perspectives 2007 en pathologie vésicale. introduction

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Annales de pathologie (2008) 28, 270—271 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com HISTOSÉMINAIRE SFP Perspectives 2007 en pathologie vésicale. Introduction Yves Allory , Eva Compérat, Catherine Mazerolle Service d’anatomie et cytologie pathologiques, hôpital Henri-Mondor, 51, avenue Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 94010 Créteil, France Accepté pour publication le 15 juin 2008 Disponible sur Internet le 3 septembre 2008 La pathologie vésicale reste dominée dans la pratique quotidienne par le diagnostic et l’évaluation pronostique des tumeurs urothéliales. Les informations délivrées par le pathologiste sont déterminantes dans le choix de la conduite thérapeutique proposée par l’urologue, le chimiothérapeute et/ou le radiothérapeute, soulignant ainsi l’importance du rôle de l’examen anatomopathologique en pathologie vésicale. Les tumeurs urothéliales de vessie forment un groupe hétérogène de maladies (Tableau 1) [1,2]. Elles peuvent être classées selon leur stade d’invasion en profondeur et leur architecture plane ou papillaire. On distingue ainsi parmi les lésions intra-épithéliales, les lésions planes à type de carcinome in situ (stade Tis) et les lésions papillaires Ta, et parmi les lésions invasives, les tumeurs envahissant seulement le chorion (stade T1) et celles envahissant le muscle (stade T2). Au stade de tumeurs n’envahissant pas le muscle (Ta-Tis ou T1), le traitement est le plus souvent conservateur, basé sur des résec- tions transurétrales complétées le cas échéant d’instillations endovésicales. Au stade de tumeur envahissant le muscle, la cystectomie est le traitement indiqué. Les tumeurs de vessie ont par ailleurs une histoire naturelle complexe, marquée par la fréquence des récidives (nouvelles tumeurs de même stade) et la possibilité de progressions (nouvelles tumeurs à des stades plus élevés) (fig. 1). Dans ce contexte, le but de l’examen pathologique est : d’identifier la tumeur urothéliale ; de donner son stade (pour orienter la décision entre traitement conservateur ou cystec- tomie) ; de donner son grade (pour estimer le risque de progression vers une tumeur envahissant le muscle et décider d’un traitement adjuvant éventuel, notamment par BCG). De multiples difficultés émaillent ce schéma de prise en charge [3]. La détermination du stade n’est pas toujours aisée sur le matériel de résection. La co-existence de deux systèmes, OMS 1973 et OMS 2004, pour l’établissement du grade est source de confusion. Ces questions sont notamment abordées à travers les cas 1, 2 et 3 de cet histoséminaire. Le diagnostic des lésions planes n’est pas non plus facile, compte tenu des variétés possibles de carcinome in situ, des problèmes de reproductibilité dans le diagnostic des lésions de Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (Y. Allory). 0242-6498/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.annpat.2008.06.024

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Page 1: Perspectives 2007 en pathologie vésicale. Introduction

Annales de pathologie (2008) 28, 270—271

Disponib le en l igne sur www.sc iencedi rec t .com

HISTOSÉMINAIRE SFP

Perspectives 2007 en pathologie vésicale.Introduction

Yves Allory ∗, Eva Compérat,Catherine Mazerolle

Service d’anatomie et cytologie pathologiques, hôpital Henri-Mondor,51, avenue Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 94010 Créteil, France

Accepté pour publication le 15 juin 2008Disponible sur Internet le 3 septembre 2008

La pathologie vésicale reste dominée dans la pratique quotidienne par le diagnosticet l’évaluation pronostique des tumeurs urothéliales. Les informations délivrées par lepathologiste sont déterminantes dans le choix de la conduite thérapeutique proposée parl’urologue, le chimiothérapeute et/ou le radiothérapeute, soulignant ainsi l’importance

du rôle de l’examen anatomopathologique en pathologie vésicale.

Les tumeurs urothéliales de vessie forment un groupe hétérogène de maladies(Tableau 1) [1,2]. Elles peuvent être classées selon leur stade d’invasion en profondeur etleur architecture plane ou papillaire. On distingue ainsi parmi les lésions intra-épithéliales,les lésions planes à type de carcinome in situ (stade Tis) et les lésions papillaires Ta,et parmi les lésions invasives, les tumeurs envahissant seulement le chorion (stade T1)et celles envahissant le muscle (stade ≥ T2). Au stade de tumeurs n’envahissant pas lemuscle (Ta-Tis ou T1), le traitement est le plus souvent conservateur, basé sur des résec-tions transurétrales complétées le cas échéant d’instillations endovésicales. Au stade detumeur envahissant le muscle, la cystectomie est le traitement indiqué.

Les tumeurs de vessie ont par ailleurs une histoire naturelle complexe, marquée par lafréquence des récidives (nouvelles tumeurs de même stade) et la possibilité de progressions(nouvelles tumeurs à des stades plus élevés) (fig. 1). Dans ce contexte, le but de l’examenpathologique est :• d’identifier la tumeur urothéliale ;• de donner son stade (pour orienter la décision entre traitement conservateur ou cystec-

tomie) ;• de donner son grade (pour estimer le risque de progression vers une tumeur envahissant

le muscle et décider d’un traitement adjuvant éventuel, notamment par BCG).

De multiples difficultés émaillent ce schéma de prise en charge [3]. La déterminationdu stade n’est pas toujours aisée sur le matériel de résection. La co-existence de deuxsystèmes, OMS 1973 et OMS 2004, pour l’établissement du grade est source de confusion.Ces questions sont notamment abordées à travers les cas 1, 2 et 3 de cet histoséminaire. Lediagnostic des lésions planes n’est pas non plus facile, compte tenu des variétés possiblesde carcinome in situ, des problèmes de reproductibilité dans le diagnostic des lésions de

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (Y. Allory).

0242-6498/$ — see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.doi:10.1016/j.annpat.2008.06.024

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Perspectives 2007 en pathologie vésicale. Introduction

Figure 1. Progression des tumeurs de la vessie.Progression of bladder tumours.

dysplasie, et des lésions bénignes à envisager dans lediagnostic différentiel. L’introduction de techniques endo-scopiques sensibilisant la détection des lésions planes(basées sur l’illumination par un laser pendant la cysto-scopie) entraînera sans doute une augmentation du nombrede ces lésions planes examinées en pratique quotidienne etdevra conduire les pathologistes à améliorer leurs critèresdiagnostiques. Les cas 4 et 5 illustrent ces aspects. Enfin,les formes de tumeurs urothéliales sont diverses, certainesnotamment associées à un pronostic péjoratif et d’autres àdes difficultés diagnostiques particulières [2]. Il est impor-

Tableau 1 Classification histologique de l’OMS destumeurs urothéliales du tractus urinaire (2004).WHO histological classification of urothelial tumors (2004).

Carcinome urothélial invasifAvec différenciation épidermoïdeAvec différenciation glandulaireAvec différenciation trophoblastiqueEn nidsMicrokystiqueMicropapillaireDe type lymphoepitheliomaPseudolymphomateuxPlasmocytoïdeSarcomatoïdeÀ cellules géantesIndifférencié

Carcinome urothélial non invasifCarcinome urothélial in situCarcinome urothélial papillaire non invasif, dehaut gradeCarcinome urothélial papillaire non invasif, de basgradeTumeur urothéliale papillaire non invasive de baspotentiel de malignitéPapillome urothélialPapillome urothélial inversé

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tant aussi de savoir les distinguer des tumeurs de voisinage,en particulier prostatiques ou colorectales. Ces difficultéssont abordées à travers les trois derniers cas sélectionnés(cas 6 à 8).

Malgré les efforts de définition et de standardisation, lesinformations apportées par le stade, le grade et les sous-types morphologiques des tumeurs urothéliales de vessierestent insuffisantes et imparfaites, et il sera nécessaireà l’avenir de les compléter par d’autres marqueurs. Lamutation du gène codant pour le récepteur FGFR3 estun exemple d’anomalie moléculaire récurrente dans unefraction des tumeurs urothéliales de vessie ; elle paraîtassociée à une voie d’oncogenèse spécifique et pourraitservir de cible thérapeutique [4]. Dans la même perspec-tive, il est probable que les différentes études moléculairesen cours actuellement permettront de mieux définir parmi

l’ensemble hétérogène des tumeurs urothéliales de nou-veaux sous-types anatomocliniques, au profil pronostiquedistinct et pour lesquels il devrait être possible de proposerdes traitements mieux adaptés [5,6].

Références

[1] Eble JN, Sauter G, Epstein JI and Sesterhenn IA. World HealthOrganization Classification of tumours. Pathology and geneticsof tumours of the urinary system and male genital organs. Lyon:2004.

[2] Lopez-Beltran A, Cheng L. Histologic variants of urothelial car-cinoma: differential diagnosis and clinical implications. HumanPathol 2006;37:1371—88.

[3] Epstein JI, Amin MB, Reuter VE. Bladder Biopsy Inter-pretation. Philadelphia: Lippincott Williams & Wilkins;2004.

[4] Knowles MA. Role of FGFR3 in urothelial cell carcinoma:biomarker and potential therapeutic target. World J Urol2007;25:581—93.

[5] Mitra AP, Datar RH, Cote RJ. Molecular pathways in inva-sive bladder cancer: new insights into mechanisms, pro-gression, and target identification. J Clin Oncol 2006;24:5552—64.

[6] Wu XR. Urothelial tumorigenesis: a tale of divergent pathways.Nat Rev Cancer 2005;5:713—25.