pourparlers automne 2013

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À L’INTÉRIEUR 2 NÉGOCIATION Défendre les patients contre l’austérité 3 SALAIRES Hausses salariales supérieures pour les cadres MANQUE DE PERSONNEL Des travailleurs du Manitoba ont gain de cause 8 EMPLOIS Le SCFP-C.-B. s’attaque au travail précaire EN VEDETTE Pour protéger les emplois à temps plein pages 4 et 5 CONGÉS DE MALADIE Congés de maladie vs régimes d’invalidité de longue durée pages 6 et 7 ressource pour les négociations du SCFP AUTOMNE 2013 SCFP SERVICE DE RECHERCHE POURPARLERS AUTOMNE 2013 1 Le nombre de membres du SCFP occupant des emplois à temps partiel a augmenté au cours des dernières années. Par conséquent, les enjeux concernant directement ces travailleurs ont pris davantage de place à la table de négociations. En 2004, 30,6 pour cent des membres du SCFP travaillaient à temps partiel. Depuis, ce pourcentage a augmenté à toutes les années. À la fin de 2012, 32,2 pour cent de nos 627 000 membres étaient des travailleurs à temps partiel. Autrement dit, nous avons maintenant 37 000 membres à temps partiel de plus qu’en 2004. Les employeurs ont recours aux travailleurs à temps partiel parce qu’ils peuvent habituellement les payer moins et leur offrir peu d’avantages sociaux et des conditions de travail inférieures. Comment les travailleurs à temps partiel du SCFP se débrouillent-ils? Les faits indiquent que nos sections locales s’adaptent au phénomène. Les enjeux d’importance pour nos membres à temps partiel sont davantage discutés à la table. Le Système d’information sur les conventions collectives (SICC) du SCFP assure le suivi des clauses de convention collective qui constituent des enjeux TENDANCES EN MATIÈRE DE NÉGOCIATION TRAVAIL À TEMPS PARTIEL De meilleures ententes pour les travailleurs à temps partiel suite à la page 7 4,8% 4,2% 4,0% 4,9% 6,5% 7,4% 5,5% 7,5% 7,3% 8% 7% 6% 5% 4% 3% 2% 1% 0% 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 Négociations portant sur des enjeux chers aux travailleurs à temps partiel

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Page 1: Pourparlers automne 2013

À L’INTÉRIEUR

2 NÉGOCIATION

Défendre les patients contre l’austérité

3 SALAIRES

Hausses salariales supérieures pour les cadres

MANQUE DE

PERSONNEL

Des travailleurs du Manitoba ont gain de cause

8 EMPLOIS

Le SCFP-C.-B. s’attaque au travail précaire

EN VEDETTEPour protéger les emplois à temps plein pages 4 et 5

CONGÉS DE MALADIE

Congés de maladie vs régimes d’invalidité de longue durée pages 6 et 7

ressource pour les négociations du SCFP

AUTOMNE 2013

SCFP SERVICE DE RECHERCHE POURPARLERS AUTOMNE 2013 1

Le nombre de membres du SCFP occupant des emplois à temps partiel a augmenté au cours des dernières années. Par conséquent, les enjeux concernant directement ces travailleurs ont pris davantage de place à la table de négociations.

En 2004, 30,6 pour cent des membres du SCFP travaillaient à temps partiel. Depuis, ce pourcentage a augmenté à toutes les années. À la fin de 2012, 32,2 pour cent de nos 627 000 membres étaient des travailleurs à temps partiel.

Autrement dit, nous avons maintenant 37 000 membres à temps partiel de plus qu’en 2004.

Les employeurs ont recours aux travailleurs à temps partiel parce qu’ils peuvent habituellement les payer moins et leur offrir peu d’avantages sociaux et des conditions de travail inférieures.

Comment les travailleurs à temps partiel du SCFP se débrouillent-ils? Les faits indiquent que nos sections locales s’adaptent au phénomène. Les enjeux d’importance pour nos membres à temps partiel sont davantage discutés à la table.

Le Système d’information sur les conventions collectives (SICC) du SCFP assure le suivi des clauses de convention collective qui constituent des enjeux

TENDANCES EN MATIÈRE DE NÉGOCIATION TRAVAIL À TEMPS PARTIEL

De meilleures ententes pour les travailleurs à temps partiel

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0%2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

Négociations portant sur des enjeux chers aux travailleurs à temps partiel

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Pouparlers est offert quatre fois l’an. Son but premier est de fournir aux comités de négociations des sections locales du SCFP, aux dirigeants élus et aux conseillers syndicaux l’information nécessaire pour préparer – et négocier – les demandes de négociations.

Trouvez les numéros précédents du bulletin en ligne à scfp.ca/pourparlers

Recevez les bulletins par courriel à scfp.ca/abonnement

Veuillez envoyer toutes corrections, questions ou contributions à Margot Young par courriel au [email protected]

SEPB 491

2 SCFP SERVICE DE RECHERCHE POURPARLERS AUTOMNE 2013

Les soins à domicile ne font pas partie de notre système universel de soins de santé, ce qui crée un écart entre les besoins des patients et les soins qui leur sont offerts. Des entreprises à but lucratif en profitent. En Ontario par exemple, 70 pour cent des fournisseurs de soins à domicile sont des entreprises à but lucratif.

De plus, le financement accordé aux soins à domicile n’a pas crû au même rythme que le financement du secteur de la santé. En Ontario, le budget de 2013 prévoit une augmentation du finance-ment des soins à domicile de l’ordre de 6 pour cent, alors que la croissance de la demande de services est en moyenne de 11 pour cent par année. Les budgets de plus en plus serrés des services de santé

ont stimulé la demande pour les soins à domicile, parce que les patients sont renvoyés à la maison plus tôt.

De nombreuses agences ressentent la pression. À la Central Neighbourhood House (CNH) de Toronto, le financement a été gelé. Alors que son personnel touche déjà des salaires à la limite du seuil de la pauvreté, la CNH a demandé à la section locale d’accepter des concessions en cours de convention. On a demandé aux travailleurs de consentir à des réductions de l’ordre de 11 pour cent pour certains avantages sociaux et indemnités comme celle accordée pour les heures de dépla-cement. La CNH a fait valoir que l’autre solution était la fermeture du service de soins à domicile, l’abandon de centaines de clients et la mise à pied de 160 prépo-sés œuvrant auprès des patients.

Ces travailleurs gagnent en moyenne 18 423 $ par année, ce qui est un peu au-dessous du seuil de pauvreté pour une personne seule vivant à Toronto. Pour une famille monoparentale, c’est tout simple-ment insuffisant.

La main-d’œuvre des soins à domicile, en majorité des femmes, vit dans la pré-carité. La plupart ne sont pas syndiquées. Dans les zones urbaines, le personnel des soins à domicile est composé surtout de travailleuses racisées. À Toronto, par exemple, on retrouve de nombreuses Canadiennes d’origine africaine.

Les membres de la section locale 4308 ont agi. Ils ont travaillé de concert avec leurs alliés communautaires et ont fait appel aux patients, aux résidents et aux élus. Lorsque le député libéral

provincial Glen Murray a organisé une assemblée publique non loin de la CNH, les membres ont rempli la salle et ont fait valoir avec éloquence la nécessité d’un financement accru.

Les patients recevant des soins à domicile sont souvent physiquement incapables de prendre part aux réunions et aux manifestations. Avec l’aide d’un groupe de jeunes femmes, la section locale 4308 a donc organisé un événe-ment au cours duquel ils ont découpé et peint des silhouettes de patients grandeur nature. Ces portraits anonymes projetaient une image très évocatrice d’un patient. Chaque portrait était accompagné d’une courte description de la situation du patient et du soutien dont il est privé en raison du manque de financement.

Les membres ont aussi lancé leur cri d’alarme dans les médias et ont obtenu une bonne couverture télé à CTV et au G98.7 FM, une station de radio afro-canadienne.

De nombreux membres se sont impliqués à fond dans cette campagne. Finalement, la CNH a annoncé que de nouvelles ressources lui permettraient de minimiser les compressions.

Le succès de cette section locale est la preuve que nous pouvons changer les choses dans nos milieux de travail et dans nos collectivités. La section locale 4308 continue à se battre contre les injus-tices dans le secteur des soins à domicile afin d’améliorer la vie des patients et de ses membres.

■ Kelly O’Sullivan et Jonah Gindin

NÉGOCIATION SOINS À DOMICILE

La section locale 4308 défend les patients et lutte contre l’austérité

Des employés de la Central Neighbour-hood House (section locale 4308 du SCFP) ont manifesté pour signifier leur opposition aux concessions demandées par l’employeur en cours de convention collective.

Page 3: Pourparlers automne 2013

SCFP SERVICE DE RECHERCHE POURPARLERS AUTOMNE 2013 3

Au Canada, le salaire horaire des cadres à temps plein a augmenté de 34,7 pour cent entre 1998 et 2011, selon les données contenues dans un nouveau rapport de Statistique Canada.

Malheureusement, pour le reste d’entre nous, la situation est loin d’être aussi rose.

Dans le secteur de la santé, les tra-vailleurs ont vu leurs salaires augmenter de 3,8 pour cent au cours de la même période de 13 ans. C’est environ un quart de un pour cent par année. Dans les secteurs des sciences sociales, de l’éduca-tion et des services gouvernementaux, la hausse est encore moindre, soit 2,5 pour cent seulement.

Et le pire dans tout cela? Les travailleurs dans les secteurs de la trans-formation, de la fabrication et des services publics n’ont eu droit qu’à une hausse de 1,5 pour cent de 1998 à 2001. Tous les pourcentages sont présentés en dollars constants, c’est-à-dire qu’ils tiennent compte de l’inflation.

En dehors des postes de cadres, ce sont les salaires des professions propres aux industries primaires qui ont le plus augmenté, avec une hausse de 15 pour cent due, apparemment, à une demande accrue de produits comme le pétrole et le cuivre.

Malgré la faible croissance des salaires, le produit intérieur brut (PIB) par habitant a augmenté de 18,6 pour cent en dollars constants de juillet 1998 à juillet 2011. Certains en ont donc profité. C’est le cas des cadres avec une augmentation du salaire horaire qui, en pourcentage, a été presque deux fois plus importante que la croissance du PIB par habitant.

Mais les nouvelles ne sont pas toutes mauvaises. La situation des travailleurs syndiqués, que ce soit dans le secteur public ou dans le secteur privé, s’est légèrement améliorée. Selon d’autres données de Statistique Canada, les salaires des hommes syndiqués travaillant à temps plein ont augmenté de 6,5 pour cent en dollars constants, pendant que ceux des femmes syndiquées travaillant à temps plein connaissaient une hausse de 11,4 pour cent.

Bien que ces augmentations ne suivent pas la croissance de l’économie et soient toujours bien inférieures aux hausses consenties aux cadres, elles sont meil-leures que celles des autres travailleurs.

■ Doug Allan

Cet article est adapté du blogue Defending Public Healthcare du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario/SCFP. Pour en savoir plus, consultez ochuleftwords.blogspot.ca

TENDANCES EN MATIÈRE DE NÉGOCIATION SALAIRES

Hausses salariales supérieures à la croissance pour les cadres, mais pas pour les travailleurs

OccupationsSalaires horaires médians

1998(En $ de 2010)

2011(En $ de 2010)

Changement%

Cadres 24,87 33,5 34,7

Affaires, finance et administration 19,14 19,86 3,8

Sciences naturelles, sciences appliquées et domaines connexes 26,17 29,79 13,8

Santé 22,97 23,84 3,8

Sciences sociales, éducation, services gouvernementaux 26,64 27,32 2,5

Ventes et services 13,72 14,52 5,9

Métiers, transport et opérateurs de machinerie 20,42 21,3 4,3

Industrie primaire 14,04 16,14 15

Transformation, à la fabrication et services publics 17,03 17,24 12 suite à la page 8

En juillet et en août, les membres du SCFP des foyers de soins du Mani-toba ont érigé une série de piquets d’information devant le foyer de soins Maples et le centre de soins Lions Housing à Winnipeg.

Des centaines de membres et de sympathisants ont manifesté contre le manque de personnel dans les établis-sements de soins de la province. Les membres des sections locales 2719 et 3729 comprenant des aides-soignants, des aides-diététistes, du personnel des cuisines et des aides-nutrition-nistes, ont entrepris une campagne pour obtenir des niveaux de dotation en personnel permettant d’offrir aux patients la qualité et le niveau de soins qu’ils méritent.

Les deux sections locales ont tenu des votes de grève et, par une forte majorité, les membres se sont pro-noncés en faveur de la grève si leurs employeurs refusaient d’aborder cet enjeu important.

Des membres de la section locale 2719 du SCFP ont organisé un piquet d’information à l’extérieur du foyer de soins Maples à Winnipeg

TENDANCES EN MATIÈRE DE NÉGOCIATION MANQUE DE PERSONNEL

Des travailleurs du Manitoba ont gain de cause

Page 4: Pourparlers automne 2013

4 SCFP SERVICE DE RECHERCHE POURPARLERS AUTOMNE 2013

Ces sections locales font aussi état de certains emplois dont la durée est réduite au maximum grâce à une méthode de classification « créative ». Certains postes importants, par exemple, sont abolis lorsque le projet qui s’y rattache prend fin.

Toutes ces mesures accroissent la main-d’œuvre temporaire, une main-d’œuvre plus vulnérable face à la sous-traitance et plus susceptible de tomber entre les mailles du filet de la convention collective.

Cette année, le Groupe de recherche sur la pauvreté et la précarité en emploi dans le sud de l’Ontario (PEPSO) a publié une étude portant

sur certains aspects du travail précaire dans la grande région de Toronto. L’étude, intitulée Plus que la pauvreté, démontre l’ampleur des conséquences économiques et sociales de la précarité de l’emploi tant pour les gens que pour la société.

Voici quelques conclusions de l’étude : • Les emplois précaires ont augmenté

de près de 50 pour cent en 20 ans. • Les personnes de race blanche et les

immigrants qui vivent au Canada depuis plus de 20 ans ont plus de chances d’occuper un emploi stable, alors que les nouveaux arrivants et les travailleurs racisés sont plus

susceptibles d’occuper un emploi précaire.

• Les personnes considérées comme ayant des emplois précaires disent être payées souvent en argent comp-tant, et cela c’est si elles sont payées; leurs horaires sont irréguliers et leurs heures de travail souvent réduites; elles craignent davantage de faire valoir leurs droits dans leur milieu de travail. La situation s’aggrave, mais elle

commence à attirer l’attention. Le député fédéral Andrew Cash du NPD présentera sous peu un projet de loi d’initiative parlementaire pour proté-ger les droits des travailleurs à temps partiel, temporaires et occasionnels en milieu urbain. Le projet de loi amélio-rerait leur accès à l’assurance-emploi, empêcherait leur classification inexacte comme travailleurs autonomes et faciliterait l’application des lois qui interdisent l’utilisation abusive des stages non rémunérés, entre autres.

Ce type de loi est important parce que les emplois précaires font en sorte qu’il est plus difficile pour les travail-leurs de se syndiquer. L’enjeu de la précarité est de plus en plus présent à la table de négociations pour les membres du SCFP.

Nous pouvons aborder le problème de différentes façons. Par exemple, une section locale pourrait, avec l’aide de son conseiller syndical, constituer une base de données sur certaines classifi-cations d’emplois ou certains services

EN VEDETTE LE TRAVAIL PRÉCAIRE

Lutter pour protéger les emplois à temps plein

Des sympathisants de la section locale 4948 du SCFP manifestent en appui aux employés des bibliothèques de Toronto

PHOTO: JOSHUA BERSON PHOTOGRAPHY

Dans tous les secteurs, les membres du SCFP doivent se battre contre leurs employeurs pour conserver leurs postes permanents à temps plein. En Ontario, les sections locales représentant les employés municipaux constatent une progression insidieuse du nombre de postes vacants non comblés, mais comptabilisés comme des postes à temps plein. Le 30 juin, la Ville de Toronto comptait 2542 postes vacants, un taux de 4,9 pour cent. Dans le passé, environ 3 pour cent seulement des postes étaient vacants à tout moment.

Page 5: Pourparlers automne 2013

SCFP SERVICE DE RECHERCHE POURPARLERS AUTOMNE 2013 5

afin d’en surveiller les fluctuations chez un employeur donné ou dans un service en particulier. Cet exercice de repérage peut se faire à l’aide de la liste d’ancienneté ou des renseignements contenus dans le budget municipal.

On peut aussi agir pour combattre la précarisation du travail. Les sections locales peuvent privilégier et bonifier les clauses de conventions collectives sur la sécurité d’emploi lors des négo-ciations. On peut faire valoir auprès des employeurs et du public les raisons pour lesquelles certaines classes d’em-plois ne devraient pas être réduites au statut d’emploi à temps partiel ou occasionnel.

Que ce soit pendant les négociations ou par la suite, la section locale 4948 du SCFP, qui représente les employés des bibliothèques publiques de Toronto, a été très active dans le dossier de la sécurité d’emploi en 2011. Face à un employeur déterminé à donner le coup de grâce aux clauses de sécurité d’emploi, la section locale a su mettre en relief les effets du travail précaire sur ses membres. Ses membres ont démontré que le problème n’est pas seulement économique, mais qu’il peut aussi être vu dans la perspective de l’égalité homme-femme, compte tenu du nombre élevé de femmes dans la profession.

Grâce à une campagne publique efficace, qui a bénéficié du soutien de plusieurs célébrités canadiennes, la section locale a réussi à repousser les demandes les plus extrêmes de l’employeur et a même fait quelques gains modestes. La menace de la conversion de postes à temps plein en postes à temps partiel a été écartée, les avantages sociaux des travailleurs à temps partiel ont été adaptés à leurs conditions de travail particulières et les reculs en matière de sécurité d’emploi ont été limités aux employés ayant moins d’onze années d’ancienneté. La norme est de 15 ans pour les autres travailleurs de Toronto.

« Nous avons fait une grève d’onze jours, nous avons résisté à toutes les concessions demandées en matière de sécurité d’emploi sauf une et nous

avons gagné », s’est réjouie Maureen O’Reilly, présidente de la section locale 4948 du SCFP, dans un entretien accordé à Feliciter, le magazine de l’As-sociation canadienne des bibliothèques.

Malheureusement, la moitié des travailleurs de la section locale sont toujours à temps partiel. Pire encore, le travail temporaire ou précaire prolifère dans plusieurs administra-

tions. Pour Maureen O’Reilly, cette situat io n souligne l’importance de la syndicalisation.

« Il faut faire pression sur nos associations pour qu’elles soient plus centrées sur l’employé. Il ne faut pas craindre la syndicalisation mais au

contraire saisir la chance qu’elle nous offre. Il faut trouver et appuyer des lea-ders qui nous motivent à riposter. Il faut s’engager dans l’arène politique. Surtout, il faut respecter notre travail et amé-liorer notre statut, nos salaires et nos conditions de travail, » a-t-elle conclu.

La campagne de la section locale 4948 du SCFP a prouvé que les négo-ciations n’arrivent pas seulement aux

trois ou quatre ans, mais sont plutôt un processus continu. Les gains pour les membres ne s’obtiennent pas unique-ment à la table de négociations. Ils se préparent des jours, des mois et des années à l’avance.

■ Simon Collins

PHOTO: JOSHUA BERSON PHOTOGRAPHY

L’auteure Margaret Atwood envoie des messages d’appui aux bibliothèques publiques sur Twitter.

Margaret Atwood @MargaretAtwood Il n’y a pas de meilleur berceau pour la democratie qu’une bibliothèque publique gratuite...*

Margaret Atwood @MargaretAtwood Électeurs torontois : votre conseiller ne vous écoute pas. Dites-lui que vous voulez garder votre bibliothèque publique http://bit.ly/z05zL3 ** Traduction du SCFP

Page 6: Pourparlers automne 2013

6 SCFP SERVICE DE RECHERCHE POURPARLERS AUTOMNE 2013

Les employeurs ciblent de plus en plus les clauses régissant les banques de congés de maladie lors des négociations. Dans la foulée des changements apportés aux normes comptables dans le secteur public, ces clauses sont désormais considérées comme un passif. Dans certains cas, les employeurs ont réagi en éliminant tout simplement les banques de congés.

Dans d’autres cas, des solutions de rechange sont proposées, comme des indemnités hebdomadaires ou des régimes d’invalidité de courte durée. Mais qu’est-ce que cela signifie pour les membres du SCFP ? Comment prendre les bonnes décisions lors des négociations?

La première étape consiste à évaluer votre banque de congés de maladie pour savoir si elle répond aux besoins de vos membres. Répondez aux ques-tions suivantes pour évaluer votre régime :• Votre banque couvre-t-elle 100 pour

cent du salaire perdu?• Comment les congés de maladie

sont-ils accumulés? • Combien de jours peuvent être

accumulés par mois? Par année?• Quelle est l’accumulation totale

permise? • Combien de jours peuvent être

reportés d’une année à l’autre? • Dans quelles circonstances un congé

de maladie peut-il être utilisé?

• La fréquence d’utilisation entraîne-t-elle des pénalités, comme une indemnité réduite le premier jour d’une absence pour maladie ou blessure?

• Peut-on utiliser moins d’une jour-née complète?

• Qu’arrive-t-il si un travailleur n’a pas assez de congés de maladie pour couvrir une absence?

• Les congés non utilisés sont-ils payés?

Avant d’envisager tout changement à votre banque de congés de maladie, vous devez ensuite vous poser la ques-tion suivante : Qu’est-ce qui remplacera le régime actuel de protection contre les périodes de pertes de revenu de courte durée?

Si la réponse est un régime d’inva-lidité de courte durée ou d’indemnités hebdomadaires, vous êtes sur la bonne voie. De bons régimes d’invalidité de courte durée ou d’indemnités hebdo-madaires pourraient protéger un plus grand nombre de membres qu’une banque de congés de maladie, dans la mesure où beaucoup de gens atteints d’une maladie chronique pourraient ne pas pouvoir compter sur une banque de congés de maladie en cas de besoin.

Posez-vous aussi les questions suivantes sur le régime d’invalidité de

courte durée ou d’indemnités hebdo-madaires qui vous est proposé : • Quand un travailleur devient-il

admissible?• Quels sont les niveaux de presta-

tions? Quelle proportion du salaire normal est couverte?

• Le niveau des prestations est-il progressif?

• Combien d’années faut-il pour atteindre le niveau maximal de prestations?

• Y a-t-il d’autres clauses de congés de maladie payés? À quel niveau? À quelles fins?

• Le niveau des prestations est-il réta-bli à date fixe ou après une période déterminée suivant une demande d’indemnisation?

• Le programme prévoit-il la tran-sition vers un régime d’invalidité de longue durée? Qu’arrive-t-il si un employé prend un plus grand nombre de congés de maladie que ce que prévoit le régime?

• Le régime prévoit-il des pénalités en cas de maladies ou de blessures récurrentes?

• Y a-t-il des exceptions? • Un travailleur peut-il utiliser

d’autres congés ou des congés de maladie accumulés pour compléter le programme? La réponse à ces questions vous

aidera à comparer vos options. Pour la plupart des sections locales, le meil-leur régime devrait comprendre des congés de maladie, une petite banque de congés et un régime d’invalidité de courte durée.

Il est très important de comparer les clauses en vigueur aux clauses proposées afin de déterminer ce qui protégera le mieux vos membres et la sécurité de leurs revenus.

■ Jordana Feist

TENDANCES EN MATIÈRE DE NÉGOCIATION CONGÉS DE MALADIE

Comparons les dispositions relatives aux congés de maladie aux régimes d’invalidité de longue durée

Conventions collectives du SCFP et des congés de maladie

Conventions comportant une clause de congés de maladie 93 %

Conventions comportant une clause d’accumulation de congés de maladie (y compris les régimes qui ont connu un gel de l’accumulation)

75 %

Conventions comportant des clauses d’invalidité de courte durée 29 %

Données tirées du Système d’information sur les conventions collectives du SCFP

Page 7: Pourparlers automne 2013

SCFP SERVICE DE RECHERCHE POURPARLERS AUTOMNE 2013 7

pour les membres à temps partiel : les jours fériés, les congés annuels, les avantages sociaux, les congés de maladie, la progression salariale ou l’ancienneté. Comme le montre le tableau en page 1, les négociations sur ces enjeux ont augmenté au fil des ans.

En 2004, 4,8 pour cent des chan-gements aux conventions collectives portaient sur des questions affectant les membres à temps partiel. En 2012, ce pourcentage était passé à 7,3 pour cent. Après un recul en 2010, la tendance à la hausse s’est poursuivie l’année suivante.

Les résultats à la table de négociations doivent refléter les préoccupations de nos membres. À mesure que notre effectif change, nous nous ajustons, ce qui rend les syndicats encore plus pertinents dans nos milieux de travail.

■ Brian Edgecombe

Banque de congés de maladie Une banque de congés de

maladie contient les heures ou les jours de maladie accumulés au cours d’une période d’emploi, jusqu’à un nombre maximum de jours. Certaines banques vous permettent d’obtenir le paiement d’une partie ou de la totalité des congés de maladie inutilisés au moment du départ à la retraite (environ 20 pour cent des conventions du SCFP permettant l’accumulation des congés de maladie le prévoient). Environ les trois quarts des conventions du SCFP comprennent un type ou un autre de banque de congés de maladie ou de programme d’accumulation qui varie entre 3 et 480 jours.

Régime d’indemnités hebdomadaires

Les régimes d’indemnités hebdomadaires sont habituellement fournis par une compagnie d’assurance et ils couvrent les maladies et les blessures non professionnelles. Ils prévoient souvent de courtes périodes d’attente avant le versement des prestations, particulièrement dans le cas de maladies qui n’exigent pas d’hospitalisation.

Ces régimes peuvent ne pas couvrir les maladies d’une durée de moins de trois jours et ne couvrent

habituellement pas les maladies ou les blessures d’une durée supérieure à 26 semaines. Ils pourraient ne pas couvrir non plus la période précédant les prestations spéciales d’assurance-emploi, ce qui oblige le membre malade ou blessé à faire la transition d’un régime à l’autre et inversement.

Invalidité de courte durée Les régimes d’invalidité de

courte durée sont généralement financés par l’employeur et assurent un minimum de 55 pour cent du salaire pour une maladie ou une blessure d’une durée de plus d’une semaine. Les employeurs qui offrent ces régimes sont admissibles à un rabais de cotisations à l’assurance-emploi car ils offrent une assurance à des travailleurs qui, autrement, toucheraient des prestations spéciales d’assurance-emploi.

Il n’y a généralement pas de période d’attente pour ces prestations. Pour ce qui est de protéger les membres contre des pertes de revenus, les clauses des conventions collectives du SCFP portant sur ce type de régimes obtiennent des notes de correctes à excellentes.

Prestations spéciales d’assurance-emploi

Les prestations spéciales d’assurance-emploi sont une assurance-invalidité de courte durée financée par le gouvernement par l’entremise du programme d’assurance-emploi. Cette protection est offerte aux travailleurs qui ont subi une blessure, qui sont malades ou qui sont en quarantaine. Les prestations de ce programme couvrent 55 pour cent du salaire après une période d’attente de deux semaines jusqu’à concurrence de 15 semaines.

Congés de maladie : quels sont les choix ?

Suite de la page 1

TENDANCES EN MATIÈRE DE NÉGOCIATION TRAVAIL À TEMPS PARTIEL

Page 8: Pourparlers automne 2013

8 SCFP SERVICE DE RECHERCHE POURPARLERS AUTOMNE 2013

Au Canada, plus de 15 pour cent des travailleurs occupent des emplois temporaires. Ils bénéficient de la sécurité d’emploi pour la durée de leur travail, sans plus. Depuis 1989, le nombre de travailleurs occupant des emplois temporaires a doublé.

Ces gens font partie de ce qui s’appelle désormais le « précariat », un groupe formé de travailleurs sans emploi stable ou prévisible.

Il existe plusieurs définitions de travail précaire, mais la plupart des travailleurs touchés ont en commun de se retrouver dans des milieux de travail où les employeurs se déchargent de leurs responsabilités et font assumer tous les risques par les employés.

En plus des employés temporaires, le précariat comprend ceux qui sont travailleurs autonomes parce qu’ils ne peuvent pas se trouver d’emploi, ceux qui travaillent à temps partiel contre leur gré et ceux qui occupent plus d’un emploi n’offrant

que peu ou pas d’avantages sociaux. L’absence d’avantages sociaux, comme l’assurance-maladie complémentaire et les régimes de retraite, est une caractéristique du travail précaire.

De nombreux travailleurs précaires n’ont aucune protection syndicale, mais certains sont parmi nos propres rangs. Le SCFP-Colombie-Britannique mène régulièrement des sondages auprès de ses 85 000 membres. Dans l’un de ces sondages, près d’un quart des personnes qui étaient membres du syndicat depuis moins de quatre ans disaient être employés temporaires.

Plus d’un tiers des membres du SCFP-C.-B. se décrivent comme des travailleurs à temps partiel. En 2012, près d’un membre sur cinq disait avoir un autre emploi à temps partiel ou occasionnel.

Le SCFP-C.-B. a créé le Groupe de travail sur le travail précaire pour examiner en profondeur les difficultés que vivent certains de nos membres et les moyens à prendre pour les aider. Paul Albrecht, président de la section locale 403, dirige le Groupe de travail. Tout en reconnaissant qu’une certaine forme de travail temporaire est néces-saire, il croit que nous n’en savons pas assez sur la question.

« Cela dépasse le milieu de travail, a affirmé M. Albrecht. Les travailleurs temporaires ne peuvent même pas demander de prêt à une banque. »

Au sujet du mandat du Groupe de travail, Paul Albrecht souligne que « nous devons offrir aux travailleurs précaires les protections, les avan-tages et la sécurité auxquels les autres travailleurs ont droit ».

Que veulent les travailleurs pré-caires? En 2010, le SCFP-C.-B. a réuni des membres occupant un emploi précaire pour leur demander de parler de leurs préoccupations. Pour eux, la sécurité d’emploi et un meilleur

salaire étaient des priorités, suivis de l’assurance-maladie complémentaire, des heures de travail et des horaires. Mais pour d’autres, les changements d’horaires constants et l’absence d’avantages sociaux étaient aussi problématiques. La plupart croyaient que l’adhésion à un syndicat compor-tait beaucoup plus de bons côtés que de mauvais.

Le Groupe de travail poursui-vra ses travaux cet automne et d’autres informations seront bientôt disponibles.

■ Keith Reynolds

suite de la page 3

TENDANCES EN MATIÈRE DE NÉGOCIATIONS MANQUE DE PERSONNEL

TENDANCES EN MATIÈRE DE NÉGOCIATION EMPLOIS TEMPORAIRES

Le SCFP-C.-B. s’attaque au travail précaire

Les membres de la section locale 2719 ont forcé Revera, le propriétaire du foyer Maples, à signer une lettre d’entente l’enga-geant à atteindre et à maintenir la pleine dotation en personnel d’ici octobre 2013. La section locale a aussi négocié avec succès la parité salariale avec d’autres foyers des soins exploités par Revera.

Bien que cette victoire négo-ciée ait permis à la section locale 2719 de réaliser des progrès, la question du manque de personnel n’est pas encore entièrement réglée.

Le SCFP-Manitoba a d’ail-leurs entrepris une campagne provinciale pour sensibiliser la population au problème du manque de personnel dans les établissements de soins de longue durée.

■ David Jacks

Paul Albrecht, président de la section locale 403 et président du Groupe de travail sur le travail précaire.