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Les Dossiers du CSTC – Cahier n° 3 – 3 e trimestre 2005 – page 1 PROJETS – ÉTUDES Ö Quelles solutions pour le recyclage des déchets du bâtiment ? Des questions et des réponses Fin des années ’80, la protection de l’environnement commençait à occuper une place significative parmi les grands enjeux de notre société, mais pour une majorité d’entre nous, ce n’était encore qu’une utopie. De fait, il n’était pas vraiment possible de faire autrement que d’envoyer les déchets, y compris ceux issus de la construction et de la démolition, à la décharge. Christian Legrand, ir., chef de la division “Géotechnique et Structures” du CSTC, vice-président de RECYWALL et de TRADECOWALL 1 UN ENJEU COMPLEXE La gestion des déchets de construction est une activité complexe. Il n’existe pas de re- cette unique, parce qu’une telle gestion varie d’un cas à l’autre et d’un métier à l’autre. Elle est en effet totalement différente selon qu’on l’envisage sous l’aspect des quantités générées, de leur dangerosité ou du métier dont l’activité génère des déchets. On peut avoir affaire à des déchets en très petites quan- tités qu’il est difficile d’éliminer en raison de leur spécificité, de la distance à parcourir pour ce faire ou de l’absence de solution satisfai- sante. La gestion des déchets de construction est en outre extrêmement différente selon qu’il s’agit de travaux de construction neuve ou de trans- formation, de réhabilitation ou de rénovation. D’autres éléments décisifs sont la taille du chantier et sa localisation (zone urbaine dense ou non, zone industrielle, zone rurale). Enfin, certains métiers comme la menuiserie s’exer- cent davantage en atelier, d’autres sur des chantiers dont la durée peut être comprise entre quelques jours et quelques années. La complexité de l’organisation de l’Etat belge (législations spécifiques aux niveaux européen, fédéral, régional et communal) et, quelquefois, le manque de motivation des entreprises pour la comprendre et l’appliquer rendent l’organisation de cette gestion fort hasardeuse. L’industrie du déchet n’est pas toujours à même d’offrir des solutions tech- niquement, socialement et économiquement acceptables, car il s’agit d’un marché assez récent et en pleine mutation, qui oblige les investisseurs à prendre des risques financiers importants pour mettre en place une filière appropriée. Il existe enfin des trafics fraudu- leux qui, mis en évidence par les médias, donnent parfois une image négative du sec- teur. Une autre difficulté majeure à laquelle se heurte le secteur de la construction tient au fait qu’il est actuellement quasi impossible de prévoir, au stade du projet, la quantité de déchets qui seront produits, leur nature, la façon dont ils seront transportés et leur desti- nation finale. La plupart du temps, l’entre- preneur est confronté à des documents de marché qui lui laissent l’entière responsabi- lité de la gestion des déchets, dans des condi- tions où il est peu, voire pas rémunéré ou mis en mauvaise posture face à ses concurrents s’il recherche des solutions satisfaisantes sur le plan environnemental. Il faut être conscient qu’il n’y a pas de for- mule simple applicable dans tous les cas, en tout lieu et à tout le monde, mais qu’il y a tou- jours un coût que quelqu’un doit supporter. 2 EVOLUTION DE LA SITUATION Pour apporter une réponse partielle au pro- blème, des solutions réglementaires ont été mises en place depuis plusieurs années dans le domaine des travaux routiers. Ces solutions visent à promouvoir la démolition sélective des routes et de leurs abords, afin de produire des déchets de nature plus homogène, donc plus aisément recyclables. Cette action s’est appuyée sur des campagnes de recherche vi- sant à assurer une réutilisation correcte des déchets traités dans les nouvelles réalisations routières et à inciter les maîtres d’ouvrage à incorporer des produits recyclés en remplace- ment de matériaux neufs, soit par un recy- clage sur place, soit par le recours à des pro- duits provenant de centres de regroupement et de traitement de déchets inertes. Pour les travaux de bâtiment, de construction industrielle ou de génie civil, les choses sont nettement moins simples. La gamme des dé- chets produits est vaste; de plus, contraire- ment à la plupart des déchets routiers, ils peu- vent appartenir à des classes très différentes qui, en principe, ne peuvent être mélangées. Lorsqu’on s’entretient avec les entrepreneurs et notamment avec le personnel chargé de gérer les déchets sur chantier, on constate qu’ils se posent systématiquement la même question : quelle est, en pratique, la différence Des déchets éparpillés sur chantier nuisent à l’image de marque de l’entreprise. PUBLIÉ EN FÉVRIER 2006

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  • Les Dossiers du CSTC – Cahier n° 3 – 3e trimestre 2005 – page 1

    PROJETS – ÉTUDES Ö

    Quelles solutions pourle recyclage des

    déchets du bâtiment ?Des questions et des réponses

    Fin des années ’80, la protection del’environnement commençait àoccuper une place significativeparmi les grands enjeux de notresociété, mais pour une majoritéd’entre nous, ce n’était encorequ’une utopie. De fait, il n’était pasvraiment possible de faire autrementque d’envoyer les déchets, y comprisceux issus de la construction et dela démolition, à la décharge.

    Christian Legrand, ir., chef de ladivision “Géotechnique et Structures”du CSTC, vice-président de RECYWALLet de TRADECOWALL

    1 UN ENJEU COMPLEXE

    La gestion des déchets de construction estune activité complexe. Il n’existe pas de re-cette unique, parce qu’une telle gestion varied’un cas à l’autre et d’un métier à l’autre.Elle est en effet totalement différente selonqu’on l’envisage sous l’aspect des quantitésgénérées, de leur dangerosité ou du métierdont l’activité génère des déchets. On peutavoir affaire à des déchets en très petites quan-tités qu’il est difficile d’éliminer en raison deleur spécificité, de la distance à parcourir pource faire ou de l’absence de solution satisfai-sante.

    La gestion des déchets de construction est enoutre extrêmement différente selon qu’il s’agitde travaux de construction neuve ou de trans-formation, de réhabilitation ou de rénovation.D’autres éléments décisifs sont la taille duchantier et sa localisation (zone urbaine denseou non, zone industrielle, zone rurale). Enfin,certains métiers comme la menuiserie s’exer-cent davantage en atelier, d’autres sur deschantiers dont la durée peut être compriseentre quelques jours et quelques années.

    La complexité de l’organisation de l’Etatbelge (législations spécifiques aux niveauxeuropéen, fédéral, régional et communal) et,quelquefois, le manque de motivation desentreprises pour la comprendre et l’appliquerrendent l’organisation de cette gestion forthasardeuse. L’industrie du déchet n’est pastoujours à même d’offrir des solutions tech-niquement, socialement et économiquementacceptables, car il s’agit d’un marché assezrécent et en pleine mutation, qui oblige lesinvestisseurs à prendre des risques financiersimportants pour mettre en place une filièreappropriée. Il existe enfin des trafics fraudu-leux qui, mis en évidence par les médias,donnent parfois une image négative du sec-teur.

    Une autre difficulté majeure à laquelle seheurte le secteur de la construction tient aufait qu’il est actuellement quasi impossiblede prévoir, au stade du projet, la quantité dedéchets qui seront produits, leur nature, lafaçon dont ils seront transportés et leur desti-nation finale. La plupart du temps, l’entre-preneur est confronté à des documents demarché qui lui laissent l’entière responsabi-lité de la gestion des déchets, dans des condi-tions où il est peu, voire pas rémunéré ou misen mauvaise posture face à ses concurrentss’il recherche des solutions satisfaisantes surle plan environnemental.

    Il faut être conscient qu’il n’y a pas de for-mule simple applicable dans tous les cas, entout lieu et à tout le monde, mais qu’il y a tou-jours un coût que quelqu’un doit supporter.

    2 EVOLUTION DE LA SITUATION

    Pour apporter une réponse partielle au pro-blème, des solutions réglementaires ont étémises en place depuis plusieurs années dansle domaine des travaux routiers. Ces solutions

    visent à promouvoir la démolition sélectivedes routes et de leurs abords, afin de produiredes déchets de nature plus homogène, doncplus aisément recyclables. Cette action s’estappuyée sur des campagnes de recherche vi-sant à assurer une réutilisation correcte desdéchets traités dans les nouvelles réalisationsroutières et à inciter les maîtres d’ouvrage àincorporer des produits recyclés en remplace-ment de matériaux neufs, soit par un recy-clage sur place, soit par le recours à des pro-duits provenant de centres de regroupementet de traitement de déchets inertes.

    Pour les travaux de bâtiment, de constructionindustrielle ou de génie civil, les choses sontnettement moins simples. La gamme des dé-chets produits est vaste; de plus, contraire-ment à la plupart des déchets routiers, ils peu-vent appartenir à des classes très différentesqui, en principe, ne peuvent être mélangées.

    Lorsqu’on s’entretient avec les entrepreneurset notamment avec le personnel chargé degérer les déchets sur chantier, on constatequ’ils se posent systématiquement la mêmequestion : quelle est, en pratique, la différence

    Des déchets éparpillés sur chantier nuisent à l’image de marque del’entreprise.

    PUBLIÉ EN FÉVRIER 2006

  • Les Dossiers du CSTC – Cahier n° 3 – 3e trimestre 2005 – page 2

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    entre déchets inertes (classe III), déchets noninertes non dangereux (classe II) et déchetsdangereux (classe I) ? Pour les profession-nels du déchet, cela paraît simple. Sur le ter-rain, il est souvent plus difficile de faire ladistinction.

    Or cette distinction devient cruciale, car, de-puis le 1er janvier 2006, la législation wal-lonne n’autorise plus que la mise en CET(i 4) de déchets “ultimes”. Le secteur de laconstruction demande que cette notion soitclairement établie en fonction des techniquesde traitement existantes et de leur coût, afind’éviter toute interprétation divergente.

    Conformément à la législation européenne dejanvier 1994, les Régions ont publié une listequi classe les déchets selon les trois critèresprécités et définit ce qui n’est pas inerte (enRégion wallonne, il existe une liste publiéeen 1997 et revue en mars 2001). Le hic c’estque ces listes ne sont pas connues. Certainsdéchets sont faciles à identifier (briques, bé-ton, fer, terres, bois, etc.), alors que, pourd’autres, c’est moins simple et il faut alorsune solide formation pour identifier les maté-riaux. Bien des produits utilisés dans la cons-truction sont des composés complexes for-mant des ensembles parfois non dissociables.On peut, par exemple, citer le cas des châssisde fenêtre, des panneaux de façade dits sand-wiches, de certains revêtements de sol conte-nant parfois de l’amiante, des câbles électri-ques, etc. En outre, on trouve pas mal dematériaux pouvant être pollués, qu’il s’agissedu sol, des décombres d’installations indus-trielles anciennes, de bois, etc.

    Par ailleurs, la pression visant à utiliser desproduits recyclés mènera, dans plusieurs an-nées, à se demander comment classer et trai-ter les déchets contenant de tels matériaux. Ilest dès lors évident que l’on ne peut fairel’économie d’une analyse du cycle de vie.

    Pour apporter un début de solution, en parti-culier en ce qui concerne l’estimation préala-ble des déchets produits lors des travaux detransformation, de réhabilitation ou de réno-vation des constructions (logements, bâti-ments en tout genre, constructions industriel-les), une action a été menée à l’initiative duministère de la Région wallonne (Office desdéchets) en vue d’élaborer des clauses admi-nistratives et techniques à incorporer dans lesdocuments de marché (notamment pour lesmarchés publics) ainsi qu’un métré détaillédes déchets. Le tout est aujourd’hui présentédans le logiciel MEDECO (i13) (*) qui seveut un outil d’aide à la décision efficace. Lesgrandes lignes de ce travail, réalisé par TRA-DECOWALL (i17), la Confédération de laconstruction wallonne (CCW; i6) et leCSTC, sont présentées au § 5 (p. 12).

    De même, la nécessité croissante d’utiliserdes matériaux recyclés dans la construction aamené le CSTC à réaliser, avec l’appui del’Union européenne (programme LIFE) et decertains fabricants de matériaux de construc-tion, une maison témoin, baptisée Recy-house (i15), construite quasi exclusivementau moyen de matériaux recyclés. Les maté-riaux mis en œuvre à cet effet contiennent, enproportion variable, des déchets de tous sec-teurs industriels confondus (et non pas uni-

    quement du secteur de la construction), ycompris certains résidus d’ordures ménagè-res. Il s’agit, dans la plupart des cas, de maté-riaux ayant connu un cycle de vie complet et,dans une moindre mesure, de produits danslesquels on a incorporé des déchets de pro-duction. Les aspects les plus marquants de ceprojet de démonstration ont été présentés dansCSTC-Magazine [23].

    3 TOUR D’HORIZON DES DÉCHETSPAR MÉTIER

    Pour se faire une idée globale des divers ty-pes de déchets produits dans le secteur, onpeut envisager le problème en passant en re-vue les différents corps de métier exercés dansla construction. A ce sujet, il est bon de serendre compte que ces métiers évoluent sen-siblement, certains d’entre eux se faisant ra-res, d’autres se créant, d’autres encore voyantleur champ d’action s’amplifier ou se diversi-fier. Il n’y a pas grand-chose de commun en-tre l’entreprise de gros œuvre qui, par sontravail de coordination, a une activité très gé-néraliste et les entreprises exerçant une acti-vité très spécialisée comme, par exemple, dansle cas des travaux de fondations spéciales oud’enlèvement d’amiante.

    3.1 EVOLUTION DES MÉTIERS DE LA CONS-TRUCTION

    En analysant sommairement cette évolution,on constate une automatisation (ou une in-dustrialisation) accrue des tâches, qui entraîneprogressivement le report d’un grand nombred’activités du chantier vers l’atelier (de l’en-treprise parfois, du sous-traitant plus souvent)ou vers l’usine (du fournisseur). Cette auto-matisation accrue est entre autres la consé-quence des exigences croissantes des clients,qui demandent des ensembles toujours plussophistiqués, plus complexes, plus perfor-mants et obligent les métiers à évoluer pourmieux répondre à leurs demandes.

    On constate également qu’on applique de plusen plus à la construction des évolutions tech-nologiques venant d’autres secteurs, notam-ment de l’astronautique, ce qui résulte aussid’une internationalisation du marché des four-nitures de la construction. On observe parailleurs que les clients attendent une plusgrande responsabilité des entreprises, car ilsachètent progressivement des ensembles com-plets qui comprennent un service après-vente,comme cela se pratique dans d’autres sec-teurs (l’automobile, par exemple).

    Cette évolution se traduit fréquemment parune plus grande spécialisation des entrepri-Certains produits génèrent une pollution durable, souvent coûteuse à assainir.

    (*) Les chiffres entre parenthèses précédés du symbole i renvoient à l’encadré “Informations utiles” en page 13.

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    ses, laquelle est évidemment source poten-tielle de conflits lorsque les différents acteursagissent indépendamment les uns de autresen l’absence d’une autorité de coordination.

    La gestion des déchets de constructionn’échappe pas à cette évolution.

    3.2 LES DÉCHETS PAR MÉTIER

    Pour illustrer ces problèmes et ces différen-ces, épinglons quelques métiers bien caracté-risés.

    3.2.1 MÉTIERS DU BÂTIMENT ET DU GÉNIECIVIL NON ROUTIER

    L’entreprise de génie civil ou de gros œuvredoit généralement évacuer des terres excavées(± 6 millions de tonnes par an en Région wal-lonne) et des déchets inertes (pierres, béton,maçonnerie, gravats, enrobés de bitume).

    En Région wallonne, un arrêté ministériel dejuin 2001 réglemente la façon dont certainsdéchets peuvent être valorisés. Leur gestionpeut devenir complexe et générer des coûtsconsidérables si l’on a affaire à des terres ouà des déchets inertes pollués non identifiés aupréalable. Les frais de traitement des terrespolluées sont en effet très élevés, notammentlorsqu’on doit recourir à des traitements ther-miques. D’autres difficultés peuvent provenirdes fluides de circuits hydrauliques, des car-burants ou des huiles de décoffrage. Mêmes’il s’agit, dans la plupart des cas, de petitesquantités, généralement négligées, ces pro-duits peuvent générer une pollution durable,particulièrement coûteuse à assainir. Quant aurecours aux huiles biodégradables, il ne faitpas l’unanimité.

    Pour les entreprises qui effectuent des tra-vaux de démolition ou de transformation debâtiments, le problème réside surtout dans ladiversité des déchets, en majorité inertes, qu’ilest préférable de ne pas mélanger ou qu’ilvaut mieux trier pour favoriser leur recyclageou leur élimination sélective à des coûts maî-trisés. Il y a aussi des déchets non inertes, telsque des métaux divers (fer, acier, cuivre,plomb, aluminium), les déchets de plâtre oude plaques de plâtre, de bois (traités ou non)et de plastique (de nature fort variée).

    Sur de petits chantiers où les quantités totalessont faibles, il est rarement intéressant, sur leplan économique, de faire un tri détaillé. Il enest de même pour des chantiers situés en zoned’habitat très dense. Par ailleurs, jusqu’à pré-sent, l’entreprise ne dispose quasiment jamaisd’un métré fournissant la quantité des déchetsqui seront produits en fonction de leur na-ture; elle doit généralement se contenter d’uneestimation plutôt approximative, voire totale-

    ment empirique et peut donc être confrontéeà d’importants frais imprévus qu’elle peutdifficilement répercuter au client.

    Le chauffagiste et l’entreprise de sanitairen’ont que peu de déchets inertes, mais ilsgénèrent des déchets métalliques de toutenature, des isolants, des liquides généralementpollués, des carburants, des suies (déchet dan-gereux), des déchets d’emballage et des dé-chets contenant de l’amiante, même parfoisassez discrètement comme dans certains ty-pes anciens de robinets ou de vannes. Tousces déchets posent a priori des problèmes,car ils sont difficiles à éliminer. Si les quanti-tés sont généralement réduites, leur coût d’éli-mination peut croître très rapidement. De plus,les équipements mis en œuvre contiennent dumatériel électronique et électrique qui se re-trouve un jour ou l’autre dans les déchets etn’est pas pris en charge dans le cadre deRecupel (i14).

    Le peintre et le décorateur ne produisent quedes déchets non inertes ou dangereux, diffici-les et donc plutôt coûteux à éliminer :• pots contenant des restes de peinture (de ca-

    ractéristiques assez variables)• équipements pollués par de la peinture• solvants• colles• papiers peints ou revêtements muraux• revêtements de sol plastiques ou textiles de

    structure souvent composite pouvant con-tenir de l’amiante

    • déchets plastiques• résidus du sablage (déchets non inertes

    puisqu’ils contiennent des particules de mé-tal et de peinture ancienne)

    • et bien sûr déchets d’emballage.

    Le volet “solvants” est en soi particulière-ment complexe, tant il comprend des produitsde nature et de dangerosité variables, dontl’identification nécessite une formation et uneexpérience solides. En outre, le transport dedéchets dangereux étant réglementé et sou-mis à autorisation, il est théoriquement inter-dit de ramener ces déchets au siège de l’en-treprise en fin de journée ou en fin de chan-tier. La collaboration avec les fournisseurspeut dès lors s’avérer précieuse, mais la pe-tite taille des chantiers pose souvent problème.

    Les menuisiers d’aujourd’hui utilisent desproduits de plus en plus complexes; la listede ceux qui entrent dans la composition deséléments de façade est longue et variée :• bois d’origine diverse ayant fréquemment

    subi des traitements de conservation ou deprotection au moyen de produits souventtoxiques

    • plastiques (surtout du PVC)• acier, aluminium, alliages utilisés pour les

    accessoires ou la quincaillerie• verre (également un produit devenu nette-

    ment plus complexe qu’auparavant)• joints divers, dont les espaceurs ou les lan-

    guettes de doubles vitrages• mastics, isolants, mousses• peintures, coatings, produits d’imprégna-

    tion• éventuellement équipement électrique ou

    électronique de commande• et, une fois de plus, déchets d’emballage.

    Les entreprises qui réalisent des toitures pla-tes ou des toitures à versants sont confrontéesaux déchets de membranes asphaltiques (denature fort différente) – associés parfois à d’an-ciennes membranes à base de goudron (déchet

    Trier les déchets de chantier favorise le recyclage.

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    dangereux) – ou de membranes en PVC; ellesproduisent des déchets de bois, d’isolants va-riés, de métaux (zinc, cuivre, plomb) et de plas-tiques, et sont souvent en présence de déchetsd’éléments de toiture en amiante-ciment, voi-re de déchets radioactifs (certains paratonner-res). Ces entreprises produisent aussi des dé-chets inertes (éléments en terre cuite, ardoisesnaturelles, etc.) et des éléments de profilés enaluminium ou en plastique.

    L’électricien a une vue assez différente de lasituation, car il produit peu de déchets inertes(saignées dans les murs), mais il peut avoirfort à faire avec des déchets de câbles (cuivre,plastique, caoutchouc), tuyaux, gaines en acierou en plastique, anciens équipements électri-ques de composition complexe (surtout lorsde travaux de rénovation), lampes et autreséquipements pouvant renfermer des substan-ces dangereuses (tubes au néon, lampes oucontacts contenant du mercure, transforma-teurs contenant de l’askarelle), composantsélectroniques. Comme signalé plus haut, cesproduits ne sont pas pris en charge par l’ac-cord Recupel (i14).

    Cette énumération forcément incomplète, des-tinée à illustrer le contexte, montre que lagestion des déchets du bâtiment est un pro-blème complexe qui nécessite une longueexpérience, beaucoup de métier et une grandeadaptabilité. Il n’existe pas nécessairement desolution pour tous les produits, car la créa-tion de filières de tri, de récolte et de recy-clage ou de valorisation est une opérationlente, difficile à mettre en place et à mainteniropérationnelle. De plus, il faut que le marchépour la transformation du déchet en produitsoit demandeur.

    Quel que soit le métier, une difficulté déjàévoquée est due au fait que les entreprisesdésireuses de gérer correctement les déchets,craignant de se trouver en concurrence avecdes entreprises nettement moins exigeantes,hésitent à mentionner explicitement le coûtlié à cette démarche dans leur offre de prix ouleur facture.

    3.2.2 LA CONSTRUCTION ROUTIÈRE

    La construction routière occupe une place àpart. En effet, la valorisation des déchets n’estpas un sujet neuf dans ce secteur, puisqu’on yrecycle des sous-produits industriels et desmatériaux de démolition depuis les années1970. Il faut dire que la construction routièreest un secteur a priori séduisant pour la valo-risation des sous-produits industriels. Lesvolumes de matériaux mis en œuvre y sontimportants et, par ailleurs, la majorité desapplications que l’on peut envisager se situenthors de la vue : dans un remblai, une fonda-tion ou un revêtement, lorsqu’il n’y a pasd’exigences spécifiques pour ces éléments.

    Un autre élément favorable est l’incorpora-tion progressive de ces matériaux dans lescahiers des charges des administrations con-cernées. Bien sûr, leur utilisation est limitéepar certaines contraintes :• en termes de quantités : le recyclage n’est

    possible que si des stocks ou des flux suf-fisants et, dans la mesure du possible, ho-mogènes, sont disponibles

    • en termes de qualité : la conformité desouvrages doit être garantie, ce qui inciteparfois à valoriser les sous-produits dans desapplications moins pointues (parkings, rou-tes à faible trafic)

    • enfin, sur le plan environnemental : il fauttenir compte de l’impact de l’utilisation desous-produits industriels (protection du solet des nappes aquifères).

    4 COMMENT VALORISER LES DÉ-CHETS DE LA CONSTRUCTION ?

    4.1 TYPES DE FILIÈRES

    Faire le tour de la question serait sans douteambitieux, mais on peut distinguer trois fa-milles de filières qui connaissent un succèstrès différent.

    La première famille, la mieux établie, est cel-le des déchets inertes. Son fonctionnementest correct et les installations sont générale-ment au point (http://www.tradecowall.be/tradecowall.html). Dans la grande majoritédes cas, elles sont connues des clients poten-

    INITIATIVES D’INFORMATION ET DE SENSIBILISATIONAU MANAGEMENT ENVIRONNEMENTAL

    Pour venir en aide au secteur de la construction, un partenariat diversifié a été mis enplace en Région wallonne. Il regroupe l’Office des déchets, la CCW, le CSTC, le

    FOREM, l’IFAPME et le FFC avec leconcours du CIFFUL (i 5, 6, 9, 10, 11).L’objectif consistait à réaliser des outilsdestinés à informer, à sensibiliser et àformer les acteurs du monde de la construc-tion au MAnagement des Risques environ-nementaux dans les métiers de la COnstruc-tion (d’où le nom de l’action : MARCO).

    Ce partenariat a produit différentes brochu-res, un film de sensibilisation et de vulgari-sation, un guide juridique et techniquecomplété par un guide des déchets, un outildidactique destiné aux organismes deformation professionnelle et enfin un siteInternet (http://www.marco-construction.be)qui tente de répondre aux questions que seposent les professionnels dans ce domaine.Le guide des déchets aborde tous lesdéchets susceptibles d’être produits dans laconstruction et mentionne leur type, leurclasse, leur code wallon, les précautions àprendre, leur destination possible (recyclage,valorisation, CET) (i4) et les conditionsdans lesquelles ils doivent être transportés.

    tiels et parviennent, semble-t-il, à écouler leursproduits. Leurs performances économiquesparaissent la plupart du temps satisfaisantesaux yeux des entreprises qui ont réalisé lesinvestissements.

    La législation wallonne (arrêté du gouverne-ment wallon du 14 juin 2001, dont un aperçuest fourni sur le site http://www.marco-construction.be) oblige pratiquement ceux quiveulent transformer leurs déchets inertes enproduits de construction à passer par ces ins-tallations. Une des difficultés que cette filièreva devoir affronter est celle du marquage CEet celle de la certification BENOR (i1) pourles granulats destinés aux meilleures applica-tions (bétons, routes). Cette certification estune étape nécessaire pour arriver à assurerune qualité comparable à celle des granulatsnaturels. Cette filière n’est pas décrite plus endétail dans le cadre de cet article.

    La seconde famille de filières concerne laconstruction routière, qui est susceptible d’ac-cueillir d’autres produits que les granulatsrecyclés décrits ci-avant. Ce n’est pas nouveaudu tout et cela fonctionne assez bien. Un cer-tain nombre de produits proviennent évidem-ment de la filière précitée. L’évolution favo-rable réside dans le fait que toutes les applica-tions ont généralement fait l’objet d’études etde recherches permettant de garantir la bonnequalité du résultat, tant sur le plan techniquequ’environnemental. Le recours à cette filièredépend grandement des administrations publi-ques, qui peuvent encourager ou non l’emploi

    Une des brochures éditées parMARCO.

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    de ces produits. Ces utilisations sont explici-tées dans la suite du texte.

    La troisième et dernière famille de filières estnettement plus problématique : tantôt quasiinexistante malgré les besoins, tantôt em-bryonnaire, parfois en voie de se mettre len-tement en place, parfois existante mais assezpeu transparente.

    Ne sont évoquées ici, de façon peut-être limi-tée et arbitraire, que certaines tentatives con-nues pour créer ces filières ou des applica-tions convaincantes pour des déchets de cons-truction qui posent certains problèmes :• déchets de plastiques (durs ou souples)• débris de verre• déchets de châssis de fenêtre• déchets de toiture plate (membranes asphal-

    tiques)• résidus de peinture• déchets de bois de construction provenant

    de démolitions, d’emballages ou de menui-series.

    Les déchets de produits en amiante-ciment nesont pas abordés, car il s’agit un domaine trèsspécifique, assez complexe, qui nécessiteraitun exposé à lui seul. Précisons seulement quela société TRADECOWALL (i17), via lesite de RECYHOC en Hainaut occidental, està même d’accueillir ces déchets s’ils sontemballés de façon réglementaire.

    En dehors des filières citées, il existe d’autresapplications des déchets industriels dans lesmatériaux de construction : boues de dragage(après traitement), boues de sciage de pierres(briques, colles), déchets d’alumine (ciment),fines en tout genre (entraîneurs d’air et autresadjuvants pour béton), mâchefers d’incinéra-tion d’ordures ménagères (remblais, blocs deconstruction), déchets de plastique, de tex-tile, de pneus usagés, d’écrans de télévisionou d’ordinateur, de verre, etc. La maison Re-cyhouse (i15), déjà évoquée précédemment,en fournit une démonstration concrète.

    i RECYWALLPour aborder la globalité des aspects du recyclage, il est impératif d’avoir une vued’ensemble des différents secteurs industriels susceptibles de “jouer le jeu”. Uneréponse spécifique à cet impératif est la création, en 1991, de RECYWALL GIE(groupement d’intérêt économique) à l’initiative des centres de recherche collectivedes principaux secteurs industriels directement intéressés par le recyclage et larécupération de matières, matériaux et énergies sous toutes leurs formes.

    RECYWALL met à la disposition des industriels et des pouvoirs publics un potentielunique en Europe, regroupant quelque 600 chercheurs et techniciens, ainsi que desinfrastructures et des équipements d’investigation et d’essai d’une valeur de l’ordre de25 millions d’euros. Malgré son appellation, il ne limite pas son action à la Wallonie,mais est également actif dans les autres régions du pays, de même que dans lespays voisins (France en particulier).

    Ses points forts résident dans le développement de solutions originales et performan-tes pour valoriser les déchets et rejets, les éliminer ou les réduire. Une telle activitéexige en effet une grande conjonction de compétences et d’expériences à travers lesdifférents secteurs industriels concernés. RECYWALL a la capacité de mettre à ladisposition de ses partenaires un vaste réservoir d’expertise en vue de développer etde mettre au point des technologies horizontales et des produits de substitution (p. ex.utilisation, dans un secteur industriel, d’un produit secondaire généré à partir desdéchets d’un autre secteur d’activités). Cette concentration de compétences se traduitpar des synergies de moyens techniques et une approche intellectuelle multidiscipli-naire, qui assurent aux industriels, aux groupements d’entreprises et aux pouvoirspublics un encadrement exceptionnel dans la recherche de solutions techniques(produits et procédés) sur mesure permettant de limiterles atteintes à l’environnement.

    RECYWALL propose des partenariats et des étudesindividuelles ou sectorielles pour le recyclage desdéchets. Il sélectionne les compétences et les outils derecherche les plus appropriés, collecte des informations techniques et réglementaires,coordonne des études, recherches et démarches industrielles ou administratives,organise des tests et assure le suivi des processus en laboratoire ou en milieuindustriel et, enfin, prépare des demandes d’agrément technique. Les secteursreprésentés sont : la construction en général (CSTC), la construction routière (CRR),la céramique (CRIBC), le bois (CTIB), le textile (Centexbel), les fabrications métalli-ques et plastiques (CRIF), les vernis et peintures (CoRI) et prochainement, sansdoute, l’industrie extractive (CTP) (i 18 à 25).

    GROUPEMENT DE CENTRES D’EXPERTISEPOUR LE RECYCLAGE DES DECHETS GIE

    RECYWALL

    4.2 LA CONSTRUCTION ROUTIÈRE ET LERECYCLAGE (1)

    Le tableau 1 (p. 6) énumère les déchets quisont le plus fréquemment utilisés lors d’unevalorisation en construction routière, leurmode d’utilisation suivant l’arrêté du gouver-nement wallon du 14 juin 2001 ainsi que lesvolumes annuels produits en Belgique (ou uni-quement en Wallonie lorsque seuls ces chif-fres sont disponibles).

    4.2.1 LES DÉBRIS D’ASPHALTE

    Ils occupent une place particulière, car ilsproviennent essentiellement des travaux rou-tiers et peuvent être valorisés de plusieursmanières :• remploi en lieu et place d’enrobés bitumi-

    neux : resurfaçage, repaving (régénérationthermique), remixing (thermorecyclage)

    La maison témoin Recyhouse, àLimelette, intègre une large part dematériaux recyclés.

    Déchets de revêtements routiers nonmélangeables à d’autres déchetsinertes.

    • production de granulats de débris d’asphalte(soit par la démolition de la surface et con-cassage, soit par le fraisage des couches derevêtement) et recyclage dans une centraled’enrobage (fabrication d’un nouvel en-robé).

    Les principales applications sont l’utilisationdu granulat comme matériau de fondation liéou non lié et comme enrobé partiellement

    (1) Luc De Bock et Yves Hannoteau «La valorisation des déchets en construction routière. New lifefor Waste» (Mons, 2002).

  • Les Dossiers du CSTC – Cahier n° 3 – 3e trimestre 2005 – page 6

    PROJETS – ÉTUDES Ö

    recyclé en centrale d’enrobage (avec une te-neur maximum de 50 % suivant les prescrip-tions techniques du CCT RW 99) (i3). Lesgranulats peuvent aussi être utilisés pour l’em-pierrement de chemins privés, de surfaces deparking, etc.

    D’un point de vue environnemental, il estessentiel de distinguer les revêtements bitu-mineux de ceux contenant du goudron. Toutdébris d’asphalte à base de goudron est con-sidéré comme déchet dangereux, non valori-sable. Pour le reste, comme environ 90 % desdébris d’asphalte sont constitués des granu-lats naturels originaux, les risques environne-mentaux sont quasiment nuls.

    4.2.2 LES SCORIES

    La construction routière est également utili-satrice de scories résultant de l’affinage de lafonte, des aciers inoxydables, des métaux nonferreux ainsi que de la gangue formée lors dela fusion en four électrique. Ces produits sontutilisés dans les couches de fondation nonstabilisées, les remblais et les mélanges bitu-mineux. Les scories issues de la métallurgiedes non-ferreux peuvent poser un problèmeenvironnemental en raison de la libérationpotentielle par lixiviation de composés toxi-ques, tels que le plomb, le cuivre et le zinc.Les autre scories ne présentent pas de problè-mes environnementaux majeurs, mais commeleur teneur en chaux libre est élevée, leur uti-lisation est soumise à des règles strictes (mû-rissement en tas, teneur maximale en chauxlibre), afin d’éviter des gonflements et/ou desdélitements.

    Dans le même ordre d’idées, les centrales élec-triques belges utilisant le charbon pulvérisé

    comme combustible produisent des cendresvolantes qui ont des propriétés pouzzolani-ques et hydrauliques intéressantes. Celles-cisont extraites des gaz de combustion par pré-cipitation électrostatique sous forme d’unefine poudre grise. On utilise ces cendres vo-lantes en mélange avec du ciment comme cou-che de fondation stabilisée.

    4.2.3 LES MÂCHEFERS

    Autre produit que l’on peut retrouver en cons-truction routière : les mâchefers issus du pro-cessus d’incinération des ordures ménagèressolides (on les dénomme “MIOM”). Ce pro-cédé produit environ 25 % de mâchefers et2 % de cendres volantes (déchet dangereux).Collectés sur la grille du foyer, les mâcheferssont conditionnés par tamisage, concassagede morceaux supérieurs à 20 mm et déferrisa-tion, puis sont stockés en plein air pendantplus de 3 mois pour garantir une stabilité vo-lumétrique.

    Les mâchefers contiennent des matériauxinorganiques, des imbrûlés ainsi que du cui-vre, du plomb, du cadmium, des sulfates etdes chlorures en concentration relativementélevée. Une telle composition requiert uneutilisation des mâchefers dans des conditionsrespectueuses de l’environnement, c’est-à-direuniquement dans la couche de sous-fonda-tion, sous un revêtement imperméable pouréviter une lixiviation vers les nappes souter-raines.

    4.2.4 LES SABLES DE FONDERIE

    Ce type de sable provient du moulage despièces de fonderie dans la métallurgie des fer-

    reux et des non-ferreux. A l’origine, il s’agitde sables siliceux à granulométrie homogènequi, de par leur utilisation en tant que moule,sont contaminés par les composés du liantutilisé : soit de la bentonite pour les sables “àvert”, soit des phénols pour les sables à liantchimique (résines phénoliques).

    Des techniques de désactivation de la bento-nite et de réduction des teneurs en phénolsont été développées, autorisant l’utilisationdes sables de fonderie dans les couches defondation et de sous-fondation. Une étudemenée récemment par le Centre de recher-ches routières a également mis en évidence lepotentiel d’utilisation de ces sables dans lescouches de revêtement. La présence de phé-nols dans les sables à liant chimique consti-tue le seul élément négatif d’un point de vueenvironnemental. Cependant, les techniquesactuelles de décontamination biologique (miseen andains et destruction bactérienne des phé-nols) devraient permettre d’utiliser les sablesde fonderie à liant chimique sans conséquen-ces néfastes pour l’environnement.

    4.2.5 LES PLASTIQUES

    Les déchets de plastiques, surtout les plasti-ques mélangés difficiles, voire impossibles àrecycler dans l’industrie plastique, peuventêtre employés dans différents domaines de laconstruction routière, mais leur applicationreste assez marginale. Les usages les plusconnus sont les blocs en plastique compresséqui permettent de réaliser des remblais légerssur des sols à faible portance.

    Les plastiques recyclés peuvent aussi entrerdans la confection de murs antibruit et, sousforme de fibres, dans la réalisation de terrearmée pour des remblais ou la stabilisation detalus sujets au glissement. Les granulats depolyéthylène recyclé pourraient être utiliséscomme modificateurs pour les liants bitumi-neux, comme cela a été testé en France.

    4.2.6 LES PNEUS

    Constamment renouvelés, les gisements depneus usagés constituent un problème majeurdans le cadre de l’assainissement des dépôtssauvages. Les volumes réintroduits dans laconstruction routière ne suffisent pas pour va-loriser l’ensemble de la production disponi-ble. On peut les incorporer dans le corps desremblais, afin de renforcer leur structure et/oude diminuer leur charge. Sous forme de gra-nulats, ils se prêtent aussi à la fabrication d’en-robés (atténuation des bruits de roulement) etde revêtements pour aires de jeu ou aires desport. Enfin, la “poudrette” de pneu broyépeut être incorporée comme additif au bitumedes enrobés.

    Tableau 1 Principaux déchets utilisés en construction routière.

    Matériaux Volumes annuels en Valorisation (arrêté du gouverne-Belgique (kilotonnes) ment wallon du 14/06/2001)

    Déchets de démolition :– béton 3400 Fondation, sous-fondation, revêtement– maçonnerie 3200 –– asphalte 1000 Fondation, sous-fondation, revêtement– terres de déblai 17000 Remblais– déchets de carrières – Fondation, sous-fondation, revêtement– produits de dragage > 40000 Remblais

    Sous-produits industriels :– laitiers – Fondation, sous-fondation, revêtement– scories LD/EAF 1000 Fondation, sous-fondation, revêtement– scories non ferreuses 400 Fondation, sous-fondation, revêtement– scories inox 250 Fondation, sous-fondation, revêtement– phosphogypse 1000 –– cendres volantes 540 Fondation, sous-fondation, revêtement– mâchefers (MIOM) 400 Remblais, fondation, sous-fondation– verre non recyclable 150 –– pneus 80 –– sables de fonderie 35 (1) –

    (1) Volume annuel produit en Wallonie.

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    4.2.7 LE PHOSPHOGYPSE

    Le phosphogypse est un sous-produit de lafabrication de l’acide phosphorique; son uti-lisation dans les remblais routiers a été étu-diée au Centre de recherches routières. Lesdeux principales restrictions à son recyclagerésident, d’une part, dans la pollution possi-ble des nappes souterraines en raison de sateneur en fluorures, sulfates et métaux lourds,et, d’autre part, dans ses propriétés mécani-ques défavorables (compressibilité et retrait).Le traitement du phosphogypse avec de lachaux ou du ciment améliore ces caractéristi-ques, tout en limitant les effets polluants. Ilen résulte que ce sous-produit n’est pas con-currentiel pour une utilisation dans des rem-blais, sauf si les conditions de productionétaient améliorées (meilleur drainage, neutra-lisation).

    Signalons qu’aux Etats-Unis, le phospho-gypse est utilisé dans les couches de fonda-tion stabilisées et dans des mélanges destinésà la confection de béton compacté au rouleau.

    4.3 LES PLASTIQUES

    Les plastiques ou polymères forment une fa-mille de matières provenant du raffinage dupétrole. La fraction d’essences légères est iso-lée, puis “craquée” à la vapeur pour obtenirdes monomères (éthylène, propylène, etc.)constitués pour l’essentiel d’atomes de car-bone, d’hydrogène et d’oxygène. On peut en-suite assembler les molécules de monomèreentre elles sous forme de chaînes (polymères)linéaires ou en réseau. D’autres éléments(chlore, azote, etc.) interviennent dans la com-position des polymères pour leur conférer descaractéristiques spécifiques.

    On distingue trois grandes familles de pro-duits : les thermoplastiques, les thermodur-cissables et les élastomères.

    Les thermoplastiques (tableau 2) sont desplastiques malléables qui peuvent être chauf-fés et refroidis pour leur donner une forme,puis chauffés à nouveau pour obtenir une autreforme. Cette caractéristique les rend aptes àêtre recyclés.

    Les thermodurcissables caractérisent les plas-tiques qui se rigidifient dès la première trans-formation; ils ne supportent pas d’autres trans-formations et sont très difficiles à recycler(ex. polyuréthannes, silicones).

    Les élastomères caractérisent les plastiquesqui se déforment et sont recyclables (caout-chouc).

    Au total, on compte une centaine de famillesde polymères, chacune déclinée en de nom-breux grades de propriétés, sans compter les

    alliages obtenus par mélange de plusieurs po-lymères. On dénombre ainsi entre mille oudeux mille plastiques différents. Un élémentde diversité supplémentaire tient au fait queles plastiques ne sont pas toujours compati-bles ou miscibles entre eux (voir tableau 3),principalement en raison de leur réaction à lachaleur et de leur température de fusion.

    Il existe de nombreuses filières de recyclagepour ces produits, mais certaines ne traitentque les déchets de production, très homogè-nes, dont on peut maîtriser les volumes jour-naliers. Ce type de recyclage concerne lesindustries de fabrication et non pas les entre-prises de construction.

    En ce qui concerne les déchets en fin de vie,il faut bien se rendre compte que l’industriene peut les traiter que s’ils sont assez purs etbien identifiés, ce qui nécessite une bonneconnaissance et une longue expérience desproduits, mais également une solide forma-tion. Bien souvent, ces filières ne sont pasfacilement accessibles aux entreprises deconstruction. L’idéal serait qu’il y ait plus decentres de regroupement où le tri de ces dé-chets serait effectué par des spécialistes. Ce-pendant, si les quantités sont relativement im-portantes, il peut s’avérer rentable d’élimi-ner, via des filières de recyclage, des lots dedéchets assez homogènes et suffisammentpropres, tels que des tuyaux d’évacuation, des

    gouttières, des châssis de fenêtre en PVC, etc.

    A notre connaissance, en dehors des CET,qui, par définition, ne recyclent pas et exigentle paiement d’une taxe de mise en décharge,il existe en Belgique quelques filières quiacceptent des déchets de PVC et peut-être unepour la famille des polyéthylènes. En ce quiconcerne le PVC, il s’agit le plus souvent deproduits rigides (tuyaux d’amenée et d’éva-cuation d’eau, gouttières, bardages, planchet-tes et planches de rive, châssis de fenêtre sansverre ni quincaillerie).

    La SCRL TRADECOWALL (i17) acceptece genre de déchets dans certains de ses cen-tres de regroupement et de traitement, à l’ex-clusion des plastiques d’emballage, films plas-tiques, récipients en plastique, seaux de pein-ture (même vides), mousses d’isolation, bâ-ches, objets en plastique moulé, ... Sur lesgros chantiers de construction ou de transfor-mation, les quantités disponibles peuvent par-fois justifier un tri et un transport spécifique.

    4.4 LE VERRE ET LES FENÊTRES

    4.4.1 RAPPEL

    Le verre propre possède la particularité depouvoir être recyclé indéfiniment, sans jamaisperdre sa qualité. Il y a lieu de distinguer :• le verre creux, plus ou moins transparent ou

    coloré, qui sert à fabriquer les récipientsutilisés pour les produits liquides

    • le verre plat, destiné aux fenêtres, vitragespour voitures, éléments de façade et mi-roirs.

    Les filières de recyclage du verre creux sontbien en place dans notre pays, mais n’accep-tent pas, jusqu’à présent, le verre plat.

    Le verre creux récupéré est nettoyé pour enretirer les matières qui pourraient nuire au

    Tableau 2 Principaux thermoplastiques.

    Tableau 3 Exemples de compatibilitéchimique entre plastiques.

    PA PE PP PVC

    PA Oui – – –

    PE Non Oui – –

    PP Variable Variable Oui –

    PVC Non Non Non Oui

    Types Propriétés Applications

    PE (polyéthylène) Transparence, souplesse Films, sacs, bouteilles

    PEHD (polyéthylène Opacité, rigidité Bidons, conteneurs, poubelles, seaux,à haute densité) jouets, bouteilles de lait

    PVC (polychlorure Transparence, rigidité Mobilier (bancs, ...), fenêtres, barrières,de vinyle) jouets, revêtements de sol

    PET (polyéthylène Transparence, tenue à Bouteilles de boissons gazeuses,téréphtalique) la pression interne lainages, rembourrages

    PP (polypropylène) Rigidité, résistance Boîtes, bacs, conteneurs, pare-chocs,aux chocs tubes

    PS (polystyrène) Multiples Bouteilles, pots de yaourt, emballages

    PA (polyamide) Multiples Tissus

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    PROJETS – ÉTUDES Ö

    recyclage, telles que la céramique, la porce-laine et le cristal. Il est ensuite trié par type etpar couleur (photo ci-dessus), puis broyé pourformer une poudre appelée calcin ou groisil.Le calcin est mélangé aux autres matières pre-mières du verre, principalement la silice desable et le carbonate de sodium, afin d’êtrechauffé et fondu à très hautes températures.Le calcin ayant la propriété de fondre à unetempérature plus basse que les matières pre-mières, son ajout permet de réduire assez bienles températures de fusion et donc de réaliserdes économies d’énergie substantielles lorsde la fabrication du verre. Le mélange fonduest ensuite moulé pour obtenir la forme dési-rée. Le pourcentage de calcin utilisé dans lemélange dépend du produit fabriqué. Les bou-teilles vertes, par exemple, contiennent géné-ralement près de 90 % de calcin.

    Une difficulté trouve son origine dans le faitqu’il y a actuellement sur le marché trop decalcin en provenance des filières propres auverre creux, parce que la Belgique importe degrandes quantités de bouteilles, de sorte quela production de verre creux n’a pas besoindu verre issu du secteur de la construction oude l’automobile.

    4.4.2 FILIÈRES

    Le verre a toutes les caractéristiques d’undéchet inerte. Toutefois, dans la construction,il est associé à bien d’autres produits qui nesont pas inertes et dont on peut difficilementle séparer. Par ailleurs, plusieurs types de vi-trages récents comportent des couches métal-liques et/ou plastiques qui font perdre au verreson caractère inerte.

    Les ateliers produisent des chutes de verre,en principe propres, qui peuvent être reprises

    Tri des déchets de verre selon leurcouleur.

    Le verre de construction, déchetinerte, est souvent associé à desproduits non inertes.

    par le fournisseur ou évacuées vers une ins-tallation de broyage. Comme précisé plushaut, les installations qui traitent le verre creuxn’acceptent généralement pas le verre plat.

    Le verre provenant du bâtiment est en généraldifficile, voire dangereux à séparer du châssisdans lequel il est inséré. Et même lorsqu’onarrive à l’en dissocier, le verre est sali par desmastics et adhère éventuellement aux lattesde fermeture du double vitrage.

    Il existe en Europe des installations quibroient les châssis pour récupérer les diffé-rents composants, quel que soit le matériaude base du châssis (bois, acier, aluminium,PVC), et qui éliminent les autres matériaux(films plastiques, armatures, quincaillerie,joints divers, matériaux isolants, etc.).

    Ce type de collecte, dont il existe un exempleen Belgique (i27), se met en place petit àpetit; toutefois, il est encore trop facile dediriger les anciens châssis vers les CET, dontles prix entrent en concurrence avec ceux desinstallations de recyclage. L’interdiction ré-cente de mettre en CET les déchets “non ulti-mes” va sans doute modifier la donne.

    Certains fabricants de châssis en PVC se dé-clarent être à même de reprendre leurs châs-sis, qu’ils recyclent dans leurs installations,mais, à notre connaissance, ce n’est valableque sur le marché allemand.

    4.4.3 POSSIBILITÉS DE RECYCLAGE

    Le verre recyclé non contaminé peut être uti-lisé comme abrasif pour le nettoyage des fa-çades au jet de verre. Il semblerait que cetteméthode soit plus efficace que le sablage. Pourle nettoyage par projection, il faut disposerde microfines de verre qui peuvent être fabri-quées à partir de particules de verre sodocal-cique (blanc ou coloré) ou, éventuellement,de verre borosilicaté. Le verre est broyé dansdes gammes granulométriques bien définies,souvent inférieures à 500 µm. La poudre doitêtre propre et exempte de corps étrangers.

    Châssis de fenêtre à recycler.

    Ces microfines sont surtout utilisées pour lenettoyage par projection à sec des parementsde façade salis et/ou recouverts de peinturesanciennes, en particulier dans les cas où lespouvoirs publics interdisent le recours à destechniques trop agressives (sablage, nettoyagechimique) qui mettent en danger la patine etla couche de défense naturelle des pierres cal-caires.

    Les résidus de verre sont également utiliséspour fabriquer de la laine de verre ainsi quedes carreaux décoratifs de piscine, que l’onpeut aussi incorporer dans les éléments deconstruction.

    Les autres applications potentielles dans ledomaine des abrasifs seraient :• le nettoyage des réservoirs de stockage, des

    pièces telles que pistons ou valves, desponts, des coques de navire

    • l’élimination des peintures, des laques, dessuies et des scories par ébavurage

    • la préparation des surfaces (polissage, dou-cissage) afin d’améliorer l’adhérence desplastiques, coatings, céramiques, tuiles, ousimplement pour améliorer l’aspect de sur-face.

    La poudre de verre peut encore trouver unusage comme charge pour les matières plasti-ques, comme ajout dans certaines peintures(peintures réfléchissantes pour les routes),dans des tuiles ou des briques (pour obtenirun aspect de surface spécifique), voire dans

    Les résidus de verre se prêtent à lafabrication de divers produits (lainede verre, carreaux décoratifs, ...).

  • Les Dossiers du CSTC – Cahier n° 3 – 3e trimestre 2005 – page 9

    PROJETS – ÉTUDES Ö

    les ciments (voie à explorer) en remplacementdes fumées de silice (silica fume).

    Aux Pays-Bas, une reprise des débris de verreplat s’est mise en place et fonctionne de ma-nière réglementée depuis janvier 2003 (i31).Moyennant une contribution obligatoire lorsde l’achat du verre, le vitrier peut se défairede ses déchets de verre (propres ?), sans paie-ment complémentaire, dans un des nombreuxpoints de collecte.

    4.5 LES MEMBRANES BITUMINEUSES

    Essentiellement utilisées pour l’étanchéité destoitures plates, les membranes bitumineusesont une durée de vie moyenne estimée à 20ans lorsqu’elles sont réalisées correctement.

    En Belgique, on estime qu’environ13.000.000 m² de toitures plates sont réali-sées tous les ans et que l’on produit entre50.000 et 80.000 tonnes de déchets de lésbitumineux par an. Actuellement, quelles quesoient les Régions, ces déchets sont éliminésen CET.

    Comme pour les autres déchets, lorsque leproduit est homogène et propre, il est parfai-tement recyclable. Actuellement, certainesinstallations sont à même de produire desgranulés à partir de membranes. S’il s’agit detraiter les déchets de production et de les ré-introduire dans la fabrication de membranesneuves, ce n’est pas trop compliqué : en effet,la qualité et la composition du bitume sontbien connues et constantes. Toutefois, la ma-jorité des déchets de chantier et toutes lesmembranes provenant d’anciennes toituressont composées de plusieurs couches de pro-

    En Belgique, la toiture plate génèrechaque année entre 50.000 et 80.000tonnes de déchets de lés bitumi-neux.

    duits de nature et d’âge différents. Il est dèslors fréquent, lorsqu’on rénove un toit, delaisser en place l’étanchéité existante et deremettre une ou plusieurs couches par-des-sus. Cette méthode est beaucoup moins oné-reuse et offre en outre “l’avantage” de cacherles misères de la structure en place.

    De plus, lorsqu’on démonte un ancien toitplat, on risque de retrouver, dans les déchets,des morceaux de bois, des isolants divers, desclous, des vis, éventuellement des morceauxde plastique et des profilés métalliques. Lerecyclage des anciennes toitures constituedonc à l’évidence une tâche complexe auxmultiples facettes.

    4.5.1 LE GOUDRON, DÉCHET DANGEREUX

    Le goudron ou tout produit qui en contientdoit impérativement être éliminé complète-ment (en classe I) ou incinéré dans une instal-lation agréée, car il s’agit d’un déchet dange-reux. Sous-produit de la distillation de lahouille, il contient en effet de hautes concen-trations d’hydrocarbures polyaromatiquesnocifs. C’est la raison pour laquelle la valori-sation des matériaux contenant des goudronsde houille est strictement interdite, du moinsen Flandre.

    Il est possible d’identifier les goudrons surchantier. Différents tests commercialisés ontété étudiés par le CRR (i22) afin de détecterle goudron dans les enrobés bitumineux. Uneétude prénormative y est en cours de réalisa-tion. Si l’on souhaite recycler les membranesde toiture, il y aurait lieu d’envisager le re-cours à de tels tests.

    4.5.2 POSSIBILITÉS DE RECYCLAGE

    Une technique de recyclage actuellement dé-veloppée permet d’obtenir soit une matièrehomogène sans fibres ni granulats, soit desgranulats bitumineux qui pourraient être in-corporés en construction routière comme celase pratique aux Pays-Bas (i26).

    Il est également possible de mettre au pointdes produits de qualité acceptable pour desapplications dont les exigences sont moinsstrictes. Encore faudrait-il vérifier la compa-tibilité des différents types de produits quisont entrés dans la composition des membra-nes au cours des dernières décennies (bitumeAPP, SBS ou bitume oxydé), afin de préciserdans quelle mesure et dans quelles propor-tions ces différents produits peuvent être mé-langés et de quelle façon le mélange affecteles propriétés du produit final.

    En Belgique, la société Recticel récolte desdéchets de toiture afin de fabriquer des gra-nulats qui pourraient être utilisés pour couler

    (à chaud) des couches imperméables à la va-peur d’eau (toitures, structures enterrées àrendre étanches). D’autres producteurs demembranes s’intéressent à cette solution. Sil’expérience est concluante, il est envisagéd’interdire le versage et l’incinération de cesproduits. En Région wallonne, une étude estactuellement en cours.

    4.6 LES DÉCHETS DE PEINTURE

    4.6.1 CARACTÉRISTIQUES DES PEINTURES

    Les peintures sont essentiellement des matiè-res liquides qui, appliquées en couches min-ces sur différents supports, forment sur ceux-ci un revêtement solide, adhérent et durable,conférant au matériau des qualités décorati-ves, protectrices ou autres.

    Une peinture contient :• un liant, constituant principal de la peinture

    ou du vernis, dont le rôle est d’assurer l’ad-hérence au support, le lien entre tous lesconstituants de la peinture et la durabilitédu film. Les liants (ou résines) permettentde classer les peintures en diverses catégo-ries en fonction de l’application : alkydes,acryliques, époxydes, polyuréthannes, ami-noplastes, vinyliques, polyesters, bitumi-neuses, phénoliques, à base de caoutchoucchloré, de silicones. La nature chimique deces liants rend les peintures incompatiblesentre elles

    • un durcisseur, produit nécessaire dans cer-taines formulations pour faire réagir lesmolécules de liant entre elles et obtenir unfilm aux propriétés mécaniques et chimi-ques voulues

    • des solvants, choisis en fonction de la na-ture du liant; ils servent à dissoudre le liantpour faciliter la fabrication, le stockage etl’application de la peinture. À l’exceptionde l’eau, ces solvants sont des dérivés d’hy-drocarbures, aussi appelés composés orga-niques volatils (COV)

    • des pigments, qui sont des poudres insolu-bles dont la dispersion dans le liant don-nera à la peinture les caractéristiques recher-chées, telles que le pouvoir couvrant, larésistance à la vapeur d’eau, la couleur, lepouvoir anticorrosion, etc. Les pigmentssont soit des matières minérales, comme desoxydes métalliques, soit des composés or-ganiques de synthèse

    • des charges minérales, qui n’ont qu’un fai-ble pouvoir couvrant ou colorant, mais per-mettent d’obtenir d’autres caractéristiquestechniques comme la densité, la viscositéou la diminution de brillance

    • des additifs, utilisés pour obtenir des carac-téristiques techniques particulières; ils re-présentent moins de 1 % de la matière. Cesont par exemple des plastifiants destinés àmaintenir la souplesse du film après sé-chage.

  • Les Dossiers du CSTC – Cahier n° 3 – 3e trimestre 2005 – page 10

    PROJETS – ÉTUDES Ö

    4.6.2 COMMENT ÉVACUER LES DÉCHETS DEPEINTURE ?

    Les surplus de peinture générés par les entre-prises sont en majorité des déchets dange-reux. Le recours croissant aux peintures àl’eau ne change rien au caractère dangereuxdes déchets, même s’ils sont bien moins no-cifs pour la santé de l’homme et pour l’envi-ronnement en général.

    Les parcs à conteneurs accessibles aux PMEétant extrêmement rares (Liège, province duLuxembourg), les entrepreneurs doivent con-fier leurs surplus de peintures à des collec-teurs agréés. Les collecteurs de déchets dan-gereux les orientent, selon les cas, vers unprétraitement (nettoyage des pots, préparationde combustible, ...) avant une incinération ouune valorisation énergétique des résidus et/oudes emballages (en cimenterie essentielle-ment), voire une récupération des métaux dansle cas des pots métalliques. Les services pro-posés aux peintres du bâtiment par les collec-teurs agréés sont coûteux et mal adaptés pourles PME, car, dans la plupart des cas, les quan-tités sont faibles et de nature très variable.

    Les peintres se voient donc souvent contraintsde confier leurs résidus aux particuliers, quiutilisent le système de collecte des détritusménagers (parcs à conteneurs communaux).Ceux-ci, taxés en général forfaitairement,ignorent le coût de ces services qu’ils croientgratuits. L’efficacité de ce système de col-lecte augmente d’année en année mais, fautede filière de valorisation adéquate, le coûtd’élimination augmente proportionnellement,et les taxes suivent le même mouvement.

    Dans d’autres pays, des solutions sont par-fois mises en place. Au Québec, un accordconclu en 1996 entre les producteurs de pein-ture et le gouvernement avait permis la créa-tion d’une société spécialisée dans le recy-clage des peintures. Celle-ci était parvenue àabsorber un bonne quantité des matières col-lectées et à réduire sensiblement les coûts detraitement, mais il semble que le projet ait étéarrêté (manque de rentabilité).

    Dans le nord de la France (notamment dans laRégion Nord Pas-de-Calais), des accords pas-sés entre les fédérations d’entrepreneurs(CAPEB d’une part, FFB de l’autre; i 2 et8) et certains fabricants ou distributeurs depeintures importants ont permis la créationde filières de collecte dans des centres spécia-lisés ou de systèmes de reprise au siège del’entreprise. Les déchets de peinture sont en-suite redirigés vers l’industrie de la peinture.Ces solutions mises en place récemment sontencore en phase d’observation.

    Le tri en fonction du liant est l’étape initialeessentielle à la valorisation des surplus depeinture. Il est nécessaire notamment de pou-voir identifier aisément et avec certitude lecomposant de base, parmi les autres consti-tuants de la peinture.

    4.6.3 LE RECYCLAGE : INVENTAIRE DE LASITUATION EN RÉGION WALLONNE ETCOMPARAISON AVEC LE QUÉBEC

    En 2000, il s’est vendu 106.000 tonnes depeinture en Belgique, dont 61 % pour le seulsecteur du bâtiment (2). Selon le Plan wallondes déchets (données de 1996), 7.900 tonnesde résidus de peinture se répartissent entre2.300 tonnes de déchets de production et5.600 tonnes de déchets d’utilisation;426 tonnes de peinture ont été collectéesgrâce aux apports volontaires des particuliersdans les parcs à conteneurs. Cela représentaitplus d’un quart des déchets dangereux col-lectés.

    Le tableau 4 fait apparaître que la quantité dedéchets dangereux des ménages, collectésdans les parcs à conteneurs, a doublé entre1996 et 2000. On peut donc prévoir égale-ment un doublement de la quantité de peintu-re collectée. Par contre, le Plan wallon desdéchets précise que, même si on enregistreune valorisation accrue des déchets de pro-duction (industriels), la totalité de la peinturecollectée dans les parcs à conteneurs estencore incinérée ou mise en décharge.

    (2) Source : Conseil européen de l’industrie des peintures, des encres d’imprimerie et des couleurs d’art (2000).

    Tableau 4 Évolution des quantitéscollectées de déchets spéciaux desménages en Wallonie (source :DGRNE; i7).

    Année Quantité Quantité parcollectée (kg) habitant (kg/hab)

    1991 182.939 0,056

    1992 313.675 0,096

    1993 524.430 0,159

    1994 972.785 0,294

    1995 1.378.990 0,416

    1996 1.591.027 0,480

    1997 2.092.323 0,630

    1998 2.441.079 0,734

    1999 3.179.694 0,954

    2000 3.303.579 0,989

    Le procédé de recyclage consiste à vider lespots et à les nettoyer au moyen de sciure debois. Les pots métalliques sont recyclés ensidérurgie; quant au mélange de sciure et depeinture, il sert de combustible alternatif encimenterie. Le tarif de reprise des déchets estéquivalent à celui pratiqué pour les déchetsdangereux, ce qui incite certains à utiliser lafilière des parcs à conteneurs normalementréservée aux détritus ménagers, notammenten abandonnant le surplus au client pourd’improbables retouches (cf. plus haut).

    A titre de comparaison, il se vend, au Qué-bec, environ 42.000 tonnes de peinture et deteinture architecturales; en excluant les aéro-sols et les formats moins standard, cette pein-ture est vendue dans quelque 18 millions decontenants, principalement de 1 litre, de 4 li-tres et de 20 litres. La masse de ces conte-nants est de l’ordre de 6.200 tonnes; les inter-venants du milieu considèrent qu’après l’uti-lisation des 42.000 tonnes, il resterait environ3.000 tonnes de résidus. Les résidus de pein-ture post-consommation représentent environ42 % de tous les résidus domestiques dange-reux (RDD) récupérés (données de 1996). En1998, environ 632 tonnes de peinture ont étérécupérées, ce qui représente plus ou moins20 % des résidus générés.

    4.7 LES DÉCHETS DE BOIS

    4.7.1 CLASSIFICATION

    Le bois doit être choisi en fonction des carac-téristiques qu’il possède pour l’applicationdésirée. Ce matériau organique est sensible àl’humidité et peut présenter des pathologiesnécessitant des traitements préventifs ou cu-ratifs afin de prévenir ou de détruire les cham-pignons, les termites et autres insectes xylo-phages. Suivant leur composition, ces traite-ments peuvent avoir des effets néfastes sur lasanté des applicateurs ou des personnes ex-posées aux émanations éventuelles de leurscomposés.

    Selon une étude française, le bois totalise àlui seul 6 % de tous les déchets de chantier.Cette fraction n’est pas négligeable, mais restecependant mal exploitée. En effet, une partiepart en fumée sur chantier ou chez les parti-culiers (c’est légalement interdit, mais cou-ramment pratiqué). De plus, le bois non trién’est pas comptabilisé dans les ressourcesutilisables.

    Le bois est un matériau naturel composé de50 % de carbone, 42 % d’oxygène, 6 % d’hy-drogène, 1 % d’azote et 1 % d’éléments di-vers.

  • Les Dossiers du CSTC – Cahier n° 3 – 3e trimestre 2005 – page 11

    PROJETS – ÉTUDES Ö

    Les déchets de bois sont généralement répar-tis en trois classes :• classe A : déchets de bois non traités, non

    dangereux• classe B : déchets de bois traités non dan-

    gereux• classe C : déchets de bois dangereux, im-

    prégnés avec des produits tels que l’arsé-niate de cuivre chromaté ou ACC (copperchromated arsenate - CCA), la créosote, lesproduits riches en plomb ou les ignifuges.

    Cette classification n’est pas officielle, maisest généralement utilisée par les centres de triet de traitement. Il n’est guère aisé d’identi-fier la classe du bois sur la base d’un simpleexamen visuel. Le tableau 5 tente d’apporterdes réponses.

    4.7.2 LA PRÉSERVATION DU BOIS : UN PEUDE CHIMIE

    Les produits de préservation contiennent troiséléments fondamentaux :• des matières actives• un solvant• un agent de fixation.

    r Matières actives

    Ce sont des pesticides, qui, pour satisfaireaux tests biologiques, doivent posséder uneaction fongicide et/ou insecticide vis-à-vis desagents d’altération concernés. Selon leur na-ture, ces matières actives seront donc effica-ces contre tel ou tel insecte, tel ou tel cham-pignon ou parfois pour l’ensemble des ris-ques associés à un emploi. On peut combineréventuellement plusieurs matières actives. Lesmatières actives principales sont soit des subs-tances minérales ou métalliques (Cu, F, Bo,As), soit des substances de synthèse telles queles dérivés d’étain, les azoles, les pyrétroïdes

    Brûler les déchets sur chantier estinterdit, mais souvent pratiqué.

    Tableau 5 Classes de déchets de bois.

    (cyperméthrine, perméthrine), les ammoniumsquaternaires et les carbamates.

    L’aldrine, le pentachlorophénol et l’arséniatede cuivre chromaté sont interdits ou régle-mentés depuis 1994 pour des raisons de toxi-cité. Cependant, des bois traités de cette fa-çon sont encore utilisés actuellement dans lesbâtiments et arriveront un jour en fin de vie.Ils devront être considérés comme déchetsdangereux et nécessiteront un traitement par-ticulier encore mal défini.

    r Solvants

    Leur rôle est de transporter les matières acti-ves dans le bois et de les y déposer. Ils sontensuite éliminés, généralement par séchagenaturel. On utilise soit les solvants pétroliersde type léger ou de type lourd, soit l’eau, quipeut solubiliser les sels minéraux, les sels or-ganiques (pentachlorophénate de sodium) etles ammoniums quaternaires.

    r Agents de fixation

    La fixation s’opère soit par réaction chimi-que, notamment avec des sels métalliques danslesquels le chrome joue le rôle d’élément fixa-teur du cuivre, soit à l’aide de résines agis-sant par collage des matières actives; cettedernière solution est principalement utiliséepour fixer les substances de synthèse.

    r Associations utilisées

    Selon le type d’association entre matièresactives, solvants et produits de fixation, ontrouve sur le marché un certain nombre defamilles de produits, très spécifiques de cer-tains emplois ou procédés de traitement : selsnon fixants monocomposant (F, Bo, Cu) dans

    l’eau ou sels fixants (sels métalliques com-plexes contenant du chrome comme fixateur).

    Les associations de Cu-As-F-Cr-Bo-Hg-Psont en usage depuis 1940. Actuellement, cesont surtout des formules à base de Cu-Cr-As, de Cu-Cr ou de Cu-Cr-Bo qui sont utili-sées. On distingue :• les produits organiques (solvants pétroliers

    + perméthrine, lindane + résines)• les émulsions : l’eau est utilisée comme

    véhicule, associée à des substances de syn-thèse qui ne sont pas hydrosolubles, maissont mises en émulsion dans l’eau. Leurfixation est assurée par des résines et/ou pardes systèmes tensioactifs

    • les produits mixtes (depuis 1986) : ils asso-cient des composés métalliques à des molé-cules de synthèse qui les fixent et/ou éten-dent leur spectre d’efficacité. On rencontre,par exemple, depuis 1986 les combinaisonsbore + sels d’ammoniums quaternaires oucuivre + molécules organiques

    • la créosote, qui est une association d’envi-ron 100 molécules issues de la distillationde la houille et est exempte de solvant.

    Certains de ces produits sont couramment misen œuvre par autoclavage, procédé au coursduquel les bois secs sont placés dans une cuve

    Déchets de bois imprégnés decréosote, à recycler.

    Classes Description Débouchés

    Classe A Bois massif Sciures 4-8 mmPalettes, planches et poutres propres Industrie du panneaunon contaminées Sciures 0-3 mmEmballages en bois Fours de cimenterie

    Classe B Multiplex Auparavant : mise en décharge;Panneaux avec ou sans mélamine actuellement : recyclagePanneaux de fibres comme ci-dessus.Bois de démolition Unités de chauffe industriellesPortes et fenêtres sans verreTables et chaises, fauteuils et armoiressans recouvrement, ni remplissage, ni rotin

    Classe C Panneaux durs de fibres de bois Débouchés en Italie commePanneaux tendres de fibres de bois source d’énergie pour l’industriePanneaux MDF (medium density des panneaux de particulesfibreboards)

  • Les Dossiers du CSTC – Cahier n° 3 – 3e trimestre 2005 – page 12

    PROJETS – ÉTUDES Ö

    hermétiquement fermée dans laquelle on faitle vide pour favoriser l’imprégnation du pro-duit qui remplit l’autoclave. Une pression del’ordre de 10 à 12 bars est maintenue entre 30minutes et 3 heures, après quoi le produit estvidangé. On applique ensuite un vide finaldestiné à rééquilibrer les pressions internesdu bois, à détendre le reliquat d’air, comprimélors de la phase de pression, et à obtenir unesurface de bois ressuyée, sans écoulement àla sortie de l’autoclave.

    Les bois sont ainsi imprégnés à cœur et cons-tituent, en fin de vie, des déchets dits dange-reux contenant des produits comme du cuivreou de l’arsenic.

    4.7.3 VALORISATION DES DÉCHETS DE BOIS

    A. Bois très contaminés

    r Combustion

    En Wallonie, une société traite certains dé-chets pour les valoriser comme combustiblesou comme substituts dans les fours à ciment(i30). Sa capacité de traitement est de250.000 tonnes. Les déchets peuvent être :• des solvants ou des substances contenant

    des solvants• des produits huileux ou des hydrocarbures• des résidus de peinture, de vernis, de colle,

    de mastic, d’encre• des boues d’apprêt et de travail des maté-

    riaux• des déchets de synthèse et autres opérations

    de chimie organique• des eaux résiduaires• des résidus boueux ou solides de traitement

    de dépollution• des rebuts d’utilisation (plastiques, co-

    peaux, sciures, gâteaux de filtration, déchetscontenant de la silice, de l’alumine, du fer,de la chaux).

    La valorisation de ces déchets en cimenterieest intéressante, car la combustion se produità une température bien supérieure à celle desautres incinérateurs. La majorité des chaînessont ainsi brisées, ce qui diminue le risque depollution de l’air.

    Copeaux de bois après broyage.

    r Thermolyse

    D’autres solutions intéressantes consistent àeffectuer une thermolyse des déchets de boispollués pour produire du charbon de bois. Uneinstallation expérimentale fonctionne enFrance, près de Bordeaux.

    Le processus permet de traiter des bois clas-sés parmi les déchets dangereux (classe C),tels que les poteaux électriques, les traversesde chemin de fer, les vieux bois traités àl’ACC; autant de déchets devenus au fil dutemps bien encombrants lorsqu’il s’agit des’en débarrasser sans polluer. Le procédé viseà assurer, en trois étapes – broyage, thermo-lyse (sorte de distillation), séparation desmétaux lourds –, le recyclage complet de tousles déchets de bois souillés exclus de la caté-gorie “biomasse”. Son point fort réside dansla possibilité de revaloriser les déchets de bois,quel que soit leur degré de pollution, sansnécessiter de tri préalable.

    Actuellement, l’installation n’est pas renta-ble, car la législation n’impose pas de traiterces bois de manière non polluante et il esttoujours autorisé de les mettre en décharge àun coût inférieur au coût de fonctionnementde l’installation. Les sociétés qui disposent

    Bois contaminé transformé encharbon de bois propre aprèsthermolyse.

    de stocks importants de bois souillés les lais-sent traîner sur leurs terrains, en attendant des“jours meilleurs”.

    B. Autres déchets de bois

    En général, tous les déchets de bois sont ré-coltés ensemble, quel que soit leur type, puissont triés dans les installations d’entreprisesspécialisées. Dans la majorité des cas, le boisrepris par les filières de récolte de déchetspart vers les fabricants de panneaux de parti-cules, lorsque le récolteur estime qu’il est suf-fisamment propre (après l’avoir trié); dans lesautres cas, il est mis en décharge.

    Des solutions de valorisation sont à l’étude,mais faute de pouvoir estimer correctement legisement disponible, leur rentabilité ne peutêtre précisée. En France, à Baisieux, à proxi-mité de la frontière belge (près de Tournai),une plateforme de recyclage des déchets debois de construction et de démolition a étémise en place depuis le début de l’année 2005à l’initiative de la FFB (i8) et de plusieursde ses membres, avec le soutien du Conseilgénéral de la Région. Actuellement, les dé-chets sont triés avec une pelle et recyclés dansl’industrie du panneau en Belgique.

    En Belgique, dans la région hutoise, le centrede recyclage RECYMO (i28) accepte, trieet broie des déchets de bois, qu’ils provien-nent de parcs à conteneurs ou d’entreprisesde démolition. A l’heure actuelle, ces déchetssont encore probablement mis en CET (i4).

    5 LA GESTION DES DÉCHETS DEBÂTIMENT : LE PROGRAMMEMEDECO

    Dans le cadre d’un accord de branche établien 1991 entre le ministre wallon de l’Envi-ronnement et la Confédération wallonne de laconstruction, un comité technique a été mis

    i LA THERMOLYSE DES DÉCHETS DE BOIS SOUILLÉSLe procédé consiste à chauffer du bois broyé, chargé dans une colonne de réaction,en le soumettant à un courant de gaz chauds. La combustion adiabatique (transforma-tion sans échange de chaleur avec l’extérieur) qui en résulte a pour conséquence degazéifier les éléments volatils, tandis que les éléments minéraux restent prisonniersd’un résidu charbonneux, très riche en carbone (6.500 kcal/kg). La température desgaz de chauffe est sensiblement inférieure à celle généralement utilisée pour lathermolyse. Ce procédé requiert un contrôle précis de la température, de la pression,de la teneur en O2 et en CO des gaz de chauffe. L’effet conjugué des faibles niveauxde température requis et de la richesse en hydrocarbures des gaz provenant de lacolonne de réaction permet de maintenir le système en autocombustion. La totalité desgaz en recirculation est brûlée à plus de 850 °C avant d’être réutilisée ou évacuée.Tandis que le niveau de bois broyé est réajusté en permanence à la tête de la colonnede réaction, le résidu charbonné est extrait du fond de la colonne à mesure qu’il estproduit. Ce charbon purifié est refroidi, compressé, évacué et stocké, prêt à réintégrerson rôle de combustible (voir photo ci-dessus).

  • Les Dossiers du CSTC – Cahier n° 3 – 3e trimestre 2005 – page 13

    PROJETS – ÉTUDES Ö

    i

    en place et s’est attelé à une série de problè-mes urgents : taxation des terres, organisa-tion de CET, de centres de regroupement etde traitement des déchets inertes de la cons-truction, réutilisation de produits recyclésdans les travaux routiers, ... Il s’est ensuiteattaqué au problème des déchets du bâtiment.L’étude qu’il a menée l’a conduit à proposerà l’ensemble des acteurs du secteur de la cons-truction le logiciel d’aide à la décision bap-tisé MEDECO (i13).

    On sait qu’à l’avenir, la gestion des déchetsde construction et de démolition doit passerpar un tri plus rigoureux et que la solution duconteneur unique et du “tout-à-la-décharge”n’est plus acceptable, ni économiquement, nisocialement, ni réglementairement. Il importedès lors de fournir aux professionnels desoutils leur permettant de prendre les bonnesdécisions. Une démarche similaire ayant déjàfait l’objet de prescriptions précises pour lestravaux routiers via le cahier des charges uni-fié CCT RW 99 (i3), les auteurs du projetMEDECO sont donc logiquement partis deces textes pour établir leur outil.

    Le logiciel, basé sur les concepts de “dé-cons-truction” et de démolition sélective, vise àfaciliter et à améliorer la gestion des déchetsde démolition et de rénovation du bâtimentdans le cadre des travaux publics et privés,tant dans le chef des auteurs de projet quedans le chef des entreprises générales ou spé-cialisées dans la démolition et la rénovation.Le but est d’aider les acteurs de la construc-tion à poser un diagnostic complet, rapide etfiable avant de procéder à la démolition sé-lective d’un bâtiment. Réalisé par le CSTC encollaboration avec la CCW et TRADECO-WALL (i 6 et 17), le travail a été supervisépar le comité technique précité et financé parla Région wallonne via l’Office des déchets.

    A l’aide de ce nouvel outil, qui comporte undétail de chaque poste de déchets, les entrepri-ses peuvent prendre en compte le coût intégralde la gestion des déchets susceptibles d’êtregénérés par les travaux. Cette démarche favo-rise ainsi l’élimination des déchets produits parle chantier dans des installations adaptées et lerecyclage de la fraction valorisable.

    La gestion des déchets doit passerpar un tri de plus en plus rigoureux.

    MEDECO permet d’adapter le métré en fonc-tion des conditions dans lesquelles le travailsera exécuté. Chaque utilisateur peut ainsi tra-vailler selon sa méthode, sans devoir recourirchaque fois à une procédure lourde et figée.Grâce aux postes extrêmement détaillés ducahier des charges de base, il peut structurerl’analyse du chantier afin d’évaluer la quan-tité de déchets qui seront réellement générés.Ce métré fournira une réponse aux exigencesde chacun, le logiciel permettant un classe-ment par matériau, par code wallon des dé-chets pour une quantification globale ou parposte selon son classement personnel (dans lecas d’un cahier des charges spécifique à unbureau d’études, par exemple).

    MEDECO se propose ainsi de faire entrer leconcept de démolition sélective dans le voca-bulaire courant de chaque acteur de la filière

    INFORMATIONS UTILES• Notions et organismes cités dans l’article :

    1. BENOR : marque déposée, propriété de l’IBN (www.ibn.be/FR/benor_f.htm)2. CAPEB : Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (pour

    la région Nord Pas-de-Calais : www.capeb-nord.fr)3. CCT RW 99 : cahier des charges-type de la Région wallonne

    (http://routes.wallonie.be/entreprise/cctrw99/site/shtml/logoleft_cctrw99.shtml)4. CET : centre d’enfouissement technique5. CIFFUL : Centre interdisciplinaire de formation des formateurs de l’Université de Liège6. CCW : Confédération wallonne de la construction (www.ccw.be) (Guide des déchets)7. DGRNE : Direction générale des ressources naturelles et de l’environnement de

    la Région wallonne (http://mrw.wallonie.be/dgrne)8. FFB : Fédération française du bâtiment (pour la région Nord Pas-de-Calais :

    www.nordpdc.ffbatiment.fr/Public/idx_home.asp)9. FFC : Fonds de formation de la construction (www.laconstruction.be)10. FOREM : Formation professionnelle des travailleurs sans emploi (www.leforem.be)11. IFAPME : Institut de formation professionnelle en alternance du personnel des

    petites et moyennes entreprises (www.ifapme.be) (www.pleiad.be)12. MARCO : MAnagement des Risques environnementaux dans les métiers de la

    COnstruction; Guide Marco à télécharger (www.marco-construction.be)13. MEDECO : logiciel d’aide à la décision conçu pour la gestion des déchets,

    téléchargeable gratuitement (www.marco-construction.be/medeco)14. Recupel : association chargée d’organiser la collecte, le tri et le traitement écologique

    des appareils électriques et électroniques en fin de vie (www.recupel.be)15. Recyhouse : bâtiment témoin construit à la station expérimentale du CSTC, quasi

    exclusivement au moyen de matériaux recyclés (www.recyhouse.be)16. RECYWALL : approche multisectorielle du recyclage des déchets industriels

    (www.recywall.be)17. TRADECOWALL : Traitement des déchets de la construction en Wallonie

    (www.tradecowall.be/tradecowall.html)• Centres de recherche collective :

    18. Centexbel : Centre scientifique et technique de l’industrie textile belge (www.centexbel.be)19. CoRI : Coatings Research Institute (www.cori-coatings.be)20. CRIBC : Centre de recherche de l’industrie de la céramique (www.bcrc.be)21. CRIF : Centre de recherche des fabrications métalliques et plastiques (www.crif.be)22. CRR : Centre de recherches routières (www.brrc.be)23. CSTC : Centre scientifique et technique de la construction (www.cstc.be)24. CTIB : Centre technique de l’industrie du bois (www.ctib-tchn.be)25. CTP : Centre technologique international de la Terre et de la Pierre (industrie extractive)

    • Filières de recyclage :26. Biturec : recyclage des membranes bitumineuses aux Pays-Bas (www.biturec.nl)27. High 5 : recyclage du verre plat en Belgique (www.high5.be/default.xml)28. RECYMO : recycleur de déchets de construction (www.feredeco.be)29. Recytyre : solutions durables pour les pneus usagés en Belgique

    (www.recytyre.be/language.aspx)30. Scoribel : valorisation des déchets industriels par prétraitement (www.scoribel.com)31. Vlakglas Recycling : recyclage du verre plat aux Pays-Bas (www.vlakglasrecycling.nl)

    construction. Une évolution considérable quiva dans le sens d’une gestion durable du pa-trimoine bâti et de la protection des ressour-ces naturelles.

    Le logiciel a fait l’objet de tests sur des ouvra-ges construits; ses utilisateurs ont jugé qu’ilne présentait pas de grosses difficultés. Desapplications à plus grande échelle sur des bâ-timents à rénover en profondeur sont sur lepoint de débuter. Il reste en effet à convaincreles professionnels que le supplément de tra-vail qu’exige la réalisation d’un métré de dé-chets avant le début des travaux peut entraî-ner des réductions significatives de coûts ul-térieurement.

    Le logiciel MEDECO est téléchargeable gra-tuitement, moyennant inscription préalable(i13). n

  • Les Dossiers du CSTC – Cahier n° 3 – 3e trimestre 2005 – page 14

    PROJETS – ÉTUDES Ö

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