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Campus N° 75

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le divorceSanté et éthique:

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Université de Genève

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> Des chercheurs en bio-éthique montrent que l’abolition del’obligation de contracter pourrait avoir comme conséquenceune baisse de l’équité du système de santé suisse> Bertrand Kiefer, rédacteur en chef de la «Revue médicalesuisse» et membre du Conseil de l’Université de Genève,explique la démarche qui sous-tend la publication du«Manifeste des médecins» en octobre 2004> Spécialiste en analyse des systèmes de santé et membre du Groupe de médicométrie de l’Université, Martin Bernhardtmet en évidence la philosophie qui préside à la 3e révision de la LAMal

Dossier préparé par Vincent Monnet et Anton VosPhotographies: Olivier Vogelsang

le divorcehique:

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Juguler la hausse des coûts de la santé,tout le monde en rêve. Et personne n’aintérêt à ce que cela se fasse au détri-ment de l’équité du système de santé.Pourtant, c’est bien ce qui risque d’arri-ver si l’une des mesures préconisées parle Conseil fédéral dans son message du25 février 2004, à savoir la fin de l’obli-gation de contracter, est adoptée. Cetteloi oblige actuellement les assureurs àrembourser les prestations de tous lesmédecins qui ont obtenu un droit depratique. L’abroger autoriserait doncles compagnies d’assurances à refuserd’établir un contrat avec les praticiensqu’ils suspecteraient de dispenser dessoins inutilement onéreux. Avec unenuance toutefois: les cantons auraientle droit de fixer un nombre minimal depraticiens par spécialité qu’ils jugentnécessaire à leur population. Tant quece seuil ne sera pas atteint, les assu-reurs ne pourront pas user de leurliberté.Cette chasse aux «moutons noirs» chèreà Pascal Couchepin, responsable duDépartement fédéral de l’intérieur, estprésentée par ses promoteurs commeun frein à l’explosion des dépensesmédicales. Dans un article paru dans larevue Swiss Medical Weekly du 30 octobre2004, Samia Hurst, maître assistante, etAlex Mauron, professeur au sein del’Unité de recherche et d’enseignementen bioéthique, ont passé cette mesure á

La liberté de contracter, une mesure peu éthiqueUne équipe de chercheurs en bioéthique montre pourquoi l’abolition de l’obligation de contracter pourrait avoir comme conséquence une baisse de l’équité du système de santé suisse

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e mesure peu éthiqueLes neuf dimensions

La méthode des benchmarks of fairness (littérale-ment «pierre de touche de l’équité») permet demesurer les variations d’équité d’un systèmesocial de la manière la plus objective etrigoureuse possible. Elle a été développée auxEtats-Unis par Norman Daniels, de l’Universitéd’Harvard, et permet de standardiser les critèresles plus significatifs tels que l’accès aux soins,l’efficacité et l’équité du financement des soins,la liberté des patients et des médecins, etc. Pourchacun de ces domaines, les réformes envisagéespeuvent ensuite être évaluées grâce à une notecorrespondant à leur impact positif ou négatif(ici A pour une amélioration et W pour unedégradation de la situation,C équivalant àun statu quo).Dans l’étude genevoise, les chercheurs ontdécoupé le problème en neuf domaines et testé,pour chacun d’eux, la variation du niveau del’équité dans le cas où l’obligation de contracterest abolie. Le résultat, résumé dans le tableausuivant, indique que dans certaines catégories,

la situation pourrait, au mieux, ne pas changeret, au pire, se détériorer. Pour les autresdomaines, elle pourrait tout aussi bien se péjorerou s’améliorer, selon que le scénario soit opti-miste ou pessimiste.Exemple de raisonnement: L’un des domainesdéfinis par les chercheurs est le financement dela santé (5) – en Suisse cela concerne donc essen-tiellement l’impôt et les primes d’assurance. Cetaspect n’est pas visé par la mesure du Conseilfédéral. Dans le meilleur des cas, la situation nedevrait donc pas changer (C) par rapport à cequ’elle est aujourd’hui. En revanche, uneconséquence indirecte possible serait que cer-tains patients, souffrant de pathologies très coû-teuses en traitement, auront plus de peine qued’autres à trouver un médecin. Ce dernier pour-rait en effet craindre de perdre son contrat avecles caisses d’assurances s’il accepte trop depatients nécessitant des soins onéreux. Cettecatégorie de patients continuera à s’acquitter deses primes d’assurance comme avant, alors que

son choix de médecinssera restreint. Du pointde vue de la solidarité, ilspaieront tout autant pourle reste de la populationqu’avant, alors que le restede la population paieramoins pour eux. Ce quireprésente une dégrada-tion de l’équité (W).En tenant compte des neufdimensions, le scénariooptimiste récolte moins de A que le scénario pes-simiste ne collectionne de W. Ce qui permet de conclure qu’il existe unrisque réel de voir l’équitédu système de santé suissediminuer après l’introduc-tion de la liberté de contracter.

Scénario Scénariooptimiste pessimiste

1 > La santé publique A W

2 > Les barrières financières à l’équité d’accès aux soins C W

3 > Les barrières non financières à l’équité d’accès aux soins A W

4 > La complétude du paquet de soins disponibles pour tous C W

5 > L’équité du financement de la santé C W

6 > L’efficacité et la qualité des soins A W

7 > L’efficacité administrative C W

8 > Le regard démocratique sur le système de santé A W

9 > L’autonomie du patient et des soignants C W

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á au crible. Résultat: loin d’assurer unebaisse des coûts, la fin de l’obligation decontracter risque en revanche deréduire l’équité du système de santésuisse dans de nombreux domaines.

«Responsabiliser les patients»Dans son message, le Conseil fédéral nementionne que les conséquences écono-miques qu’une telle mesure pourraitentraîner. En gros, celle-ci devrait«conduire à une limitation, voire à uneréduction du nombre global de fournisseursde prestations» et «constituer un frein àl’augmentation constante des coûts à lacharge de l’assurance obligatoire des soins età l’augmentation des primes qui en résulte».Tout au plus, le rapport admet-il que lesassurés pourraient être contraints dechanger d’assureur pour continuerd’être suivis par leur médecin defamille, qui ne serait plus automatique-ment lié par contrat avec leur caissehabituelle. Il souligne toutefoisqu’ainsi, «les assurés seront tenus de com-parer la qualité et les coûts des diversesoffres, ce qui ne peut que les responsabiliserquant à leur façon de consommer des soins».Samia Hurst et Alex Mauron se sont pen-chés sur les conséquences éthiques d’untel changement. La méthode qu’ils ontemployée, développée aux Etats-Unis,s’appelle benchmarks of fairness. «Cettetechnique évalue de la manière la plus sys-tématique possible ce qui, sur le plan del’équité, se porte mieux ou moins bien aprèsune modification importante du système desanté», explique Samia Hurst. Selonleurs résultats, les différents domainesdéfinis par les chercheurs ne subiraient,au mieux, aucune variation. Mais, dansbien des cas, une péjoration est àcraindre (lire en page 17).

Questions ouvertesL’autre particularité du travail des éthi-ciens est de mettre en évidence un cer-tain nombre de problèmes engendréspar cette mesure et qui n’ont fait l’objetd’aucune réflexion, ni dans les milieuxéconomiques ou politiques, ni dans undébat public.Un des buts visés par l’abolition del’obligation de contracter est en effet detraquer les médecins trop chers. Maisqu’est-ce qu’un praticien «bon marché»?En Suisse, cela ne peut pas être celui qui

facture moins puisque les tarifs de tousles actes médicaux sont désormais fixéspar le système Tarmed. Il ne peut doncs’agir que d’un praticien qui effectuemoins d’examens inutiles – avec lerisque qu’il en fasse aussi moins d’utiles– ou de celui dont les patients sontmoins malades.Le hic, c’est qu’il existera toujours despatients qui seront chers, quel que soitleur médecin, en raison de la nature deleur pathologie. Du coup, ils devien-dront des «mauvais risques» non plusseulement pour les assureurs, ce qui estdéjà le cas, mais aussi pour les médecinscraignant de perdre leur contrat avec lescaisses. «On peut bien sûr partir du prin-cipe que les médecins ne tiendront pascompte de cet aspect et qu’ils accepteronttous les patients sans discrimination, rai-

sonne l’éthicienne. Mais cela s’oppose à undes buts visés par la mesure et qui est juste-ment que les médecins regardent à ladépense et diminuent autant que faire sepeut leur facture à la fin de l’année.»Malgré cette contradiction, la fin del’obligation de contracter peut encoregarder du sens si elle parvient à remplirun autre de ses objectifs: diminuer lenombre élevé de praticiens, accuséd’être responsable de la hausse descoûts de la santé. Seulement, pour y par-venir, les chercheurs genevois affirmentque les assureurs seront obligés de semettre d’accord. En effet, si elles ne seconcertent pas, certaines caisses établi-ront forcément des contrats avec desmédecins qui ont été refusés par desconcurrentes. Cela générera une struc-ture si compliquée qu’au final, elle aura

L’éthique, à quoi ça sert?«Quand on construit un système de santé, c’estpour de bonnes raisons, estime Samia Hurst, maîtreassistante à l’Unité de recherche et d’enseigne-ment en bioéthique. Il est impossible de prédire cequi va arriver en termes de santé à une seule per-sonne. En revanche, les besoins médicaux d’unepopulation entière sont plus prévisibles. On a doncintérêt à faire partie d’un collectif. On a tout autantintérêt à ne pas laisser trop de trous dans le sys-tème de santé. Si l’on défavorise les maladeschroniques parce qu’ils coûtent trop cher, les pau-vres parce qu’ils n’arrivent pas à s’assurer, cela pour-rait concerner n’importe qui un jour ou l’autre.Assurer un certain degré d’équité dans le système desanté, c’est finalement une démarche prudente.»L’éthique peut parfois même prendre le dessus surl’efficacité. L’exemple suivant, qui a fait l’objet d’é-tudes dans de nombreux pays, en apporte lapreuve. Une autorité de santé publique quel-conque a le choix entre deux tests de dépistage, leA et le B. Le premier, bon marché, sauvera 1000vies par an. Le second est nettement plus efficace,mais aussi plus cher. Dans les limites du budgetdisponible, les autorités ne pourraient l’adminis-trer qu’à la moitié de la population. Même ainsi, ilpermettra de sauver 1100 vies par an. Lequelchoisir? Si l’on ne considère que l’efficacité, c’est letest B qu’il faut adopter, puisqu’il sauve plus de

vies. Toutefois, la plupartdes personnes qui ont eu àréfléchir à ce problème ontchoisi le A, démontrant l’at-tachement des gens à ladimension éthique dansleur choix de société.Malgré cela, l’éthique, dansle débat public, est souventreléguée à une questiond’opinion. L’économie, aucontraire, forte de chiffreset de modèles compliqués,est considérée comme unescience. «Pourtant, on peuttraiter des questions devaleurs avec systématique etrigueur, souligne AlexMauron, professeur à l’Unitéde recherche et d’enseigne-ment en bioéthique. Cela nesignifie pas que l’éthiquedevient une science au sensusuel du terme, mais undomaine dans lequel larigueur intellectuelle a droitde cité.»

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peu de chances de diminuerle nombre de praticiens.Toutefois, désigner d’uncommun accord les «mou-tons noirs» s’oppose au prin-cipe de la libre concurrence.Aux Pays-Bas, où la libertéde contracter à été intro-duite, il a fallu renforcer leslois anti-cartels pour éviterque les caisses ne s’arran-gent entre elles.

Apparences trompeuses«Si l’on veut à tout prix dimi-nuer le nombre de médecins,c’est parce que l’on constateune corrélation entre la densitémédicale et les coûts de lasanté, poursuit Samia Hurst.C’est une donnée statistiquequi est vérifiée dans de nom-breux pays, dont la Suisse.Pourtant, les statisticiens lesavent bien, une corrélationn’est pas forcément une causa-lité. Dans notre travail, nous avons doncréf léchi sur les mécanismes possibles liantles deux observations. Notre réf lexion aabouti à essayer de trancher entre deux pos-sibilités radicalement différentes.»

Le premier scénario revient à admettrequ’effectivement, un nombre élevé demédecins par habitant pousse à laconsommation: ce sont les praticiensqui recommandent les actes médicauxet comme ils en retirent un bénéfice, ilsinduisent une demande artificielle.Le deuxième scénario, au contraire,s’appuie sur l’idée que les besoins desanté de la population ne sont pas par-

faitement couverts et que plus on ajoutede médecins, mieux on répond à unedemande réelle.«Il est crucial de faire la différence entre cesdeux propositions pour juger de l’impact de

la suppression de l’obli-gation de contracter,estime la chercheusegenevoise. Si l’hypo-thèse de la demande arti-ficielle est la bonne, alorsla mesure préconisée parle Conseil fédéral est sou-haitable, même si sonefficacité pour ce qui estde diminuer le nombrede médecins n’est pasdémontrée. En revanche,si la demande de soinsest bien réelle et que l’onveut réduire le nombre

des fournisseurs de prestations, alors la finde l’obligation de contracter est une mesurede limitation des soins qui ne dit pas sonnom.»Le problème, c’est qu’il n’existe pasencore de solution à ce dilemme. Lerésoudre demanderait un examendétaillé des pratiques médicales, ce quin’a pas été réalisé en Suisse. La Norvège,elle, s’est prêtée à cet exercice à la fin

des années 90. Pour l’année étudiée, laréponse était qu’un plus grand nombrede médecins répondait mieux à unedemande réelle. «Nous ne pouvons toute-fois pas en tirer des conclusions pour laSuisse, précise Samia Hurst. Il est possiblequ’à un endroit et à un moment différents,la réponse soit elle aussi différente.»«La Norvège est un pays riche, de traditionsocial-démocrate, avec une culture de santépublique très attentive aux problèmesd’équité, renchérit Alex Mauron. Malgrécela, on s’est aperçu qu’il existe une demandede soins non satisfaite. Nous posons doncdans notre article une vraie question. EnSuisse, on n’a pas pris conscience de cettenuance importante. Les gens assènent tou-jours les mêmes certitudes, et le débat poli-tique a des échos de discussion du café ducommerce. Tant que cela durera, on ne sedonnera pas les moyens de trouver uneréponse à une incertitude profonde. Et lecitoyen n’aura pas les cartes en main pourévaluer l’effet que pourrait avoir le change-ment politique qui lui est proposé.» n

«Si la demande de soin estréelle, alors la fin de

l’obligation de contracter estune mesure de limitation dessoins qui ne dit pas son nom»

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Compensation des risquesSelon ce système, les assureurs dont l’effectifcompte un assez grand nombre de personnesâgées et de femmes sont déchargés sur lesconcurrents qui en comptent moins. Cettemesure, qui existe déjà, a été prolongée de cinq ans.

Tarifs des soins/financementdes soinsDes tarifs-cadres ont été introduits en 1998pour les prestations de soins prodigués à lasuite d’une maladie, y compris dans les EMS ouà domicile. Ils fixent une limite aux sommesque les assurances maladie doivent rembour-ser. Ils sont prolongés jusqu’à l’entrée envigueur d’une nouvelle réglementation sur lefinancement des soins, qui devrait survenir auplus tard fin 2006.

Financement des hôpitaux (I)Depuis 2001, les cantons doivent participer auxcoûts de traitement hospitaliers. La loi fédéralede juin 2002 permet d’y arriver par étapes.Cette loi est prolongée jusqu’à l’introductiond’une nouvelle réglementation sur le finance-ment hospitalier.

Carte d’assuréUne base légale a été adoptée en octobre 2004pour la création d’une carte d’assuré.

Liberté de contracterCette mesure abolit l’obligation qu’ont les assu-reurs d’établir un contrat avec tous les méde-cins ayant reçu une autorisation de pratiquer.

Réduction des primesLes cantons doivent offrir des réductionsde prime selon le revenu. A cette fin, laConfédération augmentera son aide de 200 mil-lions de francs.

Participation aux coûtsPour «responsabiliser davantage les assurés», laquote-part (la part des frais à la charge de l’as-suré au-delà de la franchise) sera augmentée de10 à 20%, tout en plafonnant à 700 francs paran.

Financement des hôpitaux (II)Le financement actuel par établissement hos-pitalier passerait à un financement des presta-tions. Ce ne seraient plus les coûts imputablesd’un hôpital en tant qu’entreprise, mais lesprestations effectivement fournies qui seraientfinancées. Ces prestations seraient prises encharge pour moitié par le canton et pour moi-tié par les assurances maladie. Parallèlement,le Conseil fédéral s’engage à présenter dans lestrois ans une proposition relative à un systèmede financement «moniste» avec un seul agentpayeur.

«Managed care»Les modèles d’assurance avec réseau de soinsintégrés sont inscrits dans la loi. Il s’agit de pro-poser, sans les imposer, des offres impliquantaussi bien le patient, accompagné et suivi pen-dant tout le processus diagnostique et théra-peutique, que l’assureur et le fournisseur deprestations.

La troisième révision de la LAMal en brefAprès le rejet de la 2e révision de la LAMal (loi sur l’assurance maladie)en décembre 2003, Pascal Couchepin, chef du Département fédéral del’intérieur, a aussitôt lancé une 3e révision. En voici les grandes lignes

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C’est un cri du cœur. Il n’a pas falluplus de deux heures, un jour d’octobre2004, pour rédiger le «Manifeste desmédecins» (lire ci-contre), un appel auxaccents désespérés contre la politiqueactuelle en matière de santé. Enquelques semaines, pas moins de 3000signatures de professionnels du soinont été apposées au bas du document.Un nombre qui ne cesse de croîtredepuis. «Nous avons écrit ce texte dans lamouvance des Inrockuptibles qui avaientrédigé leur propre manifeste “contre laguerre à l’intelligence”, explique l’un dessignataires, Bertrand Kiefer, rédacteuren chef de la Revue médicale suisse etmembre du Conseil de l’Université deGenève. Le magazine s’en prenait au gou-vernement du premier ministre français,Jean-Pierre Raffarin, accusé de s’attaqueraux chercheurs, aux médecins, aux ensei-gnants, aux professionnels de la culture,bref, à tous les secteurs du savoir, de larecherche et de la pensée. Nous avions unpeu la même impression.»Première revendication: l’ouverture dudébat. Le système de santé suisse subitactuellement une réorganisationmajeure motivée principalement par lahausse des coûts de la santé. L’origine dela crise est connue – la populationvieillit, il y a toujours plus de possibili-tés de soins alors que les moyens à dis-position sont limités –, mais les solu-tions crédibles peinent à être formulées.«En fait, les réformes se réalisent sans concer-tation alors que des questions aussi impor-tantes que la solidarité et l’équité du systèmede santé sont en jeu, s’emporte BertrandKiefer. Que veulent nos politiciens, nos gou-vernements, nos partis, où sont leurs priori-tés? Jusqu’où va la médecine de base, à offrir

à tous? Quand commence la médecine super-f lue, facultative, luxueuse ? Rien n’est portéau grand jour. Nous sommes au degré zérodu débat public.»

Erreur des politiciensLes médecins estiment pourtant queleurs connaissances du systèmedevraient être mieux prises en compte.Ils demandent aussi que le débat se basesur des arguments scientifiques et nonsur des idées préconçues. «C’est une erreurdes politiciens de penser que l’on peut orga-niser un système de santé selon la seule idéo-logie politique, poursuit Bertrand Kiefer.Toutes les propositions actuelles de réformedu Conseil fédéral ont été expérimentées dansd’autres pays. Les résultats ont été analysés et

publiés. Pourquoi refaire en Suisse ce qui s’estavéré un échec ailleurs?»Pour le médecin genevois, une desmesures les plus critiquables est la clausedu besoin, qui limite le nombre de méde-cins pratiquant en ambulatoire: «EnAllemagne, où elle a également été introduite,le résultat a été catastrophique. Le pays doitmaintenant importer des médecins. Là-bas,ainsi qu’en France, les services d’urgences ontcommencé à engager des étrangers, en parti-culier des pays de l’Est ou du Maghreb. Cen’est pas éthique puisque cela revient à lessoustraire à des pays qui en ont un besoinvital. Et cette tendance existe déjà en Suisse.»Mais ce que les professionnels des soinspeuvent apporter de plus précieux, c’estpeut-être leur vision humaniste du

«Nous sommes au degré zéro Bertrand Kiefer, rédacteur en chef de la «Revue médicale suisse» et membre du Conseil de l’Université de Genève, explique la démarche qui sous-tend la publication du «Manifeste des médecins» en octobre 2004. Coup de gueule

du débat public»

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monde. En tant que témoins des souf-frances de la population, ils sont parmiles derniers à être encore en contactavec les malades et les mourants. PourBertrand Kiefer, les soignants sontmême devenus les porte-parole de cettecatégorie de personnes, qui n’est plusau cœur des préoccupations d’unesociété individualiste et de consomma-tion. «La médecine, au fond, c’est uneanthropologie, une façon de voir l’hommequi est sans cesse rediscutée, explique-t-il.Elle gère des thérapies efficaces, mais aussides échecs, des drames et des dysfonctionne-ments. La médecine est également unendroit clé où la société définit ce qu’elleentend par “être humain”. Dans la façondont nous traitons les malades et les mou-rants se reflète notre conception de l’homme.D’où l’importance des choix qui y sont faits:on peut soumettre la médecine aux seuls cri-tères économiques, mais cette option doitêtre prise sciemment. Les conséquences doi-vent en être discutées jusqu’au bout. Elles neconcernent pas que la médecine.»

«C’est le projet des assureurs»Car c’est bien de cela qu’il s’agit, selonle manifeste: les réformes proposées parle gouvernement octroient davantagede pouvoir aux instances économiques,aux caisses en l’occurrence. «Peu de payssont allés aussi loin dans ce sens, noteBertrand Kiefer. Le problème, c’est que leprojet des assureurs est essentiellement unprojet de gestion économique. Cette dimen-sion est certes importante, mais qu’en est-ilde l’éthique? Les statuts et les rapports descaisses n’en parlent pas. On y traite davan-tage de parts de marché et de croissance. Lesassureurs auxquels on est en passe de don-ner les clés de notre système de santé ne pro-posent aucune approche culturelle, aucunprogramme basé sur une vision de la souf-france humaine. Je plaide d’ailleurs pourque les membres des conseils d’administra-tion des caisses soient élus par les assuréssur la base de programmes. Cela permet-trait une certaine transparence. On ne

connaît absolument pas les comptes desassureurs.»Le métier de ces derniers, dans leur idéalde rentabilité, c’est de faire de la stratifi-cation du risque et de pénaliser lesclients qui coûtent le plus cher. Cettelogique impliquerait par exemple defaire payer davantage les fumeurs, lesobèses, etc. – des mesures d’ailleurs régu-lièrement avancées. «Les médecins ont ledevoir de s’opposer à cela, insiste BertrandKiefer. Ils savent que certains fumeursconsomment du tabac par simple plaisirhédoniste. Mais ils savent aussi que dans laplupart des cas, le tabagisme – ou la bouli-mie ou tout autre comportement à risque –repose sur des rapports complexes à l’an-goisse, la phobie et la maladie. C’est le rôle dela médecine d’intervenir et de responsabiliserles gens dans le respect de leur liberté. Mais

elle n’a pas à se retourner contre les patientset les pénaliser en raison de leur maladie. Lamédecine est un des rares lieux où se penseencore une culture de la personne. En ce sens,elle est même devenue une contre-culture.»Dès lors que faire? Pour les auteurs dumanifeste, il faut favoriser une diversitéd’approches non dogmatiques basées surun large consensus social. «Il convient desavoir ce que la population est prête à payerpour sa santé et pour l’équité et non pas déci-der pour elle dans d’obscurs cabinets minis-tériels, souligne Bertrand Kiefer. Bien sûr,on doit fixer des limites à la médecine. C’estune utopie de penser qu’elle pourra résoudrele problème de la souffrance et de la mort.Mais ce choix du cadre, de la retenue doit êtrefait collectivement. Si les gens ne veulent pass’en charger, ce sont les assureurs qui le ferontà leur place.» n

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Politique de santé:halte au sabordage!

«En tant que témoins de la souffrance humaineet soignants, nous, médecins de toutes généra-tions et de toutes spécialités, alertons la popu-lation au sujet de la conduite politique du sys-tème de santé suisse.Les projets actuels de réforme menacent lecœur de la médecine: non seulement la qualitédes soins, mais aussi l’essentiel de l’éthique. Enplus de leur incohérence, de leur absence deréférence scientifique et de rigueur écono-mique, ces projets mettent à mal les valeursfondamentales de notre pratique et de lasociété: la dignité des personnes, leur intimité,le respect de leur différence et leur droit d’accé-der à des soins de qualité. Ils atteignent avecviolence notre identité de soignant. Face à cettesituation grave, nous décidons de sortir denotre silence et de réagir avec fermeté.Une évolution est nécessaire: nous la revendi-quons. L’avenir du système de santé est unenjeu majeur de la société. Nous exigeons departiciper activement à son élaboration, avecles patients et l’ensemble des soignants. Seulela prise en compte de nos savoir-être et savoir-faire respectifs garantira une évolution démo-cratique de la médecine et la préservera d’unedérive déshumanisante. Nous refusons l’ab-sence actuelle de discussion et de partaged’idées et nous dénonçons le mépris autoritairemanifesté par ceux qui exercent le pouvoir poli-tique et économique.C’est pourquoi nous demandons un change-

ment de cap: la fin d’un auto-ritarisme inefficace et des-tructeur, la création d’unespace de vrai partenariat.Nous voulons assumer nosresponsabilités de soignants.Celles-ci impliquent que nousne soyons pas seulementacteurs mais également, dansle respect de nos compé-tences, concepteurs d’un sys-tème de soins en évolution.Se crisper à la barre de cegrand bateau qu’est le sys-tème de santé en attendantl’iceberg ou l’abandonner auxseuls économistes ne peuttenir lieu de politique respon-sable. Nous, médecins,sommes prêts à relever le défid’une collaboration étroiteavec les autorités élues, afinqu’elles parviennent à retrou-ver non seulement la maîtrisedu gouvernail mais aussi lesinstruments de navigation.»«Le Manifeste des médecins» par les Dr Pierre de Vevey, Chavornay;Dr Bertrand Kiefer, Genève; Dr AlainFrei, Lausanne; Dr Bernard Giorgis,Romanel; Dr Jacqueline LandoltJaquet, Morges; Dr François Pilet,Vouvry; Dr Oscar Matzinger,Lausanne.

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«En Suisse, le monde politique n’a pas devision claire de ce que devrait être un systèmede santé efficace. Les changements se font pasà pas, au gré d’interventions parlementairessouvent davantage dictées par une volonté dese profiler sur un terrain médiatisé que surune réflexion à long terme.» Spécialiste enanalyse des systèmes de santé, MartinBernhardt pose un regard sceptique surla 3e révision de la loi sur l’assurancemaladie (LAMal) proposée par le Conseilfédéral. Chargé d’enseignement en sec-tion des sciences pharmaceutiques etmembre du Groupe de médicométrie del’Université de Genève (lire en page 27),ainsi que du Forum Santé (lire ci-contre),le chercheur préconise l’abandon de laguerre de tranchées que se livrent actuel-lement le corps médical et les assurancesmaladie, au profit de l’organisation d’unvéritable débat de société sur la réformedu système de santé. Des discussions quidevraient impérativement pouvoir s’ap-puyer sur des études d’impact desmesures proposées, travaux qui fontaujourd’hui largement défaut.

Bénéfices négligésCe n’est pas la volonté d’agir qui est encause. Sur ce point, comme la plupart deses collègues, Martin Bernhardt recon-naît volontiers qu’il y a une part de bien-fondé dans les démarches du Conseilfédéral. A l’instar de ce qui se passe dansla majorité des pays de l’OCDE, le sys-tème de santé suisse traverse en effet unecrise profonde. Outre la charge de plusen plus lourde que représente l’assu-rance maladie pour nombre de ménages,la question des coûts se pose en effet defaçon récurrente sur l’échiquier poli-tique depuis quelques années. «C’est unproblème bien réel, qu’il ne faut pas négliger,complète Martin Bernhardt. Cependant,parler d’explosion des coûts de la santé tientde l’invention médiatique. La réalité, c’est que

l’on assiste à une croissance régulière d’envi-ron 5% par an. Par ailleurs, si on estime sou-vent excessifs les quelque 11% du produit inté-rieur brut qui sont aujourd’hui alloués auxsoins de santé, il faut savoir que ce secteurgénère également près de 430 000 emploisqualifiés, ce qui représente un bénéfice évi-dent en termes de dynamique sociale et éco-nomique. Enfin, nous vivons actuellementdans un pays qui profite d’un haut standardde vie et rien ne justifie pour l’instant que laqualité des soins soit péjorée. D’autant que

des enquêtes scientifiques ont permis de mon-trer que les Suisses sont prêts à payer pour ceniveau de qualité et qu’ils restent égalementtrès attachés au principe de solidarité. Ce quiest impérieux, c’est de rationaliser l’offre.»Essentiellement pensées pour amenerdes économies substantielles, lesmesures proposées dans le cadre de la 3erévision de la LAMal sont donc loin deconvaincre pleinement le scientifique,même si elles représentent sans contesteun mieux par rapport à la tentative de

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Spécialiste en analyse des systèmes de santé et membre du Groupe de médico-métrie de l’Université, Martin Bernhardt met en évidence la philosophie qui

préside à la 3e révision de la LAMal

Un Forum pourrepenser la santé

Entre chercheurs, professionnels de la santé,parlementaires, assureurs, industriels etpatients, le dialogue est possible. Il peut mêmeêtre fructueux. En témoigne notamment l’ex-périence menée depuis huit ans au sein dugroupe de recherche en santé publique ForumSanté. Créée conjointement par le Groupe demédicométrie de l’Université de Genève et lelaboratoire pharmaceutique Sanofi-Avantis,cette plate-forme s’est donné pour objectif deréfléchir aux grandes problématiques qui tou-chent à la santé sous un angle résolument plu-ridisciplinaire. «Les personnes qui sont appeléesà intervenir dans le Forum proviennent d’hori-zons très différents, explique Martin Bernhardt.Leur façon de percevoir les problèmes et d’envi-sager des solutions varie également de façonconsidérable. Mais au-delà des divergences quipeuvent exister, chacun apporte son expérienceprofessionnelle, soit un bagage très concret quipermet de rester proche de la réalité du terrain.»Et la formule semble efficace puisque ForumSanté parvient chaque année à présenter unesérie de propositions lors d’un rendez-vousouvert au public. Parmi les thèmes évoquéslors des éditions précédentes, on peut citer lapolitique de la santé, la politique du médica-ment, les réseaux de soins coordonnés, la quali-

té des soins, le vieillissementde la population ou encore laquestion du rapport entreliberté individuelle et respon-sabilité sociale. Tenue le 13 janvier dernier à Montreux,la session 2005 a pour sa partporté sur le risque de pénuriedans le système suisse desanté, devant un parterre deplus de 200 spécialistes desquestions médicales. Un suc-cès encourageant, même sil’impact réel de telles initia-tives reste difficile à évaluer.Martin Bernhardt: «Ce Forumpermet de lancer des proposi-tions dans le débat public. Ilarrive que certaines de nosidées soient rejetées. Maisd’autres sont débattues et cer-taines finissent par s’imposerà la majorité, comme ce fut lecas avec la notion de dévelop-pement durable de la filièresanté, par exemple.»

Une révision

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réforme précédente. Cette fois-ci, eneffet, les différents objets ont été scindéspar paquets plutôt que d’être présentéscomme un ensemble de mesures sanscohérence entre elles. «A mon sens, com-plète Martin Bernhardt, le fractionnementdes différentes mesures aurait dû aller encoreplus loin: on retrouve dans les messages duConseil fédéral des éléments qui n’ont pasgrand-chose en commun. Les Chambresdevront, par exemple, se prononcer en mêmetemps sur des sujets aussi différents que peu-vent l’être l’introduction de la carte patient etla suppression de l’obligation de contracter.»Particulièrement contesté, ce dernierpoint pose d’ailleurs un certain nombrede difficultés (lire en page 16). «Pour mapart, j’aurais préféré que l’on parte sur unprincipe complètement inverse, commente

Martin Bernhardt. Plutôt que de proposer lasuppression de l’obligation de contracter –qui est peut-être effectivement une aberrationdans le système actuel – il me semblerait pré-férable d’introduire un véritable contrat obli-gatoire. Il serait pour cela nécessaire de défi-nir les critères qui permettraient à un méde-cin de travailler dans le cadre de l’assurancede base. Des critères qui seraient avant toutqualitatifs et qui pourraient notamment por-ter sur des aspects de la pratique, de trans-parence de l’information, de l’économicité destraitements, de la collaboration à l’intérieurde la chaîne des soins…»

Un unique bailleur de fondsConçue selon la même logique que leprojet de suppression de l’obligation decontracter – introduire plus de concur-

rence entre les fournisseurs de soins –,l’idée du financement moniste soulèveégalement d’importants remous parmiles professionnels de la santé. Dans le sys-tème actuel, le financement des hôpi-taux est partagé à parts égales entrel’Etat et les assureurs. Avec l’introduc-tion du financement moniste, celui-cireposerait uniquement dans les mainsdes seconds. La solution a le mérited’amener une certaine efficacité dans lesflux financiers, mais elle a égalementl’inconvénient majeur de concentrer unpouvoir important dans les mains desassurances maladie qui deviendraientainsi les véritables régulateurs du sys-tème, en choisissant les médecins et leshôpitaux avec lesquels travailler. «Il existeun risque très clair pour le consommateur, á

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chère payée

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á prévient Martin Bernhardt. Le domainedes urgences sera probablement épargné,mais qu’adviendra-t-il des traitements lourdset des malades chroniques? Si les garde-fousne sont pas bien posés, rien n’empêchera lesassureurs de tenter de péjorer l’accessibilitéaux soins publics pour favoriser une couver-ture privée, secteur susceptible de générerd’énormes bénéfices. Une offre plus réduitepermettrait de diminuer le montant de laprime de base et de dégager, au sein desménages, les ressources nécessaires pourcontracter une protection privée qui, elle,offrira la liberté complète et un haut niveaude qualité. Mais cela sonnerait également lafin des soins de base garantis pour tous.»Peu réjouissante, cette perspectiverepose pourtant, selon le chercheur, surune stratégie qui pourrait bien être déli-bérée. Les nouveaux marchés devenantde plus en plus rares, il s’agirait pour lesinvestisseurs de «coloniser» le secteur

public, notamment par le biais de la pri-vatisation des services sociaux et publics.Réduire systématiquement les questionsde santé à de pures questions écono-miques reviendrait ainsi à préparer leterrain et le consommateur à accepter cerenversement. «C’est une dérive d’autantplus préoccupante que la majorité des écono-mistes s’accorde à dire que la concurrencetelle qu’elle est pratiquée sur le marché libren’est pas applicable au système de santé, oudu moins que celle-ci comporterait des risquesclairs pour l’équité de l’accès aux soins, argu-mente Martin Bernhardt. L’exemple del’Angleterre illustre bien les effets d’une

contrainte économique trop forte sur l’offrede soins. L’adoption d’une approche très dure,dans le cadre du National Health Service, arapidement montré ses limites: si les coûtsont effectivement été maîtrisés, la Grande-Bretagne vit aujourd’hui avec un système de

rationnement des soins qui est choquant denotre point de vue. A l’heure actuelle, ilmanque dans ce pays près de 7000 médecinset environ 25 000 infirmières et il faudra desinvestissements considérables pour rattraperle retard accumulé.» n

«Qu’adviendra-t-il des traitement

lourds et des maladeschroniques si les

garde-fous ne sontpas bien posés?»

La médicométrie est née dans les années 80.Conceptualisée par Antoine Bailly, professeurhonoraire au Département de géographie del’Université de Genève, cette discipline reposeprincipalement sur l’application de moyens sta-tistiques et mathématiques au domaine de lasanté, avec des approches interdisciplinaires etmulticritères. Selon une logique aussi bienquantitative que qualitative, elle s’efforce d’éva-luer l’efficience des systèmes de santé entenant compte du point de vue de l’ensembledes acteurs concernés. Ses tenants estimentpar ailleurs que, plutôt que de considérer lasanté publique uniquement comme une coû-teuse charge économique, celle-ci devrait éga-lement être perçue comme une source de déve-loppement et de bénéfices tant sur le plan éco-nomique que social.Animé par un nombre de personnes variantselon les recherches en cours, le Groupe demédicométrie de l’Université de Genève faitœuvre de pionnier dans ce domaine encore peudéfriché. A son actif, on peut notamment citerdes études sur les impacts économiques etsociaux des structures de soins dans les régions

de Suisse. Suivant unedémarche novatrice, lesmembres du Groupe y propo-sent une grille de lecture évi-tant la monopolisation dudiscours économique pourprendre en compte un certainnombre de facteurs habituel-lement négligés, tels quel’équité ou la durabilité dudispositif de soins. Un dis-cours appuyé par toute unesérie de propositionsconcrètes qui ont déjà profitéà quelques hôpitaux régio-naux romands, à des cli-niques, des groupements depharmacie, des assureurs ouencore des entreprises phar-maceutiques.

Bailly A., Bernhardt M., Gabella M.:Pour une Santé de qualité en Suisse,Paris, Economica, 2003, 164 p.

Vous avez ditmédicométrie?

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Campus: Comment se passe votre colla-boration avec le pôle national derecherche MaNEP?> Daniel Eckert: Je dois dire que je suis trèsagréablement surpris. Je ne suis pas leseul à avoir ce sentiment, d’ailleurs. En2004, au terme des quatre premièresannées de fonctionnement du pôle natio-nal de recherche, un panel d’expertssuisses et internationaux a évalué le tra-vail réalisé. Résultat: son rapport a étéélogieux, spécialement en ce quiconcerne les relations entre l’industrie etla recherche académique. Le panel aestimé que la collaboration entre Bruker

BioSpin et l’Université de Genève est unexemple à suivre. Certains experts étran-gers ont même émis le désir que leschoses puissent se dérouler de la mêmemanière dans leur propre pays.

Quelle est la spécialité de votre firme?> Nous fabriquons, entre autres, desappareils de mesure qui s’appellent desspectromètres à résonance magnétiquenucléaire. Ce sont des appareils très pré-cis qui servent à analyser la structuremoléculaire des composés chimiques. Ilsne font pas de photographies des molé-cules, mais permettent de déduire leur

structure indirectement à l’aide d’algo-rithmes et de pas mal d’astuce. Cesmachines sont donc très utilisées dansl’industrie chimique et pharmaceutiquepour le développement de nouveauxmédicaments ainsi que pour le contrôlede qualité des composés chimiques.

Comment fonctionne la résonance ma-gnétique nucléaire?> Cette technologie tire parti de l’exis-tence du spin des noyaux atomiques. Lespin est le moment cinétique intrinsèquede certaines particules ou ensemble departicules. Cela traduit une sorte de rota-

recherche dossier extra-muros l’invité étudiants actualitésDaniel Eckert

MaNEP et industrie:

Le pôle national de recherche MaNEP est l’hôte du stand de l’Université au Salon de l’étudiant. L’occasion de faire le point avec un de leurs collaborateurs issus de l’industrie, Daniel Eckert, responsable en rechercheet développement pour la compagnie zurichoise Bruker BioSpin

> Le pôle MaNEP est l’hôte du stand de l’Université de Genève auSalon de l’étudiant qui se tient à Palexpo du mercredi 27 avril audimanche 1er mai. Débats, rencontres avec les chercheurs,démonstrations seront à l’honneur. La journée du 28 avril estconsacrée aux étudiants et aux collégiens.

> MaNEP (acronyme anglais pour matériaux aux propriétés élec-troniques nouvelles) est un des 14 pôles nationaux de recherchelancés par la Confédération le 1er juillet 2001. Dirigé par ØysteinFischer, professeur au Département de physique de la matièrecondensée, il rassemble 250 scientifiques de différentes universi-tés suisses et de l’industrie. L’objectif du pôle est l’étude de nou-veaux matériaux dotés de caractéristiques électroniques inhabi-tuelles, mais qui sont susceptibles de composer le futur paysagetechnologique de notre société. C’est pourquoi une attentionparticulière est portée aux applications possibles.

> Les matériaux qui intéressent les scientifiques de MaNEP sontaussi divers que les supraconducteurs à haute température, lesmatériaux présentant une magnétorésistance colossale, des fer-roélectriques ou encore des structures en carbone comme lesnanotubes. Ces nouveaux venus sont susceptibles d’apporter

des solutions pour des applications comme le stockage de don-nées à haute densité, le transport de l’énergie, la génération designaux électriques à très haute fréquence, etc.

> Le budget pour les quatre premières années s’est monté à 45,4 millions de francs, dont 19,1 millions versés par le Fondsnational suisse de la recherche scientifique. Le pôle a reçu le feuvert pour une deuxième période de financement qui commen-cera le 1er juillet 2005.

> MaNEP, basé à l’Université de Genève, collabore avec huit insti-tutions (les Ecoles polytechniques fédérales de Lausanne et deZurich, les Universités de Zurich, de Neuchâtel, de Fribourg et deBerne, le Paul Scherrer Institut et le Laboratoire fédéral d’essaides matériaux et de recherche – EMPA) et cinq compagnies pri-vées (ABB, Bruker BioSpin, Mecsens, Phasis, Swissneutronics).

> Contact:Pôle national de recherche MaNEP – Université de Genève24, quai Ernest-Ansermet – 1211 Genève 4Tél: 022/379 62 18 – Fax: 022/379 68 69Internet: www.manep.ch – courriel: [email protected]

Un pôle au salon

une collaboration exemplaire

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tion interne. Et en présenced’un champ magnétiqueintense et constant, tous cesspins vont s’orienter dans lamême direction. Si l’on per-turbe ensuite la situation avecune onde électromagnétique,beaucoup plus faible, mais detrès haute fréquence, on peutfaire entrer les atomes en réso-nance et modifier leur orienta-tion. En interrompant cetteonde, les spins retrouvent leurposition d’origine et émettentun signal que l’on peut détec-ter. A partir de cette mesure, entenant compte de l’influencedes atomes voisins, on peutdéduire la structure de base desmolécules étudiées.

Quel est votre intérêt à colla-borer avec les chercheurs deMaNEP?> Pour être efficace, la réso-nance magnétique nucléaire a besoind’un champ magnétique très intense.Pour le produire, il n’y a pas d’autrechoix que d’utiliser des bobines supra-conductrices. Celles-ci peuvent en effetêtre traversées par des courants prati-quement sans aucune perte due à larésistance électrique et induire ainsi leschamps magnétiques les plus puissantsque l’on connaisse. Et la supraconducti-vité, justement, c’est une des spécialitésde MaNEP. L’équipe de René Flukiger, pro-fesseur au Département de physique dela matière condensée, travaille sur denouveaux moyens d’améliorer les perfor-mances de différents matériaux supra-conducteurs (Nb3Sn, MgB2, etc.). L’un desobjectifs est d’augmenter la densité decourant critique, un seuil au-dessusduquel le matériau perd ses caractéris-tiques supraconductrices. En effet, plusce courant est élevé, plus on pourra géné-rer un champ puissant et plus la résolu-tion de nos appareils sera grande.

Aujourd’hui, nous commercialisons desspectromètres produisant un champ de21 teslas. Un record. L’objectif qui nousguide dans notre collaboration avecMaNEP est de parvenir à 25 teslas. Celan’a l’air de rien, mais cette modeste aug-mentation exige pour l’instant de dou-bler le volume de l’aimant (c’est-à-dire dela bobine supraconductrice).

Les chercheurs de l’Université sont engénéral poussés par une curiosité désin-téressée. L’industrie, en revanche, a desobjectifs économiques qu’elle doit rem-plir. Le mariage entre ces deux visionsantagonistes est-il facile à réaliser?> Oui et non. Les deux parties sont moti-vées par le défi que représente la fabrica-tion d’un aimant de 25 teslas. Le but estle même pour tout le monde. Au niveauéconomique, en revanche, nous vivonsde ce que nous vendons. Nous cherchonsdonc à minimiser les coûts. Il n’est doncpas toujours évident de concilier notre

logique avec celle des chercheurs del’Université...

Le pôle MaNEP sera présent cette annéeau Salon de l’étudiant. A ce propos, com-ment se porte la relève des chercheurssuisses dans votre domaine?> Il est assez difficile pour nous d’assurerla relève. Notre firme a besoin d’ingé-nieurs très qualifiés, de physiciens de lamatière condensée, notamment. Deuxtiers de nos effectifs sont suisses, maisnous devons également recruter àl’étranger, en Allemagne, en Italie et enFrance essentiellement. Il faut dire qu’enSuisse, l’Université de Genève est parti-culièrement à la pointe dans le domainede la supraconductivité. Il ne faudraitsurtout pas que cela change. C’est notreprincipal vivier, avec l’Ecole polytech-nique fédérale de Zurich. J’ai moi-mêmefait mes études de physique à Genève,ainsi que quatre de mes collaborateurs. nPropos recueillis par Anton Vos

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recherche dossier extra-muros l’invité étudiants actualitésPékin

En Chine, jusqu’au début des années 80,le téléphone était l’apanage quasi exclu-sif de l’administration. Vingt-cinq ansplus tard, le pays compte 250 millionsd’utilisateurs de portables, ce qui en faitle premier marché mondial en lamatière. Dans le même temps, le PIB dupays a été multiplié par sept et il devraitencore quadrupler d’ici à 2050*. Dans detelles conditions, dire que l’intrusion desnouvelles technologies dans l’Empire dumilieu fut un choc tient de l’euphé-misme. Pour autant, il n’est pas interditde chercher à comprendre quels types decomportements ce genre de séisme peutengendrer. Au bénéfice d’une double cas-quette de sinologue et d’ingénieur duson, Basile Zimmermann a choisi de se

concentrer sur l’évolution de la musiqueélectronique à Pékin pour tenter de cer-ner le phénomène. Dans le cadre de lathèse qu’il réalise au sein de l’Unité dechinois de l’Université, le jeune assistantvient ainsi de passer treize mois dans lacapitale impériale. Récit. «Au centre de mon travail, il y a la volontéd’examiner comment s’articule la relationentre technologie et culture aujourd’hui dansun pays comme la Chine, explique le cher-cheur. Que se passe-t-il, par exemple, lors-qu’un artiste pékinois est confronté à un ordi-nateur, un synthétiseur ou un logiciel fabri-qué en Occident et construit selon une logiquequi lui est totalement étrangère? Quand onobserve la façon dont ces outils technolo-giques sont appréhendés, on s’aperçoit vite

qu’ils sont loin d’être neutres.» Décrypter leprocessus créatif n’est cependant paschose facile. Souvent pudiques, jaloux deleurs recettes de fabrication et soucieuxde contrôler leur image, les artistes n’ou-vrent pas facilement les portes de leurintimité. Pour ne pas risquer de manquerle coche, Basile Zimmermann a donc soi-gneusement peaufiné sa méthodologie.

Eau chaude et nuits blanchesDémarche assez insolite, il a déposé sonsujet de thèse en 2000, avec l’idée d’ob-server ce qui se passerait entre 2003 et2004 seulement. Le stratagème lui adonné le temps de mettre au pointdiverses techniques d’analyse du présent.«Il s’agissait de passer plusieurs mois auprèsde musiciens, en cherchant à analyser leurfaçon de créer, leurs réflexes et les difficultésqu’ils peuvent rencontrer face à l’évolution dela technologie, complète BasileZimmermann. Pour que les choses aient unsens, il était impératif que je n’exerce aucuneinfluence sur leur travail. Entre autres pré-cautions, j’ai donc décidé de travailler uni-quement sur des œuvres conçues avant que jene rencontre leur créateur, de ne pas entrer enmatière sur le plan purement artistique et dene jamais citer le nom des artistes concernés.»Une fois à Pékin, dans une ville qu’il ditmieux connaître que Paris, mais qui luifait toujours l’effet d’une «baffe perma-nente», Basile Zimmermann n’a guère eude peine à trouver ses marques. Lerythme de travail qu’il s’impose s’avèrecependant rapidement épuisant. Intégréau Département de sociologie del’Université de Pékin, il consacre prèsd’un tiers de son temps à des séminairesaux côtés de doctorants chinois. «Ce futune expérience géniale, mais assez éprou-vante, note le chercheur. La sociologie, sur-Pékin, «CD Café», le 2 octobre 2004, aux alentours de 2 heures du matin.

La techno, c’est du chinoisBasile Zimmermann, assistant en lettres, vient de passer treize mois à Pékin.Un séjour consacré à une thèse de doctorat centrée sur le rapport entrenouvelles technologies et création culturelle

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Université de Genève

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tout en chinois, n’est pas mon domaine deprédilection, mais ces sessions m’ont donnél’occasion de présenter mes travaux à quatrereprises. Et à chaque fois, mes auditeurs sesont montrés très ouverts et très intéressés parma démarche.» Pour les besoins de sarecherche justement, le jeuneLausannois fréquente également avecassiduité quelques représentants de lascène électronique locale. Avec eux, l’es-sentiel du travail se fait en appartement,les yeux vissés sur l’écran de l’ordinateur,au cours de séances qui se terminent par-fois très tard dans la nuit. Les raresmoments qui lui restent, BasileZimmermann les consacre à recouper lesinformations récoltées dans les quelqueslieux de Pékin où se rassemblent les ama-teurs de musique électronique. Afind’optimiser l’opération, le scientifiques’efforce d’arriver dès les premièresheures de la soirée pour n’en partir qu’aupetit matin. Et lorsque l’opportunité seprésente, il ne manque pas l’occasion de

jouer ses propres créa-tions lors d’un concertqui restera unique. «J’airapidement arrêté parceque je n’étais pas venu làpour ça, explique-t-il.Mais cela a été un excellentmoyen de me présenter. Ducoup, j’étais considéré parla communauté comme unmusicien à part entière et

non pas comme un chercheur. Cela a rapide-ment créé un sentiment de solidarité, d’au-tant que pour les aspects techniques, qui sontsouvent le point faible des musiciens électro-niques chinois, je pouvais parfois être d’unecertaine utilité. Dans ce contexte, en parlantde façon apparemment anodine avec telle outelle personne, il m’était relativement facile

de vérifier certains témoignages ou informa-tions. Ensuite, je me précipitais dans les toi-lettes pour griffonner quelques notes encachette.»P o u r t e n i r l a c a d e n c e , B a s i l eZimmermann engloutit des litres d’eauchaude et s’assoupit aussi souvent qu’ille peut au fond d’un taxi. Malgré la loca-tion d’un appartement au centre-villequi lui permet de s’épargner deux à trois

heures de trajet quotidien, il doit cepen-dant lever le pied au bout de quelquesmois. «Je n’ai sans doute jamais autant tra-vaillé de ma vie, commente-t-il. Entre desuniversitaires qui travaillent le jour et desmusiciens qui sont plutôt actifs la nuit, monagenda devenait tout à fait impossible àgérer.»

Pilotage automatiqueSur le plan scientifique, les résultatsrécoltés s’avèrent néanmoins promet-teurs. Outre l’étonnante débrouillardisedont font preuve les Chinois face auxinnovations technologiques, la recher-che montre à quel point le processuscréatif s’est aujourd’hui complexifié. Enmatière de musique électronique en toutcas, aucun artiste ne peut ainsi prétendremaîtriser l’ensemble des paramètres quientrent dans une œuvre. Fruit d’unemultitude de décisions successives, les

outils technologiques ont en effet rendul’échange permanent et les réappropria-tions constantes. L’enquête du sinologuemet par ailleurs en évidence l’émergencede nouvelles pratiques qu’il compare aupilotage automatique. «Devant desmachines dont ils comprennent mal le fonc-tionnement, faute de modes d’emploi en man-darin, certains artistes se limitent à repro-duire les séquences préenregistrées, explique

le chercheur. En Occident, où la différence etl’innovation sont des valeurs capitales, cetteattitude serait mal comprise. Elle ne pose parcontre pas problème en Chine, où l’art reposedavantage sur la maîtrise technique et la dis-cipline que sur la transgression.»La science n’étant pas tout, BasileZimmermann souligne également laréussite de l’expérience sur le planhumain: «Mes précédents voyages m’avaientappris qu’en Chine, il est très facile de se fairedes copains, mais pas forcément de dépasserce premier contact. Or, dans le cadre de ce tra-vail, je me suis fait de vrais amis. Et même sicela peut paraître anodin, c’est pour moi uneimmense source de satisfaction.» n

Vincent Monnet* Frédéric Koller: Portraits de Chine,Alvik Editions, 2004, 287 p.

du chinois

«Que se passe-t-il lorsqu’un artiste pékinois est confronté à un ordinateur

construit selon une logique qui lui est totalement étrangère?»

Chine

Mongolie

Pékin

gettyimages

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recherche dossier extra-muros l’invité étudiants actualitésparcours

Campus N° 75

La carrière des femmes à l’Universités’apparente à un scénario écrit d’avance.Elles sont aussi nombreuses queleurs collègues masculins tantqu’il s’agit de préparer undiplôme, mais ne parviennentpas, à la fin de leurs études, à gra-vir les échelons de la hiérarchie aca-démique. En 2002, à Genève, lenombre de femmes ayant obtenu undoctorat était à peu près égal à celui deshommes. En revanche, elles ne repré-sentent que 24% des chargés de cours et13% du corps professoral. Et ce malgréles efforts consentis par les bureaux del’égalité et le vaste programme fédéralmis en place en 2000. Celui-ci est destinéà promouvoir les carrières féminines àl’aide d’incitations financières à lanomination de professeures et de misesur pied de structures de garde desenfants. Ainsi que l’observe Anik deRibaupierre, doyenne de la Faculté depsychologie et des sciences de l’éduca-tion, «les choses évoluent extrêmement len-tement, et mes jeunes collaboratrices ont lesmêmes difficultés que moi lorsque j’ai com-mencé ma carrière» (lire encadré).Dans une nouvelle tentative pour briserle «plafond de verre» qui maintient lesfemmes à un niveau subalterne, lesbureaux de l’égalité des universitéslatines se sont mobilisés pour lancerune initiative originale. Une formationcontinue interne aux institutions aca-démique et qui poursuit plusieurs objec-tifs. Baptisée REGARD* (acronyme pourRéaliser l’égalité, Encadrer les docto-

«REGARD» sur la carrière des femmes

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L’initiative lancée par toutes les universitéslatines vise à donner des outils aux jeunes

chercheuses pour progresser dans leur carrière.Cette formation se heurte cependant à

l’indifférence des professeurs

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rants et doctorantes, Gérer des res-sources humaines, Acquérir desconnaissances, Réunir et créer desréseaux et Développer des compé-tences), elle a vu le jour en novembre2004. «Chaque bureau avait ses propres for-mations, précise Barbara Kürsteiner, col-laboratrice scientifique du service del’égalité de l’Université de Fribourg,pilote du projet. Nous avons décidé demettre en commun nos compétences et decréer un programme unique.»

Sensibiliser toutes les forcesLe constat des initiatrices de REGARDrepose sur le fait que tout le monde estconcerné par cette problématique. Ilfaut donc sensibiliser toutes les forcesau sein de l’Université, des plus jeunesaux plus expérimentés, des futurs aca-démiciens aux cadres de l’institution.«Nous voulions agir à l’une des sources de laproblématique de l’égalité des chances, c’est-à-dire la gestion des ressources humaines,explique Geneviève Billeter, déléguée àl’égalité de l’Université de Genève. C’estpourquoi, notre formation s’adresse en prio-rité aux employeurs de l’Université. Les pro-fesseurs ont des équipes à gérer, mais géné-ralement aucune formation dans ledomaine du personnel.»Le nouveau programme comprendd’une part des cours généraux relatifsaux ressources humaines. Ceux-ci por-tent sur les compétences clés, la com-munication dans l’environnement pro-fessionnel ou la gestion du personneldans le monde académique.D’autre part, il prévoit des enseigne-ments sur des thèmes liés à l’égalité. Ysont examinées des questions comme latrajectoire académique des femmes,l’équilibre entre vie familiale et profes-sionnelle ou le jobsharing pour le corpsprofessoral. «Il est vrai que notre pro-gramme est un peu hybride, reconnaîtGeneviève Billeter. Car nous visons deuxpublics: d’une part les professeurs et lescadres de l’Université, et d’autre part, lesfemmes de la relève. Cependant, nous restonsconvaincues que la pratique des ressources

humaines doit être imprégnée par l’idéed’égalité.»Les objectifs du programme sont mul-tiples. Tout d’abord, il entend faire pro-gresser la problématique de l’égalitédans les consciences des responsables etdes personnes concernées. Ensuite, ilambitionne d’offrir des outils de plani-fication de carrière pour les femmes enleur insufflant une meilleure connais-sance de ce que signifie une carrièreacadémique, en attirant leur attentionsur l’importance d’un bon réseau uni-versitaire et leur apprenant à l’action-ner. Finalement, ces cours permettentdes rencontres entre membres de diffé-rentes universités, premières étapes dela constitution d’un réseau.

Manque d’intérêt généralCette initiative se heurte pourtant déjàà l’une des principales raisons qui main-tient les femmes à des niveaux subal-ternes: le manque d’intérêt généralpour la question. Si les premières obser-

vations soulignent l’intérêt des docto-rantes pour ce programme, une grandemajorité des professeurs et des cadressont en revanche aux abonnés absents.Selon Anik de Ribaupierre, l’explicationest simple: «Entre les cours, la recherche etles publications, la carrière scientifique esttellement astreignante que les professeurs etles cadres de l’Université n’ont simplementpas le temps de suivre un tel programme. Ilme semble d’ailleurs un peu naïf de croireque l’on peut faire bouger ces montagnes ense concentrant sur l’Université, commenteAnik de Ribaupierre. C’est bien en amontqu’il faut agir, au niveau de l’école, desmanuels scolaires et de l’apprentissage de ladistribution des rôles dans la famille et lasociété.» n

Fabienne Bogadi

* http://www.unifr.ch/fem/f/formcont/

Université de Genève

recherche dossier extra-muros l’invité étudiants actualitésparcours

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Le plafond de verreSelon les résultats de deux études, l’une menéepar l’Observatoire universitaire de l’emploi àGenève, et l’autre réalisée à l’Université deLausanne, les femmes souhaitant mener une car-rière universitaire rencontrent principalementdeux obstacles. Si le mariage a une influence posi-tive sur l’évolution professionnelle des hommes, ilprécipite la sortie des femmes de la carrière uni-versitaire. La deuxième barrière est constituée parle temps partiel. Une majorité de femmes mettentleur carrière en veilleuse entre 28 et 40 ans, aumoment où elles ont des enfants à charge, maiségalement à l’âge où elles devraient se rendre dis-

ponibles pour la rechercheafin de bâtir leur carrièreacadémique.

«La carrière universitaire est-elleréellement ouverte aux femmes?»Yves Flückiger, disponible sous:www.unige.ch/rectorat/egalite/ppt-yves-flueckiger.pdf«La Situation du corps intermédiairedans les hautes écoles suisses»,par René Lévy et Patricia Groux,disponible sous:www.actionuni.ch/pdf/rapport-corps-intermediaire.pdf

ière des femmes

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Campus N° 75

recherche dossier extra-muros l’invité étudiants actualitésspectacle

SPORTSouquez ferme!

Une régate universitaire d’aviron estorganisée le 10 juin prochain à la

Société nautique de Genève. Venezsoutenir les rameurs.

Un prix pourétudiants sportifs

Les personnes intéressées ont jus-qu’au 30 avril pour s’inscrire dans la

course au Prix Karl Walthard de laSociété sportive universitaire. D’un

montant de 600 francs, il récom-pense toutes les années un étudiants’étant distingué aussi bien en sport

que dans ses études. Le prix estouvert à tous les étudiants, sans

limite d’âge. Vous pouvez déposerune demande écrite attestant les

mérites au niveau sportif et acadé-mique au Bureau des sports.Bureau des sports, 4 rue de Candolle,

1211 Genève 4,T 022 379 77 22, F 022 379 11 09,

www.unige.ch/dase/sports/,[email protected]

CULTURECinéma, cinéma

Durant les mois d’avril, mai et juin,une série de cours autour du cinéma

est organisée par les Affaires cultu-relles. Aurélie Doutre et Vania Aillon

traiteront des films d’animation sanscaméra et du cinéma super-8 alors

qu’Aberrahmane Bekiekh dispenseradivers cours sur le septième art («étu-

dier le cinéma» et «vocabulaire etgrammaire du cinéma»).

Danse africaineSerge Anagonou dispense des stagesde danse africaine du 23 au 24 avril et

du 21 au 22 mai au Théâtre du Galpon, 21, bd St-Georges.

Les cours ont lieu les samedi de 14h30à 18h et les dimanche de 10h à 13h30.

Les prix par week-end sont de 100 francs pour les étudiants et

140 francs pour les autres.

Renseignements: Activités culturelles,4, rue de Candolle, 1211 Genève 4 T 022 379 77 05,

[email protected],www.unige.ch/acultu

Aux Activités culturelles, le prin-temps a été placé sous le signe du mou-vement. Au cours du dernier moisavant la première de Marche à suivre, le5 mai, les étudiants des ateliers dedanse et de théâtre n’ont pas écono-misé leur peine, pas plus que leurssemelles. Ils ont arpenté sans relâcheles planches pour mettre la dernièretouche à un spectacle pluridiscipli-naire centré sur la marche. Après l’opé-rette La Merisaie créée l’an dernier, lesActivités culturelles souhaitaient alter-ner avec la musique en proposant cetteannée un événement alliant danse etthéâtre. L’idée de départ? Réunirautour de ces deux disciplines le plusgrand nombre d’ateliers possible*, avecdeux animateurs à la tête du projet: lemetteur en scène Eric Devanthéry et lachorégraphe Catherine Egger.Le programme a été mis sur pied avecune quarantaine de bipèdes, filles etgarçons, issus des différents ateliers dedanse et de théâtre. Parmi eux, unemajorité d’étudiants assureront lespectacle qui sera présenté àl’Alhambra à Genève, du 5 au 8 mai.«Nous avons souhaité mélanger danse etthéâtre, de manière à ce qu’ils forment unensemble, explique Catherine Egger. Lethème de la marche s’est imposé demanière évidente car il réunit tout: un actephysique mais aussi une démarche intel-lectuelle avec la réf lexion qui en découle.Beaucoup de penseurs et de philosophes yont par exemple recours pour se libérer l’es-prit et pouvoir réfléchir.»Les déambulations des Activités cultu-relles ont conduit la troupe sur les pasde Bernard-Marie Koltès, l’auteur de LaMarche, un drame contemporain au

titre tout indiqué. Une pièce qui sou-lève de nombreuses interrogations: lamarche correspond-elle à une quête desoi, une quête de l’autre, à la recherched’un passé révolu? Autant de questionsauxquelles les différents ateliers enga-gés ont cherché des réponses, inté-grées dans le spectacle. «La pièce deKoltès constitue une base de travail dansmon atelier, précise Catherine Egger.C’est un texte très poétique, plein d’imageset d’émotions. Un texte qui inspire le mou-vement, une véritable force. Quand je leparcours, j’ai immédiatement envie dedanser.»

Travail de réécriture«L’idée est d’aller plus loin qu’un théâtreclassique linéaire, souligne de son côtéEric Devanthéry. Faire en sorte que letexte appelle le mouvement.» En explo-rant l’acte anodin que représente lamarche pour en donner les différentesinterprétations possibles, le metteuren scène a soumis à sa troupe d’autressources d’inspiration. «Le spectacle eststructuré par le questionnement de Koltès,note-t-il. Mais les textes d’auteurs contem-porains ont été multipliés pour permettred’augmenter le nombre de personnages.Avec les transitions ajoutées, il y a eu unvrai travail de réécriture.»Etudiant en 4e année de sciences poli-tiques, Adrian Filip participe à un ate-lier théâtre depuis trois ans. Il assureranéanmoins quelques portés pour pal-lier l’absence de garçons dans le coursde danse. Parallèlement, il fait partied’une troupe amateur. Malgré unemploi du temps très chargé, il ne veutpas manquer l’opportunité qui lui estofferte: «C’est une chance extraordinaire.

«Marche à suivre»,

Les étudiants des ateliers danse et théâtre de l’Universitéprésentent du 5 au 8 mai une pièce inspirée par uneœuvre de Koltès. Les acteurs ont usé leurs semelles pouroffrir un autre regard sur l’acte anodin de marcher

une pièce mise au pas

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Université de Genève

recherche dossier extra-muros l’invité étudiants actualitésspectacle

EMPLOILes conférences emploiLe Centre Uni-Emploi organise desconférences durant lesquelles des pro-fessionnels évoquent leur parcours etdes employeurs présentent leurs besoins.

«Les multinationales»Deux professionnels parleront de latypologie des multinationales à Genève,des profils qu’elles recherchent et desprogrammes de stage possibles.Jeudi 21 avril à 18h15 Uni-Mail MS 150

«La culture»Un responsable de l’organisation d’unfestival, un chargé de communicationdans un musée et un financier dans laculture présenteront le domaine d’em-ploi «culture» à Genève.Jeudi 28 avril à 18h15 Uni-Mail 2160

«L’enseignement»Des responsables du recrutement auniveau primaire et secondaire expose-ront le marché de l’emploi dans leurbranche à Genève.Mardi 3 mai à 18h15 Uni-Mail MR 160

«La carrière académique»Les chances de carrière à l’Universitéseront discutées par des représentantsd’associations du corps intermédiaires,des professeurs, et la déléguée auxquestions féminines.Jeudi 12 mai à 18h15 Uni-Mail M 1130

«Les ressources humaines»Trois témoignages de professionnelsporteront sur la formation, le recrute-ment et le coaching.Jeudi 19 mai à 18h15 Uni-Mail MS 150

Centre Uni-Emploi, 4, rue de Candolle, 1211 Genève 4T 022 379 75 90, F 022 379 77 [email protected], www.unige.ch/dase/cunie/

Nous avons l’occasion d’exprimer plein dechoses, de repousser nos limites. Chacunpuise dans son expérience pour amener sapropre interprétation. Je ne sais pas forcé-ment toujours où s’arrête cette dernière etoù débute la part de moi que je livre.» Lejeune interprète souligne aussi l’im-portance du travail physique à fournir:«Nous devons nous exprimer physique-ment. Nous ne sommes pas statiques, nousressentons le texte avec le corps.»Sofyèn Khalfaoui est lui aussi acteur.Etudiant en 2e année à HEI, il fait partdu même émerveillement: «C’est uneexpérience atypique pour moi. Il s’agit à lafois d’un travail de groupe et d’une aven-ture très personnelle. Nous faisons partied’un projet commun dans lequel nous nesommes pas considérés comme des étu-diants, mais comme des participants àpart entière.» Barbara Duc, étudiante enlettres, participe à la fois aux ateliersde théâtre et de danse (discipline danslaquelle elle débute). «Je n’ai jamais faitde spectacle, tout est nouveau pour moi,explique-t-elle. Je n’ai pas une grandetechnique en danse. Je mise donc sur l’ex-pression libre et la spontanéité.»C’est la première année qu’Eric

Devanthéry exerce son métier àl’Université et au côté d’amateurs. Desacteurs, parfois néophytes, mais à l’en-thousiasme et à la motivation sansfailles. «Seuls les agents de sécurité par-viennent à interrompre les répétitions, àl’heure de la fermeture des portes del’Université», sourit le metteur en scène.En dépit de programmes d’études sou-vent chargés, de répétitions hebdoma-daires et de week-ends bloqués sur lesplanches, Catherine Egger dénote lemême entrain chez ses élèves:«L’enthousiasme est manifeste. Travailleravec les étudiantes peut donner un résultattrès vivant. Si elles ont au fond d’ellesquelque chose à exprimer, le mouvementdevient un vecteur d’expression fantas-tique. Un moyen de se libérer. Il faut leurdonner de l’assurance. En retour, ellesoffrent une fraîcheur rare.» n

Pierre Chambonnet

* Le spectacle réunit les ateliers de Sylvia Hodgers,Marco Sabbatini, Roberto Salomon et Eva Vokacova«Marche à suivre», du 5 au 8 mai 2005 à l’Alhambra àGenève. Renseignements aux Activités culturelles del’Université - 022 379 77 05

e mise au pas

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L E S F E U X D E L A D É E S S EM Y T H E S E T R I T U E L S D U K E R A L A

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O U V E R T T O U S L E S J O U R S D E 1 0 H À 1 7 H | F E R M É L E L U N D I

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D E S A F F A I R E S C U L T U R E L L E S

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Campus N° 74Université de Genève

recherche dossier extra-muros l’invité carrière actualitésà lire

Conserver son domicile,son autonomie, son estimede soi et sa place dans lasociété aussi longtempsque possible: ces quelquesmots résument bien sou-vent le défi que représente

la vieillesse dans la société actuelle.Dans la plupart des pays européens,entre 14 et 18% de la population ontplus de 65 ans. Et cette proportiondevrait augmenter considérablementdurant les vingt prochaines années.Pourtant, ce vieillissement progressif

de la population entraîne une révolu-tion sociale qui semble passer inaper-çue. Pour pallier cette relative igno-rance, une équipe de médecins genevoisa rédigé un ouvrage dans lequel ils pré-sentent le concept des «soins commu-nautaires pour les personnes âgées»(SCPA). Destiné aux professionnels de lasanté, aux étudiants et aux décideurspolitiques, ce livre propose toute unesérie de solutions concrètes aux pro-blèmes rencontrés par les personnesâgées tels que les douleurs mal contrô-lées, la maltraitance, l’alimentation, la

sexualité, l’humanisation des soins, etc.En promouvant entre autres les soins àdomicile et des accueils de très courtedurée dans les hôpitaux, le conceptSCPA cherche à permettre aux aînés degérer leur santé de manière à pouvoirrester aussi longtemps que possibledans leur environnement. Les bénéficesd’une telle démarche sont de l’ordrenon seulement de la santé et du bien-être, mais aussi économique. A.Vs

«Stratégies pour une vieillesse réussie», par Charles-Henri Rapin et collaborateurs, publié sous la directionde Jean-Jacques Guilbert, 2004, 288 p.

Réussir ses vieux jours

Qu’ont en commun Berlin, Bruxelles, Venise, Bucarest ouGenève? Comment expliquer la fascination que ces villesexercent sur ceux qui les habitent autant que sur ceux qui lesvisitent ? Sur l’invitation de Bertrand Lévy et ClaudeRaffestin, respectivement maître d’enseignement et derecherche et professeur honoraire au Département de socio-logie, une dizaine d’auteurs d’horizons très divers ont pris laplume pour offrir leur réponse. Romancier, poète, journa-liste, universitaire: chacun dresse à sa façon les contoursd’une géographie très personnelle, sinon intime. De cepériple aux accents impressionnistes, le lecteur retiendrad’abord les très belles pages que Kenneth White, père de lagéopolitique, consacre à Glasgow. A sa suite, le philosopheHugues Robaye plante ses yeux dans ceux de Bruxelles depuisle train de campagne qui relie son domicile au centre de lacapitale. Après Lyon, Venise et Turin, deux textes réunis enfin d’ouvrage évoquent Lisbonne, ville de carte postale écor-née où les embruns venus de l’Atlantique le disputent aux

ordures et à la pourriture, ville delumière où il arrive parfois d’étouf-fer. Nettement plus près de nous, leparcours genevois de Serge Bimpagefait écho au portrait que Jean-Bernard Racine dresse de Lausanne.Journaliste, le premier invoqueNicolas Bouvier, Blaise Cendrars etJohn Berger pour peindre la ville dubout du lac sous les traits d’unefemme, compagne jalouse et métis-sée, mais surtout mère exigeante ayant appris à donner sanspour autant jamais «se donner». Géographe, le second traquepour sa part l’insaisissable identité d’une cité dont le princi-pal attrait reste précisément d’avoir si bien su conserver lemystère de ses charmes.V.M.

«Voyage en ville d’Europe», par Bertrand Lévy et Claude Raffestin,Metropolis 2004, 318 p.

Il remplit les colonnes des journaux, lesécrans d’information et les romans poli-ciers, mais reste un inconnu. Genre ôcombien populaire, le fait divers estparadoxalement longtemps resté unobjet d’études dédaigné par le monde dela recherche. Le sujet ne manque pour-

tant pas d’intérêt comme le montrent les travaux successifsd’Annik Dubied. Maître assistante au sein du Départementde sociologie, la jeune chercheuse, qui a déjà publié un Quesais-je? (PUF, 1999) et quelques articles scientifiques sur lesujet, reprend aujourd’hui les résultats de sa thèse dans unouvrage partagé en trois parties principales. Après avoir faitle point sur l’état des savoirs en la matière (partie I) et tenté

de définir aussi précisément que possible ce genre si parti-culier (partie II), l’auteure y expose le résultat d’une vasteanalyse de discours basée sur un corpus d’articles sélection-nés dans la presse européenne (partie III). De cette démons-tration convaincante, on retiendra notamment que le faitdivers n’existe qu’au travers de sa mise en scène médiatiqueet qu’il obéit à des règles, des codes et une logique qui luisont propres. Moment d’anomalie dans l’ordre naturel deschoses, il fait ainsi généralement intervenir deux élémentsfoncièrement antinomiques: c’est l’accident d’autorouteprovoqué par un moineau, l’enfant écrasé par son bon-homme de neige ou la grand-mère qui neutralise un voyou(lire également Campus n° 60). V.M.«Les dits et les scènes du fait divers», par Annik Dubied, Librairie Droz 2004, 356 p.

La logique singulière du fait divers

Villes de lumière

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Campus: Quel est le thème du FestivalScience et Cité 2005?> Anne Laufer: Pour la Suisse, c’est laconscience. A Genève, nous l’avonsdécliné en trois volets: «émotions etconscience», «mémoire et conscience» et«rêve et états de conscience modifiés».Chacun de ces sous-thèmes correspondà un des jours de la manifestation, quise déroule du vendredi 20 au dimanche22 mai. Le cœur du festival est leKiosque des Bastions, mais des événe-ments auront lieu aussi au Centremédical universitaire (CMU), à la Salledu Faubourg, à la Rotonde de l’hôpitalou à la Villa Bernasconi. Le publicpourra assister à des débats, des confé-rences, des performances, des exposi-tions, des goûters scientifiques et desconcerts de musique électronique.D’autres rendez-vous – portes ouvertes,concerts, colloques, ateliers – prolonge-ront le festival jusqu’au 29 mai.

Quelle est la particularité de l’éditiongenevoise?> Au niveau national, le Festival a étéimaginé comme une rencontre entrearts et sciences. A Genève, nous noussommes attachés à l’aménager commeun espace de rencontres entre scienti-fiques et artistes en tant qu’individus.Ces échanges ont donné naissance à despièces de théâtre, des spectacles dedanse, des performances audiovisuelleset des discussions qui seront présentéesau public. Par ailleurs, je suis anthropo-logue de formation et ma passion est dejeter des ponts entre des réalités diffé-rentes, d’habitude entre celles de laSuisse et d’autres cultures. Dans le casdu Festival, il s’agit des réalités scienti-fique et artistique. Par ma formation etla plupart de mes activités, je suis plusproche du second domaine que du pre-mier. Mais, cette année, le Festival afusionné avec la Semaine du cerveau,dont les représentants, issus du monde

scientifique, m’ont beaucoup aidé. Iln’en reste pas moins qu’au départ, jen’ai reçu comme réponse à mes appelsd’offre que des projets artistiques. Dèsqu’une esquisse de programme s’est des-sinée, des chercheurs des Départementsde neurologie et de psychologie, se sontcependant manifestés.

La conscience, n’est-ce pas un thèmefourre-tout?> Le risque de se perdre en multipliant àl’infini les axes de réflexion existe eneffet. Nous avons donc commencé àstructurer le Festival pour tenter deraconter une histoire qui soit cohérentepour les participants et le public. Lestrois thèmes que j’ai cités n’ont pas étéchoisis au hasard. Ce sont les terrainssur lesquels les projets artistiques et lesrecherches scientifiques pouvaient seretrouver. Nous proposons donc à la foisdes conférences et des débats scienti-fiques habituels et une série d’événe-ments, plus originaux, résultant de larencontre entre scientifiques et artistes.

Quels résultats ont eus ces rencontres?> Tout d’abord, toutes les performances

artistiques présentées au cours duFestival sont des nouvelles créations.Ensuite, presque toutes ces créationssont issues de rencontres entre artisteset scientifiques qui ont commencé déjàl’automne dernier. En observant le pro-cessus, nous nous sommes renducompte que les manières de collaborerpeuvent prendre des formes trèsdiverses. L’artiste suisse Carmen Perrin,par exemple, a passé six mois en rési-dence au Département de microbiolo-gie du CMU. A partir d’une collabora-tion avec le professeur Laurent Roux,elle réalise une installation qui proposeun regard différent sur le monde de larecherche biomédicale. La collaborationentre la biologiste Sophie Schwartz etl’artiste Nika Spalinger, qui travaillentsur le rêve et l’hypnose, est d’un autretype, mais me semble aussi très intéres-sante et fructueuse. Pour y voir plusclair et discuter des points positifs etnégatifs de ces rencontres, nous avonsorganisé un débat public. Modéré parune journaliste, il se tiendra le samedimatin au Kiosque des Bastions. Ce quiintéresse le public, c’est de comprendrecomment les échanges entre les deuxmondes se sont produits, quels sont lespoints communs ou divergents et cequ’en retirent les uns et les autres.

Pensez-vous que ce mélange permettrade diversifier le public traditionnel desmanifestations scientifiques?> Je l’espère. C’est un défi. Nous avonsmis toutes les chances de notre côtépour mélanger les publics. Nous avonschoisi des artistes et des scientifiquesreconnus et nous ne présentons que descréations inédites. Les sujets scienti-fiques sont abordés de manière sédui-sante pour les artistes et vice versa. Lepublic dira si nous avons réussi. n

Propos recueillis par Anton VosRenseignements et programme: www.festival05.ch38

Campus N° 75

recherche dossier extra-muros l’invité carrière actualitésfestival

La conscience est le thème du Festival Science et Cité 2005, qui se déroule du 20 au 22 mai. Entretien avec la coordinatrice genevoise, Anne Laufer

Affiche du Festival Science et Cité 2005.

Une rencontre entreartistes et scientifiques

Page 25: recherche dossier Santé et éthique: le divorce

Université de Genève

39

recherche dossier extra-muros l’invité carrière actualitésen bref

Organiser un forum qui permette auxchercheurs de toutes disciplines dedialoguer: telle est la vocation du pro-gramme «Dialogue des savoirs», dontla première édition est prévue en2006, quelque part en Valais. Cher aurecteur André Hurst, le projet a étéconfié à Francis Waldvogel, ancien pré-sident du Conseil des Ecoles polytech-niques fédérales. Ses principaux objec-tifs sont de décloisonner la rechercheen favorisant une dynamique transdis-ciplinaire, de devenir un événementréférence – à l'image du Forum deDavos pour l'économie – et d’accroîtrela visibilité de la place universitairesuisse sur le plan international.

Marie-Noëlle Schurmans, professeure à la Faculté de psychologieet des sciences de l’éducation de l’Université de Genève, a étérécompensée en janvier dernier par le Prix 2004 de la prestigieu-se Académie des sciences, arts et belles lettres de Dijon. Elle doitcette distinction à la publication des Solitudes, un ouvrage quis’efforce de comprendre ce qu’est le fait d’être ou de se sentirseul au travers de nombreux témoignages vécus (lire Campus64). En recevant cette fameuse distinction, Marie-NoëlleSchurmans est devenue le troisième citoyen genevois, aprèsJean-Jacques Rousseau et le pasteur Henry Babel, et la premièreGenevoise à être distingué par la Société savante française.

Le 11 février 2005, le Comité duConseil de fondation du Fonds natio-nal suisse de la recherche scientifique(FNS) a désigné Daniel Höchli au postede directeur de l’institution. Né en1963, Daniel Höchli a étudié lessciences politiques à l’Université deSaint-Gall. C'est en tant qu'assistant à

l'Institut de sciences politiques qu'il yest entré pour la première fois encontact avec le FNS. Depuis 1996, M. Höchli travaille au sein de l'adminis-tration fédérale, d'abord comme colla-borateur scientifique auprès duSecrétariat général du Départementfédéral de justice et police. Depuis

2001, il est chef d'Etat-major à l'Officefédéral de la police et membre de sadirection. Daniel Höchli assurera, pro-bablement dès août 2005, la directiondu Secrétariat du FNS et de ses 130 col-laborateurs. Il succède ainsi à AnnaliseEggimann, qui occupait jusque-là ceposte ad interim.

L'Université de Genève compte une pro-portion exceptionnellement élevéed'étudiants étrangers (près de 40%).Afin de favoriser leur adaptation au sys-tème académique suisse, une série derencontres leur est désormais proposéeavec des professeurs à la retraite quiont, au cours de leur carrière, acquis unefamiliarité particulière avec certainesrégions du monde. Ces rendez-vousdonneront aux étudiants l'occasiond'établir un contact privilégié avec unancien professeur, chargé de les accom-

pagner dans leur parcours académiqueet de servir de relais entre le pays d'ori-gine et le pays des études, notammentpour les étudiants en provenance d'airesculturelles très différentes de la Suisse.A terme, l’élargissement du projetdevrait permettre de rencontrer, dansleur pays, les étudiants désireux de venireffectuer leurs études à Genève. Il seraen outre possible d’analyser le cursussuivi par les étudiants étrangers etd’évaluer l'impact de leur passage àGenève sur leur carrière.

Le FNS a une nouvelle tête

André Hurst, homme de l’année 2004

L’Universitéfait dialoguer les savoirs

La fondation écologique ecoglobe a choisi de faire d’André Hurst, recteurde l’Université de Genève, son «homme de l’année 2004». Par le biais decette distinction honorifique, ecoglobe a souhaité saluer «le couragedont a fait preuve André Hurst en plaçant le bien-être général avant lesintérêts des fabricants de tabac» durant la campagne «Uni sans fumée».Depuis le 18 octobre 2004, il est en effet interdit de fumer dans tous lesbâtiments universitaires genevois, mesure qui semble avoir été bienacceptée par l’ensemble de la communauté académique et dont les effetspositifs se font déjà sentir, notamment en termes de qualité de l’air.www.ecoglobe.ch/home/d/index.htm

MaNEP recrute des physiciennesPour la seconde fois, le pôle national de recherche(PNR) MaNEP offre la possibilité à des étudiantes enphysique de 3e ou 4e année d’effectuer un stage rému-néré d’un mois au sein d’une de ses équipes derecherche. Le projet vise notamment à pallier lemanque de confiance en elles dont souffrent de nom-breuses physiciennes, manque qui constitue souventun sérieux obstacle au développement de leur car-rière académique. Les stages se dérouleront en juilletet septembre 2005.

Pour tous renseignements, veuillez contacter M. Michel Decroux([email protected]) ou consulter l’adresse internetwww.manep.ch/aow

Mentors pour étudiantsétrangers

Marie-Noëlle Schurmansrécompensée

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Campus N° 75

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Université de Genève

NouvellesThèses

SCIENCES> Brodard, PierreTransient gratings with eva-nescent waves: developmentof a technique for investiga-ting liquid interfacesTh. chim. Genève, 2004; Sc. 3532Directeur de thèse:Professeur Eric Vauthey

> Calzascia, ThomasCentral nervous systemimmunosurveillance andtolerance: the roles of cross-presentation, tumour cellsand glial cells in CD8 T cellimmune responsesTh. biol. Genève, 2004; Sc. 3517Directeur de thèse:Professeur Duri Rungger,Professeur Nicolas de Tribolet,Docteur Paul R. Walker,privat-docent

> Capancioni, Sergio PietroDéveloppement et évaluationd’une formulation injectableà libération modulée à basede poly(ortho ester) destinéeau contrôle de la reproduc-tion chez l’ovinTh. pharm. Genève, 2003; Sc. 3460

Codirecteurs de thèse:Professeur Robert Gurny,Docteur Khadija Schwach-Abdelaoui

> Cohen, DavidAnalysis and numerical trea-tement of highly ocillatorydifferential equationsTh. math. Genève, 2004; Sc. 3524Directeur de thèse:Professeur Ernst Hairer

> Cordier, FredericReal-time animation of dressed virtual humansTh. inform. Genève, 2004; Sc. 3501Directrice de thèse: ProfesseureNadia Magnenat-Thalmann;codirecteur: Professeur JoséRolim

> Corminboeuf, Anne-ClémenceQuantum chemical calcula-tions of NMR parameters andconformational study oforganometallic compoundsTh. chim. Genève, 2004; Sc.3521Codirecteurs de thèse:Professeur Jacques Weber,Docteur Thomas Heine(Technische UniversitätDresden)

> Creton, SandrineIn vivo study of the NC2 co-factor in the yeast S. cerevisiaeTh. biol. Genève, 2004; Sc. 3514Directrice de thèse:Professeure Martine Collart,professeur adjoint

> Von Gunten, Vera Optimisation de l’utilisationdes antibiotiques en milieuhospitalier: impact des ser-vices pharmaceutiques dansune approche interdiscipli-naireTh. pharm. Genève, 2004; Sc. 3535Directeur de thèse:Professeur Robert Gurny,codirecteur:Docteur Jean-Philippe Reymond(Institut central des hôpitauxvalaisans - Division de pharmacie,Sion)

> Hediger, FlorenceSpatial organization of telo-meres in Saccharomyces cere-visiaeTh. biol. Genève, 2004; Sc.3543Directeur de thèse:Professeure Susan M. Gasser

> Isele, KatharinaA study of structures andproperties of new bisbenzi-midazole complexes usingthe ligand 1,2-bis(1[H]-benzi-midazol-2-yl)-1,2-ethanedioland the late 3d transitionmetals Co(II), Ni(II), Cu(II) and Zn(II)Th. chim. Genève, 2003; Sc. 3485Directeur de thèse:Professeur Alan Francis Williams

> Lacrampe, FabienneRéactions énantiosélectivesde diazoesters silylés par descatalyseurs de rhodium(II)Th. chim. Genève, 2004; Sc.3512Directeur de thèse:Professeur Paul Müller

> Oudin, SéverineEffect of mechanical stretchon human bronchial epithe-lial cellsTh. biol. Genève, 2004; Sc. 3522Directeur de thèse:Docteur Jérôme Pugin,privat-docent,codirecteur: Professeur Jean-Claude Chevrolet

> Sieg, AnkeThe internal standardconcept for non-invasive glu-cose monitoring usingreverse iontophoresisTh. pharm. Genève, 2004; Sc. 3519Directeur de thèse:Professeur Richard H. Guy,codirectrice: Docteur MariaBegoña Delgado-Charro

> Souverain, SandrineExtraction en ligne sur sup-port solide pour l’analyse decomposés pharmaceutiquescontenus dans des matricesbiologiques par chromatogra-phie liquide - spectrométriede masseTh. pharm. Genève, 2004; Sc. 3520Directeur de thèse:Professeur Jean-Luc Veuthey

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Campus N° 75

MEDECINE> Diana, AlessandroEtude de l’immunité vacci-nale chez les enfants ayantbénéficié d’une transplanta-tion hépatique à Genèveentre 1990 et 2002Th. méd. Genève, 2004; Méd.10387Directrice de thèse: ProfesseureClaire-Anne Siegrist, profes-seure adjointe

> Altrichter, Loan CatherineOstéomyélites et ostéoar-thrites à streptocoque béta-hémolytique du groupe B(Streptococcus agalactiae)Th. méd. Genève, 2004; Méd.10384Directeur de thèse: DocteurLouis Bernard, privat docent

> Arnold, MireilleChimioprophylaxie du palu-disme pendant la grossesse:évaluation de l’observance àSikasso (Mali) par la méthodede Saker-SolomonsTh. méd. Genève, 2004; Méd. 10363Directeur de thèse:Professeur André Rougemont

> Corvaglia, RobertoLe système d’urgences àdomicile dans une régionrurale suisse: l’exemple del’Ajoie dans le JuraTh. méd. Genève, 2004; Méd. 10360Directeur de thèse: DocteurJuan Sztajzel, privat-docent

> Dong, Hong GuangL’acupuncture dans le traitement des symptômesclimatériquesTh. méd. Genève, 2004; Méd. 10382Directeur de thèse:Professeur Paul A. Bischof

> Jaquet, PhilippeLes aquaporines: un point deconvergence privilégié entresciences de base et cliniqueTh. méd. Genève, 2004; Méd. 10381Directeur de thèse:Professeur Rui C. de Sousa

> Jordan, FabriceVaccination contre la grippepar voie intranasale: une étude de tolérance àl’Hôpital cantonal deFribourgTh. méd. Genève, 2004; Méd. 10388Directeur de thèse:Professeur Claude Regamey,professeur associé

> Knoepfli, Anne-SophieMarie-ChristineEtude prospective d’un collectif de 310 patients: del’utilité d’un CT-scan précocepour déterminer la sévéritéd’une pancréatite aiguëTh. méd. Genève, 2004; Méd. 10383Codirecteurs de thèse:Professeur François Terrier,Docteur Karen Kinkel,privat-docent

> Kohlik, MagdalenaImmunolocalisation desmétalloprotéases et de certains oncogènes dans le trophoblaste du premiertrimestreTh. méd. Genève, 2004; Méd. 10389Directeur de thèse:Professeur Paul Bischof

> Leemann, BéatriceImpossibilité à la fermeturevolontaire des paupières: uneapraxie?Th. méd. Genève, 2004; Méd.10398Directeur de thèse:Professeur Armin Schnider

> Lodygensky, Gregory AntonAtlas interactif d’ophthalmo-logieTh. méd. Genève, 2004; Méd. 10375Directeur de thèse:Professeur Avinoam B. Safran

> Martinez Guzman, ThelmoVaccination anti-grippalechez les patients adultes demoins de 65 ans: efficacitéd’une intervention de méde-cine de premier recoursTh. méd. Genève, 2004; Méd.10393Codirecteurs de thèse:Professeur Hans Stalder,Docteur Jean-Paul Humair

> Sartoretti, Pascal DanielL’oxaliplatine utilisé dans les chimiothérapies contre le carcinome colorectal métastatique induit desévères lésions vasculaireshépatiquesTh. méd. Genève, 2004; Méd. 10380Directrice de thèse:Docteur Laura Rubbia-Brandt,privat-docent

LETTRES> Banica, Mirel EleodorLes intellectuels de droite etl’Eglise dans les années 30: le cas de la RoumanieTh. lett. Genève, 2004; L. 555Directeur de thèse:Professeur Georges Nivat

> Simunic, ZrinkaUne approche modulaire des stratégies discursives du journalisme politiqueTh. lett. Genève, 2004; L. 554Directeur de thèse:Professeur Eddy Roulet

NouvellesThèses

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Université de Genève

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SES> Amey, PatrickAnalyse d’un débat téléviséavec participation du public:scénographie, mise en scènefilmique et construction desidentités dans un débat surl’énergie nucléaireTh. sc. écon. et soc. Genève,2002; SES 529Directeur de thèse:Professeur Uli Windish

> Bornicchia, FrançoisUne zone frontalière en évo-lution: le cas de la «Francevoisine» dans la région gene-voise: 2000-2010Th. sc. écon. et soc. Genève,2004; SES 572Directeur de thèse:Professeur Antoine Bailly

> Fall, Juliet JaneDrawing the line: boundaries, identity andcooperation in «transboun-dary» protected areasTh. sc. éc. et soc. Genève,2003; SES 552Directeur de thèse:Professeur Antoine Bailly, codi-recteur:Docteur Martin Price (PerthCollege, UHI MillenniumInstitute, Grande-Bretagne)

> Huber, PhilippeGeneralized linear latentvariables models: estimation,inference and empirical ana-lysis of financial dataTh. sc. éc. et soc. Genève,2004; SES 564Codirecteurs de thèse: ProfesseurElvezio M. Ronchetti, ProfesseurMaria-Pia Victoria-Feser

> Joslin, Christopher JohnNetwork and spatial audiomodels for virtual environmentsTh. sc. écon. et soc. Genève,2003; SES 551Directrice de thèse:Professeure Nadia Magnenat-Thalmann

DROIT> Ducrot, MichelLa procédure d’expulsion dulocataire ou du fermier nonagricole: quelques législa-tions cantonales au regarddu droit fédéralTh. droit Genève, 2004; D. 749Directeurs de thèse:Professeur Nicolas Jeandin,Professeur Gilles Petitpierre

> Laporte, ClaudeLa titrisation en Suisse, spé-cialement celle d’actifs ban-cairesTh. droit Genève, 2004; D.750Directeur de thèse:Professeur Luc Thévenoz

FPSE> Bänziger, TanjaCommunication vocale desémotions: perception de l’expression vocale et attribu-tions émotionnellesTh. psychol. Genève, 2004;FPE 325Directeur de thèse:Professeur Klaus R. Scherer

> Faineteau, HenryLa perception kinesthésiquedes distancesTh. psychol. Genève, 2004;FPE 331Directeur de thèse:Professeur Paolo Viviani

> Hà Vinh, Patrice ThoA la recherche du mondevécu: histoires de vie, forma-tion et transformationTh. sc. éduc. Genève, 2004;FPE 326Directeur de thèse:Professeur Pierre Dominicé

IUHEI> Crousaz, Pascal deLa voie vers Oslo: gouver-nants, sociétés civiles etdébut de résolution duconflit israélo-arabe: 1987-1993Th. sc. pol. Genève, 2004; HEI 671Directeur de thèse:Professeur Mohammad RezaDjalili, professeur associé

> Kengne Kamga, MauriceDélimitation maritime sur lacôte atlantique africaineTh. sc. pol. Genève, 2004; HEI 665Directeur de thèse:Professeur Lucius Caflisch

> Santerre Salério, FrédériqueEncounter in bio-complexity:international governance ofbiodiversity, biotechnologyand intellectual propertyrightsTh. sc. pol. Genève, 2004;HEI 673Directeur de thèse:Professeur Cédric Dupont, pro-fesseur adjoint

IUED> Abdel Motaal, DoaaScience, risk assessment andWTO rules: the role of expertconsultationsTh. sc. écon. Genève, 2004;IUED 7Codirectrice de thèse:Professeure Laurence Boissonde Chazournes,codirecteur: Professeur

Christian Comeliau, professeurhonoraire

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