promouvoir la réorganisation d'un savs en dynamisant un
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cafdes
" Promouvoir la réorganisation d'un SAVS
en dynamisant un processus de changement
auprès de ses acteurs. "
Association, Professionnel, Usagers et
Partenaires.
Vincent PARDOEN
2012
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
R e m e r c i e m e n t s
Je tiens à remercier vivement toutes les personnes ayant
contribué, à quelque titre que ce soit à la réalisation de ce
mémoire et particulièrement :
- Les personnes accompagnées notamment par le service et pour lesquelles,
avec lesquelles ce travail de réorganisation a pu être mené,
- Mes collaborateurs, équipe de direction et d’accompagnement du SAVS
particulièrement, pour la richesse que nos échanges ont pu m’apporter,
- Mes collèges de formation pour l’intérêt et l’ouverture que nos échanges
m’ont apporté tout au long de cette formation,
- Mme Marie TURQUET, pour le soutien, les contributions critiques et
constructives que son accompagnement a apportées à l’élaboration de ce travail,
- Mmes GALLON, BONICH et HAUDIQUET, pour l’efficacité et l’attention de
leur lecture critique,
- Et surtout, l’ensemble de ma famille et spécialement mes trois enfants qui
m’ont donné le temps et l’énergie nécessaire à tout cela.
A eux tous, encore merci.
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012
S o m m a i r e
Introduction ............................................................................................................... 1
1 LES SAVS, DES SERVICES D’ACCOMPAGNEMENT A DOMICILE
REPONDANT AU CHOIX DE VIE AUTONOME DE PERSONNES
HANDICAPEES .................................................................................................... 5
1.1 L’évolution des politiques sociales en faveur des personnes en situation
de handicap ........................................................................................................ 5
1.1.1 Evolution du regard de la société ......................................................................... 5
1.1.2 Du tout institutionnel … à la désinstitutionnalisation ............................................. 6
1.1.3 Une évolution du regard qui se veut européenne, voire mondiale ........................ 9
1.1.4 La loi du 2 janvier 2002 place l’usager au centre du dispositif ............................ 10
1.1.5 La loi du 11 février 2005 définit la notion de handicap ........................................ 11
1.1.6 La notion de citoyenneté de la personne en situation de handicap est affirmée . 14
1.2 L’accompagnement à domicile, un concept en évolution ............................. 16
1.2.1 La notion de domicile ......................................................................................... 16
1.2.2 Les représentations actuelles du domicile .......................................................... 17
1.2.3 Accompagner à domicile, de la prise en charge à l’accompagnement ................ 18
1.2.4 L’accompagnement à domicile prend diverses formes ....................................... 20
1.3 Les Services d’Accompagnement à la Vie Sociale ........................................ 22
1.3.1 La naissance des Services d’Accompagnement ................................................. 22
1.3.2 De l’apparition de cadres légaux … à leur formalisation effective en France ...... 23
1.3.3 Les SAVS en France .......................................................................................... 26
1.3.4 Les SAVS dans les Bouches du Rhône .............................................................. 27
1.4 Conclusion de la 1ère partie ............................................................................. 28
2 LE SAVS « LES OLIVIERS », UN SERVICE EN EVOLUTION ......................... 29
2.1 L’Association la Chrysalide Marseille ............................................................. 29
2.1.1 Une association de parents et d’amis de personnes handicapées mentales ...... 29
2.1.2 Des réponses institutionnalisées ........................................................................ 31
2.1.3 Une ouverture progressive vers le « monde ordinaire » ...................................... 31
2.2 Le SAVS les Oliviers ........................................................................................ 32
2.2.1 La création d’un service pour un public précis .................................................... 32
2.2.2 2005, évolution du service .................................................................................. 34
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
2.2.3 Un public spécifique, mais hétéroclite et particulier .............................................35
2.2.4 Des modes d’intervention à adapter ....................................................................44
2.3 L’évolution des attentes des autorités de contrôle et de tarification ............45
2.3.1 Des engagements annoncés dans les schémas départementaux .......................46
2.3.2 Evaluation des dispositifs et proposition d’un cahier des charges .......................47
2.3.3 Définition d’un cahier des charges et mise en œuvre ..........................................48
2.3.4 Evaluation des écarts entre le cahier des charges et le fonctionnement actuel
du SAVS les Oliviers ...........................................................................................50
2.4 Conclusion 2ème partie ......................................................................................52
3 PROMOUVOIR LA REORGANISATION DU SAVS LES OLIVIERS ................ 53
3.1 La réorganisation du service, dans quels objectifs ? ....................................53
3.2 Promouvoir la réorganisation d’un service, une posture de direction..........55
3.3 Définir les stratégies à mettre en place pour répondre aux objectifs de
changement .......................................................................................................57
3.4 Conduire la promotion et la dynamisation du processus de changement ...59
3.4.1 Communiquer autour de la commande de changement ......................................59
3.4.2 Réinterroger et préciser le projet de service ........................................................61
3.4.3 Faire évoluer conjointement le fonctionnement du service et ses outils ..............63
3.4.4 Inscrire les nouveaux accompagnements dans cette nouvelle organisation et
amener le changement auprès des personnes déjà accompagnées : .................73
3.4.5 Coordonner les positions et les évolutions avec les opérateurs
départementaux : ................................................................................................74
3.5 Analyses et évaluations des actions mises en place .....................................75
3.6 Conclusion de la 3ème partie .............................................................................77
Conclusion générale .............................................................................................. 79
Bibliographie ........................................................................................................... 81
Liste des annexes ...................................................................................................... I
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
L i s t e d e s s i g l e s u t i l i s é s
AMP Aide Médico-Psychologique
ANESM Agence Nationale de l'Evaluation et de la qualité
des établissements et services Médico-Sociaux
ARS Agence Régionale de Santé
ASE Aide Sociale à l'Enfance
ASELL Accompagnement Socio-Educatif Lié au Logement
CASF Code de l'Action Sociale et des Familles
CAT Centre d'Aide par le Travail
CCAS Centres Communaux d’Action Sociale
CDAPH Commission des Droits et de l’Autonomie des
Personnes Handicapées
CESF Conseillère en Education Sociale et Familiale
CPAM Caisse Primaire d’Assurance Maladie
CROSM Comité Régional de l’Organisation Sociale et
Médico-Sociale
CVS Conseil de la Vie Sociale
Enquête ES Handicap
DRESS
Enquête auprès des Etablissements et Services
pour enfants et adultes handicapés de la Direction
de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des
Statistiques
ES Educateur Spécialisé
ESAT Etablissement ou Service d'Aide par le travail
ESVAD Equipe Spécialisée pour une Vie Autonome à
Domicile
ETP Equivalent Temps Plein
FAM Foyer d'Accueil Médicalisé
IMC Infirme Moteur Cérébral
IME Institut Médico Educatif
IMP Institut Médico Pédagogique
IMPRO Institut Médico Professionnel
MAIS Mouvement pour l'Accompagnement et l'Insertion
Sociale
MAS Maison d'accueil Spécialisée
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
MDPH Maison Départementale des Personnes
Handicapées
ME Moniteur Educateur
MECS Maison d'Enfants à Caractère Social
OMS Organisation Mondiale de la Santé
PDALPD Plan Départemental d’Aide au Logement pour les
Personnes Défavorisées
PMI Protection Maternelle et Infantile
SAAD Service d'Aide et d'Accompagnement à Domicile
SAAAIS Service d’Aide à l’Acquisition de l’Autonomie et à
l’Intégration Scolaire
SAFEP Service d’Accompagnement Familial et d’Education
Précoce
SAMN Service d’Accompagnement en Milieu Naturel
SAMSAAD
Service d'Accompagnement Mobile de Soutien aux
personnes Autistes à Domicile ou Service
d'Accompagnement Médico-Social d'Adultes avec
Autisme à Domicile
SAMSAH Services d'Accompagnement Médico-Sociaux pour
Adultes Handicapés
SAVA Service d'Accompagnement Vers l'Autonomie
SAVS Service d'Accompagnement à la Vie Sociale
SSAD Service de Soins et d’Aide à Domicile
SSEFIS Service de soutien à l’éducation familiale et à
l’intégration scolaire
SSESAD Service d’Education Spécialisée et de Soins A
Domicile
SSIAD Service de Soins Infirmiers A Domicile
UNAFAM Union Nationale de Familles et Amis de Personnes
Malades et/ou Handicapés Psychiques
UNAPEI
Union nationale des associations de parents, de
personnes handicapées mentales et de leurs amis
(ancien nom : Union nationale des associations de
parents d'enfants inadaptés)
UNASSAD Union Nationale de l’Aide, des Soins et des
Services aux Domiciles
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 1 -
Introduction
C’est en faisant le constat du manque de structures pouvant accueillir leurs enfants
reconnus handicapés mentaux que des parents soucieux de trouver des solutions
d’accueil et d’hébergement pour leurs enfants, créent l’association La Chrysalide en
19581. Pour répondre à ce besoin, plusieurs structures sont progressivement ouvertes,
permettant ainsi l’accueil de ces enfants dans des Instituts Médico-Educatifs (IME),
d’adultes dans des centres d’aide par le travail (CAT), dans des foyers d’hébergement,
des Maisons d’Accueil Spécialisées (MAS) ou dans des foyers de vie.
Désireuse de donner la possibilité à certains adultes accueillis dans ces établissements
de vivre leur projet de vie de manière autonome, de sortir des structures d’hébergement
collectives ou de la sphère familiale, l’association crée en 1985 un « service
d’accompagnement pour 26 adultes déficients intellectuels légers ». Plusieurs extensions
aboutissent en décembre 1993 à un arrêté du Conseil Général des Bouches du Rhône
autorisant l’accompagnement de 60 personnes handicapées adultes.
Ce choix de vivre seul, de façon autonome, dans son propre logement, « comme
Monsieur ou Madame Tout le Monde », résulte de compétences individuelles liées à des
apprentissages successifs mis en place notamment par les foyers d’hébergement.
L’accompagnement mis en œuvre est organisé en fonction des manques, des difficultés
que rencontrent ces personnes face à ce projet. Il est qualifié de « prothèse légère »
permettant la sécurisation de la vie autonome. Il est initialement prévu sans durée définie,
de façon à pouvoir, sur le long terme, répondre aux besoins de soutien, de maintien des
compétences nécessaires à la vie « autonome ».
Le projet mis en place par l’Association la Chrysalide Marseille, novateur sur le territoire et
pour l’association, n’est pas une innovation dans le contexte national. En effet, dès les
années 1970 apparaissent sur le territoire national ces structures innovantes,
expérimentales, qui prônent le développement du retour, du maintien, de
l’accompagnement à partir du domicile de la personne mais restent sans statut réel.
Si la loi n°75-535 du 30 juin 1975 incitait à la création de ces structures, elle ne leur
donnait aucune réelle légitimité, aucun statut juridique.
La loi n°2002-2 du 2 janvier 2002, vient de son côté affirmer la place de l’usager au centre
des dispositifs et la question du libre choix de son mode et de son lieu de vie.
1 Association la Chrysalide Marseille, Association de parents et d’amis de personnes handicapées
mentales
- 2 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
La loi n°2005-102 du 11 février 2005, vise quant à elle à garantir l’égalité des droits et des
chances pour les personnes handicapées, à assurer à chacun la possibilité de choisir son
projet de vie, à obtenir les compensations nécessaires à celui-ci.
C’est le décret n°2005-223 du 11 mars 2005, qui offre enfin aux services
d’accompagnements, SAVS et SAMSAH, le statut juridique dont ils étaient orphelins.
Le décret de mars 2005 précise et finalise les modalités de la loi du 11 févier 2005 : « Les
services d'accompagnement à la vie sociale ont pour vocation de contribuer à la
réalisation du projet de vie de personnes adultes handicapées par un accompagnement
adapté favorisant le maintien ou la restauration de leurs liens familiaux, sociaux, scolaires,
universitaires ou professionnels et facilitant leur accès à l'ensemble des services offerts
par la collectivité 2». Cette mission est désormais inscrite au Code d’Action Social et
Familial à l’article D. 312-155-5.
C’est, quelques mois avant ce décret, dans un contexte médico social en pleine
effervescence, celui de l’affirmation des droits des personnes handicapées et de la
précision du cadre d’intervention des services d’accompagnement à domicile, que j’ai
investi la fonction de chef de service du SAVS les Oliviers. Un contexte dans lequel j’ai pu
mener, avec le directeur du site3, une première réorganisation du service, amorçant la
transformation d’un service de suite en un service d’accompagnement social. Ce contexte
a été pour moi l’occasion de soutenir ma conviction que l’affirmation des droits des
personnes handicapées ne pouvait passer que par un management résolument
participatif, bien que cadrant des équipes.
Au départ à la retraite du directeur du site de Montolivet en Juin 2010, ma candidature à
sa succession retenue, j’ai pris la direction du site. Mes premières négociations
budgétaires avec les financeurs, mes relectures des cahiers des charges, ma meilleure
connaissance des publics m’ont amené à poursuivre avec l’équipe de direction ainsi
qu’avec l’équipe d’accompagnement du SAVS le travail d’évolution du service.
Les années 2005 et 2006 voient l’émergence, à la suite du décret du 11 mars, des
services d’accompagnement, nouvellement reconnus. Certains Conseils Généraux initient
alors, à travers les plans départementaux, l’évaluation des besoins et définissent des
premiers cadres d’intervention. La lisibilité de l’offre de ses services reste pourtant trop
imprécise et surtout inégalement répartie sur le territoire.
2 Décret n° 2005-223 du 11 mars 2005 relatif aux conditions d'organisation et de fonctionnement
des services d'accompagnement à la vie sociale et des services d'accompagnement médico-social pour adultes handicapés, article 1, [en ligne], consulté le 16/07/2012, disponible sur Internet : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000263421&dateTexte=&categorieLien=id 3 Le site de Montolivet comprenait un foyer d’hébergement ESAT, un accueil de jour et le SAVS.
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 3 -
Le Conseil Général des Bouches du Rhône diligente donc, fin 2010, une enquête auprès
des Services d’Accompagnement à domicile (SAVS et SAMSAH) et présente en
décembre 2011, un cahier des charges recentrant les objectifs de ses services sur la
coordination des projets de vie des personnes accompagnées. Il invite à l’évolution des
modes d’organisation et de fonctionnement d’une part des services existants. Certaines
de ces évolutions, au-delà des projets de service actuels, touchent également les projets
associatifs, l’implication des professionnels engagés dans l’accompagnement, les
partenaires, mais aussi et surtout les personnes accompagnées elles-mêmes.
Il s’agissait alors pour moi, en tant que directeur du service, d’un défi éthique important.
Un défi/projet qui devait m’amener à répondre au cadre légal, celui des lois 2002-2, 2005-
102, du décret 2005-223 et du récent cahier des charges. Il m’appartenait de mener à
bien ce défi/projet tout en respectant l’histoire du service, le projet associatif porté par un
collectif de parent, l’éthique d’un accompagnement organisé autour et avant tout avec la
personne concernée. Un défi/projet qui m’impliquait, en tant que directeur, dans des
fonctions de négociation, d’évaluation, de pédagogie, comme de cadrage. Un défi/projet
qui avait pour finalité la réorganisation effective et ajustée d’un service de près de trente
ans, un service qui a évolué au rythme du champ médico-social mais qui souhaitait
conserver les valeurs qu’il défend, que je défends également.
J’aborderai donc ce travail de recherche, l’explicitation de la mise en œuvre de ce
défi/projet en trois parties :
La première, descriptive du secteur d’intervention, viendra préciser mon regard sur
l’évolution des politiques publiques en faveur des personnes handicapées, sur l’évolution
du concept d’accompagnement à domicile et de la place même des Services
d’Accompagnement à la Vie Sociale.
La seconde partie, après avoir mis en lumière la place de l’association de parents La
Chrysalide Marseille et l’évolution du service d’accompagnement les Oliviers, viendra
préciser les attentes du Conseil Général et poser la problématique de ce travail de
recherche : Comment, de la place du directeur, accompagner le changement au sein d’un
service dans l’intérêt des usagers et en cohérence avec les attentes des politiques
publiques, la commande du financeur et les valeurs du projet associatif.
La troisième partie enfin, décrira la mise en œuvre effective d’un projet action impactant
tout à la fois l’ensemble des acteurs que sont l’association, les professionnels, les
usagers et les partenaires, pour que la réorganisation, l’adaptation d’un service à de
nouveaux cadres légaux garantissent néanmoins le maintien d’une éthique et des valeurs
associatives. Je démontrerai dans cette troisième partie ce que pour moi doit être une
politique directoriale forte de valeurs, de convictions et de respect.
- 4 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 5 -
1 LES SAVS, DES SERVICES D’ACCOMPAGNEMENT A
DOMICILE REPONDANT AU CHOIX DE VIE AUTONOME DE
PERSONNES HANDICAPEES
Les Services d’Accompagnement à la Vie Sociale permettent effectivement à des
personnes en situation de handicap de mettre en œuvre, de consolider leur projet de vie
autonome, dans leur propre domicile. Des services indispensables, car les demandes
d’autonomie des personnes handicapées sont aujourd’hui importantes, ainsi que les
besoins d’accompagnement au déchiffrage, à la compréhension de la société, à
l’autonomisation de ses personnes dans des contextes sociaux difficiles.
L’évolution sociétale et législative n’a permis que récemment à ces services d’obtenir un
statut juridique, malgré plus de trente ans d’existence pour certains d’entre eux. Un
contexte qui permet aujourd’hui de considérer la personne en situation de handicap
comme une personne à part entière, en capacité et en droit d’exprimer son projet de vie,
notamment lorsqu’il s’agit d’un projet de vie autonome, ce qui ne fut pas toujours le cas.
1.1 L’évolution des politiques sociales en faveur des personnes
en situation de handicap
1.1.1 Evolution du regard de la société
La « situation » de handicap, ou plus exactement de la personne en situation de
handicap, a toujours été liée aux regards portés par la société, et de manière plus large,
par les sociétés. Force est de constater qu'Il s’agit donc bien d’une « situation » en
évolution. En effet, ce n’est que très récemment que des politiques sociales ont
réellement été construites en direction et au bénéfice de ces personnes.
A) De l’Antiquité à la fin du Moyen Age
D’une façon générale, dans l’Antiquité le handicap était relégué hors de l’espace social.
Les fonctionnements, la conduite face aux situations de handicap oscille entre fuite et
fascination, l’infirme est néanmoins généralement banni de l’espace sacré.
Ce mouvement de balancier se poursuit au Moyen Age. Celui-ci alterne entre des
attitudes inclusives et exclusives, offrant tantôt aux infirmes une fonction de dérision (les
bouffons ont alors une place « sacrée »), les enfermant à d’autres moments afin d’affirmer
l’impossibilité du « désordre », de l’« a-normalité » qu’ils représentent.
- 6 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
Les attitudes philanthropiques et charitables des notables et des congrégations se
développent peu à peu. Des regroupements se forment, les Œuvres voient le jour et
croissent. L’« infirme », le « débile » devient alors l’objet de sollicitudes.
Toutefois, l’ordre moral, l’ordre social, la peur prennent rapidement le dessus et avec eux
l’enfermement, la mise à l’écart. Michel Foucault décrit le 15ème siècle comme une période
de « grand renfermement » où le « fou (est mis) sur les bateaux, dans les tours, la Cité ne
supprime pas le marginal, elle le maintient à une distance sacrée. »4
Il n’existe en fait que peu d’évolution de la Renaissance à la fin du XVIII siècle. La
personne en situation de handicap demeure un « débile », un « infirme ». Généralement
rejetée par sa famille comme par la société, elle est alors reléguée à l’Œuvre, accueillie
ou enfermée dans les hospices ou les asiles. Seule la société villageoise les a en partie
intégrés, leur trouvant malgré tout une utilité au sein d’un quotidien rural.
B) L’avènement de l’idée de politique sociale ou de reconnaissance du handicap
C’est à partir du Siècle des Lumières que s’amorce la reconnaissance de l’éducabilité des
enfants anormaux et avec elle, une amélioration du sort des personnes handicapées,
avec notamment les travaux de Valentin HAÜY, de l’Abbé de l’Epée, de Jean ITARD, de
Edouard SEGUIN, fin 18ème et début 19ème siècle. Le champ spécifique de l’étude de
l’anormalité permet de construire progressivement l’affirmation du droit à l’éducation des
enfants anormaux, notamment à travers les institutions pour les enfants sourds, muets
puis aveugles. Ce sont les prémisses des premières politiques sociales, d’un regard porté
par la société sur ses sujets les plus fragiles et, par conséquent les plus rejetés.
Mais rien n’est pourtant acquis. Jusqu’au début du 20ème siècle, comme le précise Valérie
LOCHËN, « le débat n’est pas clos sur l’utilité de l’éducation des enfants handicapés.
L’argument décisif sera probablement celui de l’ordre public : éviter que les enfants
arriérés ne deviennent des adultes criminels ».5
Ce n’est en fait qu’après la guerre de 1914-1918, au vue de ses séquelles (ces milliers
d’hommes partis à la guerre et revenus invalides) que la question des adultes handicapés
est réellement traitée, que la nation évalue, tente de rééduquer, de réadapter le handicap.
1.1.2 Du tout institutionnel … à la désinstitutionnalisation
Dès les années 40, les progrès de la médecine augmentent l’espérance de vie des
enfants handicapés. Pour ces derniers, dès lors que le maintien en famille n’est plus
possible, l’hôpital psychiatrique, l’institutionnalisation médicalisée, et bien souvent son
corolaire, l’enfermement, semble demeurer l’unique solution de prise en charge.
4 FOUCAULT M., 1976, Histoire de la folie à l'âge classique, Paris, Gallimard, 688 pages.
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 7 -
Mais les conditions d’accueil, de prise en charge par l’hôpital psychiatrique sont telles que
les familles des personnes hospitalisées finissent par les dénoncer.
Pour autant, l’évaluation de la représentation du handicap au niveau de la société reste
floue, notamment, comme le précise l’ADAPEI du Rhône, en ce qui concerne le handicap
mental : « En 1942, aucune structure médicale, sociale ou éducative, mises à part
quelques institutions religieuses ne prend en compte le handicap mental, personne n'a la
moindre idée de ce qu'il représente…./… On cache, on tait, on séquestre, on abandonne,
parce qu'on est montré du doigt et raillé, parce que les amis se font rares et que les
voisins sont méprisants ou inquiets ou agressifs, parce que certains craignent la
contagion et que d'autres parlent de faute ou de punition, parce qu'on est seul et qu'il est
impossible de se tourner vers la communauté pour espérer quelque soutien ».6
Confrontées à l’enfermement ou au déni, face à la carence de solution, ces familles
créent les premières structures d’accueil et d’accompagnement (IMP et IMPRO) dès les
années 1950, parfois en les finançant elles-mêmes. Ces familles se mobilisent et se
structurent progressivement en associations de parents. Elles se regroupent en 1960 au
sein de l’UNAPEI (Union nationale des associations de parents d'enfants inadaptés), en
1963 au sein de l’UNAFAM (Union Nationale de Familles et Amis de Personnes Malades
et/ou Handicapés Psychiques).
En 1975, la loi n°75-535, relative aux institutions sociales et médico-sociales, semble tirer
« les conséquences d’une absence de savoir faire de l’établissement hospitalier et en
matière d’accueil social ou médico-social »7. La possibilité de médicaliser les
établissements pour personnes vulnérables et en particulier les personnes âgées et
handicapées introduit l’opportunité d’une intervention adaptée aux besoins des
personnes. Au regard de l’inadaptation des structures médicalisées, décriée notamment
par F. Bloch Lainé dans son rapport de 1967, les réponses proposées par les institutions
spécialisées sont mises en avant comme étant les plus adaptées. L’institutionnalisation
devient alors spécialisée ou médico-sociale. Les créations d’établissements spécialisés
se multiplient, mais ne répondent que partiellement aux besoins relevés.
Dans la dynamique de l’Antipsychiatrie, les mouvements parentaux prônent, eux aussi,
l’opportunité pour leurs enfants de vivre autrement qu’entre les murs des institutions.
« Née au début des années 60, l'antipsychiatrie est un mouvement philosophique et
5 LOCHËN V., 2010, Comprendre les politiques sociales, 3
ème éd, Paris, Dunod, 458 p.
6 ADAPEI DU RHONE. Historique, [consulté le 04/08/2012], disponible sur internet :
http://www.adapeidurhone.fr/index.php?rubrique=303 7 BAUDURET J.F., JAEGER M., 2002, Rénover l’action sociale et médico-sociale : Histoire d’une
refondation, Paris, Dunod, p. 32
- 8 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
médical critiquant la conception classique de la folie » 8. Ce mouvement « prit sa source
vers 1950 aux USA avec Bettelheim, […] naquit en Angleterre avec Laing et Cooper, et
[…] fleurit en France avec Oury et Tosquelles, pour s’épanouir en Italie avec Basaglia »,
et s’oppose à l’enfermement systématique des malades mentaux : « Dans le sillage de la
guerre, un certain nombre de psychiatres pensèrent que l’on devait faire autrement que
de « concentrationner » les fous à l’intérieur de murs infranchissables ». 9
C’est donc dans cette dynamique que se développent, dès les années 70, les premières
expériences que je qualifie ici de « désinstitutionnalisation ». Il ne s’agit pas d’un rejet en
bloc de ce qu’est l’institution, en tant qu’organisation, mais plutôt d’un rejet des valeurs ou
des règles institutionnalisées, notamment de « l’enfermement concentrationnaire », ne
laissant pas, plus de place à la personne, à son expression et à son envie de projet pour
elle-même. C’est supporté par les mouvements parentaux, que les premiers services
d’accompagnement en milieu ordinaire voient le jour ; pour autant, ils restent sans objet
juridique réel. Il s’agit parfois de structures expérimentales, non financées par les
autorités dites à l’époque de tutelles, mais par les parents ou les établissements d’appuis.
Plus prosaïquement, la France (l’Europe) sort des « Trente Glorieuses ». Le principe
d’abondance est ébranlé et les financements des structures spécialisées se posent. Plus
tard, dans la foulée de la décentralisation, les répartitions des compétences entre les
communes, les départements, les régions et l'Etat s’organisent. L’aide sociale à l’enfance,
aux personnes âgées, à l’hébergement des personnes adultes handicapées relève
désormais de la compétence des départements10. Leur revient la mission d’autoriser
l’ouverture d’établissements en fonction des besoins recensés sur le territoire sans que le
transfert des moyens alloués ne permette les créations d’établissements nécessaires.
L’opportunité que représentent alors les services d’accompagnement dits légers, adossés
à des structures d’hébergement ou d’aide par le travail déjà existantes, ne nécessitant
que peu de moyens financiers pour leur fonctionnement, permet d’envisager le
développement de ces services. Les cadres légaux restent néanmoins flous, tant pour la
définition juridique de ces structures innovantes que pour la définition du handicap ainsi
que de la place relative la personne handicapée dans les processus d’inclusion.
Concomitamment, la place accordée à la personne en situation de handicap évolue au
niveau international et amène progressivement la société française vers une plus grande
acceptation du handicap.
8 COMINO J., Antipsychiatrie, [consulté le 04/08/2012], disponible sur internet :
http://www.dicopsy.com/dictionnaire.php/_/psychiatrie/antipsychiatrie 9 Le monde.fr, L’antipsychiatrie ?, [consulté le 04/08/2012], disponible sur internet :
http://mamytartine.blog.lemonde.fr/?s=antipsychiatrie, 10
PRIOU J., DEMOUSTIER S., 2009, Institution et Organisation de l’action sociale et médico-sociale, Paris, Dunod, 150 p.
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 9 -
1.1.3 Une évolution du regard qui se veut européenne, voire mondiale
Ce cheminement vers une plus grande acceptation et intégration du handicap, vers une
sortie du « tout institutionnel » ne s’est pas réalisé en un jour. Il s’agit en fait d’un
processus opéré au niveau international, notamment par le lobbying des organisations de
personnes handicapées et de leur famille, appuyé par des partenaires institutionnels.
Outre la question de la définition du handicap, c’est la place de la personne elle-même qui
s’est trouvée au centre de nombreux débats. Daniel CALIN propose sur son site internet
un florilège de textes internationaux sur l’enfance et le handicap11. L’évolution progressive
de la place donnée à la personne handicapée au niveau international est certaine.
- La ligue internationale des Associations d’Aide aux handicapés mentaux proclame,
le 24/10/1968, les « droits généraux et particuliers du déficient mental », une proclamation
qui affirme le droit à la protection de la personne du fait de son handicap, mais aussi ses
droits fondamentaux, au même titre que tout autre citoyen du même pays et du même
âge. Elle affirme le droit à l’accès à des conditions de vie, en famille ou en institution,
aussi proches que possible de la vie normale, par-dessus tout le droit au respect.
- L’Assemblée générale de l’ONU adopte, le 20/12/1971, la « déclaration des droits
du déficient mental » et demande qu’une action soit entreprise, sur le plan national et
international, afin que cette déclaration constitue la base et une référence communes
pour la protection de ces droits. Elle élargit en1975, la déclaration de 1971. Elle propose
une définition du terme « handicapé » et précise que « le handicapé a droit aux mesures
destinées à lui permettre d’acquérir la plus large autonomie possible ».
D’autres déclarations ou résolutions de l’ONU voient également le jour.
- En 1982, un « programme d’action mondial concernant les personnes
handicapées » valorise notamment la participation des personnes handicapées à la prise
de décision et l’égalisation des chances.
- En 1993, elle adopte une résolution précisant les « Règles Universelles pour
l’Egalisation des Chances des personnes handicapées ». Elle les réaffirme en proposant
en 1994une stratégie à long terme pour la mise en œuvre du Programme d’action mondial
dans une résolution intitulée «Pour la pleine intégration des handicapés dans la société ».
L’ONU reprendra la résolution sur la mise en œuvre du Programme d’action mondial en
1997, 1999 et 2001. Suivront d’autres résolutions allant dans le même sens.
Bien que toutes ces résolutions ne soient que des recommandations et qu’elles n’aient
pas de valeur juridique intrinsèque, elles démontrent, selon moi, la volonté de la
11
CALIN D., Les textes internationaux sur l’enfance et le handicap, [consulté le 06/08/2012], disponible sur Internet: http://dcalin.fr/internat.html
- 10 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
communauté internationale à prendre en compte la question du respect de la personne
handicapée et de la place qu’elle doit pouvoir tenir au sein de nos sociétés modernes.
Au niveau européen, différentes résolutions mettent également en avant les
préoccupations d’intégration des personnes handicapées.
- En 1990, une résolution du Conseil et des ministres de l’éducation concerne
l’inintégration des enfants et des jeunes affectés d’un handicap dans les systèmes
d’enseignement ordinaires.
- En 1996, la Charte de Luxembourg sur le même thème est l’aboutissement du
travail organisé dans le cadre de programme d’action communautaire HELIOS II.
- En 2002, la déclaration de Madrid vise à donner un cadre conceptuel pour
développer des actions à l’occasion de l’Année européenne des personnes handicapées
en 2003. Elle revendique notamment l’égalité des chances (et non la charité), la
citoyenneté, la promotion de la vie autonome, l’aide aux familles…
Ces textes, ces chartes sont eux aussi des déclarations d’intention, des déclarations
d’ordre associatif et personnel qui n’ont aucune valeur législative. Il n’en demeure pas
moins qu’ils contribuent à faire évoluer le regard porté par le grand public et par le
législateur français auprès duquel des actions de lobbying sont également menées,
notamment par les mouvements associatifs.
1.1.4 La loi du 2 janvier 2002 place l’usager au centre du dispositif
Les évolutions ressenties au niveau international transparaissent en France, et différents
textes, prenant forme de loi, viennent confirmer ce mouvement.
- En 1987, la loi en faveur de l’emploi des travailleurs handicapés.
- En 1989, l’amendement Creton modifie la loi de 1975.
- En 1991, la loi favorisant l’accessibilité aux personnes handicapées des locaux
d’habitation, des lieux de travail et des installations recevant du public.
- En 1996 la loi relative à l’autisme…
Mais il a fallu attendre la loi n° 2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et
médico-sociale pour que le législateur garantisse, dans un premier temps, les droits de la
personne reconnue handicapée12 et que la promotion de l’innovation sociale et médico-
sociale, au regard de l’évolution des pratiques des vingt dernières années, prenne
réellement son essor.
12 C’est dans le contexte de ce mémoire, centré sur l’accompagnement de personnes en situation
de handicap, que je me permets d’affirmer que la loi 2002-2 garantît les droits de la personne reconnue handicapée. Le contexte de la loi est bien plus vaste et touche, à travers les personnes en difficulté sociale ou d’insertion, les personnes handicapées, les personnes âgées, un public beaucoup plus large. De fait, « la loi 2002-2 place l’usager au centre du dispositif ».
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 11 -
Dès lors, les droits fondamentaux de l’usager, de la personne accompagnée, sont
garantis et notamment la question du libre choix entre les prestations : « Lui sont
assurés : …/… Sous réserve des pouvoirs reconnus à l'autorité judiciaire et des
nécessités liées à la protection des mineurs en danger, le libre choix entre les prestations
adaptées qui lui sont offertes soit dans le cadre d'un service à son domicile, soit dans le
cadre d'une admission au sein d'un établissement spécialisé.13 ».
C’est, à mon sens, à partir de cette loi que, désormais, la personne est légalement placée
au centre des dispositifs. Elle dispose maintenant de droit qui lui étaient déjà conférée par
nombre de dispositifs et que tout directeur doit considérer comme l’un des principes
fondamentaux de son action. La personne accompagnée dispose de la « liberté » du
choix de son mode d’accompagnement. Dans ce cadre, son consentement éclairé doit
être recherché, le respect de sa dignité comme de son intégrité assuré, le respect de sa
vie privée, de son intimité, de sa sécurité garantis. Le droit à la compensation est engagé.
1.1.5 La loi du 11 février 2005 définit la notion de handicap
La loi n° 75-534 du 30 juin 1975, votée à l’unanimité, avait globalement pour objectif de
permettre aux personnes handicapées d’avoir une vie meilleure en leur ouvrant des droits
spécifiques. Elle ne définissait pas pour autant de façon précise pour qui cette loi était
faite, ni ce qu’était le handicap.
La résolution 3447 adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies du 9 décembre
1975, modifie la déclaration des droits du déficient mental de 1971 et définit dans son
premier article le terme « Handicapé » : « Le terme « handicapé » désigne toute personne
dans l’incapacité d’assurer par elle-même tout ou partie des nécessités d’une vie
individuelle ou sociale normale, du fait d’une déficience, congénitale ou non, de ses
capacités physiques ou mentales. »14
Selon le site du COFEMER15, « La notion de handicap a, depuis une vingtaine d’années,
fait l’objet d’âpres controverses qui ne sont pas encore éteintes. Le point de départ a été
la publication par l’Organisation mondiale de la santé, en 1980 (traduction française en
1988 par l’INSERM), d’un projet expérimental de Classification des handicaps (CIH)
13
Loi n° 2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l'action sociale et médico-social, article 7 alinéa 2 [en ligne].Journal officiel, n°2 du 3 janvier 2002.[consulté le 05/08/2012], disponible sur Internet : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000215460&dateTexte=&categorieLien=id 14
CALIN D., Déclaration des droits des personnes handicapées, [consulté le 06/08/2012], disponible sur Internet: http://dcalin.fr/internat/declaration_droits_personnes_handicapees.html 15
Collège français des enseignants universitaires de médecine physique et de réadaptation (COFEMER), le site est dédié à la formation, à la recherche et aux pratiques cliniques de la rééducation fonctionnelle et de la réadaptation médicale, consultable sur Internet : www.cofemer.fr
- 12 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
élaboré par un groupe de travail, initialement animé par André Grossiord et Philip Wood,
puis, par Philip Wood seulement. 16»
Le site précise que la volonté de définir le handicap mettait en tension deux courants :
- « le courant "médical" qui définit, à la suite des propositions de Philip Wood, le
handicap, comme la conséquence d'un état pathologique (maladie ou accident)
- le courant "anthropologique" et, plus globalement, social, qui considère que le
handicap est la résultante de la confrontation d'un être humain avec ses capacités
et de son environnement avec ses exigences. 17»
Cette première classification (CIH) est remodelée et finalement adoptée en mai 2001 par
l’OMS sous le titre "Classification du fonctionnement, des handicaps et de la santé" et
intitulée CIF (Classification Internationale des Handicap).
La CIF, donc, en introduisant des facteurs situationnels et, plus largement,
environnementaux, ouvre la définition du handicap vers le social et le sociétal tout en
maintenant relié handicap et santé : « Est appelé handicapé celui dont l'intégrité physique
ou mentale est progressivement ou définitivement diminuée, soit congénitalement, soit
sous l'effet de l'âge, d'une maladie ou d'un accident, en sorte que son autonomie, son
aptitude à fréquenter l'école ou à occuper un emploi s'en trouve compromise. » 18
L’OMS, à travers la CIF, propose donc sa définition de la personne handicapée dès 2001.
Elle cherche à représenter la diversité des aspects du handicap en passant des trois
dimensions de la CIH (déficience, incapacité et désavantage) à cinq composants :
- Les fonctions organiques : ce sont les fonctions physiologiques des systèmes
organiques (y compris psychologiques). Les déficiences sont les problèmes de ces
fonctions ou des systèmes anatomiques, manifestés par un écart, une perte importante.
- Les structures anatomiques : elles désignent les parties du corps (les organes, les
membres et leurs composantes). Les déficiences montrent des problèmes de la fonction
organique ou de la structure anatomique, manifestés par un écart, une perte importante.
- Les activités : elles signifient l’exécution d’une action par une personne. Les
limitations désignent les difficultés que la personne rencontre pour mener une activité
- La participation : elle signifie le fait de prendre part à une situation de vie réelle.
Les restrictions de participation désignent les problèmes que la personne rencontre pour
participer à une situation réelle.
16
COFENER. Définition du handicap. [consulté le 06/08/2012] disponible sur Internet : http://www.cofemer.fr/UserFiles/File/Ha2DefHandi.pdf 17
COFENER. Définition du handicap. [consulté le 06/08/2012] disponible sur Internet : http://www.cofemer.fr/UserFiles/File/Ha2DefHandi.pdf 18
LIBERMAN R., 2003, Handicaps et Maladies mentales, 5ème
édition, Paris, PUF, coll. Que sais-je ?, 127 p.
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 13 -
- Les facteurs environnementaux : ils constituent l’environnement physique, social et
attitudinal dans lequel les gens vivent et mènent leur vie. Les éléments de
l’environnement peuvent faciliter/entraver la réalisation d’activités, la participation sociale.
Ces cinq composants19 interagissent entre eux. Toutefois, les liens qui peuvent exister
entre eux ne sont ni linéaires, ni systématiques. D’une certaine façon et comme l’indique
le diagramme ci-dessous, « la CIF fournit une approche multidimensionnelle de la
classification du fonctionnement et du handicap en tant que processus interactif et
évolutif ». 20
De son côté, la loi n° 2002-2 du 2 janvier 2002, rénovant l’action sociale et médico
sociale, accentue cette évolution de la notion vers un modèle social. La place de la
personne, son libre choix quant à son mode et son lieu de vie sont affirmés. Pour autant,
elle ne précise pas plus la notion de handicap, ni qui peut être qualifié de personne
handicapée. Les textes officiels français restent donc flous sur cette question.
C’est la loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la
participation et la citoyenneté des personnes handicapées, qui donne enfin, dans son
article 2, une définition du handicap. Elle est aujourd’hui inscrite au Code d’Action Social
et des Familles à l’article L.114 :
« Constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d'activité ou restriction
de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en
raison d'une altération substantielle, durable ou définitive d'une ou plusieurs fonctions
physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d'un polyhandicap ou d'un
trouble de santé invalidant. »
19 Centre Technique National d’Etudes et de Recherche sur les Handicaps et les Inadaptations.
Classification Internationale du Fonctionnement, du Handicap et de la Santé de l’Organisation Mondiale de la Santé. [consulté le 06/85/2012], disponible sur Internet : http://www.ctnerhi.com.fr/ccoms/pagint/2005_CIFglobal_revu_au_250707.pdf 20
CORDEBAR MC. Territoire et prise en compte du handicap, [consulté le 06/08/2012], disponible sur Internet : http://www.univ-nancy2.fr/VIDEOSCOP/DL7/lecon1/lecon1c.htm
- 14 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
Cette définition reste très large, mais la notion de handicap bénéficie enfin aujourd’hui
d’un texte officiel français. La définition intègre notamment désormais la déficience
psychique, les déficiences sensorielles, en tant que handicap et augmente sensiblement
le nombre de personnes considérées ou revendiquant être en situation de handicap.
Selon le Ministère de la Santé, « 5 millions de personnes handicapées en France…» sont
dénombrés en 2010. « 135 000 enfants handicapés sont accueillis dans les
établissements scolaires du milieu ordinaire et 110 000 enfants sont accueillis en
établissements spécialisés. Environ 100 000 adultes handicapés sont hébergés en
structures médico-sociales et 110 000 en centre d’aide par le travail.800 000 personnes
sont allocataires de l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH). 1,2 million de personnes
de plus de 16 ans déclarent à la fois une ou plusieurs incapacités, une restriction
d’activité.Un tiers des actifs handicapés est au chômage et près de 100 000 entreprises
sont assujettis à l’obligation d’emploi de 6%. » 21
1.1.6 La notion de citoyenneté de la personne en situation de handicap
est affirmée
La loi n°2005-102 du 11 février 2005 ne peut toutefois se résumer à sa définition du
handicap. Elle insiste notamment et toujours dans son article 2, sur le fait que la personne
handicapée doit pouvoir jouir des droits fondamentaux et inaliénables de tout citoyen :
« Toute personne handicapée a droit à la solidarité de l'ensemble de la collectivité
nationale, qui lui garantit, en vertu de cette obligation, l'accès aux droits fondamentaux
reconnus à tous les citoyens ainsi que le plein exercice de sa citoyenneté.22 ».
Mais qu’est-ce qu’être citoyen, qu’est- ce que la citoyenneté ?
Pour Jean François CHOSSY, « être citoyen à part entière, c’est être un homme ou une
femme qui vit dans la cité, avec les autres, au milieu des autres, dans une société ouverte
à tous, accessible à tous et qui assure les mêmes droits et devoirs pour tous »23.
L’encyclopédie Larousse24 précise que la citoyenneté est la « situation positive créée par
la pleine reconnaissance aux personnes de leur statut de citoyen. » ; le citoyen étant une
personne jouissant, dans l’état dont il relève, de droits civils et politiques.
21
Annuaire sanitaire et social. Le handicap en chiffres, [consulté le 17/08/2012], disponible sur Internet : http://www.sanitaire-social.com/centres-pour-handicapes/Le-handicap-en-chiffres/m3/7 22
Loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, article 2 alinéa 2, [en ligne], Journal officiel, n°36 du 12 février 2005, [consulté le 16/07/2012], disponible sur Internet : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000809647&dateTexte=&categorieLien=id 23
CHOSSY JF., Passer le la prise en charge … à la prise en compte, 2011, http://www.faire-face.fr/media/00/02/1042793455.pdf, p.22
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 15 -
La sociologue Dominique SCHNAPPER25 définit la citoyenneté comme : « une utopie
créatrice, fondée sur l’idée de l’égalité de tous les citoyens en tant que citoyens, quelles
que soient par ailleurs, leurs différences et les inégalités qui les séparent ».
La loi de 2005 invite à l’intégration sociale de la personne handicapée comme n’importe
quel autre citoyen et précise par le droit à la compensation, l’un des moyens d’y parvenir :
« La personne handicapée a droit à la compensation des conséquences de son handicap
quels que soient l'origine et la nature de sa déficience, son âge ou son mode de vie.26 »
Cette compensation doit permettre à la personne de bénéficier d’aide de toute nature pour
vivre, en institution comme en milieu ordinaire, ou, autrement dit, à domicile, chez elle.
Les notions de citoyenneté et de compensation inscrivent pour moi, en tant que citoyen
dans un premier temps, mais également en tant que directeur d’établissement ou de
service médico-social, le cœur politique de la fonction de direction. Il ne s’agit plus en
effet, pour l’institution, de faire à la place de l’autre, de le prendre en charge, mais bien de
faire avec lui en organisant l’intervention de manière à adapter l’environnement aux
besoins de la personne.
Pour Roland JANVIER27, le droit à la compensation « pose un concept qui bouleverse
fondamentalement les rapports sociaux. Ce n’est plus l’individu qui doit s’adapter à la
société mais l’inverse. » Adossé à la loi de 2005, la loi du 20 juillet 2009, dite loi relative à
l’hôpital, aux patients à la santé et aux territoires, apporte des évolutions qui « inaugurent
une ère nouvelle pour le travail social. Il ne s’agit même plus de « faire avec » mais de
concevoir une intervention sociale à partir des territoires et de leurs habitants. Malade,
handicapé, dépendant ou en difficulté sociale, l’usager est d’abord un habitant, c'est-à-
dire un citoyen, inscrit dans un lieu et des réseaux sociaux, capable de prendre sa place
dans un projet collectif. »
La personne en situation de handicap n’est plus objet de sollicitudes, de charité, de prise
en charge, voire de prise en compte comme le précise Roland JANVIER, mais est bien
devenue et reconnue comme un citoyen à part entière en droit d’obtenir les soutiens
nécessaires à sa réelle inscription dans la société.
24
Larousse Encyclopédie, Citoyenneté, [consulté le 12/08/2012], disponible sur Internet : www.larousse.fr/encyclopédie/nom-commun-mon/citoyenneté/34196 25
SCHNAPPER D., 2000, Qu’est-ce que la citoyenneté ?, Paris, Gallimard, coll. Folio Actuel, 320p. 26
Loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, article 11, [en ligne], Journal officiel, n°36 du 12 février 2005, [consulté le 16/07/2012], disponible sur Internet : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000809647&dateTexte=&categorieLien=id
- 16 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
1.2 L’accompagnement à domicile, un concept en évolution
1.2.1 La notion de domicile
Le Petit Robert28 donne dans un premier temps le sens courant de domicile. Il s’agit du
« lieu ordinaire d’habitation ». Au sens du droit, il le définit comme le « lieu où une
personne a son principal établissement, (sa) demeure légale et officielle ».
L’article 102 du code civil annonce plus précisément que : « Le domicile de tout Français,
quant à l'exercice de ses droits civils, est au lieu où il a son principal établissement29 ».
Le site internet Jurislogement30 souligne, si besoin était, que le terme de domicile détient
une véritable valeur juridique et décline les conséquences de celui-ci :
- L'inviolabilité du domicile
« Ce principe est l'une des libertés reconnues comme fondamentales et constitutionnelles.
L'inviolabilité du domicile découle du respect de la vie privée reconnu par l'article 9 du
code civil et par les articles R. 226 et suivants du code pénal. Ce principe est déduit de la
liberté reconnue à tous par l'article 2 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du
Citoyen de 1789. » Il ne s’agit donc pas là d’une protection liée au local d’habitation, mais
bien de la protection de la personnalité même de son occupant. L’inviolabilité du domicile
résulte de l’interdiction faite à chacun de s’introduire, voire de se maintenir dans les lieux
qu’habite une toute autre personne sans en avoir au préalable reçu son consentement, à
plus forte raison contre son gré. Je reviendrai sur cette question qui demeure centrale
dans l’intervention à domicile, cette dernière nécessitant l’approbation de l’intéressé.
- La localisation des personnes
« La détermination du domicile permet de localiser les individus sur le territoire. La
question des personnes ne détenant pas de domicile se pose. En effet, le domicile permet
une certaine individualisation des personnes et provoque de nombreux effets juridiques. »
Le domicile, en localisant la personne en un lieu défini, provoque de nombreux effets au
niveau civique, fiscal, civil… C’est le lieu à partir duquel est imputé l’impôt, à partir duquel
la personne est recensée, à partir duquel elle va pouvoir exercer son droit de vote, à partir
duquel encore, la police exercera un éventuel mandat d’arrêt… C’est aussi le lieu à partir
duquel sera définie l’obtention de toute aide sociale. Il détermine en effet le domicile de
27
JANVIER R, 2011, la participation des usagers in BATIFOULIER F., Manuel de direction en action sociale et médico-sociale, Paris : Dunod, pp. 259-269 28
Le Petit Robert, 1987, Paris, Les Dictionnaires Robert, p.566 29
Code Civil, Du domicile, article 102, [en ligne], Journal officiel, du 5 janvier 1969, [consulté le 18/07/2012], disponible sur Internet : http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?idSectionTA=LEGISCTA000006117683&cidTexte=LEGITEXT000006070721&dateTexte=20080805 30
JURISLOGEMENT, domicile et résidence principale, [consulté le 20/07/2012], disponible sur Internet : http://www.jurislogement.org/domicile-et-rdence-principale-mainmenu-29
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 17 -
secours et donc la possibilité d’obtention de l’aide sociale départementale. Le domicile
constitue sans conteste l’un des éléments d’identification sociale de l’individu.
1.2.2 Les représentations actuelles du domicile
L’inviolabilité du domicile est donc un élément central de la représentation sociale faite du
domicile : « La maison …/… de toute personne habitant sur le territoire français est un
asile inviolable. Le domicile est donc la maison, la demeure du particulier ; il peut être
défini : toute habitation occupée par une personne, le chez soi de tout individu. » 31
Le chez soi de tout individu est aussi ce lieu dans lequel l’individu investit tant de choses.
Des objets qui ont une valeur financière, mais aussi et peut être surtout une valeur
sentimentale, d’identification à une histoire, à sa propre histoire. Le domicile devient d’une
certaine façon une extension de l’enveloppe psychique de l’individu, ce lieu dans lequel il
se sent chez lui parce qu’il l’a construit à sa manière, à son image. C’est le refuge dans
lequel, à partir duquel sont investies les relations de proximité ; des relations familiales, de
relations de voisinage, voire même de dépendance avec des intervenants à domicile.
Le domicile est le lieu dans lequel et à partir duquel nous nous engageons, nous vivons
tous notre vie, notre vie intime et à ce titre il a une dimension individuelle très importante.
L’UNASSAD précise sur son site web32 qu’en 2004, dans un colloque intitulé « Du
domicile… à l’habitat », J.B. Delcourt, chargé de communication, prenait à contrepied la
formule de M. Heideger « Le langage est la maison de l’être », affirmant que « La maison
est le langage de l’être ». Le même article présente une approche très intéressante de la
question de l’appropriation, de l’individualisation du domicile. « J-Y. Dartiguenave, LARES
(Laboratoire de recherche en science sociale) souligne néanmoins qu’ « il y a une
différence entre loger et habiter ». Loger, c’est être situé, socialement. Habiter, c’est faire
de ce logement son « chez-soi », une partie de soi. Le domicile est alors l’appropriation
de son propre Habitat. Il identifie, il différencie des autres... Aussi comme l’affirme Manoli
Davila, chargée de mission logement : « le droit de chacun à un logement décent ne peut
suffire, si l’on se désintéresse de la capacité de l’individu à l’habiter ».
L’habitation, l’appropriation du domicile, son individualisation, demeure nécessaire pour
que tout un chacun y trouve le lieu dans lequel il pourra, non seulement y être situé, mais
aussi s’y affirmé en tant qu’individu. Toutefois, il n’est pas si simple, pour la personne en
31
DOUCET JP., la violation de domicile : B – le sens du mot domicile, [consulté le 18/07/2012], disponible ne ligne : http://ledroitcriminel.free.fr/la_science_criminelle/penalistes/la_loi_penale/infraction/pcpales_incrim/garcon_violat_dom.htm 32
UNASSAD. Domicile, handicaps, types d’habitats, normes, labels. [consulté le 04/09/2012], disponible sur Internet : http://desir.unassad.net/scripts/article.php3?id_article=65
- 18 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
situation de handicap comme pour la personne âgée, « d’habiter chez soi ». Des aides
ont progressivement vue le jour, individualisant leur prise en charge jusqu’à proposer un
accompagnement sur mesure, adapté aux besoins et aux attentes de la personne.
1.2.3 Accompagner à domicile, de la prise en charge à
l’accompagnement
Comme je l’ai précisé, la loi 2002-2 réformant l’action sociale et médico-sociale vient
concrétiser l’évolution des pratiques d’accompagnement et de prise en compte de
l’usager (pour le secteur dans lequel j’interviens de la personne en situation de handicap).
Elle la place au centre des dispositifs. La question des informations à donner pour donner
à la personne le libre choix quant à son lieu et son mode de vie, comme celles du respect
de ses choix, de sa dignité, de sa vie privée…. sont indéniablement à prendre en compte.
D’une façon générale, il me semble possible d’affirmer qu’en amont de cette loi, la
personne en situation de handicap était d’une façon générale « prise en charge ».
Reconnue comme étant dans l’incapacité, l’impossibilité de se gérer elle-même, cette
personne devait donc être prise en charge, généralement par une institution qui gérait
pour elle, tout ou partie des actes de la vie quotidienne. J. PUIG et O. HUET précisent
que la France était encrée dans « un système dans lequel la personne handicapée
relevait à priori d’un placement, plutôt précoce et définitif… » 33.
Cette notion de prise en charge renvoie en effet à l’image de charge, de poids à assumer.
Le petit Larousse en donne la définition suivante : « ce qui pèse matériellement ou
moralement sur quelqu’un34 ». La notion de prise en charge en institution correspondait à
la mise en place de réponse collective aux besoins des personnes concernées.
L’institution prenant à travers son règlement intérieur, de façon autoritaire, nombre de
décisions non discutables concernant les actes de la vie quotidienne. Pour J.R. LOUBAT,
« l’institutionnalisation massive a généré sans nul doute une infantilisation
condescendante, un recul vis-à-vis de la citoyenneté, du statut d’adulte et de
l’autodétermination, par un refus de la responsabilité, par une rupture avec
l’environnement, par un enfermement dans un pathos et par une mise en tutelle
économique, même si elle a aussi par ailleurs amélioré les conditions de vie des
personnes. Le statut de handicapé s’est affirmé comme celui d’un marginal et d’un mineur
à vie. »35
33 PUIG J. et HUET O., mars / juin 2012, « Accompagner au domicile, un nouveau savoir faire »,
les Cahiers de l’Actif, n°430/433, pp. 55-64. 34
Le petit Larousse illustré, 2001, Paris, Larousse, p.200 35
LOUBAT J.R., mars / juin 2012, « Désinstitutionalisation et personnalisation : la posture d’avenir face à la situation de handicap », les Cahiers de l’Actif, n°430/433, pp. 35-53.
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 19 -
Charles GARDOU introduit le rapport de J.F. CHOSSY intitulé « Passer de la prise en
charge… à la prise en compte » et nous « appelle à travailler au déplacement du centre
de gravité de nos conceptions et de nos pratiques et, plus précisément, à passer […] de
la prise en charge à la prise en compte ». Il précise que « le pire que peut vivre un être
humain est d’être dépossédé de lui-même par les autres et considéré comme une charge,
un fardeau, une lourdeur : corpus inutilis. D’être réduit à un rôle de « patient ».
Accompagner une personne plus vulnérable, c’est au contraire cheminer à ses côtés, en
prenant en compte la moindre expression de son autonomie. Ni l’inféoder, ni l’assimiler
mais lui laisser le droit à l’intime, à la liberté, à l’insoumission. »36
En replaçant la personne au centre du dispositif, les lois 2002-2 et 2005-102 ont
notamment souhaité confirmer une évolution des pratiques professionnelles prenant en
compte la personne en tant qu’individu. Pour J.R. LOUBAT, les effets pratiques des
apports de ces deux lois sont considérables : « les bénéficiaires des services sociaux et
médico-sociaux n’apparaissent plus, en premier lieu, comme des patients, des inadaptés,
des handicapés, des flux de population déplacés et ventilés, bref, des sous-citoyens, mais
des interlocuteurs à part entière, acteur de leur destinée, des clients face à une offre de
services, voire des employeurs du fait de leur solvabilisation. » 37
Ainsi, il ne s’agit plus de faire à la place de la personne, mais bien de considérer la
personne dans sa globalité, en prenant en compte ses difficultés, mais aussi ses
compétences et de les examiner dans un contexte environnemental. L’objectif de
l’accompagnement est désormais de définir avec la personne les orientations de son
projet, de ses projets.
J. PUIG et O. HUET affirment que la question de l’accompagnement est indissociable de
celle de l’accord de l’intéressé : « la question de l’accompagnement pose, par essence,
celle de l’accord, de la négociation, afin que puissent émerger des stratégies visant à
atténuer les désavantages ou incapacités, via notamment une mobilisation des
ressources de la personne, des professionnels et des services, ainsi que de la société
dans sa globalité ».38
Le changement de culture professionnelle pour des établissements assis sur des
fonctionnements institutionnels forts et inscrits dans des dispositifs de prise en charge,
correspond à un réel bouleversement. L’impératif de mener une réflexion sur le contexte
de l’accompagnement est, dès lors, urgent et nécessaire tant l’écart dans la relation à la
personne est grand. Une relation qui « a pour contexte le lieu de vie « naturel » de la
36 GARDOU C., 2011, Préface in CHOSSY J.F., Passer de la prise en charge… à la prise en
compte », http://www.faire-face.fr/media/00/02/1042793455.pdf, pp.5-9. 37
LOUBAT J.R.,up cité. 38
PUIG J. et HUET O., up cité.
- 20 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
personne, l’intervention à domicile du travailleur social – ou du soignant –, nous engage à
la vigilance quant à la manière dont le professionnel va avoir à (et va pouvoir) se
positionner, prendre au mieux sa place dans la relation d’accompagnement à naître ».39
Dans ce sens, la contractualisation, que j’entends comme la formalisation des besoins
personnels et la définition des réponses adaptées correspondantes, incitée par la loi de
2005 est un impératif qui permet de poser le cadre de l’intervention à domicile. Les règles
posées protègent tout à la fois la personne bénéficiaire de l’accompagnement comme le
professionnel, dans une intervention qui peut s’avérer à risque puisque soustraite au
regard d’autrui. Un accompagnement d’autant plus à risque qu’il se déroule à partir du
domicile, et donc à propos de tout ce qui touche à l’individualité de la personne. L’aide
apportée peut parfois aller à contresens de l’objectif voulu, malgré toute la bonne volonté
de l’aidant : « Je pensais qu’il serait content si je rangeait son armoire comme ça ! Il a tout
remis comme c’était, en bazar…, alors j’ai encore rangé, comme il faut ! »
Cet accompagnement à domicile se complexifie d’autant plus qu’il implique, en fonction
des besoins de la personne, une pluralité d’interventions parfois spécialisées. Des
interventions qui peuvent toucher le domaine du soin, le domaine de l’aide à domicile ou
encore le domaine de l’aide sociale ou médico sociale. L’intégration des représentations
du nouveau paradigme de l’accompagnement, qui plus est de l’accompagnement à
domicile est en cours. La professionnalisation du secteur permet l’assimilation progressive
de ces représentations et le détachement des pratiques anciennes. Le management des
équipes, comme celui des projets d’établissement ou de service, constitue alors, selon
moi, l’un des points essentiels de la fonction de direction.
1.2.4 L’accompagnement à domicile prend diverses formes
Historiquement, c’est dans les années 1960, dans le monde de l’enfance « inadaptée »
puis « handicapée », que l’accompagnement à domicile prend forme, puis statut. Appelés
initialement « Service d’Aide Educative à Domicile », le décret du 16 décembre 1970
modifiant l’annexe XXIV de 1956 définit leur organisation et leur donne le nom de
SESSAD : Service d’Education Spécialisée et de Soins A Domicile.
Pour autant, les services pour adultes ont un développement bien plus tardif. C’est autour
de nos ainés, dont les besoins s’organisent dans le cadre du maintien à domicile que
l’’intervention à domicile se structure et touche aujourd’hui différents secteurs
39 PUIG J. et HUET O., up cité.
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 21 -
A) L’accompagnement du soin.
Il est organisé à partir des infirmiers. Ces derniers interviennent soit dans le cadre d’une
profession libérale, soit dans le cadre d’une structure ou d’un service de soin : SSIAD,
Service de Soins Infirmiers A Domicile. Cette intervention est financée par la Caisse
Primaire d’Assurance Maladie et fait l’objet de prescription de la part de médecin.
Les soins qui peuvent être accomplis à domicile sont des soins infirmiers de surveillance
médicale, des soins d'assistance pour la toilette et l'hygiène, des soins paramédicaux
réalisés par des kinésithérapeutes, des pédicures, des orthophonistes...
B) L’accompagnement médico-social
Il s’organise essentiellement autour de la question du handicap.
SESSAD, Service d’Education et de Soins Spécialisés A Domicile.
Historiquement organisés dans le cadre de l’enfance « inadaptée » puis « handicapée »,
les SESSAD sont des services médico-sociaux pouvant être autonomes mais très
souvent rattachés à un établissement spécialisé (un IME la plupart du temps). Ils
favorisent l'intégration scolaire et l'acquisition de l'autonomie d’enfants ou d’adolescents et
interviennent sur notification de la MDPH. Les interventions ont lieu dans les différents
lieux de vie et d’activité des intéressés (domicile, crèche, école, centre de vacances…) et
dans les locaux du SESSAD.
Chaque SESSAD, spécialisé par type de handicap, porte des appellations différentes :
- SESSAD, Service d’Education Spéciale et de Soins à Domicile : enfants et
adolescents de 0 à 20 ans atteints de déficiences intellectuelles ou motrices et de
troubles du caractère et du comportement.
- SSAD, Service de Soins et d’Aide à Domicile : enfants polyhandicapés
(déficience motrice et déficience mentale) âgés de 0 à 20 ans.
- SAFEP, Service d’Accompagnement Familial et d’Education Précoce ; SSEFIS,
Service de soutien à l’éducation familiale et à l’intégration scolaire ou SAAAIS,
Service d’Aide à l’Acquisition de l’Autonomie et à l’Intégration Scolaire : enfants de
plus de 3 ans déficients auditifs et visuels graves, auditifs ou visuels graves.
SAVS et SAMSAH, Service d’Accompagnement à la Vie Sociale et Service
d’Accompagnement Médico-Social pour Adultes Handicapés.
Ces services ont pour vocation l'accompagnement vers une plus grande autonomie de
personnes adultes handicapées à partir de leur lieu de vie. Il s'agit d'aider les personnes à
la réalisation de leur projet de vie dans une dynamique d'insertion sociale.
Cette insertion s'appuie sur des besoins identifiés, considérés comme "prioritaires" par le
bénéficiaire et l'équipe "pluridisciplinaire", tels que le logement, la vie sociale et familiale,
la formation, l'accès aux soins...
Ces services sont financés par le Conseil Général au titre de l'aide sociale et par la
Caisse Primaire d'Assurance Maladie dans le cadre d'un forfait soins pour les SAMSAH.
- 22 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
C) L’accompagnement social
Il s’organise principalement autour de la protection de l’enfance et de l’insertion.
Dans le cadre de la protection de l’enfance, l’intervention à domicile est mise en
place par la PMI (Protection Maternelle et Infantile) et l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance).
Les interventions ont pour but de prévenir les situations de maltraitance en renforçant la
parentalité par des actions éducatives, à l’attention des enfants, des parents.
Dans l’insertion, l’intervention à domicile est mise en place dans le cadre des
mesures ASELL, Accompagnement Socio-Educatif Lié au Logement. Il s’agit de faciliter
l’accès ou le maintien dans le logement de publics défavorisés. La mesure est financée et
pilotée dans le cadre du PDALPD (Plan Départemental d’Aide au Logement pour les
Personnes Défavorisées) par le Conseil Général.
Ces interventions sont mises en œuvre par des opérateurs agréés par les Conseil
Généraux, des associations, des CCAS (Centres Communaux d’Action Sociale), des
services sociaux de Conseil Généraux. Ils orientent leurs actions en direction des
personnes âgées et des personnes en situation de précarité et d’exclusion.
D) L’accompagnement lié à l’aide à domicile
Il s’organise essentiellement autour du maintien à domicile à la fois des personnes âgées
et des personnes handicapées. Les Services d’Aide et d’Accompagnement à Domicile,
SAAD, sont conçus pour répondre à des besoins sociaux définis par les schémas
départementaux (gérontologique, handicap ou enfance). Ils apportent une aide dans les
actes quotidiens de la vie à domicile aux personnes âgées ou handicapées et aux familles
rencontrant des difficultés sociales.
Ces services doivent être autorisés par le Président du Conseil Général ou agréés
(obtenir l’agrément dit « qualité ») selon qu’ils dépendent du CASF ou du Code du travail.
L’autorisation vaut généralement habilitation à recevoir des bénéficiaires de l’aide sociale.
1.3 Les Services d’Accompagnement à la Vie Sociale
1.3.1 La naissance des Services d’Accompagnement
Nés dans les années 1970 de la volonté du mouvement associatif parental
principalement, les services d’accompagnement ont été conçus pour permettre de trouver
des solutions aux personnes issues des foyers d’hébergement et des CAT. Il s’agissait
pour certains d’une volonté délibérée d’intégrer un logement autonome, pour d’autres, de
trouver des solutions aux difficultés liées aux contraintes de la vie collective, ou encore,
de poursuivre une dynamique d’autonomisation engagée par les foyers d’hébergement.
Rappelons que le mouvement antipsychiatrique prône la désinstitutionnalisation, la sortie
des établissements fermés (ou « enfermant ») des personnes en capacité d’intégrer un
cadre de vie ordinaire moyennant un suivi psychiatrique et éducatif.
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 23 -
Sans statut juridique réellement défini, ces services s’adossent très souvent à des
établissements existants qui soutiennent financièrement ou structurellement le projet alors
innovant, de sortie de l’institution. Les projets de service se construisent au fil du temps et
intègrent les principes des associations mères, principalement issues dans un premier
temps du secteur du handicap mental. Ces projets intègrent donc de façon « naturelle »
une continuité d’accompagnement sur le principe de la « prise en charge »organisée dans
les établissements de référence. D’une certaine façon, il s’agit de « services de suite »
poursuivant le travail engagé, développant l’apprentissage et l’autonomie, tout en
cherchant à maintenir le principe de protection lié au statut de personne dite « fragile ».
L’enquête menée en 2010 par le mouvement MAIS40 montre que 67% des services ont
été créés entre les années 1985 et 2003. Elle précise par ailleurs, que leur essor dans les
années 87/88 est en lien avec « la loi en faveur de l’emploi des personnes handicapées
de 1987 et l’application des lois de décentralisation » et que le ralentissement de ces
créations dans les années 2000 est probablement lié à l’attente des nouvelles lois
sociales qui viendront dès 2002. Ces services revêtent différentes appellations telles que :
ESVAD (Equipe Spécialisée pour une Vie Autonome à Domicile), SAVA (Service
d’Accompagnement à la Vie Autonome), SAMN (Service d’Accompagnement en Milieu
Naturel), SAVS (Service d’Accompagnement à la Vie Sociale)
1.3.2 De l’apparition de cadres légaux … à leur formalisation
effective en France
Bien que centrée sur les réponses que pouvaient apporter les établissement spécialisés,
la loi n° 75-535 envisageait déjà l’idée d’un accompagnement de la personne handicapée
dans son cadre ordinaire de vie : « Sont des institutions sociales ou médico-sociales au
sens de la présente loi tous les organismes publics ou privés qui, à titre principal et d’une
manière permanente :…Assurent, en internat, en externat, dans leur cadre ordinaire de
vie, l’éducation spéciale, l’adaptation ou la réadaptation professionnelle ou l’aide par le
travail aux personnes mineures ou adultes, handicapées ou inadaptées.41 ».
Sans, à aucun moment, être nommés explicitement, les services d’accompagnement
voyaient leur reconnaissance progressivement s’opérer. Leur développement, en
l’absence de cadre juridique et au-delà du phénomène d’innovation qu’ils pouvaient
représenter, est révélateur de leur progressive installation dans le cercle des
40 MAIS, enquête 2010 sur les services d’accompagnement sociale, [consulté le 25/06/2012],
disponible sur Internet : http://www.mais.asso.fr/maisEnquete2010.pdf 41
Loi n° 75-535 relative aux institutions sociales et médico-sociales, chap. 1er
, art. 1er
, alinéa 5, [en ligne], Journal officiel, du 3i juillet 19982.[consulté le 05/08/2012], disponible sur Internet :
- 24 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
établissements sociaux et médico-sociaux. Ainsi, sont reconnus, dans l’article 15 de la loi
du 2 janvier 2002 et inséré au CASF à l’article L.312-1, alinéa 7 comme étant des
établissement et services sociaux et médico-sociaux à caractère expérimental : « Les
établissements et services sociaux et médico-sociaux [qui] délivrent des prestations à
domicile, en milieu de vie ordinaire, en accueil familial ou dans une structure de prise en
charge. Ils assurent l'accueil à titre permanent, temporaire ou selon un mode séquentiel, à
temps complet ou partiel, avec ou sans hébergement, en internat, semi-internat ou
externat.42 ».
Par ailleurs, cette même loi met l’accent sur la question de la coopération et du
partenariat nécessaire à la complémentarité des actions et à la continuité des prises en
charge et d’accompagnement. Le législateur insiste sur cette possibilité qu’ont les
établissements et services à passer des conventions entre eux ou avec des
établissements et services de santé ou d’enseignement, afin de favoriser un
accompagnement de la personne dans sa globalité, sur un territoire.
L’accompagnement social de la personne dans son environnement est dorénavant
véritablement considéré. La globalisation de la situation de la personne et la coordination
des interventions et dispositifs mobilisés sur le territoire sont plus que mises en avant.
La loi 2005-102 du 11 février 2005, pour l'égalité des droits et des chances, la
participation et la citoyenneté des personnes handicapées, précise quant à elle que
« Toute personne handicapée a droit à la solidarité de l'ensemble de la collectivité
nationale, qui lui garantit, en vertu de cette obligation, l'accès aux droits fondamentaux
reconnus à tous les citoyens ainsi que le plein exercice de sa citoyenneté. »43 La loi vise
ainsi à assurer l'accès des personnes handicapées aux institutions ouvertes à l'ensemble
de la population mais également son maintien dans un cadre ordinaire de vie.
Dans la continuité de la loi du 11 février 2005, le législateur donne le cadre de
fonctionnement des services d’accompagnement, SAVS et SAMSAH. Le décret 2005-223
du 11 mars 2005 relatif aux conditions d'organisation et de fonctionnement des services
d'accompagnement à la vie sociale et des services d'accompagnement médico-social
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000699217&dateTexte=20001222 42
Loi n° 2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l'action sociale et médico-social, chap. II, art. 15, alinéa 7 [en ligne].Journal officiel, n°2 du 3 janvier 2002.[consulté le 05/08/2012], disponible sur Internet : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000215460&dateTexte=&categorieLien=id 43
Loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, article 2 alinéa 2, [en ligne], Journal officiel, n°36 du 12 février 2005, [consulté le 16/07/2012], disponible sur Internet : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000809647&dateTexte=&categorieLien=id
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 25 -
pour adultes handicapés précise: « Les services d'accompagnement à la vie sociale ont
pour vocation de contribuer à la réalisation du projet de vie de personnes adultes
handicapées par un accompagnement adapté favorisant le maintien ou la restauration de
leurs liens familiaux, sociaux, scolaires, universitaires ou professionnels et facilitant leur
accès à l'ensemble des services offerts par la collectivité ».
Il confirme que ces services : « prennent en charge des personnes adultes, y compris
celles ayant la qualité de travailleur handicapé, dont les déficiences et incapacités rendent
nécessaires, dans des proportions adaptées aux besoins de chaque usager :
a) Une assistance ou un accompagnement pour tout ou partie des actes essentiels
de l'existence ;
b) Un accompagnement social en milieu ouvert et un apprentissage à
l'autonomie44 ».
Ce décret soumet les SAVS à des conditions minimales d’organisation et de
fonctionnement. Ces services sont reconnus comme des services médico-sociaux à part
entière, soumis à la procédure d'autorisation et d'évaluation qui s'applique à l'ensemble
des ESSMS et sont, en l’occurrence, autorisés par le Président du Conseil Général. Leurs
coûts de fonctionnement sont à la charge du département et financés par le Conseil
général au titre de l’accompagnement à la vie sociale.
Initialement, et cela jusque dans les années 2005-2006, les SAVS ne bénéficiaient
d’aucune notification spécifique. Du côté du SAVS les Oliviers, les personnes
accompagnées, travailleurs ESAT, profitaient d’une notification ESAT (CAT à l’époque) de
la COTOREP spécifiant l‘autorisation d’un accompagnement par un « foyer éclaté », par
« une unité de logements regroupés ».
Aujourd’hui, pour bénéficier de l’accompagnement d’un SAVS, les intéressés doivent être
reconnus dans leur situation de handicap par la CDAPH, Commission des Droits et de
l’Autonomie des Personnes Handicapées de la MDPH, la Maison Départementale des
Personnes Handicapées. La Commission évalue la demande et la situation de la
personne concernée et se prononce sur son orientation et sur les mesures propres à
assurer son insertion scolaire, professionnelle ou sociale. Dans ce cadre, une orientation
vers un SAVS peut donc lui être proposée.
44
Décret n° 2005-223 du 11 mars 2005 relatif aux conditions d'organisation et de fonctionnement des services d'accompagnement à la vie sociale et des services d'accompagnement médico-social pour adultes handicapés, article 1, [en ligne], consulté le 16/07/2012, disponible sur Internet : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000263421&dateTexte=&categorieLien=id
- 26 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
1.3.3 Les SAVS en France
Selon l’enquête menée au niveau national par la DRESS en 200645, il existait 624
services d’accompagnement à la Vie Sociale représentant prés de 25000 places
d’accompagnement. Comme je l’ai précisé plus haut, l’historicité de ces services est liée à
la déficience intellectuelle et au projet d’ouvrir vers l’extérieur, vers le milieu ordinaire
l’accompagnement proposé initialement en foyer d’hébergement.
Ainsi, les SAVS sont au niveau national majoritairement agréés pour accueillir des adultes
reconnus déficients intellectuels et/ou psychiques : 39.2% sont agréés pour un public
présentant une déficience intellectuelle (avec ou sans troubles associés)46 et 32.9% pour
un public présentant une déficience intellectuelle et/ou psychique (avec ou sans troubles
associés). Cette prédominance du handicap intellectuel et psychique reste donc bien
présente : seuls 27.9% des SAVS accompagnent des publics présentant des handicaps
différents.
Pour confirmer cette analyse, l’enquête de la DRESS précise que 61.8% des personnes
accompagnées par les SAVS présentent comme déficience principale une déficience
intellectuelle (pour 21.7% de déficience psychique).
Au niveau national toujours, la moyenne d’âge des personnes accompagnées par les
services est de 41 ans et le temps moyen d’accompagnement est estimé à près de 7 ans.
Pour 61.2% des personnes, l’accompagnement est inférieur à 5 ans.
Les personnes accompagnées vivent dans un logement personnel à 80.9% et ont une
activité professionnelle à 65.8% (53.9% en milieu protégé de type ESAT)
Pour autant, l’enquête nous montre que si le cadre légal des SAVS a été posé par le
décret du11 mars 2005, les réalités de public, de fonctionnement peuvent laisser
apparaitre des disparités importantes. Les projets des services sont effectivement
directement liés au projet associatif auquel ils se rapportent. Katia ROUFF précise dans
un article de Lien Social47 que « Chaque SAVS est différent, il existe autant de SAVS que
de projets d’établissements… Bien que différents, les SAVS ont un objectif commun :
entourer les personnes et les accompagner vers plus d’autonomie. »
45
DRESS, Établissements et services pour adultes handicapés, Résultats de l’enquête ES 2006 et séries chronologiques 1995 à 2006, Tome 1 : les structures de travail protégé, de formation professionnelle et les services d’accompagnement, [consulté le 12/06/2012], disponible sur Internet : http://www.drees.sante.gouv.fr/IMG/pdf/seriestat141t1.pdf 46
Tableau comparatif national / départemental et SAVS Olivers en annexe 1 47
ROUFF K., 2006, « Les services d’accompagnement à la vie sociale, une façon de vivre comme les autres », Lien social [en ligne], n° 808, [consulté le 07/07/2012], disponible sur Internet : http://www.lien-social.com/spip.php?article1394&id_groupe=8
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 27 -
1.3.4 Les SAVS dans les Bouches du Rhône
Au niveau départemental, si certaines tendances sont identiques aux tendances
nationales, des distinctions sont à relever. Le département des Bouches du Rhône, a
diligenté en 2010 une enquête auprès d’un cabinet conseil48 dans l’objectif de « disposer
d’une connaissance du positionnement, de l’activité, de l’organisation et du
fonctionnement de chacun des SAVS et SAMSAH » du département.
L’enquête révèle, que, contrairement au niveau national, seules 32% des personnes
accompagnées présentent comme déficience principale une déficience intellectuelle (pour
19% de déficience psychique). Le département paraît avoir en effet développé bien plus
qu’au niveau national les accompagnements liés notamment à des déficiences motrices
(25%), à des accidents vasculaires cérébraux ou des traumatismes crâniens et à des
infirmités motrices cérébrales (4 et 7%).
Au niveau départemental toujours, l’âge moyen des personnes accompagnées par les
SAVS est de 45 ans, soit 4 ans de plus qu’au niveau national. Les chiffres liés à la durée
moyenne d’accompagnement ne sont pas transmis par l’enquête, toutefois, celle-ci fournit
également un chiffre de 62% de personnes accompagnées sur une durée allant jusqu’à 3
ans (hypothèse de durée maximum proposée par le Conseil Général). Elle était de 5 ans
au niveau national.
Les personnes accompagnées par les SAVS du département disposent pour 90% d’entre-
elles d’un logement personnel, qu’ils vivent seuls ou en couple (soit 10% de plus qu’au
niveau national). Les 10% restant partagent le logement familial (pour 11.4% au niveau
national). Aucune précision ne vient présenter les différentes et multiples formes
d’hébergement alternatives (8% au niveau national).
Enfin, et l’écart semble être là le plus important, seules 45 % des personnes
accompagnées occupent une activité professionnelle. La question de l’invalidité ou de
l’incapacité semble prendre une part importante sur le département. L’enquête diligentée
par la DRESS date de l’année 2006, celle demandée par le Conseil Générale de 2010 ; la
reconnaissance en 2005 des handicaps sensoriels et psychiques a sensiblement fait
évoluer les chiffres liés à l’accès à l’emploi.
Ce regard sur les SAVS des Bouches du Rhône montre des écarts avec les chiffres
nationaux, illustrant les disparités démographiques et les spécificités départementales. Ce
sont les schémas départementaux qui permettent de coordonner les moyens nécessaires
à l’adaptation des réponses à apporter en fonction des besoins repérés sur le territoire.
48 Enquête menée par le cabinet « ENEIS Conseil », http://www.eneisconseil.com/
- 28 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
1.4 Conclusion de la 1ère partie
La prise en considération des personnes en situation de handicap a nettement évolué au
fil du temps. Bien entendu, il reste beaucoup à faire pour que ces personnes puissent être
citoyennes au même titre que tout un chacun. Il reste beaucoup à faire pour qu’elles
puissent exprimer leur choix et mener leur projet de vie autonome au même titre que
« monsieur ou madame tout le monde » et donc pour qu’elles puissent pour cela
bénéficier des moyens de compensation que doit leur fournir la collectivité.
Force est de constater, les avancées sont réelles. Les engagements des associations de
défense des personnes en situation de handicap – associations de parents, associations
de personnes dites « usagers » – , les engagements des professionnels accompagnant
ces personnes n’ont pas été sans effet. Il s’agit pour moi d’engagements politiques,
d’engagements citoyens dans la mesure où ils visent à organiser, à développer la société
dans le but de la rendre plus intégratrice de ses minorités.
Un engagement dans lequel le directeur d’un établissement, d’un service, d’un complexe
d’établissements, doit prendre sa place, sa part de responsabilité. Une place qu’il
délimitera entre militantisme et réalisateur des actions de politique publique.
Pour ma part, il me semble que la place du directeur est bien à l’interface de ces deux
positions. S’il s’agit bien entendu de la mise en œuvre des actions de politique publique,
elle ne peut s’opérer sans un engagement humaniste donnant aux personnes concernées
la place qui doit être la leur, celle de citoyens de plein droit.
Le regard critique et constructif du directeur doit alors permettre l’application efficiente des
actions dont il a la charge, quel que soit le secteur dans lequel il œuvre.
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 29 -
2 LE SAVS « LES OLIVIERS », UN SERVICE EN EVOLUTION
2.1 L’Association la Chrysalide Marseille
2.1.1 Une association de parents et d’amis de personnes
handicapées mentales
A) Présentation de l’Association
La Chrysalide Marseille est une association loi 1901, créée en 1958 par des parents
d’enfants handicapés mentaux. Leur souhait de trouver des solutions à
l’accompagnement de leurs enfants les ont amenés à se structurer et à construire dans
un premier temps par eux même ces solutions. La Chrysalide Marseille précise dans son
projet associatif qu’elle « est, aujourd’hui comme hier, un lieu d’accueil, d’aide et de
défense des intérêts des enfants, adolescents et adultes en situation de handicap mental,
ainsi que de leur famille ».
Depuis 1962, l’association adhère à l’Union nationale des associations de parents, de
personnes handicapées mentales et de leurs amis (UNAPEI), reconnue d’utilité publique.
L’Association s’est progressivement étoffée. A ce jour, elle regroupe 880 familles
adhérentes et 900 salariés qui accueillent et accompagnent plus de 1250 personnes dans
ses 38 établissements et services spécialisés, regroupés en trois grands pôles :
- Pôle enfants et adolescents
- Pôle travail adapté
- Pôle accompagnement, hébergement et soins
L’association la Chrysalide, association de parents et d’amis de personnes handicapées
mentales, a précisé dans son projet associatif ses valeurs et ses principes. Elle y décline
également, depuis de nombreuses années, ses missions, et, aujourd’hui, ses stratégies.
Les valeurs et les principes de l’Association
Le fonctionnement de La Chrysalide Marseille s’appuie sur trois valeurs et trois principes
inscrits dans le projet associatif :
- Le respect de la personne : Citoyenne à part entière, la personne en situation de
handicap dispose des mêmes droits que chacun.
- La tolérance : L’Association développe un esprit de tolérance, d’indépendance
politique, religieuse et philosophique.
- La solidarité : L’Association est un lieu d’accueil, d’écoute, d’aide et
d’accompagnement.
- La compétence : La valorisation et la reconnaissance professionnelle favorisent la
qualité de l’accompagnement des personnes accueillies.
- 30 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
- La transparence : L’Association met en œuvre des fonctionnements clairs pour
tous et des actions en conformité avec ses projets.
- L’adaptation et l’anticipation : Force d’innovation, l’Association prend en compte
l’évolution des besoins des personnes.
Les missions de l’Association
Les missions de la Chrysalide Marseille sont également inscrites dans le projet associatif.
Elle offre aux personnes en situation de handicap mental et à leurs familles des
prestations et des soutiens qui visent à:
- Accompagner la personne en situation de handicap intellectuel tout au long de son
parcours de vie
- Agir en faveur de l’intégration, de la participation et de la citoyenneté des personnes
en situation de handicap
- Accueillir, informer et accompagner les familles
- Gérer des établissements et services par délégation de service public
- Développer et valoriser l’action militante, l’engagement bénévole
- Promouvoir une image positive du handicap auprès de la société
- Réfléchir et agir avec les autres associations
- Se mobiliser auprès des pouvoirs publics
Le projet Stratégique de l’Association
La réalisation des missions de l’Association exige la prise en compte d’un environnement
interne et externe en profonde mutation. L’identification des facteurs en évolution a
conduit à la définition de quatre axes stratégiques :
- Assurer un accompagnement de qualité tout au long de la vie
- Promouvoir une certaine vision de la personne en situation de handicap et de ses
besoins
- Valoriser les parcours professionnels
- Soutenir les établissements dans le pilotage de leur projet
Ces quatre axes sont déclinés en 23 objectifs qui seront conduits et évalués en interne
sur les années 2011, 2012 et 2013 en vue de l’évaluation externe prévue par la loi du 2
janvier 2002.
Il s’agit là de valeurs et de principes sur lesquels j’ai pu, personnellement, et en diverses
occasions, faire preuve de mon engagement. Des valeurs et des principes qui, bien
entendu, correspondent totalement à ceux défendues par l’ensemble des associations de
parents, et qui sont en concordance avec les orientations des textes régissant le secteur
médico-social.
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 31 -
Pour autant, comme je tenterai de le démontrer, certaines orientations légales, ou même
internes, semblent difficiles à mettre en œuvre dès lors qu’il s’agit des siens, de ses
propres enfants. Ainsi, des tensions existent entre les souhaits de développement de
l’autonomie de « ses propres enfants », et donc la prise de risque acceptée liée à ce
développement et la volonté de protection de ces mêmes enfants. Des enfants qui
demeurent, malgré tout, des personnes fragiles et pour lesquels les besoins de soutien
paraissent indispensables tout au long de la vie.
Le projet associatif, avec sa déclinaison de valeurs, de principes, de missions et
d’orientations, demeure pour autant précis et affirme une ligne de conduite claire et
identifiable pour l’ensemble des intervenants, professionnels, bénévoles, administrateurs,
partenaires et personnes accompagnées.
Ce projet, en direction des personnes accompagnées, a notamment permis au fil du
temps de proposer des réponses adaptées aux besoins de ces personnes.
2.1.2 Des réponses institutionnalisées
Au-delà de son engagement militant auprès des familles comme des pouvoirs publics,
l’Association la Chrysalide Marseille était, dès sa création, désireuse de trouver des
solutions pour les enfants de ses adhérents. Elle s’est alors essentiellement développée à
partir de projets d’ouverture d’établissements permettant la prise en charge de ces
enfants, une prise en charge organisée à partir d’Etablissement d’Aide par le Travail (CAT
puis ESAT), à partir d’un accueil d’enfants en semi internat, puis en internat (IMP, IMPRO,
IME), à partir d’un hébergement d’adultes en internat (Foyer d’hébergement, MAS, Foyer
de vie, FAM).
Le cœur de métier de la Chrysalide s’organise donc bien autour de l’accueil, de
l’hébergement d’enfants et d’adultes reconnus handicapés. Il s’agit d’une réponse à des
besoins de prises en charge spécifiques, non ou mal assurés par les collectivités et
généralement rendus difficiles à domicile.
2.1.3 Une ouverture progressive vers le « monde ordinaire »
Pour autant, s’il s’agissait de trouver des réponses adaptées aux besoins des personnes
concernées et de leur famille, le questionnement de l’Association autour de l’insertion
sociale, les attentes de certaines personnes handicapées, de leur famille, ont
progressivement amené à l’ouverture de l’accompagnement vers le « monde ordinaire ».
Dès 1985, le Service d’Accompagnement les Oliviers est créé et permet d’accompagner
certaines personnes désireuses de vivre dans leur propre logement, en dehors des foyers
d’hébergement ou du domicile familial en bénéficiant d’un suivi plus léger.
- 32 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
En 1992, un service identique est créé à Tallard dans les Hautes Alpes (05).
Progressivement, les CAT (puis les ESAT) accompagnent certains de leurs travailleurs
handicapés vers le milieu ordinaire sur la base de stages ou de mises à disponibilité en
entreprise. En 1995, le restaurant les Santolines est intégré à un ESAT, des travailleurs
handicapés en constituent le personnel. Le restaurant est ouvert au public.
En 1999, un Service d'Education Spécialisée et de Soins à Domicile (SESSAD) est
intégré à un IME. L’établissement devient mobile et va travailler, à partir du domicile, à
l’insertion de jeunes enfants handicapés.
En 2006, l’ESAT les Merisiers, ESAT « hors les murs » ouvre ses portes. Il a pour
vocation d’accompagner des projets d’insertion de travailleurs handicapés en milieu
ordinaire.
En 2006, l’association ouvre un Service d’Accompagnement Médico-Social pour Adultes
Handicapés. Il a pour projet d’accompagner des personnes handicapées nécessitant des
soins médicaux, depuis leur domicile ou celui de leurs parents, dans l’objectif de faciliter
leur accès à la vie sociale et d’apporter un soutien, une « aide au répit » aux familles.
Parallèlement, l’association œuvre à l’insertion sociale des personnes handicapées.
Des villas sont intégrées aux foyers d’hébergement. Elles accueillent, dans une structure
moins collective, plus « ordinaire », plus « insérée » une part des personnes accueillies
en foyer d’hébergement.
Des partenariats sont mis en place à partir de chaque établissement ou service pour
favoriser l’inscription des personnes accompagnées dans leur environnement : clubs de
loisirs ou culturels, associations sportives,… Les services de proximité sont de plus en
plus utilisés par les personnes elles-mêmes : commerces, soins, transports publics…
L’association met également en place des campagnes de communication auprès du
grand public afin de faciliter la compréhension du handicap et de favoriser son intégration
au cœur de la cité : campagne d’affichage, « opération brioches », course de l’intégration
(valides et invalides)…
L’action en faveur de l’intégration, de la participation et de la citoyenneté des personnes
en situation de handicap (cf. Missions de l’Association) prend progressivement, mais de
façon certaine, toute sa place au cœur du projet associatif.
2.2 Le SAVS les Oliviers
2.2.1 La création d’un service pour un public précis
En 1984, désireuse de donner la possibilité, à certains adultes accueillis dans les
établissements qu’elle gère, de vivre leur projet de vie autonome, de sortir des structures
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 33 -
d’hébergement collectives ou de la sphère familiale, l’association la Chrysalide Marseille
dépose auprès du CROSM49 un projet de service d’accompagnement en milieu ordinaire.
Ce projet accepté par les autorités de tarification ou de contrôle se concrétise par
l’ouverture d’un « service d’accompagnement pour 26 adultes déficients intellectuels
légers » en janvier 1985. Des extensions de places sont progressivement demandées et
obtenues ; le service passe à 46 places en 1988, puis à 60 en 1993.
L’Association propose donc à un public principalement issu des foyers d’hébergement
CAT, un service d’accompagnement à la vie autonome, en milieu ordinaire. Cette offre de
service s’effectue dans un premier temps à partir d’un parc immobilier dont elle est en
partie propriétaire ou qu’elle sous-loue aux personnes accompagnées.
L’identité du service se construit rapidement à partir du site de Marius Richard, intégrant à
la fois les locaux du service (bureaux de la direction, de l’administratif et de l’éducatif et
salle d’activité) et des logements regroupés rassemblant jusqu’à 40% des personnes
accompagnées. Pour les personnes accompagnées, locataires d’appartement sur le site,
l’inscription dans la cité, dans le cadre de vie de Monsieur et Madame tout le monde,
reste très basique. Le service, et pour eux particulièrement, fonctionne réellement comme
le service de suite d’un foyer d’hébergement. Des actions qualifiées de « prothèses
légères » en constituent l’ossature. L’autonomisation n’est pas un concept véritablement
ou totalement intégré ; le service palie aux difficultés que rencontrent les personnes :
gestion du budget de nombre de résidents, soutien effectif dans l’organisation du
logement, réalisation de petits travaux courants, portage de repas, accompagnement aux
courses, accompagnements médicaux, soutien à la gestion du logement, gestion des
conflits, organisation de loisirs, médiation avec l’environnement direct, aide à la
compréhension des situations…
L’équipe éducative50 est initialement constituée d’un éducateur spécialisé, d’un moniteur
éducateur et de deux Aides Médico-Psychologiques. Elle est appuyée par une
psychologue à quart temps, par un homme d’entretien et une secrétaire. La direction du
service est assurée par une directrice, autonome dans la gestion de son service,
rattachée dans un premier temps à un foyer d’hébergement, puis détachée de celui-ci.
La question de la durée de l’accompagnement n’est pas posée. Il s’agit de sécuriser
durablement des parcours de vie parfois difficiles. L’insertion dans le milieu ordinaire reste
peu objectivable. La demande de certains parents est de trouver une « solution pérenne
garantissant la sécurisation de leur enfant », lorsqu’ils envisagent leur propre disparition.
49 Comité Régional de l’Organisation Sociale et Médico-sociale
- 34 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
Ainsi une part des personnes accompagnées depuis la création du service le sont encore
aujourd’hui, plus de 25 ans après. A la question de savoir si certaines de ces personnes
sont prêtes à ne plus être accompagnées, leur réponse est négative et sans équivoque :
« Mais, comment je vais faire si vous n’êtes plus là… », « Non, j’ai besoin d’être
accompagné … je ne peux pas dire pourquoi, mais oui j’ai besoin... ».
De ce fait, le service a adapté l’accompagnement qu’il propose à l’évolution des besoins,
demeurant globalement dans une culture associative de compensation / protection.
2.2.2 2005, évolution du service
Le Service d’Accompagnement a vu se succéder quatre directeurs entre sa création et
ma prise de fonction, en juin 2010. En me nommant dans un premier temps, en janvier
2005, chef de service (un poste qui n’existait pas dans l’organigramme) et en donnant la
direction du service au directeur d’autres établissements, l’association souhaite rattacher
le service au complexe de Montolivet, composé à l’époque d’un foyer d’hébergement et
d’un accueil de jour. Ce rattachement, motivé par le développement du principe de site ou
de complexe d’établissement dirigé par un directeur unique, est aussi souhaité pour sortir
le service d’un fonctionnement trop autocentré, insuffisamment ouvert sur le territoire.
Les personnes accompagnées ont, à cette époque, toutes été accompagnées par les
foyers d’hébergement ou les ESAT de l’Association. Une première réorganisation permet
d’ouvrir le service à des personnes accompagnées par d’autres associations (à hauteur
de 10%) et de redéfinir la question de l’accompagnement en SAVS. Les bureaux sont
délocalisés vers le pole administratif et éducatif du site de Montolivet. Les locaux de
Marius Richard laissés vacants sont transformés en logement. Les personnes
accompagnées et locataires d’appartements sur le site de Marius Richard bénéficient
d’une plus grande autonomie. L’équipe éducative, bien que fréquemment sur le site, n’y
est plus à demeure. A la crainte de délaissement exprimée par les professionnels comme
par les personnes, succède une période de doutes, puis une période d’acceptation, de
résignation et enfin d’appropriation et de valorisation du changement mis en place par
l’ensemble des intéressés et notamment des personnes accompagnées : « quand vous
avez décidé de partir de Marius Richard, on croyait qu’on n’y arriverait pas, mais
finalement on se débrouille, on est capable de rester seul, de faire sans vous… ».
En 2005 encore, les outils de la loi 2002-2 avaient commencé à être mis en place, des
projets personnalisés étaient travaillés avec les personnes, un projet de service existait,
les autres outils étaient « en chantier » au niveau de l’association et voyaient le jour début
2006 (livret d’accueil, règlement de fonctionnement…).
50 Un organigramme précisant l’évolution des effectifs d’encadrement est présenté en Annexe 2
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 35 -
Des outils de communication, trop peu existant jusqu’alors, ont alors été travaillés et ont
permis de structurer et de formaliser la professionnalisation du service et son inscription
dans le cadre légal, notamment le cadre du décret de mars 2005.
En interne, en collaboration avec l’ensemble de l’équipe éducative, un cahier de liaison
informatisé a vu le jour, la conception et la programmation des projets ont été formalisées,
les objectifs de l’accompagnement, les modes d’organisation et de fonctionnement du
service ont fait l’objet d’un guide de fonctionnement approuvé et validé…
En externe, j’ai eu à mettre en place une campagne de communication et d’information
rappelant le cadre de notre intervention auprès des personnes, auprès de nos
partenaires, qu’ils soient issus de notre association ou plus externalisés : ESAT, foyers
d’hébergement, IME, MECS, services de soins. Ces temps de communication,
d’information ont également été nécessaires auprès des services du siège social, auprès
des administrateurs de l’association, de son président comme auprès des parents des
personnes accompagnées.
Mon investissement professionnel m’a permis d’obtenir, au départ du précédant directeur
en juin 2010, la responsabilité de la direction du complexe de Montolivet.
Le glissement d’un service de suite ou post-hébergement vers un service
d’accompagnement à l’autonomie en milieu ordinaire ne s’est pas pour autant fait sans
discussions, sans que l’association ne fasse valoir son souhait de protection, d’assistance
de ses enfants parfois encore trop peu considérés comme des adultes en capacité de
faire ses propres choix, en droit de se tromper, sans qu’il ne me soit nécessaire de
rappeler les cadres légaux que représentent les lois de 2002, de 2005 pourtant largement
inscrites et intégrées au projet et au fonctionnement associatif ou encore le décret
d’intervention des SAVS de 2005. Directeur de ce service, je me retrouvais alors d’une
certaine façon dans une situation de double contrainte, d’injonctions contradictoires. Il me
fallait à la fois valoriser et développer les projets de vie, les projets d’autonomisation des
personnes accompagnées comme me le demandait le projet associatif, le projet de
service, mais aussi les cadres légaux, tout en organisant l’ensemble des systèmes de
protection permettant de sécuriser les projets de vie accompagnés. Une double
contrainte, développement et acceptation de prise de risque versus protection et
sécurisation des personnes, que l’on retrouve régulièrement dans le contexte des
associations de parents et avec laquelle le directeur doit composer dans la gestion et
l’organisation de l’établissement ou du service dont il a la responsabilité.
2.2.3 Un public spécifique, mais hétéroclite et particulier
Le Service d’Accompagnement « les Oliviers », bien qu’en évolution, reste donc l’entité
d’une association de parents décidée à proposer à « ses enfants » adultes les moyens
d’une vie décente, la plus confortable possible et surtout sécurisée.
- 36 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
Si la volonté de l’association est de maintenir le principe d’une association de parents et
d’amis de personnes handicapées mentales, et donc d’établissements et de services
dédiés à ce public, la population accompagnée par le Service d’Accompagnement s’est
progressivement modifiée, et particulièrement ces cinq dernières années.
D’une part, des arrêts d’accompagnement ont été travaillés et réalisés à la demande des
personnes elles-mêmes dans le cadre de l’évaluation de leurs besoins. Des réorientations
vers des structures mieux adaptées (maison de retraite médicalisée, foyer d’hébergement
ESAT…) ont parfois été mises en place en accord avec ces personnes.
Parallèlement, de nouveaux accompagnements ont vu le jour. Ils ont permis pour une part
un rajeunissement de la population (partenariats mis en place avec des foyers
d’hébergement, des IME, des MECS). Ce rajeunissement (relatif) du public a provoqué
une modification substantielle des objectifs et des modes d’accompagnement nécessitant
à la fois des rappels des codes sociaux, comme des rappels au cadre légal voire de la loi.
Le service d’accompagnement étant historiquement inscrit dans l’accompagnement de
personnes reconnues handicapées mentales, c’est bien sur cette base que j’ai toujours
proposé et que je propose encore de porter un premier regard sur ces personnes.
A) Le handicap mental comme première clef de lecture
Définir le handicap mental n’est pas chose aisée. L’UNAPEI en donne la définition
suivante : « L’expression « handicap mental » qualifie à la fois une déficience
intellectuelle (approche scientifique) et les conséquences qu’elle entraîne au quotidien
(approche sociale et sociétale ) ». Elle précise qu’il « se traduit par des difficultés plus ou
moins importantes de réflexion, de conceptualisation, de communication, de décision, etc.
Ces difficultés doivent être compensées par un accompagnement humain, permanent et
évolutif, adapté à l’état et à la situation de la personne »51.
Pour autant, l’expression de la déficience intellectuelle peut être très diversifiée. Différents
facteurs extrêmement liés sont en jeu, des facteurs organiques, psychologiques et socio-
économiques qui peuvent, à partir d’une même déficience, impliquer, selon les individus,
des développements très différents. Les classifications traditionnelles distinguent la
déficience légère, moyenne et grave et les différencient à partir d’une évaluation du
quotient intellectuel (QI). La DREES, Direction de la Recherche, des Etudes, de
l’Evaluation et des Statistiques, utilise dans ses enquêtes auprès des établissements et
services médico-sociaux les définitions liées à la déficience de l’OMS.
51
UNAPEI, Le handicap mental : sa définition, la définition du handicap mental, [consulté le 29/06/2012], disponible sur Internet : http://www.unapei.org/Le-handicap-mental-sa-definition.html
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 37 -
Elle précise dans sa dernière enquête de 2010 les définitions suivantes :
« Retard mental profond et sévère : comprend les personnes susceptibles au plus
d’un apprentissage systématique des gestes simples (définition OMS)
Retard mental moyen : comprend les personnes pouvant acquérir des notions
simples de communication, des habitudes d’hygiène et de sécurité élémentaires et
d’une habileté manuelle simple mais qui semblent ne pouvoir acquérir aucune
notion d’arithmétique ou de lecture (définition OMS)
Retard mental léger : comprend les personnes pouvant acquérir des aptitudes
pratiques et la lecture ainsi que des notions d’arithmétique grâce à une éducation
spécialisée (définition OMS) »
Toutefois, la déficience ne peut pas se définir qu’à travers l’évaluation d’un quotient
intellectuel ou des savoir-faire. Il m’est apparu indispensable de poser l’évaluation de
celui-ci à partir d’un prisme plus large, plus complexe, prenant en compte effectivement la
question de la déficience mentale, mais appréhendant aussi la présence et
éventuellement la prévalence d’autres troubles.
L’université de Nancy52 évoque une classification « plus moderne », proposée notamment
par le psychiatre R. MISES. Une classification qui fonde ses appréciations sur le vécu de
la personne et distingue « déficiences harmoniques » et « déficiences dysharmoniques ».
Toujours d’après cet article, dans son ouvrage « L’enfant handicapé mental », le Docteur
Antoine Galland précise que la déficience de type harmonique « est un retard intellectuel
« fixé » qui ne se complique, en principe, d’aucun trouble caractériel. » La personne « a
un comportement relativement équilibré et, s’il vit dans un cadre adapté à ses possibilités
il peut utiliser au mieux ses capacités réduites. (…) ». L’article précise encore que pour la
déficience de type dysharmonique, « la différence avec la déficience harmonique tient
davantage dans l’existence avérée de troubles d’élaboration de la personnalité. ». Il
précise également que « Les déficiences dysharmoniques ont des origines structurelles
très différentes et interactives qui s’ancrent dans l’existence d’une insuffisance
intellectuelle que R.MISES définit ainsi : « la façon dont s’exprime le déficit intellectuel
apparaît ici particulièrement complexe, et il est malaisé d’y démêler la part du déficit
inscrit, celle du retrait, celle du trouble instrumental et l’influence des perturbations
psychotiques sur le fonctionnement des structures opératoires… les performances déjà
limitées par l’insuffisance intellectuelle de fond sont encore réduites par la façon dont
l’enfant se dessaisit parfois massivement des moyens d’expression et de relation qui le
mettraient dans une position ressentie inconsciemment comme inassumable. »
52
CORDEBAR MC. Territoire et prise en compte du handicap, [consulté le 06/08/2012], disponible sur Internet : http://www.univ-nancy2.fr/VIDEOSCOP/DL7/lecon2/lecon2b.htm
- 38 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
C’est donc sur cette base, sur ces postulats, que je souhaite appréhender la question du
handicap. Si le service accompagne 31 personnes présentant une déficience mentale
légère et 29 personnes présentant une déficience mentale moyenne, il m’apparait pour
autant indispensable d’analyser le public en tenant compte de différents profils.
Lors de la dernière étude de population (rapport d’activité 2011), j’ai demandé à la
psychologue du service de mieux identifier les profils des personnes accompagnées.
Déficience associée Déficiences intermittentes, « critiques », de
la conscience
Troubles de la conduite et du comportement
Déficience du psychisme en
rapport avec des troubles
psychiatriques graves
Autres déficiences
du psychisme
Aucun trouble
significatif Total
déficience principale
Dé
fici
ence
M
enta
le
Légère 1 7 8 10 5 31
Moyenne 4 1 9 9 6 29
Profonde ou Sévère 0 0 0 0 0 0
Total 5 8 17 19 11 60
Des profils où les troubles de l’intelligence semblent apparaitre comme l’élément central
du tableau clinique ont été identifiés et classés dans la rubrique déficiences harmoniques.
- 17 personnes sont concernées par ce profil, 8 sur la base d’un handicap mental
léger, 9 sur la base d’un handicap mental moyen.
L’étude nous a amené à définir d’autres profils qui semblent pouvoir s’inscrire dans le
champ de la déficience dite dysharmonique.
Une déficience pour laquelle les traits déficitaires sont intriqués à des troubles de la
personnalité. Ils concernent 43 personnes.
- 27 personnes, pour lesquelles la déficience intellectuelle ne semble pas être la
plus invalidante, sont identifiées, 23 sur la base d’un handicap mental léger, 4 sur
la base d’un handicap mental moyen.
- 16 autres personnes, présentant des traits déficitaires mélant déficience mentale
et troubles de la personnalité, sont identifiées sur la base d’un handicap mental
moyen.
B) La nécessité d’élargir les clefs de lecture et d’analyse du public accompagné
Comme précédemment précisé, l’expression de la déficience intellectuelle peut être très
diversifiée. Différents facteurs extrêmement liés étant en jeu – des facteurs organiques,
psychologiques et socio-économiques qui peuvent à partir du même handicap de base,
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 39 -
selon les individus, impliquer des développements très différents – l’accompagnement
des projets de vie vers l’autonomie de la personne nécessite donc la prise en compte de
différentes caractéristiques du public accompagné. Les items et les chiffres identifiés ci-
dessous sont tirés de l’évaluation faite par le service des modes de vie et des
compétences des personnes accompagnées, insérée dans le rapport d’activité 2011.
Répartition de la population par tranche d’âge et par sexe
Les mouvements d’entrées et de sorties du service ces dernières années ont permis un
très léger rajeunissement de la population. La moyenne d’âge des personnes
accompagnées reste néanmoins de 45 ans fin 2011. Nous constatons, avec un taux de
52%, que les personnes de plus de 45 ans sont majoritaires avec une légère progression.
Par ailleurs, les personnes de 61 ans et plus représentent 8% du public accompagné
alors qu’elles ne sont 13 % à avoir moins de 30 ans.
La représentation hommes/femmes est pratiquement identique (53% pour les hommes).
Mode de vie
Le célibat est particulièrement représenté et concerne plus de 53% des personnes
accompagnées. 47% des personnes accompagnées vivent donc en couple ; pour 9%
d’entre elles, le conjoint n’est pas accompagné par le service. Parmi ces personnes, 8
sont mariées, 8 ont des enfants à charge ou placés.
Les situations de couple avec conjoint extérieur au SAVS comme celles des personnes
avec enfant apportent une complexité supplémentaire dans l’accompagnement et
nécessite une augmentation des partenariats (notamment avec les services des Maisons
Départementales de la Solidarité, les structures scolaires, les foyers de placement…)
Répartition géographique des habitats
45%des personnes accompagnées résident dans les arrondissements proches du pole
administratif du service (le 4/12ème). Pour autant, la réalité de l’éclatement géographique
des accompagnements mis en place sur le territoire de la ville de Marseille implique des
partenariats multiples et des temps de transports pouvant parfois être conséquents. Le
12ème arrondissement de Marseille, reste un arrondissement privilégié du fait de la
présence de 11 logements dont l’association est bailleuse.
Activité Professionnelle
Le cadre du travail constitue un repère important dans le projet de vie des personnes
accompagnées (indépendance financière, liens sociaux…). 85% des personnes
accompagnées sont en activité professionnelle (83% travaillent en milieu protégé, en
ESAT pour la quasi-totalité). Les passages à la retraite constituent la part principale des
15% restant.
- 40 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
Protection juridique
85% des personnes accompagnées bénéficient d’une mesure de protection juridique :
17% ont une mesure de tutelle, 60% une mesure de curatelle renforcée et 8% une
curatelle simple. Parmi les personnes sans protection juridique (15%), pour un tiers, le
budget est totalement géré par la famille et pour un quart, elles sont en attente d’une
mesure de protection.
Utilisation des compétences cognitives dans l’insertion sociale
L’accompagnement des personnes est organisé en fonction de compétences acquises
par celles-ci. Une évaluation de ces compétences est donc nécessaire afin de repérer les
besoins de soutien et d’accompagnement.
La lecture
Seul 58% des personnes sont en capacité de lire. Bien que 25% des personnes
parviennent à déchiffrer, elles sont en tout 42% à devoir utiliser des stratégies
compensatrices ou à être assujettis à un accompagnement dans les actes de la vie
quotidienne qui appellent des notions de lecture.
L’écriture
L’accès à l’écriture est moins important que pour la lecture avec un accès pour 45% des
personnes. 55% des personnes dépendent donc d’un accompagnement pour les
démarches nécessitant le passage par l’écrit.
Le comptage
Le comptage est dans l’ensemble mieux maitrisé. 65% des personnes sont effectivement
en capacité de compter (la plupart sur des opérations simples). Toutefois, ce chiffre
descend à 50% dès lors qu’il s’agit d’évaluer la valeur d’un bien.
La prévision
La question de l’évaluation de la valeur est en lien avec la capacité à prévoir. Là aussi,
seul 50% des personnes sont en capacité de prévoir et elles ne sont que 40% à être en
mesure de faire des projets en lien avec leur réalité (budgétaire et organisationnelle)
Durée des accompagnements
Ces dernières années, le service a accompagné des personnes sur des durées plus
courtes. Pour autant, la déficience implique chez beaucoup de personnes accompagnées
la perte ou la difficulté à développer la confiance en soi. De ce fait, les durées
d’accompagnement s’allongent. Pour certains, cet accompagnement est ce qui leur
permet d’oser un projet de vie autonome en faisant face à leurs craintes, parfois
pathologiques. La durée moyenne d’accompagnement est actuellement de 12 ans.
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 41 -
C) Le relevé des attentes et des besoins des personnes accompagnées
Distinguer la déficience principale, la ou les déficiences associées, les modes de vie et les
compétences individuelles ne constituent qu’une part, certes importante, mais non
complète, de l’étude d’une population donnée. Il me paraît indispensable de la compléter
par un relevé des attentes exprimées par les personnes elles-mêmes comme des besoins
repérés par l’entourage et les professionnels impliqués dans l’accompagnement.
Ces attentes sont systématiquement identifiées par les professionnels auprès des
personnes dans le cadre d’entretiens préparatoires au projet personnalisé :
Le besoin de reconnaissance
Pour beaucoup, le projet de vie autonome implique une attente de reconnaissance, une
recherche de normalité, être un individu « ordinaire » à part entière. Ainsi notamment
l’accès à la sexualité et à la parentalité sont des questions régulièrement soulevées.
L’autonomie financière
Dans la mise en place d’un projet de vie autonome, la question de la gestion du budget
est centrale. D’une façon générale, la notion de budget à la semaine (qui peut
s’apparenter à de l’argent de poche) est assez mal vécue par les personnes
accompagnées, qui expriment une sensation de trop grande contrainte. Ainsi, il existe une
demande importante de liberté, d’autonomie dans la gestion de leur argent.
Les loisirs
Paradoxalement par rapport à leur souhait d’autonomie en général, dans le cadre des
loisirs, les personnes sont demandeuses d’activités encadrées, organisées par l’équipe
éducative. C’est une demande importante chez les personnes accompagnées par le
service depuis longtemps ou ayant un vécu institutionnel fort.
Une demande de « prise en charge »
Pour certains, la demande d’accompagnement est parfois poussée plus loin avec un
souhait de soutien plus important, voire de « prise en charge » (faire à la place de).
Toujours dans le cadre de l’élaboration du projet personnalisé, mais aussi tout au long de
l’accompagnement, les professionnels identifient un besoin général d’aide et
d’accompagnement à la prise de décision (éclairage des choix) qui se décline en besoins
plus spécifiques :
Besoins d’accompagnement dans les actes de la vie quotidienne
D’une manière générale, sont repérés des besoins de soutien dans les domaines de la
gestion du budget, des achats, de l’alimentation, de la tenue du logement, de l’hygiène,
de la santé et des activités professionnelles.
Besoin de repères
La recherche de la norme et la quête affective entravent parfois les capacités de
jugement jusqu’à la mise en danger. Le rappel au cadre, à la loi est parfois nécessaire.
- 42 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
Les besoins sociaux et affectifs
Les relations sociales, affectives et familiales (ou leur absence) sont aussi au cœur des
problématiques rencontrées. De nouvelles problématiques sont à prendre en compte dans
l’accompagnement de personnes vivant en couple, notamment lorsque le conjoint non
accompagné par le service rejette tout soutien, ou dans l’accompagnement à la
parentalité avec la construction de partenariats nouveaux ou plus soutenus.
Accès aux droits
L’ouverture, le maintien et l’appropriation de l’ensemble des droits représentent un besoin
important et récurrent tout au long de l’accompagnement.
Préparation à la retraite
L’avancée en âge d’une part importante de la population implique un accompagnement
spécifique alliant l’étayage nécessaire à la cessation d’activité professionnelle et à
l’intégration sociale dans un nouveau statut.
D) Une diversité de situations singulières liées au handicap mental
L’évaluation statistique d’une population, quelle qu’elle soit, le repérage de ses attentes
ou de ses besoins, ne reflètent toutefois pas la richesse, la diversité, ni la complexité des
réalités des vies, ni même des accompagnements proposés aux personnes qui la
composent. Nécessaire à l’évaluation quantitative, à l’établissement de données précisant
l’évolution d’une population donnée, elle délite de mon point de vue la réalité, la
singularité et le vivant des personnes concernées.
Régis DEVOLDERE, président de l’UNAPEI53, propose de considérer d’abord la personne
avant d’y associer la notion de handicap : « Une personne handicapée mentale est un
individu à part entière, une personne à la fois ordinaire et singulière. Elle est ordinaire,
parce qu’elle connaît les mêmes besoins que tout le monde, parce qu’elle dispose des
mêmes droits que tous et qu’elle accomplit les mêmes devoirs. Elle est singulière, parce
qu’elle est confrontée à plus de difficultés que les autres citoyens, du fait de son
handicap. »
Ce regard permet, à mon sens, d’éviter l’enfermement des classifications, des
caractéristiques qui, au-delà de leur utilité en termes de statistique, ne permettent pas de
considérer la personne dans sa globalité, en fonction de son projet, de son histoire
personnelle.
53
UNAPEI, Le handicap mental : sa définition, la personne handicapée, à la fois ordinaire et singulière, [consulté le 29/06/2012], disponible sur Internet : http://www.unapei.org/Le-handicap-mental-sa-definition.html
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 43 -
Les personnes que nous accompagnons ne sont donc pas que des personnes présentant
un handicap mental, bénéficiant d’une protection juridique ou encore travaillant en milieu
adapté. Bien sur, elles présentent, pour une grande majorité d’entre elles, ces
caractéristiques. Pourtant, elles ont aussi, elles ont surtout des parcours de vie uniques,
induits par des situations de handicap impliquant des désavantages, des difficultés
d’adaptation, liées à des environnements socioculturels particuliers, à des évolutions
propres…
Monsieur F. a 59 ans. Travailleur ESAT depuis 33 ans, il vit avec sa compagne
dans l’appartement qu’ils louent depuis 25 ans. Déficient mental léger, limite moyen, il
s’adapte globalement aux situations qui se succèdent sans trop de perturbation. Sa
déficience nécessite toutefois que nous revenions régulièrement avec lui sur certains
points de la vie quotidienne qu’il peine toutefois à comprendre. L’approche de la retraite
apporte chez lui un sentiment de satisfaction mêlé à une inquiétude importante quant à ce
qu’il pourra faire de son temps libre.
Madame G. a 38 ans. Son histoire familiale complexe et violente ne l’a pas aidée à
se construire sereinement, à s’épanouir. Une déficience légère altère sa compréhension
des situations dans leur globalité. Elle est par ailleurs fragilisée par une immaturité
affective qui la déstabilise et annihile de façon récurrente les efforts d’insertion ou de
normalisation qu’elle met pourtant en place. Mère d’une petite fille, elle a les gestes et
l’approche nécessaire à l’éducation de celle-ci, mais a besoin d’un étayage continu pour
maintenir les conditions de vie indispensables à la garde de sa fille.
Madame D. a 32 ans. Elle a grandi dans un environnement maternel fusionnel ne
l’aidant pas à se construire une identité propre. Son passage de quelques années sur un
foyer d’hébergement lui a permis de prendre ses distances et d’acquérir une certaine
autonomie. Une déficience moyenne complexifie cette quête identitaire et son immaturité
affective la met facilement en situation de dépendance vis-à-vis de tiers masculins et vient
alourdir une personnalité dépressive. En difficulté pour se maintenir en situation d’emploi
protégé, elle envisage d’en sortir et d’intégrer le milieu ordinaire sans pour autant en
percevoir les difficultés.
Monsieur B. a 41 ans. Il présente une déficience intellectuelle moyenne liée à des
troubles du comportement et de la personnalité. Sa personnalité impulsive vient perturber
ses capacités d’adaptation et d’intégration et nécessite, de façon régulière, des temps de
médiation. Travailleur dans un ESAT pour déficient psychique, il vit en couple et dans son
appartement depuis près de 15 ans. Il s’appuie sur la sérénité de sa compagne pour
apaiser son impulsivité.
- 44 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
Madame V. a 56 ans. Elle présente les séquelles d’une hémiplégie qui la prive de
l’utilisation de son bras droit et provoque une gêne à la locomotion. Alcoolique, l’effet de
sa consommation, sans qu’elle ne soit excessive, est accentué par un traitement pour
l’épilepsie. En rupture avec le monde du travail, elle exprime son souhait de prendre sa
retraite et va bénéficier d’une invalidité lui permettant l’arrêt effectif de son activité
professionnelle à l’ESAT. Bénéficiant d’une PCH, elle utilise les services d’une auxiliaire
de vie pour certains actes de la vie quotidienne. Une infirmière libérale l’accompagne
dans la gestion des soins.
Ces parcours de vie, mettant en avant des désavantages, des difficultés d’adaptation
appellent des modes d’accompagnement spécifiques, propres à chaque situation. Ils sont
pour moi l’illustration de la complexité de l’accompagnement à proposer, à adapter.
2.2.4 Des modes d’intervention à adapter
La particularité, l’individualité de chaque parcours de vie et donc de chaque situation
d’accompagnement, appelle à s’intéresser à la personne avant que de se centrer sur la
spécificité de son handicap. C’est pour le moins, ce que nous invitent à intégrer les lois de
2002 et de 2005 et que personnellement, de ma place, de ma fonction de directeur,
j’attends des professionnels lors de la mise en œuvre, avec les personnes concernées,
des projets d’accompagnements.
« Qu’il s’agisse d’un enfant ou d’un adulte, la personne handicapée mentale est porteuse
de manière permanente d’une déficience intellectuelle dont l’origine peut être très diverse.
Elle a donc généralement besoin, le plus tôt possible, d’un soutien et d’un
accompagnement adaptés pour l’aider à mieux communiquer avec les autres, exprimer
ses envies, s’éveiller et développer sa personnalité, aller à l’école, travailler, en quelques
mots : vivre sa vie.54 »
Et effectivement, d’une manière générale et à des degrés variés, la déficience
intellectuelle, peut impliquer pour la personne une moindre efficience des processus de
traitement de base de l’information et de réflexion, de résolution des problèmes, de
conceptualisation, un déficit de l’attention, un manque de stratégie cognitive, une base de
connaissance pauvre et mal organisée…
Les interventions sur l’efficience intellectuelle se situent notamment au niveau de
l’éducabilité cognitive. Le développement de l’autonomie est possible par un
environnement aménagé, par un accompagnement humain régulier, adaptés à l’état de la
54
UNAPEI, Le handicap mental : sa définition, la personne handicapée, à la fois ordinaire et singulière, [consulté le 29/06/2012], disponible sur Internet : http://www.unapei.org/Le-handicap-mental-sa-definition.html
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 45 -
personne et à sa situation, une guidance revenant sur les actions mises en place afin de
permettre leur intégration, un soutien prenant en compte la question de la déficience mais
s’appuyant avant tout sur les potentialités de la personne.
Pour autant, dans cette déficience intellectuelle viennent s’intriquer des troubles de la
personnalité qui vont impacter l’insertion dans l’environnement. Le rappel aux réalités, aux
normes, aux cadres est alors nécessaire pour faciliter cette insertion et limiter les
éventuels passages à l’acte ou des dérives désocialisantes.
L’intervention de l’équipe d’accompagnement s’organise alors essentiellement sous forme
de médiation en direction de la personne elle-même afin de l’aider à déchiffrer « les
réalités » de son environnement. Mais aussi des médiations à destination de
l’environnement dans l’objectif d’aider les proches, les personnes qui interviennent dans
l’environnement de la personne à comprendre des modes de fonctionnement « a-
normaux », des comportements « a-typiques ».
Ces médiations se construisent au cas par cas, en fonction de la personne concernée, de
ses désavantages, de ses difficultés d’adaptation, de ses évolutions. Des médiations qui
ne peuvent donc être que très peu modélisées tant leur individualisation est importante.
Elles s’élaborent parallèlement aux actions d’éducabilité cognitive nécessaires à
l’intégration de fonctionnements, d’attendus sociaux dont le niveau d’exigence est plus
élevé que pour une personne dite normale.
2.3 L’évolution des attentes des autorités de contrôle et de
tarification
Comme je l’ai précisé dans la première partie de ce mémoire, depuis les lois de
décentralisation, l’action en faveur de l’enfance et de la famille, des personnes âgées et
des personnes handicapées constitue l’une des missions fondamentales des Conseils
Généraux. La loi du 2 janvier 2002 rénovant l'action sociale, en réformant la loi du 30 juin
1975 sur les institutions sociales et médico-sociales, a précisé, dans ses articles L 312-3
à L. 312-5, les dispositions relatives aux schémas départementaux. L’objectif explicite de
ces schémas est qu’ils deviennent de véritables « documents d'orientation et de
planification de la mise en œuvre de la politique départementale sur les 5 années à venir,
dans un cadre cohérent, économe et satisfaisant en termes techniques, humains et
sociaux »55.
55 Conseil Général des Bouchers du Rhône, Schémas départementaux, Qu'est ce qu'un schéma
départemental ?, [consulté le 12/08/2012], disponible sur Internet : http://www.cg13.fr/cg-13/schemas-departementaux/
- 46 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
2.3.1 Des engagements annoncés dans les schémas départementaux
L’article 18 de la loi 2002-2 précise en effet que les schémas départementaux :
- « apprécient la nature, le niveau et l'évolution des besoins sociaux et médico-sociaux
de la population,
- dressent le bilan quantitatif et qualitatif de l'offre sociale et médico-sociale existante,
- déterminent les perspectives et les objectifs de développement de l'offre sociale et
médico-sociale et, notamment ceux nécessitant des interventions sous forme de
création, transformation ou suppression d'établissements et services,
- précisent le cadre de la coopération et de la coordination entre les établissements et
services mentionnés à l'article L 312-1,
- définissent les critères d'évaluation des actions mises en œuvre dans le cadre de ces
schémas. »56
Leurs évaluations, en déterminant les perspectives et les objectifs de développement de
l’offre sociale et médico-sociale, annoncent les engagements des Conseil Généraux.
Certains de ces engagements sont à courtes échéances, d’autres sur du plus long terme.
Certains de ces engagements se concrétisent par des créations d’établissement ou
services et donnent lieu, depuis la loi Hôpital, Patients Santé Territoires n°2009-879 du 21
juillet 2009, à un appel à projet pour création sur la base d’un cahier des charges établi
par l’autorité compétente (Conseil Général et/ou ARS).
Différents schémas sont préparés par les Conseils Généraux. Ils concernent des publics
spécifiques. Il existe trois schémas dans le département des Bouches du Rhône :
- schéma départemental des personnes âgées 2009-2013
- schéma départemental des personnes handicapées 2009-2013
- schéma départemental en faveur de l’enfance et de la famille 2010-2014
Le schéma départemental 2004-2008 en faveur des personnes handicapées établi par le
Conseil Général des Bouches du Rhône précisait les premières règles communes aux
services d’accompagnement. Ainsi, deux ans avant le décret n°2005-223 du 11 mars
2005, le schéma départemental délimitait les missions des services d’accompagnement
(SAVS et SAMSAH) en précisant qu’ils devaient être « pensés comme des
« plateformes » articulant les différentes interventions autour de la personne handicapée
(soins, loisirs, logement…) ».
56 Loi n° 2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l'action sociale et médico-social, article 18 [en ligne].
Journal officiel, n°2 du 3 janvier 2002. [consulté le 05/08/2012], disponible sur Internet : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000215460&dateTexte=&categorieLien=id
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 47 -
2.3.2 Evaluation des dispositifs et proposition d’un cahier des charges
Le schéma 2009-2013 précise que «la prise en charge à domicile constitue un des enjeux
majeurs des nouveaux dispositifs de prise en charge et d’accompagnement des
personnes handicapées ».
Suite à l’ouverture sur le département de plusieurs services d’accompagnement (SAVS et
SAMSAH) depuis la parution du décret n°2005-223, le Conseil Général fait le constat de
fonctionnements disparates entre ceux-ci. Des disparités provenant notamment du fait de
l’adossement ou non de ces services à un établissement : « un SAVS adossé au foyer
d’hébergement d’un ESAT, suivra les travailleurs handicapés qui ne sont pas hébergés en
foyer, et fonctionnera ainsi comme « service de suite ». Par conséquent, ces SAVS
peinent à s’ouvrir vers la population de leur territoire. »57
Les orientations actuelles du schéma visent en effet à mettre en avant, la question du
territoire « considéré comme un espace organisé mettant en lien un certain nombre
d’acteur » sur lequel les collaborations doivent être réfléchies et mises en place au
bénéfice des personnes accompagnées.
Face à la diversité des acteurs impliqués dans le soutien à domicile qui ont chacun leur
propre logique d’action, le Conseil Général réaffirme notamment la mission de
coordination des SAVS / SAMSAH inscrite dans les textes (décret 2005-223). Le schéma
départemental précise que les bénéfices attendus de cette coordination sont l’évitement
de la rupture de l’aide apportée, la connaissance du « qui fait quoi » et « à quel moment »
et la mise en œuvre effective des moyens adaptés pour répondre au projet de vie.
Pour ce faire, il propose, au-delà du conventionnement du travail partenarial entre les
secteurs social, médico-social et sanitaire, la modification du cahier des charges des
services d’accompagnement afin d’en préciser les missions.
Dans ce cadre, une enquête est diligentée par le Conseil Général auprès du Cabinet
ENEIS Conseil au second semestre 2010. Celle-ci fait ressortir certains questionnements
déjà présents dans le cahier des charges de 2004 ; des questionnements sur la répartition
territoriale actuelle et les spécificités des publics des services d’accompagnement du
département. L’enquête cherche à déterminer les possibles écarts de fonctionnement et
d’organisation entres les services concernant notamment les principes de file active, de
continuité dans l’accompagnement, de durée de l’accompagnement proposé…
57 Conseil Général et Direction départementale des Affaires Sanitaires et Sociales des Bouches du
Rhône, Schéma départemental en faveur des personnes handicapées 2009-2013, [consulté le 12/07/2012], disponible sur Internet : http://www.cg13.fr/fileadmin/user_upload/ConseilGeneral/SchemaDepartementaux/Document/schema-dep-personnes-handicapees-09-13.pdf
- 48 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
2.3.3 Définition d’un cahier des charges et mise en œuvre
Cette enquête a abouti à l’élaboration d’un cahier des charges pour les services
d’accompagnement présenté à l’ensemble des services fin novembre 201158.
Ce cahier des charges vient préciser les attentes à partir desquelles les dossiers
présentés dans le cadre d’appel à projet devront être en conformité pour l’obtention d’un
agrément ; les services existants devant s’inscrire dans une démarche d’actualisation.
Le cahier des charges spécifie notamment différents points que j’analyse et distingue en
quatre domaines différents :
Le cadre d’intervention
- les SAVS interviennent auprès de tout type de handicap
- l’accompagnement peut se faire sous la forme d’une intervention séquentielle, qui
précisera la durée de l’accompagnement dans la limite de 3 ans maximum
- les services fonctionneront selon le principe de la file active et accueilleront un
maximum de 3 personnes pour une place autorisée dans la limite d’1 ETP pour 16
personnes accompagnées issues de la file active
- afin d’assurer la continuité de la prise en charge, les services devront proposer
des interventions le week-end et durant les périodes de vacances scolaires afin
notamment de permettre un travail spécifique sur le processus d’autonomisation
la professionnalisation
- l’intervention d’accompagnement à la vie sociale comprend nécessairement une
intervention d’assistant socio-éducatif (assistant de services sociaux, éducateur
spécialisé, CESF), le cas échéant associée avec une intervention de moniteur
éducateur, de technicien d’intervention sociale et familiale, d’aide médico-
psychologique voire d’auxiliaire de vie
- les services doivent proposer aux professionnels des actions de supervision des
pratiques
le projet personnalisé
- les finalités de l’accompagnement sont de permettre la vie à domicile, la réalisation
du projet de vie par un accompagnement de la personne dans un processus
d’autonomisation
- la proposition d’intervention individualisée, ainsi que ses modalités, est élaborée
par le service avec le bénéficiaire. La formalisation de son accord est nécessaire
et doit être recueillie dès que possible
58 Conseil Général des Bouches du Rhône, 2011, Cahier des charges des services relevant de la
compétence départementale réalisant une intervention d’accompagnement à la vie sociale auprès de personnes adultes handicapées », Direction des Personnes Agées et des Personnes Handicapées, Marseille, 9p. (en Annexe 3)
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 49 -
- les objectifs d’intervention contractualisés avec la personne sont définis. Ils
peuvent intégrer un temps d’accompagnement réservé à la famille (parentalité,
accompagnement des enfants, de tout ou partie de la famille)
les modalités d’intervention
- les interventions doivent intégrer de façon significative la dimension de
coordination de l’ensemble des intervenants autour du projet de vie des
personnes
- l’intervention ne comprend pas d’interventions couvertes par la PCH, ni relevant
des actes domestiques et de soins
- les services situent leur action en complémentarité et en coordination avec les
autres intervenants et dispositifs. Dans cet objectif, des coopérations entre
services doivent être formalisées (soins, aide à domicile…)
- l’intervention intègre l’exercice d’une fonction de référence dont les modalités
doivent être inscrites dans le projet de service et le projet personnalisé
- chaque service doit déterminer des indicateurs de fin de prise en charge et
d’accompagnement permettant d’évaluer l’aboutissement du processus
d’autonomisation, la possibilité pour la personne de demeurer au sein de son
domicile, la nécessité d’organiser les liens nécessaires à la passation de relais
- toute demande de fin de prise en charge à l’initiative du service ou de l’usager, de
réorientation ou de poursuite de prise en charge doit faire l’objet d’un rapport
circonstancié et argumenté auprès de la MDPH
Le cahier des charges précise qu’il présente les bases de conformité attendues dans le
cadre des prochaines procédures d’appel à projet pour les services d’accompagnement. Il
précise encore que « à l’instar des services nouvellement autorisés, les services existant
devront s’inscrire dans une démarche d’actualisation, afin de répondre à terme, aux
exigences du présent cahier des charges.59 »
Le cahier des charges spécifie par ailleurs, que « au égard aux spécificités de certains
services existant, un temps d’adaptation leur sera nécessaire […]. Cette réorganisation
éventuelle, sera négociée et accompagnée avec les services du Conseil Général. »
Ce temps d’adaptation accordé par le Conseil Général correspond, suite aux discussions
que j’ai pu avoir personnellement avec ses inspecteurs ou plus collectivement avec
d’autres directeurs et responsables de service d’accompagnement, au temps restant
59 Conseil Général des Bouches du Rhône, 2011, Cahier des charges des services relevant de la
compétence départementale réalisant une intervention d’accompagnement à la vie sociale auprès de personnes adultes handicapées », Direction des Personnes Agées et des Personnes Handicapées, Marseille, 9p.
- 50 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
jusqu’aux évaluations externes des services qui fourniront alors la base de l’autorisation
de renouvellement.
Si un temps d’adaptation est accordé, le délai imparti est à moyen terme. Des réflexions
sont donc à mener au niveau associatif, au niveau du service pour conduire une
éventuelle réorganisation. En effet qu’en est-il de la spécificité du service, du projet
associatif ? En tant que directeur du service et donc garant du « projet d’établissement ou
de service en cohérence avec le projet de la personne morale gestionnaire... 60», il est de
ma responsabilité d’ouvrir, avec les représentants de l’association, une réflexion sur les
orientations à prendre pour demeurer en conformité avec les attentes du Conseil Général
sans pour autant renier ou négliger les bases du projet associatif.
2.3.4 Evaluation des écarts entre le cahier des charges et le
fonctionnement actuel du SAVS les Oliviers
Pour évaluer les écarts entre le nouveau cahier des charges proposé par le Conseil
Général et la situation actuelle du SAVS, j’ai opté pour un diagnostic réalisé sur la base
du modèle SWOT61. Ce diagnostic me permet, de mettre en avant les forces et les
faiblesses du service, mais aussi les opportunités et les menaces que présente son
environnement et notamment la mise en conformité avec le cahier des charges. Au-delà
d’être un outils de diagnostic, il est aussi un outils participatif favorisant une pédagogie de
changement.
Les écarts les plus importants se situent à mon sens dans le domaine que j’ai appelé « le
cadre d’intervention ». Il s’agit d’écarts impactant le sens même du projet associatif et de
service. L’association la Chrysalide, en tant qu’association de parents et d’amis de
personnes présentant un handicap mental, souhaite trouver des solutions
d’accompagnement pérennes pour ses enfants. L’ouverture du service à tout type de
handicap et la limitation dans le temps de l’accompagnement correspond au regard du
projet associatif à un non-sens qu’il est nécessaire d’éclairer.
Par ailleurs, le fonctionnement sur le principe de la file active, s’il permet quant à lui
d’envisager l’augmentation du nombre de personnes accompagnées, pose aussi la
question de la qualité de l’accompagnement, du temps restant réellement imparti pour
chacune des personnes accompagnées et donc des actions possibles à mettre en place.
60 Ministère du travail, des relations sociales et de la solidarité. Arrêté du 5 juin 2007 relatif au
certificat d’aptitude aux fonctions de directeur d’établissement ou de service d’intervention sociale [en ligne]. Journal officiel, n° 142 su 21 juin 2007. [visité le 12/08/2012], disponible sur internet : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000278231&dateTexte=&categorieLien=id 61
Diagnostic présenté en annexe 4
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 51 -
Une réflexion sur ces trois questions doit être menée afin d’évaluer les bases d’une
nécessaire négociation avec le Conseil Général.
Pour ce qui est du domaine de « la professionnalisation », le service répond, à l’heure du
diagnostic, déjà aux grandes lignes du cahier des charges. L’ensemble des
professionnels est diplômé et bénéficie d’une analyse de la pratique professionnelle. Un
questionnement sur les définitions de fonction, sur la notion de fonction de référence et
leurs répartitions reste toutefois à repréciser.
De la même manière, le service répond globalement au cadre défini pour le domaine du
« projet personnalisé ». Depuis ma nomination en tant que chef de service puis directeur
du service d’accompagnement, l’ensemble des outils de la loi du 2 janvier 2002 a été mis
en place. L’évaluation interne, réalisée en mars 2010, a amené le service à la réécriture
de son projet et a engagé l’ensemble de l’équipe dans une réflexion d’amélioration de la
lisibilité du processus de formalisation des projets personnalisés.
Enfin, les « modalités d’intervention » mises en avant par le cahier des charges
correspondent à celles mises en place par le service. Le positionnement du service en
tant que coordonateur doit toutefois être plus étayé auprès des partenaires. Les
indicateurs de fin de prise en charge et d’accompagnement sont eux aussi à préciser, le
service n’étant pas dans une culture envisageant réellement la fin de l’accompagnement.
Un travail important reste donc à faire à ce niveau, tant auprès des professionnels que
des représentants de l’association ou que des personnes accompagnées elles-mêmes.
L’évaluation des écarts entre le cahier des charges et le fonctionnement actuel du SAVS
les Oliviers permet de constater l’inscription du service dans le cadre posé par le décret
du 11 mars 2005 comme globalement par le nouveau cahier des charges. Il reste
toutefois des plans d’amélioration à mettre en œuvre et principalement des orientations à
négocier et à définir pour que la mise en conformité attendue soit effective.
Tel est le rôle et la mission du directeur de service, et tel est le projet que je me dois de
mettre en œuvre.
- 52 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
2.4 Conclusion 2ème partie
Le SAVS les Oliviers a depuis sa création évolué pour passer d’un fonctionnement de
service de suite à celui d’un « véritable » service d’accompagnement à la vie sociale. Des
évolutions dictées par les besoins et les attentes des personnes accompagnées elles-
mêmes, mais aussi par les avancées des cadres légaux et notammentpar la loi du 2
janvier 2002, celle du 11 février 2005 et par le décret du 11 mars 2005.
La définition d’un « nouveau cadre » d’intervention pour les services d’accompagnement
du département implique, pour une grande majorité d’entre eux, la réorganisation partielle
de leur fonctionnement, voire de leur projet de service.
Le SAVS les Oliviers n’échappe pas à cette réalité. Dans ce cadre, et au regard de ma
fonction de directeur, il m’appartient de mener le projet de réorganisation du service. Un
projet de réorganisation qui l’inscrira dans une démarche d’actualisation, de mise en
conformité avec les orientations du Conseil Général.
Le SAVS les Oliviers, précédemment engagé dans un processus d’évolution des
modalités d’accompagnement, répond déjà en partie à ces orientations.
Pour autant, le cahier des charges aborde des points qui viennent impacter directement à
la fois le projet de service, mais aussi le projet associatif.
Ainsi, certaines questions nécessitent la mise en place d’une réflexion générale avant
d’envisager l’adaptation du service à certaines d’entre elles.
Il s’agit notamment de :
- l’intervention auprès de tout type de handicap,
- la limitation dans le temps de l’accompagnement
- le fonctionnement sur le principe de file active
Les questions relatives à la professionnalisation, à l’élaboration des projets personnalisés
et aux modalités d’accompagnement seront bien entendu à mettre en tension également,
au regard des points précédents.
En tant que directeur, s’il est de ma responsabilité d’élaborer le projet d’établissement ou
de service afin qu’il soit conforme à l’ensemble des cadres légaux (le cahier des charges
représentant l’un d’entre eux), il est aussi de ma responsabilité de l’élaborer en cohérence
avec le projet associatif et les besoins et attentes des personnes accompagnées.
Il me parait donc indispensable de mener cette réflexion d’une part en interne avec les
professionnels du service, mais également et simultanément avec le Conseil
d’Administration de l’Association, les personnes accompagnées elles-mêmes, ainsi que
les partenaires directs du service.
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 53 -
3 PROMOUVOIR LA REORGANISATION DU SAVS LES
OLIVIERS
3.1 La réorganisation du service, dans quels objectifs ?
Après avoir dépeint, dans la première partie de ce travail, ma vision sur les avancées du
regard porté par la société sur les personnes en situation de handicap et précisé la place
qu’a pris l’accompagnement à domicile, j’ai recentré la seconde partie de ce mémoire sur
le SAVS les Oliviers et l’association La Chrysalide Marseille sur laquelle il s’appuie.
Si la place gagnée par les personnes en situation de handicap n’est ni anecdotique, ni
anodine – d’une place d’objet (indésirable, passif) elles obtiennent en effet le recentrage
sur elles-mêmes des dispositifs existants et bénéficient du statut de citoyen à part entière
– de nombreuses variables d’ajustement restent bien entendu à défendre, de nombreux
positionnement restent pétris du poids de l’Histoire, des histoires individuelles. L’évolution
est flagrante, mais elle doit être affirmée et soutenu. Ce rôle, me semble t’il, relève
notamment des structures d’accompagnement et des professionnels qui les constituent,
directeur en tête.
J’ai réaffirmé, dans la seconde partie du mémoire, l’attachement que portait l’association
La Chrysalide Marseille à ses valeurs, l’évolution dont elle a su faire preuve, tant au
niveau du regard qu’elle porte et de la place qu’elle donne à la personne en situation de
handicap, que des réponses et offres de services qu’elle est parvenue à leur proposer.
J’ai réaffirmé également les inquiétudes qu’elle formule vis à vis du bien être de ses
« enfants », du sentiment de besoin de pérennité dans les réponses à leur apporter.
Dans cette seconde partie encore, j’ai présenté les évolutions attendues par le Conseil
Général des Bouches du Rhône, inscrites dans son cahier des charges et j’ai évalué les
écarts que ce dernier présente avec le fonctionnement actuel du SAVS les Oliviers.
Bien entendu, face à ces nouvelles attentes, le Service d’Accompagnement n’est pas
dans la nécessité de tout réinventer. Si sa construction et son évolution s’est faite au
regard du positionnement associatif, elles se sont aussi appuyées sur les cadres légaux
amenés notamment par les lois de 2002 et de 2005, mais surtout par le décret du 11 mars
2005. De ce fait, le SAVS les Oliviers, lors de ma prise de fonction et au moment de
l’engagement de l’enquête diligentée par le Conseil Général, n’était pas du tout hors
cadre et ne nécessite donc pas une réorganisation complète. Pour autant, certains
positionnements, qui paraissaient divergeant entre le Conseil Général et l’Association, ont
du être étudiés pour évaluer les marges de manœuvre, d’évolutions possibles.
- 54 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
Les propositions du cahier des charges du Conseil Général réaffirmaient et recentraient la
mission des services d’accompagnement sur la question de la coordination du projet de
vie de la personne, avec un objectif d’autonomisation. Ce cahier des charges instituait,
par ailleurs, le principe de services généralistes (tout public), proposant un
accompagnement limité dans le temps (3 ans) et fonctionnant sur la base d’une file active
(jusqu’à 3 places occupées pour 1 place autorisée).
Le SAVS, et, plus largement, l’association la Chrysalide Marseille, se sont historiquement
et culturellement forgés sur le principe d’un nécessaire accompagnement tout au long de
la vie de la personne handicapée mentale. Un accompagnement généralement pensé
pour fournir directement l’étayage nécessaire à la réalisation du projet de vie autonome
de celle-ci, nécessitant donc des temps d’accompagnement éducatif conséquents et ne
permettant pas d’augmentation du taux d’accompagnement .
Bien que le service ait été engagé dans un processus visant l’accompagnement de
l’autonomisation des personnes accompagnées, la problématique induite par le cahier
des charges résultait donc pour moi de la mise en tension de quatre contraintes :
- La première, déclarant les services comme étant généralistes et donc ouverts à
tous publics, tous handicaps alors que le service dépend d’une association
gestionnaire, constituée de parents et centrée sur l’accompagnement de
personnes présentant un handicap mental
- la seconde, impulsant un cadre d’intervention resserré, centré sur la coordination
des réponses aux besoins de la personne (et donc des intervenants) et refusant
par là même un accompagnement jusqu’à présent plutôt volontairement éducatif
et « compensatoire »,
- la troisième, instituant le principe d’une durée limitée de l’accompagnement
proposé et s’opposant au souhait du maintien d’un accompagnement
« protecteur », structurant, continu et donc pérenne autour du projet de vie
d’adultes déficients intellectuels,
- la quatrième enfin, installant le principe de filel active et donc d’augmentation du
nombre de personnes accompagnées dans l’année sur les mêmes bases de
moyens alloués, contrastant avec le principe et la volonté associative de maintenir
un accompagnement de qualité à un public nécessitant, de par la nature de son
handicap, la récurrence d’interventions structurantes et étayantes.
Cette problématique m’a donc semblé se centrer sur la nécessité d’accompagner le
changement au sein du SAVS, dans l’intérêt des usagers, en cohérence avec les attentes
des politiques publiques et de la commande du financeur, mais aussi avec les valeurs du
projet associatif. Une problématique centrée sur l’évolution de la culture associative.
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 55 -
3.2 Promouvoir la réorganisation d’un service, une posture de
direction
La mise en place de ces évolutions a alors nécessité de ma part, en tant que directeur du
Service d’Accompagnement, la promotion et la dynamisation d’un processus de
changement auprès de l’ensemble des acteurs du service, qu’il s’agisse du Conseil
d’Administration de l’Association, de sa Direction Générale, des professionnels
intervenants sur le service, des personnes accompagnées elles-mêmes bien entendu et
des partenaires actuels ou potentiels.
Les référentiels professionnels des directeurs d’établissement ou de service d’intervention
sociale62, et notamment le référentiel de compétences, précisent que dans le cadre de
« l’élaboration et de la conduite stratégique d’un projet d’établissement ou de service », le
directeur doit « savoir traduire les politiques publiques dans le projet d’établissement ou
de service ». Ils précisent qu’il doit également « savoir identifier les valeurs, les
orientations et les ressources de la personne morale » tout comme « savoir établir un
diagnostic des besoins et attentes des usagers ».
La réorganisation d’un établissement ou d’un service se doit donc d’être clairement
élaborée dans la cohérence des trois axes que sont les politiques publiques, les valeurs
et orientations associatives ainsi que les attentes et besoins des personnes concernées.
C’est dans ce domaine là, autour de la question de la cohérence de ces trois axes que ma
fonction, ma posture de directeur se dessine. C’est autour de ces questions et de la
problématique d’évolution de la culture associative que je me dois particulièrement
d’affirmer, de clarifier cette posture.
L’évolution est amenée progressivement dans le cadre d’un processus de changement. Il
ne s’agit pas, en effet, de mettre en place une stratégie de rupture, mais bien de
changement à concevoir comme un élément vivant, en évolution. C’est à partir du modèle
proposé par Kurt Lewin que j’articule ma posture, mon style de management. Le
cheminement en trois phases – décristallisation, transition, recristallisation63 - invite bel et
bien le manager à amener ses collaborateurs à intégrer et donc à participer au processus
de changement. C’est sur ce modèle de management participatif, coopératif que je me
positionne en tant que directeur.
62
EHESP, référentiel professionnel des directeurs d’établissement ou de service d’intervention sociale, annexe 1 de l’arrêté du 5 juin 2007 relatif au certificat d’aptitude aux fonctions de directeur d’établissement ou de service d’intervention sociale, [consulté le 27/08/2012], disponible sur Internet : http://www.ehesp.fr/wp-content/uploads/2008/08/textes-relatifs-CAFDES.pdf 63
UQAM, stratégie de changement (modèle de Kurt Lewin), [consulté le 11/09/2012], disponible sur Internet : http://www.er.uqam.ca/nobel/k36565/PDF/strateg/changement.pdf
- 56 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
Je souhaite pouvoir construire les étapes de cette nécessaire évolution avec les acteurs
concernés. Je suis fondamentalement persuadé qu’au-delà du processus de changement,
le management d’équipes – qu’elles soient des équipes de cadres ou des équipes
d’accompagnement, de « terrain » – doit avant tout chercher à faire partager et intégrer
les missions de l’organisation, le sens des actions à entreprendre, dans le but de
construire sereinement un fonctionnement respectueux avant tout du public à qui il est
destiné, mais aussi de l’ensemble de ses acteurs.
Si bien entendu le management dans son ensemble, la conduite du changement pour ce
qui me préoccupe ici, implique pour moi des modèles managériaux participatifs ou
coopératifs, certaines de ces phases nécessitent des positionnements plus directifs. Si
pour moi, le directeur que je suis n’est pas un personnage omniscient ou omniprésent, il
occupe néanmoins une place particulière, le plaçant en capacité d’être, sans supériorité, à
l’écoute de ses collaborateurs, capable de faire émerger leurs compétences, en devoir de
respect, de bientraitance de l’ensemble des acteurs, en devoir d’équité, d’intégrité, de
fermeté, et donc en capacité de poser le cadre, d’affirmer ses convictions, d’assumer sa
responsabilité face aux risques et aux enjeux en présence.
Ainsi, ma posture s’éclaire au quotidien par mon souci de rendre possible et habituelle la
communication, de faciliter la parole de chacun, d’expliciter, d’élucider auprès de
l’ensemble des acteurs la complexité de notre environnement. Elle s’éclaire par mon
attachement sans relâche au cadre légal, au respect du droit, mais aussi par mon souci
du respect des personnes, de leur dignité, de leurs droits et de leurs aspirations, par mon
optimisme, mon engagement ainsi que mes croyances dans la valeur humaine qui
impliquent une nécessaire sérénité dans la posture. En ce sens, les contraintes, à travers
l’obligation qu’elles nous posent – et elles sont nombreuses – nous obligent
indéniablement à la réflexion, à la création de modèles, de systèmes différents et
adaptables.
Ma connaissance des politiques publiques, des valeurs et orientations associatives de
même que des attentes et besoins des personnes concernées, mon expertise dans ces
trois domaines me permettent de me projeter, d’impulser les orientations à prendre pour
le service. Ce sont ces orientations que je dois promouvoir, encourager, développer
auprès de l’ensemble des intervenants afin d’amener progressivement ces derniers à
dépasser les inquiétudes légitimes provoquées par la modification des bases, des repères
actuels. La question du projet, et donc de l’implication du directeur à son élaboration,
s’avère à ce titre centrale.
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 57 -
Pour Patrick Lefèvre, « le projet d’établissement est un acte symbolique de direction qui
vise à dynamiser l’institution et ses différentes ressources »64.
Pour ma part, la fonction de direction s’articule totalement dans cette nécessité
d’accompagner le changement en lien avec ses ressources. C’est là que la question du
sens donné au projet d’établissement ou de service, au projet de changement à engager
pour adapter le projet à ses contextes, prend tout son sens. Il ne s’agit pas de changer
pour changer, mais de changer pour aller vers un objectif qui améliorera les
fonctionnements actuels, en fonction de différents éléments extérieurs et dans l’intérêt
des bénéficiaires de l’action. Il s’agit de faire vivre le projet de changement, de le faire
vivre pour et par ses acteurs plutôt que de le subir passivement.
3.3 Définir les stratégies à mettre en place pour répondre aux
objectifs de changement
Si l’adaptation du service au cahier des charges nécessitait une réorganisation, elle ne
pouvait se faire sans qu’au préalable, une communication ne soit faite à l’association et
que celle-ci ne clarifie son positionnement.
Communiquer : Il me paraissait pour cela primordial de communiquer à l’Association,
président et directeur général, le projet du Conseil Général, les écarts de positionnement
et de fonctionnement relevés ainsi que d’engager une réflexion sur les orientations à
prendre, sur la temporalité à respecter afin de impulser les modifications nécessaires tout
en respectant les accompagnements en cours. Cette communication devait aussi être
prévue auprès des professionnels qui, inquiets dès le lancement de l’enquête,
s’interrogeaient quant aux modifications à apporter dans l’organisation du service.
Une fois cette réflexion engagée et les orientations associatives recueillies, il m’a alors été
possible d’envisager les évolutions concrètes, les changements réalisables permettant de
répondre en partie aux attentes du Conseil Général, sans pour autant perdre l’identité, la
spécificité du service d’une association de parents. La mise en place de ces évolutions
s’est organisée autour de plusieurs axes.
Redéfinir le projet de service : Il m’a semblé effectivement important de redéfinir dans
un premier temps le cadre, les missions et les limites de l’intervention du service et pour
cela d’inscrire les modifications à engager progressivement au cœur du projet de service.
Cette redéfinition et cette réécriture impliquaient nécessairement l’ensemble des
professionnels du service dans une dynamique managériale participative.
64
LEFEVRE P., 2011, Guide du métier de directeur en action sociale et médico-sociale, 3ème
édition, Paris, Dunod, 512 p., p. 224
- 58 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
Faire évoluer conjointement le fonctionnement du service et ses outils : Plus
concrètement, la redéfinition du cadre, des missions et des limites de l’intervention du
service a amené à l’évolution de certains paramètres. Il s’agit notamment de la gestion du
personnel et de la définition des fonctions, de l’organisation et du fonctionnement du
service, des outils de gestion et de suivi des projets personnalisés ainsi que des
accompagnements. Ces évolutions ont nécessité à la fois un travail de construction avec
l’ensemble de l’équipe d’accompagnement, mais aussi, pour certaines, de concertation
avec les représentants du CVS, pour d’autres de validation par les instances associatives
et/ou représentatives du personnel.
Inscrire les nouveaux accompagnements dans cette nouvelle organisation et
amener le changement auprès des personnes déjà accompagnées : Les
changements programmés ont dû être intégrés au fur et à mesure de leur validation pour
les nouveaux accompagnements mis en place. Ils ont demandé un travail d’adaptation et
d’intégration plus souple et individualisé en fonction des spécificités des handicaps
comme des projets d’accompagnement déjà engagés. S’il me paraissait important
d’intégrer les changements auprès des personnes déjà accompagnées, il me semblait
tout autant nécessaire de respecter leur éventuel besoin de stabilité et de rassurance.
Coordonner les positions et les évolutions avec les opérateurs départementaux :
Parallèlement aux travaux menés en interne, il me semblait également important
d’interroger les positionnements et les modalités d’évolution prises par l’ensemble des
opérateurs départementaux concernés par ce nouveau cahier des charges, notamment à
travers le Mouvement Parcours Handicap 1365. Ma participation ou celle du chef de
service aux réunions organisées par le Mouvement Parcours a permis à la fois d’avoir une
lecture et une interprétation collective du cahier des charges, d’évaluer les marges de
manœuvre possibles, et, surtout, d’apporter des réponses plus collectives au Conseil
Général sur les conséquences des évolutions attendues sur les projets associatifs.
Evaluer les actions mises en place : Engager des modifications substantielles dans un
projet de service n’est jamais sans conséquence. Celles-ci ont été réfléchies dès
l’annonce de la prochaine modification du cahier des charges. L’ensemble des
changements engagés a fait l’objet de critères d’évaluation permettant à la fois l’efficience
de leur mise en place, mais aussi, à terme, le maintien de la qualité de l’accompagnement
proposé.
65 Le Mouvement Parcours Handicap 13, mouvement militant, bénévole et territorialisé, regroupe
plus d'une centaine d’associations et d’organismes intervenant pour les personnes en situation de handicap dans les Bouches-du-Rhône. http://www.parcours-handicap13.fr/qui-sommes-nous/presentation
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 59 -
3.4 Conduire la promotion et la dynamisation du processus de
changement
La conduite même du processus de changement que j’ai souhaité mettre en place
s’articule sur trois années. Elle débute en octobre 2010, quatre mois après ma prise de
fonction en tant que directeur du SAVS les Oliviers et plus globalement du site de
Montolivet, au moment de l’annonce par le Conseil Général du projet d’enquête sur les
services d’accompagnement. La programmation du processus permet de décliner ses
différentes phases jusqu’environ février 2014, une fois les actions mises en place
évaluées une première fois dans le cadre d’une évaluation externe.
Le déroulement de ces actions s’organise pour certaines de façon concomitante ou
concourante. Pour des raisons de facilité de présentation et de lecture, j’ai fait le choix de
les présenter les unes après les autres, en fonction de leur développement dans la
stratégie précédemment développée66.
3.4.1 Communiquer autour de la commande de changement
A) Communiquer avec l’Association
Par l’intermédiaire de son Directeur Général et de son Président, j’ai informé l’association
de l’enquête diligentée par le Conseil Général dès que celui-ci l’eu présentée en
novembre 2010. Les attendus suggérés et leurs implications étaient pour moi
suffisamment explicites pour venir interroger le projet de service, comme le projet
associatif, notamment en ce qui concernait un probable passage à un fonctionnement en
file active, une possible limitation de la durée de l’accompagnement et/ou de l’âge des
personnes accompagnées. Sans informations plus précises sur les éventuelles
orientations que prendrait le nouveau cahier des charges, j’ai proposé au Président et au
Directeur Général de les tenir informés des avancées de l’enquête et de l’évolution du
cahier des charges.
Les positionnements précisés par l’Association étaient pour autant très clairs : l’objectif du
SAVS est bien de proposer à des personnes présentant un handicap mental, un soutien
dans la mise en place de leur projet de vie autonome, le service étant garant de la qualité
de l’accompagnement proposé en fonction de leurs attentes et des besoins repérés par
les professionnels.
66
Une frise chronologique est présentée en annexe 6 et décline les avancées du processus de changement, étapes par étapes et pour certaines, leur imbrication
- 60 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
B) Communiquer avec le personnel
Une fois l’information transmise à l’Association, j’ai organisé, avec l’Equipe de Direction67,
la présentation de l’enquête auprès de l’équipe intervenant sur le SAVS. Celle-ci a
cristallisé des inquiétudes quant à la pérennité des actions en place, comme du
fonctionnement même du service. J’ai donc repris avec l’ensemble des professionnels les
objectifs de l’enquête, le souhait du Conseil Général de pouvoir, par une plus grande
lisibilité de l’existant, apporter les réponses aux demandes d’accompagnement des
projets de vie de personnes en situation de handicap sur le département, notamment via
la réorganisation territoriale ou la création de nouveaux services. J’ai également demandé
à l’ensemble de l’équipe du SAVS de répondre de la façon la plus objective possible aux
questionnaires et aux interviews du cabinet mandaté pour l’enquête. J’ai dû toutefois
rassurer l’équipe sur le maintien, à terme, des grandes lignes du projet de service,
l’Association tenant à préserver la qualité de l’accompagnement proposé.
En parallèle à cette présentation au personnel du service, j’ai convoqué les représentants
du personnel du site afin de les informer, eux aussi, des modalités et des objectifs de
l’enquête engagée. Ils ont exprimé à leur tour leurs inquiétudes sur les modifications que
pouvait entraîner la réécriture du cahier des charges sur l’organisation et le
fonctionnement du service. Je me suis engagé à les informer, comme les professionnels
du service, des évolutions prévues dans le cadre du cahier des charges à venir.
C) Communiquer avec les personnes accompagnées
Déontologiquement, il me paraissait nécessaire d’informer les personnes accompagnées
des éventuelles modifications qu’apporterait le cahier des charges. Pour autant, en accord
avec l’équipe de direction et l’équipe d’accompagnement, aucune information ne leur a
été transmise dans un premier temps. Il paraissait en effet plus opportun, compte tenu
des craintes que peut engendrer toute idée de modification de l’existant et du caractère
pour l’instant non déterminé de ces modifications, d’attendre le positionnement définitif du
Conseil Général sur le cahier des charges, comme celui de l’Association.
L’enquête auprès des services s’est achevée en avril 2011. Le Conseil Général a
rapidement communiqué à l’ensemble des services d’accompagnement une première
analyse sur les résultats de l’enquête, mettant en avant des disparités de fonctionnement
et d’organisation des services. En septembre, une seconde analyse était proposée aux
services. Elle présentait les grands axes du prochain cahier des charges.
67 Je considérerais, dans les pages qui suivent, l’Equipe de Direction comme étant composée du
Directeur, de la Directrice Adjointe, des Chefs de Services et plus particulièrement du Chef de Service du SAVS
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 61 -
Dans la continuité et pour affiner cette analyse, le Conseil Général conviait en octobre et
novembre 2011, les différents services d’accompagnement départementaux à des
groupes de travail reprenant les thèmes centraux amenés à être développés :
- spécialisation, territorialisation et polyvalence
- complémentarité des interventions
- accompagnement dans le temps des bénéficiaires
- dynamique des équipes en interne et en externe
Le cahier des charges était enfin présenté en réunion plénière en décembre 2011.
Cette présentation du cahier des charges, comme celles des analyses intermédiaires,
faites par le Conseil Général, a nécessité à nouveau un travail de communication auprès
de l’Association, des professionnels et de leurs instances représentatives. Les écarts
formalisés entre le fonctionnement actuel du service et les attentes du cahier des charges
ont permis d’établir la réalité de l’inscription actuelle du service dans la dynamique
attendue par le Conseil Général. Elle a aussi permis de définir les points d’achoppement
du cahier des charges et de clarifier le positionnement associatif face à celui-ci.68
Ces points d’achoppement étaient principalement au nombre de trois :
- La notion de file active avec jusqu’à 3 places occupées pour 1 place autorisée
- La notion de limitation de la durée d’accompagnement à 3 ans difficilement
compatible avec le projet associatif et la spécificité du public accompagné
- La notion de service généraliste questionnant pour une association de parents de
personnes présentant un handicap mental
Comme ce fut le cas pour d’autres services, le positionnement associatif a pu être abordé
avec le Conseil Général qui précisait à nouveau que, pour les services précédemment
autorisés, rien ne se ferait de façon précipitée, qu’une adaptation serait à envisager au
cas par cas avec les inspecteurs respectifs. Pour autant, la remise en cause des points
perçus comme étant des points d’achoppement ne semblait pas réellement envisageable.
3.4.2 Réinterroger et préciser le projet de service
Comme je l’expliquais précédemment, dès les axes de l’enquête précisés, différentes
attentes du Conseil Général étaient pressenties. Le projet de service ayant fait l’objet
d’une réactualisation complète entre mai et octobre 201069, il m’a donc semblé nécessaire
de le réinterroger à partir du prisme de ces éléments nouveaux.
68 Voir en annexe 5 un échange mail avec la Direction Générale et le Président de l’Association.
69 Les projets d’établissement du site de Montolivet ont fait l’objet d’une réactualisation avec
l’ensemble des professionnels dans le cadre d’une démarche participative. Les personnes accompagnées ont été intégrées à la démarche par le biais d’une enquête de satisfaction. La
- 62 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
Après un travail de relecture par l’Equipe de Direction, en février/mars 2011, il m’est
apparu que, dans les grandes lignes, le projet de service nouvellement réactualisé ne
semblait pas contenir de contre-sens flagrant avec le projet de cahier des charges.
J’ai estimé nécessaire d’engager cette relecture avec l’ensemble des salariés dans un
double objectif : l’intégration que le projet de service actuel correspondait au cadre
pressenti du cahier des charges ; l’affirmation que les précisions à insérer au projet
préserveraient les principes de bientraitance et de qualité de l’accompagnement à mettre
en place tels qu’ils étaient inscrits dans le projet de service et le projet associatif.
Cette proposition a donc été faite début mai 2011, après transmission par le Conseil
Général de leur première analyse, lors d’une réunion hebdomadaire élargie que j’ai
présidée et à laquelle ont participé les membres de l’équipe d’accompagnement, la
psychologue, la secrétaire détachée au service et l’équipe de direction. Au cours de celle-
ci, j’ai précisé qu’il ne s’agissait pas, à travers cette relecture et cette réflexion, de
reprendre le travail effectué quelques mois auparavant, mais bien de vivre le changement
de l’intérieur et non de le subir passivement ; qu’il était indispensable d’anticiper une part
des évolutions à mettre en place sans pour autant renier le travail accompli jusqu’alors.
J’ai demandé que ce travail soit mené par le Chef de Service sur des temps de réunion
hebdomadaire, comme dans le cadre de petits groupes de travail. L’objectif de cette
réflexion était une première actualisation du projet de service en octobre 2011 ainsi
qu’une amélioration des modalités de fonctionnement et des outils d’accompagnement.
Des retours sur les avancées de ce travail étaient attendus lors des réunions de direction
hebdomadaires. Trois réunions de comité de pilotage que j’ai présidé (composé de deux
représentants de l’équipe d’accompagnement, du chef de service et de la Directrice
adjointe) ont par ailleurs été programmées dans le but de valider ces avancées, puis la
réactualisation du projet de service.
Pour autant, si aucun contre-sens flagrant n’apparaissait, différents points du projet de
service nécessitaient, à la lecture de la première analyse du Conseil Général, quelques
précisions ou réflexions. Il s’agissait notamment de questions liées :
- à la professionnalisation à l’adaptation au poste des personnels
- à une possible généralisation du fonctionnement en file active
- aux modalités d’intervention centrées sur la coordination du projet de vie dans un
processus d’autonomisation, la détermination d’indicateurs de fin d’accompagnement
- à la contractualisation des modalités d’interventions, des attentes et des besoins
démarche fut coordonnée par un comité de pilotage, que j’ai animé, et qui a assuré la synthèse des travaux ainsi que l’écriture des projets 2011/2015, version 2011.
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 63 -
De façon concomitante, pour alimenter cette réflexion, mais aussi pour affiner et
consolider mon positionnement face à la perspective de ces évolutions, j’ai participé avec
le Chef de Service du SAVS aux groupes de travail mis en place par le Conseil Général
mais aussi à ceux mis en place par le Mouvement Parcours Handicap 1370 sur le thème
de la vie à domicile, puis sur celui d’une lecture commune du cahier des charges.
Ce travail de relecture, avec l’équipe d’accompagnement a permis d’estomper les
premières craintes exprimées lors de l’annonce des attentes du cahier des charges. Il a
permis une consolidation de la cohésion d’équipe autour des fonctionnements et des
principes d’interventions travaillés lors de ces temps de réflexion et concrétisés par
l’actualisation du projet 2011-2015, version 2012, comme du projet personnalisé.
Cette question de la cohésion, et au final de l’adhésion des professionnels, des équipes
d’accompagnement était au centre des préoccupations qui m’animaient en tant que
directeur, notamment sur les questions de l’élaboration du projet d’établissement ou de
service et de la bientraitance. Il me semble, comme le préconise l’ANESM, que le projet
ne peut se concevoir que comme « un projet intégrant les évolutions majeures du
secteur » à partir d’une « élaboration reposant sur la participation active des parties
prenantes »71, que celui-ci doit être « construit, évalué et réactualisé avec le concours des
professionnels » et qu’il est alors « garant de la bientraitance »72.
En fait, c’est bien le partage du sens que l’on va donner à l’action, au projet, qui est garant
de cohésion et de bientraitance. Le directeur a donc la mission de mettre en œuvre ce
partage, qu’il soit impulsé par une « obligation » de changement, d’adaptation ou non.
3.4.3 Faire évoluer conjointement le fonctionnement du service et
ses outils
A travers ce travail de relecture, ce sont aussi les modes de fonctionnement du service et
les outils utilisés qui furent questionnés. Ainsi, le projet personnalisé a été remodelé, la
question de l’autonomisation et des critères de sortie ou de fin d’accompagnement a été
précisée avec l’équipe d’accompagnement et pour partie avec les personnes
70 Le Mouvement Parcours Handicap 13, mouvement militant, bénévole et territorialisé, regroupe
plus d'une centaine d’associations et d’organismes intervenant pour les personnes en situation de handicap dans les Bouches-du-Rhône. http://www.parcours-handicap13.fr/qui-sommes-nous/presentation 71
ANESM, 2010, Élaboration, rédaction et animation du projet d’établissement ou de service, synthèse, [consulté le 03/09/2012], disponible sur Internet : http://www.anesm.sante.gouv.fr/IMG/pdf/reco-projet-etablissement-service-anesm.pdf 72
ANESM, 2008, La bientraitance : définition et repères pour la mise en œuvre, [consulté le 03/09/2012], disponible sur Internet : http://www.anesm.sante.gouv.fr/IMG/pdf/reco-bientraitance.pdf
- 64 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
accompagnées. Les questions de réorganisation du service et de professionnalisation de
l’équipe d’accompagnement ont été travaillées en interne, en incluant les instances
représentatives du personnel et les représentants du Conseil de la Vie Sociale.
De ma place de directeur, la nécessité d’évolution, que supposaient les orientations du
cahier des charges, impliquait l’adoption d’une approche mobilisant l’organisation de
l’intérieur par une démarche participative incluant bien sûr les cadres, l’ensemble des
collaborateurs, et donc leurs représentants, mais aussi les représentants des personnes
accompagnées. Une démarche que j’avais engagée près de deux ans auparavant pour la
réactualisation des projets d’établissement du site et qui, à l’époque, avait porté ses fruits.
A) Re-modélisation du projet personnalisé
Les projets personnalisés travaillés par le service l’ont toujours été en intégrant totalement
les intéressés : il a toujours été question du projet de la personne, en fonction de ses
attentes et de ses besoins. Pour autant, les questions de formalisation de son accord, de
ses attentes personnelles, des besoins repérés par les professionnels, de l’évaluation des
actions et moyens mis en œuvre étaient mal repérées. Il s’agissait d’un point relevé dans
le cadre de l’évaluation interne mise en place pour la première fois en février 2011 pour
l’année 2010. Il avait fait l’objet d’un axe du plan d’amélioration de la qualité prévoyant
initialement la mise en place de groupes de travail sur le sujet pour l’ensemble du site.
L’actualité du service (enquête et cahier des charges) avait décalé sa participation et donc
la mise en œuvre de ces groupes de travail. Ils ont toutefois été engagés dès le mois
d’août et ont permis une nouvelle modélisation des projets.
En effet, les questionnements liés à une meilleure expression de ces questions dans le
projet de service ont impliqué simultanément la construction des éléments de leur
formalisation. Ainsi, entre les mois d’août et de novembre 2011, une nouvelle trame de
projet est apparue, intégrant à la fois les réflexions menées par le travail de groupe du site
comme par le travail de réactualisation du projet spécifique du service. Les éléments de
lisibilité à la fois de la participation de la personne à l’élaboration de son projet, de
l’évaluation de ses compétences sociales, de l’expression de ses attentes, du repérage
de ses besoins, de la négociation des objectifs d’accompagnement étaient recherchés.
Comme pour le projet, j’avais mandaté le chef de service pour mener ce travail. Les
réunions du comité de pilotage mises en place pour la réactualisation du projet ont
également permis les validations progressives de ces travaux. Une trame de projet
personnalisé, spécifique à l’organisation de l’accompagnement du SAVS, mais intégrant
bien un ensemble de données communes à la formalisation des projets personnalisés du
site, a été validé en décembre 2011 pour être effectif dès leur réactualisation en 2012.
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 65 -
B) Autonomisation et affinement des critères de sortie de l’accompagnement
L’accompagnement proposé par le service, quelle que soit sa durée, a toujours fait l’objet
de projet d’accompagnement personnalisé. Toutefois, le principe « protecteur » d’un
accompagnement tout au long de la vie impliquait la poursuite de l’accompagnement tant
que la personne n’exprimait pas le souhait d’y mettre fin, de s’en extraire. Ce principe
« protecteur » basé sur l’idée d’une nécessaire sécurisation du projet de vie de la
personne reconnue handicapée venait toutefois fragiliser les efforts d’autonomisation mis
en place par les accompagnateurs, mais aussi et surtout par les personnes elles-mêmes.
Les finalités de l’intervention d’accompagnement à la vie sociale réaffirmées par le cahier
des charges invitent à la contribution, à la réalisation du projet de vie de la personne, mais
réaffirment qu’elle doit se construire dans un processus d’autonomisation. Si les
conséquences du handicap peuvent venir questionner à terme ce processus
d’autonomisation, il me semblait néanmoins indispensable de venir l’interroger, auprès
des professionnels, mais aussi et essentiellement auprès des personnes accompagnées.
Evidemment, ce questionnement a été posé lors du travail en équipe autour du projet de
service, du projet personnalisé et des éléments de repérage de critères de sortie ont été
proposés. Je souhaitais pour autant pouvoir être destinataire de critères plus précis,
prenant notamment en compte les attentes et les ressentis des personnes, premières
intéressées par la question. Nous avons donc convenu en équipe de direction, dès février
2012, que ces critères devaient être relevés par des interlocuteurs « externalisés », moins
directement « impliqués » dans le projet que l’équipe d’accompagnement. C’est donc
dans le cadre des procédures de renouvellement de notification, conduites conjointement
par la psychologue et par le chef de service, que nous avons procédé à ce repérage.
Celui-ci s’est organisé pour une part entre les mois de février et de juin 2012. Il s’agissait,
à partir d’un échéancier tenant compte des fins de notifications à venir, d’interroger les
personnes concernées sur leur souhait de poursuite ou d’arrêt de l’accompagnement, sur
les raisons ou les motifs qui, selon elles, nécessitaient cette poursuite ou cet arrêt, sur ce
qu’elles pensaient qu’il se passerait si la poursuite de l’accompagnement ne pouvait se
réaliser. Des précautions soient prises pour que ces questionnements n’entrainent pas
trop d’inquiétudes, d’angoisses quant à l’éventualité d’un arrêt de l’accompagnement. Ces
questionnements furent toutefois l’occasion d’envisager avec les personnes l’idée de la fin
de l’accompagnement, que celui-ci s’articulait autour d’un projet d’autonomisation. Onze
personnes ont donc été reçues et ont apporté leur contribution à ce repérage ; 6 autres le
furent dans le cadre d’entretiens d’admission, en amont de l’accompagnement, pour des
personnes orientées par des partenaires en vue d’envisager un projet de vie autonome.
Au final, un panel de près d’un tiers de l’effectif autorisé fut mis à contribution.
- 66 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
Les résultats de ces entretiens, confrontés aux objectifs d’accompagnement travaillés par
les référents auprès des personnes, furent analysés par la psychologue et le chef de
service afin de chercher à délimiter des critères de sortie de l’accompagnement d’une
part, mais aussi des critères incitant à leur poursuite. Ces conclusions, présentées dans
un premier temps en réunion de direction, ont ensuite été abordées avec l’ensemble de
l’équipe d’accompagnement. J’ai procédé, fin aout 2012, avec le chef de service, dès leur
finalisation, à la validation des critères évaluant la cohérence de l’interruption ou de la
poursuite de l’accompagnement d’une personne. Ces derniers ont été intégrés, comme le
demande le cahier des charges, à la version 2013 du projet de service 2011/201573.
C) Gestion de la file active
L’équipe d’accompagnement s’est, lors des augmentations d’effectif autorisé,
progressivement étoffée74. Elle est passée de 2 Equivalents Temps Plein (1 en moniteur
éducateur et 1 en aide médico-psychologique) à 5.75 ETP (3 ES, 0.75 CESF, 1 ME et 1
AMP75) de la création du service à aujourd’hui. Cette évolution de la composition de
l’équipe d’accompagnement résulte d’un choix délibéré de ma part, innovant dans une
association de plus de 850 salariés : un choix stratégique instaurant une approche
d’autres techniques d’accompagnement, en phase avec mon objectif de faire évoluer le
projet de service.
Les budgets ont bien entendu été révisés en conséquence, à la fois à partir du nombre de
places autorisées et donc financées, mais aussi à partir de l’évolution du prix de journée à
la place (tarif applicable accordé par le Conseil Général) et du taux d’occupation accordé.
Si l’autorisation actuelle permet l’accompagnement de 60 personnes, le nombre de
journées à réaliser est pondéré par le taux d’occupation imputé au service76. Ce taux
permet à la structure concernée de ne pas être dans l’obligation de disposer en
permanence d’un effectif complet ; le remplacement d’une personne sortant des effectifs
pouvant prendre quelques jours voire quelques semaines. Les partenariats mis en place
avec des foyers d’hébergement, des IME, des ESAT ont permis ces dernières années au
SAVS, et cela malgré des difficultés ponctuelles de remplacement des effectifs sortants,
de régulièrement réaliser un nombre de journées supérieur au nombre de journées
retenues par le Conseil Général (sans pour autant atteindre le nombre de journées
théoriques : effectif complet soit 60 par 365 jours).
73 Voir en annexe 7 les critères d’évaluation de la pertinence des demandes de renouvellement de
notification auprès de la MDPH 74
Voir en annexe 2 l’organigramme SAVS les Oliviers (avec variation des effectifs) 75
Voir la liste des sigles en début de mémoire 76
Voir en annexe 8 le tableau de présentation de l’activité 2004 / 2012
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 67 -
A cet égard, le Conseil Général estime que, du fait du jeu des entrées et sorties du
service77, celui-ci peut être considéré comme fonctionnant actuellement sur le principe de
la file active. C’était notamment le retour qui m’était fait lors des groupes de travail
organisés par le Conseil Général d’octobre et novembre 2011.
Lors de la dernière négociation budgétaire de mars 2012, à l’expression de mon
inquiétude devant l’augmentation du taux d’occupation (99.21%), l’inspecteur du Conseil
Général m’invitait à procéder à du « sureffectif » afin d’éviter la perte de journée lors de
sorties des effectifs de personnes accompagnées, comme le propose le principe de la file
active du cahier des charges. Un positionnement annoncé en janvier 2012 par la chef de
service « tarification et programmation » de la Direction Personnes Agées et Personnes
Handicapées du Conseil Général qui m’invitait, lors d’un entretien téléphonique, à
augmenter notre file active pour atteindre le seuil prévu par le cahier des charges.
L’Association, sans s’opposer au principe de la file active, se positionnait en mars 2012,
exprimant que cette augmentation ne pouvait être effective en l’état. Elle souhaitait, par
ailleurs, que soit reconnue la spécificité du public et de son accompagnement. Une
spécificité qui, de part la déficience mentale, ne permet que difficilement d’envisager, pour
certains, une baisse de la fréquence ou de l’intensité de l’accompagnement proposé.
L’augmentation de la file active n’impliquant aucune révision des financements des
accompagnements, il était nécessaire d’envisager des sorties du service. La délimitation
des critères de sortie de l’accompagnement comme ceux de sa poursuite et leur
inscription dans le projet de service ont permis d’engager avec plusieurs personnes
accompagnées des projets de sortie. La perspective de sortie de 10 personnes, et de leur
remplacement dans le courant de l’année, renforcerait la file active d’autant.
En accord avec l’Association, j’ai donc retenu le principe d’un renforcement progressif des
effectifs permettant le passage graduel à une file active plus importante. J’ai, à ce sujet,
proposé, en mai 2012, un échéancier à l’association, envisageant alors le passage à un
effectif de 63 personnes accompagnées en continu fin 2012, de 66 fin 2013 et de 70 fin
2014. Ces augmentations des effectifs réels permettent d’envisager, avec l’intégration
d’un nombre moyen de personnes sorties de l’effectif en cours d’année, à une file active
de 73 (63+10) fin 2012, de 78 (66+12) fin 2013 et de 85 (70+15) fin 2014.
Cette proposition, validée par l’association, a été transmise pour information à l’inspecteur
du Conseil Général en septembre 2012 et lui sera reprécisée lors des prochaines
négociations budgétaires, comme nous y invitait précisément le cahier des charges.
Elle était présentée en réunion d’équipe et aux représentants du personnel dès juin 2012
afin de clarifier le positionnement retenu et l’étalement dans le temps de la montée en
77 Voir en annexe 9 le tableau des effectifs « entrées » et « sorties » du SAVS 2004 / 2011
- 68 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
charge du service. L’objectif était de confirmer l’obligation qui nous était faite, mais aussi
de préciser que nous construisions ensemble les modalités de sa mise en application.
Bien entendu, cette présentation a réactivé les inquiétudes des personnels. Le principe de
la montée en puissance de la file active a été vécu directement comme une montée en
charge du travail à fournir (démarches, projets personnalisés…). Dans un même temps,
elle a permis d’officialiser, de clarifier le positionnement associatif comme le mien et par là
même d’éteindre (ou de pondérer) l’embrassement des professionnels face au sentiment
d’incertitude, lié au fantasme d’une augmentation incontrôlée des charges de travail.
Le changement, pour qu’il soit accepté, pour qu’il soit intrinsèquement acceptable, doit,
selon moi, comporter suffisamment de points de repères stables et clairs pour les acteurs,
afin de pondérer les espaces d’incertitudes inhérents à la notion même de changement.
D) Ouverture du service à tout type de handicap
Il s’agissait, là aussi, d’un point d’achoppement pour l’Association avec les directives du
cahier des charges. Le positionnement de cette dernière, ancrée sur son histoire et sur sa
spécificité, demeure celui de maintenir les principes d’accueil de l’association
principalement orientés vers les personnes présentant un handicap mental. Pour autant,
nos rapports d’activité (SAVS, structures du site de Montolivet, ensemble des structures
de l’association) montrent bien une progression des effectifs des personnes présentant en
plus de leur handicap mental, d’autres déficiences, notamment psychiques.
Les attentes du Conseil Général, précisées dans le préambule du cahier des charges, est
de répondre à la croissance des besoins émergeant du territoire en assurant l’équité, la
cohérence de ce développement. L’enquête, demandée par le Conseil Général, a
confirmé et précisé ce que personne n’ignorait réellement, à savoir l’inégalité territoriale
des réponses apportées aux besoins des personnes handicapées. Certaines zones du
département sont des « déserts » en terme de réponses alors que d’autres, plus denses,
semblent plus que pourvues et disposent d’un panel conséquent de dispositifs en place.
Marseille rentre bien entendu dans cette seconde catégorie et permet au SAVS les
Oliviers de disposer sur son territoire d’interventions de différents services
d’accompagnement (SAVS et SAMSAH) répondant à des publics spécifiques.
Le principe, présenté et retenu par l’Association, était donc de maintenir une
spécialisation du SAVS en œuvrant avec les autres services d’accompagnement du
territoire marseillais pour orienter les demandes vers les services les plus adaptés aux
attentes des personnes. Il s’agit, ni plus ni moins, de la mise en action des principes de
coopération et de partenariat exprimés notamment par les lois 2002-2 et 2005-102. Ce
principe a également fait l’objet de réflexion et a été coopté par l’ensemble des services
d’accompagnement dans le cadre du Mouvement Parcours Handicap 13.
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 69 -
Bien entendu, le principe de la nécessaire réponse à apporter à l’ensemble des
demandes reste un principe de base, mis en place et appliqué bien avant la parution du
cahier des charges. Ma préoccupation de directeur est bien de répondre à l’ensemble des
demandes adressées aux structures que je dirige. Si des réponses positives d’admission
ne sont pas toujours possibles, l’objectif de ne pas laisser la personne demandeuse sans
réponse est pour moi un objectif prioritaire. Dans ce sens, il me semble cohérent de
poursuivre, peut être de façon plus organisée, voire « conventionnée », le travail de
coopération et de partenariat engagé pour répondre au mieux aux attentes des
personnes, que ce soit en terme de territorialisation comme en terme de spécialisation.
E) Réorganisation et professionnalisation de l’équipe d’accompagnement
Dynamiser un processus de changement tel que celui attendu à travers le cahier des
charges, n’est pas envisageable sans y engager les personnels concernés. La question
de leurs conditions de travail me semble en effet directement impactée, que ce soit au
niveau de la structuration du service comme de son fonctionnement interne.
Pour entreprendre ces changements, je devais prendre en compte bien entendu les
attentes du Conseil Général mais aussi et surtout les attentes et les besoins des
personnes accompagnées afin d’évaluer les besoins d’adaptation du service. J’ai donc
sollicité en juillet 2011 le chef de service afin que, par les travaux, les réflexions à
engager autour de ces thèmes, il amène l’équipe à un questionnement sur la
réorganisation interne que nous avions à mener.
Ce travail a nécessité au préalable, en équipe de direction, un temps de coordination et
de clarification des objectifs et des limites à établir pour cette réorganisation. Les objectifs,
rapidement cernés, furent validés par la direction générale et le Conseil d’Administration
de l’Association : réorganiser le service pour maintenir des réponses adaptées aux
besoins des personnes accompagnées. Il s’agissait donc de clarifier, dans le respect des
cadres légaux et dans l’intérêt du service, les fonctions, les modes et les formalités
d’intervention des personnels impliqués dans l’accompagnement.
Définitions des besoins des personnes accompagnées
Cette question, préalable au principe de réorganisation, a fait l’objet de réflexions menées
lors de la réactualisation du projet de service et des projets personnalisés. Un travail de
relevé de l’ensemble des axes de travail mis en œuvre dans le cadre de ces derniers a
permis de délimiter l’ensemble des champs d’intervention.
Une première synthèse de ce relevé, en accord avec le chef de service, a été présentée
en réunion par une éducatrice spécialisée du service en octobre 2011 et retravaillée par
l’ensemble du service. Les remarques de la psychologue, plus neutres ou moins
engagées que celles des membres de l’équipe de direction, ont permis d’élaborer assez
- 70 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
rapidement un repérage objectif des besoins et des attentes des personnes, intégré à la
réactualisation du projet de service 2011-2015, version 2012. Si les personnes
accompagnées n’ont pas été interrogées dans ce but à ce moment précis, ces besoins
correspondent néanmoins au relevé de leurs besoins évalués avec eux dans le cadre de
la préparation et de la formulation de leur projet personnalisé.
De ce repérage78, ressortent principalement des besoins de reconnaissance et d’aide à
l’accession à l’autonomie, notamment au niveau du budget, des actes du quotidien, des
loisirs... Des attentes et des besoins importants sont également repérés dans le cadre de
la coordination de l’accès aux droits, de la compréhension de l’environnement, de soutien
dans l’élaboration, la réfection, le maintien ou même la protection des relations sociales,
familiales et affectives, d’aide dans la lutte contre la solitude.
J’ai intégré à ces besoins, les attentes associatives, basées sur la volonté de protection et
donc de proximité exprimés par les parents. Le besoin de présence au domicile sur les
temps dits familiaux (soirée et week end) était donc réaffirmé, malgré le discours porté par
les professionnels de désinvestissement de ces temps par les personnes elles-mêmes.
Ces besoins nécessitaient la mise en place de temps de coordination conséquents autour
du projet de la personne (mission réaffirmée par le cahier des charges), mais aussi des
temps de présence auprès de celle-ci afin de permettre sa « rassurance » face à un
environnement complexe, de travailler l’accompagnement éducatif, l’éducabilité cognitive,
nécessaires au maintien, au développement de l’autonomie. Les fonctions de chaque
professionnel devaient être revues. L’organisation d’horaires prenant mieux en compte
l’ensemble de ces besoins était à étudier une fois les définitions de fonctions actualisées.
Réorganisation des définitions de fonctions et des grilles horaires
L’Association la Chrysalide, dans le cadre d’une démarche globale de Gestion
Prévisionnelle des Emplois et des Compétences, a engagé, en mai 2011, à partir d’une
démarche participative, la réécriture des différentes fiches de fonctions, par métier, de
l’ensemble des établissements et services. Le SAVS, intégré aux métiers de
l’hébergement, devait donc s’inspirer des fiches de fonction définitivement validées en mai
2012. Pourtant, ces fiches définissent des fonctions d’animateur 1ère catégorie, 2ème
catégorie79 ou d’aides médico-psychologiques intervenant dans le cadre collectif de foyer
d’hébergement : des fonctions bien différentes de celles qu’implique l’accompagnement à
domicile, dans le cadre particulier de relation en tête à tête.
78 Les attentes et les besoins sont listés en page 42 - 43 du présent document.
79 Dans le cadre de la Convention Collective de 66 : Educateur Spécialisé correspond à Animateur
1ère
catégorie et Moniteur Educateur à Animateur 2ème
catégorie
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 71 -
En accord avec la direction générale, j’ai donc entrepris de redéfinir les fonctions liées à la
spécificité de l’accompagnement à domicile : des définitions déjà entreprises, en 2006 et
qui s’étaient avérées structurantes face à la complexité du mode d’intervention.
La démarche retenue consistait à établir un relevé de l’ensemble des actions menées par
les professionnels pour envisager leur répartition au regard des spécificités de chaque
fonction. J’ai à ce propos mis en place, en février 2012, des entretiens individuels pour
chaque professionnel de l’équipe d’accompagnement afin d’effectuer avec eux ce relevé.
Bien évidemment, au vue de l’organisation actuelle, différentes actions
d’accompagnements spécifiques étaient menées par l’ensemble des professionnels,
malgré leur complexité ou le manque de formation de certains (coordination des actions
de recherche de logement, liées à la parentalité, à la gestion du soin…).
Ces entretiens, au-delà du repérage attendu, permirent également d’évaluer les questions
d’adhésion individuelle au processus de changement, de repérer les freins, mais aussi les
personnes ressources dans l’élaboration et la mise en place des modifications en cours et
à venir. Ils permirent d’engager, auprès de chacun, l’idée d’une réorganisation des actions
en rapport aux spécificités des fonctions telles que définies par la convention collective,
par les fiches de fonction associatives et par les indications du cahier des charges80. Mon
objectif, en menant moi-même ces entretiens, était de limiter l’implication du chef de
service sur ce point afin de ne pas focaliser sur lui d’éventuels rejets liés aux propositions
de modifications des modes de travail et donc d’en prendre la responsabilité.
J’ai également souhaité pouvoir mettre rapidement en avant des propositions de
répartition des charges de travail afin de limiter les inquiétudes face au changement.
Après un travail en équipe de direction, j’ai présenté fin mars 2012, lors d’une réunion de
service, une première ébauche de définitions de fonctions spécifiques au SAVS. Elle
positionnait les éducateurs spécialisés comme référents et responsables de la
coordination et de la mise en place des projets personnalisés. Ils appuyaient leur
coordination, sur les actions d’accompagnement de proximité considérées comme
transversales, du reste de l’équipe réparti au regard de leur formation initiale.
Cette présentation a, en provoquant dans un premier temps un mouvement de rejet de la
part de l’équipe, mis un frein au processus de réorganisation. Après une rapide
présentation des objectifs et des avantages à tirer de cette proposition de répartition, un
temps d’appropriation a été laissé à l’équipe, avec mission déléguée au chef de service
d’évaluer avec celle-ci les difficultés inhérentes à la proposition, comme ses avantages.
80 Les indications du cahier des charges en matière de Ressources Humaines sont précisées en
page 9 dudit document joint en annexe 4
- 72 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
Il s’agissait là du point le plus délicat à travailler avec les professionnels puisqu’impliquant
des modifications sur les rôles et missions, et pour certains, des pertes de prérogatives.
Afin de palier à certaines obstructions, j’ai aussi informé les instances représentatives du
personnel en leur expliquant les objectifs de cette proposition, les modifications
impliquées, les avantages et avancées en termes de qualité d’accompagnement.
Des points réguliers furent faits sur les avancées de cet axe de réorganisation en réunion
de direction, mais aussi en ma présence en réunion d’équipe. Les oppositions furent
clairement exprimées, les objectifs réaffirmés et les propositions amendées. La question
de la réorganisation de l’accueil, des bureaux, des conditions de travail, et notamment des
horaires, fut également abordée. Elle permit de mettre en perspective les modifications et
les avantages à en tirer, notamment en termes de stabilité des horaires. En effet, les
horaires actuels font l’objet, jusqu’à 4 fois par semaine, de modifications pour répondre
aux besoins de coordination ou d’accompagnement des projets personnalisés.
Après plusieurs échanges, et après validation de leur légalité par la Direction des
Ressources Humaines, les définitions de fonction furent adoptées en mai 201281.
Les charges et spécificités de travail de chacun ont été définies en équipe avec le chef de
service. Leur mise en application effective doit être pleinement réalisée en fin d’année tout
en maintenant la réalisation par les référents des projets personnalisés au regard de la
programmation, et notamment en fonction des besoins éventuels de demande de
prolongation des notifications. Par ailleurs, il est convenu d’analyser les avantages tirés
d’une certaine « spécialisation » des professionnels autour de quelques axes de travail.
Le repérage du tissu partenarial, l’efficacité et la réactivité dans les actions considérées
comme transversales à différentes situations seront analysées à partir des éléments des
projets personnalisés. L’effectivité de la mise en place de partenariat avec certains
établissements ou structures doit amener à la signature progressive de conventions.
Au-delà de la clarification des fonctions, des horaires, intégrant ces modifications et les
nécessités d’organisation au regard des besoins des personnes furent étudiés à leur tour,
discutés pour être ensuite amenés à la validation en Comité d’Entreprise à la mi-juin.
Une validation qui, à ma grande surprise, ne fut pas possible du fait du refus d’une part
des professionnels concernés. Les freins, les inquiétudes liés à ces changements
n’avaient pas été suffisamment considérés, ou pour le moins, le temps nécessaire à la
remobilisation, à l’acceptation après les phases de choc, de déni et de résistance liées au
processus de changement n’avaient, semble-t-il, pas été suffisamment respectés.
81 Voir en annexe 10 et 11 la présentation des nouvelles définitions de fonctions propres aux
professionnels du SAVS acceptées et validées en juin 2012
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 73 -
J’ai eu à reprendre cette question en réunion de direction mais surtout, avec le chef de
service en réunion d’équipe, dans le but d’exprimer mon incompréhension face à ce
retournement de situation et ce refus subit. J’ai également proposé une relecture des
grilles horaires qui focalisaient les inquiétudes et motivaient au final non pas leur réel
refus, mais une demande de réflexion de la part de certains professionnels. Un calendrier
fut alors décidé et accepté par l’équipe pour réceptionner les propositions de modification
de ces grilles. Des précisions durent être données quant aux différentes obligations
légales liées à l’établissement d’horaires collectifs ; précisions qui permirent à l’équipe
d’intégrer les difficultés inhérentes à l’établissement de ces derniers.
Désireuse dans son ensemble de pouvoir avancer dans la mise en application de la
réorganisation du service, l’équipe a finalement validé la dernière grille horaire étudiée
lors d’une réunion de droit d’expression début juillet82. Cette validation par l’équipe
d’accompagnement fut abordée lors de la réunion mensuelle de juillet avec les délégués
du personnel afin de clarifier les positionnements de chacun et d’éviter un nouveau
retournement de situation. Ces horaires ont donc été présentés et validés par les
représentants du personnel lors du Comité d’Entreprise de la mi-septembre 2012. Ils
n’entreront en application qu’à compter de la première semaine d’octobre.
3.4.4 Inscrire les nouveaux accompagnements dans cette nouvelle
organisation et amener le changement auprès des personnes déjà accompagnées :
Si les personnes accompagnées ont fait l’objet de diverses sollicitations tout au long du
processus de mise en place du changement escompté, elles ont toutefois été en partie
protégées des tourments liés à celui-ci et aux incertitudes qu’il apporte.
J’ai fait part, au cours de cet écrit, de ma volonté de prendre en compte les réalités de
leurs attentes, de leurs besoins, dans le seul but de construire avec eux une organisation
de service respectueuse de leurs souhaits d’autonomisation, dans un cadre imposé par le
financeur du service, mais également respectueux d’un projet associatif. Pour autant, les
fragilités impliquées par leur situation de handicap, par leur histoire personnelle dans un
accompagnement volontairement souhaité comme protecteur par l’association, m’ont
invité à ne pas aller trop vite dans l’expression du changement engagé.
Depuis juin 2012, le cadre de la nouvelle organisation posé m’a permis d’engager
réellement une communication sur le sujet avec les personnes. Dans le cadre de la
validation des projets personnalisés, j’ai demandé au chef de service de profiter de ce
temps d’échange pour leur expliquer les modifications apportées à l’organisation du
82 Voir en annexe 12 la présentation des horaires adoptés et validés en Comité d’Entreprise en
septembre 2012
- 74 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
service. A également été précisée la réelle nécessité de mettre en place des projets par
objectifs afin d’envisager la perspective d’une fin d’accompagnement ou, si l’évaluation la
considère comme nécessaire, sa poursuite. Cet objectif sera totalement rempli au début
de l’été 2013, après réactualisation de l’ensemble des projets.
Bien entendu, nous n’attendons pas cette réactualisation pour aborder de façon moins
officielle le sujet avec l’ensemble des personnes accompagnées. La bascule progressive
de référence, impliquée par le recentrement de cette fonction sur les éducateurs
spécialisés, a, elle aussi, fait l’objet de rencontres et d’explications auprès des intéressés.
De la même manière, les personnes nouvellement intégrées sur le service ont été et
seront systématiquement informées du mode d’organisation, de ses conséquences sur
les objectifs de l’accompagnement du service, conformément au cahier des charges.
3.4.5 Coordonner les positions et les évolutions avec les opérateurs
départementaux :
Comme je l’ai déjà précisé, parallèlement aux travaux menés en interne, il me semblait
également important d’interroger les positionnements, les modalités d’évolution prises par
l’ensemble des opérateurs départementaux impliqués par ce cahier des charges. Cette
question a été facilitée par le Mouvement Parcours Handicap 13, auquel je participais en
amont de la démarche du Conseil Général. Cette participation, pour ce qui concerne le
SAVS, était organisée à partir d’un groupe de travail sur la vie à domicile et le logement.
Un groupe intégrant, outre des services d’accompagnement (SAVS et SAMSAH), des
services d’aide à la personne. L’objectif de ce groupe, dans une élaboration collective
d’un accompagnement axé sur l’intérêt et les attentes de la personne, était de tisser les
liens nécessaires à la coordination de leur projet de vie.
Le Mouvement a initié, dès les premiers retours de l’enquête, un groupe de travail ayant
pour but la lecture et l’interprétation collective des analyses et du cahier des charges.
Cette lecture collective a permis d’évaluer plus globalement les marges de manœuvre et
surtout d’apporter des réponses collégiales au Conseil Général quant aux conséquences
des évolutions attendues sur les services, comme sur les projets associatifs.
Si les lectures de ce cahier des charges n’ont pas permis de revenir sur les attentes
fixées par le Conseil Général, elles ont le mérite de permettre à chacun d’appréhender les
perspectives du cahier des charges avec beaucoup plus de recul. Elles ont également
permis à l’ensemble des structures de mieux repérer les possibles partenariats à mettre
en place au bénéfice des personnes.
Cette question des partenariats reste à consolider au-delà de la lecture critique du cahier
des charges afin de la rendre plus opérante et efficiente.
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 75 -
3.5 Analyses et évaluations des actions mises en place
Dynamiser un processus de changement, c’est accompagner son évolution, chercher à
en comprendre les freins comme les atouts, mesurer les écarts entre la situation de
départ et celle d’arrivée, ou pour le moins celle escomptée.
Dynamiser ce processus, c’est donc mettre en place les éléments nécessaires à son
évaluation, une étape essentielle et indissociable du processus de changement.
L’Association la Chrysalide a engagé en 2008, avec l’ensemble de ses établissements et
services, l’élaboration du référentiel de bonnes pratiques. L’objectif était, à partir de ce
référentiel, de mettre en place les évaluations internes, indispensables à une évaluation
externe et au renouvellement des autorisations par les autorités de tarification et de
contrôle. C’est à cette évaluation que le Conseil Général fait implicitement référence en
précisant dans le cahier des charges qu’ « à l’instar des services nouvellement autorisés,
les services existants devront s’inscrire dans une démarche d’actualisation, afin de
répondre à terme, aux exigences du présent cahier des charges »83.
A ce titre, il paraît indispensable d’intégrer au référentiel existant des indicateurs
permettant l’évaluation de la mise en conformité du service aux nouvelles attentes. J’ai
proposé à l’Association de travailler avec les trois services à domicile pour adultes (SAVS
et SAMSAH) sur la base de la recommandation de l’ANESM intitulée : « L’évaluation
interne : repères pour les services à domiciles au bénéfice des publics adultes84 ». Une
première réunion de travail est fixée au 30/10/2012, l’actualisation devant être effective fin
janvier 2013, et un processus d’évaluation interne sur 2012 engagé en février 2013.
La temporalité est bien entendu à prendre en compte ; la circulaire énonçant les modalités
d’application des obligations liées à l’évaluation interne et externe des ESSMS85 précise
que les établissements autorisés et ouverts avant la date du 3/01/2002 devront
transmettre aux autorités compétentes les résultats d’une évaluation interne au plus tard
trois ans avant la date de renouvellement de leur autorisation (soit avant le 3/01/2014) et
les résultats d’une évaluation externe au plus tard deux ans avant la date de
renouvellement de leur autorisation (soit avant le 3/01/2015) ; la date de référence de fin
d’autorisation pour ces ESSMS correspondant au 3/01/2017.
83
Conseil Général des Bouches du Rhône, 2011, Cahier des charges des services relevant de la compétence départementale réalisant une intervention d’accompagnement à la vie sociale auprès de personnes adultes handicapées », Direction des Personnes Agées et des Personnes Handicapées, Marseille, 9p. 84
ANESM, 2012, L’évaluation interne : repères pour les services à domicile au bénéfice des publics adultes, [consulté le 12/09/2012], disponible sur Internet : http://www.anesm.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Anesm-eval-interneSAD-web.pdf 85
Ministère des solidarités et de la cohésion sociale, Circulaire n° DGCS/SD5C/2011/398 du 21 octobre 2011 relative à l’évaluation des activités et de la qualité des prestations délivrées dans les établissements et services sociaux et médico-sociaux, [consulté le 19/12/2011], disponible sur Internet : http://www.cnsa.fr/IMG/evaliation-interne-et-externe-cir-33964.pdf
- 76 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
Pour autant, concomitamment à cette actualisation du référentiel, l’évaluation des actions
mises en place dans ce processus de réorganisation reste à formaliser. Une évaluation
que je considère comme un concept essentiel et indissociable d’une démarche
d’accompagnement au changement. Il s’agit, non pas d’évaluer simplement la question de
la conformité à une commande, mais bien d’apporter à travers cette évaluation la
dynamique d’une procédure d’amélioration de la qualité des interventions ou des services
mis en place auprès et pour les personnes accompagnées. J’ai souhaité construire cette
évaluation sur un mode opératoire classique – thèmes, critères, indicateurs – en intégrant
à cette construction l’ensemble des acteurs concernés ; un principe essentiel pour
travailler la question de la cohésion des équipes comme l’intégration, l’imprégnation du
sens même des actions engagées. Un principe mis en avant par les recommandations de
l’ANESM concernant les questions d’évaluation, et notamment celle d’avril 2009 sur la
« Mise en œuvre de l’évaluation interne dans les établissements et services visés à
l’article L.312-1 du code de l’Action sociale et des familles ».
Les thèmes s’organisaient selon moi autour des axes travaillés dans le cadre de la
réorganisation et ainsi des questions du projet de service et du projet personnalisé, de la
qualité de l’accompagnement proposé, du fonctionnement du service et des ressources
humaines. Je pilote donc un comité d’évaluation intégrant bien entendu l’équipe de
direction, mais aussi deux représentants de l’équipe d’accompagnement. J’ai également
souhaité que soient inscrits dans ce comité les représentants au CVS des personnes
accompagnées afin qu’ils puissent, eux aussi évaluer les actions mises en place, leur
efficience de même que leur intérêt pour l’accompagnement que nous leur proposons.
Chaque thème se déclinant en critères, nous avons utilisé, pour évaluer l’actualisation du
projet de service et du projet personnalisé, les critères que Patrick Lefèvre propose sur la
qualité du projet d’établissement, à savoir86 : la conformité, l’efficience et l’utilité. Ces
critères ont également été utilisés pour les autres thèmes de l’évaluation. Pour chaque
critère, des indicateurs ont été définis et feront donc l’objet d’une évaluation spécifique87.
Afin de répondre à ces différents indicateurs, j’ai proposé de mettre en place trois
enquêtes de satisfaction. La première à destination des personnes accompagnées, la
seconde à destination des professionnels impactés directement ou non par la
réorganisation, et, la troisième auprès des partenaires du service. Il s’agit pour moi de
repérer les zones de fragilité de la réorganisation en vue d’apporter des améliorations.
Ces enquêtes sont actuellement en construction. J’envisage de les mettre en place à
86
LEFEVRE P., 2011, Guide du métier de directeur en action sociale et médico-sociale, 3ème
édition, Paris, Dunod, 495 p., p. 213
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 77 -
compter de janvier 2013, une fois la réorganisation réellement installée. Il sera alors
possible d’évaluer la réalité de cette mise en place comme ses premières conséquences.
Ces enquêtes permettront également d’apporter un complément à la prochaine évaluation
interne qui sera menée début 2013.
3.6 Conclusion de la 3ème partie
Bâtir un plan d’accompagnement au changement, notamment lorsque celui-ci vient en
partie impacter la culture associative, nécessite une vigilance importante de la part du
directeur. La lecture de l’environnement, dans sa globalité doit permettre la conception
d’une stratégie d’intervention efficace, efficiente.
Basé volontairement – parce que c’est avant tout ma culture personnelle – sur un mode
participatif, coopératif, le management mobilisé est, à mon sens, un outil d’appui pour une
pédagogie du changement. Il permet à la structure, à l’ensemble de ses acteurs (équipe
de direction, d’accompagnement, personnes accompagnées…) de ne pas subir
totalement le changement, mais par un accompagnement adapté, de le vivre de
l’intérieur, d’en intégrer les objectifs et de les valoriser au profit des personnes
accompagnées.
Le pilotage de ce changement sur ce mode participatif ne doit pas faire oublier la
nécessaire prise de décision et de responsabilité du directeur. Si le mode participatif
prévaut, l’orientation, la rigueur et le rythme donnés au processus appartiennent au
directeur. Sa lecture des forces et des faiblesses de la structure, des atouts et des freins à
prendre en compte doit l’aider à la prise de décision dans l’objectif d’éviter les blocages
du processus en cours. Dans cette dynamique, le directeur n’est pas seul, il s’appuie sur
l’équipe de direction, et doit donc avoir positionné avec celle-ci une politique de direction
claire de l’établissement. La question des délégations, de leurs limites doit aussi être
intégrée afin que chacun puisse s’engager dans le processus en conscience de ses
limites comme de ses obligations.
Parmi ces dernières, celle de la préparation de l’évaluation est certainement l’une des
plus importantes. Il ne peut y a voir changement sans qu’il ne soit évaluer. Sans cette
évaluation, le risque de retour à la situation de départ pourrait alors être grand et
l’ensemble des efforts anéanti.
87 Présentation des critères et indicateurs d’évaluation en Annexe 13
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 79 -
Conclusion générale
Force est de constater que la question de l’adaptation du projet d’établissement à son
environnement est centrale, essentielle. Cette adaptation n’est envisageable qu’au travers
d’une lecture assidue, fine de cet environnement ; une lecture appuyée sur un principe
inaliénable, celui du bien être, du mieux être de la personne accompagnée.
Au final, quelle est véritablement la mission du directeur ?
Organiser l’établissement qu’il dirige dans la droite ligne du projet associatif ? Mettre en
œuvre les politiques publiques qui concernent cet établissement ? Faciliter le
fonctionnement de l’établissement au bénéfice de ses salariés ? Répondre aux besoins et
aux attentes des personnes accompagnées ?
Ces réponses, posées individuellement, ne répondrait que partiellement à la question.
Ce que ce mémoire m’a véritablement permis d’intégrer, c’est que la place du directeur
est bel et bien une place particulière. Celle d’un chef d’orchestre, celle d’un maitre queux
qui se doit d’organiser son orchestre, sa cuisine en fonction de paramètres dont il ne
maitrise pas totalement toutes les incidences. Telle sonate ou symphonie, telle recette, ne
saurait être modifiée. Et pourtant, c’est bien en fonction de la lecture que celui-ci en fera,
en fonction de la qualité des musiciens, des ingrédients dont il disposera, en fonction de
divers paramètres extérieurs, qu’il organisera et mettra en œuvre sa réponse à une
commande, à une demande, à un besoin, qu’il lui appartiendra d’adapter…
Si ce positionnement me paraissait acquis avant l’écriture de ce mémoire, la dimension
« introspective » qu’il induit – en venant questionner, expliciter tel ou tel mode de
fonctionnement mis en place ou à mettre en place – ouvre le regard et permet la
construction de modèles personnels de management.
Cette question de l’introspection, qui donne à voir comment l’on fonctionne, qui l’on est,
ne peut pourtant s’en tenir à cette seule écriture. Pour Emmanuel Lévinas88, « la relation
duelle est mortifère car elle exclut la réalité du monde ». Isolé face à la complexité du
monde, le directeur doit donc pouvoir poursuivre cette analyse et, à ce titre doit
nécessairement s’appuyer sur l’équipe de direction qui l’accompagne dans son projet de
direction.
Comment aurais-je pu, seul, isolément, envisager l’ensemble des solutions possibles,
sans m’en remettre aussi à la lecture, à la perspicacité de l’équipe de direction, de
l’ensemble des professionnels, des personnes accompagnées ?
88
In LEFEVRE P., 2011, Guide du métier de directeur en action sociale et médico-sociale, 3ème
édition, Paris, Dunod, 512 p., p. 183
- 80 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
Pour autant, ces solutions ont-elles toutes été envisagées ? Certes non ! Et il s’agit bien là
de la responsabilité du directeur que de prendre telle ou telle orientation, d’exercer un
choix vis-à-vis des possibilités qui s’offrent à lui, à son équipe, à l’établissement.
A ce titre, ce projet de réorganisation ne peut uniquement se conclure sur la mise en
œuvre de ce projet. La question de l’efficience du service doit être posée, celle de la
perspicacité des options retenues analysée. Par ailleurs,, d’autres pistes doivent être
étudiées, soit pour apporter des modifications aux orientations engagées, soit pour leur
fournir un complément.
A moyen constant, comment envisager véritablement une augmentation substantielle de
la charge de travail sans être conscient que la qualité ou l’intensité de l’accompagnement
proposé ne soient remis en question ? Les contraintes, souvent perçues comme
inhibitrice du développement, doivent devenir sources d’inspiration, de création…
De quel autre moyen puis-je disposer pour maintenir, voire développer, la qualité de l’offre
de service que propose l’établissement ou le service ? C’est là la force du directeur que
d’aller chercher ailleurs les possibles. Le travail de réseau, l’étude de ce qui est fait par
d’autres, permet là aussi de venir compléter la réflexion menée en interne.
Et si la solution (une solution) était de construire, avec les personnes concernées, par
celle-ci, l’étayage dont elles ont besoin pour répondre à leur objectif de vie autonome ? Si
l’on parvenait à développer un fonctionnement déjà engagé, mais stagnant de réponses
portées par les personnes elles-mêmes ? La perspective de créer officiellement un GEM,
Groupement d’Entraide Mutuel, permettrait certainement de répondre aux demandes et
aux besoins de liens sociaux, de rupture d’avec la solitude, de création de temps de loisir,
d’espaces citoyens. Cette perspective d’ouverture permettrait au service
d’accompagnement de se centrer de manière plus aisée sur la coordination des projets de
vies des personnes, sans avoir à œuvrer directement sur l’accompagnement de certains
aspects du quotidien.
A l’heure de clore ce mémoire, cette perspective redonne à nouveau matière à projet, à
développement. Un nouveau processus à accompagner, à dynamiser, à promouvoir
auprès des acteurs.
Si l’on peut considérer que la fonction de directeur honore, il est impensable de ne pas
songer qu’elle oblige. Qu’elle oblige à un devoir de rigueur, d’objectivité, d’éthique, qui
conduira le directeur à appréhender les réponses à apporter aux bénéficiaires sans pour
autant perdre de vue que chaque personne, à son propre niveau, évolue dans un
environnement complexe.
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - 81 -
Bibliographie
Ouvrages
- FOUCAULT M., 1976, Histoire de la folie à l'âge classique, Paris, Gallimard, 688 p.
- LOCHËN V., 2010, Comprendre les politiques sociales,3ème éd, Paris, Dunod, 458 p.
- BAUDURET J.F., JAEGER M., 2002, Rénover l’action sociale et médico-sociale :
Histoire d’une refondation, Paris, Dunod, 324 p.
- PRIOU J., DEMOUSTIER S., 2009, Institution et Organisation de l’action sociale et
médico-sociale, Paris, Dunod, 150 p.
- LIBERMAN R., 2003, Handicaps et Maladies mentales, 5ème édition, Paris, PUF,
coll. Que sais-je ?, 127 p.
- SCHNAPPER D., 2000, Qu’est-ce que la citoyenneté ?, Paris, Gallimard, coll.
Folio Actuel, 320p.
- JANVIER R, 2011, la participation des usagers in BATIFOULIER F., Manuel de
direction en action sociale et médico-sociale, Paris : Dunod, pp. 259-269
- Le Petit Robert, 1987, Paris, Les Dictionnaires Robert, p.566
- Le petit Larousse illustré, 2001, Paris, Larousse, p.200
- Conseil Général des Bouches du Rhône, 2011, Cahier des charges des services
relevant de la compétence départementale réalisant une intervention
d’accompagnement à la vie sociale auprès de personnes adultes handicapées »,
Direction des Personnes Agées et des Personnes Handicapées, Marseille, 9p.
- LEFEVRE P., 2011, Guide du métier de directeur en action sociale et médico-
sociale, 3ème édition, Paris, Dunod, 512 p., p. 224
Articles
- PUIG J. et HUET O., mars / juin 2012, « Accompagner au domicile, un nouveau
savoir faire », les Cahiers de l’Actif, n°430/433, pp. 55-64.
- LOUBAT J.R., mars / juin 2012, « Désinstitutionalisation et personnalisation : la
posture d’avenir face à la situation de handicap », les Cahiers de l’Actif,
n°430/433, pp. 35-53.
Internet
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http://www.adapeidurhone.fr/index.php?rubrique=303
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http://mamytartine.blog.lemonde.fr/?s=antipsychiatrie
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face.fr/media/00/02/1042793455.pdf, p.22
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- JURISLOGEMENT, domicile et résidence principale, [consulté le 20/07/2012],
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- DOUCET JP., la violation de domicile : B – le sens du mot domicile, [consulté le
18/07/2012], disponible sur Internet :
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/pcpales_incrim/garcon_violat_dom.htm
- UNASSAD. Domicile, handicaps, types d’habitats, normes, labels. [consulté le
04/09/2012], disponible sur Internet :
http://desir.unassad.net/scripts/article.php3?id_article=65
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- GARDOU C., 2011, Préface in CHOSSY J.F., Passer de la prise en charge… à la
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vivre comme les autres », Lien social [en ligne], n° 808, [consulté le 07/07/2012],
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- UNAPEI, Le handicap mental : sa définition, la personne handicapée, à la fois
ordinaire et singulière, [consulté le 29/06/2012], disponible sur Internet :
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schéma départemental ?, [consulté le 12/08/2012], disponible sur Internet :
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des Bouches du Rhône, Schéma départemental en faveur des personnes
handicapées 2009-2013, [consulté le 12/07/2012], disponible sur Internet :
http://www.cg13.fr/fileadmin/user_upload/ConseilGeneral/SchemaDepartementaux
/Document/schema-dep-personnes-handicapees-09-13.pdf
- EHESP, référentiel professionnel des directeurs d’établissement ou de service
d’intervention sociale, annexe 1 de l’arrêté du 5 juin 2007 relatif au certificat
d’aptitude aux fonctions de directeur d’établissement ou de service d’intervention
sociale, [consulté le 27/08/2012], disponible sur Internet : http://www.ehesp.fr/wp-
content/uploads/2008/08/textes-relatifs-CAFDES.pdf
- UQAM, stratégie de changement (modèle de Kurt Lewin), [consulté le 11/09/2012],
disponible sur Internet :
http://www.er.uqam.ca/nobel/k36565/PDF/strateg/changement.pdf
- ANESM, 2010, Élaboration, rédaction et animation du projet d’établissement ou de
service, synthèse, [consulté le 03/09/2012], disponible sur Internet :
- 84 - Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012
http://www.anesm.sante.gouv.fr/IMG/pdf/reco-projet-etablissement-service-
anesm.pdf
- ANESM, 2008, La bientraitance : définition et repères pour la mise en œuvre,
[consulté le 03/09/2012], disponible sur Internet :
http://www.anesm.sante.gouv.fr/IMG/pdf/reco-bientraitance.pdf
Textes de loi
- Loi n° 75-535 relative aux institutions sociales et médico-sociales, chap. 1er, art.
1er, alinéa 5, [en ligne], Journal officiel, du 3i juillet 19982.[consulté le 05/08/2012],
disponible sur Internet :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000699217&
dateTexte=20001222
- Loi n° 2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l'action sociale et médico-social, article 7
alinéa 2 [en ligne].Journal officiel, n°2 du 3 janvier 2002.[consulté le 05/08/2012],
disponible sur Internet :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000215460&
dateTexte=&categorieLien=id
- Loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la
participation et la citoyenneté des personnes handicapées, article 2 alinéa 2, [en
ligne], Journal officiel, n°36 du 12 février 2005, [consulté le 16/07/2012], disponible
sur Internet :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000809647&
dateTexte=&categorieLien=id
- Décret n° 2005-223 du 11 mars 2005 relatif aux conditions d'organisation et de
fonctionnement des services d'accompagnement à la vie sociale et des services
d'accompagnement médico-social pour adultes handicapés, article 1, [en ligne],
consulté le 16/07/2012, disponible sur Internet :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000263421&
dateTexte=&categorieLien=id
- Code Civil, Du domicile, article 102, [en ligne], Journal officiel, du 5 janvier 1969,
[consulté le 18/07/2012], disponible sur Internet :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?idSectionTA=LEGISCTA00000611768
3&cidTexte=LEGITEXT000006070721&dateTexte=20080805
- Ministère du travail, des relations sociales et de la solidarité. Arrêté du 5 juin 2007
relatif au certificat d’aptitude aux fonctions de directeur d’établissement ou de
service d’intervention sociale [en ligne]. Journal officiel, n° 142 su 21 juin 2007.
[visité le 12/08/2012], disponible sur internet :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000278231&
dateTexte=&categorieLien=id
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012 I
Liste des annexes
Annexe 1 : Tableaux comparatifs enquêtes SAVS (p. II)
Annexe 2 : Organigramme SAVS les Oliviers (p. III)
Annexe 3 : Cahier des charges des services relevant de la compétence
départementale réalisant une intervention d’accompagnement à la vie
sociale auprès de personnes adultes handicapées (p. V)
Annexe 4 : Diagnostic SAVS, modèle SWOT (p. XIV)
Annexe 5 : Echange mail avec la Direction Générale (p. XVII)
Annexe 6 : Temporalité des actions mises en place dans le processus de
changement (p. XVIII)
Annexe 7 : Critères d’évaluation de la pertinence des demandes de renouvellement
de notification auprès de la MDPH (p. XX)
Annexe 8 : Présentation de l’activité SAVS 2004 / 2012 (p. XXII)
Annexe 9 : Présentation des effectifs « entrée » et « sortie » SAVS 2004 / 2011 et
calcul du principe de file active (p. XXIII)
Annexe 10 : Présentation des nouvelles définitions de fonctions propres aux
professionnels du SAVS acceptées et validées en juin 2012 (p. XXIV)
Annexe 11 : Présentation des horaires adoptés et validés en Comité d’Entreprise en
septembre 2012 (p. XXVII)
Annexe 12 : Présentation de la réorganisation des fonctions au sein de l’équipe
d’accompagnement (p. XXVIII)
Annexe 13 : Présentation des critères et indicateurs d’évaluation du processus de
réorganisation du service d’accompagnement (p. XXIX)
II <Prénom NOM> - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - <année>
Annexe 1 : Tableaux comparatifs enquêtes SAVS
DRESS 2006
(national)
ENEIS 2010
(départemental)
SAVS Oliviers 2011
Nombre SAVS 624 15 1
SAVS de moins de 30 places 51.2% /// ///
Nombre places installées 24600 604 60
Nombre personnes accompagnées 25000 803 67
Ratio 102% 133% 112%
Agréments de clientèle
Déficients intellectuels avec
ou sans troubles associés 39.2% /// 100%
Défic. intellectuels et défic.
Psychiques avec ou sans
troubles associés
32.9% /// ///
Autres 27.9% /// ///
Déficiences principales
Déficience intellectuelle 61.8% 32% 71.7%
Déficience du psychisme 21.7% 19% 28.3%
Autres 16.5% 49% ///
Mode d’hébergement Logement personnel 80.9% 90% 100%
famille 11.4% 10% ///
autres 7.7% /// ///
Moyenne d’âge des pers accompagnées 41 ans 45 ans 45 ans
Temps
d’accompagnement
Moins d’un an 19.7% 17% 13.3%
De 1 à 5 ans (3ans/Eneis) 41.5% 45% 15%
Au delà 38.8% 38% 71.7%
Temps d’accompagnement moyen 6.8 ans 12 ans
Activité en journée
Travail en ESAT 53.9% 42% 81.6%
Travail milieu ordin. (EA + MO) 11.9% 3% 3.4%
Sans activité professionnelle 26.2% 55% 15%
Autre 8% /// ///
Taux d’encadrement
Educatif, pédagogique et
social 8% /// 9.6%
global 11.5% /// 15.75%
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012 III
Fonction Qualification
1985 1988 1993 2004 2005 2006 2008 2009 2010 2011 2012
ETP ETP ETP ETP ETP ETP ETP ETP ETP ETP ETP o
rganigram
me
SAV
S les O
liviers (ave
c variation
de
s effe
ctifs)
DIRECTION
Directeur ETP 1 1 1 1 1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1
Variation -0,9
An
ne
xe
2 : O
rga
nig
ram
me
SA
VS
les O
livie
rs
Directrice adjointe
ETP /// /// /// /// 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1
Variation 0,1
Chef de service
ETP /// /// /// /// 1 1 1 1 1 1
Variation 1
EDUCATIF ANIMATION
SOCIALE
Anim 1ère catégorie
ETP 0 1 1 1 2 2 3 3 3,5 3,75 3,75
Variation 1 1 1 0,5 0,25
Anim 2ème catégorie
ETP 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Variation
Aide Médico Psychologique
ETP 1 2 3 3 2 2 1 1,5 1 1 1
Variation 1 1 -1 -1 +0.5 -0,5
PARAMEDICAL
Psychologue ETP 0,25 0,25 0,25 0,25 0,25 0,25 0,25 0,25 0,25 0,25 0,25
Variation
Assistante sociale
ETP 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 /// /// ///
Variation -0,2
ADMINISTRATIF ET LOGISTIQUE
Agent adm principal
ETP 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Variation
Comptable ETP 0,25 0,25 0,25 0,25 0,25 0,25 0,25 0,25 /// /// ///
Variation -0,25
Ouvrier qualifié ETP 0,75 0,75 0,75 0,75 0,75 0,75 0,75 0,75 0,75 0,75 0,75
Variation
TOTAL 5,45 7,45 8,45 8,45 8,45 8,65 8,65 9,15 8,7 8,95 8,95
IV <Prénom NOM> - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - <année>
En 1988 et 1993, les variations correspondent à des augmentations de poste liées
aux augmentations d’effectifs accordée
+ 2 postes pour une augmentation d’effectif de … à … en 1988
+1 poste pour une augmentation d’effectif de … à … en 1993
En 2005, les variations correspondent à la professionnalisation d’un poste
Transformation d’un poste AMP en un poste éducateur spécialisé
En 2006, le poste de chef de service a pu être officiellement créé. La variation
correspond à la transformation du poste de directeur en 1/10ème de poste de
directeur, en 1/10ème de poste de directrice adjointe et en un poste de chef de
service
En 2008, les variations correspondent à nouveau à la professionnalisation d’un
poste
Transformation d’un poste AMP en un poste éducateur spécialisé
En 2009, la variation correspond à l’augmentation accordée d’un demi poste
d’AMP
En 2010, les variations correspondent d’une part à nouveau à la
professionnalisation d’un poste, d’autre part à l’externalisation de deux postes
Transformation du demi poste AMP en un demi poste CESF
Externalisation (vers le siège social) des postes de comptable et
d’assistante sociale
En 2011, la variation correspond à l’augmentation accordée d’un quart de poste de
CESF
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012 V
Annexe 3 : Cahier des charges des services relevant de la
compétence départementale réalisant une intervention
d’accompagnement à la vie sociale auprès de personnes adultes
handicapées
VI <Prénom NOM> - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - <année>
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012 VII
VIII <Prénom NOM> - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - <année>
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012 IX
X <Prénom NOM> - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - <année>
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012 XI
XII <Prénom NOM> - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - <année>
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012 XIII
XIV <Prénom NOM> - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - <année>
Annexe 4 : Diagnostic SAVS, modèle SWOT
Diagnostic réalisé en janvier 2012 sur la base du modèle SWOT.
Ce diagnostic a pour objectif l’évaluation de la situation actuelle du Service d’
Accompagnement à la Vie Sociale « les Oliviers » à travers la mise en évidence de ses
forces et de ses faiblesses, mais aussi au regard des opportunités et des menaces que
présente son environnement.
Les implications du nouveau cahier des charges du Conseil Général ont été prises en
considération dans l’élaboration de ce diagnostic.
Pour des raisons de facilité de lecture, les implications du cahier des charges sont notées
en bleu dans les tableaux.
1. Accueil accompagnement Interne
positif
FORCES FAIBLESSES
nég
atif
Répartition équitable des sexes 42% des personnes ont moins de 40 ans Cohérence population accueillie (âge et pathologie) avec le projet associatif et le projet de service Stabilité des effectifs Accompagnement prévu sur le principe de continuité (soirée, WE, vacances incluses) Outils loi 2002-2 en place
38% des personnes ont plus de 50 ans Peu de renouvellement des effectifs (seuil atteint) Pathologies liées à l’âge rendant difficile le maintien en appartement autonome Difficulté à répondre aux problématiques liées à la solitude, à l’isolement des personnes accompagnées Processus d’autonomisation (fin d’accompagnement) peu développé du fait de la pérennité de l’accompagnement (projet ass.)
OPPORTUNITÉS RISQUES
Potentialités associatives d’orientation et de partenariat avec les autres structures de la chrysalide Mobilisation autour d’une meilleure formalisation des projets personnalisés (à finaliser) Possibilité de dépasser le seuil d’accompagnement (fil active) et d’intégrer d’autres demandeurs
Ouverture du service à tout type de handicap (absence de savoir faire spécifique) Limitation de la durée de l’accompagnement (pour certaines personnes) Augmentation du nombre de personnes à accompagner et risque de baisse de la qualité de l’acc. (fonctionnement en file active)
Externe
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012 XV
2. Les ressources humaines Interne
positif
FORCES FAIBLESSES
nég
atif
Une équipe soudée et cohérente. 100% du personnel qualifié Représentativité importante (65%) des postes d’animateur 1ère catégorie (assistant sociao-éducatif) Mise en place d’un guide de fonctionnement permettant la clarification et posant le cadre de l’organisation et les attendus du service. Formation prévention maltraitance à jour Taux d’absentéisme faible Stagiaires Renforcement de l’équipe d’encadrement par une CESF Analyse de la pratique mise en place depuis près de deux ans
Faiblesse du taux d’encadrement Répartition géographique des résidents très étendu, entraînant des tps de transport importants Equipe insuffisante pour accompagner des ménages avec enfants Définitions de fonctions associatives non conformes avec la spécificité du service et à repréciser sur le service Inquiétude de l’équipe face aux changements liés à l’évolution du cahier des charges Principe de coordination encore trop peu intégré
OPPORTUNITÉS RISQUES
Mutualisation formation PAUF Mutualisation pole secrétariat et entretien sur le site Nouvelle clarification des définitions de fonction spécifiques SAVS à engager
Démobilisation de l’équipe face à l’augmentation de charge Difficulté à maintenir le poste de CESF (horaires)
Externe
3. Cadre de vie Interne
positif
FORCES FAIBLESSES
nég
atif
Proximité avec d’autres services complémentaires (AJ, foyer, SAMSAH) Site sécurisé Gestion d’un parc immobilier permettant l’hébergement d’un quart des personnes accompagnées sur le site de Marius Richard
Eclatement des lieux d’accompagnement Difficulté à trouver des logements décents et abordables
OPPORTUNITÉS RISQUES
Projet de réhabilitation de la villa de Marius Richard (transformation en 4 studios indépendants) Présence d’une salle polyvalente sur le site de Marius Richard
Retard dans la réhabilitation
Externe
XVI <Prénom NOM> - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - <année>
4. Politique publique Interne
Po
sitif
FORCES FAIBLESSES
nég
atif
Outils de la loi 2002/2 mis en œuvre pour la totalité des résidents Projet d’établissement élaboré et connu des professionnels Diversité associative de l’offre de service répondant à une palette de besoins repérés favorisant le choix des familles Mise en place d’un comité d’animation cogéré par les usagers Développement du partenariat
Accompagnement de personnes avec des conjoints refusant l’accompagnement Difficultés d’assurer le suivi médical de certains usagers
OPPORTUNITÉS RISQUES
Démarche d’évaluation interne
Lenteur des notifications MDPH Modification du cahier des charges du conseil général
Externe
5. Gestion financière
Interne
positif
FORCES FAIBLESSES
nég
atif
Bilan financier positif Excédent d’exploitation Equilibre du bilan
Coût à la place inférieur aux normes habituelles pour ce type d’activité
OPPORTUNITÉS RISQUES
Mutualisation des capacités de financement avec les autres services
Remise en cause du système de facturation
Externe
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012 XVII
Annexe 5 : Echange mail avec la Direction Générale
De : Vincent Pardoën [[email protected]] Envoyé : jeudi 12 janvier 2012 18 :43 A : ‘Directeur Général’ ; ‘Président’ Cc : Directeur général adj’ ; ‘Equipe direction Montolivet’ ; Dir SAVS Tallard’ Objet : Communication téléphonique Mme Tardi Conseillère techn. CG
Marc, (directeur général) J’ai eu longuement Mme PARDI au téléphone. Elle faisait une « enquête » téléphonique auprès des Directeurs de SAVS à propos des conclusions du nouveau cahier des charges des SAVS et SAMSAH du département. En fait, elle sonde les Directeurs pour connaitre notre niveau d’accord ou de désaccord sur les trois points d’achoppement de ce nouveau cahier des charges, à savoir :
1. La notion de file active (3 place occupées pour 1 place autorisée) 2. La notion de limitation de la durée d’accompagnement (3 ans avec renouvellement
exceptionnel possible) 3. La notion d’agreement généraliste
J’ai pour ma part mis en avant, comme nous l’avons défini : 1. La lourdeur du handicap de notre public et le fait que nous fonctionnions déjà, de façon
implicite compte tenu de notre ratio d’encadrement, avec cette notion de file active, mais pas à ce niveau (trop important)
2. Le fait que nous intégrions déjà le principe d’une fin d’accompagnement, principe que nous avions décidé de renforcer au regard de l’évaluation d’objectifs du projet personnalisé atteints, mais que ce principe était pour autant lié à la lourdeur des situations et du handicap qui peuvent être un obstacle durable à une autonomie totale (ou permettant un arrêt de l’accompagnement)
3. La spécificité de notre association dont l’objectif est l’accompagnement des personnes présentant un handicap mental, ce qui n’exclus pas pour autant le fait qu’aujourd’hui, une forte proportion des personnes accompagnées sur le SAVS présentent des handicaps associés, et particulièrement des troubles psychiques.
J’ai proposé à Mme Pardi de poursuivre ce sondage en lui envoyant un dossier pour lui donner plus de précisions du style de la durée moyenne des accompagnement, le nombre de sortie par an, le type de handicap et de trouble associés, la localisation es personnes, etc… Visiblement, cela ne l’intéresse pas pour le moment. Elle m’a donné rendez vous à une probable ou hypothétique future réunion. Je pense que nous devons tout de même réfléchir (ce que nous avons déjà largement commencé à faire) à une organisation qui accentue encore plus l’axe accompagnement social sur le service et que nous avons intérêt à affiner notre rapport d’activité pour rendre compte de la réalité des potentialités et difficultés du public accompagné, de notre travail et des résultats obtenus. Elle a tout de même sous entendu que rien ne se ferai de façon précipité, que le calendrier de mise en place serait à voir avec M. GUITTON, inspecteur du Conseil Général, mais que nous pourrions augmenter, notre file active pour arriver à un total de 92 personnes accompagnées, soit 16 personne par ETP comme le prévoit le cahier des charges. Je reste disponible pour en reparler de façon plus précise quant tu le souhaite. Vincent PARDOËN, Directeur site Montolivet
XVIII <Prénom NOM> - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - <année>
mai juin juil aout sept oct nov déc jan fév mars avril mai juin juil aout sept oct nov déc
actualisation projet service / démarche participative
écriture projet service 2011-2015 version 2011
évaluation interne sur l'année 2010
annonce projet d'enquéte du CG
enquête CG fonctionnement services à domicile
1er compte rendu d'analyse du CG
2ème cpt rendu d'analyse du CG
groupe de travail CG
présentation générale Cahier des Charges par le CG
information Ass du projet d'enquête du CG
information Service du projet d'enquête du CG
information IRP du projet d'enquête du CG
information ASS. et Service des analyses du CG
relecture équipe direction projet service / attentes CG
projet de faire travailler l'équi. acc. sur une relecture
mise en place d'une relecture avec l'équi. acc. Du projet service / attentes CG
questionnement sur la formalisation des Projets Pers. en éval interne
réflexion sur la redéfinition d'une trame pour les projets pers.
réunion du comité de pilotage / projet de service
validation projet service 2011-2015 version 2012
formalisation d'une nouvlle trame des projets pers.
questionnement sur les critères de fin d'accompagnement
clarification et coordination en équipe de direction des objectifs de la réorganisation
engagement du questionnement de l'équipe sur la réorganisation interne
première synthèse des attentes et besoins des personnes par ES
engagement démarche associative définition fonction GPEC
Mouv. Parcours Handicap 13 groupe logement et vie à domicile
Mouv. Parcours Handicap 13 groupe lecture cahier des charges
mai juin juil aout sept oct nov déc jan fév mars avril mai juin juil aout sept oct nov déc
An
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t2010 2011
2010 2011
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2012 XIX
jan fév mars avril mai juin juil aout sept oct nov déc jan fév mars avril mai juin juil aout sept
information Ass du nouveau cahier des charges et des écarts avec le fonctionnement actuel du service
information Service du nouveau cahier des charges et des écarts avec le fonctionnement actuel du service
repérage des critères de fin ou de poursuite de l'accompagnement avec les pseronnes concernées
validation des critères de fin d'accompagnement
affirmation par le Conseil Général de la mise en place du principe de file active
positionnement de l'Association sur la non application stricto sensu de la file active
présentation Ass. puis équipe d'un échéancier de mise en application de la file active
information Conseil Général de l'échéancier
entretiens individuels sur les actions mises en place
présentation personnel et IRP première ébauche de définition de fonction spécifique SAVS
échange avec les professionnels sur la définition de fonction et les horaires
validation des nouvelles définitions de fonctions spécifique SAVS
présentation CE de nouvelles grilles horaire (refusée)
échange avec les professionnels sur les horaires (acceptés en droit d'expression)
validation CE des nouvelles grilles horaires
communication et formalisation du nouveau cadre de fonctionnement du serv. auprès des personnes
actualisation projet de service avec l'ensemble des acteurs
validation projet service 2011-2015 version 2013
actualisation du référentiel bonnes pratiques serv. à dom. pour adultes
formalisation de l'évaluation des axes de réorganisation
évaluation interne sur l'année 2012
Mouv. Parcours Handicap 13 groupe lecture cahier des charges
prévision de groupes de travail Mouv. Parcours ou autre
jan fév mars avril mai juin juil aout sept oct nov déc jan fév mars avril mai juin juil aout sept
2012 2013
2012 2013
XX <Prénom NOM> - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - <année>
Annexe 7 : Critères d’évaluation de la pertinence des demandes
de renouvellement de notification auprès de la MDPH
(extrait du projet de service 2011/2015, version 2013)
Indicateurs Fin d’accompagnement Poursuite d’accompagnement
Adhésion au
principe
d’accompagnement
La personne refuse le
principe d’accompagnement
La personne adhère au principe
d’accompagnement
Demande de la
personne
L’arrêt de l’accompagnement
fait l’objet d’une demande de
la personne
La poursuite de
l’accompagnement fait l’objet
d’une demande de la personne
Attentes et besoins Absence d’attentes et de
besoins
Attentes et besoins ne
permettant pas de définir des
objectifs d’accompagnement
précis
Attentes et besoins permettant de
définir des objectifs
d’accompagnement précis
Les objectifs de
l’accompagnement sont
atteints
Les objectifs de
l’accompagnement ne sont pas
atteints et/ou doivent être
complétés
Le processus
d’autonomisation a abouti
Le processus d’autonomisation
n’a pas abouti
Modalité
d’intervention
Les modalités d’intervention
du service ne correspondent
pas aux attentes et besoins
de la personne pour
permettre le maintien à
domicile, l’orientation est
réalisable
Les modalités d’intervention du
service correspondent aux
attentes et besoins de la personne
pour permettre le maintien à
domicile
Les modalités d’intervention du
service ne correspondent pas aux
attentes et besoins de la personne
pour permettre le maintien à
domicile, l’orientation est en cours
Les modalités d’intervention
du service ne sont plus
suffisantes pour permettre le
maintien à domicile,
l’orientation est possible
Les modalités d’intervention du
service ne sont plus suffisantes
pour permettre le maintien à
domicile, la réorientation n’est pas
possible pour l’instant
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - XXI -
Préparation fin
d’accompagnement
La fin de l’accompagnement
a été préparée (arrêt ou
réorientation)
La fin de l’accompagnement n’a
pas été préparée (arrêt ou
réorientation)
Les relais sont établis avec
l’environnement de la
personne
Les relais ne sont pas établis avec
l’environnement de la personne
Evaluation des
risques liés à la fin
de
l’accompagnement
Les risques liés à une fin
d’accompagnement sont
évalués et ne présentent pas
de contre-indication
Les risques liés à une fin
d’accompagnement sont évalués
et présentent des contre-
indications
- troubles de la personnalité
non stabilisés
- environnement non
structurant / sécurisant
- pas de relais actualisés
dans l’environnement de la
personne
- dégradation du processus
d’autonomisation en cas
de cessation
d’accompagnement
XXII <Prénom NOM> - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - <année>
Annexe 8 : Présentation de l’activité SAVS 2004 / 2012
20
12
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Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - XXIII -
Annexe 9 : Présentation des effectifs « entrée » et « sortie » SAVS
2004 / 2011 et calcul du principe de file active
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XXIV <Prénom NOM> - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - <année>
Annexe 10 : Présentation des nouvelles définitions de fonctions
propres aux professionnels du SAVS acceptées et validées en
juin 2012
Réorganisation du service
Le nouveau cahier des charges du Conseil Général, recentre les missions des SAVS sur la
dimension de coordination de l’ensemble des intervenants autour du projet de vie des personnes
accompagnées. Ce recentrage de nos missions, sans modifier le fondement de notre action,
implique une réorganisation de nos pratiques.
Ce recentrage vient trouver écho au processus de recadrage des actions du service plus en phase
avec un accompagnement social initié depuis maintenant plus de 2 ans. Il s’inscrit dans les
préconisations des politiques publiques et notamment le décret 2005-923, la loi de 2005
Cette réorganisation s’articule autour d’une évolution de nos modalités d’accompagnement incluant
notamment une clarification des fonctions des professionnels au sein de l’équipe
d’accompagnement.
Elle prend en compte l’ensemble des points forts de nos pratiques actuelles, proches ou en
adéquation avec les attendus du cahier des charges pour nombre d’entre elles. L’accentuation de
l’orientation, déjà engagée, de nos pratiques vers un accompagnement social reste à consolider.
Les axes principaux de cette réorganisation, en partie travaillée avec vous, permettrons cette
consolidation progressive et la mise en adéquation de nos pratiques aux attentes et objectifs du
Conseil Général et à nos réalités de terrain. Elle se fera dans le respect des attentes et des
besoins des personnes accompagnées, dans le souci commun de bienveillance et de bientraitance
qui nous anime.
Clarification des fonctions
Cette précision à pour visée de décliner les fiches de fonction associatives avec la spécificité de
notre accompagnement en prenant en compte les attendus du Cahier des charges du Conseil
Général. L’objectif est la mise en place à terme de fiches de poste au plus près des orientations du
service et des pratiques professionnelle qu’elles induisent. Elle se fera de façon progressive, en
lien avec les évolutions demandées par le CG, notamment quant à l’intégration du principe de file
active.
Cette clarification permettra d’orienter l’accompagnement vers l’objectif de coordination de
l’ensemble des intervenants autour du projet de vie des personnes accompagnées sans négliger la
réalité de leurs besoins. Elle recentre l’accompagnement social autour du référent, renforcé dans
son action par la contribution d’une équipe pluridisciplinaire.
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - XXV -
COORDINATION
Au regard des définitions de fonctions associatives et du nouveau cahier des charges du Conseil
Général, identification des postes de coordination sur un profil d’animateur 1ère
catégorie :
ANIM 1/EDUC SPE : 3 postes (3 ETP)
Positionnement en tant que référent social auprès des personnes accompagnées (répartition
des personnes en fonction des entrées et sorties du service) : accompagnement de la
personne dans un projet/processus d’autonomisation, coordination de l’ensemble des
intervenants autour du projet de vie de la personne.
- Accompagnement
o Accueil des entrants et évaluation des besoins dans le cadre du projet de vie
de la personne
o Construction, mise en place, coordination et évaluation des projets
personnalisés
o Mise en place, suivi et évaluation des actions d’accompagnement spécifiques
en liaison avec l’ensemble des intervenants
o Evaluation du processus d’autonomisation et détermination des indicateurs
renseignant le besoin de renouvellement de notification ou la possibilité de fin
de prise en charge
- Partenariat
o Organisation des partenariats nécessaires dans le cadre des projets
personnalisés
o Organisation des synthèses nécessaires à la coordination et à l’évaluation des
projets personnalisés
- Veille à la qualité du cadre de vie, au bien être et au confort physique et moral des
personnes
ACCOMPAGNEMENT SPECIFIQUE
Au regard des fiches de fonctions associatives et du nouveau cahier des charges du Conseil
Général, identification des postes en accompagnement spécifique suivant sur un profil contribuant
aux objectifs et actions transversales d’accompagnement du projet personnalisé :
CESF/ANIM 1 : 1 poste (3/4 ETP)
Positionnement sur des actions transversales :
accompagnement de la personne dans un projet/processus d’autonomisation, coordination des
actions valorisant l’autonomisation de la personne notamment dans le cadre de l’accès aux droits,
de la gestion du budget, de l’alimentation, de la santé et du bien être, et du soutien à la parole…
- Participation à la mise en œuvre des projets personnalisés
o Evaluation des besoins individuels spécifique en lien avec les référents
o Mise en place et suivi des actions d’accompagnement spécifiques :
o Evaluation des actions spécifiques mises en place, notamment dans le cadre
de l’actualisation des projets personnalisés
- Coordination de l’évaluation des besoins susceptibles de trouver des réponses dans la
mise en place d’action collectives, en lien avec l’équipe éducative
- Recherche et mise en place des partenariats nécessaires pour pérenniser les actions
transversales
- Veille à la qualité du cadre de vie, au bien être et au confort physique et moral des
personnes
XXVI <Prénom NOM> - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - <année>
ANIM 2 : 1 poste (1 ETP)
Positionnement sur des actions transversales :
accompagnement de la personne dans un projet/processus d’autonomisation, coordination des
actions valorisant la participation, l’expression et l’insertion des personnes dans le respect de leurs
droits et de leur citoyenneté, notamment la vie sociale, la vie professionnelle, la retraite…
- Participation à la mise en œuvre des projets personnalisés
o Evaluation des besoins individuels spécifique en lien avec les référents
o Mise en place et suivi des actions d’accompagnement spécifiques
o Evaluation des actions spécifiques mises en place, notamment dans le cadre
de l’actualisation des projets personnalisés
- Recherche et mise en place des partenariats nécessaires pour pérenniser les actions
transversales
- Veille à la qualité du cadre de vie, au bien être et au confort physique et moral des
personnes
- Coordination des actions liées à la participation dans le cadre notamment du Comité
d’Animation, du journal, du CVS, des enquêtes de satisfaction…
AMP : 1 poste (1 ETP)
Positionnement sur des actions transversales :
Coordination des actions valorisant le développement ou le maintien des capacités visant
l’autonomie de la personne notamment dans le cadre du logement, de la vie quotidienne et de la
santé
- Participation à la mise en œuvre des projets personnalisés
o Evaluation des besoins individuels spécifique en lien avec les référents
o Mise en place et suivi des actions d’accompagnement spécifiques
o Evaluation des actions spécifiques mises en place, notamment dans le cadre
de l’actualisation des projets personnalisés
- Recherche et mise en place des partenariats nécessaires pour pérenniser les actions
transversales
- Veille à la qualité du cadre de vie, au bien être et au confort physique et moral des
personnes
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - XXVII -
Annexe 11 : Présentation de la réorganisation des fonctions au
sein de l’équipe d’accompagnement
Avant réorganisation :
FONCTION ROLE MISSION
Animateur 1ère
catégorie / Educateur Spécialisé
Référent de 15 personnes accompagnées
Met en place et coordonne le projet personnalisé de ses référés
Animateur 1ère
catégorie / Educateur Spécialisé
Référent de 15 personnes accompagnées
Met en place et coordonne le projet personnalisé de ses référés
Animateur 1ère
catégorie / Educateur Spécialisé
Référent de 15 personnes accompagnées
Met en place et coordonne le projet personnalisé de ses référés
Animateur 2ème
catégorie / Moniteur Educateur
Référent de 15 personnes accompagnées
Met en place et coordonne le projet personnalisé de ses référés
Aide Médico-Psychologique
Remplacement des référents lors d’absences programmées
Accompagne des projets personnalisés en lien avec les référents
Conseillère en Education Sociale et Familiale
Soutien les référents dans leurs actions d’accompagnement
Met en place des actions/ateliers collectifs et individuels en lien avec les projets personnalisés
Après réorganisation :
FONCTION ROLE MISSION
Animateur 1ère
catégorie / Educateur Spécialisé
Référent de 20 à 25 personnes accompagnées
Met en place et accompagne les projets d’autonomisation de ses référés, coordonne l’ensemble des intervenants autour des projets de vie
Animateur 1ère
catégorie / Educateur Spécialisé
Référent de 20 à 25 personnes accompagnées
Met en place et accompagne les projets d’autonomisation de ses référés, coordonne l’ensemble des intervenants autour des projets de vie
Animateur 1ère
catégorie / Educateur Spécialisé
Référent de 20 à 25 personnes accompagnées
Met en place et accompagne les projets d’autonomisation de ses référés, coordonne l’ensemble des intervenants autour des projets de vie
Conseillère en Education Sociale et Familiale
Positionnement sur des actions d’accompagnement transversales
Accompagne les projets d’autonomisation, coordonne les actions valorisant l’autonomisation de la personne notamment dans le cadre de l’accès aux droits, de la gestion du budget, de l’alimentation, de la santé et du bien être, et du soutien à la parole…
Animateur 2ème
catégorie / Moniteur Educateur
Positionnement sur des actions d’accompagnement transversales
Accompagne les projets d’autonomisation, coordonne les actions valorisant la participation, l’expression et l’insertion des personnes dans le respect de leurs droits et de leur citoyenneté, notamment la vie sociale, la vie professionnelle, la retraite…
Aide Médico-Psychologique
Positionnement sur des actions d’accompagnement transversales
Accompagne les projets d’autonomisation, coordonne les actions valorisant le développement ou le maintien des capacités visant l’autonomie de la personne notamment dans le cadre du logement, de la vie quotidienne et de la santé
XXVIII <Prénom NOM> - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - <année>
Annexe 12 : Présentation des horaires adoptés et validés en
Comité d’Entreprise en septembre 2012
ANIM 1 (EDUC SPE) ; ANIM 2 et AMP
1 2 3 4 5
lundi 9h-12h 3 1/2 RH 9h-12h 3
14h-20h 6 14h-21h(p) 7 14h-18h 4 13h-19h(p) 6 RH
mardi 9h-12h 3 9h-12h 3 9h-12h 3 RH 1/2 RH
14h-21h(p) 7 14h-20h 6 13h-19h(p) 6 14h/18h 4
mercredi 9h-12h 3 9h-12h 3 9h-12h 3 RH
1/2 RH 13h-19h(p) 6 14h-20h 6 14h-21h(p) 7
jeudi 9h-12h 3 9h-12h 3 9h-12h 3 1/2 RH
13h-19h(p) 6 14h-18h 7 14h-20h 6 14h-17h 3 14h-20h 6
vendredi 9h-12h 3 9h-12h 3 9h-12h 3
14h-18h 4 1/2 RH 14h-21h(p) 7 15h-20h 5 13h-19h(p) 6
samedi RH RH RH 9h - 18h(p) 9 9h - 21h(p) 12
dimanche RH RH RH 9h - 21h(p) 12 RH
38/38 38 38/38 38 38/38 38 38/38 38 38/38 38
en rouge : permanence accueil bureau SAVS
en jaune : permanence 21h
ANIM 1 (CESF)
1 2 3 4
lundi 1/2 RH
ES
AT
RH 14h/18h 4 RH
mardi 1/2 RH 9h-12h 3 1/2 RH
14h/17h 3 14h-19h 5 14h/17h 3
mercredi 9h-12h 3 9h-12h 3 9h-12h 3
14h-19h 5 14h-19h 5 14h-19h 5
jeudi 9h-12h 3 9h-12h 3 9h-12h 3
14h-21h(p) 7 14h-21h(p) 7 14h-21h(p) 7
vendredi 9h-12h 3 9h-12h 3 9h-12h 3
14h-19h 5 14h-19h 5 14h-19h 5
samedi 9h-18h(p) 9 RH 9h-18h(p) 9
dimanche RH RH RH
38/38 38 38/38 38 38/38 38
en rouge : permanence Salle Activité Marius Richard
en jaune : permanence 21h
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - XXIX -
Annexe 13 : Présentation des critères et indicateurs d’évaluation
du processus de réorganisation du service d’accompagnement
Thème Critères Indicateurs
Projet de service /
projet personnalisé
Conformité
Le projet (service et personnalisé) a-t-il été
réactualisé ?
Correspond-t-il aux attentes des cadres légaux ?
Intègre-t-il particulièrement les attentes du
Conseil Général
Efficience
Le projet répond-t-il aux besoins et attentes des
personnes ?
L’offre d’accompagnement est-elle lisible ?
Le projet développe-t-il des actions susceptibles
de produire des effets bénéfiques auprès des
personnes accompagnées, auprès des
partenaires ?
Utilité
Le projet traduit-il l’utilité sociale du service dans
son environnement (autorité de contrôle et de
tarification, Association, partenaires et bien sûr
personnes accompagnées) ?
Le service, à travers son projet, permet-il aux
personnes de développer des capacités nouvelles
d’adaptation ou d’insertion ?
Le projet permet-il le repérage des attentes et des
besoins de la personne ?
Permet-il de repérer les risques liés à
l’accompagnement ou à son arrêt ?
Thème Critères Indicateurs
Qualité de
l’accompagnement
proposé
Conformité
L’accompagnement proposé prend-t-il en compte
les principes du décret 2005-223 et du cahier des
charges ?
L’accompagnement proposé répond-t-il au projet
associatif ?
Les objectifs et les modalités de
l’accompagnement sont-ils clairement établis ?
L’expression de la personne est-elle privilégiée
dans le cadre de l’évolution de son
accompagnement ?
Efficience
L’accompagnement proposé permet-il de
répondre aux besoins et aux attentes des
personnes ?
L’ouverture du service à tout type de handicap
permet-il de maintenir un accompagnement de
qualité pour tous ?
XXX <Prénom NOM> - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - <année>
L’accompagnement proposé permet-il d’évaluer
l’évolution de l’autonomisation des personnes
concernées, le maintien ou l’arrêt de
l’accompagnement ?
Le cadre temporel prescrit par le cahier des
charges permet-il d’organiser les orientations ou
les passages de relais en fin
d’accompagnement ?
Utilité
Les critères de maintien ou d’arrêt de
l’accompagnement permettent-ils de mieux
évaluer l’évolution de l’autonomie de la personne
dans sa globalité ?
Permettent-ils à la personne de mieux intégrer les
objectifs et les orientations de son
accompagnement ?
Le passage à la file active permet-il le maintien de
liens réguliers avec les personnes
accompagnées ?
Thème Critères Indicateurs
Fonctionnement
du service
Conformité
Les modalités de fonctionnement du service
correspondent-elles aux attentes du Conseil
Général (service généraliste, file active) ?
Sont-elles en accord avec les positionnements
associatifs ?
Les modalités de fonctionnement sont-elles
explicitées aux personnes accompagnées ?
Efficience
Le service est-il ouvert à un accompagnement
généraliste ?
Les partenariats nécessaires à l’adéquation des
réponses à apporter aux attentes et aux besoins
des personnes sont-ils mis en place ?
Les modalités de fonctionnement apporte-t-elle
une plus value dans l’accompagnement proposé ?
La nouvelle organisation du service est-elle mise
en place auprès de toutes les personnes
nouvellement intégrées ?
A-t-elle était présentée et expliquée à toutes les
personnes actuellement accompagnées dans le
respect du planning proposé ?
Utilité
Les modalités de fonctionnement apportent-elles
une plus value dans l’accompagnement et les
relations avec les personnes accompagnées ?
Les modalités de fonctionnement apportent-elles
une plus value dans les relations avec
l’environnement ?
Vincent PARDOEN - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique – 2012 - XXXI -
Thème Critères Indicateurs
Ressources
humaines
Conformité
La réorganisation du service prend-t-elle en
compte les cadres légaux du droit du travail et de
la convention collective (horaires et définition de
fonction) ?
Les modalités de fonctionnement sont-elles
explicitées aux professionnels ?
Efficience
Le climat social est-il globalement maintenu
(diminution, maintien ou augmentation des arrêts
de travail, de l’absentéisme, augmentation ou non
des revendications salariales) ?
Les questions de droit d’expression comme des
retours des IRP montrent-elles des inadaptations
dans la réorganisation effectuée ?
Les attendus sont-ils remplis (projets
personnalisés, rapports de fin ou de maintien de
l’accompagnement, liens avec les
partenaires…) ?
Existe-t-il toujours des demandes de modification
d’horaires pour répondre aux besoins
d’accompagnement et dans quelle proportion ?
Utilité
La réorganisation apporte-t-elle une plus value
dans l’organisation et le bien être au travail des
professionnels ?
Existe-t-il une amélioration ou une dégradation du
climat social (spécifique au service) ?
PARDOEN Vincent Novembre 2012
Certificat d’aptitude aux fonctions de directeur d’établissement ou de service d’intervention sociale
ETABLISSEMENT DE FORMATION : Institut Régional du Travail Sociale PACA
" Promouvoir la réorganisation d'un SAVS en dynamisant un processus de
changement auprès de ses acteurs. "
Association, Professionnel, Usagers et Partenaires.
Résumé :
Les cadres légaux, précisés notamment par les lois du 2 janvier 2002 et du 11 février 2005, par le décret du 11 mars 2005, formalise l’intervention sociale et médico sociale et plus particulièrement celle des services d’accompagnement à domicile, SAVS et SAMSAH.
Le Conseil Général des Bouches du Rhône vient préciser, par son cahier des charges, les modes d’intervention de ces services. Celui-ci implique, pour certains d’entre eux, des modifications de fonctionnement substantielles qui impactent le projet de service et, parfois même, le projet associatif.
La réorganisation de ces services, que ce soit en terme structurel ou dans leur fonctionnement, engage à la mise en place d’un accompagnement au changement. La place particulière dévolue au directeur, l’invite inéluctablement à promouvoir et à dynamiser auprès des acteurs du service un processus de changement. Celui-ci doit intégrer à la fois les politiques publiques, les valeurs et orientations associatives et, bien entendu, les attentes et besoins des personnes accompagnées.
Une mission qui amène le directeur à mettre en place un management sur un mode participatif, afin d’amener les acteurs à une évolution de la culture associative, sans pour autant renier l’existant. L’objectif de ce mode de management est d’inscrire les acteurs dans le processus de changement, de le leur faire vivre de l’intérieur, de travailler avec eux la question de la cohésion des équipes et de l’imprégnation du sens même des actions engagées. Un sens qui sera également travaillé à partir de l’évaluation mise en place.
Mots Clés : SAVS, Handicap, Cahier des charges, Promotion, Réorganisation, Dynamisation, Processus de changement, Acteurs, Management, Evolution des cultures, Projet de service, Accompagnement, Evaluation
L'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions
émises dans les mémoires : ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs.