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M. Salès-Juet | AMPE | 2017-2018 | Prépa ENS Paris-Saclay | Ne pas diffuser 1 Economie du développement EXTRAIT DU PROGRAMME : L'extérieur : balance commerciale, balance des paiements. Les déterminants des échanges commerciaux et la parité des pouvoirs d'achat. Les déterminants des mouvements de capitaux et la parité des taux d'intérêt. Les fonctions de la politique économique (maintien du niveau d'activité ; affectation optimale des ressources ; répartition du bien-être et des richesses) et leur mise en œuvre. PLAN DU COURS I. DEFINITIONS ET ETAT DES LIEUX A. UNE NOTION QUALITATIVE ET RELATIVE 1. CROISSANCE ET DEVELOPPEMENT 2. PAUVRETE ET DEVELOPPEMENT B. LA DIFFICILE MESURE DU DEVELOPPEMENT ET DE SES DIFFERENTS ASPECTS C. LES FREINS AU DEVELOPPEMENT 1. COMMUN A TOUS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT 2. SPECIFICITES LOCALES D. CONSEQUENCES DU DEVELOPPEMENT 1. SUR LES INEGALITES 2. SUR LENVIRONNEMENT E. ETAT DES LIEUX DES INEGALITES DE REVENUS II. LES THEORIES DU DEVELOPPEMENT A. LE VOL DES OIES SAUVAGE DE KANAME AKAMATSU B. LA PRISE EN COMPTE DES EFFETS DE SEUIL DU DEVELOPPEMENT C. LA METHODE DU BIG PUSH DE ROSENSTEIN-RODAN D. DEVELOPPEMENT POLARISE ET EFFETS DENTRAINEMENT D’ALBERT HIRSCHMAN E. LES ETAPES DE LA CROISSANCE III. INSTITUTIONS ET DEVELOPPEMENT IV. LES POLITIQUES DU DEVELOPPEMENT A. HISTORIQUE : TROIS STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT 1. PAR SUBSTITUTION AUX IMPORTATIONS 2. PAR PROMOTION AUX EXPORTATIONS 3. PAR INDUSTRIES INDUSTRIALISANTES B. EVALUATION DES POLITIQUES DE DEVELOPPEMENT 1. LEVALUATION PAR L EXPERIMENTATION 2. CRITIQUES DE LA METHODE C. L’AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT 1. UN ENSEMBLE HETEROGENE 2. LES CRITIQUES DE L’APD

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  • M. Salès-Juet | AMPE | 2017-2018 | Prépa ENS Paris-Saclay | Ne pas diffuser

    1

    Economie du développement

    EXTRAIT DU PROGRAMME : L'extérieur : balance commerciale, balance des paiements. Les déterminants des échanges

    commerciaux et la parité des pouvoirs d'achat. Les déterminants des mouvements de capitaux et la parité des taux

    d'intérêt. Les fonctions de la politique économique (maintien du niveau d'activité ; affectation optimale des

    ressources ; répartition du bien-être et des richesses) et leur mise en œuvre.

    PLAN DU COURS

    I. DEFINITIONS ET ETAT DES LIEUX

    A. UNE NOTION QUALITATIVE ET RELATIVE

    1. CROISSANCE ET DEVELOPPEMENT

    2. PAUVRETE ET DEVELOPPEMENT

    B. LA DIFFICILE MESURE DU DEVELOPPEMENT ET DE SES DIFFERENTS ASPECTS

    C. LES FREINS AU DEVELOPPEMENT

    1. COMMUN A TOUS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT

    2. SPECIFICITES LOCALES

    D. CONSEQUENCES DU DEVELOPPEMENT

    1. SUR LES INEGALITES

    2. SUR L’ENVIRONNEMENT

    E. ETAT DES LIEUX DES INEGALITES DE REVENUS

    II. LES THEORIES DU DEVELOPPEMENT

    A. LE VOL DES OIES SAUVAGE DE KANAME AKAMATSU

    B. LA PRISE EN COMPTE DES EFFETS DE SEUIL DU DEVELOPPEMENT

    C. LA METHODE DU BIG PUSH DE ROSENSTEIN-RODAN

    D. DEVELOPPEMENT POLARISE ET EFFETS D’ENTRAINEMENT D’ALBERT HIRSCHMAN

    E. LES ETAPES DE LA CROISSANCE

    III. INSTITUTIONS ET DEVELOPPEMENT

    IV. LES POLITIQUES DU DEVELOPPEMENT

    A. HISTORIQUE : TROIS STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT

    1. PAR SUBSTITUTION AUX IMPORTATIONS

    2. PAR PROMOTION AUX EXPORTATIONS

    3. PAR INDUSTRIES INDUSTRIALISANTES

    B. EVALUATION DES POLITIQUES DE DEVELOPPEMENT

    1. L’EVALUATION PAR L’EXPERIMENTATION

    2. CRITIQUES DE LA METHODE

    C. L’AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT

    1. UN ENSEMBLE HETEROGENE

    2. LES CRITIQUES DE L’APD

  • M. Salès-Juet | AMPE | 2017-2018 | Prépa ENS Paris-Saclay | Ne pas diffuser

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    MOTS CLES : pays en développement, croissance, développement, pauvreté, inégalités, ODD, bien-être, libertés

    réelles, capabilités, IDH, IPH, corruption, institutions, effets de seuil, trappe à sous-développement, protectionnisme,

    aide au développement, expérimentation, micro-crédit, PMA, inclusion financière.

    THEORIES/AUTEURS : Amartya Sen, Ignacy Sachs, Richard Esterlin, Yann Algan, Pierre Cahuc et André Zylberberg, Jean

    Fourastié, Daniel Kahneman et Angus Deaton, Georg Simmel, Sabina Alkire, Paul Bairoch, Simon Kuznets, Thomas

    Piketty, Gene Grossman et Alan Krueger, François Bourguignon et Christian Morisson, Kaname Akamatsu, Gary

    Becker, Ragnar Nurkse, Paul Rosenstein-Rodan, Albert Hirschman, Walt Rostow, Alexander Gerschenkron, Philippe

    Aghion, Ufuk Akcigit, Julia Cagé et William Kerr, Daron Acemoglu, Philippe Aghion et Fabrizio Zilibotti, Daron

    Acemoglu, Simon Johnson et James Robinson, Edward Glaeser, Rafaël La Porta, Florencio Lopez-de-Silanes et Andrei

    Shleifer, Philippe Aghion, Ufuk Akcigit, Julia Cagé et William Kerr, William Easterly, Cling Cogneau et Jean-David

    Naudet, Esther Duflo, Rema Hanna.

    DOCUMENT N°1 : Objectifs du développement durable (ODD)

  • M. Salès-Juet | AMPE | 2017-2018 | Prépa ENS Paris-Saclay | Ne pas diffuser

    3

    DOCUMENT N°2 : Indice de pauvreté multidimensionnelle

    Source : Sabina Alkire, présentation Conférence AFD EUDN à Paris (Novembre 2010)

    Madhya Pradesh (Inde) : la mal nutrition est le problème le plus important.

    RD Congo: le taux de scolarisation et accès à l’électricité sont les points à améliorer en priorité comparativement à

    l’Inde.

    DOCUMENT N°3 : L’indice de développement humain (IDH)

  • M. Salès-Juet | AMPE | 2017-2018 | Prépa ENS Paris-Saclay | Ne pas diffuser

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    DOCUMENT N°4 : L’inégalité des revenus aux Etats-Unis, 1910-2010

    Source : Le capital au XXIe siècle, Thomas Piketty,2013.

    DOCUMENT N°5 : Les composantes de l’inégalité mondiale, 1820-1998 (indice de Theil)

  • 0123DIMANCHE 27 LUNDI 28 SEPTEMBRE 2015 planète | 7

    (Personnes vivant avec moins de 1,25 dollar par jour) PERSONNES SOUS-ALIMENTÉES (PAYS EN DÉVELOPPEMENT), EN %

    PERSONNES DANS LE MONDE, EN MILLIONS

    47 %

    836

    23,31990-1992

    12,92014-2016

    PART DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT

    1990 2015 1990 2015

    836

    1 926

    14 %

    Dans les régions en développement

    ENFANTS NON SCOLARISÉS EN ÂGE D’ALLER À L’ÉCOLE PRIMAIRE, EN MILLIONS

    2000 2015

    2000 2015

    8391

    57

    TAUX DE SCOLARISATION DANS L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE, EN %

    100

    PART DES FEMMES SALARIÉES(SECTEUR NON AGRICOLE)

    RÉPARTITION DES PERSONNES EN ÂGE DE TRAVAILLER* DANS LA POPULATION ACTIVE EN 2015, EN %

    2000 2014

    Femmes

    Hommes

    35 %

    41 %

    *15 ans et plus

    Actifs Sans emploi Economiquement inactifs

    47 3 50

    72 4 23

    TAUX DE MORTALITÉ DES ENFANTS DE MOINS DE 5 ANS, pour 1 000 naissances vivantes

    90

    43

    1990

    2015

    TAUX DE MORTALITÉ MATERNELLE(DÉCÈS POUR 100 000 NAISSANCES VIVANTES)

    1990 2013

    380

    210

    PERSONNES VIVANT AVEC LE VIH ET RECEVANTUN TRAITEMENT ANTIRÉTROVIRAL, EN MILLIONS

    2003 Juin 2014

    0,8

    13,613,6

    PERSONNES VIVANT AVEC L’EAU POTABLE COURANTEDANS LE MONDE, EN MILLIARDS

    20152000

    4,22,3

    AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT,EN MILLIARDS DE DOLLARS

    2000 2014

    81

    135

    Éliminer l’extrême pauvreté et la faim Réduire la mortalité des enfants de moins de 5 ans

    Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes Améliorer la santé maternelle

    Assurer un environnement durable Mettre en place un partenariat mondial pour le développement

    Combattre le VIH/sida, et autres maladies

    Assurer l’éducation primaire pour tous

    Le bilan globalement positif des huit objectifs du millénaire

    Les progrès les plus significatifs en faveur de la sécurité alimentaire ont été réalisés en Amérique latine et dans les Caraïbes, où le nombre de malnutris a diminué des deux tiers depuis 1990. La faim a aussi sensiblement reculé en Asie de l’Est et du Sud-Est. En Afrique, les progrès restent faibles, en particulier en Afrique subsaharienne, où près d’un habitant sur quatre sou�re toujours de la faim.

    Le déclin spectaculaire des décès évitables d’enfants constitue une des avancées les plus importantes, grâce notamment à la vaccination contre la rougeole. Mais l’objectif de baisse de deux tiers de la mortalité des moins de 5 ans ne devrait pas être atteint, au rythme actuel, avant 2026, soit avec onze ans de retard sur le programme. En 2015, 16 000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque jour, la plupart de maladies évitables, pneumonie, diarrhée, paludisme.

    Le taux de mortalité maternelle est près de 14 fois supérieur dans les régions en développement à celui des régions développées. L’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud totalisaient 86 % des décès maternels dans le monde. La plupart des décès sont évitables, l’hémorragie étant la cause la plus fréquente.

    La scolarisation dans l’enseignement primaire est maintenant universelle ou quasi universelle en Asie de l’Est et en Afrique du Nord. La cible est presque atteinte dans toutes les autres régions, sauf en Afrique subsaharienne.

    Les nouvelles infections par le VIH ont baissé d’environ 40 % entre 2000 et 2013, passant de 3,5 à 2,1 millions de cas. Quant au paludisme, 6,2 millions de décès ont été évités entre 2000 et 2015.

    Si l’éducation des filles a nettement progressé, l’inégalité des sexes persiste dans l’accès au travail, les biens économiques et la participation aux prises de décision privées et publiques. Les femmes sont plus touchées par la pauvreté que les hommes, notamment en Amérique latine et dans les Caraïbes.

    Les changements climatiques ont sapé les progrès réalisés (ozone, assainissement, eau potable…). Les émissions de dioxyde de carbone ont plus que doublé depuis 1990, la déforestation s’est poursuivie et la pénurie d’eau a�ecte 40 % des habitants de la planète

    SOURCE : OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT, RAPPORT 2015 INFOGRAPHIE LE MONDE - VÉRONIQUE MALÉCOT, DELPHINE PAPIN

    + 66 %

    – 45 %

    L a planète s’est dotée d’unenouvelle feuille de routepour le développement,vendredi 25 septembre,lors de la première journée de l’Assemblée générale des Nations unies qui se tient à New York jusqu’au 27 septembre. Après les huit Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) qui ont accompagné la période de 2000 à 2015, ce sont dixsept Objectifs de développement durable (ODD) quidevraient permettre de construire le futur des 8,5 milliards d’habitants attendus sur la planète dansquinze ans. Il s’agit pour les Nations unies de mettre fin à la pauvreté d’ici à 2030 et « de transformer les vies tout en préservant la planète ».

    Quinze ans après l’adoption desOMD, des progrès importants ont été réalisés, notamment avec la réduction de moitié du nombre d’enfants non scolarisés et en âge d’aller à l’école, la diminution de plus de la moitié de l’extrême pauvreté – elle est passée de 1,9 milliard de personnes en 1990 à 836 millions en 2015 –, ou encore dans la lutte contre la faim et la sousalimentation.

    Si l’objectif de réduction de 50 %du nombre de personnes en grande pauvreté, vivant avec

    moins de 1,25 dollar par jour (1,12 euro), a été atteint dès 2010, il faut y voir notamment l’impact des progrès réalisés en Asie de l’Est et en particulier en Chine. Le développement économique du pays – croissance à un niveau élevé, autour de 8 % en 2000, 14 % en 2007 et 7 % en 2014 – a joué un rôle important, tout comme la décision d’assurer un socle de protection sociale pour la population.En 2012, 99 % de la population chinoise bénéficiait d’une assurance de santé de base, contre seulement16 % huit ans plus tôt. Quand ces progrès touchent un pays comptant 1,4 milliard d’habitants, on comprend l’impact sur les statistiques internationales.

    Malgré tout, tous les objectifsn’ont pas été atteints. « Les inégali

    tés persistent et les progrès ont été inégaux. (…) En 2011, dans le monde,près de 60 % du milliard de personnes extrêmement pauvres vivaient dans cinq pays seulement », écrit le secrétaire général des Nations unies, Ban Kimoon, en introduction au rapport 2015 sur les OMD. Sur la santé maternelle ou l’accès àla contraception, des progrès importants doivent encore être réalisés dans les pays en développement. Dans ces régions, le taux de mortalité maternelle est quatorze fois plus élevé que dans les régionsdéveloppées. 880 millions de personnes vivent dans des taudis. Et près d’un milliard défèquent à l’airlibre. On est encore loin de l’éradication de la pauvreté dans le monde.

    Inventaire à la PrévertPour définir les nouveaux objectifs, qui entreront en vigueur le 1er janvier 2016, les nations ont négocié durant trois ans – la réflexion a été initiée lors du sommet « Rio + 20 » en 2012 –, dans un « groupe de travail ouvert » auquel ont participé 70 pays. Une enquêtea été menée au niveau mondial, à laquelle ont participé plus de huit millions de personnes. « Ces ODD ont été élaborés par les Etats membres, avec l’association de nom

    breuses parties, la société civile, alors que les OMD avaient été fixés par les Nations unies et les pays n’avaient eu qu’à les adopter », résume AnneLaure Jeanvoine, conseillère au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

    A New York, il s’agit de l’ultimeétape de l’adoption des ODD – 193 pays se sont déjà accordés le 2 aoûtsur la finalisation du document. Ceuxci sont assortis de 169 cibles concernant toutes les dimensions du développement durable : lutte contre la pauvreté, la faim, la santéet l’hygiène, l’éducation, l’égalité entre les sexes, le travail décent et la croissance économique, « les énergies propres et d’un coût abordable », la lutte contre le changement climatique, les « villes et communautés durables », la conservation de la biodiversité marine et terrestre ou encore la « paix et la justice ».

    Les questions d’environnementet de climat occupent plusieurs objectifs alors que dans les OMD, ils n’apparaissaient que dans le septième, « préserver l’environnement ». L’adoption de ces ODD devient une étape avant la conférence sur le climat, à Paris, fin novembre. Le chef de l’Etat français, François Hollande, doit intervenir

    à New York, dimanche, en particulier sur la question climatique.

    Climat, nature, santé, éducation,justice, paix… cet inventaire à la Prévert que sont les ODD fait douter certaines ONG qui jugent le nombre des objectifs trop important, augmentant le risque de dilution des priorités. Surtout, il coûte cher.

    La question des moyens financiers pour réaliser ces ODD est devenue ellemême un objectif, le dixseptième : « Partenariat pour réaliser ces objectifs. »

    Le passage de 8 OMD aux 17 ODDsignifie des besoins estimés en milliers de milliards de dollars, voire dizaines de milliers, alors que le financement public international du développement a atteint 239 milliards de dollars (213 mil

    liards d’euros) en 2014. Lors de la Conférence des Nations unies vouée au financement du développement, qui s’est tenue à AddisAbeba en juillet, l’importance du recours au secteur privé a été soulignée. Ce qui ne doit pas exonérer les Etats d’augmenter leur participation au travers de l’aide publique au développement (APD), en stagnation ou en recul dans de nombreux pays. « Tout l’enjeu sera d’allouer les financements à bon escient, c’estàdire rediriger les soutiens aux pratiques néfastes – telle l’exploitation des énergies fossiles – vers des politiques durables », explique Pierre Cannet, responsable climat à WWFFrance.

    Il reste enfin que le nouvelagenda n’est pas prescriptif et que les pays peuvent, ou pas, mener lespolitiques pour atteindre les objectifs. « Le Nigeria, par exemple, ne veut pas entendre parler des droits sexuels et reproductifs des femmes. S’il n’a pas empêché que cet objectif soit retenu au niveau international,il ne fera rien pour l’atteindre », détaille AnneLaure Jeanvoine. Malgré toutes les limites, le lancementpolitique de l’agenda est un signal positif, veulent croire les différentes parties, surtout à deux mois dela COP21.

    rémi barroux

    « Près de 60 % du milliard

    de personnes extrêmement

    pauvres viventdans cinq pays »

    BAN KI-MOONsecrétaire général de l’ONU

    Dixsept objectifs pour une planète durableL’ONU adopte une feuille de route ambitieuse pour vaincre la pauvreté d’ici à 2030 et protéger l’environnement

    Le nouvel agendan’est pas

    prescriptif et les pays peuvent,

    ou pas, mener les politiques

    pour atteindre les objectifs

  • LesratésdesobjectifsdumillénaireRichard [email protected]

    E n progrès, mais insuffisant. Telle est l’apprécia-tion qui devrait figurer en bas du bulletin denotes de la communauté internationale auregard des huit objectifs du millénaire pour le dévelop-pement (OMD) qu’elle s’était fixés en 2000. Certes, desavancées significatives ont été effectuées, à l’image de la

    réduction de la pauvreté dans le monde. Globalement,cet objectif a été atteint. Grâce, surtout, au formidabledéveloppement économique de la Chine. Comme lesouligne le dernier rapport des Nations unies sur lesOMD, « les progrès ont été inégaux entre les régions et lespays […]. Des millions de personnes ont été laissées decôté ». Il faut bien le reconnaître, le continent africainreste en retard et des efforts supplémentaires sontnécessaires. Dans de nombreux domaines. A commen-

    cer par l’égalité des sexes. Les femmes restent désavan-tagées sur le marché du travail en termes d’accès et derémunération ; les enfants des ménages les plus pau-vres ont plus de difficultés à être scolarisés ; les zonesrurales peinent toujours à accéder à l’eau potable ; lesémissions de dioxyde de carbone dans le monde ontplus que doublé depuis 1990 ; en dépit des progrès, prèsde 800 millions de personnes vivent encore dans unepauvreté extrême et souffrent de la faim… Ces résultats

    insuffisantss’expliquentenpartieparlemanquedesta-tistiques fiables, qui empêche de surveiller l’évolutiondes objectifs, soulignent les Nations unies. Une leçonapparemment retenue : pour les objectifs des quinzeprochaines années, l’ONU a prévu d’aider les pays lesplus pauvres à collecter des données.

    (Lire nos informationsPages 8-9

    DÉVELOPPEMENT // Les Nations unies ont adopté ce week-end 17 nouveaux objectifs de développement. Malgré les importantsprogrès réalisés, les huit cibles prioritaires définies il y a quinze ans lors du sommet du millénaire ont été manquées.

    OBJECTIF 1Eliminer l’extrême pauvreté

    et la faim : des progrès trompeursLe nombre de personnes vivant avec

    moins de 1,25 dollar par jour dans lemonde a diminué de moitié par rapportà 1990. Dans l’absolu, l’objectif est doncatteint. Néanmoins, dans le détail, cette

    performance est due pour l’essentielau formidable essor économique de la

    Chine, dont le taux de pauvreté a chutéde 94 %. Avec 41 % de sa population

    vivant avec moins de 1,25 dollar par jour,l’Afrique subsaharienne, elle, est toujours

    aussi pauvre. Par ailleurs, la proportionde personnes sous-alimentées dans les

    pays en développement a, certes, baisséde moitié depuis 1990. Mais, sur la

    période 2014-2016, elle avoisinera toutde même les 13 %, selon les projections

    de l’ONU.

    OBJECTIF 2Assurer l’éducation primaire

    pour tous : inachevéLes progrès sont considérables mais insuffisants.Le taux net de scolarisation dans l’enseignement

    primaire des pays en développement est passé de 83 %à 91 % en quinze ans. L’Afrique subsaharienne a vu

    le sien passer de 60 à 80 %. Le taux d’alphabétisationdes 15-24 ans a grimpé de 6 points en vingt ans à 89 %en 2010. Reste que l’éducation primaire universelle n’a

    pas été atteinte : dans le monde, 57 millions d’enfants nesont pas scolarisés. Pis : 43 % d’entre eux n’iront jamaisà l’école. Les conflits compliquent la donne : en Afriquedu Nord, la part des enfants non scolarisés est passéede 30 % en 1999 à 36 % en 2012. Sur la même période,

    en Asie du Sud, le chiffre a doublé, à 42 %.

    OBJECTIF 3Promouvoir l’égalité des sexeset l’autonomisation des femmes : insuffisantLe combat devra se poursuivre.Certes, en quinze ans, près des deux tiers des paysen développement ont atteint la parité des sexesdans l’éducation primaire, secondaire et supérieure.Mais, au niveau de l’emploi, la disparité hommes-femmes subsiste. D’une part, les trois quarts deshommes en âge de travailler font partie de la popu-lation active, contre la moitié pour les femmes.D’autre part, sur le plan salarial, au niveau mondial,les femmes gagnent en moyenne 24 % de moinsque les hommes. Quant à la vie politique,seulement un parlementaire sur cinqest une femme.

    OBJECTIF 7Assurer un environnement durable :nettement insuffisantLa mobilisation générale contre le réchauffementclimatique de ces derniers mois,dans la perspective de la COP21 de Paris,en témoigne : l’objectif 7 est loin d’avoir été atteint.Entre 1990 et 2012, les émissions mondialesde dioxyde de carbone ont augmenté de plusde 50 %. La croissance des émissions mondialess’est accélérée, augmentant de 10 % entre 1990et 2000 et de 38 % de 2000 à 2012.Malgré les progrès du côté de la déforestation,cette dernière reste à un niveaualarmant dans de nombreux pays.Près de 2 milliards de personnes supplémentairesont accès à l’eau potable courante depuis 1990 etplus de la moitié de la population mondiale (58 %)bénéficie aujourd’hui de meilleurs services.Au niveau mondial, seulement 9 % des ressourcesrenouvelables en eau douce sont prélevées.Reste que certains pays d’Afrique du Nord et d’Asiecentrale sont en situation de stress hydrique.Aujourd’hui, la pénurie d’eau affecte plus de 40 %dans le monde et ce chiffre devrait augmenter.Bonnes nouvelles : la couche d’ozone devrait êtrereconstituée avant la fin du siècle ; la populationurbaine des pays en développement vivant dans destaudis a reculé de 10 points de pourcentage.

    OBJECTIF 5Améliorer la santé maternelle : manquéSi le taux de mortalité maternelle a diminué entre1990 et 2013 (– 45 %), les progrès n’ont pas permisd’atteindre l’objectif de la réduire de 75 %.Pourtant, la proportion d’accouchements assistéspar un personnel qualifié (médecin, infirmier,sage-femme) a augmenté de 57 % en 1990à 70 % en 2014 dans les pays en développement.Plus d’une mère sur quatre ne reçoit pasde soins médicaux cruciaux lors de la naissancede son enfant. L’Asie du Sud et l’Afriquesubsaharienne sont les régions les plus à la traîne.Seule la moitié des femmes des paysen développement reçoiventquatre consultations prénatales.

    OBJECTIF 6Combattre le sida, le paludisme

    et d’autres maladies : mitigéLes nouvelles infections dues au sida ont diminuéd’environ 40 % entre 2000 et 2013. Les décès liés

    – 1,5 million de personne en 2013 – sont en recul parrapport au pic des 2,4 millions de morts de 2005.

    Si, en 2003, seulement 800.000 personnes recevaientun traitement antirétroviral, en juin 2014, leur nombre

    atteignait 13,6 millions. Pour le paludisme, le tauxmondial de mortalité a diminué de 58 %. La cible fixée en

    2000 a été atteinte. Mais la maladie reste endémiquedans 97 pays dans le monde. Côté tuberculose, le taux

    de mortalité a reculé de 45 % entre 1990 et 2013.La cible devrait être atteinte à la fin de l’année.

    OBJECTIF 4Réduire de deux tiers la mortalité

    des enfants de moins de 5 ans : manquéLes progrès sont substantiels. Mais insuffisants.

    Entre 1990 et 2015, dans le monde, le tauxde mortalité des enfants de moins de cinq ans est passé

    de 90 à 43 décès pour 1.000 naissances vivantes.Au rythme actuel observé, l’objectif numéro 8

    ne pourrait pas être atteint avant 2026.Aujourd’hui, près de 16.000 enfants

    de moins de cinq ans décèdent chaque jourde maladies pourtant évitables.

    Malgré des progrès incontestables,c’est l’Afrique subsaharienne qui détient

    le taux de mortalité des enfants le plus élevé avec86 décès pour 1.000 naissances.

    OBJECTIF 8Mettre en place un partenariat mondial

    pour le développement : insuffisantLa plus grande crise financière de l’après-guerre est

    passée par là. L’aide publique au développement (APD)des pays riches a subi les effets de l’austérité budgétaire

    mis en place après 2010. L’APD stagne autourde 135 milliards de dollars (2014). Et les promesses d’y

    consacrer 0,7 % du revenu national brutsont restées lettre morte, à de rares exceptions près.

    En moyenne, l’APD n’atteint que 0,29 % du RNB.Ce qui est loin d’être suffisant.

    Les Echos Lundi 28 septembre 2015 // 15

    enquête

  • économie&entreprise

    C ’estunedes grandes caracté-ristiquesdel’économiemon-diale, avec la reprise confir-mée aux Etats-Unis et les difficul-tés en zone euro : le monde émer-gent fait face à un ralentissementéconomique probablement dura-ble et sonhétérogénéité s’accroît.

    Il suffit pour s’en convaincre derappeler que le Brésil est en réces-sion, tandis que le produit inté-rieur brut (PIB) de la Chine ne pro-gresse plus – si l’on ose dire – quede 7%à7,5%.

    Alors que la croissance globaleest fragile et en mutation, leconcept de «BRICS» (Brésil, Rus-sie, Inde, Chine, Afrique du Sud)aperdu de sa pertinence. « Il est

    devenu insuffisant pour rendrecomptedes forcesetdesvulnérabili-tés hétérogènes du monde émer-gent», analysent Matthieu Bus-sière (Ecole d’économie de Paris) etNatacha Valla, directrice adjointeau Centre d’études prospectives etd’informations internationales(Cepii), dans L’Economie mondiale2015 (LaDécouverte, 2014).

    L’expression «The Fragile Five»(« les cinq fragiles») a, depuis, faitflorès. Elle a été employée le 5août2013 par un économiste de Mor-ganStanleypourdécrire lesvulné-rabilités économiques et financiè-res de la Turquie, du Brésil, de l’In-de,de l’AfriqueduSudetde l’Indo-nésie (dépréciation des devisesnationales, inflation élevée, défi-cits courants importants, exposi-tion au risque de fuite de capitauxet croissance faible).

    Amplifiées par la normalisa-tion progressive de la politiquemonétaire américaine, ces faibles-ses structurelles sont une des cléspour comprendre les recomposi-tions en cours.

    Gardons-nous, toutefois, d’entirer des conclusions trop hâtives.

    «Même avec une croissancemoin-dre, les pays émergents et en déve-loppement demeurent à l’originede 40% du PIB mondial et de 56%dece PIBmondial enparité depou-voir d’achat », analysait, jeudi25septembre, Vincent Caupin, del’Agence française de développe-ment (AFD), lors du séminaire derentrée duCepii à Paris.

    Entre2000 et 2010, le taux decroissance annuel moyen de laChine, de l’Inde, de l’Indonésie, dela Turquie, de l’Afrique du Sud etduBrésil adépassé3,5%,ycomprispendant la grande récession.

    Cette «performance remarqua-ble» a peude chance de se répéter.«Lespaysémergentsdevraient res-ter les principaux moteurs de la

    croissance, mais une croissancemoins forte que dans les années2000. Ils seront aussi moins rési-lientsdufaitdeconditionsdefinan-cementmoins favorables», précisel’économiste de l’AFD.

    Plusieurs facteurs externes etinternes jouent dans ce sens. Lecycle de forte hausse du prix desmatières premières est terminé.Lademandeestmoinsdynamiquedans les pays avancés et enChine.

    Et, d’après le Fonds monétaireinternational (FMI), un point decroissance en moins dans ce paysentraînerait une baisse de0,5point de PIB dans les autresémergents. A cela s’ajoute, dansplusieurs pays, l’apparition decontraintes d’offres comme l’in-

    suffisancedesinfrastructuresrou-tières, ferroviaires, électriques…

    Cen’est pasd’«un»mais «des»mondes émergents qu’il convien-drait donc de parler en ayant pré-sent à l’esprit le fait que, enmatiè-re de dynamisme économique,l’Asiecaracoleentête,devantl’Afri-que subsaharienne, et loin devantuneAmérique latine à la traîne.

    Plutôt que de classer les pays enfonction de leurs vulnérabilités,comme Morgan Stanley avec lesFragile Five, on peut les regrouperenfonctiondeleurpoidsdansl’éco-nomie mondiale et de leur poten-tiel.Economisteenchefchezl’assu-reur crédit Euler Hermes, LudovicSubran identifie quatre groupes:les poids lourds ou géants (Chine,

    Inde,Brésil…),quiontlesprobléma-tiques de tous les pays émergents(comment avoir accès à plus decapitaux étrangers ? Commentfinancer son économie, etc.?) toutendevanttrouverunnouveaurégi-me de croissance, plus tourné versla demande interne.

    S’imposent ensuite des paysplus petits, comme l’Indonésie, laTurquie ou la Colombie, au poten-tiel important,etquiontcommen-cé à réformer leur économie (ilssont souvent assez protectionnis-tes). Dans une catégorie proche,LaurenceDaziano,maîtredeconfé-rences à Sciences Po et conseillèrescientifique à la Fondapol, a recen-sé six nouveaux «grands» émer-gents (Bangladesh, Ethiopie, Nige-

    ria, Indonésie, Vietnam et Mexi-que) à partir de cinq critères (plusde 100millions d’habitants ; plusde 5% de croissance par an aucours des dix dernières années ;une population urbanisée à 50%ouplus ; des besoins en infrastruc-tures; une stabilité politique).

    Viennent enfin les pays présen-tant un risque politique fort (Rus-sie, Argentine, Thaïlande…) et cer-tainsexportateursdematièrespre-mières qui, telle la Tanzanie, n’ontpasencoredécollé (leurdéveloppe-ment reste à construire).

    Quelle que soit leur diversité,les émergents possèdent un pointcommun: ils sont plus «aiman-tés» que jamais par la Chine. p

    ClaireGuélaud

    LesSuissesvotentsurlacréationd’unecaissemaladiepubliqueLaconfédérations’interrogesur lecoûtdesonsystèmeprivé

    L’Asiecaracoleentête,devantl’Afriquesubsaharienne,et loindevant

    uneAmériquelatineàlatraîne

    LeséconomiesémergentesdivergentdeplusenplusFaceauxdifficultésduBrésiloude l’AfriqueduSud, leconceptde«BRICS»aperdusapertinence

    NewYorkCorrespondant

    P artir avant qu’on ne l’y obli-ge. Telle a été la stratégie deBillGross,quiaannoncéven-dredi 26septembre son départ dePacific Investment ManagementCo (Pimco), le premier gestionnai-rede fonds obligatairesdumonde,pour rejoindre Janus Capital. Uneannonce qui lui permet de sauverla face, car Pimco était sur le pointde congédier son cofondateur,selon des sources proches du dos-sieret citéespar lapresseaméricai-ne.

    A 70 ans, M.Gross a longtempsété l’undesplus influents investis-seurs de la planète sur le marchédes obligations. Il avait créé Pimcoen 1971 pour en faire un géant quigèreaujourd’huiprèsde2000mil-liards de dollars (1 577milliardsd’euros), cequi lui avait valu le sur-nom de «Bond King» (le « roi del’obligation»).

    Mais voilà, depuis un peu plusd’un an,M.Gross est tombé de sonpiédestal. D’abord, Pimco a signéen 2013 sa pire performancedepuis vingtans. Et puis, le 21 jan-vier, son associé, MohamedEl-Erian, présenté comme sonpos-sible successeur, a soudainementclaqué laportedePimco. Cedéparta provoqué des vagues, permet-tant de mettre sur la place publi-quelesdissensionsàlatêtedecette

    filiale dugroupe allemandAllianz.Unmoisaprès ledépartdeM.El-

    Erian, leWallStreet Journalpubliaitune enquête qui donnait unemul-titude de détails sur les divergen-ces entre les deux hommes. L’arti-cle faisait notamment référence àune conversation animée, quis’était tenue en juin2013 devantplusieurs témoins.

    Au cours de cet échange,BillGross avait dit à son partenai-re: «J’ai un bilan de quarante et unans d’excellence dans le secteur del’investissement, et toi, qu’est-ceque tuas?»M.El-Erian aurait alorsrépondu : « J’en ai marre de net-toyer tam…»

    L’articleduquotidienaméricainracontait par ailleurs par le menul’autoritarismedeM.Gross.

    Revers sur reversEn réaction, Bill Gross avait fait

    preuve de fébrilité en accusantdirectement M.El-Erian de cher-cherà«saper»saréputationautra-vers de cet article que son ex-colla-borateuraurait«écrit»de samain.

    Derrière cette polémique, desinterrogations commençaient à seposer sur la stratégie d’investisse-ment deM.Gross, qui a essuyé cesderniers mois revers sur revers.Moisaprèsmois, le fondsaainsivudiminuer ses actifs sous gestionpour atteindre 80milliards de dol-lars en 2013, selon les calculs de lasociétéd’analyseMorningstar.

    La nouvelle gouvernance miseen place pour pallier le départ deM.El-Eriann’a finalementpasdon-né les résultats escomptés. Et puisenfin,endébutdesemaine, lagout-ted’eauquiasansdoutefaitdébor-der le vase : le Wall Street Journalrévélait que la Securities andExchange Commission (SEC), legendarme américain desmarchés,enquêtait sur le fondsdeBillGross,le soupçonnant d’avoir artificielle-ment trafiqué sesperformances.

    Après avoir contacté initiale-ment le fonds DoubleLine de Jef-frey Gundlach pour trouver uneporte de sortie honorable,BillGross s’est finalement rabattusur JanusCapital.

    «Jesuis impatientdemeconcen-trer à nouveau sur le marché dufixed income [investissementàrevenu fixe sur les placementsobligataires] et de quitter un grandnombre de complexités liées à lagestion d’une grande organisa-tion»,a indiquéM.Gross.

    Même si le «roide l’obligation»n’estpluscequ’ilétait, lesmarchés,ayant horreur de la surprise, ontvivement réagi à l’annonce de sondépart: l’action Allianz, la maisonmère de Pimco, chutait vendredide 6,2%, celle de Janus grimpait desoncôtédeplusde43%.Quantauxfonds gérés par Pimco, tous affi-chaient des pertes atteignant par-fois plusde6%. p

    Stéphane Lauer

    LausanneCorrespondance

    L esSuissesaccepteront-ils, lorsdu référendumdu dimanche28septembre, de remplacerleur systèmed’assurancesmaladieprivées par une caisse publique?Ce serait une surprise. Selon le der-nier sondage, 54% des citoyensrejetteraient la proposition de lagauche. Il y a sept ans, l’idée d’unecaissed’Etat avait déjà étébalayée.

    Le système de santé helvétiquefonctionne plutôt bien. Il ne souf-fre d’aucun déficit, contrairementà la Sécurité sociale française, il n’ya pas de listes d’attente et les soinssont de bonne qualité. Mais laméthode de couverture est deve-nue très complexe et les cotisa-tions pèsent de plus en plus lourddans le budget desménages. Selonl’Organisationdecoopérationetdedéveloppement économiques(OCDE), la Suisse est le pays quidépense le plus par habitant pourla santé, après les Etats-Unis et laNorvège. Lahaussedes coûts apro-voqué une explosion des cotisa-tionsquelesassuréspaienttous lesmois. Car, contrairement à la Fran-ce, l’assurance-maladie n’est pasdéduite du salaire. Toute personnedomiciliée en Suisse, même étran-gère,est tenuepar la loideconclure

    une assurance de base auprès del’unedes61caissesmaladiededroitprivé. Le montant de la cotisationvarie selon le canton et la classed’âge. Ilpeutencorevarieravecuneparticipation financière aux soinsplus ou moins élevée et le choixd’un réseau demédecins. Au final,plusde200000combinaisonsdif-férentes existent sur le marché.Comment s’y retrouver?

    «Grossesmachines»Chaque automne, c’est le casse-

    têtepour les familles. Le gouverne-ment révèle fin septembre lemon-tant des cotisations pour l’annéesuivante (il vient d’annoncer unehaussemoyenne de 4%pour 2015)et les assurés ont deux mois pourrésilier leur contrat et changer decaisse maladie s’ils trouvent plusavantageuxailleurs.

    A cette période, les caissesdéploientdegrosmoyenspouratti-rer denouveaux clients, et si possi-ble de «bons risques», c’est-à-diredes jeunes en bonne santé qui rap-portent plus qu’ils ne coûtent.«D’interlocutrices privilégiées, lescaisses maladie sont devenues degrosses machines qui agissent ensubstitutiondel’Etat»,notelesocio-logue suisseRenéKnüsel.

    En proposant la création d’unecaisse publique chargée de mettre

    enœuvre l’assurance de base pourtous, la gauche veut simplifier lemécanisme et supprimer la chasseaux «bons risques». La droitedéfendlesvertusde la concurrenceet doute des économies que cetteorganisationpourrait générer.

    Le gouvernement, opposé à lacaisse publique, préfère améliorerle système existant. Une loi sur lasurveillance de l’assurance-mala-die,censéeéviter lespratiquesdou-teuses, a été adoptée vendredi.D’autres réformes sont promises,mais la gauche reste sceptique,comptetenudela fortereprésenta-tiondesadministrateursde caissesprivéesauParlement.

    La caisse publique stopperait-elle la hausse des cotisations? Lagaucheestimequeoui, puisqu’unepartie des sommes prélevées estutilisée pour démarcher de nou-veaux clients et rémunérer lesadministrateurs. La droite assureque cette part est minime. «Rienn’indiqueque lepassage àune cais-se publique réduirait les coûts de lasanté et donc les cotisations», jugeValérie Paris, analyste des systè-mes de santé à l’OCDE. Mais elleconstatequelaconcurrenceactuel-len’exercepaslapressionattenduesur les coûts. D’où l’âpreté dudébat.p

    Christine Salvadé

    Pays émergents : des situations socio-économiques hétérogènes

    MEXIQUE

    BRÉSIL

    NIGERIA

    117 millions3,6%10 058 $4,1%

    198,4 millions0,8%11 358 $5,4%

    AFRIQUE DU SUD

    51 millions2,5%7 525 $5,6%

    CHINE

    1 354 millions7,7%6 071 $2,6%

    INDE

    1 227,2 millions3,2%1 500 $10,4%

    INDONÉSIE

    244,4 millions6,2%3 593 $4,2%

    169,3 millions6,2%1 725 $9,8%

    TURQUIE

    74,8 millions2,2%10 527 $8,9%

    RUSSIE

    142 millions3,4%14 302 $5%

    SOURCE : D’APRÈS LAURENCE DAZIANO, « LES PAYS ÉMERGENTS. APPROCHE GÉO-ÉCONOMIQUE », ARMAND COLIN, 2014. DONNÉES DU FMI (2012)

    Taux de croissance du PIB, en %

    PIB par habitant, en prix constant, en dollars

    Taux d’inflation, en %

    Population, en millions

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    Moins de 3%

    De 3 à 6%

    Plus de 6%

    TAUXDE CROISSANCE DU PIB, EN%

    Le«roidel’obligation»quittePimcoBillGross, fondateurde lasociétédegestiondefonds, rejoint JanusCapital

    30123Dimanche28 - Lundi 29 septembre 2014