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Rapport sur une étude de marché dans les communes de Beaumont, Roseaux, Jérémie et Abricot suite aux dégâts de l’ouragan Matthew. Réalisé avec l’accompagnement de l’Agronome Franck Saint Jean Port-au-Prince, 10 novembre 2016.

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Page 1: Rapport sur une étude de marché dans les communes de ... I.1- Contexte de la réalisation de l¶étude de marché La population haïtienne en particulier celle évoluant dans les

Rapport sur une étude de marché dans les communes de Beaumont, Roseaux, Jérémie et

Abricot suite aux dégâts de l’ouragan Matthew.

Réalisé avec l’accompagnement de l’Agronome Franck Saint Jean

Port-au-Prince, 10 novembre 2016.

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I. Introduction

I.1- Contexte de la réalisation de l’étude de marché

1.2- Termes de référence de la consultation

1.3- Démarche méthodologique de la consultation

II- Présentation d’ActionAid Haïti et de l’aire d’intervention

2.1- Présentation d’ActionAid et de ses partenaires de la zone de la recherche

2.2- Présentation de l’aire d’intervention d’Action Aid Haïti

III. Présentation de la zone cible

3.1- Présentation de la zone cible avant l’ouragan

3.2- Situation de la zone cible après l’ouragan

3.3- Comportement et analyse des prix

IV. Pistes d’actions recommandées

V. Annexes

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Introduction

I.1- Contexte de la réalisation de l’étude de marché

La population haïtienne en particulier celle évoluant dans les communautés rurales fait face á

des problèmes d’ordre structurels qui ne datent pas d’hier. La situation actuelle est la résultante de

tout un système d’exclusion opérant á travers des mesures de politiques publiques axées sur des

préjugés des élites face á la masse paysanne. Ce système contribue à pérenniser les conséquences de

la stratégie d’un commerce interne dont les mécanismes de prix appauvrissent la paysannerie. Les

effets des échanges commerciaux avec l’internationale surtout au moment de l’occupation

américaine de 1915 et la période 1983 – 1995, l’application des politiques de libéralisation

commerciale; les conséquences du changement climatique et d’autres catastrophes ont amené le

pays et les couches les plus pauvres dans un cycle vicieux d’appauvrissement et de vulnérabilité.

Une relation dichotomique Ville – campagne a conduit à un pays á deux visages, les grandes

villes où sont concentrées les institutions de décision et de services et la campagne comme zone

marginalisée soumise á la production des matières premières d’exportation, á des taxes exorbitantes et

privée des structures de services sociaux de base tels que : santé, éducation, eau potable, etc. En plus,

á l’exception du département de l’Ouest où les institutions publiques essayent timidement de remplir

la fonction pour laquelle elles ont été créées, on constate l’impuissance de l’ensemble des pouvoirs

locaux dans les autres départements, sans capacité et marge d’action face aux problèmes de

développement et aux situations d’urgences. Tous ces éléments engendrent la fragilité des zones

rurales surtout dépourvues de logistiques et d’infrastructures pour répondre aux intempéries

monstrueuses comme c’était le cas de l’ouragan Matthew.

Matthew a frappé le sud-ouest et le Nord-ouest d'Haïti le 4 octobre 2016; des dégâts

considérables, des pertes innombrables ont été enregistrés dans les départements du Sud et de la

Grand Anse : des inondations généralisées, des infrastructures routières, des ponts, des écoles, des

hôpitaux, des bâtiments publics endommagés, l’agriculture, le logement, les services de transport

(voiliers, ports) fragilisés, y compris les services de communication téléphonique. 2,1 millions de

personnes ont été touchées, et les estimations actuelles indiquent que 1,4 million de personnes environ

ont besoin d'une assistance immédiate dans tous les sens. Le nombre de cas de choléra et autres

maladies habituelles (grippe, fièvre) augmente de façon exponentielle et l'accès à certaines régions est

limité.

Depuis environ une décennie, AAH, présente dans la Grand-Anse, collabore avec Konbit

Peyizan Grandans (KPGA) dans 4 communes : Beaumont, Roseaux, Jérémie et Abricots dans le cadre

des activités visant á renforcer la capacité des groupements de paysans, particulièrement les femmes,

à travers des programmes de production agricole et d’élevage, d’accès au marché et de plaidoyer sur

les politiques publiques. Cette relation entre AAH et KPGA a pu grandir et le sens d’un partenariat

responsable dans un département qui présentait des opportunités et des conditions favorables pour

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appuyer une refondation nationale fondée sur la protection de l’environnement et le développement

des potentialités agricoles.

Le département de la Grand’Anse1, dont le chef lieu est Jérémie, a une superficie de 3.310

km2, une population 733.220 personnes et est constitué de 12 communes. C’est un département

fragile à différents aléas. Il est, ’’situé sur la trajectoire des cyclones, des ouragans et au voisinage

d’une faille. Avec son relief accidenté et le déboisement de ses bassins versants, il est exposé à des

menaces d’inondation, de glissement de terrain, d’éboulement et de tremblement de terre qui peuvent

causer des pertes et des dégâts importants’’.

En ce sens, au lendemain du passage de l’ouragan Matthew, AAH savait l’obligation de se

rendre sur les lieux pour constater les dégâts causés, concerter avec son partenaire KPGA et

s’impliquer rapidement pour appuyer des actions d’urgence et ensuite le relèvement des exploitations

familiales.

Ce rapport comporte quatre (4) chapitres. 1) Une introduction, 2) la présentation de AAH,

KPGA et de l’aire de ses interventions, 3) un aperçu de la région cible avant et après l’ouragan

Matthew, 4) les pistes des actions recommandées, conclusion et annexes.

1.2- Termes de référence de la consultation

But et Objectif.

L’objectif de cette consultation est de réaliser une étude de marché rapide dans les 4

communes cibles d’ActionAid (Jérémie, Roseaux, Abricots et Beaumont). L’étude vise surtout à

évaluer et analyser les systèmes des marchés locaux de manière à mieux orienter les stratégies

d’intervention du programme d’urgence post-Matthew d’ActionAid, y inclus la faisabilité et la

pertinence des activités de transfert de cash et restauration des moyens de subsistance et de sécurité

alimentaire.

Principales tâches

La mission du consultant est de mener l’étude de marché rapide selon les termes et conditions définies

et en accomplissant les tâches spécifiques suivantes :

Discuter avec l’équipe d’ActionAid pour une meilleure compréhension des parties sur le

mandat de la consultation ;

Coordonner les enquêtes de terrain pour collecter les informations clés sur les marchés et les

fournisseurs locaux de manière à déterminer l'état actuel du marché pour certains produits

essentiels et identifier les facteurs critiques qui influent sur l'offre et la capacité de répondre à

la demande

1 http://www.haiticulture.ch/Departement_Grande_Anse.html

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Réaliser des focus groupes dans les communautés pour recueillir des informations qualitatives

additionnelles ;

Réaliser des entretiens semi-structurés avec des personnes ressources dans les différentes

communes pour des données plus approfondies ;

Rédiger le rapport de l’étude tout en formulant des recommandations ;

Fournir tout autre appui jugé nécessaire pour le bon déroulement de l’étude.

Produits Attendus

Rapport de l’étude accompagné de recommandations ;

Toutes les annexes : formulaires d’enquêtes, compte-rendu de focus groups, liste des

personnes rencontrées, liste des marchés et des fournisseurs contactés.

1.3- Démarche méthodologique de la consultation

Le travail part plutôt de l’utilisation de la méthodologie EMMA, d’où la réalisation d’une

cartographie et analyse du marché afin de trouver des données nécessaires pour intervenir dans une

situation de crise soudaine. Cette démarche offrira aux décideurs des institutions publiques et privées,

dans ce cas AAH, la possibilité d’avoir une meilleure compréhension des marchés les plus critiques

dans cette situation d’urgence dont ils peuvent définir toute une panoplie de réponses au profit des

populations victimes. Également, cette démarche veut être participative. La participation, dans ce

cadre, entend la prise en compte des discussions avec les divers acteurs impliqués dans cette

démarche : responsables et cadres AAH, les dirigeants de KPGA, les familles paysannes dans leur

forme d’organisation et de manière individuelle, certains groupes de femmes, des personnalités clés et

des autorités locales. Des visites des marchés locaux sont réalisées explorant et collectant des données

sur le comportement des prix des produits agricoles et de première nécessité.

Au fait, le consultant a été accompagné d’un assistant et de deux autres personnes pour les

collectes et des responsables de KPGA comme guide. Il s’agissait d’une aide au consultant dans la

conduite de sa démarche. En ce sens, le consultant a pu se mobiliser autour de la période du 3 au 10

novembre 2016 pour organiser la recherche, c’est-á-dire prendre connaissance des documents

élaborés autour de la situation, produire des guides de collecte et d’entretien, visiter des marchés des 4

communes mentionnées, visiter des familles et rencontrer des personnalités clés.

Du 3 au 8 novembre 2016, l’équipe a parcouru les communes réalisant deux á trois focus

groupes entre 10 á 12 personnes, une visite de marché dans chaque commune avec un á deux

membres de l’équipe, quelques rencontres avec des familles á Beaumont, Roseaux et Jérémie,

quelques visites des champs dévastés, a ensuite participé aux réunions quotidiennes avec le staff

d’AAH pour des échanges sur l’organisation des interventions de l’institution face á cette urgence. On

a effectué une revue de certains documents liés á cette problématique et finalement la production du

rapport final soumis á la date requise.

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II- Présentation d’ActionAid Haïti et de l’aire de ses interventions

2.1- Présentation d’ActionAid et de ses partenaires de la zone de la recherche

Les activités d'ActionAid en Haïti ont débuté en 1997, avec l'implantation d'un projet dans le

Nord-Ouest (le Far-west). Depuis lors, plusieurs nouveaux projets ont été lancés, respectivement à

San Pedro de Macoris / République dominicaine (1998), dans l'Arrondissement de Belle-

Anse(1999), dans les zones marginales urbaines de Port-au-Prince(2001), dans le Plateau Central

(deux (2) sections communales de Lascahobas) et dans la région de Bani (2005) en République

dominicaine. . Depuis environ une décennie, AAH est présente dans la Grand-Anse et collabore

avec Konbit Peyizan Grandans (KPGA) dans le cadre des activités visant á renforcer la capacité des

groupements de paysans, particulièrement les femmes, à travers des programmes de production

agricole et d’élevage, d’accès au marché et de plaidoyer sur les politiques publiques et de promotion

de l’égalité hommes et femmes et de droits à la terre. Ces axes s’inscrivent dans les domaines

d’intervention prioritaires de Action Aid International: la sécurité alimentaire, l'éducation, le genre,

les droits humains, la gouvernance, la sécurité humaine (désastres naturels et d'origine

anthropique)’’.

KPGA est une fédération départementale d’organisations paysannes ā but non

lucratif, ayant pour mission : travailler à la promotion sociale des paysans. Elle a en son sein

une autre grande fédération d’organisations de femmes paysannes dénommée OFTAG

(Òganizasyon Fanm Tѐt Ansanm Grandans). KPGA intervient dans les domaines tels :

Agriculture – sécurité alimentaire et la transformation des produits agricoles et céréales

locales, la gestion des risques et désastres et la protection de l’environnement, l’Equité de

Genre et la Gouvernance.

2.2- Présentation de l’aire d’intervention d’Action Aid Haïti et de KPGA

Les populations des zones affectées des communes de Beaumont, Roseau, Jérémie et

Abricots vivaient encore les séquelles de plusieurs intempéries comme Sandy, IKE, Félix, etc, ainsi

que le tremblement de terre du 12 janvier 2010. Notons que non seulement la situation de dégradation

socio-économique de ces zones reculées a des antécédents d’ordre structurel et historique mais elles

font face á des phénomènes naturels systématiques par rapport au changement climatique comme la

sécheresse, inondations, tempête y compris l’apparition de nouvelles pestes et maladies, etc.

D’un autre côté, les gouvernements locaux généralement n’ont pas de budget, donc ces

provinces se retrouvent délaissées, pas de programme répondant aux besoins auxquels doivent faire

faces les populations rurales. Il faut aussi noter la faiblesses d’une gouvernance qui ne fait que

renforcer la dégradation des conditions socioéconomiques des habitants et l’environnement en paie

les conséquences.

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III. Un aperçu des zones cibles

3.1- Présentation de la situation avant l’ouragan Matthew

La population cible constitue des ménages en particulier paysans affectés par l’ouragan

Matthew, les producteurs et productrices agricoles et l’élevage, les femmes qui généralement font le

commerce (Madan sara) etc, les ouvriers agricoles. Au niveau du département, on trouve des zones

côtières, des plaines, des montagnes et des vallées intérieures. Les types de cultures varient avec la

spécificité des zones, du sol et du climat.

Les gens s’organisent par groupement, ceux-ci sont fédérés donnant lieu á une association

communale puis régionale comme c’est le cas de KPGA. La subsistance était reposée

principalement sur l’agriculture, l’élevage, la pêche, le commerce et les petits métiers comme

maçon, ébéniste, moto taxi, charbonnier, ouvrier journalier, etc. La déforestation était aussi criante

parce que les ressources forestières restaient comme des moyens pour organiser le revenu de

subsistance. On rencontre encore même des gens venant de Port-au-Prince qui s’installaient dans les

collines faisant uniquement du charbon pour transporter á la capitale du pays.

Quant á l’agriculture, on trouve des cultures de maraichers comme choux, tomate, épinard,

aubergine, piment; de tubercules (igname, patate, manioc, malanga, de céréales (mais, petit mil), de

fruits et d’arbres ornementaux et forestiers. La Grand ‘Anse était une province encore fermée sur

elle-même, la population de ce département s’enorgueillissait pour quelques beaux paysages et

l’abondance des produits agricoles dont une grande partie était constamment acheminée á Port-au-

Prince. Le modèle de production paysanne familiale est rassurant, on trouve généralement toujours

une gamme de produits dans tous les coins des jardins et les paysans les récoltent de manière

simultanée et chronologique.

Cependant, il est évident qu’il existait un déficit alimentaire dans les communautés rurales

parce qu’il n’y avait pas des infrastructures de stockage, de transformation pour perdurer la vie des

produits et même pas pour la commercialisation interne et/ou avec d’autres communes et

départements limitrophes. On peut imaginer que les paysans estoquent leur réserve de maïs et

d’haricot sous l’arbre. En plus, ils avaient des difficultés pour trouver des intrants, du crédit agricole

pour pouvoir pleinement profiter des périodes de plantation. Parfois, ils étaient obligés de vendre

leurs petits bétails ou de se diriger vers des usuriers pour des crédits avec des taux exorbitants pour

se procurer des semences aux marchés.

La situation était déjà fragile mais les paysans en particulier les femmes disent, qu’elles

envoyaient quand même leurs enfants á l’école avec la vente des produits agricoles et leurs petits

bétails. Les femmes pouvaient avoir fréquemment dans leurs exploitations des fruits comme

grenadia, grenadine, orange, pamplemousse, ananas, etc, pour aller au marché et s’en procurer

d’autre venant des autres endroits ou de l’extérieur. En ce sens, un grand nombre de femmes

bougent dans leur petit commerce (Madan sara) et l’argent reçu de la vente de produits agricoles á

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Port-au-Prince ou à Jérémie est immédiatement réinvesti dans l’achat d’autres produits de commerce

qu’elles revendent chez elles, de retour dans leurs localités respectives.

Selon les femmes et diverses personnalités rencontrées, les opportunités étaient grandes, la

survie pourrait être moins incertaine dans la mesure où l’État serait capable d’offrir un encadrement

á cette communauté rurale délaissée á elle seule. Pourtant, les petits commerces des femmes sont

affectés dont elles ont perdu leur fond de crédit, les produits stockés sont aussi perdus avec cette

pluie diluvienne.

Il y a dans les zones certaines entreprises de service de crédit comme Fonkoze, Sogesol,

ACME, Fapay, certaines ONG comme Développement et paix, etc. Les critères d’éligibilité sont

durs selon les gens, comme dans le cas de Fonkoze : confirmer les moyens de garantie á partir d’une

première visite á la famille, être capable de s’organiser en un petit groupe de cinq dont l’un assurant

l’autre, se plier aux conditions imposées comme le taux de 20 %. Le montant du crédit dépend de la

capacité de remboursement du demandeur, une échelle de cinq degrés (a, b, c, d, e) á suivre. On

commence avec 3000 gourdes dans la catégorie a, pour passer á la catégorie b on doit être un bon

débiteur, capable respecter les échéances et ainsi de suite. Les femmes qui sont généralement

astreintes á recourir à cet emprunt se plaignent, ces conditions les appauvrissent de plus en plus. En

général, elles vendent pois, gaz, sucre, clairin, boisson issue de la transformation de fruits.

Cependant, pour elles, le crédit est un sauveur. Elles auraient souhaité des prêts à un taux

moins élevé, une durée du placement un peu plus longue et des conditions sociales qui auraient aidé

à améliorer l’environnement du crédit puisqu’elles utilisent parfois l’argent pour payer les frais

scolaires, acheter des semences et/ou du bétail. Avec de tels changements leurs conditions de vie

auraient pu être meilleures. Les sections communales sont marquées par l’absence de services

sociaux de base, des infrastructures de communication et de production. Les jeunes cherchent

systématiquement á partir parce qu’il n’y a pas d’opportunités pour eux dans la région.

Cependant dans les zones de travail les personnes rencontrées disent leur appréciation de

l’encadrement reçu de Konbit Peyizan Grandans (KPGA). C’est le cas par exemple des femmes de

Roseaux qui complimentent un petit crédit qu’elles avaient reçu de KPGA avec l’appui d’AAH.

Tout comme elles ont mis l’accent sur un ensemble d’actions dont la route de Jacquet fait avec

l’appui de KPGA et AAH.

Les autorités locales sont dépourvues de moyens logistiques de fonctionnement pour parvenir

à répondre aux exigences de la communauté. La communication au niveau même du centre de la

commune avec les sections communales est difficile à cause du mauvais état des routes. Á l’arrivée

de l’ouragan Matthew, le pouvoir central avait effectué un travail de sensibilisation assez

appréciable selon certaines personnes interviewées mais un certain nombre de problèmes structurels

avait empêché l’organisation d’une bonne préparation locale. Pour beaucoup d’autres, c’est

scandaleux la situation de communication en Haïti puisque l’État ne dispose pas de son propre

système de communication territoriale, il dépend des entreprises comme Digicel et NATCOM.

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Pendant plusieurs jours, le gouvernement ne pouvait pas rentrer en contact avec les deux

départements les plus touchés par l’ouragan.

Les autorités locales ne pouvaient pas vraiment organiser des centres d’accueil provisoires

faute d’infrastructures et de moyens logistiques. Les gens ne s’empressaient pas non plus de se

réfugier dans un abri provisoire parce qu’ils ont peur des voleurs et ne se fiaient pas aux conditions

d’accueil sachant bien que les responsables n’ont même la possibilité de leur offrir un verre d’eau.

3.2- Un aperçu de la situation après l’ouragan

Après un mois du passage de Matthew, certains arbres commencent à se régénérer, avec un

léger feuillage qui envoie un signe d’espoir aux habitants. Le déblayage des jardins surtout dans les

communautés rurales ne semble pas encore commencé. On ne constate aucun accompagnement

technique organisé par les directions publiques déconcentrées dans le sens de l’organisation de la

survie de la population et de la récupération sociale et économique. L’action des autorités locales

n’est pas tout á fait remarquée. Donc, une population délaissée á elle-même.

Dans leur grande majorité, mis á part quelques rares organisations qui organisent des

distributions en dehors des centres les organisations locales restent presque impuissantes devant

l’ampleur des dégâts et les institutions qui ont des grands moyens en leur possession ne disposent

pas de groupes locaux pour agir dans un sens constructif. Pour les riverains de la ville de Jérémie et

les petits commerçants, c’est horripilant la façon qu’on procède pour la distribution des produits de

l’aide humanitaire, et la malversation dans la distribution des cartes permettant l’accès, et les

sections communales crient encore au secours.

Les communes comme Beaumont, Roseau, Jérémie et Abricot ont été dévastées par l’ouragan

Matthew, dans les sections communales presque la totalité des maisonnettes sont détruites, rares

sont celles qui restent debout ou qui n’ont pas perdu leur toiture. Il est à noter qu’il s’agit

généralement d’une destruction qui ne permet pas la réutilisation des matériaux (bois, tôles, clou)

dans l’aménagement d’un nouveau logement même provisoire. C’est une véritable calamité pour les

gens là quand tombe la nuit ou quand il pleut, pas d’endroit pour s’abriter ou pour se loger. On

constate que dormir c’est : s’allonger sous un arbre penché couvert avec des rejets de morceau de

toile faisant un toit, dans la cuisine d’un voisin, sous un bricolage fait avec des débris de morceaux

de bois et de rejets de tôles. Donc, une situation vraiment lamentable.

A Beaumont, on découvre que malgré la situation très difficile, la solidarité est toujours

présente; là où il y a une maison moins endommagée, les membres de la famille s’entassent pour

dormir. Des petits ajoupas, qui, durant le passé, étaient affectés aux animaux, servent à présent de

logement de fortune à certaines familles.

Selon certains témoignages, grâce á la solidarité des uns envers les autres, au soleil qui a

permis rapidement de récupérer certains vieux habits, on ne rencontre pas des gens allant nus mais le

problème de l’alimentation se pose avec acuité. Après environ un mois de la catastrophe, des

réserves sous le sous-sol (tubercules: manioc, igname, patate) et quelques frêles régimes de banane

Page 10: Rapport sur une étude de marché dans les communes de ... I.1- Contexte de la réalisation de l¶étude de marché La population haïtienne en particulier celle évoluant dans les

tirés des bananiers renversés par Matthew et recouvert avec les feuilles pour susciter la maturation

sont totalement épuisées aujourd’hui. A présent, il y a une forte pénurie alimentaire, surtout dans les

zones reculées. Déjà, la situation était déjà alarmante au niveau de la sécurité alimentaire, elle s’est

rapidement aggravée car le jardin intégral des paysans n’existe plus, aucune plantation, aucune

production, rien n’est actuellement capable d’être exploité pour la survie.

Au niveau des 4 communes, bien qu’il y ait des spécificités propres à chaque zone, dans leurs

jardins, les paysans priorisent la polyculture. Citons quelques unes:

Vivres : bananes, patate, malanga, igname,

Légumes: Haricot, épinard, tomate, chou, aubergine, pois congo, pois souche,

Céréales : maïs, petit mil,

Fruits : ananas, citron, pamplemousse, orange, cachiman, mango, abricot, papaye, noix de

coco, corossol, etc,

Plantes forestières : acajou, chêne, arbre véritable, arbre á pain, palmiste, ect,

Animaux: poule, cabris, mouton, vache, cochon, dinde,

3. 3- Comportement et analyse des prix du marché

Pour comprendre les effets de Matthew et agir dans l’intérêt des victimes, il fallait cette étude de

marché pour pouvoir rapidement définir les interventions. En ce sens, on a cherché á comprendre le

changement au niveau des prix des produits locaux et importés, regarder la taille des consommateurs,

l’offre et la demande, la relation des gens avec les produits, l’élasticité des prix, la culture productive,

le modèle et la culture de consommation. Ci-dessous, on présente des tableaux de comportement de

prix des produits dans les marchés des communes ciblées.

Les tableaux des prix des marchés communaux ci-dessous présentent l’état de la situation:

Tableau sur Beaumont :

Produits

importés Unité

Avan

Matthew.

Apre

Matthew Variation

Variation

en %

Riz

(bongou)

sac

(25kg) 1100.00 1150.00 50.00 4.55

Sucre

sac

(25kg) 1350.00 1950.00 600.00 44.44

L'huile caisse 1900.00 1950.00 50.00 2.63

Farine

sac

(25kg) 1000.00 1025.00 25.00 2.50

Lait caisse 800.00 850.00 50.00 6.25

Mais sac (50 850.00 900.00 50.00 5.88

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livres)

Blé 5 livres 200.00 100.00 -100.00 -50.00

Spaggeti caisse 490.00 500.00 10.00 2.04

Arrent soo caisse 2000.00 3500.00 1500.00 75.00

Pois

beurre

sac

?????? 5000.00 5000.00 0.00 0.00

Toles feuille 225.00 300.00 75.00 33.33

Clou livre 60.00 120.00 60.00 100.00

Bois 2x4 1225.00 1350.00 125.00 10.20

Produits

locaux

Haricot

noir 5 livres 200.00 225.00 25.00 12.50

Igname

pil(16

kg) 250.00 450.00 200.00 80.00

Patate lot 50.00 95.00 45.00 90.00

malanga

sac(180

kg) 3000.00 5000.00 2000.00 66.67

Banane régime 100.00 250.00 150.00 150.00

Petit mil marmite 75.00 100.00 25.00 33.33

Sel sac 500.00 1000.00 500.00 100.00

Cabris unité 3500.00 4500.00 1000.00 28.57

Poule unité 250.00 400.00 150.00 60.00

Boeuf unité 20000.00 30000.00 10000.00 50.00

Tableau des prix sur le marché Roseau

Produits

importés Unité

Avant

Matthew

Aprés

Matthew variation

variat

en %

Riz

(bongou)

sac

(25kg) 1100.00 1150.00 50.00 4.55

Sucre

sac

(50kg) 2800.00 3100.00 300.00 10.71

L''huile gallon 300.00 350.00 50.00 16.67

Farine sac(25kg) 950.00 1050.00 100.00 10.53

Lait caisse 825.00 825.00 0.00 0.00

Mais sac (50 790.00 820.00 30.00 3.80

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livres)

Spaggeti caisse 375.00 450.00 75.00 20.00

Savon caisse 350.00 400.00 50.00 14.29

Toles feuille 275.00 320.00 45.00 16.36

Clou livre 60.00 70.00 10.00 16.67

Bois 2x4 unité 730.00 790.00 60.00 8.22

Produits

locaux

Haricot

noir marmite 225.00 280.00 55.00 24.44

malanga lot 250.00 400.00 150.00 60.00

Banane régime 200.00 300.00 100.00 50.00

Clairin gallon 400.00 600.00 200.00 50.00

Cabris unité 2250.00 3250.00 1000.00 44.44

Poule unité 200.00 350.00 150.00 75.00

mouton unité 2000.00 3500.00 1500.00 75.00

Tableau des prix sur Jérémie

Prix de

prouits

Avant

Matthew

Apre

Matthew Variation

Variation

en %

Pour les produits importés:

Riz

Tacho

sac

(25kg) 1125.00 1150.00 25.00 2.22

Mega 1100.00 1125.00 25.00 2.27

bongou 1100.00 1125.00 25.00 2.27

maiz,(étranger

sac(50

livres) 800.00 850.00 50.00 6.25

Blé 5 livres 200.00 100.00 -100.00 -50.00

lait Caisse 800.00 825.00 25.00 3.13

savon Caisse 375.00 450.00 75.00 20.00

spaghetti

caisse:

7.2 kg 412.50 475.00 62.50 15.15

l'huile (gallon) 325.00 350.00 25.00 7.69

Sucre

sac (50

kg) 1400.00 1500.00 100.00 7.14

Page 13: Rapport sur une étude de marché dans les communes de ... I.1- Contexte de la réalisation de l¶étude de marché La population haïtienne en particulier celle évoluant dans les

Farine sac(25kg) 1000.00 1100.00 100.00 10.00

Savon (caisse) 375.00 450.00 75.00 20.00

pois miami

sac

(45.36kg) 2100.00 2300.00 200.00 9.52

Toles 1 Unite 250.00 300.00 50.00 20.00

toles 2 Unite 200.00 250.00 50.00 25.00

bois 2x4, 1 Unite 680.00 715.00 35.00 5.15

bois 2x4, 2 Unite 710.00 750.00 40.00 5.63

clou (toles) Livres 50.00 60.00 10.00 20.00

Pour les

produits

locaux

Igname (sac) 2000 3000 1000 50.00

Patate Sac 1000 1500 500 50.00

Manioc Sac 1000 1500 500 50.00

Banana régime 350 500 150 42.86

pois noir (marmite) 275 250 -25 -9.09

arachides marmite 100 175 75 75.00

Tableau des prix sur Abricot

Pour les

produits

importés:

Avant

Matthew Apres Matthew Variation en %

Riz (bongou) sac (12.5) 608.00 646.00 38.00 6.25

Maiz (étranger)

sac (50

livres) 1075.00 1500.00 425.00 39.53

lait (caisse) caisse 920.00 1090.00 170.00 18.48

l'huile (gallon) 300.00 400.00 100.00 33.33

Sucre Sac 1335.00 1520.00 185.00 13.86

Farine sac(25kg) 1030.00 1270.00 240.00 23.30

Savon caisse 320.00 444.00 124.00 38.75

pois beurre ???? 4980.00 5860.00 880.00 17.67

Toles 1 feuille 240.00 300.00 60.00 25.00

bois 2x4, 1 unité 780.00 1020.00 240.00 30.77

clou (toles) feuille 72.00 94.00 22.00 30.56

Pour les

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produits locaux

Igname cuvette 630.00 760.00 130.00 20.63

Patate cuvette 350.00 450.00 100.00 28.57

malanga cuvette 590.00 790.00 200.00 33.90

Banana regime 458.00 600.00 142.00 31.00

pois noir sac 4890.00 5610.00 720.00 14.72

Haricot rouge sac 5000.00 6700.00 1700.00 34.00

pois congo

marmites

(5 livres) 210.00 290.00 80.00 38.10

pois souche

marmites

(5 livres) 310.00 430.00 120.00 38.71

Analyse du comportement des prix.

Au niveau de Beaumont, les prix pour le clou, hareng saur, sucre et tôles sont, parmi les

produits importés, ceux qui ont subi le plus haut pourcentage de variation respectivement 100, 75, 44,

4 et 33.33 % pendant que les produits comme spaghetti, farine, l’huile et riz accusent des

pourcentages les plus bas comme 2.04, 2.5, 2.63, 4.55 %. Cependant, les produits locaux qui

connaissent les plus fortes variations sont la banane et le sel avec des taux de 150 et 100 %, les

tubercules et le bétail comme le cabri et le bœuf affichent une variation de plus de 60 % .

A Roseaux, seul le prix du lait reste stable, le mais et le riz connaissent une légère

augmentation 3.8 et 4.55 %. Pour les autres produits importés á l’exception de spaghetti qui accuse un

20 %, la majorité reste au-dessous de 18 %. Pour les produits locaux, á l’exception du haricot noir qui

accuse une augmentation de 24.5 %, les produits comme malanga, banane, clairin, cabris, poule,

mouton subissent une variation de 44.5 á 75 %.

Dans le cas de Jérémie, le prix du blé est en baisse de 100%, les produits importés comme le

riz, le lait, le bois, l’huile et le sucre subissent un léger dépassement respectivement 2.22, 3.13, 5. 15,

7.14, 7.69 %. Les prix du savon, du clou et du tôle sont les plus élevés avec un pourcentage de 20, 20

et 25 %.

Dans le cas d’Abricot, seul le riz accuse une variation de l’ordre de 6.4 %. Les autres produits

importés accusent un changement de prix de 13 á 39 %. Cependant pour les produits locaux comme

igname, banane, malanga, patate, haricot noir et rouge, pois souche, le changement de prix a changé à

la hausse de 20 á 39%.

On a remarqué dans tous les 4 communes, les prix des produits locaux en particulier les

denrées alimentaires (banane, igname, patate, l’arbre véritable) sont ceux qui affichent une plus

grande variation. Celle-ci se justifie par le fait que les récoltes ont été toutes abattues par l’ouragan

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Matthew. Les réserves en stock des produits comme le mais, le haricot ont été toutes mouillés par les

pluies. L’approvisionnement de ces marchés ruraux n’est pas tout á fait facile á cause des routes.

Avec les effets de l’ouragan, la demande augmente et l’offre diminue. On constate qu’á

Jérémie, là où l’on fait plus de distributions de l’aide alimentaire comme le riz et le blé par exemple,

le riz accuse la variation le plus bas 2, 22% et le blé connait une variation négative. D’où la nécessité

de réactiver la production agricole pour que dans les mois á venir, on diminue la pression au niveau de

la demande.

Au niveau des zones rurales, les familles sont obligées de vendre leurs petits animaux qui ont

survécu Matthew pour acheter de la nourriture. Il est urgent de faire quelque chose si on veut

échapper á des pertes en vies humaines et á une augmentation de la malnutrition aigüe dans les mois á

venir. Il faut chercher á renforcer l’offre, c’est-á-dire, accentuer maintenant sur la redynamisation des

activités des familles paysannes en supportant et stimulant les paysans á planter, á aider dans la

reconstruction des maisons, des écoles et á faciliter l’accès au marché puisqu’il y a certaines

perturbations avec les routes secondaires limitant l’approvisionnement et la circulation des produits

tant importés que locaux vers d’autres marchés.

Les fournisseurs, dans le cas des produits importés, semblent être très timides, á vrai dire, ils

ont été victimes par les pluies torrentielles, ils ont perdu leur stock de marchandises et même des cash

pour certains grossistes, leurs dépôts ont été endommagés. A Jérémie, ils se sont déjà réinstallés

cherchant à s’accommoder et faisant des réparations. Il y a une certaine possibilité de négociation en

cas de services de garantie pour stimuler d’autres sous-secteurs en particulier la production agricole.

Pourtant les Madan Sara font face à plus de difficultés. Elles sont plus victimes que les

grossistes. Elles vendent aux petits détaillants et parfois elles ont leur propre centre de vente en détail.

La taille du marché augmente, à Jérémie surtout avec l’annonce de la distribution

systématique des produits de l’aide, puisqu’il y a plus de gens maintenant dont la consommation

dépend directement de l’approvisionnement au marché. Le pouvoir d’achat des gens diminue par le

fait que les paysans n’ont pas de récolte pour vendre et avoir l’argent pour acheter d’autres produits,

les ouvriers agricoles comme couche de la population les plus affectés sont en difficultés parce qu’il

n’y quasiment pas de travail.

Au niveau de l’élasticité des prix, les gens n’ont pas d’alternative puisqu’ils n’ont pas d’autres

produits á pouvoir substituer. C’est- á- dire, ils doivent se satisfaire pour l’instant avec les exigences

du marché.

On doit s’attendre á un changement au niveau du modèle de consommation des gens. Déjà,

un arbre véritable2 passe de 5 á 50 gourdes. Désormais, les gens sont contraints de consommer les

produits importés comme le riz, le blé, le mais étranger, le hareng, les morceaux de poules,

2 Grand-Anse est reconnue pour sa spécialité culinaire (Tomtom) á base de l’arbre véritable.

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indépendamment de leur besoin réel et de leur culture alimentaire. D’où l’importance d’investir dans

l’agriculture se fait sentir.

IV. Pistes d’actions recommandées

Suivant le constat, les opportunités sont d’ores et déjà bien présentes. On doit noter qu’il est

important que l’organisation des interventions de AAH ait un regard holistique de la situation vu les

modalités de la survie des familles haïtiennes en situation de vulnérabilité. Une planification á court,

moyen et long terme est essentielle. En ce sens, la définition des activités doit se pencher sur la

manière d’aider les familles dans l’organisation de la subsistance avec la possibilité de pouvoir

prendre leur propre décision, celle qui leur permettra de traverser les moments d’urgence, de

s’organiser vers le relèvement de leurs familles et la réhabilitation de leurs exploitations. Pour cela,

les recommandations se situent á travers de deux grands chapitres aves des axes clés comme

l’agriculture, la réactivation des activités économiques des femmes et la réhabilitation des maisons

endommagées ou détruites:

1. Au niveau de l’agriculture.

a). La proposition se situe dans le cadre d’un objectif général qui doit viser à la recapitalisation

des exploitations familiales paysannes, á l’amélioration de la sécurité alimentaire, de la

diversification des sources de consommation et de revenus des localités locales à travers un appui

pour reprendre la production agricole, l’élevage, le commerce, la transformation artisanale, un

encadrement technique des producteurs et productrices afin de mieux organiser la réhabilitation des

exploitations. En ce sens, il est urgent d’essayer d’injecter du cash monétaire soit en don (serait plus

profitable), soit en crédit agricole aux paysans pour rapidement explorer la campagne d’hiver.

Ainsi donc, on renforce la capacité d’accès aux semences. Le calendrier agricole est

encore propice pour la grande majorité des zones montagneuses où on va planter de l’haricot

noir, des légumes: épinard, chou, tomate, aubergine, des vivres: giraumont, patate. Et

préparer pour la grande campagne de printemps. Il est plus qu’important qu’on accentue sur

ce rôle exclusif de ce cash á l’agriculture tout comme des mesures pour éviter le dérapage au

niveau des prix avec cette forme de subvention.

b) La recapitalisation du cheptel est nécessaire et doit viser á renforcer la capacité des

familles á le reconstituer. On doit noter qu’on n’a pas pu avoir des informations sur la

maladie Teshen. Mais un plaidoyer au côté du Ministère de l’Agriculture, des Ressources

Naturelles et du Développement Rural (MARNDR) s’avère nécessaire pour un programme de

vaccination des animaux. Il est important de tenir compte de certaines spécificités des zones

comme c’est le cas des Roseaux, une zone où l’élevage est plus répandu.

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c) Facilitation á l’approvisionnement en outils agricoles, par ordre d’importance: pioche

ou/et pic, perle, machette, hache, houe, arrosoir, pompe aspersion, râteau, brouette, pince.

2. La réactivation des activités économiques des femmes.

a) Elles organisent leur survie avec leur petit commerce. Aujourd’hui, il est plus que

nécessaire la mise en place d’un microcrédit pour que les femmes surtout reprennent leurs

activités. Les femmes peuvent approvisionner les marchés locaux avec les semences ou on

peut envisager d’autres fournisseurs locaux. Ce prêt peut aller aussi au-delà des activités

agricoles, il est vrai que les besoins d’approvisionnement sont énormes par exemple en

intrants agricoles: produits alimentaires mais il y a un grand besoin également en espèces

comme: toiles, vêtements, chaussures, vaisselles, etc, et comme d’habitude elles vont dans les

marchés en ville avec des produits locaux (agricoles et animaux) et remontent avec d’autres

parfois importés comme du sel, de l’huile, du gaz, des allumettes, etc.

3. La réhabilitation des maisons.

a) La contribution á la réhabilitation ou aménagement des maisons endommagées ou

détruites est capitale pour les familles victimes de l’ouragan. Pour cela, il y a un besoin en

matériaux de construction comme : tôles, bois, ciment, clou et planches.

Cependant face aux besoins, il est souhaitable que les partenaires d’appui penchent plus

sur les tôles que sur le clou attestent les familles paysannes. Au niveau local, les bois peuvent

se retrouver soit au niveau de la famille, soit de la solidarité d’un voisin ou d’une autre

personne de la communauté. Trente (30) á quarante (40) feuilles de tôles, c’est la quantité

consensuelle qu’on peut envisager par famille.

b) Création du travail á partir du cash for work

Cet axe a une importance capitale. On peut le concevoir d’une part pour aider les gens á

avoir du revenu, c’est –á- dire avoir l’accès aux produits alimentaires, á pouvoir acheter des

semences et á d’autres nécessités domestiques, d’autre part á organiser de la formation au

niveau du modèle de couverture des toitures des maisons au profit des charpentiers et des

gens de la communauté.

Il y a un modèle de couverture qui résiste au grand vent comme par exemple ce qu’on a

utilisé pour couvrir les choucounettes3 du marché de Gran Vensan de Roseaux dont la grande

majorité des maisons de ce marché reste intact après le passage de Matthew. Ce modèle de

3 Petite maison couverte avec de tôles ou de paille

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couverture de toiture a été expérimenté dans le Plateau central, dans le Sud-Est du pays avec

l’appui de l’ONG Inter-Aide.

Après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, la PAPDA, en partenariat avec une

organisation paysanne dénommée VEDEK,, a accompagné les familles paysannes de Cap-

rouge du Sud’Est dans la réhabilitation des maisons endommagées utilisant ce modèle.

On peut encadrer les charpentiers de la zone, sur la base d’un consensus entre les

familles, le charpentier et un dirigeant de KPGA, les engageant dans la réparation des

maisons des familles pendant qu’on organise de la formation sur place avec l’appui de

certains autres professionnels venant d’autres endroits du pays.

Les paysans sont conscients de leur vulnérabilité et ils sont critiques envers l’Etat qui

n’est jamais présent dans les communautés rurales. Si tel était le cas, on aurait trouvé des

ressources productives et un soutien technique adéquats pour démarrer avec la revitalisation

des exploitations dès le lendemain de cette tragédie.

Les ouvriers agricoles suivis des cultivateurs sont les groupes les plus frappés par

l’ouragan dans les milieux ruraux. Une très grande opportunité pour les techniciens de

maçonnerie. C’est aussi un bon moment pour les charbonniers puisqu’il y a beaucoup

d’arbres abattus par la tempête mais á cause du manque d’outils, ils ne peuvent pas

pratiquer ce métier comme á l’ordinaire. Aux Roseaux, ce sont les jeunes qui travaillent le

plus les jardins, mais maintenant ils vont pêcher un petit poisson dénommé ’’ti zangi’’, ils

gagnent davantage avec la vente de ce fruit de mer ou plus précisément des rivières puisque

celles-ci sont en crue, certains gagnent jusqu’á 3000 gourdes par jour pour quelques

dizaines de kg.

En ce qui concerne les menaces.

On est dans une situation difficile et délicate, les menaces peuvent être nombreuses.

Prenons la volatilité des prix sur le marché. Aujourd’hui elle est certaine. Rappelons qu’elle

mesure l’ampleur et la rapidité de l’évolution du prix d’un actif sur une période donnée. Dans

ce cas, l’ampleur de celle-ci dépend de la qualité des actions á prendre et la rapidité des

décisions. Les institutions d’appui ainsi que le gouvernement haïtien ont un rôle à jouer de

manière urgente pour éviter la pérennisation de la volatilité des prix. Le gouvernement

pourrait intervenir pour améliorer la confiance et la transparence dans les marchés, surtout

auprès des acteurs comme importateurs, producteurs et productrices, Madan Sara sur les

produits de base. Il faut éviter la variabilité et l’incertitude.

Avec l’arrivée au pouvoir de gouvernements conservateurs dans plusieurs pays

dominants économiquement il y a risque de répétition de la situation de 2008 débouchant sur

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des émeutes de la faim. La sécheresse après les inondations, peut provoquer la perte des

récoltes. La tenue ou non des élections présidentielles et législatives peut provoquer des

turbulences politiques et économiques qui affecteront automatiquement la stabilité de la

monnaie et par incidence le prix des produits alimentaires.

Si les ONGs internationales n’investissent pas dans l’activation de la production

agricole, l’insécurité alimentaire pourra être grave et présente pour longtemps. On doit dire

que la cohérence et la coordination des acteurs impliqués sont les exemples clés du succès.

Annexes.

1. Questionnaire pour enquête marché

Konsiy : ou dwe vizite tout mache a pou ou ka wè sitiyasyon an jan li prezante. Gade manje ki

disponib yo. Poze kesyon ki vin n aprè yo a 2 ou 3 machann ak gwosis.

Sijè diskisyon Moun kap enfome w la (1)

Moun wap ankete a

ki sa li fè (Vandè,

madansara, gwosis,

achtè)?

Eske mache a afekte

pa houragan Matthew

a?

Eske gen chanjman

nan jan mache a

abitye fonksyone?

Ki sa ki lakòz mache

a pa ka fonksyone jan

li abitye?

Li bon pou kite moun

yo pale (exanp : aksè

fisik mache a, pèt

estòk machandiz,

depo machann ki

kraze, manje yo

dirije plis kote zòn ki

pi afekte yo ; ki lòt

faktè anko, ….)

¿Ki disponibilite

manje ak pwodui

premye necesite yo

sou mache lokal yo?

Sereyal de

baz :

Mayi, pitimi,

diri,

Disponibilite

Sous apwovisyonman

Tubercules : Yanm, papat,

malanga,

Page 20: Rapport sur une étude de marché dans les communes de ... I.1- Contexte de la réalisation de l¶étude de marché La population haïtienne en particulier celle évoluant dans les

¿Ki bo manje ak

pwodui sa yo soti ?

mazoubel

Légumes

secs : pwa

nwa, pwa

wouj, pwa

kongo, pwa

be, pwa

souch,

Huile :

Legumes :

chou, zepina,

tomat, zonyon,

piman,

berejen…..

Charbon :

Gaz kérosène,

bougies, :

allumettes, :

Savon

Epis: lay,

Pri pwodui alimantè yo

nan mache a :

- Chanjman jiska

prezan ki fèt nan pri

pwodui yo?

(concernant les céréales de base et les tubercules, les légumes secs, l'huile, les légumes, par exemple)

- Eske pri yo diferan jodi a parapo ak avan ouragan an?

- Eske pri pwodui yo diferan menm jan nan lokalite ki pwoch ak zon kote nou ye a ?

Pri manje ak

pwodui yo

Avan Matthew Jodi a Matthew

Diri

Sik

Lwil

Farin

Mayi

Pwa nwa

Let

Pwa wouj

Pwa kongo

Pwa souch

Pwa bè

Pitimi

Yanm

Bannann

Bannann

Papat

Lam

Toles

Bois

Clou Chanjman pandan ti bout

tan sa a ki gen tan fèt sou

pri pwodui yo?

Perturbation nan chenn komesyalizasyon an (fournisseurs – intermédiaires -marchands)

Page 21: Rapport sur une étude de marché dans les communes de ... I.1- Contexte de la réalisation de l¶étude de marché La population haïtienne en particulier celle évoluant dans les

Eske komès la reprann?

Ki chanjman ki fèt pandan

titan an?

(Reprise du commerce ?

Changements à court terme anticipés ?)

Pou ou ale nan mache a :

- Eske gen chanjman nan fason nou te abitye ale nan mache a : disponibilite ak pri transpo a, wout, etc. ?

- Eske gen difikilte pou kek moun, kek gwoup

sibzistans (agrikiltè, elvè, pechè,

chabonye, tayè

menwizye, mason, etc, particuliers ? Si oui, qui ? pou ki sa ?

Ki sa ki koz difikilte sa yo ?

Akse a pwodui yo Eske gen chanjman nan fason nou abitye jwenn manje sa yo (revni, travay, vant sevis, fanmi lotbodlo?

2. Questionnaire pour réalisation focus group et rencontrer personnalités clés

Contexte

Zones/communautés touchées

1. Quartiers non accessibles ? Pour qui ? Pourquoi ? comment accède-t-on ?

2. Quels sont les principaux moyens de subsistance ? (associations de pêcheurs ; agriculteurs :

propriétaires, non propriétaires; éleveurs ; ouvriers agricoles ;taxi motos ; charbonniers ;

commerçants ; producteurs de sel ;

3. Groupes de subsistance les plus touchés par Matthew

4. Changements à court terme prévues pour les sources de revenus?

Disponibilité alimentaire

a) Pertes des moyens de production: terre / cultures / bétail / graines / outils agricoles / travail

/ outils de travail, etc.?

b) Conséquences des pluies sur les récoltes ?

c) Calendrier agricole, y compris prochain ensemencement et prochain récolte :

- Quand ? Quoi ?

d) Moyens disponibles pour le prochain ensemencement (terre, graines, outils, travail, par

exemple)

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e) Quels sont les stocks alimentaires actuels des ménages : céréales (riz, mais, sorgho, petit

mil), tubercules (patates, igname etc.), légumineuses (pois, haricots etc.), huile, sel, farine,

sucre, café) ;

f) Quelles ont été les pertes en stocks dues aux pluies?

g) Quelle est la durée de couverture des stocks pour la consommation des ménages (en

semaines, en jours) ?

h) Quelles sont les sources alimentaires actuelles ? (achat au marché, stocks des ménages ;

chasse/collecte/pêche ; transferts, emprunt, aide alimentaire)

i) Sont-elles différentes d’avant les pluies ?

j) Changements à court terme anticipés ?

k) Quelles sont les disponibilités des aliments sur les marchés locaux (céréales de base et

tubercules ; légumes secs, huile, légumes) : habituelles et maintenant

l) Quelles sont les disponibilités des produits de 1ere nécessité : kérosène, bougies,

allumettes, savon

Accessibilité alimentaire

Accès physique au marché :

a) Y a-t-il un changement dans les moyens d’accéder au marché : disponibilité et coût du

transport, route, etc. ?

b) Y a-t-il des difficultés pour des individus ou des groupes de subsistance particuliers ? Si oui,

qui ? Comment font-ils ? Quelles sont les causes des difficultés ?

Prix des produits alimentaires du marché :

a) Changements des prix par rapport à avant les inondations ? (céréales de base et les

tubercules, les légumes secs, l'huile, les légumes..)

b) Les prix sont-ils différents des prix dans les localités voisines ?

c) Changements à court terme anticipés des prix?

d) Quelles sont les dépenses principales anticipées (par exemple : produits alimentaires ;

santé ; bois énergie ; meunerie ; transport ; habitation ; récupération des moyens de

subsistance)

e) Quels sont les changements dans les avoirs domestiques des ménages suite aux pluies

(vêtements, meubles, ustensiles de cuisine) ?

f) Quelles sont les stratégies de survie utilisées par les ménages pour répondre à leurs besoins

alimentaires et autres besoins de base essentiels ? Actuelles/anticipées (Par exemple :

sauter des repas, passer à des produits alimentaires de deuxième choix, diminuer les

quantités de produits alimentaires, négliger les soins de santé, retirer les enfants de l'école,

emprunter de façon excessive, mendier, etc.)

g) Y a-t-il des groupes ayant des problèmes spécifiques d'accès aux produits alimentaires ?

Si oui, pourquoi ? (par exemple : ménages dirigés par une seule personne ; individus isolés ;

ménages dirigés par une femme ; chômeurs ; handicapés physiques, femmes enceintes et

allaitantes etc.)

Page 23: Rapport sur une étude de marché dans les communes de ... I.1- Contexte de la réalisation de l¶étude de marché La population haïtienne en particulier celle évoluant dans les

h) Quels sont les aliments consommés actuellement (céréales de base et tubercules ; légumes

secs, huile, légumes ; viande/poisson/œufs ; lait ; légumes, fruits; aliments sauvages,…) ?

i) Quels sont les changements par rapport à avant les pluies ? (nombre ou taille de repas,

plus/moins d’aliments)

j) Quels sont les besoins prioritaires des personnes touchées (aliments ; espèces ; toit ; eau ;

santé ; éducation ; sécurité ; couvertures ; habits) : immédiatement/ dans les mois à venir

Environnement/ hébergement

a) Quelles parties de la maison ont été affectées ? (toit, pans de mur etc.)

b) Nombre de personnes déplacées dans des abris provisoires (églises, écoles, maisons de

jeunes etc.) ?

c) Quelles sont les facilités dans ces abris ?

d) Si la pluie continue, comment la situation peut-elle évoluer ?

Opportunités :

a) sous-secteur : agriculture, pèche, commerce, petits métiers,

b) Calendrier agricole á profiter

c) Approvisionnement des intrants par sous-secteur

d) Période probable de la disponibilité alimentaire

e) La sécurité de la disponibilité et l’accessibilité alimentaire dépend de quoi ?

3. Liste des personnes rencontrées dans les activités de : visites aux marchés, les focus group,

réunion avec personnages clés.

Communes Grossiste Détaillant Madan sara

Erlande Pierre Syndie Régine Anamise Pierre

Jérémie Lafleur Eno Ketely Mesier Filisca Jn Louis

Carline Bysinte Telise Monvier Martiace Gerin

Mérisier Compére Gina Jeanty

Polonne Profette

Roseaux

Estane Ayis Marie Marcel Marie C. Deto

Fergie Jean Claudine Benoit Joanise Phylippe

Emmanuel Joachin Mariange Benette Chantale Michele

Tifanie Bien-Aimé

Abricots Charles Liliane Germain Claude Juslene Francois

Luciene Samedi Eligene Jeune

Berta Leger

Beaumont Denise Etienne

Personnes clés rencontrées

Justine Jean

Beaumont Paul Solange

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Michel Guil

Michel Ruben

Roseaux Presmo Pierre Louis Elenord Lafleur Mezier Monise

Vico Dimanche Neolien Frisnel Omeus Charlan

Beto Belfor Dori Gesulane Jean Nazaire Lafleur

Fridel St Juste Amonciel Joseph

Jérémie Louisiane Nazaire

Marie Francoise Innocent

Liste participant focus group

Roseaux Beaumont Jérémie (Sofa)

Jean Felix Gina Marie Jeancile Edma Marie Lunie Denis

Lucienne Gustin Jazile Mercile Audarline Glot

Marlene joseph Modelene Jpseph Marie Francoise Innocent

Fanel Moise Theodor Edet Joane Dieujuste

Ducles Felix Guerrier St Sauveur Lourdes Mia Fanfan

Jean Fidel St Juste Woudiche Lafleur Elvire Gilot

Vivienne Sanon Agatte Cadet Charline Pierre Louis

Jpseline Sanon Alciena Colas Marie margalie Pierre Louis

Gilene Dimanche Chericiane Guy Vecia Charleau

Dieulan Jn Pierre Mode Baptiste Ironne Pierre

Elsia Joseph Octanor Felix Lousain Ilotese

Islene Jeam Nadia Louis

Bonnet Perrier

Michel Perrier