plan de développement Économique et artisanal de la ville...
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2009
DOUSSARD Thomas
EPU – DA, ADUC.
04/09/2009
Plan de Développement Économique et Artisanal de la ville de Tenkodogo
Ville de CHINON
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Plan de Développement Économique et Artisanal (PDEA) de la ville de Tenkodogo
Sous la tutelle de Mme. Cathy SAVOUREY ADUC, Chinon
Thomas DOUSSARD EPU – DA, Tours 2008 - 2009
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Remerciements Je tiens à remercier l’ensemble des personnes qui m’ont permis de réaliser cette étude dans les meilleures
conditions qui soient parmi lesquelles :
M. Alassane ZAKANÉ, maire de Tenkodogo, pour son accueil chaleureux et son appui dans la mise à disposition des documents et moyens d’étude.
M. Alain LEJEUNE, coopérateur « toujours jeune » de l’ONG ethnik.org, M. Blaise BAMA, animateur de la pépinière d’entreprises, pour leur accueil et leur bonne humeur, et toute l’aide qu’ils m’ont apporté dans la compréhension du contexte économique local ; ainsi que pour m’avoir permis de réaliser nombre d’entretiens avec les artisans.
Mme. Cathy SAVOUREY, professeur associée au département aménagement (EPU Tours), pour son aide et ses conseils précieux lors du déroulement de cette étude.
L’association APAGAN/B, et son président M. Hermann OUBDA, pour son aide et la disponibilité de l’ensemble des groupements d’artisans qui ont participé aux enquêtes concernant le secteur artisanal.
L’association ACAGAT, son président, M. Jérôme BAMBARA, et son chargé de communication, M. Serge SÉDOGO, pour toutes les informations fournies sur leur association et avoir permis la rencontre d’artisans et d’acteurs locaux du développement économique.
La DSTM, son chef du service des domaines, M. Claude KÉRÉ, pour son aide lors du démarrage de cette étude et pour les documents cadastraux qu’il a fourni, et M. Désiré DIATTO, chef du service de la voirie, pour son aide lors des enquêtes auprès des camionneurs transitant par Tenkodogo.
La DRAHRH, La DREP, Les membres de la plate forme Tenkodogo Initiative, Les services de la mairie, L’ANPE et la PAMF pour leurs informations concernant le fonctionnement de leurs structures respectives.
Mes amis Kumiko MIYAZAWA, Yoshié TAKAHASHI, Keigo IMAMURA, Patrick HEESTERMANS et Douada OUBDA pour leur bonne humeur de tous les jours et toutes les blagues et bons moments que nous avons partagés et qui ont su rendre ce stage inoubliable.
L’ensemble des artisans et commerçants qui ont très aimablement accepté de répondre à l’ensemble des entretiens que j’ai eu avec eux concernant les détails de leurs activités.
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Introduction Forte de son étroite collaboration avec les villes de Chinon (France, Indre-et-Loire) et d’Étaules (France,
Charente Maritime) dans le cadre d’un programme de coopération décentralisée, la commune de
Tenkodogo a décidé de mettre en place un plan de développement économique qui fera synthèse des
plans et projets en cours en même temps qu’un état des lieux plus précis des activités économiques, et
notamment artisanales, de la ville.
Située entre Ouagadougou et la frontière togolaise, la commune de Tenkodogo ne profite pas de sa
position géostratégique pour développer ses activités commerciales, qui au contraire tendent à la fuir. De
fait la ville peine à capter les marchandises en transit et voit son développement avancer à petit pas en
comparaison des ces rivales économiques burkinabè.
Carte 1 : Position géographique de Tenkodogo au Burkina Faso
Ce plan de développement économique intervient alors pour permettre à tout projet futur de se
développer en disposant de connaissances importantes sur les acteurs locaux de la vie économique et de
pouvoir cibler avec justesse les leviers d’action prioritaires à dynamiser dans le secteur de l’artisanat. Il
apporte, en outre, des réponses aux précédentes préconisations prescrites dans les divers plans de
développement locaux et offre ses réponses quant aux projets à initier à court terme pour un meilleur
rayonnement de la commune à l’échelle nationale.
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1 Diagnostic de la situation économique de Tenkodogo
1.1 Situation et poids de l’artisanat dans l’économie locale
1.1.1 Que désigne-t-on par le terme artisanat ? Cette question est le prélude à la différenciation entre le secteur formel et le secteur dit informel. Il est
intéressant pour y répondre de reprendre la définition qu’en donne le ministère de la jeunesse et de
l’emploi : « L’artisanat se distingue des autres secteurs de l’économie par un mode de production de biens et de services dont
le processus de transformation est principalement manuel. L’arrêté ministériel sur la classification des métiers de l’artisanat
dénombre neuf corporations et répertorie au moins une centaine de métiers artisanaux1. L’artisanat est souvent assimilé au
secteur informel parce qu’une grande majorité des artisans sont fiscalisés sous le régime de la Contribution au Secteur Informel
(CSI) » [étude des métiers de l’artisanat, 2007].
Sont présents, à Tenkodogo, trois types d’artisanats répertoriés par le ministère de l’économie que sont
l’artisanat d’art, l’artisanat de production ou utilitaire et l’artisanat de service. L’artisanat d’art regroupe les
activités de poterie, vannerie, bijouterie, forge et maroquinerie. La sculpture sur bois, inexistante
localement, est également considérée comme un artisanat d’art affilié à la menuiserie. On ne trouve que
peu d’artisans d’art dans la ville de Tenkodogo, la faiblesse de cette production serait liée à un manque de
professionnalisation et d’organisation des artisans. L’artisanat utilitaire regroupe les activités de
cordonnerie, forgeage, et menuiserie bois et métallique. Enfin l’artisanat de service rassemble les coiffeurs,
tailleurs, maçons, réparateurs et mécaniciens, restaurateurs, transformateurs alimentaires, etc. [étude des
filières, 2009].
Hormis les principaux garages (automobiles) et quelques soudeurs, tous les artisans sont considérés
comme appartenant au secteur informel car ne gérant pas une entreprise formelle [entretien avec M. Hema
YAYA – inspecteur des impôts, 2009].
1.1.2 Généralités sur l’artisanat tenkodogolais Les artisans de Tenkodogo réalisent une production couvrant, à peu de choses près, l’ensemble des
produits et services d’artisanat disponibles au Burkina Faso. La qualité de leur production est satisfaisante,
au regard de la moyenne burkinabè, car ils doivent se démarquer des produits véritablement de basse
qualité arrivant de Ouagadougou2. Leur clientèle étant très locale, voire régionale au plus, il leur est
nécessaire de montrer aux clients que leurs produits sont plus fiables, car ils doivent également assurer le
service après vente ; cela concerne les soudeurs, tailleurs, menuisiers, … Les marchandises venant de la
capitale sont également moins chères car ce qui est produit là-bas n’est pas affecté par un surcoût de
transport des matières premières. Les artisans tenkodogolais ne peuvent donc pas jouer la carte de la
1 Ministère de la Promotion Economique : Décret n°98/485/PRES/PM/MCIA portant classification des activités artisanales en corps de métiers, Décembre 1999. (Voir annexe I). 2 Il y a également des produits de bonne qualité arrivant de Ouagadougou, mais en tout cas ceux de moins bonne qualité viennent généralement de la capitale.
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concurrence sur les produits de basse qualité pour lesquels leurs prix seraient, en moyenne, plus élevés et
verraient leurs clients se retourner vers eux en cas d’imprévus ou de malfaçons.
L’offre artisanale est trop souvent limitée à des produits basiques et, bien que de qualité satisfaisante, peu
innovants ; notamment dans les domaines de l’artisanat d’art et de l’alimentation. Il y a très peu d’artisans
d’art à Tenkodogo et les artisans qui pourraient occasionnellement diversifier une partie de leur
production en tant que tel (couturier, menuisier, menuisier métallique/forgeron) ne s’y risquent pas. Les
raisons principales à cela sont un manque récurrent de fond de roulement, qui limite la prise de risque, et
l’absence, à l’heure actuelle, de clientèle à satisfaire faute de reconnaissance touristique de la région.
Il y aurait, malheureusement, une demande locale et nationale à satisfaire dans certaines productions, en
particulier alimentaires, où les importations nord-africaines et asiatiques de basse qualité semblent
aisément concurrençables. La transformation alimentaire de la ville de Tenkodogo, à titre d’exemple, se
limite le plus souvent à la production de soumbala3 ou de petits gâteaux, mais ne concerne pas ou si peu le
travail des fruits ou des produits laitiers.
Tout cela concoure à rendre l’artisanat local fragile, car sous la menace de produits moins chers, moins
fiables et plus diversifiés, mais également disposant d’un potentiel de développement intéressant car
reposant sur de bonnes bases en termes de capacités de production et de qualité [PCD, 2009 ; entretiens
avec les artisans, 2009].
1.1.3 Concurrence au sein du marché burkinabè : offre et demande Le marché burkinabè repose autant sur l’achat/vente de produits en stock, entendons par là comme
étant ayant été produits très récemment et étant immédiatement disponibles, que sur la commande de
produits actuellement inexistants. La quasi-totalité des secteurs artisanaux du pays s’approvisionnent en
flux tendu, même pour des matières non périssables. Ceci met les artisans sous la menace directe des aléas
du marché (rupture de stock, hausse des prix, etc.). Les quelques stocks qu’ils réalisent sont liés à des
achats en gros dont l’intérêt premier est une économie d’échelle. Ce système d’approvisionnement et de
vente en flux tendu généralisé occasionne des retards importants sur l’ensemble des chaines de
production, et de manière « continue et indolore » participe à maintenir l’économie dans un état de
fragilité.
De nombreux artisans interrogés ont expliqué se fournir plus ou moins régulièrement à Ouagadougou
car la moitié au moins des matières premières dont ils ont besoin ne se trouve pas à Tenkodogo, ou est
moins chère ou de meilleure qualité dans d’autres villes (Ouagadougou, Koupéla,…). Cela déséquilibre les
capacités de négociations entre les vendeurs et les acheteurs au détriment de ces derniers. En effet, le
marché n’est pas pur et parfait car, dans la chaine de transaction, l’offreur est en mesure de faire pression à
tout point de vue sur le demandeur ce qui est complètement contraire à la logique de marché capitaliste
3 Celui de Tenkodogo semble réputé parmi l’ensemble de ceux produits dans le pays.
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qui s’applique dans les pays occidentaux par exemple. Le demandeur (artisan vis-à-vis de son fournisseur)
est dépendant de lui car :
• Il y a une pénurie généralisée de toutes les marchandises sur le marché.
• Certains artisans ont des difficultés à entrer sur le marché (se déplacer jusqu’à Ouagadougou ou
faire venir les marchandises à eux).
• La négociation des prix opacifie le jeu de la concurrence dès lors qu’on ne connaît pas le prix
minimum auquel le vendeur est prêt à céder sa marchandise. De même, les prix de départ ne sont
que rarement connus à moins d’engager la négociation avec le vendeur (hors de Ouagadougou les
prix sont rarement étiquetés sur les produits).
• Tous les fournisseurs ou presque fournissent strictement les mêmes produits sans chercher à se
diversifier et l’absence de connaissance du marché (pas de publicité, pas de comparaison des
produits) ne permet pas aux fournisseurs « créatifs » de faire connaître leur produits.
• Les demandeurs et les fournisseurs ne communiquent pas en dehors des relations de marché (se
limitant au négoce).
Cela étant, les artisans des provinces (hors de la capitale) ont du mal à se montrer concurrentiels. Ils
déplorent unanimement un coût de la vie trop élevé à mesure que l’on s’éloigne de Ouagadougou et
parallèlement une obligation pour eux de vendre plus cher que les artisans de la capitale. Ce surcoût leur
est très défavorable en raison de leur faible capacité à innover, amenant globalement l’ensemble des
artisans burkinabè à produire les mêmes articles (exception faite des artisans d’art dans certains centres
d’artisanat). Par conséquent, le rapport qualité/prix devient le seul élément de comparaison entre les
produits. Le prix joue en la défaveur des artisans tenkodogolais, ceux-ci doivent donc se tourner vers une
production « de qualité » pour pouvoir exporter et supporter l’épreuve de la concurrence.
Malheureusement les artisans burkinabè, et tenkodogolais plus particulièrement, s’ils annoncent souvent
leur volonté de produire des biens ou des services de meilleure qualité n’en ont souvent pas les moyens
financiers et se retrouve tous à produire plus ou moins les mêmes articles. Ainsi le prix devient, en
définitive, le critère de décision premier des consommateurs. Celui-ci est fortement impacté par le surcoût
d’importation des produits depuis la capitale lorsqu’ils ne sont pas disponibles sur place. L’étendue du
marché d’une ville détermine donc le prix des marchandises que l’on y vend : plus il est grand, moins les
artisans ont besoin de se déplacer, moins cela se répercute sur leurs prix. A ce jeu, force est de constater
que Tenkodogo s’en sort moyennement sans tirer son épingle du jeu. Les artisans, au même titre que les
clients, classent trop souvent les produits en deux catégories : mauvaise qualité et bonne qualité, et ne
maîtrisent pas bien le concept de rentabilité et de meilleur rapport qualité/prix ; qui pourrait permettre un
meilleur positionnement de la production tenkodogolaise. Une production offrant un bon rapport
qualité/prix se destinerait parfaitement au marché local, tandis qu’une production de qualité supérieure
permettrait de percer sur les marchés plus éloignés [PCD, 2009 ; entretien avec les artisans, 2009].
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Le rapport qualité/prix
Le rapport qualité/prix est un critère souvent perçu comme subjectif désignant le choix que va
faire un consommateur devant différents produits identiques mais de qualités différentes et dont,
bien entendu, le prix augmente avec la qualité. Un consommateur « pauvre » choisira toujours le
produit le moins cher, tandis qu’un consommateur « riche » préfèrera profiter de ses moyens pour
acheter celui de la meilleure qualité. Mais un consommateur aux revenus moyens cherchera à
trouver le meilleur équilibre, c'est-à-dire le produit qui pour un prix acceptable lui donnera le
maximum de satisfaction.
Beaucoup d’auteurs en économie pensent que cette satisfaction est quelque chose de très subjectif
et que la qualité d’un produit, donc le rapport qualité/prix, n’est pas une appréciation rationnelle de
la part du consommateur. Cela apparaît comme inexact. La qualité d’un produit dépend
objectivement de trois critères liés au prix :
• La durée de vie du produit : si un produit est solide et fiable, on le rachète moins souvent.
• La consommation du produit : par exemple, un véhicule qui consomme peu coûte moins cher à
utiliser par kilomètre.
• La productivité du produit : une machine qui tourne plus vite permet de transformer plus de
produits avec un meilleur rendement et est donc rentabilisée plus vite.
Un client regarde toujours le rapport entre le prix qu’il paie et la qualité. Par exemple, prenons
deux motos de qualités différentes, une de bonne qualité consommant 2l/100km, coutant 300 000
FCFA et qui sera usée dans 6 ans et une de moindre qualité consommant 3l/100km, coutant
150 000 FCFA et qui sera hors d’usage dans 2 ans. Si je roule 1000 km/an, la moto de qualité me
coutera 50 000 FCFA/an et aura consommé 20l/an, tandis que la moto de mauvaise qualité m’aura
couté 75 000 FCFA/an et aura consommé 30l/an. La moto la moins chère à acheter n’est pas la
moins couteuse en réalité, la plus chère est en fait le meilleur rapport qualité/prix.
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1.2 Photographie des professions artisanales à Tenkodogo
1.2.1 Bijoutier Introduction
Le bijoutier réalise l’ensemble des bijoux travaillés à partir de métaux précieux et parfois de pierres
précieuses, mais son activité ne concerne pas l’horlogerie dans le cas de l’unique bijoutier/orfèvre de
Tenkodogo.
Détail de l’activité
Nomenclature : Métiers des métaux précieux (4) > Bijoutiers (1) ; Orfèvres (2) ; Joailliers (3)
Le bijoutier travaille les métaux précieux tels que l’argent blanc ou l’or, qu’il peut sertir de perles ou de
pierres précieuses sur commande uniquement. Il produit l’ensemble de la gamme des bijoux et parures
modernes et traditionnelles : bagues, boucles d’oreille, bracelets, colliers, parures pour le visage ou encore
bracelets de pied. Il peut également, si le client lui en fait la demande, concevoir des branches de lunettes
en métaux précieux ou des cadres de tableaux décorés et incrustés de perles, par exemple.
Il n’existe qu’un seul vrai bijoutier/orfèvre à Tenkodogo, travaillant lui-même le métal, bien que l’on
puisse trouver 2 ou 3 vendeurs de bijoux sur le marché. Deux artisans qualifiés et deux apprentis
travaillent dans son atelier.
Matériel : marteaux, pinces, tenailles, forge, enclume, chalumeau, poinçon, machines diverses pour étirer
les fils, aplanir et polir le métal4, balance.
Matières premières : argent blanc, or, perles, strass, pierres précieuses véritables (diamant, saphir, etc.),
fils, produits chimiques divers (acide chloridrique, acide nitrique, soude caustique, phosphate).
4 De manière générale, il n’existe pas sur le marché d’outillage spécifique à cette profession et le bijoutier est obligé de se fabriquer ses propres outils adaptés chaque tâche spécifique.
Photographie 1 : Bijoutier travaillant l’argent blanc Tenkodogo, 29/07/2009.
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Besoins et souhaits d’investissement
Le bijoutier serait intéressé pour disposer de moules, pour couler et modeler le métal dans des formes
plus variées, ainsi que de diverses machines pour améliorer la précision de son travail et pouvoir façonner
plus d’objets. En particulier, le bijoutier chercherait à produire de la vaisselle (assiettes, couverts, etc.) en
argent pour diversifier sa gamme de produits.
La fluctuation des cours des métaux précieux (or et argent) contraint le plus souvent le bijoutier à
travailler sur commande, ce qui lui permet de connaître avec exactitude le coût de sa matière première et
de définir sa marge en conséquence. Cependant, cette méthode de commercialisation ne permet pas de
concevoir beaucoup de produits et de les exposer, c’est pourquoi le bijoutier doit également, pour faire
connaître son activité et son savoir-faire, acheter une certaine quantité de métaux (argent majoritairement)
pour réaliser quelques bijoux qui seront immobilisés en vitrine quelques temps. Le manque de fond de
roulement est donc un problème important pour le bijoutier qui est dans l’incapacité de se constituer un
stock suffisant d’argent blanc ; en prévision de futures commandes ou pour produire et mettre en vitrine.
De manière générale, le bijoutier préfère commander les métaux dont il a besoin à Ouagadougou. Le
coût de transport et la commission prise par le transporteur sont ici moindre comparés au coût d’achat de
la matière première ; ce qui rend la commande à un tiers plus intéressante que le déplacement personnel et
permet d’économiser du temps de travail. Il peut toutefois aller en personne à Ouagadougou, en
particulier pour acheter les produits chimiques dont il a besoin pour purifier le métal, ou à Pouytenga ; s’il
ne trouve pas de métaux précieux au marché de Tenkodogo.
Commercialisation
Il existe une demande très faible en orfèvrerie sur Tenkodogo même, malgré la présence de nombreuses
administrations et de hauts fonctionnaires. Cependant, le bijoutier réussit à vendre de manière diffuse et
très ponctuelle dans tout le Burkina Faso ; et même à répondre à des commandes venant de l’étranger. La
présence locale d’une foire, lorsqu’elle a lieu, est un évènement incontournable générant des rentrées
d’argent conséquentes pour cet artisan d’art. De plus, elle permet de nouer des contacts à l’international.
Le bijoutier peut se permettre d’acheter des spots radiodiffusés et essaie de se fournir en cartes de visite,
très utiles pour diffuser ses coordonnées aux acheteurs étrangers ; malheureusement ce service n’existe pas
à Tenkodogo et semble demandé par de nombreux autres artisans. Cette activité manque cruellement de
visibilité en l’absence d’enseigne au devant de l’atelier/boutique et cet investissement semble pourtant à la
portée du bijoutier, mais serait vraiment optimal couplé à une localisation judicieuse du point de vente ;
toute la question se porte ensuite sur le pouvoir d’achat de la clientèle tenkodogolaise et de l’attractivité
touristique de la ville.
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Contraintes infligées et subies par rapport aux autres activités et aux populations
Cette activité est très peu bruyante et au contraire souffre des nuisances causées par d’autres artisans, car
le bijoutier a besoin de calme pour se consacrer pleinement à son travail. Il affirme également conserver,
par économie, l’ensemble des produits chimiques qu’il utilise. Cela ne peut se faire qu’un certain temps car
ces produits sont par nature consommables et un stockage de ces derniers, en vue d’une collecte, sera
indispensable ; et d’autant plus importante qu’ils sont particulièrement toxiques.
Financement
L’orfèvrerie, ou la bijouterie, est une activité plutôt onéreuse si un artisan veut entièrement s’équiper
pour démarrer. Le démarrage a minima d’investissement de cette activité se chiffre autour d’un à trois
millions de francs CFA. Ceci dit, un atelier entièrement modernisé peut coûter jusqu’à 300 à 400 millions
FCFA ce qui bien entendu représente un financement irréaliste pour n’importe quel artisan. Une
estimation plus juste de ce que pourrait nécessiter un artisan tenkodogolais serait de l’ordre de 5 à 10
millions FCFA, en comptant la production immobilisée.
Recommandations sur l’activité
• Valoriser l’espace de vente (installation d’une enseigne).
• Promouvoir la commercialisation des produits à l’échelle nationale grâce à des cartes de visite.
(Données recueillies auprès de M. THIAM Omar – Bijoutier à Tenkodogo)
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1.2.2 Dolotière Introduction
La dolotière est la femme qui brasse le dolo, bière de mil, et qui par la même tient un cabaret-dolo, sorte
de bar spécialement dédié à la consommation de cette boisson traditionnelle.
Détail de l’activité
Nomenclature : Métiers de l’alimentation et de l’hygiène (5) > Brasseurs de boisson traditionnelle (3)
Le dolo est une bière traditionnelle qui s’obtient par la fermentation rapide du mil et de la levure dans
l’eau. Dans la région du Centre-est, le mil utilisé est du sorgho rouge, tandis que le reste du pays utilise
majoritairement du sorgho blanc, cela donne à chaque région son propre terroir en matière de dolo. Cette
boisson est consommée en quantité, particulièrement lors d’évènements (ex. funérailles), dans des
cabarets-dolo ; sorte de bar accolés au lieu de production de la boisson et souvent au domicile même de la
dolotière. Le dolo est également vendu conditionné en bouteille, mais cela reste minoritaire dans la part
totale de la production. Les dolotières travaillent souvent seules ou en petits groupes (2 ou 3).
Matériel : jarres, bidons, seaux, filtre, charrette, fûts, calebasses.
Matières premières : eau, mil germé (sorgho rouge), levure, bois de chauffe, bouteilles en verre.
Besoins et souhaits d’investissement
Les dolotières se fournissent en mil et en levure à Tenkodogo, au marché, où l’on peut facilement
trouver ces produits à des prix équivalents à ceux des autres villes. Mais au besoin, en cas de pénurie
temporaire, ces produits peuvent être achetés au même prix au marché de Garango.
Les besoins des dolotières sont assez limités sinon une légère amélioration de leur fond de roulement car
leur activité ne demande pas d’outils particuliers, et donc peu d’investissements. Les demandes concernent
essentiellement l’amélioration de l’espace d’accueil de la clientèle grâce à des bancs et un hangar en tôle
pour se protéger des intempéries.
Commercialisation
Le dolo est essentiellement commercialisé dans des cabarets-dolo, mais également en bouteille. En ce
sens il peut être échangé comme un bien de consommation sur le marché, mais cette pratique est trop
marginale dans l’économie locale pour être réellement significative. Seule une coopérative de femmes
produisant et conditionnant industriellement le dolo pourrait éventuellement avoir un impact significatif
sur l’économie locale. Cette activité a un rôle structurant – du point de vue de l’activité commerciale – qui
est sous-estimé car peu de commerces finalement entourent les cabarets-dolo. Cela est un tort car
beaucoup souhaitent se localiser près d’un lieu fréquenté et citent toujours le marché ou le goudron
comme exemple, alors que ces lieux sont des emplacements convoités donc couteux, mais ne pensent que
très rarement à se localiser près d’un débit de boissons ou d’un restaurant. En outre, les dolotières, quant à
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elles, devraient davantage investir l’espace extérieur de leur domicile afin de gagner en visibilité et de
permettre réciproquement aux clients de pouvoir juger de l’offre commerciale environnante en même
temps qu’ils consomment.
Les dolotières n’ont pas les moyens de faire de la publicité autour de leur activité et s’en remettent au
bouche-à-oreille et à la fidélité de leurs clients qui se trouvent à Tenkodogo et dans les villages alentours.
Contraintes infligées et subies par rapport aux autres activités et aux populations
Les dolotière n’utilisent pas de produits nocifs dans leur activité pour éviter toute contamination du dolo
et ne rejettent que la drêche (restes du mil après fermentation) qui se décompose facilement ou est donnée
aux cochons.
Cette activité n’est donc pas polluante mais quelque peu odorante, cela étant assez relatif puisque l’odeur
reconnaissable du dolo n’est pas désagréable en soi et reste très légère. Toutefois la présence d’un certain
nombre de clients peut vite rendre un cabaret très bruyant. Mais ce bruit est au contraire signe d’une
activité et d’une affluence ponctuelle favorable au commerce.
Financement
Cette activité est certainement la moins couteuse qui soit puisque 20 000 à 60 000 FCFA seulement sont
nécessaires pour la démarrer. Un cabaret-dolo bien équipé pour recevoir la clientèle et permettant de
produire suffisamment de boisson est estimé entre 150 000 et 200 000 FCFA.
Recommandations sur l’activité
• Valoriser les espaces de vente en les ouvrant sur l’extérieur.
(Données recueillies auprès de Mme. KOUDOUGOU SIONÉ Clémence et de Mme. YAMÉOGO Zénaba – Dolotières à Tenkodogo)
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1.2.3 Fabricant de savon au beurre de karité Introduction
La fabricante (puisqu’il s’agit une fois de plus d’une activité féminine) de savon de beurre de karité
cumule deux activités pour obtenir son produit final. Elle est d’abord productrice de beurre de karité, puis
fabricante de savon.
Détail de l’activité
Nomenclature : Métiers de l’alimentation et de l’hygiène (5) > Fabricants de beurre de karité (8) ;
Fabricant de savon artisanal (9)
Les fabricantes de beurre de karité sont des femmes qui récoltent les amandes de karité sur l’arbre en
brousse (cet arbre n’est pas cultivé) puis qui les transforment en huile puis en beurre par un long
processus de décortication, torréfaction et de cuisson à de multiples reprises. La fabrication du beurre est
maitrisée par la quasi-totalité des femmes, tandis que celle du savon nécessite une formation que seul un
quart d’entre elles maîtrise réellement. Le savon de karité est par conséquent davantage produit par des
associations de femmes (il en existe une seule dans la ville de Tenkodogo et une autre dans un village de la
commune de Bané au Sud). Ce produit très prisé est décliné sous plusieurs formes, le beurre servant à
créer aussi bien du savon que des crèmes et autres soins du corps. On peut trouver des savons simples au
beurre de karité, mais d’autres plus complexes au miel, à l’argile, au nime ou encore au mil. Une
association peut regrouper jusqu’à une centaine de femmes, se relayant pour la fabrication du beurre et du
savon ; car le travail ne peut pas nécessiter plus de 10 à 15 personnes afin d’être efficace.
Matériel : bassines, seaux, moules, tables de découpage, cuvette, baratte, moulin, presse, fûts.
Matières premières : amandes de karité, graines oléagineuses diverses (balanitesse, nime, etc.),
compléments secondaires pour le savon (argile, miel, mil, etc.), parfums, huiles essentielles, eau,
combustibles (tourteaux de karité, bois de chauffe), potasse, conditionnement (pots en plastique,
emballage papier et plastique).
Besoins et souhaits d’investissement
Les fabricantes de savon jugent leur travail extrêmement pénible est souhaitent vivement moderniser
leur matériel de production (presse, estampeuse et table de découpe plus moderne) cependant ces
machines sont très couteuses et peuvent très vite tomber en panne sans qu’aucun réparateur à Tenkodogo
ne puisse les remettre en état. Cet intérêt pour les machines de production modernes vise plus
particulièrement à donner au produit un aspect plus industriel, pour dynamiser les ventes à l’exportation
notamment.
Elles expriment également la volonté d’être formées sur des techniques de diversification des produits à
base de karité, tels que de nouvelles crèmes, des gels et des pommades.
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Les matières premières ne se trouvent pas localement exceptées l’eau et les amandes de karité, ramassées
en brousse par les femmes elles-mêmes. Les parfums et huiles essentielles se trouvent à Ouagadougou,
Lomé ou Accra. L’argile est achetée à Lomé. Cela rend la production locale très fragilisée par ces surcoûts
de transport. Le manque de fond de roulement est un problème majeur pour cette activité qui est
dépendante de produits couteux, malgré sa forte valeur ajoutée, et peine à constituer des stocks en période
de baisse des prix des matières premières.
Enfin, la production elle-même nécessite un espace de production suffisamment vaste et situé dans un
lieu « hygiénique », éloigné de tout dépôt ou lieu d’utilisation de produits nocifs ou toxiques.
Commercialisation
Le commerce de savon de beurre de karité touche tous les marchés : local, national et international ; avec
une prédominance pour ce dernier. L’utilisation d’étiquettes sur les emballages et de cartes de visite est un
moyen connu et efficace de promotion de ces produits. La réalisation de dépliants publicitaires serait un
aboutissement, certes plus couteux, mais efficace en termes de marketing ; permettant de s’affirmer
comme un structure professionnelle auprès des clientèles éloignées (nationales et internationales). La radio
et la télévision sont des médias trop couteux, même pour des structures associatives ; les associations de
groupements (APAGAN/B, …) sont les seules à pouvoir réellement mutualiser les achats d’heures de
diffusion radiodiffusées.
Le savon peut être acheté sur place dans une boutique accolée au lieu de production, ce qui permet une
meilleure identification du point de vente. Cependant il est dans ce cas nécessaire de signaler celle-ci par
une enseigne facilement visible et identifiable. Ce lieu de production doit également être bien localisé pour
capter un maximum de clients passant à proximité, et être repérable par un acheteur extérieur de passage à
Tenkodogo. Il est important de rappeler que le savon artisanal de qualité souffre de la concurrence de
savons industriels en raison de son prix élevé comparé au pouvoir d’achat réduit de la clientèle locale ; qui
constitue une part faible mais non négligeable de la clientèle totale.
Photographie 2 : Savons au beurre de karité (à gauche) et graines oléagineuses (à droite) Tenkodogo, 01/08/2009.
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Contraintes infligées et subies par rapport aux autres activités et aux populations
La fabrication de savon ne crée pas de contrainte pour les populations environnantes, hormis
éventuellement les odeurs de cuisson des amandes de karité ; mais très peu de bruit. Au contraire, cette
activité subit parfois les nuisances et les risques engendrés par les activités utilisant de nombreux produits
nocifs, telles que les activités de mécanique.
Cette activité produit très peu de déchets, d’autant plus que les tourteaux de karité sont réutilisés en tant
que combustibles à la place du bois de chauffe, afin de limiter la déforestation et les coûts de production.
Cette action mériterait d’être valorisée d’un point de vue promotionnel auprès des clients des pays
importateurs comme un gage de qualité en matière de production respectueuse de l’environnement.
Financement
Il n’a malheureusement pas été possible d’obtenir de renseignements sur les besoins de financement
d’une activité de fabrication de savon au beurre de karité. Nous pouvons seulement dire que cette activité
est relativement rentable lorsqu’elle rentre dans le cadre de commercialisation équitable, en particulier dans
les pays étrangers.
Recommandations sur l’activité
• Valoriser l’espace de vente (installation d’une enseigne).
• Communiquer sur la qualité des produits via un dépliant publicitaire à l’attention de la clientèle
étrangère ne connaissant pas les produits locaux.
(Données recueillies auprès de l’association Laafi – Association de fabricantes de savon au beurre de karité à Tenkodogo)
21
1.2.4 Fabricant de savon liquide Introduction
Comme son intitulé l’indique, le fabricant de savon confectionne du savon liquide à partir de produits
locaux grâce à un processus artisanal.
Détail de l’activité
Nomenclature : Métiers de l’alimentation et de l’hygiène (5) > Fabricant de savon artisanal (9)
Le fabricant de savon utilise donc un processus simple de mélange à froid de divers produits locaux pour
obtenir du savon liquide utilisable pour la toilette aussi bien qu’en tant que détergeant pour la maison.
Mais aucun de ces artisans ne produit actuellement de savon solide grâce à un processus de saponification
pour transformer la matière première graisseuse en savon grâce à divers produits chimiques (soude
caustique) car ils n’y sont pas formés. Cette activité nécessite un savoir-faire restreint et peu de matériel ce
qui la rend très abordable à toute personne sans qualification. Actuellement aucun fabricant n’utilise de
beurre de karité car celui-ci entre dans la composition de savon solide essentiellement. Le fabricant de
savon liquide travaille seul, sans apprentis, car cette activité ne nécessite pas de formation pour
confectionner du savon liquide de base ; au contraire des coopératives de fabrication de savon au beurre
de karité.
Matériel : bassines, seaux, spatule, gobelets, gants.
Matières premières : tensagesee (sous forme liquide), eau, sel, colorants, parfums, bouteilles plastiques.
Besoins et souhaits d’investissement
Le fabricant de savon est obligé de monter à Ouagadougou pour se fournir en tensagesee, colorants et
parfums ; de fait les coûts de transport pèsent sur le prix de vente de ses produits. Les bouteilles vides
s’achètent à Tenkodogo auprès des bars et restaurants.
Les très faibles besoins d’investissement des fabricants de savon s’expliquent par le fait que leur activité
est certainement l’une des moins couteuses en investissements (coûts fixes) qui de plus sont aisément
amortis grâce à la bonne rentabilité des produits. Ceux-ci ont potentiellement besoin de matières
premières supplémentaires (colorants et parfum supplémentaires) pour élargir leur gamme de produits. Il a
Photographie 3 : Tensagesee liquide (à gauche) et savon transformé (à droite) Tenkodogo, 15/07/2009.
22
également été fait mention par plusieurs fabricants de formation pour savoir préparer du savon solide et
de l’utilisation d’un moule pour concevoir un produit à l’aspect plus industriel et plus attractif. Ces savons
ont l’avantage de ne pas nécessiter de contenant (ex. bouteille plastique).
Commercialisation
Les fabricants tenkodogolais vendent principalement leur production à Tenkodogo même en raison de
leur manque d’industrialisation qui les empêche de percer sur les marchés extérieurs (faiblesse de la
production et non standardisation de la qualité des produits). Il est toutefois intéressant de noter que, à
l’instar de nombreuses autres professions artisanales, le fabricant de savon appose, s’il en a les moyens,
une étiquette sur son produit afin de lui donner une identité et de fidéliser sa clientèle. Le bouche-à-oreille
sur la qualité du produit reste un vecteur de communication sûr et bon marché pour une activité comme
celle-ci ; pratiquée par des artisans dont les ressources sont des plus limitées.
Cette activité fait l’objet de simples transactions marchandes sur le marché et nécessite peu de faire
étalage de sa production dans une échoppe, par conséquent le fabricant de savon peut tout à fait
poursuivre son activité à son domicile ; la location d’un terrain lui est complètement inutile. Mais il tire un
avantage à ce que son produit soit visible et identifiable, de fait il se déplace souvent pour vendre son
savon dans les lieux publics ou à des revendeurs, ou le confectionne sur commande pour des clients
habitués.
Contraintes infligées et subies par rapport aux autres activités et aux populations
Cette activité représente un risque non-négligeable de pollution des milieux aqueux en raison des
produits chimiques employés ainsi que du savon produit qui reste soluble dans l’eau. Le fabricant rejette
également du sel issu du procédé de saponification. Cela est vrai pour les savons solides à base de soude,
mais le savon traditionnel à base de tensagesee ne contient que des produits naturels (excepté les éventuels
colorants et parfums).
Toutefois, il faut reconnaître que cette activité n’inflige aucune nuisance particulière au voisinage.
Financement
Comme cela a été précédemment dit, cette activité nécessite un investissement de départ faible aux
environs de 25 000 à 30 000 FCFA minimum et 100 000 FCFA maximum, ce qui en fait une activité très
vite bénéficiaire ; au point que le fabricant peut grâce à ses premiers bénéfices rembourser l’emprunt qu’il
a contracté pour acheter son matériel.
23
Recommandations sur l’activité
• Il serait difficile et contraire à l’esprit de cette activité, destinée aux artisans à faibles moyens
financiers, de contraindre ces activités, quasi-exclusivement pratiquées à domicile, à une
localisation forcée. Celles-ci ne créent pas de nuisance et peuvent donc se poursuivre en plein
centre d’un quartier résidentiel. Il serait important de pour la préservation des milieux aqueux
d’exiger un stockage de déchets liquides issus de la production de savon, en particulier si ceux-ci
contiennent de la soude pour ensuite les collecter à domicile et les éliminer.
• Les fabricants de savons tenkodogolais manquent cruellement de formation et sont contraints de
se limiter à la production de savon liquide à base de tensagesee. Formés à la fabrication de savon
solide, ils pourraient rejoindre les producteurs de savon de karité si tel est leur souhait. Une
formation collective sur la fabrication de savon solide leur permettrait de diversifier leur
production, toutefois trois problèmes se posent alors :
o Les matières premières utilisées sont davantage nocives pour la santé (soude).
o Elles ne s’achètent pour la plupart qu’à Ouagadougou ce qui ne résout pas le problème de
leur approvisionnement et ne permet pas d’être concurrentiel.
o Une telle production doit, pour s’exporter, s’industrialiser pour vendre à l’étranger. Cela
est particulièrement vrai pour le très réputé savon au beurre de karité. Les fabricants
souhaitant confectionner ce produit devront alors se réunir en coopératives ou
groupements et quitter leur statut d’autonomie.
(Données recueillies auprès de M. ZABSONRÉ Joaquim et de Mme. GANGARÉ – Fabricants de savon liquide à Tenkodogo)
24
1.2.5 Maroquinier Introduction
Le maroquinier confectionne tout un ensemble d’articles en cuir allant de la petite maroquinerie
(portefeuille) à de la maroquinerie d’art destinée en grande partie aux touristes (instruments de musique,
sacs à main, etc.).
Détail de l’activité
Nomenclature : Métiers des cuirs et de la peau (8) > Maroquinier (4)
Le maroquinier utilise comme matière première principale du cuir déjà traité, l’activité de tannage des
peaux étant réalisée par un autre artisan, malheureusement absent de Tenkodogo : le tanneur. La
maroquinerie est un artisanat associé au secteur du textile et de l’habillement mais nécessitant un savoir-
faire plus important et des années d’apprentissage. Un maroquinier doit en effet savoir réaliser un nombre
varié d’ouvrages et travailler avec plusieurs autres matières en dehors du cuir (tissu, bois). En ce sens, le
maroquinier est un artisan souvent beaucoup plus innovant que ses confrères. Enfin, celui-ci dispose de
moyens financiers un peu meilleurs que la moyenne et peut présenter son ouvrage dans une boutique lui
assurant de meilleurs revenus ; la maroquinerie ayant une valeur nettement supérieure au tissage entre
autre. L’atelier de maroquinerie rassemble plusieurs ouvriers qualifiés (maîtrise technique équivalente à
celle de l’artisan) et peu d’apprentis car ce métier est plus difficile à apprendre.
Matériel : machine à coudre, marteaux, pinces, cutter, ciseaux, équerre, poinçonneuse, couteaux, appareil
servant à fixer les boutons pression (peut servir à plusieurs maroquiniers).
Matière première : cuir (pré traité), fils (coton), bois, calebasse (pour réaliser le corps de certains
instruments), colle, fermeture éclair, clous.
Besoins et souhaits d’investissement
Le maroquinier subit l’offre du tanneur ce qui l’empêche de diversifier au maximum sa gamme de
produits notamment dans les choix de coloris. Ainsi disposer de colorants spéciaux pour le cuir semble
une demande légitime et réaliste de la part du maroquinier. La donnée la plus importante à ce sujet est
l’absence de ce type de cuir à Tenkodogo, il faut se rendre à Ouagadougou ou à Kaya pour en trouver. On
ne trouve que des peaux non tannées sur place. Non seulement cela engendre un surcoût lié au transport
mais empêche le maroquinier de travailler de concert avec les tanneurs pour formuler des demandes
spécifiques en termes de qualité et de diversité des produits (couleurs, etc.). Seuls quelques matériaux
secondaires sont disponibles au marché de Tenkodogo.
L’artisan emprunte également ses outils aux autres artisans de son secteur d’activité, à savoir ceux du
tailleur mais il aimerait posséder ceux conçus pour sa profession ; en particulier une machine à coudre
spéciale pour le cuir.
25
Commercialisation
La commercialisation de cet artisanat d’art est très dépendante de la visibilité des articles réalisés. Ainsi le
maroquinier, disposant des quelques moyens financiers, va essayer de louer ou d’acheter une boutique
accolée à son atelier et située sur un lieu de passage pour faire étalage de sa production. Ces articles sont
des consommables à longue durée de vie, en conséquence ils représentent un achat réfléchi de la part du
consommateur, leur mise en valeur est donc primordiale. Comme pour l’ensemble des métiers affiliés au
secteur textile, la production maroquinière est achetée aussi bien par des particuliers que par des
revendeurs d’où l’importance d’être visible en dehors de la commune par la participation à des
manifestations commerciales. Certains maroquiniers innovent dans le domaine de la publicité en utilisant
l’outil internet.
Contraintes infligées et subies par rapport aux autres activités et aux populations
L’activité de maroquinerie génère très peu de nuisances sur les populations environnantes car elle
n’inclue pas l’activité de tannage, extrêmement odorante, et n’est pas bruyante en soi. Le maroquinier
utilise pour seul produit « polluant » du savon, fabriqué avec de la soude caustique et du sel solubles dans
l’eau. Cependant il est très important d’anticiper le fait que les colorants réclamés par les maroquiniers
pour le cuir sont eux très polluants ; cette demande génère un besoin en investissement sanitaire qu’il est
indispensable de prévoir.
Cette activité crée pour seuls déchets des chutes de morceaux de cuir qui sont parfois recyclés en fumier,
malheureusement étant déjà tannés et traités, ils sont peu biodégradables. De plus les intrants qui y ont été
ajoutés se retrouvent de fait, en faible quantité, dans le compost.
Financement
Développer un atelier de maroquinerie nécessite un investissement moyen d’environ 500 000 FCFA car
le matériel n’est pas excessivement cher, le savoir-faire importe davantage ; reste la matière première plus
ou moins couteuse. Si un maroquinier souhaitait se pourvoir en bon matériel, spécialisé pour sa
profession, il lui en couterait cependant 1,5 à 2 millions de Francs CFA.
Photographie 4 : Produits de la maroquinerie présentés dans un atelier. Tenkodogo, 24/06/2009.
26
Recommandations sur l’activité
• Le maroquinier a intérêt à être visible et à faire connaître sa production, et même si l’internet est
un bon outil de communication pour certains, il est également très cher et il n’existe pas assez de
maroquiniers d’art à Tenkodogo pour concevoir un site internet mutualisé. La localisation du
maroquinier est donc son atout de vente principal, il doit être proche des activités de commerces
d’art ainsi que des principaux axes et points commerciaux ; comme le marché. Le maroquinier
souffre énormément du manque de reconnaissance de la commune de Tenkodogo sur le plan
touristique. L’appui à la création d’un espace dédié aux artisans d’art en amont du marché (sur
l’axe principal en venant de Ouagadougou) pourrait favoriser la visibilité de cette activité parmi
l’ensemble de l’artisanat, car si le maroquinier tire parti de la présence du marché (principalement
alimentaire) une trop grande proximité entre les deux nuit à la clarté de son activité.
• Comme un certain nombre d’artisans de la – grande – filière textile et habillement, le maroquinier
est amené à utiliser des colorants, en faible quantité, qui pourrait être facilement stockés et
collectés. Il est également envisageable de rassembler les chutes de cuir avec d’autres déchets de
l’industrie textile et de les utiliser comme combustibles ; ou du moins de les éliminer par le feu car
ils sont peu biodégradables.
(Données recueillies auprès de M. ZABSONRÉ Jean-Roger – Maroquinier à Tenkodogo)
27
1.2.6 Mécanicien automobile / mécanicien 4 roues Introduction
Le garagiste est un spécialiste de la mécanique automobile au contraire de son confrère de mécanicien 2
roues spécialisé dans les véhicules légers type mobylettes et scooters. Il répare et entretient les véhicules en
panne et remplace les pièces défectueuses.
Détail de l’activité
Nomenclature : Métiers de services, de la réparation et de la maintenance (3) > Garagistes/mécaniciens
(1)
Le réparateur automobile a besoin d’un large éventail d’outillage ainsi que de personnels nombreux et
qualifiés pour faire face à la demande. Sa principale difficulté vient de son obligation financière de
travailler en flux tendu, ne commandant que les pièces dont il a besoin dans l’immédiat pour une
réparation précise ; ces pièces étant de surcroît différentes pour chaque marque de véhicule. Il a besoin de
disposer d’un large espace de travail (partiellement couvert) ce qui le contraint à louer ou acheter un garage
en dehors de son habitation. Un garage comprend en moyenne une dizaine de personnes dont la moitié
d’apprentis.
Matériel : clefs, treuils, crics, table à outils, matériel de soudure, matériel de lavage, matériel d’équilibrage
des roues, marteau, tarauds et perceuse.
Matières premières : pièces détachées, essence, gasoil, huile et pneumatiques.
Besoins et souhaits d’investissement
Le garagiste a besoin de nombreuses pièces automobiles qu’il peut trouver occasionnellement chez
quelques marchands tenkodogolais (près du marché). Mais il est en très grande majorité contraint
d’acheter ou de commander à des revendeurs de la capitale. Il lui arrive même de se fournir dans d’autres
pays limitrophes en ce qui concerne certaines pièces spécifiques, des pièces originales, moins chères ou bas
de gamme ; certains clients n’ayant pas les moyens ou ne souhaitant pas investir dans des pièces solides
préfèrent avoir ce choix.
Les grands garages sont rares et la majorité des mécaniciens automobiles de Tenkodogo ne dispose que
d’un petit espace de travail, leur souhait premier serait de pouvoir disposer d’un emplacement fixe de taille
suffisante pour pouvoir accueillir les véhicules. Ils cherchent par là l’assurance de disposer de leur lieu de
travail sans être sous la menace d’une délocalisation forcée de leur activité.
Leurs besoins matériels sont nombreux et autant liés à l’amélioration des facteurs de production (confort
et vitesse de travail) qu’à une diversification de leurs capacités de réparation. Cela concerne en premier lieu
l’acquisition de matériel de levage pour les pièces moteurs et le châssis ainsi que l’aménagement possible
mais onéreux d’une fosse, ou dans une moindre mesure l’achat d’une planche roulante, pour réparer sous
28
la voiture. Enfin, un plus large choix de pièces détachées de la part des revendeurs permettrait de couvrir
au mieux l’ensemble des marques et modèles actuellement en circulation au Burkina Faso, mais la balle est
ici dans le camp des fournisseurs pour qui il serait également judicieux de réaliser des études de marché
pour améliorer leur connaissance du parc automobile burkinabè.
Enfin, les mécaniciens manquent souvent de formation, le parc automobile du pays se renouvelant petit
à petit, de nouveaux modèles de plus en plus complexes à réparer apparaissent, sans compter la formation
initiale au maniement des outils plus sophistiqués et à la réparation des pièces fragiles.
Commercialisation
Le garagiste exerce une activité qui ne produit pas de bien mais un service, un service indispensable dont
le client lui-même ne maitrise pas la demande. Ainsi, c’est le client qui vient au garagiste et non le
contraire, celui-ci ne rend donc service qu’aux gens ayant des ennuis mécaniques à Tenkodogo ou aux
environs immédiats. Il est inutile pour un garagiste sur Tenkodogo de faire de la publicité diffusée à
l’échelle nationale. Au contraire, le bouche-à-oreille est un « média » très important pour lui car la bonne
réputation d’un garage est très importante, à l’inverse d’autres professions pour lesquelles la qualité du
travail est très semblable d’un artisan à l’autre. Cependant, certains garagistes parviennent à faire un peu de
publicité radiodiffusée pour se faire mieux connaître.
Le garagiste cherche, s’il en a les moyens, à être visible depuis les grands axes de circulation, mais cela
n’est pas indispensable car les clients connaissant leur garagiste (celui en qui ils ont confiance) ne tiendront
pas compte de ce facteur. Une bonne localisation pour un garagiste est avant tout une parcelle spacieuse et
bien aménagée qui lui permettra de mieux travailler et donc d’améliorer sa réputation. Indiquer la direction
de son garage permet à l’artisan, s’il le peut, d’attirer plus de clients occasionnels.
Les clients du garagiste automobile sont situés au-delà des frontières communales car seul un centre
urbain comme Tenkodogo dispose de garagistes 4 roues qualifiés à plusieurs communes à la ronde. Ceux-
ci se déplacent donc depuis d’autres villes du Boulgou (ex. Garango).
Contraintes infligées et subies par rapport aux autres activités et aux populations
La mécanique automobile est l’une des activités les plus contraignantes pour les populations dans tous
les sens du terme. Elle est en premier lieu bruyante car un grand nombre de véhicules vont et viennent au
garage, sans compter le bruit des outils (marteaux) et les essais que le mécanicien réalise sur les moteurs en
jouant sans modération de l’accélérateur. Deuxièmement, l’utilisation de produits à base d’hydrocarbures
rend cette activité extrêmement odorante et pénible à supporter pour le voisinage.
Un garage est une source de dangers importante à deux titres. Les hydrocarbures (essence, gasoil, huile)
utilisés par le garagiste sont extrêmement nocifs pour la santé et représentent un risque potentiel de
contamination des milieux aqueux lors de fortes pluies ou tout simplement s’ils ne font pas l’objet d’un
29
stockage approprié. Ces produits sont également très inflammables ce qui peut-être problématique lorsque
l’on prend en considération que le garagiste peut utiliser du matériel de soudure. Il arrive que l’huile usagée
soit récupérée et « recyclée » en entrant dans la composition d’un mélange artisanal de banco5 amélioré.
Les pièces détachées endommagées représentent également une quantité non négligeable de déchets.
Celles-ci ne font l’objet d’aucun recyclage et leur collecte pourrait être envisagée en commun avec celle
d’autres activités produisant des chutes de métal dans le but de les revendre au poids du fer.
Financement
Cette activité nécessite l’acquisition ou la location d’un garage, l’achat de matériel et de pièces détachées
couteuses ainsi que l’embauche d’un personnel qualifié le tout étant évalué au minimum à 9 à 10 millions
de Francs CFA. Un garage tout équipé peut, quant à lui, couter entre 30 et 40 millions de Francs CFA, ce
qui est inabordable pour tout artisan de la commune. Ces valeurs sont très dépendantes du niveau de
prestation proposé par le garage. Cela peut aller pour les plus modeste de 2 à 5 millions de Francs CFA
s’ils souhaitent simplement est munis des outils basiques (clefs, marteau). Cependant l’achat de matériel en
commun est envisageable (ex. poste de soudure). Seul écueil à cette coopération, la particularité du service
rendu par cette activité fait des autres garagistes des concurrents, au sens le plus strict du terme, avec
lesquels une co-localisation des activités semble difficile de l’avis des garagistes ; bien que certains se soient
déjà co-localisés près du nouveau marché.
Recommandations sur l’activité
• L’automobiliste en panne a besoin de trouver rapidement un garagiste, ce dernier doit donc être
accessible et concilier à cela son besoin d’avoir un garage suffisamment spacieux pour prendre en
charge plusieurs véhicules simultanément. Il est donc préférable que ceux-ci cherchent à se
localiser assez près du goudron sans pour autant y être accolé. Un plan de la ville pourrait
grandement aider les automobilistes en panne à trouver un bon garagiste proche du lieu où ils
stationnent. Cela est vrai pour l’ensemble des artisans mais plus encore pour les réparateurs car
leurs clients ont besoin de les contacter rapidement. Parallèlement, un panneautage des lieux
d’activités de la ville leur serait très utile.
• Les pièces défectueuses peuvent également être collectées en même temps que les déchets
métalliques des soudeurs ou menuisiers métalliques, pour être, par exemple, revendues au poids.
(Les bénéfices compenseront le service dont le but est essentiellement environnemental. Les
pièces stockées peuvent ainsi être revendus éventuellement à des artisans s’ils le désirent).
(Données recueillies auprès de M. GARANGO Paul – Garagiste à Tenkodogo et auprès de 2 garagistes du groupement des mécaniciens de l’APAGAN-B)
5 Matériau local de construction à base terre servant à la construction des habitats traditionnels.
30
1.2.7 Mécanicien moto / mécanicien 2 roues Introduction
Le mécanicien moto répare et entretient les véhicules 2 roues à moteurs allant du cyclomoteur à la moto
de moyenne cylindrée.
Détail de l’activité
Nomenclature : Métiers de services, de la réparation et de la maintenance (3) > Mécaniciens cycles et
cyclomoteurs (3)
Le mécanicien moto a la charge de réparer les mobylettes et cyclomoteurs constituant 90 % des
véhicules motorisés au Burkina. Il peut également réparer les motos de 125 à 250 cc à condition d’avoir la
formation et les outils nécessaires, et d’avoir professionnalisé son activité ce qui est financièrement hors de
la portée de la plupart d’entre eux6. Ces motos restent rares comparées à la prolifération des cyclomoteurs.
Il a besoin d’un espace de travail de moindre surface que son homologue le mécanicien auto mais ne peut
pas non plus s’installer n’importe où. Il travaille le plus souvent avec très peu de matériel pour opérer des
réparations simples, mais se retrouve démuni lorsqu’il s’agit de changer des pièces spécifiques ou de
réaliser des opérations concernant l’intérieur du bloc moteur. Un atelier peut accueillir entre 10 et 15
personnes dont 5 ouvriers qualifiés, en général, et le reste d’apprentis.
Matériel : outils (marteau, clefs), matériel de soudure.
Matières premières : pièces détachées, huile.
Besoins et souhaits d’investissement
Les mécaniciens moto opèrent avec très peu d’outils et leur souhait premier est de pouvoir disposer d’un
micro-financement nécessaire pour acheter de nouvelles clefs, principal outil dans leur profession, pour
être à même d’entretenir une gamme plus large de véhicules. Les pièces sont également couteuses et le
manque cruel de fond de roulement de ces artisans les pousse à demander un financement pour l’achat de
matières premières. En outre, il est également fait mention du souhait de pouvoir s’équiper en matériel
sophistiqué, comme un étau de biéllage, pour opérer sur des parties inaccessibles du moteur. Cet
investissement peut sembler déraisonnable pour un seul artisan, mais il n’est pas exclu qu’il soit mutualisé
entre plusieurs mécaniciens.
Les mécaniciens 2 roues de Tenkodogo n’ont pour la plupart reçu aucune formation (classique, duale ou
en alternance) et avouent en avoir besoin pour améliorer la qualité de leur travail.
6 Un seul mécanicien 2 roues
31
Commercialisation
Les clients viennent non seulement de Tenkodogo mais également de toute la province du Boulgou et
des provinces adjacentes.
Ces mécaniciens n’ont pas les moyens de communiquer sur leur activité autrement que par le bouche-à-
oreille, les cartes de visite ou autres formes de publicités seraient trop chères. Cependant un mécanicien, le
plus professionnel de l’avis de ses confrères, a fait apposer son enseigne sur ses bleus de travail, renforçant
l’aspect professionnel de son activité.
A l’inverse du mécanicien/garagiste, le mécanicien cycle a besoin d’être parfaitement visible et d’avoir
son atelier en centre-ville, si possible prêt du marché, car les cyclomotoristes en panne s’arrêtent souvent
chez le mécanicien puis partent faire des achats chez des commerçants avant de revenir reprendre leur
véhicule.
Contraintes infligées et subies par rapport aux autres activités et aux populations
La législation impose aux mécaniciens de ne pas se trouver à proximité d’un lieu de stockage d’essence,
d’un restaurant ou d’un hôpital pour des raisons de sûreté. Les activités de mécanique sont dangereuses
pour les populations à deux titres : elles peuvent être la cause d’incendies et de pollutions par les
hydrocarbures. Ces prescriptions sont dans l’ensemble respectées.
La mécanique moto est globalement moins bruyante et moins odorante que la mécanique auto, mais elle
n’en reste pas moins une source importante de gêne pour le voisinage. Sa présence au sein d’une zone
d’activités commerciales peut être une nuisance importante, en particulier près des commerces
alimentaires.
Le mécanicien 2 roues utilisant et changeant moins de pièces que le mécanicien auto, il génère moins de
déchets issus de pièces usagées ; ce qui ne veut pas dire qu’ils sont inexistant. Une collecte des déchets
métalliques conjointe avec les autres activités de réparation serait un avantage pour la protection de
l’environnement et des sols.
Financement
Cette activité comme celle de mécanicien automobile est très onéreuse car elle nécessite la location d’un
terrain et l’achat d’outils manufacturés à l’étranger. Les mécaniciens affirment avoir besoin d’une somme
d’environ 5 000 000 FCFA pour démarrer une activité. Cette somme peut être portée à 10 000 000 FCFA
si l’artisan a les moyens de s’équiper avec du bon matériel et de louer un bon emplacement dans la ville.
L’investissement dans un poste de soudure est souvent trop coûteux pour un mécanicien moto, là encore
la proximité d’un soudeur peut tout à fait palier à cet écueil.
32
Recommandations sur l’activité
• Comme tout autre réparateur, être visible depuis le goudron représente pour le mécanicien 2
roues un avantage important, voire indispensable pour lui. Ceci dit, il n’est nul besoin de favoriser
un regroupement des mécaniciens 2 roues, sinon de leur favoriser un accès à un axe fréquenté par
des véhicules. En effet, leur présence dispersée le long de la route permet une bonne couverture
de la voirie en services de réparation et dans le même temps la possibilité d’une collecte des pièces
usagées au même titre que pour les mécaniciens 4 roues.
(Données recueillies auprès de 4 mécaniciens 2 roues du groupement des mécaniciens de l’APAGAN-B)
33
1.2.8 Mécanicien moulins et pompes Introduction
Dernier corps de métier assimilé à la mécanique, le mécanicien moulin et pompes (m&p) répare les
mécaniques à usage agricole comme les pompes à eau ou les moulins à farine.
Détail de l’activité
Nomenclature : Métiers de services, de la réparation et de la maintenance (3) > Réparateurs de groupes
électrogènes et pompes (5)
Cette profession est atypique par son lieu de travail en milieu rural, qui demande au mécanicien de se
déplacer vers le client car celui-ci ne peut en aucun cas amener son engin défectueux à l’atelier. Ses outils
sont les mêmes que ceux des autres mécaniciens, à l’exception du fait qu’il utilise moins de pièces de
rechange et pratique davantage d’opérations de maintenance. Le mécanicien n’a que quelques (4 ou 5)
apprentis, du fait qu’il travaille à l’extérieur il lui est difficile d’accueillir plus d’aspirants au métier ou
d’ouvriers.
Matériel : clefs, marteaux.
Matières premières : pièces détachées.
Besoins et souhaits d’investissement
Le mécanicien m&p n’a pas besoin d’un atelier puisqu’il va au client, il ne cherche donc absolument pas
à investir dans la location d’un emplacement équipé ou bien situé ; son atelier est son domicile. Il a à
l’inverse besoin d’un moyen de locomotion fiable et tous terrains. L’achat d’un véhicule utilitaire (ex. pick-
up) ne serait réalisable que s’il est mutuel entre tous les mécanicien m&p de la ville et à la condition qu’il
soit justifié par le besoin de transporter de lourdes pièces. Au contraire, l’achat de mobylettes de bonne
facture, comprenons par là de marques européennes ou japonaises, serait intéressant et éviterait que le
mécanicien lui-même ne soit en panne et ne retarde de plusieurs heure le dépannage du matériel agricole.
Le problème est ici qu’il est impossible de financer un cyclomoteur par artisan, même si ceux-ci échangent
leurs anciens véhicules.
Tout comme leurs confrères, ils souhaiteraient être aidés pour l’achat de nouveaux outils (clefs, clefs-
griffe, etc.), mais cela concerne encore des acquisitions individuelles dont les réels avantages en termes de
retours sur investissement restent à démontrer. Certaines requêtes semblent financièrement inabordables
comme l’achat d’injecteurs ou de contrôleurs de pompe à moins bien sûr qu’ils soient partagés.
Commercialisation
Comme tout autre réparateur, le mécanicien m&p n’a pas un grand besoin de visibilité, bien que ceux-ci
souhaitent être localisés au cœur de la ville, ni de battage publicitaire. Il a surtout besoin de pouvoir se
rappeler au souvenir de ses clients grâce à une carte de visite ; que certains utilisent.
34
Le mécanicien m&p se déplace donc sur appel jusqu’au client où qu’il soit dans la province ou les
provinces limitrophes. Il peut être amené à effectuer des réparations chez des clients jusqu’à Garango,
Koupéla ou même Fada N’Gourma dans la région de l’Est.
Contraintes infligées et subies par rapport aux autres activités et aux populations
L’activité en soi génère des nuisances mineures et quelques pollutions liées aux rejets de pièces hors
d’usage et à l’utilisation d’huile. Cependant, ces contraintes sont infligées sur le lieu de travail, et non au
lieu de domicile qu’est l’atelier. Par conséquent, cette activité n’occasionne dans la ville de Tenkodogo
aucune nuisance ni aucun danger pour les populations, car il n’y a pas ou peu de moulins ou de pompes en
centre-ville. Les déchets rejetés doivent être pris en charge par le mécanicien lui-même s’il le souhaite ou
par le client ou les services des ordures des communes où il travaille.
Financement
Cette activité nécessite, comme toutes celles liées à la maintenance, un capital de départ non-négligeable
d’environ 1 000 000 FCFA, mais l’absence d’atelier resserre l’écart avec la somme dite optimale de
démarrage d’une activité autour de 2 000 000 FCFA.
Recommandations sur l’activité
• Le mécanicien m&p travaille sur le terrain et stocke ce dont il a besoin à domicile, cela étant il
n’exerce aucune pression foncière sur les espaces commercialement attractifs. Lui aussi jette des
pièces hors d’usage, seulement elles restent le plus souvent sur place. Cet artisan mérite d’être pris
en compte car il joue un rôle dans l’économie locale au sens large, mais ne présente aucune source
d’opportunité ou de nuisance pour son entourage et donc ne doit donc pas être traiter selon une
approche purement urbanistique.
(Données recueillies auprès de 2 mécaniciens moulins et pompes du groupement des mécaniciens de l’APAGAN-B)
35
1.2.9 Menuisier (bois) Introduction
Le menuisier (bois) réalise l’ensemble des produits manufacturés à partir du bois, tels que les meubles,
mais également les cercueils ainsi que la pose de plafonds en contreplaqué.
Détail de l’activité
Nomenclature : Métiers du bois et de la paille (6) > Menuisier (1)
Le menuisier est l’unique artisan à travailler le bois et à réaliser des services en relation avec la pose
d’objets en bois (ex. plafonnement). Il n’est donc pas amené à travailler uniquement à son atelier, mais
également à domicile, mais il tire principalement ses revenus de la confection de mobilier de maison
(chaises, tables, armoires) et de portes. Il les réalise le plus souvent sur commande mais en crée également
des meubles qu’il stocke et expose, si possible, pour faire démonstration de son savoir-faire. Le manque
cruel de formation des menuisiers limite grandement le nombre d’artisans vraiment qualifiés dans ce
domaine. Trop d’apprentis quittent prématurément leurs maîtres d’apprentissage pour s’installer alors
qu’ils sont encore inexpérimentés, ayant pour conséquence une plutôt mauvaise qualité générale des
produits locaux si l’on regarde l’ensemble. Il n’y a pas non plus de menuiserie d’art à Tenkodogo, car
aucun menuisier n’est réellement qualifié dans ce domaine ni ne souhaite s’y risquer au regard des faibles
débouchés qu’offrent les marchés locaux. Un menuisier travaille généralement seul (en tant qu’artisan
qualifié) avec 3 à 6 apprentis, souvent de sa famille.
Matériel : établi, scies (différents modèles), rabot varlope, marteaux, tenailles, équerre, vilebrequin et
mèches, ciseaux à bois et serre-joints.
Matières premières : bois (bois blanc, bois rouge), contreplaqué, colle, clous, vis.
Besoins et souhaits d’investissement
Les menuisiers peuvent s’approvisionner en bois chez quatre revendeurs à Tenkodogo qui ne peuvent
parfois pas assurer leurs approvisionnements en cas de pénurie, occasionnant des retards sur les
commandes pouvant aller jusqu’à deux semaines. Leurs bois sont de mauvaises à moyennes qualités, car ils
se situent en bout de chaine d’approvisionnement. Les camions de bois en provenance du Ghana, du
Togo ou du Bénin et transitant par Tenkodogo ne s’y arrêtent pas et poursuivent leur route jusqu’à
Ouagadougou d’où d’autres repartent ramenant le bois – les parties souvent de moindre qualité – vers les
autres villes telles que Tenkodogo. Il est impossible de trouver localement les meilleures essences de bois :
bété, tek, magogani, sanféna. Inutile de calculer le double surcoût de transport que cela représente pour
comprendre le désavantage concurrentiel dont pâtissent les menuisiers tenkodogolais. Les revendeurs sont
eux-mêmes dispersés dans la commune et aucun ne peut fournir l’ensemble des matériaux demandés par
l’artisan ce qui le force à visiter plusieurs dépôts de bois pour réunir tout ce dont il a besoin.
36
Les menuisiers, comme il a été mentionné précédemment, ont un grand besoin de formation, en
particuliers les jeunes qui souhaitent se lancer dans l’activité. Cela ne pourrait être que bénéfique à
l’ensemble du secteur car aujourd’hui des menuisiers mal formés ignorent eux-mêmes la valeur réelle de
d’une production de qualité et pratiquent des prix défiant toute concurrence pour des produits de
médiocre facture. Une hausse de la qualité générale de produits, liée à une bonne formation, aussi bien en
gestion et commercialisation qu’en techniques de menuiserie, ne pourrait qu’entrainer une hausse des prix
des produits et de la rentabilité de la profession. Les menuisiers qualifiés souhaitent également être formés
à des techniques plus poussées notamment sur la réalisation de décorations sur bois, afin d’accroître leur
gamme de produits vers un plus haut niveau de qualité.
En second lieu, les menuisiers seraient intéressés par l’acquisition de matériel électrique (scies électriques,
perceuses, ponceuses, raboteuses) afin d’améliorer la qualité des leurs produits et de gagner du temps pour
augmenter également la quantité de meubles fournie et réduire les délais auprès de leurs clients. Il a
également été fait mention de l’intérêt pour un pistolet à clous, afin de réaliser plus rapidement et plus
efficacement un plafonnement en contreplaqué.
Enfin, parallèlement à l’objectif de hausse de la qualité des meubles, les menuisiers se disent intéressés
par la possibilité de disposer à Tenkodogo d’une source d’approvisionnement en bois et en essences de
bois de qualité telle que le bété, ainsi que de quantité plus importantes de diluant, utilisé pour vernir, à des
prix raisonnables.
Commercialisation
S’ils souhaitent se fournir en essences de bois « rares », les menuisiers doivent actuellement se rendre à la
capitale. On ne trouve pas à Tenkodogo de bété, de cotibier ou d’iroka entre autres. Le diluant est
également un produit rare à Tenkodogo, et souvent la meilleure façon de s’en procurer est de monter à
Ouagadougou où il est, de plus, moins cher.
Les menuisiers vendent principalement à Tenkodogo et dans la province du Boulgou. Ils peuvent, sur
commande, réaliser des meubles pour des clients jusqu’à Fada N’Gourma ou Ouagadougou, et participent
à des foires jusqu’à Lomé (Togo), Bobo Dioulasso, au Bénin et au Mali. Cependant il n’existe pas de foire
relative à la menuiserie à Tenkodogo.
L’un des principaux handicaps au développement d’une activité de menuiserie d’art ou plus simplement
de haut niveau de qualité est la méconnaissance des clients qui, voyant le grand nombre de meubles à bas
prix, demandent des meubles de basse qualité à bas prix et participent à tirer la qualité de la production
vers le bas. La présence de nombreuses administrations sur place est pourtant une grande opportunité
pour le développement d’une production d’ameublement de qualité.
37
Contraintes infligées et subies par rapport aux autres activités et aux populations
La menuiserie est une activité relativement bruyante qui peut déranger les populations et aussi certaines
activités pouvant nécessiter de la concentration. Il est donc important d’inciter les menuisiers à ne pas se
localiser en plein cœur des quartiers résidentiels ni à proximité immédiate des rares métiers d’artisanat
d’art ; ainsi qu’à coté des bâtiments administratifs.
La menuiserie ne représente pas un danger direct pour les autres activités artisanales ou les populations,
et un danger limité sur l’environnement car le menuisier utilise de faibles quantités de diluant. Le risque
vient au contraire d’autres activités comme celle de soudeur qui génèrent des étincelles. En effet, le
menuisier craint le feu car il produit non seulement du combustible sous forme de copeaux et de sciure de
bois, mais se met également en danger en utilisant fréquemment de l’essence à la place du diluant ; ce qui
rend son bois particulièrement inflammable.
Financement
Cette activité nécessite un nombre d’outils important, dont certains peuvent être onéreux. Un apprenti
désirant devenir artisan menuisier devra disposer d’au moins 1 000 000 FCFA pour démarrer son activité
avec les outils indispensables ; ceux-ci ne représentant pas la liste exhaustive des outils recommandés et
n’étant pas électriques. Chaque machine électrique (scie, raboteuse, etc.) peut coûter jusqu’à 3 000 000
FCFA l’unité, un atelier de menuiserie tout équipé peut donc nécessiter un investissement supérieur ou
égal à 10 000 000 FCFA. Il faut toutefois noter que cette activité est assez rentable, et que les bénéfices
qu’elle dégage permettent de rembourser sans trop de difficultés les emprunts contractés pour l’acquisition
des premiers outils.
Recommandations sur l’activité
• Offrir la possibilité de disposer à moindre coût d’espaces d’exposition des produits.
• Organiser une activité de commerce de gros à destination du Ghana et des autres pays frontaliers
afin de ravitailler Tenkodogo en bois rares, de qualité et moins chers.
(Données recueillies auprès de 2 menuisiers du groupement des menuisiers de l’APAGAN-B)
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1.2.10 Soudeur / Menuisier métallique Introduction
Le soudeur réalise une vaste gamme de produits à base de fer qu’il assemble grâce à la soudure. Il peut
être nommé de différentes manières suivant ses produits de prédilection : soudeur, menuisier métallique,
constructeur métallique, fabricant de matériel agricole.
Détail de l’activité
Nomenclature : Métiers de la forge et assimilés (2) > Soudeurs (3) ; Menuisier métallique (9) ;
Construction métallique (11)
Le soudeur utilise divers plaques de tôle de fer et tubes ronds ou carrés, de différents diamètres et
épaisseurs, pour réaliser entre autres des ouvertures (portes, fenêtres), charrues et autres matériels
agricoles, charrettes, mobilier métallique, charpente métallique et carrosserie/tôlerie. Il a besoin d’être en
même temps forgeron et soudeur pour réaliser certains produits comme le matériel agricole. Sa matière
première est très couteuse, car le métal au Burkina est très cher en raison de sa rareté et des difficultés
d’approvisionnement. Le soudeur a besoin d’un ensemble d’outils onéreux ce qui constitue un frein
important à la création de ce type d’activité sans concours extérieur. L’artisan emploie entre une demi-
douzaine et une quinzaine de personnes maximum, dont deux tiers d’apprentis, mais cela dépend
fortement de la taille de son atelier.
Matériel : outils classiques (marteaux, pinces, cisaille-poinçonneuse, limes, scie à métaux), perceuse (à
main) et mèches, meuleuse (à main), perceuse fixe, scie électrique, serre-joint, poste à soudure,
compresseur et pistolet à peinture, étau, plieuse, enclume, tréteaux.
Matières premières : électricité, baguettes de soudure, tôle, fer blanc, tiges de fer (rondes et carrées),
tubes de fer (ronds et carrés), peinture.
Besoins et souhaits d’investissement
Les qualifications en forge, soudure et ferronnerie du soudeur l’amène à être sollicité pour réaliser des
produits complexes, à armatures métalliques, sur commande. Ses besoins en matériaux varient donc
suivant les commandes spéciales qui lui sont demandées. Il peut par exemple avoir besoin de se fournir en
persiennes métalliques pour la réalisation d’une porte ou d’une fenêtre, ou bien en tôles pour réaliser une
carrosserie. Le fond de roulement lui est, dans tous les cas, indispensable car sa matière première (le fer) a
un coût variable très important et la constitution d’un stock en période de baisse des cours des métaux
permet de réaliser des économies considérables.
Le soudeur réussit à se fournir sur les marchés de Tenkodogo, toutefois les vendeurs de métaux de la
ville se faisant rares et ayant une clientèle restreinte doivent eux aussi commander ce métal ; souvent pour
un seul client. De fait, les prix sont plus élevés que dans d’autres centres urbains où la demande pour le
métal est plus grande. Le soudeur tenkodogolais est par conséquent amené à se fournir suivant les
39
circonstances à Ouagadougou ou à Pouytenga, si le métal lui manque ou s’il souhaite renforcer son stock
lorsque le fer est moins cher.
Les principaux besoins en investissements des soudeurs concernent l’outillage et en particulier les
machines électriques comme une perceuse (voire perceuse multibroche), une fraiseuse ou encore une
cisaille-perceuse. Une cintreuse pourrait également permettre à certains artisans d’être plus efficaces sur le
travail de la tôle, celle-ci coute entre 400 000 et 1 200 000 FCFA.
Commercialisation
Il va de soi qu’une telle activité manufacture à la demande des produits peu consommables que les
clients cherchent à renouveler le moins possible, il y a donc un marché plus ou moins restreint à
Tenkodogo. Un soudeur a ses clients dans toute la province, dans les provinces voisines (Diapega, Fada
N’Gourma, Mounga) et même à Ouagadougou lorsqu’il se déplace à des manifestations commerciales. S’il
a une activité très spécialisée (ex. fabricant de matériel agricole), il peut également viser les marchés des
pays voisins proches (dans le cas de Tenkodogo : Togo et Ghana).
Dans ce but, la réputation du soudeur est importante et celui-ci doit bien entendu faire jouer le bouche-
à-oreille, mais il peut aussi avoir recours à une carte de visite qui semble un bon moyen de promotion. Les
soudeurs utilisent tous les moyens de promotion à leur disposition (affichage, radio, crieur public) et bien
évidemment cherchent à être visibles et facilement identifiables grâce des enseignes apposées sur la
devanture de leurs ateliers.
Contraintes infligées et subies par rapport aux autres activités et aux populations
Les activités de forge (martelage), de soudure et de perçage du métal sont extrêmement bruyantes et
gênantes pour le confort des populations alentours, même dans un périmètre supérieur à 50m. De plus,
elles génèrent de la chaleur et des étincelles pouvant créer un incendie en cas de proximité immédiate avec
des matières très combustibles (hydrocarbures, paille sèche). Pour cela, le soudeur évite la proximité avec
les revendeurs d’essence et de mélange.
Le soudeur n’utilise qu’un seul produit réellement dangereux pour la santé : la peinture. Celle-ci est
pulvérisée sur le métal posé à même le mur ou le sol, cela peu entrainer une pollution des milieux aqueux
si une pluie venait à s’abattre peu de temps après l’opération de peinture ; avant que cette dernière ne soit
sèche.
Enfin l’artisan produit des déchets sous forme de chutes de fer qu’il tente de recycler en les réintégrant à
sa production pour confectionner des pièces de petites tailles. Cependant il reste inévitablement des débris
minimes qu’il conserve dans l’espoir de les revendre au poids tant le métal a de la valeur au Burkina.
Notons aussi la possible récupération des baguettes de soudures usagées qui constituent un déchet
métallique supplémentaire.
40
Financement
Le démarrage d’une telle activité requière a minima 2 millions de Francs CFA ce qui en fait une activité
hors de la portée d’une grande majorité des gens. Un soudeur voulant s’installer en ayant tout le matériel
nécessaire aurait besoin de la somme de 5 et 10 millions de Francs CFA. Cela dépend également de ce que
le soudeur prévoit de réaliser, la fabrication de matériel agricole peut coûter jusqu’à 30 à 50 millions de
Francs CFA, pour un atelier tout équipé, ce qui est largement supérieur à toute possibilité de micro-
financement ; et l’on comprend que les établissements bancaires soient retissant à financer une telle
activité à hauteur de ce montant.
Recommandations sur l’activité
• Outre le fait de ne pas être localisé à proximité immédiate d’un cours d’eau ou d’un dépôt
d’hydrocarbures, le constructeur métallique a tout intérêt à se trouver à proximité d’un soudeur
pour tirer profit de la présence du matériel de soudure proche, d’autant que le poste de soudure et
les ouvrages métalliques sont difficilement transportables sur de longues distances. Cela étant cet
avantage n’est pas une nécessité absolue car les constructeurs possèdent souvent eux-mêmes un
poste de soudure car leur activité complexe l’exige. Les ateliers devraient cependant ne pas se
trouver dans des zones urbaines de forte densité humaine en raison des nuisances sonores qu’ils
génèrent.
• Dans un intérêt collectif, il serait bon de regrouper ces artisans avec les autres soudeurs travaillant
le fer pour mettre en place une collecte des déchets en fer à l’échelle communale ; par exemple le
long d’un axe ou d’un parcours permettant une collecte rapide et efficace.
(Données recueillies auprès de 5 soudeurs du bureau du groupement des soudeurs de l’APAGAN-B et de M. ZALLÉ Mahdi – Fabricant de matériel agricole à Tenkodogo)
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1.2.11 Tailleur / couturier Introduction
Le tailleur confectionne l’ensemble de la gamme d’habits portés au Burkina grâce à des tissus tissés
localement ou importés. Il peut réaliser aussi bien du prêt-à-porter que des commandes sur mesure.
Détail de l’activité
Nomenclature : Métiers du textile et de l’habillement (7) > Tailleurs/couturiers (1)
Le tailleur / couturier peut réaliser des vêtements pour hommes ou dames, certains étant spécialisés dans
un seul style et d’autres ayant une production mixte. Il réalise des chemises, pantalons, boubous (simples
ou brodés), jeans, vestes, ensembles, habits traditionnels, tenues d’enfants (robes, culottes, etc.) et tenues
de travail (bleus, etc.). Il achète les tissus déjà tissés et/ou imprimés et les fils déjà colorés, il peut réaliser
très occasionnellement la teinture s’il est qualifié pour mais cela reste très marginal. Son principal outil de
travail reste sa machine à coudre (manuelle). Un atelier moyen emploie entre 10 et 15 personnes dont un
maximum de 10 apprentis à Tenkodogo, car ce chiffre peut atteindre 40 à 50 à Ouagadougou.
Matériel : Machine à coudre, aiguilles, ciseaux, fer à repasser, table à couper.
Matières premières : tissus, fils, boutons, fermeture éclair, col, doublure de veste.
Besoins et souhaits d’investissement
Les tailleurs peuvent se fournir dans la majorité des matières premières au marché de Tenkodogo
cependant celles-ci étant souvent importées ou produites à Ouagadougou, il est plus rentable d’aller se
fournir à la capitale. La qualité de ces matières premières y est également meilleure et les achats en gros y
sont très rentables. Cela étant le surcoût lié au transport est répercuté sur les prix de vente rendant la
production tenkodogolaise moins concurrentielle. Le marché de Tenkodogo fournit les couturiers en
matériaux classiques, on n’y vend pas de dentelle, de doublure de col ou de boutons originaux de qualité.
Photographie 5 : Tailleur confectionnant une chemise Tenkodogo, 09/07/2009.
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Les tailleurs voudraient s’équiper en matériel de bonne qualité pouvant coudre l’endroit et l’envers du
tissu ou réaliser des ouvrages plus complexes, ceci dit une machine à coudre performante peut coûter
jusqu’à 1 000 000 FCFA et ne sert qu’à une seule personne à temps plein. Une seule de ces machines
maximum par atelier serait déjà un investissement considérable en soi. Quelques machines, permettant des
ouvrages précis que ne peuvent pas les machines traditionnelles (ex. une boutonnière), pourraient
éventuellement être financées collectivement pour l’ensemble des tailleurs. Cela pose tout de même
quelques interrogations sur le coût d’entretien de ces machines et si elles doivent être manuelles ou
électriques ; donc plus chères.
Commercialisation
Les couturiers travaillent généralement pour des clients de Tenkodogo mais ils leur arrivent de vendre
ponctuellement à Ouagadougou lors de manifestations (prêt-à-porter). Les acheteurs de passage à
Tenkodogo achètent également leur production pour la vendre à travers le pays (mais principalement à la
capitale). Aucun habits n’est vendu dans les pays étrangers malgré à proximité relative de ceux-ci et bien
qu’une idée de diffusion des produits jusqu’en Europe soit à l’étude.
Le savoir-faire et la qualité de l’artisanat et du service en magasin sont essentiels au tailleur pour fidéliser
sa clientèle, mais il utilise également d’autres moyens de communication. Il peut apposer sa marque sur ses
vêtements, cependant cela doit rester discret car certains clients n’apprécient pas que leur entourage sache
qu’ils sont habillés par un tailleur local et préfèrent montrer qu’ils se sont déplacés loin pour acheter des
vêtements, laissant supposer qu’ils sont plus chers et de meilleure qualité bien que cela soit sans réel
fondement. L’utilisation d’une carte de visite est un moyen au contraire plus efficace et plus apprécié. Les
expositions et les foires sont des lieux privilégiés pour les couturiers désireux de faire étalage de leurs
produits et, à l’instar des tisseuses, ils cherchent dans ce but à acquérir des étagères et vitrines pour les
exposer. Enfin certains réussissent à diffuser des messages à la radio.
Contraintes infligées et subies par rapport aux autres activités et aux populations
L’activité de couture n’est absolument pas dérangeante pour les populations locales car le tailleur utilise
des fils et des tissus déjà teints, il ne pratique donc pas d’activité de teinture, ni n’utilise de produits
odorants ou nocifs. Elle est peu bruyante puisque le bruit des machines ne sort pas ou peu de l’atelier.
Cette activité est très peu polluante puisqu’elle ne rejette que de maigres morceaux de fils et de tissus,
que les mécaniciens récupèrent parfois en guise de torchons.
43
Financement
Le financement d’une activité de couture est très dépendant du montant investi dans les machines à
coudre, car celles ci représentent près de 80 % du budget initial, sans compter la location de l’atelier. Un
atelier de couture faiblement équipé coûte aux environs de 300 000 à 400 000 FCFA. Compte tenu du prix
des machines de bonne qualité, un atelier peut coûter jusqu’à 10 000 000 FCFA. Il est évident que cet
investissement serait déraisonnable aux vues des améliorations qu’il fournirait. Une bonne stratégie de
commercialisation porterait davantage de fruits en termes de retour financier.
Recommandations sur l’activité
• Nouer des relations fortes, grâce aux groupements et associations, avec les tisseuses pour
connaître le marché et ses attentes et faire remonter l’information le long de la chaine de
production pour une meilleure réactivité.
• Valoriser les espaces de vente et faciliter l’accès à des espaces d’exposition et de vente co-localisés
en rues marchandes dans des endroits stratégiques.
(Données recueillies auprès de 4 tailleurs/couturiers du groupement des tailleurs/couturiers de l’APAGAN-B)
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1.2.12 Tapissier Introduction
Le tapissier est un professionnel qui allie activités de menuiserie et de couture spécialisée sur bois. En
effet, l’activité de tapisserie seule n’existe pas, car elle n’est pas assez rentable actuellement et ne permet
pas d’exposer sa production.
Détail de l’activité
Nomenclature : Métiers du textile et de l’habillement (7) > Tapissiers (7)
Le tapissier, ou menuisier/tapissier, ne se positionne pas comme sous-traitant spécialisé de la menuiserie
mais comme un menuisier spécialisé élargissant sa gamme de produits vers le mobilier de salon (chaises,
fauteuils, canapés). En sa qualité de menuisier, il est également capable de réaliser tout type de
construction en bois et de plafonnage, qu’il peut enrichir par son savoir-faire en tapisserie. Le matériau
utilisé pour rembourrer les tapisseries – des éponges – ne permet pas d’obtenir une qualité et un confort
comparable à ce qui est produit en Europe, toutefois la qualité de tapisserie reste tout à fait satisfaisante à
Tenkodogo. Un atelier de menuiserie/tapisserie peut accueillir en moyenne de 1 à 3 artisans accompagnés
de 3 à 4 apprentis.
Matériel (tapisserie) : machine à coudre (spéciale tapisserie), règles et mètres ruban, aiguilles, ciseaux,
lames, formes conçues pour tendre le tissu.
Matières premières (tapisserie) : tissus spéciaux, cuir, sky cuir (simili cuir) et éponges.
Besoins et souhaits d’investissement
Les tapissiers dépendent fortement de leurs fonds de roulement. Souhaitant cumuler les activités de
menuiserie et de tapisserie, ils ont besoin de se localiser dans un endroit bien fréquenté pour exposer leurs
meubles. Cependant, il serait intéressant pour certains d’étudier la possibilité de se désengager de leur
activité de menuiserie pour ne se consacrer qu’à la tapisserie, en se localisant à proximité d’un menuisier.
Le sky cuir est une matière première absente sur le marché de Tenkodogo et devant être achetée à
Ouagadougou ou au Ghana, où il est moins cher qu’au Faso. De la même manière, le bois est beaucoup
moins cher dans ce pays ci qu’au Burkina, ce qui amène à s’interroger sur l’intérêt de développer pareille
activité pour un artisan disposant de fonds propres très limités et/ou peu formé. En termes de matériel, la
qualité de la production est dépendante du modernisme des principaux outils dont en particulier la
machine à coudre.
45
Commercialisation
La tapisserie/menuiserie est une activité dépendante de sa visibilité pourtant peu de tapissiers utilisent
des enseignes, comptant sur la simple exposition de leurs produits et sur le bouche-à-oreille pour se faire
de la publicité, et n’utilisent pas non plus de cartes de visite pourtant très utiles puisqu’une grande partie
de leur production se fait sur commande. Ces commandes sont le plus souvent provinciales et régionales,
dans un premier temps, puis nationale, à destination de Ouagadougou en particulier.
La vente de meubles est difficile à Tenkodogo car un meuble fabriqué localement à partir de matériaux
achetés sur place peut couter 100 à 200 % plus cher qu’un meuble importé du Ghana, ou réalisé
localement à partir de matériaux importés, tandis que sa qualité est moindre puisqu’il est impossible de se
fournir localement dans certains bois rares.
Contraintes infligées et subies par rapport aux autres activités et aux populations
Cette activité (la tapisserie) est peu bruyante et non polluante, elle cohabite donc très bien avec les
populations résidentes à l’intérieur ou en bordure d’un quartier résidentiel. Cette activité cohabite
également très bien avec tout type d’artisanat et de commerces, excepté peut-être avec des activités très
salissantes. Mais gardons en mémoire que la menuiserie, quant à elle, est très bruyante par conséquent une
co-localisation entre ces deux activité ne devrait pas se faire au sein d’un espace densément habité.
Financement
L’activité même de tapisserie est actuellement indissociable de celle de menuiserie, il est donc très
difficile d’en évaluer le montant minimum pour démarrer cette activité. Toutefois, un artisan a évalué ce
montant à environ 1 250 000 FCF à 1 500 000 FCFA pour une activité plus développée, et ce
indépendamment de la menuiserie qu’il a évalué entre 700 000 et 1 000 000 FCFA ; moins coûteuse que
les chiffres annoncés par les menuisiers spécialisés.
Recommandations sur l’activité
• Il serait bon pour certains menuisiers/tapissiers de se professionnaliser en sous-traitance de
l’activité de menuiserie ; pour ceux qui ne peuvent assurer les deux. De cette façon un appui plus
précis aux activités de menuiserie seule pourra être mis en place, en même temps qu’un appui
spécialisé à la tapisserie. La qualité des produits sortira également grandie de cette spécialisation
des activités.
(Données recueillies auprès de M. YALA Mohammed et M. BALIMA Alassane – Tapissiers à Tenkodogo)
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1.2.13 Tisserand Introduction
Le tisserand – ou plus généralement la tisseuse – est l’artisan qui confectionne le tissu à partir de fils de
cotons et de laine. Ce métier est majoritairement dévolu aux femmes dont la production se limite à la
réalisation de pagnes et de nappes. En effet, les métiers à tisser manuels ne permettent pas de réaliser un
ouvrage dont la largeur dépasse les 50 cm environ.
Détail de l’activité
Nomenclature : Métiers du textile et de l’habillement (7) > Tisserands (3) ; Teinturiers (5)
La tisseuse utilise un nombre limité de produits transformés pour la réalisation de ses ouvrages bien
qu’elle ait besoin de beaucoup de matières premières car elle doit laver et teindre elle-même les fils de
coton qu’elle achète. La matière première principale est le fils de coton blanc sale qui doit être nettoyé et
blanchi grâce à de la soude caustique avant d’être teint manuellement avec des colorants. L’opération de
teinture nécessite de chauffer la teinte dans une marmite avant d’y plonger les fils et requière donc de
disposer de combustibles pour le foyer (bois). Un atelier de tissage permet à deux ou trois tisseuses
qualifiées de travailler et à autant d’apprenti(e)s.
Matériel : métier à tisser, dévidoir (avec ou sans trépied), canettes, plats, marmites, bassines, seaux, gants,
banc et tabourets (bois ou métallique de meilleur qualité), table.
Matières premières : fils de coton blancs sales, fils de coton blancs propres, fils brillants, pelotes de laine,
teintures de couleurs, soude caustique, détergents.
Besoins et souhaits d’investissement
Plusieurs tisseuses ont évoqué le souhait de pouvoir se fournir en fil de coton bio désignant un modèle
de fils colorés grâce à des produits naturels. Cette demande émane de retour d’informations de certains
clients affirmant ne plus vouloir se vêtir qu’avec des vêtements teints grâce à des produits chimiques pour
des raisons de santé, d’éthique ou de prestige. Il faut y voir une compréhension et une volonté
Photographie 6 : Tissage des pagnes. Tenkodogo, 24/06/2009.
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encourageante d’élargir leurs marchés, cependant il est à noter que de ce point de vue les tisseuses ont un
certain retard. Le temps important dépensé dans leur activité, dû au fait qu’elles maîtrisent la chaine de
production allant de la teinture au tissage, les empêchent de réellement innover concernant les modèles de
pagnes qu’elles proposent.
Elles ont aussi évoqué la possibilité de s’équiper avec des métiers à tisser plus modernes, cependant les
moyens financiers leur font défaut. Il faut savoir que le prix d’un métier varie de 40 000 FCFA à 75 000
FCFA suivant sa qualité. A noter également qu’elles cherchent régulièrement, quand les moyens le leur
permettent, à améliorer leurs conditions de travail en investissant dans des équipements plus solides ou
plus ergonomiques (tabourets en métal, trépieds pour les dévidoirs). Toutes évoquent le besoin de
travailler sous un hangar/atelier de façon à ce que leur ouvrage ne soit pas détérioré par la pluie, il est
évident qu’aucune ne dispose des moyens de louer un tel bâtiment, cela les contraint à se protéger tant
bien que mal de la pluie et à cesser le travail dès les premières précipitations.
Les tisseuses peuvent acheter leurs métiers à tisser à un soudeur de Tenkodogo toutefois le peigne du
métier doit être acheté à Ouagadougou où l’on en trouve de diverses qualités à des prix pouvant être
élevés. Cet achat représente un coût fixe et pourrait être aisément micro-financé.
Les tisseuses se fournissent en fils de coton, fils brillants et laine sur le marché (secteur 4) de Tenkodogo,
mais elles doivent se rendre le plus souvent à Ouagadougou ou à Pouytenga pour se procurer les colorants
de teinture et les produits chimiques (soude, détergents). On ne trouve que très peu de teintes à
Tenkodogo et elles sont de moindres qualités par rapport à celles achetées à Ouagadougou, les fils eux
sont de qualité identique quelque soit le lieu d’achat ; mais il est parfois plus rentable de monter à la
capitale pour les acheter en grande quantité.
Commercialisation
Le commerce des pagnes est lié en grande partie à l’appréciation du client : s’il aime le produit et pense
qu’ils se vendront là d’où il vient, il achètera ; d’où l’importance pour la tisseuse de montrer son produit et
de pouvoir faire étalage de ses différents modèles. Certaines ont par ailleurs exprimé le souhait de pouvoir
disposer d’une armoire ou étagère dans ce but. Actuellement les tisseuses n’utilisent aucun moyen
publicitaire (carte de visite, radio, enseigne, etc) car cet investissement n’est pas à leur portée.
Contraintes infligées et subies par rapport aux autres activités et aux populations
Le métier de tisserand n’est pas très bruyant en soi, pas plus qu’odorant il ne représente donc pas de
nuisance particulière pour le voisinage. Cependant, les tisseuses étant également teinturières par obligation,
utilisent des produits extrêmement nocifs pour la santé et l’environnement que sont les teintes, la soude
caustique et les détergents qu’elles rejettent ensuite, dilués sous forme d’ « eau de teinture », n’importe où
sur le domaine public faute de caniveaux.
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Financement
Une activité de tissage peut se démarrer très facilement à partir de 100 000 FCFA jusqu’à 200 000 FCFA.
Cependant si la tisseuse souhaite investir dans davantage de métiers, des peignes ou des matières
premières de qualité ce coût peut s’élever entre 200 000 et 2 000 000 FCFA ; en incluant le coût d’un
hangar.
Recommandations sur l’activité
• Installer des ateliers de teinture.
• Mutualiser les achats grâce à des coopératives pour acheter les produits et les métiers (ou juste les
peignes)
• Construire un hangar collectif et sécurisé pour la production et le matériel.
• Mettre à disposition des espaces de présentation et d’exposition proches des tailleurs et des lieux
fréquentés.
(Données recueillies auprès de Mme. ZABSONRÉ WANGRÉ Simone, Mme SÉDOGO KOUASSA Rachel et Mme. MINOUNGOU Elizabeth – Tisseuses à Tenkodogo)
49
1.2.14 Transformatrice Introduction
La transformatrice, car seules les femmes pratiquent ce métier, est une appellation généraliste qui désigne
un ensemble de métiers liés à la transformation de matières premières agricoles en aliments complexes.
Cet artisanat regroupe la production de condiments (soumbala, piments, …) et de beurre de karité. A
noter que ce corps de métier ne comprend pas les dolotières qui sont traditionnellement considérées
comme représentant une profession à part entière. De même les transformatrices de beurre de karité sont
traitées à part.
Détail de l’activité
Nomenclature : Métiers de l’alimentation et de l’hygiène (5) > Fabricants traditionnels de condiments (7)
Les transformatrices sont souvent indépendantes, mais il existe trois associations, ou coopératives, de
femmes effectuant de la transformation en groupe de manière à mutualiser les investissements, car cette
activité s’adresse principalement aux femmes. La transformation offre souvent une opportunité d’emploi à
des femmes disposant de peu de qualifications, bien que cela nécessite l’apprentissage d’un certain savoir-
faire. Cette activité est relativement pénible physiquement et nécessite un processus de transformation
long en plusieurs étapes qui en font une activité collective par nécessité si l’on veut en faire une réelle
activité de rente. Une seule transformatrice a bien du mal à produire suffisamment pour dégager un
bénéfice réel et nourrir sa famille par son travail, elle produit généralement de petites quantités en
complément de son activité. Le soumbala produit par les groupements de femmes est réputé d’assez
bonne qualité car produit avec soin et hygiène de manière « industrialisée ». La transformation de
l’arachide, produit réputé localement, constitue une autre source de revenus puisqu’un groupe avait même
produit du savon à l’arachide ; mais a dû arrêter sa production faute de moyens.
La transformation la plus courante est celle des graines de néré, ou plus occasionnellement de soja, en
soumbala nécessitant des opérations de décorticage, pilage, séchage, cuisson et conditionnement. Le
soumbala est un condiment complexe parfumé avec diverses épices et condiments (sel, piment, ail,
oignon, poisson). Les transformatrices produisent également des aliments à base de niébé, de soja ou
d’arachides7.
Les ateliers de transformation emploient beaucoup de femmes car leurs structures sont de formes
associatives. Ce nombre est en moyenne d’une vingtaine à une trentaine d’ouvrières qualifiées ou en voie
de qualification, et varie quotidiennement car les transformatrices se relaient dans leur travail. Un
groupement peut en compter au total près de 200 s’il est d’envergure départementale.
7 Les arachides sont transformées en pâtes et en huile, puis frites en biscuits.
50
Matériel : marmites, mortiers et pilons, gros plats, bassines, barriques en plastique, passoires (en
vannerie), seaux, calebasses, paniers, louches, bâche de séchage, espace de séchage (terrasse en ciment),
sachets, sacs, étiquettes, presse et moulin (pour la transformation des arachides).
Matières premières : graines de néré, graines de soja, graines de niébé, sel, piment, ail, oignon, poisson
(carpe), arachides, bois (combustible).
Besoins et souhaits d’investissement
L’intégralité des matières premières alimentaires nécessaires à la réalisation du soumbala et des autres
condiments ou produits alimentaires à base de soja ou de haricots se trouve et s’achète à bon prix sur le
marché de Tenkodogo. Le surcoût de transport qu’engendrerait un achat hors de la commune justifie de
ne pas aller chercher ces produits à Ouagadougou ou ailleurs ; même pour des raisons de différence de
qualité.
Les transformatrices maîtrisent toutes la transformation du soumbala qui leur sert de base de revenu et
de tremplin vers une diversification de leur production vers les gâteaux d’arachide et de niébé entre autres,
voire vers la transformation du beurre de karité.
La pénibilité du travail amène l’ensemble des transformatrices à réclamer l’acquisition d’une
décortiqueuse automatique pour supprimer le travail de pilage des graines de néré particulièrement
épuisant surtout pour les femmes âgées. Ce besoin est légitime mais il est difficile à satisfaire pour
plusieurs raisons : le coût d’investissement serait astronomique comparé à leurs moyens financiers, la
machine consomme elle-même de l’énergie ce qui ne limite pas son acquisition à un coût fixe et enfin
personne à Tenkodogo ne semble à avoir les compétences nécessaires pour réparer celle-ci lorsque qu’elle
tombera en panne.
De manière plus générale, les femmes aimeraient disposer de plus de marmites, bassines, seaux et autres
ustensiles pour accroître les facteurs de production. Ces investissements sont conséquents mais pas
irréalisables si l’ensemble des groupements de transformatrices cherchaient à mutualiser leurs achats.
Photographie 7 : Graines de néré telles qu’achetées au marché. Tenkodogo, 25/06/2009.
51
Enfin, la plupart sont locataires de leurs ateliers de productions et cherchent à être propriétaires pour
rentabiliser leur activité sur le long terme, ne plus être sous la menace d’une augmentation des loyers de la
part du bailleur et pouvoir réaliser des travaux d’aménagement de l’espace de travail (terrasse, hangar).
Commercialisation
Le soumbala est vendu sur le marché de Tenkodogo, en majeure partie, mais également dans d’autres
villes du pays (Ouagadougou, Koupéla, Fada N’Gourma) et même dans d’autres pays (Côte d’ivoire,
Sénégal, Bénin, Togo, Ghana, Niger) lorsque le groupement de transformatrices possède l’envergure
suffisante pour tisser des contacts commerciaux hors de la commune. L’apposition d’une étiquette avec les
coordonnées (téléphoniques et bientôt postales) de l’atelier de transformation.
Les condiments sont aisément vendus sur les marchés – lieux de toutes les transactions de denrées
alimentaires – donc il semble y avoir un lien ténu entre la localisation de l’atelier de transformation et la
vente des produits. Cependant les transformatrices font toutes savoir que certaines personnes peuvent
venir acheter le soumbala à l’atelier et cherchent par conséquent à être visibles et proche d’un lieu
fréquenté par les autres femmes8. De manière générale, une présence continue aux cérémonies et foires
commerciales locales assure la promotion de ce produit très consommé localement. Elles utilisent
généralement un panneau d’enseigne pour se signaler et parfois des cartes de visite.
Contraintes infligées et subies par rapport aux autres activités et aux populations
Hormis le bruit traditionnel du pilage du néré, la transformation ne génère aucune nuisance sonore et
peu de nuisances olfactives. Il va de soi qu’aucun produit nocif n’entre dans la composition des
condiments destinés à être consommés. Seul déchet à être rejeté, le son de néré ou de soja est recyclé en
nourriture pour porcins et/ou en fumier ; exploitant ainsi les qualités biodégradables du matériau. Il serait
également envisageable de l’utiliser en complément du bois de chauffe cependant ses qualités de
combustible doivent être inférieures à ce dernier.
8 Ce sont les femmes qui achètent principalement les denrées alimentaires sur les marchés.
Photographie 8 : Différentes formes de conditionnement du soumbala. Tenkodogo, 25/06/2009.
52
Financement
Cette activité est assez chère à financer car elle requière un nombre important d’ustensiles en métal et la
location d’un terrain avec local pour entreposer les matières premières et les produits finis ; dans le cas
d’une production groupée en coopérative. Un petit atelier de transformation nécessite un investissement
minimum de 250 000 FCFA mais avoisine plutôt les 3 000 000 FCFA lorsqu’il tente de regrouper un
nombre important de transformatrices. L’achat de matériel sophistiqué et de machines ferait augmenter ce
coût à hauteur de 5 à 10 millions de Francs CFA.
Recommandations sur l’activité
• L’adressage comme pour toutes les activités permettra de mieux se rendre à l’adresse de l’atelier et
pourrait limiter la pression foncière sur les parcelles longeant les grands axes. Les ateliers plus
reculés seraient donc moins désavantagés.
• Promouvoir davantage l’activité par la diffusion de cartes de visite et de dépliants publicitaires
expliquant la qualité de la production locale.
• Initier un évènement autour du soumbala permettant de crédibiliser l’image du produit, de générer
des bénéfices par l’afflux de clients et de servir de prétexte à une foire commerciale plus vaste
regroupant diverses professions autour de la transformation agricole.
• La bonne réputation actuelle d’une partie de la production de soumbala de Tenkodogo à travers
les groupements de transformatrices permettra à terme d’inciter l’ensemble de la profession,
surtout les transformatrices indépendantes, à maintenir à la hausse la qualité de la production.
Dans le même temps, cela peut également inciter plus de femmes à se regrouper en coopératives
dans une même optique de hausse de la qualité des produits, mais également pour passer d’une
activité de subsistance à une véritable activité de rente.
• Initier la culture du nété pour être en mesure de satisfaire une demande nationale forte.
(Données recueillies auprès de la Fédération Départementale des Professionnels Agricoles, de l’association Kogl y Taaba et du groupement Kougl Saaba – Coopératives de transformatrices à Tenkodogo)
53
1.3 Importance de l’activité commerciale Outre l’activité artisanale, l’activité de commerce des produits artisanaux, agricoles et pastoraux non
transformés, et la revente de produits achetés à bas prix au Togo et au Ghana (essence et mélange), il
existe à Tenkodogo des commerces plus traditionnels tels que des petits commerces alimentaires, des
échoppes de vente d’eau, des télécentres, des restaurants (ou maquis) et quelques pharmacies. Cela étant,
la majeure partie des commerces est constituée de petites échoppes longeant les routes, et plus
particulièrement le goudron, qu’il est très difficile à identifier et à localiser car elles occupent un espace
entre la chaussée et les parcelles identifiées sur le plan cadastral. On y vend des produits alimentaires
(fruits et légumes, condiments, etc.) et des produits artisanaux (activité de soudure) mais pas d’artisanat
d’art, on y répare également les vélos et les cyclomoteurs, on y vend des recharges de téléphone et surtout
on peut s’y restaurer lorsqu’elles se situent à proximité de maquis (ce qui est souvent le cas).
Ces commerces se localisent souvent à proximité des grands axes bitumés à proximité du marché et
autour de celui-ci, ainsi qu’entre le nouveau marché (secteur 6) et la voie principale à hauteur de l’hôtel
Djamou. Il existe aussi trois autres points de fixation des micro-commerces le long d’axes secondaires. Le
premier à proximité des administrations et du gouvernorat, le long de la route de Garango, le deuxième au
cœur du secteur 2 entre les écoles et le lycée Rialé, le long de la route arrivant du Sud-ouest jusqu’au
centre-ville, et enfin au cœur du secteur 6 en remontant vers le Nord en partant du quartier des
administration du secteur 2 [Localisation des activités sur le terrain et recensement parcellaire réalisés en
2009].
La présence de ces commerces donne une vision pertinente des zones d’attractivité. On y voit
notamment apparaître les véritables entrées de villes qui mériteraient une attention particulière, ainsi que
les espaces à potentialité de développement artisanal autour du nouveau marché.
54
Carte 2 : Localisation préliminaire et non-exhaustive des commerces à Tenkodogo
55
Il existe deux marchés principaux à Tenkodogo (voir carte 2) permettant de se fournir essentiellement en
produits alimentaires mais également en produits divers, tels que du textile ou des ustensiles. Le marché
central (secteur 4), aussi appelé « vieux marché » car il s’agit du premier marché de la ville, concentre
encore une très grande majorité des services commerciaux que l’on peut trouver en ville et reste le mieux
achalandé. Il a le grand avantage de se situer au point de convergence des différents axes principaux
bitumés de la ville et à proximité immédiate de la gare routière SOTRADYF et de la gare informelle
d’arrêt des minibus faisant le transport de personnes entre Koupéla et Bittou.
Photographie 9 : Vues internes du grand marché (secteur 4)
Photographie : Thomas Doussard, 2009.
Ce marché est désormais très critiqué, à juste titre, pour son insalubrité et sa dangerosité. Un incendie s’y
est notamment déclaré en mars 2009 à cause de la présence proche d’un revendeur d’essence. La
promiscuité entre les commerces alimentaires et les autres activités représente un risque non négligeable
pour la santé des consommateurs. Ce marché a l’inconvénient d’être complètement dépassé en termes de
capacité d’accueil des activités et de visibilité des commerces. La présence anarchique de nombreuses
échoppes crée un dédale de ruelles dans lesquelles seul un tenkodogolais saurait retrouver son chemin. Les
commerces y sont difficilement identifiables, sentiment renforcé par l’étroitesse des cheminements qui
laisse peu de place à la contemplation des produits marchands au milieu de la foule allant et venant.
A l’inverse le nouveau marché (secteur 6) est aux normes sanitaires d’aujourd’hui et est plus sûr pour les
personnes, car il se présente sous la forme d’un espace ouvert et aéré, facilement nettoyable et équipé de
caniveaux. Il est entouré de boutiques et de petits commerces sous utilisés qui créent une barrière visuelle
et physique qui rend l’emplacement même du marché peu identifiable par une personne étrangère à la
commune. Il serait pertinent de s’intéresser rapidement au devenir de ces boutiques inoccupées et en train
de se délabrer, car leur présence nuit à la bonne prospérité des activités commerciales.
56
Photographie 10 : Le nouveau marché (secteur 6) vu depuis son entrée Sud-ouest
Photographie : Thomas Doussard, 2009.
On y trouve les mêmes produits que sur le vieux marché, mais en moins grande quantité et avec moins
de choix. Mais il faut noter comme opportunité de développement de ce grand marché, son accessibilité et
la présence d’un grand nombre d’artisans entre celui-ci et la route nationale, au niveau de l’hôtel
Djammou. Seule la partie Nord du marché est utilisée, et seulement 20 % des boutiques et de la surface
intérieure du marché sont utilisées. Ce marché constitue donc un semi-échec dans la politique de
désengorgement du centre-ville, mais il reste un espace à potentialité. L’ensemble de la zone (marché,
restaurants et artisans) est aujourd’hui un espace capable d’équilibrer la répartition des zones d’attractivité
commerciale dans la commune. Notons enfin, que ce marché se situe plus près des administrations, grand
pourvoyeur d’emplois et lieux de transit des personnes, que le vieux marché ce qui lui laisse augurer une
bonne fréquentation.
57
Carte 3 : Localisation des marchés et des administrations à Tenkodogo
Il existe également d’autres marchés de tailles plus réduites dont un marché Yaar au centre du secteur 2
et l’autre dans le secteur 1.
58
1.4 Problèmes rencontrés par les artisans et les commerçants
Les activités artisanales et commerciales sont étroitement liées car les lieux de production et de vente des
artisans sont fréquemment confondus en un seul atelier. Cet atelier est souvent différent du domicile de
l’artisan, mais pas toujours car certains par manque de moyens et/ou par absence de nécessité liée à
l’activité préfèrent travailler chez eux.
1.4.1 Les difficultés inhérentes au développement de l’artisanat Les handicaps à l’émergence d’un véritable tissu de très petites industries et à extraction des artisans de
leur situation actuelle vers le statut de micro-entrepreneurs sont :
• Une augmentation généralisée des coûts des matières premières.
• Un manque de fond de roulement les empêchant de prendre des risques et d’immobiliser une partie
de leur production pour la présenter à leurs clients.
• Une pénurie récurrente de certains produits rallongeant les délais de livraison des commandes et
augmentant les coûts de production et une incapacité à s’approvisionner localement dans certaines
matières premières indispensables.
• Un manque de formation sur des techniques de travail avancées ainsi que sur la gestion et la
commercialisation.
• Une difficulté à être visible et à faire étalage de sa production.
• Un surcoût lié au transport d’une grande partie des matières premières depuis Ouagadougou pour la
plupart.
• Une faible qualité des matières premières arrivant à Tenkodogo après avoir transité par
Ouagadougou, d’où les camionneurs repartent ayant déchargé les marchandises de meilleure qualité.
[Étude des métiers de l’artisanat, 2007 ; enquête personnelle auprès des artisans réalisée en 2009]
59
Problème majeur rencontré par les artisans, le manque de fond de roulement les empêche d’agir en
micro-entrepreneurs et les confine dans une situation professionnelle d’artisanat sur commande. Le fond
de roulement a deux objectifs principaux chez les micro-entrepreneurs ruraux (MER) comme ceux de
Tenkodogo :
� Il sert à financer un stock de matières premières pour faire face à la fluctuation des prix du marché.
Ces matières peuvent coûter très cher et avoir des cours très variables (métaux communs et
précieux, fils de coton, produits chimiques, etc.). Le principal handicap des MER tenkodogolais, à
ce sujet, est d’avoir des difficultés à se renseigner au préalable sur les prix actuels et pouvoir réagir
au plus vite pour devancer une éventuelle remontée des cours.
� Il permet de se risquer à immobiliser une partie de sa production pour s’en servir de vitrine
promotionnelle. Ce risque, s’il était pris, permettrait de voir émerger un artisanat d’art ou de haute
qualité à Tenkodogo dans des secteurs aujourd’hui peu ou moyennement innovant ; comme la
menuiserie bois et le tissage.
Autre problème très important, la capacité d’approvisionnement est souvent citée comme un facteur
aggravant abaissant la qualité de la production locale. En effet, la qualité des matières premières locales
souffre du fait que Tenkodogo se trouve en bout de chaine d’approvisionnement et des coûts et des délais
de transport de ces matériaux ; quand ces matériaux sont disponibles. Ceci place l’économie locale au plus
bas sur l’échelle de la compétitivité, notamment par rapport aux produits importés ou manufacturés à la
capitale.
Cependant la clef de voute de l’artisanat reste la formation souvent défaillante pour plus de la moitié des
corps de métier. La qualité des productions et des prestations s’en fait souvent ressentir. En cause, le coût
de la formation qui oblige les apprentis à payer leur formation auprès de leur maître d’apprentissage alors
qu’ils aident à produire. De fait beaucoup préfèrent se déclarer artisan et monter leur activité sans aucune
formation, faute de pouvoir payer ; ceux qui le peuvent éprouvent des difficultés à suivre complètement
leur formation car ils doivent exercer une activité complémentaire afin de la financer. Seule la mise en
place de formations gratuites pourrait inciter les apprentis à renoncer à travailler en autodidactes.
60
Tableau 1 : Synthèse des difficultés rencontrées par les artisans tenkodogolais
Artisan Problème de financement Problème d'approvisionnement Problème de formation Problème de localisation
Bijoutier Fond de roulementAbsence d'or et de pierres
précieuses---
Besoin d'un espace
d'exposition
Dolotière --- --- ---Besoin d'ouvrir le lieu de vente
sur l'extérieur
Fabricant de savon au beurre de karité Fond de roulementAbsence d'argile, de parfum et
d'huiles essentielles
Seul 1/4 des femmes sont formées à la
fabrication de savon
Besoin de renforcer la visibilité
de lieu de vente actuel
Fabricant de savon liquide --- Absence de tensageseeNon formé à la fabrication de savon
solideDifficultés à être visible
MaroquinierBesoin de machines pour
travailler spécialement le cuirAbsence de cuir traité --- ---
Mécanicien / Garagiste Besoin d'outillage lourd Besoin de pièces détachées
Besoin d'être formé à des opérations de
maintenance complexes et à l'utilisation
d'outils sophistiqués, formation sur les
nouveaux modèles
Besoin d'espace et d'un lieu
aménagé/aménageable
Mécanicien 2 roues Besoin d'outils Besoin de pièces détachées
Besoin d'être formé à des opérations de
maintenance complexes et à l'utilisation
d'outils sophistiqués
Difficulté à disposer d'un
emplacement stable et proche
d'un axe
Mécanicien pompes & moulins Besoin d'outils Besoin de pièces détachées
Besoin d'être formé à des opérations de
maintenance complexes et à l'utilisation
d'outils sophistiqués
---
Menuisier boisBesoin de fond de roulement,
besoin de machines
Absense de diverses essences de
bois, pénuries fréquentes, qualité
du bois faible
Nécessité de renforcer la formation des
apprentis, possibilité de formation à la
menuiserie d'art
Besoin d'un espace
d'exposition
Soudeur / menuisier métalliqueBesoin de fond de roulement,
besoin de machinesFaiblesse de l'offre en métaux ---
Besoin d'un espace
d'exposition
Tailleur / couturierBesoin de machines plus
performantes
Absense de quelques éléments
particuliers---
Besoin d'un espace
d'exposition
Tapissier Besoin de fond de roulementAbsence de sky-cuir, d'essences de
bois de qualité---
Besoin d'un espace
d'exposition
TisserandBesoin de métiers à tisser plus
performants
Faiblesse de l'offre en fils,
absense de fils bio
Besoin de formation à des tissages
innovants
Besoin d'un espace
d'exposition
TransformatriceBesoin de mécaniser la
production--- ---
Besoin d'un local aménagé à
loyer raisonnable
Sources : entretiens réalisés auprès des artisans et groupements d’artisans de Tenkodogo, 2009.
61
1.4.2 Les difficultés pesant sur l’activité commerciale Les commerçants se plaignent, de façon générale, du manque d’attractivité de la commune de
Tenkodogo par rapport à ses concurrentes : Garango, Koupéla, Pouytenga, Bittou et Bagré. Ces
communes sont devenues des lieux de commerces reconnus pour leur attractivité qui par effet
d’entrainement poussent même les commerçants de Tenkodogo à se déplacer là bas, quand bien même la
date du marché de Tenkodogo coïnciderait avec celle d’un autre de ces marchés. La principale raison à ce
succès des autres marchés s’explique par le fait qu’ils drainent beaucoup plus de villages aux alentours,
mais également par l’affaiblissement du marché de Tenkodogo. La responsabilité du manque d’attractivité
de la ville est donc pour partie imputable aux commerçants qui désertent les marchés tenkodogolais et
entrainent le commerce local dans un cercle vicieux.
Carte 4 : Position de Tenkodogo par rapport aux autres pôles commerciaux régionaux
Les activités commerciales locales fixes ont pour principales difficultés un manque de visibilité, dont les
deux marchés de la ville sont des exemples différents mais extrêmement représentatifs.
62
Le marché central (secteur 4) est particulièrement bien visible depuis la route nationale, quoique se
fondant avec les boutiques l’entourant, mais il constitue un lieu engorgé dans lequel les activités
s’entassent avec une telle promiscuité qu’il est difficile pour un étranger de trouver du premier coup d’œil
ce qu’il cherche. Dans le même temps, l’étroitesse des ruelles confine le visiteur dans un sentiment
d’insécurité, d’errance et de malaise lié à l’insalubrité relative du lieu dépourvu de caniveaux. Il y a bien des
« quartiers » regroupant les artisans par corporations à l’intérieur même du marché, mais le dédale ambiant
empêche une personne y entrant pour la première fois de se diriger d’instinct vers le commerçant qu’il
souhaite. L’avantage principal de ce lieu est d’être connu et visible à l’échelle de la ville et son défaut est, à
l’inverse, de constituer, vu de l’intérieur, un ensemble opaque n’offrant aucune visibilité aux commerçants
l’utilisant.
Son contraire est le nouveau marché (secteur 6) qui, quant à lui, est complètement invisible ou presque –
à l’exception de sa toiture – de l’extérieur, surtout considérant qu’il ne se trouve pas le long d’un axe
bitumé, mais offre à l’inverse un espace intérieur ouvert, propre et sécurisant. La présence de caniveaux et
le revêtement bétonné de sa surface, limite grandement tout risque sanitaire. La visibilité des commerces,
depuis l’intérieur, est très bonne grâce à la structure ouverte du lieu, le problème réside à l’inverse dans sa
visibilité externe. Il est ceinturé par une « barrière » d’échoppes et de boutiques inachevées, laissées en
l’état, tombant en décrépitude et donnant au lieu l’image opposée de ce que doit être un marché : un lieu
ouvert sur l’extérieur où l’on peut voir une foule de personnes commercer. L’impossibilité à réhabiliter ces
boutiques inachevées les condamnent à la destruction ; ce qui permettrait par là même de donner des
ouvertures sur l’extérieur à ce marché en direction de la route nationale.
Photographie 11 : Vues externes du nouveau marché (secteur 6) depuis le Sud
Photographie : Thomas Doussard, 2009.
Enfin, le commerce tenkodogolais s’organise autour de petits commerces réunis en rues commerçantes
dans lesquelles ils s’agrègent par effet d’entraînement. Ces rues sont invisibles pour les personnes
étrangères ne circulant que sur les grands axes lorsqu’elles sont en cœur de secteur, mais ont un rôle
structurant pour la vie de quartier à l’intérieur des sections correspondantes. A l’instar des marchés, les
petits commerces manquent souvent cruellement de visibilité. Il y a 3 raisons à cela :
63
• Les commerces ne sont pas alignés le long d’un axe rectiligne, ceux qui sont le plus près de la
route masquent ceux en retrait. Cela est d’autant plus vrai que la grande proximité entre eux
empêche complètement un commerce particulier de se distinguer de l’ensemble.
• De nombreuses petites échoppes s’installent sur l’espace entre le bâti et la chaussée, cachent les
boutiques et obstruent le passage jusqu’à elles.
• Les boutiques elles-mêmes sont souvent mal présentées. Les produits ne sont pas clairement
visibles depuis l’extérieur, en particuliers pour les commerces généraux présentant des produits
divers. L’espace de vente de certains artisans se trouve également derrière l’espace de
production, l’artisan préférant travailler devant sa boutique ce qui minimise l’exposition de ses
produits vis-à-vis de la clientèle.
Photographie 12 : Exemples de commerces à Tenkodogo
Photographie : Thomas Doussard, 2009.
64
65
2 Synthèse des projets et programmes appuyant la commune
2.1 Les acteurs locaux du développement économique à Tenkodogo
Il existe de très nombreux acteurs du développement économique à Tenkodogo : des acteurs publics,
des banques et organismes de prêt, des associations, mais également des projets de développement et de
coopération décentralisée soutenus par différents pays européens (France, Autriche, Danemark, …).
2.1.1 Acteurs institutionnels et acteurs privés (financeurs)
2.1.1.1 La municipalité La municipalité de Tenkodogo dispose de la compétence maîtresse en matière d’aménagement du
territoire et de gestion des affaires économiques, puisqu’elle a la pleine maîtrise de l’espace foncier – non
privatisé – et urbain. Elle est ainsi capable d’initier le développement d’espaces de regroupement de
commerces et d’artisans ; comme cela a été le cas avec la réalisation du nouveau marché. Ces mesures sont
donc principalement incitatives et leur efficacité tient aussi pour grande partie à la mobilisation de la
société civile en amont et en aval des projets. Pour cela, la municipalité peut s’appuyer sur la Direction des
Services Techniques Municipaux (DSTM), mais elle ne dispose pas à l’heure actuelle d’une Direction des
Services Économiques. Elle pouvait également financer certains projets d’envergure à travers le
programme FICOD (ex. réalisation du nouveau marché et des locaux de l’APAGAN/B) avant l’arrêt des
financements en 2004.
2.1.1.2 La Direction Régionale de l’Économie et de la Planification La Direction Régionale de l’Économie et de la Planification (DREP), anciennement nommée Direction
Régionale de l’Économie et du Développement (DRED), est en charge de la planification, de
l’aménagement du territoire, des statistiques économiques, de l’appui-conseil aux autorités (mairie, haut-
commissariat, gouvernorat) et du suivi annuel des projets/programmes de coopération décentralisée
(difficultés rencontrées, état d’avancement et réalisations). Il s’agit d’une autorité consultative dépendante
du ministère de l’économie et des finances, qui se trouve être également le ministère de tutelle des ONG
et associations, et à ce titre est habilitée à fournir un appui technique aux associations et autorités locales.
Elle ne peut pas financer de projets, ce type d’appui étant réservé à la commune.
La DREP a travaillé avec le PERCOMM et le PAMER, mais actuellement n’a pas eu de contact avec la
pépinière d’entreprises ni avec la plate forme d’initiatives. Par ailleurs son appui aux associations est resté,
pour l’heure, théorique car aucune association ne l’a sollicitée à ce titre. En outre, celles-ci répondent peu à
ses sollicitations concernant des enquêtes statistiques, mais cela devrait évoluer avec une nouvelle mesure
gouvernementale les y obligeant à l’avenir.
(Informations recueillies à la DREP du Centre-est à Tenkodogo auprès de M. NANA Ousmane – directeur régional,
Mme. TONI Abibatou – conseillère aux affaires économiques et M. PARÉ Ernest – service statistique)
66
2.1.1.3 L’Agence Nationale Pour l’Emploi L’Agence Nationale Pour l’Emploi (ANPE), nouvellement installée à Tenkodogo depuis 2005, est un
établissement public en charge de la promotion de l’emploi et de la formation auprès des acteurs
économiques. Elle aide les demandeurs d’emplois dans leurs recherches d’activité mais également les
entreprises dans leurs relations et leurs démarches administratives. Elle participe à la formation des jeunes
par l’accès à deux centres de formation professionnelle à Tenkodogo – l’un provincial et l’autre régional –
offrant pour l’heure une seule formation en mécanique cycles et cyclomoteurs ; la formation en mécanique
automobile étant assurée à Koupéla. A terme, la construction prochaine de nouveaux locaux de formation
permettra de dispenser, à Tenkodogo, des formations en mécanique automobile, maçonnerie et bâtiment,
et électro-mécanique. Elle espère ainsi remplir les objectifs du ministère de l’emploi de former 10 000
jeunes par an pendant 5 ans dans le Centre-est. Lorsqu’un demandeur de formation ne peut se voir offrir
la formation qu’il demande, l’ANPE l’oriente fréquemment vers l’APAGAN/B quand celle-ci propose ce
type de formation. L’ANPE est trop récemment implantée à Tenkodogo pour avoir participé aux projets
d’appui PAMER et ADOP, par exemple.
(Informations recueillies auprès de M. DABIRÉ Bahiabala – directeur régional de l’ANPE du Centre-est à
Tenkodogo)
2.1.1.4 Les établissements bancaires Plusieurs banques et organismes de prêt sont présents à Tenkodogo parmi lesquelles la BCB, la BACB,
la Caisse Populaire du Burkina, la Caisse des Producteurs et la Première Agence de Micro-Finance
(PAMF). Ceux-ci sont en contact avec la plate forme Tenkodogo Initiative concernant la mise en place de
prêts d’honneur en complément de prêts bancaires pour le développement et le renforcement d’activités
économiques sur la commune. Deux sont des établissements bancaires traditionnels, tandis que les autres
se placent sur le secteur de la micro-finance.
Tableau 2 : Liste des établissements de prêt présents à Tenkodogo en 2009
Établissement Prêt bancaire Micro-finance Montant prêt (FCFA) Taux d'intérêt
BACB Oui Oui 500 000
BCB Oui Non pas de limite 13,50%
Caisse des
ProducteursNon Oui 25 000 à 10 000 000
Caisse Populaire
du BurkinaNon Oui
PAMF Non Oui 25 000 à 700 000 11 à 12,5 %
(Informations recueillies auprès de M. GÉLY Thomas – animateur de Touraine Chinonais Initiative et de M. TIÉMA Mamadou – directeur de la PAMF de Tenkodogo en 2009)
67
2.1.2 Acteurs associatifs Selon l’étude des métiers de l’artisanat [2007], la moyenne nationale du nombre d’artisans affilié à une
structure associative professionnelle est de l’ordre de 41 %, il n’a malheureusement pas été possible de
confronter ce chiffre aux réalités de Tenkodogo. Un très grand nombre d’associations et de groupements
divers, d’agriculteurs et d’éleveurs notamment, sont présents localement et rendent l’échiquier des
relations associatives opaque et empêchent de toucher de manière exhaustive l’ensemble de la profession.
Il existe également nombre d’associations dans la ville même de Tenkodogo (six secteurs), dont de
nombreuses associations de femmes très spécialisées telle que l’association des restauratrices9. Ne seront
détaillées que les quatre associations majeures d’artisans et de commerçants de la commune.
2.1.2.1 L’APAGAN/B L’Association Provinciale des Artisans et Groupements d’Artisans Nong-taaba du Boulgou, ou plus
couramment appelée APAGAN/B, est la principale association d’artisans à Tenkodogo et dans l’ensemble
de la province du Boulgou puisque son champ d’action dépasse le cadre de la ville. On peut estimer que
70 % des artisans dont les corporations sont représentées à l’APAGAN/B en sont membres dans la ville
de Tenkodogo. Elle se compose de 15 groupements provinciaux d’artisans dont 6 sont basés à
Tenkodogo, il s’agit des groupements de soudeurs, de menuisiers (bois), de mécaniciens (4 roues, 2 roues
et moulins & pompes confondus), des tailleurs/couturiers, des tisseuses/maroquiniers et des
transformatrices. Initialement, cette association doit permettre l’adhésion de n’importe quel artisan,
cependant, à l’heure actuelle, seuls les artisans réunis en groupement ont pu l’intégrer.
Cette association est née en mars 2001 en continuité de l’arrêt du programme PERCOMM qui visait un
regroupement des artisans, par corporations, pour ensuite les rassembler en Organisations
Professionnelles d’Artisans (OPA). Le PERCOMM a, à ce titre, financé la création de l’APAGAN/B à
hauteur de 5 000 000 FCFA. Elle s’est fixée pour objectif de constituer une association solidaire de
défense des intérêts des artisans et de promouvoir le développement socio-économique et professionnel
de l’artisanat. Les grands axes stratégiques de sa politique d’appui sont :
• Permettre la formation, technique et de gestion, de ses membres en démarchant auprès des
formateurs et en finançant pour partie ces formations.
• Défendre les intérêts économiques des artisans.
• Faciliter leur accès au crédit grâce à un fond d’appui permettant de compléter une garantie
bancaire (50 % de la garantie pour un homme et 75 % pour une femme).
• Offrir des espaces de promotion et de publicité à la radio, locale et nationale, et par l’achat
d’affiches publicitaires.
9 Celles concernant une corporation en particulier rentrent dans le cadre des fiches métier (ex. transformatrices, fabricantes de savon de beurre de karité).
68
• Organiser des foires commerciales – dont deux se sont déjà tenues en 2003 et 2006, et une
prochaine se préparant pour 2009 – lors desquelles des invitations sont envoyées à des
partenaires internationaux et se concluant par une remise de prix aux meilleurs artisans.
• Accompagner les artisans à des manifestations et évènements commerciaux extérieurs.
Cette association a coopéré avec de nombreux programmes notamment le PAMER – qui toutefois n’a
pas souhaité officialiser cette entente par un accord en raison de son principe d’indépendance – l’ADOP
et le KFP. Elle a été soutenue financièrement par le FICOD et la Collectivité territoriale de
Tenkodogo pour la construction de ses locaux et l’obtention d’un terrain. Elle travaille encore
actuellement avec les projets et programmes : FAFPA, Swisscontact et PROFITA (secteur textile), et est
en train de mettre en place, en 2009, son plan d’action quinquennal.
(Informations recueillies auprès de M. BAGAGNAN Hamidou – secrétaire de l’APAGAN/B et dans Programme
zone artisanale et pépinière d’entreprises – Compte-rendu technique intermédiaire convention 1, 2009)
Bureau :
Président : OUBDA Hermann
Trésorière : SORÉ Elizabeth
Secrétaire : BAGAGNAN Hamidou
2.1.2.2 L’ACAGAT L’Association Communale des Artisans et Groupements d’Artisans de Tenkodogo est une très jeune
association fondée officiellement en mars 2009, après que son initiative a été redynamisée par l’arrivée du
programme « zone artisanale et pépinière d’entreprises », dans le but de rassembler indistinctement de
leurs métiers l’ensemble des artisans tenkodogolais pour réfléchir à des problématiques à l’échelle de la
commune (6 secteurs et 83 villages). Au contraire de l’APAGAN/B, l’ACAGAT vise en premier lieu les
artisans indépendants et profite de la pépinière d’entreprises pour entamer un recensement de ces derniers.
Ensuite elle se consacrera à la mise en place de groupements d’artisans par corporations, tout en
permettant aux artisans indépendants de continuer à s’affilier à elle, ainsi qu’en acceptant la création de
groupements de corporations identiques. Aujourd’hui entre 80 et 100 artisans en sont membres, et ce
nombre est en constante augmentation.
A l’heure actuelle, l’ACAGAT ne possède pas les fonds nécessaires à un appui financier direct de ses
membres mais étudie la possibilité de contribuer à financer les garanties des prêts bancaires ; à l’instar de
ce que fait la APAGAN/B. Ses objectifs en termes de formation sont la participation financière à la venue
de formateurs en gestion et en techniques de travail, mais également la formation des jeunes artisans, sous-
formés ou autodidactes, gratuitement auprès de maîtres d’apprentissage membres de l’ACAGAT. Le
financement de moyens promotionnels étant couteux, l’ACAGAT se concentre davantage sur la
sensibilisation des artisans à l’importance de la communication et la formation au marketing, et compte
également mettre en place un site internet.
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Cette association dispose actuellement de deux sièges de vice-présidence à la plate forme d’initiative
(Tenkodogo Initiative) et à la pépinière d’entreprises.
(Informations recueillies auprès de M. SÉDOGO Serge – Chargé des relations extérieures à l’ACAGAT)
Bureau :
Président : BAMBARA Jérôme
Trésorier : ZABSONRÉ TARNAGDA Marie-Louise
Secrétaire : FARTA Moutala
2.1.2.3 L’ACAT Première association professionnelle visant à réunir une corporation, l’Association des Commerçants et
Assimilés de Tenkodogo (ACAT) a été fondée il y a près de 25 ans (en 1985) pour rassembler l’ensemble
des artisans tenkodogolais et les soutenir dans leur activité ; car nombre d’entre eux souffrent d’un trop
faible niveau de scolarisation. Aujourd’hui cette association compte pas moins de 800 membres répartis en
divers groupes suivants leurs types de commerces : céréales, bétail, tissus et textiles, et boutiquiers divers.
L’ACAT a pour mission de régler les litiges internes entre commerçants mais aussi de négocier en leurs
noms auprès de la mairie, notamment sur des questions de fiscalité, ainsi qu’avec les banques afin de
négocier des prêts en échange d’informations sur la solvabilité des commerçants. L’ACAT ne propose ni
financement, ni appui-conseil aux commerçants, et n’a participé qu’à deux formations sur l’achat et la
vente depuis sa création. Jusqu’à aujourd’hui, elle n’a collaboré à aucun projet, mais cherche à se
renseigner sur la future plate forme d’initiative.
(Informations recueillies auprès de 3 membres du bureau de l’ACAT)
Bureau :
Président : OUBDA Inoussa
Trésorier : OUBDA Mathias
Secrétaire : DIAO Amadou
2.1.2.4 L’UCAT L’Union des Commerçants et Assimilés de Tenkodogo (UCAT), fondée en 2003 à la suite d’une
divergence au sein du bureau de l’ACAT, se veut une association de regroupement de l’ensemble des
commerçants de la ville de Tenkodogo (les villages n’y sont pas représentés) ainsi que d’une très faible
minorité d’artisans et d’éleveurs. Elle vise à défendre les intérêts des artisans, notamment sur la fiscalité
(patente). Elle réunit environ 200 adhérents regroupés en trois groupements de commerçants : de céréales,
de bétail et de produits divers (tissus, etc.). Elle n’a participé à aucun programme ou projet d’appui à
l’heure actuelle, mais a offert des formations à ses membres sur la gestion d’activité (comptabilité) et sur
les bonnes pratiques commerciales, et cherche à se renseigner sur la plate forme d’initiative. Elle diffuse
également des messages à la radio concernant ses activités. Bien qu’elle entretienne des relations avec la
70
municipalité, elle n’a jamais bénéficié de financements et se retrouve isolée, faute de projet porteur à faire
valoir.
(Informations recueillies auprès de 7 membres du bureau de l’UCAT)
Bureau :
Président : KÉRÉ Sanoussa
Trésorier : YAMÉOGO Oussani
Secrétaire : SANA Issaka
2.1.3 Les acteurs et projets de la coopération nationale et internationale
2.1.3.1 La coopération décentralisée Chinon – Étaules - Tenkodogo Cela fait bientôt 35 ans que les villes de Chinon (France, Indre-et-Loire) et Tenkodogo sont jumelées,
mais très récemment en 2006, elles ont décidé de passer à un niveau supérieur de relation et de
coopération en signant une convention de coopération décentralisée (décembre 2006) appuyée
financièrement par la région Centre (France), l’Ambassade de France au Burkina Faso et plusieurs
entreprises chinonaises. Elle a entreprit de réaliser trois programmes d’actions successifs. Le premier,
achevé, concernait la réalisation d’écoles, tandis que le second, en cours en 2009, est relatif à l’adressage de
la ville. Enfin, un programme d’appui aux problématiques d’assainissement et de gestion des eaux devrait,
sauf contraintes, voir le jour dès la conclusion du précédent programme.
Parallèlement, la commune d’Étaules (France, Charente Maritime) et le pays royannais organisent tous
les deux ans, en collaboration avec la mairie de Tenkodogo et l’appui du ministère de la culture burkinabè,
le festival Nord-Sud qui, durant une semaine à dix jours, offre à la population des animations culturelles,
expositions-ventes, excursions touristiques et projections de films. Le tout participe à l’économie locale
par l’animation de rues marchandes et la promotion de l’artisanat local : agriculture (fruits et légumes),
transformation alimentaire (beurre de karité, soumbala, etc), artisanat d’art (batik, maroquinerie, tissage) et
menuiserie bois et métal. L’un des objectifs du festival est, à ce titre, la formation des artisans au marketing
et la communication, car il faut bien avouer qu’à l’heure actuelle seuls les gens de la commune de
Tenkodogo se déplacent pour y participer et commercer.
(Informations recueillies auprès de M. KIMA Pierre – bénévole coordonnateur local des deux premières éditions du
festival et M. SORÉ Kalapé – actuel coordonnateur local du festival Nord-Sud).
2.1.3.2 PERCOMM Le projet de Perfectionnement des Entreprises Rurales de COnstruction Métallique et Menuiserie
(PERCOMM) était un projet, sous tutelle du ministère de l’industrie et de l’artisanat, visant à identifier et à
réunir les artisans en groupements, via une démarche participative. Son appui avait pour objectif de
dynamiser leurs capacités de commercialisation et d’auto-organisation, et de leur offrir diverses
formations, pour se conclure par des aides d’accès au crédit et d’ouverture aux marchés (boutique de
71
vente). Par ce processus les artisans étaient amenés à renforcer leurs capacités organisationnelles pour
finalement devenir réellement autonomes.
Le PERCOMM a été initié en 1989 et reconduit plusieurs fois jusqu’en 1999, dans les provinces du
Boulgou et de Koulpélogo. Il fut soutenu financièrement par l’ambassade d’Autriche. Sur la fin du projet,
grâce à un suivi-évaluation par les artisans eux-mêmes et avec le concours de la structure PERCOMM,
l’APAGAN/B a pris le relais en constituant une association de groupements d’artisans. Les menuisiers
furent les premiers à en profiter et à former leur groupement pour adhérer à cette association.
(Informations recueillies auprès de la DREP du Centre-Est à Tenkodogo et du groupement des menuisiers de
l’APAGAN/B)
2.1.3.3 PAMER Le Projet d’Appui aux Micro-Entreprises Rurales (PAMER) est un projet récemment arrêté après deux
phases ayant couvert les périodes 2001-2003 et 2003-2007. Son objectif général était d’accroître et de
diversifier les revenus des populations rurales, grâce à la création, au développement et la promotion des
Micro-Entreprises Rurales (MER) non agricoles viables. Il visait plus particulièrement à aider les femmes,
les jeunes et les agriculteurs démunis en les formant et en leur permettant de se rapprocher du statut de
micro-entreprise. Sa démarche a été en premier lieu d’informer et de sensibiliser la population (porteurs
d’initiatives et micro-entrepreneurs) au projet pour les amener à s’inscrire au programme afin d’être
formés, responsabilisés dans le choix de leur activité et de développer un partenariat en vue de pérenniser
leur activité.
Ses objectifs spécifiques étaient :
• Mise en place d’un mécanisme décentralisé durable chargé de la promotion, du développement et
de la création des MER ;
• Création de nouveaux emplois non agricoles en milieu rural afin d’améliorer l’accès du groupe
cible à des sources de revenus additionnels ;
• Accroissement de l’offre des biens et services dans l’économie rurale, surtout ceux en aval et en
amont de l’activité agricole ;
• Réduction de la migration vers les zones urbaines, notamment des jeunes, grâce à la création
d’opportunités d’emplois attrayants au niveau local.
De manière plus concrète, le PAMER a laissé une trace encore visible parmi les populations locales par
son action, notamment sur les formations techniques, mais également en gestion, ainsi que par la
promotion commerciale dynamique qu’il a réalisé en organisant des journées commerciales au profit des
artisans et en leur permettant d’exposer leurs produits lors de foires.
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Photographie 13 : Panneau publicitaire et produit transformé et vendu localement avec l'appui du PAMER
Photographie : Thomas Doussard, 2009.
Son principal bailleur a été le Fond International pour le Développement de l’Agriculture (FIDA) qui
contribua à hauteur de 73,63 % des 7 474 379 700 FCFA totaux des investissements.
Figure 1 : Origine des financements du PAMER
(Informations recueillies auprès de la DREP du Centre-Est à Tenkodogo)
2.1.3.4 ADOP L’Appui Direct aux Opérateur Privés (ADOP) est un projet soutenu par la coopération danoise qui
finança les 90 % des 241 165 689 FCFA du projet (les 10 % restant à la charge des opérateurs privées). Ses
objectifs sont d’appuyer d'une manière durable le secteur privé du milieu rural pour générer des revenus
monétaires et de renforcer les capacités des structures d'appui privées intervenant dans le monde rural. Il
s’était fixé les objectifs suivants :
• Appréhender, analyser et capitaliser l’offre et la demande des opérateurs privés.
• Assurer et faciliter l’appui-conseil, l’accompagnement et la formation des opérateurs privés.
73,64%
9,76%
8,25%
8,35%
FIDA
État burkinabè
Population
RCP/B
73
• Disposer d’une meilleure connaissance du secteur privé et des activités économiques porteuses
dans la zone d’affectation, et de leurs contraintes afin d’appuyer à leur développement et leur
diversification effective.
• Assurer l’opérationnalité de son système de suivi-évaluation.
S’il soutenait tout type d’activité économique, l’ADOP se focalisait prioritairement sur les activités agro-
sylvo-pastorales (22 % des activités soutenues), et leur offrait formation, appui-conseil, promotion
commerciale, facilitation à l’accès aux financements, équipements didactiques, … Ses principaux succès
furent le co-financement de promotions commerciales, de marketing, d’études de marché, de voyages
d’études et de formations pour les commerçants, et le renforcement des capacités des PMI
transformatrices de produits agricoles locaux.
(Informations recueillies auprès de la DREP du Centre-est à Tenkodogo)
2.1.3.5 FICOD Pour atteindre son objectif de donner à chaque commune une réelle autonomie, le Burkina Faso a mis
en place, en 2005, le Fond d’Investissement pour les COllectivités Décentralisées (FICOD) en fusionnant
le FICOM (fond d’investissement communal) et le projet de construction de pistes, de mesures
d’assainissement et antiérosives à haute intensité de main d'œuvre (HIMO). Avec le soutient de la banque
allemande KfW, le FICOD finance la réalisation d’infrastructures marchandes (permettant de générer des
nouvelles ressources pour le budget communal), sociales (à destination prioritairement des populations les
plus défavorisées) ou publiques (lotissements). Les communes sont les bénéficiaires directs de ce
financement, lorsque leur projet s’inscrit dans le cadre de l’amélioration des conditions économiques et/ou
sociales des populations locales. Cette aide financière ne peut dépasser les 70 000 000 CFA, tenant compte
de la contribution de la commune à hauteur de 3 à 12 % du montant total. L’absence d’intégration du
nouveau marché a donné lieu à un contentieux entre la municipalité et anciennement le FICOM, qui a
décidé de tarir ses financements de projets à Tenkodogo depuis 2004.
A Tenkodogo, le FICOM/FICOD finance ou a financé la normalisation de l’école du secteur 2 (2001),
l’extension du collège Marie Reine (2002), la construction du nouveau marché (2004), la réalisation des
locaux de l’APAGAN/B (2004) et la construction de dortoirs au collège Marie Reine (prévus pour 2005).
(Informations recueillies sur L'hebdomadaire N°349 & 350 du 23 Décembre 2005 au 05 Janvier 2006 –
www.hebdo.bf)
2.1.3.6 FAFPA, CAFP, Swisscontact Le Fond d’Appui à la Formation Professionnelle et à l’Apprentissage (FAFPA) est une structure
publique, dont la CAFP est devenue le bras opérationnel, chargée de la mise en œuvre de la politique
gouvernementale en matière de formation professionnelle et d’apprentissage. Elle vise à aider les
promoteurs de formations dans l’analyse de leurs besoins et dans l’expression de leur demande de
formation, afin d’aider les organismes et les centres de formation à clarifier leur offre de formation. Il
74
accompagne les MER, des secteurs formels et informels, les femmes, les jeunes entrepreneurs, et les actifs
ruraux (agriculteurs, éleveurs, pêcheurs).
La Cellule d’Appui à la Formation Professionnelle (CAFP), crée en 1996, a permis la mise en place d’une
méthodologie d’élaboration et de planification des formations par l’apprentissage dans les secteurs de
l’artisanat, mais également à l’accueil des apprentis pour des formations techniques et professionnelles
alternées. Elle a été fermée au 31 décembre 2007.
En partenariat avec la CAFP, le programme Swisscontact a soutenu, en 2002, l’initiative de formation à
la formation. Cette dynamique s’est estompée avec l’arrêt de la CAFP.
Ces projets ont travaillé localement en partenariat avec l’APAGAN/B.
(Informations recueillies dans la plaquette d’information du FAFPA et sur le site www.fafpa-burkina.org)
2.1.3.7 Tenkodogo Initiative Tenkodogo Initiative est une plate forme d’initiative initiée en 2008 et nouvellement créée en 2009, sur le
modèle des plateformes France Initiative, grâce à l’appui de la coopération décentralisée Tenkodogo –
Chinon. Cette relation privilégiée entre les deux communes a permis la conception de cette structure avec
l’aide et le financement de la plate-forme Touraine Chinonais Initiative. Il s’agit d’une structure
indépendante politiquement de la commune et financièrement des banques, bien qu’elle entretienne des
relations avec elles. Elle agit sur l’ensemble de la commune de Tenkodogo (6 secteurs et 83 villages). Cette
association disposera de bureaux à la maison de l’entreprise, mis à sa disposition par la mairie.
L’objectif d’une plate forme d’initiative est d’accompagner et de financer les créations, les reprises et le
développement d’entreprises. L’accompagnement, avec le soutien de la Chambre de Commerce et
d’Industrie, de la Chambre Régionale d’Agriculture et des banques permet, de faire gagner l’entrepreneur
en crédibilité et de l’aider dans le montage et l’expertise de son dossier (plan d’affaire). Les prêts bancaires
lui sont ainsi facilités par son statut d’entrepreneur sous tutelle de la plate-forme. En second lieu,
Tenkodogo Initiative facilite l’accès au prêt bancaire en octroyant des prêts d’honneur à la personne10, à
taux 0 %, d’un montant maximum de 150 000 FCFA (230 €) remboursables en 2 ans avec un différé de 3
à 6 mois et par mensualités constantes. Ces prêts sont accordés à la condition qu’un prêt ou concours
bancaire soit contracté simultanément pour le même projet et que celui-ci constitue au moins 50 % de
l’emprunt total. Il faut savoir qu’un prêt en microcrédit au Burkina n’est pas aisé à rembourser puisque les
taux d’intérêt sont de l’ordre de 14 à 18 % échelonnés sur 12 à 24 mois. Le parrainage d’une structure telle
que Tenkodogo Initiative permet régulièrement de négocier une diminution des taux des prêts bancaires
grâce à la confiance entre elle et les banques, et grâce à la crédibilité qu’elle apporte à l’entrepreneur. La
plate forme permet un suivi personnalisé des prêts et des recouvrements, permettant une réactivité face
aux retards de remboursement pouvant aller jusqu’à un rééchelonnement du prêt.
10 Seules les personnes physiques peuvent se voir octroyer un prêt, non les personnes morales, il s’agit donc d’une dette civile.
75
L’adhésion à l’association est une condition nécessaire à la demande de prêt. Celle-ci requière une
cotisation personnelle de 2 000 FCFA annuels. L’octroi du prêt se fait après évaluation par le comité
d’engagement des critères suivants : le demandeur dispose d’un compte bancaire, son projet est viable, il
est co-financé à hauteur d’au moins la moitié du prêt et son projet sera créateur de valeur ajoutée pour la
commune de Tenkodogo. Le prêt peut être accordé à n’importe quelle personne exerçant une activité de
commerce, artisanat, élevage ou agriculture, mais en aucun cas à une activité de crédit ou d’assurance ou à
une société détenue à plus de 50 % par une personne morale. Enfin, le demandeur devra suivre en
complément une formation sur la gestion et le marketing auprès d’établissements de formation locaux
[Règlement intérieur, 2009 ; Création Reprise d’entreprises – Réussir votre projet grâce aux plateformes
France Initiative, 2007].
Bureau :
Président : M. KIMA Pierre Claver
Vice-présidents : MM. SÉDOGO Serge (ACAGAT) et KÉRÉ Boukari (Association des éleveurs)
Trésorière : Mme. SANOGO Traoré Ina
Secrétaire général : M. KÉRÉ Rasmané
Contacts à Touraine Chinonais Initiative : MM. DURAND Daniel et GÉLY Thomas.
2.1.3.8 La Zone artisanale et la pépinière d’entreprises (Ethnik.org) La commune de Tenkodogo a été retenue, au même titre que celles de Banfora et Koudougou, par le
SCAC de l’Ambassade de France pour la mise en place d’un programme « pépinière d’entreprises » sur la
base de son partenariat avec les villes de Chinon et d’Étaules dans le cadre d’une coopération décentralisée
et sur la mise en place d’une politique urbaine d’adressage. L’objectif de cette pépinière d’entreprises est, si
l’on reprend la définition de l’AFNOR, d’être : « Une structure d'accueil, d'hébergement, d'accompagnement et
d'appui aux porteurs de projet et aux créateurs d'entreprise. La pépinière est un outil de développement économique local.
Elle offre un soutien au porteur de projet et au créateur d'entreprise jusqu'au développement de l'entreprise, et son insertion
dans le tissu économique ».
Ses buts, à terme, sont de :
� Favoriser le développement d’entreprises artisanales pérennes et professionnelles en les
accompagnant dans leur processus de création et d’expansion économique afin de voir naître un
tissu économique dynamique à Tenkodogo.
� Soutenir le développement endogène en accompagnant les entreprises et les ateliers sur le long
terme grâce à la formation de formateurs locaux et par des actions de structuration et d’appui.
� Développer les opportunités en matière d’emplois et d’activités génératrices de revenus pour les
populations défavorisées.
76
� Développer et insérer dans le tissu local des porteurs de projets intervenant dans différents
secteurs d’activités.
A terme, la pépinière d’entreprises sera à même de proposer un suivi et un encadrement personnalisé de
chaque artisan, d’assurer la formation de ses adhérents sur des thématiques indispensables pour accéder
véritablement au statut de micro-entrepreneur, comme le financement ou la fiscalité, et de leur proposer
tous les services qui faciliteront leur émergence et leur développement dans le tissu économique local (ex.
secrétariat, reprographie, internet haut débit, mise à disposition de salles de réunion et de conférence
équipées). Ces services mutualisés seront accessibles à tous les membres de la pépinière à des tarifs
privilégiés, mais également à tout autre entrepreneur ou artisan tenkodogolais à un prix plus élevé. Grâce à
des formations techniques et théoriques, rendues possibles par un réseau de partenaires burkinabè et
étrangers (français notamment), et à la mise à disposition de locaux de travail, la pépinière accompagne le
porteur de projet jusqu’à la maturité complète de son activité.
Un entrepreneur voulant souscrire à ce projet doit être défini au regard de la loi comme un artisan ou
entrepreneur, maîtriser le français (écrit et oral), avoir un projet participant à la dynamique économique de
la ville sur un secteur porteur, maîtriser techniquement son activité, nécessiter un investissement modéré
et être motivé et disponible pour suivre la formation [Programme zone artisanale et pépinière d’entreprises
– Compte-rendu technique intermédiaire convention 1, 2009].
Ce projet est porté par l’Association Ethnik.org, ONG française dont le coordonateur de projet M. Alain
LEJEUNE est présent à Tenkodogo depuis le 10 novembre 2008, appuyée par :
• La Collectivité Territoriale de Tenkodogo.
• L’ensemble des groupements et associations d’artisans locaux (APAGAN/B, ACAGAT, etc.).
• La Maison de l’Entreprise.
• Initiatives Conseil International (ICI) – Bureau d’étude burkinabè spécialisé sur les questions
d’initiatives privées et du renforcement de la société civile et de son dialogue avec l’État.
• La ville de Chinon.
• La ville d’Étaules.
• L’Agence de Développement et d’Urbanisme du Chinonais (ADUC).
Contacts :
Coordonateur de projet : M. LEJEUNE Alain (Ethnik.org)
Animateur gestionnaire : M. BAMA Blaise
77
2.1.4 Synthèse des relations entre l’ensemble des acteurs du développement
Figure 2 : Synthèse graphique des différentes relations entre les principaux acteurs du développement économique à Tenkodogo en 2009
78
Figure 3 : Chronogramme de la mise en place des projets et des structures associatives à Tenkodogo en 2009
1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
PERCOMM
FICOM/FICOD
ADOP
PAMER
ECOLOC
APAGAN/B
ACAGAT
ACAT
UCAT
Tenkodogo Initiative
Pépinière d'entreprises
Pro
gram
me
s/P
roje
tsA
sso
ciat
ion
s
Réalisation : Doussard Thomas, 2009
79
2.2 Les politiques récentes mises en place par la commune Trois rapports ont été remis récemment à la mairie de Tenkodogo, le Plan Programme du
Développement Économique de Tenkodogo et de son Hinterland (PPDEL) et le Cadre de Référence du
Développement Économique à long terme de Tenkodogo et de son hinterland (CRDE), et le Plan
Communal de Développement (PCD), respectivement publiés en octobre 2006 et avril 2009. Ce dernier
rapport aborde tous les points liés au développement démographique, urbain, économique, culturel et
environnemental de la commune de Tenkodogo et de son aire locale d’influence à savoir son périmètre en
tant que commune élargie. Les deux précédents, le PPDEL et le CRDE, font suite au programme
ECOLOC.
Le processus ECOLOC est un outil opérationnel de la décentralisation visant à une vision complète,
instantanée et dynamique, des acteurs et leviers du développement économique et social. Il adopte une
démarche participative et de concertation avec tous les acteurs pour concevoir une vision unique du
CRDE et du PPDEL de la région de Tenkodogo [CRDE, 2006].
Ne seront traités dans cette section que les préconisations en lien, direct ou indirect, avec un
renforcement des activités économiques locales : urbanisation appuyant ou facilitant les activités
économiques, activités du secteur primaire, artisanat et commerce11, tourisme et hôtellerie, positionnement
de la ville dans le transport routier et renforcement de la gestion des affaires économiques.
2.2.1 Les préconisations en termes d’urbanisme Un plan de gestion urbaine des localisations d’activités se présente sous la forme d’un zonage à la fois
descriptif et prescriptif. Il est l’outil de base de la planification urbaine des activités économiques et de
l’aide à la décision lors de conflits sur l’implantation d’activités. En premier lieu, un tel document permet
de transcrire géographiquement les autorisations, recommandations et interdictions d’implantation de
certaines activités en raison des risques qu’elles présentent pour l’environnement ou les populations, seules
ou à proximité d’une autre activité de nature incompatible (ex. activité génératrice de feu et stockage
d’essence).
Dans un second temps, les cartes d’un plan de gestion des activités économiques peuvent se superposer
aux plans existants de planification urbaine (habitat, transport et assainissement) pour donner une vision
complète des forces et faiblesses de chaque quartier. Ceci permet de réaliser deux objectifs :
• Anticiper les besoins des activités et des populations pour les inclure aux futurs documents
d’urbanisme et localiser les futures menaces sur les populations et l’environnement.
• Confronter les stratégies envisagées pour une future action urbaine ou l’implantation d’une zone
d’activités économiques ou d’habitat, et identifier les espaces représentant des opportunités pour
ces activités.
11 Seules les préconisations des plans de développement seront énoncées et commentées. Se référer à la section 1.1 pour connaître la situation locale de l’artisanat et du commerce.
80
Les prévisions démographiques anticipant un doublement de la population de Tenkodogo de 44 491
habitants (recensement de la région du Centre-est) en 2006 au environ de 70 000 habitants en 2020, ont
amené le PPDEL à formuler des recommandations concernant l’élargissement de la surface communale
lotie en direction du Nord et de l’Ouest, suivant les deux axes majeurs structurant la voirie communale –
en direction de Koupéla et de Garango – tout en insistant sur l’intérêt de la densification du bâti. Ce point
est d’autant plus important que la population communale est peu véhiculée (vélos et cyclomoteurs
uniquement), la proximité entre les espaces résidentiels et commerciaux est importante pour une meilleure
affluence vers ces derniers et une économie de temps dans le transport des biens. Il serait à ce titre
fondamental d’identifier clairement les limites de la ville, et de concevoir des entrées de ville. Ces entrées
seraient des points de fixation des commerces et des activités artisanales de base permettant de contenir
l’étalement urbain et d’éviter que la spéculation foncière ne se concentre qu’autour de l’ancien marché et le
long des grands axes proches [PPDEL, 2006].
Le PPDEL invite à la création d’un document de planification, de gestion et de zonage des espaces
urbains que ce présent rapport se permet, d’ores et déjà, d’enrichir en y apportant des données et une
méthodologie sur le recensement des activités économiques et artisanales.
2.2.1.1 Transcrire les flux de population dans la ville Il est important de connaître les déplacements de populations dans la ville afin d’être en mesure de
choisir, par exemple, le futur lieu d’implantation d’un espace commercial (marché, boutiques, etc.) comme
le justifie le CRDE afin de drainer un partie du flux de clientèle passant ici pour se rendre à Koupéla et
Pouytenga. Il est cependant très difficile de mesurer l’importance des flux de population à travers
l’ensemble du réseau de rues de la ville. Il est par contre possible d’établir facilement quels sont les
principaux axes de transit en se basant sur la localisation des commerces et les points d’entrée dans la ville.
Tenkodogo étant une ville de passage pour de nombreux voyageurs allant et venant du Togo ou d’autres
pays frontaliers, l’axe Nord-Sud sur la route nationale entre Koupéla et Bittou est le plus emprunté, de
même que le deuxième axe bitumé Est-Ouest (route de Garango). Ces deux axes se rejoignent au niveau
du marché central. Les axes secondaires de passages sont essentiellement liés à la présence de commerces,
et dans une moindre mesure d’administrations, par effet d’entrainement : les commerces attirent les
personnes qui rendent à leur tour les rues attractives. Enfin, il existe un réseau de routes que l’on peut
qualifier de tertiaires, à la fréquentation modérée, qui lient souvent entre elles les voies principales et
secondaires.
Ces axes créent des ramifications perpendiculaires aux axes principaux autour desquels s’organise
l’activité commerciale. Il est possible voir des ensembles de rues « commerçantes » ne débouchant sur
aucun axe ou lieu d’intérêt économique. Il y a donc là un enjeu important pour la ville qui est de
dynamiser l’implantation de commerces et d’artisans à ces endroits afin de créer de véritables corridors de
transit de populations ayant pour double-objectif de désengorger les axes bitumés et d’offrir une plus
81
grande visibilité aux commerçants et artisans ; rééquilibrant ainsi les zones d’attractivité commerciale dans
la ville.
Le PCD conseille également la mise en place d’une politique d’adressage, celle-ci est effective sur le
terrain depuis août 2009 et toutes les maisons devraient sans nul doute être adressées provisoirement par
un numéro d’ici à fin 2009. Il conseille également la réalisation de nouvelles voies dans la ville, cela peut
passer par un bitumage des axes les plus fréquentés ou passant par une zone dont on cherche à renforcer
les potentialités.
Carte 5 : Localisation des points d'entrée dans la ville et préconisation des voies à bitumer à Tenkodogo
82
2.2.1.2 Se prémunir contre les risques liés aux activités humaines Comme le préconise le PPDEL, il est important de veiller à l’emplacement des futures activités
industrielles. Ainsi est-il judicieux d’identifier clairement les activités polluantes et la nature de leurs rejets,
et de les bannir des espaces à risques pour les milieux humides et halieutiques (bas-fonds) et de confiner
les plus dangereuses dans des zones industrielles éloignées des populations et des cours d’eau. Ces espaces
humides et inondables pourraient, selon le PPDEL, être valorisés en tant que zones agricoles
périurbaines ; ce qu’ils sont déjà pour partie. Il est également important de noter la présence d’activités
humaines potentiellement directement dangereuses pour les populations, point que le PPDEL aborde peu,
comme les relations de proximité entre les lieux de stockage d’essence et les artisans manipulant le feu
(soudeurs). Il est très difficile d’identifier tous les petits revendeurs d’essence, ceux-ci se déplaçant souvent
– le long des grands axes – mais il est au moins indispensable d’établir géographique des périmètres de
sécurité autour des stations services pour prévenir tout accident majeur.
Carte 6 : Localisation des stations services et des espaces proches des zones humides à Tenkodogo
83
2.2.1.3 Prévoir le développement d’une future zone artisanale Parallèlement à la volonté de faire de Tenkodogo une plaque tournante du transit du Sud Burkina à
destination du Ghana et du Togo12, Le CRDE et le PPDEL envisagent l’aménagement d’une rocade de
contournement de la commune afin de désengorger la route principale au niveau du carrefour, près du
marché, et d’y accoler une « zone industrielle » qui constituerait un espace de réserves foncières à
destination des futures entreprises souhaitant s’installer localement. Cette zone ne regroupant que des
acteurs économiques pourrait de fait être aménagée spécialement pour leur accueil, sans risque pour les
populations, puisqu’aucune résidence ne s’y trouverait. Cette zone se situerait au Sud-est de la ville, à
l’écart des zones habitées du secteur 3 et des bas fonds, le long de la future rocade de contournement.
Cette initiative mérite d’être remise dans le contexte tenkodogolais tant elle parait d’une ampleur
démesurée par rapport aux besoins et aux moyens dont dispose la municipalité. Sans remettre en doute les
bienfaits économiques que pourrait avoir une telle initiative pour Tenkodogo, il est important d’en
analyser les orientations urbanistiques. Dans un premier temps, l’éloignement de cette zone avec les
habitations n’est pas nécessairement un bien lorsque l’on sait que la population est faiblement véhiculée et
qu’il n’existe pas de transports en commun. De plus, le CRDE préconise de n’urbaniser qu’entre les routes
Tenkodogo-Koupéla et Tenkodogo-Garango, soit vers le Nord-ouest alors que la zone industrielle se
trouverait dans la direction opposée, au Sud-est ; au plus loin des populations. Il a été conclu, dans le
PPDEL, que cette zone devrait se trouver à l’Est des espaces habités pour limiter les retombées de fumées
transportées par les vents d’Ouest. Cependant, seules de grosses industries sont concernées par ces
problématiques et le développement de Tenkodogo à l’heure actuelle passe par un renforcement des deux
économies les plus structurantes : l’économie agro-sylvo-pastorale et l’artisanat ; qui rejettent très peu
d’émissions polluantes dans l’air. L’arrivée sur place de grosses unités industrielles à Tenkodogo ne se fera
pas avant 2025, si tenté que la ville ait atteint son objectif de devenir une plaque tournante du commerce
national et transfrontalier. Il n’existe pour l’heure presqu’aucune industrie à Tenkodogo hormis une
boulangerie moderne et une antenne du Centre National d’Équipement Agricole (CNEA) [économie du
Boulgou, 2003].
Enfin, cette proposition n’est plus d’actualité si on tient compte des ambitions de la commune de
développer à terme un nouveau quartier à l’Est de l’aérodrome, en continuité du futur lotissement Nord
du secteur 6. La déviation, si elle se crée, devra la contourner pour le bien-être des populations, mais il
n’est pas exclu que son tracé soit repris ultérieurement pour dessiner une future pénétrante dans le
quartier.
12 Les implications liées à la mise en place d’une plate forme de transit seront développées ultérieurement dans la partie 2.3.5
84
Carte 7 : Localisation des possibles zones d'extensions industrielles de la ville de Tenkodogo
85
Partant de ce constat d’inadéquation de la proposition faite par le PPDEL et des contraintes locales, il
est possible de proposer d’autres espaces à destiner aux fonctions de développement économique. Trois
semblent être les mieux adaptés :
• Site n°1 : Situé à la sortie Ouest de la ville, il constitue une entrée de ville ouverte en direction
de Garango et orientée vers les futurs espaces de lotissement qui feront suite à l’aménagement
du secteur 6. Il se situe le long d’un grand axe, à proximité du futur CHR dont il pourra profiter
des aménagements en termes de voirie et de réseaux divers (électricité, assainissement). Il devra
par conséquent être réservé à des activités d’artisanat ou d’industries légères, non polluantes et
non bruyantes.
• Site n°2 : Entre l’aérodrome et la route de Koupéla, il occupe un espace encore très peu loti.
Ses principaux avantages sont d’inclure dans son périmètre les futurs bâtiments de la pépinière
d’entreprises et d’être à la fois proche des zones habitées et séparé des espaces densément
peuplées par la route et par l’aérodrome, tout en faisant la jonction entre zone loties et à lotir.
• Site n°3 : Situé à l’extrémité Nord-est, il reprend la préconisation du PPDEL concernant la
position de la zone industrielle par rapport aux vents dominants. Dans le même temps, il
génèrera un flux de populations en ce lieu et le centre ville, permettant de dynamiser les activités
commerciales dans les futures extensions du secteur 6.
2.2.2 Renforcement des activités agro-pastorales Si l’on se réfère aux différents documents de planification communaux, la région de Tenkodogo est une
zone importante d’élevage et un espace « fertile » au regard des autres régions du Burkina situées plus au
Nord ; grâce à ses sols, son réseau hydrographique et à une bonne pluviométrie (600 à 1000 mm/an).
L’agriculture et l’élevage sont encore les deux principaux pourvoyeurs d’emplois dans la région [PCD,
2009].
Le nombre d’animaux abattus et les quantités de viandes produites varient selon les années tout en
s’accroissant légèrement. On notera une dominance de l’élevage de bovins, propice au développement du
commerce des peaux et cuirs. Le PCD préconise le renforcement du commerce de bétail et de viande par
la construction d’un nouvel abattoir et de chambres de stockage frigorifiques, ainsi qu’un appui aux
éleveurs par une facilitation à l’accès aux soins vétérinaires et à l’achat de nourriture pour bétail. Le
PPDEL conseille quant à lui la construction d’un marché à bétail à la sortie de ville en direction de Bittou.
86
Tableau 3 : Importance de l'activité pastorale à Tenkodogo en 2007
Nombre de tête Evolution en 5 ans Nombre abattus Part abattue Production de viande
Bovins 47 255 + 10,4 % 2 370 5% 267 810 kg
Ovins 35 750 + 15,9 % 5 129 14% 46 161 kg
Caprins 27 300 + 15,9 % 22 155 81% 177 240 kg
Porcins 2 361 + 10,4 % 1 601 68% 38 424 kg
Asins 3 086 + 10,4 % --- --- ---
Equins 96 + 5,5 % --- --- ---
Avins 153 937 + 15,9 % --- --- ---Source : Plan Communal de Développement, 2009.
La production agricole est classée en deux catégories : la culture vivrière et la culture de rente. Cette
dernière est la plus intéressante car elle rassemble l’essentiel des produits transformés artisanalement et
pouvant faire l’objet d’une commercialisation et d’une valorisation par un savoir-faire local. Les principales
cultures agricoles sont les suivantes : riz (pluvial), maïs, sorgho rouge, mil, arachide, niébé (ou pois),
oignons, tomates et coton. On trouve également de manière plus rare du voandzou (ou petit pois),
sésame, soja, aubergines, bananes, mangues et sorgho blanc. Il faut noter l’absence de deux arbres fruitiers
locaux importants : le nété (arbre produisant le néré) et le karitanier (arbre produisant le karité) qui, en
raison de leur long temps de croissance avant d’atteindre la maturité nécessaire pour produire des fruits,
ne sont pas cultivés par les populations locales qui préfèrent se contenter de ce que produisent les arbres
de brousse.
Les produits de l’agriculture vivrière sont très peu valorisés dans le cadre d’une transformation
alimentaire, à l’exception d’une partie du sorgho rouge utilisée pour préparer le dolo, ce qui justifie leur
classement dans cette catégorie rappelant qu’ils sont avant tout la base de l’alimentation des populations.
Étant majoritairement des céréales, ils ne peuvent être transformés en condiments ou en huiles, mais
peuvent à terme être transformés en farine servant de base à la confection de gâteaux et de pâtisserie
diverses, se positionnant ainsi différemment des produits actuellement sur le marché qu’ils soient locaux (à
base d’arachide ou de niébé) ou importés (à base de blé).
Figure 4 : Part des cultures vivrières et de rente dans la production locale en 2008
5%
31%
28%
7%
9%
1%
14%
0% 5% 11%
33%
20%
7%
10%
1%
14%
0% 4%
Riz pluvial
Mil (ou millet)
Sorgho rouge
Sorgho blanc
Maïs
Soja
Arachide
Sésame
Coton
Données : DRAHRH, 2009. Région du Centre-est Province du Boulgou
87
Les produits de rente (arachide, sésame, soja, haricot, voandzou) sont aussi destinés à la consommation
directe mais sont plus régulièrement transformés en produits destinés à la vente. On extrait l’huile de
l’arachide et du sésame pour la cuisine et le résidu est également consommé sous la forme de pâte moulée
et séchée. L’arachide seule est transformée est pâte puis frite pour être vendue sous forme de beignets ou
de biscuits. Le niébé et le voandzou sont consommés la plus souvent tels quels, mais le niébé sert
également de base à la confection de gâteaux [Konkobo, 2008]. Ces produits à base de légumineuses sont
le plus souvent préparés et vendus par de petits vendeurs individuels et fournissent un complément de
revenus. Il n’existe pas aujourd’hui d’unité de production de ces produits de manière industrialisée ou de
pratique de ces transformations à titre d’activité principale, bien qu’un groupement de transformatrices
cherche actuellement des moyens de se positionner sur ce secteur. L’arachide est un emblème de la
production agricole du Centre-est dans tout le Burkina et mériterait, à ce titre, une meilleure valorisation
de sa transformation qui exploiterait sa notoriété nationale [entretien réalisé à la DRAHRH avec M.
YAMÉOGO Jules].
Enfin il existe des produits de rente par excellence étant destinés à être exclusivement transformés que
sont le karité, le néré et le coton. Le karité sert à produire le fameux beurre de karité qui lui-même rentre
dans la composition du savon au beurre de karité dont les pays du européens raffolent. Cependant si ce
produit offre de bonnes perspectives de rentabilité dues à sa grande valeur ajoutée, il n’est pas un
emblème de la production tenkodogolaise ; où il n’est d’ailleurs produit localement que par deux petites
associations de femmes. A l’inverse le néré décortiqué, bouilli et réduit en poudre, fournit la base d’un
produit réputé de la région de Tenkodogo-Garango qu’est le soumbala. Ce condiment pouvant être à base
de néré ou plus occasionnellement de soja fait également rentrer dans sa composition d’autres
ingrédients d’origine locale : ail, oignon, poisson (carpe) et piment. Bien qu’il soit produit dans tout le
Burkina, celui de Tenkodogo est universellement reconnu comme le meilleur grâce au savoir-faire de
plusieurs groupes de transformatrices qui le produisent et le conditionnent dans de bonnes conditions
d’hygiène. Il est important de noter que le nété n’est pas cultivé car ses fruits ne se récoltent qu’après 20
ans de culture, ce qui décourage les populations de le cultiver ; mais de nouveaux plans sélectionnés
arrivent maintenant à donner du néré en seulement 7 à 8 ans [entretien réalisé à la DRAHRH avec M.
YAMÉOGO Jules]. Enfin le coton représente un faible part de la production totale mais offre de grandes
opportunités car il est de plus en plus cultivé de manière dite « bio »13 par 500 à 600 producteurs dans tout
le Centre-est actuellement. Le fil de coton bio est un produit recherché par les tisseuses car il se vend bien
auprès des burkinabè des classes sociales élevées et des étrangers. Toutefois la teinture « biologique » de
ces fils par des intrants non-chimiques (racines, minéraux) demande une formation spécifique ainsi que la
culture de ces derniers [entretien avec M. SÉDOGO Serge – technicien en agriculture et producteur de
coton bio à Tenkodogo]. L’avantage de Tenkodogo se trouve ici dans le fait qu’aucune localité du Burkina
ne s’est encore actuellement positionnée sur ce marché.
13 Sans utilisation de fertilisants ou de produits phytosanitaires industriels, mais au contraire à base de produits naturels récolté localement comme le nime.
88
Enfin dernière culture valorisée localement, les cultures maraîchères sont des cultures principalement de
rente, bien que les légumes soient consommés tels quels ils ne peuvent pas constituer une base
d’alimentation, et sont donc revendus par les producteurs sur les marchés locaux. Deux légumes dominent
la production locale : l’oignon et la tomate, le premier étant connu pour être une spécialité locale [entretien
réalisé à la DRAHRH avec M. YAMÉOGO Jules]. Leur caractère périssable est à la fois un avantage parce
qu’ils doivent être vendus localement et participent donc à l’image de la production locale, et un
inconvénient car arrivant tous à maturité simultanément ils sont souvent surproduits et perdent beaucoup
de leur valeur. Leur unique moyen de transformation à l’heure actuelle est le séchage qui leur garantit une
meilleure longévité. Il est facile de voir que ces produits disposent d’un fort potentiel dans le secteur de la
transformation s’ils se placent sur des niches économiques (ex. concentré de tomate, crème et confiture
d’oignon, etc).
Figure 5 : Part des cultures maraichères dans la production de la province du Boulgou en 2008-2009
23%
18%
12%9%
7%
6%
4%
3%
3%2%
1%1%
11%
Oignon (bulbe)
Tomate
Chou
Laitue
Piment
Aubergine
Poivron
Gombo
Courgette
Persil
Oignon (feuille)
Carotte
Autres
Source : DRAHRH, 2009.
En matière d’appui aux activités agricoles, le PCD préconise nombre de renforcements des capacités de
production par l’aménagement de bas-fond pour la culture rizicole ou le ralentissement de la dégradation
des sols par la construction de fosses fumières ; par exemple. Son unique préconisation commerciale est
l’organisation d’une foire agricole. Celle-ci permettra en effet d’accroitre la visibilité de produits locaux
jouissant d’une image « de marque » : soumbala, oignon, arachide, tomate et dans une moindre mesure
sorgho rouge. Le CRDE place quant à lui le positionnement de l’hinterland de Tenkodogo en tant que
« référence en cultures de riz, oignons, niébé, tomates, bananes et piments » comme l’un de ses trois axes stratégiques
de développement, et propose à ce titre un renforcement des relations entre producteurs et
transformateurs. Le PPDEL concrétise cette volonté en préconisant une segmentation des productions en
89
attribuant à chaque localité plusieurs spécialités à renforcer (ex. niébé, arachide et cultures maraichères à
Garango) et un monopole du stockage et de la transformation à Tenkodogo. Si la capitale régionale est la
plus à même d’accueillir des activités de stockage et de transformation, cela ne veut pas dire qu’il faille les
réduire dans les autres communes. Il est également peu probable que les agriculteurs se laissent dicter le
choix de leurs cultures a fortiori si certaines offrent de meilleures rentabilités que d’autres, au contraire il
faut les inciter globalement à aller vers ses productions en renforçant et en valorisant la transformation de
ces produits tout en les éduquant sur les techniques de rotation des cultures.
Tableau 4 : Récapitulatif des différentes transformations alimentaires réalisées localement
Catégorie Produits Produits trasformés Ville connue pour cette production
Riz pluvialRiz étuvé et préparé
pour la cuissonBagré et Zabré pour le riz étuvé
Millet Tô ---
Sorgho rouge Dolo, Tô Centre-est (Koupéla pour le dolo)
Soja Soumbala ---
Harachide Pate d'harachide frite Centre-est (Garango)
NiébéGâteaux de pois,
couscous---
Voandzou --- ---
Oignon Oignons sèchés Centre-est (Béguédo)
Tomate Totames sèchées ---
Piment Piments en poudre ---
Néré Soumbala Boulgou (Garango, Tenkodogo)
KaritéBeurre de karité (puis
savon)---
Mangue Mangues sèchées ---
Banane --- Bagré, Zékézo
Céréals
Légumineuses
Légumes
Fruits
Source : entretien avec M. YAMÉOGO Jules – chef du service aménagement et productions agricoles de la DRAHRH ; CRDE, 2006.
L’un des principaux freins au développement d’une activité agro-sylvo-pastorale maitrisée et maitrisant
son propre marché est la multiplicité des acteurs associatifs locaux. Il n’est pas rare de voir des dizaines
d’associations d’agriculteurs et d’éleveurs dans chaque département car chaque village possède la sienne. Il
serait bon d’étudier un moyen de regrouper ces associations entre elles pour avoir un nombre restreint
d’interlocuteurs et pouvoir toucher efficacement un plus grand nombre d’agriculteurs et d’éleveurs. Sans
forcément les fusionner, il est imaginable de les inviter à désigner un bureau central des associations
parlant au nom de toutes sur la base d’une démarche participative et consensuelle.
90
2.2.3 Renforcement de l’artisanat et du commerce Le PCD apporte une description succincte de l’artisanat tenkodogolais, mais insiste sur le fait que cette
activité représente un « créneau porteur à moyen terme », sans définir d’échéance, ce qui semble contradictoire
avec le renforcement à court terme des activités agro-sylvo-pastorales. Cela est dû au fait que le PCD
sépare arbitrairement activités artisanales et de transformation. En effet, nombre de produits agricoles
tirent leur valeur ajoutée de la transformation, qui est une forme d’artisanat (ex : industrie des cuirs et
peaux, dolotière, transformatrices de soumbala et d’arachides, etc.). Ces deux secteurs doivent au contraire
être appuyés simultanément pour renforcer mutuellement les débouchés pour les agriculteurs et la qualité
de l’offre en produits agricoles par l’exigence croissante des artisans. Il identifie trois points clefs comme
étant les principales contraintes au développement de l’artisanat :
• Faiblesse de l’organisation des artisans.
• Insuffisance d’encadrement technique.
• Non-maîtrise par les artisans de leur circuit de commercialisation.
Ses préconisations à court terme sont la clôture du siège de l’APAGAN/B, la mise en place d’un
mécanisme de financement des équipements lourds auprès des artisans, le renforcement de la structuration
des artisans locaux et le renforcement des capacités de commercialisation et de marketing des artisans.
L’installation d’une clôture à l’APAGAN/B semble assez peu prioritaire, voire secondaire, l’appui aux
financements d’équipements lourds pose la question de la nécessité et de la rentabilité dégagée par les
artisans de ces équipements ; la question première étant : Qu’appelle-t-on un équipement lourd ? A partir
de quelle somme rentre-t-il dans cette catégorie ? Il est bon de se souvenir que la plate forme Tenkodogo
Initiative rentre dans ce cadre, car elle permet d’assurer un meilleur accès au crédit pour les artisans. Le
renforcement de la structuration des artisans s’opère lentement par l’émergence d’une nouvelle association
et par leur meilleure identification grâce au recensement urbain et à l’adressage. Enfin le renforcement des
capacités de commercialisation et de marketing va bientôt se mettre en place à la future maison de
l’entreprise, grâce aux formations assurées par la pépinière d’entreprises.
Le CRDE et le PPDEL insistent peu sur l’appui au secteur artisanal sauf lorsque celui-ci crée une
dynamique avec le renforcement des productions agricoles dans l’hinterland tenkodogolais (ex.
transformation agricole) ou qu’il génère un attrait pour le transit routier. Il invite tout de même les
établissements de micro-finance à élargir leur gamme de clients vers les petits épargnants et à faciliter
ceux-ci ; ce à quoi la plate forme d’initiative va bientôt s’engager avec quelques banques partenaires. Le
CRDE met en évidence la faible diversité des commerces locaux et le faible pouvoir d’achat des
consommateurs locaux, sans établir de comparaison avec les communes concurrentes commercialement
(Koupéla, Pouytenga, Garango) ni donner de préconisation.
91
2.2.4 Renforcement du tourisme et de l’hôtellerie Le PCD aborde la question du tourisme et de l’hôtellerie en rappelant que la capacité hôtelière de la
commune s’est considérablement développée, passant de 20 chambres en 1998 à plus de 100 en 2008.
Cependant, toujours selon le PCD, cette offre est largement insuffisante en périodes d’affluence, comme
lors du festival Nord-Sud ou de délocalisation d’évènements d’envergure nationale ; les hôtels se
retrouvent vite saturés. Il préconise de réaliser une salle polyvalente pour accueillir les manifestations, ce
qui en soi ne résout pas le problème de la capacité d’hébergement et en pose un autre : celui de l’utilisation
régulière de cet équipement. Le CRDE à l’inverse préconise un renforcement de la capacité hôtelière, mais
cette fois ci à l’échelle de l’hinterland de Tenkodogo.
Tableau 5 : Capacité hôtelière de la ville de Tenkodogo
Hôtel Nombre de chambres Nombre de lits
Hôtel Djamou I 10 10
Hôtel Djamou II 41 41
Hôtel Laafi 27 27
Auberge Winnie Mandela 11 14
Hôtel Majestic 4 4 Source : CCIA, 2003.
Le PCD indique une absence de structure de promotion du tourisme et une faible valorisation des sites
touristiques, tel que le prouve une rapide lecture de quelques guides touristiques (voir tableau ci-dessous).
Il préconise une meilleure valorisation de ces sites. Cette valorisation passe d’abord par un meilleur
référencement de ces sites dans les guides touristiques, par leur entretien régulier, et par la formation de
guides permettant de les faire visiter car ceux-ci sont peu accessibles [CRDE, 2006]. Enfin, dernière
préconisation du PCD, la création d’un site historique, semble assez fantaisiste car nul ne peut créer de
l’histoire en bâtissant un monument qui, présenté comme une attraction touristique, serait vide de toute
authenticité.
Tableau 6 : Recensement des sites touristiques du Boulgou
Site Petit futé 2007 - 2008 Guide Olizane (2008)
Site des "trois pierres" X
Tombe de Naaba
ZoungranaX X
Mont Boulgou
Rivière Kulbalé
Colline de Gourgou Sources : Petit futé, Guide Olizane ; 2008.
Un frein supplémentaire à l’arrivée d’une clientèle touristique à Tenkodogo est la concurrence avec le
futur centre écotouristique de repos et de remise en forme de Bagré, qui devrait attirer une grande partie
de la clientèle des touristes classiques ; en particulier étrangers. Le CRDE insiste à ce titre sur la nécessité
de renforcer la capacité hôtelière « de luxe » et celle abordable pour un burkinabè moyen.
92
2.2.5 Renforcement de la position nodale de Tenkodogo comme plaque tournante du transit routier.
Partant de son contexte historique et géostratégique de ville-carrefour lié à son statut de première zone
d’implantation du peuple Mossi, le CRDE préconise dans ses trois axes de développement de « faire de
Tenkodogo une plaque tournante économique sous-régionale ». Il explique que la ville devrait tirer
avantage de sa position entre Garango, Ouargaye et le Togo14 pour prolonger le bitumage des routes la
traversant dans ces directions afin de gagner en maîtrise sur son hinterland. La concurrence des marchés
des villes comme Koupéla et Pouytenga s’explique par la faiblesse des infrastructures tenkodogolaises en
matière d’accueil commercial. Cette ambition ne peut se réaliser, selon le PPDEL, que par le renforcement
de 3 axes : la valorisation de la position géostratégique de la ville, la transformation des produits locaux et
la promotion d’activités commerciales multisectorielles (PACM).
Ce document propose 3 projets à mettre en place pour réaliser ces objectifs :
• Créer une zone franche munie d’un magasin hors-douane pour les matériaux métalliques et de
construction, et d’un parking pour les véhicules. Cela a pour double objectif de décongestionner
le centre-ville et inciter plus de camionneurs à s’arrêter.
• Construire des magasins et des chambres froides pour stocker les productions alimentaires des
campagnes environnantes.
• Réaliser un marché à bétail, faisant ainsi de Tenkodogo la ville d’approvisionnement en viandes
des pays frontaliers.
La réalisation d’un marché à bétail semble intéressante compte tenu du fort rôle que tient l’élevage dans
l’économie des villages locaux15, bien que son rayonnement vers les pays limitrophes ne tienne qu’à la
position de Tenkodogo comme première grande ville du Burkina à la sortie du Togo. La présence d’un
marché à bétail à Bittou, par exemple, ruinerait donc pareil investissement, à moins que le marché de
Tenkodogo ne parvienne à valoriser son offre afin d’apparaître comme une référence par rapport à
l’ensemble des villes commerçantes du Sud-est du pays.
La présence de chambres froides de stockage des denrées périssables s’accorde avec des problématiques
à courts termes de vente directe des produits frais, de gestion de l’écoulement des stocks et de maîtrise des
variations des prix. Mais cette activité reste faiblement génératrice de ressources comparée à la
transformation. En effet, cette dernière à l’avantage de régler doublement le problème en apportant une
valeur ajoutée substantielle aux produits agricoles et en leur permettant de se conserver plus longtemps ;
limitant ainsi les pertes et les dévaluations. Cependant, certains produits seront toujours vendus frais et
doivent le rester, par conséquent un espace de stockage adapté aux quantités de produits frais peut
14 Tenkodogo est également situé à 185 km de Ouagadougou et 100 km de la frontière avec le Ghana [étude de
filières, 2009].
15 La province du Boulgou a été classée au 5ème rang des provinces où se pratiquait le plus l’élevage en 1989 [économie du Boulgou, 2002].
93
constituer un avantage comparatif intéressant pour les producteurs locaux et concurrencer les marchés de
Pouytenga et Koupéla.
Le point le plus important de ce rapport, mais aussi le plus soumis à controverse, est la réalisation d’une
plate-forme de transit munie d’un espace douanier, permettant de générer d’importantes recettes
douanières et commerciales comme on peut le voir actuellement à Bittou. Une visite des installations de
Bittou accompagnée d’un entretien avec le responsable de bureau des douanes sur place a permis de
mettre en évidence une impossibilité – relative – de construire une telle structure à Tenkodogo. En effet,
cette préconisation implique le déplacement du poste de douane de Bittou à Tenkodogo. Or le poste de
douane de Bittou devrait prochainement être relocalisé à la frontière avec le Togo pour ainsi former un
seul et unique poste de douane juxtaposé avec celui de Sinkansé, offrant le double avantage de limiter le
temps d’immobilisation des transporteurs et de renforcer les capacités de lutte contre la contrebande. Les
camionneurs sont aujourd’hui obligés de s’arrêter deux fois, coté togolais et coté burkinabè, pour une
durée de 2 à 24 heures, simplement pour remplir des formalités douanières ; et s’en plaignent
énormément. La douane juxtaposée ramènera le nombre d’arrêts obligatoires à un seul. La relocalisation
de ce poste à Tenkodogo l’éloignerait au contraire des frontières et restreindrait sensiblement les moyens
des douaniers dans la lutte contre les fraudes. Enfin, il est bon de rappeler que seul l’État burkinabè
dispose de la compétence de gestion des douanes aux frontières, la commune ne peut décider seule de ce
choix de localisation.
Une étude a également été menée auprès de 41 camionneurs transitant par Tenkodogo afin de leur
demander leur opinion concernant l’installation d’une telle structure, à savoir s’ils seraient enclins à s’y
arrêter de plein gré pour y consommer (restauration, hôtellerie, essence, réparations, …). Les résultats ont
permis de mettre en évidence que peu d’entre eux s’étaient arrêtés (9 contre 32) à Tenkodogo pour se
restaurer ou effectuer une livraison programmée.
Figure 6 : Raisons invoquées par les camionneurs ne s'étant pas arrêtés à Tenkodogo
Source : enquête auprès des camionneurs, 2009.
35%
6%3%
47%
6% 3%Prèfère s'arrêter à Bittou
Prèfère s'arrêter à Sankansé
Prèfère s'arrêter à Koupéla
Gain de temps
Aucun avantage à tenkodogo
Problèmes avec la police municipale
94
A la question : seraient-ils prêt à s’arrêter volontairement à Tenkodogo si la ville construisait une plate
forme de transit proposant des services aux camionneurs, comme à Bittou ? Ils ont répondu « Non » aux
deux tiers. Cette valeur est théorique, car on ne peut jamais être complètement sûr de la sincérité des
personnes sondées, qui répondent fréquemment « Oui » par sympathie ou parce qu’ils adhèrent à
l’initiative sans pour autant pouvoir confirmer qu’ils utiliseront l’infrastructure en question. Ce chiffre
confirme les doutes souvent émis quant à la réelle rentabilité d’un tel projet.
Figure 7 : Part de camionneurs prêt à s'arrêter à Tenkodogo s'il y avait une plate forme de transit
34%
56%
7%3% Oui
Non
Uniquement en cas de panne
Opinion partagée
Source : enquête auprès des camionneurs, 2009.
Cette enquête de terrain a également mis en évidence le fait que beaucoup de camions ne transportent
aucun produit qui pourrait être consommé à Tenkodogo. Beaucoup sont chargés de matériaux de
construction ou de carburant à destination du Togo. Peu transportent des denrées alimentaires, et chose
étrange deux transportaient de l’oignon qui malheureusement ne provenait pas de la région du Centre-est
mais du Niger.
Figure 8 : Chargements des différents camions transitant par Tenkodogo
24%
5%
12%
17%
5%
5%
3%
17%
12%
Matériaux de construction
Ferraille
Carburant
Alimentaire
Tissu
Véhicules
Conteneur (plein)
Autres et divers
Vide
Source : enquête auprès des camionneurs, 2009.
95
2.2.6 Renforcement des capacités de gestion communale des problématiques économiques
Parmi les préconisations du PPDEL figure le renforcement de la structure organisationnelle de la mairie
et notamment des futurs services à créer. Le point clef de cette préconisation est l’idée de création d’un
service du développement économique. Celui-ci servirait d’interface entre la mairie et les opérateurs
économiques et les aiderait dans la rédaction des projets et la recherche de financement. Il serait géré par
un socio-économiste assisté d’un conseiller économique expérimenté.
Cette proposition est, en effet, très importante car aujourd’hui il n’existe personne faisant le lien entre la
mairie, les administrations concernées (DRED, DRAHRH, …) et les acteurs associatifs. De même ce
service servirait de mémoire des activités économiques locales et serait le mieux habilité à négocier avec les
porteurs de projets pour engager le maintien et la pérennité des actions en cours et la capitalisation des
efforts entrepris dans la continuité. Ce service doit être constitué, dans un premier temps, d’au moins une
personne locale connaissant bien le terrain et apportant ses connaissances du contexte local au chef de
service (socio-économiste) nouvellement engagé. Il doit être en lien avec la Direction des Services
Techniques Municipaux (DSTM) concernant l’ensemble des problématiques d’aménagement de l’espace à
des fins commerciales ou industrielles et avec les services de la comptabilité pour le montage de dossiers
de financement.
Ses missions seront :
• Rechercher des projets et appuyer les porteurs de projets dans leurs démarches.
• Organiser et coordonner la rencontre et la négociation entre l’ensemble des acteurs du
développement économique.
• Organiser une veille du développement économique en maintenant à jour les informations sur
l’économie locale et régionale et en les diffusant aux acteurs économiques.
• Relayer les projets achevés en maintenant leurs dynamiques en place sur le terrain par une
relation privilégiée avec les acteurs économiques, notamment les artisans et
agriculteurs/éleveurs.
• Favoriser l’émergence d’une société civile consciente des enjeux économiques et à même de
présenter ses besoins et ses projets devant la mairie et les porteurs de financements.
• Apporter ses propres conclusions sur l’état du développement local et formuler des
propositions d’aménagement et d’appui concrètes devant les pouvoirs publics.
96
97
3 Propositions et préconisations pour un renforcement de l’économie tenkodogolaise
3.1 Généralités sur les leviers d’appui à l’artisanat L’appui à l’artisanat tenkodogolais passe par l’identification des freins au développement des activités et
des micro-entreprises, puis la mise en place d’une stratégie claire axée sur plusieurs points-clés précis et
recouvrant au mieux l’ensemble des problématiques. Ces freins sont connus et parfois évoqués par les
artisans eux-mêmes.
Le premier est l’absence d’une réelle culture professionnelle au-delà de celle d’artisan, il n’existe aucune –
ou si peu de – micro-entreprise qui puisse inspirer les artisans dans la gestion de leurs activités. Ceux-ci
sont donc mal informés sur la façon de gérer leur comptabilité, leur productivité ou leurs ventes. Eux-
mêmes se savent limités en termes de moyens d’investissement et, à juste titre, préfèrent souvent dire
qu’ils manquent de formation plus que de matériel. Cela étant leur production est limitée à ce qu’ils savent
et ont toujours su faire, sans jamais être capable d’innover. Le deuxième problème concerne l’isolement
des activités. Les associations et groupements d’artisans permettent de palier à cette difficulté mais de
manière relative et limitée, car tous les artisans n’en sont pas membres loin de là et celles-ci ne permettent
pas une communication au jour le jour sur l’état de la production et du marché. Les rapports entre artisans
se limitent à des relations de marché, qui dans un pays développé créent de la concurrence saine entre
entreprises, mais qui ici ne créent qu’un marché opaque et fragile, reposant sur des « relations de
connaissance » et dans lequel la valeur de l’information est sous-estimée.
Les artisans ont une méconnaissance généralisée de la valeur de l’information amont et avale de leur
chaine de production. Peu savent réellement quels sont les produits recherchés par leurs clients hormis
lorsque ces derniers passent commande. De même, aucun ne se renseigne vraiment sur les nouvelles
matières premières qu’il pourrait utiliser pour anticiper sur la demande et sur les tendances, ni ne formule
de souhaits à ses fournisseurs pour les pousser à diversifier leur offre. Les artisans ne maîtrisent pas le
concept de marché concurrentiel mais le subisse chaque jour où l’offre s’impose à eux au lieu du contraire.
En outre, si l’idée de se regrouper pour partager des frais et des coûts est connue, force est de constater
qu’elle n’est pas ou peu mise en pratique. Il est nécessaire pour les artisans et micro-entrepreneurs de se
pencher sur la question des économies d’échelle. Le bénéfice d’une activité peut être dégagé de deux
manières : par son accroissement direct (meilleures ventes, meilleurs prix) ou par une réduction des coûts
de production. Si le premier point est connu de tous, le deuxième mérite une formation spécifique en
gestion d’activité à lui tout seul. Après de nombreux entretiens avec des artisans des différents corps de
métiers précédemment analysés, il a été possible d’établir une synthèse – non exhaustive – des actions de
mutualisation à court terme dont pourraient bénéficier les artisans.
98
Tableau 7 : Synthèse des possibilités de mutualisation des moyens et des investissements entre artisans
Artisans Investissements individuelsInvestissements mutualisés
avec les mêmes artisans
Investissements mutualisés
(avec un autre artisan) avec …
Bijoutier ---Regroupement d'espaces de
vente avec les artisans d'art--- ---
Dolotière --- --- --- ---
Fabricant de savon au
beurre de karité--- --- Parfums et colorants. Fabricant de savon liquide
Fabricant de savon
liquideAchat de moules
Achat de matières premières
à OuagadougouParfums et colorants.
Fabricant de savon au beurre
de karité
Maroquinier ---Création d'une activité de
tannageBoutonnière Tailleur / couturier
Mécanicien
automobile---
Achat de pièces détachées
courramment utiliséesPoste de soudure
Soudeur, meunuisier
métallique et mécanicien 2
roues
Mécanicien cyle et
cyclomoteur---
Achats de pièces détachées
courramment utiliséesPoste de soudure
Soudeur, meunuisier
métallique et mécanicien auto
Mécanicien moulins
& pompes---
Achats de pièces détachées
courramment utilisées--- ---
Menuisier --- --- --- ---
Soudeur --- --- MétalConstructeur métallique et
menuisier métallique
Tailleur / couturier ---Espaces d'exposition des
vêtementsBoutonnière Maroquinier
Tapissier --- Achat de matières premières --- ---
Ateliers couverts collectifs
Achats de peignes pour les
métiers à tisser
Création d'une activité de
teinture
Transformatrice Location d'un atelier Achat d'ustensils --- ---
Tisserand --- --- ---
Sources : entretiens réalisés auprès des artisans et groupements d’artisans de Tenkodogo, 2009.
La stratégie d’appui aux artisans peut se résumer en trois
consécutivement : S’informer (acquérir la culture professionnelle et la volonté de se développer), Se
former (acquérir par la suite les techniques et conna
de l’isolement et faire jouer des synergies pour combler ses faiblesses avec des artisans partageant les
mêmes aspirations).
Figure
La maîtrise d’une stratégie de développement économique
client) nécessite une connaissance
des activités artisanales exploitant
tenir compte de la séparation entre le marché interne communal
extérieur national et international.
l’économie locale. Il n’existe pas de production finale
d’origine de la matière première), en
Pour exemple, le soumbala de Tenkodogo ne serait jamais reconnu si personne n’en mangeait ici.
L’image d’un produit vient de la relation entre qualité de la production et
sachant que c’est le savoir-faire de l’artisan qui va mettre en lu
vertueux. La demande est toujours exigeante mais elle ne peut précéder l’offre avant d’en connaître les
limites. Enfin l’image d’un produit acquière une notoriété nationale lorsque ce produit est consommé
nationalement alors que son image locale est déjà fortement valorisée
et peut ensuite percer sur les marchés étrangers
gigogne.
99
La stratégie d’appui aux artisans peut se résumer en trois axes-leviers imbriqués, et se développant
: S’informer (acquérir la culture professionnelle et la volonté de se développer), Se
former (acquérir par la suite les techniques et connaissances nécessaires) et Mutualiser les capacités (sortir
de l’isolement et faire jouer des synergies pour combler ses faiblesses avec des artisans partageant les
Figure 9 : Les trois leviers d'appui prioritaires à l'artisanat
La maîtrise d’une stratégie de développement économique et de gestion de son marché (fournisseur et
client) nécessite une connaissance approfondie de celui-ci. A l’échelle d’une ville, un appui à l’ensemble
itant les capacités de mutualisation des moyens des différents acteurs
tenir compte de la séparation entre le marché interne communal – voire local et provincial
extérieur national et international. Toute activité valorisée à l’échelle locale
l’économie locale. Il n’existe pas de production finale de qualité, à forte valeur ajoutée (par rapport au prix
igine de la matière première), en un lieu qui ne soit pas consommée de manière importante localement.
xemple, le soumbala de Tenkodogo ne serait jamais reconnu si personne n’en mangeait ici.
L’image d’un produit vient de la relation entre qualité de la production et exigence de la demande
faire de l’artisan qui va mettre en lumière cette production et
a demande est toujours exigeante mais elle ne peut précéder l’offre avant d’en connaître les
Enfin l’image d’un produit acquière une notoriété nationale lorsque ce produit est consommé
nalement alors que son image locale est déjà fortement valorisée. Il acquière ainsi une image nationale
et peut ensuite percer sur les marchés étrangers ; l’ensemble des marchés se superposant telle une structure
Mutualiser
Se former
S'informer
imbriqués, et se développant
: S’informer (acquérir la culture professionnelle et la volonté de se développer), Se
issances nécessaires) et Mutualiser les capacités (sortir
de l’isolement et faire jouer des synergies pour combler ses faiblesses avec des artisans partageant les
de gestion de son marché (fournisseur et
ci. A l’échelle d’une ville, un appui à l’ensemble
s moyens des différents acteurs doit
voire local et provincial – et le marché
locale l’est car elle structure
de qualité, à forte valeur ajoutée (par rapport au prix
qui ne soit pas consommée de manière importante localement.
xemple, le soumbala de Tenkodogo ne serait jamais reconnu si personne n’en mangeait ici.
exigence de la demande,
mière cette production et entrainer le cercle
a demande est toujours exigeante mais elle ne peut précéder l’offre avant d’en connaître les
Enfin l’image d’un produit acquière une notoriété nationale lorsque ce produit est consommé
. Il acquière ainsi une image nationale
; l’ensemble des marchés se superposant telle une structure
Figure 10
Si la qualité est donc le moteur de la création d’une image artisanale, le
des artisans est un frein indéniable.
roulement : par un financement direct, qui est peu recommandé car ne permet pas un suivi transparent de
son utilisation et ne permet pas d’inciter à une amélioration par les artisans eux
professionnalisme, ou par un appui à la commercialisation des produits et services générateurs profits
comme l’avait fait en son temps le PAMER.
formation vers les éléments les plus générate
contrairement à la croyance de nombre d’artisans, commencer par la fin de la cha
la vente, et non par la production elle
production supplémentaire. Une fois l’ensemble des techniques de vente ma
et pénétrer un nouveau marché acquise, alors il est possible de se concentrer sur la formation à la
production même. Enfin, et en dernier, arrive la
matériel de production.
Figure 11 : La priorisation des appuis générateurs de revenus
Formation à la vente
Financement d'aide à la vente
100
10 : La superposition des échelles de marché
Si la qualité est donc le moteur de la création d’une image artisanale, le manque de fond de roulement
des artisans est un frein indéniable. Il y a deux façon d’aider les artisans à augmenter leur fond de
: par un financement direct, qui est peu recommandé car ne permet pas un suivi transparent de
son utilisation et ne permet pas d’inciter à une amélioration par les artisans eux
ou par un appui à la commercialisation des produits et services générateurs profits
comme l’avait fait en son temps le PAMER. Il est nécessaire de toujours commencer par appuyer la
formation vers les éléments les plus générateurs de revenus à moindre coût. Concrètement
contrairement à la croyance de nombre d’artisans, commencer par la fin de la chaîne de production, savoir
la vente, et non par la production elle-même. Produire plus ne sert à rien sans moyen d’écouler l
production supplémentaire. Une fois l’ensemble des techniques de vente maîtrisées et la capacité à cibler
et pénétrer un nouveau marché acquise, alors il est possible de se concentrer sur la formation à la
production même. Enfin, et en dernier, arrive la problématique du financement et de la modernisation du
: La priorisation des appuis générateurs de revenus
L'artisan
Les artisans et le marché tenkodogolais
Le marché artisanal national
Financement d'aide à la vente
Formation aux techniques de production
Financement à l'aquisition de
matières premières
fond de roulement
Il y a deux façon d’aider les artisans à augmenter leur fond de
: par un financement direct, qui est peu recommandé car ne permet pas un suivi transparent de
son utilisation et ne permet pas d’inciter à une amélioration par les artisans eux-mêmes de leur
ou par un appui à la commercialisation des produits et services générateurs profits ;
oujours commencer par appuyer la
Concrètement il faut,
ne de production, savoir
même. Produire plus ne sert à rien sans moyen d’écouler la
trisées et la capacité à cibler
et pénétrer un nouveau marché acquise, alors il est possible de se concentrer sur la formation à la
problématique du financement et de la modernisation du
Les artisans et le marché
Financement à l'aquisition de
matériel
101
Une activité rentable se doit de disposer d’un marché suffisant pour écouler l’ensemble de sa production,
cela est particulièrement vrai pour les artisans burkinabè qui ne peuvent pas se permettre de réaliser
d’invendus. Il y a là la cause principale de l’obligation de gestion en flux tendu qui restreint l’innovation
des produits artisanaux, d’où une nécessité d’identifier, de connaître et de maîtriser l’écoulement de sa
production sur un, ou plusieurs, marchés capables de l’absorber intégralement.
Ainsi, une production maîtrisée peut se résumer à un marché maîtrisé puisqu’en définitive la meilleure
des productions est celle qui est vendue. La formation aux techniques de vente est aussi indispensable que
la formation à la connaissance des marchés qui feront évoluer l’artisan vers un statut de micro-
entrepreneur. Enfin une maitrise des coûts de sa production amène un artisan à dégager un fond de
roulement nécessaire à une amélioration de la qualité des produits, puis de l’exigence de la demande et
donc du marché en général ; celui-ci étant appelé à grandir avec les ambitions des artisans tenkodogolais.
3.2 Les chaines de production locales La principale faiblesse de l’artisanat burkinabè, et tenkodogolais en particulier, est, comme cela l’a été
démontré, le pouvoir de négociation à l’avantage exclusif de l’offreur qui laisse l’artisan démuni face aux
fluctuations des prix. Un tel problème a des conséquences qui se répercutent sur l’ensemble de ce que l’on
appelle la chaine de production artisanale.
Une chaine de production est l’ensemble des acteurs (ici les artisans), à la fois producteurs et/ou
consommateurs, d’un bien ou d’un service, qui ensemble permettent de réaliser un produit final à partir
d’une ou de plusieurs matières premières. Chaque acteur est fournisseur de l’acteur suivant et acheteur de
l’acteur précédent ; de celui qui produit la matière première au client sur le marché. Plus le nombre
d’acteurs, ou de maillons, d’une chaine de production se trouvent dans la même ville (ou sinon
relativement proches), plus l’économie d’une ville y gagne car les acteurs communiquent mieux entre eux,
produisent plus, à des coûts moins élevés et de meilleure qualité.
Il existe plusieurs chaines de production artisanales notables à Tenkodogo, seulement peu d’entre elles
sont réellement performantes pour diverses raisons :
� Absence de fournisseurs en matières premières (métaux et pièces métalliques).
� Chaines brisées en l’absence d’un corps de métier intermédiaire (secteur textile et habillement).
� Débouchés faibles pour les artisans en bout de chaine (artisanat d’art).
L’existence de défaillances dans les chaînes de production est révélatrice d’une absence de
communication entre les artisans, qui déplorent leurs difficultés sans que personne ne cherche à porter un
projet visant à créer de l’activité autour de ses lacunes de la production qui sont autant d’attentes et de
potentialités économiques.
On remarque à Tenkodogo la présence de tous les types d’artisans réalisant des produits dits finaux,
c’est-à-dire pouvant être directement vendus aux consommateurs, comme des habits, des condiments, du
102
mobilier, etc. Mais bien souvent, et cela est particulièrement vrai dans le secteur textile et habillement, les
produits transformés arrivant juste avant les produits finaux ne sont pas produits sur place, et parfois ne
peuvent même pas être achetés sur place. A l ‘inverse, certaines matières premières sont présentes et non
transformées localement. Ces matériaux reviennent alors à Tenkodogo majorés de deux fois le coup de
transport entre ici et leur lieu de transformation. Seuls les produits alimentaires artisanaux transformés
permettent de créer une chaine de production continue sur place. Cela est possible car la chaine de
production est courte et car la transformation de ces produits est réalisable à Tenkodogo. Cependant
ceux-ci ne cherchent pas à diversifier leur production en ramifiant leurs chaines de production vers
d’autres activités de même nature (ex. savon au beurre de karité, transformation de produits laitiers ou de
fruits).
La commune profiterait grandement de la présence sur place d’activités de transformation de matières
premières dans le secteur textile, ce qui créerait de l’emploi mais également une baisse des coûts de
production et une plus grande proximité de chaque « maillon » de la chaine permettant une meilleure
communication entre chaque. Il manque localement :
� Une activité de teinture qui permettrait d’alimenter la demande des tisseuses et de les décharger de
cette activité. Le coût d’achat des fils teintés serait moins élevé pour les tisseuses car la présence d’un
atelier de teinture en gros permettrait de réaliser de grandes économies d’échelle. De plus, cela
amènerait une demande en produits chimiques (ex. teinture, soude caustique) qui pourrait à long
terme inciter à l’implantation d’activités de commercialisation en gros de produits chimiques
profitables aux teinturiers, fabricants de savon, et maroquiniers/tanneurs.
� Une activité de tannage qui permettrait de transformer sur place les peaux récoltées sur les animaux.
Il y a à Tenkodogo et dans la région proche une acticité d’élevage conséquente et plusieurs marchés
aux animaux16, qui pourraient alimenter cette activité en peaux. Dans ce cas, la tannerie fournirait la
matière première à l’ensemble des maroquiniers régionaux à meilleur coût que si les peaux étaient
achetées à Ouagadougou ou à Kaya. A terme, cela permettrait le développement de davantage
d’activités autour du travail du cuir.
� Une activité de grossiste qui répondrait à une demande latente des artisans en services connexes aux
activités. Il y a de grandes difficultés d’approvisionnement en matières premières localement,
particulièrement en matériaux à base métallique (fer, pièces détachées, métaux précieux) mais
également en intrants chimiques pour la teinture essentiellement. Cette activité de grossiste prendrait
la forme d’un service mutualisé entre tous les artisans de la commune, achetant et livrant deux fois
par semaine les commandes et sur lequel le grossiste dégagerait une marge inférieure à la différence
entre son coût de prestation et le coût théorique qu’il en aurait couté aux artisans ; ainsi tout le
monde serait bénéficiaire.
16 Un futur marché aux animaux doit être construit prochainement à Tenkodogo à la sortie Sud de la ville.
103
Figure 12 : Chaines de production artisanales à Tenkodogo en 2009
NB : Dans le schéma ci-
contre, il faut tenir compte
de l’absence des tapissiers
dont les problématiques
rejoignent celles des
tailleurs et des
maroquiniers puisqu’ils
travaillent le tissu et le cuir.
Le(s) bijoutier(s) subit la
pénurie de métaux
précieux mais étant très
peu nombreux à
Tenkodogo et formant une
chaine de production
réduite avec les vendeurs
de métaux précieux, il n’a
pas été intégré au schéma.
104
3.3 Les actions urbaines pouvant être menées
3.3.1 Stratégies économiques urbaines et concept de co-localisation La mutualisation des « forces artisanales » préconisée comme un axe important du développement
efficace de l’économie, tant au point de vue la rentabilité des investissements d’appui qu’à l’émergence de
solutions environnementales au problème des déchets industriels, ne doit pas être vue comme le simple
agrégat des compétences de chacun. Un atelier d’artisan est avant tout un espace dans la ville. Isolés les
uns des autres, ils participent à l’allongement des délais de transport des matières d’un artisan à l’autre et
ne permettent pas de créer de dynamique entre les activités. L’approche urbanistique de l’économie
artisanale offre une solution complémentaire à des problèmes liés essentiellement à la commercialisation
des produits, à l’innovation et à la sécurité des populations et des activités. Ainsi, chercher à co-localiser
(localiser ensemble, en un même lieu) les activités permet de répondre à des problèmes qu’un simple
financement ne peut. Cela permet de réaliser des économies de temps et d’argent sur la collecte de
déchets, mais permet aux artisans de travailler efficacement en communicant plus facilement sur leurs
besoins (ex. un tailleur pourra demander précisément ce qu’il souhaite à une tisseuse et connaître
l’avancement du travail à tout moment).
Dans une stratégie de décision des localisations des futures activités artisanales et des relocalisations
d’activités existantes, diverses options sont possibles parmi lesquelles trois ont été retenues comme des
visions cohérentes et réalistes, et correspondantes aux différents souhaits que peuvent avoir les acteurs
locaux ; artisans ou décisionnaires. Deux sont des scenarii de regroupement et de co-localisation des
activités complémentaires, la troisième vision est une hypothèse dite de « scenario 0 » étudiant la
possibilité d’une non-intervention des pouvoirs publics dans la mobilité des activités dans la ville.
Ces hypothèses de localisation des activités doivent être considérées comme des concepts économiques
urbains servant de base à un outil d’aide à la décision lors de futurs projets d’implantation d’activités. Une
stratégie économique ne se réalise jamais totalement et la dynamique économique d’une ville est souvent
tributaire des opportunités et du climat économique national et mondial. Cependant on ne saurait décider
de la localisation d’une future zone industrielle ou des obligations imputables à certaines activités sans une
stratégie économique claire, cohérente et partagée. Celle-ci se définit en premier lieu par l’étude du champ
des possibles, à savoir des grandes stratégies pouvant être mises en place. La stratégie définitive est une
adéquation de ces possibilités adaptée au lieu et au temps de la décision, et peut varier suivant les
évolutions de l’économie locale.
Chacun de ces scenarii a un coût financier différent et nécessite un engagement moral de tous les acteurs
qui varie suivant qui porte le projet. Lors de la création d’une zone d’entreprises de type pépinière ce sont
les initiateurs de la pépinière qui portent le projet avec les artisans, les pouvoirs publics ont un rôle
décisionnel lié essentiellement à la gestion du foncier et de l’espace alloué à la création de cette pépinière.
L’initiative et la gestion de cette zone sont quasi-exclusivement privées. A contrario, la décision
d’implanter des quartiers artisanaux est avant tout publique, de même que l’appui financier, même si elle
105
est prise en concertation avec les partenaires privés et les artisans. Enfin lorsque la décision est laissée aux
acteurs eux-mêmes, l’engagement public se limite à la gestion urbaine du zonage suivant les risques et les
incompatibilités entre activités. Dans tous les cas, l’engagement, aussi bien moral que financier, des
artisans est toujours important, car l’artisan est toujours le premier bénéficiaire d’une telle initiative.
Tableau 8 : Degré d’engagement des partenaires suivant les stratégies d’actions urbaines sur l’économie
Stratégie Type d'engagement Engagement publicEngagement des
partenaires privés
Engagement des
artisans
Décisionnel Moyen Très élevé Elevé
Financier Moyen Elevé Moyen
Décisionnel Elevé Moyen Elevé
Financier Elevé Moyen Moyen
Décisionnel Très faible Faible Quasi total
Financier Aucun Faible Total
n°1
n°2
n°3
Les scenarii de localisation suivant n’ont pas vocation à définir un plan de localisation précis des
activités. Il appartient aux acteurs de la réaliser dans la concertation.
3.3.1.1 Stratégie n°1 : La zone « entrepreneuriale » Consécutivement à l’initiative de pépinière d’entreprises, il possible de concevoir physiquement cette
pépinière comme un espace urbain favorisant la proximité organisationnelle des micro-entreprises et les
économies d’échelle liées à la mutualisation des moyens dont vont avoir besoin ces activités en se
développant. Ces activités, bien que très diverses, ont un point commun important qui parallèlement les
éloignent des associations et groupements traditionnels d’artisans : elles deviennent des micro-entreprises.
Elles partagent des besoins, dépendant de leur nouveau statut, en termes de gestion, de fonctionnement
ou encore de commercialisation.
Il va s’en dire qu’une telle initiative ne peut se faire sans le concours de trois parties que sont en premier
lieu la ville, principal établissement financeur pour la réalisation des travaux dont elle est seule maître
d’ouvrage au titre de la gestion de l’espace urbain, puis les établissements privés de prêt (banques, …) sans
qui les fonds nécessaires ne pourraient être levés, et enfin les entrepreneurs eux-mêmes qui doivent
symboliquement contribuer à cette entreprise.
La zone entrepreneuriale constitue un groupement de micro-entrepreneurs devant se concerter afin
d’améliorer les services mutualisés qu’elle propose. Elle constitue de fait une nouvelle association
d’artisans se juxtaposant aux anciennes et pouvant à terme devenir la seule association nécessaire pour ses
membres et dépasser la notion de corporatisme. Elle permet de condenser les opinions indépendamment
des corporations de chacun et les rapporter avec efficacité jusqu’au pouvoir décisionnaire qu’est la
municipalité.
106
Figure 13 : Canaux de diffusion de l’information dans une pépinière d'entreprises
Les avantages de cette matérialisation du concept de pépinière d’entreprises sont :
� La possibilité de concevoir physiquement un « quartier d’entreprises » nouveau et d’y construire des
ateliers dont les surfaces et les équipements favoriseront un développement rapide et prospère des
activités. Les artisans ne pourraient en aucun cas disposer seuls des moyens financiers suffisants
pour financer ces structures, ni convaincre les établissements privés de leur prêter les fonds
nécessaires, cependant cela est envisageable si trois parties investissent ensemble (pouvoirs publics,
prêteurs privés, entrepreneurs eux-mêmes). Ces ateliers pourront être loués à des tarifs d’abord
progressifs, le temps que les activités atteignent une certaine rentabilité, puis se stabiliser assurant
une sécurité aux artisans face à fluctuation des valeurs immobilières.
� Une concentration des besoins en infrastructures avancées (internet haut-débit, alimentation en
électricité de plus forte tension, voies de desserte, etc.) qui limite la surface à couvrir par les
équipements et réseaux divers ; et donc les coûts de construction et d’installation par la même. A
terme, d’autres activités utiles aux précédentes pourront se greffer et offrir des services qui
n’existaient pas car dépendantes d’une concentration suffisamment élevée d’entreprises proches (ex.
garde d’enfants, restaurants d’entreprises).
� La proximité des locaux administratifs de la pépinière d’entreprises permet de profiter d’un nombre
important de services mutualisés (ex. reprographie, assistance à la comptabilité) à bas coûts pour les
adhérents de la pépinière mais restant accessibles à tous.
� La proximité organisationnelle entre les micro-entreprises, même de natures différentes, favorise un
esprit entrepreneurial et un échange d’idées sur l’accès à certaines ressources ou les moyens de
commercer (publicité, etc.). Certains artisans pourront également s’accorder suivant les opportunités
pour mutualiser leurs achats s’ils partagent des ressources.
Les inconvénients à cette co-localisation des activités micro-entrepreneuriales sont :
� Un coût financier important pour les partenaires public et privés au bénéfice direct d’un faible
nombre d’artisans, mais répercuté dans le temps grâce à la location des ateliers et à la levée de
l’impôt sur les entreprises.
Soudeur n°1
Soudeur n°2
Tisseuse
Maroquinier
Pépinière d’entreprises
Pouvoir décisionnaire
107
� Une obligation de concertation et des décisions nécessairement unanimes devant l’implication
financière de chacun.
� Un espace foncier disponible et adéquat. Il doit permettre l’installation de tous les équipements et
infrastructures requis.
3.3.1.2 Stratégie n°2 : Les quartiers artisanaux Nombre d’artisans ont fait savoir qu’ils souhaiteraient, si les moyens le leur permettaient, déplacer leur
activité vers un espace qui favoriserait leurs échanges commerciaux. Ils ont également manifesté le souhait,
pour certains, d’avoir l’opportunité d’être localisés à proximité d’un autre artisan pour créer une synergie
directe (échange, mutualisation, collaboration) ou indirecte (effet d’attraction de la clientèle). Il arrive
souvent que deux artisans différents expriment le souhait réciproque d’être localisés à coté l’un de l’autre.
Ainsi l’idée d’appuyer financièrement et politiquement la décision des artisans de créer des « quartiers
artisanaux » apparaît comme cohérente. Lors des entretiens menés auprès des artisans, les souhaits de
localisation de ceux-ci ont été référencés et permettent de voir apparaître des menaces de pressions
foncières sur certains lieux (marché, bordure des grands axes) mais également des opportunités de
regroupement (voir tableau 9).
En termes de relation et de communication, un quartier artisanal tend à rassembler les artisans de mêmes
corporations à l’instar de certaines associations d’artisans, mais à la différence que celui-ci leur impose
d’être situés dans la ville (voire dans le quartier). Cela ne va pas sans créer une superposition des
associations qui peut amener à une certaine confusion si le rôle de chacune n’est pas clairement délimité. Il
se produit dans un quartier artisanal une dynamique que l’on pourrait qualifier « de guilde » dans laquelle
chaque corporation est davantage capable de défendre ses intérêts de manière réactive, mais aussi
d’anticiper ses besoins. La mutualisation des moyens de production et des investissements y est alors
maximum. Contrairement à l’association classique, le quartier permet une grande efficacité en termes de
productivité et de commercialisation, mais il peut perdre en force de négociation lorsque les enjeux
dépassent sa corporation.
Figure 14 : Canaux de diffusion de l'information dans des quartiers artisanaux
Soudeur n°1
Soudeur n°2
Garagiste n°1
Garagiste n°2
Tisseuse n°1
Tisseuse n°2
Corporation des soudeurs
Corporation des garagistes
Corporation des tisseuses
Pouvoir décisionnaire
108
Tableau 9 : Souhaits de localisation des artisans de Tenkodogo
Artisan Souhait de localisation Synergie positive Synergie négative
Bijoutierespace actuel (près d'un axe
fréquenté)--- toute activité bruyante
Dolotière lieu de fréquentation autres dolotièresStockage d'essence, activités de
mécanique
Fabricant de savon au beurre de
karité
espace actuel (spacieux et
hygiénique)---
stockage d'essence, manipulation
de produits nocifs (intrants
agricoles).
Fabricant de savon liquideespace visible pour présenter les
produits
tisseuse, maroquinier,
transformatrices---
Garagiste / mécanicien autoprès du goudron, carrefour, lieu
avec de l'espacesoudeur garagiste, stockage d'essence
Garagiste / mécanicien 2 rouescentre-ville, bord de la route, lieu
de fréquentationsoudeur stockage d'essence
Mécanicien moulin & pompe lieu visible et acessible soudeur stockage d'essence
Maroquinierprès du goudron, lieu de
fréquentation
maroquinier, tisseuse,
pyrograveur, bijoutier---
Menuisierprès du goudron, lieu de
fréquentation
quincailler, tapissier, vendeur de
tissu, soudeur
proximité immédiate avec un
soudeur, stockage d'essence,
inutile d'être proche du marché
Soudeur / menuisier métallique lieu de fréquentation, carrefour menuisier, mécanicienstockage d'essence, inutile d'être
proche du marché
Tailleur / couturiercentre-ville, bord de la route, lieu
de fréquentation
salon de coiffure, tisserand,
clientèle féminine si tailleur
féminin
restaurants et mécanicien
Tapissierprès du goudron, lieu de
fréquentationmenuisier, tailleur, tapissier ---
Tisserandprès du goudron, lieu de
fréquentationtailleur / couturier ---
Transformatriceprès du goudron, lieu de
fréquentation
restaurateur, boucher, tailleur et
tisseuse (clientelle féminine)mécanicien, stockage d'essence
Sources : entretiens réalisés auprès des artisans et groupements d’artisans de Tenkodogo, 2009.
109
Les avantages à cette structure urbaine alliant planification et système artisanal « de guildes » sont :
� Une grande facilité à créer une mutualisation spontanée des moyens et des coûts de production. Les
artisans proches exerçant les mêmes activités, ou des activités connexes, partagent de fait un grand
nombre d’outils, qu’ils peuvent se prêter ou se louer, et de ressources, qu’ils peuvent acheter
collectivement pour réaliser des économies d’échelle.
� Une proximité culturelle importante favorisant leur regroupement en association et donnant une
réalité à la fois professionnelle et géographique à la notion d’ « esprit de guilde » ; en plus d’une
proximité organisationnelle due à leur statut commun d’artisans.
� Une « promiscuité professionnelle » qui permet la mise en place progressive des trois processus
d’évolution par rapport à la concurrence : processus d’imitation, processus de diversification et
processus de différenciation ; qui amène à plus d’innovation et de qualité.
� Une visibilité dans la ville qui crée un pôle d’attraction de la clientèle dû au grand nombre d’artisans
concentrant un large choix de produits en un point. Certaines activités peuvent également se
compléter commercialement parlant ; comme les transformatrices et les tailleurs car leurs clientèles
respectives sont majoritairement féminines.
Cependant il existe des inconvénients à cette forme de co-localisation des activités par corporations :
� Une planification urbaine d’envergure, nécessitant un foncier disponible et la possibilité de le rendre
accessible pour les artisans.
� Une capacité à convaincre et attirer les porteurs de projet au sein de ses quartiers.
� Une certaine opacité des relations entre associations globale et groupements de quartier, vis-à-vis des
autres pouvoirs.
3.3.1.3 Stratégie n°3 : stratégie 0 ou la non-intervention Enfin, il est indispensable de comparer ces deux stratégies avec une stratégie servant de point de repère à
la réflexion, à savoir une « non-stratégie » qui consisterait à laisser l’initiative entre les mains des acteurs
privés, sans intervention des pouvoirs publics dans les choix de localisation et de regroupement des
artisans. Quoiqu’il arrive, avec ou sans action urbaine, les avantages retirés par les relations/transactions
de marché restent les mêmes car ces relations se font fi des distances ; tout particulièrement à l’échelle
d’une ville.
Réunis en groupements et en associations, les artisans sont rassemblés de façon globale et des plus
exhaustive au prix d’une superposition des structures associatives (ex. APAGAN/B et ACAGAT, ACAT
et UCAT, etc). Ceci rend difficile la concertation avec les pouvoirs publics et les porteurs de projets autour
de projets/programmes voulant rassembler l’ensemble des acteurs économiques.
110
Figure 15 : Canaux de diffusion de l'information à travers les structures associatives
Les avantages de cette non-intervention des pouvoirs publics dans la localisation des activités
économiques sont :
� Un financement exclusivement privé laissant intactes les finances publiques.
� Un ensemble d’associations préexistantes et regroupant une partie importante des futurs porteurs de
projets et acteurs dynamiques de l’artisanat.
Les désavantages à laisser les artisans se localiser comme ils le souhaitent sont :
� Un risque de pollution lié une collecte inefficace des déchets spécifiques à certaines professions en
raison de la trop grande distance physique entre les artisans.
� Un refoulement des activités à faible potentiel de rentabilité vers les espaces inattractifs où elles ne
pourront jamais prospérer.
� Un maillage économique inégal de la commune dans lequel la concentration des activités
marchandes risque de ne se faire qu’en un point et où le reste de la commune ne serait exploité
qu’en termes résidentiels. Les pressions foncières s’accroîtraient d’autant plus.
� Un recensement difficile des acteurs qui eux-mêmes ne se connaissent pas autant qu’ils le voudraient
et donc ont du mal à faire jouer les stratégies de sous-traitance qui leur permettrait d’améliorer la
qualité de leur production.
� Une incapacité à mutualiser les moyens et les achats. Les synergies de proximité deviennent
aléatoires et profitent inégalement aux artisans suivant les coïncidences, et les dynamiques de réseaux
spontanées sont très faibles. Seules les associations et groupements d’artisans formalisés permettent
Soudeur n°1
Soudeur n°2
Soudeur n°3
Soudeur n°4
Tisseuse n°1
Tisseuse n°2
Tisseuse n°3
Tisseuse n°4
Corporation des soudeurs n°1
Corporation des soudeurs n°2
Corporation des tisseuses n°1
Corporation des tisseuses n°2
Association d’artisans n°1
Association d’artisans n°1
Pouvoir décisionnaire
111
une alternative à cette situation tout en créant une inégalité entre leurs membres et les artisans
indépendants.
� Une redondance des acteurs (associations et corporations) dans une structure de communication
pyramidale, recouvrant certes une grande majorité des artisans, mais à la complexité trop grande. Les
décisions deviennent de plus en plus difficiles à prendre à l’unanimité et les échanges d’informations
ralentissent la mise en œuvre des projets.
3.3.2 Les espaces à forte potentialité à Tenkodogo La ville de Tenkodogo dispose de nombreux espaces urbains à fort potentiel de développement
économique qu’elle a par le passé tenté de valoriser comme le nouveau marché au cœur du secteur 6.
Cependant, la maitrise de ces espaces va s’avérer déterminante dans les années à venir afin de limiter
l’étalement urbain et de créer des points de fixation des activités économiques faisant contrepoids au
grand marché et au carrefour central qui seront bientôt incapable d’absorber tout le flux de circulation de
personnes venant commercer ; si l’on s’en tient aux estimations démographiques du PCD.
Il est possible d’identifier, à partir de la localisation préliminaire des activités commerciales et du
recensement urbain incluant la localisation des activités artisanales, trois types d’espaces comme offrant
des potentialités intéressantes de développement et/ou palliant à des menaces potentielles tel un
délaissement d’un quartier ou un étalement urbain désorganisé. Ces espaces sont :
• Le petit quartier situé entre le nouveau marché et la route nationale, qui bien qu’en partie déjà
investi par un certains nombre d’artisans et de commerçants, n’est pas valorisé dans sa partie
Nord ; laquelle reste résidentielle. Il serait intéressant de faciliter l’implantation de petits
commerces et de petits artisans dans cet endroit car il ferait la jonction entre la route et le
nouveau marché depuis sa sortie Nord ; qui est la mieux mise en valeur et la plus utilisée. Dans
le même temps, une réorganisation de la structure du marché doit être opérée et les boutiques
en ruine qui l’entoure doivent être démontées afin d’ouvrir cet espace vers le Sud et les
commerces déjà existants. Cet espace sera prochainement bitumé et deviendra à terme un
quartier artisanal de premier plan à l’échelle communale à condition d’appuyer l’installation de
grandes activités artisanales et notamment de quartier thématique. Aujourd’hui il y a un certain
nombre de soudeurs, mécaniciens et menuisiers proches qui commencent à donner à ce lieu une
direction économique qu’il serait bon de poursuivre.
• Les entrées de ville sur les routes RN16 en direction de Koupéla et RN 17 en direction de
Garango constituent des points potentiels de fixation des activités commerciales et des freins à
l’étalement urbain. En effet, plutôt que de construire de manière étalée de plus en plus loin du
centre-ville les habitants préfèreront se rapprocher de ces entrées par commodité. Elles
capteront les flux de personnes cherchant à atteindre les deux grands marchés pour
s’approvisionner et réduiront ainsi la congestion du trafic en centre-ville. Elles homogénéiseront
112
quelque peu la répartition des pressions foncières sur la commune en rendant plus attractif les
zones de cœur de secteur qui se situeront désormais au centre de plusieurs pôles plutôt que
distant d’un seul (le marché). L’entrée de ville Nord profite de la construction des futurs locaux
de la pépinière d’entreprises qui en feront une future zone artisanale d’envergure.
• Les rues commerçantes sont des espaces de transit au cœur des secteurs 2 et 6 qui ont
naturellement attiré des petits commerces par effet d’entrainement. Ces espaces risquent de se
développer et de s’étaler de façon disparate et désordonnée. Au contraire, s’ils sont appuyés par
la construction de boutiques permettant de les fixer et de créer des pôles d’activités
commerciales permettant également de faire contrepoids à l’attractivité du grand marché.
Cependant ils ne sont pas appelés à devenir des points de fixation des activités artisanales les
plus importantes, mais peuvent accueillir des petits artisans.
Carte 8 : espaces de potentialité pour le développement économique de la commune
113
3.4 Plan d’action à court et moyen terme Dans une optique de mise en valeur de la ville de Tenkodogo et de sa proche région s’inscrivant dans
une dynamique d’ancrage des compétences et des savoir-faire à long terme, il est indispensable d’identifier
les forces et faiblesses de l’économie locale, aussi bien agro-pastorales qu’artisanales, pour en dégager une
connaissance de la « valeur ajoutée de Tenkodogo ». Aussi un plan d’action permet de faire apparaître les
opportunités de projets à court et moyen terme, permettant de générer des ressources pour la commune et
ses habitants.
3.4.1 La valeur de Tenkodogo sur le marché burkinabè Après plusieurs entretiens avec différents acteurs et responsables des structures décentralisées (DREP,
DRAHRH), artisans et membres d’associations professionnelles, il est apparu que la production artisanale
locale souffre cruellement d’insuffisance en termes de formation et de moyens financiers (fond de
roulement). Tout ceci concoure à rendre le tissu artisanal et micro-entrepreneurial tenkodogolais très
faible et peu concurrentiel sur le marché national, voire même parfois régional tant la ville souffre de la
concurrence de marchés comme Garango, Koupéla ou Pouytenga. L’appui cependant fourni par la
pépinière d’entreprises aux quelques micro-entreprises souhaitant élever leur niveau d’activité est un bon
moteur de dynamisme, permettant de créer un précédant et de tirer l’ensemble du secteur artisanal vers le
haut.
Cela a été démontré précédemment, contrairement aux préconisations faites, Tenkodogo ne profite
nullement de sa position géographique stratégique à équidistance entre Ouagadougou et la frontière
togolaise. La facilité d’accès des marchés bien achalandés (Ouagadougou, Koupéla) depuis Tenkodogo
pousse les artisans à s’y ravitailler régulièrement plutôt qu’ici et maintient la ville dans un état de pénurie
des matières premières, entrainant un cercle vicieux. De même, la région ne profite d’aucun attrait
touristique et ne doit pas se positionner sur ce créneau au risque d’essuyer un échec tant la faible capacité
des infrastructures d’accueil et l’inexistence de structure de promotion du tourisme la pénalise.
Néanmoins, Tenkodogo bénéficie de conditions favorables à l’agriculture, comparativement à la
moyenne des régions du Burkina, grâce à sa bonne pluviométrie et ses sols à la fertilité acceptable. Sans
toutefois rivaliser avec les régions de Bobo-Dioulasso et Banfora sur les cultures maraîchères, la région du
Centre-est est réputée nationalement pour diverses productions agricoles : sorgho rouge, oignon, tomates
et arachides. En outre, ces productions font l’objet de transformations leur procurant une forte valeur
ajoutée. Le meilleur exemple est le soumbala, produit et consommé dans tout le Burkina, qui est
particulièrement réputé autour de Tenkodogo et de Garango. La mise en valeur de ce produit tient
essentiellement au travail de qualité réalisé par les différentes associations de transformatrices implantées
localement, plus qu’à une technique particulière de transformation. Ainsi le soin apporté au travail et la
constance de la qualité de la production ont suffit à pérenniser l’image d’un produit de consommation
courante.
114
La vraie force de Tenkodogo réside actuellement dans l’opportunité de créer de l’emploi et de tirer de
substantiels bénéfices de la transformation des produits agricoles de rente tel que l’oignon, l’arachide et le
coton ; dont la demande en coton bio ne va cesser de grandir au fil des ans. Ces produits jouissent d’une
image construite sur leur production et leur consommation massive localement, mais ne sont pas encore
reconnus à travers leurs transformations. C’est donc un enjeu majeur pour Tenkodogo, durant la
prochaine décennie, que d’être précurseur dans ce domaine et de profiter de cette image afin d’entrainer
l’ensemble de la production et de la transformation des cultures de rente vers le haut, afin d’ériger la ville
en pôle burkinabè de la transformation alimentaire ; au risque de se faire doubler sur ce marché par
d’autres villes concurrentes.
3.4.2 Synthèse des axes d’appui à l’artisanat tenkodogolais En reprenant les trois leviers d’appui énoncés précédemment (voir section 3.1), il est possible de
construire une synthèse des actions engagées et à entreprendre. Ces leviers servent de socle à la création
d’axes et d’objectifs-actions visant à appuyer et à renforcer l’artisanat par une aide extérieure et par
l’éducation à une culture professionnelle faisant passer les artisans vers un statut de micro-entrepreneur.
Les leviers d’appui « Se former » et « S’informer » se complètent sur les mêmes thématiques et sont donc
regroupés en un seul axe thématique, le second étant « Mutualiser ». Ces deux leviers se focalisent autour
de la notion de pérennisation de l’apprentissage de la culture entrepreneuriale par la formation et l’auto-
formation des artisans, qui au-delà d’appliquer les connaissances acquises en formations techniques et
managériales, gagneront beaucoup à devenir maîtres de leurs productions et de leurs marchés, jusqu’à la
complète maturité de leurs activités. De là il est possible de dégager sept axes d’appui :
� Se former et s’informer :
� Se renseigner pour mieux vendre : Connaître son marché, comprendre les besoins des
clients et les opportunités offertes par les fournisseurs, et comprendre les techniques de
promotion, de publicité et de vente. Etre capable de détecter les niches potentielles et de
se positionner dessus.
� Se former pour mieux produire : Etre formé aux techniques, nouvelles et anciennes,
pour améliorer sa production et les adapter au moindre coût suivant les possibilités. Etre
capable de capitaliser sa formation et pour en faire un savoir-faire reconnu régionalement
puis nationalement.
� Se professionnaliser pour mieux se financer : Acquérir une culture professionnelle qui
permette d’estimer avec justesse ses propres besoins, savoir gérer ses fonds et ses stocks,
et pouvoir porter un projet et/ou une demande de financement de manière convaincante.
� Se comprendre à travers son marché : Maitriser les faiblesses de sa production pour
identifier les segments de la chaine de production où l’aide d’autrui pourrait s’avérer utile
115
et rentable (économie de temps et d’argent). Etre à même de se rassembler pour porter
un projet visant à compenser les faiblesses locales inhérentes à sa profession.
� Mutualiser :
� Se connaître et se rassembler : S’identifier comme artisan et comme appartenant à une
corporation pour constituer une association apparaissant comme un interlocuteur
crédible et capable. Ne pas s’isoler indépendamment ou en groupe fermé, au risque d’être
écarté de tout projet d’appui à l’artisanat.
� S’approvisionner collectivement : Se connaître mutuellement pour réaliser des achats
en commun grâce à son réseau de relations et aux associations d’artisans préexistantes ou
en faisant appel à un grossiste.
� Se co-localiser : Se regrouper pour amorcer une dynamique d’attractivité commerciale,
concentrer la production locale pour augmenter la renommée des produits tenkodogolais
et créer une cohérence de la production artisanale locale. Se localiser à proximité des
artisans avec lesquels les collaborations sont les plus fortes pour minimiser les coûts de
transport et maximiser l’échange d’informations.
Nombre de ces axes d’appui ont déjà été, ou sont actuellement, traités par des programmes d’aide
burkinabè ou étrangers sur Tenkodogo ; d’autres devraient bientôt se positionner sur ces problématiques
pour faire levier. Ces axes ont été repris en objectifs détaillés. De ces objectifs découlent les actions
entreprises par les porteurs de projets ainsi que celles préconisées par ce présent rapport, notamment
concernant la mise en valeur de l’activité de transformation des produits agricoles de rente dans la région
de Tenkodogo.
116
Figure 16 : Synthèse des axes d'appui préconisés, des objectifs et des actions entreprises et à entreprendre
Besoin de fond de roulement
Besoin de formation technique
Besoin de formation en gestion
S’identifier et se connaître
Se regrouper en associations
Être informer sur les projets
locaux
Mutualiser ses achats
Se placer sur des niches
économiques
Entreprendre sur des secteurs
absents de la production locale
Se rassembler par quartier
Se localiser judicieusement
Identifier les produits jouissant
d’une image à Tenkodogo
àtravers sa production
Être informé sur son marché
Besoin de se moderniser
Se co-localiser
Se renseigner pour
mieux vendre
Se former pour mieux
produire
Se professionnaliser
pour mieux se financer
S’approvisionner
collectivement
Se comprendre à
travers son marché
Se connaître et se
rassembler PERCOMM
Recensement urbain 2009
Développer une activité de
grossiste
Faire connaître ses besoins aux
autres artisans
Valoriser des zones artisanales
Faciliter l’accès à des locaux
Lettre d’information :
Tenkodogo Développement
Tenkodogo Initiative
Développer une activité de
filage et de teinture bio
Pépinière d’entreprises
ANPE et APAGAN/B
Renforcer la production et
l’image du soumbala
Valoriser la production locale
d’oignons et d’arachides
PAMER
Disposer d’un retour
d’informations
Objectifs Axes d’appui Actions et projets
Projet achevé ou non reconduit Action ou projet actuel, en cours ou à la portée des artisans eux-mêmes
Actions à mener
117
3.4.3 Exemples d’actions précises à court terme De ce tableau de synthèse, cinq actions préconisées ont été choisies pour être développées sous forme
de fiches-actions. Ces actions ne font pour l’instant pas l’objet d’un soutien de la part de porteurs de
projets et représentent le plus souvent des positionnements très concrets sur un marché et des débouchés
très précis. Ces actions ont également été choisies pour l’éventail qu’elles offrent en termes de moyens
d’appréhender le marché :
� Renforcer la production et l’image du soumbala de Tenkodogo.
� Valoriser la production locale d’arachides, d’oignons et de tomates par la transformation.
� Créer un atelier de filage et de teinture de coton bio.
� Faciliter l’installation d’une activité de grossiste.
� Mettre en place une direction des affaires économiques municipales (DAEM).
Il y a quatre façons d’aborder un marché si l’on regarde l’offre et la demande sur celui-ci. S’il n’y a ni
offre, ni demande, il s’agira de percer sur un marché ; c’est typiquement le cas de la production de coton
bio à Tenkodogo (sauf que l’offre locale en coton bio n’est pas inexistante mais simplement pas très
importante). A l’inverse, si la demande existe mais pas l’offre, il s’agit de combler un vide dans une chaine
de production comme lorsque l’on met en place une unité de teinture. Si celle-ci teint des fils de coton bio,
elle se positionne doublement en répondant à une demande existante et une demande latente. Lorsqu’au
contraire la production locale existe, mais pas la demande il s’agit de la créer en se positionnant sur des
niches économiques comme pour la transformation de l’oignon, de la tomate et de l’arachide. Enfin
lorsque production et demande locale sont réunies, il est possible d’exploiter l’image d’un produit pour
favoriser sa promotion à une échelle supérieure, comme pour le soumbala de Tenkodogo.
Figure 17 : Les différentes approches d'un marché
118
Description du projet :
� Valoriser par la publicité l’image du soumbala de Tenkodogo nationalement et au-delà des frontières du Burkina.
� Disposer d’un retour d’information sur les ventes afin de mieux cibler les marchés les plus fortement demandeur de soumbala, afin de générer dans un premier temps un maximum de bénéfices ; avant de se développer sur d’autres marchés.
� Maintenir un haut niveau de qualité de production par la formation à l’hygiène et l’information sur les bénéfices retirés de l’image de qualité véhiculée par le produit.
� Créer, en concertation avec les transformatrices et la DRAHRH, un label de qualité du soumbala de Tenkodogo, celui-ci permettra en outre d’exercer un contrôle efficace sur la qualité des produits.
� Mettre en place une foire annuelle du soumbala à Tenkodogo, qui servirait également de tremplin aux autres produits transformés.
� Appuyer la formation des femmes désirant se lancer dans la transformation en les orientant vers les associations et groupements préexistants.
Terme et durée estimative du projet : Ce projet peut facilement être engagé à court terme (d’ici à 1 an) mais s’inscrit dans une dynamique à long terme (3 ans) de valorisation d’une image de marque d’un produit déjà réputé.
Acteur(s) soutenant le projet :
• Commune
• Projets d’appui à l’artisanat
• Associations professionnelles
Acteur(s) ciblé(s) :
• Transformatrices
Description synthétique des objectifs : Le soumbala est actuellement la seule production transformée localement et jouissant d’une réputation nationale. Cette réputation est liée à la qualité et au soin apporté aux conditions d’hygiènes de la production. Le soumbala de Tenkodogo est actuellement exporté faiblement dans les pays étrangers et à Ouagadougou. C’est donc un enjeu majeur pour le secteur de la transformation que d’en accroître la valeur ajoutée. En outre, la réputation de ce produit est à même d’entrainer les autres produits transformés dans une dynamique vertueuse.
Renforcer la production et l’image du soumbala de Tenkodogo
119
Tableau de bord de suivi du projet
Préalables à la mise en place du projet :
• Identifier et réunir les associations et groupements de transformatrices de soumbala.
Actions à mener prioritairement à court terme :
• Inciter les transformatrices indépendantes souhaitant mieux maîtriser cette activité à rejoindre un groupement ou à constituer le leur après s’être formé à la transformation de qualité.
• Mettre en place un label de qualité, en partenariat avec la DRAHRH, en établissant des critères de certification et en réfléchissant à l’aspect visuel de ce label (logo) en concertation avec les transformatrices.
• Aider les groupements des transformatrices à améliorer leur visibilité dans la ville et de facilité leur accès pour les acheteurs potentiels (ex. amélioration des enseignes, fabrication de cartes de visites détaillées avec plan de la ville, ajout des adresses sur les coordonnées des étiquettes).
Actions à mener à moyen terme :
• Créer une foire au soumbala de Tenkodogo, dont l’envergure se devra d’être suffisante pour attirer des acheteurs de tout le Burkina, qui renforcera l’image de ce produit servant d’emblème à l’ensemble des produits transformés localement (arachides, oignons, tomates).
• Effectuer un suivi précis des ventes afin de cibler les marchés les plus porteurs.
Actions à mener à long terme :
• Cofinancer l’amélioration des moyens de production par la modernisation du matériel, diminuant la pénibilité du travail et dégageant du temps pour un meilleur contrôle de la qualité des produits.
• Valoriser le conditionnement des produits par des étiquettes plus élaborées permettant de lui donner un aspect plus professionnel afin de gagner en confiance auprès des clients.
• Informer localement les femmes désirant se lancer dans l’activité à travers des points d’information visibles lors des foires aux soumbala. Le renforcement du nombre de transformatrices, et donc de la quantité de soumbala produite, maintiendra en place l’image du soumbala comme un produit emblème de Tenkodogo chez les consommateurs.
120
Description du projet :
� Identifier et convaincre les transformatrices du bien fondé de l’initiative.
� Relancer le processus, initié par plusieurs projets, de séchage des tomates et des oignons en vu de les rendre moins périssables et d’accroitre considérablement leur valeur ajoutée.
� Aider les transformatrices à identifier des niches économiques, dans la transformation de ces trois produits, qui soient à leur portée.
� Appuyer financièrement l’acquisition des machines et ustensiles utiles à la diversification de la transformation de ces trois produits.
� Permettre aux transformatrices d’améliorer leurs capacités de conditionnement des produits finis afin de valoriser davantage la production.
� Créer à terme une image plus évoluée de la production régionale, non plus seulement à travers les produits agricoles, mais à travers les produits transformés.
� Par la transformation et le conditionnement des tomates, oignons et arachides en produits finis peu périssables, permettre de dépasser le marché local et régional pour exporter dans tout le Burkina et dans les pays proches.
Terme et durée estimative du projet : Cette démarche s’inscrit dans le moyen à long terme (d’ici 2 à 3 ans) et doit permettre de toucher au fur et à mesure l’ensemble des transformatrices de la sous région et de les initier, les former et les appuyer dans la diversification de leurs productions.
Acteur(s) soutenant le projet :
• Commune
• DRAHRH
• Projets d’appui à l’artisanat
Acteur(s) ciblé(s) :
• Transformatrices
Description synthétique des objectifs : L’arachide, l’oignon et la tomate sont trois productions très rependues dans la région de Tenkodogo. Des tentatives ont été faites pour valoriser ces productions à travers la transformation, comme le séchage pour les tomates et les oignons, et la confection traditionnelle de gâteaux d’arachides. Cependant aucune action n’a été mise en place pour favoriser l’émergence à plus vaste échelle de ces produits à travers l’appui aux groupements de transformatrices.
Valoriser la production locale d’arachides, d’oignons et de tomates
121
Tableau de bord de suivi du projet
Préalables à la mise en place du projet :
• Recenser l’ensemble des associations, coopératives et groupements de transformatrices implantés localement.
• Etablir une relation de coopération avec la DRAHRH pour connaître l’état des lieux précis des productions locales et les possibilités de transformations déjà étudiées ou à l’étude.
Actions à mener prioritairement à court terme :
• Impliquer les transformatrices dans le projet par l’information sur l’intérêt de relancer ou de poursuivre les actions de transformation sur ces produits.
• Identifier des niches économiques de départ en s’appuyant sur les connaissances des transformatrices, de la DRAHRH et en réalisant une étude de marché auprès des consommateurs.
• Former sur les techniques de transformation des produits nécessitant le moins de moyens et pouvant être mises en place rapidement (ex. séchage).
• Appuyer la commercialisation des produits issus de la transformation en facilitant les déplacements vers d’autres marchés (sans pour autant délaisser celui de Tenkodogo) et vers des foires commerciales nationales.
Actions à mener à moyen terme :
• En collaboration avec les transformatrices, développer une étude de marché plus fine et identifier d’autres niches économiques en élargissant le champ d’étude aux consommations des autres régions du Burkina et des pays proches.
• Participer au financement de matériel permettant de développer la gamme des produits transformés (ex. presse pour l’huile d’arachide, moule à gâteaux, etc).
• Participer au financement de matériel permettant l’industrialisation de la production, l’accroissement des rendements et réduisant la pénibilité du travail ; après avoir établi les capacités d’amortissement des ces investissements.
• S’associer à la tenue d’événements commerciaux à Tenkodogo pour renforcer la relation entre l’image de ces produits et celle de la ville.
Actions à mener à long terme :
• Former les transformatrices à la maîtrise de leur marché par le retour d’information et l’esprit d’innovation de leurs produits.
• Réaliser des voyages d’étude dans d’autres pays pour détecter de nouvelles niches potentielles en s’inspirant des productions étrangères, soit dans l’arachide, le tomates et l’oignon, soit dans d’autres produits et qui pourraient être applicables à ces trois derniers.
• Labéliser la production régionale de produits transformés comme gage de qualité (hygiène, savoir-faire, originalité).
• S’interroger sur la transformation d’autres denrées alimentaires (ex. mangues, bananes) actuellement moins représentative de la production locale mais représentant des sources potentielles de bénéfices.
122
Description du projet :
� Identifier la position de Tenkodogo sur le marché du textile, et du coton bio en particulier, pour détecter et maîtriser un marché potentiel.
� Permettre de réaliser des économies d’échelles et de coût de transport sur la teinture des fils de coton de manière générale.
� Libérer du temps de travail pour les tisseuses, leur permettant de se consacrer pleinement à leur activité et à la qualité de leur ouvrage, et à être en pleine capacité d’innover.
� Diversifier l’offre en fils teints en proposant aussi bien des teintures classiques qui biologiques.
� Permettre un retour sur information centralisé sur la vente des produits, bio notamment, et disposer d’une meilleure réactivité face aux tendances du marché.
� Entretenir un approvisionnement continu grâce à une gestion compétente des stocks et ainsi éviter les pénuries de matières premières causant des retards sur commandes et une baisse des quantités produites.
� Maîtriser localement une chaine de production et bénéficier en totalité de la valeur ajoutée à ces produits.
� Création d’emplois à des niveaux de qualification bas à modéré afin de renforcer la lutte contre l’exclusion professionnelle, en particulier chez les femmes.
Terme et durée estimative du projet : Ce projet s’inscrit dans le moyen terme (d’ici à 3 ans) car il sera long à mettre en place et à devenir parfaitement opérationnel (2 ans), gagnera en efficacité à être appuyé par une activité de grossiste.
Acteur(s) soutenant le projet :
• Commune
• Associations d’artisans
Acteur(s) ciblé(s) :
• Tisseuses
• Groupes de femmes
Description synthétique des objectifs : Il n’existe aujourd’hui aucune activité de teinture à Tenkodogo obligeant les tisseuses à teindre elles-mêmes les fils avec les teintures qu’elles achètent à Ouagadougou. L’idée est de leur offrir un service mutualisé réduisant significativement leurs coûts de production. Dans le même temps, il s’agit de profiter de la production locale de coton bio pour placer la production locale sur un marché en devenir et d’inscrire dans la durée un savoir-faire en matière de teinture bio.
Création d’une activité de filage et de teinture du coton bio
123
Tableau de bord de suivi du projet
Préalables à la mise en place du projet :
• Recensement et prise de contact avec les tisseuses, les associations de promotion du travail des femmes et les associations de producteurs de coton bio.
• Mise en place d’une activité de grossiste à Tenkodogo.
Actions à mener prioritairement à court terme :
• Regrouper des femmes souhaitant se consacrer pleinement à l’activité de filage et de teinture et de tisseuses souhaitant y participer à mi-temps.
• Former des teinturières à l’utilisation de teintes classiques et naturelles.
• Former des personnes à la gestion exclusive des stocks et de la comptabilité.
• Investir dans du matériel et proposer aux tisseuses pratiquant la teinture et souhaitant participer à l’activité de mutualiser le matériel déjà en leur possession.
Actions à mener à moyen terme :
• Bâtir un local permettant d’installer l’activité, de préférence à proximité de la future pépinière d’entreprises afin de jouir de tous les services qu’elle proposera.
• Informer le marché local sur les produits réalisés et les prix pratiqués.
• Etablir des relations solides avec les associations de tailleurs et de tisseuses afin d’avoir un retour sur information efficace.
Actions à mener à long terme :
• Valoriser la réputation du coton bio de la région de Tenkodogo à l’échelle nationale et internationale.
• Recruter davantage pour supporter la demande croissante et spécialiser au moins une personne sur la gestion de l’activité (comptabilité, stocks, administratif, publicité, etc).
• Coopérer avec la DRAHRH sur la recherche et la culture de nouveaux intrants naturels.
• Assurer une formation technique continue sur les nouvelles techniques de teintures liant aux intrants innovants et une formation en gestion d’activité toujours plus poussée, en particulier sur le marketing.
124
Description du projet :
� Identifier la demande dans les principales matières premières (bois, métal, produits chimiques).
� Favoriser l’émergence d’une demande d’activité d’achat et de transport mutualisé des matières premières auprès des artisans.
� Réunir les commerçants locaux autour du projet et identifier qui est à même de se diriger vers cette activité ; qui sera à terme son activité principale. Favoriser dans cette démarche les commerçants dont les activités pourraient pâtir de cette initiative (ex. revendeurs de bois).
� Appuyer financièrement la construction de locaux de stockage des marchandises et l’achat d’un véhicule de transport léger, à l’usage exclusif du transport de marchandises.
� Etre capable de répondre à la demande des artisans, en priorité puis des commerçants, en matières premières.
� Organiser une gestion des stocks et une réactivité permanente par rapport aux cours du marché permettant de toujours fournir les artisans locaux aux meilleurs prix.
� Instaurer un système de tarification qui ne soit pas au détriment des artisans, par exemple par l’attribution de prix fixes annuels ou semestriels pour chaque produits, afin d’inciter le grossiste à dégager sa marge à partir des économies qu’il réalise sur l’achat des produits et non proportionnellement au prix d’achat, ou par l’instauration de marges fixe non proportionnelles aux prix d’achat.
Terme et durée estimative du projet : Ce projet est d’une grande nécessité pour la commune et est important pour la mise en place d’une activité de teinture, il doit donc être mise en place immédiatement et doit devenir efficace d’ici à 1 an pour ensuite perdurer indéfiniment.
Acteur(s) soutenant le projet :
• Commune
• Projets d’appui aux commerces
Acteur(s) ciblé(s) :
• Commerçants
• Associations de commerçants
Description synthétique des objectifs : La pénurie de nombreuses matières premières est un handicap considérable pour l’ensemble de l’économie artisanale locale, car elle augmente significativement les coûts de production et les délais de livraison. Ainsi, dans l’optique de mutualiser les achats des artisans afin de compenser ces surcoûts par des économies d’échelle, la possibilité de faire émerger une activité privée de grossiste permettrait de combler cette faiblesse tout en laissant la gestion de cette activité entre des mains privées.
Faciliter l’installation d’une activité de grossiste
125
Tableau de bord de suivi du projet
Préalables à la mise en place du projet :
• Identifier les commerçants capables de porter ce projet et d’en devenir les acteurs.
Actions à mener prioritairement à court terme :
• Réunir les artisans autour du projet et établir une liste exhaustive des besoins en matières premières et les inciter à contacter cette activité pour leurs commandes.
• Former les futurs gérants d’activité à la gestion et la comptabilité.
• Appuyer techniquement la gestion des achats en aidant à la détermination des rythme de rotation de transit et en formant à l’activité de gestion de l’activité de transport (rentabiliser les voyages, établir des plannings de déplacement, etc).
• Mettre à disposition un local comprenant espace de stockage, espace de parking et espace de travail administratif.
• Cofinancer l’achat d’un véhicule de transport léger à l’usage exclusif du transit de marchandises et dont l’usage sera contrôlé jusqu’à la maturité du projet et sa remise entre les mains des commerçants choisis.
Actions à mener à moyen terme :
• Former les gérant d’activité à la gestion des stocks afin d’anticiper les demandes, et de passer du simple stade de réponse directe aux commandes à celui de la gestion prévisionnelle des commandes par le stockage.
• Etablir un planning évolutif des jours de transport suivant les demandes courantes et ponctuelles.
Actions à mener à long terme :
• Accroitre le nombre de voyages de transport par semaine parallèlement à l’augmentation progressive de la demande des artisans.
• Se désengager de l’initiative pour la laisser entre les mains des commerçants après confirmation de la maturité de l’activité et remboursement des investissements engagés (totale ou partielle, à déterminer).
126
Description du projet :
� Rechercher des projets et appuyer ceux qui les portent dans leurs démarches.
� Organiser et coordonner la rencontre et la négociation entre l’ensemble des acteurs du développement économique.
� Organiser une veille du développement économique locale en maintenant à jour les informations sur l’économie locale et en les diffusant aux acteurs économiques.
� Relayer les projets achevés en maintenant leurs dynamiques en place sur le terrain par une relation privilégiée avec acteurs économiques, notamment les artisans et agriculteurs/éleveurs.
� Favoriser l’émergence d’une société civile consciente des enjeux économiques et à même de présenter ses besoins et ses projets devant la mairie et les porteurs de financements.
� Apporter ses propres conclusions sur l’état du développement local et formuler des propositions d’aménagement et d’appui concrètes devant les pouvoirs publics.
Terme et durée estimative du projet : Ce projet s’inscrit dans le très court terme (d’ici à 1 an) et devra être mise en place dès que possible avant l’arrivée de nouveaux projet et la conclusion de ceux en cours. Sa mise en place ne devrait pas prendre plus de quelques mois (3mois).
Acteur(s) soutenant le projet :
• DREP
• Associations professionnelles
Acteur(s) ciblé(s) :
• Commune
Description synthétique des objectifs : La non-continuité des projets reste le point noir de toute action voulant s’inscrire dans la durée, et force est de constaté qu’il n’existe aucune structure opérant un maintient des acquis. Ainsi la mise en place d’une Direction des Affaires Economiques Municipales (DAEM) permettrait à la municipalité d’être en contact avec l’ensemble des partenaires institutionnels et privés du milieu économique local et de présenter plus efficacement ses projets.
Mise en place d’une Direction des Affaires Économiques Municipales
127
Tableau de bord de suivi du projet
Préalables à la mise en place du projet :
• Disposer des fonds nécessaire pour l’embauche d’une à deux personnes en charge de cette direction.
Actions à mener prioritairement à court terme :
• Annoncer la création de cette structure à l’ensemble des futurs partenaires et voir avec eux quelles seront ses attribution exact afin d’éviter tout conflit d’intérêt ultérieurement.
• Recruter une à deux personnes formées à la gestion des affaires économiques.
Actions à mener à moyen terme :
• Installer la future DAEM dans un local qui lui soit dédié et localisé au plus près de chacun des acteurs partenaire du développement économique local.
• Equiper cette direction avec du matériel informatique et une connexion téléphone et internet.
Actions à mener à long terme :
• Organiser la veille économique et se positionner comme un acteur indispensable de développement économique local.
128
Annexe I : Nomenclatures des activités artisanales
Nom Corporation Code Métier Nom Métier
1 Briquetiers
2 Maçons
3 Charpentiers
4 Plombiers
5 Peintres en bâtiment
6 Vitriers, encadreurs, miroitiers
7 Puisatiers
8 Potiers
9 Carreleurs et poseurs de papier peint
10 Platriers
11 Mineurs
12 Carriers
13 Tuilliers
14 Tailleurs de pierres
15 Stucateurs
16 Maquettistes bâtiments
17 Autres métiers assimilés
1 Forgerons
2 Ferblantiers
3 Soudeurs
4 Fondeurs
5 Armuriers
6 Tôliers chaudronniers
7 Tourneurs - Fraiseurs, mécanique générale
8 Serruriers
9 Construction métallique
10 Construction de matériel à énergies renouvelables
11 Autres métiers assimilés
1 Garagistes/mécaniciens
2 Garagistes/carrossiers
3 Mécaniciens cycles et cyclomoteurs
4 Réparateurs de radio, TV et apareils électroniques
5 Réparateurs de groupes électrogènes et pompes
6 Réparateurs de pneus et chambres à air (vulcanisateur)
7 Electriciens
8 Firgoristes
9 Mécanographes
10 Horlogers
11 Photographes
12 Coiffeurs
13 Modeleurs
14 Ajusteurs
15 Relieurs
16 Autres métiers assimilés
1 Bijoutiers
2 Orfèvres
3 Joailliers
4 Bronziers
5 Ferronniers d'art
6 Autres métiers assimilés
Métiers du bâtiment et de la terre (1)
Métiers de la forge et assimilés (2)
Métiers de services, de la réparation
et de la maintenance (3)
Métiers des métaux précieux (4)
129
Nom Corporation Code Métier Nom Métier
1 Bouchers
2 Charcutiers
3 Brasseurs de boisson traditionnelle
4 Boulangers traditionnels
5 Pâtissiers
6 Meuniers
7 Fabricants traditionnels de condiments
8 Fabricants de beurre de karité
9 Fabricants de savon artisanal
10 Extracteurs d'huiles diverses
11 Restaurateurs
12 Grilleurs de viande
13 Tradipraticiens
14 Pêcheurs
15 Fabricants de produits laitiers
16 Autres métiers assimilés
1 Menuisiers
2 Ebenistes
3 Sculpteurs sur bois
4 Fabricants d'objets en bois
5 Fabricants d'instruments de musique
6 Modeleurs sur bois
7 Tourneurs sur bois
8 Vanniers
9 Autres métiers assimilés
1 Tailleurs/couturiers
2 Brodeurs
3 Tisserands
4 Tricoteuses
5 Teinturiers
6 Fileuses
7 Tapissiers
8 Matelassiers
9 Blanchisseurs, repasseurs
10 Dentellières
11 Stylistes
12 Créateurs de mode
13 Autres métiers assimilés
1 Tanneurs
2 Cordonniers
3 Bourreliers/selliers
4 Maroquiniers
5 Graveurs sur cuirs
6 Autres métiers assimilés
1 Peintres dur tissus
2 Peintres décorateurs
3 Peintres sur tout support
4 Dessinateurs d'art
5 Graveurs sur tout support
6 Décorateurs sur tout support
7 Fabricants de Batik
8 Fabricants d'objets d'ornement
9 Calligraphes
10 Graphistes
11 Esthéticiennes
12 Fabricants de tampons en caoutchouc
13 Typographes
Métiers de l'alimentation et de
l'hygiène (5)
Métiers du bois et de la paille (6)
Métiers du textile et de l'habillement
(7)
Métiers des cuirs et de la peau (8)
Métiers de l'artisanat d'art (9)
130
Annexe II : Données statistiques sur les productions agricoles
Importance des cultures céréalières et de rente dans la région de Tenkodogo en 2008
Dans le Centre-est
Catégorie ProduitsQuantité produite
(en tonnes)
Surface occupée
(en ha)
Part dans la production
totale
Riz pluvial 42 881 17 351 5%
Mil (ou millet) 104 017 101 787 31%
Sorgho rouge 117 501 89 967 27%
Sorgho blanc 32 224 24 022 7%
Maïs 47 871 30 658 9%
Soja 9 863 3 139 1%
Arachide 54 935 45 311 14%
Sésame 271 359 0%
Coton 17 430 15 976 5%
Cultures de
rente
Cultures
vivrières
Dans le Boulgou
Catégorie ProduitsQuantité produite
(en tonnes)
Surface occupée
(en ha)
Part dans la production
totale
Riz pluvial 32 077 12 086 11%
Mil (ou millet) 43 467 37 133 33%
Sorgho rouge 31 514 22 928 20%
Sorgho blanc 13 407 7 696 7%
Maïs 16 895 11 948 11%
Soja 6 364 1 085 1%
Arachide 18 186 16 317 14%
Sésame 27 3 0%
Coton 3 963 4 296 4%
Cultures
vivrières
Cultures de
rente
Importance des cultures maraichères dans la province du Boulgou en 2008-2009
ProduitsQuantité produite
(en tonnes)
Surface occupée
(en ha)
Part dans la production
totale
Oignon (bulbe) 5105 310 23%
Tomate 3725 232 18%
Chou 2504 162 12%
Laitue 708 116 9%
Piment 72 96 7%
Aubergine 1196 81 6%
Poivron 243 50 4%
Gombo 322 39 3%
Courgette 393 34 3%
Persil 106 26 2%
Oignon (feuille) 107 17 1%
Carotte 140 15 1%
Autres 1574 147 11%
131
Annexe III : Réponses des camionneurs enquêtés transitant par Tenkodogo du 28/07 au 07/08/2009 n° camionneur date Ville de départ Destination Chargement Arrêt à Tenko Raison Est prêt à s'arrêter
1 28/07/2009 Bamako Lomé Ferraille NonPréfère s'arrêter
à BittouNon
2 28/07/2009 Ouagadougou Lomé Vide Non Gain de tempsSi impératif mécanique
uniquement
3 28/07/2009 Ouagadougou Lomé Ciment NonAucun avantage
à Tenkodogo
Si impératif mécanique
uniquement
4 28/07/2009 Ouagadougou Lomé Vide NonPréfère s'arrêter
à BittouNon
5 28/07/2009 Ouagadougou Lomé Vide NonPréfère s'arrêter
à BittouNon
6 28/07/2009 Ouagadougou Lomé Ciment NonPréfère s'arrêter
à BittouOui
7 28/07/2009 Ouagadougou Lomé Ciment Non Gain de temps Oui
8 28/07/2009 Ouagadougou Lomé Ciment NonPréfère s'arrêter
à BittouNon
9 28/07/2009 Ouagadougou Lomé Carburant Non Gain de temps Non
10 28/07/2009 Pouytenga Bittou Livraison ponctuelle Non Gain de temps Oui
11 29/07/2009 Lomé Niamey Tissu Non Gain de temps Non
12 29/07/2009 Lomé Ouagadougou Moto Non Gain de temps Non
13 29/07/2009 Accra Niamey Farine de manioc Non Gain de temps Non
14 29/07/2009 Ouagadougou Lomé Calcaire Non Gain de temps Non
15 29/07/2009 Ouagadougou Lomé Vide Non
Problèmes avec
la police
municipale
Non
16 29/07/2009 Ouagadougou Tenkodogo Engrais Oui Livraison Oui
17 29/07/2009 Lomé Ouagadougou Carburant Oui Se restaurer Oui
18 29/07/2009 Ouagadougou Lomé Carburant Non Gain de temps Non
19 29/07/2009 Ouagadougou Lomé Carburant NonPréfère s'arrêter
à BittouNon
20 29/07/2009 Ouagadougou Lomé Autres NonPréfère s'arrêter
à BittouNon
21 29/07/2009 Ouagadougou Lomé Carburant NonAucun avantage
à TenkodogoOui
22 29/07/2009 Lomé Ouagadougou Conteneur NonPréfère s'arrêter
à BittouOui
23 29/07/2009 Lomé Ouagadougou Ciment Oui Se restaurer Non
24 29/07/2009 Lomé Niamey Tissu Oui Se restaurer Oui
25 29/07/2009 Lomé Niamey Autres Oui Se restaurer Oui
26 04/08/2009 Ouagadougou Tenkodogo Moto Oui Livraison Non
27 04/08/2009 Bobo-dioulasso Lomé Divers Non Gain de temps Oui
28 04/08/2009 Bobo-dioulasso Lomé Cacao NonPréfère s'arrêter
à BittouNon
29 07/08/2009 Lomé Niamey Alimentaire Non Gain de temps Non
30 07/08/2009 Accra Niamey Ferraille Oui Se restaurer Non
31 07/08/2009 Ouagadougou LoméMatériau de
constructionNon
Préfère s'arrêter
à SankanséNon
32 07/08/2009 Ouagadougou Lomé Conteneur vide NonPréfère s'arrêter
à SankanséNon
33 07/08/2009 Accra Niamey Bois Non Gain de temps Opinion partagée
34 07/08/2009 Niamey Accra Oignons NonPréfère s'arrêter
à BittouNon
35 07/08/2009 Lomé Niamey Divers NonPréfère s'arrêter
à KoupélaNon
36 07/08/2009 Lomé Ouagadougou Ciment Non Gain de temps Oui
37 07/08/2009 Lomé Ouagadougou Ciment Non Gain de temps Oui
38 07/08/2009 Lomé Niamey Sucre Oui Acheter de l'eau Oui
39 07/08/2009 Lomé Niamey Sucre Oui Acheter de l'eauSi impératif mécanique
uniquement
40 07/08/2009 Lomé OuagadougouMatériau de
constructionNon Gain de temps Oui
41 07/08/2009 Niamey Accra Oignons NonPréfère s'arrêter
à BittouNon
132
Annexe IV : Questionnaire aux artisans tenkodogolais
Définir un diagnostic du statut et de la condition d’artisan à Tenkodogo
1) Ressources existantes :
a. De quels produits avez-vous besoin ?
b. De quel matériel disposez-vous ?
c. Que produisez-vous ?
d. Quels sont les moyens financiers minima pour démarrer ce type d’activité ?
2) Ressources souhaitées :
a. De quels produits auriez-vous besoin ?
b. De quel matériel auriez-vous besoin ?
c. Que souhaiteriez-vous pouvoir produire ?
d. Quels moyens financiers représenteraient une somme optimale pour démarrer ce type d’activité ?
3) Combien de personnes êtes-vous à travailler dans votre atelier ? (artisans et apprentis)
4) Vous êtes membre d’une association d’artisans, laquelle ?
a. Qu’y recherchez-vous ?
b. Quels sont les pré-requis à l’intégration au sein du groupement ? Qu’y apportez-vous ? (argent, connaissance, …)
Etablir une vision claire de la chaine de production/valeur des activités artisanales
5) Qui sont vos clients ? (uniquement des habitués, gens de Tenkodogo de manière générale, gens de passages également, clients d’autres villes)
6) Essayez-vous de communiquer sur votre activité pour amener plus de clients ?
a. Si oui, comment ? (bouche-à-oreille, publicité audio, publicité visuelle, apposition d’une marque).
7) Où sont vos fournisseurs dans la ville de Tenkodogo ?
8) Vous arrive-t-il de vous fournir en dehors de Tenkodogo parce qu’un produit vous manque ?
9) Vous arrive-t-il de vous fournir en dehors de Tenkodogo bien qu’il existe un fournisseur sur place ? (qualité, prix, connaissance d’un fournisseur, autre activité ailleurs)
Connaître les raisons et les souhaits de localisation des artisans
10) Pourquoi êtes-vous localisé ici ? choix ou contrainte ? (lieu de travail = résidence = non-choix, contrainte foncière, choix économique).
11) Êtes-vous satisfait de la localisation de votre activité dans la ville ? Seriez-vous prêt à vous déplacer pour accroître votre activité (intérêt commercial, productivité = plus d’espace, distance avec les fournisseurs, etc.) ? Où et pourquoi ?
12) A proximité de quel autre artisan aimeriez-vous être ? Ou qui aimeriez-vous voir s’installer à proximité de vous ? Quelles synergies voyez-vous avec lui ?
13) A proximité de quel autre artisan refuseriez-vous d’être ? Quelle synergie négative redoutez-vous ?
133
Annexe V : Questionnaire aux associations
1) Qui compose le bureau ?
a. Président :
b. Trésorier :
c. Secrétaire :
2) Quand s’est créée cette association ? Comment ? A l’initiative ou à la faveur de quel évènement ou programme/projet ?
3) Quel est son périmètre d’action ?
4) Qui vise-t-elle à fédérer ? Combien de personne en sont membres (en 2009) ?
5) Quelle est sa structure décisionnelle ? (groupement global, corporations, etc.)
6) Où se trouvent ses bureaux ?
7) Quelle est (était ?) son objectif premier ? Quels sont ses objectifs actuels ?
8) Qu’apporte-t-elle à ses membres en termes de …
a. Financement ?
b. Formation ?
c. Promotion de leurs activités (commerciales) ?
d. Capacités de communication ?
9) Quels projets a-t-elle déjà menée à terme par le passé ?
10) Avec qui travaille-t-elle actuellement et sur quels projets ?
134
Annexe VI : Questionnaire aux camionneurs transitant par Tenkodogo
1) De quelle ville êtes-vous parti ?
2) Quelle est votre destination (finale) ?
3) Que transportez-vous ?
4) Allez-vous vous arrêtez à Tenkodogo pour faire une halte ? Pourquoi ?
5) Vous arrêteriez-vous à Tenkodogo s’il y avait plus de services pour les camionneurs ?
- Station essence. - Réparateur / mécanicien camion. - Plus de restaurant / bar.
135
136
Liste des abréviations ACAGAT : Association Communale des Artisans et Groupements d’Artisans de Tenkodogo.
ACAT : Association des Commerçants et Assimilés de Tenkodogo.
ADOP : Appui Direct aux Opérateurs Privés.
ANPE : Agence Nationale Pour l’Emploi.
APAGAN/B : Association Provinciale des Artisans et Groupements d’Artisans Nong-taaba du Boulgou.
CAFP : Cellule d’Appui à la Formation Professionnelle.
CRDE : Cadre de Référence du Développement Économique.
DRAHRH : Direction Régionale de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques.
DREP : Direction Régionale de l’Économie et de la Planification.
DSTM : Direction des Services Techniques Municipaux.
FAFPA : Fond d’Appui à la Formation Professionnelle et à l’Apprentissage.
FICOD : Fond d’Investissement des COllectivités Décentralisées.
FICOM : Fond d’Investissement COMmunal.
MER : Micro-Entreprise Rurale.
PAMER : Projet d’Appui aux Micro-Entreprises Rurales.
PCD : Plan Communal de Développement.
PERCOMM : projet de Perfectionnement des Entreprises Rurales de COnstruction Métallique et Menuiserie.
PMI : Petites et Moyennes Industries.
PPDEL : Plan Programme du Développement Économique (Local ?).
OPA : Organisation Professionnelle d’Artisans.
RCP/B : Réseau des Caisses Populaires du Boulgou.
SCAC : Service de Coopération et d’Action Culturelle.
UCAT : Union des Commerçants et Assimilés de Tenkodogo.
137
Bibliographie APREL, 2006, Cadre de référence du développement économique à long terme (CRDE) de Tenkodogo et de son hinterland, Ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation, 86 p.
APREL, 2006, Plan programme du développement économique (PPDEL) de Tenkodogo et de son hinterland, Ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation, 99 p.
CCIA, 2003, Economie de la province du Boulgou, 8 p.
COMMUNE DE TENKODOGO, 2009, Plan communal de développement (PCD) de la commune urbaine de Tenkodogo, 131 p.
DOUSSARD T., 2009, Étude des réseaux de coopération économique sur la compétitivité territoriale : Les effets-réseaux sur l’espace Val de Loire – Maine : Construction et mise en application d’un outil statistique, EPU-
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au Burkina Faso 2008, 44 p.
TENKODOGO INITIATIVE, 2009, Règlement intérieur, 5 p.
138
Table des éléments graphiques Liste des figures :
FIGURE 1 : ORIGINE DES FINANCEMENTS DU PAMER ........................................................................................................... 72 FIGURE 2 : SYNTHESE GRAPHIQUE DES DIFFERENTES RELATIONS ENTRE LES PRINCIPAUX ACTEURS DU
DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE A TENKODOGO EN 2009.......................................................................................... 77 FIGURE 3 : CHRONOGRAMME DE LA MISE EN PLACE DES PROJETS ET DES STRUCTURES ASSOCIATIVES A
TENKODOGO EN 2009 ......................................................................................................................................................... 78 FIGURE 4 : PART DES CULTURES VIVRIERES ET DE RENTE DANS LA PRODUCTION LOCALE EN 2008 ............................. 86 FIGURE 5 : PART DES CULTURES MARAICHERES DANS LA PRODUCTION DE LA PROVINCE DU BOULGOU EN 2008-2009
.................................................................................................................................................................................................. 88 FIGURE 6 : RAISONS INVOQUEES PAR LES CAMIONNEURS NE S'ETANT PAS ARRETES A TENKODOGO ........................... 93 FIGURE 7 : PART DE CAMIONNEURS PRET A S'ARRETER A TENKODOGO S'IL Y AVAIT UNE PLATE FORME DE TRANSIT
.................................................................................................................................................................................................. 94 FIGURE 8 : CHARGEMENTS DES DIFFERENTS CAMIONS TRANSITANT PAR TENKODOGO ................................................. 94 FIGURE 9 : LES TROIS LEVIERS D'APPUI PRIORITAIRES A L'ARTISANAT ................................................................................. 99 FIGURE 10 : LA SUPERPOSITION DES ECHELLES DE MARCHE ............................................................................................... 100 FIGURE 11 : LA PRIORISATION DES APPUIS GENERATEURS DE REVENUS ........................................................................... 100 FIGURE 12 : CHAINES DE PRODUCTION ARTISANALES A TENKODOGO EN 2009 ............................................................. 103 FIGURE 13 : CANAUX DE DIFFUSION DE L’INFORMATION DANS UNE PEPINIERE D'ENTREPRISES ................................ 106 FIGURE 14 : CANAUX DE DIFFUSION DE L'INFORMATION DANS DES QUARTIERS ARTISANAUX .................................... 107 FIGURE 15 : CANAUX DE DIFFUSION DE L'INFORMATION A TRAVERS LES STRUCTURES ASSOCIATIVES ....................... 110 FIGURE 16 : SYNTHESE DES AXES D'APPUI PRECONISES, DES OBJECTIFS ET DES ACTIONS ENTREPRISES ET A
ENTREPRENDRE................................................................................................................................................................... 116 FIGURE 17 : LES DIFFERENTES APPROCHES D'UN MARCHE ................................................................................................... 117
Liste des Cartes :
CARTE 1 : POSITION GEOGRAPHIQUE DE TENKODOGO AU BURKINA FASO ........................................................................ 7 CARTE 2 : LOCALISATION PRELIMINAIRE ET NON-EXHAUSTIVE DES COMMERCES A TENKODOGO .............................. 54 CARTE 3 : LOCALISATION DES MARCHES ET DES ADMINISTRATIONS A TENKODOGO ...................................................... 57 CARTE 4 : POSITION DE TENKODOGO PAR RAPPORT AUX AUTRES POLES COMMERCIAUX REGIONAUX ....................... 61 CARTE 5 : LOCALISATION DES POINTS D'ENTREE DANS LA VILLE ET PRECONISATION DES VOIES A BITUMER A
TENKODOGO ......................................................................................................................................................................... 81 CARTE 6 : LOCALISATION DES STATIONS SERVICES ET DES ESPACES PROCHES DES ZONES HUMIDES A TENKODOGO
.................................................................................................................................................................................................. 82 CARTE 7 : LOCALISATION DES POSSIBLES ZONES D'EXTENSIONS INDUSTRIELLES DE LA VILLE DE TENKODOGO ..... 84 CARTE 8 : ESPACES DE POTENTIALITE POUR LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DE LA COMMUNE .......................... 112
Liste des tableaux :
TABLEAU 1 : SYNTHESE DES DIFFICULTES RENCONTREES PAR LES ARTISANS TENKODOGOLAIS ................................... 60 TABLEAU 2 : LISTE DES ETABLISSEMENTS DE PRET PRESENTS A TENKODOGO EN 2009 .................................................. 66 TABLEAU 3 : IMPORTANCE DE L'ACTIVITE PASTORALE A TENKODOGO .............................................................................. 86 TABLEAU 4 : RECAPITULATIF DES DIFFERENTES TRANSFORMATIONS ALIMENTAIRES REALISEES LOCALEMENT ........ 89 TABLEAU 5 : CAPACITE HOTELIERE DE LA VILLE DE TENKODOGO ..................................................................................... 91 TABLEAU 6 : RECENSEMENT DES SITES TOURISTIQUES DU BOULGOU ................................................................................. 91 TABLEAU 7 : SYNTHESE DES POSSIBILITES DE MUTUALISATION DES MOYENS ET DES INVESTISSEMENTS ENTRE
ARTISANS ................................................................................................................................................................................. 98 TABLEAU 8 : DEGRE D’ENGAGEMENT DES PARTENAIRES SUIVANT LES STRATEGIES D’ACTIONS URBAINES SUR
L’ECONOMIE ......................................................................................................................................................................... 105 TABLEAU 9 : SOUHAITS DE LOCALISATION DES ARTISANS DE TENKODOGO .................................................................... 108
139
Liste des photographies :
PHOTOGRAPHIE 1 : BIJOUTIER TRAVAILLANT L’ARGENT BLANC .......................................................................................... 13 PHOTOGRAPHIE 2 : SAVONS AU BEURRE DE KARITE (A GAUCHE) ET GRAINES OLEAGINEUSES (A DROITE) ................ 19 PHOTOGRAPHIE 3 : TENSAGESEE LIQUIDE ............................................................................................................................... 21 PHOTOGRAPHIE 4 : PRODUITS DE LA MAROQUINERIE PRESENTES DANS UN ATELIER. .................................................... 25 PHOTOGRAPHIE 5 : TAILLEUR CONFECTIONNANT UNE CHEMISE ........................................................................................ 41 PHOTOGRAPHIE 6 : TISSAGE DES PAGNES. ................................................................................................................................ 46 PHOTOGRAPHIE 7 : GRAINES DE NERE TELLES QU’ACHETEES AU MARCHE. ...................................................................... 50 PHOTOGRAPHIE 8 : DIFFERENTES FORMES DE CONDITIONNEMENT DU SOUMBALA. ..................................................... 51 PHOTOGRAPHIE 9 : VUES INTERNES DU GRAND MARCHE (SECTEUR 4) ............................................................................... 55 PHOTOGRAPHIE 10 : LE NOUVEAU MARCHE (SECTEUR 6) VU DEPUIS SON ENTREE SUD-OUEST .................................... 56 PHOTOGRAPHIE 11 : VUES EXTERNES DU NOUVEAU MARCHE (SECTEUR 6) DEPUIS LE SUD ........................................... 62 PHOTOGRAPHIE 12 : EXEMPLES DE COMMERCES A TENKODOGO ....................................................................................... 63 PHOTOGRAPHIE 13 : PANNEAU PUBLICITAIRE ET PRODUIT TRANSFORME ET VENDU LOCALEMENT AVEC L'APPUI DU
PAMER .................................................................................................................................................................................. 72
140
Table des matières Remerciements............................................................................................................................................................... 5
Introduction ................................................................................................................................................................... 7
1 Diagnostic de la situation économique de Tenkodogo .................................................................................. 9
1.1 Situation et poids de l’artisanat dans l’économie locale ........................................................................ 9
1.1.1 Que désigne-t-on par le terme artisanat ? ...................................................................................... 9
1.1.2 Généralités sur l’artisanat tenkodogolais ........................................................................................ 9
1.1.3 Concurrence au sein du marché burkinabè : offre et demande ................................................ 10
1.2 Photographie des professions artisanales à Tenkodogo ..................................................................... 13
1.2.1 Bijoutier ............................................................................................................................................. 13
1.2.2 Dolotière ........................................................................................................................................... 16
1.2.3 Fabricant de savon au beurre de karité ......................................................................................... 18
1.2.4 Fabricant de savon liquide .............................................................................................................. 21
1.2.5 Maroquinier....................................................................................................................................... 24
1.2.6 Mécanicien automobile / mécanicien 4 roues ............................................................................. 27
1.2.7 Mécanicien moto / mécanicien 2 roues ....................................................................................... 30
1.2.8 Mécanicien moulins et pompes ..................................................................................................... 33
1.2.9 Menuisier (bois) ................................................................................................................................ 35
1.2.10 Soudeur / Menuisier métallique .................................................................................................... 38
1.2.11 Tailleur / couturier .......................................................................................................................... 41
1.2.12 Tapissier............................................................................................................................................. 44
1.2.13 Tisserand ........................................................................................................................................... 46
1.2.14 Transformatrice ................................................................................................................................ 49
1.3 Importance de l’activité commerciale .................................................................................................... 53
1.4 Problèmes rencontrés par les artisans et les commerçants ................................................................ 58
1.4.1 Les difficultés au développement artisanal .................................................................................. 58
1.4.2 Les difficultés pesant sur l’activité commerciale ......................................................................... 61
2 Synthèse des projets et programmes appuyant la commune ....................................................................... 65
2.1 Les acteurs locaux du développement économique à Tenkodogo ................................................... 65
2.1.1 Acteurs institutionnels et acteurs privés (financeurs) ................................................................. 65
2.1.2 Acteurs associatifs ............................................................................................................................ 67
2.1.3 Les acteurs et projets de la coopération nationale et internationale ........................................ 70
2.1.4 Synthèse des relations entre l’ensemble de ces acteurs .............................................................. 77
2.2 Les politiques récentes mises en place par la commune ..................................................................... 79
2.2.1 Les préconisations en termes d’urbanisme .................................................................................. 79
2.2.2 Renforcement des activités agro-pastorales ................................................................................. 85
141
2.2.3 Renforcement de l’artisanat et au commerce ............................................................................. 90
2.2.4 Renforcement du tourisme et de l’hôtellerie .............................................................................. 91
2.2.5 Renforcement de la position nodale de Tenkodogo comme plaque tournante du transit routier. 92
2.2.6 Renforcement des capacités de gestion communale des problématiques économiques ..... 95
3 Propositions et préconisations pour un renforcement de l’économie tenkodogolaise .......................... 97
3.1 Généralités sur les leviers d’appui à l’artisanat..................................................................................... 97
3.2 Les chaines de production locales ....................................................................................................... 101
3.3 Les actions urbaines pouvant être menées ......................................................................................... 104
3.3.1 Stratégies économiques urbaines et concept de co-localisation ............................................ 104
3.3.2 Les espaces à forte potentialité à Tenkodogo .......................................................................... 111
3.4 Plan d’action à court et moyen terme ................................................................................................. 113
3.4.1 La valeur de Tenkodogo sur le marché burkinabè .................................................................. 113
3.4.2 Synthèse des axes d’appui à l’artisanat tenkodogolais ............................................................. 114
3.4.3 Exemples d’actions précises à court terme ............................................................................... 117
Annexe I : Nomenclatures des activités artisanales ............................................................................................ 128
Annexe II : Données statistiques sur les productions agricoles ........................................................................ 130
Annexe III : Réponses des camionneurs enquêtés transitant par Tenkodogo du 28/07 au 07/08/2009 . 131
Annexe IV : Questionnaire aux artisans tenkodogolais ..................................................................................... 132
Annexe V : Questionnaire aux associations ......................................................................................................... 133
Annexe VI : Questionnaire aux camionneurs transitant par Tenkodogo ....................................................... 134
Liste des abréviations ............................................................................................................................................... 136
Bibliographie ............................................................................................................................................................. 137
142
DOUSSARD Thomas
EPU – DA, ADUC.
04/09/2009
Plan de Développement Économique et Artisanal de la ville de Tenkodogo
Consécutivement au plan de développement communal et au programme ECOLOC, qui a vu l’élaboration des plans de développement de l’hinterland de Tenkodogo, la capitale du Centre-est a décidé, en partenariat avec la coopération décentralisée, de se doter d’un plan de développement économique à l’échelle urbaine.
Ce plan dresse un portrait, le plus exhaustif possible, des différentes activités artisanales présentes sur la commune ainsi qu’un état des lieux de la situation d’artisan à Tenkodogo. Dans le même temps, il synthétise les résultats des multiples projets et actions entrepris localement depuis une décennie et les ambitions des différents acteurs associatifs et institutionnels.
Enfin, est présentée une analyse des différents leviers d’appui à court et moyen termes pouvant permettre un renforcement et une redynamisation de l’économie locale à travers l’implication des artisans dans un processus de maîtrise de leurs productions et de leurs marchés.
École Polytechnique Universitaire Département Aménagement 35 allée Ferdinand de Lesseps BP 30553 37205 TOURS cedex 3, France (+33) 02 47 36 14 55 [email protected]
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Mairie de Tenkodogo BP 125, Tenkodogo Province du Boulgou, Burkina Faso (+226) 40 71 00 62 [email protected]