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Culture Chanson Presse Livres Multimédia Actualités La Toussaint dans le cycle des saisons Portrait Michel Crosson Un fabuleux destin Réflexion Qu’est-ce qui fait bouger l’école ? En seignement catholique www.scolanet.org ACTUALITÉS Formation Rome, mode d’emploi Numéro 287, octobre 2004, 4,50 e Relire le quotidien et s’engager DOSSIER

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CultureC h a n s o n

P r e s s eL iv r e s

M u l t i m é d i a

ActualitésLa Toussaint

dans le cycle

des saisons

PortraitM i chel C r o s s o nUn fabuleuxd e s t i n

RéflexionQu’est-ce qui fait bouger l’école ?

En seignementcatholiquewww.scolanet.org

ACT UAL I T É S

FormationRome, mode d ’ e m p l o i

Numéro 287, octobre 2004, 4,50 €

Re l i re le quotidienet s’engager

D O S S I E R

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Sommaire

N °2 8 7 ,O C TOBRE 2004 Enseignement catholique actualités 3

É d i t o r i a lLe grand rendez-vous 5

A c t u a l i t é sEnseignement cat h o l i q u e 7É d u c at i o n 1 6R e l i g i o n 1 8R evues Expre s s / A g e n d a / B O 2 2

Po r t ra i tM i chel Cro s s o nUn fabuleux destin 3 6■ Père de famille, veuf, fondateur d’une fra-t e rnité dont il sera prêtre, une carrière d’ins-pecteur d’académie, vingt années en Guyanedont deux comme directeur diocésain, ce mali-cieux aime brouiller les pistes.

I n i t i at ives P ri m a i re

Les mots pour le plaisir 3 8■ En écrivant en commun un roman à clefs,les élèves du cycle 3 du réseau de l’enseigne-ment primaire de Laval (Mayenne) ont décou-vert le patrimoine historique de leur cité et,p e rf o rmance non négligeable, le plaisir de lalecture et de l’écriture.

P ri m a i re

Quand les élèves font leur cirq u e 4 0■ L’école Saint-Maurille, aux Ponts-de-Cé(Maine-et-Loire), a accueilli un cirque-écolependant plus de trois semaines.

G e s t i o nEn entre p rise, des stages très encadrés 4 2■ Par dizaines de milliers, des élèves, de laquatrième au BTS, s’immergent chaque annéedans le monde de l’entreprise. Les conven-tions de stage s’étoffent, pour leur garantir lemeilleur cadre pédagogique.

Fo r m at i o nRome, mode d’emploi 4 4Organisées à la fin du mois d’août dernierà Rome par le Centre pastoral d’accueil quepréside monseigneur Cloupet, les dixièmesSemaines universitaires avaient pour thè-me « Rome à bras-le-corps ».

C u l t u r eC h a n s o n ■ La Bibliothèque nationale de France retrace, le temps d’une exposition, cent

ans de chanson française. 5 8P re s s e ■ M u z e, le dernier-né de Bayard Presse, s’adresse aux filles de 16 à 25 ans qui

aiment la mode un peu, le ciné, la musique, la photo beaucoup, et les livres passionnément. 6 0

L iv re s ■ Une sélection de quinze titres. 6 2M u l t i m é d i a ■CD, DVD et télévision. 6 8

D o s s i e rRe l i re le quotidien et s’engager 2 4

Depuis la fin du mois d’août dernier, l ’ e n s e i g n e m e n tc atholique est entré dans une nouvelle étape de ses assises.

Les établissements, comme les diocèses, v ivent aurythme des initiat ive s , des re n c o n t res et des éch a n g e s .Avant les temps forts des 3 et 4 décembre pro ch a i n ,Enseignement catholique actualités revient sur l’ensembled’une démarche que chaque membre de nos commu -nautés éducat ives est invité à « v i v re avec une intensitép a r t i c u l i è re ». R é flexions et comptes rendus d’actions separtagent les pages de notre dossier. Sans oublier les

renseignements prat i q u e s , avec notamment un « M é m e n t o » destiné aux ch e f sd ’ é t a b l i s s e m e n t .

Les grands partenaires de l’enseignement catholique Ce numéro comporte un encart jeté La Croix.

Pa roles d’élève sLa relation à l’autre, une question d’attitude 4 8■ Nouvelle visite à l’école Sainte-Thérèse-d’Avila, à Marseille. Quelques semaines après la ren-trée, des élèves de CE2, CM1 et CM2 se sont réunis pour évoquer ensemble leur expérience desrelations humaines. Attention à l’autre, communication, confiance, respect et pardon. Amitié.

E n q u ê t eM i n e u rs en prison : vers un possible ailleurs 5 0■ Enseigner en prison, dans les quartiers de mineurs, oblige à un véritable engagement.Comment amener des jeunes souvent très déstructurés, en rupture avec l’institution scolai-re, à renouer avec l’apprentissage ? Impressions et points de vue.

R é fle x i o nQu’est-ce qui fait bouger l’école? 5 4■ Si les choses bougent – et peuvent bouger encore – à l’école, c’est essentiellement du fait desenseignants, des chefs d’établissement, des cadres d’éducation… C’est ce que mettent en évi-dence les auteurs de Tant qu’il y aura des élèves et d’Enquête sur les nouveaux enseignants.

Situer le religieux dans l’histoire et la géogra p h i e 5 6■ L’histoire et la géographie sont des disciplines constamment confrontées à la question dureligieux. Cette confrontation n’est pas nouvelle mais devient de plus en plus sensible. D’unepart, depuis les rapports Joutard et Debray, un nouveau regard est porté sur le fait religieux.D’autre part, l’actualité amène quotidiennement à prendre connaissance d’événementsdans lesquels la religion est impliquée.

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N °2 8 7 ,O C TOBRE 2004 Enseignement catholique actualités 5

Publication officielle du Secrétariat général de l'enseignement catholique / AGICEC■ Directeur de la publicat i o n > Paul Malartre ■ Rédacteur en ch e f > Gilles du Retail ■ Rédacteur en ch e f adjoint > S y l v i eHorguelin ■ Ont participé à la rédaction de ce numéro > Jean-Louis Berger-Bordes, Sophie Bizouard, Élisabeth du Closel, Père Hugues

D e ry cke, Yvon Garel, Véronique Glineur, Bruno Grelon, José Guillemain, Françoise Ladouès, Yves Mariani, Mathilde Raive, Olivia Verdier ■ É d i t i o n > M a r i e - Françoise Comte, Dominique Wasmer (rédacteurs-gra-phistes), René Troin (secrétaire de rédaction) ■ Conception graphique > Pro Public ■ Diffusion et publicité > Inès de Saint-Germain, Jean-Noël Ravolet et Géraldine Brouillet (commandes) ■ R é d a c-tion, administration et abonnements > 277 rue Saint-Jacques, 75 2 40 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46 34 72 79 ■ E - m a i l > [email protected] ■ A b o n n e m e n t > 45 €/an ■ N u m é r ode commission paritaire > 0707 G 79858 ■ I m p r i m e u r > Vincent, 26 avenue Charles-Bedaux, BP 4229, 37042 Tours Cedex 1.

Éditorial

« Le 3 décembre2 0 0 4 , n o u sn ’ i nvitons pas à une journéep é d agogique mais à une “journée des commu n a u t é sé d u c at ive s ” . »

➔À la suite de ses assises de 1993, l’enseignement catholique,en publiant le document « Donner du sens à l’école » ,r é p o n-

dait à la question : l’école pour quoi ?

Les assises lancées en l’an 2000, en invitant à penser l’établisse-ment scolaire autre m e n t , répondaient à la question : l’école com-ment ? La matinée du 1e r d é c e m b re 2001 à l’Unesco avait marquéles esprits par l’audace des résolutions annoncées pour mieuxrépondre aux nouveaux défis éducatifs. Mais loin de fermer unchantier, nous avons alors ouvert une mise en œuvre, une conti-nuité, un approfondissement.

En effet, pour pro l o n ger cette démarche d’assises, nous avo n si nvité toutes les communautés éducatives à se poser une tro i-sième question : l’école pour qui ? Ou, en d’autres termes : quelsens de la personne nos choix pédagogiques et éducatifs quoti-diens révèlent-ils ? Cette question n’est pas théorique ; elle inter-roge nos pratiques à l’aune de la cohérence entre le discourschrétien sur la personne et la réalité vécue dans les relations entreles personnes au sein de l’établissement.

Cette deuxième phase des assises de l’an 2000 est donc centréesur la communauté éducative. C’est pourquoi, le ve n d re d i3 d é c e m b re 2004, nous n’invitons pas à une journée pédag ogi q u emais à une « journée des communautés éducative s » , avec la pré-sence de tous les partenaires. Nous invitons surtout à ne pas enrester à des constats mais à prendre des engagements concretspour faire grandir chaque personne.

Le samedi 4 décembre 2004, ces engagements seront repris pardes rassemblements diocésains. Et en fin de matinée des enga-gements nationaux seront annoncés.

Le grand rendez-vous approche… Nous ne le réussirons qu’en-semble. Merci d’y prendre toute votre part.

Paul MalartreSecrétaire général

de l’enseignement catholique

Le grand re n d e z - vo u s

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Partenaire de référenceen restauration scolaire et services de l’Enseignement.

Avenance Enseignement15 avenue Paul Doumer92508 Rueil Malmaison cedexTél : 01.47.16.51.21Fax : 01.47.16.52.33Internet : www.elior.comN° Vert : 0.800.50.50.60

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enseignement catholiqueActualités

N °2 8 7 ,O C TOBRE 2004 Enseignement catholique actualités 7

Nous sommes réjouis de lasérénité de la rentrée dansl’enseignement public et

dans l’enseignement catholique. »Paul Malartre (notre photo)savait qu’il devrait répondreà des questions sur l’afflux ounon de jeunes filles voilées quiauraient cherché refuge dansdes établissements catholiques.Mais sur ce sujet, nulle « révé-lation ». Pas le moindre « flu xparticulier d’élèves » à signaler.

« Je salue la volonté de dialoguemanifestée par les principaux decollège et les proviseurs de lycéedu public, a tenu à soulignerle secrétaire général de l’en-seignement catholique. Si dansle domaine du religieux et de l’in-terculturel, rien n’est jamaisgagné, nous pensons néanmoinsque cette rentrée aura franchi un

pas dans le domaine de la com-préhension mutuelle ! [ . . . ] N o u savons marqué notre solidaritéavec l’enseignement public pourlutter contre ce qui a été la cau-se de la loi du 15 mars 2004 (nonapplicable aux établissementssous contrat) : le communauta-risme et l’intolérance. C’est pour-quoi nous avons invité tous nosétablissements à préciser, dansleurs règlements intérieurs, ce quiest tolérable et ce qui ne l’est pas.Le dialogue n’empêche pas lavigilance et l’exigence. L’ i n c o m-patibilité éventuelle d’une atti-tude avec le projet éducatif del’établissement, et avec ses exi-gences, constitue une rupture ducontrat moral passé entre lesfamilles et l’établissement. »

S at u rat i o nCette année, les chiffres indi-quent encore une augmenta-tion : + 2 500 à 3 000 élèves (+ 13 000 en 2003, sans unposte supplémentaire). Av e cdes pointes au lycée (+ 0,81 %)et en primaire (+ 0,22 %) ain-si que dans l’enseignementagricole (+ 2 % en un an : un

accroissement qui exprimebien le besoin de form a t i o n scourtes). « Habituellement leflux public-privé était à l’avan-tage du privé en collège et dupublic en lycée. Assisterions-nousà un rééquilibrage ? », s’est inter-rogé Paul Malartre. Nullerégion (hormis le Limousin oule Cher qui perdent respecti-vement 4 , 5 9 % et 4,84 % del e u r s é l è v e s pour cause dedésertification du territoire)n’échappe à cette croissance.Elle est particulièrement fortedans les académies de Ve r-sailles, d’Aix-Marseille ou deDijon et dans des départementscomme le Gers (+ 3,70 %), lesArdennes (+ 2,71 %) ou laMeuse (+ 2 , 3 5 %). Par ailleurs,les internats font le plein.« Saturation » : c’est le term eemployé par Paul Malartrepour exprimer l’état de biendes établissements obligésd’augmenter les effectifs parclasse, faute de pouvoir comp-ter sur de nouveaux postesd’enseignants : « Il y a des seuilsqui deviennent dangereux pourla qualité de notre enseignement » ,a-t-il souligné : plus de qua-rante-cinq élèves en classe deseconde, par exemple, à Per-pignan. « Dans les Pyrénées-Orientales, on pourrait doublerles effectifs si on avait les posteset les locaux. De 20 000 à5 0 0 0 0 élèves sont sur liste d’at-tente... Est-ce respecter le choixet la demande des familles, recon-nus et garantis par la loi Debré? »

Et en 2005 ? « Nous avons de fortes inquié-tudes pour la rentrée 2005, aencore expliqué Paul Malartre,quand nous lisons que selon l’ap-plication du barème de l’ensei-gnement public nous gagnerionsalors 138 postes en primaire maisque nous en perdrions 670 ensecondaire ! Toute soustractionnous paraît un contresens par

rapport à ce qui s’est produit cet-te rentrée-ci. D’autant que nousn’avons aucune réserve et quetous nos postes sont devanté l è v e s1. Il va falloir discuter. Ilfaut envisager que le nombre depostes d’enseignants accordéspar l’État à l’enseignement publicet à l’enseignement privé souscontrat soit calculé en fonctiondu nombre réel d’élèves2. Enco-re une fois, nous ne sommes paslà pour développer des parts demarché. Notre demande noussemble une demande d’équitéqui respecte le choix des famillesdont la Constitution garantit lal i b e r t é . »D’autant plus que la suppres-sion des emplois jeunes crééspar Claude Allègre représen-te pour l’enseignement catho-lique, qui en avait 3 000, « uneperte sèche ». L’ e n c a d r e m e n téducatif n’est en effet nulle-ment pris en charge par l’Étatmais par les établissementseux-mêmes, donc par les fa-milles.

R e t raite des maître sSi les conditions de départ àla retraite sont les mêmes quedans l’enseignement public, iln’en va pas de même pour leurrémunération. Celle-ci est eneffet inférieure de 20 % enmoyenne pour les maîtres duprivé, puisque ce ne sont pasles six derniers mois de salai-re qui sont pris en compte dansles calculs (comme pour lesfonctionnaires) mais les vingt-cinq dernières années (com-me dans tout le secteur privé).En octobre 2002, le ministèreavait accepté de mettre en place des groupes de travails u r cette question, qu’il s’en-gageait à régler avant l’été.Promesse non tenue. Depuisle coup de colère public de PaulMalartre, lors du dern i e rcongrès de l’Unapel3, « nousavons, a-t-il dit, senti une nou-

Des classes sat u r é e s , des milliers d’élèves sur liste d’at t e n t e ,faute de pouvoir compter sur de nouveaux enseignants. Tel était le constat

de Paul Malartre lors de sa conférence de presse de re n t r é e , le 27 septembre dernier.

De 20 000 à 50 000 élèves sontsur liste d’at t e n t e . . .Est-ce respecter lechoix et la demandedes familles ?

« Il va falloir discuter »

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enseignement catholique

8 Enseignement catholique actualités N °2 8 7 ,O C TOBRE 2 0 0 4

Actualités

velle volonté politique d’aboutiravant la fin 2004. La loi Debréa créé des maîtres contractuelsde droit public, c’est un pilierauquel nous ne touchons pas.Nous demandons seulement uneremise aux normes pour desagents publics non fonctionnai-res qui ont les mêmes droitssociaux ! ». Un rapprochementqui devrait être progressif (sans effet rétroactif) selon unéchéancier attendu, et dont laprogression est actuellementnégociée avec les syndicats.Autre éclaircissement espéré :la reconnaissance, par l’État,du fait que la situation d’agentpublic non fonctionnaire n’em-pêche pas l’établissement d’uncontrat de travail de droit pri-vé entre le maître et l’établis-s e m e n t .

Une bonne nouvelle : les consé-quences – positives – de la loide décentralisation du 13 août2004 qui se traduiront parune circulaire interm i n i s t é-rielle bientôt sur le bureaud e s préfets. Les dispositionsc o n c e rnent : la contributiondes communes aux dépensesobligatoires des écoles privéessous contrat d’associationpour les élèves non résidents ;la contribution des établisse-ments publics de coopérationintercommunale (EPCI) auxdépenses obligatoires desécoles privées sous contrat, làoù un EPCI est compétentpour les écoles publiques ; lapossibilité pour les collectivi-tés territoriales, les EPCI et lescaisses des écoles de faire béné-ficier les élèves des établisse-

ments privés sous contrat, desmesures à caractère social.

Le grand débat et nos assisesPaul Malartre a tenu à saluerle travail de la commissionThélot, à laquelle ont d’ailleurscollaboré trois membres del’enseignement catholique.Mais, a-t-il rappelé, « dès 2001,nos assises avaient, par antici-pation, posé la question à tousnos établissements : commentpenser l’école autrement ? Com-ment répondre à des besoins édu-catifs nouveaux ? Et nous avionsproduit 57 propositions d’actionsqui sont en œuvre dans de nom-breux établissements ». Et depréciser : « Mais aujourd’hui, ilne suffit plus de répondre à laquestion : l’école, comment ? Il

àDès la rentrée scolaire, d en o m b reux médias régi o-

naux et nationaux ont tenu àprésenter l’enseignement catho-lique avec rigueur.Parmi les dif-férents articles qui ont renducompte des raisons du choix desé t ablissements catholiques parles pare n t s ,des initiatives misesen œuvre et des modes de f o n c-t i o n n e m e n t , se sont glissées

quelques imprécisions ou erre u r s .Plusieurs établissements nousont notamment signalé qu’ilc o nvient de préciser les modesde calcul des scolarités, f o n d é ssur les quotients familiaux, o ud’en re c t i fier les montants pré-s e n t é s .Tandis que d’autres nousont fait valoir les aspects par-c e l l a i res de certains points d’en-q u ê t e, p a r t i c u l i è rement sur

l’Institut supérieur de pédag o-gie (ISP) de Pa r i s .Ces re m a r q u e sd o ivent inciter notre pro f e s s i o nà toujours plus d’attention et devérification des informationsmalgré des délais sans cesse pluscourts pour leur tra i t e m e n t .Plusieurs médias pro p o s e ro n tdans les semaines qui viennent,des sujets sur l’enseignementc a t h o l i q u e. Nous tenons ici à

signaler le magazine du Jour duS e i g n e u rdu dimanche 31 octobreà 10 h 30, qui ab o rd e ra en com-p agnie de V é ronique Gass (vice-présidente de l’Unapel) et de Pa u lM a l a r t re le thème suivant : « L’ e n-seignement catholique - 3 ter-rains d’innovation en réponse àdes attentes et des enjeux édu-catifs ».

■G D R

Les médias mettent en valeur l’enseignement cat h o l i q u e

faut se demander pour quoi etpour qui ? C’est ce que nous fai-sons au cours de notre deuxiè-me phase d’assises qui devraitconduire les communautés édu-catives à prendre des engage-ments en décembre prochain surla reconnaissance et la place dechaque personne. L’ e n s e i g n e-ment catholique doit veiller à lacohérence entre ce qu’il dit et cequ’il fait. »

■OLIVIA VERDIER

1. Luc Ferry avait relevé que, dans lepublic, 3 000 postes d’enseignantsn’étaient pas « devant » élèves. 2. Fondé sur le principe que le privé sco-lariserait 20 % des effectifs et le public80 %, le premier se voit accorder 20 %des moyens donnés au second, mêmequand l’un gagne des élèves alors quel’autre en perd. 3. Union nationale des associationsd e parents d’élèves de l’enseignementl i b r e .

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odexho Etablissements d’Enseignement intervient au sein des établissements catholiques d’enseignementà travers la prise en charge de différentes formes de restauration, mais aussi et de plus en plus dans la

prise en charge des services généraux.Lorsque nous avons été sollicités par Monsieur Paul MALARTRE afin d’être Grand Partenaire des Assises del’Enseignement catholique des 3 et 4 décembre 2004, Sodexho a évidemment répondu très positivement à cettedemande, car nous pensons pouvoir accompagner l’Enseignement catholique, à la place qui est la nôtre.En effet, le thème des Assises 2004:

“ Faire grandir la personne dans le monde d’aujourd’hui”nous incite à donner encore plus de sens à notre action, compte tenu de notre présence, au quotidien dans lesétablissements, au contact des jeunes, tout au long de la journée.Avec le concours des chefs d’établissement, nous nous efforçons d’être à vos côtés pour faire vivre votre projetéducatif au travers de 4 engagements:1. L’apprentissage de l’éducation au choix,en matière alimentaire.

Pour chaque catégorie de convives, nous proposons une offre alimentaire saine et équilibrée et nousrevendiquons notre rôle d’acteur pédagogique en faveur de la nutrition avec notamment l’élaboration d’unprogramme de sensibilisation “ les Ateliers Fêtavi” à la disposition des directeurs d’établissements et desenseignants.

2. Le respect, nous souhaitons valoriser le travail de nos équipes au contact des jeunes.Ainsi par exemple, à chaque rentrée scolaire, nous faisons le tour de chaque classe pour présenter aux élèvesles personnels de service, qui auront en charge le nettoyage de leurs locaux, afin qu’ils comprennent mieuxleur rôle et leurs missions.

3. La reconnaissance individuelle de chaque jeune,en invitant nos équipes à créer le dialogue.Cela passe par la formation des personnels pour que l’ensemble des élèves soit conseillé individuellementmais aussi reconnu plus comme un jeune adulte qu’un simple élève.

4. Le bien-être et la sécuritéPar exemple, la mise en place d’un système de monétique à badge pour les lycéens évite toute manipulationd’argent et facilite le contrôle des dépenses, c’est un axe majeur que nous nous efforçons de développer.

Dans le cadre de votre réflexion, nous vous proposons d’être aujourd’hui à vos côtés pour rendre encore plusconcret l’action que nous menons:➢ Tout d’abord lors des journées des 3 et 4 décembre 2004, de venir témoigner avec des exemples vécus

sur des établissement. ➢ Ensuite, ces journées seront un point de départ afin d’élaborer ensemble des grandes orientations

qui guideront nos actions sur les établissements catholiques d’enseignement.Comme vous, je suis conscient que nous avons encore à progresser ensemble au quotidien pour atteindre votreobjectif de “Faire grandir la personne dans le monde d’aujourd’hui”.C’est pourquoi, je tiens à vous remercier de la confiance que vous nous témoignez en nous accueillant parmi vous,lors des Assises 2004 de l’Enseignement catholique.

S

Lettre ouverte de

Sodexho Établissements d’Enseignement,Grand Partenaire des Assises 2004 de l’Enseignement Catholique

Sodexho Établissements d'Enseignement 46, rue Pierre Curie - 78376 Plaisir Cedex - Tél. : 01 30 07 62 80

Marc Plumart, Directeur GénéralSodexho Établissements d’Enseignement

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enseignement catholique

1 0 Enseignement catholique actualités N °2 8 7 ,O C TOBRE 2 0 0 4

Actualités

dans des établissements trèsdifférents les uns des autres –dont 18 ans dans un établis-sement sous tutelle lasallien-ne – et de délégué syndical aaussi beaucoup joué. Pourquoiaccepter une telle mission ?Réponse en forme de bouta-de de la part de ce passionnéd’orgue, de montagne, de skide fond : « Peut-être par folie,par manque d’information, pare n t h o u s i a s m e . » Plus sérieuse-ment : « Parce que c’est une res-ponsabilité administrative ete c c l é s i a l e . »

Stéphane Gouraud Belley (Ain - 01)

Jeune, il a beaucoup bougésuivant les affectations de sonmilitaire de père. Dans sa vieprofessionnelle, il a continué.

sionné d’informatique, il enaime les applications, tirer lemaximum de ce que « la béca-n e » peut donner. Attaché à ceque les sœurs de Saint-Joseph,très présentes dans le Cantal,ont apporté à cette région malconnue, voire malaimée, il n’apas hésité à s’installer à ladirection diocésaine, bien que« je me voyais très bien finir macarrière là où j’étais, adjoint dudirecteur diocésain du Puy, Jean-Marie Faux ». Il se partageradorénavant entre la Haute-Loire et le Cantal. Du travaill’attend, et quelques deuils :« Redonner confiance et redy-namiser l’enseignement catho-lique ne pourra probablementpas se faire en maintenant lemaillage actuel. D’autre part, ilfaut relancer les instances insti-tutionnelles en sommeil, afinqu’elles soient plus participa-t i v e s . » De beaux défis !

P i e r re - M a ri eD e l e e r s nyder L i l l e( N o rd - 59)

« Je fais de la préparation aumariage avec mon épouse ; c’estpeut-être une des raisons qui ontpoussé l’évêque à faire appel àmoi pour la direction diocésai-n e . » Dans le choix de l’évêquede Lille, on peut supposer queson expérience de directeur

où il était si bien implanté,pour monter à la métropolerégionale ? Sa carrière ou sonbesoin de bouger ? « J’ai tou-jours dit que je ne ferais pas plusde deux mandats à la DDEC deLuçon – j’y ai passé dix ans –, etj’ai toujours aimé me remettreen cause », plaide-t-il. Il chan-ge, sans changer complète-ment. Il connaît le poste, ilconnaît la région et les ins-tances locales. Des acquis qu’ilutilisera comme « toile de fond,portefeuille de compétences »pour aller plus loin dans lesp r o j e t s .

Jean-Louis Cocho Aurillac (Cantal - 15)

Depuis Tc h e rnobyl, Jean-LouisCocho « ramasse beaucoupmoins de champignons » ! Pas-

Jacques ChaillotNantes ( L o i re Atlantique - 44)

Quand on est géographe def o rmation, on a forcément uneattirance pour les paysagesgrandioses ou plus modestes,

façonnés par l’homme ou surlesquels la nature a marquéson empreinte de manièreindélébile. Jacques Chaillot atoujours parcouru l’Europe, enfamille, s’arrêtant là où soncamping-car montrait dessignes de faiblesse. L’an der-n i e r, un pèlerinage en Israëlet en Palestine l’a bouleversé,et son rêve cette année est defaire le voyage à pied deTamanrasset à l’Assekrem, l’er-mitage du père de Foucauld.Mais qu’est qui l’a poussé àquitter la DDEC2 de Ve n d é e

Mouvement des directeurs diocésains

Parmi les directeurs diocésains nommés à la rentrée 2004, certains ont déjà assuré cette fonction. Et tous inscrivent leurs projets dans la deuxième phase des assises.

Ils sont huit « n o u v e a u x » directeurs diocésains cette année– et pami eux, aucune femme. Ils ont beaucoup de pointscommuns : la plupart sont ancrés depuis longtemps dans

le terroir où ils ont été missionnés. Leur parcours professionnels’est fait essentiellement dans l’enseignement catholique.Pudiques, ils n’aiment guère s’entretenir d’eux-mêmes, etc’est à l’arraché qu’on arrivera à faire émerger toutes cespetites choses de la vie qui donnent son humanité à une fonc-tion. Ils préfèrent évoquer leurs projets pour leur diocèse.Curieusement, ils n’abordent pas en priorité les grands thèmes :dialogue interreligieux, coopération internationale, intérêt

pour les jeunes les plus défavorisés. Leurs préoccupationssemblent tournées vers « une écoute attentive des besoins deschefs d’établissement », « une présence active sur le terrain », lerecrutement et la formation des maîtres et des directeurs, lesrestructurations et la mise en réseau, ainsi qu’un renforce-ment de la pastorale. On reconnaît là le message des assises –« faire une pause, prendre le temps de mettre des mots pour par-tager en communauté éducative les interrogations que l’on portesur la personne dans l’établissement1 ». Ces huit nominationsconforteront donc le visage de l’enseignement catholiquefrançais.

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N °2 8 7 ,O C TOBRE 2004 Enseignement catholique actualités 1 1

Paris – il fait une maîtrise dephilo à la Sorbonne, des étudesorientées sur les fondementsphilosophiques de la doctrinesociale de l’Église –, Hyères –comme prof de français et ani-mateur en pastorale –, Nantes

– directeur-adjoint d’un collè-ge –, Le Puy-en-Velay depuis1999, où, en tant que direc-teur d’un établissement, il aeu le souci de revoir les ry t h m e sscolaires, et maintenant le dio-cèse de Belley-Ars. Dans sa viepersonnelle, il ne reste pas plusen place. Avec femme etenfants (sept de 16 ans à1 7 mois), ils sillonnent l’Eu-rope. Au hasard des chemins,ils préfèrent une forme de tou-risme spirituel, sur les tracesde chacun des saints patronsdes enfants. Et bien sûr, Rome,Venise, Saint-Jacques-de-Com-p o s t e l l e …

Marc Héri t i e rP r i vas ( A rd è che - 07)

Si vous n’envisagez pas deprendre un jour la place dudirecteur diocésain de l’Ar-dèche, refusez de tenir les rênes

du collège Saint-Louis de To u r-non-sur-Rhône. Sinon, vousserez prédestiné. Marc Héri-tier n’a pas échappé à cetterègle. Il a passé 14 annéesdans ce collège et ses trois pré-décesseurs en étaient tousissus. « J’ai longtemps entenducette boutade, jusqu’au jour oùj’ai vu le ciel s’assombrir et metomber sur la tête. » Pour un« f a n d ’ A s t é r i x », la référenceest évidente. Mais il est heu-r e u x : « L’enseignement catho-lique est dynamique en Ardèche.C’était une bonne succession àa s s u r e r. Et une chance d’arriverau début de la deuxième phasedes assises. On a un messagesur lequel s’appuyer. »

Je a n - C h ri s t o p h eM é ri a uLuçon ( Vendée - 85)

« Attendez ! je ne vous ai pasparlé de mes vraies passions ! »Nous allions raccrocher, il avaitévoqué son goût pour le vélo,pour les maths, qu’il a ensei-gnées en collège, et pour toutce qui touche à l’organisation

de la société et au chemine-ment personnel. Mais il avaitoublié l’essentiel, son intérêtpour l’informatique – le tra-vail sur la photo et le son –,sa passion pour le blues –« Mon regret est de ne pas savoirutiliser les six cordes d’une gui-t a r e » – et pour le bricolage –« J’ai toujours ma trousse à outilsà la DDEC2, ce qui amuse mesc o l l a b o r a t e u r s ». Depuis unequinzaine d’années, il étaitpassé du côté CFP3 : adjoint àBrest et à Quimper puis direc-teur de celui de l’Aubépine à

La Roche-sur-Yon. En 2001, ilest nommé à la présidence del’Association nationale desC F P, jusqu’en 2003 où ildevient responsable des ser-vices généraux et transversauxde la direction diocésaine. Pasétonnant qu’il ait franchi legrade supérieur, même s’il sedit «é t o n n é » et s’interroge surses responsabilités à ce « p o s-te complexe où n’existent quedes relations de partenariat etnon hiérarchiques avec les chefsd ’ é t a b l i s s e m e n t » .

M i chel Pouget Mende ( L o z è re - 48)

« Je suis un petit nouveau, unbizut, un bleu ; un quinquagé-naire qui a découvert l’ensei-

gnement catholique dans le Va ren classe de troisième, chez lesPères Maristes. Ils m’ont fasci-né par leur culture, leur volon-té d’éducation et la confia n c equ’ils faisaient à chacun. » S o nbac en poche, Michel Pougetentre en fac, passe son doc-torat de philo, fait son serv i-ce militaire. Le directeurdiocésain de Fréjus-Toulon lerattrape alors qu’il ne s’yattend pas : « On vous connaît! On a un petit quelque chose àvous proposer ! » Il réintègrel’enseignement catholique,côté estrade. Huit ans plustard, on lui demande de« r é fléchir pour être chef d’éta-b l i s s e m e n t ». Il accepte, se for-me et déménage, quitte laMéditerranée, où il a long-temps été moniteur de voile,pour la Lozère où son voiliervogue dorénavant en eau dou-ce. N’ayant aucun penchant

pour la géographie, il savaità peine situer ce département,mais il découvre « son huma-nité, un paysage qui a sa per-sonnalité, qui n’a rien d’éclatantmais se révèle progressivementà qui veut bien l’apprivoiser, unmilieu rural pas trop abîmé parle consumérisme à tous crins ».Son plus grand souci ? Form e rau mieux les jeunes pour qu’ilspuissent assumer leur départ,s’ils font ce choix, ou trouverdes débouchés localement s’ilsdécident de rester au pays.

O l ivier Roucher Ve rsailles ( Y velines - 78)

Après dix ans dans l’Ain oùi l était directeur diocésain, Olivier Roucher revient sur saterre de prédilection, les Yv e-lines, où il a débuté sa carriè-re d’enseignant en 1977. Lediocèse et la fonction ne lui sontdonc pas totalement étrangers.De gros dossiers l’att e n d e n t ,« qui ont fait la une de la pressea u printemps dernier », dit-il,notamment la refondation enprofondeur du CFP3. Et, mal-

gré d’importantes fonctions ausein de l’enseignement catho-lique, Olivier Roucher, philo-sophe de formation, ancienadministrateur de l’Alliancedes directeurs et directricesd e l’enseignement chrétien(Addec), ne sacrifiera pas leslongs moments passés aucontact de la nature.

■ÉLISABETH DU CLOSEL

1. « Des outils pour faire grandir la per-s o n n e », hors-série Enseignement catho-lique actualités, août 2004.2. Direction diocésaine de l’enseigne-ment catholique.3. Centre de formation pédagogique.

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1 2 Enseignement catholique actualités N °2 8 7 ,O C TOBRE 2 0 0 4

Deux nouveaux recteurs

Doyen de la faculté desciences sociales et éco-nomiques (Fasse), direc-

teur du Centre de recherche surla paix, spécialiste du Moyen-Orient, Joseph Maïla a été élurecteur de l’Institut catholiquede Paris (ICP), le 1e r s e p t e m b r ed e rn i e r. « Si cette nominationm’a surpris ? J’ai l’im-pression qu’elle m’est tom-bée sur la tête ! Et aprèsLille, Angers, Louvain, laCatho de Paris “bascule”côté laïcs. Je souris, il nes’agit pas de victoire, celan’aurait aucun sens, maisde possibilité pour un laïcd’accéder à cette fonc-tion. C’est un signe deconfiance et d’ouver-t u r e . » Que signifie alorsprendre les rênes d’unetelle institution ? « C ’ e s tune grosse responsabili-té. L’ I C P, c’est une iden-tité, un message à trans-mettre, une vocation etune formation. La facul-té de théologie en fait unlieu universitaire différentdes autres. Et, dans unmonde techniciste et consumé-riste, son enseignement centréautour de valeurs d’humanismechrétien et de personnalisme,dénote. D’autre part, il existe unvrai défi européen pour parv e n i rà une coopération entre univer-sités catholiques. On n’y échap-pera pas. Il ne s’agit pas derenoncer parce que le siècle nouschahute, il faut savoir commenton va mouler, couler nos convic-tions dans ce début de troisièmem i l l é n a i r e . » Avec ce profil, ce pied en Orient(Joseph Maïla est d’origine liba-naise et a été vice-doyen de lafaculté de lettres et de scienceshumaines de l’université Saint-Joseph de Beyrouth), ses contri-butions au dialogue islamo-chrétien, ses ouvrages1, pen-se-t-il donner une orientationdifférente à l’institution ? « L e

regard oriental apporte une sen-sibilité “congénitale”, une évi-dente ouverture aux culturesautres. Car je vis dans les deuxcultures, non pas dans des tempsjuxtaposés mais dans le mêmetemps. Du coup, je me pose sanscesse la question, personnelle-ment et professionnellement, de

la manière dont on pourraitconstruire un monde pacifiq u eavec et dans le pluralisme. Com-ment construire un monde encommun, qui appartienne à tous,où des hommes de cultures et dereligions différentes puissent vivreensemble et dialoguer ? »

Homme de paixComment dépasser les cli-v a g e s ? « L’idée est de parv e n i rà une synthèse, et non à une jux-taposition de particularités. Ledialogue des cultures n’existe passi une partie de la population estexclue des affaires du monde.Pour cela, il faut plus de justiceet de solidarité. » Pense-t-il, cethomme de paix, que le mon-de prenne cette direction ?« Non, nous sommes dans unmonde d’antagonismes, deconfrontations. Nous allons vers

toujours plus d’arrogance, desuprématie, d’unilatéralisme, deradicalisation. Nous allons versune montée du terrorisme, mélan-ge de désespoir – derrière, il y atoujours du ressentiment, unmanque d’espérance et d’hori-zon –, et de cynisme – la viehumaine est traitée avec un

mépris total. Mais il faut croireen une possibilité de renversercette tendance. C’est ce vers quoitend le Centre de recherche surla paix. »Prêtre, Pierre Debergé voit leposte de recteur de l’Institutcatholique de Toulouse auquelil a accédé au mois d’avril2004, comme un service àa s s u r e r, « dans le droit fil demon engagement à la Catho oùje suis arrivé il y a neuf ans com-me enseignant à la fac de théo-logie, avant d’en être le doyen. »L’Institut passe en ce momentpar une crise financière, recon-naît le nouveau recteur. Maismalgré sa fragilité, il conti-nue de rayonner dans leGrand Sud-Ouest. « N o u sn’avons fermé aucun serv i c e ,aucune formation, comme cer-tains ont pu le penser. Mais nous

devons apprendre à mieux com-m u n i q u e r. »

Des liv res sur la BibleLe partenariat avec l’entreprisecompte parmi les priorités dePierre Debergé. Il y a trois ans,un centre d’éthique et demanagement a vu le jour au

cœur de la Catho. « L e schefs d’entreprise sont deplus en plus confrontés àdes questions de sens liéesà la mondialisation, auxdélocalisations. Notreidée est de toucher ceuxqui sont concernés parles questions écono-miques et sociales et detémoigner de ce quel a doctrine sociale de l’Église peut dire sur cess u j e t s », doctrine quil’inspire dans son quo-tidien. Ses livres sur laB i b l e2 abordent dessujets encore tabous :la sexualité, l’argent,le pouvoir. « Les valeursbibliques et évangéliquessont d’une actualité évi-dente. On devrait y fai-

re beaucoup plus souventréférence. Je me demande si,lorsque nous sommes interrogésen tant que chrétiens sur laconstruction de l’homme ou lavie en société, nous avons vrai-ment le réflexe de nous rappor-ter au message du Christ. Derrièremes livres, il y a le souci de “reve-nir à la source”, à ce que nousont dit ceux qui, avant nous, ontété confrontés en d’autres tempsaux mêmes questions. »

■ÉLISABETH DU CLOSEL

1. Parmi les plus récents, publiés chezDesclée de Brouwer : Irak, les enjeux duc o n fli t, 2004, 15 € ; (avec MohammedArkoun), De Manhattan à Bagdad : au-delà du Bien et du Mal, 2003, 19 € ; (avecDaniel Lindenberg), Le conflit israélo-pales-t i n i e n, 2001, 20 €.2. Entre autres titres, publiés chez Nou-velle Cité : L’amour et la sexualité dans laB i b l e, 2001, 15,40 € ; L’argent dans laBible - ni pauvre ni riche, 1999, 13 € ; E n q u ê-te sur le pouvoir - approche biblique et théo-l o g i q u e, 1997, 14 €.

Le 1e r s e p t e m b re dernier, Joseph Maïla est deve nu recteur de l’Institut catholique de Pa ri s .À To u l o u s e , et dans la même fonction, P i e r re Debergé l’a précédé de quelques mois.

Actualités enseignement catholique

Joseph Maïlavit dans deux cultures

Pierre Debergéinspiré par la doctrine sociale de l’Église

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Conduites de dépendance :comprendre ensemble

N °2 8 7 ,O C TOBRE 2 0 0 4Enseignement catholique actualités 1 3

catholique (Anpec). Et le secré-taire général de l’enseignementcatholique d’ajouter : « Il fau-drait que, dans tous les diocèses,on se donne un temps de travailet de concertation sur l’accom-pagnement psychologique. » Celui-ci, en effet, loin d’êtregénéralisé, se pratique de façontrès variable : 20 % des psy-chologues sont employés direc-tement par un établissement,5 6 % sont salariés de serv i c e sdiocésains, les autres sontemployés d’associations loi1901 au service de ces mêmesdirections diocésaines.

Bilans d’orientation, soutienméthodologique, écoute desadolescents, observation desenfants de maternelle et de pri-maire, interventions en conseilsde classe ou de discipline, sou-tien ordinaire ou exceptionneldes parents ou de l’équipe péda-g o g i q u e : ils sont loin de tra-vailler de la même manière (c f .

encadré ci-dessous). Mais tous,pourtant, se trouvent confron-tés au développement deconduites de dépendance : laconsommation de cannabis adoublé en France ces dix der-nières années ; les comporte-ments alcooliques (qui concer-nent 3 millions de personnesen France et font 40 000 mortschaque année) se mettent enplace à l’adolescence. Pour-q u o i ? Parce que l’on n’arrivepas à conquérir son autono-mie face à des parents, eux-mêmes fragiles ou trop rigides,a expliqué Pascal Hachet, spé-cialiste de la toxicomanie.

Donner des règlesCatherine Blond, responsabledes psychologues du serv i c epsychiatrique de l’hôpital Saint-Philibert à Lille, a apporté unéclairage original sur le profildes familles d’anorexiques, enparlant de parents sacrific i e l s ,peinant à conduire une vieautonome. Pierluigi Graziani,maître de conférences en psy-chologie clinique et psycho-pathologie à l’université deProvence, a aidé à trouver l’artet la manière d’amener les ado-lescents à réfléchir sur uneconsommation excessive d’al-cool ou de cigarettes : ne pass’épuiser dans des interdits maisdonner des règles intégrées parle jeune qui n’est plus dominépar le diktat du groupe1. Marie-Hélène Lejeune, psy-chologue dans deux lycées deFlandre, Sylvie Ginet, qui exer-ce dans un établissement de laVienne, ainsi que leurs quelquequatre-vingts collègues présentsà Blainville-sur-Mer, se sontnourris de ces apports. « Ce quiest encourageant, c’est que lesjeunes acceptent de nous parlerde ça » ,estime Jean-Luc Pilet,responsable du service de psy-

chologie de Nantes, qui a entre-pris, ainsi que sa collègue Car-men Chaillou2, un gros travailde prévention en lien avec deschercheurs canadiens. Desjeunes qui pratiquent une poly-consommation (cigarette, joint,alcool) et sont dotés d’une bon-ne confiance en eux et d’unebonne intégration sociale. « Ilsn’ont peur de rien et ne voient pasle problème. »« On a besoin d’eux pour com-p r e n d r e », sourit Carm e nChaillou. Le questionnairequ’ils ont finement travaillé etproposé dans les classes est trèsbien accueilli. Les réponses,anonymes, servent de miroirpuis d’ancrage à des réfle x i o n scollectives ( « Pourquoi utiliserd’aussi dangereuses béquilles ? » )et à des informations de base :retarder sa consommation detabac d’un ou deux ans peutéviter de faire partie des6 00 0 0 personnes que le tabactue chaque année en France.« Ensuite, ils nous demandentsouvent des entretiens » , c o n s t a-te Jean-Luc Pilet qui souligne :« Si l’enseignement catholique aquelque chose à faire, c’est biend’aider les gens à devenir auto-nomes le plus tôt possible ! »

■OLIVIA V E R D I E R

1. 48,5 % des jeunes de 15 ans consom-ment de l’alcool et 37 % fument de lamarijuana. Selon une étude canadien-ne (Ruter, 1994), 23 % des enfants de 9 à11 ans avaient déjà consommé de la biè-re, 15 % du vin, 6 % de la liqueur, 8 %du tabac, 8 % du solvant et 3 % de ladrogue. L’augmentation est ensuite régu-lière à partir de 12-13 ans, double à lapuberté et baisse aux environs de 25 ans. 2. Vous pouvez contacter Jean-Luc Piletet Carmen Chaillou à l’adresse suivan-te : DDEC, 15 rue Leglas-Maurice, BP44104 - Nantes Cedex 01. Par e-mail :s e rv i c e - d e - p s y c h o l o g i e @ e c 4 4 . s c o l a n e t . o r g

àLes psych o l ogues de l’éducation (un pour 12000 élève s ) ,t i t reparticulier aux professionnels intervenant dans les établ i s-

sements priv é s * , sont titulaires d’un DESS** de psych o l ogie ; tan-dis que les psych o l ogues scolaire s ,du public (un pour 2000 élève s )sont d’anciens enseignants qui ont ensuite préparé un diplômed’État de psych o l ogie scolaire et travaillent uniquement en éco-le primaire. Ce sont les conseillers d’orientation-psych o l og u e s(COP) qui, dans le secondaire, se ch a rgent de l’aide à l’orienta-t i o n . La Fédération française des psych o l ogues et de la psych o-l ogie (FFPP), créée le 11 sep t e m b re 2004, reg roupe l’ensemble desp s y ch o l og u e s , quel que soit leur champ d’interve n t i o n . ■OV

* cf. E C D 219, janvier 1998. ** Diplôme d’études supérieures spécialisées.

P r o fils des psych o l o g u e s

Je souhaite que l’on arrive à sedemander quels moyens on sedonne pour qu’un élève ne soit

pas qu’un élève, mais une per-s o n n e . » Le 14 septembre dern i e r, àBlainville-sur-Mer (Manche),Paul Malartre ouvrait sur cesmots la session annuelle del’Association nationale des psy-chologues de l’enseignement

Réunis près de Coutances (Manch e ) , pour leur congrès annu e l , les psychologues de l’enseignement catholique se sont interrogés sur les conduites add i c t ive s .

« Ce qui este n c o u rag e a n t ,c’est que les jeunesacceptent de nousparler de ça. »

Alain Le Boutouiller, p r é s i d e n tde l’Anpec. « Nous souhaiterions uner é flexion diocésaine plus poussée sur lesmissions des psych o l o g u e s . »

àB i b l i o g raphie sélectivesur les conduites de

dépendance sur ECA +

Savoir +

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1 4 Enseignement catholique actualités N °2 8 7 ,O C TOBRE 2004

Nouveau nom et nou-veaux locaux pour l’or-ganisme en charge de

la formation des directeurs dio-césains, des chefs d’établisse-ment, des cadres éducatifs etdes… formateurs de l’ensei-gnement catholique. L’Institut pour la formation descadres de l’enseignement catho-lique (Ifcec) prend la relève de l’Ispec et de l’Asfodel1 e ts’installe dans les locaux du 19 rue de l’Assomption dansle X V Ie arrondissement de Paris.Parce que « la formation descadres et des chefs d’établisse-ment est de la responsabilité direc-te de son secrétariat général [ … ] ,l’Ifcec est directement sous tutel-le de l’enseignement catholique »,ont souligné Mg r Jean-Paul J a e g e r2 et Paul Malartre3

devant les 140 futurs c h e f sd’établissement participantà la session inaugurale du

nouvel institut dirigé parAndré Blandin. Ce dern i e r

insistant, pour sa part, sur lavolonté « de rendre plus cohé-rents les parcours de formationdes cadres ». Rappelons que la form a t i o ndes chefs d’établissement, quise déroule sur trois années, separtage entre des stages d’ani-mation pédagogique, des coursde gestion financière et de droit,et un enseignement théologiquesur la mission de direction. ■

( S o u r c e : dépêche AEF du 24 septembre 2004)

1. Respectivement Institut supérieur depromotion de l’enseignement catholiqueet Association de formation des direc-teurs de l’enseignement libre. Les chefsd’établissement qui ont commencé leurf o rmation avec l’un de ces deux orga-nismes la poursuivront. À la rentrée 2005,l’Ispec sera déchargé de la formation deschefs d’établissement et l’Asfodel devraitdisparaître. 2. Président du Comité épiscopal du mon-de scolaire et universitaire (Cemsu).3. Secrétaire général de l’enseignementc a t h o l i q u e .

Ouverture du nouvel institut de formation des cadres

enseignement catholiqueActualités

Une pre m i è re . 140 chefs d’établissement ont participé à la session inaugura l ede l’Institut pour la formation des cadres de l’enseignement catholique. ( P h o t o : D. R.)

Du 25 septembre au1 0octobre 2004, la Fédé-ration d’écoles supé-

rieures d’ingénieurs et de cadres(Fesic) était présente au Mon-

dial de l’Automobile. Objectif ?Rappeler aux amateurs de bellesmécaniques et de prouesses tech-nologiques que rien n’existe-rait sans les hommes et lesfemmes qui y travaillent et sansune formation adéquate et deq u a l i t é .Ce sont des étudiants de laFesic qui de bout en bout ont

imaginé et mis en œuvre levéhicule exposé : une voiturecapable de traverser l’Aus-tralie grâce à l’énergie solai-re. Cette aventure humaine

et technologique a réuni unevingtaine d’étudiants qui ontainsi fait leurs preuves et leurspremières armes dans laconduite de projet. ■

Premier P r i m ’ I n f o s de l’an-née scolaire, le numéro132 de septembre 2004,

est tout en couleurs. Dans lafoulée de Planète Espérance, le« cahier pédagogique de l’Ug-s e l1 » poursuit sur huit pages2

« sa dynamique de réflexion etde propositions au sein des diversesfamilles d’activités physiques, spor-tives et artistiques », ainsi quele souligne Philippe Brault, res-ponsable national 1e r degré àl’Ugsel, dans son éditorial. Le premier thème 2004-2005,« Inter et transdisciplinarité enE P S », est introduit par Vi n c e n tL e m i è r e3, qui écrit notamment :« Porter un regard observ a t e u rsur des comportements de cama-rades, un jugement d’arbitre surdes scènes de jeu, s’ouvrir au mon-de environnant par une analyse

critique des savoirs à construireparticipent à la construction dela Personne et à la formation dela Conscience ». On ne sauraitmieux s’inscrire dans la deuxiè-me phase des assises… Les huit autres numéros àparaître jusqu’en mai prochainaborderont notamment les« sports de neige », les « j e u xn a u t i q u e s» et la «g y m n a s t i q u erythmique et sportive ». Av e c ,chaque fois, des situations d’ap-prentissage spécifiques pour lescycles 1, 2 et 3. ■RT

1. Union générale sportive de l’ensei-gnement libre.2. Auxquelles s’ajouteront, ponctuelle-ment : 2 pages «Prim’Infos+ » en lienavec les partenaires fédéraux de l’Ug-sel ; deux suppléments de 4 pages (dansles numéros 135 et 138) dans le cadred’un partenariat éducatif avec Wesco(fabricant et conseil dans les domainesdes loisirs éducatifs et de la rééduca-tion).3. Auteur de Apprendre et réussir ensemble- construire une communauté éducative,Chronique sociale, 1997, 171 p., 15 €.

Prim’Infos fait sa rentrée

àL’actualité de la Fe s i cc o n t i nue sur ECA +

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U g s e l ,277 rue Saint-Ja c q u e s ,75005 Pa ri s .Bulletin d’abon-nement sur www. u g s e l . o r g

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Jamais en panne d’essence. Le pro t o type Helios III peut tra v e rser l’A u s-t ralie grâce à l’énergie solaire . ( P h o t o : HEI-Helios 2004)

La Fesic au Mondial de l’automobile

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éducationActualités

1 6 Enseignement catholique actualités N °2 8 7 ,O C TOBRE 2 0 0 4

Rectificatif

Le siège social de la Fédération d’établissements scolarisantdes enfants dyslexiques (Feed) se trouve au 68 (et non au

66, comme indiqué dans notre numéro 285) rue d’Assas,75006 Paris. Profitons de cette précision pour signaler quele secrétariat général de la Feed peut être contacté par e-mailà l’adresse suivante : [email protected]

Le Cned, toujours plus près

Clartés : une encyclopédie petit à petitLa psychologie cognitive appliquée au travail des élèves

Le 14 septembre dern i e r,Olivier Dugrip, directeurgénéral du Cned1, pré-

sentait à Paris les dernières orien-tations de l’établissement leaderde l’enseignement à distance.En généralisant l’usage des tech-nologies de l’information et dela communication (Tic), le Cneds’offre une petite révolution :mise en ligne progressive de sessupports pédagogiques et envoides devoirs et de leur correctionv i a i n t e rnet réduisent les délaisinhérents à l’acheminementpostal. Du même coup, les distances

sont abolies – et quand on saitque les élèves du Cned habi-tent aux quatre coins du glo-be, ce n’est pasrien… –, tandisque c h a t s et fo-rums sur le sitew e b2 du cen-tre facilitent leséchanges appre-n a n t / t u t e u r.C’est pour répon-dre aux deman-des des familles et des collecti-vités locales que le Cned meten place une offre d’accom-pagnement scolaire :e x t e n s i o n

en Aquitaine d’un premier testréussi au niveau du lycée etlancement d’une collection,

«@ t o u t - C n e d» ,destinée dansun premiertemps aux col-légiens de troi-sième, avec unsoutien en fran-çais, mathé-matiques etanglais. Diffé-

rentes formules – classiques,intensives ou allégées – sontd é s o rmais proposées au choixde l’inscrit qui peut ainsi com-

poser lui-même son parcours,hors classes de primaire, col-lège et lycée, et un site inter-net lui sera bientôt entiè-rement dédié3.E n fin, une refonte du disposi-tif de formation continue a per-mis d’obtenir des modules devingt heures qui s’inscriventdans le nouveau cadre régle-mentaire de la formation pro-f e s s i o n n e l l e .

■SOPHIE BIZOUA R D1. Centre national d’enseignement à dis-t a n c e .2. www. c n e d . f r3. Le lancement de ce site aura lieu auSalon de l’éducation.

Si la réponse apportée parun élève n’est pas cellequ’attend le maître, celui-

ci en déduit que la connais-sance visée fait défaut à l’élève.Or cette réponse considéréecomme « f a u s s e » peut en fait« résulter d’un raisonnement cor-rect mais dévié par les contraintesde la situation ». À l’inverse, lar é p o n s ee x a c t e ,s i g n i fic a t i-ve pour lemaître dece que lac o n n a i s -sance esta c q u i s e ,peut « p r o-céder d’unr a i s o n n e-ment erronéou de l’acti-vation de connaissances consi-dérées comme fausses» . Tels sontquelques-uns des apports de lapsychologie cognitive, que lesauteurs, professeurs à l’uni-versité de Provence1, livrentdans l’ouvrage Apprendre à l’éco-l e2. Claude Bastien et MireilleB a s t i e n - Toniazzo y « d é v e l o p-pent un point de vue qui se rat-

tache à un courant de psycholo-gie cognitive de plus en plusi n fluent qui insiste sur l’impor-tance du contexte [matériel etmental de la tâche demandée]pour comprendre le comporte-ment de l’individu » . De nom-breux exemples, des analysesconcrètes, des constats qui four-nissent matière à réflexion sur

les compor-tements etles activitésd’élèves, despistes pourl ’ a c t i o n …font de cetouvrage unoutil utile àtous ceux –e n s e i g n a n t set futurs en-s e i g n a n t s ,f o r m a -

teurs… – qui cherchent à mieuxcomprendre les élèves et leursprocessus d’apprentissage et,par suite, à mieux adapter leuractivité. ■VG

1. Ils enseignent la psychologie cogniti-ve et effectuent leurs recherches au seindu laboratoire Langage et Parole.2. Claude Bastien et Mireille Bastien-Toniazzo, Apprendre à l’école, Arm a n dColin, 2004, 185 p., 21 €.

Ala seule lecture des nomsde Jacqueline de Romil-l y1, de Marc Blancpain2

ou de Jean Tu l a r d3 qui, entreautres person-nalités, en pa-tronnent la pu-blication, on estconvaincu de laqualité de larevue C l a r t é s. Ets’il fallait uneautre preuve,l a longévité decette entrepri-se encyclopé-dique l’apporte-rait. Fondée en1948 par FrancisDurieux, C l a r t é s,c’est aujour-d’hui 11 numéros par an, soit1 300 pages d’inform a t i o n sorganisées autour de cinqgrands thèmes : « Arts et lit-t é r a t u r e », « Science et tech-n o l o g i e », « Histoire et géo-g r a p h i e », « Médecine ets a n t é », « Droit pratique »4. Dans le numéro de mai 2004,un panorama intitulé « L’ é d i-tion, la presse, l’imprimerie »décrit la rapide mutation d’unsecteur qui ne doit pas pour

autant oublier son histoire :« […] la PA O [publication assis-tée par ordinateur] ne dispen-se en aucun cas du respect des

règles typogra-phiques, qui s’ap-p u i e n t […] s u rdes siècles det â t o n n e m e n t se t de mises aupoint pragma-t i q u e s .»Cet arti-cle, comme tousceux publiéspar C l a r t é s, seprésente sousf o rme de pagesp e rforées. Réu-nis dans desr e l i u r e s - c l a s-seurs, ils per-

mettent à l’abonné de seconstituer une encyclopédie.

■RT

A b o n n e m e n t s : 193,90 € (un an). Éditions Clartés, 29 rue de Miromesnil,

75008 Paris. Tél. : 01 43 12 38 12. E - m a i l : [email protected]

1. Professeur au Collège de France,membre de l’Académie française. 2. Président de l’Alliance française.3. Membre de l’Institut.4. Et quatre fois par an : une « revue tri-mestrielle d’inform a t i o n » (événementsculturels, expositions, faits historiques,d é c o u v e r t e s … ) .

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1 8 Enseignement catholique actualités N °2 8 7 ,O C TOBRE 2004

On ne change pas unef o rmule qui gagne, onl’enrichit. Les quelque

5 0 0 000 personnes qui l’ou-vrent quotidiennement neseront donc pas perturbées par

le « n o u v e a u » Prions en Égli-se. Fondée en 1987, « cette peti-te revue […] s’est, au fil du temps,imposée comme le compagnonpar excellence de la vie de priè-re et de la vie en Église de jeuneset de moins jeunes », ainsi quele souligne son rédacteur enchef, le père Benoît Gschwind,dans son éditorial du numé-ro 213. En ajoutant ici une «c l éde lecture pour éclairer un motou une expression de la Bible » ,là « un dessin et un billet d ’ É v a n g i l e [qui] marquent l’en-

trée dans le dimanche »…, l’équi-pe de rédaction n’a été inspiréeque par le seul désir d’aider«encore plus [ses lecteurs] à mettrechaque jour la Parole de Dieu aucœur de [leur] v i e ». ■RT

Prions en Église, mensuel,Bayard Presse. Abonnement 1 an : 29 €

(édition poche), 39 €

(édition grand format). A d r e s s e : Bayard, TSA 20411 –

59063 Roubaix Cedex 1. T é l . : 0 825 825 831 (0,15 €/ m n ) .

Amandine a dix ans. Pourson anniversaire, elle ar e ç u

de ses amisdes petitsc a d e a u x .L’un d’entreeux attirel ’ a t t e n t i o ndes enfants :à quoi cetobjet peut-ilbien servir ?Qui a bienpu l’offrir ? Etpourquoi ? Etvoilà nos dé-tectives enherbe qui selancent à larecherche de la vérité. L’ e n-quête commence. La quêtedébute. Les enfants, sans les a v o i r, marchent vers la révé-lation de Noël. L’Enfance missionnaire de Fran-ce et de Belgique, ainsi quel’équipe d’animation pastora-

le de l’enseignement catho-lique de Lille proposent ce

dossier pourmener les 5-12 ans versNoël. À l’in-térieur : despistes d’ani-mations pourchacun desd i m a n c h e sd e l ’ Av e n t ,une veillée,des jeux, desréférences bi-bliques. U ndossier pleind ’ i m a g i n a t i o net de décou-verte pour être

prêt à accueillir Jésus ! ■

Dossier de l’Av e n t ,Le cadeau d’Amandine, 3 €.

C o m m a n d e s : OPM-Enfance missionnai-re, 5 rue Monsieur, 75343 Paris Cedex 07.

L’enseignement catholique de Lille organise des animations pour les enseignants autour de ce dossier

(Anne Cleenewerk, 03 20 12 54 58).

Prions en Église se renouvelle Dossier de l’Avent

Baladins de la foi

religionActualités

àPrions en Église et G ra i nde Soleil r é a l i s e n t

ensemble Prions en ÉgliseJunior (pour les 8-12 ans).P re-mier nu m é ro ce mois-ci.Prions en Église est sur inter-n e t : www. p ri o n s e n e g l i s e . f r

Savoir +

Pour une catéchèse acti-ve. Voilà le credo du Séne-vé. Et la nouvelle édition

de Tu nous appelles est, commeles autres ouvrages de la mai-son, riche en propositions ori-ginales et variées d’échanges,de rencontres et d’activités.Ainsi, le thème “La terre1” invi-te l’enfant de 9 à 11 ans à lire

la parabole du semeur ( M t13,3-9). Puis avec L’Homme quiplantait des arbres de Jean Gio-no, il peut enquêter (sur la pro-venance des fruits et légumes,les légumes bio, le rôle de l’en-grais) avant de semer lui-même quelques graine et des’intéresser aux groupes « q u inettoient la nature ». E n fin, ilpourra dessiner les fruits qu’ilaime, et placer quelques«verbes de terre » ( e n f o u i r, plan-t e r, semer, germer…) dans unegrille de mots croisés. On nes’ennuie pas au caté ! ■RT

Association pour la catéchèse en rural(APCR), Tu nous appelles – enfant de

9-11 ans, coll. « Parcours “Telle est notrefoi” », Le Sénevé, 128 p., 13,50 €.

En complément, sous le même titre : le livrepour les adultes, parents et animateurs(160 p., 11 €), un CD de 8 chants avec

play-back, textes et partitions (18 €).

1. Les onze autres thèmes : L’appel, L’ a l-liance, La naissance, Les rencontres, Lesguérisons, De la mort à la vie, Le repas,La mission, Les animaux, La mer, Lamontagne.

Nous sommes attentifs lesuns aux autres, dans unrespect mutuel, et nous

considérons que la critique fra-ternelle est constructive. » L’ a r-ticle 3 de leur charte, suffit àcomprendre que les « Chan-teurs et Comédiens en Église »

ne sont pas des artistes com-me les autres. Pour faire plus ample connais-sance avec les membres de cecollectif, rendez-vous sur leursite convivial et souriant (c f .l’illustration que nous lui avonsempruntée). Les lecteurs d’E n-seignement catholique actuali-tés retrouveront, parmi d’autres

noms familiers, celui de Domi-nique Lecoin qui fit l’objet duportrait de notre numéro 265.Noël Colombier, Agnès Friberget Pierre-Michel Gambarellisont aussi de l’aventure. Auxcôtés du groupe Nomade, duconteur François Desnuelles…

et d’une bonne trentained’autres artistes dont nous vouslaissons le plaisir de la décou-verte. ■RT

àLes « Chanteurs etComédiens en Église »

sont sur www. e n - b a l a d e . o r g

Savoir +

Caté intense pour les 9-11 ans

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N °2 8 7 ,O C TOBRE 2004Enseignement catholique actualités 1 9

Branle-bas de combat dansla capitale du 23 octobreau 1e r novembre pour

l’opération « Paris To u s s a i n t2 0 0 4 ». Depuis des années, Jean-Paul IIinvite les pays de vieille chré-tienté qui se sécularisent à une « nouvelle évangélisation ». Les évêques de cinq capitales( Vienne, Paris, Lisbonne,Bruxelles et Budapest) ontrépondu à cet appel et orga-nisent à tour de rôle un« congrès missionnaire ». Après Vienne en 2003, c’est àParis qu’il revient d’organiserdix jours de réflexion, de priè-re et d’action qui ont pour thè-me un verset de l’Évangile :« Qui nous fera voir le bon-h e u r ? » Explication du cardi-nal Lustiger : « Le jour de laToussaint, l’Église proclame lesBéatitudes que Jésus a pronon-cées. C’est le secret du bonheur :Dieu nous aime et nous donnela force d’aimer. C’est le secret

de la Vie plus forte que la mort :les Béatitudes nous disent com-ment dès maintenant vivre decette Vi e . »C o n c r è t e -ment, du lun-di au vendre-di, tous lesmatins, uneconférence, àN o t r e - D a m e ,aidera à sai-sir les enjeuxde la nouvel-le évangéli-s a t i o n .L’ a p r è s - m i d i ,200 ateliersseront propo-sés au collè-ge Stanislaspour parta-ger des cen-taines d’ex-périences missionnaires. D’autres propositions sontfaites, et tout particulièrementpour les jeunes… Ainsi, une

trentaine de «Relais Paris To u s-saint 2004 » accueilleront les 7-11 anset 15 « camps de base»

se tiendrontpour les 12-18 ans (aup r o g r a m m e :sport, caté-chèse, chasseau trésor….).Par ailleurs,2 000 lycéensm a r c h e r o n tpendant troisjours pour arri-ver à Notre-Dame le di-manche 24 oc-tobre. Le mer-credi 27, unegrande « r a n-d o - r o l l e r s »t r a v e r s e r aParis. Le ven-

dredi 29 octobre sera une Jour-née du Pardon : 40 églises serontouvertes pour être des lieuxd’écoute et de réconciliation.

Le samedi 30 est orienté versl’annonce de l’Espérance chré-tienne face à la mort (journ é eHoly Wi n s avec distributiond’un journal par les jeunese t concert devant Saint-Sulpi-ce). Le dimanche 31 sera lepoint d’orgue du congrès avec un pèlerinage de toutes lesparoisses vers la cathédralepour apporter le « Livre de laVi e » qui aura recueilli toutesles intentions de prière de lasemaine. Le diocèse attend environ cinqmille personnes de provinceet de l’étranger. Les paroissesqui accueillent ces congres-sistes proposeront, elles aussi,des activités pour tous les âges.

■S H

Paris engagé dans la nouvelle évangélisation

Se déguiser pour la Toussaint

àPa ris Toussaint 2004 estsur internet :

w w w. p a ri s - t o u s s a i n t2 0 0 4 . o r g

Savoir +

Cette année, pourquoi nepas troquer citrouilles etchapeaux pointus contre

costumes de saints ? « Bonjour Michel ! Ta fête est le29 septembre. Ton patron est l’ar-change Michel. Tu peux te dégui-ser en ange. » Sur le sitew w w. s a i n t e rnet.net, presquetous les noms de saints sontrépertoriés. En tapant sur lalettre « M », Michel a vite trou-vé le sien. Il a ainsi appris quel’archange Michel est le « c h e fde la milice céleste dans l’AncienTe s t a m e n t » . Et aussi, grâce audictionnaire en ligne de Jean-Claude Brénac, qu’il « t e r r a s s ele Dragon dans l’Apocalypse etexpulse Satan du Paradis ». Maisce qui intéresse le petit garçon,c’est de savoir comment il vase déguiser. Son costume secompose d’une robe (blancheà galons dorés), de sandales (àconfectionner), d’une paired’ailes (en tissu et en ouate).Quant à Nathalie – « une cou-rageuse martyre espagnole duI Xe s i è c l e » qui mourut victimedes Maures –, c’est en Sévilla-ne qu’elle pourra s’habiller (tee-

shirt noir, jupe à volants, espa-drilles noires) avec pour acces-soires une paire de castagnetteset un éventail. Près de 40 déguisements sontainsi proposés (avocat, berger,centurion, juge, princesse, roid’Orient…) par six stylistespour évoquer un saint ou une

sainte. Quatre cent cinquan-te prénoms sont dotés de leurpatron, et si le premier pré-nom n’est pas indiqué, on peututiliser le deuxième, voire letroisième. Et tout a été pensépour faciliter le travail desmamans ou des grands-m è r e s qui auront à les confec-

tionner : de petits croquis etdes commentaires très précisagrémentent le dessin du cos-tume. Les concepteurs du site ne sontautres qu’un groupe de chré-tiens qui ont répondu à lademande du père Pierre-MarieD e l fieux, prieur général desf r a t e rnités monastiques de Jéru-salem. Leur objectif : « D o n n e raux écoles et aux familles un outilpour développer une pastoraleorientée vers les saints. » À décou-vrir sans tarder. ■S H

àD ’ a u t res sites pourc o n n a î t re les saints :

– www. c e f . f r : rubri q u e« S a i n t s » .– h t t p : / / n o m i n i s . c e f . f r : sur cesite très complet,hébergé par l’Église catholique de Fra n c e ,on tro u ve les présentat i o n sdes prénoms et des saints.– www. l eva n g i l e a u q u o t i d i e n .o r g : les lectures du jour ave cun commentaire de l’Éva n-g i l e ,et la vie du saint du jour( c f . E CA 2 8 0 , p. 6 ) .

Savoir +

Pour Mich e l . Le costume de l’ange et son patro n . (Doc : saintern e t . n e t )

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ver est restée accrochée dansun arbre. Elle est marquée parun signe de « s a n g » qui ins-crit l’acte de propriété de la tri-bu, la garantit et la protège.

Une fête de l’automneEn retrouvant cette tente, lesnomades vont se sédentariserpour plusieurs mois. Ce lieuest le lieu de leur racine. C’est

La tradition juive, puis latradition chrétienne, ontmarqué de leur interpré-

tation une fête de nomades etune fête d’agriculteurs. La tri-bu de bédouins, après avoirfait paître ses troupeaux dansles pâturages herbeux de l’été,retrouve ses campements d’hi-v e r. Depuis le printemps (la fêtede Pâques), la lourde tente d’hi-

La Toussaint dans le cycle des saisons

religionActualités

2 0 Enseignement catholique actualités N °2 8 7 ,O C TOBRE 2 0 0 4

Vers une autre vie. L’hiver renferme la promesse d’un été à venir, comme la mort à la suite du Christ annonce « un avenirinédit d’amour et de compassion pour l’humanité ». (Collage : M.-C. C o m t e )

donc dans ce sol que sont en-terrés les ossements de ceuxde la tribu qui sont décédésdurant la période de nomadi-sation, et que l’on a conserv é sjusqu’alors pour les ramenerau centre, centre de la mé-moire commune.Pour les agriculteurs, c’estaussi la période où l’on rentreles derniers fruits. Même sous

notre latitude, ce ry t h m efonctionne. Fin de la récoltedes betteraves dans le Nord,fin des vendanges en Cham-pagne, fin de la récolte dumaïs et du tournesol dans leS u d - O u e s t .Le changement de saison, leraccourcissement de la duréedes jours, indiquent une direc-tion de mémoire : celle dusouvenir des morts qui nousprécèdent et, plus particuliè-rement, des morts de l’année.

Une fête de lac o m munion des saintsPour le christianisme, la mé-moire des morts est inscritedans le mouvement de résur-rection du Christ. « Si les mortsne ressuscitent pas, le Christ nonplus n’est pas ressuscité », s’écriePaul face aux Corinthiens.Forts de cette espérance, leschrétiens ont compris que larésurrection du Christ n’estpas une bonne nouvelle pourla fin des temps mais que,d’une certaine façon, elle nousentoure – comme l’éternité en-serre le temps – et que lessaints vivent déjà en pleinecommunion avec le Christ.L’Eucharistie, dans son enga-gement au cœur de la foi,construit la dynamique de cemouvement. En communiantau Christ mort et ressuscité,nous sommes invités à faireaussi mémoire et à participerà la communion des saints.Cette proximité déjà établieentre le Christ et les saints aconduit à un certain nombrede pratiques : incruster les re-liques des saints dans la pierred’autel où se célèbre le sacrifi-ce de l’Eucharistie, enterrer lesdéfunts autour des églises afinqu’ils participent avec lessaints au mouvement de ré-surrection des corps à la fin destemps, fêter le saint le jour desa mort au cœur de l’Eucharis-tie, afin de bien marquer quece jour est, pour lui, celui deson entrée dans l’étern i t é .

Une grande fête de tous les saintsMais comment fêter tous lessaints anonymes, tous lessaints de nos familles, tousces humbles et ces petits,

Les ultimes raisins que l’on cueille, les pommes colorées dans les réserve s , annoncent que l’hiver n’est pas une fin .

De même, pour les ch r é t i e n s , la mort est promesse de résurre c t i o n .M é d i t ation sur la To u s s a i n t .

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N °2 8 7 ,O C TOBRE 2 0 0 4Enseignement catholique actualités 2 1

ceux qui, de manière discrèteet inconnue, ont, « par leurvie et par leur mort crié Jésus-Christ sur les routes dum o n d e » ?Mais comment aussi fêter cet-te invitation à la sainteté quiest pour tous et qui n’est pasr é s e rvée à quelques-uns ?

Conscient de l’étroitesse dunombre reconnu des saints,le pape Jean-Paul II vient,dans son seul pontificat, demultiplier par deux le nom-bre des saints officiels du ca-l e n d r i e r. Choisissant volon-tairement de canoniser deshommes et des femmes ordi-naires, faisant entrer massi-vement des laïcs dans lacommunion des saints offi-ciels au côté des religieux etdes clercs. On peut ainsi ima-giner la communion dessaints comme une processionjoyeuse, un peu pagailleuse,bigarrée et pleine d’anachro-nismes. Au début de no-vembre dans le fruitier : la ré-s e rve déborde de fruits diversaux couleurs chatoyantes etv a r i é e s ! Il y en a tellementqu’ils sont innombrables. Etces fruits de la grâce de Dieu

sont aussi des modèles pourceux qui vivent au quotidienle rythme des jours et des sai-sons, en se laissant féconderpar le Christ et en produisantles fruits de justice et de paixpour la croissance et l’avenirdu monde !La fête de la Toussaint vientde cette correspondanceentre un temps agricole, et lamémoire de ceux qui nousprécèdent dans la foi, et quinous provoquent par le sou-venir à une qualité de vie etd’amour entre nous.

Un appel à chacun à devenir « saint parm iles saints du ciel »Chaque fruit est unique,chaque être est unique,chaque saint est unique, voilàpourquoi résurrection n’estpas réincarn a t i o n .Le retour plus ou moins réussid’Halloween, ancienne fêteceltique qui nous revientdans son imagerie américai-ne, peut ici servir d’indica-t i o n .La tradition celtique dans cet-te fête se protégeait d’unepeur archaïque : le retour des morts qui viendraienthanter les vivants ! Les en-fants jouent alors aux fan-tômes. On les empêche de pé-nétrer dans les maisons, enles chassant par des prièresou, plus efficacement, en leurjetant des friandises !La réincarnation appartientd’abord à une autre tradi-tion, celle des religions asia-

tiques, et de l’hindouisme enp a r t i c u l i e r. Elle relève d’unetout autre vision du tempsqui ne se pense pas d’abordcomme temps historique.À l’histoire avec ses drameset ses espoirs, avec ses nais-sances et ses morts, l’hin-douisme privilégie une har-monie de vie. Chaque être vi-vant doit réaliser un par-cours harmonieux de sonexistence. Quand cette har-monie est atteinte, il seconfond alors avec un touti n d é t e rminé d’absence depassion. La réincarnation estun processus d’ajustementdes niveaux supérieursd’existence où les nombreuxéchecs d’harmonie ont brisécette quiétude vers des ni-veaux inférieurs où il est plusfacile d’accomplir cet ajuste-m e n t .La foi chrétienne dans la ré-surrection des corps s’inscritdans une tout autre logique.Elle affirme l’unicité dechaque existence qui seracomme telle accomplie plei-nement en Dieu dans l’éter-nité. La foi en la résurrectionn’est pas la foi en la réincar-nation. Non, les morts ne re-viennent pas, ils sont déjàdans un processus dont nousespérons qu’il débouche surune communion pleine et en-tière avec Dieu.L’attente de la résurrectiondes corps, sur laquelle il n’estpas possible de dire des mo-dalités précises, dit d’abordcombien chaque existence

humaine est unique. Cellede l’enfant pour ses parents,celle de tout homme sous leregard de Dieu. La réincar-nation dilue et contreditl’identité de chaque person-ne et son unicité. Pour unchrétien, ne pas croire à lar é i n c a rnation et espérer larésurrection, c’est croire que,pour ses propres parents, ilest unique, il vient d’eux.Pour Dieu son Père, chaquehomme est cet être uniqueque Dieu a voulu en Christ« dès avant la création du mon-d e » , et qu’ainsi chacun estappelé à ressusciter avec soncorps pour participer au cor-tège de la communion dess a i n t s .Les derniers fruits de l’été an-noncent déjà que l’hiver au-ra une fin. La fête de la To u s-saint s’inscrit dans le cycledes saisons, mais la mémoiredes morts et des saints brisela simple répétition du cyclede la nature. Elle indique quele don de sa vie à la suite duChrist déploie une directiond’existence. Donner sa vie àla suite du Christ construitun avenir inédit d’amour etde compassion pour l’huma-n i t é .La mémoire des saintsconstruit notre capacité, avecla grâce de Dieu, à bâtir unmonde plus juste et plus fra-t e rnel et à œuvrer jusqu’aujour où il nous sera donnéd’être « saint parmi les saintsdu ciel » .

■PÈRE HUGUES DERY C K E

@ @ @ @ @ @@ @ @ @ @ @@ @ @ @ @ @

On peut imaginer la communion dessaints comme unep rocession joye u s e ,un peu pag a i l l e u s e ,bigarrée et pleined ’ a n a ch ro n i s m e s .

E CAcontinue sur internetDes compléments aux dossiers et aux rubriques, des notes de lecture,

l’index des personnes et des sites internet cités dans le numéro.

Rendez-vous sur www.scolanet.org, cliquez sur l’ECA du mois, puis sur ECA +.

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revues express agendaActualités

2 2 Enseignement catholique actualités N °2 8 7 ,O C TOBRE 2 0 0 4

Apprendre, comment ça march e?Dans son numéro de juillet-août 2004, Le Journal du CNRSfait le point sur l’apprentissa-ge scolaire1. Les résultats de larecherche en sciences de la vieet en sciences de l’éducationpeuvent apporter aux ensei-gnants et éducateurs un éclai-rage nouveau dans leurs pra-t i q u e s .« 3 + 4 = 12 » : l’erreur seraitfréquente chez les élèves en finde CE1 ou en début de CE2.Pour Michel Fayol2, l’élève n’apas « tout faux». Il y a chez luii n t e rférence entre multiplica-tion et addition. En effet, à cestade de la scolarité, l’enfantapprend la multiplication et,aux chiffres 3 et 4, il associe lenombre 12, résultat de la mul-tiplication. C’est en fait la « r é c u-pération en mémoire3 » qui esten cause. Cet exemple, on letrouvera avec bien d’autresdans « Lire, écrire, compter -des exploits méconnus », unarticle qui explique les diffi-cultés que rencontre l’enfantqui apprend à compter.Également au sommaire de cen u m é r o : la mixité sociale àl’école. Dans « Bon ou mau-vais élève : le poids de l’envi-r o n n e m e n t », Stéphanie Biarend compte des travaux deschercheurs sur les effets du bras-sage du public dans les écoles.Il convient certes de préserv e rune certaine hétérogénéité dansles classes, comme en témoi-gnent les conclusions des étudesconduites par le laboratoire depsychologie cognitive d’Aix-M a r s e i l l e : « Dans la classe, lesélèves se comparent avec ceuxdont les notes sont légèrementsupérieures aux leurs. Or cettecomparaison par le haut, souventrecherchée dans une perspectived’amélioration de soi, est asso-ciée à de meilleurs résultats sco-l a i r e s . » Il n’en est pas moinsvrai que cette mixité socialepeut aussi avoir des effets per-vers, comme le démontre Del-phine Martinot4. « […] D a n sune ZEP5 où la proportion d’en-fants natifs de l’Hexagone et deparents français est supérieure àceux qui ne sont pas nés en Fran-ce de parents français, l’estime

de soi de la minorité issue de l’im-migration est menacée, […] c e t-te perte d’estime de soi pouvantconduire l’enfant à adopter desconduites associées à une baissede motivation scolaire. »

Le journal du CNRS est disponible enligne sur http://www. c n r s . f r / p r e s s e

1. N° 174-175, «Comment apprend-on ?» .2. Professeur en psychologie cognitive aulaboratoire de psychologie sociale et cogni-tive (Lapsco) de Clerm o n t - F e r r a n d .3. L’expression désigne le fait que l’élèveva directement chercher, dans sa mémoi-re, les résultats acquis par l’expérience.4. Chercheuse au Lapsco de Clerm o n t -F e r r a n d .5. Zone d’éducation prioritaire.

École et vivre ensembleTr a j e t s, revue de la Paroisseuniversitaire, propose un numé-r o1 sur le thème « Refonder levivre ensemble » .Guy Coq étudie les fondementsde ce projet de société et le rôleprivilégié que joue l’école «p o u rreconstruire à chaque généra-tion les conditions culturellesd’une survie, d’une réinstaura-tion de cet espace commun, dece monde commun sans lesquelsle vivre ensemble fait place à lav i o l e n c e » .Des témoignages illustrent lafaçon dont cette même écolepeut servir cette ambition. C’estainsi qu’un chef d’établisse-ment « montre que les occasionsne manquent pas de faire vivre…ce vivre ensemble dans l’établis-sement pourvu que celui qui enest le chef serve de catalyseur auxinitiatives et fédère les énergiesqui vont dans ce sens». Des ensei-gnants font part de leurs expé-r i e n c e s : mise en place, au lycée,de l’éducation civique juridiqueet sociale (ECJS), création d’unconseil de la vie lycéenne, maisaussi enseignements discipli-naires font que l’école peut êtrele lieu, par excellence, de l’ap-prentissage du vivre ensemble.

Paroisse universitaire, 170 boulevarddu Montparnasse, 75014 Paris.

Prix au numéro : 12 €.

1. N° 4, juillet 2004.

D o c u m e n t at i o nd u r a b l ei t H o s, « magazine du déve-loppement durable », se veut« un lieu d’échange d’expériences

et de débat sans langue de bois,sans idées reçues, en toute indé-p e n d a n c e ». Même s’il s’adres-se aux cadres, dirigeants etresponsables de collectivitéslocales, ses articles pourrontêtre utiles à tous ceux qui vonts’investir dans l’éducation àl’environnement pour un déve-loppement durable (EEDD) quele ministère de l’Éducationnationale a généralisée pourtous les élèves des écoles, col-lèges et lycées1. Ainsi, dans lenuméro 3 de juin dern i e r, lachronique consacrée aux pro-duits du commerce équitableet à l’attitude ambivalente desconsommateurs français quise déclarent à «47 % […] p r ê t sà acheter équitable, [alors que]les denrées commercialisées sousle label Max Havelaar2 r e p r é s e n-tent bien moins de 1 % de partsde marchés». À lire aussi : l’en-quête consacrée aux métiersdu développement durable.

itHos, 4 rue de Galilée, 75116 Paris.Prix au numéro : 10 €.

1. Circulaire 2004-110 du 8 juillet 2004,B O E N 28 du 15 juillet 2004, p. 1473 à1 4 7 5 .2. Ce label garantit une juste rétributionaux exploitants agricoles et exige unemeilleure qualité environnementale dela production.

Connaître la peurSouvent l’inconnu fait peur.Si l’on ignore tout ou presquede la peur (et des terreurs,angoisses et phobies qui vontavec), on devrait donc l’ap-privoiser grâce au numéro 56de La lettre de l’enfance et del ’ a d o l e s c e n c e1 intitulé « P e u r set terreurs d’enfance ». Où l’onapprend que « la peur [ n ’ e s tpas] n a t i v e » et comment ellevient à l’enfant qui grandit.Où l’on relit, à la lumière dela psychanalyse, L o u l o u,célèbre conte de Grégoire Solo-tareff. Où l’on voit le jeuneDany triompher de sa peurd ’ é c r i r e …

Éditions Érès, B.P. 65116 – 31151Fenouillet Cedex. Prix au numéro :

1 3 € (+ 1,75 € de frais d’envoi).

1. Tel est le nouveau titre de la « R e v u edu Grape » (trois mots qui servent main-tenant de sous-titre). Avec cette modifi-cation, le Groupe de recherche et d’actionpour l’enfance « affiche désormais [à laune de sa publication] un engagement [ … ]qu’il actualise par ailleurs dans ses forma-tions, colloques et groupes de recherche ».

■VÉRONIQUE GLINEUR

Les yeux de la mémoirePARIS (75)Du 7 au 26 octobre 20 0 4Mairie du IVe a r rondissement, 2 place Baudoyer

Sous-titrée « Des années noiresau triomphe de la liberté, 1933-1 9 4 5 », cette exposition, réa-lisée par l’Association fondsmémoire d’Auschwitz (cf. E C A280, p. 43), réunit des docu-ments iconographiques sur lamontée du nazisme, le Frontpopulaire en 1936, la guerreet la défaite en 1939, Vi c h y,l’Occupation, la Résistance,les déportations, la Libération,la victoire de 1945, et la libé-ration des camps de concen-tration et d’extermination.

C o n t a c t : 01 48 32 07 42.

O t h e l l oPARIS (75)Du 28 octobre au 19 décembre 20 0 4T h é â t re de l’Épée de Bois/Cartoucherie

Antonio Díaz-Florián, fonda-t e u r, en janvier 1968, de l’Ate-lier de l’Épée de Bois, proposeune interprétation originaledu classique shakespearien :« Sans doute Othello, le généralmaure, est-il aveuglé par l’ima-ge de l’amour et l’illusion d’êtreaccepté au sein de l’élite de Ve n i-se. Alors Iago va se charger delui faire sentir au plus profondde son âme et de sa chair les tour-ments du mépris et du racisme. »Cette interpellation d’« u nmaître du théâtre sur sa concep-tion du racisme » prolonge deuxdes précédentes créations dela troupe : La Soufrière, inspi-rée des procès des Guadelou-péens (des militants et sym-pathisants indépendantistes,ainsi que des émeutiers, ontété condamnés en 1967) ; L afuite du citoyen Blancheville,

À vos dates...

àPour une parution dansle nu m é ro 288 d’E n s e i-

gnement catholique actualités,( n ove m b re 2004), vos datesd o ivent nous parvenir ava n tle 21 octobre pro ch a i n .

Page 23: Portrait M i c hel La Toussaint Rome, Qu’est-ce qui fait … · Qu’est-ce qui fait bouger l’école ? En s eignementcatholique ACT U AL I T É S ... La relation à l’autre,

dont le sujet est la libérationd’Haïti.

Renseignements et réserv a t i o n s : 01 48 08 39 74. Par e-mail : theatre e p e e d e b o i s @ y a h o o . f r

1 0e Semaine du cinéma ch r é t i e nPARIS (75)Du 10 au 16 novembre 20 0 4Cinéma des cinéastes, 7 avenue de Clichy, 750 17

« La mémoire » est le thème del’édition 2004 de la Semainechrétienne du cinéma. Mémoi-re de l’horreur (Nuit et Brouillardd’Alain Resnais, 1955)... quel’on n’oublie pas (Voyages d ’ E m-manuel Finkiel, 1998), mémoi-re du music-hall (Les feux de lar a m p e de Charles Chaplin,1952), mémoire amour e u s e(Elle et Lui de Leo McCarey,1957), mémoire immédiate(1 0e chambre, instants d’au-dience de Raymond Depardon,2004), mémoire du cinéma (Le cameraman de Buster Kea-ton, 1928)… Ce ne sont quequelques titres parmi les vingt-deux au programme, dont P a l eRider de Clint Eastwood, unréalisateur sans qui une Semai-ne ne serait pas tout à fait com-plète. Nous publierons, dèsqu’il sera disponible, le pro-gramme détaillé sur www.scolanet.org. Mais signalons,sans attendre, que les séancesde 9 h 30 et 13 h 30 sont réser-vées en priorité aux élèves desétablissements catholiques etdes aumôneries, et qu’une for-mation pour adultes est pro-grammée pendant la Semaine.

Renseignements et réserv a t i o n s : 01 56 56 44 30. E - m a i l : semainechre t i e n n e d u c i n e m a @ v o i l à . f r

Salon du livre et de la presse jeunesseMON T REUIL (93)Du 24 au 29 novembre 20 0 4Hall d’exposition, 128 rue de Pa r i s

Il a vingt ans, toutes ses dentset il le prouve, ce salon qui, cet-te année, met à l’honneur lag o u rmandise et le Petit Cha-peron rouge. Inspirés par le pre-mier thème, les éditeurs ont misles petits livres dans les grandspour concocter des « p a r c o u r s»

N °2 8 7 ,O C TOBRE 2 0 0 4Enseignement catholique actualités 2 3

bulletin officiel

à partir de leurs « choix gour-m a n d s ». Quant à l’expositionconsacrée à la petite porteusede galette et de pot de beurre,elle devrait rassasier les ama-teurs les plus exigeants de ceconte ancestral. Ses variantes(de la fable originelle aux inter-prétations les plus modern e s )y seront présentées dans uneinstallation multimédia, rétros-pective et interactive.

I n t e r n e t : www.salon-livre - p re s s e - j e u n e s s e . n e t

Conférence ISP n° 2PARIS (75)29 novembre 20 0 4G rand amphi de l’Institut catholique de Paris, 18 h 15

Anne Jorro, maître de confé-rences en sciences de l’éduca-tion à l’université de Provence,i n t e rviendra sur le thème« Changer les pratiques d’éva-luation – questions et enjeux».

C o n t a c t : [email protected]

C o r p s - c u l t u r e - r e l i g i o nPARISTrois modules (cf. ci-dessous)Institut de la Salle, 78 rue de Sèvres, 750 07

L’Institut de formation pourl’étude et l’enseignement desreligions de Dijon propose unef o rmation universitaire 1e r c y c l e« É d u c a t i o n - C o m m u n i c a t i o n -Travail social et religion ». Inti-tulée «C o r p s - C u l t u r e - R e l i g i o n» ,elle se déroulera en trois modulesde 18 heures chacun : du 14 au16 janvier 2005 ; du 15 au1 7 avril 2005 ; du 10 au 12 juin2005. Elle vise à former des per-sonnes-ressources dans ledomaine éducatif pour la pri-se en compte des diversités culturelles et religieuses. Elles’adresse aux animateurs-édu-cateurs et conseillers d’éduca-tion des établissements quiaccueillent des élèves de dif-férentes origines ethniques, culturelles et religieuses. Enfin ,les trois modules sont capitali-sables et peuvent être suivis sansengagement de départ pour l’en-semble de la formation 1e r c y c l e .

C o n t a c t : Secrétariat du Centre univers i t a i re catholique deB o u rgogne (CUCDB ) : 03 80 73 45 90 .

Pour vous guider dans le BOs e p t e m b re 2004 (no s 31 à 34)

Cette rubrique vous informe sur les textes essentiels parus dans le Bulletin officiel del'Éducation nationale. Pour en savoir plus, consultez le site : www.education.gouv.fr/bo

BO 31B a c c a l a u r é a tDes informations sur l’éva-luation de l’éducation phy-sique et sportive à compterde la session 2005 et de la ses-sion 2006, et la création d’unbaccalauréat professionnelspécialité « e s t h é t i q u e / c o s-m é t i q u e - p a rf u m e r i e » .C o n c o u rsLes dates des concours d’ac-cès à des listes d’aptitude envue de l’obtention du Cafep1

et du Caer2 pour l’année2 0 0 5 .

BO 32À propos du sportDeux textes : – L’enseignement de l’édu-cation physique et sportiveentraîne des risques que toutenseignant doit bien mesu-r e r pour assurer la sécuritédes élèves en évitant les gesteset attitudes susceptibles d’in-t e r p r é t a t i o n .– Enseignement de la nata-tion dans les 1e ret 2d d e g r é s :compétences attendues, condi-tions de mise en œuvre, enca-drement, qualification despersonnels, surveillance ets é c u r i t é …Pro m o t i o n sContingents de promotion àla classe exceptionnelle ouhors-classe et contingent demaîtres délégués (1 720) sus-ceptibles d’être inscrits surune liste d’aptitude en vued’obtenir un contrat.V AE Une circulaire précise lesmodalités de la validationdes acquis de l’expériencepour le diplôme d’État d’édu-cateur spécialisé.Pro g ramme euro p é e nDans le cadre du program-me européen Leonardo daVinci, appel à propositionspour participer à la créationd’un espace européen decoopération dans le domai-ne de l’enseignement et de laf o rmation professionnels.

BO 33Des modifications Deux décrets sur les règlementsgénéraux du CAP3 et de lamention complémentaire.En musique !Une note de service précise leprogramme préparatoire àl’épreuve d’histoire de lamusique du brevet de techni-cien « métiers de la musique »pour la session 2005.

BO 34E n c o re le baccalauréatUne note d’information surles adaptations apportées àl’organisation des baccalau-réats général et technologique.O u v e r t u re sur l’A l l e m a g n eDeux propositions :– Le prix Frankreih-Preis/Alle-magne pour les élèves deslycées d’enseignement pro-fessionnel, pour les sectionstechnologiques et pour leslycées agricoles.– Le programme européen Vo l-taire propose un séjour longen Allemagne pour des lycéensdes classes de seconde.H o rs - s é ri e– N° 4 : nouveaux program-mes pour les 6e s en mathé-matiques et en sciences de lavie et de la Te r r e .– N° 5 : programmes de ma-thématiques en 1r e de la sériesciences et technologies de lag e s t i o n ; programmes de ma-thématiques et des arts ducirque en 1r e de la série L pourl’enseignement obligatoire auc h o i x; programmes de languesvivantes de terminale des sériesgénérales et technologiques.– N° 6 : organisation et pro-grammes des classes prépa-ratoires aux grandes écoles.

Yvon GarelS e c r é taire général de la DDEC des Côtes-d’A r m o r

1. Certificat d’aptitude aux fonctionsd’enseignement dans les établissementsd’enseignement privé du second degrésous contrat.2. Concours d’accès à l’échelle derémunération des professeurs.3. Certificat d’aptiude professionnelle.

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2 4 Enseignement catholique actualités N °2 8 7 ,O C TOBRE 2 0 0 4

Donner les moyens à lacommunauté éducative de

construire une parole■Des clefs pour éviter les fausses pistes,bien compre n d re la logique des messages

et des engagements, et s’imprégner des convictions à partager.

Deux temps forts en décembre

■Des re p è res pour réussir la journée des communautés éducatives

du 3 décembre et le temps diocésain et national du lendemain.

La personne... pourquoi?■R e n c o n t res avec un évêque, Mg r Ja e g e r,

un philosophe, Jean-Baptiste de Fo u c a u l d ,et un sociologue, Philippe Bre t o n .

Les établissements au travail

■Deux écoles primaires et un collège t raduisent de manière originale

les grands défis des assises.

Que font les diocèses?■À Saint-Denis, Rennes et Troye s.

Sommaire

Re l i re le quotidien et s’engager

D o s s i er

Depuis la fin du mois d’août dern i e r, naissent, dans de nombreuxdiocèses, initiatives, rencontres, échanges. Leur objectif : faire dece premier trimestre – au moment où l’enseignement catholiquese mobilise pour avoir, au plan politique, les moyens de son pro-jet – un temps fort. Il doit permettre à chaque membre de la com-

munauté éducative de vivre avec une intensité particulière sa démarched ’ a s s i s e s .Au lendemain de la rencontre des groupes de pilotage diocésains pourles assises, nous voudrions revenir à l’essentiel de cette démarche. Pourcaractériser cette dernière, nous dirions qu’elle repose sur un triple mou-v e m e n t :– Une interpellation faite à chaque communauté éducative : que fai-sons-nous de notre projet ? Comment le vivons-nous ? Comment pre-nons-nous en compte les défis éducatifs du temps présent ?– Un appel et une invitation à oser durer dans l’action, à approfondirles intuitions et les orientations éducatives contenues dans les résolu-tions des assises qui se sont tenues à l’Unesco en 2001. Orientations qui,invitant à penser l’établissement autrement, rendaient tangible et opé-ratoire le projet éducatif de 1993 : « Donner du sens à l’école. » – Un questionnement sur ce qui se vit au quotidien dans l’établissement :mettre la personne au cœur de ce dern i e r, c’est alors oser se poser la ques-tion de la place et de la parole de chacun dans la communauté éducati-v e .Dans un monde en pleine mutation, où la personne se trouve fragilisée,il est essentiel que l’école veille sans cesse à s’humaniser. Il lui faut vivrel’éducabilité de chacun dans le registre de la confiance, donner à cha-cun la possibilité de réaliser son projet dans le registre de l’espérance, etdévelopper les capacités relationnelles de chacun dans le registre del ’ a m o u r. Il est devenu urgent de « faire l’effort du sens1 ». ■

1. C f. Alain Bentolila, Tout sur l’école, Odile Jacob, 2004, 272 p., 22 €.

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N °2 8 7 ,O C TOBRE 2 0 0 4Enseignement catholique actualités 2 5

Le cheminement proposé nous invi-te à partir d’un temps de discern e-ment et d’analyse, à oser engager la

communauté dans une expression sin-cère, authentique, ouverte à tous.Cela est difficile car nous avons à lutterc o n t r e :– la fréquente insuffisance de parole denombre des acteurs de la communautééducative (à ce titre, il est frappant deconstater que spontanément certains peu-vent être amenés à oublier qu’au cœurdes assises se trouve la parole des élèves) ;– les habitudes, les rapports de force sou-vent implicites, l’inégalité face à l’ex-pression de chacun ;

– le manque de ressources en matièred’animation et notre fréquente imprépa-ration dans le maniement des outils dela parole collective ;– la crainte de l’affrontement, du confli t ;– le manque de temps pour se parler del ’ e s s e n t i e l .C’est le sens des hors-série d’E n s e i g n e m e n tcatholique actualités1 publiés en 2003 et2004. Ils proposent un certain nombre depossibles, mais ne peuvent et ne doiventpas constituer des passages obligés, ou pi-re uniques, pour aider les responsables dela communauté éducative dans ce tempsd ’ a n i m a t i o n .En effet, chaque communauté éducative

est invitée durant ce trimestre à faire unpas pour être mieux « a n i m é e ». Il fautdans ce cas prendre le mot au sens éty-mologique. C’est à un supplément d’âmeque nous sommes invités en tant que com-m u n a u t é .Pour cela, il nous faut nous entraîner mu-tuellement à sortir d’une certaine cultu-re de la parole qui nous bride :– Refusons la parole constat qui reste tropsouvent au niveau de la plainte, des faussesévidences, qui nous entretient dans unef o rme d’impuissance. Le « s l o g a n » desassises qui résume l’esprit des « m e s s a g e s »et des «e n g a g e m e n t s », en évoquant «d e sparoles pour demain, pour agir » nous in-

À vos marques... Tous les membres des communautés éducatives sont invités à bâtir dans le même sens. (Photo : G. B r o u i l l e t )

Donner les moyens à la communautééducative de construire une paro l e

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union des professeurs principaux et desresponsables de niveau pour être écoutéset participer réellement à la réflexion édu-cative engagée par l’établissement.

Quitter le langage des intentions pour celui del’action réflé c h i e : une autre inquiétudeéprouvée parfois par les responsables d’éta-blissement dans ce travail interne tient àla modestie apparente des actions aux-quelles on pourrait aboutir. À quoi res-sembleront nos messages, nos engage-ments quand on les enverra au diocèse ?P i r e : que pensera-t-on, que dira-t-on denous, de quoi « aurons-nous l’air » ? Re-disons-nous, sans relâche, l’esprit de cemouvement collectif. S’il est important quechaque établissement soit invité à mar-quer son appartenance à l’enseignementcatholique et à faire corps en partageantson essentiel, la démarche est d’abord uneinvitation à un mieux-vivre et un mieux-agir en interne. La qualité de ce qui se vitne peut, ne doit être lue de l’extérieur, à par-tir de ces expressions simples et concrètesque doivent rester les messages et les en-gagements. Leur prise en compte au plandiocésain, au plan national sera, d’abordet avant tout, l’occasion de valoriser, dereconnaître et de prendre en compte lesaspirations de chacun.

Sortir du cloisonnement, de l’isolement : u n eautre difficulté vécue, par exemple, parde petites écoles, tient au sentiment quel’on est trop petit, ou que se connaissanttrop, toute parole serait condamnée à« t o u rner en rond ». Cela peut être vécu,d’ailleurs, quelle que soit la taille de l’éta-blissement. Ce trimestre n’est-il pas l’oc-casion, alors, d’ouvrir la communauté àdes interpellations extérieures, à de nou-veaux partages, à de nouveaux ques-tionnements, vivant une école sans murs ?La logique de réseau, la rencontre avecd’autres prend alors tout son sens. Oui, ce à quoi nous sommes appelés au-jourd’hui, c’est d’abord à faire tomber desmurs. Murs intérieurs qui nous divisentet nous dispersent, et nous ôtent la pos-sibilité de nous voir et de nous entendre.Murs qui nous entourent et nous coupentde l’extérieur, et refont de l’école une ci-tadelle. Un vent d’imagination et de li-berté court en cette rentrée d’une com-munauté à l’autre, c’est celui qui redonneà chacun toute sa place et nous pousse àvivre notre projet d’éducation et deconstruction de la personne dans une « e s-pérance engagée ». Partageons-le.

■YVES MARIANI

1. « Un temps nouveau pour l’éducation et la pédago-g i e », « Des outils pour susciter la parole », « Des outilspour faire grandir la pers o n n e» .

ment dans un langage accessible à tous,les défis prioritaires que nous voulons re-lever en tant que communauté éducative.On comprendra l’importance que le plusgrand nombre soit écouté et participe àl’élaboration de ces défis. C’est le gaged’une action porteuse de sens.

Les engagements sont eux un premieraboutissement de cette réflexion. Ils veu-lent transformer ces défis en décisions, enactions concrètes que l’on pourra relire,a j u s t e r, évaluer, mesurer dans l’avenir. Ilsconstituent comme les messages des re-pères, des balises, des points de rencontre q u inous permettront de nous redire le sens dece que nous faisons. Ce ne sont pas des pa-roles définitives qui enferment et fig e n tl’action, mais ce sont des paroles dont nousgardons trace et qui guident le quotidien.

Des convictions à partag e r

Des nombreuses journées diocésaines etparticulièrement des rencontres régionalesde ces dernières semaines sur la démarched’assises, nous pouvons déjà retirerquelques enseignements :

Il ne s’agit pas de faire plus, mais de faire au-t r e m e n t : un premier mouvement de cer-tains responsables d’établissement est mar-qué à la fois par l’intérêt pour la démarcheet par l’inquiétude qu’elle vienne se sur-ajouter à un emploi du temps, à une or-ganisation qui ne lui laisseraient que troppeu de place. Redisons-le, ce trimestre nenous demande pas d’abord de faire deschoses en plus mais d’agir autrement pouroser se donner le temps de l’essentiel. Nouspensons à ce collège qui a choisi, parexemple, de consacrer le premier tempsdes conseils de classe d’octobre à l’expres-sion de chacun pour oser sortir de l’insa-tisfaction de tous sur la façon dont on pre-nait en compte la personne dans cesconseils. Ou à cette école qui a choisi depenser autrement la première réunion avecles parents – chaque enseignant renon-çant à d’abord dire tout ce qu’il avait à di-re pour oser prendre le risque de se mettreà l’écoute des questions, des peurs, des at-tentes des parents, changeant ainsi radi-calement le rapport avec les familles endébut d’année. Ou encore à ce lycée et àcet internat dans lesquels le personneld’éducation ainsi que le personnel de ser-vice ont été au cœur de la première ré-

vite à refuser la coupure, la déconnexionde la parole de l’action. Parler c’est agirsi nous osons faire de cette parole unevolonté collective.– Quittons une parole « g é n é r a l e » quise réfugie dans des principes déconnec-tés du quotidien et du réel qui nous per-mettent de rester au chaud dans l’im-puissance. Cette parole que nous voulonsconstruire, aussi difficile soit-elle, se vitcomme un aller-retour permanent entrela prise de distance, la pensée, la mesu-re de l’écart entre ce à quoi nous aspi-rons et le « r é e l », les faits, l’ordinaire del’action, de la vie quotidienne.– Luttons contre la parole qui juge, qui« c a t é g o r i s e », qui « fig e ». Nous avons,à l’évidence, à changer de culture del’évaluation, et pas seulement au planpédagogique. Regardons autrement nosactions, relisons-les de façon plus positi-ve. Combien de projets, souvent remar-quables, menés par des enseignantsconvaincus s’étiolent, voire s’arrêtent,faute d’avoir connu ce regard à la foislucide mais « p o s i t i f » qui permet, seul,de capitaliser les avancées, d’affronterles déceptions et les impasses, de trouverl’énergie du second départ ? Parler, c’est,peut-être, alors, et d’abord, écouter ! Aucœur de la démarche d’assises, se trou-ve cette interpellation forte, pressante, ànous écouter mutuellement dans nos at-tentes, nos réalisations, nos besoins. C’estle sens des outils d’expression proposésà chaque composante de la communautééducative. Ils ont été pensés (à titred’exemple) comme des supports pour fai-re entendre la voix de chacun.– Prenons conscience de notre impatience.Cette parole ne peut se construire quedans le temps. Dans cet esprit, les 3 et4 décembre 2004 ne sont que des rendez-vous. Si l’ensemble des communautéséducatives s’arrête le 3 décembre, cela avaleur de message et d’appel pour le quo-tidien de l’établissement. Donnons-nousle temps de l’essentiel, de la rencontre,de l’accueil mutuel. Nous avons à entrerdans une autre culture du temps, aussifortes que soient les contraintes qui pè-sent sur notre vie collective.

Quelle est la logique desm e s s ages et des engag e m e n t s ?

Les messages et les engagements consti-tuent deux moments de la constructionprogressive d’une parole collective. Lesmessages sont la fine pointe du travaild’analyse, de discernement et d’expres-sion auquel les communautés sont inv i-tées. Ils sont l’aboutissement du travaild’écoute et de relecture proposé. Ils expri-

2 6 Enseignement catholique actualités N °2 8 7 ,O C TOBRE 2004

Chaque commu n a u t éé d u c at ive est invitée dura n tce trimestre à faire un paspour être mieux « a n i m é e » .

D o s s i eràRelire le quotidien et s’engager

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3 décembre – journée des communautés éducat ive sCette journée commune à l’ensemble desétablissements de l’enseignement catho-lique relève de la responsabilité des chefsd’établissement. Nombre d’entre eux sou-haitent en faire un vrai temps fort qui ren-de visible la volonté des membres de leurcommunauté éducative :– en élaborant une parole collective surdes engagements concrets qui perm e t t r o n tde relever les défis exprimés dans les mes-sages préalablement transmis à leur dio-cèse en novembre ;– en faisant vivre la communauté éduca-tive dans toutes ses composantes ;– en accentuant le sentiment d’apparte-nance à l’enseignement catholique.Plusieurs exemples d’animation de cettej o u rnée sont présentés sur le site des as-s i s e s1 dont le but essentiel est de mutuali-ser les découvertes, les interrogations, lesexpressions, les défis et les engagements.À titre d’exemple, le déroulement d’unetelle journée pourrait être le suivant :M a t i n é e : – exposition des supports réalisés par lesdifférentes composantes de la commu-nauté éducative, échanges en classe avecles élèves sur ces expressions et sur les dé-fis prioritaires retenus, recherche de voiesconcrètes pour les mettre en œuvre ; – rencontre avec les délégués pour recueillirles propositions. Après midi : – réunion des enseignants et des person-nels sur les mêmes objets ; – réunion d’un petit groupe de représen-tants de la communauté pour préparer lespropositions qui seront présentées au conseild’établissement. Fin d’après-midi : conseil d’établissement élar-gi pour valider les engagements choisis.

4 décembre – temps diocésain et nat i o n a lIl appartient aux membres des commu-nautés éducatives des établissements ded i s c e rner les écarts entre le dire et le faireà propos de la place et de la reconnais-sance de chaque personne, de s’exprimersur ce sujet, d’en dégager des défis essen-tiels et de prendre des engagements. Il enest de même au plan diocésain et natio-nal. L’enseignement catholique diocésainet national a sa part de responsabilité dansl’exercice du projet éducatif et de la façondont se vivent les relations entre les per-sonnes. Ainsi, au regard des différents mes-sages et défis relevés par les établissements,devra-t-il engager sa propre réflexion afinde prendre des décisions qui s’imposerontà son fonctionnement et à l’ensemble descommunautés que les diocèses et le Co-mité national de l’enseignement catho-lique (Cnec) représentent. En effet, si ladémarche d’assises, entreprise en sep-tembre 2000 pour « repenser l’école autre-m e n t » et en septembre 2003 pour « r e s-pecter chaque personne », ne se soldait quepar des bons mots, sans effets pour au-jourd’hui et demain, alors nous ajoute-rions une morosité supplémentaire au sec-teur éducatif.C’est pourquoi, le 4 décembre concern etous les membres des communautés édu-catives (jeunes, parents, enseignants, per-sonnels administratifs et de service...). Cha-cun doit pouvoir accéder directement auxengagements qui seront pris. La chaîne detélévision K T O, les réseaux radiophoniquesRCF et de la Cofrac (Radio Notre-Dame), lesite internet des assises, le journ a l La Croixet les nombreux médias régionaux et na-tionaux en seront les témoins.Le samedi 4 décembre, de nombreux dio-cèses rassembleront des représentants des

communautés éducatives de leurs éta-blissements, d’autres se réuniront en Co-d i e c2 ou en Codiec élargi pour travaillersur leurs engagements. Parallèlement, lesmembres du Cnec et des délégués de chaquediocèse se retrouveront au lycée Saint-Ni-colas à Issy-Les-Moulineaux (92). Dès 9 heures, une émission d’une heuresur K T O, animée par Pierre-Luc Séguillonet Nathalie Le Breton, proposera une ré-trospective de la démarche d’assises et fe-ra le point sur les expressions, les mes-sages, les défis et les engagements desétablissements. À 10 heures, les réunionsdiocésaines (ou interdiocésaines) et larencontre nationale examineront cha-cune les engagements qu’elles souhai-tent prendre. De 12 heures à 12 h 30, uneseconde émission mettra en valeur lespremiers engagements pris par les dio-cèses et exprimer les engagements na-tionaux. Durant les journées du samedi et du di-manche, les décisions s’afficheront pro-gressivement sur le site internet des assises.–Dans le numéro d’Enseignement catholiqueactualités de novembre, nous préciseronsles encadrements des réseaux radiopho-niques et du journal La Croix. Ce temps fort de décembre sera suivi d’unenouvelle rencontre le 22 janvier 2005 poureffectuer un bilan général de cette deuxiè-me phase d’assises et envisager les suitesà donner. Elle réunira les membres du Cnec,les présidents de Codiec, les directeurs dio-césains, les représentants des organismesnationaux. La contribution et la participation de tousdonneront la mesure de l’espérance en-gagée, souhaitée par Paul Malartre en sep-tembre 2003. ■

1. www. a s s i s e s . o r g2. Comité diocésain de l’enseignement catholique.

àCréée sous l’impulsion de l’arch ev ê-ché de Pa r i s , la chaîne K TO s’est posi-

tionnée dès son ouve r t u re, le 13 décembre1 9 9 9 ,comme « télévision catholique» ouve r-te à tous les ch e rcheurs de sens, c roya n t sou non. Sans censure ni pro s é ly t i s m e, K TOveut témoigner, f a i re témoigner et re n d ret é m o i g n age. Loin de priv i l é gier la désespé-rance ou le rep l i ,K TO e n c o u rage la réflex i o n ,le débat, la méditation et la prière poura c c o m p agner l’une des ex i gences que re n-c o n t re tout homme : « Donner du sens à sav i e. » A i n s i ,1 9h e u res par jour (de 7 heure s

à 2 heures du matin),K TOp ropose un rega rdchrétien sur la vie et sur le monde.K TO Maga-z i n e, K TO Info s, L’œil des médias, S o l i d a i re m e n tv ô t re ( c f .E CA 2 8 6 ,p.5 7 ),Po u rquoi Pa rc ’ q u e,V I P,Pa roles d’Éva n g i l e,Au-delà de l’écra n ,S o l i d a r i t ésans fro n t i è re s,C o n c e r t s,D o c u m e n t ,É v é n e m e n t s …sont quelques-unes des émissions où K TOs ’ o u v re « g rand large » sur le monde pouroffrir un temps qui parle et qui libère.Pour découvrir cette ch a î n e, deux médiasc o m p l é m e n t a i res ont été déve l o p p é s : unsite internet qui permet notamment des u iv re l’actualité de K TO et de voir ou revo i r

des émissions, et un magazine édité deuxfois par mois pour connaître les prog ra m m e s .K TO est diffusée à la fois par Canal Satelli-te et TPS dans l’abonnement de base, sur lesatellite A s t ra sans ab o n n e m e n t ,sur le câbl ev i a les réseaux N o o s,NC Numéricâbl e,Fra n-ce Telecom Câbl e,sur internet en ADSL dansl ’ o f f re de base de la Fre eb ox , e t , pour cer-tains prog ra m m e s , à partir du site internetw w w. k t o t v.com en utilisant Real Vi d e o.E l l ed é veloppe également toute une offre sur cesite internet : rediffusion de certaines émis-s i o n s , grille de prog ra m m e s . ■

KTO : témoigner du sens de la vie

N °2 8 7 ,O C TOBRE 2 0 0 4Enseignement catholique actualités 2 7

Deux temps forts en décembre

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D o s s i eràRelire le quotidien et s’engager

Mg r Je a n - Paul Ja e g e r1 : « Le courage et l’audace de témoigner »Comment ressentez-vous l’ardente obligat i o nde ces assises ?Plus que jamais, il faut situer la person-ne au cœur de l’enseignement catho-lique. Non qu’il aurait failli à sa mission,mais parce que le contexte social a chan-gé. Les techniques de communicationdonnent, par exemple, l’illusion de va-loriser les personnes puisqu’on commu-nique beaucoup. Mais si nous sommesrivés à des appareils, si nous ne nousvoyons plus, ne nous écoutons plus etnous contentons d’échanger quelquesmessages, nous perdons, en fait, tout sensdes relations interpersonnellesDès lors, plus le système éducatif aiderales jeunes à développer ces relations in-terpersonnelles, à se respecter eux-mêmes

et à respecter les autres, à être membresactifs d’une société et mieux encore d’unecommunauté, plus ils seront disposés àréussir et à se réussir eux-mêmes.La communauté éducative de chaqueétablissement doit se poser constam-ment cette question : chaque personneest-elle ici reconnue, peut-elle trouverdans notre établissement le lieu de sacroissance et de sa réalisation ? Il nes’agit pas de bâtir une sorte d’idéologiede l’école et de l’éducation, dont lesélèves ne seraient finalement que lesinstruments. Un système qui fonction-ne pour lui-même risque de se laisserentraîner par le démon de la sélectionoutrancière.Dans les établissements catholiques d’en-seignement, nous ne pouvons nouscontenter de références plus ou moins al-lusives à l’Évangile. Il nous faut avoir lecourage et l’audace de témoigner – enrespectant, certes, les itinéraires, les ques-tions et les appartenances spirituelles dechacun – d’un sens chrétien de la per-sonne, qui trouve son épanouissementet sa réalisation dans la relation à Dieuc r é a t e u r, au Christ qui libère et sauve età l’Esprit Saint, vie même et Amour deDieu qui nous habite. Nous le croyons :c’est bien dans cette communion quel’homme trouve son achèvement.

L’appel est lancé à tous les établissements.Êtes-vous confiant dans leurs réponses ?Je souhaite que tous les établissements,et tous les partenaires des établissements,entrent dans cette dynamique des as-sises. Tout ne va pas commencer avecces assises, mais les différents partenairesde l’enseignement catholique gagnenttoujours à raviver des convictions pro-fondes. Certains établissements aurontpeut-être besoin d’être convaincus, devoir les premiers fruits que produirontces assises, et se mettront en route plus

lentement que d’autres. J’ai confia n c een la qualité de la démarche et en l’en-thousiasme qui sauront entraîner les plusréticents. Dans l’enseignement catho-lique comme dans toute l’Église, personnene craint d’embaucher à toutes les heuresdu jour !

■PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-LOUIS BERGER-BORDES

1. Président du Comité épiscopal du monde scolaireet universitaire (Cemsu).

Jean-Baptiste de Fo u c a u l d1 : « I nventer une science de la personne »En quoi selon vous un questionnement sur la personne, dans le monde éducatif, est-il indispensable ?Le monde éducatif a toujours eu pourbut d’aider les personnes à se construi-

La personne... p o u rq u o i?

Un évêque, un philosophe et un sociologue expliquent en quoile thème des assises – la personne – leur semble d’actualité.

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re. Mais ce qui a changé, c’est que les in-dividus sont fragilisés par le fait que lessociétés ne fournissent plus des repèressymboliques aussi sûrs et stables qu’avant.Et les identités professionnelles elles-mêmes, celles que les élèves seront ame-nées à connaître, sont beaucoup plusfloues, ne conférant plus un rôle stable,reconnu tout au long de sa vie.Certains utilisent une comparaison avecles crustacés, que leur carapace protègede l’extérieur : aujourd’hui, la société nedonne plus de carapace ; chacun doitdonc trouver en lui-même des ressourcesplus fortes. L’identité et le sens étaient jusqu’alorslargement donnés par l’extérieur, par lasociété, au point même de risquer d’op-primer les personnes. Aujourd’hui, c’estle sens et l’identité personnels qui doi-vent être convoqués pour donner du sensà la société.Il y a donc un besoin particulier d’arm e rles individus, leur intériorité, pour qu’ilssoient des acteurs forts dans une société,je ne dirais pas molle, mais fluide, in-certaine, qui progresse et régresse. Les réformes envisagées portent en gé-néral trop sur les savoirs, les programmes,plutôt que sur des apprentissages de com-portements, de rapport à l’autre, de rap-port à soi, et de rapport aux systèmessymboliques. Or, c’est cela qui arm e r ales personnes pour l’avenir.Nous vivons avec des représentationsexagérément utilitaristes. L’homme esta m b i v a l e n t : il a bien sûr des intérêts àdéfendre ; mais il y a aussi en lui unepart de spontanéité, de générosité, dedon. Et dans un monde qui a tendanceà tout individualiser, à tout envisager ent e rme d’intérêts, il faut expliquer que lefonctionnement de la nature humaine,qui est essentiellement relationnelle, re-pose largement sur le donner, recevoir,rendre, et pas seulement sur de petits cal-culs pour bien vérifier que l’on a exac-tement reçu ce que l’on avait donné. C’estainsi que l’on formera des personnali-tés qui seront des vrais acteurs, et pas seulement des calculateurs rationnels.Cultivons l’appât du don autant que l’ap-pât du gain !

Dans Les trois cultures du développementh u m a i n2, vous dites de fait que « l’école doit

être non seulement un lieu de format i o n, maisl’instrument d’une pédagogie du sens et dulien social ». Mais comment ?On a vraiment besoin de revenir auxbases anthropologiques de constructionde la personne. Et je me demande s’il n’yaurait pas, à l’école, une discipline nou-velle à inventer, un enseignement sur

plusieurs années, à la portée des élèves,avec des cas pratiques, pour traiter desquestions comme la gestion de la vio-lence, la non-violence, le don anthro-pologique… Une science de la personne,en somme…

■PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-LOUIS BERGER-BORDES

1. Président de Solidarités nouvelles face au chôma-ge. Sur intern e t : www. s n c . a s s o . f r2. Éditions Odile Jacob, 2002.

Philippe Bre t o n1 :« Éduquer à l’intéri o ri t é »

En quoi le travail des assises concerne-t-il l’en-semble de la société ?Nous sommes en train de prendreconscience que l’école n’a répondu qu’àune partie de sa mission en se concen-trant sur la transmission des savoirs. Laviolence qui s’y est développée est unsymptôme de cet échec. Nous avons tel-lement fait fi de la dimension éducativede l’école que nous nous sommes mêmeimaginés que des écrans perm e t t r a i e n taux élèves d’accéder à tous les savoirsdu monde ! Cette utopie nous a, de fait,rappelé que l’école, loin d’être virtuelle,est d’abord un lieu de socialisation. Or,il y manque une réflexion sur le statutde la parole, donc de la personne. J’en-seigne à l’Université et j’y vois arriver desétudiants qui n’ont jamais pris la paro-le en public, jamais pris le risque des’adresser aux autres. Leur cursus du-rant, ils sont restés passifs. Constaterqu’au moment d’apparaître aux autres,de se déployer comme personnes, les

jeunes se perdent dans le vide, est à mesyeux, un signe d’échec majeur du systè-me éducatif ! C’est d’autant plus regret-table que cet apprentissage se fait diffi-cilement en famille. Les adultes y sontdévalorisés par le discours ambiant (mé-dias, publicité) : Soyez libres, leur serine-t-on, et pour cela, n’écoutez plus vos pa-rents (d’ailleurs, ajoute-t-on, eux necomprennent rien aux nouvelles tech-nologies qui vous passionnent tant !). Par ailleurs, les émissions de téléréalitéfont semblant de donner la parole auxj e u n e s : elles n’acceptent que des discourstissés de lieux communs susceptibles d’at-tirer le maximum d’audience. Être capable d’une parole personnelleexige l’apprentissage de la connaissan-ce de soi et une bonne socialisation (latchatche du leader qui hypnotise n’enest pas une). Pour s’épanouir, cette ori-ginalité doit s’appuyer sur une culturede l’intériorité, fortement menacée au-jourd’hui par notre monde collectiviste,et non pas individualiste. On y confondconcurrence, compétition et affirm a t i o nde soi. Dans le meilleur des cas, l’écoles’y intéresse aux relations entre les êtresmais pas à l’être. Elle a du mal à inté-grer l’originalité de chacun, souvent priéde se couler dans le moule. Or, une foiséteints les écrans, rangés les CD, éloignésles copains, ou stoppée la sonnerie duportable, bien des jeunes sont pris de pa-nique existentielle ; ils n’ont plus le lexiquepour se penser eux-mêmes, ni la capa-cité de se couper du monde pour se tour-ner vers soi. Comment un enfant pour-rait-il, sans éducation, apprendre àexprimer ce qu’il ressent, s’autoriser àvoir et exprimer ce qui fait sa singulari-té, à accepter d’être original ? Et com-ment le faire sans accéder à l’intériori-t é ? Le monde chrétien reste trop silencieuxsur cette question de l’intériorité, com-me s’il s’agissait d’une valeur ringarde,alors qu’elle est l’un des fondements dela personne ! Il faut bien, un jour oul’autre, accepter d’être seul responsablede soi-même devant soi-même !À l’occasion de conférences que j’ai pro-noncées devant eux, responsables, chefsd’établissement et enseignants de l’éco-le catholique m’ont donné à penser, parla qualité de leur écoute, leur mobilisa-tion, qu’ils cherchaient non seulementà engager cette réflexion mais à se don-ner les moyens de passer à l’acte.

■PROPOS RECUEILLIS PAR OLIVIA V E R D I E R

1. Sociologue, chercheur au Centre national de larecherche scientifique (CNRS), auteur, entre autresouvrages, de Éloge de la parole, La découverte, 2003,192 p., 14,50 €.

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D o s s i eràRelire le quotidien et s’engager

Les éta b l i s s e m e n t sau tra v a i l

École de l’Abbaye ,S a i n t - H i l a i re - Saint-Flore n t( M a i n e - e t - L o i re ) : les pare n t sen pre m i è re ligne

Sur le mur de la salle des professeurs,l’affiche rappelle les grandes lignesdes dernières assises. Tout en par-

lant du travail accompli, Marie-Christi-

ne Gendron se tourne instinctivementvers les phrases clefs comme pour ap-puyer son propos. « C’est ma cinquièmeannée à Saint-Hilaire - Saint-Florent, e x-plique la directrice de l’école de l’Ab-b a y e1. Dès le départ, j’ai voulu axer nos ef-forts sur l’accueil. J’ai donc commencé par

Pa rents associés, é l è ves en difficulté intégrés, adultes et adolescents qui dialoguent... Chaque établissement traduit

de manière originale les grands défis des assises.À l’image des deux écoles et du collège que nous avons visités.

faire une concertation avec l’ensemble ducorps enseignant. » Pour mieux cerner lesens du mot, l’équipe pédagogique s’estréunie durant trois heures et a énuméréles attitudes qui reflètent le mieux le sensde l’accueil des adultes : disponibilité,simplicité, sourire, écoute, personnaliser,sentir les besoins, être professionnel, etc.Vis-à-vis des élèves, le travail est le mê-

m e : se mettre à la hau-t e u r, être présent, remar-quer les changements, sesouvenir de l’histoire dechacun, se faire com-prendre et s’adapter. « E névitant les dérives, commeen fixant les limites de la dis-p o n i b i l i t é , poursuit Marie-Christine Gendron, n o u savons pu élaborer une défi-nition commune qui est en-trée en plein dans notre pro-jet d’école. Cela nous a donnéune vraie dynamique. »Cette première étape a,bien entendu, été le mo-teur d’une relation plusforte avec les parents. Etces derniers n’ont pas hé-sité à mettre la main à lapâte quand il s’est agi dedonner une nouvelle âmeà ce lieu de vie. Ainsi l’and e rn i e r, à l’appel des

bonnes volontés, par un sympathiquec o u r r i e r, une trentaine de mamans et depapas, en cotte ou treillis, ont accom-pagné leurs enfants en classe, un same-di d’avril. Au programme : travaux depeinture et de décoration. « Outre l’em-bellissement de l’école, ce fut très positif pour

les enfants qui ont pu voir que leurs parentss’intéressaient concrètement à leur école etparticipaient à son amélioration. Tr a v a i l l e rensemble a permis de développer une rela-tion plus forte entre parents. La pause cas-se-croûte – offert par l’école – a accentué cecôté convivial. C’est pourquoi nous avons purecommencer cette opération en juin. »

S u rfant sur cette vague relationnelle, his-toire de passer à la vitesse supérieure,l’équipe de l’école de l’Abbaye lance alorsson « c a f é - d é b a t ». Le but : rencontrer lesparents d’une manière formelle et échan-ger avec eux sur le travail éducatif avecpour thème, la réussite. « Nous voulionsquelque chose de différent, précise encorela directrice, en associant également les en-fants à cette réflexion. Un questionnaire acirculé et les élèves ont donné définitions etexemples concrets. La synthèse affichée dansla salle de réunion a été un des éléments dela réfle x i o n . » Quelques exemples : Ma-dame Gendron ( « Elle a un beau travail » ) ;mon grand-père (« Il a beaucoup de cou-r a g e » ou « Il est en pleine forme ») ; lesmaîtresses (« Elles ont réussi à l’école »), lepapa de Nathan (« Il est maire » ). . .Le travail en groupe, les échanges, l’in-t e rvention de Christiane Durand, de l’ob-s e rvatoire national de pédagogie, ont étévécus comme un moment fort de parta-ge, par cette cinquantaine de parents quiont aussitôt demandé à recommencer ce

Une trentaine de mamans et papas, en cotte ou treillis,ont accompagné leursenfants en classe,un samedi d’av r i l .

Fresque en re l i e f . Quand les parents n’hésitent pas à jouer de leur fib re artistique,c’est toute la communauté éducative qui en pro fit e . (Photo : B. G r e l o n )

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type de soirée. Ils devraient en avoir bien-tôt l’occasion, car le projet d’école pourcette nouvelle année est « d’établir desrègles pour vivre ensemble ». Une réfle x i o nsur les valeurs essentielles et le respectdes autres. ■ BRUNO GRELON

1. Adresse : 19 rue de l’Abbaye, 49400 Saint-Hilaire –S a i n t - F l o r e n t .

École pri m a i re Saint-Joseph -S a i n t - M a r t i n , B e a u p r é a u( M a i n e - e t - L o i re ) : le spectaclede tous les partages

Avec sa cour de récréation gou-dronnée et ses bâtiments bas quis’alignent tout au long, l’école

Saint-Joseph - Saint-Martin1 de Beau-

préau ne diffère en rien des autres éta-blissements primaires du Maine-et-Loi-re. Pourtant, elle a une particularité,partie intégrante de la vie et de son pro-jet d’école « de toutes les intelligences » :l’accueil de deux classes d’intégrationscolaire (Clis), avec 24 élèves handica-pés mentaux légers et moyens.

« Le mot intégration prend ici toute sa va-l e u r, insiste Patrick Léger, le directeur del’établissement. Ces élèves participent avec

les autres classes à un certain nombre d’ac-tivités comme la piscine, l’éveil ou les artsp l a s t i q u e s . Mais le moment fort de l’an der-nier a été leur participation au grand spec-tacle S a l t i m b a n q u e s qui a demandé plusde trois mois de préparation. »En effet, tous les deux ans, l’école pri-maire de Beaupréau organise une gran-de manifestation publique. Mais le choixen 2003-2004 d’une thématique très ou-verte a permis aux élèves des Clis de par-ticiper aux différents ateliers. « Ce fut uneexpérience très formatrice pour tous les en-f a n t s , racontent Marité Roy et FlorenceH e rvé, toutes deux enseignantes spécia-lisées. Les premiers ont pu exprimer et mon-trer leurs capacités physiques et artistiques,les autres ont eu un regard différent sur leh a n d i c a p : un grand moment d’ouverture

et de respect de la per-s o n n e . »Chaque atelier a ac-cueilli des groupesmixtes, encadrés pardes enseignants, desauxiliaires de vie sco-laire (AVS), des parentsbénévoles, voire desjeunes « t u t e u r s » prêtsà s’investir pour leurscamarades en difficul-té. Ateliers de jongla-ge, diabolo ou bâtondu diable, danse,confection des cos-tumes, réalisation dud é c o r, répétition de l’or-chestre, encadrementt e c h n i q u e : le corps en-seignant, les 320 élèveset 80 parents béné-voles, se sont donc lan-cés à fond dans lagrande aventure de la

création d’un spectacle qui fut donnépar trois fois en avril dans la salle desfêtes de la commune. Le bilan est ex-trêmement positif pour tous les parte-naires. « Personne ne croyait certains enfants ca-pables de faire cela devant un public aussinombreux, s’enthousiasment les deux en-seignantes. Ils ont étonné tout le monde. Etdans les familles concernées, cet événementa même changé le regard des parents vis-à-vis de leur enfant. » Joli exemple de par-tage réussi qui est devenu source d’idéespour d’autres enseignants de la région.Pour cette année scolaire, Patrick Légeret son équipe continuent sur leur lancéeen remettant la chorale au goût du jour.

■BRUNO GRELON

1. Adresse : 23 avenue du Grain-d’Or, 49600 Beau-p r é a u .

Collège Jeanne-d’Arc - Saint-A s p a i s , Fontainebleau (Seine-e t - M a r n e ) : le lieu de la paro l e

Ici c’est agréable, on est tous ensemble,s o l i d a i r e s ! » Thomas, élève en classede troisième au collège Jeanne-d’Arc

- Saint-Aspais1 de Fontainebleau n’a pasl’air d’en rajouter pour charmer son au-ditoire. Non, il est manifestement heu-reux et bien dans ses baskets. Tout com-me Manon et Louis, ses camarades declasse, arrivés, comme lui, en début dec o l l è g e . « On est soutenus, accueillis, lesprofs se mettent à notre niveau et veulentavoir confiance en nous. Alors, nous, on ac o n fiance. Même les nouveaux élèves se sen-tent bien : on se mélange ! »

Aucun des trois n’appartient à la sec-tion « anglais plus », dite « D i c k e n s » ou« S h a k e s p e a r e» . Mais Louis assure qu’il« aurait pu et n’a pas voulu ». Ni infatuéni complexé par un comble d’honneurou de déshonneur : il assume tran-quillement son choix… d’avoir vouluêtre tranquille ! À l’autre bout de la cour, dans leur gran-de salle lumineuse, Justine, Kim, Arthur,Jonathan, Viorica et les autres – 16 en-fants de sixième Aide et soutien (AES) dont11 sont dyslexiques avec des troubles as-sociés – s’emparent sans complexe de laparole que leur a donnée Dominique Ma-z o y e r, leur enseignante. « Moi, je voulaisplus aller à l’école après le primaire, d é c l a r eJ u s t i n e , mais ici je suis bien, et je connaisplein de grands ! Même s’il y en a dans la courqui traitent les sixièmes 3 de “Nuls”et de “Pasévolués”, faut pas les écouter ! » « Ils disentqu’on sait pas nos tables ! », renchérit Vi o-rica, furieuse. « Mais ils savent bien qu’onn’est pas les seuls à être en difficulté ! », tem-père Jonathan, convaincu et décontracté.« Je suis peut-être nulle en travail mais bon-ne en autre chose », renchérit Kim, cham-pionne de France Poussins d’équitation. Même si des accrocs cruels se produisententre enfants au fil des jours – « o n » (unpetit cinquième énergique) vient s’excu-ser devant toute la classe quand « on »l’a accusée publiquement de « c o n t a m i-n e r » l’établissement, et « o n » comprendle poids des mots en découvrant alors levrai visage, blessé, de ceux qu’on croyaitd é b i l e s : « Il a dit sérieusement : “E x c u s e z -moi, je pensais pas que ça allait vous vexer ! ”»,se souvient Arthur.

Chaque atelier a accueilli des groupes mixtes, e n c a d r é spar des enseignants […],voire de jeunes « t u t e u r s »prêts à s’investir pour leurs camarades en difficulté.

Depuis deux ans, d e scommissions alternat ives se mettent en place en casde problème grave .

Tous en scène.Grâce au projet de spectacle collectif choisi pour l’année 20 03 -2004, les enfants en difficulté, comme tous leurs camarades, ont joué les « S a l t i m-b a n q u e s » et étonné tout le monde. (Photo : D. R . )

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D o s s i eràRelire le quotidien et s’engager

à« Enfin Maxime ( l é ger handicap neuro-l ogi q u e, 5e AES*) a le plaisir d’avoir de

bonnes notes et de ne pas être traité comme unc a n c re… Nulle part ailleurs je n’ai trouvé pare i l l es t r u c t u re, et ma grande colère est qu’il n’en exis-te pas d’équivalente dans le public », ex p l i q u eL a u rence Bacquias-Hinglais,qui parcourt vingtk i l o m è t res tous les jours pour conduire sonfil s .« Même si la scolarité est modeste**,cela re p r é-sente un effort pour beaucoup de parents . »«Pas une réunion de parents sans larmes» ,s ’ é m e u tDomique Mazoye r,e n s e i g n a n t e,re s p o n s abl ede la sixième, qui reçoit toutes les famillescandidates à l’inscription.« Ils voient qu’ils ontvécu les mêmes difficultés, le même re j e t , et quandon leur dit que leurs enfants sont intelligents etqu’ils peuvent avoir confia n c e, ils sont bouleve r-

s é s. Nous nous efforçons de garder le cap depuisq u i n ze ans avec cette structure originale qui nelaisse aucun élève sans solution adaptée » : CA P,BEP en alternance ou seconde tech n o l ogi q u e,en lien avec un établissement catholique dus e c t e u r. Quand ils ne peuvent présenter leb reve t , les élèves passent un certificat de for-mation générale (CFG) qui atteste de quatreannées d’études au collège. Six élèves sonta r r ivés cette année sans encombre au termede leurs années de collège. « En section A E S,je grossis les étincelles positive s, je ne me moquej a m a i s,même pas de la perte d’un taille crayo n »,explique Josette Dufour,re s p o n s able des tro i-s i è m e s . ■OV

* Aide et soutien.** 150 euros par mois, cantine comprise.

S o rtir les enfants de l’éch e c

« D’une manière générale, explique Marie-Claude Pamart, enseignante en cinquiè-me AES (c f. encadré ci-dessous), je regar-de les enfants avec beaucoup d’amitié etd ’ e n c o u r a g e m e n t . »Que ce soit à l’un ou à l’autre bout de lachaîne éducative (excellence ou remise

en selle), il s’agit moins de perf o rm a n c e sou de « choses à faire », comme l’expliquele directeur Jean-François Gaud », que« d’un esprit ». Le même qui préside à l’ac-cueil des petits de CM2 au mois de juin,à l’organisation de la rentrée décalée, parniveaux – un tous les deux jours – de fa-çon à ce que les professeurs principauxpuissent prendre toute leur place, ou àl’organisation d’un voyage scolaire en Al-sace, avec l’ensemble des classes de sixiè-

me. « Je n’ai pas eu l’impression de répéterdes directives, se souvient Marie-ClaudeP a m a r t. L’attention aux enfants et aux adultesont été vécues très spontanément, y comprispar tous les nouveaux. »Jacqueline Gicquel, directrice-adjointe,prend la peine de formuler ce qui sous-

tend son travail : « J ’ a g i sici comme j’agirais ailleurs :en fonction de ce que je suis.Mais… alors que j’ai eud’autres expériences, no-tamment dans le public, oùje me sentais seule avec monsystème de références, ici, jevis une cohérence d’équipe,qui se construit, toujours plusaffirmée. Les assises, quiétaient déjà dans nos têtes,ont donné une nouvelle im-p u l s i o n . »«Les élèves sont en attentede rigueur, de cohérence édu-cative. Ils ont besoin qu’onréagisse à ce qu’ils font etsont. L’important est deprendre leurs besoins enc o m p t e », a f f i rme Jean-François Gaud. Le respectde la personne, dynami-sé par le travail demandéen assises, est « sa ligne de

f o n d ». Et celle de toute son équipe édu-cative qui prend le temps de réfléchir ré-gulièrement à son travail et constitue unmaillage particulièrement serré et origi-n a l2 : non seulement un professeur prin-cipal par niveau mais un animateur-édu-cateur – « tampon entre l’enseignant, le jeuneet les parents » – dont le bureau ouvre surles salles de cours de « s e s» élèves, qui tra-vaille en coordination étroite avec GilbertGafah, le conseiller d’éducation. Les en-

fants et les adolescents trouvent des adultesà qui parler. « Mettre des ados face à desados n’est pas très enrichissant » , note Jean-François Gaud qui veille aussi, avec Gil-bert Gafah, au recrutement de surv e i l l a n t ssolides. Grâce à ce « d i s c o u r s en stéreo », sans dis-sonance entre adultes, les jeunes trouventmieux leur cap. Ainsi Damien3, qui necomprenait pas qu’on lui demande de secouper les cheveux et que son père lais-sait libre de décider. Au bout d’une longuer é flexion et de plusieurs discussions avecGilbert Gafah, il a choisi son propre in-t é r ê t : accepter la règle collective pour res-ter dans l’établissement qu’il avait lui-même voulu. Ou Karine3 en sixième, quia pu confier à Johanna, son animatrice,le choc que venait de lui faire l’annonce,par sa mère, qu’elle quittait le domicilefamilial. Quant à Zoé3 i n t e rne de sixiè-me, qui, ce soir-là, éprouvait du vague àl’âme au moment de récupérer ses affairesdans son casier avant de monter dîner,son enseignante l’a vue : « Je me suis ditque quelque chose n’allait pas, qu’il fallaitcreuser avec les responsables de l’internat. »

Spécialiste de l’écoute« Si un élève perd la tête en classe, on essaiede comprendre, de dédramatiser », expliqueAnne-Marie Langeard-Duvivier, psycho-logue-clinicienne attachée à l’établisse-m e n t4 depuis 1989. Depuis deux ans, descommissions alternatives (au conseil dediscipline) se mettent en place en cas deproblème grave. « Si c’est un enfant qui ensouffre, les enseignants le laissent sortir et ilvient dans mon bureau. Avant, ils ne vou-laient pas qu’il sorte pendant leur cours. »Spécialiste de l’écoute, elle travailled’ailleurs avec des professeurs qui lui de-mandent des observations de leur classepour mieux comprendre ce qui s’y passe.« J’essaie de réfléchir avec eux à ce qui em-pêche les élèves de se concentrer. Un élèven’écoute pas parce qu’on lui parle, mais s’ilpeut et s’il veut. Écouter, c’est dire “ o u i ” . O r,en soi, la transmission de savoirs n’inclut pasla relation à l’élève. Les jeunes veulent qu’onleur parle, plutôt que recevoir une masse d’in-formations orales… »À l’aise dans sa jolie classe de sixièmeAES, Thomas lève la main, et prend trèssimplement la parole : « Ici, dit-il, il y a despersonnes qui s’occupent de nous, qu’on voitpas comme des profs ! »

■ OLIVIA V E R D I E R

1. Adresse : 1 rue Saint-Merry, 77300 Fontainebleau.2. L’établissement compte 750 internes qui ne sont admisqu’après un long entretien avec le directeur, en fonc-tion de leur projet de vie.3. Le prénom a été changé.4. Elle a consacré sa thèse aux conduites d’écoute chezl’élève en échec scolaire.

Objectif dialogue. Gilbert Gafah, conseiller principal d’éducation (à gauche), et Jean-François Gaud, directeur du collège (à droite), aux côtés de Thomas, Manon et Louis, élèvesde troisième (de gauche à dro i t e ) . (Photo : O. Ve r d i e r )

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S a i n t - D e n i s : par oùcommencer ?

Saint-Denis, mardi 14 septembre 2004.Des chefs d’établissement de Seine-Saint-Denis planchent dans les lo-

caux de la direction diocésaine. Par quel

bout prendre le questionnaire proposé ? sedemande l’un des petits groupes. Com-ment sérier les interrogations ? « Pour moi,dit l’un, c’est le caractère propre qui est fon-damental. Et le défi à relever, c’est l’accueil del’autre semblable et différent ! Cela recouvrece à quoi nous sommes confrontés avec le voi-le, les retards – j’ai des élèves qui ne sont pasencore rentrés de vacances. Comment vivreensemble tous différents ? » Certains glissentune protestation « p o l i t i q u e » et s’y tien-nent : « Il faut arrêter de dire qu’on accueille,si on n’a pas les moyens de le faire… Les pa-rents vont nous dire : “Pourquoi avez-vous3 0 enfants dans vos classes et personne pourvous en occuper le matin ? ” »Une heure après, en grand groupe, autourd’Éric Belloir, directeur diocésain, et de Ca-therine Hautier, responsable du groupe pi-lote, on liste les priorités choisies en fonc-

tion du travail en établissement et en di-rection diocésaine depuis un an, et des dé-fis des assises. Catherine Hautier relève lestendances fortes. En tête, les défis suivants :s’éveiller à toutes les intelligences ; entreren relation ; s’engager pour construire le

monde. « Nos priori-tés vont déboucher surdes engagements ! Àvous de savoir com-ment au mieux libé-rer la parole dans vosétablissements », rap-pelle Éric Belloir. Le9 novembre, déjà,bilan d’étape et nou-velle rencontre aprèsinventaire du travailréalisé en établisse-ments et synthèsefaite par la directiondiocésaine. « Fautmettre des classesdans le jeu, sinon cen’est pas drôle !», no-te l’un des membresde l’assemblée. Et lesp a r e n t s ? La balle estmaintenant dans lecamp des écoles, col-

lèges et lycées où chacun cherche à or-chestrer débats et réflexions de fond, entretous. ■ OLIVIA V E R D I E R

R e n n e s : au travail depuis septembre 2003

ARennes, la réunion du comité de pi-lotage vient de se term i n e r. Une foisde plus, infatigables animatrices,

Laurence Macaigne et Anne Renoult ontrelancé la machine, faisant le point avectous les membres pour préparer les deuxj o u rnées de communication des 3 et 4 dé-cembre prochain. «Depuis septembre 2003,précisent-elles, nous sommes une douzainede responsables d’établissement et de per-sonnes-ressources de la direction diocésaineà travailler sur une stratégie efficace en vuedes prochaines assises. Toute l’année, nous

avons cherché à mobiliser et à sensibiliser leschefs d’établissement au moyen, entre autres,d’une d’intervention lors de leur assemblée gé-nérale, en présentant un diaporama insistantsur le sens et l’enjeu de la démarche. »Dans un deuxième temps, l’équipe de pi-lotage s’est intéressée à une démarche deproximité en créant sept « p a y s», sept com-munautés éducatives pour engager la ré-flexion au plus profond. Deux soiréesd’échange sont venues ponctuer une ré-flexion sur les thèmes « Relation et objetsde parole » et « Place de la personne dansl ’ é t a b l i s s e m e n t ». « Ce fut un moment par-ticulièrement riche pour la soixantaine de per-sonnes qui était venue, insiste Laurence Ma-caigne. Pour beaucoup, pouvoir s’exprimer decette façon était une première. Bien sûr selonla place de chacun au sein de la communau-té éducative, la perception n’était pas la mê-me. Le travail de synthèse que nous avons faitpar la suite nous a permis de bien avancer. »

Ainsi le fait d’être à sa place est un facteurd’équilibre dans l’établissement, et tousont conscience d’une coresponsabilité ausein de la communauté éducative, unecommunauté qui s’enrichit des points devue, des regards et des expériences de per-sonnes différentes. Côté relations, les constatsd’un manque de contacts sont nombreuxet les souhaits d’y remédier tout aussi im-portants. Quant aux paroles, elles expri-ment avant tout les difficultés des élèves,les souffrances des enseignants, les besoinsd’échange, d’écoute, d’honnêteté et detransparence… « Des choses toutes simples,commente Anne Renoult, mais qui ont mon-tré l’importance de se rencontrer davantage. »Depuis la rentrée, le groupe de pilotage acontinué à mobiliser tous les acteurs en

Que font les diocèses? De Rennes à Nancy, en passant par Saint-Denis et Troye s ,

les comités de pilotage et les directions diocésaines sont engagés dans la deuxième phase des assises.

Les paroles expriment avant tout les difficultés des élève s , les souffra n c e sdes enseignants, les besoinsd ’ é ch a n g e , d ’ é c o u t e ,d’honnêteté et de tra n s p a r e n c e …

Autour d’un questionnaire . Des chefs d’établissement d’A u b e r v i l l i e rs, La Cour-neuve, Stains et Saint-Denis. (Photo : O. Ve r d i e r )

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D o s s i eràRelire le quotidien et s’engager

3 4 Enseignement catholique actualités N °2 8 7 ,O C TOBRE 2 0 0 4

utilisant les outils mis à leur disposition,multipliant les exemples et dressant unc a l e n d r i e r. « Nous avons profité des réunionsde prérentrée des chefs d’établissement et desprofesseurs, poursuit Laurence Macaigne,pour intervenir sur les stratégies à mener etdonner des impulsions vers les défis, en vuede la journée du 3 décembre. »

■BRUNO GRELON

Troye s : déjà un engagement

Nous allons mettre à jour nos incohé-rences, et c’est pourquoi cette démarched’assises nous inquiète parf o i s ! » O n

ne chôme pas dans l’Aube et la Haute-M a rn e ! Anne-Marie Delbart, directrice in-terdiocésaine, responsable du comité depilotage de la deuxième phase des assises1,rassemble régulièrement les 35 chefs d’éta-blissement de son secteur. Ils ont commencépar s’interroger sur eux-mêmes : qui par-le quand ils s’expriment ? Comment conci-lient-ils la parole professionnelle et la pa-role « l i b r e » (en temps de récollection, parexemple) et authentique ?

Autant de constats qui ont invité la direc-tion diocésaine à leur proposer, sur troisans, une formation approfondie à la com-munication et à la relation.Les enseignants sont, eux aussi, de la par-tie. Anne-Marie Delbart a assuré deux pré-rentrées ainsi que des réunions, le soir. Les« r é c i t s» contenus dans le hors-série d’E C A,intitulé Des outils pour faire grandir la per-s o n n e, les ont beaucoup aidés à concréti-ser leurs projets. C’est ainsi que dans uneécole primaire de Bar-sur-Aube, S a i n t e -T h é r è s e2, les enseignants ne se sont pascontentés d’enregistrer l’augmentation desbagarres entre enfants. Ils ont mis sur piedun « conseil d’enfants » pour mieux vivreensemble. Réunion une fois par mois (troisquarts d’heures, à midi) des enfants élus(un par classe) et d’une enseignante vo-lontaire. Le suivi de l’application des dé-cisions (par exemple, réserver le mardi, lacour de récréation aux CM pour jouer àla balle ; le jeudi, y donner la priorité auxpetites voitures des maternelles) est assu-ré par les enfants eux-mêmes.Au lycée professionnel Saint-Joseph3 d eTroyes, les responsables de l’établissement,l’animateur en pastorale et la psychologueont pris l’engagement de former à l’écou-te une équipe d’enseignants volontaires.O b j e c t i f : répondre de manière constructi-ve aux problèmes de comportement des

j e u n e s – absentéisme, retards... – en leurproposant de s’appuyer sur un adulte ré-férent de leur choix.Quant aux six membres de la directiondiocésaine, pilotes des assises, ils ont déci-dé de ne pas « rester le nez dans le guidon »et se sont donné les moyens « d’aller plusloin que les constats habituels ». Ainsi, la ren-contre régulière des communautés édu-catives leur permet des échanges fructueuxet approfondis chaque semaine.

■OLIVIA V E R D I E R1. Ce comité compte également deux directeurs volon-taires, la psychologue, l’adjoint en pastorale et laconseillère pédagogique.2 . Adresse : 30 rue Beugnot, 10200 Bar-sur-Aube.3. Adresse : 21 rue du Cloître-Saint-Étienne, 10042 Tr o y e sC e d e x .

N a n cy : la réflexion pro g re s s e

Dans le diocèse de Nancy, cette pé-riode charnière avant les assises estvécue dans la sérénité, comme le

précise Madeleine Winsback, responsabledu groupe de pilotage : « Entre 1992 et1995, nous avions déjà lancé un programmede réflexion dans chaque établissement, quia permis d’établir le projet diocésain. On y dé-finissait la finalité de l’enseignement catho-lique qui trouve son fondement dans l’Évan-gile et affirme ainsi son universalité. »Depuis, le travail en réseau, la communi-cation vers l’extérieur, les projets collectifsou la lettre de la direction diocésaine ontp e rmis de poursuivre cette réflexion. Aprèsles assises de décembre 2001, un groupede pilotage constitué de toutes les catégo-ries professionnelles et de parents a conti-nué d’œuvrer au travers plusieurs com-m i s s i o n s : communi-cation, formation, ges-tion, tutelles, écoles-familles. « Les assisesont toujours été en toi-le de fond de nos ac-tions, poursuit Made-leine Winsback. À telpoint que les enquêtesfaites lors des réunionsde prérentrée ont mon-tré que les équipes pé-dagogiques étaient aucœur de toutes les ré-s o l u t i o n s . Le fait quel’ensemble des ensei-gnants constate qu’ilstravaillaient tous dansle même sens fut unevraie prise de conscien-ce de leur engagement.Ils ont pu ainsi confir-mer leur choix de l’en-seignement catho-l i q u e . »Citons, entre autres

démarches, celles entreprises par Marie-Christine Rollot, directrice des écolesN o t r e - D a m e - d e - L o u r d e s1 et Sainte-B e rn a d e t t e2 à Nancy, pour entrer en re-lation avec les familles et avoir une ré-flexion sur une entente éducative. « D a n sle cadre de l’accompagnement philoso-phique des enfants, à Sainte-Bernadette,nous avons réuni les parents – une tren-taine pour 95 élèves –, pour un petit dé-jeuner-dialogue sur le thème “L’espoir etl’espérance”. Ce fut une expérience trèsbien vécue, car le dialogue s’est établi. Dé-sormais les liens avec les enseignants sontd i f f é r e n t s . »À Notre-Dame-de-Lourdes, le travail sefait sur les règles de vie. « Les approches dechacun sont évidemment très différentes, e x-plique la directrice, c’est pourquoi nous al-lons aborder ce domaine au travers de jeuxde rôle avec les enfants. Dans un second tempsles parents seront invités à venir jouer aveceux pour qu’ils appréhendent mieux cetteq u e s t i o n . »Forte de telles réalisations, la directiondiocésaine n’a eu qu’à faire une simple« piqûre de rappel » sous la forme d’undocument pratique dont l’humour n’estpas absent. Les enseignants l’ont ap-précié au point de se lancer, dès leursréunions de prérentrée, dans la rédac-tion de centaines d’histoires de vied’élèves ou d’établissements. La parolec i r c u l e …

■BRUNO GRELON

1. Adresse : 2 rue du Général-Chevert, 54000 Nancy.2. Adresse : 110 rue de Boudonville, 54000 Nancy.

Avec les familles. À l’école Sainte-Bernadette, parents et enseignants ont parta g éun petit déjeuner philosophique sur le thème « L’espoir et l’espéra n c e» . (Photo : D. R . )

Une école de Bar- s u r- Aube a mis sur pied un « c o n s e i ld ’ e n f a n t s » qui se réunit une fois par mois.

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Mémento Avant les vacances de la To u s s a i n t :

d i s c e r n e r

Action : susciter la tenue de débats au sein de la com-munauté éducative.Objectif : examiner les écarts entre le dire et le faire, enapprofondissant les six défis éducatifs.Outils disponibles : six cahiers (au choix) pour guider lar é flexion. Ils correspondent à chacune des résolutions desassises de 2001, relues à la lumière de la personne (hors-série E C A , août 2004, cahiers II à VII).

Six défis éducatifs à re l eve rPour promouvoir une école de la relation, six défis éducatifs,qui découlent des six résolutions des assises de 2001, sont lan-cés. Chaque établissement doit se demander comment fairegrandir :1. une personne éveillée à toutes les intelligences (une écolede toutes les intelligences) ;2. une personne qui se construit dans une continuité et est ac-compagnée dans son parcours (une école des ruptures et dess e u i l s ) ;3. une personne capable d’entrer en relation avec l’autre, sem-blable et différent (une école sans classes) ;4. une personne qui s’ouvre au monde (une école sans murs) ;5. une personne qui s’engage pour construire le monde (uneécole pour toute la vie) ;6. une personne qui grandit par l’intériorité (une école signede Vi e ) .

Ce qu’il faut éviter…– considérer que la 2e phase des assises introduit un thèmen o u v e a u ;– forcer les échanges, provoquer des paroles convenues ;– refaire des constats déjà établis ;– accumuler les paroles sans prendre le temps de l’analyse ;– échanger sans perspective d’action ;– remplir à la hâte des questionnaires pour des destinatairesextérieurs à l’établissement.

Ce qu’il faut faire …– construire une parole collective ;– oser regarder les problèmes relationnels, les pratiques àa m é l i o r e r ;– mesurer les écarts entre le dire et le faire ;– évaluer le chemin parcouru dans la mise en œuvre des as-sises et le projet éducatif de l’enseignement catholique ;– choisir des entrées en fonction de la vie de l’établissement ;– formuler des messages et des engagements.

Un site internet pour mutualiser les messages et les engagements

w w w. a s s i s e s . o r g

Neuf supports pour dire la re l at i o nIl est proposé à chaque groupe composant la communautééducative d’utiliser un moyen d’expression spécifique pour di-re la relation, ce qu’elle est, ce qu’on voudrait qu’elle soit.1. Les écoliers : écriture de chansons.2. Les collégiens : réalisation de photographies.3. Les lycéens : production de dessins de presse, de dessins hu-m o r i s t i q u e s .4. L’équipe éducative (profs, surveillants, cadres éducatifs) :écriture d’histoires de vie.5. Les chefs d’établissement : rédaction d’éditoriaux.6. Les personnels administratifs et de serv i c e : réalisation d’in-t e rv i e w s .7. L’équipe pastorale (animateurs en pastorale scolaire, prêtresréférents, catéchistes) : écriture de paraboles.8. Les membres des organismes de gestion : rédaction d’unbulletin économique et social.9. Les parents d ’ é l è v e s : rédaction de petites annonces.

O r g a n i s ation de la deuxième phase des assises : trois étapes.

Du 1e r au 15 nove m b re 2004 : re l ever des défis ,

c o n s t r u i re des messages

Action : inviter la communauté éducative à élaborerune parole collective.Objectifs : analyser et hiérarchiser les défis que l’éta-blissement veut se donner et les traduire en messages.Ces derniers expriment des aspirations, des espoirs, enrefusant d’en rester aux constats.

Les 3 et 4 décembre 2004 : s ’ e n g a g e r

Action : d é finir en communauté éducative des prioritésd ’ a c t i o n .O b j e c t i f s : analyser les défis choisis et inscrire les déci-sions qui en découlent dans les projets d’établissementainsi que dans la démarche de l’enseignement catho-lique au plan diocésain et national.Outil disponible : chaque établissement recevra des «c a r t e s -e n g a g e m e n t s » à remettre à son directeur diocésain et àadresser au site assises. Le 3 décembre : j o u rnée des communautés éducatives -é c o u t e r, regarder, se parler, situer la place de chaque per-sonne et s’engager concrètement.Le 4 décembre : l’enseignement catholique, au plan dio-césain et national, marquera une nouvelle étape en pre-nant de nouveaux engagements.

Supports possibles : neuf moyens d’expression spécifiq u e ssont proposés à chaque groupe qui compose la commu-nauté éducative (hors-série E C A , août 2004, cahier VIII).

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Portrait

MICHEL CROSSON

■ÉLISABETH DU CLOSEL

Un très étrange personnage. Il porte,chez lui, dans la maison mère de laF r a t e rnité de la Résurrection qu’il afondée à Aix (c f . encadré), un villa-ge perdu de Corrèze, une bure gri-se, une chasuble blanche et dessandales : vêtements du moine. En

public, il préfère le col romain – vêtement duprêtre – à moins qu’il ne choisisse la banaletenue du citoyen lambda. Voilà Michel Cros-son, trois hommes en un. Une personnalitédéroutante qui cultive son ambivalence et qui,tour à tour, séduit, agace, irrite, déconcerte,amuse, froisse, fascine. Et comme pour mieuxbrouiller les pistes, il tient des propos tantôtempreints d’une grande tolérance, tantôt tran-chants comme des couperets. Il faut imaginer l’homme, imposant, regardbleu d’eau, chevelure et barbe blanches four-nies, se souciant comme d’une guigne de plai-re à son interlocuteur. Il avance convaincu del ’ i n t e rvention constante de Dieu dans son exis-tence bien pleine. Cette force de la nature nese fie qu’à Lui. « Alors, pourquoi n’avoir pas choi-si d’exercer au sein de l’école catholique plutôt quedans l’Éducation nationale ? » , h a s a r d o n s - n o u s .Il n’y a jamais songé. Sans vraiment connaîtrela première, il s’insurge contre certaines évo-lutions qui lui paraissent contraires à sa mis-sion : « Qui a le souci de donner aux jeunes unesolide formation religieuse ? Le contenu de la pas-torale n’est qu’évocation du sida, de l’avortement,de l’homosexualité, de la violence, de la drogue…On étale son divorce, son Pacs… Qu’offre-t-on com-

P è re de famille, ve u f , f o n d ateur d’une fraternité dont il sera prêtre ,une carri è re d’inspecteur d’académie, vingt années en Guyane dont deux comme directeur diocésain, le père Michel Crosson

est un malicieux qui aime brouiller les pistes.

Un fabuleux destin

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la Kabylie, la Réunion, le Burkina-Faso jusqu’àFoix (09), Brest (29), Ussel (19), en partant de Bor-deaux (33) où il est né en 1931 « par accident, matribu étant pur sang breton », il a consacré beau-coup de son temps à faire et défaire ses malles.Toute sa vie professionnelle, il l’a passée dans l’Éducation nationale. Presque par hasard d’abord,quand il a débarqué en Kabylie chez les PèresBlancs à 18 ans, ses deux bacs en poche. Puis auMaroc où il est reparti avec sa femme et une licen-ce de psychopathologie. Là, il sera psychologuedétaché auprès de l’enfance surveillée. Son pre-mier poste, en France, ce sera Ussel, en mai 68.« Une date. Une époque. Quelle histoire ! On me dit,comme un message codé : “Ussel, Corrèze, égale C h i r a c !” Je ne comprenais pas. Ce nom ne m’évo-quait rien. Je regarde sur la carte. Je trouve en effetun patelin nommé Chirac. On me dit alors que l’hom-me est député de Corrèze et secrétaire d’État auxFinances. J’accepte la place. Et j’apprends très viteque je suis le dindon de la farce. Le poste Ussel étaitboycotté par les autres inspecteurs depuis une miseà pied, cinq ans auparavant. Chirac, ne sachant pluscomment s’en sortir, avait soufflé à ses sbires : “Allezchercher quelqu’un en Afrique. Là-bas, personne n’estau courant de nos déboires.” Et voilà que je me pré-sente ! L’aubaine ! Je n’oublierai jamais la vision denotre futur président de la République dans le train-couchettes, lisant des romans du Fleuve Noir, man-geant des sandwiches et buvant de la bière ! »

Naissance d’une frat e r n i t éLe décès de sa femme est «l’épreuve crucifiante qui,grâce à Dieu et grâce à elle, assurément, a été vécuedans la foi » : il y aura un « a v a n t » et un « a p r è s» .« Que peut faire un père de 40 ans, seul avec sixenfants ? Perdre sa moitié est une vraie amputation.Il faut une prothèse pour tenir. J’avais le choix entreme remarier, me jeter dans le stupre et la débauche,m’appuyer sur l’Église. Les deux premières solutionsétant exclues d’office, restait la troisième. Mais il n’exis-tait aucune structure spirituelle sur laquelle les veufspuissent s’appuyer. » De fil en aiguille, au gré derencontres avec des hommes d’Église et des veufsen quête d’une même aspiration, naîtra, en 1978,la Fraternité de la Résurrection, de type monas-tique, qui s’appuiera sur la règle de saint Benoît.Et monsieur l’inspecteur sera l’un des premiersprêtres de la communauté. « Dans les années 85,nous sommes 28 frères dans toute la France. Nousavons une maison au Bénin, une en Guyane. Aujour-d’hui, nous connaissons quelques soucis de “recrute-ment”. Sur la volonté de notre évêque de tutelle, toutesnos communautés sont quasiment regroupées dansun même lieu, en Charente. En tant que fondateur,je souhaiterais que nous revenions à notre vocationoriginelle, avec des fraternités beaucoup plus vivantesde 3 à 6 personnes et des hommes encore impliquésdans la vie active. » Comme à ses débuts, quandil se lança dans l’aventure. ■

1. 2001-2002/2002-20032. Délégué général de l’enseignement catholique.3. Commune créée en 1858 pour et par l’administration péni-tentiaire, qui restera jusqu’en 1949 la capitale des bagnes de Guya-ne avec un de ces plus célèbres détenus, Papillon.

La Fraternité de la Résurrection

àElle est née du ve u va-ge, en 1978. Mais très

v i t e,selon le vœu de l’évêquede Ta h i t i , la congrégation lais-se une place à « des hommesmariés devenus disponibles » –a u t rement dit, les divo rc é s .Le 1e r n ove m b re 1981,l ’ é v ê q u ede tutelle, Mg r Je a n - B a p t i s t eB r u n o n ,é r i ge la fraternité enPia Unio – Pieuse Union –,a s s o-ciation publique du diocèsede Tu l l e, en la paroisse d’Aix( C o r r è z e ) . Avec pour devise :Ad majorem amore m – Pour unplus grand amour. T é m o i n sconsacrés de la fid é l i t é ,l i b re sou non de toute ch a rge pro-f e s s i o n n e l l e, les frères enten-dent assumer pleinement leurp a t e r n i t é .Leur vie est cep e n-dant guidée selon la règle desaint Benoît.

Au j o u rd ’ h u i , la congréga t i o ndoit veiller à ce que ses com-munautés ne deviennent pas« de pieuses maisons de tro i s i è-me âge »,comme la préve n a i td é j à , en son temps, Mg r B r u-n o n .Et Michel Crosson d’ajou-ter : « Il insistait pour nous mettreen garde contre un repli frileuxsur soi.N o t re vo c a t i o n ,r é p é t a i t -i l, est aux dimensions de l’Égli-se unive rs e l l e. »Des avertissements toujoursd’actualité en une époque unpeu plus difficile.

■E D C

– Fraternité de la Résurrection, Prieu-ré Notre-Dame, 16140 Marcillac-Lanville. Tél. : 05 45 21 07 78.– Fraternité de la Résurrection, 19200Aix. Tél. : 05 55 72 35 60.– Fraternité de la Résurrection,Monastère Sainte-Famille, 25, rou-te des Chutes-Voltaire, BP 228 -97393 Saint-Laurent-du-MaroniCedex. Tél. : 05 94 34 01 10.

me modèles aux jeunes générations ? Que deviennentles valeurs du mariage, de la fidélité, le don de soi…? »Pourtant, lui faisons-nous remarquer, il est deve-nu directeur diocésain de Guyane1. « C’est à cau-se de Jacques Bizot2 ! »On a envie de raconter l’existence trépidante decet homme multiple comme il s’est raconté, zig-zaguant dans les méandres de deux institutions,l’Éducation nationale et l’Église. Incompatibles,dit-on. Totalement hermétiques l’une à l’autre,croit-on. Il sera sans doute l’exception qui confir-me la règle puisqu’il réunira l’une et l’autre enétant inspecteur d’académie e t prêtre, « sans pro-voquer le tremblement de terre auquel on s’attendait.J’ai été ordonné quand je suis parti en Guyane, àS a i n t - L a u r e n t - d u - M a r o n i3. En huit jours, tout le mon-de a été au courant. Il y a eu des fuites. La presse s’estemparée du scoop. J’étais l’unique inspecteur d’aca-démie mariant, baptisant ses instituteurs et leursenfants. On m’a présenté comme “le plus beau témoi-gnage de l’authenticité de la laïcité“ » .

Le fle u ve , m é t a p h o re de l’hommeIl habite son histoire, son passé surgit comme unemémoire dont on sourit malgré les écueils, lesdeuils, les chagrins. Toujours, une m a i n le rat-trape, transcendant l’épreuve et la douleur. Àl’entendre, la vie est un long fleuve dont il fautsuivre le courant. À l’image de ce fleuve Maronien Guyane, sur les rives duquel il a passé 21 ans– dont deux comme directeur diocésain – au milieudes populations amérindiennes, et où il ne cessede revenir depuis qu’il a fondé des classes d’al-phabétisation. Un fleuve avec sa fougue, ses crues,ses profondeurs, ses pêcheurs, ses prêcheurs, sescaprices, ses courbes, son cours qui se façonne enfonction du terrain, depuis sa source jusqu’à lam e r, l’infini que l’on ne pourra jamais cern e r. Lefleuve, métaphore de l’homme.

« Aujourd’hui, je suis à la tête d’une famille de huitenfants dont deux Laotiens que j’ai adoptés en 1980 ;24 petits-enfants ; 2 arrière-petits-enfants dont unepetite métisse ; deux Amérindiens qui vivent dans macommunauté d’Aix – Ben, 15 ans, qui veut devenirfacteur d’orgues, et Babidou, 10 ans – et sur qui j’aila plénitude de l’autorité parentale. Chez moi, on estde toutes les couleurs. » Un sourire. Puis le verbe sevoile : « Quand ma femme est morte, elle était encein-te de notre septième. Nous arrivions au Bénin, alorsD a h o m e y, en 1971. Nous avions été accueillis par leministre de l’Éducation. Quand il a vu un gamin, puisdeux, puis six, à la queue leu leu, il s’est exclamé :“Monsieur L’ i n s p e c t e u r, vous êtes digne d’être afri-c a i n ! » Une embolie pulmonaire a emporté mon épou-se. Notre aîné, Jean-François, avait 12 ans, notred e r n i e r, le petit Loïc, 3 ans. Je les entends encore dire :“On n’a pas l’air malin de pleurer. Maman est là,avec nous. Allez, on continue ! »De la Guyane au Bénin en passant par le Maroc,

« J’étais l’unique inspecteurd’académie mariant, baptisant ses instituteurs et leurs enfants. »

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p r i m a i reInitiatives

■BRUNO GRELON

Le mystère, cela se mérite.Les marches particulière-ment raides n’en fin i s s e n t

pas dans l’étroit escalier quimène au donjon. Dominantla Mayenne sur son surplombrocheux, le vieux château deLaval, aujourd’hui transfor-mé en musée de l’art naïf, agardé certains aspects moyen-âgeux, comme cette grossetour de défense qui recèle uneénigme. Encore quelques marches etnous y sommes. La magnifiq u echarpente rayonne sous nospieds, et le hourd restauré lais-se entrevoir un impressionnantvide au-dessous. Au centre,l ’ é n o rme pilier central s’épa-nouit en de multiples ramifi-cations, telles les branches d’unchêne. C’est là, au cœur de la pénom-bre que les élèves du cycle 3 duréseau des écoles primairescatholiques de Laval (Recla1)ont découvert un étonnantsecret, comme ils le racontentdans leur livre2 : « Une étrange

lueur scintillait dans la charpen-te au gré des rayons du soleil.“C’est quoi ce truc ?” Il s’appro-cha de la poutre, comme hypno-tisé. Il tendit la main et, avec milleprécautions, retira l’objet mysté-rieux, niché là, dans un nœud debois, depuis des années, des sièclesp e u t - ê t r e ! C’était un étui de cuir,long et fin comme un cigare,incrusté d’or. Les enfants l’ouvri-rent, et en sortirent un parche-min… Dix phrases énigmatiquess’achevaient par ces mots ma-g i q u e s : “Et au trésor, tu par-v i e n d r a s … ” » L’aventure pou-vait commencer.

Ce fut effectivement un extra-ordinaire moment pour tousles élèves, car cette incroyablehistoire de trésor, ce sont euxqui l’ont inventée, développéeet rédigée. « Notre objectif pre-mier était de réaliser un projetcommun pour notre réseau d’éta-

blissements, et rendre plus visiblel’unité des écoles catholiques dela ville de Laval, raconte MichelRaimbault, directeur de l’éco-le Immaculée-Conception.Même s’il existait des contactsréguliers entre nous pour réglerde multiples questions matérielles,nous n’avions pas encore fait untravail en commun. » L’envie est pourtant bien ancréeau cœur de tous les ensei-g n a n t s . L’expérience, voilàquelques années, d’un son etlumière en costumes – M o n-sieur Merlin –, qui avait réuni750 élèves des établissementscatholiques et 2 000 specta-teurs, pousse à monter un nou-veau projet. Une réflexion des enseignantssur l’écriture aboutit rapide-ment à l’idée d’un roman pourle cycle 3 et d’un livre illustrépour les cycles 1 et 2 (c f. enca-dré ci-dessous). Pour monter ce projet, quic o n c e rne 1 800 enfants et unequarantaine d’enseignants,deux années seront nécessaires.Et, en janvier 2003, il est pré-senté simultanément aux

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Les mots pour le plaisirEn écrivant en commun un roman à clefs, les élèves du cycle 3 du réseau de l’enseignement

p ri m a i re de Laval (Mayenne) ont découvert le pat rimoine historique de leur cité et,performance non négligeable, le plaisir de la lecture et de l’écri t u re .

Au bout du compte,et de tous côtés,ce n’est ques at i s f a c t i o n .

R e c e t t e . Pour réussir un livre collectif, prenez t rs é p a r é m e n t . Au bout de trois quarts d’heure, faites

àDes rails avec leurst rave r s e s , bl e u s ,

ve r t s , jaunes et ro u ge s ,se superposent, s ’ é c a r-tent et filent vers des des-tination inconnu e : « O ùvo n t - i l s ? À Paris ou ailleurs[ . . . ] On ne voit pas la fin desra i l s. » Avec une éton-nante puissance d’évo-

cation ( voir l’illustration ci-dessus), ces quelques traits de couleursesquissés par des élèves de cinq ans racontent une histoire de Lava l .Comme leurs aînés du cycle 3 ( l i re notre article) , les plus jeunes élève sdes écoles du Recla étaient invités à découvrir leur env i ro n n e m e n turbain et, sous forme de peintures et de poèmes,à décrire leur vil-l e. « Nous sommes sortis et nous avons laissé les enfants observe r,ex p l i-quent Françoise Brillant et Marie Quinton de l’Immaculée-Concep t i o n.Et puis, par petits gro u p e s, ils se sont exprimés et ont raconté tous ces

m oyens de locomotion qui les fa s c i n e n t . Il y a eu beaucoup d’échanges ve r-baux pour savoir comment représenter ce qui roule et la difficulté d’ym e t t re l’élément sonore. »Si les ro u t e s , les rues, les vo i t u re s , et en particulier le train et sons y m b o l e, la ga re, ont une place de choix dans ce très joli ouvra-ge * * , les rega rds ont su se porter vers d’autres aspects de la cité :des toits d’ardoises dansent une ronde sous forme de puzzle ; desdizaines de fenêtres s’épanouissent sur des façades colorées ;des rues se racontent les unes après les autre s : « J’ai vu dans l’ave-nue Robert-Buron / Des fle u rs mu l t i c o l o res qui sentaient bon [ … ] » « L e sc o u l e u rs se promènent dans Laval / Sur les ailes d’un ch e val / C’est théâ-t ral / Un vrai régal. » Des acro s t i ches racontent la prison ou l’hô-p i t a l . « Ils ont désormais bien pris conscience de leur quartier et de savie pro p re, concluent les enseignantes, et c’est très important. » E tl’école dans tout ça ? La réponse est dire c t e : elle est « au milieudu quartier » . ■B G

* Extrait d’un des poèmes écrit par les enfants du Recla : « Levez les yeux vers lesr é v e r b è r e s ! / Allez voir la ligne de chemin de fer ! / Voyez-vous les plantes métalliques,/Auprès d’une sculpture magique ? / La ville de Laval, c’est cela ! »** Les enfants du Recla, Laval, Regards d’enfants, Siloë, 29 p. (album cartonné, nom-breuses illustrations en couleurs), 12 €. Commandes en ligne : www. s i l o e . f r

« La ville de Laval, c’est cela ! * »

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équipes pédagogiques des dixécoles. Trois groupes sont misen place pour le cadrer et éta-blir un calendrier précis : pilo-tage général, pilotage projetalbum et pilotage projet roman.Septembre 2003, c’est la pha-se de lancement avec tous lesenseignants concernés qui

développent la lecture deromans dans leurs établisse-m e n t s .

Le mot de l’énigmeAvec Michel Raimbault, uneéquipe de réflexion, constituéede Jacques Phelippot, AnneLépinay et Marie-Laure Dali-bart, élabore la trame, esquis-se l’esprit et donne un cadretrès précis au projet qui estensuite soumis à l’ensembledes dix directeurs. « Le romanest constitué comme un puzzlede dix pièces, poursuit MichelRaimbault. Une équipe d’ensei-gnants s’est chargée du prologueet chaque école devait écrire unc h a p i t r e . »Pour planter le décor de cha-cune des énigmes, les classespartent explorer leur environ-

nement citadin. Pour Malo,1 0 ans, et ses camarades dumême âge, la piste commen-ce par la visite du vieux châ-teau. « On s’est ensuite rendusaux archives départementales oùl’on a vu le cartulaire. » C ’ e s tdans ce registre des biens reli-gieux datant du X I Ie siècle que

nos jeunes élèvesimaginent avoirtrouvé le mot del’énigme. Pour d’au-tres écoles, c’est ladécouverte de certains monu-ments et d’anecdotes ou d’his-toires qui leur sont rattachés.Ainsi la basilique d’Av e s n i è r e savait un papotier, «un horribleautomate accroché au buffetd’orgue qui battait de la mâchoi-re pendant les offices religieux,dont le seul vestige est un dictonadressé aux personnes un peutrop bavardes : “La goule lui vacomme au Papotier d’Av e s-n i è r e s . ” »Ailleurs on s’intéresse auxbateaux-lavoirs, dont deux sub-sistent encore sur la Mayenne,et au mode de vie d’une époquerévolue. « Les bateaux-lavoirs

ont été utilisés de 1850 à 1970.Il y en avait une trentaine à Laval.Les laveuses avaient un em-ploi du temps très chargé, et dès5-6 heures le lundi, allaientrecueillir le linge dans des brouettesen bois. »D’autres se penchent sur latechnique du tissage du lin,évoquent l’histoire des martyrsde la Révolution, guillotinés en1794, s’arrêtent devant la sta-tue de saint Vénérand qui tientsa tête entre ses mains, et ren-contrent même le fantôme deMarie Barreau, une criminel-le, elle aussi décapitée.Que de découvertes et de visitespour toutes ces classes qui pen-dant trois mois, jusqu’en jan-vier 2004, vont travaillerd’arrache-pied pour la phaserédactionnelle. Te c h n i q u e m e n t ,c’est un travail collectif d’écri-ture, ainsi que le décrit Étien-n e : « Dans chaque classe, ontravaillait par petits groupes. Cha-cun écrivait un bout de l’histoire.Puis on le lisait et on votait. »Mais ce qui amuse surtoutGuillemette, Léonie, Henry etÉmilie, c’est le côté fiction et lacréation d’un personnage« c a r i c a t u r a l » du maître,M . Bouboule, genre sympa,

cheveux en brosse,grosse moto et blou-son de cuir. Pour l’équi-pe d’écrivains en her-be de l’Immaculée-Conception, aucun desprofesseurs n’est viséet ne correspond àl a description de cethomme sévère et exi-geant sur les horaires,dont le surnom est « L e

loup de l’école » : « C’est vrai, ilavait tout de ces braves bêtes : uneendurance de loup, une faim del o u p : lui, loup des montagnes,nous, caribous, malades ! » O nimagine sans peine les crises defou rire qui ont accompagné larédaction de ce passage.Côté enseignants, on a totale-ment intégré le projet. «La dif-ficulté était d’arriver à se mettred’accord sur la façon d’écrire l’his-t o i r e , explique Mary a n n i c kB o i s g o n t i e r. Le groupe de pilo-tage, avec un représentant de cha-cune des dix écoles, a facilité letravail de répartition et d’avan-c e m e n t . » Même si le nombre

d’élèves est important, on trou-ve des solutions. « Avec les troisclasses mélangées, poursuit Isa-belle Danieul, nous travaillionspar groupes pendant trois quartsd’heure, avant de faire une syn-thèse en commun. Ce fut l’occa-sion de s’enrichir en vocabulaire. »Les mois de février et de marsfurent consacrés à la mise enpage par le groupe de pilota-ge, puis les deux mois suivantsau travail avec les éditions Siloë,choisies pour la qualité de leursprestations et leur ouvertured’esprit. À la mi-juin, les auteurspouvaient admirer leur œuvreet s’en féliciter, lors d’une gran-de manifestation.

Que du plaisir !Au bout du compte, et de touscôtés, ce n’est que satisfaction.L’ensemble des enseignants,qui a évidemment pu déve-lopper les notions d’écriture,a remarqué que « le projet aparticulièrement “boosté” la lec-ture chez les élèves, et leur a per-mis de découvrir l’histoire de leurp a t r i m o i n e ». Pour sa part,l’équipe de pilotage, à l’instarde Michel Raimbault, est « p a r-ticulièrement satisfaite d’avoirvaincu le scepticisme de départet fière d’avoir participé à cetteformidable aventure», d’autantque désormais de véritablesliens se sont tissés dans leréseau des écoles de Laval. Etde multiples projets sont à l’étu-de, qui mettront probablementen jeu d’autres moyens d’ex-pression, comme l’image.Quant aux premiers concer-nés, les élèves, ils sont bienconscients de l’apport de ce livre.Plusieurs expriment leur enviede lire, « surtout quand il y a dususpens et du mystère », préciseMalo. Léonie dit « écrire main-tenant des petites histoires », e tÉmilie et Guillemette se sontlancées dans la rédaction d’unj o u rnal. Étienne, lui, résume lapensée de tous en concluant :« Ce n’était que du plaisir, on nepensait plus à l’école ! » ■

1. Le Recla de Laval comprend les écolesSainte-Thérèse, Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle, Sainte-Marie, La Providence,Saint-Joseph, Immaculée-Conception,Saint-jean, Sainte-Jeanne d’Arc, Saint-Pierre, Notre-Dame d’Av e s n i è r e s .2. Les enfants du Recla, Le mystère du vieuxc h â t e a u, Siloë, 2004, 206 p., 12 €. Com-mandes en ligne : www. s i l o e . f r

N °2 8 7 ,O C TOBRE 2004 Enseignement catholique actualités 39

rois classes, mélangez-les puis formez de petits groupes que vous faites écri re une synthèse commune. (Photo : B. G r e l o n )

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■SOPHIE BIZOUA R D

Sous l’impulsion de Chris-tine Grellier, sa directrice,l’école Saint-Maurille1,

près d’Angers, a vécu du 1e r a u19 juin dernier au rythme d’en-t r a î n e m ents intensifs : deuxfamilles du cirque, les Dumaset les Cancy, emmenées res-pectivement par Gaby et Cadet,sont venues initier les enfantsà leur art et préparer avec euxun spectacle grandeur nature.Le mardi qui suivait la Pente-côte, tous les élèves se sont ren-dus sur le terrain où le cirque-école avait pris ses quartiers,pour assister au montage duchapiteau. Ce premier contactà l’un des moments les plusdifficiles du quotidien des gensdu voyage, a donné auxenfants un aperçu de l’enversdu décor qu’ils allaient peu àpeu découvrir. Le matin du jeu-di suivant, les artistes – unedouzaine d’adultes et d’ado-lescents – ont fait quelquesdémonstrations dans leurs dis-ciplines respectives devant l’en-semble des classes. Ils les ontensuite accueillies tour à toura fin que chaque élève puissetester les différents ateliers etdécider lequel il suivrait toutau long de la session. Pour lesm a t e rnelles, le choix se jouaitentre la poutre, le lasso, le hoo-la-hoop, l’acrobatie et l’art duclown. Les plus grands pou-vaient aussi s’essayer à la lyre

(un cerceau suspendu), à lajonglerie, à l’équilibre surmonocycle, fil, rouleau amé-ricain ou mappemonde. Ledressage de chats et de chiensétait réservé aux enfants engrande difficulté qui n’auraientpas pu participer aux autresa c t i v i t é s .

Une épre u veLes institutrices ont accompa-gné leurs classes aux ateliers« cirque » (deux fois une heu-re un quart trois jours parsemaine pour les plus grands,une heure un quart le matinpour les plus petits), et sur leconseil de Christine Grellier,elles assistaient aux séancesmais sans interv e n i r. Ce futp a rfois pour elles une épreuvede voir leurs élèves menés « àla dure ». Solange Mahot s’oc-cupe d’une classe de CE2-CM1:«La façon d’être des gens du cirqueavec les enfants n’a rien à voiravec la nôtre. Au début, les petitsen avaient même peur. » P o u rCatherine Gevaux, titulaire dela classe de CM1-CM2, cetteexpérience lui a permis d’ob-s e rver les élèves sous un autreangle : « Lorsque l’on fait cours,on ne voit pas forcément tout.Venir ici me remet en question :les pratiques pédagogiques desforains ne sont pas les mêmes queles nôtres. Nous n’employons pasles mêmes mots, nous avons unevision de l’enfant relative à sessuccès ou à ses insuccès, et noussommes toujours dans la protec-tion, nous les ménageons. Noussommes trop dans le compromiset l’affectif. Si nous avions aveceux un rapport un peu plus direct,comme les forains, est-ce que celane les obligerait pas à se dépas-

ser eux-mêmes ? » Le dépasse-ment de soi et le sens de l’ef-fort comptaient en effet parm iles premiers objectifs affichéspar Christine Grellier quandelle a lancé le projet : «Au cirque,on avance à force de rigueur, etrien d’autre. »Dylan, un élève de CE2, avan-ce avec aisance sur son mono-cycle, fait demi-tour et poursuitson chemin. Il confirme lesdires de sa directrice : « A udébut, j’ai essayé tous les ate-liers. Comme il y avait déjà tropde clowns, j’ai atterri au mono-cycle. J’imaginais que ça allaitêtre du travail et de la concen-tration. Le début a été très dur,je n’arrivais pas à tenir dessus,j’avais envie de baisser les bras.Ma mère m’a dit de persévérer,c’est ce que j’ai fait, et fin a l e-ment, j’y suis arrivé. »

C’est James Dumas, fils deG a b y, qui transmet les secretsdu monocycle à un petit grou-pe de quatre élèves, dont il jugeq u ’« ils se débrouillent bien », etmême beaucoup mieux quel’une de ses nièces pourtantenfant de la balle. « Nous avonspris soin de bien leur expliquerque ce serait difficile, qu'ils auraientdes courbatures, a j o u t e - t - i l, maisnous faisons attention à ne pasles décourager car ils font preu-ve de beaucoup de volonté. Lorsd’un précédent cirque-école, nousavions été plus exigeants, celan’avait conduit qu’à braquer lesélèves. » Trois semaines aupa-ravant, les enfants n’arrivaient

même pas à tenir en équilibresur le monocycle en s’accro-chant à une corde pour se gui-d e r. Aujourd’hui, tous y par-viennent sans le moindreappui. Comme son beau-frèreG a b y, Cadet semble beaucoupmoins dur avec les enfants quene le craignaient les institu-trices. Il anime l’atelier « r o u-leau américain », une plancheposée sur un cylindre, surlaquelle les enfants tentent derester debout le plus longtemps

Quand les élèves font leur cirque…

Initiatives primaire

Un tel projet est une aubaine pourvaloriser des élève sen difficulté.

L’école Saint-Mauri l l e , aux Ponts-de-Cé (Maine-et-Loire ) , a accueilli un cirque-école pendant plus de trois semaines. Une occasion

pour les élèves de découvrir un autre monde, et pour les enseignantesde pre n d re du recul sur leurs pratiques pédagogiques.

Pédagogie différe n t e . . . Re m a rques, cri t i q u e sle specta c l e ! ( P h o t o : S. B i z o u a r d )

àVivez l’événement enimages :

h t t p : / / p e r s o . wa n a d o o . f r / e c o l e .s t . m a u ri l l e

Savoir +

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possible. Il demande à l’un deses élèves de sourire davanta-ge et prend soin de préciser :« Ce n’est pas une critique, c’estune remarque. Il faut essayer desourire, c’est plus agréable pourle public. » Il confie : « Si on ditaux enfants “Ça va, tu sais faire”,ils ne travaillent plus. Ils n’aurontles compliments qu’après la der-nière répétition. » Il se souvientd’un élève dont il avait dès ledépart pressenti qu’il n’auraitjamais le niveau : « Un jour, je

l’ai vu lorgner sur l’atelier d’à côté– la jonglerie –, j’ai fini par luidemander s’il avait envie d’y aller,il m’a répondu que oui. Cela s’estfait en douceur, ainsi, je n’ai paseu à lui demander de quitter mongroupe, ce qui aurait pu le bles-s e r. »

Loin des clich é sChristine Grellier dirige l’éco-le Saint-Maurille depuis la ren-trée 2003. Avant son arrivée,par un concours de circons-

tances, l’établissement a connuquatre changements de direc-tion en cinq ans. Il y manquaitun projet qui soude l’équipeéducative et touche l’ensembledes élèves. Heureux hasard,une amie de la famille Dumastravaillait dans l’école où elleenseignait auparavant, et luiavait fait part du projet decirque-école. Très vite, Christi-ne a pris contact avec Gaby etsa fille Patricia, et a tout de sui-te été « séduite » par leur per-sonnalité et leur état d’esprit.Après une première tentativeréussie avec les familles Dumaset Cancy dans son ancien éta-blissement, renouveler l’expé-rience à Saint-Maurille allaitde soi. Le projet, présenté en septem-bre, a tout de suite emballéenfants et parents. « Puis nousn’en avons plus reparlé jusqu’enf é v r i e r. Là, nous avons relancé lamachine en mettant en place desateliers interclasses autour ducirque et de l’art : peinture survitre, fabrication de mobiles,expression théâtrale et corporel-le, maquillages, fresques. » M a i stoutes les recherches menéespar les enseignantes pouraiguiller ces travaux ont reflé-té une réalité finalement biendifférente de celle du cirqueDumas, modeste et familial,loin des clichés pleins de fasteset de paillettes. Au-delà de ladécouverte des coulisses del’univers des forains et desséances d’entraînement, lecirque-école invite selon Chris-tine à « une belle rencontrehumaine, une grande ouverture.Il montre aussi aux élèves que lemonde n’est pas toujours doux,et qu’il y a des réalités très dures».Les deux familles essuient sanscesse des refus de municipali-tés, notamment parce que descas isolés ont terni la réputa-tion des gens du cirque. Cer-tains des adultes qui entraînentles élèves ne savent ni lire niécrire… La plupart utilisent unlangage vert et un ton qui pas-saient difficilement auprès desenfants dans les débuts. Petità petit, les choses sont rentréesdans l’ordre, et la perspectivedes représentations a pris lepas sur le reste. Christine Grel-lier remarque : « Ce spectacle,

c’est la concrétisation de tout letravail que les élèves ont réalisé.Le respect pour les gens du cirques’installe au fur et à mesure quele résultat de leurs efforts se des-sine. »Un tel projet est enfin, selonCatherine Geveaux, une aubai-ne pour valoriser des enfants endifficulté : « Des élèves m’ont sur-prise, dans les deux sens. Je pen-sais que certains seraient capables,d’autres pas, et je me suis trom-pée. Cela fait du bien de voir réus-sir ici ceux qui sont en échec enclasse, l’image qu’ils ont d’eux-mêmes s’en trouve embellie. » ■

1. École Saint-Maurille, Rue de la Gras-serie, 49130 Les Ponts-de-Cé.

àLa principale difficultéqui se pose lorsque l’on

veut inviter un cirque est det ro u ver le lieu où il pourras’installer (arrivées d’eau etd’électricité, pâturages pourles animaux),et surtout d’ob-tenir l’accord des pro p r i é-t a i res et de la mu n i c i p a l i t é .Les seuls terrains qu’ava i e n trepérés Christine Gre l l i e rétaient inondables jusqu’à lafin du printemps, ce qui ac o n t raint au choix du moisde juin pour le déroulementdu cirque-école.Le budget nécessaire est det a i l l e, en tout cas pour l’éta-blissement qui a dû débour-ser 7 600 euro s . Mais il fautd i re qu’un tel événementdemande aux douze per-sonnes du cirque six heure sde travail par jour pendant unm o i s .D’après Gaby Dumas, il fautcompter au moins tro i ssemaines pour entraîner unecentaine d’enfants, et biendeux mois pour trois centse n f a n t s . En deçà, les fora i n sn’ont pas le temps de les ini-tier correctement à leurs dis-ciplines et de leur faire pré-senter un spectacle digne dece nom. ■S B

Contacts : M. Dumas (06 79 18 65 96),M. Cancy (06 60 93 74 56).

Un budget à la hauteur de l’événement

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ues, mots durs . . . L’école du cirque ne ménage pas toujours les élèves. H e u reusement, au bout, il y a

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même entreprise pour toutes ses immer-sions. L’évaluation pédagogique étant fai-te conjointement par l’établissement etla (ou les) entreprise(s).Un cursus riche, lourd aussi. Autant destages, autant de conventions à signer,et déjà, autant d’entreprises d’accueilà trouver. Jean-Jacques Burel puise pourcela dans un carnet d’adresses dequelque 1 500 à 2 000 entreprises danstoute l’Ile-de-France5, qu’il enrichitnotamment chaque fois que l’une faitappel à lui pour recruter, lors d’un picd’activité par exemple, un de ses anciensélèves.Quant aux conventions de stage – cosi-gnées par le responsable de l’entreprise,le chef d’établissement, le tuteur en entre-prise, le professeur responsable et… le stagiaire (ou son représentant s’il estmineur) –, elles sont rigoureusement éta-blies selon un modèle détaillé. Et rappel-lent le respect des 35 heures par semaineet du repos hebdomadaire de deux jours«si possible consécutifs », la nécessaire assu-rance responsabilité civile que doiventsouscrire l’entreprise comme l’établisse-ment (les accidents n’arrivent pas qu’auxautres…). Les conventions stipulent enco-re les précautions à prendre pour l’utili-sation de machines par un élève mineur,« sous le contrôle permanent du responsable

■JEAN-LOUIS BERGER-BORDES

Ce qui est magnifique, ce sont les élèvesqui ont un vrai projet, une passion…À nous, tout en les éclairant sur cer-

taines illusions concernant le monde de l’en-treprise – et la plongée en stage est pour celaessentielle – de leur faire réaliser leur rêve. »Comment mieux présenter que Jean-Jacques Burel, directeur du lycée Saint-Nicolas à Paris1, toute la richesse des stagesen entreprise, intégrés au parcours de l’en-seignement technique : CAP2 en deuxans, BEP3, Bac pro, BTS4 ?

Selon les cursus, les filières et les diplômespréparés, des stages de 3 à 16 semainesse déroulent sur deux ans, par périodessuccessives de 3 à 4 semaines en entre-prise. Avec, au final, un rapport de stagequi sera bien sûr plus facile à écrire si l’élè-ve a choisi de (ou a pu) rester dans la

En entreprise, des stagestrès encadrés

Par dizaines de milliers, des élève s , de la 4e au BTS, s’immergent chaque année dans le monde de l’entre p ri s e . Les conventions de stage s’étoffent,

pour leur garantir le meilleur cadre pédagogique.

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Gestion

àDeux semaines à l’école, d e u xsemaines en entreprise : dans les

t ro i s i è m e s d ’ i n s e r t i o n , l‘alternance estr i g o u re u s e, la formule ro d é e. Avec pourobjectif de préparer le jeune à définir sonp rojet professionnel par le biais des stage s ,avant d’entrer soit en lycée pro f e s s i o n n e l ,soit en appre n t i s s age.Mais surtout, i n s i s-te Je a n - P i e r re Molhera t , re s p o n s able del’unité des troisièmes du collège Notre -Dame-de-Mont-Roland* à Dole (Ju ra ) , e nayant fait un réel « choix positif ».Validé parl’équipe enseignante qui sélectionne soi-gneusement les candidatures pour ne re t e-nir que les plus « motivés ». Deux classes

de 3e, de 18 élèves ch a c u n e, f o n c t i o n n e n tainsi en « alternance ». Et si Je a n - P i e r reM o l h e rat évoque la nécessaire motiva t i o ndes élève s , il insiste aussi sur la va l o r i s a-tion que son collège s’efforce de leur assu-re r, ne serait-ce que par rapport à leursa u t res camara d e s . Un signe visible : lesenseignants sont les mêmes que pour lesclasses d’enseignement généra l . Et la pro-g ression du niveau scolaire est fortementa p p u y é e.Tout comme le suivi de la vie dug ro u p e. Dans les classes, les pro f e s s e u r stiennent un « cahier de vie » sur lequelsont notés, h e u re par heure, a c t ivités eté v é n e m e n t s , et qui est débattu avec les

é l è ves chaque ve n d re d i . Au t re attentiondu collège Notre-Dame-de-Mont-Roland :les élèves présentent en fin d’année unb revet série pro f e s s i o n n e l l e.Et ensuite ? Nag u è re, les deux tiers pour-s u ivaient en appre n t i s s age et un tiers enlycée pro f e s s i o n n e l . D epuis quelquesa n n é e s , les pourc e n t ages sont inve r s é s .Effet d’une hausse de nive a u , p e u t - ê t re,mais aussi d’une moindre demande dese n t rep r i s e s . L’ a p p re n t i s s age doit décidé-ment être reva l o r i s é …

■J L B B

* Adresse : 55 boulevard Wilson, BP 119, 39108 DoleC e d e x .

Construire son projet profe s s i o n n e l

Le stag i a i r e , qui « reste sous statut scolaire »ne peut prétendre à aucune rému n é ration de l’entreprise… même si une « g rat i fic ation peut lui être ve r s é e » .

P remiers contacts.Chaque année, le Carrefour des métiers Roland de Dole (Jura) de re n c o n t rer, seuls ou en groupe, des pro f e s s

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d ’ a t e l i e r, en liaison avec le tuteur du stagiai-r e» , et l’accord préalable si nécessaire del’inspecteur du travail. Chaque convention détaille aussi, en son« annexe pédagogique », outre la duréedu stage et ses horaires précis, les « o b j e c-tifs assignés à la période de formation enmilieu professionnel » et, subséquemment,« les activités réalisées par l’élève en entre-prise sur la base des compétences du réfé-rentiel du diplôme et en fonction despossibilités offertes par l’entreprise d’ac-c u e i l ».

E n fin, une « annexe fin a n c i è r e » é v o q u eles conditions de transport, d’héberge-ment (si l’élève doit être accueilli hors deson domicile habituel), de restauration etd’assurance de l’élève. Sachant toutefoisque le stagiaire, qui « reste sous statut sco-l a i r e »– et donc sous l’autorité de son direc-teur d’établissement – ne peut prétendreà aucune rémunération de l’entreprise…même si une « g r a t i fication peut lui être ver-s é e », ne dépassant pas 30 % du Smic,avantages en nature compris. C’est là larécompense… éventuelle de son assidui-té et de son efficacité à son poste de tra-vail, tout autant que de sa bonne inté-gration dans l’entreprise.Car c’est bien par ces stages, insiste Jean-Jacques Burel, que les entreprises « d é c è-lent les potentiels de développement de tel ou

tel, permettant à un nombre significatif d’élèvesde trouver ensuite leur premier emploi là oùils ont été stagiaires ».Voilà pour la face claire de la médaille.La face plus grise pouvant se situer, par-fois, à la frontière glissante entre vraie for-mation accompagnée et… opportun –pour l’entreprise – renforcement de l’équi-pe de production. C’est ainsi que Saint-Nicolas a rayé de ses contacts, certainesentreprises qui avaient un peu trop libre-ment interprété la notion de stage.

Une « c u l t u re du stage »Dans l’enseignement agricole, où les stagessont essentiels6, l’encadrement en est toutaussi rigoureux. Même si on ne rencontre,assure Jean-Yves Rebeyrotte, directeur juri-dique du Cneap7, « aucun vrai problème,car en milieu agricole il y a une réelle cultu-re du stage ». Avec une évolution régle-mentaire allant dans le sens de laprotection des jeunes… tout autant quede leur formation, en rendant toujoursplus pédagogiquement efficaces leursstages. Lesquels, précise Jean-Yves Rebey-rotte, concernent « les plus de 100 spécia-lités de l’enseignement agricole », pour desdurées moyennes de 8 à 12 semaines, surdes cycles de deux ans.Témoigne de cette attention, un récentarrêté du ministre de l’Agriculture. En datedu 2 mars 2004, il fixe les clauses typesdes conventions, et succède à celui du1 5mars 1999 (pris en application du décretdu 14 avril 1997). Et le Cneap de réac-tualiser aussitôt la convention de stagetype – et ses annexes, détaillées et préci-sément explicitées – qu’il met à la dispo-sition des établissements. Inspirée de l’arrêtéprécité, elle va jusqu’à rappeler cet enga-gement entre l’établissement et l’entre-p r i s e : « Les compétences professionnelles etla moralité de la ou des personne(s) char-gée(s) de l’encadrement du stagiaire [ d o i-vent être] de nature à préserver l’intégritéphysique et morale du stagiaire, et à lui garan-tir une formation pratique correspondant àl’enseignement reçu. » ■

1. Implanté 92 rue de Vaugirard, dans le sixième arron-dissement de Paris, ce lycée professionnel, technolo-gique et d’enseignement général, accueille 1 300 élèves(y compris quelques apprentis). Au cours de leur cur-sus, 700 d’entre eux doivent suivre des périodes de sta-ge en entreprise. Les filières de Saint-Nicolas vont de lamenuiserie à la comptabilité, en passant par la méca-nique-automatismes industriels ou l’électrotechnique.Jean-Jacques Burel, qui dirige cet établissement, est aus-si le président de l’Union nationale de l’enseignementtechnique privé (Unetp) qui représente 915 établisse-ments, 24 000 enseignants et 270 000 élèves.2. Certificat d’aptitude professionnelle.3. Brevet d’études professionnelles.4. Brevet de technicien supérieur.5. Sachant que ses élèves viennent à 85 % des dépar-tements de la petite ou de la grande couronne de Paris.6. C f. « Enseignement agricole : le défricheur » (E C A284, pp. 22 à 33), et « Les stages : une plongée, têtepremière, dans le réel » (P r é s e n c e n° 160). 7. Conseil national de l’enseignement agricole privé.Il regroupe 205 établissements.

à« C’est très, très bien ! » : MaximeM a i rey, le dire c t e u r-adjoint du col-

l è ge Sainte-Ursule* et du lycée pro f e s-sionnel Sainte-Fa m i l l e * , à Besançon( D o u b s ) ,ne voit que des atouts aux mini-s t ages d’une semaine que les élèves de3e font en entrep r i s e.D’autant que la plu-part du temps, c’est l’élève – aidé de safamille bien sûr – qui choisit l’entrep r i-se qui va l’accueillir : cabinet vétérinai-re, fle u r i s t e, d é ch e t t e r i e … , les unive r sp rofessionnels sont infin i s .Et «si le métierqu’il découvre l’accro ch e, cela le motive ra etd o n n e ra du sens à ce qu’il apprend à l’école ;sinon… eh bien,cela l’encoura g e ra à trava i l l e rplus encore pour déboucher sur un diplômeplus qualifia n t ,c o r respondant à ses attentes».Au fin a l , se réjouit-il, « on en réveille ainsib e a u c o u p ».Et puis, il y a les élèves qui se re t ro u ve n ten difficulté,vo i re en dérive scolaire.C ’ e s tpour eux qu’a été conçue la formule «d ’ a l-t e r n a n c e » en 4e,d é roga t o i re,qui concer-ne 3 % des effectifs de ces classes – « d e sjeunes qui, à 14 ans en 4e, c ’ e s t - à - d i re aya n tre d o u b l é , ont décro ché du monde scolaire ».Avec l’accord de leurs parents – réticentss o u vent à accepter ce qu’ils analy s e n tcomme un constat d’échec alors qu’ils ’ agit plutôt d’orientation adaptée –, i l sp e u vent choisir de partir à la découve r-te du monde professionnel une demi-journée par semaine soit en ly c é ep ro f e s s i o n n e l ,soit en entrep r i s e.À Sain-t e - U r s u l e, ils ch a n gent ainsi quatre foisd ’ u n ivers dans l’année, par périodes de7 semaines. Cette année, sur six élève spotentiellement concernés, seul un ena fait le ch o i x . Il ira l’an pro chain en3e « d é c o u verte pro f e s s i o n n e l l e » dansun lycée pro f e s s i o n n e l .Mais surtout, « i la repris goût à l’école », et il a choisi sa vo i ep ro f e s s i o n n e l l e.Reste l’inquiétude de Maxime Mairey –o u t re la ch a rge des conventions mu l-tiples à établir et du suivi pédag o-gi q u e des stage s : « On demande à de plusen plus d’élèves d’entrer dans le monde del ’ e n t re p r i s e, mais il n’y aura jamais assezd ’ e n t reprises pour les accueillir. Et encore,Besançon est une ville plutôt industrielle… »Ce qui n’empêche pas Sainte-Ursuled ’ avoir expérimenté aussi la 3e « d é c o u-verte pro f e s s i o n n e l l e» , en ardent débatces temps-ci…

■J L B B

* Les deux établissements sont situés à la mêmeadresse : 33 rue Brulard, 25000 Besançon.

Prendre… ou reprendre pieden entreprise

et des formations permet aux collégiens de Notre - D a m e - d u - M o n t -ssionnels qui les accueilleront peut-être en stage . ( P h o t o s : D. R.)

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rences sont concentrées l’après-midi. Et sile soir l’on dort à Saint-Louis, on y dîneaussi. Congressistes et conférenciers s’yretrouvent autour d’un plat de pâtes pouréchanger sur le thème du jour : la Romebaroque ou la vie artistique des trente der-nières années. Les soirées sont laissées librespour que chacun s’approprie la ville à safaçon. François, enseignant dans un col-lège public de Bretagne, déclare : « J ’ a v a i sdéjà visité Rome avec ma femme, mais dansce cadre, je peux approfondir une période his-torique, visiter en détail certains lieux et inter-roger les spécialistes présents. » L a u r e n t ,documentaliste dans un lycée catholique,reconnaît que « seul, on manque de connais-sances pour se repérer, dans le Forum romainpar exemple, et pendant un voyage organisé,on va à un rythme infernal sans pouvoir goû-ter les lieux ».

Amour commu n i c at i fLa formule des Semaines les a séduits.L’un et l’autre reviendront avec un grou-pe, pas forcément des élèves, plutôt avecleur famille, et des amis peut-être... Carl’amour pour Rome est communicatif, ona envie de le faire partager. Maurice Régnieren témoigne : venu pour aider pendant

■S Y LVIE HORGUELIN

Ils sont arrivés des quatre coins de Fran-ce pour loger, ô privilège, au palaisSaint-Louis, en plein cœur historique

de Rome. Accolée au palais, l’église quiporte le même nom renferme trois splen-dides Caravage, dont l’émouvante Vo c a-tion de saint Matthieu. L’hôte de ces deux lieux ? Mg r Max Clou-pet, recteur de Saint-Louis-des-Français etresponsable du Centre pastoral d’accueilqui organise tous les deux ans des Semainesuniversitaires. « Saint-Louis existe depuis1486 pour faire en sorte que les Français soientbien accueillis à Rome », explique le recteur.Avant de préciser : « Et depuis vingt ans, lesSemaines universitaires sont devenues uneinstitution qui permet de découvrir la ville avecses pieds, sa tête et son cœur. » Par cesquelques mots, Mg r Cloupet ouvre la ses-sion, ce 21 août 2004, devant quarantecongressistes aux profils variés : étudiants,jeunes professionnels, enseignants, prêtres,retraités. Le programme des dix jours à venir estd’une richesse exceptionnelle. Avec uneconstante : les visites ont lieu le matin pourp r o fiter de la fraîcheur, tandis que les confé-

le Jubilé, ses allers-retours continuels entreles quatre basiliques majeures où les pèle-rins faisaient leurs dévotions n’ont pasémoussé son enthousiasme. « J’ai passédes années à travailler en silence, je lisais àlongueur de journée, explique cet ancienbibliographe du CNRS1. J’ai envie à pré-sent de transmettre ce que j’ai appris. » G u i-de volubile, Maurice Régnier se considèrec o m m e « un passeur, un éveilleur ». Et sap r é d i l e c t i o n va au circuit des mosaïques,surtout celles de l’église Sainte-Praxèdequi datent du I Xe siècle – une théophaniequ’il commente avec émotion. Autre fidèle des Semaines universitaires,Dominique Briquel, professeur à la Sor-bonne et directeur d’études à l’École pra-tique des hautes études. Spécialiste dumonde étrusque, il revient volontiers pourdonner des conférences et commenter lacollection du musée de la Villa Giulia.«Devant ce public d’adultes, intéressé par laquestion religieuse, j’aborde des sujets quin’entrent pas dans le cadre universitaire »,expose-t-il. Une conférence à Saint-Louislui a d’ailleurs permis de publier un livre :Chrétiens et haruspices2. Il y analyse com-ment les Romains ont proposé la religionétrusque comme alternative païenne auchristianisme (en se réclamant des pro-phètes étrusques pour réfuter ceux desHébreux). Pour Dominique Briquel, lasupériorité morale des Étrusques sur lesRomains ne fait pas de doute. L’ h i s t o r i e n ,dont le public a apprécié le franc-parler,reconnaît toutefois que « les Romains ontsu mettre au service de leur impérialisme unetechnique qu’aucun autre peuple n’avait éla-borée ». Un autre éminent spécialiste, Jean Guyon,directeur de recherche au CNRS, n’hésitepas à conduire un groupe dans des cata-combes fermées au public, celles de Mar-cellin et Pierre, qu’il a autrefois fouillées.Progressant dans l’obscurité, les congres-sistes découvrent au hasard des couloirssouterrains des décors funéraires d’unegrande délicatesse. De retour au palaisSaint-Louis, Jean Guyon détaille, en pro-jetant des diapositives, toutes les scènesreprésentées dans les catacombes, témoi-gnages précieux de la première icono-graphie chrétienne qui remonte auxannées 200 – tel ce portrait d’un jeune

Organisées à la fin du mois d’août dernier par le Centre pastoral d’accueil que préside Mg r C l o u p e t , les 10e s Semaines unive r s i t a i res avaient pour thème :

« Rome à bra s - l e - c o r p s » . L’occasion pour les participants, parmi lesquels des enseignants,de parcourir la Ville éternelle en tous sens avec des guides expéri m e n t é s .

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Formation

Rome, mode d’emploi

àÀ la tête du Centre pastoral d’accueil de Rome, une jeune femme souriante et ch a l e u re u s e : Bernadette

S ega f re d o - Vita ( n o t re photo). Cette ancienne institutrice, f o r-mée au centre de formation pédag ogique (CFP) de Clermont-Fe r ra n d ,connaît la ville comme sa poch e.Sa mission avec sonéquipe de bénévo l e s : conseiller les touristes et les pèlerinsf ra n c o p h o n e s . « Un professeur nous demande de tro u ver un cou-vent où loger avec sa classe en demi-pension ; un couple d’amou-re u x , un petit hôtel pas cher dans le centre historique », ex p l i q u eBernadette qui se ch a rge des réservations (moyennant une

participation modulable suivant le type de publ i c ) . « Nous prenons aussi des places pour lespèlerins qui veulent assister à une audience ou à une cérémonie pontificale », p r é c i s e - t - e l l e. L eC e n t re, qui existe depuis 1975, p r é p a re également des re n c o n t res avec les membres de laC u r i e, r é s e r ve des églises où célébre r, e t c . Mais le Centre a aussi pensé aux pro f e s s e u r s ,aux particuliers ou aux prêtres qui veulent guider eux-mêmes leurs élève s , leurs pro ch e sou leurs paro i s s i e n s : les Semaines unive r s i t a i res ( l i re n o t re article) leur apportent un pre-mier bagage pour jouer les cicérones dans cette ville riche et complex e. ■S H

C o n t a c t : Centre pastoral d’accueil, via Santa Giovanna d’Arco, 10 - 00186 Rome.T é l . : 00 39 06 68 80 38 15, E-mail : [email protected]

Le Centre pastoral d’accueil, pour réussir son séjour

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ments historiques à Rome, qui parle dela restauration de la Villa Medicis avecun tel enthousiasme qu’on le quitte àregret. À l’issue d’un tel séjour, est-on las de Rome,convaincu d’en avoir fait le tour ? Bienau contraire, « Je reviens dès que je peux »,c o n fie une jeune participante qui envi-sage de suivre l’une des sessions de la Tr i-nité-des-Monts, plus centrées sur l’histoirede l’art (c f . article p. 46). Rome, quand tunous tiens ! ■

1. Centre national de la recherche scientifiq u e .2. Presses de l’ENS, 1998, 216 p., 22,11€.3. Cette oasis, proche du Caire, en Égypte, est célèbrepour ses portraits funéraires gréco-romains.4. Pour visiter ces fouilles exceptionnelles, il faut réser-ver par écrit au moins 15 jours à l’avance. F a x : 00 39 06 69 88 55 18 – E-mail : [email protected]

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homme mélancolique qui ressemble àceux du Fayoum3.Autre temps fort, la visite des fouillesarchéologiques effectuées sous la basi-lique Saint-Pierre, qui permet d’évoluerdans l’un des plus beaux cimetières païensde Rome. On y découvre… la tombe dePierre, à la verticale de laquelle se trou-ve le baldaquin du Bern i n4. Même sur-prise quand, dans les entrailles de labasilique de Saint-Clément, on accède àun petit temple de Mithra datant de lafin du I Ie siècle. On y célébrait le repas

cultuel commémorant le banquet fêtantla victoire d’Apollon et Mithra, avant quece dernier ne monte au ciel. Pour JeanGuyon, le christianisme, tout comme leculte à Mythra ou à Cybèle, n’était alorsqu’une religion à mystère en compéti-tion avec d’autres. Le non-baptisé nedevait-il pas sortir après la lecture de laP a r o l e ? Et le baptême, qui n’est autrequ’une plongée dans la mort et la résur-

rection du Christ, n’avait-il pas lieu dansla nuit de Pâques... Comment cette sec-te, coupable selon Tacite de « haine contrele genre humain » ( « odium humani gene-r i s »), a-t-elle pu triompher ? s’interrogeJean Guyon. Son hypothèse fait réflé c h i r :« Peut-être grâce à ses communautés trèssoudées, à l’intérieur desquelles la solidari-té prévalait. »Au fil des heures, des visites, des confé-rences, toute l’histoire du christianismeest ainsi déroulée, de 392, date à laquel-le il devient religion officielle, à nos jours.Pour rendre compte de la variété desapproches proposées, il faut évoquer enco-re l’émouvant plaidoyer pour l’art baroquede Livia Lionnet. Cette historienne de l’artvoudrait que les Français, trop cartésiensà son goût, apprécient à sa juste valeurl’élégante coupole de Saint-Charles-aux-Quatre-Fontaines, l’une des plus belleséglises de Francesco Borromini (1599-1667).

Hospitalité et enthousiasmeE n fin, il ne faudrait pas oublier l’hospi-talité de la supérieure de la Tr i n i t é - d e s -Monts, mère du Penhoat, qui a ouvertson couvent recelant mille trésors et invi-té les visiteurs à déjeuner dans son jar-din surplombant Rome. Ou encore DidierRepellin, inspecteur général des monu-

P rogressant dans l’obscurité,les congressistes découvrentau hasard des couloirss o u t e r rains des décorsf u n é raires d’une gra n d ed é l i c at e s s e .

Un érudit enthousiaste. Didier Repellin, inspecteur général des monuments historiques à Rome, devant la Villa Medicis. ( P h o t o : S. H o r g u e l i n )

àL’ a s s o c i ation « R e n c o n t res ro m a i -n e s » propose des visites en fra n-

çais de la ville et de ses env i ro n s .S i t u é eà la Maison d’accueil de La Tri n i t é - d e s -M o n t s , cette association re g roupe dejeunes bénévoles formés par des uni-ve r s i t a i re s . Au pro g ra m m e : Sainte-M a ri e - M a j e u re , S a i n t - C l é m e n t , O s t i e ,Tra s t é v è re , Rome baro q u e , S a i n t - P i e r-re , Musées du Vat i c a n ,e t c .T é l . : 00 39 06 679 59 01.E - m a i l : re n c o n t re s ro m a i n e s @ l i b e ro . i t

Savoir +

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de Charles VIII puis de LouisXII. En signe de reconnaissan-ce, les rois de France achètentà Rome une partie de la colli-ne du Pincio et construisentpour les Minimes le couventroyal de la Trinité-des-Monts. Expulsés au moment desguerres de la Révolution fran-çaise, les religieux sont rem-placés en 1828 par les sœursdu Sacré-Cœur qui y demeu-rent encore aujourd’hui. C’estdans ce haut lieu de la cultureet de la spiritualité, que les sœursinvitent les amoureux de Romeà suivre, quatre fois par an, dessessions « Art, science et foi » .« Tous les trésors ici rassemblésnous incitent à apprivoiser lesœuvres d’art pour en trouver lesens religieux et spirituel » ,explique la responsable, sœurChristiane Clauss. Difficile, il est vrai, de résister àla tentation… en feuilletant leprogramme passé et futur deces sessions de deux semaines !Il s’agit de chercher « les visages

de Dieu » – pour citer le titre de la sessionde février/mars 2004 –, sous la conduitede François Bœspflug, grand spécialistede l’iconographie chrétienne, ou encorede traquer « Les anges dans l’art à Rome »

François de Paule, fondateur de l’ordredes Minimes est appelé en 1482 auchevet de Louis XI. Le saint homme

aide le roi à mourir en paix. Après quoi,il poursuit son rôle de conseiller auprès

(sessions de septembre 2003 et 2005), avecpour guide Dominique Ponnau, directeurhonoraire de l’École du Louvre.

Œ u v res surpre n a n t e sOuvertes aux adultes et aux étudiants deniveau bac + 2, ces sessions en languefrançaise offrent aux participants, dontle nombre est limité à une vingtaine, lachance de loger dans le couvent. Les deuxpremiers jours sont d’ailleurs consacrésaux œuvres d’art qu’il renferme...

L’occasion de découvrir le réfectoire quisert de décor à un superbe trompe-l’œildu frère jésuite Andrea Pozzo, mettant enscène les noces de Cana. Et de parcourirles déambulatoires où l’on peut admirertrois œuvres surprenantes : deux ana-morphoses, séparées par une horloge solai-re qui représente la sphère terrestre etcéleste... Sans compter, l’église décorée depeintures et de fresques d’artistes renom-més comme Daniele da Volterra, GiulioRomano ou les frères Zuccari. Restent ensuite dix jours pour plongerdans Rome en compagnie de spécialistes.« La lecture contemplative des œuvres d’artm’a conduite à réinterroger ma foi », c o n fiedans un sourire sœur Clauss qui suit elle-même avec intérêt toutes les sessionsqu’elle organise1. Un chemin d’intérioritéqu’elle nous propose d’emprunter avec elle.

■S Y LVIE HORGUELIN1. Sessions 2005 : « Rome et l’Apocalypse », du 6 au1 9 f é v r i e r, avec Marie-Paule Baudienville, docteur enhistoire de l’art, et Pierre Prigent, auteur de plusieursouvrages sur le sujet ; « De la Rome antique à la Romec h r é t i e n n e », du 5 au 18 juin, avec Michel Évieux, pro-fesseur agrégé de lettres ; « Les anges dans l’art à Rome » ,du 18 septembre au 1e r octobre, avec Claire Challéat,doctorante en histoire de l’art, Dominique Ponnau,directeur honoraire de l’École du Louvre, et PhilippeFaure, maître de conférences d’histoire médiévale àOrléans. En préparation (dates à déterminer) : « R o m een ses marbres », « L’art de la restauration », « D a n t eet son influence dans l’art ». Tarif : 450 € ( hébergementinclus). Contact : Sœur Christiane Clauss, Istituto delSacro Cuore, piazza Trinità dei Monti, 3 - 00187 Rome.Tél. : (00 39) 06 67 94 179. E-mail : [email protected] I n t e rnet : www. a r t - s c i e n c e - f o i . i t

Au pied du couvent de la Tri n i t é - d e s - M o n t s , s’étend Rome dans toute sa splendeur.Les religieuses du Sacré-Cœur y vivent parmi des œuvres d’art. Soucieuses de partager

cette ri ch e s s e , elles ont créé, il y a deux ans, les sessions « A r t , science et foi » .

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D i f f i c i l e , il est vra i , de résisterà la tentation… en feuilletantle pro g ramme des sessions.

Le sens de l’accueil. L a Trinité-des-Monts est ouverte à ceuxqui veulent s’ouvrir aux splendeurs de la Ville éternelle ( P h o t o : D. R.)

La Trinité-des-Monts initie à l’art

à« Située dans l’enceinte du couvent de laTr i n i t é - d e s - M o n t s, la maison d’accueil

S a i n t - Joseph reçoit depuis 1975 les Français quiséjournent à Rome », explique sœur Marie-Thérèse T h é ry, la directrice du lieu. La re l i-gieuse précise toutefois : « Nous ne sommespas une auberge de jeunesse,mais un lieu d’édu-cation où l’on ch e rche à donner du sens. » É p a u-lée par des bénévoles laïcs, sœur T h é ryreçoit en priorité des jeunes en formation :c o l l é gi e n s , lycéens du public et du priv é ,é t u d i a n t s , g roupes paroissiaux ou aumô-n e r i e s , qui réservent parfois un an à l’ava n-

ce (26 € par personne pour la demi-pen-s i o n ) .De juillet à décembre,des indiv i d u e l sy séjournent aussi (de 26 € à 46 € s u iva n tla ch a m b re ) . E n t i è rement refaite pour leJu b i l é , la maison peut héberger jusqu’à7 0 personnes (ch a m b res de 1,2 , 3 ou 4 lits).Elle comporte une salle de réunion, u n ech a p e l l e,un jard i n . . . et propose des soirées« Art et foi » aux groupes pour préparer lesv i s i t e s .

■S H

Renseignements et réservations : (00 39) 06 679 7436. E-mail : mtthery @ - l i b e r o . i t

Se loger à la Trinité avec ou sans ses élèves…

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l’animation est depuis longtemps confié eà une (ou un) laïque. Vingt catéchistes,deux séminaristes et des prêtres inter-viennent dans cet établissement françaispublic de 1 400 élèves, fondé par un prêtre

en 1903. Il nous a fallu redéfin i rla place de cette aumônerie, désor-mais considérée par le chef d’éta-blissement comme un lieu d’édu-c a t i o n .

Vous êtes par ailleurs l’administrat e u rdes Pieux établissements…C’est une fondation qui rassembledepuis le X V I I Ie siècle les biens fran-çais de Rome et de Lorette (un sanc-tuaire marial sur l’Adriatique) liésà l’Église. Ce sont des maisons,immeubles, églises et couvents. Lagestion des « P i e u x » étant très sai-ne à mon arrivée, nous en avonsp r o fité pour lancer des travaux derestauration importants et amé-liorer les capacités d’accueil despèlerins pour le Jubilé. Quelquese x e m p l e s : au couvent de la Tr i-nité-des-Monts [lire page ci-contre],le réfectoire décoré de fresques dufrère Pozzo, différentes chapelles

de l’église et sa façade ont été rénovés ;à Saint-Louis, l’église a été « remise àn e u f » .

Le Centre pastoral d’accueil de Saint-Lo u i s - d e s -Français, dont vous êtes le président, organisetous les deux ans des «Semaines universitaires » .Avez-vous introduit des changements dans ledéroulement de ces sessions conçues pour décou-vrir Rome ?J’ai tenu à ce que la session d’août 2004soit ouverte plus largement aux jeunes.Et puis, les congressistes peuvent désor-mais loger au palais Saint-Louis et prendreleurs repas ensemble. Cette formation esttrès riche car elle conduit à changer devision du catholicisme. Découvrir, parexemple, sous la basilique Saint-Pierre, letombeau de Pierre au milieu d’un cime-tière païen ne laisse pas indifférent. Je sou-haiterais que davantage de professeursde l’enseignement catholique participentà ces semaines qui abordent la foi à tra-vers l’art et l’histoire.

■PROPOS RECUEILLIS PAR SYLVIE HORGUELIN

N °2 8 7 ,O C TO B R E2 0 0 4Enseignement catholique actualités 47

Vous avez réussi à faire de Saint-Lo u i s - d e s -Français un lieu d’accueil ouvert et ch a l e u r e u xpour tous les Français résidant, ou de passa-ge, à Rome, et vos collaborateurs aimeraientvous voir rester, alors pourquoi part i r ? Mon mandat ayant été renouvelépour trois ans, je pouvais rester,mais le nouveau projet que l’ar-chevêque de Bordeaux me propo-se, m’intéresse… Ce dernier voudraitque sa cathédrale, située dans unezone piétonne, devienne un lieud’échange et d’écoute. Plusieurséglises en France, déjà implantéesdans un quartier commerçant oude bureaux, proposent des anima-tions pastorales et culturelles spé-c i fiques : comme Saint-Louis-d’Antinà Paris, près de la gare Saint-Laza-re, ou Notre-Dame-de-Pentecôte àLa Défense. Ma mission consisteraà faire vivre plus intensément lacathédrale, qui restera l’église del’évêque pour les grandes cérémo-nies et commémorations diocé-saines. Et puis, vous savez, j’ai quittéBordeaux en 1986. Je préfère reve-nir dans mon diocèse pour accom-plir une tâche plutôt que pour ym o u r i r !

Que vous a apporté votre séjour à Rome ?Après des années passées à négocier avecles syndicats et le gouvernement françaiscomme secrétaire général de l’enseigne-ment catholique, la première chose quim’a intéressé, c’est de retrouver des prêtres.Attenant à l’église Saint-Louis-des-Fran-çais, se trouve le palais Saint-Louis où jevis avec 25 prêtres étudiants et 3 prêtresde la Curie, français pour la plupart. Jesuis responsable de cette communauté oùrègne un esprit fraternel. J’ai partagé mavie avec des hommes jeunes, ayant uneautre vision de l’Église que la mienne. Cet-te confrontation n’a jamais été l’occasiond’un affrontement, mais d’un progrès, oné-reux parfois. Ma manière d’être prêtre ena été transformée. Si je n’avais été à Romerien que pour cela, j’en serais heureux !

Vous avez aussi ouvert ce palais à des Françaisde passage…C’est vrai. Cette maison n’accueillait autre-fois que des prêtres. J’y ai reçu beaucoup

de visiteurs, des hommes politiques, maisaussi de pauvres malheureux qui n’avaientque leurs pieds pour marcher. Pendant leJubilé, j’ai même transformé une salle end o r t o i r. Et puis, pour les Français qui vivent

à Rome, j’ai souhaité faire de Saint-Louisun lieu de rencontre où chacun se sentechez soi en multipliant les propositions :en 2003, pour la Notte bianca [la Nuitb l a n c h e ] de Rome, une lecture continuede saint Marc ; avant Pâques, des confé-rences de Carême…

En quoi a consisté votre charge de recteur ?Saint-Louis n’est pas une paroisse, maisl’église où se rassemblent les Français. J’aivoulu que l’accueil des nouveaux arri-vants – fonctionnaires, ingénieurs, com-merçants – soit particulièrement soigné,avec le souci de les aider à s’insérer dansleur paroisse italienne. À Saint-Louis, ilsretrouvent les mêmes propositions qu’enF r a n c e : groupes bibliques, groupes de vie,accompagnement des jeunes ménages...Je me suis, quant à moi, investi dans lapréparation au mariage : six à huit entre-tiens avant la cérémonie puis le « s e rv i-ce après-vente » (les mariés reviennentme voir pour faire le point). J’ai aussi àcharge la responsabilité finale de l’au-mônerie du lycée Chateaubriand, dont

Arrivederci Roma !Après six années passées à Rome comme recteur de l’église Saint-Louis-des-Fra n ç a i s ,

Mg r Cloupet re t ro u ve ra en janvier pro chain son Bordelais nat a l . L’ancien secrétaire général de l’enseignement catholique dresse pour E CA le bilan de son séjour ro m a i n .

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N o u velle visite à l’école Sainte-Th é r è s e - d ’ Av i l a , à Marseille1. Quelques semaines après la re n t r é e ,des élèves de CE2, CM1 et CM2 se sont réunis pour évoquer ensemble leur expérience des

re l ations humaines. Attention à l’autre , c o m mu n i c at i o n , c o n fia n c e , respect et pard o n . A m i t i é .

Paroles d’élèves

J o h a n n a : À la cantine, quand on faitdu bruit, Véronique punit les moins sages,ceux qui font le plus de bruit habituel-lement, mais pas les autres.L a u r i e : Il faudrait que la sanction soitadaptée à la personne.S a r a h : Quand quelqu’un est sage, onlui donne une étiquette d’enfant sage,comme s’il allait toujours le rester.Ti p h a i n e : Véronique donne des étiquettes

si on est sages ?

O c é a n e : Si ceux qui sontméchants font des efforts,ils changeront d’étiquette.

O l i v i a : Oui, mais alors,ils auront l’étiquette « e n-fant sage » .L a u r i e : On peut avoir àla fois l’étiquette « s é r i e u-s e» et l’étiquette «pas gen-t i l l e » .L u c i e : Mais si on n’est pasgentil avec une personneet gentil avec une autre ?N a t a c h a : Mettre une éti-quette sur quelqu’un, cen’est pas respecter la per-s o n n e .R é m i : Si on est tous surle dos d’un enfant qui faittoujours des bêtises, si onl’écrase, il dira «p o u r q u o im o i ? », il ne pourra plusfaire d’efforts, il n’en au-ra plus le courage.

J o h a n n a : Si on continue de l’écraser, ilva finir par se rebeller et devenirméchant avec tous ceux qui l’en-t o u r e n t .L a u r i e : Mais on peut aussi uti-liser la parole avec lui. Sans crier,lui expliquer que ce qu’il fait estm a l .Ti p h a i n e : Il ne faut pas tout letemps le gronder, mais lui ex-p l i q u e r.L a u r i e : S’il est vraiment achar-

né à faire des bêtises,les paroles s’envole-r o n t .R é m i : Il faut lui mon-trer les bonnes choses,sans crier.J o h a n n a : Quand on parle à quel-qu’un, il faut le regarder. Si onécoute en regardant ailleurs, il nese sentira pas écouté.G u i l l a u m e : On peut aussi l’invi-ter à jouer avec nous, lui montrerqu’on s’intéresse à lui.Ti p h a i n e : Pendant les débats [C f.

encadré], on avait aus-si parlé du pardon, des

enfants un peu bizarres,on avait dit qu’il fallait

jouer avec eux. Mais il fautque ce soient les deux per-

sonnes qui viennent à la rencontre l’unede l’autre et qui se pardonnent toutes lesdeux. Il y a des grandes personnes quin’arrivent pas à se pardonner. Pour lespetits, c’est plus facile. Il faut s’entraînerà se dire pardon petits, pour pouvoir par-donner plus tard.J o h a n n a : Il y a des gens qui n’arriventpas à pardonner parce qu’ils n’acceptentpas leurs propres fautes.L a u r a : Si quelqu’un te fait beaucoup demal et qu’il vient te demander pardon,c’est dur à accepter.R é m i : Il y en a qui font très vite la paixaprès s’être embêtés, pour ne pas que lamaîtresse les punissent.M é g a n : Il faut que les enfants règlentensemble leurs problèmes. Mais à forced’être embêtés par les mêmes, on ne veutplus pardonner.M é l a n i e : Les vrais amis se pardonnent.M a r t i a l : Le conflit, ça renforce l’amitié.ça permet d’évoluer et de forger son ca-

r a c t è r e .

L u c i e :Quand je veux medisputer avec ma mère etque je ne sais pas commentle lui dire, je lui écris.N a t a c h a : Les disputes des adultes nesont pas pareilles que celles des enfants.Ils savent qu’ils ne peuvent plus resterensemble, et une fois séparés, ils peuventdevenir amis. Nous, on n’est pas mariés,on n’a pas ce problème de divorce. Ons’explique, et ça va mieux.L a u r i e : Une fois je me suis disputée avecune copine et j’ai passé l’après-midi

48 Enseignement catholique actualités N °2 8 7 ,O C TO B R E2 0 0 4

» M e t t re une étiquette surquelqu’un, ce n’est pasrespecter la pers o n n e . »

La rel ation à l ’a u t re, une qu estion d ’att i t u de

« Quand quelqu’un vous parle, il faut le re g a rder. Et si onl’écoute en re g a rdant ailleurs, il ne se sentira pas écouté. »

« Le conflit, çare n f o rce l’amitié. »

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seule. J’ai trouvé ça bête, je voulais queça s’arrange. Je ne me souvenais mêmepas de la raison de notre dispute.O l i v i a : Je pense que les parents ont dumal à se pardonner.Ti p h a i n e : Nos disputes sont plus courtesmais il y en a beaucoup plus.L u c i e :Mais si après s’être disputé et avoirfait la paix, on se redispute, ça ne sert àr i e n .L a u r i e : Avant de faire quoi que ce soit,il faut réflé c h i r. Avant de se disputer pare x e m p l e .O l i v i a : On n’est pas pareils, on n’est pastoujours d’accord, et c’est norm a l .Ti p h a i n e : P a rfois, c’est bien les disputes.On s’ennuierait sinon.J o h a n n a : Entrer en conflit, ça perm e tde régler des problèmes.M é l a n i e : J’ai deux familles, la vraie, etmes amis.S a r a h : L’amitié, c’est pareil que l’amour.J o h a n n a : D’abord, un ami, il faut le res-p e c t e r. Je suis fille unique, et Mégan etLaurie, elles sont comme mes sœurs. Pen-dant les vacances, elles me manquent.M a r t i a l : Un vrai ami ne te laisse past o m b e r.E n z o : Avec Océane, on a beaucoup d’ami-tié, mais on n’est pas obligés d’être toutle temps ensemble. Chacun vit sa vie.Pendant deux ans, les autres n’ont pasarrêté de me dire : « Tu l’aimes. » M a i sn o n ! Si je l’aimais, on se ferait des bi-sous et des câlins. Thomas aime Nata-

N °2 8 7 ,O C TO B R E2 0 0 4Enseignement catholique actualités 49

cha. S’il ne l’aimaitque par amitié, ilne l’aimerait pasà fond comme ça.N a t a c h a : Il m’ai-me mais ce n’estpas pour autantqu’il me fait desbisous et des câ-lins. L’ a m i t i é ,c’est un amour.L a u r i e : Il y adifférentes façonsd ’ a i m e r. Ma maman, je l’aime par amour,je lui fais des câlins, mais avec mes co-pines, je ne fais pas pareil.A n t h o n y : Je crois qu’un ami, on doit dé-pendre de lui. C’est comme une fle u r, sielle n’a pas une autre fleur à côté d’elle,elle meurt. Si Thomas s’en va, je me de-mande bien ce que je vais faire.Ti p h a i n e : Un ami, c’est un peu commeun amour. Quand un copain ou une co-pine n’est pas là, il me manque.M é g a n : J’étais mal quand ma chienneest morte. Je suis allée voir Laurie, j’enai parlé avec elle, ça m’a fait du bien.Les amis, c’est pour parler quand on nepeut pas le faire avec sa famille.J o h a n n a : Tu peux parler avec un ami,dire ce que tu ressens, et aussi t’amuser.C’est fantastique.M a r t i a l : Avec un ami, on peut mêmese comprendre sans parler.A u r é l i e : Quand j’ai un problème et que

je ne peux pas ledire à mes pa-rents, je parle avec ma sœur. Je parleaux personnes en qui j’ai confia n c e .A n t h o n y : La confiance, c’est important.L a u r i e : J’ai confiance dans les adultesde l’école. En mes copains, à moitié : par-fois je leur confie quelque chose et il ar-rive que ça disparaisse...S a r a h : Si on me dit : « J’ai pas confia n c een toi », ça me fait mal au cœur.Jo h a n n a : Si j’ai confiance en un ami, etqu’il répète un secret que je lui ai dit, ilperd ma confia n c e .E n z o : … Et tu as une boule de pétanque,l à !

■PROPOS RECUEILLIS PAR SOPHIE BIZOUA R D

1. Adresse : 47 boulevard Dahdah, 13004 Marseille.Lire le premier volet de ces paroles d’élèves dans E C A 2 8 6 ,pp. 42-43.

« Les vrais amis se pard o n n e n t . »

Schéma pour une chansonUne partie de la vingtaine d’élèves réunis pour cetemps de parole avait déjà entamé le débat quel-ques jours aupara vant. L’ a rticulation et les gra n d e slignes de leur réflexion sont re p roduites dans le sché-

ma ci-dessous. Elles ont servi de fil directeur à l’en-semble du groupe et seront le support de l’écriturecollective d’une chanson sur le thème de la person-ne, dans l’esprit de la deuxième phase des assises.

Marjorie Riotte, directrice de l’école, envisage derecourir au talent d’un musicien qui en compose-ra la mélodie, pour faire de cette création un vraiprojet d’année. ■S B

Relations avec les enseignants

Passer d’une relation maître - é l è ve àune relation

de personne à personne.« La maîtresse n’est pas seulementlà pour nous appre n d re des choses,mais aussi pour nous aider dansnos relations avec les autre s . »

Entrer en relation,c’est entrer

en communicationEn t re r, voir à l’intérieur de l’ a u t re .

« Dépasser l’ a p p a re n c e . »Comment s’ a p p ro c h e r ?

Qu e s t i o n n e r, se questionner, sep a rl e r.

Sens de l’écoleAp p re n d re, c’est vivre ensemble.Ap p re n d re, c’est se re n c o n t re r :« On apprend avec les autres,

on n’ a p p rend pas seul. »Comment ne pas être individuel

et penser au gro u p e ?

Être en relationavec les autres,

c’est trouver sa place« Les grandes gueules

p rennent beaucoup de place, les timides

sont laissés de côté. »

Parler, c’est aussiêtre écouté

« Ê t re écouté en classe, c’est facile,mais dans la cour ça l’est moins. »

« Ê t re écouté, c’est agir ? »

Trouver le temps de parler/écouter

Prendre le temps de parler/écouter

La relation ne se construit pas que dans la parole,

elle se construit aussi dans le re g a rd. C’est une attitude.

D é velopper une attitude d’ é c o u t e .

Parler < = > l’écouteQu’est-ce que l’ é c o u t e ?

Que signifie être écouté ?L’écoute s o u t i e n t.L’écoute ra s s u re.

Comment faire pour être écouté par tous ?

Pour construire des relations, il faut parler.

Q u a n d ?O ù ?

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Mineurs en prison : vers un possible ailleurs

Enseigner en pri s o n , dans les quartiers de mineurs, oblige à un véritable engagement.Comment amener des jeunes souvent très déstructurés, en rupture avec l’institution scolaire ,

à renouer avec l’apprentissage ? Impressions et points de vue.

50 Enseignement catholique actualités N° 2 8 7 ,O C TO B R E2 0 0 4

Enquête

■ÉLISABETH DU CLOSEL

Le premier volet de notre enquête1

abordait l’enseignement auprèsd’adultes volontaires à la maison

d’arrêt des hommes de Fleury - M é r o g i s(Essonne). Aujourd’hui, nous évoqueronsla problématique de la scolarité pour lesmineurs derrière les barreaux, sans avoirmalheureusement pu vivre une journ é ep a rmi eux, comme cela avait été le casavec les adultes.

La démarche est identique tout en étanttrès différente. Identique, car il s’agit defaire cours, de dispenser un enseignement,de form e r, d’accompagner, de redonner

c o n fiance, de pousser jusqu’aux examens,de créer du lien social. Très différente, caron s’adresse à des mineurs soumis à l’obli-gation scolaire. Et pour les 16-18 ans, dansles établissements pénitentiaires d’Ile-de-France, l’école est une quasi-obligation.Avec une pointe d’humour, Yves Sultan2,qui a assumé la fonction de responsablelocal d’enseignement (RLE), tout en en-seignant quatre années à Villepinte (Sei-ne-Saint-Denis), dit : « À Villepinte, l’écolefait partie du “paquetage d’entrée” avec lebol, la cuillère et la couverture. »On imagine dès lors sans peine les heurts,malheurs, défenses, résistances, rejets deces jeunes si souvent en rupture, voire enéchec scolaire total, confrontés à nouveauà une contrainte scolaire alors qu’ils pen-saient y avoir échappé – et fin a l e m e n tleur joie lorsqu’ils retrouvent un mini-mum de confiance en eux, dépassent leursdifficultés, décrochent un diplôme. On imagine aussi sans mal l’énergie quedoivent déployer les enseignants, et la ré-

flexion constante à mener sur la péda-gogie à mettre en œuvre. « On ne fait rienseul cependant, précise Yves Sultan. N o nseulement l’équipe éducative doit être sou-dée, mais la pluridisciplinarité des rapportsentre tous les partenaires – profs, surv e i l l a n t s ,médecins, éducateurs des milieux ouvert etfermé, parfois un magistrat, voire un juge quia demandé une incarcération – est fonda-mentale, sinon ce n’est pas viable. » On ima-gine enfin leur satisfaction lorsqu’ils voientdes sourires renaître sur certains visagesb u t é s .L’école, oui, mais quelle école quand lesélèves n’ont pas plus de neuf heures decours par semaine ? Bouche-trou ? Passe-temps ? « Non, l’école a vraiment sa raisond ’ ê t r e . » Christine Massé, professeur demathématiques à Bois-d’Arcy (Yv e l i n e s ) ,est catégorique : « Malgré les difficultés –non-connaissance de la durée de détention,hétérogénéité des niveaux, classes qui se fontet se défont en fonction des entrées et des sor-t i e s3, blocages face à l’apprentissage, pro-blèmes de discipline –, elle permet de garderun lien avec l’extérieur, de redonner confia n-ce à des jeunes qui n’ont en fait aucune es-time d’eux-mêmes, de combler des lacunes,de les pousser jusqu’aux examens. Certes, ilsdoutent parfois du bien-fondé des études.Comme certains gagnent plutôt bien leur vieà l’extérieur – le trafic de drogue, ça rappor-te ! –, ils ne voient pas d’emblée l’intérêt etl’utilité d’apprendre. »

Cinq élèves par coursIls râlent, mais ils savent qu’ils doiventv e n i r. « Ce n’est pas la rue qui débouledans la prison. On ne débarque pas n’im-porte où, n’importe comment sous prétex-te que l’on est mineur. À Vi l l e p i n t e [ S e i n e -Saint-Denis], le règlement fonctionne parétapes. Avant d’intégrer le quartier des mi-neurs, un jeune passe par le quartier desarrivants, puis par un groupe d’adaptation.Il aura accès au groupe d’autonomie enfonction de son comportement et de sonacceptation de la règle. Mais s’il commetdes impairs, il peut rétrograder d’une éta-pe, voire recommencer à la case départ. Cemode de fonctionnement et cette structure

Au cas par casÇa vient...

Phlippe MénagerCoordonnateur

« Nous sommes enpermanence sur la tangente,sur une ligne de crête.Mais c’est passionnant de travailler avec les ados. »

Philippe Ménager,proviseur-adjoint, est

chargé de la mise en placede l’enseignement dans les quartiers de mineursdes 28 éta b l i s s e m e n t spénitentiaires

d ’ I l e - d e - Fr a n c e .« Je suis entré au quart i e rdes mineurs de Bois-d’A r c yen 1989. L’ e n s e i g n e m e n tn’y était pasinstitutionnalisé comme à Fleury. Avec le coiffeur,nous partagions une salle.D’un côté, on faisait cours,de l’autre, on coupait les cheveux ! J’ai d’abordenseigné trois heures, puis six, puis neuf. On m’a alors demandé demettre en place desstructures de second degrédans les troisé tablissements pourmineurs des Yvelines, et de les coordonner. Pe t i t

à petit, je me suis occupéde tous ceux d’Ile-de-France. La réinsertion des jeunes fait partie de mes fonctions.Il y a peu, seuls lesa s s i s tants sociauxpouvaient conta c t e rl’extérieur. Cela évoluedans la mesure où nousrestons dans notre maisonÉducation nationale. Nous avons quelquesé tablissements part e n a i r e s ,et travaillons beaucoupavec les centresd’information etd ’ o r i e n tation. Nousagissons de la mêmemanière avec lesuniversités. C’est toujoursau cas par cas. Et unes o rtie ne se fait pas sanspréparation. Un exempleparlant : un gamin de

15 ans avait été incarcérédans le cadre d’uneprocédure criminelle : cinq ans à purger. Il a suiviune scolarité, un peucahin-caha, certes, maisque les enseignants ont étéà même de lui assurer. Onlui a fait réintégrer le lycéeJean-Lurçat à Paris, il y aquelques mois. Auparavant,des permissions accordéespar le juge lui ont permisde visiter l’éta b l i s s e m e n tavec sa mère, et derencontrer le proviseur qui a été très clair avec lui,posant les limites. Et ça a marché ! Bien sûr, c’estun lycée marginal. Mais on réussit peu à peu à réintégrer des jeunesdans des structurestraditionnelles. Peu, troppeu, mais ça vient. » ■

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apportent énormément de repères », ex-pose Yves Sultan4.Cinq élèves par cours. Au-delà, ça dérapetrès vite. Les jeunes ont tendance à repro-duire des schémas et des comportements.On n’échappe pas au phénomène de ban-de. « Nous représentons la société pour eux.On les renvoie à leurs échecs, fait remarquerFranz Thille, professeur d’histoire-géo-graphie au quartier des mineurs de Nan-t e r r e5 (Hauts-de-Seine). Ils n’ont pas le recul nécessaire pour venir à l’école, aux cours,de façon volontaire, avec l’envie d’y assister.Ils arrivent avec des idées toutes faites, trèscaricaturales. Enseigner l’histoire n’est vrai-ment pas facile, même en partant de sujetsd’actualité les touchant de près. Je me de-mande parfois ce que je fais là. » Franz Thille est un des rares enseignantsà évoquer son amertume. Les autres nenient pas les difficultés, ni le fait d’êtreconfrontés à des jeunes pouvant mettreen danger le centre scolaire par des com-portements décalés, et sont parfois dépi-tés de n’avoir pas su trouver le chemin del’apprentissage avec l’un ou l’autre. Maisl’enthousiasme l’emporte. « Tout peut bas-culer d’un instant à l’autre, c o n firme San-drine Corbou, qui enseigne les mathé-

matiques et le français au centre des jeunesdétenus (CJD) de Fleury - M é r o g i s6. N o u ssommes en permanence sur la tangente, surune ligne de crête. Mais c’est passionnant detravailler avec les ados. Ils sont tout neufs.Sur certains sujets – la santé, la reproduc-tion… –, ils ont des représentations halluci-nantes. Mais ils posent plein de questions. Il n’y a pas de tabous. Je les pousse dans leurs retranchements, je lance des débats avece u x . »

Une certaine ri g u e u rRedonner accès à l’apprentissage à cesjeunes ne se fait pas sans conditions préa-lables. Tous les enseignants insistent surla relation interpersonnelle et les entre-tiens individuels. « Les masques de provo-cation, de fuite, portés à l’extérieur, tombent.De manière inattendue, il y a acceptation del’adulte. Le jeune offre un visage plus réalis-te que celui qu’il doit assumer face au grou-pe. Résultat, quand il vient en cours, puisqu’ils’est découvert, il ne peut plus frimer de lamême manière. Bien sûr, il faut ensuite sa-voir introduire une pédagogie adaptée quipermette de conserver les masques au loin.C’est difficile, mais nous devons tendre verscela. La pression est terrible. Garder un com-

portement de façade permet de survivre dansle groupe », souligne Yves Sultan. Une certaine rigueur, aussi, est obligatoi-re. « Un jeune scolarisé doit accepter desrègles et des impératifs liés à un cadre. Ce-lui-ci est établi au départ, on n’y déroge pas,même si la tête d’un prof ne lui revient pas.S’il fait ce qu’il veut, cela n’a aucun sens auniveau pédagogique. L’autorité est impor-tante. En premier degré au CJD, on ne faitpas de démagogie. Un enfant s’éduque avecdes règles, il n’y a pas de mystère. S’ils sontlà, c’est bien parce qu’ils n’ont pas eu de struc-ture pour les faire avancer. Nous ne sommespas des copains, ils le savent. Ils savent aus-si que nous sommes là pour eux, pour les ac-compagner dans leur progression », préciseSandrine Corbou. « Les profs à l’extérieur se plaignent de la dé-motivation de leurs élèves. Qu’est-ce que lamotivation ? En pédagogie, c’est poser unprojet et des échéances par rapport à ce pro-jet. On franchit alors des étapes – avec unrythme très soutenu dans les premiers temps– en validant des acquis par une évaluation.Apporter de la structure permet une réfle x i o nsur soi et aide à prendre conscience qu’il y aun avant – une histoire –, un pendant – l’in-carcération –, et un après – un possible ailleurs.

N °2 8 7 ,O C TO B R E2 0 0 4Enseignement catholique actualités 5 1

A r riva n t . Mai 2000. Quartier des mineurs de Fleury-Mérogis. Un arrivant découvre sa cellule, où il sera seul, comme le veut la loi. ( P h o t o : Jérômine Derigny)

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La dynamique du projet, c’est la sortie, doncla réinsertion. Chez nos jeunes, la confusionest totale. Tout est mis sur le même plan.Tout se juxtapose. Le lien chronologique nese fait pas. Les relations, au départ, sontaxées sur “je veux, je veux pas ; j’ai, j’ai pas”.Il n’y a pas d’être, mais de la compensationpar l’avoir. Il faut inverser ce système, les fai-re entrer dans une autre réalité, bien plus sa-tisfaisante. Si la rigueur est une contraintep a rfois insupportable,au bout d’un moment,ils finissent par en-tendre que le savoirn’est pas un objet per-ceptible à attraper avecles mains, mais un ob-jet mental qui appor-te une liberté et des satisfactions bien su-périeures au fait de vo-ler un portable oud’avoir une grosse voi-t u r e », ajoute Yv e sS u l t a n .On peut se deman-d e r, dès lors, si leurregard sur l’école semodifie. Pour Phi-lippe Ménager (c f .encadré p. 50), c’estévident. « Au bout dequelques semaines, ilsnous disent : “Si l’éco-le était comme ça de-hors, je serais pre-n e u r !” Bien sûr, on nepeut pas comparer les modes de fonction-nement. Donner vingt ou vingt-deux heuresde cours à ces gamins ne servirait strictementà rien. On ne peut pas non plus leur dire :“On rentre en classe, taisez-vous, on tra-

v a i l l e !” Pas question encore de se contenterd’un cours classique. Sans arrêt, il faut s’ajus-ter au groupe, et à chaque jeune dans le grou-pe. Si l’un d’eux est trop perturbé, qu’il nesupporte pas le regard de l’autre, le prof peutlui dire : “Je te prendrai seul tel jour à telleheure.” Ce pourra être deux fois une demi-heure dans la semaine, par exemple. Cer-tains n’en supportent pas davantage. La se-maine suivante, on tentera d’en mettre deux

ensemble, d’allonger la durée de la plage decours. Petit à petit, on réussira peut-être àleur faire intégrer un groupe-classe. C’est ce-la aussi l’école en prison. Elle ne corresponden rien aux normes de l’extérieur. »

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àEn 1998, M i ch e lN i a u s s a t ,a n c i e n

aumônier des prisonsqui a vu,en 20 ans,d e smilliers de détenus seconfier à lui, l a n ç a i tun pavé dans la mareen publiant Les prisonsde la honte* . Deux ansavant V é ronique Va s-

s e u r, médecin chef de la Santé, il dénon-çait les conditions scandaleuses dedétention en Fra n c e. Il récidive dans unn o u vel ouvrage * * . Un immense coup dec o l è re, un réquisitoire contre les maisonsd ' a r r ê t , censées détenir des « présumés inno-c e n t s» d eve nues « les oubliettes [ … ] , les dépo-t o i rs où l'on range le matériel humain inutile et

g ê n a n t .La maison d'arrêt, par la négligence desautorités et l'indifférence populaire, est deve-nue une poubelle humaine où se tro u vent enfer-m é s,p ê l e - m ê l e, tous les délinquants, les maladescomme les perve rs, les assassins comme lesi n n o c e n t s, les jeunes comme les vieux, le toutdans une promiscuité épouva n t a b l e ».Ce n'estpas nouve a u , mais pour l'auteur, les mai-sons d'arrêt, faisant fi des trente mesure sd ' u rgence prônées par la commission d'en-quête sénatoriale de 2000,c o n t i nuent d'être« le carre four de toutes les dégradations humaineset un lieu où la dignité humaine n'existe plus ».

■E D C

* Éditions Desclée de Brouwer, 1998, 140 p., 15 €.** Michel Niaussat, Prison, ma colère ! – le scandale desmaisons d’arrêt en France, Éditions Ouest-France, coll.« Écrits actualité », 158 p., 13 €.

Un homme en colère

Force est de constater cependant le manquede salles de classe et d’enseignants, mê-me s’il y a eu cette année quatre créationsde postes, dont trois pour les mineurs.

Liste d’at t e n t eÀ Bois-d’Arcy, par exemple, où la capa-cité d’accueil est de 40 jeunes, le centrescolaire ne dispose que de trois salles pourfaire cours. De plus, les profs assurent

aussi l’enseignementdes adultes. À Fleury-Mérogis, enjuin dern i e r, vingt-six jeunes étaient surliste d’attente. «D a n sces cas-là, on bricole.On met en place cequ’on appelle “lescours par correspon-dance interne”. Deuxfois par semaine, onfait descendre cesélèves dans une sallede cours. On leur don-ne un travail à faire encellule. On les revoittrois jours plus tardpour en discuter. Onagit ainsi pour main-tenir le lien, sinon ilsnous échapperaient to-t a l e m e n t », expliquePhilippe Ménager. Des souhaits, biens û r, ils en ont tous.Et ils portent avant

tout sur l’enseignement professionnel.Pour Philippe Ménager, « le besoin se si-tue vraiment là. À B o i s - d ’ A r c y, certains ontaccès à deux formations professionnelles enélectrotechnique et mécanique auto. Maiscela reste marginal. » Christine Massé,pour sa part, souhaiterait que « tous lesjeunes puissent accéder à des ateliers où ilspourraient toucher à tout. Ils auraient desplages atelier comme il y a des plages sport.À travers cela, ils réaliseraient mieux à quoisert de savoir compter, calculer, lire unp l a n … » ■

1. Cf. E C A 286, pp. 44 à 47.2. Il va intégrer prochainement le nouveau centre péni-tentiaire de Chauconin, près de Meaux (Seine-et-Marn e ) .3. Les mineurs incarcérés sont à 90-95 % sous mandatde dépôt. Présumés innocents, ils sont à la dispositionde la justice le temps de l’enquête. La durée de leur déten-tion est de deux mois en moyenne. Les principaux délits :infraction à la législation des stupéfiants (ILS), course-poursuite avec la police, vol de parcmètres, petit bra-quage. Pour ceux qui sont là pour viol, « t o u rn a n t e » ,ou homicide, les peines peuvent aller jusqu’à cinq ans.4. À Villepinte, l’administration pénitentiaire a mis enplace des groupes de vie, « d ’ a f f i n i t é s » où les jeunes seretrouvent pour les activités culturelles, sportives et sco-laires. L’intérêt est de regrouper des jeunes qui vont s’en-tendre. L’école respecte ce mode de fonctionnement,même si les niveaux sont très hétérogènes.5. Il enseigne également au D2 de Fleury (cf. E C A 2 8 6 ,pp. 44 à 47).6. I b i d e m.

E s c a l i e r. Mai 2000. Quartier des mineurs de Fleury-Mérogis. Les passages dans les escaliers sont toujours l’oc-casion de discussions volées entre les détenus. ( P h o t o : Jérômine Derigny)

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Mi l i t a n t e », voilà un mot qui aencore un sens quand on écou-te Ève Targowla. « Atavisme fami-

l i a l », concède-t-elle. La prison, elle connaîtdepuis les années 1974. Avant, elle tra-vaillait dans les bidonvilles, les cités detransit, les établissements pour « fil l e s -m è r e s », les « centres de tri de l’assistancep u b l i q u e » – « un cauchemar, des enfantsarrivaient en pleine nuit dans des situationsa p o c a l y p t i q u e s » . De tels lieux, aujour-d’hui, ont pratiquement disparu du pay-sage urbain, « mais la réalité sociale existetoujours. Un jour, j’ai commencé à avoir desnouvelles de certains jeunes dont je m’étaisoccupée. Où avaient-ils échoué ? En prison,f o r c é m e n t ! Alors j’ai voulu aller au bout deleur parcours. En 1974, me voilà à la Roquet-te, puis, à sa fermeture, à la maison d’arrêtdes femmes [MAF] de Fleury-Mérogis. Àl’époque, il n’y avait pas le choix : les hommeschez les hommes, les femmes chez lesf e m m e s . »

À hurlerTrente ans plus tard, Ève, toujours aussimilitante et enthousiaste, travaille ex-clusivement à la MAF de Fleury « avec lalourde tâche d’enseigner ». Soupir, souri-re. « Enseigner le français aux 67 % d’étran-gères, de toutes jeunes mineures et des adultes.Elles représentent 70 nationalités différenteset, pour certaines, n’ont aucune notion denotre langue. » Qui sont-elles ? Pourquoisont-elles là ? « C’est simple. Vous regar-dez où se déroulent les conflits. Et dans lesmois qui suivent, affluent des flots de jeunesSierra-Léonaises, Ivoiriennes, Congolaises,Européennes de l’Est… La plupart sontcondamnées pour ILE [infraction à la lé-gislation sur les étrangers]. Elles sont sousles verrous uniquement parce qu’elles n’ontpas de papiers ! » Amertume, ironie grin-çante. « Certaines ont commis de vrais dé-lits : trafic de faux papiers, petit larcin, voldans le métro. Délit de prostitution encore.C’est hallucinant ! On enferme la misère dumonde et on la pénalise de manière specta-culaire parce qu’on ne sait pas qu’en faire !Bien sûr que le problème est en amont, maisc’est à hurler de voir cela ! »Professeur de français langue étrangère(FLE), Ève Targowla s’occupe exclusive-

Détenues étrangères« On est dans U b u »

Depuis trente ans, È ve Ta r g owla enseigne le français aux étra n g è re s , m i n e u res et adultes, d é t e nues à Fleury-Méro g i s .

ment des étrangères n’ayant aucune no-tion de français. « Elles sont enferméesune première fois pour une courte période,trois mois environ. Puis on les reconduit àR o i s s y. Comme elles refusent d’embarquer,elles reviennent. Puisqu’elles n’ont pas ob-tempéré aux ordres de la justice, ça devientplus grave. Leur deuxième peine est pluslongue. Et nous continuons à les former.P a rfois, entre collègues, nous nous disons :“Plus elles s’obstinent, plus elles auront dutemps pour apprendre.” C’est le monde àl’envers. On est dans Ubu, du début à lafin . » Apprendre le français, certes, etavant tout ce qui est de l’ordre de la sur-vie au quotidien dans cet univers car-céral qui ne fait pas de cadeau. « E s s a y e zde vous glisser un instant dans leur peau.Vous êtes derrière des barreaux. Vous necomprenez pas un mot des ordres hurlésdans les haut-parleurs. Elles ont la peur auventre d’être convoquées pour être renvoyéesdans le pays qu’elles ont fui parce qu’ellesétaient exploitées, affamées, torturées, vio-lées. Il faut donc leur apprendre avant toutet de toute urgence à déchiffrer l’environ-nement carcéral. Qu’elles puissent aussis’exprimer face au médecin. »

Énergie colossalePour la suite, Ève a peaufiné sa métho-de. Ses années d’ancienneté lui ont don-né de l’expérience. Elle connaît les prio-rités. Des examens ? Oui, elle va jusque-là,après s’être beaucoup interrogée. « U njour ou l’autre, ces jeunes femmes seront ex-tradées, retourneront chez elles, retrouverontla même misère. Or, l’Alliance française esttrès bien implantée et reconnue dans tousles pays du monde. En leur faisant passerau moins le premier examen de cette insti-tution, j’ai pensé que cela les aiderait à dé-crocher un petit boulot dans leur pays. Je nevous dis pas combien cette idée m’a moti-vée et le tonus que ça leur a donné. Je saisque certaines se sont tirées d’affaire. Pourmoi, il n’était pas question de les préparerau CFG [ c e r t i ficat de formation généra-l e ]. Ce diplôme n’a aucune signification nireconnaissance à l’étranger. Mais il faut dé-ployer une énergie colossale pour projeterces femmes dans l’avenir. »

■E D C

à« L o rsque je m’ennuie, j’écris ; et tousles après-midi, je m’ennuie. » C’est ce

que dit un jeune mineur de la prison deVi l j a n d i ,en Estonie,p ays entré dans l’Unione u ropéenne le 1e r mai dernier. Dans lemême centre,un autre jeune est au mitardpour avoir fait laver ses chaussettes parson codétenu ! A i l l e u r s ,au Congo,A l p h o n-s e,16 ans,est en détention prov i s o i re dansun commissariat de Kinshasa.Sur la por-te de son cach o t , une inscription de bien-ve nue : « L’enfer aussi est un pay s. » O na p p rend encore dans cette galerie d’image sprises par deux photog ra p h e s ,à la deman-de du BICE*,qu’au Brésil un millier de casde brutalités infligées à des jeunes par desga rdiens ont été signalés en 2003 ; qu’auC a m b o d ge,meurtri par un génocide impu-n i , il n’existe aucune justice pour lesm i n e u r s * * .Par cette campagne de sensibilisation, l eBICE veut faire connaître les conditionsde détention des mineurs et montrer com-m e n t , t rop souve n t , leurs droits sontb a f o u é s .Le rega rd porté par Jérômine Deri-g ny (Estonie, Congo) et Lizzie Sadin (Bré-s i l ,C a m b o d ge) est plein d’humanité, l u c i d esans misérab i l i s m e. Elles ne se sont paspolarisées sur l’enfer de la détention.E l l e sm o n t rent aussi que des solutions se met-tent en place grâce à la création de centre sde prévention où l’on réapprend la vie parl ’ é d u c a t i o n , le sport,des activités dive r s e s ,agricoles notamment.«Témoigner de sujetsdifficiles en montrant une issue positive, vo i l àce que j’aime fa i re. La prison n’est pas une finen soi. Elle devrait être éducation plutôt quep u n i t i o n »,conclut Jérômine,résumant ain-si les objectifs du BICE. ■E D C

* Bureau international catholique de l'enfance. Lacampagne « Horizon - enfants privés de liberté »présente des expositions dans les Fnac (Paris, grandesvilles de France, Genève et Bruxelles), ainsi qu’àNew York. Le livre Horizon - enfants en prison : quellesalternatives ? peut être commandé à : BICE – Cata-logue « H o r i z o n », 70 boulevard Magenta, 75010Paris. Prix : 15 € (+ 2,65 € de frais de port). Pour e nsavoir plus sur cette campagne, consultez le site :http://horizon.bice.org ** Un jeune avocat cambodgien, Sim Souyong, vientde fonder l'association Protection of Juvenil Justice( P J J ) pour pallier ce manque.

Peines d’enfants

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ture ouverte qui peut déboucher sur unbrevet de technicien supérieur. Il en va demême pour l’enseignement lui-même.Conséquence, le niveau monte. Preuveen est, le nombre de bacheliers qui a dou-blé. Hervé Hamon a rencontré des ensei-gnants qui « acceptent de considérer qu’illeur incombe de prendre en charge l’hétéro-généité d’un public par définition (massifi-cation du système éducatif oblige) plusc o m p o s i t e ». Des enseignants qui « a c c e p-tent l’idée que pour transmettre le mêmes a v o i r, il convient d’épouser, suivant le desti-nataire, des parcours différents, des ry t h m e sdifférents, des procédures différentes, dessanctions différentes ». L’auteur a rencon-tré des chefs d’établissement imaginatifsqui prennent des initiatives, qui font «œ u v r ec r é a t r i c e », qui utilisent la marge demanœuvre dont ils disposent pour «e s s a y e r,t e s t e r, fonctionner autrement ». Il a ren-

contré des é q u i p e séducatives sou-cieuses de mettrechaque élève ensituation de réussitescolaire et person-nelle, et qui, pour cefaire, acceptent « d ereconsidérer l’organi-sation du travail, lesprocédures d’évalua-tion et d’orientation,la qualité de la per-f o r m a n c e » .Reste que l’école,dans son fonction-nement, demeurecritiquable. La mas-s i fication, voulue,du système éducat i fne s’est pas accom-pagnée de sa démo-cratisation. Herv é

Hamon dénonce la politique qui a conduità « enfourner une vaste population dans unm o u l e » pensé pour une minorité. Consé-quence de cette hypocrisie, l’école « a lais-sé sur le côté ceux qui n’ont pas la souplesse,l’agilité et le viatique requis », et l’écart s’est

■VÉRONIQUE GLINEUR

En 1984, Hervé Hamon publiait, avecPatrick Rotman, Tant qu’il y aura desp r o f s1. Vingt ans après, il est retour-

né dans les collèges et les lycées publicsqu’il avait alors visités. Pendant deuxannées, il a rencontré des enseignants,des chefs d’établissement, des élèves et denombreux autres acteurs de l’éducation.Au terme de cette enquête, il dresse, dansTant qu’il y aura des élèves2, le portrait

d’une école qui ne tourne pas si mal. Les conditions d’enseignement se sontaméliorées de manière substantielle depuis1984. Ainsi dans l’enseignement profes-sionnel, les LEP3, « voie de garage en boutde chaîne », ont cédé la place à une struc-

creusé entre ceux qui répondent à la com-mande scolaire et les autres. Si les éta-blissements – et au sein de ceux-ci lesséries, les classes – se valent en droit, ilssont de fait très inégaux. Et ce « m e n s o n-ge fondateur » a généré, selon l’expressionde Robert Ballion, « les consommateursd ’ é c o l e4 » : certains parents – les cadres,et parmi eux les enseignants – s’autori-sent quelques libertés avec « la carte sco-laire, qui n’est pas la carte du Te n d r e ». Siles premiers « naviguent entre le public etle privé », les seconds « jouent quasi exclu-sivement les options », de tels comporte-ments ayant pour effet d’aggraver encoreles disparités entre les établissements.

Source de violenceL’orientation n’est pas non plus exemptede dysfonctionnements : elle est obstiné-ment négative. Pour Hervé Hamon, le sys-tème fonctionne comme « s’il existait dansl’imaginaire collectif de la planète scolaire,un élève étalon » – l’élève brillant, « à l’heu-r e », voire « en avance » – qui fixe la nor-me. Et l’auteur de poursuivre : «Tout élèveen chair et en os […] est cet élève-là moinsquelque chose. Il ne sera pas défini par sesqualités, il sera défini par ses carences. L’ o r i e n-ter ne consistera pas à inventer avec lui la tra-jectoire la plus appropriée, mais à l’écarter, vuses manques, de la trajectoire parfaite, celleque trace l’élève étalon. » Si l’école n’est pasépargnée par la violence, elle est elle-mêmesource de violence. En qualifiant les uns,elle disqualifie les autres et « porte grave-ment atteinte à l’estime de soi » .Pour Hervé Hamon, une réelle démocra-tisation du système éducatif impose des’attaquer à «quelques solides verrous [ q u i ]condamnent le système ». Au nombre deceux-ci, les pratiques pédagogiques desenseignants et leur inaptitude à travailleren équipe. Des 10 % aux IDD, TPE etP P C P5, l’Éducation nationale a multipliéles dispositifs qui devaient « amener lesmaîtres de disciplines différentes à se ren-c o n t r e r […] et à travailler ensemble devantles élèves – instituant du même élan un rap-port neuf entre professeurs et un rapport neuf

Si les choses bougent – et peuvent bouger encore – à l’école, c’est essentiellement du fait des enseignants, des chefs d’établissement, des cadres d’éducation… C’est ce que mettent

en évidence les auteurs de Tant qu’il y aura des élèves et d’Enquête sur les nouveaux enseignants.

54 Enseignement catholique actualités N °2 8 7 ,O C TO B R E2 0 0 4

Réflexion

Qu’est-ce qui fait bouger l’école ?

Te r ri t o i res pédagogi-q u e s . Vingt ans après les pro f s ,Hervé Hamon revient sur les lieuxde l’enquête pour observer lesélèves. Agnès van Zanten et Pa t ri ckRayou s’intéressent, eux, auxjeunes enseignants de douze col-lèges contrastés.

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acceptant les changements d’établisse-ment, de niveau d’enseignement, de publicd’élèves et donc de « manière de faire lac l a s s e » . Ils voient là le moyen d’enrichirleurs compétences professionnelles. Dans leur tâche principale – faire la clas-se – ils sont « prêts à s’adapter à leurs élèves,à s’ajuster aux situations, à évoluer en fonc-tion des contextes d’enseignement », à expé-rimenter des méthodes nouvelles. Ils necroient pas à une réponse pédagogiqueu n i f o rme, valable pour tous. Considérantl’hétérogénéité des élèves comme un étatde fait, et l’acceptant, ils mettent en avantl’accompagnement individuel vers la réus-site en s’adaptant le mieux possible auxbesoins de chacun. Moins individualistesque leurs aînés, ils sont plus ouverts autravail en équipe, à l’interdisciplinarité,à l’harmonisation de leurs pratiques. Ilsacceptent de s’interroger sur la qualité deleur travail, de dire leurs difficultés et dedemander conseil à leurs collègues. Enfin ,plus que leurs prédécesseurs, les jeunesenseignants «reconnaissent aux chefs d’éta-blissement une certaine légitimité d’inter-vention dans le domaine pédagogique ».Dans l’un et l’autre ouvrage, les auteursapportent la preuve que les modes d’or-ganisation des établissements, les moda-lités de travail de leurs différents acteurs,les relations qui s’y jouent, sont autantd’éléments qui peuvent faire bouger l’éco-le. À cet égard, ils donnent des raisonsd’espérer… ■

1. Hervé Hamon, Patrick Rotman, Tant qu’il y aura desp r o f s , Seuil, 1984, 367 p., 17,90 €. Édition de poche,Seuil/Points Actuels n° 76, 367 p., 7,50 €.2. Hervé Hamon, Tant qu’il y aura des élèves,Seuil, 2004,304 p., 18 €.3. Lycée d’enseignement professionnel.4. Robert Ballion, Les consommateurs d’école, Stock, 1982.5. Respectivement : itinéraires de découverte, travauxpersonnels encadrés, projet pluridisciplinaire à carac-tère professionnel.6. Trois collèges urbains favorisés dont deux publics etun privé, 4 collèges urbains hétérogènes, 4 collègesurbains défavorisés publics, et un collège rural défavo-risé privé.7. Patrick Rayou, Agnès van Zanten, Enquête sur les nou-veaux enseignants - changeront-ils l’école ? Bayard, 2004,300 p., 20 €.

N °2 8 7 ,O C TO B R E2 0 0 4 Enseignement catholique actualités 55

avec leur auditoire ». Reste que la logiquedisciplinaire qui transforme le savoir enune juxtaposition de savoirs disciplinaires,en « une pièce montée de savoirs empilés,enfournés, tranche par tranche, dans les cer-velles adolescentes », demeure prégnante.Une fois fermée la porte de leur classe, lesenseignants agissent comme une quasi-profession libérale. Dans la lignée des pro-positions contenues dans le prérapportde la Commission du débat national surl’avenir de l’école, Hervé Hamon en appel-le à une redéfinition de l’obligation des e rvice des enseignants, qui aujourd’huise résume au nombre d’heures effectuéesdevant les élèves. Un discours que sontpeut-être mieux disposés à recevoir lesnouveaux enseignants. Ces derniers consti-tuent pour l’heure, au sein de l’Éducationnationale, un groupe relativement modes-te. Mais, conséquence des départs mas-sifs à la retraite des professeurs recrutésdans les années 1965-1975, ils représen-teront en 2010 la moitié du corps ensei-gnant.

Agnès van Zanten et Patrick Rayou ontenquêté dans 12 collèges6. Ils ont ren-contré, pour leur part, 69 professeurs âgésde 23 à 40 ans et 8 stagiaires de deuxiè-me année d’institut universitaire de for-mation des maîtres (IUFM). Ils se sontégalement entretenus avec 43 autres pro-fesseurs plus âgés (de 42 à 60 ans) pourcroiser les regards. Objectif de cette étu-de dont les auteurs rendent compte dansEnquête sur les nouveaux enseignants - chan-geront-ils l’école ?7 : éclairer cette nouvel-

le génération et évaluer les changementsentre les aînés dans la profession et ceuxqui vont les remplacer.

Mobilité hori z o n t a l eD’un point de vue sociologique, les nou-veaux enseignants ne se différencient pasnotablement de leurs aînés. Certes on ren-contre chez eux un certain nombre dejeunes issus des cités qui « ont contractéune dette vis-à-vis de l’école ». Reste que « l apropension à être issu d’une famille d’ensei-gnants est restée à peu près la même » : 7 à8 % en 1964 et 10 % en 1997. Quant auxraisons qui conduisent aujourd’hui à choi-sir le métier, elles ne sont pas différentesde celles qui prévalaient hier, notent lesc h e r c h e u r s : les plus jeunes, comme leursaînés, mettent en avant « l’amour de ladiscipline, le plaisir d’enseigner et de travailleravec des jeunes, un statut social et une orga-nisation du travail attractifs » .C’est sur la représentation de leur profes-sion que se fait la rupture avec leurs pré-décesseurs. Interrogés sur la façon dontils sont venus à leur métier, les jeunesenseignants évoquent rarement la voca-tion. Pour le plus grand nombre, leur choixprofessionnel s’enracine dans leur trajec-toire scolaire : « Il s’agit, pour beaucoup,d’honnêtes étudiants qui, sans être forcémentbrillants, […] voient surtout dans l’ensei-gnement le moyen de continuer à cultiver unematière qui leur a plu à l’université et de béné-ficier d’une stabilité de l’emploi bien appré-ciable dans un marché du travail globalementpeu favorable aux jeunes. » Ils voient dansl’enseignement un métier comme un autre.Même s’ils n’ont pas de plan de carrière,ils considèrent qu’il convient de saisir desopportunités « pour ne pas s’ennuyer ets’user dans un métier trop répétitif et épui-s a n t ». Pourtant peu se sentent attirés parles « positions d’encadrement de proximi-t é », qu’il s’agisse de celle d’inspecteurpédagogique et plus encore de celle dechef d’établissement. Pour éviter l’usure,ils optent pour la mobilité horizontale,

Moins individualistes que leurs aînés, les jeunesenseignants sont pluso u verts au travail en équipe,à l’interdisciplinarité,à l’harmonisation de leurs prat i q u e s .

« La présentation de ce texte marque une da-te importante dans l'histoire des relationsenseignement catholique-parents. Il s'inscrit opportunément dans la deuxième phase denos assises où nous affirmerons qu'il n'est pas d'acte éducatif sans relationsde confiance.C'est bien ce pari de confiancequi inspire et traverse tout ce texte sur laparticipation des parents.Et c'est bien àcette condition que nous pouvons partager la conviction qu'il n'est pas d'acte éducatif sans Espérance. »

Paul MALARTRE, Secrétaire généralde l'enseignement catholique

LA PARTICIPATION DES PARENTSL’exemplaire : 1,50 € 1,25 € à partir de 200 ex.1 € à partir de 500 ex.

Nom/Établissement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

A d resse .......:. . . . . . .Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Souhaite recevoir : . .. .. .. .. . .. . . .. . ex.

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LA PARTICIPATION DES PARENTS À LA MISSION ÉDUCATIVE

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■FRANÇOISE LADOUÈS1

Dans le cadre de la mission « E n s e i-gnement et religions», René Nouail-hat a suscité la création, voici près

de deux ans, d’un groupe « H i s t o i r e - G é o-g r a p h i e ». Ce dernier est composé de septm e m b r e s2. Tous engagés, à des titres divers,dans des actions de recherche et de for-mation dans leurs diocèses ou établisse-ments, ils ont décidé de se lancer dansl’approche laïque du fait religieux. Pour ces chercheurs, les risques principaux,dans l’approche des religions en classe, sontsoit de prendre parti, soit, à l’inverse, de re-lativiser les croyances. Or l’histoire est unedes disciplines permettant d’introduire lefait religieux en respectant les pluralismeset les spécificités, tout en développant l’es-prit critique chez les élèves. C’est pourquoila place du fait religieux dans cette disci-pline exige de créer de façon urgente desoutils pédagogiques pour faciliter une dé-couverte qui doit être aussi rationnelle quepossible, et qui, bien entendu, doit être trai-tée sans prosélytisme ni relativisme.

Le souci d’un enseignement en histoire-géographie est, en grande partie, de ré-agir face à l’approche traditionnelle desreligions dans l’enseignement. Trois dif-ficultés majeures sont à signaler. Tr o plongtemps, on s’est contenté de parler auxélèves de rites, éventuellement d’archi-tecture, alors qu’il convient de s’intéres-ser aux croyances, aux symboles, aux re-présentations. Quand on présentait desbâtiments, c’était pour en montrer le sty-le plutôt que les fonctions. Deuxième ty-pe de difficulté : les religions dans l’en-seignement actuel sont rarement prisesen considération dans leur déroulementhistorique. Par exemple, on limite géné-ralement l’étude de l’islam au Moyen Âge,ou encore, dans l’histoire du judaïsme,on laisse un grand vide entre la Bible etl’affaire Dreyfus ! Dernier point : il im-porte de ne pas séparer l’étude du reli-gieux de l’ensemble de l’histoire. La reli-gion fait partie intégrante de cette histoire.Comment traiter un chapitre sur la « r e-ligion romaine » dans un empire où tout,et en premier lieu le pouvoir de l’empe-r e u r, est d’ordre religieux ?

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Le premier objectif des membres de ce gro u p ede travail fut de proposer à leurs collègues des clefs de compréhension non seulement du passé,mais aussi de l’actualité qui y puise ses ra c i n e s .

Réflexion

Situer le religieux dans l’histoire

et la géographieL’ h i s t o i re et la géographie sont des disciplines constamment

re nvoyées à la question du re l i g i e u x . Cette confro n t ation n’est pas nouvelle mais devient de plus en plus sensible.

D’une part, depuis les rapports Jo u t a rd et Debray, un nouve a ure g a rd est porté sur le fait re l i g i e u x . D ’ a u t re part, l ’ a c t u a l i t é

amène quotidiennement à pre n d re connaissanced’événements dans lesquels la religion est impliquée.

Baptême de Clov i s . Un événement à pre n d re en compte au moment d’étudier la monarchie de droit divinen France. (Doc. : D. R . )

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– La monarchie absolue de droit divinà son apogée en France : quels sont lesgermes de l’effondrement dont elle estp o r t e u s e ? (Lien avec le chapitre surl’Ancien Régime et la Révolution fran-çaise.)– Avec la fin de l’Ancien Régime, la Ré-volution française : quels nouveaux rap-ports entre le politique et le religieux ?

De l’État confessionnel à la neutralitéde l’État De 1789 à 1905, des changements radi-caux ont fait passer la France d’un Étatconfessionnel à la neutralité de l’État. Com-ment les régimes successifs ont-ils traitécette question et abouti à la sécularisationde la société civile ? Un siècle plus tard, lesdébats actuels (commission Stasi) mon-trent que le principe de laïcité a encore be-soin d’être éclairé et vivifié dans un contex-te différent.

M é t h o d ePour chacun de ces thèmes, une mêmem é t h o d e sera adoptée : – synthèse de connaissances pour éviterà nos collègues des recherches trop oné-reuses en temps ;– proposition de documents variés avecune trame d’analyse ;– bibliographie de base ;– notions clefs et problématiques qui leurssont liées ;– propositions d’utilisations pédagogiquesavec des exemples de séquences pour lecollège et le lycée. ■

1. Pour le groupe « H i s t o i r e - G é o g r a p h i e » de la mission« Enseignement et religions » .2. Enseignants en collèges et lycées, en sections BTS etdans des centres de formation d’enseignants.

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Le premier objectif des membres de cegroupe de travail fut de proposer à leurscollègues des clefs de compréhension nonseulement du passé, mais aussi de l’ac-tualité qui y puise ses racines. Il faut mon-trer aux élèves que le but n’est pas de ju-ger mais d’acquérir un esprit critique pourc o m p r e n d r e .Le choix de prendre pour thématique gé-nérale « Religion et pouvoir politique »p e rmet un regard très large sur les pé-riodes abordées. Ce choix ne se prétendpas exhaustif. Il est à la mesure des moyensdu groupe dont le travail méritera d’êtrelargement complété.

Th è m e sVoici , pour quelques-uns des thèmes trai-tés, un résumé de la problématique en-v i s a g é e .

L’islam, les islams : religion et pouvoirpolitique - De Mahomet à l’islamismeL’idée courante, répandue aussi bien dansles manuels d’histoire que dans de nom-breux milieux musulmans contemporains,consiste à croire qu’une des spécificités del’islam réside dans une fusion par essen-ce du religieux et du politique, du spirituelet du temporel. Au-delà d’un enjeu d’ap-parence purement intellectuel, cette idéereçue est au cœur des problématiques ac-tuelles de l’islam fondamentaliste. Les is-lamistes se nourrissent de cette conception,idéalisant ainsi l’expérience du Prophète.Toute la question est de savoir si l’expé-rience de Mahomet à Médine est norm a-tive ou si elle est une simple circonstance.L’islam doit-il sacraliser une expérience dupassé et s’enfermer dans des nostalgies àjamais apaisées, ou bien doit-il faire un

effort de mémoire, renouer avec sa gran-de tradition d’i j t i h a d, d’effort intellectueld’interprétation, afin de trouver des ré-ponses adaptées aux cultures et aux tempsp r é s e n t s ? Les fondamentalismes actuelsne résultent-ils pas d’une sérieuse amné-s i e ? La voie vers la démocratie est-elle vrai-ment fermée à l’islam ?

Pouvoir temporel, pouvoir spirituel enoccident (X I Ie-X I I Ie s i è c l e s )L’Occident médiéval est chrétien. Cettea f f i rmation recouvre une réalité religieu-se mais aussi sociale et politique. Com-ment étudier cette période sans faire référence à ce que nous connaissons au-jourd’hui, la séparation des domaines etdes pouvoirs ? Comment établir un rap-port à l’homme chrétien et aux commu-nautés chrétiennes sans relier le religieuxà une notion de foi dans le sens contem-porain du term e ? Et comment étudier lesrelations entre les différents acteurs poli-tiques et religieux (pape, roi, empereur…)en n’oubliant pas qu’ils appartiennenttous à la chrétienté ?

La monarchie absolue de droit divinen France– Quels sont les fondements de la mo-narchie de droit divin en France ? (réfé-rences bibliques, baptême de Clovis : lienavec les chapitres sur l’origine du chris-tianisme dans le programme de seconde).– Quels sont les rapports entre le roi et l’Église, entre l’État et l’Église dans l’évo-lution de la monarchie de droit divin versune monarchie absolue de droit divin ?(Lien avec les chapitres sur la Renaissanceet sur la fin de l’Ancien Régime toujoursdans le programme de seconde.)

6e édition /Paris Expo/Porte de Versailles/18 -21 novembre 2004

L’ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE, LES FA C U LTÉS CATHOLIQUES,

LES GRANDES ÉCOLES ET LES PARENTS D’ÉLÈVES VOUS ATTENDENT HALL 7-3 (IT 69)

Notre stand réunira : ● le Secrétariat général de l’enseignement catholique(Sgec) ● le Conseil national de l’enseignement agricole privé (Cneap)● l’Union nationale pour la promotion pédagogique et professionnelle dansl’enseignement catholique (Unapec)● l’Union des établissements d’ensei-gnement supérieur catholique (Udesca)● la Fondation d’écoles supérieuresd’ingénieurs et de cadres (Fesic)● le Réseau national d’enseignement supé-rieur privé (Renasup)● la Mission lycée d’Île-de-France● l’Union nationaledes associations de parents d’élèves de l’enseignement libre (Unapel).

I N V I TATION GRATUITE : W W W. S A L O N - E D U C AT I O N . O R G

Salon de l ’e d u c a t i o n

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chansonCultureA I R S C O N N U S MANNICK

É m o t i o n , m e s s ag e

àEn congé de Zebda maistoujours motiv é ,M ag y d

C h e r fi s ’ o f f re une échappée ens o l i t a i re. À motsa i g u s , il ch a n t ela difficultéd ’ ê t re « des deuxcôtés de la mer ».Mais le militantn’a pas dit sondernier mot ( Je

suis fra n c ) et l’utopiste résiste ( L acité des étoiles). A c c o rdéon de bal,violon et bendir d’Orient,pulsation de Ja m a ï q u e, s a m p l e sd ’ I m h o t ep (du groupe IAM)... L e smusiques jouent de plusieurst raditions et d’une modernitém a î t r i s é e. Et avec Classée sanss u i t e, en équilibre parfait entreémotion et message ( « Minnie amis ses deux poings serrés entreses dents / [...] Puis elle a la têtee n foncée dans l’oreiller / Le petit ! Il dort ! Faut pas le réve i l l e r» ),M agyd Cherfi se pose en héritierde François Béra n ge r. ■RT

Magyd Cherfi, La cité des étoiles, Barclay, 1 CD, 12 titres, 18,90€.

M AGYD CHERFI

Souvenirs, souvenirs Femme des fro n t sàIl s’appelle S o i x a n t e l e

1 0e album de Mannik,p a rce qu’elle a « débarqué en 1944 ». Femme de tous les

f ro n t s ,e l l echante l’intimeet les autres en douze titre stissés detristesses et dej o i e s . Et si les

p re m i è res dominent, c’est qu’ilfaut bien dire la vie comme ellee s t . Même si l’espérance nes’éteint jamais, ici (Oui je t’attends,S e u l e, Un chagrin pareil...) et très loin là-bas (La petite fil l ed ’ A f g h a n i s t a n ). Jo A k ep s i m a s ,Jean Humenry et Gaëtan deC o u r r è ge s ,c o m p agnons delongue ave n t u re depuis 1969 etla naissance du groupe Crëch e,sont au générique de ce disquepour lequel Mannick a fait le choix de l’autodiffusion.À vos courriers ! ■RT

Commandes : Contact Mannick, 113 bou-levard Voltaire, 75011 Paris. Prix : 22 €(port inclus), 20€ à partir de 2 CD.

À travers un parcours sonore et visuel, la Bibliothèque nationale de France re t race cent ans de chanson fra n ç a i s e .

J’aime Paimpol et sa falaise /Son église et son grand par-don / J’aime surtout ma Paim-

polaise / Qui m’attend au paysb r e t o n .»Due à Théodore Botrel,chantre de la Bretagne au débutdu X Xe siècle, cette célèbre P a i m-p o l a i s e gagne la France entiè-re et se fredonne sur plusieursgénérations. Chaque période a eu ses chan-sons fétiches et ses airs à lam o d e : duPetit chemindes annéestrente, inter-prété parMireille etJean Sablonau Et main-t e n a n t ,m a g n i f i épar GilbertBécaud en1 9 6 1 .Objet dem é m o i r eintime, lachanson dite de « v a r i é t é s »s’inscrit aussi dans notre patri-moine collectif. La Bibliothèquenationale de France (BNF) des-sine autour de 100 chansons( 1 0 par décennie), un parcoursvisuel et musical à travers leX Xe siècle. Les trésors qu’ellemontre, la BNF les a trouvés…chez elle : les éditions originalesdes grands succès, au dépôtlégal de la musique imprimée ;l’abondante correspondanced’Édith Piaf et Jacques Bour-geat, au département desm a n u s c r i t s ; quelques célèbresaffiches d’Aristide Bruantsignées Toulouse-Lautrec, oude Charles Trenet vu par JeanCocteau, au département desestampes et de la photogra-phie… Quant au départementde l’audiovisuel, qui conserv eplusieurs centaines de milliersd’enregistrements sonores, il af o u rni les disques dans leurspochettes originales, et présentéquelques instruments, tels que

le phonographe à cylindre pri-mé à l’Exposition universellede 1900, ou le sympathiqueélectrophone Teppaz qui asonorisé bien des surprises-par-t i e s .

De 1900 à 2000Dans le Paris 1900, c’est dansles cabarets et les caf’conc’ quesont popularisées les chansonsévoquant les petites gens (L’ h i-

rondelle du faubourg, EugénieBuffet) ou la dureté des temps(Rue saint-Vincent, Bruant). Avec la Grande Guerre, le réper-toire devient cocardier, bellicis-te et revanchard. Mais on soigneaussi le moral des troupes(Quand Madelon, Bach) et lecomique troupier connaît sonapothéose (Avec Bidasse, Bach).Après le conflit, la chansonparticipe au bouillonnementdes esprits et à l’évolution desmœurs (Elle s’était fait couperles cheveux, Dréan). Elle s’ouvreaux musiques du monde etp r o fite du progrès techniqueavec les premiers 78-tours. L’ e u-

phorie des années 1930 appel-le le swing dont s’empare élé-gamment Charles Trenet (J ec h a n t e). Le cinéma parlant per-met d’asseoir quelques jolis suc-cès (M a r i n e l l a, Tino Rossi).Sous l’Occupation, on préfère lerêve et l’amour (La vie en rose,Édith Piaf), le pays idéal (D o u-ce France, Charles Trenet), à laréalité et aux engagements poli-tiques (Maréchal, nous voilà,André Dassary). Après les heuressombres, c’est le début de l’existentialisme (Si tu t’imagines,Juliette Gréco), de la chan-son les heures (M e x i c o, Luis Mariano), le rock prépa-

re sa défer-lante. Dans les an-nées soixan-te, c’est laruée sur le45-tours etl a m u s i q u e«y é - y é » quela radio (S a l u tles copains,que l’onpeut aussitrouver enkiosque env e r s i o nm a g a z i n e )et la télévi-sion (A g etendre et tête

de bois) popularisent. Mais faceà Johnny, Sylvie, Antoine, Eddy,Sheila ou Polnareff, s’impo-sent (ou résistent) les nomsd’une chanson qu’on dit « àt e x t e ». C’est l’âge d’or des Brel,Ferrat, Barbara, Bécaud, Bras-sens... Et puis viendront le disco, lerap, des comédies musicales…Sur fond d’éternel retour de lachanson française.

■BRUNO GRELON

« Souvenirs, souvenirs… Cent ans de chanson française »,

Bibliothèque nationale de France – site François-Mitterrand, Paris X I I Ie.

Jusqu’au 31 décembre 2004. R e n s e i g n e m e n t s : 01 53 79 59 59.

R é p u t ation méri t é e .Jacques Brel résiste aux « yé-yé » qui posent en force, et lecinéma rappelle qu’à Pa ris (doncen France !), tout finit par des chansons.

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Culture presseA L C H I M I E S U B T I L E

Ades années-lumière desrevues pour jeunes fil l e squi titrent sur « F a u t - i l

coucher le premier soir ? » ou« Comment perdre 5 kilos en10 jours », il existe une planè-te rafraîchissante qui porte lenom de M u z e. Apparu dans leskiosques à la fin du mois d’août,ce « culturel féminin » pour les16-25 ans a une ambition :s’adresser « à des femmes inspi-rantes parce qu’inspirées », expli-que avec humour la rédactri-ce en chef, Florence Monteil.Au fil des pages, tout est faitpour que les apprenties musesaient envie de voir, entendre,comprendre plus et mieux.

Première surprise : M u z e est uneespèce hybride, qui tient beau-coup du magazine et un peudu livre. Après une série d’ar-ticles et de dossiers bien ry t h-més sur papier glacé, le tonchange avec un cahier mat de32 pages, véritable invitationà la lecture. L’occasion dedécouvrir cinq longs extraitsde livres : romans, carnets devoyages, biographies, essais...Avec en prime, une nouvelleintégrale d’un auteur classique :l’Italien Primo Levi (dans lenuméro de septembre) ou l’Au-trichien Arthur Schnitzler (danscelui d’octobre). Le livre est encore à l’honneurdans la partie magazine : cita-tions, extraits, poèmes, inter-views d’auteurs, critiques etbibliographies. Émouvante, for-cément émouvante, la double

page « Livre culte » où un écri-vain raconte sa rencontre avecun roman. Dans le numéro deseptembre, Philippe Besson1

parle de L’Amant de Margue-rite Duras : « D’abord je décou-vre pauvre ignorant, que les ro-mans ont lepouvoir dem a g n i f i e rles souve-nirs [ … ] E tsurtout, j’en-tends la mu-sique de Du-ras, la voixde Duras.Plus tard,l o r s q u ’ i ls’agira pourmoi d’écri-re mes pro-pres livres,c o m p o s a n tma proprep a r t i t i o n ,c’est cettemusique que je tenterai de cap-ter [ … ]. » Du coup, on a enviede reparcourir L’ A m a n t . C o m-me partout ailleurs, l’articleest accompagné, de façon trèsp é d a g o g i q u e , d’une « m i n i-b i o » de Duras, d’une sélectionde quelques-uns de ses livreset d’un extrait de L’ A m a n t.Mais la culture ne s’arrête pasà la littérature et M u z e n ’ e s tpas une déclinaison de L i r e p o u rlolitas. Sur la couverture, le cinéma està l’honneur avec une actrice enpleine page – figure d’identifi-cation pour la lectrice ? AudreyTautou (numéro de septembre)et Cécile de France (numérod’octobre) sont jeunes et joliesmais… ont aussi du carac-tère et du talent. La premièreest restée fidèle à Jean-Pierre

Jeunet après Le fabuleux destind’Amélie Poulain (avec Un longdimanche de fia n ç a i l l e s, sortie le27 octobre), la deuxième vientde tourner avec Étienne Chati-liez (La confiance règne, sortie le 10 novembre). Dans une

l o n g u ei n t e rv i e w,elles disentce qu’ellessont et cequ’elles ontété. Pour lam u s i q u e ,l ’ e n t r é eportrait estp r i v i l é g i é e .À décou-v r i r : ManoS o l o2, « u ninterprète enmarge, chan-tant à fle u rde tripes destextes poi-g n a n t s » ,

ou Oxmo Puccino3, « r a p p e u re x i s t e n t i e l » s i n g u l i e r.

Coup de cœurAvec la rubrique « M o n d e », onest mis au large. Un écrivainévoque son pays et un photo-graphe l’illustre. Pour Cuba (numéro de septem-bre), ce sera Eduardo Manet4 –« L’île, mon île fait rêver depuistoujours [ … ] » – et la photogra-phe Cristina Garcia Rodero.Pour l’Irak (numéro d’octobre),les beaux portraits en noir etblanc sont de Hien Lam Luc etles mots de Jabbar Yassin Hus-sin, exilé en France depuis l’âgede 22 a n s5 : « Mon pays a été se-coué pendant trente-cinq ans pardes événements tragiques, fruitsdu totalitarisme, de la folie d’unhomme, Saddam Hussein [ … ] » .

Muze… pour inspirer les filles

D’autres rubriques encore méri-teraient d’être citées, tant les100 pages de M u z e (sans pubou presque) sont denses. Maisnotre coup de cœur ira au dos-sier « A l l u r e », intelligemmentfutile. L’ i d é e ? Décortiquer uneicône de la féminité. Ce sera labeauté tahitienne, la blondeplatine, la libertine (septembre)ou la cavalière (octobre). Et l’ons’a-muze en découvrant desnotices historiques (Catherinede Medicis aurait inventé lamonte en amazone), le pointde vue psy (pour Bruno Bet-telheim, la femme à chevalpeut « p a rvenir au sentimentqu’elle contrôle le mâle »), destableaux qui ont marqué lesesprits (Lady Wo r s l e y, peintepar Joshua Reynolds), ou desfilms (The Misfit s de John Hus-ton), sans oublier les pagesconso (bottes, pantalons d’équi-tation et maquillage « c o u r s e sh i p p i q u e s »). Florence Monteilse justifie – « M u z e a c c o m p a g n ela féminité, son alchimie subtileentre fond et forme, être etp a r a î t r e » –, mais est-ce bienn é c e s s a i r e ?

■S Y LVIE HORGUELIN

1. Dernier livre : Les jours fragiles, Julliard.2. Nouvel album : Les animals, East/We s t .3. Dernier album : Le cactus de Sibérie,Blue Note.4. Auteur de Mes années Cuba, Grasset,2 0 0 4 .5. Auteur de Aux rives de la folie, L’ H a r-mattan, 1991 ; Le lecteur de Bagdad, Ate-lier du Gué, 2000.

Notre coup de cœuri ra au dossier « A l l u r e » ,intelligemment futile.

Vos élèves ou étudiantes ont entre 16 et 25 ans. Ni bimbos ni pures intellos, elles aiment la mode un peu, le ciné, la mu s i q u e , la photo beaucoup, les liv res passionnément.

Elles vont adorer M u z e, le dernier-né de Baya rd Pre s s e .

àM u z e : mensuel (enkiosque le dernier mer-

c redi du mois). P ri x d é c o u-ve r t e : 3,90 € j u s q u ’ e nn ove m b re (puis 5,90 € l enu m é ro ) .A b o n n e m e n t 1 an(12 nu m é ro s ) : 64,80 €.

Savoir +

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Journal d’unamour interdit

àM a l a d e, Arthur Rimbaudquitte le brûlant soleil

d ’ H a ra r, pour venir se faireo p é rer en France d’unegangrène dont il ne se re l è ve rap a s . C’est par la voix etl ’ i n t e r m é d i a i re du journali m agi n a i re de sa sœur Isab e l l e,que Philippe Besson nouspermet de viv re les derniersjours du poète re t ro u vant lesbrumes du Nord , avant demourir à Marseille. C’est lad o u l o u reuse intro s p e c t i o nd’une femme et de sessentiments envers un frère tro paimé qui s’écrit sous le rega rdre d o u t able de leur mère.À l’origine de la conversion de son frère, et des nombre u s e sc e n s u res opérées après sa mortdans l’œuvre du maudit,I s ab e l l e, i c i , est une femmeb r i s é e, t o u ch a n t e.

Philippe BessonLes jours fragilesJulliard192 p.,18 €

livres Culture

àQuel meilleur guide que le sociologue Mich e lFi z e, spécialiste de la famille et de la jeunes-

s e, pour ex p l o rer le « f ragile équilibre entre le permiset l’interd i t », à l’heure où le terme de « m o ra l e » aété remplacé par le mot « é t h i q u e » qui jouit d’unebien meilleure réputation ? Mais peu importentles qualific a t i o n s : entre un trop-plein de freins etune liberté sans entrave s , il est bon de faire le point.I n t e rdits re l i gi e u x , questions d’autorité, t ab o u ss exuels… Quelles sont les limites d’un être social ?Une pre m i è re partie théorique se consacre à l’in-t e r rogation critique menée par des penseurs telsque Mauss,B e rg s o n ,C a mu s ,S a r t re,B a t a i l l e,L a c a n ,

Freud ou Spinoza, qui démontrent l’importancedes contraintes dans l’élab o ration de la liberté.S u i-vent des témoignages recueillis dans toutes lescatégories sociales et dans tous les groupes d’âge.La seconde partie, inspirée de Kant,ch e rche à savo i rs’il existe de « bons interd i t s – et, p a re i l l e m e n t , u n ebonne autorité, de bonnes mœurs [ . . . ] ». Sans oubl i e r,bien sûr le « bon éducateur ». ■M ATHILDE RAIVE

Michel FizeLes interdits, fondements de la liberté

Presses de la Renaissance296 p., 19 €

Prières des jourset des gens

à« La prière dans une main,la vie dans l’autre », é c r i t

Mg r Jean-Claude Boulange r,évêque de Séez, dans la préfacede ce liv re qui se veut plusa c c o m p agnateur que guide.Dans notre intimité avec le Seigneur ou avec l’autre,dans notre vie sociale, f a m i l i a l eou dans notre engage m e n tre l i gi e u x , la prière nous offreces moments de réflexion quinous permettent de pre n d re dure c u l , d’accomplir ce « t ravail dec o o p é ration entre Dieu et nous ».R e n c o n t rer l’amour, é l ever dese n f a n t s , s’occuper d’unepersonne handicapée, f a i re sonmétier et s’éveiller aux autre sre l i gi o n s . . . : autant de situationsici déclinées en autant dep r i è res par un curé de paro i s s e,soucieux de proposer la foidans la société actuelle.

Jacques Roger40 prières de vieSocéval96 p., 15 €

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Lazare r ev i s i t é

àRendu à la vie par son amiJ é s u s ,L a z a re est au cœur

de l’éva n gile de Je a n .C o n s i d é r écomme un vrai liv re, au sensmoderne du terme, avec « u n ei n t r i g u e, une pro g re s s i o n ,u nd é n o u e m e n t », ce texte quire t ranscrit les épisodes de la viedu Christ, place la fig u re deL a z a re à un moment crucial quid ivise les ex é g è t e s : centre dul iv re ? Conclusion de la pre m i è rep a r t i e ? Introduction à las e c o n d e ? Pa r-delà ceshy p o t h è s e s , il est indéniable que le récit de Lazare permet « à chaque croya n t , et même àchaque homme, [de] s’y pro j e t e rcomme dans un miroir dansl’expérience de la vie et de la mort ».Cette nouvelle lecture, due à un assomptionniste, s ’ a p p u i esur la psych a n a ly s e,,la catéchèse et les arts.

Alain MarchadourL a z a r eBayardColl. « Évangiles », 150 p., 19,90 €

Bible inspiratrice

àÀ la notice consacrée à Baudelaire, on tro u ve ra

un passionnant exposé sur lamodernité d’un poète qui senourrit du « my s t è re des couplesantithétiques (Enfer et Ciel, Dieu etS a t a n , [...] amour et haine. . . ) »pour parfaire sa quête de« fle u rs nouve l l e s » tout end é voilant le « Lucifer latent dans tout cœur humain ». Mais le lecteur attentif se rep o r t e raé galement à la dizaine de pages consacrées aux « a n ge s » pour parfaire l’étude des relations tro u bl e sq u ’ e n t retenait le poète entre le bien et le mal. C’est l’une des satisfactions éprouvées à la lecture de ce dictionnairequi se propose d’analyser les références empruntées à la Bible par notre littéra t u re.

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Le sens de la liberté

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Les questionsdemeurent

àJe a n - Paul Sartre peut-ilê t re accusé de « s o u t i e n

passif » à la politiqued ’ exclusion du régime de Vi chy,pour avoir accep t é , à la re n t r é e1 9 4 1 , le poste d’un pro f e s s e u rjuif révoqué ? Jean Daniel a créé la polémique en 1997,dans L eN o u vel Observa t e u r,au moment du procès Pa p o n .Le philosophe pouvait-il savo i rque le poste était celui deD reyfus-Le Foyer ? La questiona été soulevée de nouveau lorsd’un atelier organisé à l’Instituthistorique allemand de Pa r i s ,les 4 et 5 mars 2002, sur lethème du rôle des intellectuelsf rançais et étra n gers durant la Seconde Guerre mondiale.Une plongée sans tabous dansun monde feutré ra rement mis en cause.

Albrecht Betz, Stefan Martens(sous la dir. de)Les intellectuels et l’OccupationAutrementColl. « Mémoires », 344 p., 19,95 €

Vie d’unefondatrice

àÀ sa mort en 1865,Madeleine-Sophie Bara t

était à la tête d’une commu n a u t éde 3 359 femmes dévouées à l’éducation des jeunes fil l e sdans le monde. Qui aurait pui m aginer que la petite fille néedans une famille aux reve nu sc o n f o r t ables de la jolie villeb o u rguignonne de Jo i g ny,d ev i e n d rait une femmeé n e rgi q u e, au discourst ra n chant et aux positionsarrêtées sur le clergé etl ’ É g l i s e ? C’est le parcours de la fondatrice de la société du Sacré-Cœur, œ u v re de bienfaisance destinée à éduquer les jeunes filles del ’ a r i s t o c ra t i e, de la bourge o i s i emais aussi les plus pauvre s ,que nous découvrons danscette pre m i è re biog ra p h i ec r i t i q u e.

Phil KilroyMadeleine-Sophie Barat - une vieCerf Coll. « Histoire », 776 p., 60 €

Roman d’uneaventure spirituelle

àComme second prénomle jour de sa pre m i è re

c o m mu n i o n , la jeune Jeanne de Fr é myo t , choisit celui de Fra n ç o i s e, se plaçantainsi délibérément sous lap rotection de saint Fra n ç o i sd ’ A s s i s e. Une prémonition ?Ve nue au monde un fro i dmatin de janvier 1572,celle qui dev i e n d ra sainteJeanne de Chantal passe un pacte étonnant avec son époux adoré, le baron de Chantal. Chacun pro m e t t a n tque « le premier libre par la mort de l’autre consacre rait le reste de ses jours au service de Dieu ». Ce fut à Je a n n e,s o u t e nue par François de Sales,de mener à bien cettep ro m e s s e. Sa vie, r é gie par l’amour, se lit aujourd ’ h u icomme un ro m a n .

Françoise BouchardSainte Jeanne de Chantal Salvator288 p., 19 €

La mort du père

àC’est à la re ch e rche deson père que se lance le

n a r rateur plein de haine pourcelui qui ne l’a jamais connu ni re c o n nu .S ’ i n t ro d u i s a n tcomme un voleur dans lamaison que son géniteurp a r t age avec sa femme,« la Mauva i s e », ce fils délaissédébute un long ch e m i n e m e n tavec lui-même, ses pro p re sdémons et ses angoisses. C ’ e s tun homme affaibli et diminu équ’il découvre dans cetted e m e u re sord i d e, c’est un actede paix qu’ils parviennent àc o n c l u re ensembl e. Des paro l e ss o b re s , une écriture sansfio r i t u res pour dire l’amour quim a n q u e. Des mots pudiques et re t e nus pour exprimer les sentiments trop violents :l’auteur se dessine lui-mêmecomme un portrait en cre u x .

Alain VeinsteinLa partitionG ra s s e t247 p., 17 €

àPaul Wi n n i n ger n’a pas la langue dans sap o ch e.Né dans le Bas-Rhin en 1920, la «m ê m e

année que Je a n - Paul II », il a été ordonné prêtre en1944 à Clermont-Fe r rand où il était réfugi é .S u ive n tsoixante années de ministère dont les vingt-quatred e r n i è res passées dans le petit village de Gunstetten A l s a c e.A-t-il douté, r é agi ,s u b i , ou aimé l’Églisependant tout ce temps ? Tout à la fois et il le dit :« Je n’ai pas de mal avec l’Église ! J’ai du mal avec soni n s t i t u t i o n : sa hiéra rch i e, sa rigidité, sa langue de bois,son décorum d’un autre âge. J’ai du mal seulement ave cce qu’il y a de trop humain en elle et d’infidèle à l’espritde l’Éva n g i l e. » M a i s , ces confidences livrées en tou-te honnêteté au journaliste Claude Goure – ancien

rédacteur en chef du magazine Pa n o ra m a, il a aus-si dirigé la rédaction de N o t re Te m p s – lui permet-tent également d’affirmer sa foi, son amour pourle Christ et sa Pa ro l e. Comme les quatre autre sp r ê t res qui témoignent dans ce liv re - v é r i t é ,cet A l s a-cien solide et direct raconte sa vie et les événe-ments qu’il a trave r s é s .

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Claude GoureC o n fidences - cinq prêtres dans l’histoire,

de 1944 à nos joursBayard

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64 Enseignement catholique actualités N° 2 8 7 ,O C TO B R E2 0 0 4

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6 6 Enseignement catholique actualités N °2 8 7 ,O C TO B R E2 0 0 4

Le chinois,c’est facile !

àL’ a p p re n t i s s age duchinois est une longue

m a rch e. Rien de tel qu’uno u v rage ludique pourd é d ramatiser la complex i t éd’une écriture si différente de la nôtre. C’est le cas de ce cahier à spirale qui permet,en cinq étapes, de se familiariseravec les idéog rammes les plusf a c i l e s . Grâce à des ex e rc i c e sp ratiques et à une séried’étiquettes à découper,les symboles sont accessibl e s ,et l’on s’étonne des prog r è so b t e nus au fil des pages sur lesquelles il est vive m e n trecommandé d’écrire et dec o l o r i e r ! Stimulé par unemaquette aérée, m é l a n ge a n td e s s i n s ,é c r i t u re et photos deva c a n c e s , l’enfant – et pourquoipas l’adulte – assimile end o u c e u r.À partir de 6 ans.

Lisa Bresner, Catherine Louis(ill.), Shi Bo (calligraphies)Mon premier livre de chinoisPicquier Jeunesse96 p., 15,50 €

L’état des droitsdes enfants

àL’ a d o p t i o n , le 20 n ove m b re1 9 8 9 , de la Conve n t i o n

internationale re l a t ive auxd roits des enfants, leur assurele droit d’être soignés, p ro t é g é s ,n o u r r i s ,é d u q u é s , et des ’ ex p r i m e r. La route a étélongue pour en arriver là, e tvingt-cinq ans après il re s t ee n c o re beaucoup de progrès àa c c o m p l i r. Malgré la vigi l a n c ed ’ o rganismes tels que l’Unicef,on dénombre rait encore1 , 9m i l l i a rd d’enfants en dange r. La journaliste Anne Lanchon re t race l’histoiredes enfants, de l’Antiquité à nos jours, et dre s s e, du nordau sud de la planète, l’état des lieux de leurs dro i t sfondamentaux et de leur n o n - re s p e c t . Une lecturei n d i s p e n s able pour appre n d reque la vigilance commence à côté de chez soi.À partir de 10 ans.

Anne LanchonLes droits des enfantsCastor Doc/Flammarion - Unicef128 p., 8,50 €

Le monde à sa tête

àFaut-il toujours ra c o n t e rles histoires avec un

d é b u t , un milieu et une fin ,sans jamais s’éga rer dans leschemins de traverse ? Fa u t - i labsolument peindre ce que l’onvoit pour que les spectateursreconnaissent ce qu’ils ontsous les yeux ? L’artiste adaptele monde à sa sensibilité,t ranspose le réel. C’est ce que fait sans le savoir Monsieur tête à l’enve r s .Ses tableaux correspondent à sa pro p re vision des ch o s e s ,et elle ne re s s e m ble pas à celledes autre s , qui ont la ch a n c ed ’ avoir une tête posée biend roit sur leurs épaules. M a i s ,n’est-ce pas là que se cache labeauté de ses toiles ? la magi ede son inspiration ? Cette jolieh i s t o i re à l’aquarelle metl’accent sur l’essence même de la création artistique.À partir de 7 ans.

Éric Battut Monsieur tête à l’enversLe RocherColl. « Lo Païs d’Enfance», 28 p., 13,90 €

Terreursenfantines

àParfois l’imagination vat rop vite. On se construit

des scénarios, on éch a f a u d edes histoire s , on se fait peurtout seul. Sans ra i s o n . C’est ce qui arrive au jeune héros de cette histoire qui évo q u esans les nommer de nombre u xp e r s o n n ages imagi n a i re s ,ch a rgés d’effrayer les enfants depuis des lustre s .Une nuit d’orage, un pèremystérieusement absent et une forêt bruissante dep e r s o n n ages pas très nets :tous les ingrédients sont réunis pour faire gre l o t t e rd ’ e f f ro i . Jouant sur le c o n t raste entre un monde i n c o n nu , illustré en noir et bl a n c , et les couleurschaudes de l’univers familier et ra s s u ra n t , cette t raversée initiatique estre m a r q u ablement réussie.À partir de 6 ans.

Anthony BrowneDans la forêt profondeKaléidoscope28 p., 12,50 €

àQue devient l’eau quand nous nous sommesrincé les dents ? Voilà un petit my s t è re du

quotidien qui se tra n s f o r m e,par la grâce d’un al-bum grand format, en un voyage poétique. L’ a u-t e u r- i l l u s t ra t r i c e,à l’imagination débord a n t e, é v i t ele cliché du parcours classique qui débuterait dansles nu ages pour finir dans la mer. Nous suivo n sici la course d’une goutte – pas vraiment ro n d eet pas vraiment bleue – qui s’engouffre dans lest u yaux de cuiv re des canalisations et meurt surle ciment d’un tro t t o i r. Sa vie brève se joue dansun bouillonnement de couleurs et un foisonne-ment de collages mêlant pastels et journaux dé-

c o u p é s , bouts de fic e l l e, m o rceaux de laine out i m b re s .Ces images composent des souvenirs etdes re n c o n t res qui re s s e m blent à ceux et à cellesque chacun d’entre nous accumule au cours deson ex i s t e n c e. Loin de la relation scientifiq u e, c econte philosophique est tout près de la médita-tion sur la vie. À partir de 3 ans.

■M ATHILDE RAIVE

Béatrice AlemagnaHistoire courte d’une goutte

Autrement Jeunesse40 p. (29,5 x 37,5 cm), 20 €

V O YA G E P O É T I Q U E

Une goutte de vie

livres jeunesseCulture

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Tibilidans l’île

àAlors qu’il roule ve r sl ’ é c o l e, l’autobus casse

son essieu sur une pierre et lepetit Tibili se re t ro u ve au milieude la forêt vierge à deux pas de l’île de la panthère. C’est le début de ses ave n t u res à lare ch e rche de ses compag n o n sprisonniers de la cruelleZ a h o ra . Pour déliv rer Cro p el ’ a ra i g n é e, Pi-ou le lézard et Koumi la ch a u ve - s o u r i s ,l epetit garçon fra n chit une séried ’ é p re u ves toujours plusp é r i l l e u s e s . Le joueur prog re s s eavec son personnage à trave r sla jungle, la forêt de lianes oules gey s e r s . Il se faufile dans les souterra i n s , construit unb a t e a u , déjoue les attaques dec o r b e a u x . . . Neuf jeux d’adre s s eet de réflexion pour nav i ga t e u r saguerris entre 5 et 8 ans.

Charlet Denner (scénario),Andrée Prigent (ill.),Étienne Denis (musique)Tibili et l’île de la panthèreMagnard1 cédérom PC/Mac, 29,90€

30 entrées pour s’en sortir

àComment faut-il réagi rlorsqu’un ou plusieurs

é l è ves interro m p e n tsystématiquement l’enseignantavec des questions d’intérêtg é n é ral qui n’ont rien à vo i ravec le cours ? Trois solutions :r é p o n d re sans attendre, e ne n gageant le débat ; noter laquestion et demander à tousd’y réflé chir pour la foiss u ivante ; avouer sonincompétence et dire que l’ond e m a n d e ra conseil à d’autre senseignants pour fournir une réponse appro f o n d i e.Cet exemple illustre l’un desn o m b reux points soulev é sdans ce « manuel de survie àl’usage des enseignants, m ê m edébutants ». En ligne ou dans saversion papier, p u bliée par lem agazine l’Étudiant ( s ep t e m b re2 0 0 4 , 20 €) , cet outil permet,grâce à une « ro u e » affich a n t30 entrées, d ’ ab o rder des sujetsp ratiques et d’en faire unea u t o é valuation indiv i d u e l l e.

www.lemanuel.fr.fm

Deux éclairages sur la Résistance

àLe 10 nove m b re, à 20 h 5 0 ,K TO d i f f u s e ra Les Justes en

Rhône-Alpes : ils étaient hors - l a - l o i.Ce documentaire d’AndréAnnosse que la T é l é v i s i o ncatholique a coproduit ave c ,e n t re autres partenaire s ,D a rgaud-Marina et le Scérén-C N D P, «re g roupe des témoignagesde celles et ceux qui, dans lesannées noires de l’occupation nazieet de la collabora t i o n , ont caché etaidé des Ju i f s, au péril de leur vie,dans l’anonymat et par amour dup ro ch a i n ». Le lendemain,11 nove m b re, on pourra vo i r,toujours sur K TO, B o u l e va rd desH i ro n d e l l e s. Ce film réalisé parJosée Yanne en 1993, ra c o n t e« l ’ h i s t o i re d’amour d’uneenseignante et résistante, qui vat i rer son mari des griffes de lagestapo aux ord res de KlausB a r b i e ». Adaptée du liv re deLucie Au b ra c , Ils partiront dansl ’ i v re s s e, il réunit Élizab e t hB o u rgine et Pierre-Loup Rajotdans les rôles principaux.

www.ktotv.com

multimédiaCultureN I R E C E T T E N I L E Ç O N

Igloo, bêtises et compagnie

àL’ a d o rable Pingu est bien connu des petits.

Diffusées de 2000 à 2003 sur France 3, et reprises d epuis sur la chaîne Ti j i,les histoires de ce petitpingouin câlin font un malheur. Séduits par les personnages autant que par le langage imagi n a i refait de borborygmes etd ’ o n o m a t o p é e s , les enfants ont adopté cet univers tout en douceur qui leurpermet de s’identifier aux situations familières (à l’école, à tabl e, avec lesa m i s … , dix-huit épisodes en tout). Utilisé dans les classesmaternelles comme outilp é d ag ogi q u e, P i n g u f avo r i s el ’ ex p ression des élèves quii m agi n e n t , par ex e m p l e,les paroles et les sentimentsexprimés par cette langue sans mots.À partir de 2 ans.

Pingu et sa famille 1 DVD, BMG Media, 20€

àComme toujours, lorsqu’une pensée sembl et rop connu e,un personnage trop visible et

une réputation trop importante, on a tendanceà laisser de côté la vraie lecture de l’œuvre.C ’ e s tle cas avec Françoise Dolto. Mais en (re ) d é c o u-v rant cette série d’émissions ra d i o p h o n i q u e squ’elle animait sur Fra n c e - I n t e r, avec la compli-cité de Jacques Pradel en jeune père « c a n d i d e» ,on est frappé par la clarté de sa pensée. N u l l erecette ou leçon d’éducation dans les interve n-tions de la psych a n a ly s t e, mais une volonté ded é d ra m a t i s e r, de libérer les mots et de re s p o n-s abiliser les parents au lieu de les culpab i l i s e r.

Sous forme de réponses à des questions qu’ilslui envo i e n t , Françoise Dolto entretient pendantdeux ans,d ’ o c t o b re 1976 à octobre 1978, un dia-l ogue nourri avec ses auditeurs. L o rsque l’enfa n tp a ra î t reste un grand moment de radio et d’édu-c a t i o n .

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Françoise DoltoLorsque l’enfant paraît (vol. 1)Anthologie radiophonique 1976-1977

France Inter/Frémeaux & Associés/Ina3 CD, un livret de 24 p., 29,99 €

Un dialogue à mots libérés

6 8 Enseignement catholique actualités N °2 8 7 ,O C TOBRE 2004

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70 Enseignement catholique actualités N °2 8 7 ,O C TOBRE 2004

petites annoncesPratique

Adresser CV et lettre de motiva-tion à : Lycée Charles-de-Fou-cauld, à l’attention de M. S t e c k ,d i r e c t e u r, BP 65 - 67306 Schilti-gheim Cedex.

FORMAT IONàLe Service chrétien du ciné-ma de l’Archevêché de Parispropose tout au long de l’an-née des formations à destina-tion des élèves (dans le cadrescolaire ou hors temps scolai-re) et des personnels éducatifs(dans le cadre de l’établisse-ment ou, un mardi par mois,du « cinéma diocésain »). Tél. : 01 56 56 44 30. E-mail : s e m a i n e c h r e t i e n n e d u c i n e m a @ v o i l a . f r

àLe Centre d’études péda-g o g i q u e s (CEP), associationau service des établissementsscolaires du réseau ignatien,créée en 1946 par les Jésuites,vient de publier son c a t a l o g u e2 0 0 4 - 2 0 0 5. Douze sessionsnationales (« Le managementd ’ é q u i p e s », « Imaginer de nou-velles propositions pasto-r a l e s »...) se dérouleront àBordeaux, Francheville (Rhô-

ne), Mouvaux (Nord), Paris etToulouse. Huit autres (« F o r-mation des élèves délégués enprésence des professeurs prin-c i p a u x », « Évolution du métierd’enseignant au regard de lapédagogie ignatienne », « S o i-rées de formation et de ré-flexion pour les parents » . . . )sont proposées à l’intérieur desétablissements. Catalogue en ligne : w w w. r e s e a u c e p . n e tPar téléphone : 01 53 63 80 90.

DOCUMEN TAT IONàVingt-deux ans après...,Bayard Jeunesse, cette fois asso-cié au Scérén-CNDP, publieu n e nouvelle édition du guideAimer lire. Du temps a passé,mais la question essentielle sepose toujours dans les mêmest e rm e s aux enseignants, docu-mentalistes, bibliothécaires etp a r e n t s : «Comment faire naîtreet développer le goût de lire ? »Quelque cinquante profes-sionnels du livre et de la lectu-re (éditeurs, auteurs, illus-trateurs, libraires, journ a l i s t e s ,pédiatres...) y répondent en chapitres (« Les bébés et leurs

l i v r e s », « Génération médias » ,« Un monde sans frontières » ,« Un enjeu collectif »...). Lamaquette aussi animée et co-lorée que celle d’un livre jeu-n e s s e .Aimer lire - guide pour aider lesenfants à devenir lecteurs, B a y a r dJ e u n e s s e / S c é r é n - C N D P, 2004,1 6 0 p., 19,90 €.

LA TOILE D’ECA

àVoir ECA+ (www. s c o l a n e t . o r g )

vous offre votre petite annonce gratuiteEnseignement catholique actualités277, rue Saint-Jacques, 75005 ParisTél. 01 53 73 73 75, fax. 01 46 34 72 79

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la disposition des ch e f sd ’ é t ablissement et des re s p o n-s ables d’organisme de l’ensei-gnement catholique, p o u raccueillir et faire valoir des offre sd ’ e m p l o i ,des re ch e rches de par-tenariat pour une initiative péda-g ogi q u e, é d u c a t ive, p a s t o ra l e. . .sans cara c t è re commerc i a l . L arédaction se réserve le droit derefuser une annonce. ■

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àS u rveillante expérimentéecherche poste externat et/oui n t e rn a t . F o rmation de sur-veillante B1, B2 et spécial inter-n a t . Titulaire BAFA et BNS.Tél. : 02 40 29 33 72ou 06 76 03 60 00.

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àLa direction diocésaine deS o i s s o n s (Aisne) offre, pour larentrée 2005, un poste à tempscomplet comprenant un m i -temps d’enseignement et unmi-temps d’animateur-for-m a t e u r (AF) pour le seconddegré principalement. La per-sonne recrutée fera partie d’uneéquipe de 3 AF à temps partiel. P r o fil :– Qualification AF acquise ouà acquérir (accepte de se for-m e r ) .– Capacités : écoute, ouverture,repérage des situations des éta-blissements et des équipes. Ani-mation, gestion de groupesd’adultes, accompagnementd’équipes pédagogiques. Rela-

tions avec les personnes, sou-plesse d’organisation. Cultureinstitutionnelle. Veille pédago-gique, intérêt pour l’innovation.Tâches :– Soutenir, voire inviter, stimulerune démarche d’innovationéducative et pédagogique, prin-cipalement en second degré...– Au service des efforts péda-gogiques des chefs d’établisse-m e n t .– Participer à la vie de l’équi-pe DDEC et plus particulière-ment à certaines tâches trans-versales d’animation-form a-t i o n .– Favoriser la prise en comptede la mission d’Église à traversl’axe de « dialogue culture/foi » .Contact : DDEC, 9 rue des Déportés,02200 Soissons. Tél. : 03 23 76 38 63.E-mail : [email protected]

àLycée professionnel r é g i o nS t r a s b o u r g recherche un pro-fesseur de construction optionm é c a n i q u e. P r o fil du poste :PLP2 classes de BEP et BACPRO industriels. Niveau : licen-ce et plus ou BTS + 5 annéesd ’ e x p é r i e n c e .

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L’ i n fo rm a t i o ni n d i s p e n s a b l e à tous les membres

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