portrait de philippe cohen - tribune de genève - 31.10.09

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Page 1: Portrait de Philippe Cohen - Tribune de Genève - 31.10.09

SamediPortrait SAMEDI-DIMANCHE31 OCTOBRE-1er NOVEMBRE 2009

TRIBUNE DE GENÈVE20

Philippe Cohen,copilote d’un bombardier

nommé la R’vueSi le mime parle avec les mains, c’est pour mieux donner des claques aux stars de la République.

DEJAN NIKOLIC

C’est sa première Revue et il comptebien faire honneur à la tradition duplus satirique des spectacles gene-vois. Depuis hier soir au Casino-

Théâtre, le gag règne en maître. Mais qui ditnouveau metteur en scène dit forcément nou-veau style. «On a décidé de ratisser large»,résume Philippe Cohen, également coauteuraux côtés de son complice Gaspard Boesch.

A quoi ressemble la cuvée 2009? Coutumeoblige, elle est fortement imbibée de cruauté.Ce qui n’empêche pas d’adoucir l’ensembleavec quelques sketches emprunts de ten-dresse. «Le spectacle fait intervenir des per-sonnages qui ne sont pas nécessairementconnus, mais qui font partie de notre quoti-dien.»

Comme pour marquer le coup, le nouveauchef d’orchestre a baptisé son show la R’vue.Mais pas question pour lui de révolutionner legenre. Son unique souci: injecter une bonnedose de férocité pamphlétaire à l’aide d’uneformule revisitée, tout en contrôlant parfaite-ment les risques de dérapage.

Mais qui se cache derrière les commandesde la R’vue? Né sous le signe des gémeaux en1954, Philippe Cohen a vu le jour à Tunis. «J’aivécu dans un pays où le président Zineel-Abidine Ben Ali se fait régulièrement élireavec 90% des voix. Aujourd’hui, je m’estimeprivilégié de pouvoir vivre en Suisse», précisel’amoureux des systèmes démocratiques.

L’anti-Napoléon des planches

C’est à l’âge de 8 ans que le futur artistequitte le bassin méditerranéen. DirectionParis, où le jeune Philippe Cohen entreprenddes études littéraires. «Avec mes copains delettres, on a interrompu nos cours pourmonter un groupe de musique de rue», serappelle celui qui, adolescent, taquinait aussibien la trompette que le banjo, tout en rêvantun jour de devenir percussionniste de granderenommée.

L’avenir en aura décidé autrement. La vie afait de lui un «artiste improvisé», faisant lanavette entre Genève et Paris, avant de poserdéfinitivement ses bagages dans la ville dubout du lac en 1980. «J’ai épousé une Tessi-noise», glisse le souriant troubadour.

Mais Philippe Cohen, c’est aussi un brillantparcours en solo. L’artiste a également plu-sieurs spectacles à son actif, qui l’ont faitconnaître dans toute l’Europe et au Canada.«C’était la belle vie», glisse le mime deformation. Aujourd’hui, quand il n’enseignepas cet art ou l’improvisation théâtrale, lestakhanoviste du verbe réalise des soirées

spectacles taillées sur mesure pour des entre-prises ou des associations. Son dada: la méca-nique des mots et la compréhension destextes, pour préparer le public à la réflexion.

Côté famille, Philippe Cohen est père de

deux enfants… ou plutôt trois. Le petit derniers’appelle Confiture, une compagnie qu’il acofondée il y a treize ans. C’est là qu’il a apprisles rudiments de la gestion d’entreprise. «LaR’vue, c’est environ 40 personnes qu’il fautgérer! Le travail est épuisant. Il a commencéen décembre 2008», précise son nouveaudirecteur, qui avoue manquer parfois de sévé-rité à l’égard de ses troupes.

Philippe Cohen a donc trois ans – la duréede son mandat, attribué sur concours – pourdémontrer ses talents. En 1989 et en 1990, il aparticipé aux éditions de la Revue imaginéespar Pierre Naftule. Pendant douze ans, il futégalement décrypteur d’actualité à la TSR,dans le cadre de l’émission Le fond de lacorbeille. Le fin limier des travers de laRépublique sait donc taper là où cela fait mal.

Philippe Cohen. Il fut metteur en scène de la Revue de Fribourg en 2003. Dès cette année, il dégaine la R’vue pour s’attaquer à Genève. LAURENT GUIRAUD

«Nous sommes unenation qui a l’immense

privilège de pouvoirvivre en démocratie,

où la liberté de paroleest respectée»

PHILIPPE COHEN

Questionnaire de ProustPhilippe Cohen se prête aucélèbre jeu des questions.

❚ Mon livre favori: Phèdre, deJean Racine.

❚ Le juron que je préfère: debleu!

❚ Une qualité que j’apprécieparticulièrement chez unhomme: la franchise.

❚ Chez une femme: l’énergie.

❚ L’état présent de mon esprit:fatigué…

❚ Le lieu de mes prochaines

vacances: si je pouvais, ce seraitle Portugal. Mais pour l’heure,ce projet reste en stand-by.❚ Le dernier film que j’ai vu:Whatever Works, de WoodyAllen.❚ La faute qui m’inspire le plusd’indulgence: le désordre.❚ Mon humoriste favori: JamelDebbouze.❚ Le pays où je désirerais vivre:Une petite crête égarée dans uncoin de la Méditerranée.

DjN

A TRIBE HOLE Il s’appelle Georges Mörike. Onl’appelle simplement Georges. Son salon genevoisest ouvert cinq ou six jours sur sept. Il en possèdeun autre à Martigny, où il perce le jeudi.

é Georges vient du monde punk. Il y a dix ans,quand il a commencé, c’était encore un moyen de sedistinguer. De sortir du lot. L’anneau, surtout visible,vous faisait appartenir à une tribu urbaine.

é Le mercredi et le samedi, il y a foule. Georges,qui n’a jamais pensé à s’enrichir par un métierdevenu très mode, s’en réjouit. Sa passion lui aurafait percer en dix ans environ 15 000 trous.

«LE SEIGNEUR DES ANNEAUX» PAR STEEVE IUNCKER GOMEZ