politiques archivistiques pour la dÉfense des droits de l’homme antonio gonzález quintana
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8/3/2019 POLITIQUES ARCHIVISTIQUES POUR LA DFENSE DES DROITS DE LHOMME Antonio Gonzlez Quintana
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POLITIQUES ARCHIVISTIQUES
POUR LA DFENSE
DES DROITS DE LHOMME
Antonio Gonzlez Quintana
Traduit de lespagnol par Perrine et Jean Canavaggio
ACTUALISATION ET LARGISSEMENT DU RAPPORT LABOREN 1995 POUR LUNESCO ET LE CONSEIL INTERNATIONAL DESARCHIVES SUR LA GESTION DES ARCHIVES DES SERVICES DESCURIT DE LTAT DES ANCIENS RGIMES RPRESSIFS
Conseil International des Archives, Paris 2009
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TABLE DES MATIERES
Prsentation..
Remerciements..
UPOLITIQUES ARCHIVISTIQUES POUR LA DFENSEDES DROITS DE LHOMME U
De la gestion des archives des anciens rgimes rpressifs la mise en uvre de politiques archivistiques pour la
dfense des droits de lHomme
Archives y droits de lHomme: un problme social quidpasse les limites de larchivistique
La rencontre entre juristes, historiens, archivistes et
dfenseurs des droits de lHomme: les rapports Joinet etOrentlicher.
La demande douverture des archives
Le travail des organisations non gouvernementales.
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La dimension internationale: la justice universelle(comptence universelle).
La dimension atemporelle..
Lclosion de la mmoire..
Nouvelles institutions de gestion du pass
Les autres traces documentaires de la rpression.
Toutes les archives: politiques archivistiques et politiquesmmorielles.
Mondialisation et archives: lindispensable engagementinternational.
RECOMMANDATIONS AUX POUVOIRS PUBLICS..
1.- Les documents qui tmoignent de violations dedroits de lHomme doivent tre conservs.
Raisons justifiant la conservation des fonds de larpression
Ncessit de souligner le rle essentiel des archives dansles transitions politiques..
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Moratoire dans les processus dlimination de documentspublics.
2.- Les documents qui tmoignent de la violation dedroits de lHomme doivent tre disponibles pourlexercice de ces droits en dmocratie
UDroits collectifs..Libre choix du modle de transitionDroit la mmoire
Droit la vrit..Droit la justiceDroit connatre les responsables de crimes contre lesdroits de lHomme
UDroits individuels..Droit tre disculp et rhabilit.Droit de connatre le sort des parents ayant disparu
pendant les priodes de rpression.Droit de chacun connatre les donnes existantes sur luidans les archives de la rpressionDroit la recherche historique et scientifique.Libert pour les prisonniers politiques et les victimes dedlits dopinionDroit au ddommagement et la rparation des torts subispar les victimes de la rpression..
Droit la restitution des biens confisqus.
3.- Les archives des organismes propres au rgimerpressif, y compris celles des partis totalitaires qui lesont soutenus, doivent tre soumises la lgislationdmocratique
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4.- Les archives des anciens services rpressifs doiventrester sous le contrle des nouvelles autoritsdmocratiques.
5.- Les archives des Commissions de vrit et desorganismes similaires doivent tre protges et leurutilisation rglemente par la loi.
6.- Il faut trouver une solution pour la sauvegarde et la
conservation des archives des tribunaux crs pour jugerles crimes de guerre ou les crimes contrelhumanit.
7.- Les documents qui tmoignent de la rpression politiquepasse doivent tre conservs dans des centres darchives..
Anciennes et nouvelles institutions archivistiques:intgration des fonds documentaires comme lments de la
justice transitionnelle ou versement dans les centresprexistants du systme archivistique.
Archives ou centres de documentation; archivistes oumilitants
8.- Les archives qui conservent les documents ayant trait la rpression doivent tre soumises la protection lgaledes biens dintrt culturel
9.- Il faut rglementer lusage des archives de la
rpression
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Nouvelle lgislation archivistique.
10.- On doit aussi conserver et rendre accessibles lestmoignages sur les violations de droits de lHomme qui setrouvent dans les pays de tradition dmocratique. Demme, on doit exiger, dans le cas des pays en processusde transition, les sources sur les violations des droits delHomme et la rpression politique qui les affecte, dtenuespar les services de renseignement des rgimes de tradition
dmocratique
11.- Il faut localiser et recenser les archives des organismespublics impliqus dans les violations des droits de lHomme..
12.- Des mesures doivent tre prises pour encourager lalocalisation, la protection et le traitement archivistique desfonds documentaires produits par les organisations desdroits de lHomme et les organismes dopposition auxrgimes rpressifs.
13.- Il faut faire largement connatre lexistence desarchives qui conservent des documents tmoignant deviolations des droits de lHomme .
CONSIDRATIONS ET RECOMMANDATIONSPROFESSIONNELLES
1.- Procder lidentification des fonds..
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2.- Raliser des tches dvaluation et les soumettre lavis dautres professionnels
3.- Application du principe de provenance.
Intgrit des fonds..Chane de conservation..Description.
4.- Gestion archivistique.
Prservation..
Gestion des usagers.
5.- Les responsables des institutions qui conserventdes documents de la rpression, les archivistes et lesautres professionnels qui en sont chargs doiventaccepter un code dthique.
BIBLIOGRAPHIE.
RPERTOIRE DES PRINCIPALES ARCHIVES ETINSTITUTIONS QUI CONSERVENT DES TMOIGNAGESDE VIOLATIONS DE DROITS DE LHOMME.
LGISLATION (SLECTION)
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PRSENTATION
Le Conseil international des Archives (ICA) sest dvelopp, depuis sa
naissance en juin 1948, en troite liaison avec lUNESCO. Aujourdhui, lICA estune organisation mondiale de prs de 1500 membres, institutionnels etindividuels, et de 80 associations professionnelles dans environ 190 pays etterritoires.
Soutenu par ce rseau mondial, le Conseil international des Archives offre unforum pour les dbats professionnels au-del des frontires et des divisionspolitiques et il a dfendu avec fermet la promotion des archives dans les paysen voie de dveloppement ; en tant que porte parole international des archives,des associations et des professionnels qui y sont affilis, son objectif est defaciliter la conservation permanente des documents et laccs des citoyens linformation quils contiennent.
La communaut archivistique qui constitue lICA a exprim, pendant denombreuses annes, sa profonde proccupation pour le sort des archives quiattestent la violation des droits de lHomme, joignant ainsi sa voix celle de lasocit civile. Sans documents darchives on ne peut exiger de responsabilitsou cette exigence ne peut tre que trs limite. La prservation des documentsest essentielle la rpartition des responsabilits, la garantie des rparationset la prennit de la mmoire collective. Le Conseil international des Archivesa toujours soutenu les projets et activits qui sont lis lefficacit de la gestiondes documents et de ladministration des archives, comme condition de basepour la bonne gouvernance, la transparence et la dmocratie.
En 1995, conjointement avec lUNESCO, lICA a publi sa premire tude surles archives cres par les services de scurit des anciens rgimes rpressifs.Ce rapport fut produit dans un contexte dextension des processus dedmocratisation, engag dans les annes 1980, et il prtendait offrir, nonseulement une analyse de la situation de ces archives mais aussi desrecommandations pour leur gestion et conservation. Antonio GonzlezQuintana fut dsign comme prsident du groupe dexperts constitu pourmener bien ce travail essentiel.
En 2003, la Confrence internationale de la Table ronde des Archives de lICAeut pour thme les archives et les droits de lHomme et se runit dans un lieusymbolique : Le Cap, en Afrique du Sud. De nombreux participants entendirentdans ce forum des rflexions profondes qui allaient les influencer tant sur leplan professionnel que personnel. Le rapport de 1995 fut discut en dtail par lacommunaut archivistique internationale, sous la direction dAntonio GonzlezQuintana, presque dix ans aprs sa parution. La Confrence a t le cadre etlenvironnement idal, sur le plan professionnel et politique, pour dvelopperune stratgie claire dans ce domaine, tablir un leadership permanent dugroupe et lancer une srie de projets, parmi lesquels une base de donnes
archivistique sur les documents qui attesteraient de violations des droits delHomme ainsi que la rvision du rapport prliminaire.
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Comme en 1993, Antonio Gonzlez Quintana accepta linvitation de sescollgues aborder cette tche dlicate avec une vigueur renouvele et denouvelles perspectives. Il continue tre une des voix les mieux informes etles plus efficaces parmi celles qui plaident en faveur de limportance essentielle
des documents darchives. Cette tude montre que, malgr les efforts ralissdans de nombreuses parties du monde pour identifier, prserver, organiser,divulguer et rendre accessibles les archives qui soutiennent les droits, il resteencore beaucoup faire. Cette publication montre aussi clairement le rle quelengagement personnel joint lexprience professionnelle peut jouer lheurede faire la diffrence. Cette tude est un hommage rendu au dvouement detous les collgues qui ont eu travailler dans des circonstances difficiles.
Notre profession ne peut pas rester en marge de la problmatique des droits delHomme. Les archives dans une socit dmocratique sont au service dupeuple. Les documents qui sont conservs, quand ils touchent toute la socit,
et sont accessibles tous, constituent un fondement irremplaable pour ungouvernement et une administration soutenus par des preuves et desvidences. Cest seulement par une comprhension honnte des socits dontnous avons hrit et que nous devons continuer construire, en connaissantses points forts et ses faiblesses, que nous pourrons affronter de manireefficace les dfis du XXIme sicle.
Ian WilsonPrsident du Conseil international des Archives
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REMERCIEMENTS
Mes premiers remerciements doivent tre pour le Conseil international desArchives. Ce travail naurait pas t possible sans linsistance et lapersvrance de Perrine Canavaggio, qui en a t Secrtaire gnrale adjointeentre 2001 et 2009 et qui a t le promoteur fondamental de son groupe detravail sur Archives et droits de lHomme, ni sans lappui de ses principauxresponsables ces dernires annes, parmi lesquels Charles Kecskemti, Joanvan Albada et David Leitch, ainsi que de son prsident actuel Ian Wilson ; merciaussi la Secrtaire gnrale adjointe Christine Martinez.
LOrganisation des Nations Unies pour lEducation, les Sciences et la Culture(UNESCO) a constitu, comme si souvent dans la vie du Conseil international
des Archives, un alli permanent pour ce travail. Elle a non seulement appuyet financ les premires initiatives concernant le thme des Archives et droitsde lHomme mais elle a aussi publi le rapport que, par le biais de cettepublication, nous prtendons actualiser. Dans cette participation, le rle dAxelPlathe, du Programme gnral dInformation, a t dcisif ; avec CharlesKecskemti, alors Secrtaire gnral du Conseil international des Archives, ilsont t ceux qui ont permis la formation du premier groupe de travail.
Parmi les premires personnes auxquelles je dois exprimer ma gratitude figuregalement Margarita Vzquez de Parga. En tant que sous directrice gnraledes Archives dEtat espagnoles, en 1993, elle ma fait confiance pour laralisation de ce travail, en me proposant pour sa direction dans les forumsinternationaux mentionns.
Quelques unes des principales contributions apportes la mise jour durapport viennent prcisment des expriences partages avec les collguesimpliqus dans le groupe de travail Archives et droits de lHomme. Mareconnaissance est, de ce point de vue, toute particulire Trudy HuskampPeterson, notre matre tous dans ce domaine, ainsi qu Jens Boel et AnnaSvenson.
Merci aussi ceux qui ont eu la patience de lire le texte, une fois quil a t missur le site du Conseil international des Archives pour discussion, et apportercommentaires et critiques. Mont t en particulier de grande valeur lescorrections et suggestions de Perrine Canavaggio, ainsi que celles dAnneProtin-Dumon, de Graciela Karababikian et de Mariana Nazar.
Bien entendu, lappui de mes collgues dArchivistes sans Frontiresa t trsimportant, dans diffrents pays : Espagne, France, Brsil, Argentine, Prou,Mexique Je dois exprimer cette reconnaissance gnrale en la personne desa prsidente Mariona Corominas ; de Laura Urea Bosh, collgue de travail enRpublique Dominicaine ; de ma collgue au Comit consultatif international du
projet pour la rcupration des archives de la Police nationale du Guatemala,Fina Sol i Gasset et, tout spcialement du fondateur de cette ONG, Ramon
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Alberch Fugueras, ami, collgue et insparable compagnon de voyage enfaveur de la cause des droits de lHomme.
Merci, bien sr, la Fondation 10 de Marzo, du Syndicat national desCommissions ouvrires de Galice qui a gnreusement dit en espagnol ce
travail, et particulirement au directeur du domaine historique, Victor SantidrinArias pour son dvouement.
Merci Montse, pour la rvision du texte et ses suggestions etcorrections judicieuses ; mais surtout pour son amour et sa patience pendanttoutes ces annes.
Puisquil sagit dun travail de mise jour dun rapport antrieur, les premiersremerciements doivent tre donns aux membres de lquipe dont jai eulhonneur dassumer la direction et do est n le premier texte. Outre lauteur,les personnes suivantes le constituaient :
Dagmar Unverhau (Allemagne)
Alejandro Gonzlez Poblete (Chili)
Narissa Ramdhani (Afrique du Sud)
Eliana Resende Furtado de Mendoza (Brsil)
Mary Ronan (USA)
Lazlo Varga (Hongrie)
Vladimir Kozlov (Russie)
En plus de toutes ces contributions initiales, les apports de nombreux collgues
dans le monde entier ont t essentiels tant pour la collecte de linformation et
lchange des points de vue que pour la diffusion du contenu du premier
rapport. Sans prtendre lexhaustivit, je dois citer les suivants, mme au
risque doublier de mentionner beaucoup de collgues et amis :
UAllemagne :
Klaus Oldenhague (Bundesarkiv)
UArgentine :
Ana Cacopardo, Patricia Funes et Laura Lenci (Commission provinciale pour la
mmoire. La Plata)
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Elisabet Cipolletta, Andrs Pak Linares et Mariana Nazar (Archives gnrales
de la Nation Archives intermdiaires -, Buenos Aires)
Patricia Valds y Graciela Karababikian (Memoria Abierta. Buenos Aires)
Liliana Winkelmann, Calos Lafforgue et Judith Said (Archives nationales de la
Mmoire. Buenos Aires)
Marta Z. Rufeil (Universit de Crdoba)
UBolivie :
Marcela Inch (Archives nationales)
UBrsil:
Jaime Antunes da Silva (Archives nationales)
Ana Mara Camargo (Universit de Sao Paulo)
Jesie Jane Viera de Sousa, (Archives publiques de lEtat de Rio de Janeiro)
Suzana Schunck Brochado (Archives historiques de lEtat de Rio Grande do
Sul)
Enrique Serra Padrs et Jorge Eduardo Enrquez Vivar (Universit fdrale du
Rio Grande do Sul)
Sonia Tolves et Claudio Gutirrez (Commission du patrimoine du Rio Grande
do Sul pour la Lutte contre la Dictature)
UChili :
Eugenia Barrientos et Patricia Huenuqueo (Archives nationales)Mara Paz Vergara Low (Fondation Documentation et Archives du Vicariat de la
Solidarit)
Jos Zalaquet (avocat)
Gloria Alberti (UNESCO)
UColombie :
Sara Gonzlez Hernndez (Archives gnrales de la Nation)
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Hermes Tovar (historien)
Mariela lvarez Rodrguez (Archives municipales de Bogot)
UCosta Rica :
Virginia Chacn Arias (Archives gnrales de la Nation)
UEspagne :
Miguel Angel Jaramillo Guerreira et M Jos Turrin Garca (Archives gnrales
de la Guerre civile Centre de Documentation de la Mmoire historique)
Miguel Angel Camino del Olmo (Section des Archives historiques de la Police
nationale)
Rosana de Andrs Daz (Archives gnrales du Ministre de lIntrieur)
Ana Lavia Rodrguez, Javier Dez Llamazares et Maria Teresa Piris Pea
(Archives gnrales de lAdministration)
Francisco Espinosa (Todos los Nombres)
Manuel Melgar Camarzana (Archives gnrales militaires dAvila)
Victoria Arias Roca, Vicente Pucho Sancho et Cristina Cruz (Unit de
coordination des Archives militaires, Ministre de la Dfense)
Javier Lpez Jimnez (Archives gnrales militaires de Guadalajara)
Fuensanta Muoz Fernndez et Fernando Urrea Snchez (Centre dinformation
documentaire des Archives)
Aurelio Martn Njera et Carmen Motilva Mart (Fondation Pablo Iglesias)
Jos Babiano (Fondation 1 de Mayo)
Juan Jos del guila Torres (magistrat)Ludivina Garca Arias (Association des Descendants de lExil)
Julio Arstegui et Sergio Glvez (Chaire de Mmoire historique du XXme
sicle Universit Complutense)
lvaro Soto Carmona (Universit Autonome de Madrid)
Antonio Nio et Mirta Nez Daz-Balart (Universit Complutense)
Josefina Cuesta Bustillo, Manuel Redero San Romn, Dolores de la Calle,
Ignacio Berdugo, Severiano Hernndez Vicente et Carmen Rosell (Universitde Salamanque)
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Josefina Martnez et Teresa Valdehita (Universit nationale dEducation
Distance)
Riansares Serrano (Archives historiques provinciales de Guadalajara)
Vicenta Corts Alonso (Archivistes Espagnols de la Fonction Publique)
UEtats Unis dAmrique :
Kate Doyle (National Security Archive)
UEstonie :
Valdur Omn (Branche des Archives dEtat)
Peep Pillak (Dpartement des Archives)
UFrance :
Martine de Boisdeffre (Direction des Archives de France)
Henri Zuber (Association des Archivistes Franais)
Bruno Groppo (Universit de Paris 1)
Joie Springer (UNESCO)
UGuatemala :
Gustavo Meoo Brenner, Carla Villagrn, Alberto Fuentes, Claudia Estrada,
Velia Muralles, Lisbeth Barreiros et Ingrid Molina (Projet de rcupration desarchives de la Police nationale)
UHongrie :
Ivan Szekely (Open Society Archives)
Andras Sipos (Archives Municipales de Budapest)
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ULettonie :
T. Mazure et Daina Klavina (Archives nationales)
Indulis Zalite (Centre de Documentation des Consquences du totalitarisme)
Andris Aukmanis (Fondation Soros)
Paulis Lazda (Fondation Muse des 50 ans de lOccupation de la Lettonie)
Ainara Bambals (Latvijas Valsts Arhivs)
ULituanie :
Victoras Domarkas (Archives nationales)
Kestas Remeika (Archives extraordinaires de Lituanie)
Regina Druciunien (Archives du Ministre de la Dfense)
UMexique :
Jos Enrique Prez Cruz (Archives de lUniversit Autonome de Mxico)
Mara Teresa Dorantes Cacique (AsF-Mxico)
UNicaragua :
Margarita Vannini (Institut dHistoire du Nicaragua et dAmrique Centrale
Universit Centroamricaine)
UParaguay :
Rosa Palau (Centre de Documentation et dArchives pour la Dfense des Droits
de lHomme)
Martn Almada (Association Amricaine des Juristes)
UPologne :
Jan Stanislaw Ciechanowski (Institut National de la Mmoire)
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UUruguay:
Alicia Casas de Barrn (Archives gnrales de la Nation)
UZimbabwe:
I.J Johnstone
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Politiques archivistiques pour la dfensedes droits de lHomme
De la gestion des archives des anciens rgimes rpressifs la mise enoeuvre de politiques archivistiques pour la dfense des droits de lHomme
La Confrence Internationale de la Table Ronde des Archives (CITRA) a
approuv en 1993, lors de sa confrence de Mexico, la cration dun groupe de
travail au sein du Conseil International des Archives, en vue de ltude des
archives des services de scurit de lEtat des anciens rgimes rpressifs. Il
sagissait danalyser la situation des fonds documentaires relatifs la
rpression politique qui avaient t produits et accumuls au sein de ces
rgimes dont commenaient se dtacher de nombreux pays dEurope,
dAfrique et dAsie, engags dans un vaste processus de dmocratisation
depuis la fin des annes 80. La communaut internationale des archivistes se
faisait ainsi lcho des proccupations manifestes par les collectifs de dfense
des droits de lHomme au sujet de la prservation de documents qui savraient
essentiels si lon voulait tablir les responsabilits, garantir dventuelles
rparations, reconstruire lhistoire des socits ou perptuer la mmoire
collective, ainsi que pour aborder les questions thiques et dontologiques
impliques par la sauvegarde et le traitement de ces fonds. Lautre tche que
devait assumer ce groupe de travail tait la prsentation dun ensemble de
recommandations labores partir de ltude ci-dessus mentionne, sur les
actions entreprendre partir de ces ensembles de documents dans lesprocessus de transition politique vers la dmocratie. Ce travail allait tre men
bien entre 1994 et 1995, dans le cadre dun accord de coopration sign
entre lUNESCO et le Conseil International des Archives, par un groupe
dexperts que jai eu lhonneur de prsider.TPF1FPT
TP
1PTDisponible sur Internet en anglais et en espagnol depuis 1996, sur la page web de lUNESCO:
HTUwww.unesco.org/webworld/ramp/security.htmUTH. Un rsum de ce rapport a t publi par le
Conseil International de Archives, en anglais et en franais: Antonio Gonzlez Quintana,"Archives of the Security Services of Former Repressive Regimes", Janus, 1998.2; "Lesarchives de services de scurit des anciens rgimes rpressifs", Janus, 1999.1.
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En janvier 1994 ce groupe de travail sest constitu et on a essay dy inclure
des archivistes ayant lexprience de ce type de fonds ou de la dontologie
archivistique, ainsi que des experts en matire de dfense des droits de
lHomme, tout en sefforant davoir une prsence quilibre de pays engags
dans des processus de transition politique tant dEurope centrale et orientale
que dAmrique Latine, dAfrique et dEurope occidentale (dans le cas des
anciennes dictatures ibriques et grecque). Ainsi, la direction du projet a t
confie Antonio Gonzalez Quintana qui avait t directeur de la Section
Guerre civile des Archives historiques nationales de Salamanque (Espagne)
entre 1986 et 1994, le reste du groupe tant form de :
Dagmar Unverhau, directrice des archives de lancienne Stasi Berlin
(Allemagne),
Lazlo Varga, directeur des Archives municipales de Budapest (Hongrie),
Vladimir Kozlov, des Archives dEtat de la Fdration russe Moscou (Russie),
Alejandro Gonzlez Poblete, prsident de la Corporation nationale de
rparation et rconciliation de Santiago (Chili),
Narissa Ramdhani, directrice des archives du Congrs national africain
Johannesbourg (Afrique du Sud), Eliana Resende Furtado de Mendoa,
directrice des Archives de lEtat de Rio de Janeiro (Brsil),
Mary Ronan des Archives nationales des Etats Unis.
La premire runion constitutive du groupe eut lieu Paris, au sige de
lUNESCO, en 1994. Une premire dclaration dintentions fut dj faite cette
runion ainsi quune premire dfinition des objectifs et du calendrier de travail.
Le groupe se runit de nouveau Coblence (Allemagne), en fvrier 1995, pourmettre en commun le travail men par ses membres et pour essayer de traiter
concrtement du thme de lvaluation des documents. La dernire runion a
alors t fixe Salamanque (Espagne) en dcembre 1995, pour lapprobation
du texte final, fruit du travail men pendant ces deux annes.
Aprs la Confrence internationale de la Table ronde des Archives (CITRA) du
Cap en 2003, le groupe Archives et droits de lHomme qui y fut tabli a continuce travail. La mise jour qui est prsente ici est le rsultat de nombreux
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contacts et changes au sein et lextrieur du groupe, ce qui fait quasiment de
cet ensemble de recommandations une uvre collectiveTPF2FPT.
Le rapport de 1995 du groupe dexperts du Conseil international des Archives
cherchait atteindre une srie dobjectifs pratiques. Sans penser offrir un
ensemble de recettes applicables tous les cas, tant donn que chaque
processus de transition politique est distinct des autres, le groupe de travail
visait exposer aux archivistes des pays en voie de dmocratisation lensemble
des problmes quils auraient affronter et, en mme temps, rendre compte
des actions qui avaient t menes dans tous ces pays ayant connu des
processus similaires, termins ou plus ou moins avancs.
Ce travail cherchait aussi rendre compte des points de convergence qui sont
rsums dans lensemble de recommandations qui y sont incluses, depuis
celles qui sont purement archivistiques celles qui sont nettement politiques, et
dont le groupe darchivistes, mme si cela ne relevait pas de sa comptence,
allait tre un promoteur actif.
Il a t considr quil tait trs important de faire une proposition de Code
dthique pour le traitement de ces documents, code qui figure galement dans
cette tude.
Le groupe de travail, enfin, a lanc une opration de collecte de donnes sur
les archives des institutions rpressives, afin den crer un recensement. Une
premire mesure pour prserver ce patrimoine documentaire est sans aucun
doute de le faire connatre et de le diffuser. On a commenc par linformationapporte par les membres du groupe sur leurs pays respectifs, et on y a ajout
celle qui a t offerte par dautres collgues qui se sont propos de complter
les formulaires que le groupe a alors dcid de distribuer un ensemble limit
de pays (Lettonie, Lituanie, Paraguay, Pologne et Portugal entre autres).
TP
2PT Pour rejoindre le groupe de travail Archives et droits de lHomme du Conseil international
des Archives : www.ica.org/groups/
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Dans le recensement quon a commenc laborer, seules ont t incluses en
principe, les rfrences aux institutions rpressives disparues entre 1974 et
1994 dans les pays suivants : Allemagne, Brsil, Chili, Espagne, Hongrie,
Lettonie, Lituanie, Paraguay, Pologne, Portugal, Russie, Afrique du Sud et
Zimbabwe. Bien que linformation obtenue sur ces diffrents pays soit trs
ingale, on a essay davoir, au moins : les noms des principaux fonds
documentaires, les dates extrmes des documents conservs, leur lieu de
conservation et leur volume approximatif, ainsi que, chaque fois que cela a t
possible, le relev des principales sries de documents quelles contiennent.
Par ailleurs on a apport des informations sur les aspects pratiques lis
lusage donn ces fonds dans le nouveau rgime politique et sur les
conditions de cet usage, ce qui a permis une premire valuation statistique
significative.
Ces donnes initiales, minimes par comparaison avec celles que nous pouvons
exploiter actuellement, ont permis un premier tableau indicatif sur cette
thmatique et il est vident que son effet multiplicateur a t fructueux. Nous
pouvons citer, actuellement, trois initiatives au moins consacres recenser les
archives ayant un lien spcial avec les droits de lHomme : le recensement des
archives de la rpression que gre Memoria Abierta; le projet Archives des
droits de lHomme que promeut Archivistes sans Frontireset enfin le projet de
guide des fonds sur les violations des droits de lHomme initi par le groupe
Archives et droits de lHomme constitu au sein du Conseil international des
Archives. Maria Jos Aldaz propose aussi, dans son magnifique blog, un
panorama dinformations sur les archives et les droits de lHomme, source
indispensable pour tre jour des nombreux vnements qui quotidiennementsurviennent sur cette question (voir son web : HTUwww.archivistica.netUTH). A cette
moisson dinformations ponctuelles, il faut ajouter La Carte des Archives et
droits de lHomme, qui, de manire trs parlante, prsente et localise de telles
archives sur une mappemonde TPF3FPT.
TP
3PT Carte Archives et droits de lHomme :
http://www.archivistica.net/archivos_derechos_humanos.htm
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Dans ce travail on a essay dactualiser le rpertoire des archives et la liste de
leurs principaux fonds.
Finalement, lensemble de rfrences bibiographiques et lgislatives,
initialement limit quelques pages dans le rapport de 1995, sest converti en
une section spciale de la mise jour de ce travail, avec une slection des
textes lgislatifs considrs comme des rfrences significatives pour le
dveloppement de politiques archivistiques.
Archives et droits de lHomme : un problme social qui dpasse les
limites de larchivistique
Les annes 1980 du sicle pass ont vu se dvelopper un processus
irrpressible de dmantlement des rgimes rpressifs dans le monde entier.
Dune part, les pays dEurope centrale et orientale, qui depuis la Seconde
Guerre mondiale taient situs dans lorbite de lUnion sovitique dans le
monde bipolaire de la Guerre Froide, ont engag, partir de la priphrie que
reprsentait la Pologne, un processus qui allait culminer au dbut des annes
1990 avec la totale dbcle des structures hrites du stalinisme. Llment le
plus symbolique de ce processus a t la chute du mur de Berlin et la
runification allemande en 1989.
Paralllement, en Amrique latine commenait en mme temps un autre
processus impossible freiner de dmolition des rgimes politiques rpressifs.
Il sagissait dans ce cas des dictatures militaires conservatrices qui avaient
domin, depuis le Cne Sud jusqu lAmazonie, la quasi totalit de lAmrique
du Sud, pendant plus de cinquante ans dans certains cas ; cela avec des
intervalles dmocratiques plus ou moins stables dans diffrents pays.
Dautre part, le continent africain a vcu, au cours dun long processus de lutte,
la fin des rgimes fonds sur la rpression exerce par le pouvoir politique sur
des races ou groupes ethniques dtermins, depuis la dmocratisation du
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Zimbabwe jusquau jalon fondamental qua suppos la fin du rgime de
lApartheid en Afrique du Sud.
Enfin, la dcennie de 1970 a vu la disparition des dictatures conservatrices
europennes du bloc occidental au Portugal, en Grce et en Espagne. Les
processus de transition de ces trois pays, qui ont devanc dans le temps
lnorme processus gnral dcrit plus haut, reprsentent trois expriences,
trs diffrentes les unes des autres mais qui constituent une rfrence
importante.
Cette priode dun peu plus de vingt annes, qui va de la Rvolution des illets
au Portugal en avril 1974 la fin du rgime de lApartheid, sera le cadre
chronologique dans lequel sinscrira notre tude. Certes il nest pas sans intrt
de remonter aux antcdents qui, au milieu des bouleversements du XXme
sicle, ont signifi la fin du fascisme italien ou la chute du nazisme allemand,
priodes auxquelles, dautre part, nous ferons allusion tout au long de ltude,
mais il nous faut essayer de trouver dans les expriences les plus proches des
points de rfrence valables pour le contexte politique mondial que nous vivons
au seuil du XXIme sicle. Et mme, en remontant plus loin, nous pourrions
arriver aux dbuts de lEtat moderne avec lequel naissent les premiers
instruments du pouvoir spcialiss dans la rpression et dont lInquisition
espagnole constitue le principal modle. Selon toute probabilit cest le fonds
documentaire de cette institution qui est lantcdent le plus ancien des
archives rpressives modernes. Le citer sert en tout cas rendre manifeste
limportance norme qua eue sa conservation pour les historiens de lpoque
moderne : actuellement, les Archives nationales historiques de Madrid(Espagne) conservent les fonds du Conseil suprme de lInquisition, ainsi que
ceux de la plupart de ses tribunaux de district, ce qui constitue une source
irremplaable pour connatre, non seulement les relations de pouvoir des
royaumes ibriques mais aussi les mentalits et la culture de la Renaissance
dans toute lEurope.
Il est vident par consquent que, depuis la configuration de lEtat moderne, lesorganismes rpressifs ont prolifr. Les documents qui tmoignent de leurs
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activits abondent dans les archives du monde entier. Mais le cas des archives
des institutions rpressives les plus rcentes nous intresse particulirement,
surtout parce quaujourdhui elles ont une norme importance sociale et
politique. De telles archives, qui ont t absolument ncessaires pour lexercice
des activits rpressives, deviennent dans le nouveau rgime politique, avec
larrive des liberts et la lumire de la rfrence commune quoffre la
Dclaration universelle des droits de lHomme, un instrument social
irremplaable pour tablir de nouvelles relations sociales. Leffet boomerang
que dans ce sens possdent les documents quelles conservent est atypique et
unique, et il demande, du point de vue professionnel de larchiviste, une
profonde rflexion sur la gestion de tels fonds, tout en faisant retomber sur les
institutions archivistiques une responsabilit inconnue jusqualors.
Les archives influent de faon dcisive sur la vie des peuples et des personnes.
Aucun exemple nillustre mieux cette affirmation que celui des archives au
service de la rpression. Limage des archives des services de scurit de ltat
des rgimes rpressifs est une preuve et une illustration par elle-mme de son
importance. Sil est bien certain que durant la vie de ces rgimes les victimes
des services dinformation policire ressentent dans leur chair, mme sans en
avoir connaissance, le poids de ces archives, cest quand la dmocratie arrive
et que leurs fonds souvrent que les citoyens prennent une pleine conscience
de leur influence sur la vie des personnes.
Pour Richard Cox et David Wallace, cest le pouvoir des documents, comme
source pour scruter les activits, qui constitue sa caractristique principale,
caractristique, qui, frquemment, les fait apparatre dans les titres des journaux ou dans les salles daudience des tribunaux. Ces deux archivistes
signalent que, au cours de la dcennie prcdente, les archives se sont
rvles tre des lments cls dans la configuration de notre mondeTPF4FPT.
Par ailleurs, le rle de ces archives ne se limite pas donner les cls de notre
pass rcent, mais il se renforce dans la perspective de son usage administratif
TP
4PT Richard J. COX et David WALLACE. Archives and the Public Good: Accountability and
Records inModern Society. Westport, 2002.
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pour lexercice des droits individuels que la dmocratie a lhabitude de
permettre : amnistie pour les dlits dopinion, indemnisation des victimes de la
rpression ou de leurs familles, etc. Les expriences allemande et espagnole
en sont une illustration considrable. Cest en outre cette valeur primaire que
nous devons le plus examiner dans notre approche de la question. Il ny a
aucun doute sur limportance extrme de la dimension historique, mais la
rpercussion sociale de ces archives tient au fait quelles sont devenues des
services publics de premire importance. Parmi les archives les plus connues
dEspagne il y a sans aucun doute les Archives gnrales de la Guerre civile
espagnole, situes dans la ville de Salamanque TPF5FPT, fondamentalement parce
quelles ont fourni des dizaines de milliers dattestations des citoyens qui
lpoque avaient appartenu aux armes et aux forces de scurit de la
Rpublique ou ladministration rpublicaines en gnral et qui ont t ensuite
victimes de la rpression franquiste TPF6FPT. On peut en dire autant des archives de
lancienne Stasi Berlin.
A ct de la mise en valeur des archives produites par les organismes
rpressifs, dans les dernires annes du XXme sicle ou au dbut du XXIme
nous avons reconnu limportance de conserver les tmoignages produits par les
victimes elles-mmes ou leurs associations. Malgr leur volume modeste,
compar la gigantesque machine rpressive des polices politiques, leur
valeur, tant dans les actions judiciaires que dans les processus connus comme
ceux de la rcupration de la mmoire historique , est devenue
incontestable.
Le travail, enfin, des tribunaux internationaux et des Commissions de vrit, siimportant pour la consolidation de la dmocratie, doit laisser les tmoignages
accumuls en lieu sr et il faut mettre en place, galement, des mcanismes
pour grer les documents quils produisent et pour administrer les archives
quils vont crer pour garantir leur survie.
TP
5PT Actuellement intgres au Centre de documentation de la Mmoire historique, cr par dcret
royal 697 du 1P
erP
juin 2007.TP
6PT Antonio GONZLEZ QUINTANA, El Archivo de la Guerra Civil de Salamanca , in Historia
16, n230, juin 1995, pp. 12-26.
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Plus de dix ans se sont couls depuis la publication de ce rapport et bien des
choses ont chang, bien des vnements se sont produits qui justifient
amplement la mise jour de ces recommandations. Ce dlai nous a surtout
aid approfondir lanalyse de la corrlation existante entre archives et droits
de lHomme. De cet largissement de notre tude nous avons dduit que la
priorit dans lactualisation de ce rapport devait tre un largissement de notre
champ denqute dautres archives, en plus de celles qui ont t produites par
les services rpressifs: un largissement rclam de surcrot par diffrents
collgues avec de trs solides argumentsTPF7FPT.
La ralisation des objectifs professionnels quen tant quarchivistes nous
prtendons dfinir pour aborder lorganisation, la conservation et lutilisation desdocuments relatifs aux droits de lHomme, tant du point de vue de la violation
de ces droits que de celui de leurs dfenseurs, rclame la plus ample
connaissance possible des institutions qui ont produit les fonds documentaires
issus de ces pratiques, quil sagisse de la violation des droits de lHomme ou
de leur dfense.
Ce rapport analyse partir des institutions publiques, les caractristiques de lagense et du traitement des documents lis la violation massive des droits de
lHomme : les archives intgres dans les sous-ensembles darchives des
Services de Scurit de ltat, les archives des tribunaux spciaux, les archives
du rgime carcral ou concentrationnaire, les archives militaires, les archives
des forces de lordre et les archives de la Justice ordinaire.
On tudiera ensuite la pratique documentaire des organismes qui seconsacrent la dfense des droits de lHomme ou la dnonciation de leurs
violations, ce que nous pourrions regouper sous la dnomination gnrique
darchives de la socit civile TPF8FPT, parmi lesquelles se trouvent les archives des
organisations de dfense des victimes, les archives des partis, des syndicats et
des associations dopposants clandestins ou en exil et les organismes de
dfense des droits de lHomme: institutions religieuses, collectifs de juristes et
TP
7PT
Graciela KARABABIKIAN.- Archivos y Derechos Humanos en Argentina, Boletn del ArchivoGeneral de la Nacin. Ao LXIX, vol. XXXII, n 119, Saint Domingue, 2007TP
8PT Gloria ALBERTI.- Los archivos del dolor en Amrica Latina, Comma, 2004. 2.
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davocats, organisations civiques. Ces ensembles documentaires se sont
avrs tre une source essentielle, et parfois unique, pour la connaissance du
pass, ainsi quune alternative dans la constitution de preuves permettant de
demander des comptes aux responsables des violations des droits, des crimes
contre lhumanit ou de gnocide, et de disposer dun outil pour exiger des
rparations.
En troisime lieu, on formulera des recommandations sur les archives des
institutions cres aprs la disparition des rgimes rpressifs pour juger les
responsables de violations des droits de lHomme ou pour mener bien la
rparation des torts causs aux victimes par laction rpressive de ltat. On
soccupera galement des organismes reprsentatifs de ce que lon appelle la justice transitionnelle: fondamentalement les commissions vrit, parce
quelles ont mis en marche un nouveau mcanisme de production de
documents qui sont essentiellement des tmoignages de victimes, mais aussi,
dans certains cas, ceux des acteurs de la rpression, comme en Afrique du Sud
o ceux-ci ont t invits dposer devant la Commission Vrit et
Rconciliation. moyennant un pardon qui leur tait garanti: ce que nous
pourrions appeler les Archives de la justice, de la honte et de la purification.
Finalement, il convient daccorder attention aux archives publiques en gnral;
car, bien plus souvent quon ne pourrait le penser premire vue, elles
fournissent de nombreuses preuves de violation de ces droits et, surtout, parce
quune politique archivistique densemble, capable dembrasser tous les
documents publics, est la meilleur garantie pour assurer la prservation et la
disponibilit de documents essentiels aux intrts de la communaut.TPF
9FPT
Lecaractre spontan de la production des documents darchives en fait un miroir
de la socit o ils sont produits, et si ces socits se caractrisaient par
labsence de liberts et par la violation systmatique et impunie de ces droits, il
nest pas surprenant de trouver une information abondante sur ces agissements
dans de telles sources, que nous pourrions, a priori, juger imprvisibles.
TP
9PTMariana NAZAR - Dictadura, archivos y accesibilidad documental. A modo de agenda,
Derechos humanos en Argentina. Informe 2007, Informe Anual del CELS,EUDEBA, 2007, etHTU
www.cels.org.arUTH
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Au moment daborder la mise jour de ce rapport, il savre tout dabord
ncessaire de mener, mme brivement, une rflexion historique et
sociologique sur les annes qui se sont coules depuis sa publication: cest la
seule faon de replacer dans leur contexte les modifications indispensables
apporter son contenu, telles quon peut les considrer dans cette nouvelle
version.
Nous devons rappeler, en premier lieu, la profonde rflexion qui a t engage
dans le milieu des archives, au cours des dix dernires annes, sur le rle des
archives et des archivistes au sein de la socit, en tant que garants des droits
des citoyens et acteurs essentiels de la constitution de la mmoire collectivedes peuples. A cette volution ont concouru toute une srie de facteurs:
1.- Lapparition de la notion de mmoire dans les politiques de gestion du
pass, nes aussi bien de la ncessit de grer le pass immdiat que de celle
de rviser la gestion du pass lointain. Il peut sagir dun phnomne prsent
dans les nouvelles dmocraties, mais aussi dun processus propre aux
vieilles transitions qui dcident daffronter la connaissance dun pass quon avoulu dabord ignorer, au nom dune rconciliation que lon imaginait plus aise.
2.- La perception sociale du pass comme condition du moment prsent, ce qui
a dtermin la demande explicite dune connaissance objective de la vrit, au-
del des discours officiels et des mythes populaires.
3.- Les effets conscutifs lirruption des documents des services de scuritde ltat dans les processus de transition politique: ce sont non seulement des
outils essentiels la dtermination des responsabilits et la rparation des
torts subis par les victimes, mais aussi des armes puissantes qui, employes
bon escient par les partis, peuvent leur fournir des atouts considrables dans
leur combat politique, grce une communication mesure des donnes que
lorganisme charg de contrler les documents veillera adapter tout
particulirement la conjoncture lectorale. Dans les priodes de transition, le
rle des archives des services de renseignement tels que le MVD en Russie ou
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la Stasi en DDR, a t fondamental pour la mise en route des politiques de
lustration ou danalyse du comportement des individus dans les poques de
rpression; ces politiques ont caractris lvolution vers la dmocratie des
pays communistes, jusqu la dcision rcente de la Roumanie de renoncer
cette forme de justice transitionnelle. Et sil est vrai que les lois de lustration, de
vettingou denqute sur les comportements visaient lorigine viter que les
principaux responsables des violations ds droits de lHomme puissent
disparatre dans un oubli gnralis, lutilisation abusive du pouvoir des
documents a conduit des excs difficiles comprendre du point de vue de la
dfense des droits de lHomme. Le plus loquent de ces abus est la rforme
lgislative conteste quont mene en Pologne les frres Kaczy TTski.
4.- Le dveloppement de politiques archivistiques orientes vers les archives
des mouvements politiques dopposition ou les archives des organisations de
dfense des droits de lHomme. La richesse des informations que reclent ces
fonds, en dpit de leur taille souvent rduite, nous montre la ncessit de
confronter les sources. La perception des archives comme lments centraux
susceptibles de fournir des sources de nature trs diverse, commence
pntrer dans lesprit des gouvernants, des partis, des acteurs sociaux et des
citoyens en gnral.
5.- La rencontre entre archivistes et dfenseurs des droits de lHomme. Tel a
t, en dernire instance, llment cl pour ouvrir la voie un travail
interdisciplinaire sur les archives, travail dont larchiviste ne peut tre lunique
interprte. Le fait de partager avec les juristes nos rflexions sur le droit de
connatre la vrit sur notre pass nous a permis de voir que les points deconvergence autour du rle des archives sont nombreux. Ainsi, le droit de
savoir et le devoir de mmoire, dfinis par les rapporteurs spciaux Louis Joinet
et Diane Orentlicher propos de la lutte contre limpunit, sont devenus des
rfrences essentielles pour les archivistes. De la mme faon, nous devons
nous rfrer aux importantes observations que font, sur lusage des archives
dans la dfense du droit des victimes la rhabilitation et aux
ddommagements, dautres rapporteurs des Nations Unies pour le Conseil desDroits de lHomme, comme Theo Van Boven.
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Il fallait aussi, bien videmment, actualiser les donnes sur les archives qui,
durant ces annes-l, avaient t localises ou bien ouvertes la consultation,
et il y en a eu beaucoup; depuis les archives de la Police nationale du
Guatmala, localises par hasard en 2005, qui sont une des sources les plus
impressionnantes pour ltude de la terreur policire dans les dictatures latino-
amricainesTPF10FPT, jusqu louverture des archives de Bard Arolsen o se trouvent
les fonds des organismes nazis impliqus dans lHolocauste TPF11FPT - un authentique
monument archivistique sur lhistoire des gnocides qui est appel tre un
des centres de rfrence pour ltude des violations des droits de lHomme - en
passant par lincorporation ou louverture la recherche, dans les archives
nationales ou dans dautres archives publiques de caractre gnral,
dimportants fonds publics ou privs en rapport soit avec les violations des
droits de lHomme, soit avec le combat pour la dfense de ces droits. titre
dexemple, il convient de citer le travail men par lArchivo General de la Nacin
de la Rpublique Dominicaine: il a permis de moderniser une institution ne au
sein mme de la dictature de Trujillo et qui a t linstrument principal des
politiques rpressives de ces annes de tyrannie, avant de devenir une
institution modle dans le traitement des ensembles documentaires quelle
conserve et auxquels se sont ajouts rcemment les fonds de la priode de la
prsidence de Rafael Lonidas Trujillo, avec plus de 25 000 units de
conservation dont la plupart sont dsormais la disposition du publicTPF12FPT.
Mais l o se sont produits les changements les plus importants, cest
certainement dans le travail lgislatif et dans la cration dinstitutions
archivistiques ou de gestion du pass impliquant galement un traitement desarchives et des documents de rfrence, comme les archives et les muses de
la Mmoire. Presque tous les pays en transition dEurope Centrale ou Orientale
ont promulgu des lois sur la rglementation des archives de la rpression: soit
TP
10PT Kate DOYLE, Los archivos de la atrocidad: descifrando los archivos de la guerra sucia de
Guatemala, Pueblos, 16-5-2008 (traduction par Mara de la Luz CALLEJO MUOZ, deloriginal publi en anglais dans Harpers Magazine, dc. 2007TP
11PTJohn F.L. ROSS (Associated Press ), 24 octobre 2007
TP
12PT Roberto CASSA, Informe sobre los avances archivsticos en la Repblica Dominicana,
Boletn del Archivo General de la Nacin, Ao LXIX, Volume XXXII, N 118
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quelles concernent directement les archives, soit quelles soient comprises
dans les dispositions relatives ces fonds dans les lois sur la mmoire ou sur la
gestion du pass. La rglementation des nouvelles institutions (Instituts,
Centres, Archives ou Muses de la Mmoire), qui a fix les conditions
dutilisation des documents a t trs abondante.
La rencontre entre juristes, historiens, archivistes et dfenseurs desdroits de lHomme : les rapports Joinet et Orentlicher
Lattention que porte le Conseil International des Archives ou lUNESCO
lavenir de ces archives a t partage par dautres institutions et, surtout, elle a
d compter avec la pression de la socit civile travers de nombreux collectifsdveloppant des activits de toute sorte autour de la conservation et de
lutilisation de cette documentation. Au cours de ces dix ans ont t tenus un
grand nombre de confrences, colloques, journes et sminaires autour du
thme des archives des services de scurit dans les pays en transition,
partir de diverses perspectives, gnralement lies aux diffrents modles de
transition politique. Dans un essai de synthse nous pourrions classer ces
rencontres et ces initiatives en trois groupes distincts: 1) archives et recherche,
2) archives et mmoire collective, et 3) archives, tablissement des
responsabilits et ddommagements accords aux victimes.
Dans le premier groupe ainsi dfini on placerait les rencontres des historiens et
des chercheurs en gnral, proccups par laccs aux sources pour ltude de
lhistoire rcente, souvent largement tendancieuse. Ce type dapproche du sujet
a t caractristique des anciens pays communistes dEurope Centrale et
Orientale, o louverture des archives aux chercheurs a suppos la possibilit
de se rapprocher dune connaissance scientifique du pass, nie par les
rgimes rpressifs. La consultation de ces fonds documentaires, benficiant
dimportants appuis internationaux, a produit une moisson historiographique
sans prcdent, non seulement dans les pays affects par ces changements
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politiques, mais aussi dans beaucoup de ceux que lon qualifiait dennemis de
ces pays dans la priode de la Guerre FroideTPF13FPT.
Le deuxime groupe est form des rencontres sur la mmoire collective, le droit
la vrit et le devoir de mmoire. Elles bnficient principalement de lappui
des collectifs sociaux qui cherchent, dans la perptuation du souvenir des
horreurs, les rparations de justice que les tribunaux sont incapables de fournir
aux victimes de la rpression. Lors de ces rencontres, on a amplement rflchi
au rle des archives dans cet essai de construction dun patrimoine pour la
mmoire collective. Il est intressant de voir, de ce point de vue, comment les
documents peuvent aider ce que ne soient oublies ni la rpression, ni ses
victimes. Elles ont une finalit pratique trs concrte, didactique: faire en sorte
que ces vnements ne se rptent plus jamais. Cette approche du sujet est
une caractristique fondamentale de lAmrique latine, o de multiples traces
de la rpression et des atrocits qui sy rapportent ont t effaces par les
rgimes dictatoriaux, dans le but de semer plus aisment le doute autour des
tmoignages des victimes, de leurs proches ou de leurs amis, selon une
stratgie dlibre doubli tendant nier lexistence de crimes gravissimesTPF14FPT.
Dans le troisime groupe de ces rencontres nous plaons celles qui sont
principalement consacres au sujet des archives comme moyen dobtenir
lexercice des droits reconnus aux victimes de la rpression dans le processus
de transition politique et comme instruments privilgis dinformation pour
ltablissement des responsabilits dans les violations des droits de lHomme TPF15FPT.
TP
13PT
Entre bien dautres rencontres, nous pouvons citer, en raison de leur importance, les deuxsuivantes : Archives of Political Parties after the collapse of Communism, Budapest, 16-27 juillet2000 ; Table ronde The Opening the Archives and the History of Communism 1990-2000,19me Congrs des Sciences historiques, Oslo, 6-13 aot 2000TP
14PT Voici, par ordre chronologique, quelques-unes de ces rencontres : AtelierPreservacin de la
Memoria Histrica: documentos y archivos de derechos humanos en el Cono Sur , Santiago duChili, 25-28 avril 1999; Confrence Internationale The Memory of the Century, Vienne (IWM),9-11-mars 2000; Sminaire international Arquivos da Relaao. Autoritarismo, repressao ememria: Uma Histria Contempornea, Ro de Janeiro, Septembre 2000; Memria dasDictaduras. Instrumentos para a Consolidaao dos Dereitos Humanos. Porto Alegre (IIImeForum Social Mondial), janvier 2003TP
15PTRelevons particulirement les suivants: Sminaire international "Impunidad y sus Efectos en
los Procesos Democrticos", Santiago du Chili, 14 dcembre 1996; Mortos e Desaparecidos
Polticos: Reparaao ou Impunidade, Sao Paulo, 8-10 avril 1997; Confrence internationale"Archives of Repressive Regimes in the Open Society, Riga, 4-5-juin 1998; Verbrechen imParteiauftrag: Akten, Archive, Aufarbeitung der kommunistischen, Vergangenheit in
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Toutefois, sans doute en raison de son importance, on ne saurait omettre de
rappeler le forum le plus important o cette question a t dbattue: la
Commission des Droits de lHomme (devenue aujourdhui le Conseil des Droits
de lHomme) des Nations Unies.
Peu aprs la fin du travail du groupe ICA-UNESCO sur les archives de la
Scurit de ltat des anciens rgimes rpressifs, dont le rapport final fut
approuv par lui lors de la runion quil a tenue Salamanque (Espagne) en
dcembre 1995, Louis Joinet (qui travaillait depuis 1991 sur le thme de la lutte
contre limpunit des violations des droits de lHomme) a prsent son premier
rapport devant la Sous-Commission de prvention des discriminations et de
protection des minorits, relevant de la Commission des Droits de lHomme des
Nations UniesTPF16FPT. Ce rapport sintitulait Principes pour la Protection et la
Promotion des Droits de lHomme dans le but de combattre lImpunit. En
1997, Louis Joinet allait prsenter, aprs rvision, son rapport final TPF17FPT. Il sera
finalement port devant la Commission des Droits de lHomme le 17 avril 1998
(52me runion), laquelle allait le reprendre dans sa rsolution sur
l"impunit"TPF18FPT. Dans ce rapport tait proclam, en tant que droit collectif, le droit
de savoir, entendu non seulement comme le droit individuel que toute victime
ou lun de ses proches a de connatre ce qui lui est arriv ce qui serait un
simple droit la vrit mais, ainsi que le dit Joinet, comme un droit collectif
qui plonge ses racines dans lhistoire, afin dviter que puissent se reproduire
lavenir de telles violations. Il implique aussi bien le droit inalinable la vrit
(principe n 1) la vrit sur les vnements survenus et sur les circonstances
et les motifs qui ont conduit, travers la violation massive et systmatique desdroits de lHomme, la perptration de crimes aberrants - que le droit de
mmoire (principe n 2), qui incombe ltat, afin de se protger contre ces
altrations de lhistoire baptises rvisionnisme et ngationnisme. En effet, la
connaissance par un peuple de lhistoire de son oppression fait partie de son
Ostmitteleuropa, Tutzing, 26-28 octobre 1998; IImes Journes dArchivistes sans Frontires,Archivos y Derechos Democrticos. Barcelone, 21-22 fvrier 2003TP
16PT UN doc. E/CN.4/Sub.2/1996/18-T20 juin 1996 T
TP
17PT
E/CN. 4/Sub.2/1997/20/Rev. 1TP
18PT C.H.R. res. 1998/53, ESCOR Supp. (No. 3) at 175, U.N. Doc. E/CN.4/1998/53 (1998)
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patrimoine et doit tre pour cela conserve. Tels sont les principaux objectifs du
droit de savoir en tant que droit collectif.
Cette dfinition du droit de savoir en tant que droit collectif concide
pleinement avec celle que nous donnons du droit la vrit dans notre
rapport ICA-UNESCO; mme si elle nest pas formule exactement dans les
mmes termes, la mention du devoir de mmoire comme une des parties
essentielles du droit de savoir pourrait tre compare au droit la mmoire
collective que nous avons galement mentionn dans notre rapport de 1995,
en nous rfrant lintgrit dune mmoire crite incluant, bien videmment, la
rpression comme une partie insparable de lhistoire dun peuple. Empcher
de btir un pass dulcor et do seraient absents les moments sombres, cest
favoriser le mcanisme dun devoir de mmoire parfois douloureux.
Ce rapport propose ensuite deux sries de mesures destines faire valoir ce
droit collectif: la premire est de crer des commissions extra-judiciaires de
recherche historique; la finalit de la deuxime srie de mesures consiste
prserver les archives qui se rapportent aux violations des droits de lHomme,
en indiquant en particulier que, pendant un processus de transition, le droit de
savoir implique la ncessit de conserver les archives. Les dispositions
adoptes cet effet couvrent les domaines suivants:
a) mesures de protection et dispositions rpressives destines empcher leur
soustraction, leur destruction et leur dtournement;
b) cration dun inventaire des archives disponibles o figureront les archives
dtenues par des pays tiers, afin de les rendre accessibles avec leur concourset, si ncessaire, de les leur faire restituer;
c) adaptation la nouvelle situation de la rglementation en matire daccs et
de consultation de ces archives, offrant en particulier toute personne qui y fait
lobjet dune accusation, la possibilit dajouter des documents son dossier,
conformment lexercice de son droit de rponse.
Les principes concrets du rapport Joinet qui rassemblent les propositionsrelatives aux archives de la rpression sont les suivants :
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C. Prservation et consultation des archives afin de dterminer les violations
PRINCIPE 13 - MESURES DE PRESERVATION DES ARCHIVES
Le droit de savoir implique que soient prserves les archives. Des mesures
techniques et des sanctions pnales doivent tre prises pour s'opposer la
soustraction, la destruction, la dissimulation ou la falsification des archives,
notamment dans le but d'assurer l'impunit d'auteurs de violations des droits de
l'hommeTPF19FPT.
PRINCIPE 14 - MESURES FACILITANT L'ACCES AUX ARCHIVES
L'accs aux archives doit tre facilit dans l'intrt des victimes et de leurs
proches pour faire valoir leurs droits.
Il en est de mme, en tant que de besoin, pour les personnes mises en cause
qui le demandent en vue d'assurer leur dfense.
Lorsque l'accs est prvu dans l'intrt de la recherche historique, les
formalits d'autorisation ont en principe pour seule finalit le contrle de l'accs
et ne peuvent tre dtournes des fins de censure.
PRINCIPE 15 - COOPERATION DES SERVICES D'ARCHIVES AVEC LES
TRIBUNAUX ET LES COMMISSIONS NON JUDICIAIRES D'ENQUETE
TP
19PTLa traduction non officielle de ce principe par lquipe Nizcor nous parat beaucoup plus claire
et conforme loriginal :Le droit de savoir implique que soient prserves les archives. Une srie de mesurestechniques et de sanctions pnales doivent tre prises pour empcher la soustraction, ladestruction, la dissimulation ou la falsification des archives, principalement perptres pourassurer limpunit des auteurs de violations des droits de lHomme.Traduction non officielle du document E/CN. 4/Sub. 2/1997/20/Rev. 1 ralise et publie
lectroniquement par lquipe Nizcor le 11 janvier 1998 et rvise le 31 mars 2002.(HTUhttp://www.derechos.org/nizcor/doc/joinete.html UTH)
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Les tribunaux et les commissions non judiciaires d'enqute, ainsi que lesenquteurs travaillant sous leur responsabilit, doivent avoir librement accsaux archives. Le secret-dfense ne peut leur tre oppos. Toutefois, en vertude leur pouvoir souverain d'apprciation, les tribunaux et commissions nonjudiciaires d'enqute peuvent dcider, titre exceptionnel, de ne pas rendre
publiques certaines informations pouvant compromettre le processus deprservation ou de rtablissement de l'tat de droit auquel elles contribuent.
PRINCIPE 16 - MESURES SPECIFIQUES CONCERNANT LES ARCHIVES ACARACTERE NOMINATIF
a) Sont rputes nominatives, au sens du prsent principe, les archivescontenant des informations qui permettent, sous quelque forme que ce soit,directement ou indirectement, l'identification des personnes auxquelles elles serapportent, quel qu'en soit le support, qu'il s'agisse de dossiers ou de fichiers
manuels ou informatiss.
b) Toute personne a le droit de savoir si elle figure dans lesdites archives et, lecas chant, aprs avoir us de son droit d'accs, de contester le bien-fonddes informations la concernant en exerant un droit de rponse. Le documentexposant sa propre version doit tre annex au document contest.
c) Sauf lorsque de telles informations se rapportent leurs dirigeants ainsi qu'des collaborateurs permanents, les informations nominatives contenues dansles archives des services de renseignement ne peuvent constituer ellesseules des preuves charge, moins qu'elles ne soient corrobores pard'autres sources fiables et diversifies.
PRINCIPE 17 - MESURES SPECIFIQUES RELATIVES AUX PROCESSUS DERETABLISSEMENT DE LA DEMOCRATIE ET/OU DE LA PAIX OU DETRANSITION VERS CELLES-CI
a) Des mesures sont prises pour que chaque centre d'archives soit plac sousla responsabilit d'une personne nommment dsigne. Si cette personne enavait dj la charge, elle doit tre reconduite dans ses fonctions par unedcision spciale, sous rserve des modalits et garanties prvues au principe
41.b) Dans un premier temps, priorit est donne l'inventaire des archivesstockes, ainsi qu' la vrification de la fiabilit des inventaires existants. Uneattention toute particulire doit tre apporte aux archives des lieux dedtention, en particulier lorsqu'ils n'avaient pas d'existence officielle.
c) Cet inventaire concerne en outre les archives pertinentes dtenues par despays tiers qui se doivent de cooprer en vue de leur communication ourestitution aux fins d'tablissement de la vrit.
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En 2005, Diane Orentlicher allait actualiser le rapport Joinet TPF20FPT, en rdigeantdans les termes suivants les principes relatifs la conservation et la diffusiondes archives :
Principe 14. Mesures de prservation des archives
Le droit de savoir implique que soient prserves les archives. Des mesures
techniques et des sanctions pnales devraient tre prises pour sopposer la
soustraction, la destructtion, la dissimulation ou la falsification des archives,
notamment dans le but dassurer limpunit dauteurs de violations des droits de
lhomme et/ou du droit humanitaireTPF21FPT.
Principe 15. Mesures facilitant laccs aux archives
Laccs aux archives doit tre facilit dans lintrt des victimes et de leurs
proches pour faire valoir leurs droits.
Il en est de mme, en tant que de besoin, pour les personnes mises en cause
qui le demandent en vue dassurer leur dfense.
Laccs aux archives devrait galement tre facilit dans lintrt de la
recherche historique, sous certaines restrictions raisonnables visant prserver
la vie prive et la scurit des victimes et dautres personnes. Les formalits
dautorisation rgissant laccs ne peuvent cependant pas tre dtournes
des fins de censure.
Principe 16. Coopration des services darchives avec les tribunaux et les
commissions non judiciaires denqute
Les tribunaux et les commissions non judiciaires denqute, ainsi que les
enquteurs travaillant sous leur responsabilit, doivent avoir accs aux archives
pertinentes. Ce principe doit tre appliqu de faon respecter les obligations
qui conviennent en matire de respect de la vie prive, particulirement les
garanties de confidentialit donnes des victimes ou des tmoins comme
TP
20PT UN Doc. E/CN. 4/2005/102/ADD. 1, 8 fvrier 2005
TP
21PT
Traduction corrige dans le sens signal en note 19. Dans la traduction officielle : ou lafalsification des archives, notamment afin que les auteurs de violations des droits de lHommeet/ou du droit humanitaire restent impunis.
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condition pralable leur tmoignage. Laccs ne peut tre refus pour des
raisons de sret nationale moins que, dans des circonstances
exceptionnelles, cette restriction ait t prvue par la loi, que lEtat ait dmontr
que cette restriction tait ncessaire dans une socit dmocratique pour
protger un aspect lgitime de la sret nationale et que le refus fasse lobjet
dun contrle judiciaire indpendant.
Principe 17. Mesures spcifiques concernant les archives caractre nominatif
a) Sont rputes nominatives, au sens du prsent principe, les archives
contenant des informations qui permettent, directement ou indirectement,
lidentification des personnes auxquelles elles se rapportent.
b) Toute personne a le droit de savoir si elle figure dans les archives publiques
et, le cas chant, aprs avoir us de son droit daccs, de contester le bien-
fond des informations la concernant en exerant un droit de rponse. Le
document contest devrait comporter un renvoi au document qui en conteste la
validit et, chaque fois que laccs au premier est demand, le second doit
galement tre fourni. Laccs aux dossiers des commissions denqute doit
rpondre aux attentes lgitimes de confidentialit des victimes et des tmoins
dposant en leur faveur, conformment aux principes 8 f) y 10 d).
Principe 18. Mesures spcifiques relatives aux processus de rtablissement de
la dmocratie et/ou de la paix ou de transition vers celles-ci
a) Des mesures devraient tre prises pour que chaque centre darchives soit
plac sous la responsabilit dun service expressment dsign;
b) Lors de linventaire et de la vrification de la fiabilit des archives stockes,
une attention toute particulire devrait tre apporte aux archives concernant
les lieux de dtention et autres lieux o ont t commises de graves violations
des droits de lhomme et/ou du droit humanitaire, comme la torture, en
particulier lorsquils navaient pas dexistence officielle;
c) Les pays tiers se doivent de cooprer en vue de la communication ou de la
restitution darchives aux fins dtablissement de la vrit.
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Le droit individuel la recherche historique et, surtout, celui de savoir quelle
documentation sur soi-mme peut tre trouve dans des archives, ce que lon
connat sous le nom dhabeas data, concident galement avec ceux qui sont
noncs dans le rapport du Conseil International des Archives (ICA-UNESCO).
Mais ce sont les mesures proposes par Louis Joinet pour garantir la
prservation des fonds documentaires, particulirement dans les priodes de
transition politique, qui retiennent le plus lattention dans ce rapport juridique,
car il nest pas frquent que nous autres archivistes trouvions un interlocuteur
aussi en harmonie avec dautres collectifs sociaux auxquels, malheureusement,
nous navons pas t capables de faire partager notre conviction: celle de
limportance de la conservation et du traitement professionnel des documents
en vue de faciliter lexercice des droits reconnus par les lois.
Enfin, un autre forum important o lon a dbattu durant ces annes des
archives et des droits de lHomme, a t la Commission Interamricaine des
Droits de lHomme de lOrganisation des tats Amricains. En 1998, lors du
cinquantme anniversaire de la Dclaration Universelle des Droits de lHomme.
au cours de sa 101me session, la Commission recommandait aux tats
membres dadopter "dadopter les mesures, tant lgislatives que de toute autre
nature, qui seront ncessaires pour rendre effectif le droit au libre accs
linformation existant dans les archives et les documents aux mains de ltat, en
particulier lors de recherches visant tablir les responsabilits en cas de
crimes internationaux et de violations graves des droits de lHomme"TPF22FPT.
La demande douverture des archives
Bien quil ait toujours exist des lois rglementant la libert dinformation depuis
1776, un nombre sans prcdent dtats, dans ces dix dernires annes, a
adopt une lgislation sur la libert dinformation. David Banisar signale que,
parmi les raisons qui expliquent cette prolifration lgislative, il faut prendre en
compte leffondrement des rgimes autoritaires dans les annes 80 et la
naissance de nouveaux tats la dmocratie, qui ont ouvert la voie de
nouvelles constitutions incluant dans leur texte, en termes spcifiques, la
TP
22PT Communiqu de presse Tn 21/98 T
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garantie du droit linformation. Cette garantie constitutionnelle requiert
frquement ladoption de nouvelles lois sur laccs linformationTPF23FPT.
La fin des dictatures et le commencement de la marche vers la dmocratiedans les pays en transition a suppos la gnralisation dune srie de
demandes, directement ou indirectement lies aux archives des organismes
vous la rpression. Indirectement, parce que ce sont des outils
indispensables lexercice de la justice, ordinaire ou transitionnelle, et parce
quils constituent un lment essentiel la construction dune mmoire sociale.
Mais directement aussi, parce que cest leur propos, quand leur existence
sest avre vidente, qua surgi la demande douverture, comme dans laplupart des pays du centre et de lest de lEurope, qui ont connu des rgimes
communistes jusqu la fin de la dcennie 80. Trs concrtement, en ce qui
concerne ces anciens pays communistes, on pourrait entendre par ouverture
des archives, ainsi que lindiquent certains auteurs, en premier lieu la
transformation de toutes les archives dans les pays post-communistes, et
particulirement les archives des partis communistes, en archives publiques,
gres conformment aux rgles propres aux pays dmocratiques; en second
lieu, laccessibilit aux documents conservs dans ces archives dans les
mmes conditions pour tous les utilisateurs; en troisime lieu, louverture
gnralise, en vue de leur libre consultation, des fonds documentaires
constitus depuis la fin de la Premire Guerre Mondiale jusquaux annes 80 et
dont linterprtation a fait lobjet de manipulations ou de falsifications frquentes
de la part des autorits communistesTPF24FPT.
Louverture des archives a fait partie de la grande rvolution sociale survenue
en Union Sovitique et dans les autres pays communistes depuis 1989. Elle a
t dtermine en partie par ces changements, mais, en mme temps,
louverture de ces archives, quoique graduelle, avec ses ombres et ses
lumires, a suppos une concrtisation de ces transformations. La recherche
TP
23PT David BANISAR., The irresistible rise of a right, Eurozine, 2005
TP
24PT
Vilm PRECAN, The Opening of the Archives and the History of Communism ,TheMillennium Congress : 19me Congrs International des Sciences historiques, Oslo, 6-13 aot2000 ; Table Ronde 19.
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de la vrit sur le pass rcent a t, en dfinitive, un lment du combat
politique pour une nouvelle orientation, aussi bien sur le plan intrieur que dans
les relations internationales de ces pays.
Les vnements ont rpondu de faon affirmative la question que, dans les
premires pages de lintroduction son Archipel du Goulag (1918-1956), se
posaitAlexandre Solyenitsine quand il disait quil nosait pas crire une histoire
de lArchipel : il ne ma pas t donn de lire la documentation pertinente.Y
aura-t-on un jour accs?Or les travaux que louverture des archives a rendus
possibles ont raffirm, dans les propres termes du langage bureaucratique des
documents officiels, la monumentale dnonciation littraire du prix Nobel
1970 TPF25FPT.
Diane Orentlicher, lautre expert indpendant charg par la Commission des
Droits de lHomme des Nations Unies de formuler des propositions visant
amliorer la lutte contre limpunit, et de poursuivre et dactualiser le rapport
Joinet de 1997TPF26FPT, spcifie que, de faon gnrale, les tats doivent prendre des
mesures pour que linformation sur les violations des droits de lHomme soit la
disposition du public. Dans de nombreux pays, les lois daccs linformation
favorisent cet objectif: Afin de dvelopper leur capacit amliorer laccs des
citoyens la vritsur les violations des droits de lHomme, on recommande
que les tats qui ne lauraient pas encore fait promulguent des lois permettant
aux citoyens daccder aux documents officiels, y compris ceux qui donnent
des informations sur les violations des droits de lHomme. On peut citer comme
exemple la Loi fdrale daccs linformation du Mexique, promulgue en
TP
25PT Nicolas WERTH., Un Estado contra su pueblo: violencias, temores y represiones en la Unin
Sovitica, El libro negro del Comunismo: crmenes, terror y represin. Madrid, Espasa Calpe,1998TP
26PTDans sa rsolution 2003/72, la Commission des droits de lHomme a demand au Secrtaire
gnral de commander une tude indpendante sur les bonnes pratiques, assortie derecommandations visant aider les tats renforcer leur capacit propre combattre tous lesaspects de limpunit, en prenant en compte lensemble des principes pour la protection et lapromotion des droits de lHomme au moyen de la lutte contre limpunit(E/CN.4/Sub.2/1997/20/Rev.1, annexe II). Cette tude, prpare par la Sous-Commission depromotion et de protection des droits de lHomme, devait porter sur les principes et la faondont ils avaient t appliqus, en passant en revue leur volution rcente et en examinant la
question de leur application ultrieure, tout en tenant compte des informations et desobservations reues des tats en application de cette rsolution. Cette tude devait tresoumise la Commission lors de sa 60me session au plus tard.
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2002, qui interdit la rtention de documents dcrivant de graves violations des
droits de lHomme.
Conformment au principe 17c) formul par Joinet, les tats disposantdinformations pertinentes sur les abus commis dans un autre tat doivent les
communiquer. Parmi les exemples de ces dnonciations figure la
communication par le Gouvernement des tats-Unis, en aot 2003, de 4 677
documents sur les violations des droits de lHomme en Argentine pendant la
priode du gouvernement des militaires. Nombre dentre eux concernaient les
affaires instruites par les tribunaux argentins. Ce Gouvernement a aussi
dclassifi des documents relatifs aux droits de lHomme et la politique des
tats-Unis vis--vis du Chili, du Salvador, du Honduras et du Guatemala.
Le travail des organisations non gouvernementales
Mais ce qui sest avr important, ce ne sont pas seulement les processus de
construction de nouveaux centres darchives financs par les institutions
publiques, ce sont aussi les initiatives dveloppes par des associations
prives et des mouvements de citoyens qui ont essay de mettre sur pied toutun arsenal dinformations, et mme des archives permettant la recherche de
donnes sur des personnes victimes des violations des droits de lHomme. Le
but poursuivi couvre un large spectre, depuis la reconstruction de la mmoire
historique jusqu la localisation de proches disparus. Lexemple du travail
men par des organisations comme Mmentoen Estonie ou comme Memorial
en Russie, dans le recueil de donnes sur des citoyens victimes de la
rpression, emprisonns ou dports, ou encore celui de Tous les noms, ensouvenir du roman de Saramago, qui a t entrepris en Andalousie (Espagne),
sont reprsentatifs de ce qui peut tre fait partir de la socit civile. Ce quil
serait curieux danalyser, cest la diffrence que lon peut observer en matire
de sources utilises. Ainsi, tandis que certaines, cest le cas de Memento,
salimentent au dpart de donnes tires des archives publiques, dans le cas
espagnol, cest tout le contraire qui se produirait car ce sont les tmoignages
apports par les victimes elles-mmes et les donnes fournies par leshistoriens qui constituent les sources fondamentales.
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Dans le cas de lEstonie, les archives dtat comptabilisaient, en 1994, 43 683
fiches de personnes arrtes et 40 455 fiches de dports. Toutefois, il
ressortait de la recherche de donnes individuelles que les archives
manquaient dinformations sur un nombre lev de dports. Pour complter
ces donnes, Mmento, lAssociation estonienne des personnes victimes de
rpression lgale, a cr au sein de son Comit dinformation et dhistoire un
groupe de travail, le Registre des Estoniens victimes de rpression, dans le but
de rassembler sur une seule base de donnes les donnes personnelles de
toutes les victimes entre 1940 et 1988. Ces donnes seront tires des archives
ou de tmoignages fournis par les victimes ou par leurs proches.
La dimension internationale: la justice universelle (comptenceuniverselle)
Sil y a eu un vaste dbat sur les archives de la rpression, les vnements de
ces dix dernires annes, en relation avec la mondialisation de la justice, nont
pas eu la mme importance pour le sujet qui nous occupe.
Dans les pays engags dans un processus de transition menant dun rgime
totalitaire un systme politique dmocratique, le lien entre archives et droits
de lHomme acquiert une dimension particulire. Nous avons souvent
mentionn limportance que les documents produits autour de la rpression
politique revtent pour perptuer la mmoire des peuples, dans la mesure o ils
constituent un tmoignage irremplaable sur la rpression que ces peuples ont
subie; mais largument le plus important pour dfendre la conservation desdocuments ayant trait la rpression dans les nouveaux rgimes
dmocratiques rside dans limportance quils ont pour les personnes affectes
par la rpression en tant que victimes directes ou indirectes: ils seront en effet
essentiels dans la nouvelle situationpolitique pour permettre lexercice de droits
individuels prcis: rhabilitation, amnistie, rparations, indemnisations,
pensions, restitutions de biens toutes ces considrations dordre priv il
faudrait ajouter la dimension internationale quintgre ce lien entre archives et
droits de lHomme la notion de justice universelle. Celle-ci avait t formule
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dans les annes 40 dans la convention contre le gnocide ou lors du procs de
Nuremberg, mais elle na t considre comme une pratique juridique
gnralise qu partir dexpriences aussi rcentes que la cration du Tribunal
pour ltude des crimes commis dans lex-Yougoslavie, le Tribunal du Rwanda
ou les actions menes par le juge Garzn contre Augusto Pinochet, ainsi que
par dautres juges en diffrents endroits du monde. Elles ont abouti favoriser
la cration de la Cour Pnale Internationale, mme si lon tient compte du
terrible obstacle que reprsente lhostilit ouverte des Etats-Unis lencontre de
cette nouvelle institution, qui sest manifeste depuis la Confrence de Rome,
en 1998, et qui sest notablement accrue depuis le dbut de ladministration
Bush, en 2001. Malgr ce trs grave contretemps dans la mondialisation de la
Justice Universelle, il semble que saffirme dsormais la prise en compte des
atrocits commises par les responsables de ces rgimes en tant que crimes
contre lhumanit, ce qui rend possible lintervention de pays tiers dans les
poursuites engages contre ces responsables. Labsence de prescription pour
ces dlits, la gnralisation de pratiques telles que celles du juge Baltasar
GarznTPF27FPT, largement suivie sous dautres latitudesTPF28FPT, viennent avaliser la
recommandation qui veut que les archives de scurit de ltat des anciens
rgimes rpressifs soient conserves et protges en tant que Patrimoine de
lHumanit. En rsum, ces ensembles documentaires doivent rester la
disposition des peuples pour que ne soit pas retranche une partie de leur
mmoire collective, pas plus que cette autre mmoire universelle, indispensable
au combat contre la barbarie quimplique la violation systmatique des droits de
lHomme et, avec les gararanties pertinentes, pour tre mise au service de la
cause des droits de lHomme. Ainsi, la responsabilit de leur conservation
dpasse les limites des tats, dans la mesure o la recherche et la sanctiondes violations des droits de lHomme dpasse lintrt particulier dune socit
TP
27PTPour plus de dtails sur ces interventions, voir El caso de Espaa contra las dictaduras
chilena y argentina: los documentos del juez Garzn y la Audiencia Nacional, Barcelone,Planeta, 1998TP
28PTOutre la dtention, les abus et le procs du gnral Augusto Pinochet partir des initiatives
de lUnion Progressiste des Procureurs Espagnols, en 1996, et de celles du juge de lAudienciaNacional espagnole, Baltasar Garzn, nous pouvons mentionner le procs instruit en Francecontre le capitaine Astiz, de la marine argentine, ou laction du juge Luna, au Mexique, contre le
capitaine Cavallo. Nous pouvons aussi rappeler linstruction ouverte au sein de lAudiencianacional en Espagne par le juge Santiago Pedraz contre les dictateurs guatemaltques RiosMontt et autres
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donne pour devenir une affaire qui concerne lensemble de la communaut
internationaleTPF29FPT.
La dimension atemporelle
Toutefois, ces vnements nont pas seulement dpass le cadre
gographique des pays affects par la transition politique: ils ont aussi dpass
le cadre temporel de cette transition mme. En premier lieu, nous devons
analyser les initiatives tendant reconsidrer la forme quont re