 0,45 µM dans le témoin à t = 0. Après 15 heures d’incubation, elle

ilieu CNP, la concentration initiale en ammonium est de 1,45 µM et de

ation, mettant en évidence la consommation des ions ammonium par les

l’activité est stimulée par l’ajout de nutriments.

- 30 -

Résultats

• Réponse du phytoplancton aux enrichissements

La production primaire n’est pas stimulée significativement par l’addition en azote, en phosphore,

et en azote et phosphore par rapport au témoin (figure 18). A t = 24 heures, dans le témoin,

l’activité phytoplanctonique représente 80 % de celle dans le milieu N, 86 % de celle dans le milieu

P et (82 ± 12) % de celle dans le milieu NP. De plus, aucune différence significative n’est observée

entre les trois milieux d’enrichissement.

4,28

5,305,20

4,99

0,0

2,0

4,0

6,0

non enrichi N P NP

PP (µ

gC.l-1

.h-1

)

Figure 18 : production primaire instantanée PP (µgC.l-1.h-1) à t = 24 heures dans les milieux non enrichis (témoin), N (azote), P (phosphore), NP (azote et phosphore) pour la station N04. Les barres d’erreur représentent l’écart-type

3.2.5 Choix des stations de mesures

Les tests ont été effectués sur les stations N12, M33 car présentent des caractéristiques contrastées

comme montré dans le paragraphe 3.1.4, les concentrations mesurées lors des échantillonnages pour

les tests confirment cette différence. Pour tester le protocole sur une gamme trophique plus étendue

nous avons choisi une station d’échantillonnage supplémentaire N04 (cf. figure 3). Les variables

rendant compte de l’état d’eutrophisation du milieu (turbidité, chlorophylle a, ammonium) sont plus

élevées en N04 qu’en N12, mettant en évidence la nature plus eutrophe de N04 comparée à N12

(tableau 4). Par exemple, la turbidité est de 1,22 FTU en N12 et de 1,96 FTU en N04. Le choix de

N04 comme station de mesure permet donc d’élargir le gradient trophique entre les stations sur

lesquelles le protocole est testé pour sa validation.

3.2.6 Vérification des temps d’incubation

Quelle que soit la communauté planctonique, les résultats obtenus par les tests de validation pour

N12, M33 et N04 ont montré des réponses significatives à certains enrichissements aux temps

d’incubation établis à l’issue des cycles de mesures de 24 heures : 15 heures pour le

bactérioplancton et 24 heures pour le phytoplancton. A travers ces résultats, on a pu mettre en

évidence que les réponses à l’addition en nutriments sont mesurables pour les temps d’incubation

choisis.

- 31 -

Résultats

On observe également des réponses aux apports nutritifs significatives par rapport au témoin pour

N04 au niveau de la population bactérienne. En revanche, pour cette même station, l’addition de

nutriments ne stimule pas l’activité phytoplanctonique. En raison des fortes concentrations en

éléments nutritifs en N04 et de l’exposition du milieu à la lumière pendant 24 heures, la production

primaire dans le témoin à t = 24 heures (figure 18) est considérablement favorisée. Le temps

d’incubation semble dans ce cas trop long. Cependant, N04 est une station de fond de baie (baie de

Sainte-Marie), recevant beaucoup d’apports d’origine anthropique (eaux usées non traitées de

Nouméa) et il y a peu de stations similaires en terme de richesse trophique d’après les données

existant au sein de l’UR CAMELIA : les mesures porteront donc essentiellement sur des stations

moins eutrophes. Les réponses à l’addition de nutriments observées permettent donc de valider les

temps d’incubation fixés pour l’utilisation du protocole.

3.2.7 Nutriments limitants

Les tests de validation ont permis de montrer les limitations nutritives dans le Lagon. Quelle que

soit la station étudiée, les résultats obtenus pour la production bactérienne montrent que ni l’azote ni

le phosphore ne sont limitants dans les conditions rencontrées. Par contre, l’addition de carbone a

largement favorisé l’activité bactérienne. L’augmentation de la production bactérienne stimulée par

le carbone s’accompagne d’un besoin croissant en nutriments inorganiques (Joint & al, 2002). La

production bactérienne est donc plus forte lorsque aucun nutriment est limitant (Carlson & al,

2002). Cela est confirmé par l’augmentation significative de la production bactérienne dans le

milieu CNP par rapport aux autres milieux enrichis et au témoin. Les expériences menées par Déliat

en octobre 1998 montrent que la concentration moyenne de carbone dissous dans le Lagon s’élève à

77 ± 5µM et que 16 ± 3 % de ce COD est labile, soit 13 µM de COD dégradable disponible pour les

bactéries hétérotrophes. On apporte 6,625 µM de carbone labile au milieu, soit seulement la moitié

de la quantité déjà disponible dans les eaux prélevées. On peut émettre l’hypothèse que la

proportion de COD labile serait peut-être plus faible au moment de notre étude (juillet-août) que

celle estimée par Déliat. Cela nous amène à nous poser la question de la variabilité saisonnière des

limitations nutritives dans le Lagon. Selon la saison, des limitations nutritives existeraient dans le

Lagon et seraient de nature différentes. Dans notre cas, le carbone est limitant pour la production

bactérienne. Or, les expériences menées sur le Lagon par Jean-Pascal Torréton en novembre 2000

montrent une limitation par l’azote. L’étude des relations in situ entre variables du compartiment

planctoniques d‘une part et les nutriments d’autre part montre aussi l’aspect limitant de l’azote

organique dissous dans le Lagon (Jacquet, 2001). Ces deux études désignent donc l’azote comme

facteur limitant des activités du plancton. Cela montrerait donc la possibilité d’une limitation

saisonnière…

- 32 -

Résultats

Les mesures sur la production primaire montrent une augmentation de l’activité phytoplanctonique

en réponse à l’apport en azote et en phosphore par rapport au témoin pour les stations N12 et M33.

Cela indique une limitation en azote et en phosphore. Il existe aussi peut-être une limitation en

carbone, mais la mesure de la production primaire se faisant par incorporation de 14C-bicarbonate,

cela n’a pas pu être vérifié. Ces résultats rejoignent ceux de Torréton et Jacquet en terme de limite

nutritive pour l’azote. Ils montrent également une limitation nutritive en phosphore et permettent de

soutenir l’idée d’une éventuelle limitation saisonnière.

- 33 -

Conclusion

4 Conclusion

Le stage avait pour objectif de mettre en place un protocole de mesures des réponses des

communautés planctoniques à l’addition en nutriments, en déterminant le temps d’incubation

minimal pour limiter les biais liés au confinement. A partir d’eau provenant de deux sites présentant

un gradient trophique (une station oligotrophe et une station eutrophe), les activités des bactéries

hétérotrophes et du phytoplancton de milieux enrichis en nutriments (carbone, azote, phosphore) ont

été mesurées pendant des cycles de 24 heures. Une fois le temps d’incubation minimal fixé, la suite

du stage a consisté à appliquer ce protocole sous la forme de test de validation sur les deux stations

d’échantillonnage déjà considérées et sur une troisième présentant un caractère plus eutrophe. Cette

deuxième étape a permis de vérifier que le protocole est applicable à des sites ayant des

caractéristiques trophiques contrastées.

Pour le compartiment bactérioplanctonique, 250 µl de solutions de nutriments sont ajoutés aux eaux

prélevées dans des flacons de 500ml. Pour le compartiment phytoplanctonique, 250 µl de solutions

de nutriments sont ajoutés aux eaux prélevées dans des flacons de 76 ml puis placés sous une

lumière constante 200 µE.m-2.s-1. Les flacons sont placés à température in situ.

Dans ces conditions expérimentales, les temps d’incubation utilisés sont les suivants :

• Pour l’étude du bactérioplancton : 15 heures

• Pour l’étude du phytoplancton : 24 heures

Suite à la validation du protocole, la réponse des communautés planctoniques à l’addition de

nutriments sera analysée à une échelle temporelle avec la mise en place d’un suivi saisonnier

bimensuel en M33, dans le cadre de la thèse de Séverine Jacquet, afin de voir s’il existe une

saisonnalité dans la limitation nutritive.

Le choix de la station d’échantillonnage s’est porté sur M33 en raison de sa nature oligotrophe.

M33 n’est pas sous l’influence des apports nutritifs d’origine anthropique et terrigène. Elle semble

donc bien adaptée pour l’étude du fonctionnement du lagon, contrairement à N12 qui, étant

eutrophe, ne subit pas de limitation au niveau du phytoplancton

Sur le plan personnel, ce stage m’a permis de m’initier au monde de la recherche. Cela m’a offert

une vision plus concrète de manières dont sont menées les études et des contraintes auxquelles les

chercheurs doivent faire face : temps, utilisation du matériel (éviter tout gaspillage), commandes. Le

temps a d’ailleurs été un paramètre très important au cours de ce stage : deux mois m’ont semblé un

peu courts pour pouvoir apprendre des techniques de mesures et mettre en place le protocole de

façon la plus rigoureuse possible (un seul cycle de mesure et un seul test de validation pour chaque

station ont pu être réalisés). Il serait donc préférable de prévoir des stages plus longs. En revanche,

- 34 -

Conclusion

les efforts de communication entre les différents « acteurs » de l’UR CAMELIA (réunions pour la

répartition du matériel et s’informer sur l’évolution des études de chacun) permettent une bonne

coordination des différents laboratoires et m’ont donné un bon aperçu du travail en équipe.

- 35 -

Annexes

BIBLIOGRAPHIE

Craig A. (2002) Effect of nutrient amendments on bacterioplankton production, community structure, and DOC utilization in the North western Sargasso Sea. Aquat Microb Ecol 30: 19-36 Cotner J.B (2000) Nutrient Limitation of Heterotrophic Bacteria in Florida Bay. Estuaries 23 : 611-620 Déliat G(1998) La matière organique dissoute des zones côtières : Sources, Distribution et Biodégradabilité. Rapport de thèse de Doctorat Spécialité Océanographie, de l’Université Paris VI Douillet P (1998) Tidal dynamics of the south-west lagoon of New Caledonia: observations and 2Dnumératical modelling. Oceanol. Acta. 21 : 69-79 Eilers H (2000) Succession of pelagic marine bacteria during enrichment : a close look at cultivation-induced shifts. Applied and Environmental Microbiology 66 : 4634-4640 Fisher T. R (1992) Nutrient limitation of phytoplankton in Chesapeake Bay. Mar Ecol. Prog. Ser. 82 : 51-63 Hein M, B R (1995) Nutrient limitation of phytoplankton biomass or growth rate: an experimental approach using marine enclosures. Journal of Experimental Marine Biology and Ecology 188:167-180 Henriksen P (2002) Effects of nutrient-limitation and irradiance on marine phytoplankton pigments. J. Plankton Res. 24: 835-858 Holmboe (1999) Nutrient addition bioassays as indicators of nutrient limitation of phytoplankton in an eutrophic estuary. Mar Ecol Prog Ser. 186 : 95-104 Jacquet S (2001) Importance comparée des biomasses et des productions bactérienne et primaire planctoniques et leurs relations avec les variables physico-chimiques dans le Lagon Sud Ouest de Nouvelle Calédonie. Rapport de stage de DEA Environnement marin et biogéochimie, Université Pierre et Marie Curie – Paris VI Joint I (2002) Competition for inorganic nutrients between phytoplankton and bacterioplankton in nutrient manipulated mesocosms. Aquatic Microbial Ecology 29:145-159 Kirchman (2001) Microbial Ecology of the Oceans. Landry M.R (1995) A Refined dilution technique for measuring the community grazing impact of microzooplankton, with experimental tests in the central equatorial Pacific. Marine Ecology Progress Series. 120 : 53-63 Lebaron P (2001) Microbial community dynamics in Mediterranean nutrient-enriched seawater mesocosm: changes in abundance, activity and composition. FEMS Microbiology Ecology. 34 : 255-266 Legendre L., Rassoulzadegan F. (1995) Plankton and nutrients dynamics in marine waters. Ophelia 41 : 153-172

- 36 -

Annexes

Annexes

Annexe 1 - Solutions Mère utilisées pour les enrichissements

Solution CNP :

V = 50 ml d’EMQ

5,35 mg de NH4Cl, M = 53.49 g.mol-1

0,88 mg de HNa2O2P, M =141,96 g.mol-1

19,9 mg de glucose, M = 180.2 g.mol-1

Solution NP :

V= 50 ml d’EMQ

5,35 mg de NH4Cl, M = 53.49 g.mol-1

0,88 mg de HNa2O2P, M =141,96 g.mol-1

Solution N :

V= 50 ml d’EMQ

5,35 mg de NH4Cl, M = 53.49 g.mol-1

Solution P :

V= 50 ml d’EMQ

0,88 mg de HNa2O2P, M =141,96 g.mol-1

Solution C :

V = 50 ml d’EMQ

19,9 mg de glucose, M = 180.2 g.mol-1

- 37 -

Annexes

Annexe 2 - Techniques de mesures des productions primaire et bactérienne

On a recours au marquage par des isotopes radioactifs puis au comptage par scintillation au cours de

l’étude afin d’estimer la production bactérienne et la production primaire dans les différents milieux

étudiés.

Marquage par un isotope radioactif

Les techniques de détection des activités bactério- et phytoplanctoniques reposent sur le même

principe : il existe une entité ayant la propriété de se fixer de façon plus ou moins spécifique à ce

qu'on cherche à mettre en évidence. L’objectif reste de fixer un marqueur, c'est à dire, un élément

qui va rendre visible ces molécules biologiques au matériel (microscope, scintillateur) dont dispose

l’expérimentateur. Les marqueurs sont divers(molécule colorée ou fluorescente, atome radioactif,

métaux lourds, enzyme) et permettent de suivre l’évolution de la teneur d’une espèce chimique, une

particule, sans en perturber le comportement physique, chimique et biologique. Au cours des

expériences, pour la production bactérienne, on utilise 3H-thymidine pour pouvoir suivre la

production d’ADN. On peut également estimer la production bactérienne avec 14C-leucine (Joint &

al, 2002), incorporé pour la production de protéines, dont celles des cyanobactéries non recherchées

dans notre cas. Pour la production primaire, on utilise 14C-bicarbonate qui permet de suivre la

photosynthèse.

Il s’agit de techniques très sensibles et les productions primaire et bactériennes constituent ainsi des

variables très représentatives du degré trophique d’un milieu.

Comptage par scintillation

On peut dénombrer le nombre de molécules radioactives en mesurant la quantité de leur produit de

décomposition. En biochimie, on se sert principalement de la mesure des particules par scintillation

en milieu liquide.

Principe

Lorsque les radio-isotopes se désintègrent, ils émettent des particules d'un niveau d'énergie moyen.

Ces particules, et éventuellement leur niveau d'énergie, peuvent facilement être mesurées. Les

mesure des particules fournissent des valeurs en "coups par minute" ou CPM, plus faible que le

nombre réel de désintégrations, c’est-à-dire, « désintégrations par minute » ou DPM. Le procédé ne

décèle donc qu'une partie des décompositions, et la proportion dépend de l'efficacité du processus

de détection, d’où la relation : CPM = DPM x eff

- 38 -

Annexes

Le comptage en milieu liquide est employé pour mesurer la quantité d'émetteurs dans un

échantillon. Pour se faire, on place l'échantillon à mesurer dans une fiole avec un liquide à

scintillation. On récolte l’échantillon sur un filtre, ce qui permet de retenir les macromolécules tout

en éliminant les précurseurs radioactifs de petites tailles (acides aminés, nucléotides, etc.).

Méthodologie et appareillage

- Le liquide à scintillation

Dans la scintillation en milieu liquide, on mesure la quantité de photons émis dans un mélange

scintillant suite à une décomposition radioactive. Le liquide à scintillation contient trois

composantes de base intervenant dans le phénomène de scintillation: un solvant organique, capable

d'absorber des radiations β et d'émettre des photons, un scintillant primaire et un scintillant

secondaire. Le solvant organique joue deux rôles: il solubilise les scintillants primaires et

secondaires ; il capte l'énergie émise par les particules β.

Une décomposition d'un radio-isotope provoque l'émission de particules de différents niveaux

d'énergie. Les particules β entrent en collision avec un certain nombre de molécules du solvant du

liquide à scintillation. Ces molécules de solvant vont alors être excitées. Un électron de la couche

périphérique de la molécule passe à un niveau d'énergie supérieur. Lors du retour de cet électron à

son état fondamental, il y aura émission d'énergie, sous forme de photons généralement assez

énergétiques. Les photons peuvent alors entrer en collision avec une molécule du scintillant

primaire et l'exciter, provoquant, lors du retour à l'état fondamental de ce dernier, la production d'un

photon d'énergie moins grande. Ce photon va à son tour exciter une molécule de scintillant

secondaire qui émettra un photon faiblement énergétique.

Pour procéder aux comptages pour la production primaire et la production bactérienne, le liquide à

scintillation utilisé est : Ultima Gold tm MV (Packard)

- Les fioles

Les fioles (10 ml) sont transparentes aux photons émis lors du processus de comptage. Il est

également important que le matériau des fioles ne contienne pas des radio-isotopes susceptibles

d’interférer avec le comptage. C’est pourquoi le verre ordinaire n’est pas préconisé, car il peut

renfermer du potassium-40, un émetteur β. On utilise donc surtout des fioles en plastique,

polyéthylène ou polypropylène.

- 39 -

Annexes

- Le compteur à scintillation

Le compteur à scintillation est muni d'un dispositif photosensible : deux cellules

photomultiplicatrices déclenchent une impulsion électrique à chaque fois que des photons atteignent

sa surface, à la suite des décompositions radioactives. Le nombre et l'intensité de ces signaux sont

enregistrés. Ces signaux peuvent être classifiés selon leur intensité ("pulse height analyzer") et

comptabilisés dans des canaux correspondant à divers niveaux d'énergie. Le nombre de ces

impulsions (coups) est enregistré sur une période plus ou moins longue de temps. Connaissant le

nombre de coups et le temps d'enregistrement, les circuits électroniques de l'appareil peuvent donc,

pour chaque échantillon, donner le nombre correspondant de CPM.

Le compteur se programme pour n'enregistrer que les décompositions radioactives d'un isotope

spécifique (14C ou 3H), c’est-à-dire, d'un niveau d'énergie correspondant à l'atome qu'on veut

compter.

Le compteur utilisé pour l’étude des productions primaire et bactérienne est le Tri-CarbTM liquid

Scintillation Analyser 1600 TR (Packard).

- Le problème du quenching

La mesure obtenue en CPM n'est pas forcément égale au nombre total de désintégrations par minute

(DPM), ni à leur niveau d'énergie réel, car le processus n’apparaît pas efficace à 100%. L'efficacité

est en effet empesée par le grand nombre d'étapes du processus. Elle dépend aussi du niveau

d'énergie des particules β, et de la fiabilité de la capture des photons par les cellules

photodétectrices.

De plus cette relative inefficacité peut être accrue par le quenching qui interagit avec le mécanisme

de conversion des particules β en photons décelables par les cellules photosensibles. Le masquage

peut occasionner un amoindrissement de la vague de photons, d’où une désintégration semblant

avoir un niveau énergétique inférieur à la réalité. Ce phénomène peut aller jusqu'à la disparition

complète du signal engendré par des émissions faibles, et donc diminue le compte obtenu.

- Détermination des DPM

La quantité de radioactivité est déduite à partir de l’équation: CPM = DPM x eff

On peut construire une courbe de quenching (quenching curve) qui donne l’efficacité en

pourcentage en fonction d'une mesure du quenching. Cette mesure dépend du modèle de compteur.

En faisant cette même mesure sur l'échantillon, on peut déduire son efficacité en pourcentage

d'après la courbe de masquage, puis avec le CPM obtenu, reconvertir en DPM.

- 40 -

Annexes

Annexe 3 - Microscopie à épifluorescence

On utilise cette technique pour évaluer l’abondance bactérienne. Elle est basée sur les qualités

fluorescentes de certains composés. Cette fluorescence peut avoir plusieurs origines :

elle peut être d’origine naturelle : pigments •

elle peut être induite par l’utilisation d'une substance fluorescente se fixant spécifiquement

sur une structure. On parle alors de test de type cytochimique.

on peut également introduire dans la cellule une substance non spécifique fluorescente

naturellement.

L’outil utilisé est le microscope à épifluorescence. Il s’agit d’un microscope photonique équipé de

deux lampes : une lampe ordinaire pour une observation classique par transmission et une lampe à

arc pour la fluorescence. Des filtres d'excitation permettent de choisir la longueur d'onde incidente

et des filtres d'émission permettent de sélectionner les radiations émises par l'entité excitée.

En effet, un tel microscope possède plusieurs jeux de filtres correspondant aux fluorochromes les

plus habituellement utilisés. Chaque jeu de filtres est constitué d'un filtre d'excitation, d'un miroir

dichroïque et d'un filtre d'émission. Les fluorochromes les plus classiques sont la rhodamine et ses

dérivés, la fluorescéine et ses dérivés et le DAPI (Di Aminido Phenyl lndol). Ils émettent

respectivement dans le rouge, le vert et le bleu.

Dans un premier temps, la fluorescence des composés est excitée par la lumière. La longueur

d’onde d'excitation désirée est sélectionnée grâce aux filtres. Après excitation, les composés

émettent une fluorescence qui permet la visualisation et le comptage des cellules.

Pour déterminer l’abondance bactérienne des échantillons de notre analyse, on se sert du DAPI :

Le DAPI se caractérise par sa propriété à se fixer spécifiquement sur l'ADN : excité à une longueur

d’onde de 372nm, il émet une fluorescence bleue ( 456nm).

Le microscope est doté d'un jeu de filtres correspondant aux caractéristiques du fluorochrome: un

filtre d'excitation permettant la sélection des radiations absorbées par le fluorochrome (environ

380nm) ; un miroir dichroïque réfléchissant les radiations absorbables vers l'échantillon et ne

laissant passer par transmission que les radiations bleues et au-dessus (ici >400nm) ; un filtre

d'émission ne laissant passer par transmission que les radiations bleues et au-dessus (>400nm).

On peut également distinguer au microscope à fluorescence les cyanobactéries des autres bactéries

car elles possèdent un pigment caractéristique, la phycoérythrine qui fluoresce en orange lorsqu’elle

est excitée dans le bleu, soit à une longueur d’onde de 500 nm

- 41 -

Résumé

Les effets des apports d’origine anthropique et terrigène sur le réseau trophique planctonique

du Lagon Sud-Ouest de Nouvelle-Calédonie sont étudiés selon plusieurs approches

complémentaires au sein de l’unité de recherche CAMELIA de l’IRD de Nouvelle-Calédonie.

Une d’elle vise à établir expérimentalement et à comparer les réponses à des additions en

éléments nutritifs des différentes communautés planctoniques dans différentes situations

trophiques allant de l’oligotrophie à l’eutrophie.

Réalisé dans le cadre de la thèse de S. Jacquet qui traite de « l’influence des apports en

nutriments sur le fonctionnement du réseau trophique microbien dans le Lagon Sud-Ouest de

Nouvelle-Calédonie », mon stage avait pour objectif la mise en place d’un protocole. Il

s’agissait de déterminer un temps d’incubation permettant d’avoir une réponse suffisante à

l’addition de nutriments des communautés planctoniques et limitant les biais liés au

confinement.

Testés sur des stations d’échantillonnage présentant un gradient trophique, les temps

d’incubation sont de 15 heures pour l’étude du bactérioplancton et de 24 heures pour l’étude

du phytoplancton dans nos conditions expérimentales,.

Ce travail aura pour suite la mise en place d’un suivi saisonnier de la réponse des

communautés planctoniques aux apports nutritifs sur une station oligotrophe du Lagon.