prise en charge des fractures des hémodialysés

4
Revue du rhumatisme monographies 80 (2013) 74–77 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Prise en charge des fractures des hémodialysés Management of fracture in dialysis patients Martine Cohen-Solal , Marie-Christine de Vernejoul Inserm U606, hôpital Lariboisière, université Paris-Diderot Paris 7, 2, rue Ambroise-Paré, 75010 Paris, France i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Accepté le 10 janvier 2013 Disponible sur Internet le 15 avril 2013 Mots clés : Ostéoporose Fracture Dialysés Insuffisance rénale r é s u m é L’ostéodystrophie rénale définit toutes les manifestations osseuses associées à l’insuffisance rénale chro- nique. Initialement fondée sur une définition histomorphométrique, cette entité comportait l’ensemble des anomalies phosphocalciques qu’elles soient osseuses ou métaboliques. Les conférences de consen- sus KDIGO proposent une définition plus systémique de l’ostéodystrophie rénale qui intègre une ou des anomalies suivantes : troubles biochimiques du calcium, phosphore ou de la vitamine D, les anomalies osseuses telles que celles du remodelage, de la minéralisation ou de la compétence osseuse ou encore les calcifications extra-squelettiques. La prévalence des fractures périphérique est considérablement accrue chez les dialysés en raison des facteurs de comorbidités auxquels s’ajoutent ceux de l’insuffisance rénale elle-même. La mesure de la densité minérale osseuse et de la micro-architecture osseuse a une faible valeur prédictive des fractures alors que les facteurs de risque clinique sont identiques à la population générale. Le traitement spécifique de ces fractures est pour l’instant pauvre car la majorité des molé- cules actuellement disponibles sont contre-indiquées en cas d’insuffisance rénale. Le développement de nouvelles stratégies comme les biothérapies ciblées pourraient représenter enfin une solution à l’avenir. © 2013 Publi ´ e par Elsevier Masson SAS pour la Société française de rhumatologie. Keywords: Osteoporosis Fracture Dialysis Kidney failure a b s t r a c t Renal osteodystrophy defines all skeletal manifestations associated with chronic renal failure. Initially based on a histomorphometric definition, this entity included all the mineral abnormalities related to bone structure or metabolism. The KDIGO consensus conference offers a more systemic definition of renal osteodystrophy, which includes one or of the following abnormalities: biochemical disorders of calcium, phosphorus or vitamin D anomalies, bone abnormalities such as remodeling, mineralization or competence bone or extra-skeletal calcifications. The prevalence of peripheral fractures is significantly increased in dialysis patients because of the presence of common comorbidity factors in addition to those of the kidney failure itself. The measurement of bone mineral density and bone microarchitecture has a low predictive value of fracture, while clinical risk factors are similar to the general population. The specific treatment of these fractures is currently poor because the majority of molecules are currently available against osteoporosis are not indicated in patients with renal insufficiency. The development of new strategies such as targeted biotherapy could finally represent a solution to the future. © 2013 Published by Elsevier Masson SAS on behalf of the Société française de rhumatologie. L’ostéodystrophie rénale (ODR) définit toutes les modifications du métabolisme minéral et osseux concomitantes à l’insuffisance rénale chronique, dont les principales manifestations sont des dou- leurs osseuses ou des anomalies biologiques. La connaissance des mécanismes physiopathologiques a été considérablement amélio- rée cette dernière décennie [1]. L’ODR regroupe plusieurs types histologiques osseux en lien avec le métabolisme minéral et Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (M. Cohen-Solal). peuvent avoir des répercussions sur d’autres tissus notamment des calcifications extra-squelettiques. Tout cela a conduit à défi- nir l’ODR de manière plus large en prenant en compte à présent les anomalies biologiques, les paramètres osseux et les calcifications extra-squelettiques [2]. 1. Définitions et caractérisation de l’ostéodystrophie rénale L’histologie osseuse reste la référence pour définir le type d’ostéopathie bien que les biopsies osseuses soient rarement pra- tiquées à présent. Les formes d’ODR sont classées en fonction du 1878-6227/$ see front matter © 2013 Publi ´ e par Elsevier Masson SAS pour la Société française de rhumatologie. http://dx.doi.org/10.1016/j.monrhu.2013.01.005

Upload: marie-christine

Post on 18-Dec-2016

219 views

Category:

Documents


5 download

TRANSCRIPT

Page 1: Prise en charge des fractures des hémodialysés

P

M

MI

HAD

MOFDI

KOFDK

drlmrh

1h

Revue du rhumatisme monographies 80 (2013) 74–77

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

rise en charge des fractures des hémodialysés

anagement of fracture in dialysis patients

artine Cohen-Solal ∗, Marie-Christine de Vernejoulnserm U606, hôpital Lariboisière, université Paris-Diderot Paris 7, 2, rue Ambroise-Paré, 75010 Paris, France

i n f o a r t i c l e

istorique de l’article :ccepté le 10 janvier 2013isponible sur Internet le 15 avril 2013

ots clés :stéoporoseractureialysés

nsuffisance rénale

r é s u m é

L’ostéodystrophie rénale définit toutes les manifestations osseuses associées à l’insuffisance rénale chro-nique. Initialement fondée sur une définition histomorphométrique, cette entité comportait l’ensembledes anomalies phosphocalciques qu’elles soient osseuses ou métaboliques. Les conférences de consen-sus KDIGO proposent une définition plus systémique de l’ostéodystrophie rénale qui intègre une ou desanomalies suivantes : troubles biochimiques du calcium, phosphore ou de la vitamine D, les anomaliesosseuses telles que celles du remodelage, de la minéralisation ou de la compétence osseuse ou encore lescalcifications extra-squelettiques. La prévalence des fractures périphérique est considérablement accruechez les dialysés en raison des facteurs de comorbidités auxquels s’ajoutent ceux de l’insuffisance rénaleelle-même. La mesure de la densité minérale osseuse et de la micro-architecture osseuse a une faiblevaleur prédictive des fractures alors que les facteurs de risque clinique sont identiques à la populationgénérale. Le traitement spécifique de ces fractures est pour l’instant pauvre car la majorité des molé-cules actuellement disponibles sont contre-indiquées en cas d’insuffisance rénale. Le développement denouvelles stratégies comme les biothérapies ciblées pourraient représenter enfin une solution à l’avenir.

© 2013 Publie par Elsevier Masson SAS pour la Société française de rhumatologie.

eywords:steoporosisractureialysisidney failure

a b s t r a c t

Renal osteodystrophy defines all skeletal manifestations associated with chronic renal failure. Initiallybased on a histomorphometric definition, this entity included all the mineral abnormalities related tobone structure or metabolism. The KDIGO consensus conference offers a more systemic definition ofrenal osteodystrophy, which includes one or of the following abnormalities: biochemical disorders ofcalcium, phosphorus or vitamin D anomalies, bone abnormalities such as remodeling, mineralization orcompetence bone or extra-skeletal calcifications. The prevalence of peripheral fractures is significantly

increased in dialysis patients because of the presence of common comorbidity factors in addition to thoseof the kidney failure itself. The measurement of bone mineral density and bone microarchitecture hasa low predictive value of fracture, while clinical risk factors are similar to the general population. Thespecific treatment of these fractures is currently poor because the majority of molecules are currentlyavailable against osteoporosis are not indicated in patients with renal insufficiency. The development ofnew strategies such as targeted biotherapy could finally represent a solution to the future.

hed b

© 2013 Publis

L’ostéodystrophie rénale (ODR) définit toutes les modificationsu métabolisme minéral et osseux concomitantes à l’insuffisanceénale chronique, dont les principales manifestations sont des dou-eurs osseuses ou des anomalies biologiques. La connaissance des

écanismes physiopathologiques a été considérablement amélio-ée cette dernière décennie [1]. L’ODR regroupe plusieurs typesistologiques osseux en lien avec le métabolisme minéral et

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (M. Cohen-Solal).

878-6227/$ – see front matter © 2013 Publie par Elsevier Masson SAS pour la Société frattp://dx.doi.org/10.1016/j.monrhu.2013.01.005

y Elsevier Masson SAS on behalf of the Société française de rhumatologie.

peuvent avoir des répercussions sur d’autres tissus notammentdes calcifications extra-squelettiques. Tout cela a conduit à défi-nir l’ODR de manière plus large en prenant en compte à présent lesanomalies biologiques, les paramètres osseux et les calcificationsextra-squelettiques [2].

1. Définitions et caractérisation de l’ostéodystrophie rénale

L’histologie osseuse reste la référence pour définir le typed’ostéopathie bien que les biopsies osseuses soient rarement pra-tiquées à présent. Les formes d’ODR sont classées en fonction du

nçaise de rhumatologie.

Page 2: Prise en charge des fractures des hémodialysés

du rh

nmdlhll(esmdt

nmddcddr[tmnpecvfidumfnf

2

lldrlrapdme3csuda

r[pvdd

M. Cohen-Solal, M.-C. de Vernejoul / Revue

iveau de remodelage osseux et de la présence d’un trouble de lainéralisation. Le diagnostic est fondé sur la mesure de la vitesse

u remodelage osseux et de l’épaisseur de l’ostéoïde qui définissentes formes principales de l’ODR [3]. Cela permet de regrouper lesyperparathyroïdies secondaires dont l’ostéite fibreuse est la forme

a plus sévère (32 % des cas), les formes modérées ou normales (5 %),es ostéomalacies (10 %) et enfin les ostéopathies adynamiques30 %) [4]. Les études histologiques sont rares et de faible effectifn raison du caractère invasif de la biopsie qui limite son utili-ation à large échelle. Néanmoins, ces études ont eu l’intérêt deontrer une réduction de la prévalence de l’hyperparathyroïdie

u fait des efforts importants réalisés tant au plan diagnostique ethérapeutiques au profit des ostéopathies à bas remodelage [3].

En 2009, la conférence de consensus KDIGO a ajouté deuxouveaux critères que sont le volume osseux et la compétenceécanique. Bien qu’indépendant des critères anciens, ils intro-

uisent la notion de fragilité osseuse et d’ostéoporose en raisone la prévalence des fractures qui sont sources de morbidité accruehez les patients insuffisants rénaux. La nouvelle définition inclutésormais la présence de calcifications des tissus mous. L’existence’une relation entre fragilité/tissu osseux et calcifications arté-ielles est à présent bien démontrée dans la population générale5–7]. Chez les patients dialysés, la présence de calcifications aor-iques est inversement corrélée au niveau de remodelage osseux

esuré en histologie [8] et à la densité osseuse vertébrale [9]. Laature et les mécanismes de cette association ne sont cependantas encore élucidés. Il est possible qu’un niveau de remodelage basmpêche le tissu osseux de jouer son rôle tampon et de stockagealcique, ce qui précipiterait alors le dépôt des minéraux dans lesaisseaux. Néanmoins, on ignore s’il s’agit initialement d’une modi-cation du remodelage vasculaire qui aurait un impact osseux ou’un déséquilibre du métabolisme des cellules osseuses qui auraitn impact vasculaire. Il est aussi probable que plusieurs facteursétaboliques communs aux deux tissus régulent de manière dif-

érentielle les cellules osseuses et vasculaires. Ces facteurs sontombreux : TNF-�, IL-6, RANKL, FGF23 et probablement d’autres

acteurs urémiques toxiques non identifiés.

. Ostéodystrophie rénale et fractures

Les fractures deviennent une préoccupation grandissante chezes patients insuffisants rénaux puisqu’elle en aggrave fortementa morbidité. La prévalence élevée des fractures dans la populationialysée a été identifiée depuis plus d’une décennie. L’analyse duegistre américain Medicare montre que le risque de fracture chezes dialysés est multiplié par 4,4 par rapport à la population géné-ale [10,11]. Le risque augmente avec l’âge et est multiplié par septprès 80 ans. Ce type d’étude collige essentiellement les fracturesériphériques et en particulier les fractures du fémur. La prévalencees fractures du fémur est très élevée quel que soit l’âge, notam-ent chez les sujets de moins de 45 à 54 ans habituellement moins

xposés [10]. Le registre américain des vétérans regroupe plus de3 000 patients avec insuffisance rénale en dialyse ou non. Danse registre, le risque relatif de fracture du fémur progresse avec letade de l’insuffisance rénale avant la dialyse, atteignant 3,6 pourne clairance inférieure à 30 mL/min et surtout chez les patients auelà de 70 ans [12]. Cela se traduit par une mortalité accrue de 30 %près une fracture fémorale dans cette population [13].

L’âge est donc un facteur de risque majeur de fractures périphé-iques chez l’insuffisant rénal comme dans la population générale11,12,14]. Les facteurs de risque ont été identifiés dans une étude

rospective de plus de 10 000 sujets hémodialysés de 12 pays sui-is deux ans [15]. Le risque de fracture périphérique, notammentu fémur, augmente avec l’âge, le sexe féminin, un antécédente fracture du col du fémur, une albuminémie basse et un

umatisme monographies 80 (2013) 74–77 75

antécédent de transplantation rénale. Ces mêmes facteurs sontretrouvés à partir d’un autre registre américain [14]. La prise demédicaments psychotropes influence la survenue de fractures pos-siblement par le biais des chutes dans un contexte d’insuffisancemusculaire [12,13,16]. Ces études montrent surtout que les facteursde risque classiques des sujets à fonction rénale conservée restentprépondérants chez l’hémodialysé. Toutefois, l’insuffisance rénalechronique majore encore davantage la fragilité osseuse. Cela sug-gère de mieux définir les paramètres qui régissent la compétenceosseuse dans cette population, en particulier de mieux caractéri-ser la micro-architecture, le degré de minéralisation osseuse et lespropriétés matricielles.

3. Évaluation du risque fracturaire par l’imagerie chez lesdialysés

La relation entre densité minérale osseuse (DMO) et fracturen’est pas clairement établie dans l’ODR à l’inverse de la popula-tion générale où chaque diminution d’une déviation standard dela DMO est associée à un doublement du risque de fractures. Chezle patient dialysé, la DMO mesurée au rachis lombaire, au fémurou à l’extrémité distale du radius est diminuée. Il est vraisemblableque la DMO du rachis lombaire est surestimée par l’arthrose rachi-dienne et surtout par les calcifications aortiques qui y sont plusfréquentes. Toutes ces raisons indiquent que ce site peu appropriépour l’évaluation du risque fracturaire. La mesure de la DMO auradius est meilleure car le composant cortical y est majoritaire. Eneffet, il existe fréquemment une corrélation inverse avec les tauxde parathormone, mais la relation avec les fractures a été assez peuétudiée [17]. C’est au fémur où l’os trabéculaire représente envi-ron la moitié de l’os total que l’on s’attend à trouver la meilleurerelation avec les factures et tout particulièrement au col du fémur.

Plusieurs études ont montré une DMO basse chez les patientsdialysés avec fractures comparativement à ceux qui en sontindemnes. Il s’agit essentiellement d’études transversales de faibleeffectif et l’association avec les fractures y est faible. La diminutionde la DMO est faible bien que significative et elle est moins bienassociée aux fractures que dans la population générale. La méta-analyse de six études indique une diminution de la DMO au rachiset au radius et est significativement associée aux fractures [18,19].Cependant, la différence de DMO entre patients dialysés avec ousans fractures est modeste. Toutes ces données suggèrent que lamesure de la DMO a une sensibilité faible pour prédire le risque defracture chez les dialysés [20]. C’est pourquoi la mesure de la DMOquel que soit le site n’est pas utile pour évaluer le risque fracturairedans cette population. Une étude prospective à moyen terme estnécessaire pour établir clairement l’intérêt de cette mesure dans laprédiction du risque fracturaire en particulier au fémur.

La micro-architecture osseuse, mesurée par micro-scannerpériphérique, représente une piste plus intéressante pour la pré-diction du risque de fracture car elle permet de discriminer l’ostrabéculaire et cortical, ce dernier étant plus spécifique des frac-tures périphériques. Elle se justifie aussi par la forte proportiond’hyperparathyroïdie qui peut traduit une fragilité du secteur cor-tical tant au plan de la DMO que de la structure. L’étude initiale de52 patients dialysés a montré que le risque de fracture est augmentélorsque l’épaisseur et la DMO corticale à l’avant bras sont basses,alors que la DMO n’est pas prédictive [21]. Plusieurs autres étudesont été menées sur de petites séries de 70–80 patients. Une épais-seur et une DMO corticale basse et une altération modérée de lamicrostructure trabéculaire ont été trouvés chez les hommes avec

insuffisance rénale modérée de stade II à IV [22] et chez les patientsdialysés [23], l’épaisseur corticale étant négativement corrélée auxtaux de parathormone circulante [24]. Toutefois, ces résultats n’ontpas été confirmés sur 211 patients insuffisants rénaux stade III à
Page 3: Prise en charge des fractures des hémodialysés

7 du rh

Vmdcral

4

udrrfàddedods[pf[fdlmlrv

rane

5

mshaldpllpdd3

fivcimsr

[

[

[

6 M. Cohen-Solal, M.-C. de Vernejoul / Revue

non dialysés chez qui la présence de fractures est corrélée à laesure de la DMO par absorptiométrie alors que les paramètres

e micro-architecture corticaux ni trabéculaires ne sont pas dis-riminants en dépit d’un taux de PTH élevé [20]. L’absence deésultats convaincants sur des petits effectifs n’élimine pas pourutant l’intérêt de ce type de mesure dans cette population non dia-ysée en association notamment avec les marqueurs biochimiques.

. Évaluation du risque fracturaire par la biochimie

La question principale est d’associer un risque de fracture àn type histologique d’ODR puisque les mesures de la DMO ete l’architecture seules sont peu contributives et que cela pour-ait ultérieurement conditionner un traitement ciblé. Le niveau deemodelage osseux pourrait être utile comme pour la population àonction rénale normale chez qui un remodelage accru est associé

plus de fractures. Les études épidémiologiques ont classé le type’ODR en fonction des taux de parathormone en dépit de l’absence’histologie. Cependant, elles permettent un évaluation du risquet orienteraient les thérapies éventuelles. Les patients dont les tauxe PTH sont supérieurs à 900 pg/mL (soit plus de 10 fois la normale)nt le risque relatif de fracture le plus élevé dans l’étude prospectivee Jadoul et al. [15], et il existe une relation inverse entre den-ité osseuse au radius et taux de PTH dans de nombreuses études17,18]. L’hyperparathyroïdie secondaire sévère serait sans doutelus associée au risque de fractures. Néanmoins, les patients avecractures vertébrales ou fémorales ont plus des taux de PTH bas25,26] et la suppression du remodelage peut s’accompagner deractures atypiques [27]. Ces deux approches ne permettent pase conclure de manière définitive. Il est possible que l’excès ou

’insuffisance de remodelage puisse conditionner la compétenceécanique osseuse ou que d’autres facteurs interviennent, liés à

’urémie et non encore identifiés clairement. En pratique, les KDIGOecommandent d’obtenir un taux de PTH entre trois et neuf fois laaleur normale.

Les marqueurs biochimiques du remodelage osseux sont majo-itairement excrétés par le rein et sont généralement bien corréléesux taux de PTH. Bien qu’ils ne permettent pas de définir univeau de remodelage de manière précise, ils peuvent être utilesn complément de la PTH pour apprécier le type histologique.

. Traitement des fractures chez le dialysé

La réplétion du stock de vitamine D native peut être recom-andée chez le dialysé comme pour c’est le cas pour les patients

ans insuffisance rénale. En effet, les taux sériques de 25-ydroxyvitamine D sont diminués chez les dialysés du fait d’apportlimentaire et d’une synthèse cutanée faibles [28], majorant ainsie risque d’hyperparathyroïdie secondaire. Cependant, la correctione la carence en vitamine D native réduit les taux de PTH chez lesatients avec insuffisance rénale de stade 3, mais pas chez les dia-

ysés [29,30]. La vitamine D native pourrait néanmoins améliorera minéralisation osseuse bien que des résultats négatifs aient étéubliés [31] ou sur la mortalité en général [9]. Les taux sériquese 25-hydroxyvitamine D recommandés sont identiques à ceuxes sujets non insuffisants rénaux et doivent atteindre environ0 ng/mL.

Le traitement plus spécifique des fractures des patients insuf-sants rénaux est actuellement très pauvre. Les traitements àisée anti-fracturaire utilisés dans l’ostéoporose commune sontontre-indiqués chez les sujets ayant une clairance de la créatinine

nférieure à 30 mL/min. Le raloxifene, seul traitement possible, aug-

ente significativement la densité osseuse au rachis sans que l’onache si les fractures sont réduites dans ces deux études à effectifestreint [32,33]. Les agonistes des estrogènes sont intéressants car

[

[

umatisme monographies 80 (2013) 74–77

s’adresserait aux femmes qui seraient plus à risque que les hommes,bien qu’il soit nécessaire de se méfier du risque accrue d’accidentsthrombo-emboliques. Il n’y a pas d’essai du tériparatide chez lespatients hémodialysés.

Les bisphosphonates sont contre-indiqués à partir d’une clai-rance inférieure à 30 mL/min car la réduction de leur éliminationentraînerait des troubles de la minéralisation [18]. Leur utilisationne serait justifiée en cas de fracture survenant dans un contextede haut niveau de remodelage avec PTH élevée, ce qui ne limite lapopulation avec fractures. Les inhibiteurs de la résorption osseusene seraient pas logique en cas de bas remodelage osseux définis surle taux de parathormone inférieur à neuf fois la normale du labora-toire [34]. Le denosumab pourrait être utile chez les patients avecfracture et PTH élevée, d’autant qu’il augmente la DMO dans lesstades III. L’altération de la fonction rénale ne modifie pas la phar-macocinétique du denosumab, ce qui suggère que l’adaptation desdoses n’est pas nécessaire [35]. Toutefois, l’inhibition importantedu remodelage peut conduire à une hypocalcémie chez les patientsavec insuffisance rénale sévère définie par une clairance de la créa-tininémie inférieure à 30 mL/min ou dialysés. Les hypocalcémiessurviennent en présence de taux de 25OH vitamine D sont faibleset sont réversibles après correction vitamino-calcique.

6. Conclusion

Le visage de l’ODR a évolué en tenant compte des complicationsosseuses et extra-osseuses des désordres du métabolisme miné-ral. Cette nouvelle définition souligne davantage l’importance del’os dans la régulation phosphocalcique et traduit bien les consé-quences fracturaires qui émaillent la morbidité de l’insuffisancerénale. Il est nécessaire de développer des outils nécessaires àl’identification plus fine des sujets à risque de fractures afin dedévelopper des traitements spécifiques à cette population.

Déclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en rela-tion avec cet article.

Références

[1] Mac Way F, Lessard M, Lafage-Proust MH. Pathophysiology of chronic kidneydisease-mineral and bone disorder. Joint Bone Spine 2012;79:544–9.

[2] Kidney Disease: Improving Global Outcomes (KDIGO) CKD-MBD Work Group.KDIGO clinical practice guideline for the diagnosis, evaluation, prevention, andtreatment of Chronic Kidney Disease-Mineral and Bone Disorder (CKD-MBD).Kidney Int Suppl 2009;113:S1–130.

[3] Ott SM. Bone histomorphometry in renal osteodystrophy. Semin Nephrol2009;29:122–32 [Review].

[4] Sherrard DJ, Hercz G, Pei Y, et al. The spectrum of bone disease in end-stagerenal failure: an evolving disorder. Kidney Int 1993;43:436–42.

[5] London GM. Soft bone: hard arteries: a link? Kidney Blood Press Res2011;34:203–8.

[6] Schulz E, Arfai K, Liu X, et al. Aortic calcification and the risk of osteoporosisand fractures. J Clin Endocrinol Metab 2004;89:4246–53.

[7] Tankó LB, Christiansen C, Cox DA, et al. Relationship between osteoporo-sis and cardiovascular disease in postmenopausal women. J Bone Miner Res2005;20:1912–20 [Epub 2005 Jul 18].

[8] London GM, Marty C, Marchais SJ, et al. Arterial calcifications and bone histo-morphometry in end-stage renal disease. J Am Soc Nephrol 2004;15:1943–51.

[9] Barreto DV, Barreto FC, Carvalho AB, et al. Coronary calcification in hemodialysispatients: the contribution of traditional and uremia-related risk factors. KidneyInt 2005;67:1576–82.

10] Alem AM, Sherrard DJ, Gillen DL, et al. Increased risk of hip fracture amongpatients with end-stage renal disease. Kidney Int 2000;58:396–9.

11] Stehman-Breen CO, Sherrard DJ, Alem AM, et al. Risk factors for hip fractureamong patients with end-stage renal disease. Kidney Int 2000;58:2200–5.

12] Dooley AC, Weiss NS, Kestenbaum B. Increased risk of hip fracture among men

with CKD. Am J Kidney Dis 2008;51:38–44.

13] Bass E, French DD, Bradham DD, et al. Risk-adjusted mortality rates of elderlyveterans with hip fractures. Ann Epidemiol 2007;17:514–9.

14] Ball AM, Gillen DL, Sherrard D, et al. Risk of hip fracture among dialysis andrenal transplant recipients. JAMA 2002;288:3014–8.

Page 4: Prise en charge des fractures des hémodialysés

du rh

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

[

levels. Clin Nephrol 2009;72:423–9.

M. Cohen-Solal, M.-C. de Vernejoul / Revue

15] Jadoul M, Albert JM, Akiba T, et al. Incidence and risk factors for hip or other bonefractures among hemodialysis patients in the Dialysis Outcomes and PracticePatterns Study. Kidney Int 2006;70:1358–66.

16] Jamal SA, Leiter RE, Jassal V, et al. Impaired muscle strength is associatedwith fractures in hemodialysis patients. Osteoporos Int 2006;17:1390–7 [Epub2006 Jun 24].

17] Urena P, Bernard-Poenaru O, Ostertag A, et al. Bone mineral density, bioche-mical markers and skeletal fractures in haemodialysis patients. Nephrol DialTransplant 2003;18:2325–31.

18] Ott SM. Bone density in patients with chronic kidney disease stages 4–5.Nephrology (Carlton) 2009;14:395–403.

19] Jamal SA, Hayden JA, Beyene J. Low bone mineral density and fractures in long-term hemodialysis patients: a meta-analysis. Am J Kidney Dis 2007;49:674–81.

20] Jamal SA, West SL, Miller PD. Fracture risk assessment in patients with chronickidney disease. Osteoporos Int 2012;23:1191–8.

21] Jamal SA, Gilbert J, Gordon C, et al. Cortical pQCT measures are associated withfractures in dialysis patients. J Bone Miner Res 2006;21:543–8.

22] Bacchetta J, Boutroy S, Vilayphiou N, et al. Early impairment of trabecularmicroarchitecture assessed with HR-pQCT in patients with stage II–IV chronickidney disease. J Bone Miner Res 2010;25:849–57.

23] Cejka D, Patsch JM, Weber M, et al. Bone microarchitecture in hemodialysispatients assessed by HR-pQCT. Clin J Am Soc Nephrol 2011;6:2264–71.

24] Negri AL, Del Valle EE, Zanchetta MB, et al. Evaluation of bone microarchitectureby high-resolution peripheral quantitative computed tomography (HR-pQCT)in hemodialysis patients. Osteoporos Int 2012;23:2543–50.

25] Coco M, Rush H. Increased incidence of hip fractures in dialysis patients withlow serum parathyroid hormone. Am J Kidney Dis 2000;36:1115–21.

[

[

umatisme monographies 80 (2013) 74–77 77

26] Atsumi K, Kushida K, Yamazaki K, et al. Risk factors for vertebral fractures inrenal osteodystrophy. Am J Kidney Dis 1999;33:287–93.

27] Visekruna M, Wilson D, McKiernan FE. Severely suppressed bone turnover andatypical skeletal fragility. J Clin Endocrinol Metab 2008;93:2948–52.

28] Del Valle E, Negri AL, Aguirre C, et al. Prevalence of 25(OH) vitamin Dinsufficiency and deficiency in chronic kidney disease stage 5 patients on hemo-dialysis. Hemodial Int 2007;11:315–21.

29] Carter JL, O’Riordan SE, Eaglestone GL, et al. Bone mineral metabolism and itsrelationship to kidney disease in a residential care home population: a cross-sectional study. Nephrol Dial Transplant 2008;23:3554–65.

30] Al-Aly Z, Qazi RA, González EA, et al. Changes in serum 25-hydroxyvitaminD and plasma intact PTH levels following treatment with ergocalciferol inpatients with CKD. Am J Kidney Dis 2007;50:59–68.

31] Coen G, Mantella D, Manni M, et al. 25-hydroxyvitamin D levels andbone histomorphometry in hemodialysis renal osteodystrophy. Kidney Int2005;68:1840–8.

32] Hernández E, Valera R, Alonzo E, et al. Effects of raloxifene on bone metabolismand serum lipids in postmenopausal women on chronic hemodialysis. KidneyInt 2003;63:2269–74.

33] Eriguchi R, Umakoshi J, Miura S, et al. Raloxifene ameliorates progressive boneloss in postmenopausal dialysis patients with controlled parathyroid hormone

34] Jamal SA, West SL, Miller PD. Bone and kidney disease: diagnostic and thera-peutic implications. Curr Rheumatol Rep 2012;14:217–23.

35] Block GA, Bone HG, Fang L, et al. A single-dose study of denosumab in patientswith various degrees of renal impairment. J Bone Miner Res 2012;27:1471–9.