prÉjudices causÉs par les subventions aux filiÈres
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1
DOCUMENT PROVISOIRE
15 février 2003
PRÉJUDICES CAUSÉS PAR LES SUBVENTIONS
AUX FILIÈRES COTONNIÈRES DE L’AOC
LOUIS GOREUX
2
TABLE DES MATIERES
Avant Propos 3
Résumé 4
1. Succès du coton en AOC 8
2. Chute des prix du coton 10
3. Subventions a l‟agriculture 14
4. Existence d‟un préjudice 18
5. Estimation du préjudice direct 19
6 Préjudice indirect 28
7. Mécanismes de compensation 29
Annexe statistique 32
Bibliographie 44
Figures
1. Prix du coton, janvier 1983 à janvier 2003 11
2. Prix nominaux et constants, janvier 1994 à janvier 2003 11
3. Illustration graphique 22
Tableaux
1. Variation du prix du coton en dollars et en CFAF 12
2. Production, Indice A et Subventions 21
3. Illustration numérique Eo=0.5, Ed=-0.1 22
4. Résultats des simulations 26
5. Pertes de revenus des filières cotonnières des pays de l‟AOC 27
6. Pertes nettes de recettes d‟exportation des pays de l‟AOC 28
Annexe Statistique
I. Exportations de coton en relation aux indicateurs des pays AOC 32
II. Rendements et Production 33
III. Exportations brutes et nettes 34
IV. Exportations et consommation locales en % de la production 35
V. Stocks et superficies 36
VI. Effets d‟éliminer les subventions sur les prix et la production 37
VII. Prix nominaux en $ et CFAF ; Prix constants en CFAF 38
3
AVANT PROPOS
Ce texte a été rédige à Washington par Louis Goreux afin de faciliter les discussions qui se
tiendront en Europe et en Afrique de l‟ouest comme suit : Genève du lundi 24 au
vendredi 28 février 2003. Paris du lundi 3 au mercredi 5 mars. Bruxelles les jeudi 6 et
vendredi 7 mars. Cotonou du lundi 10 au jeudi 13 mars. Ouagadougou du vendredi 14 au
mardi 18 mars. Dakar du mercredi 19 au samedi 21 mars. A l‟issue de ces discussions,
un texte révisé sera soumis au Comite de pilotage qui doit se réunir à Paris le jeudi 27 ou le
vendredi 28 mars. Le texte final sera remis à ce comite une semaine plus tard.
Deux consultants ont été recrutés pour cette étude. Louis Goreux est financé par le
ministère français des affaires étrangères et Sali Diouf (CMAOC, Dakar) par le ministère
néerlandais des affaires étrangères.
Sali Diouf, qui a conduit ses recherches à Dakar, a préparé un document qui sera
disponible quand les deux consultants se rencontreront à Genève le 24 février pour
conduire ensemble leurs visites avant de soumettre leur projet au comite de pilotage.
Les commentaires sur ce texte seront fort appréciés. Ils peuvent être adressés à Claude
Torre et Henny Gerner : [email protected], [email protected]
4
RESUME
Au cours des vingt dernières années, la production de coton a progressé trois fois plus vite
en Afrique de l‟ouest et du centre (AOC) que dans le reste du monde. C‟est le produit dont
la part de l‟AOC dans les exportations mondiales a augmenté le plus rapidement. Bien que
le coton soit cultivé dans la plupart des pays de l‟AOC, 93% des exportation proviennent
de sept pays appartenant à la zone CFA: Mali, Bénin, Cote d‟Ivoire, Burkina Faso,
Cameroun, Tchad et Togo.
Alors que le coton ne constitue qu‟une part mineure de l‟activité économique des pays
industrialisés, il est d‟une importance fondamentale dans de nombreux pays de l‟AOC. Le
coton est cultivé par deux millions de ménages dans les zones les plus pauvres. Il a permis
d‟améliorer l‟infrastructure physique et sociale des bassins cotonniers, qu‟il s‟agisse de
pistes rurales, d‟écoles ou de centres de santé primaires. Une étude de l‟OMS au Burkina
Faso a montré que la rotation coton/mais conduisait à un meilleur régime alimentaire que
la culture du niébé seul; l‟étude a conclu que l‟expansion de la culture du coton était
largement responsable de l‟amélioration de la santé en zone cotonnière. En outre, des
enquêtes de ménages au Bénin, au Burkina et au Mali ont montré que l‟incidence de la
pauvreté avait diminué plus rapidement dans les zones où la culture du coton s‟était
développée rapidement que dans les autres zones.
Le contraste entre le ménage africain cultivant deux ou trois hectares de coton et
l‟exploitation mécanisée des Etats Unis est frappant. Les recensements de l„agriculture
américaine effectués en 1987 et 1997 montrent qu‟en dix ans le nombre des exploitations
produisant du coton est tombé de 43.000 à 31.500, que le pourcentage des exploitations
cultivant plus de 1.000 acres (soit 405 hectares) a triplé et que ces grandes exploitations
ont contribué à près de la moitié de la production des Etats-Unis en 1997. Le coût de
production moyen sortie usine était de 73 cents par livre de coton fibre aux Etats Unis,
alors qu‟il ne dépassait pas 50 cents dans les pays de l‟ AOC où la main d‟œuvre était
rémunérée à moins d‟un dollar par jour. Mais, sur le marché mondial, le coton africain
était sévèrement concurrencé par le coton américain par ce que les producteurs américains
recevaient une subvention gouvernementale égale à la moitié du prix mondial.
L‟importance des subventions était encore plus grande en Espagne et en Grèce, puisque
celles-ci étaient équivalentes à 180% et 160% du cours mondial en 2001/02.
La Chine a également contribué à déstabiliser le marché mondial en subventionnant ses
producteurs. La Chine est non seulement le plus gros producteur et le plus gros
consommateur, c‟est aussi le pays détenant les stocks les plus importants ; en 1998, 46%
du stock mondial était en Chine. Au cours des vingt dernières années, la Chine a été tantôt
importatrice nette tantôt exportatrice nette. Quand la Chine a importé un tonnage
important en 1980/81, les prix ont grimpé. Quand elle a exporté en 1985/86 et en 1999/00,
les prix ont chuté. L‟effet des importations ou des exportations chinoises sur le marché
5
mondial a été d‟autant plus important que la décision d‟accroître ou de réduire les stocks
était prise par un monopole d‟Etat dont la décision était difficile à prévoir.
Comme le coton peut être produit à meilleur coût dans les pays de l‟AOC qu‟aux Etats
Unis et en Chine, et surtout qu‟en Espagne et en Grèce, une réduction de la production
dans ces quatre pays compensée par un accroissement en AOC conduirait à une meilleure
utilisation des ressources à l‟échelle mondiale. Sous l‟instigation de la Banque Mondiale
et du Fonds Monétaire, les pays de l‟AOC se sont efforcés de libéraliser leurs filières
cotonnières afin de les rendre plus efficaces, mais ils n‟ont pas été payés de retour par les
pays industrialisés. Qui plus est, la mise en vigueur en mai 2002 de la nouvelle loi agricole
devrait conduire à une augmentation des subventions aux producteurs de coton américains
dans les prochaines années.
Les subventions des pays industrialisés à leurs agriculteurs soulèvent un problème majeur.
Selon le Secrétariat de l‟OCDE, les transferts des consommateurs et des contribuables aux
agriculteurs des pays membres s‟élevaient à 30% du revenu agricole brut des pays de
l‟OCDE en 2001; ils coûtaient 300 milliards de dollars et étaient équivalents à six fois
l‟aide publique au développement. Selon les services de l‟OCDE et du FMI, les
subventions aux producteurs de coton des pays industrialisés ont des effets économiques
indésirables. Mais, dans la lute contre la pauvreté, leurs effets sont désastreux. Hors cette
lute constitue l‟objectif clef selon les déclarations des pays industrialisés dans les enceintes
internationales. Les subventions aux producteurs de coton américains ont pu permettre de
sortir de la pauvreté quelques milliers d‟américains, mais elles ont aggravé la pauvreté de
millions d‟africains survivant avec moins d‟un dollar par jour.
L‟objectif de l‟ Uruguay Round était de faciliter les échanges internationaux en réduisant
les entraves au libre échange et, notamment, les subventions. Les Etats-Unis et l‟Union
Européenne s‟étaient engagés à réduire leurs subventions à l‟agriculture de 20% par
rapport à la moyenne de 1986-88. Ces engagements auprès de l‟OMC seront
vraisemblablement respectés dans la lettre mais non pas dans l‟esprit. En effet, la
réduction porte seulement sur les subventions classées dans la boite orange. Comme les
subventions éligibles à la boite verte n‟étaient pas limitées, on a assisté à un transfert
massif des subventions de la boite orange à la boite verte. Selon deux spécialistes de Iowa
State University, le coût des programmes éligibles à la boite verte a doublé de 1986-88 à
1996-98. Cet accroissement a été, en partie, du au recours répété à la clause de minimis
permettant de classer dans la boite verte une subvention qui, de par sa nature, aurait du
entrer dans la boite orange mais qui pouvait entrer dans la boite verte si elle comptait pour
moins de 5% de la valeur totale du produit ou du groupe de produits. Selon ces auteurs, les
subventions de la boite orange auraient augmenté de 44% en 1999 et 2000 en l‟absence de
la clause de minimis. De par son nom, la clause de minimis visait à ne pas prendre en
compte des subventions d‟importance mineure. Mais cette clause a joué un rôle majeur,
car elle a permis de réduire de 20% les subventions classées dans la boite orange, alors que
l‟ensemble des subventions avait augmenté. Le montant des subventions de la boite
6
orange est généralement annoncé deux ou trois années après que ces subventions aient été
accordées, ce qui suggère que le classement par boite n‟est pas sans poser de problèmes.
Il est indiscutable que les subventions accordées aux producteurs de coton ont eu pour effet
d‟accroître les exportations des Etats-Unis, tandis que celles accordées par la Chine, la
Grèce et l‟Espagne ont eu pour effet soit d‟accroître les exportations soit de réduire les
importations de ces trois pays. Eu égard à la faible élasticité de la demande mondiale de
coton fibre, l‟augmentation de la production mondiale due aux subventions a réduit le prix
du coton mesuré ici par la valeur de l‟indice A et donc les recettes des filières cotonnières
des pays de l‟AOC. Ce problème est devenu particulièrement grave en 2001/02, année
durant laquelle l‟Indice A est tombé en dollars courants à son niveau le plus bas depuis 34
ans.
Comme les prix étant plus stables en euros qu‟en dollars, il serait désirable d‟instaurer un
marché futur du coton en euros, ce qui a été envisagé par l‟Euronext mais n‟a pas encore
été mis en oeuvre. Avec le raffermissement de l‟euro, il semble opportun de reconsidérer
cette possibilité.
Un des objectifs de l‟étude était d‟évaluer le préjudice causé aux pays de l‟AOC de façon
aussi objective que possible. A cette fin, on est parti des subventions accordées par les
quatre pays au cours des cinq dernières années sans se limiter aux subventions de la boite
orange. Dans une première étape, on a évalué l‟excèdent de production du aux subventions
en déduisant les quantités que chacun des quatre pays aurait produites en l‟absence de
subventions des productions observées historiquement. Cet excédent définit l‟amplitude
du déplacement vers la gauche de la courbe d‟offre mondiale qui permet dans une seconde
étape de calculer de combien, en l‟absence de subventions, le prix mondial aurait
augmenté, la production de chacun des quatre pays subventionnés aurait diminué et la
production des pays non subventionnés - dont les pays de l‟AOC -.aurait augmenté. Dans
une troisième étape, on a évalué la perte de revenu des filières cotonnières AOC et la perte
de recettes nettes d‟exportation déduction faite du contenu d‟importation de la production
additionnelle. C‟est la perte de recettes nettes d‟exportation qui procure la meilleure base
pour présenter une demande de compensation en espèces.
Dans la simulation de base, on a retenu des élasticités de +0,5 pour l‟offre et de -0.1 pour
la demande, valeurs qui sont proches de celles utilisées par le CCIC dans un exercice
analogue. L‟élasticité de la demande peut paraître faible, mais le coût de la fibre livrée
Europe du Nord ne compte que pour quelque 7% de la valeur des articles en coton achetés
par le consommateur final. Avec ces paramètres et pour la moyenne des cinq dernières
années, le prix de la fibre aurait augmenté de 12% et la production dans les pays non
subventionnés aurait augmenté de 6%. Pour ce qui est des recettes nettes d‟exportation de
coton, l‟augmentation annuelle moyenne les pays de l‟AOC aurait atteint 195 millions de
dollars, soit près d‟un milliard de dollars cumulés sur les cinq années.
7
Comme les résultats sont affectés par le choix des coefficients d‟élasticité, on a procédé à
une série de simulations correspondant à 18 combinaisons différentes des élasticités de
l‟offre et la demande. L‟accroissement des prix et des recettes nettes d‟exportation
augmente lorsque la demande devient moins élastique et la production devient plus
élastique. Pour des combinaisons crédibles de ces deux coefficients, l‟augmentation
moyenne des recettes nettes d‟exportation va de 150 à 250 millions de dollars par an.
Dans les zones cotonnières, l‟essentiel des revenus monétaires de la population provient de
la vente du coton ; aussi, l‟activité de la zone est-elle très dépendante des recettes du
cotton. L‟effet d‟entraînement n‟est pas facile à mesurer en l‟absence de modèles
d‟équilibre général, si l‟on veut éviter les duplications. On peut néanmoins estimer les
effets indirects en prenant un multiplicateur égal à trois, ce qui porterait le préjudice total
de 200 à 600 millions de dollars par an.
Les pays de l‟AOC auraient intérêt à demander un transfert en devises pour compenser la
perte de recettes nettes d‟exportation causée par les subventions. Ce transfert devrait être
effectué en l‟année t+1 au prorata des subventions accordées par chacun des quatre pays en
l‟année t ou au cours des deux années précédentes t et t-1. La perte de recettes nettes
devrait être majorée des intérêts encourus entre la date des exportations et celle du
paiement, mais elle exclurait le préjudice indirect calculé à l‟aide du multiplicateur. Avec
la simulation précitée, le paiement du aux pays de l‟AOC intérêts inclus aurait représenté
5,5% des subventions octroyées par les quatre pays au cours des cinq dernières années, ce
qui parait modeste. Mais si l‟AOC obtenait gain de cause, d‟autres pays pourraient
demander des compensations analogues; aussi les compensations risqueraient de devenir
coûteuses, ce qui induirait les pays industrialisés à réduire les subventions à leurs
producteurs de coton. Comme la pauvreté des populations en zones cotonnières est le
meilleur argument, la compensation devrait aller aux filières cotonnières et son utilisation
pourrait être décidée par un comité de gestion dont les producteurs détiendraient la
majorité des sièges.
Une autre option consisterait à imposer des mesures de rétorsions tarifaires sur la base des
préjudices directs et indirects. Mais ces mesures pourraient interférer avec les programmes
d‟assistance de l‟Union Européenne qui sont importants et avec des programmes similaires
financés par les Etats-Unis et la Chine. En tout état de cause, les pays de l‟AOC ont intérêt
à faire connaître leur dossier. Dans le contexte de la lute contre la pauvreté, ce dossier est
extrèmement solide et il est essentiel de convaincre l‟opinion publique des pays
industrialisés des effets pervers des subventions à leurs producteurs de coton.
8
1 SUCCES DU COTON EN AOC
Au cours des vingt dernières années, la production de coton a progressé trois fois plus vite
en Afrique de l‟ouest et du centre (AOC) que dans le reste du monde. Le coton est le
produit dont la part de l‟AOC dans les exportations mondiales a augmenté le plus
rapidement. Avec 13% des exportations mondiales, l‟AOC vient à peu près à égalité avec
l‟Ouzbékistan, mais reste loin derrière les Etats-Unis qui comptent cette année pour 36 %
des exportations mondiales. Le coton est cultivé dans presque tous les pays de l‟AOC,
mais 89% de la production et 93% des exportations proviennent de sept pays appartenant à
la zone CFA : Mali, Bénin, Cote d‟Ivoire, Burkina Faso, Cameroun, Tchad et Togo1.
Si le coton ne constitue qu‟une part mineure de l‟activité économique des pays
industrialisés, son importance est fondamentale en AOC. Au Bénin, Burkina Faso, Mali,
Tchad et Togo, la production de coton graine compte pour 5 à 10% du PIB; l‟exportation
du coton fibre compte pour plus d‟un tiers de l‟ensemble des recettes d‟exportation et pour
plus de 60% des recettes provenant d‟exportation des produits agricoles2. Dans les zones
cotonnières, l‟essentiel des revenus monétaires de la population provient de la vente du
coton graine; aussi, l‟activité économique de la zone est-elle très dépendante des recettes
du coton graine.
Suivant une enquête effectuée au Bénin, un tiers des exploitations agricoles faisaient du
coton en 19993. L‟exploitation moyenne disposait de 5,3 hectares, dont 2,3 hectares
étaient plantés en coton ; elle produisait 2,6 tonnes de coton graine vendues à 506 mille
FCFA (soit 800 $), dont il fallait déduire un tiers pour le coût des intrants. Les 3 hectares
restant étaient consacrés aux cultures vivrières dont la majeure partie était autoconsommée.
Evaluant l‟autoconsommation sur la base des prix du marché, le coton représentait la
moitié des revenus du ménage. Avec dix personnes par ménage dans les exploitations
agricoles cultivant le coton, la dépense moyenne4 était estimée à 272 FCFA (soit 41 US
cents) par jour et par personne et 37% de la population vivait dans la pauvreté5.
Des résultats similaires ont été obtenus au Burkina Faso. Une enquête récente fait état
d‟un foyer de 14 personnes, dont 7 actifs, avec 40% des terres cultivées consacrées au
coton. En 2001/02, qui fut une excellente année, les revenus du coton (après déduction du
coût des intrants) étaient estimés à 100 dollars par actif et par an. Même en tenant compte
des revenus tirés des autres cultures, les revenus par actif restaient très faibles et très en
dessous de la moyenne nationale. Le faible niveau de la rémunération du travail dans le
1 Moyenne des trois dernières années.
2 Tableau 1 en annexe.
3 « Impact des réformes sur les petits agriculteurs au Bénin » IPFRI/LARES, 2001. « Impact of Global
Cotton Markets on rural Poverty in Benin », by M. Minot and L. Daniels, IPFRI. Nov. 2002. 4 Y compris la valeur estimée pour l‟autoconsommation.
5 Incidence de la pauvreté.
9
bassin cotonnier peut être illustré par le coût de la coupe de cheveux. Dans une petite ville
où le consultant était venu rencontrer les représentants de l‟association départementale des
producteurs de coton, il a vu un coiffeur coupant les cheveux d‟enfants assis sur un tronc
d‟arbre pour 100 FCFA par coupe, soit 13 cents US.
Bien que les revenus par habitant soient faibles en zone cotonnière, ils le seraient encore
davantage sans le coton, car le coton est la meilleure culture de rente. Aux Etats-Unis, en
Australie et dans l‟état de Mato Grosso au Brésil, les cultivateurs peuvent assez facilement
passer du coton au soja, mais les possibilités de substitution sont beaucoup plus limitées au
Sahel. L‟alternative à la rotation coton/maïs est souvent le niébé seul. Au Mali, lorsque
les cultivateurs ont boycotté le coton en 2000/01, ils ne l‟ont pas souvent remplacé par
d‟autres cultures.
Au Bénin, le coton est cultivé dans sept des huit départements; il n‟est en effet pas cultivé
dans le département Atlantique où se trouve la capitale (Cotonou). Mais la production est
très inégalement répartie entre les sept autres départements. En 2001/02, 58% de la
production provenait de Borgou, situé dans la zone de savane au nord du pays, tandis que
seulement 1,6% provenait d‟Ouémé, situé au sud-est du pays. Au Borgou, 68% des
ménages ruraux faisaient du coton, car c‟était la meilleure façon d‟obtenir un revenu
monétaire. Par contre, en Ouméné où il existait d‟autres alternatives, seulement 4% des
ménages ruraux cultivaient le coton. La dépense par personne des ménages ruraux était
plus élevée en Ouméné qu‟au Borgou, mais les indices de pauvreté n‟étaient pas
meilleurs6.
Une étude de l‟OMS au Burkina Faso a montré que la rotation coton/maïs était plus
rémunératrice et conduisait à un meilleur régime alimentaire que la culture du niébé seul.
L‟étude a conclu que l‟expansion de la culture du coton était largement responsable de
l‟amélioration de la santé des foyers en zone cotonnière. De 1993/94 à 1997/98, la
production de coton a augmenté de 175 % et l‟incidence de la pauvreté a baissé de 50% à
42 % en zone cotonnière, tandis qu‟elle a augmenté de deux points de pourcentage dans les
zones sans coton7.
L‟expansion de la culture du coton en AOC a eu un effet d‟entraînement sur les activités
économiques du bassin cotonnier et a contribué à l‟amélioration des infrastructures
sociales, comme exprimé avec éloquence dans un encadré d‟une publication récente
d‟OXFAM : « Le coton ici, c‟est tout. Ca sert à construire nos écoles et nos centres de
santé. Nous dépendons tous du coton. Mais si les prix restent bas, nous n‟avons aucun
espoir pour l‟avenir. »8.
6 Bien que la dépense par personne en Ouméné dépassait celle de Borgou de 23%, l‟incidence de la pauvreté
(Po) était la même (44%) et la pauvreté était plus sévère (P1 et P2). Voir Tableau 8 de M. Minot IPFRI,
Nov. 2002, op.cit. 7 « Analyse de la Pauvreté au Burkina Faso », INSD, 1999, Ministère de l‟Economie et des Finances.
8 « Cultiver la pauvreté » Encadré 2, Planteur de coton, village de Logokourani, Burkina Faso, Oxfam,
septembre 2002.
10
2 CHUTE DES PRIX DU COTON
Le prix du coton exprimé en dollars courants (Indice A) est tombé en 2001/02 à son niveau
le plus bas depuis trente années (Figure 1). La chute des cours mondiaux a été due à la
combinaison de quatre facteurs : la concurrence des fibres synthétiques, le récent
ralentissement de l‟activité économique, les fluctuations du taux de change et les
subventions accordées aux producteurs de coton dans plusieurs pays industrialisés.
(i) De 1960 à 2000, la consommation mondiale de coton par habitant est restée
inchangée, tandis que celle des fibres synthétiques a quintuplé. Aussi, la part des fibres
synthétiques dans la consommation totale de fibres est-elle passée de 22% à 59%. Au
cours des douze dernières années, la progression a été particulièrement rapide pour le
polyester dont la production en Asie a presque sextuplé tandis que la production mondiale
ne faisait que tripler.
(ii) En raison du ralentissement de l‟activité économique, la consommation mondiale
de coton est restée pratiquement la même de 1999/00 à 2001/02. Par contre, la production
mondiale a progressé de 13%, car la surface cultivée a augmenté de 5% tandis que le
rendement moyen a augmenté de 7% en raison de conditions météorologiques
particulièrement favorables9. Aussi, les stocks ont-ils atteint fin 2001/02 leur niveau le
plus élevé depuis 16 années, ce qui limitera la reprise des prix en 2002/03. Néanmoins, le
CCIC prévoit un prix de 55 cents la livre en 2002/03.
La Chine et les Etats-Unis, qui sont les deux plus gros producteurs et subventionnent leurs
planteurs, ont compté pour 92% de l‟augmentation de la production mondiale. Les 8%
restant provenaient des quatre autres gros producteurs (Inde, Pakistan, Ouzbékistan et
Turquie). La production dans le reste du monde est demeurée pratiquement inchangée, une
forte hausse dans la zone CFA étant compensée par une baisse dans l‟hémisphère Sud, où
les faibles prix durant la saison des semis avaient entraîné une réduction des superficies
emblavées.
(iii) Les pays de la zone CFA ont une monnaie commune, le franc CFA (FCFAF). Ce
dernier est resté à parité fixe avec le franc français (FF) qui flottait l‟intérieur du serpent
européen avant d‟être remplacé par l‟euro. Depuis 1948, la parité n‟a été modifiée qu‟une
fois, en janvier 1994, lorsque la monnaie a été dévaluée de 50 à 100 CFAF pour 1 FF.
L‟appréciation du dollar par rapport au franc français (ou à l‟euro) a généralement été
associée à une baisse de l‟Indice A exprimé en dollars, ce qui peut s‟expliquer de deux
façons. D‟un côté, l‟appréciation du dollar renchérit le coût du coton dans la monnaie de
9 Tableau II en annexe :
11
Figure 1: Prix du coton, janvier 1983 à janvier 2003
En logarithmes décimaux
Figure 2: Prix nominaux et constants, janvier 1994 à janvier 2003
1.90
2.00
2.10
2.20
2.30
2.40
2.50
2.60
2.70
2.80
2.90
3.00
3.10
Jan-
83
Jan-
84
Jan-
85
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86
Jan-
87
Jan-
88
Jan-
89
Jan-
90
Jan-
91
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92
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93
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97
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98
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00
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01
Jan-
02
Jan-
03
Mois
log
Index A
cfaf/$
Index A in cfaf
En FCFA par kg
400
500
600
700
800
900
1000
1100
1200
1300
Ja
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J
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Oc
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02
Ja
n-
03
nominal prices (CFAF/Kg) Deflated prices ,2001=100
Nominal
Prix Constants
12
l‟importateur. De l‟autre, la baisse du prix mondial en dollar n‟affecte pas l‟exportateur
américain qui bénéficie en pratique d‟un prix garanti en dollar.
Cette relation peut être mise en évidence en décomposant les vingt dernières années en sept
périodes au cours des quelles le dollar s‟est apprécié (ou déprécié) par rapport au franc
français ou à l‟euro (Tableau 1). Au cours de la première période, allant de janvier à août
83, l‟appréciation du dollar (19%) a été accompagnée par une hausse des prix en dollars
(26%); aussi, l‟appréciation du dollar a-t-elle amplifié la hausse des prix exprimés en
francs CFA (50%). Mais l‟appréciation du dollar a réduit la baisse des prix en francs CFA
par rapport à la baisse des prix exprimée en dollars au cours de trois autres périodes: d‟août
Tableau 1: Variation des prix du coton en dollars et en CFAF10
Mois Effet taux Change Indice A Cout de
Durée de change CFAF/$ Cents/Kg CFAF/Kg CFAF01/kg La vie
% % % Indice
Janv.83 338 158 536 2001
7 Amplifie la hausse 19 26 50 =100
Aout 83 402 200 805
19 Réduit la baisse 26 -26 -7
Mars 85 506 148 749
68 Hausse deviant baisse -51 23 -39
Nov. 90 250 182 455
37 Réduit la baisse 17 -28 -16
Dec. 93 292 131 382
1 Dévaluation 102 17 137 % %
Janv.94 592 153 903 1523 84
16 Réduit la hausse -16 66 40 -2 42
Mai 95 499 253 1264 1497 120
77 Réduit la baisse 45 -68 -53 -61 20
Oct. 01 724 82 594 587 144
4 Réduit la hausse -15 52 30 28 1
Janv. 03 618 125 772 754 146
10
Source IFS et CCIC. L‟indice du cout de la vie est la moyenne des indices du Bénin, Burkina Faso,
Cote d'Ivoire et Mali, sauf pour les mois de septembre à Décembre 2002 où l'indice est basé
sur le Burkina seul. Janvier 2003 extrapolé.
13
83 à mars 85, de novembre 90 à décembre 93 et de mai 95 à octobre 2001. La dépréciation
du dollar a réduit la hausse des prix en francs CFA par rapport à celle exprimée en dollars
de janvier 94 à mai 95 et d‟octobre 2001 à décembre 2002 ; elle a transformé une hausse
des prix en dollars en une baisse en francs CFA de mars 85 à novembre 90).
Au total, les variations de la valeur du dollar n‟ont eu pour effet d‟amplifier les fluctuations
des prix en francs CFA qu‟au cours d‟une seule période comptant pour seulement 7 des
240 mois considérés. Les prix étant plus stables en euros qu‟en dollars, il serait désirable
d‟instaurer un marché futur du coton en euros, ce qui a été envisagé par l‟Euronext mais
n‟a pas encore été mis en oeuvre. Avec le raffermissement de l‟euro, il est opportun de
reconsidérer cette possibilité. Il va sans dire qu‟un marché futur en euros serait
particulièrement utile aux pays CFA puisqu‟il leurs fournirait une protection contre deux
risques : les fluctuations des cours mondiaux et les fluctuations des taux de change.
Après une rapide progression jusqu‟en 1988/89, la production des trois plus gros
producteurs de l‟AOC (Côte d‟Ivoire, Mali et Burkina Faso) a marqué le pas pendant cinq
années, du fait de la baisse des cours mondiaux et d‟un taux de change surévalué. En
revanche, dans les années qui ont suivi la dévaluation, la production des trois pays a
doublé. En 1995, la culture du coton était devenue très profitable; mais une bonne part des
profits a été absorbée par l‟État et par les compagnies cotonnières anxieuses d‟éponger les
pertes qu‟elles avaient subies dans les années ayant précédé la dévaluation. Aussi, les
producteurs n‟ont-ils reçu que 29% du prix à l‟exportation en 1994/95 et 42% en 1995/96,
alors qu‟ils en ont reçu 69% en 2001/02. Malgré la récente chute des cours mondiaux, les
prix payés aux producteurs ont à peine diminué et, comme les rendements ont été
excellents, les revenus des producteurs ont atteint un niveau record en 2001/02.
Les prix reçus par les producteurs ont pu être maintenus à un niveau élevé en 2001/02
parce que les producteurs on reçu un bonus provenant des profits accumulés l‟année
précédente au Burkina Faso et parce que la filière a été subventionnée au Bénin, au Mali,
au Tchad et en Côte d‟Ivoire. Ces prix ne sont pas des prix d‟équilibre et ils ne pourraient
pas être maintenus sans une reprise des cours mondiaux ou l‟octroi de compensations de la
part des gouvernements qui subventionnent leurs producteurs de coton.
Pour rester compétitifs, les pays de l‟AOC se sont efforcés de réduire leurs coûts de
production. Pour s‟adapter aux lois du marché, ils ont libéralisé leurs filières cotonnières
comme leurs demandaient le FMI et la BM. Les négociations de l‟ « Uruguay Round »
devaient conduire à une libéralisation du commerce international. Mais les subventions
dont bénéficiaient les producteurs de coton dans les pays industrialises n‟ont pas diminué.
En 2001/02, ceux-ci ont reçu des subventions équivalentes à 180% du prix du marché en
Espagne, 160% en Grèce et 60% aux Etats-Unis. Qui plus est, la loi agricole de 1996 a été
remplacée en 2002 par une nouvelle loi qui doit conduire à une forte augmentation des
subventions dans les dix prochaines années.
14
3 . SUBVENTIONS A L’AGRICULTURE
Les pays industrialisés accordent des subventions très élevées à leurs agriculteurs. Suivant
le secrétariat de l‟OCDE, les transferts des consommateurs et des contribuables aux
agriculteurs des pays membres s‟élevaient à 30% du revenu agricole brut en 2001,
coûtaient 300 milliards de dollars et étaient équivalents à six fois l‟aide publique au
développement. Le soutien des gouvernements des pays industrialisés est beaucoup plus
important pour l‟agriculture que pour tout autre secteur, ce qui montre que l‟agriculture est
un secteur politiquement très sensible.
3.1 OMC
Comme les réglementations de l‟OMC résultent d‟accords entre pays membres, ces règles
reflètent les préoccupations des diverses parties. Il a été reconnu que les gouvernements
des pays industrialisés avaient des obligations envers leurs agriculteurs et devaient veiller à
la conservation de l‟environnement. Mais il a été souligné que ces obligations pouvaient
être remplies sans causer de distorsions trop importantes sur le marché mondial. Le
compromis a abouti à une distinction entre la nature des mesures de soutien qui ont été
classées en trois catégories connues sous le nom des boites bleue, verte et orange, par
analogie aux feux de signalisation routière. Bleu et vert veulent dire passez, tandis que
orange signifie procédez avec prudence.
Les mesures classées dans la boite bleue sont définies dans l‟accord conclu à l‟issue de
l‟Uruguay Round. Comme un paiement aux planteurs visant à réduire leur production en
fonction de surfaces prédéterminées ne crée pas de distorsions, il va dans la boite bleue.
Les paiements créant des distorsions minimales vont dans la boite verte. Ils couvrent le
coût des services généraux, tels la recherche et le contrôle sanitaire; ils couvrent aussi
l‟aide alimentaire domestique, comme les « food stamps » et les programmes nutritionnels
dans les écoles).
Les paiements aux producteurs éligibles à la boite verte ne peuvent pas être liés aux prix
courants et/ou à la production courante, car ils ne doivent pas affecter la production
courante. Par exemple, un paiement effectué dans le contexte de la 1996 Farm Bill va dans
la boite verte si le paiement par acre et le nombre d‟acres ont été déterminés avant 1996.
Mais si le paiement en l‟an 2000 dépendait du prix en l‟an 2000, il irait dans la boite
orange. En effet, si les prix mondiaux chutaient en l‟an 2000 parce que la production
mondiale était excédentaire, accorder une subvention liée à la chute des prix mondiaux
donnerait le faux signal, car il aurait pour effet d‟aggraver la surproduction et la baisse des
cours mondiaux. Une subvention liée à un désastre naturel va dans la boite verte. En
revanche, si cette subvention était en fait accordée parce que les prix mondiaux avaient
chuté, la subvention devrait aller dans la boite orange. Toutefois, cette subvention serait
éligible à la boite verte si elle représentait moins de 5% de la valeur totale du produit, car
elle pourrait bénéficier de la clause « de minimis ». Sans cette clause, les EU auraient
dépassé de 3 milliards de dollars en 1999 la limite de 20 milliards de dollars qu‟ils
15
s‟étaient engagés à respecter auprès de l‟OMC. En tirant parti de cette clause, les
paiements classés dans la boite orange sont restés 3 milliards de dollars en dessous de la
limite qu‟ils s‟étaient engagés à respecter auprès de l‟OMC.
Il est clair que; malgré une description détaillée de ce qui doit entrer dans chaque boite, le
classement restera toujours sujet à interprétation. Hors, le classement est important car les
EU et l‟UE se sont engagés à réduire le montant des subventions allant dans la boite
orange d‟au moins 20% par rapport à la moyenne de 1986-88, alors qu‟ils n‟ont pris aucun
engagement sur les subventions éligibles a la boite verte.
3.2 Etats-Unis
Le système de subventions aux producteurs de coton a évolué au cours des quarante
dernières années. Le niveau des stocks atteignit un niveau record en 1965, lorsqu‟il
dépassa d‟un tiers l‟utilisation annuelle définie comme la somme de la consommation de
l‟industrie textile locale et des exportations. Ce stockage a contribué à stabiliser les cours
mondiaux, mais il était onéreux; en outre, il était considéré comme une mesure
interventionniste. La politique de stockage a donc été modifiée et le ratio stock sur
utilisations est tombé de 134% en 1965 aux alentours de 30% dix ans plus tard et de 20%
dans les années 90. L‟économie sur le coût du stockage a été compensée par une
augmentation des paiements directs aux producteurs. Ceux-ci n‟avaient jamais atteint le
milliard de dollars avant 1985, mais ils l‟ont toujours dépassé depuis 1998/99 et ont
dépassé deux milliards au cours de deux des trois dernières années.
Les « deficiency payments » qui étaient liés aux cours mondiaux devaient aller dans la
boite orange. Avec la « 1996 Farm Bill », ces derniers ont été en partie remplacés par les
« production flexibility contracts , PFC» qui étaient liés à la production d‟une période de
référence antérieure et, comme ils étaient découplés, devenaient éligibles à la boite verte.
Celui qui produisait une quantité donnée de coton lors de la période de référence recevait
en 1996 et au cours des cinq années suivantes un paiement dont le montant n‟était pas
affecté par la quantité de coton produite en l‟année courante ; l‟exploitant était assuré de
recevoir son chèque même s‟il ne plantait pas de coton cette année là. Comme les
paiements au titre du PFC constituaient un soutien découplé de la production courante, ils
étaient éligibles à la boite verte. Mais, comme les cours mondiaux ont été plus faibles que
prévu lorsque la loi avait été formulée en 1996, le Congrès a dû voter des crédits
supplémentaires sous d‟autres titres. Puisque ces derniers étaient liés à la baisse des cours
mondiaux, ils auraient du aller dans la boite orange; mais ce type de soutien a bénéficié de
la clause de minimis et est allé dans la boite verte.
Selon des estimations de l‟USDA , les amendements introduits dans la « 2002 Farm Bill »
permettraient d‟accroître la part de l‟assistance gouvernementale de 32% du revenu du
16
fermier moyen sous l‟ancienne loi à 45% sous la nouvelle11
. Cette dernière introduit des
mesures anticycliques qui paraissent bien relever de la boite orange. En outre, les
producteurs ne sont plus tenus à retenir l‟ancienne période de référence; ils peuvent lui
substituer la période 1998-2001 s‟ils considèrent que cette dernière leurs est plus favorable.
Aussi, le planteur qui avait augmenté sa production de coton au cours des dernières années
pourra bénéficier au titre du PFC de paiements plus importants que celui qui avait réduit sa
production, ce qui pourrait faire rentrer le PFC dans la boite orange. Mais il est difficile de
prévoir l‟interprétation qui en sera donnée par le ministère de l‟agriculture (USDA), car ce
dernier transmet son rapport à l‟OMC avec un délai de deux à trois années12
Les effets de la politique du gouvernement sur le planteur de coton américain peuvent être
appréciés en comparant les résultats des deux derniers recensements agricoles effectués,
respectivement, en 1987 et en 1997. Le nombre des exploitations produisant du coton est
tombé de 43.000 à 31.500 et la superficie moyenne des exploitations cotonnières a
augmenté de 200 acres. Les exploitations de 500 acres ou plus comptaient pour 12% du
nombre total des exploitations et pour moins de la moitié de la production de coton en
1987. Dix ans plus tard, elles comptaient pour 29% des exploitations et 71% de la
production nationale. Le phénomène de concentration a été particulièrement marqué pour
les très grandes exploitations. Le pourcentage des exploitation de plus de mille acres (soit
405 hectares) a triplé en dix ans et ces exploitations ont contribué à près de la moitié de la
production nationale en 1997. La politique de soutien n‟a donc pas empêché beaucoup de
petites exploitations de se faire absorber par les grandes.
Suivant une enquête effectuée en 1997, le coût de production moyen s‟élevait à 73 cents
par livre de coton fibre, dont 39 cents (soit un peu plus de la moitié) pour les coûts
variables13
. Les coûts des grandes exploitations étaient généralement inférieurs à ceux des
petites, puisque 63% du coton était produit à un coût inférieur à la moyenne de 73 cents
tandis que seulement 45% des exploitations avaient un coût inférieur à la moyenne. En
retenant 72.4 cents par livre de fibre comme objectif, les deux dernières Farm Bills
voulaient éviter que les prix ne tombent en dessous du coût moyen et plusieurs
programmes ont été combinés pour atteindre cet objectif. Comme ces prix sont mesurés
sortie usine d‟égrenage, il faut ajourer 7 cents pour arriver aux prix rendu caf Europe du
nord (Indice A).
La politique de soutien au coton coûte près de deux milliards de dollars par an. Ses effets
sociaux n‟ont pas été très positifs, puisqu‟elle semble avoir favorisé les grandes
exploitations. On peut donc se demander pourquoi cette politique persiste et pourquoi elle
a été renforcée en mai 2002. Des considérations électorales immédiates ont pu jouer un
rôle dans le passage de la nouvelle loi. Mais la raison principale est que la politique de
soutien profite surtout à un groupe limité d‟individus ayant les moyens de défendre leurs
11
Table 2.11 Change in US subsidy for average far, under new bill :
www .ces.uga.edu/Agriculture/agecon/fbill/fbillpres. 12
Le rapport sur l‟année 1998 apparaît dans l‟ »USDA Agricultural Outlook » de janvier février 2002. 13
ARMS Survey ; 1997 Agricultural Resource Management Study ; USDA.
17
intérêts. En revanche, le coût de cette politique est réparti entre des dizaines de millions de
contribuables payant chacun une somme infime pour soutenir la culture du coton.
Si le soutien au coton était réduit ou éliminé, il le serait aussi pour d‟autres produits
agricoles. L‟élimination des subventions agricoles entraînerait une chute du prix des
terrains agricoles, ce qui conduirait beaucoup d‟exploitants à ne pas pouvoir rembourser
leurs emprunts et pourrait provoquer la faillite de beaucoup d‟institutions financières
régionales, comme ce fut le cas en 1986. Au moment où le gouvernement cherche à
relancer l‟économie, il est peu probable qu‟il soit prêt à prendre de tels risques. Tel est un
des arguments les plus valables avancés par les défenseurs de la politique de soutien.
3.3 Chine
La Chine est non seulement le plus gros producteur et le plus gros consommateur, c‟est
aussi le pays dont la consommation a augmenté le plus rapidement au cours des vingt
dernières années (67% contre 30% pour le reste du monde). C‟est en outre le pays ayant
eu les stocks les plus importants, puisque ceux-ci comptèrent pour 46% du stock mondial
en 1998. La Chine a été tantôt importatrice nette (12 années) et tantôt exportatrice nette
(10 années). Quand la Chine exportait de grosses quantités comme en 1986 et en 1999/00 ;
les cours mondiaux chutaient. A l‟inverse, quand la Chine devenait un gros importateur
comme en 1980/81 et en 1994/95, les cours mondiaux grimpaient.
Lorsque les prix du coton se sont envolés en 1994/95, la Chine a importe 884 mille tonnes,
ce qui comptait pour 13% des importations mondiales et 18% de la consommation
chinoise. L‟effet de la politique d‟importation était d‟autant plus marqué que les décisions
de la Chine étaient imprévisibles. La Chine aurait pu ne pas importer en 1994/95, car ses
stocks dépassaient déjà 2 millions de tonnes en début d‟année et atteignirent 2,8 millions
de tonnes en fin d‟année. Mais la Chine a continue à accroître ses stocks et est restée
importatrice nette jusqu‟en 1997/98. Elle a ainsi contribue à soutenir les cours mondiaux
pendant quatre années consécutives au dessus de 72 cents par livre, ce qui d‟ailleurs
correspondait à l‟objectif de prix des Farm Bills aux EU. Mais lorsque la Chine a décidé
de réduire ses stocks, les choses se sont gâtées.
L‟influence de la politique de stockage chinoise est telle que, dans son modèle de prévision
des prix, le CCIC fait une distinction entre les stocks détenus par la Chine et ceux détenus
par le reste du monde. La position extérieure de la Chine (en tant qu‟importatrice ou
exportatrice nette) était d‟autant plus difficile à prévoir que le prix d‟achat du coton graine,
les tarifs (ou quota d‟importations) et les crédits à l‟exportation étaient fixés par une
entreprise d‟Etat (CHINATEX)14
. Ce monopole a été récemment relâché et l‟entreprise
d‟Etat se limite maintenant à indiquer un prix de référence pour l‟achat du coton graine;
aussi, le prix effectif peut faire l‟objet de négociations entre vendeur et acheteur. Le
niveau des stocks a diminue de 4,7 a 1,8 millions de tonnes de fin 1997/98 à fin 2001/02.
14
Bureau du cotton et du jute (All China Federation of Supply and Marketing Cooperatives) CHINATEX
Cotton Import and Export Corporation.
18
Le CCIC pense que le stock ne diminuera pas beaucoup plus et que les importations nettes
atteindront 600 mille tonnes en 2003/04.
N‟étant pas membre de l‟OMC lors de l‟Uruguay round, la Chine n‟a pas pris
d‟engagements sur la réduction de ses subventions et n‟a pas eu a les classer entre boite
verte et boite orange. Néanmoins, au cours de ses négociations préparatoires avec les
Etats-Unis ; la Chine a accepté de réduire ses subventions à l‟agriculture de 8,5% et a
ouvert un quota TRC de 800 mille tonnes. En outre, comme la Chine, qui vient d‟adhérer
à l‟OMC, a intérêt à maintenir l‟essor de ses exportations de produits manufactures, elle
pourrait être prête à assouplir sa position en ce qui concerne les subventions au secteur
cotonnier.
3.4 Union Européenne
La culture du coton n‟est importante qu‟en Grèce et en Espagne. Dans la décennie qui a
suivi l‟adhésion des deux pays à l‟UE ; la production a rapidement augmenté, surtout en
Grèce, du fait des généreuses subventions accordées aux producteurs de coton. Mais la
production semble s‟être stabilisée après 1995/96 en Grèce et après 1997/98 en Espagne.
L‟UE a récemment établi un quota au dessus duquel le niveau de subvention diminue. Au
cours des trois dernières années, les deux pays comptaient pour 2,7% de la production
mondiale, 5% des exportations, mais 18% des subventions. La Grèce exportait les deux
tiers de sa production et importait peu, tandis que l‟Espagne importait à peu près autant
qu‟elle exportait.
La Communauté fixe un prix témoin très au dessus du cours mondial et verse une
subvention à l‟égreneur qui doit payer au moins 95% du prix témoin aux producteurs.
Comme le montant de la subvention est lié à l‟Indice A, les subventions vont normalement
dans la boite orange. Les producteurs reçoivent d‟autres formes d‟assistance, notamment
pour l‟achat d‟équipement. L‟objectif est d‟assister des groupes de population défavorisés.
Mais, comme les subventions sont liées au cours mondial, elles doivent aller dans la boite
orange.
L‟UE a annoncé son intention de réduire les subventions à l‟agriculture, ce qui est un pas
dans la bonne direction. Mais elle ne semble vouloir se précipiter dans cette voie, puisque
des objectifs seraient établis pour l‟année 2013.
4 EXISTENCE D’UN PREJUDICE
Les subventions aux producteurs américains ont eu pour effet d‟accroître l‟offre de coton
sur le marché mondial. Les subventions en Chine, en Espagne et en Grèce ont contribué
soit à accroître les exportations soit à réduire les importations. Dans un cas comme dans
l‟autre, les subventions ont entraîné une baisse des cours mondiaux au préjudice des pays
de l‟AOC qui exportent le plus clair de leur production cotonnière. Le problème du
classement des subventions entre les boites verte et orange ne s‟est pas posé pour la Chine
19
puisqu‟elle n‟est devenue membre de l‟OMC que très récemment. Le classement ne
semble pas poser de sérieux problèmes pour les subventions aux producteurs de coton en
Espagne et en Grèce, s‟il est vrai que l‟essentiel de ces subventions entrent dans la boite
orange. Mais il pose un problème majeur pour les Etats Unis.
Suivant l‟accord conclu à l‟issue de l‟Uruguay Round, les Etats Unis devaient réduire les
subventions de la boite orange de 20% par rapport à 1986-88, ce qui fixait la limite
annuelle à 19,1 milliards de dollars pour 2000-2002. On estime que cette limite sera
respectée, mais elle le sera grâce à un transfert massif de la boite orange à la boite verte.
Selon deux experts américains, le coût annuel des programmes éligibles à la boite verte
aurait été d‟environ 26 milliards de dollars en moyenne de 1986 à 1988 ; dix ans plus tard,
ce coût s‟élevait à 50 milliards15
. De par son nom, la clause « de minimis » aurait du avoir
un effet minime sur le classement, mais ce n‟a pas été le cas. Suivant les mêmes auteurs,
en l‟absence de cette clause, les subventions de la boite orange auraient augmenté de 44%
en 1999 et 200016
.
Les études effectuées récemment par l‟OCDE et le FMI ont montré que les subventions
des pays industrialisés à leurs agriculteurs conduisaient à une réduction significative du
PIB mondial. Mais l‟effet pervers de ces subventions est bien plus considérable en ce qui
concerne la lutte contre la pauvreté. La moitié des subventions cotonnières aux planteurs
américains (soit près d‟un milliard de dollars) va à quelques milliers d‟exploitants cultivant
plus de mille acres de coton et donc bien au dessus du seuil de pauvreté. Par contre, dans
les pays de l‟AOC, ces subventions pénalisent un million d‟exploitants ne cultivant que
cinq acres de coton et vivant avec moins d‟un dollar par personne et par jour. Les
subventions américaines ne peuvent réduire la pauvreté que de quelques milliers
d‟individus en Amérique, mais elles peuvent accroître la pauvreté de millions d‟individus
dans les pays de l‟AOC.
Le système des boites a certains mérites, mais il a été utilisé abusivement. Il a permis à la
délégation américaine de dire à l‟OMC que les subventions de la boite orange – les seules
importantes pour cette institution - avaient diminué, alors que l‟ensemble des subventions
avait augmenté. En outre, le classement entre boites n‟est connu que deux ou trois ans
après les faits. Les pays de l‟AOC ne doivent pas se laisser mettre en boite.
5 ESTIMATION DU PREJUDICE DIRECT
Au cours des cinq dernières années, les subventions gouvernementales accordées aux
producteurs de coton se sont élevées en moyenne à $ 4,5 milliards par an dont 35% pour
les EU, 40% pour la Chine, 13% pour la Grèce, 5% pour l‟Espagne et 8% pour le reste du
monde.
15
“U.S.Farm Policy and the World Trade Organization: How Do They Match UP?” by Chad E. Hart and
Bruce A. Babcock, Working Paper 02-WP294, page 11, Iowa State University, February 2002. 16
Op cit Graphique page 12.
20
Si les subventions avaient été éliminées dans les quatre pays précités, quelle aurait été
l‟augmentation des revenus des producteurs de coton et des recettes d‟exportation de coton
des pays membres de l‟ AOC ? Pour répondre à cette question, on est parti des données de
base présentées au Tableau 2 et on a procédé en quatre étapes. La première est limitée aux
pays subventionnés; elle consiste à évaluer le surplus de production dû aux subventions,
surplus ayant causé un déplacement de la courbe d‟offre mondiale vers la droite. Dans la
seconde, la courbe d‟offre mondiale est ramenée à la position qu‟elle aurait occupée en
l‟absence de subventions, ce qui conduit à nouveau prix d‟équilibre et une nouvelle
distribution de la production entre les pays qui étaient subventionnés et ceux qui ne
l‟étaient pas. La troisième étape est limitée aux pays de l‟AOC; elle consiste à évaluer
l‟augmentation des revenus et des recettes d‟exportation résultant de l‟élimination des
subventions. La dernière étape mesure la sensitivité des résultats au choix des valeurs
retenues pour les coefficients d‟élasticité de l‟offre et de la demande. Au cours des trois
premières étapes, la présentation algébrique est accompagnée d‟illustrations graphiques et
numériques (Figures 3 et Tableau 3).
5.1 Le surplus de production induit par les subventions
On appelle Si la subvention (en cents par livre) reçue par les producteurs du pays i et P
le prix mondial mesuré par l‟Indice A. Parce que les producteurs reçoivent P+Si au lieu
de P , la production du pays i atteint le niveau Qi avec subventions, alors qu‟elle aurait
été limitée à Q‟i sans subventions (Figure 3A). La production Q‟i est calculée pour
chaque pays i en fonction de l‟élasticité de l‟offre Eoi par l‟équation (1) et le surplus de
production de l‟ensemble des pays subventionnés par l‟équation (2)
Ln(Qi‟/Qi) = Eoi * Ln((P/P)+Si) (1)
Q –Q‟ = SUM( Qi – Qi‟ ) (2)
Avec la simulation retenue, les surplus résultant des subventions aux EU, en Chine, en
Grèce et en Espagne se montent à, respectivement, 811, 555, 140 et 44 mille tonnes, soit
à 1.550 mille tonnes pour l‟ensemble des quatre pays (Tableau 3).
5.2 Hausse du cours mondial et effet sur la production
L‟élimination des subventions aurait pour effet de déplacer la courbe d‟offre mondiale vers
la gauche de (O) à (O‟) où le segment M‟M correspond au surplus de production causé par
les subventions (Figure 3B). L‟intersection de la courbe de demande (D) avec la nouvelle
21
Tableau 2: Production, Indice A et Subventions
95/96 96/97 97/98 98/99 99/00 00/01 01/02
Production milliers de tonnes
EU 3897 4124 4,092 3,030 3,694 3,742 4,420
Chine 4768 4203 4,501 4,501 3,829 4,420 5,320
Grèce 443 301 340 357 435 421 435
Espagne 34 89 116 104 132 94 107
Autres 11188 10867 11013 10716 10991 10771 11236
Monde 20330 19584 20,062 18,708 19,081 19,448 21,518
cents par livre
Indice A 85.6 78.6 72.2 58.9 52.8 57.0 42.9
Subvention
EU 0.1 7.7 6.94 22.3 33.9 15.8 21.2
Chine 19,9 27,1 19,4 19,8 10,3
Grèce 88 84 62 58 59
Espagne 83 89 68 86 76
Indice A/Ind A+Subventi Ratio
EU 0.999 0.911 0.912 0.726 0.609 0.783 0.669
Chine 0.784 0.685 0.731 0.742 0.806
Grèce 0.451 0.412 0.46 0.496 0.421
Espagne 0.465 0.398 0.437 0.399 0.361
courbe d‟offre (O‟) définit le nouveau point d‟équilibre M‟‟ correspondant au prix P‟ et à
la quantité Q‟‟. Dans les pays subventionnés, la production diminue de I‟‟H‟‟ qui est
inférieur au surplus de production I‟H‟ précédemment calculé, parce que le prix d‟équilibre
P‟ est supérieur à P (Figure 3A). Dans les pays non subventionnés, la production
augmente du montant JH (Figure 3C). La résultante des réductions dans les pays qui
étaient subventionnés et des augmentations dans ceux qui ne l‟étaient pas est représentée
par le segment MH qui correspond à la réduction de la demande résultant de
l‟augmentation des prix (Figure 3B). La production est réduite de, respectivement, 600,
315, 118 et 39 mille tonnes aux EU, en Chine, en Grèce et en Espagne, mais elle
augmente de 804 mille tonnes dans les pays non subventionnés. Aussi, la production
mondiale diminue de seulement 268 mille tonnes (Tableau 3), ce qui correspond à la
réduction de la consommation (MH à la Figure 3B) résultant de la hausse des prix (HM)17
.
Pour l‟ensemble du monde, la réduction de la demande (Q‟‟- Q correspondant au segment
MH de la Figure 3B) et l‟augmentation de la production (Q‟‟-Q‟ correspondant au segment
M‟H) sont définis par
Ln(Q‟‟/Q) = Ed * Ln(P‟/P) (3)
17
La réduction de 259 mille tonnes représente 1,35% de la consommation mondiale résultant d‟une hausse de
prix de 14,6% avec un coefficient d‟élasticité de la consommation égal a -0,01. L‟approximation linéaire de
la formule logarithmique aurait conduit à une réduction de 1,46%.
22
Tableau 3: Illustration numérique Eo=0,5 Ed=-0.1 1999/00
EU Chine Grece Espagne Autres Monde
Données Q Production milliers de tones 3,694 3,829 435 132 10,991 19,081
P Indice A cents par livre 52.8 52.8 52.8 52.8 52.8 52.8
S Subvention cents par livre 33.9 19.4 62.0 33.9
Etape I P / P+S 0.61 0.73 0.46 0.61 1.00 1.00
Q' / Q Production retirée du marche ratio 0.781 0.855 0.678 0.661 1 0.919
Q' – Q Production retirée du marche milliers de tonnes -811 -555 -140 -44 0 -1550
Etape II P' / P Augmentation des prix, ratio 1.152
Q'' -Q' Augmentation de la production milliers de tonnes 211 240 22 5 804 1282
Etapes Q'' –Q Augmentation finale en milliers de tonnes -600 -315 -118 -39 804 -268
I + II Q''/Q Augmentation finale en ratio 0.838 0.918 0.728 0.709 1.073 0.986
Figure 3 : Illustration Graphique
3A: Pays Subventionné 3B: Monde 3C: Pays non Subventionné
(Oi)
I (D)
P + Si
(O') (Oj)
P'
II''
H''
P'
P'
H''
J''
M''
(O)
P I' H'
P H M P J H
M'
Qi
Q''I Qi Q
'Q
''Q Qj Q
''j
Quantité Quantité Quantité
Prix Prix Prix
23
Ln(Q‟‟/Q‟) = Eo * Ln(P‟/P) (4),
où l‟élasticité de la demande mondiale (Ed) est un nombre négatif et l‟élasticité de l‟offre
mondiale (Eo) est un nombre positif. Comme
Q‟Q = Q‟Q‟‟ + Q‟‟Q
on en déduit que, pour des augmentations suffisamment faibles,
Ln (Q‟/Q) = (Eo – Ed) * Ln(P‟/P) (5):
L‟équation (5) permet de calculer l‟augmentation des prix résultant de la translation de la
courbe d‟offre de (O) à (O‟) comme définie par l‟équation (2). Connaissant
l‟augmentation des prix, on peut calculer l‟augmentation de la production dans les pays
non subventionnés caractérisés par l‟indice j
Ln(Q‟‟j/Qj) = Eoj * Ln(P‟/P) (6)
Pour les pays subventionnés i, l‟augmentation de production causée par la hausse des prix
de P à P‟ est calculée comme indiqué dans l‟équation (6). Elle doit être combinée avec
l‟élimination du surplus de production calculé précédemment par l‟équation (1) afin
d‟obtenir la production Q‟‟i après élimination des subventions comme indiqué à l‟équation
(7):
Q‟‟i / Qi = Q‟‟i / Q‟i * Q‟i / Qi (7)
5.3 Augmentation des revenus et des recettes d’exportation en AOC
Le revenu net de la filière cotonnière Ra dans les pays de l‟AOC augmente à deux titres.
Tout d‟abord, la filière vend la quantité Qa au prix P‟ supérieur à P ; cet accroissement
des revenus correspond à la surface du rectangle JH‟‟J‟‟H (Figure 3C). En outre, la filière
vend la quantité supplémentaire Qa‟‟- Qa au prix P‟, ce qui correspond à la surface du
rectangle QjH‟‟J‟‟Q‟‟j. Si le coût de production est défini par la courbe d‟offre,
l‟augmentation de revenu est représentée par la surface du triangle JH‟‟J‟‟ égal à la moitié
de celle du rectangle HJH‟‟J‟‟. L‟augmentation du revenu net due à l‟augmentation de la
production est donc égale à
0,5*(Q‟‟a-Qa)*(P‟-P)=0,5*P*Qa*((P‟/P)-1)*((Q‟‟a/Q)-1) (8)
et l‟accroissement total du revenu net des filières AOC est donné par
R‟‟a - Ra = P*Qa*((P‟/P)-1)*((1+0.5*((Q‟‟a/Qa)-1)) (9)
où P‟/P est obtenu de l‟équation (5) et Q‟‟a/Qa de l‟équation (6).
24
L’augmentation des recettes d’exportation est calculée en supposant que la production
additionnelle soit entièrement exportée, ce qui implique que la consommation locale ne
soit pas affectée par l‟augmentation de l‟Indice A. Avec cette hypothèse, l‟augmentation
des recettes brutes correspond à la somme des surfaces des rectangles JPP‟H‟‟ et Qj
H‟‟J‟‟Q‟‟j (Figure 3C). Pour calculer l‟augmentation des recettes nettes, on doit déduire
de la surface du second rectangle le coût des importations requises pour la production
additionnelle. A cet effet , on a établi une distinction entre deux composantes : (i) Le coût
des intrants importés (engrais et pesticides) ; rendus village, ces derniers comptent pour un
tiers de la valeur du coton graine livré village qui, elle-même ; compte pour la moitié du
prix d‟exportation mesuré par l‟Indice A. (ii) Le coût en devises des opérations allant de la
collecte bord-village à la livraison caf Europe du Nord ; ce coût représente essentiellement
celui des carburants, de l‟amortissement du matériel importé et du fret (fob à caf). Dans
les applications numériques présentées ci-après, on a supposé que les importations
additionnelles comptaient pour un quart de la valeur de la production additionnelle.
La perte de recettes nettes d‟exportation constitue la base appropriée sur laquelle une
demande de compensation monétaire peut être fondée. Dans l‟exemple précèdent (Eo=0,5
Ed=-01), les revenus de la filière AOC et les exportations nettes augmentent de,
respectivement, 143 et 195 millions de dollars. Ces augmentations ont été calculées pour
chacun des treize pays en retenant le même coefficient pour l‟élasticité de l‟offre
(Tableaux 5 et 6).
5.4 Simulations
Le prix P (mesuré par l‟Indice A) est connu avec précision et les quantités produites dans
les divers pays sont connues de façon satisfaisante. Mais le niveau des subventions peut
faire l‟objet de contestations, car il nécessite un choix entre les subventions qui affectent le
prix du marché et celles qui ne l‟affectent pas. Toutefois, le problème le plus critique
réside dans le choix de la valeur des coefficients d‟élasticité de l‟offre et de la demande.
Le CCIC et la FAO, ont estimé à -0,06 l‟élasticité de la demande mondiale pour la fibre
de coton. Cette élasticité peut paraître faible, mais le coût de la fibre rendue caf ne compte,
en moyenne, que pour quelque 7% du prix des articles en coton vendus au détail. Dans le
modèle qui vient d‟être exposé, on a supposé que les variations des prix et de la production
n‟affectaient pas le niveau des stocks. Hors, une réduction de la production pourrait être
compensée par une diminution des stocks qui, d‟ailleurs, entraînerait une hausse des prix.
On peut considérer que, dans notre modèle, le coefficient Ed mesure l‟élasticité de la
demande non seulement pour la consommation mais aussi pour l‟augmentation des stocks;
cette élasticité pourrait être un peu plus élevée que celle limitée à la consommation.
L‟élasticité de la production aux Etats-Unis au cours de la période 1972-95 a été estimée à
0,47 par le CCIC et la FAO. Mais si les subventions étaient éliminées pour le coton, elles
le seraient probablement aussi pour d‟autres produits agricoles, ce qui aurait pour effet de
réduire l‟effet de l‟élimination des subventions sur la production de coton. Pour les pays
autres que les Etats-Unis, on ne dispose malheureusement pas d‟estimations fiables de
25
l‟élasticité de la production de coton18
. Il faut également noter que l‟élasticité de l‟offre ne
resterait pas constante pour de larges variations de prix. Sur la base de l‟enquête agricole
effectuée en 1997 aux EU, les coûts variables ont été estimés à 39 cents par livre, ce qui
suggère que la production disparaîtrait si le prix tombait à 20 cents par livre, alors qu‟avec
une formule double logarithmique la production ne serait réduite que de 37 % aux EU et de
44% en Grèce.
Eu égard à l‟incertitude sur la valeur des coefficients d‟élasticité dans les pays autres que
les EU, on a retenu la même élasticité de l‟offre pour tous les pays et on a procédé à une
série de simulations couvrant des valeurs allant de 0,15 à 0,9 pour l‟élasticité de l‟offre et
de -0,05 à -0.6 pour celle de la demande. Dans chaque simulation, les subventions aux
producteurs de coton ont été éliminées dans les quatre pays retenus pour chacune des cinq
années allant de 1997/98 à 2001/02. L‟augmentation du prix mondial qui en résulte
apparaît au tableau 4A. Les augmentations de la production, des revenus et des recettes
d‟exportation nettes de l‟AOC apparaissent aux tableaux 4B, 4C et 4D. Les augmentations
de prix et de quantités sont exprimées en termes de pourcentages annuels moyens
(Tableaux 4A et 4B). Les augmentations de revenus et de recettes d‟exportation sont
exprimées en millions de dollars courants pour la moyenne des cinq années (Tableaux 4A
et 4D).
Pour la combinaison retenue précédemment (Eo=0,5 et Ed=-0,1), l‟élimination des
subventions conduit à une augmentation moyenne pour les cinq années de 12% pour les
prix et de 195 millions de dollars pour les recettes nettes d‟exportation. Pour une valeur
donnée de l‟élasticité de l‟offre (allant de la gauche vers la droite le long d‟une ligne des
tableaux 4), les effets prix et revenu diminuent substantiellement lorsque la demande
devient plus élastique. Pour une valeur donnée de l‟élasticité de la demande (allant du
haut vers le bas le long d‟une colonne des tableaux 4), les effets prix et revenu augmentent
légèrement lorsque l‟offre devient plus élastique. Retenant des combinaisons crédibles
pour les valeurs des élasticités de l‟offre et la demande, l‟augmentation des prix varie de
8% à 13% et celle des recettes d‟exportation nettes de 150 à 250 millions de dollars.
18
Dans les pays CFA, la production n‟est pas corrélée à l‟indice A, car les prix aux producteurs ne sont pas
corrélés à l‟Indice A ; ils sont passés de 42% de l‟Indice A en 1995/96 à 69% en 2001/02.
26
Tableaux 4 : Principaux résultats des stimulation
Tableau 4A: Augmentation des prix en pour cent des prix avec subventions
(moyennes 97/98 - 01/02)
Ed
Eo -0.05 -0.1 -0.25 -0.37 -0.6
0.15 11.4 9 5.5 2.9
0.25 12.6 10.7 7.3
0.38 13 11.6 8.1 7.2
0.5 13.3 12 9.5
0.7 13.4 9.2
0.9 12.5 7.5
Tableau 4B: Augmentation des quantités produites en AOC en pour cent
(moyennes 97/98 - 01/02)
Ed
Eo -0.05 -0.1 -0.25 -0.37 -0.6
0.15 1.6 1.3 0.8 0.4
0.25 3 2.6 1.8
0.38 4.7 4.2 3 2.7
0.5 6.5 5.8 4.6
0.7 9.2 6.3
0.9 11.2 6.8
Tableau 4C: Augmentation des revenus des producteurs en AOC, millions de dollars
(moyennes 97/98 - 01/02)
Ed
Eo -0.05 -0.1 -0.25 -0.37 -0.6
0.15 136 113 79 34
0.25 148 130 85
0.38 154 136 96 85
0.5 159 143.0 112
0.7 160 109
0.9 153 91
Tableau 4D: Augmentation des recettes nettes du coton en AOC, millions de dollars
(moyennes 97/98 - 01/02)
Ed
Eo -0.05 -0.1 -0.25 -0.37 -0.6
0.15 147 116 71 37
0.25 174 148 100
0.38 196 174 123 109
0.5 217 195 154
0.7 244 166
0.9 254 152
Source: Base sur la dernière colonne du tableau VI en annexe et de cinq autres tableaux similaires
27
Tableau 5: Pertes de revenus des filières cotonnières des pays de l'AOC
en millions de dollars courants par an
Eo = 0,5 Ed = -0,1
Pays 97/98 98/99 99/00 00/01 01/02 Moyenne
Mali 26.8 37.2 36.1 14.8 30.5 29.1
Benin 18.4 21.1 27.8 20.5 21.8 21.9
Cote Ivoi 18.1 26.9 31.7 18.2 22.0 23.4
Burkina F 17.2 20.4 20.0 16.9 20.1 18.9
Cameroun 9.6 13.6 14.5 13.8 12.9 12.9
Chad 12.6 11.0 13.6 8.4 8.6 10.9
Togo 9.0 13.4 10.6 7.1 8.0 9.6
CAR 2.6 2.9 1.6 1.5 1.8 2.1
Senegal 2.1 0.9 1.1 1.3 1.9 1.5
Niger 0.1 0.2 0.2 0.1 0.1 0.1
Total CFA 116.4 147.6 157.2 102.6 127.7 130.3
Nigeria 8.6 11.2 11.0 8.0 6.3 9.0
Guinea 0.7 1.7 2.0 1.6 1.8 1.6
Ghana 1.6 2.6 2.6 2.0 0.8 1.9
Non-CFA 10.9 15.4 15.6 11.6 8.9 12.5
AOC 127.3 163.0 0.0 114.3 136.6 108.2
28
Tableau 6 : Pertes nettes de recettes d'exportation des pays de l'AOC
en millions de dollars courants
Eo = 0,5 Ed = -0,1
Pays 97/98 98/99 99/00 00/01 01/02 Moyenne
Mali 36.7 50.9 49.3 20.3 41.6 39.7
Benin 25.2 28.8 38.0 28.0 29.8 30.0
Cote d'Ivoire 24.7 36.8 43.3 24.9 30.0 31.9
Burkina Faso 23.6 27.9 27.3 23.1 27.4 25.8
Cameroon 13.1 18.5 19.8 18.9 17.7 17.6
Chad 17.3 15.0 18.5 11.5 11.8 14.8
Togo 12.3 18.3 14.5 9.7 10.9 13.1
CAR 3.5 4.0 2.3 2.0 2.4 2.8
Senegal 2.9 1.2 1.5 1.8 2.6 2.0
Niger 0.2 0.2 0.3 0.2 0.2 0.2
Total CFA 159.5 201.7 214.6 140.4 174.4 178.1
Nigeria 11.8 15.2 15.0 10.9 8.7 12.3
Guinea 1.0 2.3 2.8 2.2 2.4 2.1
Ghana 2.2 3.5 3.5 2.8 1.0 2.6
Non-CFA 15.0 21.1 21.3 15.9 12.1 17.1
AOC 174.5 222.8 235.8 156.3 186.6 195.2
6. PREJUDICE INDIRECT
En zone cotonnière Sahélienne, l‟essentiel des revenus monétaires des agriculteurs
provient des recettes procurées par la vente du coton et on a constaté qu‟une augmentation
de ces recettes avait un effet d‟entraînement sur l‟ensemble des activités de la zone. En
conséquence, si les exportations nettes de coton étaient réduites de 100 millions de dollars
par les subventions, le PIB serait réduit de plus de 100 millions de dollars. Ces effets
indirects seront illustrés pour plusieurs pays ( voire contribution de Diouf).
Le mérite de cette approche est de montrer que le préjudice n‟est pas limité aux
producteurs de coton, mais qu‟il s‟étend à tous ceux qui vendent des biens et des services à
ces producteurs dont le revenu a diminué. La difficulté consiste à ne pas compter la même
chose deux fois. Par exemple, si la baisse des prix a conduit à une chute de la production,
il ne faut pas additionner la valeur de la production perdue et la perte de recettes
d‟exportation. En ce qui concerne les exportations, il faut déduire de la perte de recettes
brutes les dépenses en devises qui auraient été requises pour la production additionnelle;
c‟est la raison pour la quelle la perte des recettes nettes d‟exportation a été retenue comme
critère.
29
Lorsque le secteur cotonnier peut être identifié au sein d‟un modèle entrée-sortie ou
d‟autres modèles d‟équilibre général, le coût des intrants requis pour accroître la
production de coton est automatiquement pris en compte; l‟effet d‟une augmentation des
dépenses des producteurs de coton sur les autres secteurs peut également être pris en
compte pour plusieurs années consécutives. En l‟absence de tels modèles, on peut avoir
recours à la théorie du multiplicateur.
Cette théorie a été développée dans les années soixante en établissant une distinction entre
deux contraintes: celle de l‟épargne et celle des devises étrangères caractérisées par les
«saving and foreign exchange gaps » 19. Dans la mesure ou la contrainte en devises était la
contrainte dominante, l‟apport d‟un dollar pouvait induire une augmentation du PIB de
plusieurs dollars en mobilisant des ressources locales qui, sans ce dollar, seraient restées
inutilisées; par exemple en procurant la pièce de rechange sans la quelle le camion serait
resté immobilisé ou en procurant un emploi a quelqu‟un qui, sans l‟apport en devises, n‟en
aurait pas eu. Dans l‟étude de l‟IPFRI sur le Bénin, les auteurs ont effectué une distinction
entre dépenses consacrées à des biens importés ou dits “échangeables” et celles consacrées
à des biens non échangeables et, sur cette base, ont estimé l‟effet multiplicateur à 3.3. Il va
sans dire que l‟effet multiplicateur dépend de la façon dont les recettes supplémentaires en
devises seront utilisées..
L‟évaluation des préjudices indirects est utile pour illustrer la baisse du PIB résultant des
subventions, mais non pour exiger une compensation rapide. Si le préjudice direct de 100
millions de dollars l‟année 1 devait être compensé l‟année 2, la compensation requise
s‟élèverait à 107 millions de dollars l‟année 2 en appliquant un taux d‟intérêt de 7% et il
n‟y aurait pas lieu d‟introduire l‟effet multiplicateur.
7 MECANISMES DE COMPENSATION
Ayant un dossier particulièrement solide pour la lute contre la pauvreté, les pays de l‟AOC
peuvent demander une compensation directe aux gouvernements des pays subventionnant
leurs producteurs de coton. Suivant les pratiques de l‟OMC, ils pourraient aussi imposer
des taxes sur les exportations en provenance des pays dont les gouvernements
subventionnent leurs producteurs.
7.1 Compensation directe
Le marché du sucre constitue un précédent pour une demande de compensation. Après la
seconde guerre mondiale, une vingtaine de pays à revenu faible ont obtenu des prix
préférentiels pour leurs exportations de sucre aux EU et aux pays de l‟UE dans la limite de
19
Dans les années soixante, Hollis Chenery a utilisé l‟effet multiplicateur de l‟aide pour montrer qu‟un
dollar d‟aide pouvait induire un accroissement du PIB de trois ou quatre dollars, ce qui expliquait les
résultats spectaculaires du Plan Marshall. Mais, après les désillusions de l‟effet de l‟aide dans nombre de
pays au cours des dernières décennies, l‟accent a été mis sur les conditions nécessaires pour que l‟effet
multiplicateur se matérialise.
30
quotas revus périodiquement. Mais cette pratique n‟a pas été sans causer de problèmes.
Le marché mondial du sucre dit “libre” est devenu un marché résiduel avec d‟énormes
fluctuations de prix et le système n‟a pas conduit à l‟élimination des subventions puisque
l‟UE est devenue le premier exportateur de sucre.
Un bon système de compensation devrait satisfaire quatre critères:
(i) Eviter de fractionner le marché mondial, comme ce fut le cas pour le sucre.
(ii) Inciter les pays a revenu élevé à réduire les subventions à leurs producteurs
de coton, ce qui est dans l‟intérêt général et conforme aux objectifs de
l‟OMC.
(iii) Définir de manière simple et non contestable les contributions requises des
pays riches subventionnant leurs producteurs de coton.
(iv) Utiliser au mieux les compensations reçues pour réduire la pauvreté dans les
zones cotonnières.
Comme l‟objectif est d‟obtenir rapidement une compensation en dollars, la compensation
demandée est limitée au préjudice direct dont l‟estimation a été présentée à la section 5.
Une solution simple consisterait à ce que les compensations dues par les pays
subventionnant leurs producteurs soient proportionnelles aux montants des subventions
accordées par chacun des quatre pays. Au cours des cinq dernières années, les EU
comptaient pour 35% des subventions. Ce pourcentage a varié d‟année en année, passant
de 28% en 2000/01 à 48% l‟année suivante, alors que le pourcentage de la Chine a varié
dans le sens opposé passant de 49% en 2000/01 à 24% en 2001/02. Comme on peut penser
que les exportations subventionnées aient un effet particulièrement pernicieux, on pourrait
leur appliquer un poids plus lourd dans le calcul des compensations. Mais si l‟on se basait
seulement sur la valeur des exportations subventionnées, la part de la Chine et de l‟UE
deviendrait très faible et disparaîtrait si on se rapportait aux exportations nettes.
La compensation due en l‟année t pourrait être calculée sur la base des subventions de
l‟année t-1 ou des années t-1 et t-2. Pour motiver les pays à réduire leurs subventions, il
serait désirable de ne pas remonter trop loin dans le passé. En outre, s‟il existait un délai
de plusieurs années, la compensation pourrait avoir un effet déstabilisant.
Si la compensation allait directement au budget de l‟Etat, il ne serait pas certain que la
pauvreté diminue significativement dans les zones cotonnières. On supposera donc que la
compensation aille à la filière cotonnière. Dans ce cas, elle pourrait être répartie entre les
acteurs soit en fonction de leurs parts historiques, soit par une association
interprofessionnelle ou les producteurs détiendraient la majorité des sièges. Comme la
compensation serait plus élevée lorsque le marché est déprimé et les ressources du fonds de
soutien sont faibles ou épuisées, une part des compensations pourrait être versée à un fonds
de soutien géré par un comité de gestion où les producteurs disposeraient de la majorité des
sièges comme au Burkina Faso.
Même si le principe retenu était simple, son application ne le serait pas et on peut
s‟attendre à des négociations difficiles pour mesurer les subventions ayant pour effet de
31
réduire les prix (Indice A) et pour définir les compensations dues. L‟effet des subventions
pourrait en effet être modulé en fonction de leur classement dans les boites vertes, oranges
et bleues. Les pays riches, les EU en particulier, s‟efforcent de classer la majeure partie de
leurs subventions dans la boite verte parce qu‟elles sont considérées comme des allocations
aux revenus des producteurs. Les pays pauvres ne peuvent pas effectuer de tels versements
faute de ressources budgétaires suffisantes. La subvention au Bénin pourrait être soit
ignorée parce qu‟elle est la résultante et non la cause de la baisse des prix; soit déduite de
la compensation due au Bénin par les EU, l‟UE et la Chine. Si des compensations étaient
versées seulement par les EU et l‟UE proportionnellement à leur part des subventions dans
les cinq dernières années, l‟AOC ne serait compensée que pour un peu plus de la moitie du
préjudice direct.
7.2 Mesures de rétorsions tarifaires
En l‟absence de compensation directe, les pays de l‟AOC pourraient imposer des mesures
de rétorsion sur les importations en provenances des EU, de la Chine, de la Grèce et de
l‟Espagne (ou de l‟UE, à vérifier avec l‟OMC). Le montant de ces mesures devrait être
basé sur les préjudices directs et indirects qui pourrait être estimés au triple du préjudice
direct. On procédera à une revue des importations des biens et services par les pays de
l‟AOC en provenance de chacun de ces quatre pays pour définir une liste des importations
qui pourraient être sujettes à des mesures de rétorsion tarifaire.
7.3 Les options
L‟imposition de mesures de rétorsion tarifaires pourrait interférer avec les programmes
d‟assistance de l‟UE qui sont importants et aussi avec des programmes des EU et de la
Chine. Ils pourraient également avoir des effets nocifs en réduisant la disponibilité de
biens nécessaires au développement. Aussi, l‟obtention d‟une compensation directe parait-
elle préférable à celle de rétorsions tarifaires.
L‟effet pervers des subventions aux producteurs de coton dans la lute contre la pauvreté est
indéniable et il est essentiel de convaincre l‟opinion publique des pays industrialises de
l‟importance de cet effet pervers. Ceci est important non seulement pour exiger des
compensations directes, mais aussi pour renforcer la position générale des pays de l‟AOC
dans les négociations du Doha round qui vont s‟ouvrir.
32
ANNEXE STATISTIQUE
Le tableau I basé sur une publication de la FAO indique pour 12 pays de l‟AOC la valeur
des exportations de coton en pourcentage du PIB, des exportations agricoles et totales et
des importations alimentaires.
Les tableaux II à V sont basés sur les statistiques de la CCIC disponibles en décembre
2002. Elles indiquent rendements, superficies et production ; niveau des stocks en fin
d‟année ; exportations brutes et nettes ; exportations et consommation locale en
pourcentage de la production. Une distinction est présentée entre 13 pays de l‟AOC (dont
10 appartiennent à la zone CFA), la Grèce, l‟Espagne, la Chine, les Etats-Unis et le reste
du monde.
Le tableau VI indique quels auraient été les effets sur les prix et la production d‟une
élimination des subventions au cours des cinq dernières années. Il présente un jeu de trois
simulations.
Le tableau VII donne la moyenne mensuelle de l‟Indice A en US cents et CFAF courants
par kilogramme, ainsi que le taux de change en CFAF par US$ de janvier 1983 à janvier
2003. L‟indice moyen des prix á la consommation dans quatre pays CFA et la valeur de
l‟Indice A aux prix de 2001 sont présentés mensuellement pour la période allant de janvier
1994 à janvier 2003. Ces valeurs ont été utilisées pour construire le tableau 1 et les figures
1 et 2 dans le texte.
Tableau I : Valeur des exportations de coton en pourcentage du PIB, des exportations agricoles, de toutes les exportations et des importations alimentaires
Pays Valeur coton % PIB Coton % exports agric Coton % tous export Exp coton % imp alimentaires
……….... 1980 2000 1980 2000 2000 1980 200
Mali 3,6 5,0 41,1 59,1 34,7 231 146
Benin 0,6 8,8 21,4 93,8 19,3 24 88
Cote Ivo 1,0 1,7 3,4 7,7 16 45
Burkina F 1,9 6,9 49,8 67,7 33,2 71 100
Cameroun 0,8 1,3 6,2 20,6 39 79
Chad 3,4 5,1 34,0 42,1 24,9 743 144
CAR 1,4 1,3 30,0 61,9 105 63
Senegal 9,1 40,5 5 23
Togo 1,0 4,9 10,3 70,5 14,3 16 170
Nigéria 0,9 4,0 6,4
Guinée 1,1 4,2 30,3
Source: FAO, P. Fortucci, Rome juillet 2002.
33
Tableau II: Rendements et Production (99/00-01/02)
Pays Rendements en kg de fibre /Ha Production en milliers de tonnes metriques
………… 99/00 00/01 01/02 99/ -01/02 99/00 00/01 01/02
99/ -01/02
Mali 408 447 451 709 197 102 240 180
Benin 408 418 448 645 152 141 172 155
Cote d'Ivoire 592 504 612 888 173 125 173 157
Burkina Fa 445 423 444 608 109 116 158 128
Cameroun 460 478 485 675 79 95 102 92
Chad 247 242 218 363 74 58 68 67
Togo 378 362 364 551 58 49 63 57
CAR 291 267 199 306 9 10 14 11
Senegal 486 404 360 469 6 9 15 10
Niger 433 400 433 624 1 1 1 1
Total CFA 420 410 426 629 858 706 1006 857
Nigeria 160 157 179 262 60 55 50 55
Guinea 399 503 467 694 11 11 14 12
Ghana 349 387 256 570 14 14 6 11
Non-CFA 192 196 210 317 85 80 70 78
AOC 379 369 399 581 943 786 1076 935
Grece 1013 1040 1061 1584 435 421 435 430
Espagne 1215 1032 1180 1830 132 94 107 111
Chine 1028 1096 1103 1532 3829 4420 5320 4523
EU 680 708 790 1090 3694 3742 4420 3952
Autres 508 499 509 756 10048 9981 10152 10060
Monde 597 609 641 917 19081 19444 21510 20012
Source: CCIC, estimations au 20 novembre 2002. Les pays de l'AOC produisant
moins de 1000 tonnes par an sont exclus.
34
Tableau III : Exportations brutes et nettes en milliers de tonnes metriques
Exportations brutes
Exportations nettes
99/00 00/01 01/02 99/ -01/02 99/00 00/01 01/02 99/-01/02
Mali 201 125 126 151 201 125 126 151
Benin 151 131 132 138 151 131 132 138 Cote d'Ivoire 160 150 115 142 160 150 115 142 Burkina Fa 106 107 127 113 106 107 127 113
Cameroun 73 81 89 81 73 81 89 81
Chad 71 66 54 64 71 66 54 64
Togo 61 41 58 53 61 41 58 53
CAR 13 10 10 11 13 10 10 11
Senegal 5 6 12 8 5 6 12 8
Niger 0 0 0 0 0 0 0 0
Total CFA 841 717 723 760 841 717 723 760
Nigeria 20 29 16 22 5 14 1 7
Guinea 10 11 10 10 10 11 10 10
Ghana 5 9 1 5 5 9 1 5
Non-CFA 35 49 27 37 20 34 12 22
AOC 876 766 750 797 861 751 735 782
Grece 310 244 290 281 302 236 285 274
Espagne 30 20 14 21 -6 -11 -11 -9
Chine 369 97 75 180 339 45 -27 119
EU 1470 1472 2381 1774 1449 1469 2376 1765
Autres 3113 3323 2944 3127 -2835 -2339 -3116 -2763
Monde 6168 5922 6454 6181 110 151 242 168
35
Tableau IV: Exportations et consommation locale en pourcentage de la production
Exportations en pourcentage de la Production Consommation locale % production
99/00 00/01 01/02 99/ -01/02 99/00 00/01 01/02 99/ -01/02
Mali 102 123 53 84 1 2 1 1.3
Benin 99 93 77 89 5 6 4 5.3
Cote oire 92 120 66 90 10 14 10 11.1
Burkina F 97 92 80 89 2 2 1 1.6
Cameroun 92 85 87 88 6 4 5 5.1
Chad 96 114 79 96 1 2 1 1.5
Togo 105 84 92 94 2 2 2 1.8
CAR 144 100 71 100 0 0 0 0.0
Senegal 83 67 80 77 17 11 7 11.5
Niger 0 0 0 0 0 0 0 0.0
Total CFA 98 102 72 89 4 5 4 4.4
Nigeria 33 53 32 39 92 91 103 95.3
Guinea 91 100 71 86 0 0 0 0.0
Ghana 36 64 17 44 43 36 111 63.2
Non-CFA 41 61 39 47 72 69 83 74.6
AOC 93 97 70 85 10 12 9 10.3
Grece 71 58 67 65 30 31 30 30.3
Espagne 23 21 13 19 80 110 99 96.2
Chine 10 2 1 4 132 124 96 117.5
EU 40 39 54 45 52 45 44 47.1
Autres 31 33 29 31 124 127 123 124.4
Monde 32 30 30 31 103 104 92 99.8
36
Tableau V: Stocks et Superficies
Pays Stocks fin d'annee en milliers de tonnes m. Superficies en milliers d'hectares
99/00 00/01 01/02 99/ -01/02 99/00 00/01 01/02 99/ -01/02
moyenne
Mali 58 33 145 79 483 228 532 253
Benin 38 40 71 50 373 337 384 240 Cote d'Ivoire 46 23 64 44 292 248 283 177 Burkina Fa 31 38 67 45 245 274 356 210
Cameroun 24 33 41 33 172 199 210 136
Chad 21 12 25 19 300 240 312 184
Togo 11 17 21 16 135 135 173 103
CAR 3 3 7 4 31 37 70 36
Senegal 1 3 6 3 12 22 42 21
Niger 1 0 0 0 2 3 2 2
Total CFA 234 202 447 294 2045 1724 2364 1363
Nigeria 21 16 30 22 375 350 279 210
Guinea 3 3 7 4 28 22 30 17
Ghana 7 6 2 5 40 36 23 20
Non-CFA 31 25 39 32 443 408 333 247
AOC 265 227 486 326 2488 2132 2697 1610
Grece 80 135 155 123 430 405 410 271.6667
Espagne 30 20 14 21 109 91 91 60.66667
Chine 3412 2737 2585 2911 3726 4032 4824 2952
EU 852 1307 1617 1259 5433 5283 5596 3626
Autres 4877 4809 5487 5058 19771 19999 19934 13311
Monde 9516 9235 10344 9698 31957 31942 33552 21831
37
Tableau VI: Effets d’éliminer les subventions sur les prix et la production Eo Ed 97/98 98/99 99/00 00/01 01/02 Moyenne
Production retiree du marche 0.15 -0.05 -268 -448 -504 -382 -496 -420
en milliers de tones 0.5 -0.1 -860 -1305 -1550
-1202 -1556 -1294
0.9 -0.6 -1461 -2313 -2319
-1889 -2157 -2028
en % de la production 0.15 -0.05 -1.3 -2.4 -2.6 -2.0 -2.3 -2.1
Mondiale 0.5 -0.1 -4.3 -7.0 -8.1 -6.2 -7.2 -6.6
0.9 -0.6 -7.3 -12.4 -12.2 -9.7 -10.0 -10.3
PRIX : Indice A 72.2 58.9 52.8 57.0 42.9 56.8
Augmentation des prix 0.15 -0.05 5.02 7.60 7.56 5.95 5.30 6.3
en cents par livre 0.5 -0.1 5.47 7.54 8.01 6.39 5.72 6.6
0.9 -0.6 3.73 5.42 4.76 4.02 3.13 4.2
0.15 -0.05 7.0 12.9 14.3 10.4 12.4 11.4
en % de l'Indice A 0.5 -0.1 7.6 12.8 15.2 11.2 13.3 12.0
0.9 -0.6 5.2 9.2 9.0 7.0 7.3 7.5
EU 0.15 -0.05 -0.4 -2.9 -5.3 -2.2 -4.2 -3.0
Chine -2.6 -3.8 -2.7 -2.9 -1.5 -2.7
Grece -10.4 -10.8 -9.2 -8.6 -10.6 -9.9
Augmentation de la Espagne -9.9 -11.3 -9.9 -11.6 -12.7 -11.1
Production en % de la Autres 1.0 1.8 2.0 1.5 1.8 1.6
la production avec Monde -0.3 -0.6 -0.7 -0.5 -0.6 -0.5
Subventions EU 0.5 -0.1 -0.9 -9.5 -16.2 -6.7 -12.9 -9.3
Chine -8.2 -12.1 -8.2 -9.1 -4.6 -8.5
Grece -30.4 -31.8 -27.2 -25.8 -31.4 -29.3
Espagne -29.3 -33.0 -29.1 -33.4 -36.6 -32.3
Autres 3.7 6.2 7.3 5.5 6.5 5.8
Monde -0.7 -1.2 -1.4 -1.1 -1.2 -1.1
EU 0.9 -0.6 -3.7 -18.9 -30.8 -14.7 -25.8 -18.8
Chine -15.9 -23.0 -18.5 -18.7 -12.3 -17.7
Grece -48.9 -51.3 -46.3 -43.4 -51.1 -48.2
Espagne -47.5 -52.8 -48.7 -53.5 -57.4 -52.0
Autres 4.6 8.2 8.1 6.3 6.5 6.8
Monde -3.0 -5.1 -5.1 -4.0 -4.1 -4.3
38
TABLEAU
VII :
COTTON: PRIX NOMINAUX EN US$ CENTS ET FCFA 01/83-
08/02; PRIX CONSTANTS EN FCFA 01/94-06/02
Mois Indice A Taux de change Prix Indice prix à la Prix constants
US cents/kg FCFA/US $ FCFA/kg Consommation 2001=100
Jan-83 158,5 338,5 536,3
Fév-83 163,9 344,1 563,9
Mar-83 173,9 350,6 609,7
Avr-83 176,9 365,8 647,0
Mai-83 180,7 371,5 671,3
Juin-83 189,8 383,2 727,3
Juil-83 195,0 389,0 758,4
Août-83 200,2 402,0 804,8
Sep-83 198,1 403,0 798,3
Oct-83 194,3 397,5 772,2
Nov-83 196,5 408,6 802,9
Dec-83 197,0 419,1 825,6
Jan-84 193,1 429,6 829,5
Fév-84 192,8 416,2 802,2
Mar-84 195,0 400,1 780,0
Avr-84 196,2 405,7 795,9
Mai-84 197,2 422,5 833,2
Juin-84 184,6 421,0 776,9
Juil-84 174,1 437,0 761,0
Août-84 166,5 443,1 737,7
Sep-84 161,3 464,0 748,3
Oct-84 162,3 470,9 764,4
Nov-84 160,1 458,7 734,6
Dec-84 158,7 474,8 753,5
Jan-85 156,8 484,9 760,3
Fév-85 151,4 503,5 762,4
Mar-85 148,2 505,6 749,3
Avr-85 145,8 470,6 686,1
Mai-85 143,5 473,5 679,3
Juin-85 138,6 467,0 647,0
Juil-85 134,5 443,9 596,8
Août-85 125,6 426,2 535,3
Sep-85 117,8 432,9 509,9
Oct-85 107,7 403,4 434,3
Nov-85 105,9 394,7 417,8
Dec-85 106,4 384,9 409,4
Jan-86 114,2 374,9 428,3
Fév-86 120,2 358,1 430,4
Mar-86 115,4 348,1 401,8
Avr-86 106,9 359,8 384,7
Mai-86 100,1 355,7 356,2
Juin-86 90,5 356,5 322,5
Juil-86 82,5 346,3 285,9
Août-86 81,9 336,3 275,5
39
Sep-86 95,9 334,0 320,3
Oct-86 112,9 327,5 369,8
Nov-86 116,4 331,2 385,7
Dec-86 130,4 327,1 426,7
Jan-87 144,8 309,7 448,4
Fév-87 145,2 304,2 441,6
Mar-87 139,1 305,2 424,5
Avr-87 146,0 301,6 440,2
Mai-87 168,9 298,5 504,0
Juin-87 174,8 303,8 531,0
Juil-87 183,5 307,6 564,4
Août-87 190,9 310,1 592,0
Sep-87 184,3 302,6 557,8
Oct-87 168,0 301,0 505,6
Nov-87 167,2 285,3 477,0
Dec-87 165,5 276,8 458,2
Jan-88 159,2 278,8 443,7
Fév-88 148,8 286,8 426,8
Mar-88 146,3 284,7 416,4
Avr-88 145,0 284,0 411,7
Mai-88 144,6 286,7 414,5
Juin-88 151,6 296,1 449,0
Juil-88 139,8 310,8 434,5
Août-88 127,3 319,6 406,8
Sep-88 125,1 317,5 397,2
Oct-88 127,1 310,9 395,0
Nov-88 129,2 298,5 385,7
Dec-88 135,4 299,8 406,1
Jan-89 139,2 312,5 434,9
Fév-89 138,8 315,4 437,8
Mar-89 145,6 316,2 460,3
Avr-89 162,6 316,2 514,2
Mai-89 170,5 330,8 564,1
Juin-89 173,8 336,0 584,0
Juil-89 183,0 321,2 587,8
Août-89 182,9 325,1 594,7
Sep-89 179,6 329,6 592,0
Oct-89 181,0 316,7 573,1
Nov-89 181,1 311,0 563,1
Dec-89 171,1 297,3 508,7
Jan-90 165,5 288,0 476,7
Fév-90 168,0 284,6 478,3
Mar-90 173,9 287,7 500,5
Avr-90 182,6 283,5 517,7
Mai-90 188,7 279,9 528,1
Juin-90 198,6 283,2 562,5
Juil-90 201,3 275,0 553,5
Août-90 179,2 263,7 472,5
Sep-90 179,2 262,9 471,0
Oct-90 179,4 255,3 457,8
40
Nov-90 182,0 250,0 455,0
Dec-90 184,6 253,3 467,7
Jan-91 184,7 256,5 473,7
Fév-91 187,1 252,0 471,5
Mar-91 185,7 273,0 506,9
Avr-91 182,6 288,0 525,9
Mai-91 181,5 291,0 528,2
Juin-91 178,5 302,9 540,7
Juil-91 169,9 303,6 515,9
Août-91 162,0 296,5 480,3
Sep-91 154,9 289,0 447,6
Oct-91 149,8 288,2 431,6
Nov-91 139,9 276,8 387,3
Dec-91 136,3 267,8 365,1
Jan-92 131,4 269,0 353,6
Fév-92 124,1 275,6 342,0
Mar-92 122,0 282,0 343,9
Avr-92 128,4 278,7 357,8
Mai-92 133,6 272,5 363,9
Juin-92 140,9 264,9 373,2
Juil-92 143,9 251,6 362,1
Août-92 131,7 246,2 324,4
Sep-92 124,9 246,2 307,5
Oct-92 117,4 251,5 295,3
Nov-92 116,2 268,5 311,9
Dec-92 119,5 269,7 322,3
Jan-93 126,1 274,1 345,6
Fév-93 133,2 278,2 370,7
Mar-93 135,8 279,7 379,8
Avr-93 134,6 269,9 363,2
Mai-93 132,7 270,6 359,2
Juin-93 129,9 278,3 361,5
Juil-93 127,5 291,7 371,9
Août-93 122,4 296,4 362,7
Sep-93 121,7 283,8 345,3
Oct-93 120,8 287,5 347,3
Nov-93 121,1 295,5 357,7
Dec-93 130,6 292,4 381,9
Jan-94 152,6 592,0 903,3 84,4 1522,9
Fév-94 177,8 590,1 1049,3 89,8 1662,6
Mar-94 180,4 576,5 1039,9 92,3 1603,5
Avr-94 185,1 581,4 1075,9 95,7 1600,0
Mai-94 189,8 568,1 1078,3 96,5 1591,2
Juin-94 188,5 556,8 1049,7 98,7 1513,7
Juil-94 180,1 538,7 970,3 99,4 1389,0
Août-94 169,0 536,7 907,3 100,0 1292,1
Sep-94 165,6 530,6 878,6 109,4 1143,2
Oct-94 163,3 520,6 850,1 111,6 1084,5
Nov-94 171,0 529,5 905,3 113,0 1140,8
Dec-94 192,2 541,4 1040,6 113,3 1307,5
41
Jan-95 210,8 529,4 1116,0 114,0 1393,2
Fév-95 222,5 522,9 1163,6 114,6 1445,8
Mar-95 243,6 498,3 1214,0 116,5 1483,4
Avr-95 250,8 484,6 1215,3 117,7 1469,9
Mai-95 253,4 499,1 1264,4 120,2 1497,0
Juin-95 200,0 491,6 983,1 120,1 1165,7
Juil-95 192,6 483,2 930,6 119,7 1106,5
Août-95 187,5 497,1 932,3 121,3 1094,0
Sep-95 201,0 504,3 1013,8 121,3 1189,6
Oct-95 200,9 494,1 992,8 121,9 1159,3
Nov-95 196,6 488,7 960,8 121,2 1128,3
Dec-95 193,7 496,4 961,6 120,4 1136,5
Jan-96 190,0 500,6 951,2 121,9 1110,5
Fév-96 187,5 504,1 945,1 121,3 1108,7
Mar-96 183,5 505,9 928,1 121,7 1085,6
Avr-96 182,5 510,6 931,8 123,6 1073,4
Mai-96 182,9 519,1 949,4 125,2 1079,8
Juin-96 182,9 517,7 946,9 127,5 1056,9
Juil-96 175,8 509,3 895,4 127,5 999,4
Août-96 168,3 506,0 851,6 128,6 942,3
Sep-96 166,1 512,8 851,9 128,0 947,3
Oct-96 166,2 516,7 858,5 126,5 966,1
Nov-96 167,7 511,6 858,0 126,2 968,0
Dec-96 174,7 524,2 915,8 126,5 1030,8
Jan-97 176,1 541,7 953,9 125,9 1078,3
Fév-97 177,3 565,5 1002,7 126,3 1130,2
Mar-97 177,7 572,0 1016,5 126,8 1140,9
Avr-97 173,9 576,3 1002,2 127,6 1118,1
Mai-97 174,9 574,3 1004,6 129,0 1108,8
Juin-97 177,7 582,9 1035,5 129,5 1137,9
Juil-97 179,4 604,4 1084,0 129,7 1189,3
Août-97 179,0 620,5 1110,4 128,7 1228,4
Sep-97 175,6 601,5 1056,1 128,8 1167,5
Oct-97 171,6 589,3 1011,3 128,4 1120,8
Nov-97 170,3 580,8 988,9 129,2 1089,5
Dec-97 163,9 595,0 975,3 129,7 1070,5
Jan-98 159,0 608,4 967,5 129,7 1061,8
Fév-98 151,8 608,4 923,4 130,7 1005,9
Mar-98 150,9 612,2 923,6 132,4 992,8
Avr-98 144,8 608,3 881,1 134,4 933,0
Mai-98 141,9 595,2 844,5 137,0 877,7
Juin-98 152,0 601,1 913,6 138,5 939,3
Juil-98 154,0 602,3 927,6 137,2 962,3
Août-98 150,3 599,5 901,1 137,0 936,1
Sep-98 146,4 570,7 835,2 135,5 877,4
Oct-98 135,5 549,5 744,6 134,6 787,7
Nov-98 123,6 563,8 697,1 134,6 737,4
Dec-98 123,5 560,0 691,4 133,5 737,0
Jan-99 123,0 565,1 694,9 132,7 745,4
Fév-99 123,9 585,4 725,1 132,3 780,2
42
Mar-99 124,8 602,8 752,4 132,1 810,8
Avr-99 127,3 612,8 780,1 133,6 831,0
Mai-99 132,1 617,3 815,2 134,8 860,7
Juin-99 129,0 632,1 815,2 135,7 855,5
Juil-99 120,0 633,8 760,3 136,1 795,0
Août-99 112,4 618,7 695,2 136,3 726,2
Sep-99 109,1 624,7 681,5 135,4 716,2
Oct-99 104,6 612,7 640,7 135,1 675,3
Nov-99 101,9 634,2 646,1 133,5 688,7
Dec-99 97,4 648,8 632,2 132,7 678,2
Jan-00 104,6 647,3 676,8 131,8 730,8
Fév-00 118,5 667,1 790,2 132,0 851,8
Mar-00 126,3 680,2 859,3 133,5 916,0
Avr-00 129,4 692,9 896,6 134,3 950,5
Mai-00 133,4 724,2 965,8 136,0 1011,2
Juin-00 131,1 691,1 906,2 138,2 933,5
Juil-00 128,7 698,2 898,8 137,9 927,8
Août-00 134,2 725,6 974,1 137,8 1006,0
Sep-00 135,9 752,3 1022,5 137,1 1061,8
Oct-00 134,3 767,4 1030,2 138,0 1063,0
Nov-00 141,1 766,0 1080,5 138,2 1113,3
Dec-00 145,2 731,3 1061,9 138,8 1089,0
Jan-01 141,5 699,2 989,2 138,5 1017,1
Fév-01 133,2 711,8 948,5 138,3 976,4
Mar-01 120,3 721,5 867,9 140,4 880,0
Avr-01 112,8 735,6 829,3 141,1 836,9
Mai-01 110,2 750,6 826,4 142,9 823,0
Juin-01 104,7 768,9 804,3 144,1 794,5
Juil-01 100,5 762,3 765,9 144,8 752,7
Août-01 95,6 728,6 696,7 144,5 686,4
Sep-01 91,0 720,1 655,2 143,0 652,1
Oct-01 82,0 724,2 594,2 144,0 587,4
Nov-01 83,8 738,5 619,0 143,2 615,2
Dec-01 94,5 735,1 694,8 143,4 689,6
Jan-02 95,7 742,8 711,0 143,1 707,6
Fév-02 94,4 754,0 711,7 144,3 702,2
Mar-02 92,7 749,0 694,7 144,8 682,9
Avr-02 91,3 740,5 676,2 145,9 660,0
Mai-02 86,7 715,4 620,1 147,3 599,3
Juin-02 90,9 86,8 624,1 148,3 599,2
Juil-02 102,5 661,2 667,8 149.1 637.7
Août-02 109,0 670.9 731.2 149.2 696.3
Sep-02 108.1 668.8 723.0 146.4 703.0 Oct-02 109.2 668.8 730.3 145.8 713.1 Nov-02 115.2 661.3 761.8 146.3 741.4 Dec-02 121.6 644.4 783.5 145.2 768.2 Jan-03 125.0 617.5 771.9 145.8 753.7
43
L‟indice des prix à la consommation retenu est la moyenne des indices nationaux du Bénin, Burkina, Côte
d‟Ivoire et Mali publiés dans l‟ IFS. Les prix nominaux du coton ont été divisés par l‟indice moyen et
exprimés aux prix moyens de 2001. En francs CFA constants, le prix du coton a atteint son niveau le plus
bas en Octobre 2001 (587 fcfa par kg) et son niveau le plus élevé en mai 1995 (1497 fcfa par kg aux prix de
2001); ceci représente une chute de 61% en francs constants et de 53% en francs courants.. .
44
BIBLIOGRAPHIE
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