prix varenne 2012 -4

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port LE S 42 Vendredi 25 mai 2012 Une carrière qui l’a mené de l’OM aux D2 belge, suisse, en Espagne Des agents «mafieux» L’itinéraire du Cognaçais Saïd Mhoudini, c’est toute une (triste) histoire. Julien PRIGENT [email protected] L e déménagement ne lui prendra pas plus d’une paire de minutes. Dans une dizaine de jours, une fois la saison de l’UAC achevée, Saïd Mhoudini remplira son sac de sport de ses quelques vêtements et de sa Playstation - «Les seules cho- ses que j’aies» - et quittera son pe- tit appartement du centre de Co- gnac pour une destination incon- nue. Comme il a pris l’habitude de le faire deux fois par an, l’attaquant de 27 ans démarchera des agents. Pour trouver un point de chute, un club qui lui proposera un nouveau contrat. Le dixième de sa carrière. Parce que le foot «c’est (sa) vie», parce que c’est ainsi qu’il «vit de (sa) pas- sion». «Je ne me plains pas. Je suis croyant: ce qui doit arriver arrive, c’est comme ça.» L’itinéraire de Saïd Mhoudini, c’est celui de centaines de jeunes footballeurs issus de centres de formation. Des rêves de Ligue 1 ou Ligue 2 aux galères au sein d’im- probables clubs belges, suisses ou espagnols. Des transferts avortés. Des blessures. Des intermédiaires véreux. Une vie d’intérimaire du ballon rond. Prolétaire du foot à 1000 € par mois. Sur la route, tou- jours. Sans vie de famille, loin des amis. Cette histoire un peu triste débute dans les quartiers nord de Mar- seille. Une famille modeste débar- quée des Comores que quitte trop vite son papa, décédé deux ans après la naissance de Saïd. Une scolarité sans histoire, qu’il prolonge jusqu’au bac G. Et puis le foot, le foot. «Mon premier club c’était Le Canet, un quartier de Marseille. Ma sœur m’avait offert la licence», raconte le jeune home de son accent chantant. Le petit Mhoudini se débrouille bien balle au pied. Assez pour inté- grer le centre de formation de Martigues et rêver d’une carrière pro. Un beau parcours en coupe Gam- bardella - «on est allé jusqu’en demi-finale et j’ai marqué à pres- que tous les matches» - lui ouvre les portes de l’équipe première, alors en National... mais rétrogra- dée en CFA à l’été 2004. Et là, ô surprise, c’est l’OM, le grand OM, le club de son cœur qui le démarche. «José Anigo (au- jourd’hui manager) entraînait alors l’équipe réserve. Il me dit qu’il est en manque d’attaquants, me propose un contrat, certes amateur, mais rémunéré quand même. J’ai dit oui tout de suite, évidemment. Vous imaginez le pied? J’avais 20 ans, j’étais chez moi, je jouais à l’OM, j’avais un bon truc (une bonne paye).» Le Bétis Séville, Les Comores... Entre la Coupe d’Afrique et les blessures, l’équipe première est en rupture de stock d’attaquants. Les coaches Philippe Troussier puis Albert Emon demandent à Saïd de faire le nombre à l’entraînement. «J’y suis allé une dizaine de fois. Il y avait Barthez, Taïwo, Hemdani. Nasri débutait...» L’aventure prend fin l’été suivant. Saïd rebondit à Istres. Rebondit, c’est vite dit. Quelques bouts de matches en D2, beaucoup de CFA. Des agents le contactent. Rendez- vous est pris dans un luxueux hô- tel marseillais. A la table voisine Pape Diouf et Baky Koné con- cluent le transfert de l’Ivoirien à l’OM. «Les agents m’ont proposé un transfert à Locarno, en D2 suisse, qui devait me prêter aussi- tôt à un club italien. Je devais tou- cher 8000 € par mois. Puis le dou- ble l’année suivante.» Mhoudini signe. L’offre est allé- chante. Trop alléchante. «Je n’ai jamais eu de nouvelles de l’Italie. A Locarno je m’entraînais mais je ne jouais pas. Quand j’ai tenté de joindre mes agents, j’ai appris qu’ils étaient en prison...» Saïd pige quelques mois à Angou- lême en pleine déroute en CFA 2, comme un wagon de joueurs arri- vés cet hiver 2008. File en Espagne où un club de D3 lui promet un contrat avant de se raviser. Un échec. Une blessure à l’âme. «Pourtant j’avais fait un bon match amical contre le Betis Sé- ville. La presse en avait parlé.» Et l’attaquant de nous adresser, quelques jours plus tard, une copie de l’article, effectivement lauda- teur, d’un quotidien régional an- dalou. Saïd, VRP de sa propre vie, qui conte dans un sourire ses qua- tre sélections avec l’équipe des Co- mores dont «un match face à la Zambie qui est devenue cham- pionne d’Afrique peu après. On les avait accrochés et perdu 1-0.» Le garçon échoue à Gardanne (CFA 2). Tente une aventure en Belgique avant de débarquer à Co- gnac cet hiver. A chaque transfert interviennent des intermédiaires mystérieux. Ils sont loin les rêves de Ligues 1 ou 2. Saïd Mhoudini a sans doute in- tégré à la longue, un principe de réalité, des ambitions à la baisse. Une certitude: même si ses seuls loisirs sont «des parties de Playsta- tion», même si sa petite amie vit si loin de lui, à Marseille, Saïd Mhou- dini «ne regrette rien». A 27 ans,Saïd Mhoudini reprendra la route une fois achevée la saison de Cognac.Pour une destination inconnue. Photo Alexis Berg Je n’ai jamais eu de nouvelles de l’Italie (...) Quand j’ai tenté de joindre mes agents, j’ai appris qu’ils étaient en prison. Saïd Mhoudini, un ballon pour tout baluchon F rançois Gabart a pris mercredi soir au Portugal la deuxième place de la première étape de l’Europa Warm-Up remportée par Jean-Pierre Dick (Virbac- Paprec 3) en 4 jours 3 heures et 44 minutes. Le Charentais et son équipage sont arrivés 4 minutes plus tard à bord de Macif et 53 secondes devant Vincent Riou (PRB) après «un sprint qui ressemblait à une étape de la Figaro», s’amusait-il hier, «ravi. ça a été une belle course à rebondissements au cours de laquelle on a pris beaucoup de plaisir, et qui nous a permis d’avoir la confirmation qu’on a un bateau rapide, qui va bien et est dans le coup». François Gabart a également profité de ces quatre jours en mer pour «prendre des repères notamment sur les voiles et les réglages, de façon à aller à l’essentiel quand je serai tout seul à bord». L’hiver prochain sur le Vendée Globe, l’objectif ultime, mais avant cela dès demain au départ de la longue deuxième étape qui mènera la flotte du Portugal à La Rochelle, via les Açores et le Fastnet en Irlande. Soit une bonne dizaine de jours de mer que le skipper de Macif se sent prêt à attaquer le couteau entre les dents. «J’ai profité de la présence de l’équipage pour me reposer un peu, raconte-t-il. Les premiers jours de course ont été sports, mais une fois passé Gibraltar, le bateau allait bien et je n’avais pas grand-chose à faire. Sinon préparer l’étape suivante. Anticiper». Mentalement d’abord, «parce qu’il faut se mettre dans la tête cet exercice toujours particulier qu’est de naviguer en solo». Tactiquement ensuite: «J’ai regardé la météo, étudié les différentes options stratégiques. Il devrait y avoir une dorsale et du petit temps les premiers jours, et pas mal de vent ensuite jusqu’au Fastnet», se projette-t-il avec appétit. Car il y a une course à gagner et une belle bataille en perspective. Eric FILLAUD Voile François Gabart: «Je suis ravi!» François Gabart. photo AlfredFarre.com / FNOB Le nombre de trophées avec lequel pourrait partir l’entraîneur du Barça, Pep Guardiola, si son équipe venait à remporter la Coupe du Roi face à l’Athletic Bilbao, ce soir (22h). Hasard du sport, le premier trophée de cette longue série remporté par Guardiola avait d’ailleurs été une Coupe du Roi, conquise le 13 mai 2009 face à ... l’Athletic Bilbao (4-1). 14

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42 Vendredi 25 mai 2012

�Une carrière qui l’a mené de l’OM aux D2 belge, suisse, en Espagne�Des agents«mafieux»� L’itinéraire du Cognaçais SaïdMhoudini, c’est toute une (triste) histoire.

Julien [email protected]

Le déménagement ne luiprendra pas plus d’unepaire deminutes. Dans unedizaine de jours, une fois lasaison de l’UAC achevée,

SaïdMhoudini remplira sonsacdesport de ses quelques vêtements etde saPlaystation -«Les seules cho-ses que j’aies» - et quittera son pe-tit appartement du centre de Co-gnac pour une destination incon-nue.Comme il a pris l’habitude de lefaire deux fois par an, l’attaquantde 27 ans démarchera des agents.Pour trouver un point de chute, unclub qui lui proposera un nouveaucontrat.Le dixième de sa carrière. Parceque le foot «c’est (sa) vie», parceque c’est ainsi qu’il «vit de (sa) pas-sion». «Jenemeplains pas. Je suiscroyant: ce qui doit arriver arrive,c’est comme ça.»L’itinéraire de Saïd Mhoudini,c’est celui de centaines de jeunesfootballeurs issus de centres deformation. Des rêves de Ligue 1 ouLigue 2 aux galères au sein d’im-probables clubs belges, suisses ouespagnols. Des transferts avortés.Des blessures. Des intermédiairesvéreux. Une vie d’intérimaire duballon rond. Prolétaire du foot à1000€parmois. Sur la route, tou-jours. Sans vie de famille, loin desamis.Cette histoire un peu triste débute

dans les quartiers nord de Mar-seille. Une famille modeste débar-quée des Comores que quitte tropvite son papa, décédé deux ansaprès la naissance de Saïd.Une scolarité sans histoire, qu’ilprolonge jusqu’au bacG. Et puis lefoot, le foot. «Mon premier clubc’était Le Canet, un quartier deMarseille. Ma sœur m’avait offertla licence», raconte le jeune homede son accent chantant.Le petit Mhoudini se débrouillebienballe aupied.Assezpour inté-grer le centre de formation deMartigues et rêver d’une carrièrepro.Un beau parcours en coupe Gam-bardella - «on est allé jusqu’endemi-finale et j’ai marqué à pres-que tous les matches» - lui ouvreles portes de l’équipe première,alors en National... mais rétrogra-dée en CFA à l’été 2004.Et là, ô surprise, c’est l’OM, legrandOM, le club de son cœur qui

le démarche. «José Anigo (au-jourd’hui manager) entraînaitalors l’équipe réserve. Il me ditqu’il est en manque d’attaquants,me propose un contrat, certesamateur, mais rémunéré quandmême. J’ai dit oui tout de suite,évidemment. Vous imaginez lepied? J’avais 20 ans, j’étais chezmoi, je jouaisà l’OM, j’avaisunbontruc (une bonne paye).»

Le Bétis Séville,Les Comores...

Entre la Coupe d’Afrique et lesblessures, l’équipe première est enrupture de stock d’attaquants. Lescoaches Philippe Troussier puisAlbertEmondemandent àSaïddefaire le nombre à l’entraînement.«J’y suis allé une dizaine de fois. Ily avait Barthez, Taïwo, Hemdani.Nasri débutait...»L’aventure prend fin l’été suivant.Saïd rebondit à Istres. Rebondit,c’est vite dit. Quelques bouts dematches enD2, beaucoup de CFA.Des agents le contactent. Rendez-vous est pris dans un luxueux hô-tel marseillais. A la table voisinePape Diouf et Baky Koné con-cluent le transfert de l’Ivoirien àl’OM. «Les agents m’ont proposéun transfert à Locarno, en D2suisse, qui devait me prêter aussi-tôt à un club italien. Je devais tou-cher 8000€parmois. Puis le dou-ble l’année suivante.»Mhoudini signe. L’offre est allé-chante. Trop alléchante.

«Je n’ai jamais eu de nouvelles del’Italie. A Locarno je m’entraînaismais je ne jouais pas. Quand j’aitenté de joindre mes agents, j’aiappris qu’ils étaient en prison...»Saïd pige quelques mois à Angou-lême en pleine déroute en CFA 2,comme un wagon de joueurs arri-vés cethiver2008.File enEspagneoù un club de D3 lui promet uncontrat avant de se raviser. Unéchec. Une blessure à l’âme.«Pourtant j’avais fait un bonmatch amical contre le Betis Sé-ville. La presse en avait parlé.»Et l’attaquant de nous adresser,quelques jours plus tard, une copiede l’article, effectivement lauda-teur, d’un quotidien régional an-dalou. Saïd, VRP de sa propre vie,qui conte dans un sourire ses qua-tre sélections avec l’équipe des Co-mores dont «un match face à laZambie qui est devenue cham-pionne d’Afrique peu après.On lesavait accrochés et perdu 1-0.»Le garçon échoue à Gardanne(CFA 2). Tente une aventure enBelgique avant de débarquer à Co-gnac cet hiver. A chaque transfertinterviennent des intermédiairesmystérieux.Ils sont loin les rêvesdeLigues 1ou2. Saïd Mhoudini a sans doute in-tégré à la longue, un principe deréalité, des ambitions à la baisse.Une certitude: même si ses seulsloisirs sont«despartiesdePlaysta-tion»,même si sa petite amie vit siloinde lui, àMarseille, SaïdMhou-dini «ne regrette rien».

A 27 ans, Saïd Mhoudini reprendra la route une fois achevée la saison de Cognac. Pour une destination inconnue. Photo Alexis Berg

Je n’ai jamais eu denouvelles de l’Italie(...) Quand j’ai tentéde joindre mes agents,j’ai appris qu’ilsétaient en prison.

Saïd Mhoudini, un ballonpour tout baluchon

François Gabart a prismercredi soir au Portugalla deuxième place de la

première étape de l’EuropaWarm-Up remportée parJean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) en 4 jours 3 heureset 44 minutes.Le Charentais et son équipagesont arrivés 4 minutes plustard à bord de Macif et 53secondes devant Vincent Riou(PRB) après «un sprint quiressemblait à une étape de laFigaro», s’amusait-il hier,«ravi. ça a été une belle courseà rebondissements au coursde laquelle on a pris beaucoupde plaisir, et qui nous apermis d’avoir la confirmationqu’on a un bateau rapide, quiva bien et est dans le coup».François Gabart a égalementprofité de ces quatre jours enmer pour «prendre desrepères notamment sur lesvoiles et les réglages, de façonà aller à l’essentiel quand jeserai tout seul à bord».L’hiver prochain sur leVendée Globe, l’objectifultime, mais avant cela dèsdemain au départ de lalongue deuxième étape quimènera la flotte du Portugal àLa Rochelle, via les Açores etle Fastnet en Irlande.Soit une bonne dizaine dejours de mer que le skipperde Macif se sent prêt àattaquer le couteau entre lesdents.«J’ai profité de la présence del’équipage pour me reposerun peu, raconte-t-il. Lespremiers jours de course ontété sports, mais une fois passéGibraltar, le bateau allait bienet je n’avais pas grand-choseà faire. Sinon préparer l’étapesuivante. Anticiper».Mentalement d’abord, «parcequ’il faut se mettre dans latête cet exercice toujoursparticulier qu’est de navigueren solo».Tactiquement ensuite: «J’airegardé la météo, étudié lesdifférentes optionsstratégiques. Il devrait y avoirune dorsale et du petit tempsles premiers jours, et pas malde vent ensuite jusqu’auFastnet», se projette-t-il avecappétit. Car il y a une courseà gagner et une belle batailleen perspective.

Eric FILLAUD

VoileFrançoisGabart:«Je suis ravi!»

François Gabart.photo AlfredFarre.com / FNOB

Le nombre de trophées avec lequelpourrait partir l’entraîneur duBarça, Pep Guardiola, si son équipevenait à remporter la Coupe du Roiface à l’Athletic Bilbao, ce soir

(22h). Hasard du sport, le premier trophée decette longue série remporté par Guardiola avaitd’ailleurs été une Coupe du Roi, conquise le 13mai 2009 face à ... l’Athletic Bilbao (4-1).

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