réappropriation de l’espace dans les cités de recasement cas de gammas a constantine

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  • 7/25/2019 Rappropriation de lEspace Dans Les Cits de Recasement Cas de Gammas a Constantine

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    Rpublique Algrienne Dmocratique et Populaire

    Ministre de L'Enseignement Suprieur et de la Recherche Scientifique

    UNIVERSITE DE MENTOURI A CONSTANTINE

    FACULTE DES SCIENCES DE LA TERRE,

    DE LA GEOGRAPHIE ET DE LAMENAGEMENT DU TERRITOIRE

    DEPARTEMENT DARCHITECTURE ET DURBANISME

    N dordre :..

    Srie :....

    MEMOIRE

    POUR LOBTENTION DU DIPLOME DE MAGISTRE

    OPTION : URBANISME

    Prsent parNadia LABED RIGHI

    RAPPROPRIATION DE LESPACE DANS LES CITS DE

    RECASEMENT

    CAS DE GAMMAS A CONSTANTINE

    Sous la direction du professeur : Belkacem LABII

    Jury dexamen :

    Prsident : Mr. M.H. LAROUK - Prof. Universit de Constantine

    Membre : Mr M. MAKHLOUF - M.C. Universit de Constantine

    Membre : Mme S. BENZEGHOUTA DEBACHE - M.C. Universit de Constantine

    Rapporteur: Mr B. LABII - Prof. Universit de Constantine

    Soutenu le 8 juillet 2010

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    REMERCIEMENTS

    Il m'est agrable, d'exprimer ma gratitude tous ceux qui ont contribu de

    prs ou de loin ma formation et enfin la ralisation de ce mmoire.

    Mes remerciements les plus vifs vont

    Monsieur le professeur Marc COTE et monsieur le professeur Belkacem LABII

    pour la prcieuse aide quils m'ont apporte

    Je remercie galement lencouragement

    des enseignantes de lquipe de la post graduation

    (1992-1994)

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    DEDICACE

    Je ddie ce prsent travail

    la mmoire de mon pre qui a souhait assister la soutenance de cette thse,

    ma mre, mes surs et mes frres,

    mes belles surs et mes beaux frres,

    mon mari et ma fille.

    Sans oublier ma trs chre amie madame Anne COTE

    pour tout l'aide et le soutien quelle m'a apport.

    3

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    TABLE DES MATIRES

    INTRODUCTION GNRALE ...12

    PROBLMATIQUE ..15

    MTHODOLOGIE ....19

    1. la typologie des mnages ......19

    2. la typologie des logements ....20

    3. le principe opratoire 20

    4. lchantillonnage ...21

    5. le questionnaire .....22

    CHAPITRE PRLIMINAIRE .....23

    I. Le concept despace et ses dsignations ....231. Du lieu lespace ..23

    2. Espace comme environnement .24

    II. Appropriation de lespace .....25

    1. Le concept dappropriation ...25

    2. Utilisation, adaptation et appropriation de lespace ......26

    3. Appropriation de lespace : un phnomne ..27

    4.

    Les diffrentes formes dappropriation .....28

    PREMIRE PARTIE : HABITAT ET RECASEMENT

    INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE...30

    CHAPITRE I : LHABITAT EN ALGERIE, DE LA CRISE A LA POLITIQUE DE

    RECASEMENT ..31

    I. Lhabitat en Algrie ........31

    1. Lhabitat en crise .......31

    1.1. Une urbanisation rapide ..........31

    1.2. Exode rural intense.......31

    1.3. Le phnomne de bidonvilles......33

    1.4. La crise de logement....33

    2. Les rponses tatiques la crise .......34

    2.1. Lhabitat collectif........35

    4

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    2.2. Lhabitat individuel de recasement...........35

    2.3. La politique de recasement dans le monde ..36

    II. La politique de recasement Constantine ...37

    1. La ville de Constantine ...37

    1.1. Constantine aujourdhui : un constat lourd ......37

    1.2. Vers une nouvelle politique de la ville ....40

    2. Les cits de recasement Constantine .....42

    2.1. Priode coloniale .42

    2.2. Priode post coloniale ......42

    3. Etude comparative entre deux cits de recasement : Les Muriers et Oued El Had .. .45

    3.1. Prsentation des cits de recasement ...45

    3.2. Les caractristiques des populations ....45

    3.3. Installation des familles .......47

    3.4. Organisation spatiale, fonctionnelle et volution des logements .........48

    3.5. La transformation des faades .........51

    3.6. La pratique des espaces extrieurs ...........52

    Conclusion du premier chapitre.........53

    CHAPITRE II : CIT GAMMAS, UN CADRE DTUDE APPROPRI .....54

    I. Le cadre dtude .....54

    1. Choix du terrain dtude et situation ....54

    1.1. Les critres du choix ........54

    1.2. Situation et limites ...54

    2. Gense et volution ....54

    2.1. Origine du mot Gammas .......542.2. Evolution de la cit .........56

    3. Morphologie de la cit ........58

    3.1. Les formes urbaines ........58

    3.2. Organisation des chalets ..61

    3.3. Les quipements .....64

    4. Le volet lgislatif ....66

    4.1. Gammas, chef lieu darrondissement ..66

    5

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    4.2. Opration dembellissement 66

    4.3. Le remplacement des constructions prfabriques ......67

    II. Caractristiques et fonctionnement des chalets ..67

    1. Les caractristiques techniques .....671.1. La plateforme et le revtement du sol ....67

    1.2. Toiture et faux plafond ..68

    1.3. Murs et ouvertures ......68

    1.4. Assainissement ....69

    2. Organisation spatiale des chalets ......70

    3. La structure spatiale ...71

    3.1. Les surfaces ......713.2. Les plans et les faades ....72

    Conclusion du second chapitre...75

    CONCLUSION DE LA PREMIRE PARTIE ....76

    DEUXIME PARTIE : RAPPROPRIATIONS ET PRATIQUES SPATIALES

    INTRODUCTION A LA DEUXIEME PARTIE.78

    CHAPITRE 1 : LES RAPPROPRIATIONS PHYSIQUES .....79

    I. Au niveau du chalet .....79

    1. Les chalets modles .....79

    1.1. Le premier modle ...79

    1.2. Le second modle ....79

    2. Le chalet dmoli ......81

    3. Le chalet converti ....82

    4. Le chalet habit .......83

    4.1. Le renforcement de la porte du chalet .....83

    4.2. Changement de position des ouvertures ......83

    4.3. Le glissement des panneaux ....86

    4.4. Elimination du battant de la porte du hall dentre .....87

    4.5. Elimination des cloisons intrieures ........88

    4.6. Les rideaux .......88

    4.7. Le grillage des fentres ....89

    6

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    4.8. Changement du tapis de parterre .90

    4.9. Changement du rseau deau potable ..91

    4.10. Encastrement de linstallation lectrique ...92

    II. Au niveau de la parcelle ....93

    1. La clture ou laxe public/priv .....93

    1.1. Clture et problme de mitoyennet ....93

    1.2. Clture et temps doccupation .94

    1.3. Clture et symbolique ..96

    1.4. La porte dentre ..96

    2. Les types dextension ..98

    2.1. Extension horizontale ......98

    2.1.1. Extension horizontale caractre dhabitation ...99

    2.1.2. Extension horizontale mixte .....105

    2.1.3. Extension horizontale caractre uniquement commercial .106

    2.2. Extension verticale .....108

    2.2.1. Extension verticale caractre dhabitation .108

    2.2.2. Extension verticale mixte ..109

    2.2.3. Extension verticale caractre uniquement commercial ou artisanal ..110

    3. Population caractre passif ...110

    Conclusion du premier chapitre......111

    CHAPITRE II : LES PRATIQUES SPATIALES ........114

    I. Au niveau des sous systmes du chalet ...114

    1. Au niveau de la salle de sjour .....114

    1.1. La polyvalence ...114

    1.2. La pratique de la spcialisation ......1161.3. Amnagement ....117

    2. La chambre coucher ......118

    2.1. La polyvalence ..........119

    2.2. La spcialisation ....120

    2.3. Le changement daffectation .121

    2.4. La sparation des sexes .....124

    2.5. La chambre interdite .....124

    7

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    2.6. La porte cadenasse .......124

    2.7. Amnagement ....126

    3. La cuisine ...127

    3.1. La prise des repas ......128

    3.2. Lutilisation de la table de la salle manger ....128

    3.3. Le changement daffectation .....129

    3.4. La permutation .......130

    3.5. Elimination ....131

    3.6. Amnagement .......132

    3.7. Le comportement passif ........132

    4. WC, salle de bain et salle deau ...133

    4.1. Changement dappareils sanitaires .......133

    4.2. Sparation entre WC et salle de bain .133

    4.3. Changement daffectation ..134

    4.4. Elimination ........135

    4.5. La polyvalence ...136

    4.6. Le comportement passif .....137

    5. Le schoir ...137

    5.1. La couverture .........137

    5.2. Changement daffectation ......137

    5.3. Agrandissement .....138

    5.4. Spcialisation .....139

    5.6. Elimination .....139

    6. Le hall ou le couloir ......140

    II. Au niveau du jardin .....140

    1.

    Les jeux denfants ...........1402. Les cultures .....141

    3. Diffrents animaux .....142

    4. Diffrents talages ......143

    5. Diffrentes cuissons ....145

    6. Stockage deau ........145

    7. Installation de la parabole ...146

    8.

    Garage de la voiture ........147

    8

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    III. Les pratiques occasionnelles .........148

    1. La clbration des mariages ......148

    2. La circoncision et la naissance ......149

    3. Ramadhan .....150

    4. LAd ....150

    5. Les funrailles ......150

    Conclusion du second chapitre.............151

    CONCLUSION DE LA DEUXIME PARTIE .....154

    TROISIME PARTIE : PRATIQUES ET PERCEPTION

    INTRODUCTION A LA TROISIEME PARTIE.......158

    CHAPITRE I : LES PRATIQUES DE LA CIT ..159

    I. Les relations extrieures ...159

    1. Les lieux dchange ...159

    1.1. Les rues ......159

    1.2. Les passages pitons ..160

    1.3. Les placettes .......161

    1.4. Les impasses ..163

    1.5. Le centre culturel ...164

    1.6. Le hammam ...164

    1.7. Souk el fellah .....164

    1.7. Le souk ...164

    2. La notion de communaut ....165

    2.1. Twiza .....165

    2.2. Oprations de nettoyage .165

    2.3. Equipe de football ..............1652.4. Association de quartier ......166

    3. Pratiques religieuses .166

    3.1. La mosque comme lieu des pratiques religieuses .......166

    3.2. Les pratiques occasionnelles .........167

    3.3. Fatiha .....167

    3.4. Lexistence dun cheikh ....168

    3.5. Lenterrement des morts ........168

    9

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    4. Raisons des dplacements et moyens de transport ...168

    4.1. Les courses et les services .....168

    4.2. Le travail et les tudes ...168

    4.3. Les rparations ...169

    4.4. Les vacances dt et les visites familiales ........169

    Conclusion de la premire section ..170

    II. Le contenu social ......171

    1. Composition sociale et cohabitation ....171

    1.1. Les caractristiques de la population .....171

    1.2. Exigut spatiale .....174

    1.3. Evolution des familles ...176

    1.4. Le phnomne de cohabitation ......179

    2. Origine des familles et itinraire .....180

    2.1. Origine des familles ...180

    2.2. Lien avec les origines ....181

    2.3. Habitat antrieur ....182

    3. Activits professionnelles et niveau de vie .....183

    3.1. Rpartition par catgories socio professionnelles .....183

    3.2. Le travail de la femme ...183

    3.3. Niveau dinstruction ......185

    3.4. La parabole et linternet .........186

    3.5. La voiture ...186

    4. Attribution des chalets ......186

    4.1. Choix avant de venir Gammas ........186

    4.2. Cadre dattribution .........186

    4.3. Propritaires et usufruitiers ....187Conclusion de la seconde section..188

    CHAPITRE II : PERCEPTION ET PERSPECTIVES ........189

    I. La perception de lespace .....189

    1. Perception de lexistant ....189

    1.1.. Avis sur le chalet .....189

    1.1.1. Surface et ramnagements ........189

    1.1.2. Matriaux de construction ......189

    10

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    1.1.3. La disposition des chalets ...190

    1.2. Avis sur la parcelle ......191

    1.3. Avis sur la cit .....191

    1.3.1. Linscurit ...191

    1.3.2. La voirie ....192

    1.3.3. Rseaux techniques ...192

    1.3.4. Assainissement .193

    1.3.5. Les luttes urbaines ....194

    1.3.6. Relation avec les autres quartiers .196

    2. Perception de lavenir ..196

    2.1. Achat des chalets ...196

    2.2. Les souhaits .......196

    Conclusion de la premire section..198

    II. Les perspectives .......199

    1. Les enseignements de lenqute ......199

    1.1. Les facteurs dcisifs en cause ....199

    1.2. Quel mode dhabiter, Quelle forme dhabitat ? .....201

    2. Les perspectives lgard de Gammas .......203

    3. Les perspectives lgard des cits individuelles.... ..........204

    CONCLUSION DE LA TROISIME PARTIE ....205

    CONCLUSION GNRALE ......206

    ANNEXES .....211

    BIBLIOGRAPHIE ........223

    RSUMS ET MOTS CLEFS

    11

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    INTRODUCTION GENERALE

    Le prsent travail de recherche sinscrit dans le cadre du dbat grands ensembles/habitat

    pavillonnaire. Notre recherche constitue une contribution au dbat et se dirige vers leffort de

    connatre quelle forme dhabitat rpond le mieux aux besoins des occupants.Si dans certains pays dEurope, les grands ensembles disparaissent par voie de

    dmolition, une fois que les effets sociaux taient reconnus par les pouvoirs publics, en Algrie,

    et plus prcisment Constantine, ce type de logement se distingue comme cadre bti

    inappropri au mode de vie des habitants qui loccupent.

    Les conditions dappropriation de ces logements dans les grands ensembles ne sont pas

    bonnes. Au niveau du logement, rien ne concide avec ce que laugmentation de la proximit et

    de la promiscuit est droit dattendre comme dispositif de prservation de lintimit domestiqueet de la vie de famille, [...]. Les parties communes sont laisses labandon faute dune forme de

    socialisation spcifique la gestion de ce type de lieu [..], et la bance de lespace autour des

    immeubles est un dsert anonyme et sans statut symbolique qui, entre le domaine bti et la voirie

    sert essentiellement despace de renvoi de dtritus. (J. P. Frey, 1988, P. 207)

    Cette inappropriation est voque en termes de discordance entre ce type de logement

    et ses habitants et est tablie en termes de rupture des habitants des grands ensembles avec leur

    modle culturel traditionnel. Paralllement, le rsultat des recherches sur la relation entre cadrebti et mode de vie a t abord en termes de rapport harmonieux entre le processus de

    production informel (spontan et illicite) et le mode dhabiter de ses usagers. E. Tebib (1996)

    Dans lhabitat informel et au niveau de lhabitation, ladaptation des constructions aux

    habitus de la population, non pas image fige traditionnelle de la maison, mais faon de

    composer avec la situation tant spatiale quconomique et sociale en mutation avec une

    conomie de moyens, est ici tant bien que mal obtenue par une appropriation en mme temps

    immdiate et progressive des lieux. (J. P. Frey, 1988, P.208)

    Au niveau du quartier, lespace extrieur nest pas peru comme un " dehors" vide de

    sens. Mais il constitue un prolongement logique de lintrieur, un lieu dchange, de

    communication entre les habitants, hommes, femmes. Du fait de lexistence dintervention sur

    lespace, les habitants se sentent concerns, donc sapproprient lespace, conscients au dpart

    que nul ne sen chargera leur place. (N. Benmaati, 1991, P.110)

    N. Benmaati explique : un ensemble dlments contribuent donner la rue son plein

    sens. Les cheminements travers les quartiers ont lieu grce, en partie, lanimation des

    12

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    magasins, crant ainsi des habitudes, un lien avec la rue. Dautre part, lorganisation mme des

    constructions par leur alignement contribue la conception de la rue continue, les hauteurs des

    maisons de part et dautre de la rue, projettent leur ombre au sol et crent ainsi une zone

    ombrage. (N. Benmaati, 1991, P.114)

    Ce critre dordre climatique prend toute sa signification, quand on prend en compte les

    dispositions spatiales du bti dans les grands ensembles o les cheminements ne sont ni pris en

    charge, ni protgs.

    Les cits de recasement transformes sont considres dans les manuels de recherche

    [thse de A. Hafiane (1989), thse de N. Benmaati (1991), etc.] comme tant un type dhabitat

    informel en dur, la diffrence rside dans le statut de lillgalit. Lillgal ne se pose pas en

    termes de statut foncier mais relve des transformations et des extensions effectues.

    La majorit des cits de recasement na pas gard sa morphologie dorigine. par le

    transfert de proprit de terrain, la procdure est semblable celle des quartiers informels en dur.

    Elles ont subi des transformations sur deux plans : dun ct, il ya eu extension de la cit par

    implantation de nouvelles constructions situes sur le terrain entourant la cite de recasement.

    Dun autre ct, les habitations des cits de recasement ont perdu leur aspect initial, les

    propritaires ayant procd leur reconstruction, seuls quelques unes sont intactes, mais elles

    sont en minorit. (N. Benmaati, 1991)

    Dans les cits de recasement coloniales, la majorit des propritaires ont dmoli leurs

    anciennes habitations et ont reconstruit de nouvelles demeures. Au niveau des cits de

    recasement post coloniales, base de chalets imports, les pouvoirs publics nont pas encore pris

    conscience du grand cart entre ce type de logement import et tout ce quil vhicule comme

    valeurs et le modle culturel qui caractrise de nos jours, la population algrienne. Les pouvoirs

    publics interdisent la dmolition des chalets et naccordent pas la reconstruction de nouvelles

    btisses.

    Linterdiction de la dmolition des chalets limite les chances de la population dadapterson cadre de vie ses besoins. Par consquent, la relation harmonieuse, entre cadre bti et mode

    de vie, qui ressort des travaux de recherche, nexiste plus. Plus encore, la mutation de ce type de

    cit de recasement na pas abouti une nouvelle cit informelle en dur.

    Le phnomne de mutation de ce type de cits de recasement attire notre attention

    et sa dynamique dvolution est au cur de notre travail de recherche.

    La persistance des cits de recasement a mis en vidence le grand cart entre loffre et la

    demande en matire de logement, ces cits tmoignent de la continuit et lampleur de la crise de

    13

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    logement. Toutefois cette crise qui caractrise tout le pays, semble pousser les pouvoirs publics

    opter pour ce genre de solution, mais en ralit, la pnurie nest quune situation conjoncturelle.

    Un chantillon de chalets situ la priphrie de la ville de Constantine, fut choisi

    comme terrain dinvestigationpour tudier le comportement et la conduite des habitants vis

    vis dun logement individuel impos. Il sagit en fait de la Cit Gammas.

    Lobservation prliminaire de la manire dhabiter dans ces chalets, montre que

    linadquation rside en fait dans lcart entre le modle culturel vhicul par le pavillon,

    et le modle culturel incarn par les usagers. Ce dcalage est plus exprim, suivant les

    conditions socioconomiques et culturelles des occupants, et suivant les caractristiques des

    chalets quils occupent.

    Le comportement et limplication des mnages vis vis du chalet sont dans certains cas

    fragmentaires. Cela veut dire quils ne sont vraiment significatifs que sur un des sous systmes

    qui structurent le pavillon, soit uniquement sur la cuisine, sur le WC, sur la salle de bain, ou sur

    un autre sous espace. Le comportement est parfois gnral et touche les sous systmes du chalet

    et stend sur la parcelle qui lentoure.

    Pour guider notre recherche, nous mettons lhypothse suivante : le mode dhabiter

    dans les pavillons ne rsulte pas simplement du modle culturel incarn dans la pens des

    habitants, ni simplement du modle culturel propos par le chalet. Cest

    vraisemblablement une sorte de symbiose des deux modles . E. Tebib (1996) voque le

    terme de syncrtisme des deux modles culturels.

    A ce niveau, nous nous demandons, comment approcher ou analyser ce syncrtisme

    qui caractrise lhabiter dans ces chalets ? Aussi, de quelles manires les usagers adaptent ils les

    chalets qui leurs sont imposs ? Cest cette problmatique que nous exposons dans le travail

    propos.

    14

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    PROBLMATIQUE

    Souvent on reproche aux grands ensembles ou habitat collectif d'tre inadapt au mode de

    vie des habitants, on idalise lindividuel alors que dans certaines cits individuelles, le malaise

    est le mme. La conception et l'organisation de l'espace ne rpondent pas au vcu des habitants.

    Si pour les dcideurs, le collectif rpond des critres de modernit et d'conomie, pour

    les occupants, le collectif est un habitat de passage. Chez chaque habitant, existe un rve de

    propritaire d'une maison individuelle. Le pouvoir dvolutivit du pavillon est absent dans

    l'appartement. Ce dernier est peru comme un carcan. Mais, si le pavillon perd de son pouvoir

    d'extension verticale et horizontale, devance t-il l'appartement ?

    Au dbut, rares sont les partisans des grands ensembles, dj on les qualifie, nous dit R.

    Kas (1963), de casernes, dunits concentrationnaires, de clapiers dortoirs, les traits uniques quiles caractrisent sont proximit et isolement, ennui, inconfort, dracinement, dpressions

    nerveuses et incitation la dlinquance.

    Que leur reproche t- on principalement ?

    N. Benmaati (1991, P. 10) reproche aux grands ensembles la qualit des espaces tant

    intrieurs quextrieurs, il ny a pas de sentiment dimplication pour lhabitant mais plutt un

    sentiment danonymat qui finit par linquitude sur lavenir de la relation habitant avec son

    espace. Cet anonymat est du une uniformisation, une rptition qui rpond une logiquetechnique et conomique.

    Les grands ensembles sont bien entendu habits mais avec un regard permanent de la

    part de leurs occupants pos sur le pavillon, ce dernier demeurerait lidal de toute forme

    dhabitation. (N. Benmaati, 1991, P.10)

    Lattachement au pavillon, est du principalement sa plasticit, seulement, quand cet

    espace ne sadapte plus aux besoins, et ne permet aucune extension latrale ou de surlvation,

    cet attachement demeure t-il constant ?Lanonymat, reproch aux grands ensembles, affecte aussi le pavillon, produit en srie,

    lespace pavillonnaire devient un espace impos, rationnel, conu pour des raisons purement

    conomiques, et nimplique plus son propritaire. Le bruit, la proximit, linconfort et lexigut,

    autant de dfauts reprochs lhabitat moderne, touchent de plus en plus le pavillon, bti avec

    des matriaux et des processus de construction dits modernes .

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    Plus encore, la banlieue pavillonnaire est morne parce quelle apparat aboulique, parce

    quelle narrive pas prendre forme. (P. Sansot, 1988, P. 300). Il suffit de songer ces villas

    demi construites, on a limpression que ces maisons, inacheves, narriveront jamais terme.

    Quand lespace extrieur au pavillon, il est abandonn, sans aucune prise en charge,

    souvent mme appropri par des habitants qui lutilisent selon leur got. Le pavillon, comme un

    espace fig, est autant dsavou que le logement dans limmeuble collectif.

    L'habitat collectif est apparu en Algrie la fin de la deuxime guerre mondiale. Sa

    production a pris des allures dans le cadre du Plan de Constantine (1958-1962). L'intrt du

    pouvoir algrien indpendant pour l'architecture et l'urbanisme sest manifest partir des

    annes 70, et sest ax sur l'habitat collectif. Ce type dhabitat tait sens rsoudre une crise

    conjoncturelle.

    Le collectif constitue de nos jours pour la population algrienne, un des espoirs de se

    loger dans des conditions dcentes. Il na pas suscit le besoin de sa remise en cause, ni chez les

    pouvoirs publics, ni mme chez les habitants qui loccupent.

    A notre avis, cela est du la conjoncture de pnurie de logement. Les habitants ne

    refusent pas loctroi dun logement quelle quen soit la nature. Dans une situation de crise, et en

    matire de logement, le quantitatif de la demande prime sur laspect qualitatif. Le logement

    devient mme un enjeu pour diffrents groupes sociaux.

    Si pour les dcideurs, le logement est un moyen de concrtiser le discours politique et

    dassumer le pouvoir, pour les bnficiaires, le logement ne reprsente pas uniquement un cadre

    de vie, un lieu de reprsentation, un toit, il reprsente un droit acqurir cote que cote. Plus

    encore, de nos jours, et avec lapplication des lois relatives la cession des Biens de lEtat, le

    logement devient une marchandise changeable, un fond immobilier, bref un capital.

    A son tour, le pavillon, prcisment le chalet import est une solution rapide pour

    combler le manque de logement. Ce type de logement reflte un aspect socioculturel spcifique

    la population laquelle il tait destin lorigine ; il reflte par consquent toute une histoire delvolution socioculturelle de cette population europenne.

    Ltude de cette volution nest pas sans intrt, car elle pourrait dboucher sur des

    solutions quant ladaptation de ce type de logement la famille, mais le fait que la population

    algrienne ntait pas lorigine le destinataire de ce logement, noblige pas la prsente

    recherche exposer lhistorique des cits pavillonnaires. Mais nous noublierons pas de marquer

    des lments dhistoire qui pourraient porter des clarifications quant lattitude des usagers face

    leurs logements.

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    En mme temps, ltude de lvolution socio culturelle de la population algrienne qui a

    vcu dans les chalets, depuis lpoque de son introduction jusquaujourdhui, nest pas incluse

    dans cette recherche. En revanche, quelques caractristiques relatives la famille algrienne,

    sont mentionner quant aux comportements des habitants.

    Donc dans la prsente recherche, il ne sagit pas de lvolution socio culturelle au sens

    le plus large des habitants des chalets. Il sagit plutt de lvolution qui caractrise les habitants

    durant leur passage dans ce nouveau logement. Il en est de mme en ce qui concerne le chalet, il

    ne sagit pas de son volution travers ses diffrentes gnrations, il sagit seulement de sa

    mtamorphose au cours du processus dappropriation.

    Toute notre problmatique sarticule autour de deux points fondamentaux qui

    prsentent un rapport dialectique :

    Dun ct, il ya un espace chalet caractris par ses proprits spatiales,

    organisationnelles, fonctionnelles et symboliques. Ces proprits changent au courant de

    lacte dappropriation. Do le logement est un contenant qui se transforme.

    De lautre ct, il ya un mnage dfinissable travers ses caractristiques

    socioculturelles, qui volue durant le processus dappropriation. Le mnage est un contenu

    qui se transforme tout en transformant le contenant (le chalet)

    Dune faon plus directe, les besoins de la famille changent, alors que le cadre bti reste

    fixe. Pour rpondre ses besoins, chaque famille ne reste pas fige, elle agit sur son espace,

    autrement dit, elle sapproprie son espace. Comment sapproprie t- elle le chalet ? Comment

    sapproprie t- elle la parcelle ? Quel est son rapport la cit ? Le point fort de la prsente

    recherche tourne autour de ces questions.

    Certains facteurs entrent dans ce mcanisme de transformation, appel appropriation de

    l'espace et qui sont : le temps doccupation, les transformations vcues par la famille, les moyens

    financiers, la tolrance de l'espace, le mode et les matriaux de construction.

    La tolrance de l'espace, le mode et les matriaux de construction regroupent lescaractristiques spatiales du logement. Ces facteurs jouent un rle primordial dans le phnomne

    d'appropriation, ils favorisent ou empchent tout acte d'appropriation. Dans ce cas, les pratiques

    appropriatives font face des forces de dsappropriation qui font que toute appropriation de

    l'espace est considre comme une rappropriation.

    Les habitants transforment l'espace pour le rendre conforme leur mode d'habiter. Mais

    quel mode dhabiter? Lhypothse du syncrtisme est base sur le fait suivant:

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    Un habitant caractris par un mode dhabiter traditionnel tente de sapproprier un

    logement caractris par un mode dhabiter moderne . Lhabitant agit sur le logement et ce

    dernier influe sur lhabitant, les deux se transforment au cours du mcanisme dappropriation.

    Le rsultat est un nouveau mode dhabiter et un nouvel espace.

    Notre objectif principal consiste dceler les facteurs socio culturels qui sont

    lorigine de la redfinition des proprits spatiales, organisationnelles et fonctionnelles du

    chalet. Le but est de connatre le nouveau type dhabiter incarn dans la pens de la socit

    algrienne en pleine volution. Une socit, majoritairement rurale dans le pass, devient

    urbaine en grande partie et accde la proprit de plus en plus.

    En autre, nous voulons connaitre si les cits horizontales se prtent mieux au

    phnomne de la rappropriation et si la socit algrienne est plus ou moins attache la

    premire forme dhabitat quest lindividuel, qu la nouvelle forme, le collectif, propos par les

    autorits comme alternative.

    Seulement, la saisie de ce nouveau type dhabiter nest pas aussi vidente. Son approche

    ncessite un claircissement quant nos positions thoriques et mthodologiques.

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    METHODOLOGIE

    Pour lucider cette rappropriation, nous avons opt pour la mthode dinterviews avec

    questionnaire auprs des habitants de la cit Gammas Constantine, et cela pour connatre le

    but et le pourquoi de ces transformations. Le travail dE. Tebib (1996) sur lappropriation de

    lespace nous a t dune aide prcieuse pour laborer notre mthodologie de travail. Des volets

    sont ncessaires pour expliquer notre approche mthodologique

    1. La typologie des mnages

    Dans tout acte dappropriation entre en jeu deux lments essentiels : les pratiquants en

    tant quacteurs et lenvironnement en tant quespace support des pratiques spatiales. Dans notre

    tude, les acteurs sont les mnages qui occupent les chalets. Ces mnages se diffrencient entre

    eux par un ensemble de caractristiques. Les mnages ayant les mmes caractristiques forment

    un type dfini. Les critres essentiels choisis pour laborer cette typologie de mnages sont :

    Critre dmographique

    Deux indices sont dfinis :

    la taille de la famille en rapport avec la taille du chalet.

    lexigut spatiale : elle reprsente le taux doccupation par pice (TOP)

    Ces indices nous permettent de distinguer deux types de familles :

    type1 : lexigut spatiale est peu contraignante, le TOP 2

    type 2: lexigut spatiale est trs contraignante, le TOP > 2.

    Le TOP=2 est une norme franaise considre comme une moyenne doccupation admissible.

    Critre conomique

    Deux indices ont permis cette classification :

    le revenu global du mnage

    le nombre de personnes charge

    A partir de cette valuation, nous avons dgag trois niveaux conomiques : mnage ais,

    mnage moyen, mnage modeste.

    Critre urbain

    Nous avons retenu deux indices pour cette classification :

    lorigine gographique de la famille

    lhabitat antrieur

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    A partir de cette valuation nous avons ressorti deux degrs de maturit urbaine : mnage

    urbain, mnage no urbain

    2. La typologie des logements

    Caractristiques techniques

    Cet lment met en vidence les avantages et/ou les inconvnients dus essentiellement

    la nature des matriaux de construction et aux techniques de ralisation, qui sont employes.

    Structure spatiale

    Ce sont, le nombre et les proprits de chacune des pices qui composent le logement. En

    plus de lexistence ou linexistence des dpendances au logement (schoir, loggia, etc.)

    Lorganisation fonctionnelle

    Cet lment permet lanalyse de dduire, partir dun groupe dactivits se droulant

    dans une (ou plusieurs) partie(s) du chalet, la fonction attribue celle-ci. Le droulement des

    activits permet de mettre en vidence les relations fonctionnelles entre les diffrentes parties qui

    composent le logement.

    3. Le principe opratoire

    Le fait que le logement se mtamorphose au cours du processus dappropriation,suppose quavant son occupation, il disposait de certaines proprits spatiales, telles quelles ont

    t conues : cest ltat initial ou lespace conu. A un certain stade du processus, le logement

    prsente dautres proprits, cette fois-ci, telles quelles sont perues et vcues par lhabitant :

    cest ltat vcu. (E. Tebib, 1996, P.39)

    La transformation de lespace suppose lexistence dun cart entre ltat conu et ltat

    vcu. Cet cart est un indice de cette tentative dappropriation. Cest partir de la nature de cet

    cart, et partir du type de mnage layant provoqu, quil serait possible de dduire la manire

    dappropriation adopte par tel mnage, et sur telle partie du logement. (E. Tebib, 1996, P.39)

    La mthode danalyse consiste superposer une seule partie la fois du logement conu

    sur la partie correspondante du logement vcu. Ceci nous permet de dceler la diversit des

    carts qui existent sur une mme partie du logement.

    Dans notre travail le systme logement est compos de sous systmes, en mme temps, il

    fait partie dun ensemble de logements. Nous travaillons trois niveaux diffrents : niveau du

    chalet, niveau de la parcelle et celui de la cit.

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    4. Lchantillonnage

    Echantillon chalet

    Calcul de la population mre

    Tableau n 1 : calcul du nombre total de chaletsLieu Tranches Nombre de chalets Total des chalets

    1ere tranche 500Ancien Gammas

    2eme tranche 1000

    Nouveau Gammas 3eme tranche 753

    2253

    Source : OPGI de Daksi / 2008

    La population mre reprsente par la totalit des chalets se prsente comme l'ensembledes 3 tranches.

    Calcul de lchantillon

    Nous avons dcid d'extraire de la population mre un chantillon de 2 %. Do notre

    chantillon enqute a donc une taille de : N= 2253 2 % = 45 chalets. Puis devant les

    contraintes pratiques, nous l'avons rduit 30 chalets.

    La mthode des quotas

    L'chantillonnage par quota, permet de respecter la rpartition du nombre de chalets dans

    les diffrentes tranches de la cit. Il permet d'obtenir une homognit de l'chantillon. Cette

    mthode, selon A. Rouag (1996), nous vite d'obtenir un chantillon o un nombre sera sur

    reprsent ou sous reprsent par rapport un autre. Pour chaque tranche, le quota prlever est

    calcul selon la formule:

    Y= x % n ou x = a/N (A. Rouag, 1996, P.186)

    Y : le quota pour chaque tranche ; n : la taille de l'chantillon (dj choisie 30 chalets)N : la taille de la population mre, soit 2253 chalets ; a : reprsente la taille de chaque tranche

    Quota de la 1ere tranche: (500 2253) 30 = 22.19 % 30 = 6.65. On prend 7 chalets

    Quota de la 2eme tranche : (1000 2253) 30 = 44.38 % 30 = 13 chalets

    Quota de la 3eme tranche : (753 2253) 30 = 33.42 % 30 = 10 chalets.

    Ayant ainsi tabli, pour chaque tranche, le quota de chalets enquter. Nous avons

    appliqu l'intrieur de chaque quota la mthode alatoire simple.

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    La mthode alatoire

    Une technique qui accorde chaque individu, non seulement une chance connue et non

    nulle dtre choisi, mais aussi une chance gale. (J. P. Beaud, cit par A. Rouag, 1996, P.187).

    Cette technique ne peut tre quexhaustive, toutes les caractristiques de la population dorigineont ainsi autant de chance les unes que les autres dtre reprsentes dans cet chantillon

    alatoire. La liste des chalets est numrote comme suit:

    de 1 500 dans l'ancien Gammas (1ere tranche)

    de 501 1500 dans l'ancien Gammas (2eme tranche)

    de 1 753 dans le nouveau Gammas (3eme tranche)

    Il nous suffit d'affecter chaque chalet, son numro allant de 1 500 dans le premier

    tirage des 7 chalets, de 501 1500 dans le second tirage des 13 chalets. De 1 753 dans le

    troisime tirage des 10 chalets. Le numro du tirage correspond au numro rel du chalet.

    5. Le questionnaire

    Notre questionnaire s'adresse aux femmes, qui sont en gnral, capables de nous

    renseigner sur la vie domestique. Nous avons fait passer le questionnaire aux personnes formant

    notre chantillon d'enqute. La passation a t orale et individuelle. Le texte des questions a t

    traduit en arabe. Le questionnaire est rempli par nous-mmes. En plus du questionnaire, d'autres

    techniques taient utilises pour appuyer l'enqute sur place : les photos et les relevs.

    Avant dentamer le travail de recherche, nous exposons notre plan de travail qui se

    rsume comme suit :

    Un chapitre prliminaire sera consacr aux rsultats de notre recherche bibliographique

    sur le thme et la dfinition des concepts importants. Dans la premire partie, nous prsentons

    le contexte gographique, nous choisissons le terrain dtude et nous tudions les critres des

    chalets en tant que cadre physique construit,

    Dans la deuxime partie nous exposons le maximum de rsultats de lenqute sur terrain,

    nous dtaillons les rappropriations physiques et les pratiques spatiales diffrents niveaux.

    Dans la troisime partie, nous exposons les pratiques spatiales de la cit, en tant que

    support des relations extrieures, nous mettons en vidence les caractristiques gnrales de la

    population investigue en tant quacteur dans ce phnomne dappropriation, et la perception de

    la cit par ces sujets. Au dbouch de cette partie, nous essayons de faire ressortir les

    enseignements susceptibles dtre tir de lanalyse. Nous synthtisons les perspectives

    concernant la cit Gammas et dautres concernant les futur cits individuelles raliser.

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    CHAPITRE PRELIMINAIRE : QUELQUES DEFINITIONS

    I. Le concept d'espace et ses dsignations

    Le mot espace est considr par lencyclopdie ROMBALDIE comme lun des mots

    les plus vagues, les moins prcis et les plus mal dfinis, il s'applique tout aussi bien une

    tendue indfinie qu'infinie ou au contraire trs limite, il s'applique autant aux volumes qu'aux

    surfaces, aux dimensions linaires qu'aux tendues temporelles. A travers ceci nous ressentons

    la difficult lie la dfinition de la notion despace, un mot qui porte en lui son ambigut.

    Dans son livre intitul: Sociologie et Gographie , P. George distingue l'espace en

    fonction de divers points de vue, l'espace d'un point de vue strictement descriptif ou analytique

    apparat du ressort de la gographie, quantitativement il est conomique, qualitativement, il est

    de caractre sociologique. (P. George, 1966, P. 26)Cette dfinition fragmente l'espace en fonction de trois disciplines qui semblent distinctes

    mais qui sont en ralit en interfrence. Nanmoins, retenons que lespace de caractre ou

    dordre sociologique reprsente notre champ d'tude.

    Le dictionnaire Robert dfinit lespace avec plus de prcision, l'espace est envisag

    comme un lieu, un espace plus ou moins limit, o peut se situer quelque chose, o peut se

    drouler une activit. Dans le mme sens, A. Rouag abonde : l'espace est peru comme lieu

    de repre, l'ensemble de rfrences ncessaires chaque individu pour se situer, c'est le cadregographique qui nous entoure, mais galement celui qui est mentalis et qui nous permet de

    nous dplacer, de nous orienter. (A. Rouag, 1996, P.15). Vague, ambigu, le concept d'espace

    apparat comme synonyme de lieu, l'est- il rellement ?

    1. Du lieu l'espace

    Charles Jenks en 1965, diffrencie nettement entre espace et lieu, il explique : nous

    vivons le lieu, nous imaginons et dessinons l'espace, le premier est la ralit du concret, le

    second est l'abstraction de l'abstrait. (Y. Zerdoumi, 1996, P.39)

    Charles Jencks attribue au lieu toutes sortes de qualits, charg de significations, le lieu

    est le plein susceptible de recevoir des activits, lespace est neutre, abstrait, le vide qui appelle

    tre rempli, l'auteur note: le lieu est tributaire dans sa signification de la socit qui lengendre,

    l'espace est situ hors socit, dans un environnement neutre. (Y. Zerdoumi, 1996, P.40)

    Si historiquement, on est pass de la notion de lieu la notion d'espace, comme nous le

    confirme Y. Zerdoumi, ce passage sest opr au milieu du vingtime sicle avec lavnement de

    larchitecture et de l'urbanisme moderne, la notion d'espace a t abondamment utilise dans les

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    thories fonctionnalistes, le fonctionnalisme promulgue que l'espace est dfini par la fonction

    qu'on lui attribue, ce qui donne naissance l'espace d'habitation, l'espace de travail, l'espace de

    repos, l'espace de circulation, etc.

    La confrontation entre le concept de lieu et le concept despace a suscit des dbats, qui

    ont ml autant des architectes que des sociologues. Dans cette situation transitoire, Y. Zerdoumi

    conclut: si la question a suscit des rponses, il nen reste pas moins quelle reste pose tant

    que l'espace est incapable de restituer les qualits du lieu. (Y. Zerdoumi, 1996, P.4)

    2. Espace comme environnement

    Si le concept de lieu a cd la place au concept d'espace; celui d'environnement apparat

    aujourd'hui comme un thme la mode . (G. N. Fischer, 1992)

    L'environnement attire depuis quelques dcennies, comme l'affirme A. Rouag (1996)l'attention des sciences humaines qui mettent en lumire l'interaction entre l'homme et

    lenvironnement. Cette interaction s'apprhende de deux manires: le fait d'abord que l'homme

    organise et produit son milieu en fonction de multiples facteurs d'ducation, de conditionnement,

    de normes sociales et conomiques, le fait, ensuite que l'environnement exerce une influence sur

    le comportement humain. (G. N. Fischer, 1992, P.23)

    Toute relation l'espace est donc aborde soit sous l'angle de l'influence qu'exerce

    l'environnement sur l'individu, soit sous l'angle de l'influence que l'individu exerce sur sonenvironnement.

    2.1. Effet de l'espace sur l'individu

    G. N. Fischer, en 1964, tudie largement la relation de l'homme l'espace, il explique

    qu' il n'existe pas d'effet en soit de l'espace sur l'individu, l'effet est dans la reprsentation, car

    c'est elle qui produit le sens de l'effet. (G. N. Fischer, 1964, P.83)

    La reprsentation mentale que l'individu a de son monde extrieur est produite selon K.

    Lynch la fois par la sensation immdiate et par le souvenir de l'exprience passe, et elle sert

    interprter l'information et guider l'action . (K. Lynch, 1971, P.5)

    En d'autres termes, la perception, l'apprciation ou la dvaluation de l'espace, rsultent

    selon G. N. Fischer (1964) du systme de valeurs cr par la socit. Selon G. N. Fischer (1992),

    l'espace agit sur l'individu et nombreux sont ses facteurs d'influence, parmi lesquels, citons: le

    bruit, la densit de l'entassement, l'impact d'un amnagement et l'inscurit.

    Dans notre tude, nous n'tudions pas ces facteurs sparment, nous nous limitons ce

    que les individus apprcient ou refusent dans leur espace, paralllement nous dveloppons l'axe

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    qui traite des effets des individus sur l'espace, ce que G. N. Fischer (1992) appelle les pratiques

    de l'espace .

    2.2. Les pratiques spatiales

    G. N. Fischer en 1964, crit: la relation Homme-Espace nest jamais neutre, l'insertion

    de chacun dans un espace se traduit par des conduites d'amnagement, qui constituent une

    vritable pratique spatiale et ce que nous traduisons par le terme d'appropriation. (G. N. Fischer,

    1964, P.86)

    Lappropriation est un concept qui sert tudier les comportements et les actions, qui se

    prsentent sous des formes concrtes dagir, ces dernires servent de moyen pour une emprise

    de lieux (G. N. Fischer, 1964). En plus, lappropriation est un mcanisme dadaptation, ce

    mcanisme prtend que le rapport lespace nest pas entirement rsolu, et que lindividu quiagit sur lespace, lui attribue ses valeurs culturelles.

    II. Appropriation de l'espace

    1. Le concept d'appropriation

    LEncyclopdie QUILLET dfinit le terme d'appropriation, comme l'action de

    s'attribuer une chose en proprit comme l'appropriation d'une maison. L'appropriation apparat

    comme synonyme de proprit.

    Cependant, K. Serfaty (1976) insiste justement sur la distinction faire entre

    appropriation et proprit. L'assimilation de l'appropriation la proprit est abusive en ce sens

    qu'elle restreint cette notion la certitude d'occuper un espace en toute lgalit. (A. Rouag,

    1996, P.101)

    Si l'appropriation ne peut tre assimile la proprit, nous ne pouvons nier que cette

    dernire facilite l'appropriation. Un espace qui nous appartient, est plus facilement appropri que

    celui qui ne nous appartient pas.

    Pour H. Raymond, l'appropriation de l'espace est dsigne, comme l'ensemble des

    pratiques qui confrent un espace limit les qualits d'un lieu personnel ou collectif. Cet

    ensemble de pratiques permet d'identifier le lieu, ce lieu permet d'engendrer des pratiques. (H.

    Raymond, 1976, P.76)

    L'appropriation de l'espace serait la fois un processus individuel et un processus social.

    Ce processus permet la possession d'un lieu, se sentir bien dans un lieu implique une

    appropriation mme si on n'a pas exerc une action personnelle. L'appropriation suppose parfois

    la transformation de cet espace. Dans ce cas, elle est fortement lie un symbolisme culturel,

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    social ou selon des besoins individuels. L'appropriation de l'espace est une manire de se

    diffrencier en posant des marques, partir desquels on veut se faire distinguer, elle inscrit la

    manire de vivre de l'individu.

    L'appropriation implique aussi une communication, dans ce cas l'espace est un matriau,

    un support de pratiques, et l'appropriation dpendra de lui lorsqu'il est construit, planifi, produit.

    Selon H. Raymond (1976), l'appropriation de l'espace apparat comme une comptence, une

    capacit donne chacun d'engendrer des pratiques d'appropriation.

    Pour P. H. Chombart De Lauwe (1976), l'appropriation de l'espace consiste dans la

    possibilit de se mouvoir, de se dtendre, de possder, d'agir, de ressentir, d'admirer, de rver,

    d'apprendre, de crer suivant ses dsirs, ses aspirations et ses projets. (A. Rouag, 1996, P.100)

    Cette dfinition de P. H. Chombart De Lauwe est plus globalisante que les prcdentes,

    l'appropriation apparat comme un partage de l'espace en fonction des activits qui y sont

    exerces. L'appropriation de l'espace serait la rorganisation des lments concernant l'individu,

    dans le but d'aboutir un dcor purement personnel, l'appropriation s'affirme une fois ces

    lments stabiliss.

    2. Utilisation, adaptation et appropriation de lespace.

    Pour dgager toute confusion, une diffrenciation est distinguer entre utilisation,

    adaptation et appropriation de lespace. En effet, E.E. Barilleau et G.D. Lombardo(1976) fontune distinction trs prcise entre utilisation et appropriation de lespace. Lutilisation commence

    une fois installs, lquipement et le mobilier. Elle nentraine pas une liaison affective avec les

    espaces et les objets. Lutilisation de lespace serait la ralisation habituelle de certaines

    activits, elle ne personnalise pas lespace, et avec le temps, lutilisation devient routinire.

    Ladaptation de lespace se fait lorsquun lieu se prsente nous comme ayant des

    caractristiques rpondant nos besoins, nos dsirs, et ne requiert pas dactivits appropriatives.

    Certains espaces nexigent pas de lindividu qui les habite une personnalisation de ces espaces

    car ils offrent lorigine des particularits qui satisfont lhabitant . (A. Rouag, 1996, P.106)

    A ce moment l, lespace adapt serait un espace appropriant, cest un espace actif qui

    peut suggrer en quelques sortes lhomme des formes dactivits particulires. Tout au

    contraire, lespace inadapt provoque des difficults et il ne faut pas tomber dans lerreur de

    croire que le temps arrange bien les choses et facilite ladaptation, il se trouve que les inadapts

    partent.

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    Linadaptation est une forme dappropriation ngative qui laisse lhabitant insatisfait

    quant la lespace de son logement. Linadaptation de lespace serait principalement en relation

    avec les contraintes architecturales et les contraintes conomiques qui ne permettent pas

    loccupant dorganiser son logement selon ses diffrents besoins. Et, cest pour cela que toute

    tentative dappropriation de lespace est considre comme une rappropriation qui fait face aux

    forces de la dsappropriation.

    Lappropriation (ou la rappropriation) de lespace du logement est une opration de

    restructuration de lespace en vue de raliser un espace adapt, appropri et habit. Entre loger et

    habiter, des diffrences existent, car la notion dtre log signifie que lon a t simplement

    cas , que lon a t plac passivement dans un endroit sans vraiment habiter. Selon Sauvage,

    loger renvoie une extriorit du cadre bti, cest dire sans que notre histoire personnelle

    ny soit ancre ce point quil soit devenu un peu de nous mme. (A. Rouag, 1996, P.64)

    De nos jours, en gnral, par habiter, on entend avoir un toit et un certain nombre de

    mtres carrs sa disposition (Ch. N, Schulz, 1983, P.7). Loger partout, mais enferm nulle

    part, lhomme recherche dans la maison, dans la chambre, un vtement sa taille. Lhabiter est

    un acte, non pas une attitude passive, il entraine un certain nombre dactivits qui ne peuvent pas

    toutes tre rassembles et dfinies sous lappellation de lappropriation.

    Lespace habit reprsente beaucoup pour ltre humain, selon J, Bernard et F, Soler

    (1983, P.32) : habiter son logement, cest vivre son environnement spatial intime, cest pouvoir

    le marquer de son empreinte, cest avoir la possibilit de lorganiser selon des habitudes

    culturelles et sociales . Lappropriation de lespace, suppose alors, en premier lieu, lide

    dhabiter le logement.

    Lhabiter est une liaison passionne qui ne peut tre qualifie d habitude . Cest un

    mot trop us pour dire cette relation. La maison nest pas comme la fort un lieu donn , cest

    luvre de lhomme et son message, lacte dhabiter passe par lappropriation des lieux.

    3. Appropriation de l'espace, un phnomne

    L'appropriation constitue l'un des phnomnes les plus complexes de la relation

    l'espace, elle ralise une structuration de l'espace, elle s'opre l'aide de signes, de symboles ou

    d'activits, de la sorte que chaque individu ou groupe indique sa propre utilisation d'un lieu ou la

    manire dont il exerce ses activits. (G. N. Fischer, 1989)

    L'appropriation cet gard, varie en fonction de l'acteur, sa culture, son statut et son

    niveau d'aspiration, aussi suivant les moyens disponibles et la nature de l'espace. L'appropriation

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    dfinit un mcanisme qui englobe toutes les formes, tous les types d'activits ncessaires une

    emprise. Il s'agit d'une transformation de l'environnement pour donner lieu un style

    d'occupation.

    4. Les diffrentes formes dappropriation

    4.1. TAG et dsappropriation sociale

    Le tag est un terme anglais qui signifie insigne, tiquette, c'est une varit particulire de

    graffitis. C'est l'inscription d'un nom dans un espace public urbain (mtro, le long des voies

    ferres, sur les murs, etc.).

    Ces inscriptions taient des points de repre pour diffrentes bandes, et servant

    dlimiter leur emprise sur une partie de l'espace urbain. Le tag est interprt comme un

    indicateur de la dsappropriation. Il est le symptme d'une appropriation impossible de l'espace

    social auquel on est assign.

    4.2. Appropriation sauvage

    On rencontre cette forme d'appropriation, quand on a affaire des actes de vandalisme,

    ou des dgradations diverses. Ces actes sont perus comme des agressions portant atteinte

    l'espace. En ralit, ces actes tissent l'arrire fond de la dsappropriation, dans laquelle vivent

    certaines couches sociales.

    4.3. Appropriation - Rappropriation dans l'habitat

    Les diffrentes attitudes envers l'espace traduisent souvent une dpossession vcue

    comme une dsappropriation, par consquent, toute appropriation doit tre dfinie comme une

    rappropriation des lieux par l'individu, qui fait face aux forces de la dsappropriation.

    Dans une raction sourde contre l'organisation impose et froidement fonctionnelle de

    l'espace, il humanise son environnement, il cherche se glisser dans l'intervalle de ces

    amnagements rationnels pour faire son nid. (G. N. Fischer, 1964, P.90). L'habitat est parexcellence l'endroit le plus usuel, o se manifeste le phnomne d'appropriation.

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    PREMIERE PARTIE

    HABITAT ET RECASEMENT

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    INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE

    L'espace est dfini prcdemment comme un repre, un lieu ou un environnement. Le

    rapport l'espace, en tant quenvironnement n'est jamais neutre. L'individu agit sur

    l'environnement, et ce dernier agit sur lindividu. L'effet de l'individu sur l'environnement estdfini comme l'ensemble des pratiques traduites en gnral par le terme d'appropriation.

    L'appropriation est une conduite individuelle ou collective, lgale ou illgale, dfinitive

    ou temporaire, exerce dans un espace temps particulier. Le phnomne dappropriation se

    caractrise par une dynamique et sexprime sous diffrentes formes. Nous la rencontrons dans

    lespace public comme dans lespace priv, dans le domaine du travail comme dans le domaine

    de lhabitat. Et, cest dans lhabitat que le phnomne est plus impressionnant.

    En Algrie, de nos jours, lhabitat urbain est en crise, et de toutes les villes algriennes,Constantine est la plus touche. Laspect le plus remarquable de cette crise est lapparition du

    phnomne des bidonvilles.

    Le bidonville est devenu llment de reconnaissance de Constantine, sa prolifration

    lui donne un visage dplorable. Il traduit limpuissance de la ville rsoudre ses problmes de

    dveloppement. (Formes de croissance urbaines au Maghreb, 1982, P.192)

    La rsorption des bidonvilles constitue lune des proccupations majeures des autorits

    de la ville. Le Plan de Constantine prend en charge lradication de lhabitat prcaire et proposeles cits de recasement comme une rponse au problme, lapparition des cits de recasement

    est souvent lie des conjonctures sociopolitiques biens prcises.

    Aujourd'hui, les cits de recasement font partie de l'hritage urbain de la ville. Seulement,

    si les cits de recasement coloniales ont pris leurs formes dfinitives, les cits post coloniales

    base de chalets sont encore en construction, elles ressemblent des bidonvilles en chantier.

    Gammas, une cit de recasement post coloniale, est apparue dans une phase

    conjoncturelle trs critique. Elle est compose de chalets individuels. Le mode d'organisation et

    les matriaux de construction des chalets sont trangers notre culture urbaine.

    Gammas est conue comme cit de transit pour une dure limite, avec la crise trs aigue

    de logement, la population a stagn et la cit est devenue dfinitive. Le changement de statut de

    la cit a impliqu un changement de rapport de la population aux logements.

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    CHAPITRE I : L'HABITAT EN ALGERIE, DE LA CRISE A LA POLITIQUE DE

    RECASEMENT

    I. L'habitat en Algrie

    1. L'habitat en crise

    La crise de l'habitat peut tre traite quantitativement et qualitativement. Lapproche

    qualitative laquelle nous nous intressons privilgie les phnomnes d'urbanisation et leurs

    effets sur le mode de vie des habitants et sur l'environnement socio conomique. Les effets sont :

    1.1. Une urbanisation rapide

    De part son ampleur, l'urbanisation en Algrie apparat comme un phnomne trs rcent

    et brutal. En 1830 et selon M. Cote (1993), le taux d'urbanisation tait estim entre 5 % et 8 % dela population totale. En 1954, le taux s'levait 25 %. En 1987, le taux d'urbanisation atteint 49.5

    %, alors quen 2008, il affiche 60 %.

    Graphe n1 : le taux durbanisation en Algrie

    Taux d'urbanisation

    0%

    10%

    20%

    30%

    40%

    50%

    60%

    70%

    Srie2 7% 25% 49,50% 60%

    1830 1954 1987 2008

    Source : M. Cote(1993) + donnes

    reues.

    L'Algrie tait selon M. Cote (1993), moins urbanise que le Maroc et la Tunisie,

    aujourd'hui, elle est des trois pays du Maghreb la plus urbanise. Traditionnellement rurale elle

    est devenue, lgrement certes, mais majoritairement urbaine. (M. Cote, 1993, P.60)

    1.2. Exode rural intense

    A. Prenant considre l'exode rural comme le moteur de la croissance urbaine. Durant la

    colonisation europenne, les paysans dpossds de leurs terres pntrent massivement les

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    centres urbains. La guerre a ensuite pouss cet exode au maximum. (A. Prenant cit par Sid

    Boubekeur, 1986, P.20)

    M. Cote (1993) analyse finement la croissance urbaine des villes algriennes et situe le

    croit urbain sur une longue priode pour voir son volution par priode intercensitaire. Pouranalyser le phnomne, il est ncessaire de dissquer le croit urbain en ses deux composantes : le

    croit migratoire, correspondant lexode rural, et le croit naturel, c'est--dire le solde natalit

    mortalit des gnrations de citadins eux mmes . M. Cote (1993, P.62)

    Tableau n2 : Evolution du croit urbain en Algrie

    Annes 1936-1948 1948-1954 1954-1966 1966-1977 1977-1987

    Croit urbain annuel net 2 % 2.5 % 10.2 % 3.8 % 4.1 %

    Part du croit migratoire 50 % 60 % 73 % 21 % 32 %Part du croit naturel 50 % 40 % 27 % 79 % 68 %

    Source : M. Cote (1993)

    Graphe n2 : rapport croit migratoire/croit

    naturelrapport c roit migratoire/croit naturel

    0%

    2%

    4%

    6%

    8%

    10%

    12%

    1936-

    1948

    1948-

    1954

    1954-

    1966

    1966-

    1977

    1977-

    1987

    Srie2

    Srie1

    Serie2 : part du croit migratoire

    Serie1 : part du croit naturel

    Source : M. Cote(1993)

    Avant 1954, date du dbut de la guerre de libration, ensemble le croit migratoire et le

    croit naturel se partageaient peu prs galement la croissance des villes. La grande propension

    de lurbanisation durant la guerre a t due un trs fort afflux de ruraux. Mais ds lors, ce flux

    extrieur a considrablement diminu. Maintenant, il compte moins du tiers du croit total. (M.

    Cote, 1993)

    Aprs 1966, le flux migratoire sest rduit, cela sexplique par le rtablissement de la

    paix et lamlioration des conditions de vie dans les campagnes.

    32

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    Aujourd'hui, nous assistons un nouvel exode rural. Ce dernier est le fruit du terrorisme.

    En effet, les vents de la dmocratie ont souffl en Algrie, vers la fin des annes 80. Les

    lections lgislatives ont vu monter le courant islamiste. Et, par l, ils ont gnr une situation

    de peur et de crise, qui lana le pays dans une mare de sang entre le pouvoir en place et le parti

    gagnant. Le terrorisme toucha les villes, mais c'est dans les campagnes qu'il fit des ravages. Des

    milliers de personnes furent massacres, les familles fuient leurs mechtas et douars, cherchent

    refuge dans les villes.

    1.3. Le phnomne de bidonville

    L'exode rural vers les villes algriennes a commenc vers la fin de la premire guerre

    mondiale. Ces no immigrants se sont installs d'abord dans les tissus traditionnels, puis ils se

    sont implants dans les priphries des villes, construisant ainsi des habitations prcaires(bidonvilles, gourbis.).

    Dans le bidonville, les logements sont souvent constitus dune unique pice habitable,

    dans ces habitations sommaires rduites, les habitants reproduisent leur mode de vie rural. Nous

    retrouvons dans le bidonville un rseau relationnel trs fort, les habitants prsentent

    gnralement la mme origine gographique. Les habitants considrent le bidonville comme un

    logement provisoire. Ils esprent tt ou tard accder un logement plus adquat, seulement

    dans de nombreux cas, les habitants restent dix ans, vingt ans, trente ans et parfois plus.En octobre 2000, le ministre de lintrieur, Y. N. Zerhouni lance un vaste programme de

    lutte contre les bidonvilles. Ce programme de rsorption de lhabitat prcaire (RHP), concerne

    100 sites travers le territoire national et touche prs de 400.000 habitations prcaires (120.000

    habitations en bidonville). Ce programme schelonne sur une anne et cote 13,192 millions de

    dollars, somme tire dun prt consenti par la banque mondiale. (Le Quotidien dOran du 10

    octobre 2000, P.04)

    Mais, si lon sait qu Alger seule, existent 368 sites de bidonville contenant 21 657familles en 2001, cette tentative ressemble une goutte deau mais cest mieux que rien. (Al

    AHRAR, mardi 13 novembre 2001, P.02).

    1.4. La crise de logement

    Selon S. Chaour (1992), tudier la problmatique du logement, c'est analyser les trois

    paramtres suivants: l'tat du logement et son environnement, les besoins en logements et enfin

    le cot de la construction. Ltat et le cot de la construction ne sont pas traits dans cette tude,

    qui privilgie les besoins en logement suivant les deux aspects : quantitatif et qualitatif.

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    Face au besoin en logements, les pouvoirs en place inscrivent des projets dhabitat pour

    le plan quinquennal (2005-2009). Lhabitat urbain est estim 62 % du programme total qui

    slve 1 034 566 logements. Le logement social destin la catgorie pauvre est presque

    part gale avec le logement participatif destin une catgorie moyenne. Ensemble logement

    social et participatif se rapprochent dun taux de 50 % de lensemble du programme inscrit.

    Graphe n3 : projets dhabitat inscrits durant le quinquennal (2005-2009)

    1: part du logement social : 239 412habitations

    Projets d 'hab itat inscr its (2005-2009)

    23%

    23%38%

    12%4%

    1

    2

    3

    4

    5

    2: part du logement participatif : 233 733

    3: part de lhabitat rural : 394 238

    4 : part des logements en location vente :129 115 habitations

    5 : part du logement promotionnel 38 068.

    Source : Quotidien El WATAN du 22 au 28.02.2009

    En juin 2007, selon le Quotidien El WATAN du 22 au 28.02.2009, la situation se rsumeainsi : 549 946 logements en cours de ralisation, soit 43 %

    339 697 logements achevs (tous types confondus), soit 26.5 %

    391 566 logements non lancs, soit 30.5 %

    Pour arriver achever le programme quinquennal (2005-2009) en temps prvus, il faudra

    avoir achev 50 % du total du programme en juin 2007 ; or nous remarquons que le taux des

    logements achevs est de 26.5 %. Avec cette vitesse de ralisation la crise de logements est loin

    de trouver des solutions efficaces.

    2. Les rponses tatiques la crise

    Pour rpondre la crise et tel qu'il est indiqu par A. Rouag (1996, P.135), un certain

    nombre de mesures urbanistiques ont alors t prises pour matriser le dsordre cr par cette

    urbanisation outrance. La plus importante de ces mesures est le plan d'urbanisme directeur

    (PUD) qui rgit le cadre de l'amnagement urbanistique.

    34

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    Aujourd'hui, le PUD est remplac dans sa totalit par le PDAU (plan directeur

    d'amnagement et durbanisme). Cet outil est plus efficace car le champ d'action est plus limit,

    et les dlais de ralisation sont plus proches.

    En plus du PDAU, le POS (plan d'occupation des sols), instrument de dtail, fixe laforme urbaine et architecturale des quartiers. Cest ce niveau que se dessine la cohrence

    urbanistique et architecturale des ensembles urbains. Le POS fixe les droits dusage des sols et

    de la construction. Esprant que ces nouveaux documents soient fruitifs et permettent une

    matrise de lespace rural et urbain.

    2.1. Habitat collectif

    En Algrie, lapparition de lhabitat collectif remonte la deuxime guerre mondiale, ce

    type dhabitat a pris des allures dans le clbre Plan de Constantine (1958-1962). Aprs

    lindpendance, les pouvoirs en place renoncent la construction des barres dmesures

    (immeubles de douze tages dont l'ascenseur ne fonctionne pas depuis des dcennies). Les

    autorits choisissent un type bien dtermin: immeubles de cinq niveaux construits en

    prfabrication lourde. M. Cote (1993)

    L'industrialisation du btiment en Algrie n'a pas donn les rsultats attendus. Les

    rsultats taient mdiocres. Quelques annes plus tard, lAlgrie revient sur certains choix pris,

    comme l'industrialisation lourde. Alors que pour l'habitat collectif et les grands ensembles, lechoix n'a jamais t remis en cause (L. Seritti, 1996).

    Il est juste que ce type dhabitat rponde quelques objectifs tracs par les pouvoirs

    publics, seulement, sur le plan qualitatif, il est contest alors que quantitativement, loffre est

    toujours en dessous de la demande. Finalement, lhabitat collectif ne peut tre lunique rponse

    la crise dhabitat.

    2.2. Habitat individuel de recasement

    Ce type d'habitat date aussi de l'poque coloniale. Il tait destin loger la population

    rurale attire par la ville, la recherche d'un travail rmunr et de la scurit.

    A Jijel, la cit Assous est lunique cit de recasement qui date de lpoque coloniale.

    Le site choisi pour la ralisation de cette cit de 77 logements est situ lOuest de lancienne

    ville, entre une falaise et la mer. (R. Mohdeb, 1988, P. 45)

    Juste aprs lindpendance, une autre cit de recasement fut ralise. Cette cit est

    connue sous le nom de la cit CASOREC, appellation relative lorganisme qui a financ

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    lopration. Il sagit de la construction de 81 logements sur le site choisi par les autorits qui

    se localise au niveau du quartier village Moussa. (R. Mohdeb, 1988, P. 46)

    A quelques kilomtres dOran, prcisment douar Ben Daoud (ex Sidi Bachir), lEtat

    effectue une opration de recasement. Seulement, une fois installs, les habitants se retrouvent

    dans un espace urbanis, dpourvu des quipements les plus indispensables. En voulant

    radiquer les bidonvilles dOran et reloger les familles dont les maisons menaaient ruine, lEtat

    a mis les familles dplaces dans des conditions difficiles. (Les quartiers de la sgrgation.

    Tiers monde, un Quart de monde, 1991, P. 263)

    Le nouveau quartier souffre dun sous quipement important, dune absence des

    infrastructures, le degr dentassement est important et les constructions sont sous

    dimensionnes. Lhabitat propos est standardis, sans aucune possibilit de socialisation, les

    classes du primaire sont insuffisantes, il ny a pas de collge et de lyce. Le rseau

    dassainissement nexiste pas et les routes ne sont pas goudronnes. (Les quartiers de la

    sgrgation, Tiers monde, un Quart de monde, 1991, P. 263)

    En dplaant les populations, lEtat les installe dans une zone marginale, non amnage,

    sans infrastructures, ni quipements. La sgrgation socio spatiale dnie pendant la priode

    coloniale, est perptue de nos jours, sous une forme plus visible.

    2.3. La politique de recasement dans le mondeEn Europe, les cits de recasement sont une faon de rduquer les familles appartenant

    des couches populaires. Reloger ces familles dans de meilleurs logements, ne suffit pas pour

    quelles sadaptent aux nouvelles conditions de vie qui leur sont offertes. Il faut souvent quelles

    soient suivies et rduques. Parfois le passage dans des logements de transition est invitable.

    (P. H. Chombart De Lauwe, 1975, P. 110)

    En Hollande, en Belgique, en Angleterre, aux Etats-Unis et en France, les autorits

    installent souvent les habitants des taudis dans des logements provisoires en attendant lerelogement dfinitif. (P. H. Chombart De Lauwe, 1975). A Amsterdam, on considre les

    habitants des logements insalubres comme tant des asociaux, quil ne faut pas mlanger la

    population normale. Cent quatre vingt sept familles asociales ont t loges pour des dures

    variables, selon leurs comportements dans des groupes dhabitation spcialement difies. Ces

    groupes constituent deux petits quartiers isols dont les logements doivent tre considrs

    comme transition. Si une amlioration du comportement des familles se manifeste, elles sont

    transfres dans de nouveaux logements. (P. H. Chombart De Lauwe, 1975, P.110)

    36

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    II. La politique de recasement Constantine

    1. La ville de Constantine

    1.1. Constantine aujourd'hui : un constat lourd

    Aujourd'hui, Constantine illustre de manire caricaturale, l'chec d'une ville, qui a perdu

    sa vocation principale de plaque tournante dans l'change commercial. Et, bien que la ville n'ait

    plus d'emplois salaris offrir, elle continue de susciter un exode rural. Les autorits locales

    doivent faire face plusieurs difficults:

    l'exode rural et la multiplication de l'habitat prcaire.

    l'instabilit du sol et l'effondrement de maisons, dans les vieux quartiers.

    la pousse dmographique et les besoins croissants de la population.

    la congestion du centre et le dlabrement des cits priphriques.

    En 1994, des mesures ont t prises en vue de faire face la situation. Mais, la

    problmatique est lourde. Pour enrichir le plan de la wilaya en matire d'habitat, 13 063

    logements sociaux urbains sont programms. De son ct, l 'O.P.G.I (Office de la promotion et

    de la gestion immobilire) compte raliser 2500 logements par an. Elle inscrit 7500 demandes de

    logements sociaux. La commune de Constantine distribue 2500 lots de terrain pour les bas

    revenus. L'Etat se charge des travaux d'amnagement et la vente sera symbolique. (ENNAHAR,

    du 23.11.1994)

    En 1996, la problmatique est devenue de plus en plus lourde. Elle concerne en termes

    humains, le relogement de 150 000 habitants, soit 29 000 familles. (EL ACIL, 27/28

    septembre, 1996)

    Mais face un site difficile et segment, le problme d'extension se pose en termes de

    terrains d'extension de l'agglomration. Les scnarios proposent tantt la cration de satellites,

    tantt la continuit du tissu existant le long des axes routiers, ou encore l'initiative d'une nouvelle

    ville sur le plateau dAin El Bey.

    1.1.1. Le Grand Constantine

    Le report de lurbanisation au del du primtre urbain de la ville de Constantine date

    des annes 1975. Plusieurs villages de colonisation taient choisis pour recevoir de grands

    programmes dhabitat. Cest ainsi que Didouche Mourad, Ain Smara et El Khroub, qui tenaient

    de belles terres agricoles devenaient des assises de cette exurbanisation de la v

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    Carte n 1 : Constantine aujourdhui.

    Source M. Cote (2006)

    Lon reconnat au centre le quadrilatre de la vieille ville. Le tissu rsidentiel est form

    des extensions coloniales et post coloniales, selon M. Cote (2006), Constantine a rempli son site.

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    Daprs M. Cote (2006), en 1975, la wilaya dcide officiellement ce type durbanisation

    et cre trois satellites urbains greffs sur les trois villages de colonisation les plus proches.

    Chaque satellite reoit un programme de zone dhabitation urbaine nouvelle (ZHUN) et un

    programme de zone industrielle.

    Aujourd'hui, le Grand Constantine est en formation. Le processus de cette formation

    englobe tous les scnarios la fois. Cest ainsi qu'on assiste en mme temps un report de

    croissance sur trois satellites: Ain Smara, El Khroub et Didouche Mourad, des extensions par

    continuit du tissu vers El Hamma (conurbation presque ralise) et vers El Khroub, des

    projets dans le cadre de la nouvelle ville dAin El Bey. (S. Bestandji, 1994, P.183)

    C'est alors que Didouche Mourad, Ain Smara et El Khroub, deviennent des terrains

    d'assiette au projet d'extension de Constantine. Seulement, les satellites sous-structurs se

    retournent vers l'agglomration mre, pour rpondre aux besoins de leurs populations en matire

    d'quipement.

    Selon M. Cote (2006), cette politique a vite montr ses limites pour plusieurs raisons,

    Ainsi, la premire solution, lextension en continuum, ntait physiquement plus possible. La

    seconde, procdant par exurbanisation clate, se rvlait crer plus de problmes quelle nen

    rsolvait. Devant cette situation de -dsordre urbain-, il fallait trouver dautres solutions,

    repenser le problme dextension spatiale de cette mtropole. (M. Cote, 2006, P.36)

    1.1.2. La ville nouvelle Ali Mendjeli

    A propos de la cration de la ville nouvelle Ali Mendjeli, M. Cote (2006) affirme que la

    premire ide tait labore au sein de luniversit de Constantine. Une post graduation en

    urbanisme pris en 1982 comme thme dtude lurbanisation venir du Grand Constantine, en

    envisageant tous les scnarios possibles sur le long terme.

    Une srie doptions fut retenue, analyse, mise en carte. Le travail, ralis en liaison

    avec la direction de lamnagement du territoire de Constantine, fut transmis par celle-ci au

    ministre de lhabitat qui, intress, demanda que soient approfondies les options villes

    nouvelles au Sud de la ville. Ce fut luvre de la post graduation de 1983, qui tudia avec plus

    de prcision le scnario El Khroub au SE, et le scnario Ain El Bey au SW. (M. Cote, 2006, P.

    42)

    Le scnario Ain El Bey est choisi par les autorits pour plusieurs raisons, ainsi cinq

    programmes ont t retenus. Lhabitat social accapare 56 %, le socio participatif bnficie de 20

    %. La location vente bnficie de 18 %, et finalement, la promotion immobilire et le type

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    priv individuel ne profitent que de 7 %. Donc ensemble catgories pauvre et moyenne, cest 76

    % du programme. (M. Cote, 2006)

    La ville nouvelle avait t prvue pour recevoir le trop plein de la ville-mre. Mais les

    circonstances ont fait que le peuplement de celle-ci sest opr de faon trs particulire. Car

    Constantine souffre depuis des dcennies de deux maux au moins : le dlabrement des maisons

    de la vieille ville, lexistence de bidonvilles et les glissements de terrain.

    Face ces trois maux, la ville nouvelle sest prsente comme une opportunit

    inespre. Le chantier se trouvait la fois proche et prt. Prises par lurgence, les autorits nont

    vu dautres solutions que le transfert rapide et massif des sinistrs sur le site nouveau. (M.

    Cote, 2006, P.64).

    Selon M. Cote (2006), le transfert de population courant 2005 se rsume comme suit :

    Sinistrs de la vieille ville : 1500 familles

    Sinistrs des glissements : 1200 familles

    Eradication des bidonvilles : 5300 familles (20 bidonvilles)

    Cas sociaux : 4000 familles

    Cest ainsi quont t reloges les populations des bidonvilles : New York, Tenoudji,

    Carrires Ganses, Bardo, Mansourah et Polygone. Ce peuplement a donn la ville nouvelle une

    image particulire (ville de relogement, ville des pauvres).

    Aprs ces nombreuses oprations de relogement, les bidonvilles existent encore. En

    2009 les habitants du bidonville Djaballah crient secours. Ce bidonville existe depuis une

    quarantaine dannes et se situe derrire le quartier des Frres Abbes, en aval de loued. Plus

    de 300 familles, formant une agglomration, vgtent dans ces lieux depuis une quarantaine

    dannes. Le site est un vivier de maladies et de dpressions. (Quotidien El WATAN lundi 23

    mars 209, P.13)

    1.2. Vers une nouvelle politique de la ville

    1.2.1. Recensement des poches vides

    Dans une tentative de matrise du foncier, la wilaya de Constantine charge L'ANAT

    (Agence Nationale pour l'Amnagement du Territoire) de faire le recensement des poches vides

    l'intrieur du tissu urbain. Le rapport mis par LANAT est compos de deux parties : la

    premire mission est de dnombrer les poches existantes, destimer leurs surfaces, leurs statuts

    fonciers ainsi que leurs localisations dans le tissu urbain de la ville. La seconde mission du

    rapport est de proposer les quipements ncessaires. Le recensement des poches vides et

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    l'implantation des quipements, permettent d'une part, de rpondre aux besoins quotidiens des

    populations, et diminuent d'autre part les flux et les dplacements quotidiens vers le centre ville.

    Les poches vides recenses travers le tissu urbain de la ville ne sont pas aussi

    importantes pour rpondre tous les besoins dune ville en pleine extension. Certains

    urbanistes ont compt que Constantine sest tendue, en dix ans, sur un espace quivalent celui

    consomm pendant un sicle et demi par le pass. Mais cette rapide extension a vite satur le

    site. Les rserves foncires actuelles ne reprsentent, selon une tude de LANAT, que 10 %

    seulement de sa superficie totale. (Le Quotidien dOran, jeudi 15 janvier 2004, P. 19)

    1.2.2. Amlioration du cadre de vie des habitants

    En 1996, les autorits de la ville de Constantine lancent une opration d'embellissement

    et d'amlioration du cadre de vie des habitants. Les bureaux d'tudes concourent ltude duprojet. Lors de l'excution, les propositions les moins coteuses sont ralises (peinture,

    rparations d'gouts, rfection de quelques tronons de route, etc.). Les propositions de base sont

    restes dans les tiroirs.

    En janvier 2009, des experts trangers visitent la ville de Constantine et mettent un

    rapport de synthse. Pour eux, la modernisation et la structuration de la ville de Constantine

    passe par le quartier de Bardo. Ce dernier est situ le long du Rhumel, dans la continuit de la

    vieille ville et en contre bas du Coudiat.La restructuration du quartier de Bardo a pour objectif de dcongestionner le centre, de

    rconcilier la ville avec son oued, lment fondateur et structurant, et de renouveler le paysage

    urbain le long des rives, dans une perspective de rorientation du dveloppement urbain vers le

    Sud Est, et de recoller les fragments urbains par une nouvelle structure cohrente. (Le

    Quotidien dOran, jeudi 29 janvier 2009, P.22)

    En mars 2009, les assiettes de terrain libres de leurs occupants Bardo sont proposes

    aux investisseurs potentiels pour la ralisation de projets de grande envergure : pont

    Transrhumel, tramway, htel 5 toiles. En tout cas, souligne le wali, tout le monde a trouv ses

    comptes avec la dlocalisation des habitants du Bardo, ces derniers ayant bnfici de logements

    dcents la nouvelle ville Ali Mendjeli, les propritaires ddommags, et lEtat qui rcupre

    travers cette action, un lotissement stratgique pour mener bien le chantier de modernisation de

    la ville. (Le Quotidien dOran, 21 mars 2009, P.09)

    Selon les concepteurs, ce projet urbanistique, compatible avec un dveloppement urbain

    durable, apportera des perspectives socioconomiques, urbaines et architecturales.

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    2. Les cits de recasement Constantine

    2.1. Priode coloniale : Tentatives de rsorption de lhabitat spontan

    Le problme des bidonvilles a toujours proccup les autorits de la ville et pourtant

    aucun programme de dveloppement na concern la suppression totale de lhabitat spontan.

    Dans le Plan de Constantine, lhabitat rural et la rsorption des bidonvilles suburbains ont fait

    lobjet de programmes particuliers.

    La cration de trois cits de recasement : El Bir, Garigliano, les Mriers, a permis de

    reloger 6000 personnes parmi celles qui taient venues se refugier en ville, fuyant les zones

    interdites pendant la guerre. En ralit, ces cits ont abrit un plus grand nombre de personnes

    que celui donn plus haut, car plusieurs familles cohabitaient dans un mme logement.

    (Formes de croissance urbaine au Maghreb, 1982, P 188)

    L'objectif principal de lopration fut l'amlioration des conditions de vie de la population

    des bidonvilles. Ces trois cits se prsentaient sous forme densembles d'habitations sommaires,

    composs de 02 ou 03 pices. Ces dernires sont disposes autour de la cour intrieure, ouverte

    sur le ciel, en terre battue et sur laquelle donnent toutes les ouvertures.

    2.2. Priode post coloniale : Une solution rapide une situation alarmante

    Depuis 1962, la prolifration des bidonvilles ne cesse de se poser avec acuit mais

    aucune proposition pour la rsoudre na t oprationnelle jusquen 1976. En 1972, un

    vnement va attirer lattention sur le problme des bidonvilles : cest le glissement de terrain

    qua connu le gros quartier dhabitat spontan du terrain Sabatier. Le recasement de 1500

    familles sinistres a mis les autorits de la ville devant une situation inextricable. (Formes de

    croissance urbaine au Maghreb, 1982, P.189)

    A cette situation durgence, les autorits locales se sont manifestes par des mesures

    provisoires, les sinistrs ont t hbergs dans des locaux appartenant la commune : garages,

    salles de cinma, marchs, stade, magasins, hangars, en attendant une solution de relogement

    dfinitif.

    Ce sera lobjet du Programme Spcial qui prvoit la construction de 2000 logements

    sur le terrain de lhippodrome prs de Sidi Mabrouk, et Ziadia. Aujourdhui, 6 ans aprs la

    tragdie, toutes les familles sinistres ne sont pas encore recases. (Formes de croissance

    urbaine au Maghreb, 1982, P. 188)

    La commune de Constantine pense avoir trouv le moyen de rsorber une partie des

    bidonvilles par le regroupement en villages agricoles de toutes les personnes qui pratiquent

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    lagriculture et habitent en bidonville. Cette tentative va en parallle avec la promulgation de la

    charte portant Rvolution agraire, et la construction de villages socialistes.

    Cest la fois effacer cet aspect rural la priphrie de la ville et donner la

    population intresse les moyens de pratiquer lagriculture dans des lieux qui sy prtent mieux.

    Ainsi trois projets de villages agricoles ont t retenus, leur implantation devant se faire au

    Djebel Ouahch, lEst de la ville, Salah Bey au Nord Ouest, et au Sud vers le Khroub. (Formes

    de croissance urbaine au Maghreb, 1982, P. 188)

    Les autorits se sont rendu compte que limplantation des villages agricoles quelques

    5km de la ville ne rsout pas le problme. En premier lieu, il est difficile de dloger des

    habitants enracins dans une ville, en second lieu, ces villages vont devenir de simples cits

    dortoirs.

    En juin 1975, la circulaire du ministre des travaux publics vient temps pour sortir la

    ville de cette situation dramatique. Elle dfini une politique de rsorption des bidonvilles, le but

    de la circulaire est la disparition de lhabitat prcaire et la rnovation de certains quartiers en dur.

    En donnant une application directe la circulaire ministrielle, les autorits publiques

    dcident d'implanter 2000 chalets, pour recevoir 2000 familles, issues des bidonvilles. Deux

    socits danoises se chargent de raliser le montage des chalets. La main d'uvre algrienne

    excute les travaux sous l'assistance des deux entreprises. Les chalets en bois seront implants

    sur deux terrains situs la priphrie de la ville. Le terrain