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Journal de l’Association de Béni-Safiens Éditeur : Association des Béni-Safiens - BP 12, 28702 Auneau Cedex • Président : Robert Tuso - Secrétaire-rédacteur : Lydie Bozon Création-PAO-Impression : MJSL Editions - Maisons-Alfort Prochain rendez-vous prévu à Port La Nouvelle Dimanche 12 Juin 2011 Téléphone ABS du président : 06 40 35 42 64

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Journal de l’Association de Béni-SafiensÉditeur : Association des Béni-Safiens - BP 12, 28702 Auneau Cedex • Président : Robert Tuso - Secrétaire-rédacteur : Lydie Bozon

Création-PAO-Impression : MJSL Editions - Maisons-Alfort

Prochain rendez-vous prévu à Port La Nouvelle

Dimanche 12 Juin 2011

Téléphone ABS du président :

06 40 35 42 64

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LE JOURNAL DE

Beni-SafSo

mmair

e

Mot de la Présidente

Les Réfugiés espagnols à Beni Saf en 1939

Agde, Assemblée Générale

Gens de chez nousN° 67 - JUIN 2010

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Le mot du Président2

Chers Béni−Safiens

De retour de notre inoubliable village, je vous dois pour mon pre−mier édito de président, mes réflexions mes émotions

Ouvrir le portail abimé par le temps c’est ouvrir l’album de nossouvenirs identiques et de nos craintes en m’arrêtant devant chaquetombe en votre nom j ai murmuré quelques mots :(nous sommes deretour, on ne vous oublie pas) tristesse oui, oubli jamais !!

Il est grand notre cimetière. Il se défend bravement contre le tempsqui passe et use inexorablement la pierre, effaçant les écritures, lesmots d’amour.

La tombe de mon grand−père Munoz me renvoie vers le passé oùgamins, sans mesurer la solennité du lieu, on s’amusait, avec mes frè−res entre les tombes sous le regard désapprobateur de nos parents.Aujourd’hui sa nudité parée de fleurs sauvages m’attendrit étonnam−ment.

En redescendant vers l’allée centrale on redécouvre le même pano−rama au travers des branches de nos grands pins, la mer qui raiel’horizon de sa couleur bleu azur.

Sur la droite des maisons qui surplombent le cimetière,Quelques tombes abîmées par le temps, et la main d’intrus imbéci−

les.Je rentre dans le carré de nos amis israélites. Nos sépultures chré−

tiennes s’élancent vers le ciel, les leurs s’ancrent dans la terre. Jesuis touché par cette humilité devant la mort. Là aussi, deux ou troistombes visitées.

Des arbres magnifiques dans leur maturité, les tombes unies danscette grande proximité m’invitent à rester près d’eux.

J’ai tout filmé;je suis apaisé. Il est près de midi. Nous allonsrejoindre notre Présidente d’Honneur.Amicalement à vous

Robert Tuso.

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Quel plaisir, chère Marinette, de teprésenter, en réponse aux vœux

que tu formules dans le journal deBéni-Saf pour chacun d’entre nous,les miens, très affectueux de bonne etheureuse année 2010 ; vœux que tuvoudras bien partager avec Lydia etl’ensemble des membres du bureau.Mais comment en rester là et me limi-ter à ce simple échange de vœux, sansajouter mes remerciements appuyés etchaleureux pour l’œuvre exception-nelle et grandiose que tu as accomplieen créant, en organisant puis en faisantvivre l’association des béni-safiens etson journal.Ton ardeur, ton courage, les engage-ments ont permis cet accomplisse-ment. Cette œuvre c’est aussi, le lien,la flamme, la mémoire des membresde la famille des béni-safiens que tu asrecomposée et rassemblée.Telle une cordée, tu as été le guide, la«première de cordée» qui s’est atta-quée, sans méconnaître les risques eten évaluant les chances de succès, àvaincre des sommets élevés, escarpés,embrumés.Le résultat est là, palpable, effectif,bienfaisant. Comme moi, l’ensembledes adhérents doivent très certaine-ment l’apprécier et le savourer même.Merci encore, chère Marinette, pourl’éclat et la beauté de l’exemple donnéà cette réussite dont nous profitonstous si intensément.

Alfred Fernandez• • •

On n’ouvre jamais le journal deBéni-Saf sans grande émotion.

Chaque ligne saute au cœur. Vousadressez vos vœux et vos remercie-ments à tous les amis qui vous ont faitconfiance, nous, c’est notre immensegratitude que nous vous exprimons.

Vous nous avez non seulement réunis,mais unis. Beni-Saf est le magiquepoint de ralliement de nos amitiés, lasource de notre fraternité.Je tourne les pages du dernier journal,qui vient de paraître. Des deuils hélas,mais aussi des naissances. Aini se per-pétuera l’amour de notre pays natal.,de génération en génération. Commeen témoignent les pensées que lesenfants de Francis Jouhaud ont consa-crées à Beni-Saf pour dire adieu à leurpère, pensées que vous avez eu la déli-catesse de faire figurer dans leJournal. Y a-t-il beaucoup d’associa-tions capable de susciter une telle fidé-lité, dans le temps, à l’attachement aupays natal ? Cela, c’est votre œuvre.Soyez en remerciée du fond du cœur,ainsi que Lydia et tous ceux qui vousont assistée.

Jean Noel• • •BonjourAvant 1962, mes parents nous emme-naient en vacances à Beni Saf, je parsmi-mai en Algérie et je vais passerdans cette ville où j'ai des souvenirs(un peu vagues, malheureusement) jecherche en vain un plan de l'époquepour situer la rue Clauzel et la rue dela République.L'oncle de mon père: Jacques Garciadit Raïmé,était pêcheur, il était marié àFrançoise Delacruz. Mon arrièregrand-mère Incarnation Baldo vivaitavec eux rue ClauzelSa tante Françoise Latorrés vivait au45 rue de la République au-dessus dela boucherie.Sa fille Dédé, étaitouvreuse au cinéma Rex.Pourriez-vous m'aider, en me donnantdes repères pour localiser ces rues. Merci d'avance

Nicole & André [email protected]

Courrier des lecteurs 19

n’oubliez pas de régler votre cotisation

Participezau forum de l’ABS

sur le site www.abs-beni-saf.org

Envoyezvos messages à

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7, allée du Verger - 69100 Brignais

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A Marinette de Gaby Cohen-Silva 3

Chère Marinette,

Lors de l’assemblée générale à Agde et de l’hommage unanimequi t’a été rendu, de nombreux souvenirs ont ressurgi dans mamémoire.

Après Béni−Saf, notre «grande maison» nous avons atterri«quelque part» souvent au hasard parce qu’un ami nous a dit«venez, ici il y a la mer, il fait beau, ou bien ici il y a du bou−lot...ou bien rien. Quand je pense à ces premiers temps, je res−sens encore l’angoisse. Quel que soit ce «quelque part» c’étaitincroyable ! On ne connaissait personne, personne. Plus d’amis, plusde voisins, on ne connaissait pas l’épicier, le boulanger, le libraire,on ne reconnaissait pas les gens dans la rue. Et quand je mar−chais dans la rue, je regardais dans tous les sens. J’écarquillaisles yeux, dans l’espoir de reconnaître quelqu’un. J’évitais mêmede cligner des paupières, «aucas où». − Personne − Et alors aubout d’un moment, les yeux piquent et les larmes coulent. Lesmois ont passé et même quelques années, et un jour nous avonsentendu parler de Nimes de notre stand, de l’association. La pre−mière fois, à Nimes, rien que voir le mot «Béni−Saf» écrit en gros,comment exprimer mon émotion, inutile, vous savez, vous aussi...

Et alors là, je revoyais mes parents, (je les repèrais dans lafoule grâce au béret de mon père) et mes tantes, mes cousines, descopines et même des Béni−Safiens que j’avais oubliés.Marinette, ces joies, ces émotions, ce sentiment que nous n’étionsplus seuls, que tous les ans nous pouvions nous retrouver aux réu−nions, qu’on pouvait même se téléphoner grâce au génial petitannuaire, tout cela c’est à toi que nous le devons, et je n’exa−gère pas quand je dis que tu as changé notre vie.

Nous te remercierons jamais assez.Merci Marinette, merci pour tout.

Gaby Sylva−Cohen

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Le carnet, nos peines, nos joies4

IIrrèènnee CCaallaabboouuttcchhee née Martinez épouse deLéandredcd, mère de José et Daniel dcd, s?ur dePaulette et Lisette

YYvveess RRooss 61 ans, fils de Sauveur Ros

BBeerrtthhee ((BBeerrtthhoouu)) CCoorrcchhiiaa née Vidal sœur d’Elie et deClaude

JJoosséépphhiinnee AArraanneeggaa née Manroubia 94 ans

VViinncceenntt DDiivveettttiimmoo époux d’Annette Ortiz

FFrraanncceettttee OOrrttiizz épouse de François et sœurd’Annette Ortiz

AAnnddrréé VVaalleettttee 81 ans frère d’Antoinette et Pascal

EEssppéérraannzzaa GGoonnzzaalleezz, fille de Roques Barber 95 ansmère d’Antoinette Gonzalez-Tauzin

MMaatthhiillddee PPoozzoo sœur d’Antoine, Isabelle et Louise

AAnnttooiinnee GGiimmeenneezz époux de Francette Cortez dcd,père de Jean-Bernard, Armand et André

MMaarriinneettttee BBeerrnnhhaarrddtt née Sanchez épouse deM.Bernhardt dcd, mère de

AAnnttooiinnee AAvvaarrgguueezz époux d’Odette Fornet

JJeeaann BBiilllleerr époux de Marie Botella

EErriicc BBoorroonnaadd 58 ans, fils de Léopold dcd et Irma

JJoosseettttee GGoonnzzaallèèss épouse de Louis

LLoouuiiss AAmmbbrroossiinnoo 78 ans, époux d’Antoinette Capel,père de Michèle, Andrée, frère de Jean-Pierre et deRené

HHuugguueettttee CChhaappooyy 54 ans infirmière fille de LydieManzanares

MM.. RRoouuffffii époux d’Edmée Achache

Les naissances

MariageCarine fille de Claudette et Claude Chouraqui nièce de Gilbert Touati

Sarah fille de Joseline Korenbajzer petite fille de Georgette et Henri Benkemoun

Paul, petit fils de Michel Belmonte et arrièrepetit fils de Noëlie BrotonsMyléna, chez Morgane et Bruno dans la familled’Humbert et Dinah FaruyaValérie, fille d’Yves (Vonvon) Touati et deCatherine, nièce de Gilbert Touati

Nos peines

Nous renouvelons nos condolÈances aux famillesde nos regrettÈs amis

Corentin fils de Cécile et Sébastien,

petit- fils de Mireille et Michel , 3ème petit enfant de Lise,

3ème arrière petit enfant de Mme Verdu

Neyssa, petite fille de Guy-Paul Touati

RReeccttiiffiiccaattiioonnss aauu nnuumméérroo 6666 :Dans décès : SSuuzzaannnnee MMaazzzzeellllaa DDii BBoossccoo

épouse de Marc Delmonte

Si vous souhaitez annoncer vos peines ou vos joies envoyez-nous par écrit vos messages,nous éviterons ainsi des erreurs ou des oublis. merci

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Les réfugiés espagnols Lydie Gonzalez-Bozon, Albert Campillo 5

La guerre civile en Espagne1936-1939 arrivée des réfugiés espagnols enAlgérie et accueil à Beni-Saf

En février 1936, les élections enEspagne sont remportées par une

coalition de gauche entraînant uneopposition des forces de droite et d’ex-trême droite. L’insurrection dirigée parle Général Franco aboutit en 1939 parla défaite des républicains.A la fin de cette guerre civile, quatrevagues de réfugiés se sont dirigés versla France, le flux principal résultant dela chute de la Catalogne en janvier1939.Pour ce qui concerne l’Algérie,l’amorce de l’exode ne s’est produitque début février 1939 pour atteindreson maximum au mois de mars 1939. Ilest la conséquence essentiellementdes combattants, des cadres adminis-tratifs, des militants qui, embarqués surdivers types de navires, (embarcationsde pêche, chalutiers, goélettes, pétro-liers, cargos) ont rallié les côtes les plusproches de l’Algérie, à savoir l’Oranie.Indépendamment de nombreusesembarcations de pêche qui avaientquitté les ports de pêche de la côtelevantine, plusieurs cargos, pétrolieremportèrent avec eux vers Oran ungrand nombre de réfugiés : On peutciter :le Winnipeg, le Ronwyn, le Lezardrieux,le Campillo, l’Africa Trader, le Martimé,le Marionge. Le Strangor ... des exilés

espagnols, un nom de bateau est restéà jamais gravé : le Stanbrook, qui avec5 146 passagers a été obligé de resteren rade d’Oran, puis à quai sous la sur-veillance de Sénégalais et des condi-tions d’insalubrité et de sous alimenta-tion extrêmes.Le chiffre total de 7 900 réfugiés a étéavancé par le Gouvernement Général,soit plus de 5 000 hébergés collective-ment en juin 1939. Pour les historiens,le nombre d’exilés atteint les 10 000.D’autres auteurs avancent le chiffre de15 à 20 000 (Lopez 2004).A leur arrivée, ces réfugiés disposentde passeports délivrés parl’Administration républicaine avecvisas à destination du Mexique, deCuba ou du Nicaragua. En fait très peud’entre eux désirait rejoindre leMexique, leur seul objectif était de fuirles franquistes. Dans certains cas, cesréfugiés devront faire face à un com-portement xénophobe.La politique nationale française del’époque estimait «qu’aucun réfugiéespagnol de devait être admis enAlgérie ... tous les navires transportantdes réfugiés devaient être dirigés ourefoulés vers la métropole». Ce prin-cipe est resté lettre morte. Début mars1939, le Gouvernement Général reçoitpour instruction de «cesser les trans-

bordements sur des navires à destina-tion de Port Vendres et, en consé-quence, d’organiser provisoirement unhébergement collectif». Le Gouver-nement Général préconise alors unaccueil restrictif et interdit aux passa-gers des cargos arrivant à Oran dedébarquer sauf s’ils disposaient d’unpasseport en règle, avec visa d’entréeen France (Arrêt préfectoral du 31 mai1893). Les réfugiés furent laissés àbord ou isolés à quai, dans le campprovisoire du Ravin Blanc, pendantprès d’un mois, avant d’être convoyésau camp de Boghar.Les lieux de rétentions transitoires prin-cipaux étaient donc Oran, Mers ElKébir et Ténès. Deux structures furentemployées : le centre d’hébergementet les camps d’internements. Lerecours aux installations militaires s’estfréquemment imposé. Parmi les cen-tres d’hébergement, l’Oranie enaccueillit temporairement quatre : Béni-Saf, la colonie de vacances d’Aïn ElTurk et la rue de Tunis, dans Oranmême. Ils furent fermés en juillet 1939.On peut citer également l’ancienne pri-son civile d’Oran, jusqu’à l’hiver sui-vant.Dans l’Algérois, citons les centres sui-vants : préventorium du cap Matifoupour les enfants, les casernes

Deux personnes issues de familles d'immigrés politiques espagnols ( José Ripoll, fils de Juan Ripoll Ivarset M. Bruno Castaños, fils de José Castaños ont écrit à notre association pour avoir des informations surle séjour de leurs parents dans notre cité Nous avons donc pensé qu'il serait intéressant de faire une «

petite étude» sur l'arrivée, l'installation et le devenir de ces réfugiés.La guerre civile espagnole a été une des plus grandes tragédies de ce pays; elle fut annonciatrice de la secondeguerre mondiale et de ses millions de morts Notre document n'a pour seule ambition que de tenter de retrouverles noms de réfugiés espagnols qui s'installèrent dans notre village, qui s'y fixèrent ou repartirent vers d'autreshorizons. Les personnes qui auraient pu nous apporter des informations précises ne sont plus de ce monde; cedocument souffrira donc de nombreuses lacunes Les lecteurs voudront bien nous pardonner et pourquoi pasnous apporter des compléments d'informationNous ferons un rappel historique des faits à partir de divers extraits de documents cités en référence,.enessayant de rester dans l'objectivité la plus totale.

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Les réfugiés espagnols (suite)6

Berthezènze d’Orléansville, Carnot, lecamp Molière à Béni Hindel, BenChicao, Cherchell, Morand, Suzzoni...Cet inventaire rend compte de lavolonté du Gouvernement Générald’alléger la charge de l’Oranie. En effet,«en raison de la proportion élevée deressortissants espagnols immigréscomme de français d’origine péninsu-laire dans la population oranaise, il étaità craindre que cet afflux fut une sourcede destabilisation politique (la craintedes rouges), voire une menace pourl’assimilation, la cause éventuelle d’unerésurrection du sentiment espagnoldans le milieu ethnique d’origine ibéri-que». Cette population d’origine espa-gnole était considérée «comme parti-culièrement nombreuse et remuante».Il fallait par ailleurs éviter un problèmesous jacent : celui de la réaction «desindigènes» qui auraient pu se sentirdéconsidérés dans la concurrence autravail. On favorisa la mise au travailgénéralisée dans l’agriculture, la pêcheet l’industrie. Les réfugiés restés à lacharge de la collectivité furent envoyésdans le sud pour construire des routesautour de Khenchela, pour extraire ducharbon à Kenadza, ou pour contribuerau développement du projet de la voieferrée transsaharienne. Mais il étaitpréférable d’employer les réfugiés àdes travaux d’utilité militaire, car cela«éviterait sans doute de soulever lesrécriminations de la population indi-gène où la surabondance de maind’œuvre est certaine» tout en permet-tant «l’utilisation rationnelle» d’hommesdangereusement désœuvrés.Après la débâcle et la démobilisation,l’Etat Français chercha à écarter unemain d’œuvre concurrentielle. Le PréfetChevallier préconisa un «rapatriementintensif ... sans souci des opinions oudes désirs des intéressés. Afin de neplus avoir à entretenir inutilement desétrangers ... ou de leur confier desemplois dont seraient alors frustrés lescitoyens français. On créa desGroupes de Travailleurs Etrangers(GTE). Il s’agissait de faire d’une pierredeux coups : avoir un réservoir de bras,et isoler des gens dont l’activité risquaitd’être dangereuse pour la nation s’ilsétaient autorisés à circuler librement.C’est ainsi que quelque 2 500 étran-gers furent répartis entre Boghar,Colomb Béchar, Khenchela et Bou Arfaau Maroc. La déclaration de guerre et la mobilisa-tion levèrent les réticences à puiserdans cette main d’œuvre, certains res-

ponsables s’élevant même contre l’in-corporation inadmissible de travailleursspécialisés affectés dans les campspour effectuer de simples travaux deterrassement.Par ailleurs, alors que la tendancegénérale était marquée par la méfianceet le mépris à l’égard de ces réfugiés,d’autres responsables, minoritaires ilest vrai, s’employaient à tenter d’inté-grer ces réfugiés en s’appuyant surl’argument historique suivant :«l’Algérie forme une colonie de peuple-ment qui a déjà assimilé plus de200 000 espagnols».L’attitude des autorités françaises vis-à-vis des réfugiés évolue avec laconjoncture politique. Bienveillantejusqu’en 1939, utilitariste à l'avène-ment du régime de Vichy, elle devienthostile de juillet 1940 à décembre 1942(cad jusqu’au débarquement des alliésen AFN).La solution d’un retour massif enEspagne est envisagée par les autori-tés françaises dès l’entrée en guerrecontre l’Allemagne. Mais en l’absencede mesure d’amnistie générale de lapart de Franco, cette solution n’est pasenvisageable. D’autres voies sontexplorées, notamment le départ versl’Amérique du sud. Les réfugiésconsultés ne montrent aucun enthou-siasme à la perspective de retourner enEspagne tant que le régime franquistedemeure. Il n’y eut que 160 personnesrapatriées en Espagne entre aôut 1939et décembre 1940.Pour le départ en Amérique du sud, 54départs ont été recensés. un certainnombre de réfugiés espagnols mem-bres du parti communiste, de l’UnionGénérale des Travailleurs, de laConfédération Nationale desTravailleurs sont partis vers l’URSS.

En ce qui concerne la vie dans lescamps et leur administration, on note«le traumatisme lié à la surveillance pardes tirailleurs algériens et sénégalaisque les réfugiés assimilaient aux sol-dats maures de Franco». La gardesénégalaise a été l’objet d’insultes, dejets de pierres !! ... par ailleurs, lerecours aux tirailleurs algériens a étémoins fréquent pour ne pas risquer unecontagion subversive dans la popula-tion indigène.

Une seconde génération de campsimplantés par les GTE avaient plutôt un

rôle sécuritaire. On y transféra des«militants extrémistes dangereux», desdétenus politiques indésirables, avecune contribution militaire pour la sur-veillance. Dans d’autres cas, par suitedu manque d’effectifs dans la police,on créa un « corps spécial de troupesindigènes, les «douairs» sous autoritédu ministère de la guerre». Comptetenu de la rigueur du climat dans le sud(Kenadza, Colomb Béchar, compagnieMéditerranée Niger) et des problèmesde ravitaillement, de la dureté des tra-vaux d’extraction de la houille, la fron-tière entre GTE, camps d’internementset travaux forcés étaient des plusréduites.

Il a fallu attendre mai 1943 et unepression de la Joint commission desalliés pour que la libération des campsd’internement et des compagnies detravailleurs fut effective, en imposant lechoix entre l’émigration au Mexique, lecontrat privé de travail dans une entre-prise utile à la défense nationale oul’engagement militaire dans les Corpsfrancs d’Afrique.

Dans certains camps, comme celuid’Hadjerat M’Guil, surnommé le«Buchenwald français» des gardiensse transformèrent en bourreaux,puisqu’on nota la mort de neuf inter-nés. Le tribunal d’armée jugea cesbourreaux et prononça à leur encontrequatre peines de mort, des travaux for-cés à perpétuité et de longues annéesde détention.

Certains auteurs récents parlent de«camps de concentration» à Djelfa,Hadjerat M’ Guilj Meridja etc... Lesréfugiés étaient soumis à des brima-des, vexations, assassinats. A Djelfa, lacinquantaine de morts de froid, faim,mauvais traitements «étaient enterrésau cimetière chrétien, mais séparésdes autres tombes chrétiennes» ;«l’unique considération provenait de lapopulation algérienne musulmane ...».

Ces réfugiés étaient composés deriches et des pauvres, avec une grandediversité professionnelle : officiers,pharmaciens, médecins, journalistes,écrivains, étudiants, professeurs, artis-tes, fonctionnaires. La majorité des sol-dats était composée d’ouvriers etd’agriculteurs.

o

Documentation :- Kamel Kateb : Les immigrés espagnols dans les camps en Algérie (1939-1941) (document INED, institut national étudesdémographiques)-Margot Peigné mémoire 2005 : Les républicains espagnols en Algérie( Institut Pierre Renouvin- centre de recherche en histoire des relations internationales, université Paris 1)

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Les réfugiés espagnols à Beni-Saf …..souvenirs et album de photos 7

Pourquoi parler dans notre journal des réfugiés de la guerre civile espagnole à Beni-Saf de1936 à 1939 ?

Certes la majorité d’entre nous n’ont pasconnu cette époque, mais dans certaines

familles la mémoire de cet exode s’est trans-mise de génération en génération et quelquesbeni-safiens descendent de ces réfugiés espa-gnols.

J’ai cette mémoire en héritage, Marinette,Renée, Bébelle Yvañez ont gardé dans leursalbums les photos de ces hommes et cesfemmes et si beaucoup sont des inconnus,d’autres leur rappellent leurs petits cousins,Vicente et Paco Ruiz qui leur écrivaient deColomb Bechar où ils ont été déportés de1940 à 1942 .Quand j’ai reçu ce mois de Mars 2010, unmessage venu d’Espagne du fils d’un de cesréfugiés arrivé à Beni-Saf en mai 1939, j’ai étéfière de savoir que le souvenir de l’accueil cha-leureux réservé aux réfugiés par nos grandsparents était resté vivant dans leurs familles enEspagneCes dernières années, les travaux des histo-riens, les colloques et même les téléfilms surles camps de réfugiés en France se sont mul-tipliés mais il y a eu peu de publications sur lescamps d’hébergement ou de déportation enAlgérie.En publiant, ces témoignages personnels etles photos conservés dans mes albums fami-liaux, je souhaiterais simplement que dans lerespect des idées de chacun, nous partagionscette mémoire multiple et rendions hommageà la générosité dont nos grands-parents beni-safiens ont fait preuve.

En souvenir de mon grand pèreJean-Baptiste Yvañes

die Gonzalez-Bozon

Les réfugiés photographiés devant les escaliers du marché couvert .en haut de gauche à droite : Messieurs Melka, Jean-Baptiste Yvañes, Gabriel Gonzales, Ganga

Al camarada Ykrañez con todos nos affectos y carños. Béni-Saf octobre 1945F. .... .... (Signature illisible

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Les réfugiés espagnols à Beni-Saf8

Témoignage d’Adélaïde époused’Ali Sayah :« Je suis née à Tétouan, j’avais 8 ansquand éclate la guerre d’Espagne,mon père était un espagnol de confes-sion musulmane, ma mère était née àMalaga ; devant l’avance de Franco,aidée par un ami franc-maçon suisse,ma famille se réfugie à Barcelone. »En 1937, pour fuir les bombardementsde Barcelone, les enfants sont éva-cués en Algérie, à Oran, placés dansdes familles à Beni-Saf« je suis recueillie dans une famille demineur, celle de Maria Ros, et ma sœurJénia est hébergée chez EmilieGonzales la sœur du maire qui veillerasur nos devoirs jusqu’en 1939 »En septembre 1939, la deuxièmeguerre mondiale éclate «en juin 1940nous retrouvons nos parents à Nantesoù ils sont réfugiés et où mon père atrouvé du travail dans une laiterie »Mais en 1941 les allemands occupentNantes, la famille repart pour Marseille,pensant embarquer pour lesAmériques en fait ils arriveront à Beni-Saf !«mon père ne pourra pas travaillerpendant la guerre, ma mère trouveraun emploi dans une usine, mesparents resteront à Beni-Saf jusqu’en

1950, mes sœurs, mon frère, mesparents rentreront les uns au Maroc,les autre à Nice, je me marie avecMonsieur Ali Sayah et je m’appelleSoubida, tu connais mes deux fils, lebasketteur bien sur, j’ai un garçon àOran, une fille en France, une autre enAlgérie, je me souviens de tout ! »

Témoignage recueilli par Lydia,juin 2010

Les autres enfants recueillis à Beni-Saf en 1937 :Adélaïde se souvient de Melchiorrecueilli par la famille de José-MariaGonzalez qui a six enfants, il retrou-vera sa mère bien longtemps après laguerre, nous l’avons revu en 1987 àPerpignan.Angélica, c’est le prénom d’une petitefille de 7 ou 8 ans recueillie chez Jean-Baptiste Yvañez , sur la photo elle estentourée d’Isabelle, Renée, Marinette,elle serre une poupée dans ses bras,c’était celle de Bébelle.Les trois filles Yvañes se souviennentdes cauchemars épouvantables decette enfant traumatisée par les bom-bardements et qui un jour réclama des«platanos» qu’elles traduisirent par«platanes», comme ceux du boulevardParan.

Les hommes arrivés en 1939Parmi ceux que nous avons puconnaître, citons les Castaños avecsix enfants, cette famille hébergéedans la rue qui dominait la mairie aconnu bien des drames, leur mèremeurt en couches, un enfant est tuéen jouant avec une grenade récupé-rée sur la plage de Sidi-Boucif.Aux obsèques laïques de madameCastaños, « les paroles d’adieu furentprononcées par notre camaradeGanga. Deux réfugiés, après avoiradressé un émouvant adieu à celle quiles quittait, soulignèrent le geste desolidarité socialiste de tous ceux quiétaient présents.»«Si dieu devait exister il devrait s’ap-peler Gabriel Gonzales ! »Lors de l’enterrement du jeuneCastaños, une foule innombrables’était présentée mais « lorsque lafamille déclara ne pas vouloir d’enter-rement religieux, la moitié des genspartirent » …. nous en étions auxbagarres pittoresques entre le frontpopulaire et la droite, commenteBébert , mais, il ajoute, ce que m’aaffirmé Castaños, c’est que « je nesuis pas croyant, mais si Dieu devaitexister, il devrait s’appeler GabrielGonzales ! »

Des réfugiés restés à Beni-Saf :- Paco Ruiz , comptable époux deJuliette Martinez- Clemente Verdu du bar de la marine, sa fille épousa le fils Orosco- Orosco charpentier de marine asso-cié avec Manuel Campillo, son filsépousa une des filles Clemente- Valiña, qui avait fui l’Espagne enavion, s’installa comme mécanicienépousa une fille Ginez, la Bénavela- Le docteur Castro et son épouse,apparenté à Jésus Garcia, il meurt auMaroc, sa femme rejoint Malaga- Francis Lozano épouse une fille Ortizveuve avec deux filles Yvette etAntoinette, leur père Francis estdécédé récemment à 95 ans- Emilio el Manco famille du gallegoembarqué sur un chalutier, il avait euson bras arraché par la courroie dutreuil- D’autres noms, Tomo, ThomasAmucho, Federo travaillait chezJumera

Personnalités politiquesNous avons retrouvé la trace de quel-ques uns :- Manuel Abad Gonzales, maire deLérida en 1937, militant anarchiste,interné au camp de Suzini

Autour d’Angélina «poing levé» du bras gauche et serrant sa poupée du bras droit, Isabelle(Bébelle), Renée, Marinette Les trois sœurs Yvañes

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- Rodriguez Leira Angel « Sanroque »:arrivé à Beni-Saf, interné auparavantau camp de Susini d’où il essaya dese sauver par deux fois ; engagé dansla légion étrangère, rejoint la 2ème DBsous le nom de Lopez Carino, fait lacampagne de Normandie , croix deguerre avec palme, il est décoré parDe Gaulle.- Joseph Putz alsacien, engagé en1936 dans les Brigades internationa-les, aurait travaillé à la mairie de Beni-Saf- Vicente Ruiz 1912-1998Cheminot adhère à la CNT, confédé-

ration nationale du travail en 1932, en1936 il est l’un des délégués du syn-dicat du métal à Malaga au congrèsde la CNT à Saragosse. Il organisa lebataillon Juvenil libertario jusqu’à lachute de Malaga en 1937, transféré àMadrid, il poursuit le combat jusqu’enmars 1939 où passant par Valence etAlicante il parvient à gagner l’Afriquedu nord. Il est envoyé dans les campsau Sahara Colob-Béchar et Kenadza.En 1942 il arrive avec son frère Paco àBeni-Saf, en 1945 ; il collabore auxjournaux Solidaridad obrera.En 1949, il s’installe à Casablanca, il

continue à militer en 1965 il émigre enAustralie participe aux divers bulletinspubliés par l’exil espagnol. Il étaitmembre du groupe culturel d’étudessociales de MelbourneCe n’est qu’un pan de mémoire, très

incomplet, Marinette Yvañez connaîtencore l’emplacement, au cimetière, des tombes de républicains dont lescorps ont été rejetés par la mer.

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Les réfugiés espagnols à Beni-Saf 9

Suite mes précédents télégrammes sont arrivés hier à Oran trois chalutiersavec 301 réfugiés, Campkillo pétrolier avec 400 réfugiés une vedette gardecote arrivée Béni-Saf hier soir 22 hommes Stop Situation générale actuelleà bord bâtiement espagnols 723 à bord bâtiments commerce français ouanglais 2737 hébergés à Orazn centre accueil 302 hospitalisés 10 totalgénéral approximatif 3756 sont arrivés ce matin Oran six petits chalutiers

portant environ 250 hommes et un grand chalutier à Ténès portant 112hommes Stop Total des réfugiés espagnols actuellement en Algérie s’élève5100 plus un certain nombre arrivés individuellement et hébergés par famil-les Stop Je fais accélérer par Préfet Alger construction/baraquements ettentes au camp de Bogher par avances remboursables au Budget de laColonie Rapport suit

Télégrammes officiels archives nationales d’Outre-mer,Aix en Provence

Vous informe arrivée cette nuit port Oran six bâtiements espagnols indus-triels N°1 STOP MARUAS FERRER STOP GAVILANDA de la MARES STOP

D204 D205 D177 ayant à bord au total environ 200 réfugiés STOP arrivéeBéni-Saf aujourd’hui un chalutier espagnol avec 21 réfugiés.

Photo prise à El Ançor,la ferme d’Antonio Yvañessur la carriole,près de la jument Vicente Ruiz, Renée Yvañes,Paco Ruiz

Os la dedican como recuerdo estos que os quieren. Vicente y Paco - Kenadsa 26-1-1942

«A Marinette, Lydia et toutela famille, en souvenir de

notre amitié.Melchior

Si vous avez d’autres témoignagesne manquez pas de nous les envoyer.

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Assemblée générale de l’association des Béni-Safiens10

Rapport moral :

Marinette Yvañes-Gonzalez lit avec émotion lalettre envoyée au conseil en janvier 2010 , annon-çant sa décision de se démettre de ses fonctions.Elle confirme la décision du Conseil d’élire RobertTuso à la présidence de l’ABS et de lui conférer laPrésidence d’Honneur.

Mais avant de passer la parole au nouveauPrésident, elle demande une minute de silence enmémoire de tous ceux qui nous ont quittés cetteannée.

Robert Tuso remercie Marinette pour l’œuvreaccomplie depuis 1969, et se présente àl’Assemblée en rappelant, avec sensibilité, l’his-toire de ses parents, de sa famille, à Beni-Saf.

Lydia Bozon présente à l’Assemblée lecompte-rendu du Conseil . (PV ci-joint)

L’Assemblée procède au renouvellement partiers du conseil. ( liste ci jointe).

Gilbert Touati présente les comptes de l’année2009 , l’Assemblée les approuve à l’unanimité.

Robert Tuso, au nom du Conseil del’Association des Beni-Safiens, propose àl’Assemblée d’offrir à Marinette un voyage à Beni-Saf.

Marinette très émue , serrant dans ses bras unmagnifique bouquet, remercie tous ses amis pré-sents.

Dans les questions diverses :

- un voyage organisé par l’Association est-ilprévu ?

- conformément à l’avis du conseil,l’Association transmet tous les renseignements,sur les démarches, réservations etc.. ;mais pour lemoment n’envisage pas d’organiser un voyage degroupe

- Marinette Yvañes-Gonzales prend ses vacan-ces à Beni-Saf ce mois de juin, accompagnée deRaymond Cocheteau, de ses enfants Lydia etClaude Bozon

- Robert et Josy Tuso les rejoindront faisant unvoyage à titre privé, souhaitant ainsi être présen-tés aux autorités et évaluer le travail sans cesse àrenouveler sur le cimetière.

A 15 heures la séance est levée.

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Trois belles journées à Agde 11

Nous reviendrons à Agde, c’est promis, toutétait parfait, les bungalows sous les pins, les petitsdéjeuners et les repas sur la terrasse sans oublierles apéritifs géants dans la pinède.

Les filles de chez nous étaient « les plus bellespour aller danser….Virgil notre fidèle et talentueuxchanteur les accompagnait »

Gilbert, Sylviane, Lydia s’étaient beaucoupdépensés pour organiser ces trois jours de fête.

Robert, notre président et Josy son épouseagadoise étaient des hôtes chaleureux et près de200 beni-safiens s’étaient déplacés pour ces joursde fête

Il y avaitdes jeunes

Il y avaitdes fidèles

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Compte rendu du conseil12

Présents : 15 membres

Marie Gonzalez, Lydie Bozon, Gaby Cohen,Margaret Letailleur, Michelle Maurel, RobertCohen, Robert Tuso, Humbert Faruya, GeorgesGarcia, Albert Campillo, Rene Martinez, ErnestGinez, Roger Garcia, Gilbert Touati, Francis Ruiz

Représentés (pouvoirs parvenus)

Jocelyne Garrido, Adida Claude, Munoz Denise,Frank Mirailles, René Palomas, Antoine Tur, ClaudeGarcia, Guy Ranéa, Marie-Claude Ybanes

1 - Ouverture du conseil et préparation del’AG.Le quorum étant atteint (24 sur 33), le Conseilpeut valablement délibérer selon l’ordre du jourprévu.

2 - Rapport d’activité del’AG 2009 :- sur le cimetière, le voyage àBéni-Saf qui aurait permisd’informer le conseil sur l’étatdu Cimetière n’a pas eu lieuen 2009. Il devrait cependantse faire prochainement, laprésidente d’Honneur, le pré-sident, la secrétaire généralese rendront à Beni-Saf en juin(chaque participant prenanten charge les frais de sonvoyage, comme d’habitude).- en réponse à la question de

Roger Garcia sur le devenirdes cimetières européens enAlgérie la secrétaire rappelleque l’association adhère au

collectif de sauvegarde des cimetières d’Oranie( CSCO présidé par M.Candéla) qui doit nousinformer des décisions prises.

3 - Le PV de l’AG 2009 est approuvé.

4 - Les réunions : Il y a eu en 2009, outrel’Assemblée générale, une réunion à Paris et laprésence à Nîmes avec un stand de l’ABS par leresponsable Manou Tuso, accompagné deRobert Tuso et d’Humbert Faruya.

5 - Nîmes 2011 :Faut-il y être présent ? Compte tenu du coût

modique (143 €, dont 87 de transport de maté-riel), la majorité des présents y est favorable, ainsique le Président. L’organisation est cependant àrevoir de manière à éviter à chaque fois les fraisde transport du matériel. Différentes hypothèsessont évoquées : numérisation complète des sup-ports et achat d’un rétro-projecteur, laisser surplace le matériel, sachant que les panneaux

Compte-rendudu Conseil d’administration de l’ABS

au Cap d’Agde le 23 mai 2010

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Compte rendu du conseil (suite) 13

devront être remplacés car ils sont vieillissants.La numérisation des supports, outre la pérennitéinduite, présente aussi l’avantage de duplicationsaisées.Par ailleurs, une demande d’autorisation de flé-chage devra être faite aux Mairies des villes où setient notre assemblée générale.

6 - Renouvellement du Conseil : un tiers desmembres, soit 11, est renouvelable (AdidaClaude, Faruya Humbert, Garcia Claude, GarridoJocelyne, Gonzalez Marie, Letailleur Margaret,Martinez Paulette, Melka Gaby, Ruiz Francis,Ibanez Marie-Claude, Ibanez Huguette), Le Bureau présente la candidature de CharlyLabouze en remplacement de Claude Adida quine se représente pas.

7 - Proposition d‘attribuer à Marinette Gonzalez,le Titre de Présidente d’Honneur, suite à sadémission de la présidence du Conseild’Administration. Cette proposition est entérinéepar tous les membres du Conseil présents etreprésentés.La décision d’offrir à Marinette sur les fonds del’ABS, en remerciement de toute son actiondepuis tant d’années, son prochain voyage àBéni-Saf est prise à l’unanimité et sera proposéeà l’AG.

8 - Election du nouveau président : La prési-dente Marie Gonzalez a signifié au conseil sadémission en janvier 2010 et le bureau a proposépar courrier la candidature de Robert Tusocomme nouveau président de l’ABS.Cette candidature est adoptée à l’unanimité.A l’issue du renouvellement du conseil par l’AG,le conseil s’engage à élireRobert Tuso comme prési-dent de l’Association desBeni-Safiens, Lydie Bozoncomme secrétaire générale,Gilbert Touati comme tréso-rier, composant ainsi lebureau élu pour 3 ans.

9 - Comptes 2009 : ils sontprésentés par Gilbert Touati,trésorier et approuvés sansréserve. Le budget prévi-sionnel 2010 est présenté : ilest prévu d’acquérir un ordi-

nateur portable (600 € environ). Il est envisagé dedoter Robert Tuso d’un téléphone portable prisen charge par l’ABS pour faciliter la communica-tion entre les membres du bureau et les membresdu Conseil.Le renouvellement des panneaux est assez coû-teux, et non encore chiffré, mais la décision deles remplacer passe par l’étude préalable d’au-tres solutions comme évoqué au point 3.

10 - Réflexion sur l’avenir de l’association : lesmembres du conseil ont à leur disposition les sta-tuts de l’Association, il semble que le projet dethèmes de discussions n’ait pas été reçu par tousles présents. Il en est donné lecture (pourmémoire, ce document est joint au CR). Ungroupe de réflexion doit être constitué (renouvel-lement de l’appel à candidature déjà lancé pour yparticiper).

11 - Le Journal : sur une question d’AlbertCampillo, concernant le fonctionnement ducomité de rédaction du journal, Lydie Bozonrédactrice indique que le président Robert Tusodevient le directeur de la publication et rappelle lapériodicité des trois publications : février/mars,juin/juillet, novembre/décembre.

12 - La date et le lieu de notre prochaineAssemblée Générale : les dates suivantes sontretenues : le 12 juin (week-end de Pentecôte, lesenfants et petits enfants peuvent rejoindre leursparents). Port la Nouvelle est décidé comme lieude rencontre Margaret Letailleur et Roger Garciase partageront la tâche de l’organisation et descomptes.

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Compte rendu financier14

Ilm’incombe cette annéeencore de vous présenteret de vous commenter le

bilan financier de notre associa-tion pour l’année 2009,approuvé à l’unanimité par lesmembres du conseil réuni cematin.

Ce bilan positif avec un soldecréditeur de 1 551,85 eurosappelle cependant les observa-tions suivantes :

- Le montant des cotisationsreçues en 2009 qui accuse parrapport à celui de 2008 unediminution sensible de 2 856euros n’est pas inquiétant.

Il a été nécessaire de procéder àdes rappels qui se sont traduits,depuis juin le début de la pré-sente années par des verse-ments significatifs dont certainsont été particulièrement géné-reux, ce dont je vous remercie.Je vous demande néanmoinsde veiller à régler votre cotisa-tion ce qui nous permet defonctionner sereinement en tout

début d’année et d’éviter ainsi ànotre secrétaire générale LydiaBozon un travail supplémentairegénérant des frais complémen-taires pour notre association,que nous pourrions éviter.Appel donc aux retardataires.

Le résultat de la participation etde l’organisation de l’assembléegénérale à la Grande Motte du31 mai 2009 ne soulève aucuneobservation particulière. Asignaler que nous avons orga-nisé, en la présence effective denotre Présidente. GonzalezMarinette et de Claude Garcianotre vice-président, le 13 sep-tembre 2009 à Suresne (Haut deSeine, pour nos adhérents rési-dant en région Parisienne uneréception pour commémorer lequarantième anniversaire denotre association. Nous avonspu réunir 40 participants dansune ambiance chaleureuse etun accueil remarquable d’Annieet Cécile Cohen, fille et petitefille de Monette et André Sicsic.

Autre poste important qui m’ap-parait nécessaire de commen-ter. C’est celui du prix de revientdu routage et de l’affranchisse-ment des bulletins que vousappréciez particulièrement pourlequel nous avons pu récem-ment obtenir de la BanquePostale du 7ème arrondissementgrâce aux diligences de Lydia etClaude Bozon, qui y demeurentdes conditions très avantageu-ses pour l’envoi en nombre dela correspondance et des bulle-tins notamment. Les autresdépenses ne soulèvent aucuneremarque particulière sauf pource qui concerne notre contribu-tion habituelle versée au gardien

de notre cimetière à Beni-Safqui n’a pas été cette année quede 200 euros pour des raisonsconjoncturelles qui seront pro-chainement examinées surplace par notre présidenteMarinette accompagnée dunouveau président Robert Tuso.Abstraction faite des colis géné-reux, habituels et personnels denotre présidente.

Je ne terminerai pas cet exposésans insister de nouveau surl’incessante activité et les nom-breux contacts initiés par LydiaBozon avec la précieuse assis-tance de son époux Claude iciprésent.

Je vous demande d’applaudirMarinette Gonzales, à quirevient l’honneur et le mérited’avoir créé et animé courageu-sement cette association.

Pour marquer notre reconnais-sance le conseil d’administra-tion qui s’est tenu a décidé àl’unanimité d’offrir à Marinette,un voyage à Béni-Saf si cherdans son cœur, cadeau qui serasoumis bien entendu à votretotale approbation.

Je reste enfin, à votre entièredisposition pour répondre auxquestions que vous pourriezsoulever concernant le bilanfinancier de l’année 2009.

A l’année prochaine donc à PortLa Nouvelle où nous sommestoujours bien reçus avec lamême ambiance et la même fer-veur.

Le trésorierGilbert Touati

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Manou Tuso, Gilbert Touati, Robert Tuso

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Voyage à Beni-Saf en Juin 2010 15

Aujourd'hui 13 juin 2010 c'est mondeuxième voyage, déjà 6 ans...

Tout m'est familier, la Mairie et son jar-din, la cheminée et son nid de cigo-gnes, le port et pourtant tu as changé.Partout de nouvelles constructions sefont remarquer.

Mais ce qui n'a pas changé, c'est l'ac-cueil de tes habitants. Déambuler danstes rues larges ou étroites en centreville ou à la périphérie est un plaisir. Lesgens qu'on croise nous saluent d'un"Soyez les bienvenus" amical avec ungrand sourire aux lèvres. Moi qui nesuis pas d'ici j'ai dit plus souvent "bon-jour"qu'à Agde où je suis une fille dupays.

Un matin Marinette et Lydia meconduisent au Marabout Sidi Boucifsitué à 50 m de notre hôtel. Au moment

d'entrer, je m'aperçois que j'ai lesépaules nues, j'ai un moment d'hésita-tion montrant mes épaules. C'est alorsqu'un jeune femme qui se recueille à laporte, se lève et dénouant son foulardle pose gentiment sur mes épaules, mepermettant d'entrer et de faire un voeuaprès avoir tourné 7 fois autour ducatafalque comme le veut la tradition.

Ce matin, Marinette, Lydia, Claude, etRobert ont rendez vous avec Monsieurle Maire et Monsieur le Sous Préfet àpropos du cimetière. Je reste à l'hôtelet j'en profite pour m'installer sur la ter-rasse d'où je domine la mer. A ma gau-che le port où tout en buvant un déli-cieux thé à la menthe nous pouvonssuivre le ballet des chalutiers et deslamparos sortant du port ou y entrantaprès la nuit passée en mer. Il fait beau,la mer est belle et les mouettes vien-

nent me saluer passant au ras du bal-con.

Je ne peux terminer ce récit sans par-ler du poisson, ce poisson ramenédans les soutes des bateaux, frétillantencore dans les caisses posées parterre devant la pêcherie et que nousdégustons lors de nos repas. En reli-sant je m'aperçois que je n'ai pas par-ler des "escaliers". Et pourtant les des-cendre puis les monter cela a rythménos promenades.

Une semaine c'est court et pourtant lesimages, les émotions, les familles ren-contrées tous ces souvenirs me revien-nent en mémoire alors que l'avionquitte le sol. Amicalement à vous.

Josy Tusoo

Béni Saf 48 ans que j’entendsparler de toi, autour de moi.

Rencontre avec les autorités algériennesà Beni-Saf le 16 juin 2010

La rencontre organisée le 16 juin par Marinette et Lydia àla Mairie de Beni-Saf pour présenter le nouveau

Président de l’ABS, Robert Tuso, s’est conclue à l’initiativede Claude Bozon par une réunion en Sous-Préfecture.Y participaient outre le Sous-Préfet et ses collaborateurs, lenouveau maire deux adjoints, le secrétaire de mairie etl’Imam de la mosquée de Boukourdan.

Le Sous-Préfet a tenu à affirmer l’engagement du gouverne-ment algérien d’assurer une égale protection de tous lescimetières, chrétiens, juifs et musulmans.L’ABS a remercié l’APC qui depuis 1981 assure le paiementd’un gardien dont le travail de jardinier est apprécié par lesvisiteurs qui, au nombre d’une dizaine chaque année, expri-ment leur satisfaction dans le livre d’Or déposé parl’Association et présenté en réunion, aux autorités.L’ABS a souhaité qu’un effort supplémentaire soit prévupour faire un gros nettoyage des allées avec l’évacuationdes débris et déchets.

Le Sous-Préfet annonce l’ouverture prochaine d’un com-missariat de Police qui assurera une meilleure protection dela partie haute du cimetière dont le mur n’a pas pu être, àce jour, rehaussé par une grille comme il l’a été le long de la

route principale, suite aux interventions de l’Association.Le Maire confirme enfin la nécessaire réparation du portaild’entrée à la charge de l’APC.

Les contacts pris sur place avec le gardien ont permis depréciser les taches que celui-ci doit effectuer pour lecompte de l’APC : gardiennage et entretien des allées prin-cipales. L’ABS lui promet une rétribution complémentaire(prévue au budget) en contrepartie du débroussaillage destombes mais non compris les grosses réparations qui res-tent évidemment à la charge éventuelle des familles.

Il nous paraît important de noter à l’issue de ces visites, quel’état du cimetière justifie un effort constant d’entretien etparfois de grosses réparations dues à des dégradationsanciennes ou à l’usure du temps, mais qu’aucun acte demalveillance n’a pu être réellement constaté au cours desdernières années et notamment depuis le grand voyage del’ABS en 2004 et la dernière visite fin 2008 de Marinette.

Lydia et Claude Bozono

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Gens de chez nous16

Je suis né le 1er Juillet 1940à Béni-Saf, dernier desenfants après Mireille,

Jeanot et Dolly.

Nous habitions 10, rue de laRévolution (La cailléesd’Infirmo) plus comme sous lenom de «La Calle del in firmo»plus connue sous le nom de larue de la Mairie. Mon père avaitquarante an. Son surnom vientde notre arrière grand’mèrenommée Lopez qui tenait unebodega a Cabo del Gato(Andalousie). On la surnommaitla Perrera parce qu’elle avaitl’habitude de distribuer auxenfants des pièces de monnaieappelées des perras. C’est ainsique mon arrière grand père Ruizdevint El Perrero. En vacancesdans la région, j’ai rendu visite àl’un d’eux nommé Lopez.

Mon père était calme et pon-déré sauf un soir d’été en 1945.Quand les marins américainsrejoignaient le soir leurs navirespour la fraîcheur. Soudain l’und’eux a surgit dans l’encadre-ment de la porte d’entrée récla-mant sur un ton fort désobli-geant qu’on lui donnât du vin àboire ; mal lui en a pris, monpère qui était assis à table abondi sur cet homme plusgrand que lui et, l'entraînantdans la rue, l’a rossé lui faisantmordre la poussière ; la chaus-

sée n’était pas encore goudro-née. Les MP récupérèrent leurcompatriote mal empoint.

Selon des témoignages, monpère était bagarreur dans sajeunesse seulement ; cepen-dant Louicico Rule me racontait«ton père n’avait peur de per-sonne».

MENTCHON, lors d’une réuniondes Béni-Safien à Port-vendres’écriait en désignant mon pèrealors Francisco : «<Celui-là àBéni-Saf c’était un lion». Monfrère me dit : «quand papa sor-tait pour aller régler un pro-blème, lui qui était souvent enespadrille, se chaussait alors decuir» ; Efficacité oblige. Masœur Dolly raconte : «Si papa sebattait c’était pour défendre leplus faible, on venait le chercherpour ça». Ses frères et ses cou-sins n’étaient pas en reste ; AliSAYAH ancien policier se sou-vient et me racontait lors demon retour à Béni-Saf en 1982«La famille des Perreros étaittrès redoutée pour la bagarre, etsolidaire si d’aventure on s’enprenait à l’un de ses membres.De ces propos je ne veuxrecueillir aucune gloire, bien sûr,je ne fais que rapporter destémoignages. Il est vrai qu’àcette époque les conflits serèglaient entre hommes et ceuxde ma famille avaient le sens de

l’honneur, l’esprit de famille, sasolidarité et peut être aussi lesang chaud des ancêtres anda-lous.

J’imagine la police prudente oumagnanime en train de compterles points à chaque «pellea»avant de séparer les belligé-rants, cela je suppose, devaitfaire partie aussi du folkloreBeni-Safien.

Dans les réunions des Beni-Safiens en France, grâce àMarinette Ivañes, j’ai souventconstaté que les Béni-Safiensne se connaissaient pas vrai-ment car il y avait les habitantsd’en haut du village et ceux d’enbas ; mais les Perreros, l’unedes familles les plus nombreuseet des plus ancienne, s’il eut étéoccupait presque tout le villagede Boukourdan à la rueChanzy : je cite «Manolico àBoukourdan ; Franscico à lamarine puis à la rue Pellicier etdans la maison Cohen et la ruede la mairie ; ma grand-mèreJuana, ma tante Jeannette,Antonico et le Tio Gaétano frèrede mon grand père avec sescages et ses canaris rueClauzel ; Diego Pépico dit «ElTchato» rue la République ;Juanico dit «capitaine ras-casse» rue Chanzy ; ma tantefifine habitait Oran.

Mon père Francisco El Perreroet sa famille

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Gens de chez nous 17

Francisco ne se distinguait passeulement par son courage, soncaractère bien trempé et sonverbe haut mais aussi par sadroiture, ses qualités humaineset ses capacités professionnel-les. Quand il rentrait le soir auport avec son chalutier, les ara-bes disaient «voilà le bateau despauvres qui arrive» en pressantle pas vers le quai d’amarragedu bateau en attendant queFrancisco leur donnât du pois-son. En 1982 et 1984 lorsque jemontais en haut de la falaise deBoukourdan pour réaliser unposter du port et de la plage dupuits, les vieux arabes m’ac-cueillaient avec ferveur et beau-coup de gentillesse quand jeleur disais que j’étais le fils deFrancisco El Perrero.

Monsieur Magnon dit «ElPessougno» me racontait lorsde mes vacances passées àDENIA : «Ton père était doué ettrès expérimenté en matière depêche, c’est lui qui m’a apprisles meilleurs courses dont cellequ’il avait découverte, entreautres, au large de Nemours «Lacorilla dé l’hérisso».

Ainé de six frères et deuxsœurs, il était issu d’une famillemodeste de pêcheurs, c’étai!tun battant, de simple marin puismécanicien, il commanda trèstôt des chalutiers : la Suzanne»«Le Tafria», «L’Espérance» «Lesdeux Jumeaux». Il devintensuite patron pêcheur arma-teur avec le chalutier «Les deuxsourds» associé à M.

Ambrosino puis le «Philippe»associé avec M. Schiano ledentiste. Il possédait égalementdes lamparos, successivementle «St Michel», le «Jean-Mireille»et l’»André Antoinette».

Avec le «Jean MIreille» nousallions en famille nous baigner àla plage de Oued Halloufe,j’étais petit.

Avec l’»André Antoinette»,j’étais plus grand, j’allais sou-vent à l'île de Rachgoun pourpêcher avec les copains etchasser les pigeons à la«coueva la nurla» grotte marinesituée sur la côte ouest aprèsl'île noire dans laquelle je ren-trais avec le lamparo.

Papa aimait les fêtes espagno-les et comme c’était un aficio-nado de corridas, il nous emme-nait sur son chalutier ma mère,Dolly et moi à la féria de Melilla.

Le 5 juin 1962, il appareillaitpour la dernière fois à destina-tion de Saint-Raphael avec àbord ma mère, mon frère, deuxoncles, un couple ami M. etMme Rodriguez, leurs quatreenfants, la vieille grand’mère deceux-ci, 80 ans, et deux marins.Il avait 63 ans.

Quelques années plus tard, ilretourna à Béni-Saf avec monfrère pour recevoir aussi sesvieux amis arabes àBonkourdan.

En France, il avait tenu à aller à

Port-Vendres pour rencontrerdeux de ses grands amis : M.Ramon Descazace autre grandefigure et de la même trempe quelui dans le monde de la pêche àBeni-Saf, et M. GabrielGonzales.

S’adressant à ce dernier, il lui ditdans la langue de Cervantes «Terecuerdas del dia cuando tepido a verte para que créemosel partido socialista en Béni-Saf ?» et M. Gonzales de luirépondre «Hombré ... pos claroque me lo recuerdo!!».

Francis RUIZ

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Courrier des lecteurs

Bonsoir,Mon père Adrien BUENO estadhérent à votre association et ilsouhaiterait répondre à un mes-sage page 19 de votre numéro66 de décembre 2009. M.AGULLO Julien voudrait avoirdes photos de sa famille enAlgérie, il se trouve que monpère en a ... mais nous ne savonspas comment le joindre !merci de bien vouloir m'indi-quer la marche à suivre, je nesais pas si ce monsieur a uneadresse mail ou un numéro detéléphone que vous auriez peutêtre.Voici les coordonnées de monpère 05 46 34 30 38 je vousremercie beaucoup cordiale-ment Véronique BUENO

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LES DEUX RAMONICO18

J’ai beaucoupaimé le dernier

Journalde Beni-Saf.

Et, bien sûr, la belle lettre

de Marinette notre chère

Présidente, entourée de

deux fidèles : Gilbert Touati et

Brigitte Achache, la femme

d’André.

C’est également avec grand

plaisir que j’ai lu la page 4 intitu-

lée : Le simplet du Village

signée par Bensakoun-Foin.

Je ne connais pas Joëlle mais je

l’admire quand même pour son

analyse du personnage. Ceci

dit, et pour mieux rendre

compte de l’histoire humaine de

Beni-Saf et des personnages

qui y habitaient, il faut dire que

nous avions deux simplets. Le

premier n’était autre que Ramon

ou Ramonico el Gato (le chat) et

Dieu sait s’il craignait les chats !

Une obsession chez lui ! Joëlle

a bien décrit sa psychose, en

tout cas mieux qu’il n’est pré-

senté dans Adieu Beni-Saf :

mémoires d’un adolescent juif

(paru en 2004).

L’autre simplet était comme undevin du village, n’en déplaire àJean-Jacques Rousseau. Cetautre simplet nous l’appelionsJoseico el Tonto. Nous avionsdonc Ramonico el Gato etJoseico el Tonto (le fou).

Joseico ne parlait à personne.On l’estimait fou car il balbutiaiten lui-même constamment,mais alors constamment ouencore il se parlait à haute voix.Enfin du n’importe quoi ! Voilàqui faisait rire tout le monde,surtout les jeunes de Beni-Saf.Cependant, quand l’envie luiprenait de parler à quelqu’un, ilne parlait qu’à un autre musul-man. Or, quoi qu’on en pense,ses coréligionnaires respec-taient la folie et, dans le cas deJoseico, ils le vénéraient.

Joseico leur accordait un béné-diction en échange d’un achatde vêtements et pas des moin-dres.

Voilà pourquoi beaucoup d’en-tre eux évitaient Joseico ! Quefaisait-il de ces vêtements ? Illes accumulait sur lui et en per-manence ! Encore une raisonpour le traiter de fou.

Je crois, si je ne me trompe,qu’un télescopage de souvenirssur nos deux simplets ou unefusion-confusion d’identitéss’est établie.

Ramonico el gato me semble

n’avoir jamais été traité de fou,

d’ailleurs on lui permettait la

responsabilité de réveiller entre

3 heures et 5 heures du matin

nos travailleurs de la mer, nos

marins-pêcheurs. Il se déchar-

geait de ce devoir régulière-

ment. Ramon assistait en outre

notre communauté chrétienne

en portant lentement et en tête

de cortège la bannière ecclé-

siastique des enterrements reli-

gieux. Il était donc loin d’être

considéré comme fou. C’était

Joseico le fou et non pas

Ramonico.

Elucider cette ou ces identités

peut, à jute titre, paraître banal.

Cependant, il nous faut préser-

ver les pratiques cultuelles et

cultuelles de notre communauté

tripartite. Ce n’est donc pas une

correction mais bien une obser-

vation d’ordre sociale, amicale

que je rapporte ici, une pers-

pective dans l’histoire méditer-

ranéenne, béni-safienne.

Elie Vidal

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