poder local

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LASDEL Laboratoire d’études et recherches sur les dynamiques sociales et le développement local BP 12901, Niamey, Niger – tél. (227) 20 72 37 80 BP 1383, Parakou, Bénin – tél. (229) 23 10 10 50 Observatoire de la décentralisation au Niger (enquêtes de suivi 2007-2008) Les pouvoirs locaux à Kohan (commune de Say) (3) ISSALEY Nana A. Enquêteur : ALI Alkassoum Etudes et Travaux n° 78 Financement : Agence Française de Développement septembre 09

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Poder local en Africa

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  • LASDEL Laboratoire dtudes et recherches sur les dynamiques

    sociales et le dveloppement local

    BP 12901, Niamey, Niger tl. (227) 20 72 37 80 BP 1383, Parakou, Bnin tl. (229) 23 10 10 50

    Observatoire de la dcentralisation au Niger (enqutes de suivi 2007-2008)

    Les pouvoirs locaux Kohan (commune de Say)

    (3)

    ISSALEY Nana A.

    Enquteur : ALI Alkassoum

    Etudes et Travaux n 78

    Financement : Agence Franaise de Dveloppement septembre 09

  • 1

    Table des matires

    LISTE DES ABREVIATIONS ET SIGLES .................................................................................................... 2

    INTRODUCTION ...................................................................................................................................... 3

    1. METHODOLOGIE ET DIFFICULTES RENCONTREES ....................................................................... 4

    2. LA COMMUNE DE SAY ET SON FONCTIONNEMENT ........................................................................ 5 2.1. LA MAIRIE : LES LOCAUX, LE PERSONNEL ET LES DIFFERENTES COMMISSIONS ............................... 5 2.2. LE BUDGET DE LA COMMUNE ET SON UTILISATION .......................................................................... 6 2.3. LE PLAN DE DEVELOPPEMENT COMMUNAL (PDC) ........................................................................ 13 2.4. LATTRIBUTION DES MARCHES PUBLICS DE LA COMMUNE ............................................................ 14 2.5. LABSENTEISME DES ELUS : FACTEUR DE BLOCAGE ? .................................................................... 14 2.6. INTER ET INTRA-COMMUNALISATION ............................................................................................. 14 2.7. LES RAPPORTS AVEC LES AUTORITES COUTUMIERES ..................................................................... 15 2.8. LES RAPPORTS AVEC LA PREFECTURE ET LES SERVICES TECHNIQUES ........................................... 15 2.9. LE COMITE CANTONAL DU PDLT : QUELQUES PETITES INCOMPREHENSIONS A GERER ................. 16

    3. LA GRAPPE DE KOHAN.................................................................................................................. 18 3.1. LE PERSONNEL POLITIQUE .............................................................................................................. 18 3.2. LES CITOYENS ET LA COMMUNE : QUELLES APPRECIATIONS ? ....................................................... 19 3.3. LES RESSORTISSANTS DANS LE PROCESSUS DE COMMUNALISATION ............................................. 20 3.4. GESTION DE LA BORNE FONTAINE DE LA GRAPPE : UN INTERET COMMUNAUTAIRE CONTESTE ET UNE PARTICIPATION FEMININE PRECAIRE .............................................................................................. 20 3.5. LA GESTION DE LAIDE ALIMENTAIRE ............................................................................................ 22 3.6. LENTREPRENEUR ACCUSE ET QUELQUES PREMISSES DINNOVATION ........................................... 23 3.7. LA GRAPPE ET SES CEG POLITISES ................................................................................................. 24 3.8. LARENE DE KOHAN GARANTCHE ET SON CHEIKH : UNE CONTESTATION LATENTE ? .................. 24

    4. LES FEMMES DANS LARENE LOCALE .......................................................................................... 26 4.1. FEMMES ET POLITIQUE LOCALE : DES PROBLEMES DUS A LA PARTICIPATION ? ............................. 26 4.2. FEMMES ET COMMUNALISATION .................................................................................................... 26 4.3. UNE ELUE POUR KOHAN LAMORDE ................................................................................................ 27 4.4. FEMMES ET (RE)MARIAGES ............................................................................................................. 27 4.5. FEMMES ET HERITAGE FONCIER ...................................................................................................... 28 4.6. FEMMES ET CULTURES : LE "SALARIAT" AGRAIRE ......................................................................... 28 4.7. FEMMES ET EDUCATION ................................................................................................................. 29 4.8. RAPPORTS DES FEMMES AVEC LES AGENTS DE SANTE : QUELQUES SOURCES DE FRICTION ........... 30 4.9. LACCUEIL FROID DES FEMMES AUX EVENTUELS PROJETS ............................................................. 31 4.10. DES FEMMES MECENES ? .............................................................................................................. 31

    CONCLUSION ........................................................................................................................................ 32

  • 2

    Liste des abrviations et sigles

    ANAB Agence Nigrienne dAttribution des Bourses ANDDH Association Nigrienne de Dfense des Droits De lHomme ANDP Alliance Nigrienne pour la Dmocratie et le Progrs BFP Brevet de Formation Professionnelle CEG Collge dEnseignement Gnral CSI Centre de Sant Intgr CESOC Conseil Economique Social et Culturel COGES Comit de Gestion DAO Dossier dAppel dOffre ECRIS Enqute Collective Rapide dIdentification des Conflits et Groupes

    Stratgiques FAO Organisation des Nations Unies pour lAgriculture et lAlimentation FCFA Franc de la communaut financire dAfrique FNIS Forces Nationales dIntervention et de Scurit HCCT Haut Conseil des collectivits territoriales MNSD Mouvement National pour la Socit de Dveloppement PAC Programme dActions Communautaires PAM Programme Alimentaire Mondial PCD Plan Communal de Dveloppement PDLT Projet pour le Dveloppement Local de Tillabri PGRN Projet de Gestion des Ressources Naturelles PNDS Parti Nigrien pour la Dmocratie et le Socialisme PV Procs Verbal RDA Rassemblement Dmocratique Africain RDP Rassemblement pour la Dmocratie et le Progrs RDV Rendez-Vous RM Receveur Municipal SG Secrtaire Gnral SM Secrtaire Municipal SMER Service Mercds dEntretien et de Rparation SNV Organisation Nerlandaise de Dveloppement SONITEL Socit Nigrienne de Tlcommunication TM Taxe Municipale UIS Universit Islamique de Say

  • 3

    Introduction

    Ce rapport tant le 3ime, il nous semble important de rappeler les axes autour desquels se sont dvelopps les deux prcdents. La premire tude tait une enqute de rfrence. De ce fait, elle a essentiellement port sur la configuration de larne locale. Lhistoire du peuplement rvle que larne de Kohan est sujette des tiraillements autour dune antriorit controverse, ractive par la prsence denjeux nouveaux. Une analyse dtaille du contexte socioculturel montre que Kohan est en quelque sorte un village "stigmatis" par le fait quon lui attribue une spcificit de cerkow tarey (sorcellerie). Au niveau de la configuration des pouvoirs locaux, le pouvoir religieux, incarn par le cheikh, joue un rle primordial dans larne locale. Des conflits divers niveaux structurent cette arne. Il y a ceux qui sont lis la chefferie du village, dans lesquels tait impliqu le cheikh (lui-mme membre de la famille chefferiale), qui a fait basculer la balance du ct du candidat quil soutenait. Il y a aussi des conflits champtres, des conflits inter-villages autour de la gestion de la banque cralire, de la gestion de la borne fontaine, etc. Ces conflits ont pour soubassement la volont du village de Kohan Garantch de monopoliser les infrastructures collectives qui appartiennent plusieurs villages. Trs peu de projets sont intervenus Kohan (Carpe Ada, PGRN, PDLT) et le plus important a t le PGRN, de par ses ralisations. Enfin, lanalyse a port sur la place des femmes dans larne locale. Sur le plan politique, les femmes, bien que marginalises, ne manquent pas de stratgies pour glaner les ressources des partis. Du ct de lducation, trois structures assurent la formation des filles et des femmes : lcole, les cours dalphabtisation et lcole coranique dirige par la femme du cheikh dont la biographie a t retrace.

    Le second rapport a port beaucoup plus sur les aspects politiques, plus prcisment sur le processus lectoral et la mise en place du conseil communal. Les lections locales ont fait lobjet danalyses depuis le dbut des campagnes jusqu la mise en place du conseil communal. Le MNSD tait le parti qui avait le plus de militants. Des thmes transversaux ont t tudis dont limplication des ressortissants dans la vie politique locale. Ceux du MNSD semblent occuper le devant de la scne car ils sont conomiquement et politiquement plus puissants. La composition du conseil communal a t prsente (statut, profession, niveau intellectuel, fonction dans le conseil, etc.). La majorit (11 sur 14) des lus est du MNSD et le conseil est surtout compos dintellectuels (le conseil ne comprend que 2 analphabtes) mme si 3 profils se sont dessins : les diplms de lenseignement suprieur ; les lettrs moyens ou lmentaires et les illettrs. Il a aussi t question du fonctionnement du conseil communal. A ce niveau il ressort une non-transparence dans la gestion du maire. Pour ce qui est du budget de la commune, le taux dexcution tait de 85% en 2005 et lessentiel des recettes provenait des ressources internes. Trs peu de ralisations ont t faites par le conseil. Des conflits existent avec les instances de la cooprative rizicole. Du ct des femmes, on note une petite mergence sur le plan politique (le conseil compte 2 femmes), mme si les femmes ignorent le fonctionnement et parfois mme lexistence du conseil communal.

    Le prsent rapport porte essentiellement sur le budget (prvisions, recettes, dpenses, etc.), le fonctionnement du conseil communal, la perception des citoyens, les rapports du conseil avec les autres institutions. La spcificit de lObservatoire de la dcentralisation est danalyser celle-ci lchelle villageoise. Toutefois, nous avons inclus dautres chelles danalyse pour mieux comprendre le contexte de ltude. Ainsi, nous nous sommes intresss aussi la commune de Say (dont fait partie le village) pour voir les rapports avec le conseil communal et les lus. Ensuite, nous avons choisi dtudier la grappe de Kohan (qui regroupe 6 villages dont celui sur lequel porte ltude) car, pour comprendre et analyser les dynamiques luvre dans larne locale de Kohan Garantch, il faut tenir compte des villages rattachs et des villages avec lesquels les interactions sont troites et certaines activits collectives.

  • 4

    1. Mthodologie et difficults rencontres

    Nous avons essentiellement eu recours des entretiens semi-directifs qui ont tous t enregistrs et transcrits. Compte tenu du temps qui nous a t accord pour faire le terrain (deux semaines), nous navons pu faire suffisamment dobservations. Sur les deux observations faites, lune a port sur une runion dont lordre du jour tait la gestion de la borne fontaine de Kohan Garantch et la seconde a concern une session extraordinaire du conseil communal portant sur le budget. En outre, nous avons t dans les cinq autres villages de la grappe de Kohan et au total nous avons ralis 54 entretiens.

    Nous avons aussi consult les archives nationales pour rechercher des informations sur le cercle de Say en gnral, et sur le village de Kohan en particulier.

    La principale difficult, pour ce travail, est que nous avons eu affaire un site sur lequel nous navons fait aucune enqute individuelle auparavant. En outre, soulignons lindisponibilit des paysans en cette priode de rcolte. Hommes comme femmes sont surtout proccups de terminer les travaux champtres avant la libration des champs en pture aux animaux.

  • 5

    2. La commune de Say et son fonctionnement

    2.1. La mairie : les locaux, le personnel et les diffrentes commissions Toujours loge dans les cases de passage de la prfecture, la mairie ne dispose pas

    encore de locaux propres. Toutefois un projet de construction est en cours avec un financement du PDLT1. La commune devant contribuer hauteur de 3.500.000 FCA, une somme de 1.000.000 FCFA a dj t verse. Les lus semblent presss davoir leurs propres locaux plutt que de siger dans un btiment regroupant les quatre communes du dpartement, mme si ces dernires ne font pas dhistoires.

    Ct personnel, la mairie de Say prend en charge 9 salaris pour un montant global et mensuel de 292.000 FCFA de salaire brut. Les indemnits perues sont loin dtre ngligeables car elles slvent 70.000 FCFA/mois pour le receveur municipal et 40.000 FCFA/mois pour le secrtaire municipal. Quant au maire, ses indemnits se chiffrent 154.500 FCFA/mois et ses deux adjoints peroivent chacun 32.500 FCFA/mois. En tout, les salaires et les indemnits cotent la commune 721.500 FCFA mensuellement. Le personnel est compos comme suit :

    8 agents permanents qui sont : 1 receveur municipal (RM) 1 secrtaire dactylographe 1 agent dtat civil 1 planton 1 bibliothcaire 2 agents voyer 1 manuvre gardien

    Au niveau de la mairie on note la mise disposition par lEtat dun agent pour occuper les fonctions de secrtaire municipal (SM). La mairie prend en charge ses indemnits. Par la suite, cet agent quittera sont statut dagent temporaire pour un statut de permanent (en 2007). Le personnel de la mairie naccuse aucun mois darrir de salaire. Certains agents de la mairie travaillent avec des commissions spcifiques. Cest le cas du SM et du RM qui oprent avec la commission finance. Par ailleurs, la mairie (selon le maire) prend en charge des agents quelle a recruts pour le compte de services techniques. Il sagit de 2 agents bnvoles pour le service des impts et celui de lenvironnement. Ils sont pays 20.000 FCFA/mois chacun. Il y a aussi une fille de salle pour le CSI et le salaire de la secrtaire du district sanitaire de Say. En somme, la charge salariale globale serait de 807.694 FCFA/mois.

    1 Le PDLT (Projet de Dveloppement Local Tillabri) est un projet de dveloppement local financ par l'Agence

    Franaise de Dveloppement. Son excution tait confie une ONG nigrienne ABC cologie. Dans sa premire phase (1994-2000), ce projet a pris en compte 95 villages dans le canton de Torodi. Quant la deuxime phase qui a dbut en 2002, elle a agrandi son champ dintervention en prenant en compte sixc autres cantons du dpartement de Tillabri et 359 villages. (Simard Genevive, 2008, La participation au dveloppement local : le cas du Niger, Mmoire de matrise en sciences politiques, Universit de Montral). Dans ses activits, le projet a tenu impliquer le LASDEL pour des enqutes socio-anthropologiques dans plusieurs cantons (Namaro, Torodi, Tamou, Gueladio, Say). Ces tudes taient suivies sur le temps (4 ans) et avaient pour but didentifier et danalyser les pouvoir locaux dans une re nouvelle de dmocratisation et de dcentralisation. Cest ainsi que le village de Kohan, dont la prsente tude fait lobjet, a t retenu dans le canton de Say.

  • 6

    Prcisons que, comme partout ailleurs, le conseil est scind en trois commissions chacune avec une mission spcifique.2

    2.2. Le budget de la commune et son utilisation Avec un budget de 44.775.585 FCFA pour 2005 (cf. le rapport de suivi an 2 et le PV

    des travaux du conseil extraordinaire en date du 2 mars 2005) et de 59.266.234 FCFA pour 2006, le budget de la commune se retrouve, dans la pratique, rduit par le fait que les patentes dues par la direction des impts en 2006 ne sont pas encore verses. Le montant de ces redevances slevant plus de 21 millions, ce manque, selon certains lus, bloque le fonctionnement de la collectivit et la ralisation des projets dinvestissement. Les ralisations en 2005 tant faites prs de 100%, cet tat de fait risque de ne pas se rpter pour ce qui est de lanne en cours. Le seul impt qui ne ptit pas de mauvais recouvrement demeure la taxe municipale qui a t recouvre 90,88% sur une prvision de 12.381.000 FCFA. Au total, le budget na t recouvr qu 40,52%. Le maire signale :

    Cette anne, on a quelques difficults dordre financier. Lanne passe, la mme priode, on tait presque 72% du recouvrement. Mais cette anne, on nest mme pas 50%. Il y a beaucoup de chapitres qui souffrent, surtout ceux qui concernent lEtat (le maire de la commune de Say).

    Cependant, si des problmes de versement existent au niveau de lEtat, ce nest pas le seul manque gagner pour la commune. En effet, les taxes de marchs sont confrontes un non-paiement de la part des commerants. Notons aussi que la commune ne dispose que de deux gros marchs (Say et Tientergou) et que les percepteurs sont loin davoir les recettes escomptes.

    Pour 2006, les investissements ont t, pour certains secteurs, revus la hausse (comme pour la sant) tandis que pour dautres (comme lducation) des stratgies ont t adoptes pour bnficier de lappui de certains bailleurs de fonds. En effet, si les projets de dveloppement exigent de la population une quote-part participative, les lus ont trouv une astuce pour pouvoir viter aux populations de perdre les investissements par manque de moyens. En effet, ils versent en lieu et place de la population la somme demande.

    On sest entendus sur quelque chose, cette chose cest quoi ? Ctait que nous remplacions la communaut. Au lieu que la communaut paie les 10%, nous on les paye et on a 100% avec 10%. Cest a notre philosophie3. Nous sommes des lus et un jour viendra o on sera devant cette population et il faut que nous soyons en mesure de dire cette population quen telle anne, voil ce que nous avons fait avec votre argent (le maire de la commune).

    2 Voir le rapport an 2 pour la composition de ces commissions ou se rfrer au PV des travaux du premier

    conseil ordinaire datant du 30 avril 2005. 3 Cette philosophie est agre aussi par le PDLT car le maire dit : cest a quon a ngoci avec le PDLT .

  • 7

    REPUBLIQUE DU NIGER REGION DE TILLABERI DEPARTEMENT DE SAY COMMUNE URBAINE DE SAY

    SITUATION COMPARATIVE DES RECETTES4 PERIODE DU 1ER JANVIER AU 30 SEPTEMBRE 2006.

    LIBELLES RECETTES PREVISIONS REALISATION TAUX DE REALISATION

    Taxes municipales 12.381.600 11.252.900 90,88%

    Taxes de transhumance 1.000.000 0 0%

    Contribution foncire (DGI) 2.805.200 117.380 4,18% Patente (DGI) 21.423.121 5.008.778 23,38% Licences

    Taxes des taxis Embarcations 2.000.000 207.500 10,37%

    Vlos et cyclomoteurs 661.000 132.000 19,97%

    Dbits de boissons 35.000 0 0%

    Pompes et hydrocarbures 70.000 70.000 100%

    Concessions provisoires 600.000 143.000 23,83%

    Concessions dfinitives 600.000 100.000 16,66%

    Colporteurs et marchands ambulants

    200.000 113.000 56,5%

    Taxes de march 1.600.000 890.000 55,68%

    Abattage des animaux 820.000 353.000 43,04%

    Spectacles et divertissements 300.000 12.000 4%

    Publicit extrieure 200.000 0 0%

    Frais de gardiennage fourrire 350.000 83.750 23,92%

    Gare routire 1.000.000 292.800 29,28%

    Identification des animaux 500.000 154.000 30,8%

    Administration gnrale (frais signature)

    600.000 237.400 39,56%

    Service de sant 200.000 0 0%

    Fort faune pisciculture 2.500.000 565.000 26.24%

    Location de vhicule 500.000 0 0%

    Exploitation des carrires 1.500.000 0 0%

    Solde 2005 2.251.613 2.251.613 100%

    Recettes exceptionnelles 5.168.700 2.185.480 42,28%

    Total 59.266.234 24.018.471 40,52%

    Sources : mairie de Say.

    4 Voir en annexes la situation comparative du budget de 2005.

  • 8

    Le budget de la commune urbaine de Say est lun des plus transparents5 car des comptes rendus sont faits par le maire et le secrtaire municipal (SM) tous les lus (voir lobservation de la session extraordinaire du 29 au 30 novembre 2006). La seule difficult pourrait rsulter du fait que certains, surtout les non ou peu scolariss, ne retiennent pas les chiffres qui leur sont communiqus (en dtails). Notons aussi que, pour navoir pas pu assister au conseil sur la session budgtaire, un lu peut ne pas tre au fait du budget.

    Au moment du vote du budget de cette anne, jtais malade. On ma dit le montant, mais je ne lai pas retenu et dailleurs, chaque fois je me dis que je vais le demander mais je ne lai pas encore fait (F.S. lue MNSD).

    Notons que la commission finances, charge de travailler sur le budget communal, a travaill de concert avec le maire, le secrtaire municipal et le receveur municipal. Les recettes et dpenses ont t prsentes en dtails au conseil (lors de la session extraordinaire de novembre). Les absents taient Diallo de lANAB et le dput Biro Ciss.

    Les lus ont pu aboutir la transparence grce lobstination de certains dentre-eux car les deux premires annes de fonctionnement, la gestion tait quivoque et certains lus ont interpell le vice-prsident du HCCT lors de son passage Say, en novembre 2006.

    Amadou Sala (le vice-prsident du HCCT), nous a toujours dit : da boro turu gani bon, ni ga turo feeri (si tu fais des tresses sur des poux, tu dferas ces tresses) et quand il tait venu Say, je lui ai dit que nous nous sommes en train de faire nos tresses sur des poux (un lu de la commune).

    Le budget prvisionnel de 2006 tant de 59.266.234 FCFA, la somme de 24.018.471FCFA a pu tre recouvre, soit un taux de ralisation de 40,52%. Les plus grandes rentres proviennent de la taxe municipale qui a t recouvre plus de 90% soit un total de 11.252.000. Le chef de canton, prsent au conseil, a t lou pour ses efforts. Sur un total de 24 types de taxes et dimpts rpertoris, seuls 4 ont t recouvres plus de 50%. Pour certaines (6), le taux de ralisation a t de 0% et des explications ont t donnes (nous placerons en annexes la situation des recettes (cf. aussi lobservation de la session du conseil). Les raisons les plus voques pour ce non-recouvrement sont pour la taxe transhumance (0%) le fait que les carnets ont t remis au service de llevage et que les leveurs ne passant pas dans la ville, rien na t peru. Pour la taxe dbits de boissons, il y a un bar dans la ville et le grant est confront des difficults mme avec le service des impts et donc il na pas pu sen acquitter. Sur ce point, certains lus ont prconis la fermeture de ce dbit de boisson arguant quil est dj inadmissible quil y ait un bar dans une ville religieuse comme Say et que de surcrot, il ne sacquitte pas de ses impts ! Pour la publicit extrieure, les 0% du recouvrement sont dus au fait que le maire pensait que la perception de cette taxe revenait au service de limpt alors que tel ntait pas le cas. De ce fait, aucune disposition na t mise en place par le maire pour la recouvrer. Pour la taxe des services de la sant, elle a t prvue pour les vendeurs de nourritures mais la mairie na pas pu acheter les carnets quelle devait revendre aux concerns. Toutefois, un consensus a t trouv avec lhpital qui a consenti rduire le tarif des examens. Pour la location de vhicule, il ny a pas de vhicule et par consquent pas de rentre de taxe. Enfin pour lexploitation des carrires, le solde est nul parce que la carrire qui existait appartient un particulier6. Mais pour la nouvelle anne, avec son accord, la mairie lui a remis des carnets quil va percevoir pour le compte de la

    5 Dans le rapport an 2, le fonctionnement du conseil a rvl des actions non transparentes du maire qui a promis

    de ne pas rcidiver (voir p.14) : il semble avoir tenu sa parole. 6 En fait, il sagit des anciennes carrires de lUniversit islamique de Say qui taient creuses dans les champs

    dun particulier. LUIS les louait jusqu la fin de ses travaux et elle a finalement cd les sites au propritaire qui, lui, continue vendre le sable aux camionneurs.

  • 9

    commune. Pour les autres taxes et impts dont le recouvrement a t passable, des sances de sensibilisation sont prconises (voir lobservation de la session).

    Comparativement lanne 2005, les recouvrements de 2006 ont t trs moyens. En 2005, le taux de ralisation des recettes tait de 74,25% contre 40,52% pour 2006. Les raisons avances par les lus sont essentiellement la non-rentre des impts rtrocds et la diminution de leur taux par lEtat (ce taux est pass de 40% en 2005 20% en 2006). En effet, en analysant les recettes de 2005 et celles de 2006, on se rend compte quau niveau des impts rtrocds, en 2005 les rentres taient de 73, 71% contre 23,38% en 2006. De plus, toujours au niveau des impts rtrocds, en ce qui concerne les contributions foncires, en 2005, les recettes avaient dpass les prvisions et se chiffraient 128,90% contre 4,18% en 2006. Les fonds investis dans le fonctionnement ont t revus la hausse car de 52% (en 2005)7 des recettes recouvres, ils sont passs plus de 65% (en 2006) tandis que les investissements ont connu une baisse considrable de 47,59% (en 2005) 33,06% (2006).

    Ne peut-on pas imputer ce manque dans le recouvrement, dune part une non-appropriation par les citoyens de la commune et de la dcentralisation, et dautre part au fait que les prvisions budgtaires sont parfois faites sans tudes srieuses pralables ? En outre, la seule sensibilisation sans actions concrtes peut-elle tre une mesure efficace pour amliorer les recouvrements ?

    Du ct des dpenses, notons que les dpenses de fonctionnement sont, de loin, les plus importantes car elles font presque le double des dpenses dinvestissement (voir en annexes). Ainsi les dpenses de fonctionnement sont de 15.701.486 FCFA, soit 65,37% du total, contre 7.942.291 FCFA pour linvestissement, soit 33,06%. Le SM estime que cela est d au fait quils nont pas de rentres importantes dargent et que dans ces conditions, il est difficile de faire des investissements. Pour les dpenses en fonctionnement, la somme la plus importante a t utilise pour la remise des primes (1.764.080 FCFA), ensuite vient le transport qui a cot 1.026.300 FCFA en 2006. Les indemnits de session occupent la troisime place avec 960.000 FCFA. Du ct des investissements, le volet le plus important a concern lhydraulique villageoise o une somme de 2.000.000 FCFA a t dbourse.

    Description de la session extraordinaire du 29 au 30 novembre 2006 sur le bilan mi-parcours

    La premire journe de la runion, la session dbute 11h avec la sance habituelle de Fatiha dite par un lu. Tous les lus lexception dun (Diallo) sont prsents. Le chef de canton a rpondu prsent linvitation ainsi que le SM. Aprs, cest au tour du maire de faire le discours inaugural. Il remercie les participants et conseille de traiter uniquement des thmes intressants, de ne pas revenir sur des choses dj dites et il voque aussi les difficults de leur tche qui sont lies la nouveaut du processus. Enfin, il invite le conseil revoir et amender le prsent ordre du jour. Lordre du jour est le suivant :

    7 Pour les taux de 2005, voir le rapport an 2.

  • 10

    REPUBLIQUE DU NIGER Say, le 20 novembre 20068

    REGION DE TILLABERY

    DEPARTEMENT DE SAY

    COMMUNE URBAINE DE SAY

    PROJET DORDRE DU JOUR

    (session extraordinaire)

    Lundi 27/11/2006

    - Fathia

    - Mot de bienvenue du Prsident

    - Adoption du prsent ordre du jour

    - Amendement et adoption du dernier PV de la session

    - Situation mi-parcours budget 2006

    * Recettes

    * Dpenses

    Mardi 28/11/2006

    - Compte rendu de la journe prcdente

    - Situation mi-parcours budget 2006 (suite)

    - Compte rendu des contacts pris par les Maires9

    - Questions diverses

    - Clture

    Lamendement pris en compte est fait par le chef de canton qui insiste pour que leur PV soit des meilleurs et compte tenu du fait quils ont beaucoup dintellectuels au sein du conseil, la diffrence doit tre nette par rapport aux autres communes comme celle de Gueladio. Aprs adoption de lordre du jour le chef de canton a tenu aussi ce que la situation alimentaire de la population soit voque car dit-il, cest eux qui ont permis ceux qui sont ici de ltre . Il proposa aussi de parler des stratgies adopter pour permettre une bonne rentre fiscale.

    Ensuite les dbats sorientrent sur les rapports des PV de la prcdente session. Le rapporteur nayant pu faire que le rapport de la seconde journe, ayant presque rat la premire pour cause de retard, il lui est demand de faire celui de la premire journe aussi. Notons que tout ce qui est dit en franais est traduit par un lu (Sazilou Dan Baba) ou bien tout lu qui intervient se charge de traduire lui-mme en zarma, dfaut dintervenir directement en zarma. Les discussions commenant stendre, le maire propose dtablir un chronogramme pour la session.

    8 La session na pas pu se tenir aux dates indiques mais a eu lieu du 29 au 30 novembre 2006.

    9 Au niveau de cette commune, les adjoints au maire sont aussi appels "maire" et, le maire lui-mme use de

    cette appellation.

  • 11

    11h32, le prsident de la Commission Finances prend la parole et remercie le maire pour la transparence dont il fait preuve dans la gestion des recettes communales.

    11h35, le SM (Souleymane Hanafi) prsente le budget de lexercice 2006. Ensuite, il dtaille la situation des recettes. Il rappelle aussi que les recettes sont faibles parce que la loi des finances 2006 a revu la baisse les impts rtrocds qui sont passs de 40% 20%. Autre raison voque est le fait que la contribution des patentes de la Sonitel est compense par lEtat donc supprime. Aussi, pour le non-paiement des taxes, le SM propose-t-il de sensibiliser la population. Pour permettre une bonne rentre, certains lus proposent de rduire la taxe des charretiers (elle a dj t rduite une premire fois et elle tait passe de 3500 2000). Plutt que de rduire le montant de la taxe, le maire propose de recenser les charretiers car, dit-il, il ne sert rien de faire des prvisions sur des fausses bases . Il est aussi propos de recenser les vlos, les cyclomoteurs et les colporteurs.

    12h55, fin de la prsentation du budget et des recettes. Ensuite, le maire demande aux lus sils ont des questions dclaircissement et 3 personnes ont pris la parole (Sanoussi, James et le chef de canton). Leurs questionnements portent sur les recettes recouvres 0%, ou mal recouvres, en particulier celles des animaux, de la gare routire et des services de sant. Des lments de rponse leur sont fournis par le maire qui explique que pour la taxe dabattage des animaux, la raret des carnets (au niveau du chef lieu de rgion o la commune sapprovisionne) fait que cette taxe nest pas perue comme elle devait. En ce qui concerne la gare routire, la dfaillance dans la perception est lie au fait que les chauffeurs contournent la gare et donc vitent de payer la taxe. En plus, la gestion au niveau de cette gare est, dit-il, opaque et incomprhensible. Pour ce qui est des services de sant, la mairie est actuellement en train de ngocier avec lhpital pour voir dans quelle mesure rendre la vente des carnets de sant rentable pour la commune (en fait, la mairie les achte au centre de sant et les revend aux commerants).

    13h30, arrt des travaux.

    15h20, reprise de la session et les travaux dbutent par la prsentation (toujours par le SM) de la situation des recettes en fonctionnement et investissements. Deux absents dans laprs-midi, savoir le chef de canton et llu de Doguel Kaina qui a un baptme pour le lendemain. Notons que le maire (avec sa grosse calculette) tient quelques fois vrifier lui-mme et il nhsite pas faire recours la lgislation pour rpondre certaines questions (par exemple sur les indemnits du chef de canton, il note que cest la loi qui notifie que tout chef de canton ayant vers 75% de limpt d a droit ce quon appelle "biens de la chefferie" qui correspond une somme alloue cet effet). Le budget est discut dans les moindres dtails et des questions sont poses au maire. Par exemple, un lu (James) lui demande pourquoi la facture de tlphone est exorbitante et le maire de rpondre quil a mme cess dutiliser le tlphone de la mairie et que, depuis 4 mois, il appelle par son tlphone portable. Le maire dit que pour motiver ses employs, une promesse a t faite au personnel de prendre en charge 80% de leurs frais mdicaux (cest une lue Assa qui a demand quoi correspond la rubrique "frais mdicaux" mentionne dans les dpenses).

    Remarque : parmi les lus, un se distingue par ses questions et ses interventions. Il semble pointilleux sur la gestion. Il sagit de Amadou Boubakar Alkaly dit James appel encore "le plus jeune"10 ou "Dimachi".

    17h, fin de la journe de travail. RDV est donn au lendemain mais pas tt car les lus iront dabord au baptme de leur collgue Doguel Kaina.

    Seconde journe de travail, le 30-11-06

    11h15, dbut de sance avec la prsentation de la journe prcdente par le rapporteur gnral (Sanoussi). Le chef de canton demande de biffer dans le P.V. la partie remerciement aux autorits traditionnelles pour leurs efforts dans la collecte de limpt car, dit-il, cest leur rle de le faire selon larticle 14 de lordonnance 93.

    10 Voir dans sa biographie, les raisons de cette appellation.

  • 12

    11h24, le SM prend la parole pour expliquer la rubrique des investissements. Rappelons que chaque personne prsente a en mains les exemplaires dtaills du budget ( savoir prvisions, recettes, dpenses, investissements). Bien que tout soit traduit en zarma, le chef de canton insiste sur la ncessit de traduire certains termes techniques comme "investissements". Le SM, aprs prsentation des investissements raliss, fait une petite comparaison par rapport au budget gnral et note en conclusion que les dpenses correspondent presque aux recettes.

    Remarque : le chef de canton ne sinscrit sur la liste pour les questions quaprs stre assur que tout lu voulant intervenir sest inscrit. Ceux qui posent le plus les questions sont surtout James, le chef de canton et Sanoussi. Certains lus ne sont pratiquement pas intervenus (Fati, Koussanga )

    Des questions sont poses sur les raisons de la faiblesse des investissements. Le SM rpond que des petites rentres dargent ne peuvent permettre de faire des investissements. Pour le maire, le manque dinvestissements est aussi d au fait que les projets financent peu. Le chef de canton dit avoir interpell Garba Doga (PDLT ) car il ne sert rien de faire des discours ou des confrences improductives mais le plus important est de faire des actions concrtes. Ensuite le maire passe la restitution dun atelier organis par la SNV sur les stratgies damlioration des recouvrements.

    12h 03, le directeur dpartemental de lagriculture, invit par le maire, prsente le bilan de la situation pluvio-agricole 2006. Il ressort que 21 villages sont dficitaires contre 13 en 2005. De ce fait, selon les statistiques de lagriculture, Say est class 1re zone agricole vulnrable au Niger. Des questions sont poses relativement laide de lEtat, limproductivit des amnagements hydro-agricoles, linnoprationnalit du barrage de Tientergou (sur ce point prcis, cest surtout le chef de canton qui insiste car, selon les rumeurs, il y a un problme foncier au niveau de ce barrage qui bloque son fonctionnement. Or, note-t-il, les berges du fleuve sont un bien de la chefferie et personne dautre ny a droit).

    13h20, fin de sance.

    15h30, reprise de la sance sur des questions foncires. Il sagit spcifiquement dun ancien site de lUniversit Islamique de Say dnomm "Base vie". Proprit de la commune, le site est en ruine et le conseil propose une double option en sachant que la premire est trs peu probable car nincitant pas les investisseurs postuler : la location ou la vente. Un seul lu (James) soppose la vente mais finit par cder ( 17h23 seulement) condition que largent soit utilis pour des investissements et non pas payer les indemnits de session et les salaires des fonctionnaires.

    16h02, cest au tour des comptes rendus des contacts pris pour des partenariats. Les contacts les plus importants ont eu lieu avec une commune des Pyrnes dont une dlgation est attendue en fvrier 2007. A ce niveau, des individualits sont remercies pour leurs efforts. Il sagit notamment de la petite sur du 2ime vice-maire, une certaine Attou qui travaille au Ministre de la jeunesse, et dun fils d Abdou Diori qui les a aussi appuys. De son ct, Diallo de lANAB a pris contact avec la Coopration suisse qui a promis de les aider dans des secteurs comme la sant, lducation, llevage. Le don de mdicaments (voir supra) est aussi voqu. Les projets sont remercis pour leur activisme, en particulier la SNV. Quant au PDLT, il est accus par une lue de faire des discriminations au niveau des villages en ce qui concerne lattribution des charrettes. Elle dit que bien que les gens aient donn leur apport personnel, da i man bara ni se ni si du ! (Sils ne lont pas voulu pour toi, tu ne lauras pas !).

    Aprs tous ces volets, le conseil passe aux problmes poss par les amnagements hydro-agricoles. Ces derniers doivent de largent la mairie qui a pong leurs arrirs dlectricit11. La gendarmerie a t mobilise par la mairie en contrepartie dune promesse de 10% si elle arrive rcuprer largent de la mairie auprs des producteurs. Cependant, lusage de la coercition na rien donn car seuls 5.100 FCFA ont t rcuprs par la gendarmerie sur les millions dus. Le maire estime quil y a eu de linterventionnisme auprs des gendarmes.

    17h23, le maire voulant clturer la session, le conseiller James demande la parole et se dit pour la vente du terrain de Base vie.

    17h30, fin de la session.

    11 Sur cette affaire, voir le rapport de suivi an 2, p. 19.

  • 13

    Un petit aperu du personnage de Amadou Boubacar dit "James" ou "Le plus jeune"

    Ag de 46 ans, "le plus jeune" est un lu municipal de la commune de Say. En fait, il nest pas aussi jeune que cela, mme sil doit son sige aux jeunes. James est mcanicien de formation et, comme il aime le dire, il na pas appris la mcanique sur le tas. En effet, il a fait des tudes secondaires et aprs un concours de mcanique, il obtint une bourse octroye aux deux premiers admis par la maison Mercds dAbidjan. Aprs 3 ans de formation (de 1978 1981), il eut le Brevet de Formation Professionnelle (BFP) et fut engag par la maison Mercds de Niamey o il resta jusquen 1992. Il quitta dit-il parce que la maison voulait fermer et au mme moment des dirigeants nouveaux taient venus et il ne sentendait pas avec eux. Il cra en 1992 son garage spcialis en rparation de voitures Mercds dnomm le SMER (Service Mercds dEntretien et de Rparation) au quartier Kalley Est de Niamey. La mme anne, il commena simpliquer dans la politique travers le RDA. Il prfra ce parti, dit-il, parce quil tait fan de Diori Hamani et quil apprciait aussi les bonnes uvres faites par ce prsident. Mais il quitta ce parti pour le MNSD suite aux scissions qui le traversrent. Au moment de son lection au poste de conseiller, il tait prsident rgional des jeunes. A Say, au moment des lections, le MNSD dcida, officieusement, dattribuer un sige aux jeunes. Deux candidats taient en lice James et son vice-prsident12. Ils ont tous les deux battu campagne dans toute la rgion et, au moment du vote (inter-jeunes), le vice-prsident sest dsist. Au sein du conseil il nest pas le plus jeune (le plus jeune est Sanoussi Tondi) mais parle au nom des jeunes. Il a, au moment des sessions du conseil, des attitudes "rvolutionnaires" quil justifie en disant que les conseillers doivent tre comme des petits inspecteurs pour lexcutif et que son combat lui consiste ce que transparaissent la bonne gestion et la dmocratie.

    2.3. Le Plan de Dveloppement Communal (PDC) Elabor par le PDLT, le PDC semble tre une exigence des partenaires extrieurs pour

    lacquisition de financements. Mme si daucuns avancent que le PDC est une sorte de "miroir" pour la commune et quil a t labor avec la participation de toute la population, il nen demeure pas moins que pour un lu :

    Je crois bien que cest la SNV qui nous la offert. []. Nous, nous voulons que a soit le village qui fasse le choix des infrastructures raliser parce quil y a des projets de dveloppement qui demandent dabord un apport personnel du village et si cest le village qui a mis le souhait davoir louvrage, le problme de lapport ne se pose pas. Mais si cest le conseiller qui a tout organis, les villageois diront que le conseiller les a obligs verser de largent. et que cest comme si le conseiller tait seulement l pour leur imposer de nouvelles charges (un lu de la commune de Say)

    A ce jour non adopt, faute damendements, le PDC de la commune urbaine de Say a pti de dfaillances techniques qui ont amen le conseil le soumettre au PAC et au PDLT pour relecture. Si lon doute que tous les lus comprennent et sapproprient le PDC, on pourrait mme se demander si tous les lus sont au fait de lexistence dun PDC car lun deux signale :

    Je ne sais mme pas si cest fait, je ne suis pas au courant (un lu de la commune). Tous les services techniques nont pas t associs (la sant, le gnie rural pour

    ne mentionner que ceux l ). Nous avons t invits une runion de validation. On nous amne un bloc de dossier pour amender, on nous demande de lire des dossiers que nous navons pas monts. Tous les PDC ont t valids mais moi jtais parmi ceux qui ntaient pas pour la validation. Ce systme de travail de validation ne me convient pas (un agent du service du gnie rural de Say)

    Le PDC, dans le but de cadrer et dorganiser les investissements et ralisations non coordonns des projets de dveloppement, est en somme labor sans lexpertise des services

    12 Qui nest autre quun entrepreneur de la grappe sur lequel nous ferons un dveloppement un peu plus loin dans

    ce texte.

  • 14

    techniques et ce PDC pourrait ne pas prendre en compte les besoins volutifs des acteurs sil est un document institutionnel, rigide et fig.

    2.4. Lattribution des marchs publics de la commune La commune urbaine de Say na jusquici pas eu attribuer des marchs publics. Tout

    de mme, une commission est en instance dtre mise en place et des DAO en voie dtablissement. Cependant, le maire dplore la logique dattribution des marchs du PAC et du PDLT qui ignorent la commune, ce qui constitue un manque gagner important pour les caisses de la collectivit car les entrepreneurs rcompensent toujours la commission dattribution des marchs. Il sagit dune forme de pot-de-vin qui ne dit pas son nom.

    2.5. Labsentisme des lus : facteur de blocage ? Le maire, en cas de session, se mobilise pour contacter tous les lus lavance et cette

    liaison est facile en cette re du tlphone cellulaire. Si certains conseils se tiennent dans lurgence, labsence ne peut, dans ce cas, tre fustige.

    Il y a des sessions quon tient sans prparation. Elles se prsentent par surprise et on cherche runir htivement les lus. Cest le cas lorsquil y a eu le problme de coupure dlectricit dans les amnagements hydro-agricoles (une lue de la commune).

    En gnral, les lus rpondent prsents aux convocations des sessions (quelles soient ordinaires ou extraordinaires). Labsentiste de toujours demeure Diallo de lANAB mme sil est, distance, inform (par tlphone) et actif dans les affaires de la commune. Il est trs impliqu surtout dans la recherche de coopration et dactions de dveloppement (en particulier avec des partenaires suisses). La commune est en recherche de partenariat et de jumelage et des dynamiques sont en cours. 2.6. Inter et intra-communalisation

    Si une entente apparente13 existe entre les 4 communes du dpartement (Say, Torodi, Gueladio et Tamou), on ne peut cependant pas parler dintercommunalisation. De lavis du deuxime adjoint au maire :

    Pour le moment, il ny a pas dintercommunalit, cest trop tt (un lu de la commune) Entre les quatre communes du dpartement (Say, Gueladio, Tamou, et Torodi), il y a

    formation de deux blocs (Torodi/Gueladio dun ct et Say/Tamou de lautre). Chaque regroupement estimant avoir des intrts communs. On peut mentionner lexemple du choix des reprsentants du CESOC (Conseil Economique, Social et Culturel) o Torodi et Gueladio ont nou alliance pour avoir les deux reprsentants dans leur camp14 car eux deux ils forment une majorit absolue.

    Nous navons pas de problme avec les autres communes. Seulement, lors des rencontres, quoiquon fasse, les communes se divisent en deux pour se soutenir (un lu de la commune).

    Hors du pays, aucune relation concrtise avec dautres communes na t mentionne mais les dmarches sont en cours pour des jumelages ventuels avec des communes franaises. A ce niveau, le principal courtier semble tre le maire. En plus, des lus ont eu effectuer un voyage dtude au Bnin o des contacts ont t nous avec des certaines communes. Les lus envisagent dinviter leurs maires (comme Bembrk et Nikki).

    13 Voir le rapport de Gueladio an 3.

    14 Voir propos de cette affaire, le rapport de Gueladio an 3.

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    Au niveau intracommunal, presque tous avancent une entente parfaite, entre les lus, mme si cette attitude est une stratgie du balayer sous le tapis pour ne pas donner mauvaise impression face ltranger. Parfois, pour prendre certaines dcisions, le conseil doit procder au vote et cela remet en cause la faade consensuelle de circonstance. Notons quune msentente persiste entre le maire et son second adjoint qui se sent cart de la gestion communale.

    Pour les conflits, a ne manque pas. Il y a pas mal de tiraillements entre nous15. []. Pour ce qui est du maire, une commune ne peut pas tre dirige uniquement par une seule personne. Parce que tu es le maire titulaire, tu fais tout ? a ne va pas parce quaujourdhui, le maire se prend pour le plus grand et donc quand tu es adjoint, tu nes rien ! .

    Certains problmes sont beaucoup plus centrs sur les personnes, dautres concernent presque tous les lus car touchant la transparence et donc la bonne gestion ou la bonne gouvernance .

    Vous savez, la plupart des conflits naissent du fait que certains sont mal informs et dans toute affaire o il ny a pas transparence, il ne peut quy avoir des conflits (un lu de la commune de Say).

    Parfois, des tiraillements ncessitent la tenue dune session extraordinaire. On peut noter, pour exemple, la polmique propos dune vente de parcelle un tranger sur laquelle les lus taient en dsaccord. Certains taient pour la vente et, dautres contre. Il a fallu convoquer une session extraordinaire au cours de laquelle les opposants la vente lont emport.

    2.7. Les rapports avec les autorits coutumires Dans la bonne marche du processus de communalisation Say, le chef de canton

    semble occuper une place importante. Apprci de tous dans sa dynamique de mobilisation de la taxe municipale, il semble tre lhomme de la situation , dautant plus que la TM constitue une part importante du budget communal. Auparavant dnomme taxe darrondissement ou "jangal" en zarma et "alkachi" en hausa, cet impt a de tout temps (depuis lpoque coloniale)16 t correctement recouvr dans la zone. Actuellement, les autorits communales lient cette prestation au dynamisme du chef de canton (cf. rapport prcdent) quils appuient dans ses dplacements.

    Heureusement pour nous, nous avons un bon chef de canton qui se bat pour la commune. Je vous assure que si dans chaque commune on a un chef de canton comme lui, on dira chapeau ! (un lu MNSD).

    Le chef de canton est un acteur actif des sessions du conseil o il sige en qualit de membre de droit. En tant quintellectuel et de par ses expriences, il fait des propositions qui sont sagement coutes par le conseil. Pour ce qui est des chefs de village, les rapports semblent tre limits, voire inexistants. Ils nassistent pas aux sessions du conseil communal et se contentent juste de rcuprer la TM quils remettent au chef de canton.

    Nous ne participons pas aux runions du conseil communal ; mais le chef de canton nous convoque de temps en temps. Nous les suivons avec patience bien quil soit difficile que chacun soit fidle ses activits ou devoirs (un chef de village).

    2.8. Les rapports avec la prfecture et les services techniques Avec le prfet les rapports du conseil communal semblent tre au beau fixe mme si

    des lus reprochent au prfet son laxisme dans le traitement de certaines questions qui

    15 Voir le rapport an 2, sur le problme de fonage dun puits Doll.

    16 Cf. le rapport politique de 1904 du cercle fait par ladministrateur Lousteau.

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    relvent de ses comptences. Toutefois, les interactions sont facilites par les liens de parent qui existent entre le maire et le prfet (le maire est un grand-pre du prfet)17. Jeune politicien, le prfet semble du par ses attributions et se demande si rellement il reprsente lEtat car les moyens manquent dans lexercice de ses fonctions18.

    Du ct des services techniques de la commune, la collaboration avec la mairie savre sans encombres. Le maire, en cas de besoin, les sollicite et eux, leur tour, soumettent leurs fiches dopration au conseil pour dventuels financements. Toutefois, loption du conseil est de privilgier les services techniques susceptibles de permettre des rentres de fonds (comme lenvironnement) car "la mairie est une entreprise" daprs le secrtaire municipal. Les rapports avec les services techniques sont parfois des rapports dappui conseil. Ces services ont pour interlocuteur le prfet qui est leur suprieur hirarchique. En ralit, les rapports des services techniques avec la mairie varient dun service lautre et selon les comptences du service. Certains ont des rapports avec le conseil :

    Dans lexercice de nos fonctions, on na pas de rapports avec les lus mais plutt des avec le conseil travers la mairie (un agent du service du dveloppement communautaire).

    Dautres, en plus des rapports avec le conseil, sont approchs isolment par des lus : Jai reu quelques conseillers de manire isole, qui mont approch pour des dossiers de leurs localits (responsable du Gnie Rural de Say).

    Certains ont peu de rapports avec le conseil : Nous travaillons plus avec la prfecture. Je ne suis pas invit aux sessions du conseil. []. Notre service na pas particip llaboration du PDC et je ne connais pas le contenu de leur document (un mdecin du district sanitaire de Say).

    2.9. Le comit cantonal du PDLT : quelques petites incomprhensions grer19 Loprationnalit de ce comit est sujet diverses interprtations et confusions. En

    effet, pour certains acteurs, il a t dissout et remplac par un comit communal informel. En fait, le comit cantonal nexiste plus ; mais de manire formelle, il ny a pas de comit communal. Dans tous les cas, le PDLT tire vers sa fin. Comme on dit, quelque chose malheur est bon, car le PDLT tait confront des dysfonctionnements. Il narrivait pas fonctionner correctement parce quil navait pas les moyens de sa politique. Ils sont venus nous voir [4 maires de Say et 3 de Kollo o intervient le PDLT] et on leur a demand quel tait le blocage []. On stait vu Karey Gorou toute une journe, on a ngoci et heureusement les maires, en tout cas, ont fini par dbloquer la situation. Donc, ils taient obligs de travailler avec nous. Si tu es dans un trou et que je te sors de ce trou, je pense que le minimum cest de me reconnatre mon acte. []. Maintenant, tous les programmes du PDLT au niveau de nos communes, ils nous tlphonent ou ils viennent nous voir, mais de manire tacite car de faon formelle, il nest pas crit quil ny a plus de comit cantonal (le maire de la commune de Say).

    Si le PDLT a choisi, depuis la mise en place de la commune, dimpliquer les lus dans ses actions, cette situation semble contenter les maires qui ne manqueraient pas duser de cette situation pour investir les actions du projet.

    Avec le PDLT, sil sagit damener du matriel dans ma zone ou des semences par exemple, ils les stockent chez moi. Cest moi de dire aux secrtaires et prsidents de la zone que voil ce qui est arriv du PDLT, donc on est trs impliqu de ce ct. Cest du ct du PAC seulement quon ne sentend pas sur a. []. Le PDLT doit nous associer

    17 Il sagit de la conception africaine des liens de parent o ces liens peuvent exister par alliance ; entre un petit-

    fils et un grand-pre, les rapports sont plaisanterie. 18

    Il sagit des propos recueillis lors dune discussion avec le maire, le prfet et le SG de la commune II de Niamey. 19

    Voir aussi le rapport Gueladio an 3.

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    parce que nous connaissons les voies suivre pour bien faire les ralisations. Sans nous, les populations vont les truander seulement, surtout du ct des crdits (un lu de la commune).

    Est-ce la faon la meilleure pour mener bien les activits ? Ne sagit-il pas, pour le PDLT, dune certaine drive qui les amne faire des lus des acteurs incontournables dans leur entreprise. Le PDLT ne risque-t-il pas de voir ses actions dtournes des fins privs ou politiques ?

    En outre, le PDLT est interpell pour manque dactions concrtes et le conseil estime quil ne sagit plus de faire du bruit mais de matrialiser.

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    3. La grappe de Kohan

    Nous parlons de la grappe de Kohan, compte tenu des interactions fortes qui existent avec les autres villages et des actions communes. Rappelons que la grappe de Kohan est un dcoupage opr par le PGRN20 et reconduit par le PAC et, qui regroupe six villages : Kohan Garantch, Kohan Kurtr, Kohan Abdoulaye, Zokotti, Doguel Kaina, Youri Soulank. Ce regroupement permet au PAC de mettre en place un comit de grappe charg de transmettre les demandes des villages. Comme dj prcis dans les rapports prcdents, rappelons que Kohan est divis en quatre villages dont un est rattach la commune de Kollo. Cette situation nest pas sans crer des problmes quand on sait que, par exemple, pour les soins de sant, les habitants de Youri Soulank (rattach Say) sont censs se rendre Kohan Garantch alors que Youri (Kollo) leur est beaucoup plus proche et facile daccs21. A propos de la gestion de la borne fontaine appartenant la grappe, le village de Kohan Lamord se sent cart car appartenant la commune de Kollo. De ce fait, pour certains acteurs, la communalisation consiste en une sorte disolement et de sgrgation . Pour pallier ce cantonnement, Youri Soulank (rattach Say) et Youri (Kollo) ont mis en place une stratgie consistant mettre comme prsident du Coges du CSI de Youri (Kollo) le fils du chef de village de Youri (Say). Cette situation facilite laccs ce centre de sant pour les gens de Youri Soulank (Say).

    On stait dit que la sant na pas de frontire. On a dcid que tous les villages proches de ce centre de sant doivent sunir pour mieux le grer. Kohan est trs loin pour nous par rapport ce centre (un fils du chef de village de Youri Soulank et prsident du Coges du CSI de Youri Kollo).

    3.1. Le personnel politique La grappe de Kohan compte deux lus dont lun est du MNSD et rside Doguel

    Kaina, tandis que le second est de lANDP et rside Niamey (il est natif de Kohan Garantch). Llu du MNSD : du courtage aussi pour des intrts privs ?

    Llu MNSD, Idrissa Issaka, est un entrepreneur non scolaris. Transhumant politique, il tait dabord lANDP puis au RDP quil quitta suite aux lections annules de 1999 pour rejoindre le MNSD. Il est g de 46 ans. Ses actions dans la zone, spcifiquement au niveau de Doguel Kaina, sont reconnues de tous les villageois. En effet, il a pu obtenir des Arabes22 le financement dune mdersa, dune mosque et dun puits. Ce courtier a cr une entreprise (en btiments) de troisime catgorie et il ralise lui-mme les ouvrages pour lesquels il a obtenu des financements. Il signale :

    Ce nest mme pas la mairie. Jai eu un puits, deux classes de mdersa et une mosque. []. Jai fini le puits et la mdersa et la mosque est en construction.

    Il continue dans la recherche de fonds pour des investissements communaux et cette fois-ci, dit-il :

    Avec des Arabes et pour le compte de la mairie, je cherche un chteau.

    20 Le PGRN avait cr des Communauts Rurales (CR) et le PAC les a transformes en grappes en conservant la

    mme structuration. Le PAC ne travaille quavec les grappes et de ce fait il nintervient pas dans la commune urbaine de Say qui ne fait partie daucune grappe. Ainsi, entre le PAC et le conseil municipal, les rapports sont quasi-inexistants. 21

    Tel est aussi le cas de Kohan Lamord, rattach Kollo et qui est beaucoup plus proche de Kohan Garantch. 22

    Des Egyptiens semble-t-il.

  • 19

    La cote des partis politique (du MNSD surtout) est en chute auprs de beaucoup dlecteurs, suite aux nombreuses fausses promesses. Le conseiller MNSD sinvestit surtout pour son village (Doguel Kaina)23, mme si les autres villages de la grappe bnficient aussi de ses prestations, cependant loin dtre aussi importantes que celles reues par son village. On peut signaler le poste tlviseur quil a offert Kohan Garantch et quelques menus cadeaux (sucre) quil distribue dans les autres villages en priode de ramadan. Pour une interlocutrice,

    Id (surnom du conseiller) est trop patient. Il donne beaucoup. Cet lu est membre de la commission finances charge de lattribution des marchs

    publics et sa position peut tre un atout pour gagner des offres de march de la commune. Comment la commune pourra-t-elle contrecarrer une monopolisation interne des marchs publics ? Le temps nous difiera ! Llu ANDP : courtier distance

    Le second lu de la grappe est de lANDP et est aussi courtier sa faon. Prsident de la commission finances, il rside Niamey. Les villageois de Kohan Garantch lui reconnaissent la paternit de la mosque et du Collge dEnseignement Gnral (CEG). En plus, il offre de menus cadeaux pour usage collectif (lampe tempte pour la mosque, des radios pour des groupes de jeunes). Mme sil ne fait pas le poids devant llu du MNSD, il est aussi apprci dans son village.

    Grce au conseiller ANDP, on a eu la mosque, le conseiller nous paye des lampes tempte et il nous rapporte des nouvelles. De Niamey il a amen un poste radio pour les jeunes et une batterie []. Le conseiller MNSD a achet un poste tlviseur pour le village (D.A. marabout Kohan Garantch).

    Son parti ne disposant pas dassez de poids sur lchiquier national, ses actions de courtage risquent dtre limites contrairement llu du MNSD qui est conomiquement et politiquement plus puissant.

    3.2. Les citoyens et la commune : quelles apprciations ? Du cot des citoyens, lattitude vis--vis de la commune est plutt mitige. Certains

    sestiment satisfaits du fait que les dmarches administratives leur sont facilites car ils nont pas besoin daller loin. Cependant, pour dautres, les attentes sont loin dtre satisfaites surtout si lon tient compte des promesses faites lors des campagnes par les partis politiques, en particulier par le MNSD au pouvoir.

    Le MNSD nous a beaucoup menti. Ils nous ont promis dlectrifier le village, de nous construire une route et de nous mettre des bornes fontaines (un marabout Kohan Garantch).

    Depuis la mise en place de la commune, certains disent navoir peru aucun changement.

    Le maire et les conseillers nont rien fait pour nous, jusquici (leveur Kohan Lamord).

    Certains acceptent la communalisation par pure contrainte, comme tant une dcision tatique et donc irrfutable. Dautres lacceptent avec lespoir dun dveloppement local qui leur profitera. Daucuns estiment quil est trop tt pour juger car le processus est seulement amorc et quil faudrait du temps pour lassimiler.

    23 Son vhicule sert dambulance et il est disponible toute heure pour vacuer les malades (sans frais).

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    3.3. Les ressortissants dans le processus de communalisation Les associations des ressortissants, mmes si elles existent, ne sont pas encore

    engages dans des actions pour la commune24 . Pour ce qui est des associations de ressortissants, nous avons eu parler de a depuis lanne passe. Nous leur avons lanc un appel pour quils viennent en aide la commune. Que ce soit ceux de ltranger ou ceux de lintrieur du pays. Nous en avons un peu partout dans les rgions du Niger. Mais jusquici, nous navons rien eu (un lu de la commune).

    Cependant, des actions isoles et individuelles sont faites par des particuliers. Il y a quelques individualits qui nous aident. Avant-hier seulement, on a eu un don de mdicaments hauteur de 9 millions de la part d'un ressortissant qui a une pouse anglaise. Sa femme, travers ses parents, ils nous ont achet des mdicaments dernier cri que mme les mdecins nont jamais vu (le maire de la commune).

    Ce don de mdicaments est luvre de lpouse dun ressortissant de Youri (Kollo). Mais la force de lamiti ayant jou (il est ami au premier adjoint au maire), la commune a pu en bnficier. Ce don, estim 9.700.000 FCFA provient dun volet britannique daide appel Djeuner britannique . Des promesses ont t faites par cette mme dame pour du matriel informatique et divers.

    Certains politiciens font des actions isoles et non-communautaires, car ils profitent des crmonies (mariages, baptme, dcs) pour faire talage de leurs largesses. Les villageois semblent apprcier ce clientlisme qui leur permet de revoir leurs leaders et de bnficier de quelques trennes.

    3.4. Gestion de la borne fontaine de la grappe : un intrt communautaire contest et une participation fminine prcaire

    La borne fontaine de Kohan Garantch, existant au nom des 6 villages de la grappe, est gre par un comit dont les membres sont Kohan Garantch. Largent sert payer la vendeuse et le gardien du CSI. Toutefois, cette gestion cense tre collective (chaque village a un reprsentant) semble revenir au seul village de Kohan Garantch car les autres villages nassistent pas aux runions et ne profitent pas non plus de la borne du village sauf sils se rendent au CSI. Cette borne fontaine (celle du village car il y en a une autre au niveau du CSI mais toutes les deux sont alimentes par les mmes panneaux solaires) semble faire objet de conflit, en particulier entre les femmes de Kohan Garantch et celles de Kohan Abdoulaye (qui est le plus proche village). Ces dernires ont dcid de ne plus sapprovisionner au niveau de Kohan Garantch pour viter les bagarres.

    La borne fontaine appartient nous tous. Mais par la suite, nous avons dcid de la leur laisser parce quelle cre des problmes entre nous. cause de ces bagarres, nous prfrons puiser notre eau au niveau des puits (la prsidente des femmes Kohan Abdoulaye).

    Les autres villages sont assez loigns et il nest donc pas facile aux femmes de venir prendre de leau Kohan Garantch. Les reprsentants disent ne pas tre convis aux runions, et cet argument justifie leur absence. Le commissaire aux comptes tant de Kohan Abdoulaye, il sest plaint auprs de son chef de village de navoir pas t convi, mme lors de lavant-dernire runion sur la gestion de la borne fontaine.

    Il na pas t inform, do une violation des principes et dans largent gagn, la fontainire et le gardien ont t pays et lautre partie de la somme a t dpense (le chef de village de Kohan Abdoulaye).

    24 Il est tout de mme fait tat dune association de ressortissants de Dokimana qui a envoy des mdicaments

    dans le village.

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    Certains villages, comme Kohan Kurtr, taient au courant de la runion mais nont pu assister par contrainte.

    Nous avons t convis la runion mais nous avons eu des trangers et nous avons dit au comit de tenir la runion sans la prsence de nos reprsentants (le chef de village de Kohan Kurtr) .

    Cette association en grappe des villages ne remplit pas pleinement son objectif car une certaine marginalisation sopre et biaise ainsi la coopration recherche. Le PAC fait face des mcontentements car la rpartition des investissements ne satisfait pas tous les villages.

    Mme au niveau de lattribution des classes, il y a eu un problme. Le PAC avait propos de construire 3 classes et il y a 6 villages pour la rpartition et ils ont constat quil y a problme et ils ont augment le nombre de classes pour en faire 6 afin que chaque village puisse bnficier d1 classe. Malgr tout, lors de la rpartition certains villages ont t dfavoriss car nous avons eu 2 classes, Kohan Garantch 2 classes, Zokotti 1 classe et Youri 1 classe. Les autres qui nont pas eu ont manifest leur mcontentement. Et mme au niveau des puits, les mmes problmes staient poss (un cultivateur Kohan Kurtr).

    En somme : Le fait quon dise que la borne fontaine appartient nos six villages nest pas une ralit absolue car cette ralit nexiste que sur papier (le chef de village de Kohan Kurtr).

    La runion du 09-10-06 sur la gestion de la borne fontaine

    Cette runion dont lordre du jour tait la gestion de la borne fontaine a eu lieu ct de la pompe, devant (en face) de la maison du chef de village. Comme mentionn ci-dessus, six villages taient concerns, mais aucun des cinq autres ne sest prsent. La prsence cette rencontre est majoritairement masculine. Les femmes sont plus proccupes prendre leau qu la runion. Cette runion est mensuelle et permet de comptabiliser les recettes et les dpenses. Les femmes sont tenues lcart de largent qui nest mani que par les hommes. Elles semblent seulement tre des observateurs et dailleurs, au dbut, il ny en avait que deux, la prsidente du groupement weyborey ma zada (littralement : Que les femmes voluent) qui a particip un voyage dtude et la prsidente dun autre groupement. Notons que cette rencontre sert de cadre pour des dbats, exposs et rglements de comptes publics. Mme si le public nest pas vraiment au rendez-vous (surtout du ct des femmes), la femme ayant effectu un voyage dtude (financ par le PAC) dans le dpartement dAgadez, en vue de voir les expriences et pratique des femmes dans un but de dveloppement local, expose le droulement de la mission, sur demande du SG de la grappe. En plus, cet espace public semble tre un lieu de revendications. La femme ayant pris part au voyage revendique le mme droit que celles dAgadez, savoir une plus grande libert pour pouvoir faire des activits plus diversifies. Le dbat avec les hommes nest pas concluant pour les femmes.

    Ensuite la runion aborde son ordre du jour. Le SG de la grappe prsente les recettes qui se chiffraient pour septembre 41.450 FCFA (les salaires du gardien et de la fontainire ayant t pays). Il est dplor la baisse des recettes par rapport au mois daot. Les raisons avances sont lies leau du fleuve devenue non-boueuse en ce mois : les femmes prfrent se rendre au fleuve plutt que de payer la pompe. Il est aussi fait allusion au manque de moyens des femmes qui, parfois, nont mme pas les 5 FFCA ncessaires pour avoir un seau deau la pompe.

    Pendant que les hommes discutent de la faon la meilleure pour augmenter les recettes et de contrler le gaspillage de leau (du fait que les femmes viennent laver leurs rcipients la pompe), les femmes (il ny a que trois qui sont prsentes) discutent de la stigmatisation du mtier de vendeuse deau. La mre de celle qui a expos son voyage dtude a t fontainire et sa fille dit la fontainire actuelle : H, tout ce que tu es en train de vivre, ma mre la vcu avant toi. Elle a t surnomme goro gouday zo ( la boule de cola) parce que les femmes laccusaient dchanger leau contre de la cola, tout a pour ternir son nom. Kala ma hin suuru (tu dois te patienter) .

    On appelle la fontainire qui vaque ses occupations, pour linformer (ainsi que le gardien du CSI prsent la runion) de la dcision de rduire son salaire du fait du manque de recettes. Ils acceptent difficilement cette rduction. Les femmes discutent dun ct et les hommes sont plus occups parler de la gestion de la comptabilit.

    Si la gestion de la borne fontaine incombe aux six villages de la grappe, largent encaiss sert aussi financer des quotes-parts exiges par des projets pour la ralisation douvrages. Ainsi, par

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    exemple, pour la construction du CSI, des classes et de deux puits, largent de la borne fontaine a servi pour la contribution collective (cependant, nous navons pu savoir o les puits et les classes avaient t raliss).

    La runion prend fin et le SG fixe un RDV pour le mois prochain.

    Le terrain sur lequel est installe la borne fontaine fait lobjet de revendication de la part dune dame qui nhsite la ritrer lors de la runion, de faon vive. Le SG voulant calmer le jeu lui fait savoir quelle se donne en spectacle et quelle offre une mauvaise image du village devant des trangers (nous qui faisions lobservation). Elle prtend que le terrain appartient son grand-pre et quelle doit avoir droit des avantages au niveau de la borne fontaine. Selon la prsidente dun groupement prsente la runion,

    La dame25 qui rclame le terrain est une folle. Comme le site appartient ses grands-parents, elle le revendique toujours. Personnellement je fais partie de la ligne qui doit hriter du terrain. Imaginez un instant les autres terrains sur lesquels on a construit des difices publics comme les coles, le dispensaire, etc. qui ont des propritaires mais aucun dentre eux na rclam le terrain (Bibata Mamoudou, prsidente des femmes Kohan Garantch).

    3.5. La gestion de laide alimentaire Le dpartement de Say, class comme non dficitaire, du fait que les amnagements

    hydro-agricoles permettent davoir deux rcoltes annuelles, na pas bnfici de beaucoup de dons alimentaires. Ainsi,

    Certes, nous avons eu de laide mais pas comme les autres rgions. Pour lavoir, nous sommes alls avec le maire trois reprises au cabinet du Premier ministre (un lu de la commune).

    Pour le maire : On na pas pu avoir laide, comme lEtat veut toujours dire quil ny a pas de crise alimentaire Say. Ce qui nest pas vrai. Lanne dernire, quand on a eu quelques dons pour la vente prix modre et quelques dons gratuits, on a cre un comit local dans lequel le maire tait prsident, un gendarme tait vice-prsident et comme membres, nous avons pris les deux groupes de partis politiques. On a aussi mis les FNIS, les chefs traditionnels, le service de lagriculture, les associations fminines, la jeunesse, lANDDH.

    Des projets de dveloppement sont venus en aide quelques villages grce lintervention de certains lus qui ont men des ngociations. Cette stratgie des lus leur servira aussi de stratgie politico-clientliste.

    L, le maire a t coriace. Il a fait ses propres dmarches. Mais moi, avant lui, jai aussi fait mes dmarches dans 4 villages et jai eu un projet qui ma paul avec 60 tonnes quon a vendu au niveau de Dokimana, Katkwara, Kar et Boga. Ctait le PAM et la FAO qui nous ont beaucoup aids (le second adjoint au maire).

    Les dons des particuliers ont aussi circul dans la commune. On fait surtout rfrence des Arabes dont certains ont distribu des vivres dans les mosques. Dans les villages, la distribution a t supervise par des lus et les chefs de village. A Kohan Garantch, pour 2006, seuls 2 sacs de riz ont t donns. Le fils du chef de village, ayant financ lacheminement de ces sacs, le chef sest vu oblig de les revendre afin de rembourser largent utilis. Le reste a t mis dans une caisse pour des besoins collectifs, semble-t-il. En somme, dans les autres Kohan, laide tait drisoire et la vente prix modr en petite quantit aussi. Dans certains villages, le prix du transport concurrenait celui des sacs, les villages ont prfr ne pas aller Say les chercher. Comment au niveau des villages grer des quantits insignifiantes ?

    25 Nous navons pas pu faire un entretien avec la dame en question qui stait absente.

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    Ce quon apporte, on ne peut pas qualifier a daide alimentaire, car imaginez 2 sacs de 50 kg pour chaque village ! Ici, on a partag a avec une louche pour que chacun puise en avoir de faon symbolique (un fils du chef de village de Youri Soulank).

    Selon le cheikh de Kohan Garantch : Les gens ont rflchi et se sont mis daccord pour vendre les 2 sacs reus dans le village et rparer un puits avec largent car le partage de ces 2 sacs crera des problmes.

    3.6. Lentrepreneur accus et quelques prmices dinnovation Dans la grappe de Kohan, les marchs publics de construction de classes finances par

    le PAC ont t confis un entrepreneur rsidant Doguel Kaina26. Partisan du MNSD, il est conseiller au sein du bureau rgional des jeunes du parti. Dans les villages o la ralisation des salles de cours lui a t confie, lavis le plus rpandu (dailleurs le seul que nous avons recueilli) fait ressortir son indlicatesse. Ses actions ont touch les villages de Kohan Garantch, de Kohan Kurtr et de Youri. Chose surprenante, dans tous ces villages, il a eu difier des classes qui se sont effondres avant la finition. Il a d refaire ces constructions. Lui-mme a qualifi de normal lcroulement des classes en accusant la violence du vent et le fait que les ouvriers navaient pas mis en place les fers quil fallait. Cependant, du ct des acteurs bnficiaires, dans tous ces villages, le mauvais travail de lentrepreneur a t voqu.

    A Kohan Garantch : Les briques, on dirait quil les a bricoles (un enseignant de Kohan Garantch).

    A Kohan Kurtr : On ne peut mme pas parler de qualit pour le travail fait ! Pour la confection des briques, les maons utilisaient cinq six brouettes pour un seul sac de ciment (un enseignant de Kohan Kurtr).

    A Youri Soulank : Wallahi, il ne fait pas du bon travail. Il fallait aller voir les classes (un fils du chef de village de Youri Soulank).

    Pour le maire de la commune, le problme avec les entrepreneurs demeure la corruption. En effet, si un entrepreneur arrive gagner un appel doffre, une partie de largent sert corrompre la commission dattribution des marchs et le restant ne peut permettre de faire un travail de qualit et davoir des bnfices en sus. Le maire dplore le fait que ces marchs soient octroys sans, au pralable, consulter les lus. Actuellement, toutes ces classes finances par le PAC ont t officiellement rceptionnes. Cependant, la qualit reste encore douteuse et des occupants redoutent un effondrement. Le manque de suivi des travaux par le PAC est galement fustig par les acteurs locaux. Comment cet entrepreneur arrive-t-il avoir les marchs du PAC ? Pourquoi est-ce que le PAC ne ragit pas?

    Le village de Kohan Lamord face aux problmes intervenus dans les autres villages a pris des mesures innovantes visant contrecarrer ce genre de duperie. Les villageois ont dlgu un habitant pour superviser les travaux des entrepreneurs. Cette personne est considre comme veille (car ayant beaucoup voyag) et comme connaissant les normes de la maonnerie.

    Joccupe un poste de dirigeant. Par exemple si lon veut construire un btiment dans ce village et que les maons ne font pas bien leur travail, je peux intervenir. Par exemple au niveau des briques, il est recommand dutiliser pour chaque sac de ciment 2 brouettes remplies de sable fin et si le maon veut outrepasser ces mesures, je peux lui ordonner darrter le travail (un homme de Kohan Lamord).

    26 Il est le vice-prsident rgional des jeunes du MNSD et supplant du conseiller des jeunes (James).

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    Toutefois, respecter de telles exigences semble un pari intenable et parfois le dlgu est oblig de laisser faire. Pour la construction de la mosque du village, le ciment risquant de ne pas suffire, il a d autoriser les maons mettre moins de ciment quil nen fallait. A Kohan Kurtr, le directeur de lcole a essay, sur initiative propre, une dmarche similaire ; mais il na pu aller jusquau bout car lentrepreneur est venu le voir :

    Il ma dit : tu ne vas pas commencer me mettre les battons dans les roues avec le petit travail que je fais (un enseignant de Kohan Kurtr).

    Cependant, que peut un villageois (mme sil parle au nom du village) ou un jeune enseignant contractuel face un entrepreneur riche et politiquement influent (membre du bureau rgional des jeunes du MNSD) ? Peut-on prendre des mesures et les faire respecter la lettre dans une socit o la ngociation et la force des liens sociaux brisent tout respect des normes ? Daucuns estiment que la faute revient aux bailleurs qui noprent aucun suivi des ouvrages raliss.

    3.7. La grappe et ses CEG politiss La grappe de Kohan dispose actuellement de deux Collges dEnseignement Gnral

    (CEG) dont lun Doguel Kaina et lautre Kohan Garantch. Crs la mme anne, ces tablissements le sont sur base dappui politique car ils sont sollicits par les lus de la grappe. Llu MNSD en a bnfici pour son village et llu ANDP aussi. Cet engagement politique et partisan brise les normes de la cration dtablissement qui prconisent un minimum de 5 km entre deux tablissements secondaires. Or, entre les 2 villages, la distance ne dpasse pas les 3 km.

    Vous savez, comme cest la politique, cest facile den avoir (un enseignant de Doguel Kaina).

    Mme si des habitants de Kohan estiment que cest au niveau de leur village que devait se faire le collge car ils sont le plus gros village, lopinion est autre Doguel Kaina. A Kohan, lautre collge est qualifi de non officiel et on estime quil sagit dun dtournement opr par le conseiller de Doguel Kaina et que, net t la perspicacit de leur lu, ils nauraient eux-mmes pas de CEG. Au niveau de Doguel Kaina, les raisons invoques sont que le village est le centre o les lves de la grappe viennent se prsenter aux examens. Pour le conseiller de Doguel Kaina :

    Cest au niveau des autorits que a cest pass puisque nous, nous avons demand un collge et notre demande a t agre ; aprs, nous avons appris que Kohan a eu aussi un collge (le conseiller de Doguel Kaina).

    Quoi quil en soit, ces tablissements nont pas encore reu de financements (ni de lEtat, ni des bailleurs de fonds) pour la construction en dur de salles de cours, et la course au courtage et la recherche de fonds nest pas termine pour ces lus. Le tout nest pas de crer des coles, mais il faudrait aussi pouvoir construire les salles de cours et doter ltablissement denseignants et de matriels didactiques en quantit et qualit.

    3.8. Larne de Kohan Garantch et son cheikh : une contestation latente ? Refusant toute participation politique et partisane, le cheikh, dont le seul parti

    dappartenance, dit-il, est le parti de Dieu, se trouve confront une sorte de dsaveu qui ne dit pas son nom. Cest un matre spirituel incontest, et la seule mosque du village se trouve sa porte. Mais certains villageois se disent excds par son attitude "royale". Pendant le mois de Ramadan (nous tions Kohan), des fidles faisaient la prire de Icha et de Acham en apart. Si limam doit attendre le cheikh (qui vient la plupart du temps en retard) avant de commencer la prire, eux disent quils ont affaire une nouvelle diina (religion) et quil

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    faut changer les attitudes du cheikh. En effet, en Islam, limam doit commencer la prire ds quil rentre la mosque et ne doit attendre aucun autre fidle. Personne nosant parler au cheikh en face, on se contente de le faire en sourdine27.

    Au plan politique, le cheikh dit ne pas se mler de la politique locale et navoir aucun lien avec les lus :

    La politique ne me regarde pas. Ma politique se limite la lecture du Coran et aux prches. []. Je nadhre aucun parti politique. Je ne participe pas leurs runions. Les sels et sucres quils distribuent aux gens, je ne les ai jamais accepts et mme si on me donne, je refuse de prendre. []. Je nai aucune notion sur les communes (le Cheikh de Kohan Garantch).

    27 Une fois, un de nos interlocuteurs, sachant que la fille du cheikh tait ct, stait mis voquer le problme

    haute voix. Nayant pu supporter les critiques lencontre de son pre, elle a fondu en larmes en disant que si son pre prenait en compte tout ce qui est dit sur lui dans le village, il nallait plus se mler des affaires de Kohan.

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    4. Les femmes dans larne locale

    4.1. Femmes et politique locale : des problmes dus la participation ? Les femmes maries semblent ne pas avoir de problmes avec leurs poux cause de

    leur participation aux runions et crmonies politiques. Les maris disent tre consentants et ne voient pas dinconvnients ce que leurs pouses assistent des manifestations publiques. Cependant, tel nest pas le cas de toutes les jeunes filles qui, parfois, ont recours lintermdiation des big men politiques locaux auprs de leurs parents pour des sorties hors du village. Toutefois, certaines femmes, par pure conviction religieuse, nassistent pas aux meetings. La femme du cheikh

    Toutes les femmes avec lesquelles nous avons discut disent navoir aucun problme avec leurs poux cause de leur participation aux meetings ou aux runions, mme si tel nest pas le cas de lpouse du cheikh28. En effet, ce dernier naccepte pas que son pouse assiste ou participe des runions publiques (des partis politiques, des projets ou autres).

    En vrit, je ny participe pas. Ils ont lhabitude de demander que je vienne mais le cheikh ne mautorise pas y aller. Je nai jamais particip aux runions des partis, jamais de ma vie. Mme pour les projets, il a refus. Il naccepte pas que je circule (lpouse du cheikh).

    De mme, ses filles ne saffichent pas publiquement et ne voyagent presque jamais29. Nanmoins la femme du cheikh, de par son influence religieuse, est convie lextrieur (par les ressortissants de son village) pour rgler des problmes conjugaux. "Courtire matrimoniale", elle dit :

    Si un couple ne sentend pas, on vient me dire et je vais les rconcilier. []. Mme entre deux femmes je fais des rconciliations. Une fois jai t convie au Togo, dans une ville quon appelle Bana, pour rgler des histoires de mariages entre des poux qui sont des parents moi. Jai d rgler pour dautres aussi qui ne sont pas des parents. Jai pass deux jours en train de chasser les feux et les dmons qui craient les msententes (lpouse du cheikh).

    4.2. Femmes et communalisation Il va sans dire que beaucoup de femmes ne connaissent ou ne matrisent pas les enjeux

    de la communalisation. Nouvelle donne, la commune est parfois comprise comme de la politique et tout ce qui est politique nest pas prendre au srieux. Certaines ont pens que :

    I go ga ir halli no (ils nous trompent), parce que lors des campagnes, ils nous font des promesses au cas o nous les soutiendrions. Ils disent que i ga bena zumandi iri se (ils vont nous faire descendre le ciel) et une fois lus, on ne les voit plus (une femme du village de Zokotti).

    Leur comprhension de la communalisation semble trs limite. Les sances de restitution que les lus disent mener auprs des femmes, dans les villages, lors des rencontres organises par CARE, ne semblent pas toucher plusieurs villages car dans aucun des villages o nous avons t, il nest fait mention de cette initiative. La communalisation semble tre le dernier de leur souci et elles se sentent trs peu concernes. Il ny a pas de perspectives de

    28 Voir sa biographie complte dans le rapport de lenqute de rfrence.

    29 Nous avons log dans la maison contigu celle dune de ses filles (marie avec 3 enfants). Pendant notre

    sjour, elle a t Kollo et quel ne fut pas son merveillement de dcouvrir cette ville, car elle navait jamais quitt Kohan.

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    dveloppement local, juste un besoin de dveloppement individuel travers les micro-crdits. Selon la prsidente dun groupement de Kohan Lamord,

    Quest-ce qui peut amener une femme connatre ce quest une commune (une matrone et prsidente de groupement Kohan Lamord).

    Quant aux changements induits par la mise en place de la nouvelle commune, pour certaines femmes :

    Depuis la mise en place des lus, il ny a eu aucun changement, nous demeurons toujours les mmes (la prsidente dun groupement de femmes Kohan Lamord).

    Elles affirment aussi ne pas profiter de la communalisation et semblent frustres : Wallahi, les femmes quand mme nont pas profit. Seulement, lors des campagnes, nous avons eu une femme qui est venue de Say, je ne connais pas son nom, et elle nous a demand de la soutenir. Elle nous a donn 6 voiles alors que nous dpassions une centaine (la prsidente dun groupement de femmes Kohan Kurtr).

    4.3. Une lue pour Kohan Lamord Originaire de Kohan Lamord, llue de la commune de Kollo, rpondant au nom de

    Assata Moumouni, a bnfici du soutien des villageois (surtout des femmes, semble-t-il) pour tre lue. Reconnaissante du soutien, elle a obtenu loctroi dun crdit par le Programme spcial du Prsident de la Rpublique pour les femmes de son village. La stratgie politique des villageois a t que deux frres (du mme pre et de la mme mre) soient pour lun, prsident du MNSD local et pour lautre prsident du PNDS pour bnficier des cadeaux des partis politiques30. Tout de mme tous prtendent voter pour le MNSD.

    On sest dit une chose : quiconque peut apporter des ressources il faut laccepter puisquon ne peut rejeter un profit (un membre du bureau politique local du PNDS).

    Mme si les habitants de Kohan Lamord semblent satisfaits de la fille du terroir , une amertume existe contre son parti le MNSD qui est au pouvoir. Beaucoup de fausses promesses et de surcrot :

    Nous avons battu campagne et vot en leur faveur et maintenant, mme si tu les salues, ils te regardent comme si tu tadressais une chvre qui ne peut te rpondre (un membre du bureau politique local du PNDS)

    Cette vision est partage dans tous les villages, o il est affirm que les politiciens ne sont gentils et disponibles avec les paysans que quand ils cherchent llectorat. Passe cette priode, ils sont, pour la plupart dentre-eux, fuyants et rebutants.

    4.4. Femmes et (re)mariages Mme si les mariages forcs ont exist, ils ne sont plus dactualit et les parents sont

    contraints de cautionner le choix de leurs prognitures. De plus, les filles se marient de moins en moins en bas ge. Pour certaines dscolarises ayant vcu en ville, il est hors de question de se marier au village mme si les parents lexigent. Quoique les divorces ne soient pas trop frquents, les femmes divorces avec enfant et les filles mres font objet dune stigmatisation masculine du fait que le ou les enfants peuvent gner la vie de couple en cas dventuel mariage. Aussi, certaines redoutent-elles de se (re)marier pour que leur(s) enfant(s) ne soi(en)t pas maltrait(s).

    Les hommes disent dune femme divorce ayant un enfant, ils disent de lenfant "Tamou kuna tondi izo" (littralement = le petit caillou du fond de la chaussure). Moi je me suis dit quaucun homme ne dira a de mon enfant (une divorce, Kohan Garantch).

    30 Similaire stratgie a t observe Namaro (voir rapport de suivi An 2)

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    Pour les divorces qui se remarient, dans un foyer polygame, une crmonie appele le martchand est organise. Elle consiste convier les femmes la nuit et organiser une danse o il y aura du noruu say (les pices de monnaie ou les billets de banque quon colle au front des danseurs). Largent gagn est distribu entre les femmes ayant assist la danse. Mme celles venues des villages voisins recevront leur part. Ainsi, le martchand constitue aussi un espace de sociabilit fminine o les divergences sont enterres31.

    4.5. Femmes et hritage foncier32 Si au niveau des trois Kohan (Garantch, Abdoulaye, Kurtr), les femmes ont droit

    lhritage foncier, tel nest pas le cas au niveau de Kohan Lamord. En effet, faisant fi des prceptes islamiques et sous linfluence implicite des Peulhs de Bitinkodji, les femmes nont pas le droit la terre.

    Wallahi, ce nest pas le Coran qui linterdit mais tout simplement on a trouv la situation telle et on ne va pas la changer (un habitant de Kohan Lamord).

    Dans les villages o la femme a droit lhritage foncier, elle na pas le droit de vente sans lavis de ses frres ou oncles.

    4.6. Femmes et cultures : le "salariat" agraire A Kohan Lamord, Kohan Kurtr et Youri Soulank, la rcolte du mil incombe aux

    femmes. Il sagit en effet dune forme de salariat qui ne dit pas son nom car les femmes sont rmunres en nature. Pour chaque botte de mil coupe, la femme a droit cinq pis de mil en dehors de la mesure du mil quon lui donne pour son djeuner. Cependant, selon lopinion la plus rpandue, cette pratique est hrite de la " tradition" peule et les femmes peules ne la font que dans les champs de leurs maris ou de leurs parents proches.

    Nous avons trouv nos grands-parents faire cette pratique. Les hommes cultivent et ils laissent la rcolte aux femmes. Nous rcoltons et eux ils entassent, rangent et placent dans les greniers (la prsidente des femmes Kohan Lamord).

    Le village Kohan Lamord appel aussi "Gah" (cette expression signifie, en peul, campement o les animaux se rassemblent avant daller pturer) semble tre la bte noire des agriculteurs des villages environnants cause des ravages effectus par les animaux de ce village. La plupart du temps, les dgts se rglent lamiable mme si des cas de "a yandi" (en zarma, signifie payer pour les dgts causs par ses animaux) ne sont pas inexistants33. Toutefois, les plu