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DEVELOPPEMENT AGRO - SYLVO - PASTORAL ET ÉCONOMIQUE DE FIZI - Analyse des besoins prioritaires et pistes de solution - Analyse stratégique des opportunités d’affaires Wilondja Matayabo Ancien agronome à l’Inspection Territoriale de l’Agriculture de Fizi Février 2009 Québec, Canada

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DEVELOPPEMENT AGRO - SYLVO - PASTORAL ET

ÉCONOMIQUE DE FIZI

- Analyse des besoins prioritaires et pistes de solution

- Analyse stratégique des opportunités d’affaires

Wilondja Matayabo

Ancien agronome à l’Inspection Territoriale de l’Agriculture de Fizi

Février 2009

Québec, Canada

1. Table des matières

2. Introduction………………………………………..…………………………........23. Présentation de la situation………………………………………………………

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3.1. Situation géographique et potentialités agricoles…………................ ….2

3.2. Activités agricoles et pastorales selon les climats…..............................3

4. Évaluation des besoins prioritaires et pistes de solution……..…………..4

4.1. Besoins en produits agricoles et d’élevage de consommation.……........4

4.2. Besoin en main d’œuvre agricole qualifiée…………………………..……….5

4.3. Besoin de trouver le financement des projets………….…………...……….6

5. Mesures d’accompagnement…………...…..…….…..………………………...6

5.1. Instauration de la vulgarisation agricole et de la formation continue....6

5.2. Redynamisation de l’administration agricole…………...…..….……..........7

5.3. Reforme agraire et organisation du travail agricole…………………….…..7

5.4. Développement des voies de desserte agricole et désenclavement….....8

5.5. Instauration de la statistique agricole………………….……………………...9

5.6. Création d’un fond spécial 1$ pour le développement de Fizi..………….9

5.7. Organisation des campagnes de changement des mentalités……...…....9

6. Analyse stratégique............................................................................10

6.1. Forces et Faiblesses……………………...........................….……….……...10

6.2. Risques et Opportunités…………………………………………………..….…11

7. Planification des activités………………………………...………………..…...12

7.1. Activités urgentes à faire à court terme………….............………….....…12

7.1.1. Pour la clientèle locale…………………....………………………………...…..12

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7.1.2. Pour la clientèle investisseurs potentiels……………………….……..…….13

7.2. Activités à faire à moyen et à long terme……………….......……..……....13

8. Opportunités d’affaires dans le Territoire de Fizi……………….…………14

8.1. Domaine agricole………………………………..……………………….….……14

8.2. Domaine d’élevage………………………………………..………….…………..14

8.3. Domaine de pêche et des forêts …………….........……..…....……………15

8.4. Domaine de transport des biens et des personnes………….…….………15

8.5. Domaine de l’habitat…………………………………………..………..……….15

8.6. Lieux d’achat de la machinerie, de l’outillage et d’intrants agricoles...16

9. Conclusion…………………………………………..…………………..…………162. Introduction

Ce document est élaboré en vue d’analyser la situation agricole, pastorale et forestière de Fizi en général, d’extirper les causes qui sont à la base de l’absence de la production et de la famine et de déterminer les moyens à mettre en oeuvre pour résoudre la situation. Dans cette analyse, les opérations à mettre en œuvre sont reparties dans le temps et dans l’espace en tenant compte des besoins prioritaires présents et des moyens financiers et humains dont dispose le Territoire. Comme il s’agit de gérer une situation où tout est prioritaire et urgent, il est fortement conseillé à ne se concentrer que sur l’atteinte des objectifs prioritaires que d’embrasser plusieurs choses à la fois et d’éviter de penser « grand » alors que les moyens permettant de réaliser des grands projets n’existent pas pour le moment. Il est préférable de commencer par des petits programmes et de développer d’autres plus au moins grands au fur et à mesure que ces moyens deviennent disponibles. Il convient de préciser aussi qu’un plan de développement, qu’il soit temporaire ou permanent, ne peut produire d’effets palpables sur le terrain que s’il est soutenu par l’application des mesures d’accompagnement. Ces mesures sont bien détaillées au point 5 de ce document.

Ce document s’adresse aux responsables de l’agriculture de Fizi ainsi qu’aux membres de la diaspora originaire de ce Territoire. Certes, l’État congolais a ses responsabilités dans Fizi, mais les ressortissants de Fizi doivent d’abord compter sur leurs propres efforts avant d’espérer trouver des solutions aux problèmes de chez eux ailleurs. Enfin, même si cette analyse ne touche pas nécessairement les plantes industrielles parce

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qu’elle ne vise qu’à apporter une réponse rapide à la famine qui sévit actuellement dans le Territoire, elle essaye aussi d’éclairer tous ceux qui voudront investir dans le Territoire de Fizi sur différentes opportunités d’affaires en vue de la création des richesses à la communauté locale et aux investisseurs eux-mêmes.

3. Présentation de la situation

3. 1. Situation géographique et potentialités agricoles

Situé au sud de la province du Sud Kivu en République Démocratique du Congo, le Territoire de Fizi est habité par une population de près de 280.000 habitants dont 98 % sont des paysans qui vivent de l’agriculture, du petit commerce, de la pêche et de l’élevage de la basse cour, des petits ruminants et des bovins. Avec une superficie de 15 786 km2 et une densité estimée à 15,13 habitants par km2, selon les chiffres fournis par le bureau local du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, ce Territoire est dominé, au centre et à l’Ouest par une chaîne des montagnes communément appelée les Monts Mitumba. Cette chaîne des montagnes a une altitude allant de 350 à 2250 m. À l’Est, une bande de terre de basse altitude de 500 à 5000 m de largeur sépare cette chaîne des montagnes au lac Tanganyika. Cette bande de terre constitue ce qu’on appelle la Plaine côtière. Dans les plateaux de haute altitude de même que dans la Plaine côtière, il y a des plaines et des marais dans lesquels l’agriculture mécanisée peut être pratiquée. Dans la Plaine côtière par exemple, il y a les plaines de Kenya 1 à Nundu et de Kenya 2 à Katanga favorables à la riziculture irriguée. Les moyens plateaux qui se trouvent de part et d’autre des hauts plateaux, c’est- à- dire de 500 à 1500 m d’altitude, offrent également des opportunités de pratiquer l’agroforesterie et la culture de plusieurs espèces de moyenne altitude. Dans les hauts plateaux, c’est-à-dire de 1500 à 2250 m, les conditions de climat froid sont favorables à la culture du blé, du petit pois et du sorgho. Il faut aussi noter que «  sur les 100% des terres de Fizi, le volume des terres cultivables est de 83,66 % suivant une répartition suivante: Lùlenge jusqu'à Talama-M'tama-'wanyange-Lambokilela soit 23,47%. Les moyens plateaux (Bwala-Fizi-Ananda, Mkela, Ecùla,'Wamlema, Lùsùkù, Ngùlùbe-Abala, 'Wamlema, Lusùkù, Angùle, Néhélé et Elùmbe) soient 18,02 %. Les hauts plateaux de l'Itombwe ( Kitutu, Itula, Kenene, Kanenge, Bisembe, Epùpù, M'enge, Ebati, Tubangwa et Bilalombili) soit 17,12% .

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Le Aboke-Mboko (Lweba, Lusenda, Nundu-sangya, Kabumbe-Ake-swima et Iamba-Atùta) soit 16,05%. Le Ngandja et la presqu’île d'Ubwari jusqu'á Talama soient 0,6%. Et dans le M'tambala soit 03 % »1. À ce jour, selon les estimations de l’inspection agricole du Territoire de Fizi, seulement moins de 20% des terres agricoles sont exploitées. La diversité des conditions édapho-climatiques permet de faire des cultures de trois saisons, à savoir, les cultures des saisons d’automne et d’hiver et, en été, les cultures dans les marais. À l’Est du Territoire, le lac Tanganyika offre une grande opportunité de pêche semi artisanale ou industrielle de plusieurs espèces de poissons. Toutes ces opportunités qu’offre le Territoire de Fizi sont jusqu’à présent mal ou ne sont pas exploitées. Les responsables concernés sont donc appelés à les exploiter avec toute responsabilité en vue d’assurer la sécurité alimentaire à toute la population.

3. 2. Activités agricoles et pastorales selon les climats.

Dans la Plaine côtière et dans les moyens plateaux, c’est-à-dire de Makobola, dans le secteur de Tanganyika jusqu’à Kazimia, dans le secteur de Nganja et dans la plaine de Kilembwe à l’extrême Ouest du Territoire où les températures moyennes annuelles avoisinent les 30 degrés Celsius, les cultures vivrières de base pour la population de toutes ces régions sont le manioc, le haricot, l’arachide, la patate douce, le riz, le maĩs, la banane et l’igname. Le canard, la poule de chair, la chèvre et dans la moindre mesure le mouton sont des animaux d’élevage. Par contre dans la région de haute altitude ou dans les hauts plateaux où les températures atteignent souvent le point de congélation, C’est-à-dire dans le Lulenge, Mnembwe et Itombwe, les cultures vivrières de base pour la population de cette région sont le manioc, la patate douce, la pomme de terre et le haricot. Le bovin, la chèvre et la poule de chair sont des principaux animaux d’élevage. Des vastes plaines de fourrage naturel se localisent surtout dans la collectivité de Nganja en descendant les escarpements des moyens plateaux de Lulenge vers Kazimia.

4. Évaluation des besoins prioritaires et pistes de solution

4. 1. Besoins en produits agricoles et d’élevage de consommation

Dans les plaines et dans les moyens plateaux de part et d’autre des hauts plateaux, la population souffre sérieusement de manque des protéines d’origine animale. Le lait, les oeufs et la viande sont rares. La source principale de viande de consommation est le gibier qui se raréfie de plus en plus à cause des braconnages permanents et incontrôlés. La consommation presque exclusive du poisson dans l’alimentation de base n’est pas suffisante pour combler les besoins en protéines et en vitamines d’origine 1 http://www.fizi-itombwe.org/index.html

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animale bien qu’il en fait partie. Le manque de ces protéines et de ces vitamines est la cause principale de la persistance du Kwashiorkor et d’avitaminoses au sein de la population, en particulier aux enfants en âge de scolarisation et aux personnes âgées. Pour endiguer cette carence en protéines et en vitamines d’origine animale, à court terme, les responsables du domaine agricole doivent initier très rapidement des projets d’élevage des poules de chair et des chèvres à crédit rotatif, promouvoir la culture de soja à travers le Territoire et éduquer la population sur l’utilité de la consommation de cette denrée. À moyen et à long terme, il faudra développer des projets d’élevage de mouton en mettant à la disposition de plusieurs familles des races améliorées de cette espèce. Il faudra développer l’agriculture mécanisée par l’importation de la machinerie agricole et l’installation des garages de réparation et des magasins de vente des pièces de rechange. Il faudra également faciliter l’installation des unités de pêche semi industrielle, des industries de fabrication des aliments d’animaux d’élevage et des industries de transformation, de conservation et de transport des produits agricoles et d’élevage. Dans les hauts plateaux, comme le climat n’est pas favorable à certaines plantes de la plaine côtière et où une partie de la population est nomade dont la principale activité génératrice des revenus est l’élevage des bovins, les denrées alimentaires d’origine végétale comme le manioc, le haricot et le maĩs ainsi que le poisson sont rares.

Il faut signaler aussi qu’il arrive des fois où ces éleveurs se déplacent avec leurs troupeaux pour pâturer les champs ou les terrains de leurs voisins des moyens plateaux et des plaines côtières. Cette mobilité pastorale ou ce qu’on appelle la « transhumance pastorale » est l’une des causes des conflits entre les communautés. Pour mettre fin à cette situation, à moyen terme, les acteurs du domaine agricole devront développer des projets d’élevage intensif des bovins en associant les cultures fourragères comme le Pennisetum, le Setaria et le Leuceana. À moyen terme aussi, il faudra installer des dipping- tank, des fromageries, des laiteries et développer l’insémination artificielle pour améliorer la production du lait. La vulgarisation agricole doit occuper une place de choix dans cet élan du développement agricole. Il faudra, à cet effet, organiser des journées populaires de collecte et de distribution des boutures de manioc et de patate douce en faveur des rapatriés et des déplacés, distribuer des semences améliorées de riz, de maïs, de banane, de haricot et d’arachide et lutter efficacement contre les ravageurs des plantes. Les cultures maraîchères et fruitières doivent également être développées. Dans les plaines côtières et dans les moyens plateaux, il faudra encadrer les producteurs des mangues, des papayes et des citrus et développer le fruit de la passion et le prunier du Cap dans l’otique de produire du jus qui visera d’abord le marché local. Il faudra introduire dans l’agriculture paysanne le chou, l’oignon, la tomate, l’amarante, le poivron, l’aubergine,

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l’ananas, la courge et le poireau. À moyen terme, il faudra intégrer la plantation d’avocatiers et des bananiers dans l’agroforesterie. Dans les hauts plateaux, il faudra développer la salade, le chou, la fraise, le radis et la carotte. À cela, il faut également ajouter le manque de bois d’œuvre et de protection dans le Territoire alors qu’il dispose des savanes boisées et des forêts. Aujourd’hui, par manque d’éducation en notions élémentaires de reboisement et de conservation de la nature, les habitants de Fizi assistent impuissamment à l’apparition progressive d’une multitude de têtes d’érosions qui menacent des terres arables encore disponibles. Cette situation est remarquable surtout sur le littoral montagneux Est qui surplombe le lac Tanganyika et dans la plaine de Nemba.

Bien que le Territoire de Fizi regorge des forêts qui abritent plusieurs essences forestières naturelles de grande valeur commerciale, médicinale et environnementale, la population ne cesse de s’approvisionner en bois de construction ou d’œuvre en Tanzanie et au Burundi. Pour résoudre cette situation de dépendance permanente, il faut développer des projets de reboisement adaptés à chaque région d’altitude en tenant compte des besoins prioritaires en bois et en conservation des sols. Des pépinières forestières d’espèces d’Eucalyptus, de Thuya, de Grevillea et des pins doivent être installées à travers tout le Territoire.

4. 2. Besoin en main d’œuvre agricole qualifiée

La formation étant la pièce maîtresse de tout développement, il est impensable d’avoir des résultats sur le terrain sans s’appuyer sur la formation. La réalisation de ces projets nécessite la participation de tout le monde même de ceux qui n’ont pas suivi de formation agricole comme des acteurs politiques, des religieux, des enseignants, des élèves, des écoliers, des fonctionnaires, des policiers et des militaires. Il faut initier des pépinières fruitières, maraîchères et forestières dans des camps militaires, dans des écoles et dans des églises. Actuellement le Territoire de Fizi ne compte qu’une seule école technique agricole de Mboko qui forme des techniciens de niveau A2. Selon les résultats publiés par le ministère national de l’éducation, cette école n’a produit que deux diplômes d’État en 2008 alors que le besoin d’avoir des agronomes, des vétérinaires et des forestiers dans le Territoire est très criant. Mais grâce à l’école technique agricole du camp des réfugiés de Nyarugusu en Tanzanie, école qui est à sa huitième promotion depuis sa création, le Territoire de Fizi peut désormais compter sur des techniciens A2 en technique agricole, en sciences vétérinaires et en mécanique automobile pour appuyer l’exécution des projets agricoles, d’élevage et de reboisement.

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Malgré cela, il revient aux autorités agricoles du Territoire de capitaliser cet avantage en procédant très rapidement au recensement de tous ces techniciens et en constituant leur base de données qui leur servira d’obtenir des emplois auprès d’investisseurs potentiels dans le domaine agricole. Cela permettra aussi de les encadrer et d’éviter qu’ils aillent servir d’autres Territoires au détriment de Fizi. Il faudra aussi effectuer un recensement de ceux qui ont des grades universitaires et des instituts supérieurs agricoles. À moyen terme, il faudra soutenir financièrement et matériellement l’école technique agricole de Mboko et implanter une école des techniques vétérinaires et zootechniques dans les hauts plateaux.

4.3. Besoin de trouver le financement des projets

Monter des projets c’est une chose et trouver des financements pour les réaliser c’est une autre chose. Pour trouver les moyens de financer les projets, les responsables de l’agriculture doivent adopter une stratégie de recherche multiforme de source de financement. Ils doivent exiger le payement d’une taxe modeste aux vendeurs des produits agricoles sur les marchés locaux et imposer le payement des taxes aux investisseurs agricoles. Il doivent s’adresser aux organismes humanitaires internationaux oeuvrant sur place et à l’étranger, aux gouvernements provincial et national et à l’ensemble des membres de la diaspora pour financer des projets. Comme la plupart des projets proposés dans ce document ne seront pas obligatoirement exécutés par l’inspection territoriale de l’agriculture, il faut également sensibiliser les élus du peuple, les ministres et d’autres dignitaires originaires du terroir au niveaux national et provincial à avoir chacun un lopin de terre ou une petite entreprise de développement agricole ou de transformation des produits agricoles.

5. Mesures d’accompagnement

5. 1. Instauration de la vulgarisation agricole et de la formation continue

Dans un contexte du développement rural où l’agriculture est encore de substance alors qu’elle doit évoluer avec l’innovation des procédés technologiques et l’utilisation de la machinerie, la vulgarisation des techniques agricoles aux cultivateurs ou éleveurs doit demeurer un pilier

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sur lequel les acteurs concernés doivent s’appuyer pour lutter efficacement contre la faim a brève échéance. La vulgarisation agricole comporte plusieurs axes: l’organisation des meetings de production agricole, des foires agricoles, des marchés d’exposition et de vente des produits agricoles et des concours, la production et la distribution des affiches, des pamphlets, des livrets, des journaux et des brochures, la production et la diffusion des émissions agricoles à la radio et à la télévision et la formation des paysans formateurs des autres. Pour que tous ces outils de communication puissent atteindre les paysans, il faut disposer des moyens de locomotion et de transmission à mettre à la disposition des moniteurs et des techniciens agricoles à travers tout le Territoire. Les moyens de locomotion sont les motos, les vélos et, si possible, les véhicules. Il faut également disposer des imprimantes, des ordinateurs, des photocopieuses, des groupes électrogènes, des projecteurs et d’autres matériels multimédia pour divers travaux de formation et de sensibilisation. Quant à la formation continue, elle visera à donner régulièrement des formations aux agents agricoles du Territoire en vue d’actualiser leurs connaissances sur les nouvelles techniques agricoles. Il s’agira d’organiser des conférences, des ateliers et des séminaires sur plusieurs aspects qui touchent les domaines agricole, pastoral et sylvicole. Les décideurs agricoles au niveau local, provincial et national et les membres de la diaspora spécialisés dans ces domaines pourront préparer des sujets à dispenser.

5. 2. Redynamisation de l’administration agricole

Pour avoir des résultats palpables sur le terrain le plus rapidement possible, il faut avoir l’implication de nouvelles forces et la mobilisation de plusieurs personnes. Pour atteindre cet objectif, il faut commencer à rajeunir tout le système. Il faudra donc remplacer progressivement le personnel vieillissant, semi lettré ou illettré et immobile depuis plusieurs années et ne maîtrisant pas de nouvelles techniques agricoles par des jeunes qui viennent de terminer leurs études en techniques agricoles de niveau A2 en attendant la régularisation de la situation par le ministère national de l’agriculture. Mais avant de les engager, il faudra organiser des examens de recrutement dont la finalité sera de nommer des agents compétents et qualifiés aux postes d’agronomes et des moniteurs agricoles des collectivités et des secteurs du Territoire.

5. 3. Reforme agraire et organisation du travail agricole

Partant du principe que nul ne peut se procurer de terre sans avoir l’autorisation de l’État congolais selon la constitution, l’inspection agricole

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de Fizi est la seule institution habilitée à distribuer et à contrôler la gestion des terres dans tout le Territoire. Pour cela, elle a l’obligation de s’approprier de toutes les terres cultivables de Fizi et d’imposer la rigueur de la loi de l’État congolais à tous les exploitants agricoles qu’ils soient simples paysans ou potentiels investisseurs. En attendant la mise en place du code agricole national, les paysans qui cultivent pour subvenir à leurs besoins de base ne doivent pas payer des taxes. Mais ceux qui investissent avec de la machinerie ou avec d’autres gros moyens doivent désormais payer des taxes pour financer d’autres projets d’intérêt commun. C’est pour cela qu’il est conseillé aux responsables de l’agriculture de Fizi de faire un recensement de tous les intervenants dans ce domaine et de les exiger à passer par leur service pour analyse et autorisation d’exécution de leurs projets.

Tous les projets d’investissement agricole doivent montrer leurs capacités de produire des bénéfices financiers, économiques et environnementaux au Territoire. Selon la constitution de la RDC, tout Congolais, peu importe sa région d’origine, est libre d’acquérir une ou plusieurs terres partout dans le pays à condition qu’il respecte les normes et les lois en vigueur sur la distribution des terres. Mais malgré cela, ceux qui veulent acquérir des terres cultivables doivent également s’accommoder avec certaines conditionnalités des chefs coutumiers locaux. Les responsables de l’agriculture en collaboration avec ceux du cadastre doivent expliquer à la population la pertinence de cet article de la constitution pour amener ceux qui croient que ceux qui ne sont pas originaires de leur contrée n’ont pas le droit d’acquérir des terres cultivables. Pour éviter des réactions négatives ou des conflits avec certains chefs coutumiers malveillants pendant la distribution des terres, il est conseillé aux responsables de l’agriculture de créer un cadre de concertation avec leurs collègues du service de cadastre et les chefs coutumiers pour aplanir les divergences qui pourraient surgir dans l’application de cette loi. Les autorités agricoles sont aussi appelées à fixer les prix des travaux agricoles en vue de mettre fin à l’anarchie qui règne dans ce domaine. Au lieu de demander des salaires raisonnables pour des travaux effectués, les ouvriers locaux exigent parfois des montants exorbitants. Le travail doit se faire par tâche et non par heure et cette mesure doit être applicable et connue par tous. C’est l’inspection de l’agriculture qui doit fixer le taux par tâche en tenant compte des réalités sur le terrain et des travaux agricoles à effectuer. Par exemple, faire un labour sur un terrain rocailleux ou sur un sol marécageux ou encore abattre plusieurs arbres dans un terrain, n’est pas la même chose que faire un labour d’ouverture sur un sol sablo- limoneux ou faire un simple sarclage d’un terrain déjà emblavé.

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5. 4. Développement des voies de desserte agricole et désenclavement

Quand on parle des voies de desserte agricole les gens on tendance à penser au tracée des routes. On semble ignorer le rôle que peuvent jouer des petits sentiers sur lesquels les vélos et les motos peuvent passer et transporter des biens et des personnes en attendant l’ouverture des routes par des engins mécaniques. Des gens organisés et ayant un idéal commun de développement peuvent construire des ponçons, creuser des canaux d’irrigation ou de drainage d’eau et tracer des routes. Les membres de la diaspora2 peuvent contribuer à améliorer les moyens de transport des biens et des personnes dans le Territoire en y important des VTT à 4 roues et en y initiant par exemple des nouvelles lignes de transport en commun par autobus ou par camion benne même deux fois par semaine, à l’instar de la ligne Uvira- Lemera que les camionneurs d’Uvira ont initiée il y a des décennies, entre Baraka et Kazimia, entre Baraka et Fizi, entre Fizi et Kilembwe, entre Baraka, Fizi et Minembwe et entre Mboko et Baraka. Il faut également sensibiliser les gens à importer des voitures d’occasion pour servir de taxi.

5.5. Instauration de la statistique agricole

Le but est d’évaluer les échecs et les réussites dans la production agricole et d’ajuster les façons de faire dans le futur afin d’atteindre la sécurité alimentaire à tous. Pour cela, il faudra mettre à la disposition des techniciens agricoles des collectivités et des secteurs des balances et des fiches à remplir contenant un questionnaire. Les questions de ce questionnaire pourraient se rapporter à la production et au travail agricole, aux maladies, au sol, au climat, aux produits agricoles d’exportation et d’importation et aux prix des produits vendus par les producteurs sur les marchés locaux.

5. 6. Création d’un fond spécial 1$ pour le développement de Fizi

2 Signifie toute personne originaire de Fizi mais n’y habitant pas (y compris ceux qui habitent à Uvira).

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Le but de la création de ce fond est d’appuyer la mise en exécution de certains projets d’intérêt commun énumérés dans ce document par l’achat d’intrants de vulgarisation et de production. Ce fond ne visera pas à rémunérer des agents de l’État et d’autres ou à payer des frais de représentation de qui que ce soit. Pour éviter des équivoques inutiles, chaque communauté des originaires de Fizi de partout dans le monde, en commençant par celle qui est sur place, est libre de créer et de gérer son propre fond. Chaque famille originaire de Fizi de n’importe où dans le monde consciente du développement de Fizi peut volontairement cotiser 1 $ par mois. Cela ne veut pas dire que celui qui voudra contribuer plus qu’1$ ne pourra pas le faire. Au niveau local, il y aura un comité de coordination qui sera chargé de faire des achats et de rapporter les états financiers aux contribuables. Le fonctionnement et l’organisation de ce fond seront régis par des statuts et des règlements d’ordre intérieur pour garantir la gestion, la transparence et la sécurité dudit fond. Cette façon de faire produira un effet compétiteur entre différents fonds au sein des communautés de Fizi d’à travers le monde; ce qui aura comme conséquence d’accroître des investissements en faveur de Fizi. À partir de la création de ce fond, il faudra également entrevoir la création d’une coopérative d’épargne et de crédit et l’ouverture d’un bureau de Western Union à Baraka pour faciliter les transferts d’argent comme ce qui se fait actuellement à Uvira.

5.7. Organisation des campagnes de changement des mentalités

Le changement des mentalités est un autre chantier important qu’on semble souvent négliger alors qu’il entre en compte dans la liste des éléments nécessaires à mettre en place pour avoir le développement tant recherché par tous. Dans le Territoire de Fizi, le plus grand défi à relever est celui de convaincre les pères et les fils à s’adonner eux aussi, comme les mères et les filles, aux travaux champêtres qui constituent le seul moyen d’avoir des moyens financiers pour nourrir et pour entretenir les familles. L’autre défi à relever est celui d’éduquer les gens à faire du bien que du mal à d’autres personnes en abandonnant la sorcellerie, la barbarie, la jalousie, le clientélisme et le clanisme. D’autres comportements sociaux comme le non respect des autorités, des biens communs ou de l’État, entre autres, les marchés, les anciens édifices et les écoles sont aussi à abandonner. La population doit apprendre à protéger la vie des animaux sauvages, à préserver les forêts et à assurer la propreté du lac Tanganyika et des lieux publics. Il faudra organiser ces campagnes de changement des mentalités avec la collaboration des églises, des écoles et d’autres institutions locales comme la police, la société civile, les ONG... 6. Analyse stratégique

6.1. Forces et Faiblesses

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Forces % Moyens de les capitaliserPopulation jeune 60% Informer, former et faire participer aux

activités agricolesGrand nombre des membres de la diaspora

estimée à plus de 200 mille personnes à l’extérieur de Fizi.

Donner l’information sur les opportunités d’affaires et les sensibiliser sur l’importance de retourner et d’investir au bercail.

Techniciens agricoles, ingénieurs agronomes et vétérinaires de formation

Plus de 300 Informer sur les possibilités d’emploi, les inciter à créer leurs entreprises et leur réseau

Faiblesses % Moyens de les résoudre Vieillissement du personnel administratif de l’inspection agricole du Territoire

Plus de 75% Remplacer progressivement par des jeunes qualifiés

Absence de politique structurelle de développement agricole

N’existe pas Élaborer des plans, organiser des séminaires et autres

Absence d’intrants agricoles et des routes

Rares ou Très faibles

Inciter les investisseurs à installer des magasins de vente d’intrants agricoles et tracer des routes

Absence d’unités de production et transformation des produits agricoles

N’existent pas Inciter les investisseurs à acheter les machines et à les installer

Dominance de la chaîne de montagnes sur les plaines

Plus de 78% de la superficie

Développer l’agroforesterie adaptée aux différentes altitudes

Population importante d’illettrés Plus 68% S’adresser aux chargés d’éducation

Manque de structure incitative de création de richesse

N’existe pas Sensibiliser les investisseurs à créer la chambre de commerce de Fizi

6. 2. Risques et Opportunités

Risques Niveau Moyens de les éviterComportements sociaux néfastes au développement

Très élevé Sensibiliser la population à abandonner ces comportements

Conflits et guerres peuvent arriver à tout moment

Très élevé Sensibiliser la population à privilégier la résolution pacifique des conflits et mener des actions de prévention.

Opportunités % Moyens de les exploiterTerres arables Plus de 83% Développer l’agriculture et l’élevagePlaines côtières Plus de 31% de la

superficie de FiziRiziculture, cultures maraîchères, fruitières, le manioc, le maĩs, les cultures industrielles et la mécanisation agricole

Lac Tanganyika Occupe tout l’Est du Territoire

Développer la pêche industrielle et organiser la pêche artisanale

Plusieurs forêts naturelles Au moins 16 % de la superficie

Développer des menuiseries et des scieries de bois, reboiser et protéger de la faune et la flore.

Diversité de climat Tous les climats Développer l’agroforesterie et l’agriculture adaptées aux différentes altitudes

Situation géographique très stratégique

Au centre entre Uvira, Mwenga, Maniema, Katanga, Tanzanie et

Développer le commerce par l’importation d’intrants agricoles et par l’exportation réglementée des produits agricoles, forestiers et d’élevage

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Burundi

7. Planification des activités

L’élaboration du calendrier des activités, la détermination des tâches et leur subdivision en sous tâches, les moyens humains, financiers et matériels à mettre en oeuvre ainsi que la responsabilisation et les objectifs à atteindre restent à la discrétion de l’inspection territoriale de l’agriculture. 7.1. Activités urgentes à faire à court terme

7.1.1. Pour la clientèle locale

Préparer et organiser des journées de collecte et de distribution des boutures de manioc et de patate douce en faveur des rapatriés, des déplacés et de ceux qui en manquent.

Distribuer des semences de plusieurs espèces maraîchères, de soja,

d’ haricot, d’arachide, de maïs et de riz.

Créer des pépinières de formation et de démonstration de maraîchage, des arbres fruitiers, de riz à repiquer et de quelques arbres forestiers comme des Eucalyptus et des Grevillea dans chaque secteur, dans des écoles et pour des associations religieuses, des ONG…

Adapter le petit bulletin de sensibilisation Shika Jembe aux besoins culturaux des paysans cultivateurs, l’imprimer et le distribuer à travers tout le Territoire.

Organiser des concours de production agricole et d’élevage.

Distribuer des outils aratoires et des chèvres, des poules et des canards à élever pour crédit rotatif à des familles récipiendaires des prix des concours dans chaque collectivité.

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Lutter contre les ravageurs et les maladies des plantes en mettant à la disposition des agronomes techniciens des produits phytosanitaires et du matériel approprié.

Distribuer des vélos aux moniteurs agricoles des secteurs et possiblement des motos aux techniciens agricoles des collectivités.

Fixer les prix des travaux agricoles et expliquer les lois en matière de distribution et d’acquisition des terres agricoles.

Donner la formation sur la création et la gestion de PME agricole

Sensibiliser les ONG et les églises à s’impliquer dans la recherche du bien être, de la paix et du développement pour tous.

Tracer des pistes de desserte agricole

Organiser des réunions de sensibilisation et d’harmonisation avec le service de cadastre et les chefs coutumiers.

7.1.2. Pour la clientèle investisseurs potentiels

Recenser et enregistrer tous les exploitants agricoles actuels et à venir.

Organiser des séminaires, des ateliers et des conférences en rapport avec le développement agricole.

Donner l’information et orienter sur les opportunités d’affaires.

Expliquer les lois en matière de distribution, d’acquisition et d’exploitation des terres agricoles.

Informer sur les prix des travaux agricoles.

Indiquer les terrains potentiels d’exploitation agricole et d’implantation d’unités de production, de transformation ou de conditionnement des produits agricoles.

7.2. Activités à faire à moyen et à long terme

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Consolider et améliorer les acquis des activités entreprises à court terme

Développer l’élevage des bovins dans les hauts plateaux

Développer la riziculture industrielle dans les marais

Contrôler les exportations des produits agricoles

Reboiser les têtes d’érosion et les crêtes des montagnes

Sensibiliser la population sur certains éléments d’alimentation saine

8. Opportunités d’affaires dans le Territoire de Fizi

8.1. Domaine agricole

Ceux qui voudront aider à lutter très rapidement contre la famine dans le Territoire de Fizi pourront investir dans les cultures vivrières de base comme le manioc, le mais, la patate douce et le haricot. Ils pourront acquérir des terres dans les Plaines côtières et dans les moyens plateaux. Toutes ces cultures vivrières sont faciles à cultiver car il s’agit des plantes qui sont connues par la population. Sur place, il est existe des semences de manioc de six mois connues sous le nom de « Sawasawa ». Ces cultures vivrières de base, de même que les certaines cultures maraîchères comme l’oignon, peuvent également être cultivées pour générer de l’argent très rapidement à condition de les exploiter avec des gros moyens pouvant atteindre 20 milles dollars US et d’ajouter une ou plusieurs unités de transformation ou de conditionnement. On pourra également investir dans la mise à la disposition des agriculteurs des tracteurs pour labourer leurs champs, des moulins pour moudre le manioc et le mais, des décortiqueuses pour décortiquer le riz, des presseurs d’huile pour faciliter la production

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d’huile de palme et de l’huile palmiste, des presseurs de jus de mangue et d’autres fruits pour produire du jus. Toutes ces petites unités de production viseront à alimenter en premier le marché local.

8.2. Domaine d’élevage

Comme le manque de viande est un besoin criant dans le Territoire, ceux qui voudront aider la population à se procurer de cette denrée rare pourront investir dans l’élevage des chèvres, des bœufs, des poules pondeuses, des poules de chair ou des canards. Toutes ces possibilités d’affaires peuvent rapporter des bénéfices financiers aux investisseurs à condition de les faire avec des moyens financiers suffisants parce qu’il faudra prévoir la construction et l’équipement des étables ou des poulaillers, l’achat des géniteurs des races améliorées et des produits sanitaires pour lutter contre les maladies d’élevage et l’embauche des employés.

Pour que ces projets soient rentables, il faudra séparer la chaîne de production, c’est-à-dire que celui qui élève des chèvres par exemple ne doit pas être en même temps producteur de fourrage ou vendeur de viande sur les marchés. Autrement dit, il faudra des producteurs de fourrage, des éleveurs des chèvres et des vendeurs de viande sur les marchés. Ce principe qui peut s’appliquer à n’importe quelle chaîne de production agricole ou d’élevage permet de se concentrer et de se spécialiser sur la production d’un seul produit, de gagner du temps de production afin d’économiser l’argent et de créer des emplois. Tous ces projets peuvent être implantés n’importe où il y a des voies d’accès et d’écoulement des produits.

8.3. Domaine de pêche et des forêts

Le lac Tanganyika contient des poissons de plusieurs espèces. Ceux qui voudront investir dans la pêche semi industrielle ou industrielle devront disposer des gros moyens d’investissement pour acheter des embarcations motorisées et des filets. Cette industrie ne devra pas se limiter seulement à pêcher des poissons et à les vendre. Elle devra désormais évoluer avec l’installation des unités de transformation, de conditionnement (nettoyage, séchage, salage ou fumage), de conservation et de transport (plastification, empaquetage et congélation). Tous ces projets sont générateurs des revenus pour ceux qui voudront bien investir dans ce domaine. De nombreuses forêts encore vierges existent dans le Territoire et peuvent être exploitées pour procurer du bois d’œuvre à ceux qui voudront construire des maisons ou fabriquer des meubles et d’autres objets de bois. Ceux qui voudront investir dans ce domaine pourront installer des ateliers de menuiserie ou d’ébénisterie pour se procurer de l’argent. Dans ce domaine, on peut aussi investir dans le reboisement et l’exploitation

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forestière c’est-à-dire, dans la plantation d’arbres comme l’Eucalyptus qui est largement utilisé dans la construction et dans l’abattage d’arbres forestiers, le tronçonnage, le stockage, le transport et la vente des bois de chauffe. Tous ces projets sont aussi rentables.

8.4. Domaine de transport des biens et des personnes

Il faut sensibiliser les investisseurs potentiels à acheter et à mettre en circulation des bus et des camions pour le transport des marchandises et des personnes sur des nouveaux parcours comme expliqués à la page 7, à implanter des stations essence dans des agglomérations urbaines et à développer le transport lacustre avec des embarcations motorisées pour assurer la liaison entre Uvira et Mboko, entre Mboko et Baraka et entre Baraka et Kazimia en passant par Kimino dans la presqu’île d’Ubwari. Tous ces projets sont facilement réalisables et sont lucratifs.

8.5. Domaine de l’habitat

Même s’il n’entre pas directement en lien avec la production agricole, l’habitat dans le domaine agricole englobe toutes les constructions qu’on utilise pour stocker des vivres, pour domestiquer les animaux ou pour abriter des petites usines de transformation, de conditionnement ou de conservation des produits agricoles ou d’élevage. Mais au-delà de cette utilité dans la production agricole et pastorale, il faut motiver les investisseurs potentiels à investir dans la construction des logements sociaux par l’acquisition et l’installation des machines de fabrication des briques cuites et des tuiles fonctionnant au mazout et pouvant produire jusqu’à plus de 2000 briques et tuiles cuites par jour. Ce projet peut favoriser la création progressive des logements locatifs dans des agglomérations urbaines et rurales.

8.6. Lieux d’achat de la machinerie, de l’outillage et d’intrants agricoles

On peut se procurer des machines, des semences et des outils agricoles dans tous les pays développés où habitent les membres de la diaspora et dans certains pays de la région. À Kigoma en Tanzanie et à Kampala en Ouganda, on peut trouver des machines de transformation des produits agricoles de toute sorte et des tracteurs avec leurs accessoires. À Bujumbura au Burundi et à Nairobi au Kenya on peut trouver des semences des plantes utilisées en foresterie, en agroforesterie et en cultures maraîchères.

9. Conclusion

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Comme expliqué un peu plus loin dans cette analyse, personne ne peut se venter qu’il peut à lui seul endiguer la famine dans le Territoire de Fizi. Que l’on soit sur place ou à l’extérieur de Fizi, l’implication de tous est très nécessaire pour faire avancer les choses. Ceux qui ne peuvent pas offrir des dons ou investir avec l’argent pourront aussi apporter leurs connaissances et leurs expériences à la communauté pourvu que le tout converge vers un seul idéal. Cet idéal est celui de donner à ce terroir son qualificatif d’antan, à savoir, le grainier d’Uvira, de Kalemie et de Bujumbura.

Bien que la volonté de développer ou de réaliser quelque chose dans le Bubembe anime déjà plusieurs ressortissants du terroir, ce ne sont pas les moyens financiers qui leur manquent. Ce qui leur fait défaut c’est le manque de la conscience collective de la situation. Si un jour les ressortissants de ce Territoire parviendront à prendre cette conscience de la misère dans laquelle vit la population, ils s’organiseront pour mettre sur pied des projets de grande envergure qui pourront être profitables à la communauté locale toute entière. L’analyse contenue dans ce document augure déjà la première étape de prise de conscience qui se poursuivra, on l’espère, avec la concrétisation des projets de développement intégral de tout ce Territoire.

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