rapport sur le foncier au...
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REPUBLIQUE DU BENINREPUBLIQUE DU BENINREPUBLIQUE DU BENINREPUBLIQUE DU BENIN -------
FRATERNITE FRATERNITE FRATERNITE FRATERNITE –––– JUSTICE JUSTICE JUSTICE JUSTICE –––– TRAVAILTRAVAILTRAVAILTRAVAIL
-------
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL -------
TROISIEME MANDATURETROISIEME MANDATURETROISIEME MANDATURETROISIEME MANDATURE -------
COMMISSION DU DEVELOPPEMENT RURAL ET DE L'ENVIRONNEMENTCOMMISSION DU DEVELOPPEMENT RURAL ET DE L'ENVIRONNEMENTCOMMISSION DU DEVELOPPEMENT RURAL ET DE L'ENVIRONNEMENTCOMMISSION DU DEVELOPPEMENT RURAL ET DE L'ENVIRONNEMENT -------
Sur
LE FONCIER AU BENIN : PROBLEMES
DOMANIAUX ET PERSPECTIVES
Adopté par la Plénière en sa séance du lundi 11 juillet 2005.
Juillet 2005
SOMMAIRESOMMAIRESOMMAIRESOMMAIRE
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Sigles............................................................................................................Sigles............................................................................................................Sigles............................................................................................................Sigles.................................................................................................................... 2222
Introduction....................................................................................................Introduction....................................................................................................Introduction....................................................................................................Introduction.................................................................................................... 3333
I. Méthodologie.............................................................................................I. Méthodologie.............................................................................................I. Méthodologie.............................................................................................I. Méthodologie............................................................................................. 5555
II. Analyse de II. Analyse de II. Analyse de II. Analyse de la situation actuelle................................................................la situation actuelle................................................................la situation actuelle................................................................la situation actuelle................................................................ 8888
III. Perspectives.............................................................................................III. Perspectives.............................................................................................III. Perspectives.............................................................................................III. Perspectives............................................................................................. 15151515
IV. Mesures préconisées ..........................IV. Mesures préconisées ..........................IV. Mesures préconisées ..........................IV. Mesures préconisées ...................................................................................................................................................................................................................................................... 16 16 16 16
Conclusion......................................................................................................Conclusion......................................................................................................Conclusion......................................................................................................Conclusion...................................................................................................... 17171717
Annexes.......................................................................Annexes.......................................................................Annexes.......................................................................Annexes................................................................................................................................................................................................................... 19191919
SIGLES
AOF : Afrique Occidentale Française
AP : Attaché de Presse
CES : Conseil Economique et Social
DC : Directeur de Cabinet
DE.PO.NA.MU : Déclaration de Politique Nationale de Mobilité Urbaine
DUA : Direction de l'Urbanisme et de l'Aménagement
IGN : Institut Géographique National
MAEP : Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche
MEHU : Ministère de l'Environnement, de l'Habitat et de l'Urbanisme
MFE : Ministère des Finances et de l'Economie
MISD : Ministère de l'Intérieur, de la Sécurité et de la Décentralisation
MJLDH : Ministère de la Justice, de la Législation et des Droits de
l'Homme
MTPT : Ministère des Travaux Publics et des Transports
OHADA : Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des
Affaires
SERHAU-SA : Société d'Etudes Régionales d'Habitat et d'Aménagement
Urbain - Société Anonyme
UCP : Unions Communales des Producteurs
INTRODUCTION
La terre, bien immeuble par excellence a toujours été un enjeu très important
dans le développement de toutes les Nations. La prise de conscience de cette
réalité par la métropole l'avait conduite à prendre depuis les années 1900
notamment un certain nombre de textes pour organier l'appropriation, l'exploitation
et l'occupation du sol en Afrique Occidentale Française (AOF).
Le premier Gouvernement du Dahomey après l'indépendance a également
perçu la nécessité de la maîtrise foncière. La terre sera ainsi au cœur du processus
d'affermissement de l'Etat dahoméen et de son système de développement
économique.
Plus d'un siècle après, le problème de la gestion du foncier continue à se
poser en terme d'accès à la terre, de limite du territoire, de règlement des
conflits liés au foncier.
Le dualisme du droit coutumier et du droit moderne forme un ensemble
hétérogène qui paralyse toute mutation aisée vers la propriété privée. Cette
situation difficilement explicable est préoccupante face à un monde constitué de
plus de 61 % de paysans et qui pratiquent l'agriculture comme principale activité
génératrice de revenu.
La forte expansion de cette activité se heurte à l'accès difficile à la terre, bien
que le Bénin dispose d'énormes potentialités en terres cultivables. Même dans
certains départements où les problèmes de terres se posent avec acuité, il existe
de grands domaines non exploités et appartenant à des tiers qui les destinent à
des fins spéculatives. Dans le même temps, les paysans sans terre végètent dans
la misère en se transformant en métayers et/ou ouvriers agricoles.
Par ailleurs, un rapide état des lieux sans complaisance montre qu'à ce jour,
l'urbanisation au Bénin est difficile et désordonnée. Très vite, on se trouve
confronté à la rareté des terrains et à leur cherté qui ont rejeté vers la périphérie
des villes, non seulement les populations modestes mais aussi des activités de
proximité. Cette situation est aggravée par l'absence d'un cadre institutionnel
adéquat et la mauvaise application des textes en matière foncière. Il résulte de
cette application chaotique du droit un imbroglio foncier peu fiable à plusieurs
égards qui ne rassure ni les opérateurs économiques étrangers ou nationaux, ni les
banques et autres établissements financiers en dépit des efforts fournis par l'Etat
pour asseoir des systèmes fonciers viables et sécuritaires.
Une série de confusions est récurrente dans le domaine du foncier au Bénin.
Les difficultés liées à la cherté des terres et à l'opacité dans les transactions, toutes
choses qui conduisent inévitablement à la paupérisation des populations, ont
amené le Conseil Economique et Social (CES) à se pencher entre autres sur la
question foncière. C'est pourquoi, il s'est auto-saisi du thème : "Le foncier au Bénin
: problèmes domaniaux et perspectives".
Le sujet mérite un traitement de fond du fait de ses implications
déterminantes dans les questions sensibles et récursives que sont notamment la
politique agricole, la politique d'aménagement du territoire, l'environnement et le
logement social.
L'objet de l'étude est de souligner les principaux traits de la question foncière,
d'analyser les interactions entre le foncier rural ou urbain, le logement, les activités
et les services et de faire des propositions afin que le foncier ne soit pas un
obstacle au développement du pays.
Le présent rapport s'articule autour des points suivants :
- méthodologie ;
- analyse de la situation actuelle ;
- perspectives ;
- mesures préconisées.
METHODOLOGIE
Pour mener à bien l'étude de ce thème capital et d'actualité, il a été observé
la démarche suivante :
1. recherche documentaire,
2. élaboration d'un guide d'entretien,
3. audition des personnes ressources,
4. visites sur le terrain.
1. 1- Recherche documentaire
Dans le cadre de la recherche documentaire, des correspondances ont été
adressées aux départements ministériels ci-après :
• Ministère des Finances et de l'Economie (MFE) ;
• Ministère de l'Intérieur, de la Sécurité et de la Décentralisation (MISD) ;
• Ministère de l'Environnement, de l'Habitat et de l'Urbanisme (MEHU) ;
• Ministère de la Justice, de la Législation et des Droits de l'Homme
(MJLDH).
A l'issue des réponses obtenues, une documentation abondante et fort
intéressante a été recueillie. (Cf. Annexe n° 1).
1. 2- Elaboration du guide d'entretien
Au sujet de l'élaboration d'un guide d'entretien, il a été tenu compte des
problèmes spécifiques à chaque localité pour la structuration des discussions avec
les groupes cibles. (Cf. Annexe n° 2).
1. 3- Audition des personnes ressources
Dans le cadre de l'audition des personnes ressources, des autorités au
sommet des départements ministériels cités au point 1. 1-, entourées de hauts
cadres ont animé des débats sur le foncier au Bénin. A cette liste, il convient
d'ajouter les auditions du Président de l'Ordre des Géomètres Experts et du
Représentant du Président de la Cour Suprême.
Tableau n° 1 : Calendrier des séances de travail à Cotonou avec les
personnes ressources
DATES HEURES LIEUX STRUCTURES EXPOSANTS
17/03/05 10 h CES MISD Mama SIKA (Ministre)
18/03/05 10 h CES MEHU Jules ASSOGBA
(Ministre)
21/03/05 10 h CES MJLDH Dorothée SOSSA (Ministre)
22/03/05 10 h CES MAEP Fatiou AKPLOGAN (Ministre)
26/04/05 10 h CES Cour Suprême Etienne FIFATIN
(Directeur Etudes et Documentations)
26/04/05 11 h 45 mn CES Ordre des Géomètres
Gaston KOKOSSOU (Président)
03/05/05 10 h CES MFE Cosme SEHLIN
(Ministre)
1. 4- Visites sur le terrain
Les visites sur le terrain ont couvert presque tout le pays et ont concerné
plusieurs localités retenues sur la base des problèmes fonciers spécifiques qui s'y
posent. Il s'est agi au cours de ces visites de rencontrer certains groupes cibles que
sont les :
• Elus locaux et les Comités de lotissement ;
• Organisations paysannes (Unions Communales des Producteurs -UCP-) ;
• Associations de Développement ;
• Préfets ou leurs Représentants ;
• Présidents de Tribunaux ou leurs Représentants.
1. 4- 1- Composition des équipes et calendrier de travail
Trois équipes ont été constituées pour parcourir les départements retenus.
Le tableau ci-après donne la composition des équipes.
Tableau n° 2 : Composition des équipes
N°
NOM ET PRENOMS
EQUIPES
1 2 3 4 5 6
Conseiller Antoine Alabi GBEGAN, Chef de délégation Conseiller Yêkini DJOUBEROU, Adjoint au Chef de délégation Conseiller Félicien K. SEGLA, Membre Conseiller Abdoul Fatahou PEDRO, Membre Monsieur Julien HODIGUE (Assistant de Commission), Membre Madame Aimée TINGLINSOU (Secrétaire de Commission), Membre
N° 1
1 2 3
Conseiller Gaston HOUNKPE, Chef de délégation Conseiller Venance LOKOSSOU, Membre Monsieur Amadou M. GORE (Assistant de Commission), Membre
N° 2
1 2 3
Conseiller Hubert A. ZOUNON, Chef de délégation Conseiller Augustin Tabé GBIAN, Membre Conseiller Arouna O. LAWANI, Membre
N° 3
Lesdites équipes ont visité les localités ci-après :
Tableau n° 3 : Localités visitées
N°
LOCALITES VISITEES
DEPARTEMENTS
EQUIPES
1 Natitingou Atacora N° 1
2 Parakou Borgou
3 Abomey
Zou
N° 2
4 Zogbodomey
5 Massi
6 Lokossa Mono
7 Aplahoué Couffo
8 Cotonou (Avotrou, Agla) Littoral
N° 3 9 Abomey-Calavi Atlantique
10 Adjarra Ouémé
11 Sakété Plateau
Eu égard à ce qui précède et aux riches exposés suivis de débats fructueux
d'une part, et aux visites sur le terrain d'autre part, il se dégage l'analyse suivante
de la situation actuelle du foncier au Bénin.
ANALYSE DE LA SITUATION ACTUELLE DU FONCIER AU BENIN
Toute politique foncière doit se fonder sur une base juridique claire qui reflète
une civilisation donnée. Il semble que cette préoccupation cardinale n'a pas
souvent prévalu chez le Législateur béninois, du moins lorsqu'on observe dans la
foulée, les divers obstacles auxquels se heurte l'application des textes conçus en
matière foncière.
2. 1- Les constats
Le décret du 02 mai 1906 instituant le mode de constatation écrite des
conventions passées entre indigènes dans les Colonies de l'Afrique Occidentale
Française (AOF) permettait à l'Autorité Administrative de certifier "à toutes fins de
droit" les actes sous seing privé passés entre indigènes en vertu des règles
coutumières. Cette certification vise à établir une preuve, c'est la technique de
l'affirmation.
Le 19 mars 1931, une lettre circulaire n° 128 AP "p ortant coutumier du
Dahomey" est venue reconnaître la répartition des terres en propriété collective du
village, en propriété familiale et en domaine public religieux. Il va falloir attendre
l'exposé des motifs du décret n° 55-580 du 20 mai 1 955 portant réorganisation
foncière et domaniale en AOF pour admettre avec l'évolution des coutumes,
l'implantation de la notion de propriété du sol dans l'esprit de l'Africain en général et
du Dahoméen en particulier. La gestion des droits coutumiers sur les bases plus
actuelles, de par leur dynamisme exige une enquête de grande envergure.
La Constitution du 11 décembre 1990 en son article 22 dispose : "Toute
personne a droit à la propriété. Nul ne peut être privé de sa propriété que pour
cause d'utilité publique et contre juste et préalable dédommagement."
C'est autour de cette notion de propriété affirmée par la Constitution que
s'analysent les lois et les nombreux textes réglementaires pris pour gérer le foncier
au Bénin.
L'Etat béninois s'est toujours proclamé propriétaire des terres et responsable
de la gestion des ressources naturelles renouvelables ou non aux fins de
développement. Mais dans la pratique, il n'arrive pas à assurer l'effectivité de sa
responsabilité en matière de maîtrise du foncier pour des raisons diverses
difficilement conciliables.
En effet, dans les zones rurales, la quasi totalité des terres est sous le régime
du droit coutumier caractérisé par l'oralité et les populations détiennent une
propriété foncière non consignée dans un document de référence. La propriété est
acquise par possession continue, par succession, par donation entre vifs ou par
contrats.
En zones urbaines loties, la plupart des individus détiennent, en dehors des
conventions de vente de terrains établies sous seing privé un acte dénommé
"permis d'habiter" à caractère précaire et révocable au sens de la loi n° 60-20 du 13
juillet 1960 fixant le régime des permis d'habiter au Bénin.
La cohabitation du droit coutumier avec le droit moderne crée de réelles
confusions persistantes.
2. 2- L'immatriculation
Le caractère facultatif de l'immatriculation n'est rien d'autre que le respect des
droits coutumiers.
Les populations n'ont pas adhéré au régime de l'immatriculation de terrain
(titre foncier) parce qu'elles ne voient pas ce qu'il leur apporte et ce qu'il change
dans les droits et traditions auxquels elles sont profondément attachées. Ces droits
leur semblent tellement évidents qu'elles ne perçoivent pas l'utilité d'une autre
formalité de quelque nature que ce soit.
Les Béninois sont habitués à l'enregistrement administratif et ne semblent
pas vouloir le changer. Toutefois, il convient de soulever que l'Administration
chargée de ce service n'a pas procédé à l'immatriculation de toutes les terres au
nom de l'Etat, mais s'est plutôt dépêchée de vendre les terres héritées de la
colonisation.
2. 3- Bref aperçu du dispositif juridique foncier
A la suite de l'Administration coloniale, l'Etat a tenté de purger le territoire des
droits coutumiers qu'il voulait remplacer progressivement par le droit moderne de
constatation des droits (immatriculation, cadastre). Mais dans cet univers
caractérisé par l'oralité, cette nouvelle formule de constatation des droits fonciers
ne sera pas atteinte malgré les nombreux textes de loi et actes réglementaires pris
pour régir la question foncière.
Tableau n° 4 : Situation des textes en matière de droit domania l, de droit
de l'urbanisme et de droit foncier
DESIGNATION LOIS ORDONNANCES DECRETS ARRETES CIRCULAIRES DECISIONS INSTRUCTIONS
Nombre 07 02 37 19 05 02 01
Ce tableau donne une idée du nombre de textes législatifs et réglementaires
pris depuis l'année 1904 à ce jour (2005). Il importe de faire remarquer que
toutes les sept (07) lois sont prises après l'indépendance. Une (01) ordonnance,
vingt-six (26) décrets et onze (11) arrêtés l'ont été avant l'indépendance.(1)
Somme toute, il convient de retenir des sept (07) lois connues à ce jour que
la loi n° 65-25 du 14 août 1965 portant organisatio n de la propriété foncière au
Dahomey apparaît comme la loi de fond à portée territoriale ayant vocation à
s'appliquer tant en zone urbaine qu'en zone rurale. De par cette vocation, elle a
nécessairement un lien avec d'autres lois notamment la loi n° 60-20 du 13 juillet
(1) MEHU, SERHAU-SA (1999) Recueil des textes principaux en matière du droit domanial, de droit de l'urbanisme et de droit social ; Immédiat Presse, P. 443-451.
1960 portant régime de permis d'habiter en République du Bénin ; la loi n° 61-26 du
10 août 1961 portant définition des périmètres d'aménagement rural ; la loi n° 61-
27 de la même date relative aux coopératives agricoles et la loi n° 93-009 du 02
juillet 1993 portant régime des forêts au Bénin pour ne citer que celles-là.
En dépit de cet arsenal juridique non négligeable, l'on est en droit de se
demander si le droit positif béninois n'est pas resté loin en arrière du
développement de la société avec son cortège de difficultés.
2. 4- Obstacles à la gestion du foncier
2. 4- 1- La mauvaise application des textes
2. 4- 1- 1- Cas particulier des articles 5 et 90 de la loi n°
65-25 du 14/08/65
Au fond, la loi n° 65-25, à quelques dispositions p rès, n'est pas
critiquable en soi mais elle se heurte dans son application à une mauvaise lecture
par les acteurs du système foncier national et à leur tendance avérée à la fouler au
pied au gré des pesanteurs socio-économiques et socio-politiques.
2. 4-1-1- 1- L'article 5
L'article 5 de la loi 65-25 dispose :
"L'immatriculation est facultative. Exceptionnellement, elle est obligatoire :
1. dans les cas d'aliénation ou de concession de terres domaniales ;
2. dans les cas où un immeuble, détenu jusque dans les formes admises
par les coutumes, doit faire pour la première fois, l'objet d'un contrat
écrit, rédigé en conformité des principes du droit civil.
Dans ces deux cas, la formalité doit précéder la passation de l'acte qui
consacre l'accord définitif des parties, à peine de nullité dudit acte."
L'alinéa 2 de cet article interdit tout contrat avant l'immatriculation tandis
que l'alinéa 7 de l'article 90 n'en fait qu'une pièce facultative.
2. 4-1-1-2- L'article 90
L'article 90 stipule entre autres :
"Tout requérant d'immatriculation doit remettre au Conservateur de la
Propriété Foncière qui lui en donne récépissé, une déclaration établie en langue
française, signée de lui ou d'un mandataire spécial et contenant…
Alinéa 7 : Réquisition au Conservateur de la Propriété Foncière de
procéder à l'immatriculation de l'immeuble décrit.
Si le requérant ne peut ou ne sait pas signer, le Conservateur certifie le
fait au bas de la déclaration qui prend le nom de réquisition, le requérant dépose :
tous les contrats et actes publics ou privés constitutifs des différents droits
énumérés dans ladite pièce ou, à défaut un état des transcriptions et inscriptions
afférentes à l'immeuble dont il s'agit…"
2. 4-1-1-3- L'esprit des articles 5 et 90 de la loi n° 65-25
Les libellés de ces articles ne présentent aucune contradiction mais
l'Administration chargée de l'Enregistrement en fait des conditions majeures et
tracassantes de la procédure ; conditions qui alourdissent et découragent le
recours à l'immatriculation à cause des frais qu'ils induisent. Elles constituent
d'ailleurs la principale raison de la cherté de la procédure.
• L'article 5 interdit tout contrat rédigé avant toute immatriculation, en
conformité des principes du droit civil ; ceci pour encourager la procédure.
• L'article 90, alinéa 7 permet de sauvegarder les droits réels qui
grèveraient le terrain de la demande d'immatriculation et qui se seraient
révélés lors de la procédure. Le but de cet article est d'empêcher que ces
droits réels demeurent un obstacle à l'immatriculation, mais plutôt qu'ils
puissent être sauvegardés lorsqu'ils se révéleraient. Cette condition
facultative est exigée comme pièce maîtresse de l'immatriculation par
l'Administration dans le simple but de percevoir des droits
d'enregistrement (12 % de la valeur de l'immeuble) sur un document
réputé nul par la loi.
D'ailleurs, à aucun moment de la procédure et dans aucun document officiel
du livre foncier, il n'est fait référence au contrat de vente exigé par le Conservateur.
2. 5- Le système de conservation des titres foncier s
Le levé topographique annexé au titre foncier ne permet pas toujours
d'identifier clairement la parcelle sur le terrain. La Conservation Foncière assure,
aussi bien qu'elle le peut, l'archivage de l'ensemble du dossier de la procédure
d'attribution de chaque titre avec un plan précis du terrain correspondant. Mais en
pratique, ce plan est rarement localisable. Le dossier permet seulement d'identifier
le nom du quartier et ceux des voisins. Or, avec le temps, les derniers ne sont plus
les mêmes. Seul le propriétaire du terrain sait où il se trouve. En l'absence d'un
plan cadastral, l'existence d'un titre foncier ne peut alors être connue que par une
enquête de voisinage et, en cas d'absence prolongée du propriétaire, rien
n'empêche qu'un nouveau titre soit délivré sur un terrain ayant déjà fait l'objet en
tout ou en partie d'un ancien titre qui, juridiquement, est toujours valable.
Il convient d'ajouter que les livres fonciers ne sont pas toujours tenus avec
une totale rigueur. Il arrive qu'on laisse pour telle ou telle raison une page blanche
sur le registre portant au crayon la mention "réservé" où il sera possible par la suite
d'intercaler un nouveau titre qui passera alors pour antérieur à d'autres titres
existants. (2)
2. 6- L'insécurité des mutations foncières
L'essentiel du problème de l'insécurité foncière se concentre sur la question
de l'assurance des mutations foncières. Les causes d'insécurité des mutations
foncières sont multiples. Nous retiendrons :
• les erreurs d'identification des ayants droit : on n'est jamais certain que le
vendeur ait le droit de vendre et que d'autres ayants droit ne surgissent (2) SERHAU-SA, 1998 ; Réforme du droit foncier, Mission Préalable, rapport final, Grande Arche, P. 12
quelques années après pour tenter d'annuler la vente. Le problème
n'existe pas seulement avec les terrains coutumiers ; on peut aussi le
rencontrer avec les titres fonciers ;
• les erreurs administratives : l'Administration considère en effet que, tant
qu'un titre foncier n'a pas été attribué sur un domaine privé, elle est en
mesure d'exercer son droit de propriété éminent qui peut aller dans
certains cas jusqu'à prendre des terrains dont elle a besoin pour cause
d'utilité publique ;
• les erreurs d'identification de terrain sur lequel porte la mutation : le terrain
que l'on croit avoir acheté n'est pas toujours celui qui est désigné sur le
document que l'on a reçu. Même avec l'existence d'un plan précis de
terrain, il n'est pas évident de savoir de quel terrain il s'agit, faute d'une
localisation.
2. 7- L'occupation illégale des terres
L'occupation des marécages par les citoyens aggrave dangereusement les
problèmes d'assainissement des villes surtout celle de Cotonou.
Il existe néanmoins l'arrêté n° 0002/MEHU/DC/DUA d u 07 février 1992
définissant les zones impropres à l'habitation et qui exclut par la même occasion
tout aménagement spatial notamment urbain.
Le même acte réglementaire précise qu'aucun lotissement ne peut être
entrepris dans ces zones et les personnes qui s'y installent indûment seront
déclarées occupants illégaux sur lesquels plane la menace d'un déguerpissement
sans dédommagement.
Face à un texte aussi clair, il y a lieu d'appeler la grande responsabilité de
l'Etat dans le drame de l'installation des populations de Cotonou dans les
marécages. Le quartier de Vossa au centre ville de Cotonou en est une illustration
flagrante. Il en est de même de l'occupation des forêts classées et des plans d'eau.
L'application de ces modes de gestion ne se fait pas de façon aisée. Au
contraire, elle engendre des problèmes difficiles dont certains trouvent leurs
solutions au niveau de l'Administration et d'autres, plus compliqués, au niveau des
Tribunaux.
2. 8- Les problèmes domaniaux
La plupart du temps, ces problèmes portent sur les cas suivants :
• l'occupation illégale ou frauduleuse des terres ;
• le mauvais ou le non partage de domaines résultant d'un héritage ;
• le stellionat (ventes multiples d'un même domaine) ;
• les revendications intempestives par des ayants droit des domaines
vendus durant plusieurs décennies par leurs ascendants ;
• les omissions de recasement et les recasements irréguliers ;
• les expropriations pour cause d'utilité publique sans dédommagement
préalable ;
• l'application de coefficient de réduction non conforme aux besoins réels
des domaines communautaires lors des lotissements ;
• la gestion de l'exécution des décisions de Justice relatives aux litiges
domaniaux.
D'une manière générale, les litiges domaniaux (cas de Agla à Cotonou)
sont devenus très fréquents au Bénin et afin d'éviter toute aggravation du
phénomène, les perspectives suivantes sont à envisager.
PERSPECTIVES
La question foncière représente un enjeu de taille et il n'est pas exagéré de
dire que sa mutation et la mise en œuvre d'une politique foncière adéquate
conditionnent le développement économique des pays à vocation agricole
comme le nôtre.
Au Bénin, les conditions socio-économiques caractérisées par la mutation des
us et coutumes, la course effrénée à l'enrichissement illicite, la naissance d'une
nouvelle classe de propriétaires terriens ont battu en brèche la conception
coutumière selon laquelle la terre est un bien sacré non vendable.
La délivrance du titre foncier n'obéit pas toujours aux règles de publicité en la
matière. Les habitants du lieu de la localisation de la parcelle ne sont pas souvent
informés de l'opération devant conduire à l'obtention de ladite pièce, car la plupart
du temps les annonces ne sont pas faites au niveau des villages ou quartiers de
ville concernés.
Par ailleurs, la cadence de vente des parcelles de terrain ou de grandes
étendues de terre à des étrangers (non nationaux) aussi bien dans les villes que
dans nos campagnes peut amener notre pays à avoir des problèmes frontaliers ou
à l'existence de villes dans lesquelles les étrangers (non nationaux) auront plus de
domaines que les nationaux.
Si rien ne se fait pour remédier à la situation, il est fort à craindre dans un
proche avenir pour le Bénin :
- le manque total de terres exploitables pour les produits vivriers et de rente
avec pour corollaire la famine et les maladies liées à la malnutrition ;
- la cession d'une bonne partie du territoire national aux étrangers ;
- les fuites de devises dues aux importations de denrées alimentaires ;
- l'accroissement des conflits liés au foncier.
Au vu de tout ce qui précède, les mesures suivantes sont préconisées.
MESURES PRECONISEES
Il s'agit de :
� organiser les états généraux sur le foncier au Bénin.
A cet effet, il faudra :
• recommander qu'au niveau de chaque Commune les opérations de
lotissement précèdent l'installation des populations afin de limiter les
nombreux problèmes découlant des lotissements ;
• créer un réseau géodésique fiable dans tous les départements ;
• déconcentrer les services de la Conservation Foncière pour tenir
compte du contexte actuel de la décentralisation devenue effective
depuis 2003 ;
• faire lever les obstacles trop lourds pour amener les populations à
souscrire massivement à l'immatriculation ;
• sensibiliser les populations sur la vente des terres, ce qui pourrait
porter à long terme atteinte à l'intégrité du territoire.
� refondre et simplifier l'ensemble des textes relatifs au droit foncier
(qu'ils appartiennent au Code de l'urbanisme, au Code rural et
forestier ou au Code de l'environnement) en un Code unique du sol.
Dans le cadre de la refonte des textes, il faudra :
• recenser et immatriculer de manière précise tous les domaines
publics et contrôler rigoureusement leur occupation ;
• reconnaître le droit de propriété au possesseur d'un terrain occupé
paisiblement pendant trente (30) ans pour les terrains non bâtis et dix
(10) ans pour les terrains bâtis ;
• fixer un délai raisonnable pour exécuter un bornage contradictoire et
en transmettre le procès- verbal quel que soit le lieu où se situe
l'immeuble à immatriculer ;
• poursuivre et étendre à toutes les Communes la généralisation de
l'opération de transformation des permis d'habiter et des autres titres
de propriété en titres fonciers ;
• dynamiser l'Ordre National des Géomètres - Experts pour le rendre
plus apte à exercer efficacement sa fonction ;
• réglementer les conditions d'acquisition des terres ou des maisons
par des étrangers.
CONCLUSION
Nul n'ignore aujourd'hui l'importance du foncier dans le développement des
Nations. La législation foncière, vieille de plus d'un siècle et d'apparence abondante
ne se résume qu'à quelques textes épars, anachroniques, inadaptés à assimilation
pénible pour le commun des mortels.
Aussi, leur application présente-t-elle d'énormes difficultés accentuées par le
dualisme du droit foncier moderne et du droit foncier coutumier.
Soucieux de l'intérêt général et du maintien de la cohésion de la Nation, l'Etat
béninois doit s'armer d'une volonté politique forte pour une refonte hardie et
transparente de l'arsenal juridique afin que le foncier contribue effectivement au
développement socio-économique de la Nation.
En effet, la garantie actuelle la plus couramment exigée par les banques et
les structures assimilées est d'ordre immobilier. Or, très peu de demandeurs de
prêt ont de titres fonciers à offrir. Il urge alors de faciliter l'accès des populations
aux crédits auprès des banques dont les prêts requièrent désormais des titres
fonciers comme garanties hypothécaires conformément aux dispositions des
articles 246 et suivants de l'acte uniforme du 10 avril 1998 de l'OHADA portant
organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies d'exécution.
La tâche à abattre est ardue mais exaltante. Un système foncier, pour être
véritablement sécuritaire à une Nation, a besoin d'être constamment adapté aux
contingences économiques et sociales de l'heure. Il convient toutefois d'éviter en la
matière de confondre vitesse et précipitation.
Cotonou, le 08 juillet 2005.
Le Président
Gaston HOUNKPE
Le Premier Rapporteur Le Deuxième Rapporteur
Hubert ZOUNON Yêkini DJOUBEROU
Annexe n° 1 : Références bibliographiques
• COMITE TECHNIQUE DES EXPERTS CHARGES DE L'ETUDE DE LA
SITUATION JURIDIQUE DES PERIMETRES D'AMENAGEMENT RURAL
MAEP 2001 : Sécurisation Foncière et Développement de la Filière "palmier à
huile", P. 121
• CONAC G. et CONAC F. 1998 ; la Terre, l'Eau et le Droit en Afrique,
Madagascar et à l'Ile Maurice, Centre d'Etudes juridiques et politiques du
monde.
• DUMON J. Louis 1996 ; Question foncière ; Avis et rapports du Conseil
Economique et Social (CES) ; Journal Officiel de la République Française, P.
118
• JURIS-INFO n° 0049 de septembre 1991 ; Publication de textes, décret n° 91-
49 du 29 mars 1991 portant création, organisation et fonctionnement de l'Ordre
des Géomètres en République du Bénin, P. 4
• Le ROY E. ; KARSENTY A. ; BERTRAN A. 1995 ; la Sécurisation Foncière en
Afrique ; Recueil de textes.
• MAEP, MJLDH, MFE 2003 ; Comité des Experts Chargés d'élaborer le cadre
foncier rural ; Avant-projet de loi portant Régime Foncier Rural, P. 89
• MEHU Avant-projet de "Code de l'Aménagement et de l'Urbanisme" en
République du Bénin, P. 60
• MEHU, 2003 ; Infraction et Sanctions en matière d'Occupation du Sol, (Guide à
usage des Agents de la Police Environnementale), P. 12
• MEHU, 2003 ; le Lotissement au Bénin ; quinze (15) questions-réponses pour
comprendre, P. 31
• MEHU, 2003 ; Point des actions menées par le MEHU dans le domaine de la
sécurisation foncière et résidentielle, P. 16
• MEHU, MFE, 2003, l'Opération Pilote de Transformation des Permis d'Habiter
en Titres Fonciers ; quinze (15) questions-réponses pour comprendre, P. 36
• MEHU, MTPT, MISD, 2004 ; Déclaration de Politique Nationale de Mobilité
Urbaine (DE.PO.NA.M.U.) P. 40
• MFE, MEHU, Commission Nationale de Transformation des Permis d'Habiter en
Titres Fonciers, 2003 ; Rapport Général de clôture des travaux de l'opération
pilote de transformation des permis d'Habiter en Titres Fonciers dans les villes
de Cotonou, Porto-Novo et Parakou, P. 446
• MISD, 2005 ; Point des dossiers récurrents étudiés au niveau de la Commission
Nationale des Affaires Domaniales, P. 4
• Ordre des Géomètres Experts, 2004, le Géomètre expert, P. 2
• Ordre des Géomètres Experts, 2004; Tableau de l'ordre, P. 2
• PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE - J.O. 1965 ; Régime de la Propriété
Foncière du Dahomey ; loi n° 65-25 du 14 août 1965 République du Dahomey,
P. 38
• R. M. HOUNKPODOTE, 2001 ; Impact de la tenure coutumière sur la gestion de
la fertilité des sols, P. 109
• SERHAU-SA 1998 ; Réforme du Droit Foncier, Mission préalable, Rapport final,
P. 71
• SOHOUENOU E. et ADAMON A. D. 1999 ; Recueil des textes principaux en
matière du Droit Domanial, du Droit de l'Urbanisme et du Droit Foncier ; MEHU
République du Bénin, P. 450
Annexe n° 2 : Guide d'entretien
1. Existe-t-il des obstacles d'ordre administratif à la mise en œuvre du système foncier au Bénin ? Si oui lesquels ? (Préfet, Maire…)
2. A votre avis, l'arsenal juridique existant au Bénin en matière foncière est-il
suffisant pour donner satisfaction aux nombreuses sollicitations des populations ? (Présidents des Tribunaux)
3. Êtes-vous propriétaire des terres rurales ? Si oui, comment les avez-vous
acquises ? Et comment les gérez-vous ? (Propriétaires terriens) 4. Êtes-vous acquéreurs de parcelles ? Si oui, quels sont les problèmes que vous
rencontrez avec les Comités de lotissement et les propriétaires terriens ? Propriétaires terriens ?
5. Existe-t-il des exemples de parcelles achetées par plusieurs acquéreurs ?
(Organisations Paysannes, Présidents des Tribunaux) 6. Quel est le pourcentage de litiges domaniaux des dix (10) dernières années ?
(Présidents des Tribunaux) 7. A combien estimez-vous (en terme de pourcentage) la contribution de la vente
de parcelles au budget de votre Commune ? (Maires) 8. Dans le cadre des nombreux conflits rencontrés dans le lotissement au Bénin,
comment envisagez-vous l'assainissement des pratiques foncières peu transparentes qui compliquent les opérations liées aux transactions sur les parcelles ? (Présidents des Tribunaux)
9. Quel but devrait viser selon vous une politique foncière ? Une politique des forêts
et des "forêts classées" ? Une politique du partage commun de pâturage ? (Communes)
10. Quels moyens devront mettre en œuvre les acteurs publics afin de favoriser le
bon fonctionnement des activités de lotissement ? (Elus locaux, Géomètres) 11. Que pouvez-vous nous dire à propos des problèmes domaniaux au Bénin ?
(Communes) 12. Quels sont les problèmes spécifiques auxquels vous êtes souvent confrontés ?
(Communes)
13. Quelles dispositions prenez-vous avant de démarrer le lotissement dans une localité ? (Communes)
14. Existe-t-il une taille minimale de parcelle en ville ? Si oui, laquelle ?
(Géomètres) 15. Quel taux de réduction appliquez-vous pour satisfaire les diverses attentes
relatives aux espaces verts ? Aux écoles ? Aux voies d'accès ? Aux terrains de sport etc. ? (Géomètres)
16. Comment gérez-vous les espaces dits parcelles disponibles ? (Géomètres) 17. Existe-t-il de grands propriétaires terriens ruraux dans votre localité ? Si oui,
de combien d'hectares disposent-ils chacun ? Comment en sont-ils devenus propriétaires ? Par achat ? Succession ? Donation entre vif et testamentaire ? Ou par l'effet des obligations ? Comment exploitent-ils ces terres ? (Communes)
18. La question n° 18 relative au domaine aquatique est identique à la question n° 17. (Communes)
19. Comment appréciez-vous l'application de certaines décisions rendues par les
Tribunaux en terme de déguerpissement ? De destruction d'immeuble ? (Communes)
La Commission