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18 RUE BARBES 92128 MONTROUGE CEDEX - 01 74 31 60 60 21 NOV 13 Hebdomadaire OJD : 202744 Surface approx. (cm²) : 2461 N° de page : 20-24 Page 1/5 ITG 1615728300524/GSD/OTO/2 Eléments de recherche : PATRICK LEVY-WAITZ : président d'ITG ou Institut du Temps Géré, toutes citations notre enquête f^à Recherche par des millions de chômeurs, subi par certains salariés, apprécié par d'autres, le travail est en crise. « Comment le réinventer ? » s'inter- rogent Les Semaines sociales de France qui, du 22 au 24 novembre et en partenariat avec Pèlerin, se tiennent à Paris, Lyon et Strasbourg. RÉINVENTER LE TRAVAIL : quel boulot !

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Eléments de recherche : PATRICK LEVY-WAITZ : président d'ITG ou Institut du Temps Géré, toutes citations

notre enquêtef ^ à

Recherche par des millions de chômeurs, subi par certains salariés, appréciépar d'autres, le travail est en crise. « Comment le réinventer ? » s'inter-rogent Les Semaines sociales de France qui, du 22 au 24 novembre et enpartenariat avec Pèlerin, se tiennent à Paris, Lyon et Strasbourg.

RÉINVENTER LE TRAVAIL :

quel boulot !

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oI»

Diane Leseiir, chargée daccompagnementsur un chantier d'insertion

« Ils veulent travailler,pas être des assistés »

D ONNER DU TEMPS à l'autre estle meilleur moyen de l'aider.C'est pour cela que Diane

Leseur, 33 ans, s'est rendue en Indepour reconstruire des maisons aprèsle tsunami de 2004, avant de travail-ler auprès d'orphelins handicapéschez mère Teresa, à Calcutta C'estpour cela, aussi, qu'elle accompagnedepuis deux ans, en Haute-Savoie, dixpersonnes sur un chantier d'inser-tion de l'association Alvéole à Saint-Pierre-en-Faucigny (Haute-Savoie).En Rhône-Alpes, douze associationsparticipent ainsi à une initiative bap-tisée « Epida » (Expérimentation deparcours d'insertion à durées adap-tées) en faveur des personnes sansemploi depuis longtemps, en raisonde maladies, d'accidents, de manquede qualifications. Financée par lespouvoirs publics et le Secours catho-lique, Epida rajoute trois ans auxdeux années d'un contrat d inser-tion classique. « Les personnes endifficulté ont besoin de davantage detemps pour retrouver confiance en

elles », explique Diane Leseur. À leurintention, elle met en place des tra-vaux d'insertion dans l'entretienurbain (ramassage des feuilles, desobjets encombrants, etc.) « Ce travail,poursuit-elle, offre un statut et uneplace dans la société à des gens quirefusent d'être des assistés. Pour eux,cette reconnaissance compte bienplus que leur salaire de 800 € men-suels. » Au final, nombre de travail-leurs reprennent en main leur des-tin. L'un d'eux vient même de créerson activité de vente de primeurs surles marchés. Un projet inespéré il y aseulement deux ans ! *

PAR FRÉDÉRIC MIEL

ILLUSTRATIONS FRÉDÉRIC BENAGLIA

AH, LE TRAVAIL... Soit onen manque, soit on en atrop ! D'un côté, le chô-mage paraît impossibleà résorber, les plans

sociaux se multiplient et on voitmal comment le président FrançoisHollande pourrait inverser, commepromis, la courbe des demandeursd'emploi d'ici à la fin de l'année Del'autre, la nature même du travailchange. De nouvelles formes d'or-ganisation augmentent la pressionsur les salariés, qui peuvent être vic-times de surmenage et de diverses

formes de souffrance psychologique.Ces deux crises - de la quantité et dela qualité du travail - sont en partieliées, relève Patricia Vendramin (i),professeur de sociologie à l'universi-té de Louvain, en Belgique. « Un chô-mage de masse durable pèse sur lerapport de force entre employeurs etdemandeurs d'emploi, observe-t-elle.Même des salariés en CDI (contrat àdurée indéterminée) craignent d'êtreidentifiés comme des maillons faiblesà éliminer Trop de cadres se ruinentla santé en tentant d'atteindre desobjectifs insoutenables. »« Outre le chômage, la pression sur lessalariés vient de la "financiarisation"de l'économie, avec des exigences

de rentabilité élevées à court termeimposées par les actionnaires, ajouteLaurent Giraud, maître de conférenceà l'université Toulouse i Capitale.Souvent, la crise a bon dos pour jus-tifier un gel des salaires ou un dur-cissement des conditions de travail. »Et pourtant... « Le travail demeureune valeur fondamentale pour lesFrançais, le principal moyen de trou-ver sa place dans la société », assureDenis Pennel (2), directeur généralde la Confédération internationaledes entreprises de travail tempo-raire (Ciett). Lom d'être « brouillésavec le travail », comme on l'entendparfois, les Français comptent mêmeparmi ceux qui lui accordent le plus

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UN MUR ENTRELES CDI ETLES PRÉCAIRES

d'importance ! Selon une étude dela Commission européenne qui datede 2007,92 % des Français jugementle travail « important » dans leur vie,pour une moyenne européenne de84 %. Près de la moitié pense que letravail permet de « développer plei-nement leurs capacités », score leplus élevé d'Europe. « Avec de tellesattentes, la déception est parfois ter-rible quand le salarié découvre la réa-lité du monde du travail », constatePatricia Vendramm.Un désamour accompagné d'uneprise de distance très visible chez lesjeunes. Ils entrent sur le marché dutravail plus tard, après des étudesplus longues et une succession destages ou de contrats courts et pré-caires Ils ne s'inscrivent pas dans lelong terme et exigent tout de suite- s'ils sont en position de force grâceà leurs diplômes - de bons salaires etun maximum de jours de congés. « Lesjeunes qui disposent d'une exper-tise font la loi car les employeurs sebattent pour les recruter », observeJean-Michel Laborie, directeur desressources humaines chez le fabricantd'encre Sun Chemical.

Protéger non pas le salarié,mais la personneLes moins qualifiés, au contraire,doivent accepter des conditions de tra-vail parfois dégradées et des contratsprécaires, avec de longues périodesd'inactivité forcée. Comme si un murse dressait entre les chanceux ultra-protégés ayant un contrat à duréeindéterminée (CDI) et des « sans-sta-tuts » fragilisés. Selon Caroline Haquet,de la société de conseils aux entre-prises Mazars, « les jeunes veulents'investir autant que leurs aînés, maîsils reprochent à leurs dirigeants de nepas leur faire confiance, en les laissanttravailler à domicile par exemple et deleur imposer une organisation trophiérarchisée qu'ils jugent obsolète.

Julien Maury,entrepreneur dans r immobilier solidaire

« Je gagne moins,mais mon travail a du sens »

LA TRAJECTOIRE de JulienMaury, 34 ans, était toute tra-cée. Au milieu des années

2000, après des études en économieet en sciences politiques, à Pans,il gagne bien sa vie dans le finan-cement de projets immobiliers, àl'heure où les prix des logementsprogressent de manière irraisonnée.

« L'argent coulait à flots, raconte-t-ilMais cette spéculation me posait unproblème éthique. J'ai pns trois moisde congé sabbatique pour réfléchir àmon avenir. Revenu d'une « retraite »dans un village reculé à Madagascar,je me suis connecté à Internet le15 septembre 2008,jour de la faillitede la banque américaine Lehman

Bref, ils voudraient travailler plus intel-ligemment. » Par choix ou par rési-gnation, les jeunes accordent moinsde place au travail et plus à leur vieprivée. Certains délaissent, sans regret,un travail rémunérateur au profit d'unemploi qui a du sens (lire le portraitde Julien Maury, ci-dessus). « On vitmoins une crise de l'emploi qu'unerévolution du monde du travail, ana-lyse Denis Pennel. Principale muta-tion : l'emploi à vie dans une grandeentreprise, c'est fmi ' Le parcours type,désormais, se dessine en zigzag. Onpasse d'un métier à un autre, d'uneformation à une reconversion, d'unstatut de salarié à celui d'entrepre-neur. » C'est le défi de la "flexicurité",qui combine flexibilité et sécurité.Les chefs d'entreprise rêvent d'unassouplissement du droit du travail,

assurant qu'ils hésiteraient moins àembaucher s'ils pouvaient se sépa-rer plus aisément des employés encas de difficultés conjoncturelles.Chiche, répondent certains syndicats,maîs à condition de mieux protégerl'individu toute sa vie, avec de meil-leures allocations de chômage, davan-tage de droits à la formation, etc. « IIfaut réinventer la protection sociale,en protégeant non pas le statut dusalarié maîs la personne elle-même,qu'elle soit au chômage, en formationou en poste », explique Patrick Lévy-Waitz, président de la Fondation ITG,centre de réflexion sur les nouvellesformes d'emploi. Surtout, il faudraitaccompagner sur la durée les chô-meurs jusqu'à leur retour à l'emploi.De grandes entreprises comme PSAPeugeot-Citroén ou Areva ont mis

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Brothers, point de départ de la cnsefinancière. » Le krach confirme sondiagnostic : le monde marche sur latête. Pour mettre ses actes en accordavec ses idées, il crée en 2010 uneagence d'un genre nouveau. COABmet sur pied des projets d'« habitatparticipatif». Plusieurs foyers inves-tissent ensemble dans la constructiond'un immeuble collectif où ils par-tageront, par exemple, une terrasse,une chambre d'ami, une buande-rie. .. « Ma vision de la vie : l'échangede services, les bons moments entrevoisins ». Évidemment, Julien est unadepte du « coworking » (partage del'espace de travail). Il loue 400 € parmois un petit bureau à La Ruche, unancien atelier au cœur de Paris, où 70jeunes entrepreneurs travaillent côteà côte et ensemble. « On s'échangeconseils et bons plans. » Pour lui, lebonheur a cinq piliers : la famille,le couple, les amis, le travail et soi.« Aujourd'hui, le travail prend la pre-mière place dans ma vie car il mepassionne et que COAB est encore enphase de lancement. Le reste viendraplus tard. Je gagne quatre fois moinsqu'avant, maîs je sais enfin pourquoije me lève le matin. » *

en place des dispositifs de « mobili-té sécurisée ». Ils permettent à leurssalariés de tenter leur chance, pourcréer une entreprise par exemple, engardant la possibilité de revenir aubercail en cas d'échec, dans un délaide deux ans. Pour minimiser la prisede risque et encourager la mobilité,d'autres groupes ont créé une « pas-serelle seniors-PME » : le groupe met àdisposition d'une petite ou moyenneentreprise un employé expérimentéd'au moins 45 ans. Au bout d'un an,la PME peut l'embaucher ou le seniorpeut réintégrer son groupe d'origines'il le souhaite.Comment généraliser ces bonnespratiques ? Patrick Lévy-Waitz militepour un « compte social individuel »qui suivrait chaque travailleur toutau long de sa vie, sans dépendre de

ENTRETIEN

Père Bruno-Marie Duffé,théologien et philosophe

« La pensée sociale chrétienne peutnous aider à traverser la crise »

Le monde du travail, maisaussi la valeur travail, su-

bissent de nombreuses mu-tations. Lesquelles vous pa-raissent les plus saillantes ?Pour simplifier, en moins d'unsiècle nous sommes passés d'unmonde agraire à un monde danslequel le travail de l'argent a prisle pas sur tout le reste La révolu-tion industrielle avait déjà provo-qué une redistribution importantedes activités de production, maîsjusqu'aux années 1980, fin des

« Trente glorieuses »,l'activité humaine

restait prépondé-rante Tout lemonde avaitun travail etchacun pouvait

ainsi exprimer sescapacités et partici-

per à la construction d'un mondecommun Désormais, la financian-sation de l'économie impose le pri-mat du capital Cette évolution ades conséquences dramatiques surla condition des travailleurs et surl'ensemble de notre société

En quoi notre mondeest-il menacé ?Longtemps, le lieu de travail a étéun lieu de production et de sociali-sation On y fabriquait des objets etdu lien social C'est au travail, lieude rencontres et de complémenta-rité des rôles, que se construisait lacommunauté humaine On tra-vaillait avec et pour Aujourd'hui,l'activité essentielle consiste à fairefructifier des bénéfices ll s'ensuitune mutation très rapide desentreprises et une dévalorisationdu travail qui met en cause notrenanière de vivre ensemble

Face à ce bouleversement,la pensée sociale chrétienneest-elle encore adaptée ?La pensée sociale chrétienne s'estd'abord déployée, au XIXe siècle,comme une demande de droits- contrat négocié, salaire décent,temps de repos obligatoire -garantissant le respect du travail-leur en tant que personne À partirdes années 1960 et du concileVatican ll, l'Église va insister surla dimension de socialisation dutravail Pour elle, le travail est unedimension essentielle de l'humani-té C'est par lui que se déploient lescharismes de l'homme et que s'ac-complit sa contribution à la com-munauté Aujourd'hui, l'accent estmis sur la dimension mondiale dela question sociale et la nécessitéde protéger l'environnementLa pensée sociale chrétienne n'estpas un texte fini Elle se renouvelleen permanence, en lien avec lesacteurs économiques Elle peutêtre une chance pour traverserla grave crise que nous affrontons

Les chrétiens sont-ils assezsensibles à ces questions ?Pour nos communautés chré-tiennes, la question sociale estsouvent considérée comme secon-daire Or, elle n'est pas un plus parrapport à l'acte de foi, maîs déter-minante dans la foi car elle posela question du frère et du lien, dela solidarité entre nous On a déve-loppé en France un catholicismetrès familial et trop individuel, audétriment d'un catholicisme com-munautaire et citoyen qui parti-cipe de manière déterminée à laconception de nouveaux modesde travail et de vie communeRECUEILLI PAR ANTOINE D'ABBUNDO

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UNECARTEVITALEDE LEMPLOI

la nature du contrat le liant a l'entre-prise Y seraient précises ses droits, àvie, en matière de formation, assu-rance maladie, complémentairesanté, retraite, etc Une sorte decarte Vitale de l'emploi Plusieurssyndicats et une partie du patronatY réfléchissent Ils devaient dévoilerleur projet le 22 novembre lors desSemaines sociales de France Dans lemême esprit, les partenaires sociauxnégocient actuellement la créationd'un Compte personnel de forma-tion, prévu dans l'Accord nationalinterprofessionnel (ANI) qu'ils ontsigné enjanvier 2013 Plus largement,l'enjeu de la formation est essentielpour développer les emplois d'ave-nir tels que les services à la per-sonne, pour revaloriser les métiersmanuels et techniques et pour rame-ner davantage de chômeurs versl'emploi Encore beaucoup de travailen perspective(1) Coauteure, avec Dominique Meda,de Réinventer le travail, Éd. Puf, 260 p ,19,50 €(2) Auteur de Travailler pour soi,Ed Seuil, 236 p , 17 €.

RepèresSemaines socialesdè France : troisjours sur trois sitesQuel est I impact de la mondial!sation sur le travail 7 Peut-on creerdes emplois sans croissance ? Deséconomistes, comme Jean-PaulBetbèze, des sociologues, commeDominique Meda, des hommespolitiques, comme le maire deLyon Gérard Collomb, repon-dront à ces questions du 22 au24 novembre lors de conférencesa Pans, Lyon Villeurbanne etStrasbourg, retransmises simulta-nément dans chaque villeTél 01 74 31 69 00 , www ssf f r org

Laurence Vanhee, ancienne directricedes ressources huma nes de la Sécurité sociale belge

« Les salariés heureuxsont plus productifs »

EN 2009, LE ministère dela Sécurité sociale belgeest en pleine déliques-

cence lorsque Laurence Vanheedébarque aux manettes du ser-vice des ressources humainesCette administration pâtissantd'une mauvaise image, les can-didatures s'y font de plus enplus rares, tandis que le rythmedes départs en retraite s'accé-lère Resultat 40 % des effectifsrisquent de disparaître dans lessix ans Pour conjurer ce funestedestin, la nouvelle recrue, âgéede 42 ans, ne voit qu'une seuleissue remettre l'homme aucœur de la politique managériale« Quèlques mois plus tôt, alorsque j'officiais depuis quatre ansdans une multinationale investiedans la haute technologie médi-calej'ai ete victime d'épuisementprofessionnel, raconte-t-elle Aupoint de ne plus arriver à mettreun pied par terre » Forte de cettedouloureuse expérience, ellefait alors du bien-être des sala-riés son nouveau credo Sur sescartes de visite, elle remplace sontitre de directrice des ressourceshumaines par celui de directricedu bonheur. Simple artifice?

« Pas du tout, se défend-elle J'ai beauavoir suivi une formation d'ingénieurcommercialje me suis toujoursrefuse à considérer les employéscomme de simples fractions de "capi-tal" à rentabiliser le plus possible »Animée par une vision plus humainedu travail, Laurence Vanhee misesur la liberté et la responsabilité dessalaries « Nous avons laisse le choixaux 1200 fonctionnaires du ministèrede pointer ou non, et nous leur avonsen plus permis de travaillerà domicile trois jours par semaine »Les bureaux attitrés ont égalementété supprimes au profit d'espaces col-laboratifs ou chacun s'installe où ilveut Les performances de l'organi-sation nen ont pas pâti pour autantAu contraire « A partir du momentoù les salaries sont heureux au tra-vail, ils sont moins malades et beau-coup plus productifs », constate-t-elleLes chiffres sont là en quatre ans,le taux d'absentéisme au ministèrea diminué de 20 %, les departs volon-taires ont éte réduits de trois quartset le nombre de candidatures spon-tanées a quintuplé Des résultats quiont valu a la dynamique quadragé-naire un titre de « DRH de l'année2012 » en Belgique «ÉLODIE CHERMANN