Le dessin confronté à l'espace public Le dessin confronté à l'espace public

Déborah JEAN

Le dessin confronté à l'espace publicLe dessin confronté à l'espace public

Déborah JEAN

La notion d'espace est au coeur du sujet, lorsqu'il est question de dessin confronté à l'espace public. Le passage hors-les-murs o�re un certain potentiel visuel -interaction avec le paysage, l'environnement- et de nouveaux moyens narratifs à explorer : des oeuvres comme celles de Blu (MUTO) sont des exemples parlants de narration alternative. Le dessin va à la rencontre du public dans son environnement, joue avec ce lieu, se l'approprie, et le redé�nit. Ne plus lier "dessin" à "surface" mais à "espace" ouvre une possibilité de jeu avec les 3 dimensions, faisant sortir le dessin de la planéité du papier. L'intervention visuelle dans l'espace public suggère aussi l'hypothèse de l'inclusion du public dans un dispositif spatial. Mes recherches ont donc commencé par la sélection de lieux o�rant un potentiel intéressant de jeu avec l'espace, les trois dimensions, la profondeur, voire le spectateur lui-même.

La notion d'espace est au coeur du sujet, lorsqu'il est question de dessin confronté à l'espace public. Le passage hors-les-murs o�re un certain potentiel visuel -interaction avec le paysage, l'environnement- et de nouveaux moyens narratifs à explorer : des oeuvres comme celles de Blu (MUTO) sont des exemples parlants de narration alternative. Le dessin va à la rencontre du public dans son environnement, joue avec ce lieu, se l'approprie, et le redé�nit. Ne plus lier "dessin" à "surface" mais à "espace" ouvre une possibilité de jeu avec les 3 dimensions, faisant sortir le dessin de la planéité du papier. L'intervention visuelle dans l'espace public suggère aussi l'hypothèse de l'inclusion du public dans un dispositif spatial. Mes recherches ont donc commencé par la sélection de lieux o�rant un potentiel intéressant de jeu avec l'espace, les trois dimensions, la profondeur, voire le spectateur lui-même.

Le premier lieu que j'ai sélectionné sur le domaine universitaire est un escalier extérieur menant aux salles en sous-sol. L'accès se fait donc par une sorte de cuvette en béton qui rappelle une piscine ou une baignoire. Pour éviter les inondations une évacuation d'eau a été placée, dessinant comme un "oeil d'égout" dans le sol. Ces éléments m'ont poussée à orienter mes recherches vers l'eau, le liquide, les volumes.

Le premier lieu que j'ai sélectionné sur le domaine universitaire est un escalier extérieur menant aux salles en sous-sol. L'accès se fait donc par une sorte de cuvette en béton qui rappelle une piscine ou une baignoire. Pour éviter les inondations une évacuation d'eau a été placée, dessinant comme un "oeil d'égout" dans le sol. Ces éléments m'ont poussée à orienter mes recherches vers l'eau, le liquide, les volumes.

Un autre type d'escalier, plus loin, m'évoque davantage de possibilités. La succes-sion de panneaux en béton fait naître une narration minimaliste : à chaque marche de l'escalier le niveau de liquide baisse, progressivement, comme si on voyait un récipient se vider image par image. Le colimaçon donne une grande force au visuel.Je cherche un bleu pur, stéréotype du liquide, pour renforcer le côté totalement arti�ciel.

Bleu "205"hexa : #0096ff

C=72, M=38, J=0, N=0

Un autre type d'escalier, plus loin, m'évoque davantage de possibilités. La succes-sion de panneaux en béton fait naître une narration minimaliste : à chaque marche de l'escalier le niveau de liquide baisse, progressivement, comme si on voyait un récipient se vider image par image. Le colimaçon donne une grande force au visuel.Je cherche un bleu pur, stéréotype du liquide, pour renforcer le côté totalement arti�ciel.

Bleu "205"hexa : #0096ff

C=72, M=38, J=0, N=0

Puisqu'on voit le liquide s'écouler, c'est que le récipient est transparent. Quoi de plus étrange que du béton transparent ? Peut-on "e�acer" du béton ? Je ne compte pas faire croire à l'absence de matière, mais jouer avec cette notion de matière en traçant les arrêtes d'un récipient virtuel. Le liquide peut alors prendre place au milieu de ces non-parois. Pour tracer les arrêtes, puisqu'il n'y a pas de vraie transparence, il reste la solution de l'illusion : construire une image par rapport à un point précis, à hauteur de regard, unique point de vue par lequel l'anamorphose devient cohérente et forme le trompe-l'œil. Est-il préférable de placer un repère au sol pour marquer ce point ou de laisser les regards chercher ?

Puisqu'on voit le liquide s'écouler, c'est que le récipient est transparent. Quoi de plus étrange que du béton transparent ? Peut-on "e�acer" du béton ? Je ne compte pas faire croire à l'absence de matière, mais jouer avec cette notion de matière en traçant les arrêtes d'un récipient virtuel. Le liquide peut alors prendre place au milieu de ces non-parois. Pour tracer les arrêtes, puisqu'il n'y a pas de vraie transparence, il reste la solution de l'illusion : construire une image par rapport à un point précis, à hauteur de regard, unique point de vue par lequel l'anamorphose devient cohérente et forme le trompe-l'œil. Est-il préférable de placer un repère au sol pour marquer ce point ou de laisser les regards chercher ?

réalisation de prototypesà l'échelle 1/10e

réalisation de prototypesà l'échelle 1/10e

Ce travail sur la perspective et la perception est à rapprocher aux œuvres de Felice Varini et de Georges Rousse, pour qui l'œil du spectateur est utilisé comme un objectif photographique, par lequel il devient possible de révéler l'image "exacte", tous les autres points de vue présentant des compositions de lignes étranges, de perspectives fausses et d'aplats intrigants. On pourrait penser aussi à Pablo Valbuena, qui projette des lignes ingénieusement calculées, non pas sur une surface mais un espace entier, animant l'immobilité des bâtiments et du décor. Ou comment le dessin, confronté à l'espace public, peut redessiner un lieu, changer sa matière, changer les regards...

Rendu �nalMontage temporaire - réalisation infographie 3D en cours

Ce travail sur la perspective et la perception est à rapprocher aux œuvres de Felice Varini et de Georges Rousse, pour qui l'œil du spectateur est utilisé comme un objectif photographique, par lequel il devient possible de révéler l'image "exacte", tous les autres points de vue présentant des compositions de lignes étranges, de perspectives fausses et d'aplats intrigants. On pourrait penser aussi à Pablo Valbuena, qui projette des lignes ingénieusement calculées, non pas sur une surface mais un espace entier, animant l'immobilité des bâtiments et du décor. Ou comment le dessin, confronté à l'espace public, peut redessiner un lieu, changer sa matière, changer les regards...

Rendu �nalMontage temporaire - réalisation infographie 3D en cours

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