rapport sur les fouilles archéologiques de septembre...
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RAPPORT sur les fouilles archéologiques de septembre 1966
au lieu-dit PENHOUET en PLOEREN (Morbihan), présenté
par M. LE DEVENDEC, Licencié d'Histoire, étudiant à
la Faculté des Lettres de Rennes. .
Autorisation du Ministère d'Etat chargé des Affaires Culturelles
en date du
Référence :
dU La campagne de fouilles archéologiques du site la Motte Féodale
de Penhouët en Ploeren (parcelle n° 387 dite " Er Goh Castel", du cadastre
ancien de Ploeren, - section E - appartenant à M. Le Sommer Jean)
s'est déroulée dans d'excellentes conditions grâce au temps ensoleillé
du 1er au 21 septembre 1966.
Il s'agissait avant tout d'une fouille de sauvetage, ce monument
devant disparaître dès 1967, pour permettre une rectification de la R. N.
165 de Nantes à Audierne : il était impossible de contester l'utilité
publique de ce redressement, le virage actuàl de "Luscanen" étant
des plus dangereux.
Par une fouille systématique nous devions essayer de tracer
les limites exactes d'une enceinte que l'on s'accorde à penser médiévale
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Nous espérions des découvertes intéressantes ou du moins suscepti-
bles de nous aider dans un travail de datation de cette fortification.
PRESENTATION GENERALE DE LA MOTTE .
Cette "motte féodale" apparaît relativement bien conservée.
La douve garde l'eau jusqu'au mois de Juin. Le talus extérieur n'est
pas encore partout démoli. Et le remblaiement du S.W. permet d'accé-
der facilement à la plate-forme intérieure. Il y a 15 ans une allée y
menait, large de 1, 80 à 2 m. et bordée de sapins entre lesquels pous -
sait une haie d'aubépines (sur le Cadastre la ligne séparant les parcelles
386 et 390). Des pierres bleues, extraites dans la région, de forme co-
nique constituaient le pavage de cette ailée.
L'enceinte intérieure de forme circulaire est large de 23 m.
elle a 78 m. environ de circonférence. La douve à peu près circulaire,
de section en U, a 5, 80 à 6 m 20. de large. Le fond de la douve présente
une dénivellation de 5 à 5, 50 m. avec la plate-forme intérieure. Le
talus extérieur achève la défense : sa hauteur atteint 1 m. vers l'in-
térieur, mais il n'a que 50 cm. de surélévation par rapport au niveau
des champs environnants. Ce talusnine largeur peu importante (50cm. )
et est détruit partiellement au N. Il présente d'autre part un élargissement
au S. E. que le plan des Ponts-et-Chaussées met bien en évidence. Ce
remblaiement a 3 m. de largeur maximum.
FOUILLE SYSTEMATIQUE DE L'INTERIEUR DE L'ENCEINTE.
Il était convenu de creuser une première tranchée à partir
d'un pan de mur N. découvert , à 1 m de l'angle N. W. Cette tranchée
large d'un m. et profonde de 80 cm. de direction N. S., se révéla
assez improductive. La présence de nombreuses et grosses pierres
entassées sans ordre augmentait les difficultés etexplique la lente
progression. Elle devint plus intéressante à son extrémité S. où le
niveau le plus significatif se trouvait à 80cm. du sol primitif.
Quelques débris de poterie noire plutôt grossière etsurtout
une quantité plus importante de grès très détérioré, noirci par le feu
furent les premières découvertes. On discernait à cette profondeur
des tâches plus ou moins grandes de charbon de bois.
En même temps, une autre équipe entamait la tranchée 4,
de direction W-E, large de 1,50 m. Dès le soir nous devions constater
que nous creusions à l'emplacement du mur. Nous ne tardions pas à
délimiter ce mur à la jonction des tranchées 4 et 1. On constata une largeur
de 1,15 m. , la longueur restant à définir.
Une première remarque s'impose à propos de ce mur : il est
très abîmé. Le propriétaire apporta d'ailleurs la réponse à ce fait : les
précédents fermiers ont considéré ce lieu comme une carrière et ne se
sont pas fait priés poue en enlever le maximum de pierres. Ces "fouilles
de pierres" étai^ favorisées en cet endroit par la proximité de l'entrée
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de la motte. Les dernières fouilles de ce type eurent lieu il y a 40
ans par le père de l'actuel propriétaire. Celui-ci y participait :
leur principal soin était de rechercher les meilleures pierres et jetter
les autres à l'intérieur de l'enceinte, ceci explique leur nombre de
ce côté.
La tranchée 2 devait faire apparaître un décrochement du
mur : mais ce n'était qu'un décrochement "artificiel" dû à l'enlè-
vement des pierres très agencées de la façade intérieure, jusqu'à
I m, du sommet du mur de l'angle N. W., où le mur est resté le plus
élevé.
Une coupe dumur indique deux façades ordonnées entre
lesquelles von a entassé d'autres pierres. Pour solidifier le tout on a
ajouté du ciment. Ce ciment a la qualité d'être compact et résistant.
II est de couleur gris-blanc et de nombreuses coquilles d'huîtres aug-
mentent encore sa teneur en chaux. Quant aux pierres du mur, elles
semblent avoir été rougies par le feu et la couche superficielle de grani-
té s'effrite dès qu'on la gratte ao/ec une brosse métallique. On retrou-
ve ces traces d'incendies profondément dans le sol.
Les travaux de la tranchée 3 ont permis de dégager le mur W.
apparamment le mieux conservé. La jonction des tranchées 3 et 4
permit d'autre part d'obtenir la largeur intérieure de l'enceinte entre
les angles N. W. et S. W. : 7, 80 m; en cet endroit, ce fut le seul résultat
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positif, car nous n'avons enregistré la moindre découverte.
La tranchée 5 poursuivit le dégagement du mur S. Mais la
progression fut gênée par la présence en plein milieu du mur d'un chêne
aux racines encombrantes. Les découvertes furent cèpe ndant assez
nombreuses et au même niveau que dans la tranchée 1. En particulier
à l'angle S. W. quelques débris de poteries vernissées vert apportèrent un
élément nouveau quoique peu significatif. Nous constations encore un
relèvement des murs à ce même angle et nous pouvions donner la lon-
gueur intérieure exactede l'enceinte : 12,80 m.
Les travaux le long des murs N. et E. allait confirmer les
données précédentes. Le seul élément nouveau fut la mise à jour d'une
quantité relativement grande de poteries vernissées vert aux points
II et III, De même au miliuu de ces murs, nous devions constater une
disparition de ces murs en profondeur. Nous avons pu cependant retrou-
ver la jonction des murs N.^3. à l'angle N. E. , à une profondeur
de 2, 8D m, par rapport des murs de l'angle N. W.
Deux autres travaux au centre età l'extérieur de l'enceinte
n'apportèrent aucun élément digne d'intérêt. Au centre de l'enceinte
un semblant de mur avait attiré notre attention. Il se révéla n'fetre qu'un
entassement de pierres sans joints etsans alignement continu. Devant
ce tas de pierres un niveau très localisé de terre rouge, presque cir-
culaire et épais de 15 cm. fut découvert. En brisant cette croûte peu
solide nous avons trouvé quelques éléments de poterie claire. Pour pro
céder de manière un peu plus systématique, nous avons déblayé l'in-
térieur de l'enceinte dans la mesure du possible, et nivelé le sol à
la profondeur de la tranchée I. Au dessous de ce niveau, en effet,
nous n'avons rencontré qu'un sol d'argiles compactes et difficiles à
casser, totalement improductif sur le plan des découvertes.
De la tranchée 10, effectuée en terrain argileux, nous avons
retiré quelques débris de poteries noires etquelques morceaux de
briques. D'autre part, divers sondages permettent d'affirmer qu'en
dehors de ces quatre murs, il n'existe sur cette motte aucun autre
élément de maçonnerie.
EN CONCLUSION, le niveau des découvertes atteint à l'in-
térieur et même à l'extérieur de l'enceinte la même profondeur
1, 50 à 1, 80 m; par rapport au sommet des murs de l'angle N. W. ;
ou encore dès que l'on atteint le sol argileux , on ne trouve plus rien.
Nos recherches en ce qui concerne l'entrée de cetteenceinte
sont demeurées vaines. Même si l'on tient compte des déprédations qu'
subies le monument, il semble qu'il fasse partie de ces édifices à
l'intérieur desquels on grimpait par une échelle.
Le monument a subi un incendie à une époque indéterminée.
Les pierres ont été altérées profondément dans le sol. Surtout ses
dimensions restent modestes :
longueur intérieure : 12, 80 m + 1,15 (mur)
largeur intérieure : 7,80 m. + 1, 15 (mur)
Ceci semble d'ailleurs en rapport avec le site dominé : cette hauteur
ne domine qu'une faible région, la vallée de Vincin ou l'entrée de Vannes.
Avant la route actuelle il n'existait qu'un chemin de terre.
Cette motte ne sera d'ailleurs datée que lorsque toutes ces
mottes et enceintes de terre auront fait l'occasion d'un travail de
synthèse dans le Morbihan.
BIBLIOGRAPHIE
Cayot-Délandre : Le Morbihan , p. 151, 177.
Catalogue des Monuments Historiques du Morbihan, Vannes 1865, p. 5.
Fouquet p. 91.
Rosensweig : Les Monuments Moyennageux de l'Arrondissement Vannes
in Bull. %c. Polyg. Morbihan, 1861, p. 97.
Rialan : Notes Posthumes, Ibid. 1924, p. 55.
La Borderie : Bull. Arch. de l'Association bretonne, 1885, réunion
de Saint-Malo.
ECHELLE
0 12 3 4 5 10 m
Si
riOHbttiAN .