oiseaux sauvages et Élevages d’ornement · le nombre des espèces présentes sur chaque...

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OISEAUX SAUVAGES ET ÉLEVAGES D’ORNEMENT 21 avril 2007 PARC PHOENIX NICE, FRANCE

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OISEAUX SAUVAGES ET ÉLEVAGES D’ORNEMENT

21 avril 2007

PARC PHOENIX NICE, FRANCE

OISEAUX SAUVAGES ET ÉLEVAGES D’ORNEMENT

Nice - 21 avril 2007

SOMMAIRE Riva Stéphane Introduction sur les oiseaux !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!.. 1

Bonnelle Maxime Protocole d’élevage de psittacidés !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!. 9

Foucart Julie Alimentation des oiseaux sous forme d’extrudés : intérêts et limites !!!!!!!!! 17

Hervé Frédéric La génétique au service de l’élevage des oiseaux !!!!!!!!!!!!!!!!... 27

Jardin Mickael La migration des oiseaux !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!.. 31

Douaflia Mehdi Les oiseaux des îles de Marseille : le cas du goéland leucophée !!!!!!!!!!. 37

Walton Bruce L’élevage des manchots à Marineland !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!... 47

Leroyer David Détention et reproduction de rapaces diurnes !!!!!!!!!!!!!!!!!!.. 49

Candet Christophe La couleur chez les oiseaux !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!. 57

Maurisot Alice Éleveurs amateurs, de la collection à la conservation des espèces ex situ !!!!!!. 65

Arnoult Olivier Biologie de la conservation du ara de Buffon : 12 années d’expérience (1994-2006) !... 71

Peyre Françoise Influenza aviaire : un peu d’histoire et de géographie !!!!!!!!!!!!!!!. 77

Arnoult Olivier Act for Natur !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! 87 IOPR, 2007 – Oiseaux sauvages et élevages d'ornement. Journée Biologique du Parc Phoenix, 21 avril 2007 à Nice, France. Mém. Institut océanogr. Paul Ricard, 92 pp. Directeur de la publication : Patricia Ricard ISSN : 1242-6970 – Dépôt légal : mars 2007

OISEAUX SAUVAGES ET

ELEVAGES D’ORNEMENT

PARC PHOENIX

NICE

21 AVRIL 2007

COMITE SCIENTIFIQUE Flegra BENTIVEGNA, Acquario di Napoli Françoise PEYRE, Docteur Vétérinaire Hervé COUDERT, Directeur de CHF Alain RIVA, Institut Océanographique Paul Ricard Pierre ESCOUBET, Parc Phœnix Les textes des contributions de ce volume ont été mis en forme par dactylographie sous la responsabilité de chacun des auteurs concernés. Tous droits de reproduction, par tous procédés, de traduction et d’adaptation, réservés pour tous pays (loi du 11 mars 1957) sauf autorisation des auteurs.

Journée Biologique du Parc Phœnix – Nice, 21 avril 2007 Mém. Inst. Océano. P. Ricard 2007, pp : 1 - 8

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INTRODUCTION SUR LES OISEAUX Stéphane RIVA Oiseaux – (du latin populaire aucellus, diminutif du latin avis, oiseau) Vertébré ovipare, couvert de plumes, à respiration pulmonaire, à sang chaud, ayant deux pattes et deux ailes, à la tête munie d’un bec et généralement adapté au vol. "Les phénomènes biologiques les plus remarquables chez les oiseaux, outre le vol, sont les parades, la construction du nid, la couvaison, l’élevage des jeunes, le chant, les migrations annuelles, la mue et surtout l’adaptation des diverses espèces aux biotopes les plus variés : forêts, rivages, marais, montagnes, etc…" - Dictionnaire Encyclopédique Larousse -

LES ORIGINES Même si l'origine précise des oiseaux est encore incertaine, on pense qu'ils ont des reptiles pour ancêtres. Ils descendraient d'un sous-groupe de dinosaures, les théropodes, qui peuplaient la Terre il y a 200 millions d'années. Les clavicules ou fourchettes en forme de U, qu'on retrouve chez les oiseaux et chez certains théropodes, permettraient d'établir le lien entre eux. Chez les oiseaux, ce caractère joue un rôle primordial dans leur aptitude à voler, alors que chez les dinosaures il a probablement évolué pour servir de support aux courtes pattes antérieures avec lesquelles ils attrapaient leurs proies. Le plus ancien oiseau connu est l’Archaeopteryx. Même s'ils le suivent de près, les oiseaux du crétacé inférieur (il y a 130 millions d'années) ressemblaient déjà beaucoup plus à nos oiseaux actuels. Les plus célèbres fossiles d'oiseaux crétacés sont Hesperornis et Ichthyornis. Ils sont pourvus de dents, tout comme Archaeopteryx et les théropodes. Parmi les fossiles de la période du Pléistocène (entre 2 millions et 10 000 ans), on a identifié des espèces toujours existantes. Le Pléistocène fut l'apogée des oiseaux ; depuis lors, leur nombre décroît. LA CLASSIFICATION On connaît vingt milles espèces d’oiseaux, formant une classe et vingt-cinq ordres principaux. L’ordre des passériformes compte à lui seul près de la moitié du nombre total des espèces. Les oiseaux aux pattes palmées (anciens palmipèdes) forment six ordres, les oiseaux aux longues pattes (anciens échassiers) en forment trois. Les premiers classements des taxinomistes étaient effectués selon l’apparence physique des oiseaux, leur taille, leur morphologie et la couleur de leur plumage. L'évolution des méthodes scientifiques donna lieu à la mise au point de techniques plus rigoureuses tirant avantage de découvertes réalisées dans d'autres domaines : biologie, paléontologie, écologie, physiologie, éthologie et, finalement, l'analyse des protéines et de l'ADN.

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LA REPARTITION Les différents groupes d'oiseaux ne sont pas répartis de façon uniforme à la surface du globe. Il y a très peu d’espèces cosmopolites, le plus grand nombre ayant une aire de répartition bien délimitée. Certains groupes ne se rencontrent que sur un continent, où ils sont qualifiés d’endémiques : les colibris ne vivent qu'en Amérique, les pintades sauvages qu'en Afrique. La répartition des espèces varie aussi selon l'altitude, le climat, la nature du terrain et de la végétation qui le recouvre. Certaines ont des exigences très précises et peuvent vivre uniquement dans un biotope qui correspond à leurs besoins. D’autres peuvent vivre dans des milieux très différents (villes, campagne cultivée, bord de mer, etc.), parce que leur régime est omnivore et que leurs exigences sont relativement faibles. Pour survivre à l'intérieur d'un même habitat, les différentes espèces ont dû s'y tailler des niches spécifiques. La niche se détermine en partie par la nourriture qui s'y trouve et les moyens dont dispose l’espèce pour s'en emparer. Les différentes espèces qui forment l’avifaune nidificatrice de la France (environ 265) sont plus ou moins localisées, on distingue une faune marine (guillemots, fou, pétrel), une faune montagnarde (accenteur alpin chocard, niverolle), une faune aquatique d'eau douce (hérons, canards, martin-pêcheur) et une faune méditerranéenne (glaréole, guêpier), pour les catégories les mieux délimitées. Le nombre des espèces présentes sur chaque continent reflète les richesses et les diversités de leurs milieux naturels. À cet égard, le plus riche est l'Amérique du Sud, où l'on en a recensé 3 000. L'Afrique en compte 1 481 et l'Europe 580 (y compris les espèces accidentelles non nicheuses). Cette situation n'est pas statique, certaines espèces étendent leur aire de répartition et colonisent des régions où elles étaient inconnues auparavant. LES POPULATIONS Une population d'oiseaux est l'ensemble des membres d'une espèce qui vivent sur une surface donnée. Pour des espèces de petite taille, elle se chiffre par millions d’individus dans certains cas. Les effectifs d’une population se régulent avec la reproduction et la mortalité due à la prédation, à des parasites, à des maladies, au climat, à l'épuisement au cours des migrations, aux accidents (collisions avec les automobiles, les avions, les phares, câbles, antennes de télévision), à divers empoisonnements (pesticides, mazout) ou à l'action directe de l'Homme qui chasse certaines espèces et influe sur les autres par les modifications parfois radicales qu'il impose à leur habitat (création de barrages, assèchement d'étangs, abattage de forêts). À l'échelon local, la limitation du nombre s'effectue aussi, naturellement, du fait de l'instinct territorial. Le degré de sociabilité des oiseaux varie selon les espèces et les saisons. Certains oiseaux mènent une existence solitaire quelle que soit la saison (le rouge-gorge). Des espèces se regroupent seulement au printemps et en été, d'autres sont sociables toute l'année ; à la mauvaise saison ou à l'époque des nids, elles se reproduisent en colonies. Il existe chez ces espèces une hiérarchie sociale ayant l'avantage de limiter les querelles entre voisins. L’ANATOMIE Le corps Le squelette de l'oiseau possède toutes les caractéristiques d'un squelette de vertébré. Il a cependant des différences importantes pour permettre le vol. En effet, la plupart des os d'un

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oiseau sont creux. L'oiseau est ainsi moins lourd. Mais à l'intérieur des os, des entretoises assurent un maximum de solidité. La musculature est concentrée sur la face inférieure du corps (les muscles du dos sont très minces). Le bec Formé de deux ou plusieurs lames cornées qui entourent les maxillaires, le bec a une forme très variable selon le régime alimentaire : court et largement fendu chez l’hirondelles, apte à la capture des insectes en vol, très mince et allongé chez l'avocette, crochus chez les rapaces, ou large et aplati chez les canards. La coloration du bec peut varier selon le sexe ou la saison. Les pattes Les oiseaux sont digitigrades. Ils marchent en appuyant seulement les doigts de leurs membres postérieurs au sol. Ces membres peuvent être courts ou très longs. Les griffes sont particulièrement allongées, robustes et recourbées chez les grands Rapaces ou au contraire aplaties comme des ongles (grèbes). Normalement, trois doigts sont tournés vers l'avant et un vers l’arrière. De nombreux oiseaux ont les doigts reliés par une peau palmure, dont la surface est plus ou moins importante. La forme de leurs pattes renseigne sur leur mode de vie. Les oiseaux qui explorent l'eau peu profonde ont des pattes très allongées (flamants, hérons). Les espèces au genre de vie aérien (hirondelles, colibris) ont des pattes extrêmement courtes, ainsi que celles qui grimpent sur les arbres (pics). Le système nerveux et les sens Les oiseaux ont des hémisphères cérébraux et un cervelet très développés. Deux sens sont perfectionnés, la vue et l'ouïe, les autres ayant un rôle secondaire. L'œil a la même structure d'ensemble que celui des Mammifères. Leur vision est colorée (du moins chez les espèces diurnes), très précise, car l'œil est grand pour la taille de l'oiseau, et plus rapide et plus panoramique que celle de l'homme. Hiboux et chouettes sont myopes et leur vision est atténuée à la lumière solaire. Comparée à l'oreille humaine, l’ouïe des oiseaux est plus simple. Ils n'ont, par exemple, pas de pavillon externe (sauf chez les rapaces diurnes). L'ouïe est particulièrement fine chez les rapaces nocturnes, qui se servent surtout de ce sens pour repérer leurs proies dans l'obscurité. L’odorat des oiseaux est peu développé, sans toutefois être absolument nul. Les organes du toucher existent sur le bec, la langue, dans la cavité buccale et sur les pattes. Certains semblent être des récepteurs sensibles aux vibrations. Le métabolisme et l’appareil respiratoire Le métabolisme des oiseaux est beaucoup plus élevé que chez la plupart des vertébrés, ce qui explique la grande dimension de leur cœur. Le nombre de contractions cardiaques par minute s'élève des oiseaux purement terrestres et volumineux (autruche : 140) aux petites espèces (mésanges : de 800 à 1 000). Leur température interne reste assez constante, en moyenne de 40 à 41° C et atteint 43,5° C au maximum. En hiver, ils ébouriffent leurs plumes et emprisonnent ainsi de l'air qui diminue fortement les pertes caloriques. La période la plus critique est la nuit, où ils ne peuvent se nourrir. À l'inverse, en été, les oiseaux évitent toute élévation excessive de leur température en appliquant les plumes contre le corps et en ouvrant le bec pour augmenter la quantité d'air qui circule dans l'appareil respiratoire. Leurs poumons sont, à l’inverse du cœur, beaucoup plus petits que chez les autres vertébrés, mais leur appareil respiratoire est complexe et très efficace. Leur corps possède une multitude de petites poches : les sacs aériens. L'air circule dans ce système de sacs reliés les uns aux autres à la manière du sang dans l'appareil circulatoire humain. Les poumons sont situés de telle façon que l'air les traverse de façon continue et ne dépend pas des mouvements

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d'inspiration et d'expiration. L'apport d'oxygène dans le sang est par conséquent ininterrompu. Voilà pourquoi il ne leurs est pas nécessaire d’avoir de gros poumons. L’appareil digestif Il comprend la cavité buccale, avec la langue et les glandes salivaires, l'œsophage, l'estomac, l'intestin et les glandes annexes. La langue a une forme variable selon les groupes et le régime alimentaire. Ainsi, les oiseaux qui mangent du nectar et de petits insectes ont une langue très longue, divisée en deux ou quatre lanières parfois enroulées sur elles-mêmes pour former un tube et terminées par des poils fins qui jouent le rôle de brosse. À l'opposé, les pélicans ont une langue minuscule (1 cm) au rôle des plus réduits, car ces oiseaux avalent leurs proies tout entières. L'œsophage est un tube mou qui présente parfois un renflement plus ou moins accentué, le jabot. Il sert de réservoir pour la nourriture et, chez les pigeons et tourterelles, produit le " lait de pigeon ", aliment des petits durant leurs premiers jours. L'estomac est divisé en deux parties : l'estomac glandulaire, qui contient des glandes digestives dont la sécrétion imprègne les aliments avant qu'ils ne subissent un broyage mécanique dans le gésier ou estomac musculaire. Ce dernier a des parois très épaisses et garnies de lames cornées chez les oiseaux qui mangent des graines. L'intestin aboutit au cloaque où débouchent également les conduits urinaires et sexuels. Le cloaque communique avec l'extérieur par l'anus. Les oiseaux ont un foie très volumineux, un pancréas, mais la vésicule biliaire n'existe pas toujours. Les reins, qui filtrent les impuretés charriées par le sang, sont volumineux et situés contre la colonne vertébrale dans l’abdomen. L'urine, très concentrée, a l'aspect d'une pâte blanche. Il n'y a pas de vessie (sauf chez l'autruche). Les organes génitaux Il existe deux testicules chez l'oiseau mâle, mais un seul ovaire, le gauche, chez l'oiseau femelle (l'ovaire droit est atrophié et non fonctionnel). Les testicules, à peine visibles en dehors de l'époque de reproduction, augmentent fortement de volume à son approche (de 200 à 300 fois) et produisent les spermatozoïdes. La reproduction n'est possible que si l'Oiseau a atteint la maturité sexuelle à l'âge d'un an au moins (majorité des petits Passereaux) ou au bout de plusieurs années (goéland argenté). Extérieurement, le sexe de l'oiseau est souvent reconnaissable par la taille, la coloration, l'existence de plumes ornementales. Les mâles ont très généralement un plumage plus coloré que les femelles, mais il y a de nombreuses exceptions (chez les mouettes, les deux sexes sont identiques). L’ALIMENTATION La taille et la forme des pattes et du bec d'un oiseau sont révélatrices de son régime alimentaire et de la manière dont il se nourrit. La variété des régimes alimentaires est très grande chez les oiseaux, mais les vrais sténophages (qui se nourrissent d'une seule catégorie d’aliment) sont rares. Les principaux régimes alimentaires sont : granivore (perdrix), insectivore (coucou gris), carnivore (aigles), piscivore (cormorans), omnivore (corneille noire), charognard (vautours), frugivore (certains pigeons tropicaux). Leur digestion est rapide. Une fois achevée, les résidus sont rejetés dans le gros intestin. Chez certains oiseaux, les éléments indigestes ne traversent pas le tube digestif et sont rejetés alors qu'ils se trouvent encore dans le gésier. L'oiseau les crache sous forme de boulettes appelées " pelotes de réjection " dans lesquelles peuvent se trouver des os, des poils, des

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arêtes, des fragments de coquilles. L'examen de ces boulettes a permis de mieux connaître le régime alimentaire des hiboux, chouettes, pies-grièches, hérons... LES PLUMES Les oiseaux sont les seuls êtres à avoir des plumes. Légères, souples et robustes, elles sont indispensables au vol, mais remplissent également d'autres fonctions importantes comme celle de maintenir la température interne. Une plume est faite de kératine, substance que l'on retrouve dans les cheveux et dans les ongles humains. L'axe central de la plume (le rachis) présente deux séries latérales de barbes dont l'arrangement rappelle un peigne. Chaque barbe porte une série de petites structures identiques, les barbules. Ces éléments sont maintenus ensemble grâce à une myriade de minuscules crochets qui agrafent les barbules entre elles. Les oiseaux passent une grande partie de leur temps à entretenir et à réparer leurs plumes. Avec leur bec, ils rattachent les petits crochets et nettoient leurs plumes afin de les rendre imperméables. LE PLUMAGE Le plumage est l’ensemble des plumes qui recouvrent le corps des oiseaux. Celles-ci ne poussent qu'en des zones déterminées de la peau appelées ptérylies. Les parties dépourvues de plumes sont appelées aptéries. L'agencement des plumes détermine le coloris de l'oiseau. Deux sortes de plumes se distinguent. Les plumes de couverture enveloppent le corps, délimitent son contour et maintiennent sa température interne. Les pennes permettent aux oiseaux de voler. Plus longues et plus robustes, elles sont moins incurvées et présentent un profil aérodynamique. Les oiseaux sont également pourvus de semi plumes et de duvet formant une couche à la fois protectrice et isolante. Le nombre de plumes varie généralement selon la grosseur du corps. Un colibri porte environ 1 000 plumes et un cygne 25 000 plumes. Le plumage contribue pour une grande part au poids de l'oiseau. LA MUE Bien que l'oiseau prenne grand soin de son plumage, il est inévitable que les plumes finissent par s'abîmer. Tous les oiseaux muent donc au moins une fois par an. Le temps pour effectuer une mue varie en fonction des saisons, de l'âge de l'oiseau et de son état général. Le début du cycle de plumages de l'oiseau adulte coïncide le plus souvent avec la première reproduction. Ce cycle se reproduira pendant le reste de sa vie. On discerne chez la plupart des espèces d'oiseaux deux mues annuelles : l'une hivernale, ou prénuptiale, et l'autre estivale, ou postnuptiale. Phénomène complexe, la mue se fait en 2 étapes : l'oiseau se dépouille d'abord de ses plumes usées puis il commence le processus de renouvellement. La mue est complète lorsque toutes les vieilles plumes sont tombées et que toutes les nouvelles ont poussé. Toutefois, les mues sont souvent interrompues ou se chevauchent. Une mue requiert d’importantes ressources d'énergie. L’oiseau doit fournir à son organisme une quantité suffisante de protéines pour régénérer environ le tiers de sa masse corporelle.

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LE VOL La dimension et la forme des ailes et de la queue des oiseaux sont adaptées à leur mode de vie. Elles déterminent la puissance de l'envol, la force de propulsion et la maniabilité : des ailes étroites, en forme de flèche, leur assurent une performance exceptionnelle en plein vol, de grandes ailes et une longue queue leur donnent puissance d'accélération et agilité. On distingue 3 types principaux de vols : le vol sur place (colibri, faucon crécerelle ...), le vol battu (canards, passereaux gallinacés ...), et le vol plané (pétrels , mouettes, goélands , rapaces et autres oiseaux de grande taille). LA MIGRATION Les oiseaux dits sédentaires restent dans le même habitat toute leur vie. Mais la moitié des espèces environ partagent leur temps entre deux endroits géographiques différents et migrent à intervalles réguliers. Une pénurie saisonnière de nourriture est généralement le signe du départ. Dans les pays à climat tempéré, la nourriture, abondante en été et à l'automne, a tendance à se raréfier en hiver et au printemps. De plus, les journées étant plus courtes, les oiseaux ont moins de temps pour en trouver. Les oiseaux migrateurs font preuve d'un prodigieux sens de l'orientation. Ils voyagent par étapes ou font le trajet sans interruption parfois sur d'incroyables distances (jusqu'à 1500 km par jour sans escale). Si la plupart des oiseaux voyagent seuls, certains migrent en troupes composées d'une ou plusieurs espèces. La migration en groupes offre plusieurs avantages, dont une protection accrue contre les prédateurs. LE CHANT Les oiseaux, contrairement aux mammifères, ne possèdent pas de cordes vocales. Ils sont néanmoins pourvus d'un organe de phonation spécialisé, situé à la base de la trachée, le syrinx. Les émissions vocales des oiseaux sont de deux sortes : les cris ou appels et les chants. En général, les chants sont réservés aux préludes amoureux, et les cris servent aux autres communications vocales. De nombreux comportements s'accompagnent de cris distinctifs, courts et relativement simples. Ce sont généralement les mâles qui ont l'apanage du chant : ils chantent surtout au cours des rituels prénuptiaux ou pour marquer leur territoire. Chaque espèce a un chant spécifique. Pour certaines le répertoire est inné, tandis que d'autres l'acquièrent en imitant leurs parents. Une population peut alors développer son propre dialecte, comme cela existe chez l'homme. Les chants varient aussi à mesure que progresse la saison des amours. Quelques rares espèces comme les cigognes, ne chantent jamais. LES PARADES ET LA FORMATION DES COUPLES Au fil de leur évolution, les oiseaux ont développé certains comportements pour pouvoir communiquer entre eux. Le chant reste sûrement le plus important, mais il existe aussi toute une panoplie de signaux visuels, notamment le langage du plumage et ses variations. Les motifs et les coloris attrayants des oiseaux sont des moyens de communication significatifs. Ils s'accompagnent parfois d’attributs ou de comportements particuliers, parfois curieux. Ces attributs se retrouvent sur les parties les plus visibles de l'oiseau : tête, cou, poitrine, ailes ou queue. La parure la plus impressionnante est la longue traîne aux couleurs

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chatoyantes que déploie le paon mâle pour sa parade nuptiale. La plupart des parades surtout les plus sophistiquées, ont une signification sexuelle : l'oiseau tente de séduire un partenaire. L'initiative revient le plus souvent au mâle et, bien qu'il y ait des exceptions, c'est lui qui arbore le plumage le plus coloré et fait étalage de ses attributs. Selon les circonstances, il adopte un comportement particulier : pour souhaiter la bienvenue, menacer ou manifester sa soumission. La rencontre des partenaires et leur choix mutuel sont favorisés par les parades nuptiales, dans un ensemble d'attitudes (mouvements du corps, des ailes vol acrobatique, fréquemment accompagnés de cris, chants ou autres émissions sonores) qui sont prises par le mâle seul, ou avec la femelle. Elles contribuent à stimuler leur activité sexuelle, à éloigner les concurrents et à signaler l'occupation du territoire par le couple. Beaucoup d’oiseaux sont territoriaux à l'approche de la période de reproduction. Le choix d'un territoire, pour leur survie et celle de leur progéniture, dépend des ressources alimentaires qu'il renferme, de la sécurité qu'il offre et des possibilités d'y aménager un nid. Les femelles sont sensibles à la qualité du territoire que leur propose un futur partenaire. Le mâle dont le territoire offre les meilleurs avantages attirera un grand nombre de partenaires éventuelles. Le combat pour le territoire peut faire partie du cérémonial de séduction. Ce cérémonial donne lieu à différentes démonstrations, dont la plus répandue est le don de nourriture. Le mâle conquiert ainsi la partenaire convoitée, qui de son côté s'assure qu'elle disposera de provisions suffisantes pour la nidification et l'incubation. Certains oiseaux sont fidèles leur vie durant ; d'autres changent de partenaire chaque saison. Certaines espèces ne connaissent pas la " vie de couple " ; le mâle s'accouple avec plusieurs femelles et ne participe pas à l'élevage des petits. Le nid Pour de très nombreuses espèces, le nid est un abri dans lequel sont pondus les œufs et élevés les petits. Il est bien plus élaboré chez les oiseaux dont les jeunes sont nidicoles puisque ceux-ci resteront jusqu'à ce qu'ils soient emplumés et à peu près capables de se déplacer par eux-mêmes. Les oiseaux dont les poussins sont nidifuges ne font qu'un nid rudimentaire. Parfois il n'y a pas de nid du tout (faucons). Les plus évolués font des nids souvent remarquables par leur complexité ou leurs diversités. Les matériaux utilisés pour la confection du nid vont des matières végétales (fibres, feuilles, tiges, écorces, graines, branches) à celles d'origine animale (crins, laine, morceaux de peau, os) en passant par les déchets de l'industrie humaine (papiers, chiffons) et les minéraux (cailloux, carapaces de Mollusques). Les oiseaux nichent isolément (rouge-gorge) ou en colonies (corbeau freux). La ponte, l’incubation et l’éclosion Les oiseaux nichent toujours à l'époque la plus favorable, où les aliments seront le plus nombreux et le plus aisément accessibles une fois les jeunes éclos. Presque tous les oiseaux n'ont qu'une seule saison de reproduction par an (au cours de cette période, ils peuvent pondre une ou plusieurs fois). Les œufs sont pondus dans l'intervalle de vingt-quatre heures, parfois davantage. La ponte n'a généralement lieu qu'à un moment déterminé de la journée. Le nombre d'œufs pondus est relativement constant chez certaines espèces : un (manchot empereur), deux (pigeons), trois (sternes), quatre (pluviers). Ces œufs sont constitués d’une coquille blanche ou colorée par des pigments formée de sels minéraux déposés dans la partie inférieure de l’oviducte. Les plus petits œufs sont ceux de quelques colibris (1 cm de long ; un tiers de gramme) et les plus gros

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sont, chez les oiseaux vivants, ceux de l'autruche (longueur : 15 cm ; largeur : 12 cm ; poids de 900 à 1 450 g). L'incubation (réchauffement de l'œuf indispensable à la croissance de l’embryon) est réalisée par le contact de la paroi abdominale de l'oiseau couveur avec la ou les coquilles. D'une façon générale, les oiseaux couveurs (femelle, mâle, parfois les deux) ont une ou plusieurs " plaques incubatrices ", zones de peau où les plumes tombent sous l'influence d'une hormone. Ainsi l'oiseau peut-il transmettre aisément sa chaleur corporelle aux œufs. Les plaques incubatrices manquent chez certains oiseaux (fous) qui couvent avec les palmures de leurs pattes. L'incubation a une durée minimale de 10 jours (quelques espèces) et maximale de 81 jours (albatros royal). Deux groupes d'oiseaux ne couvent pas leurs œufs : ce sont les parasites (le coucou et quelques Passereaux, et les mégapodes qui édifient des monticules de matières végétales dont la fermentation dégage la chaleur nécessaire au développement des œufs qui y sont enfouis). À l'issue de l'incubation, le jeune oiseau éclôt, soit nu (ou presque), aveugle (ou non), incapable de survivre sans l'intervention de ses parents (on l'appelle dans ce cas oisillon ou nidicole), soit couvert de duvet capable de marcher ou de nager, l'œil ouvert (c'est un poussin ou nidifuge). L’OISEAU POETIQUE Dans les bois Au printemps l'Oiseau naît et chante : N'avez-vous pas ouï sa voix ? ... Elle est pure, simple et touchante, La voix de l'Oiseau - dans les bois ! Puis quand vient l'automne brumeuse, Il se tait... avant les temps froids. Hélas ! qu'elle doit être heureuse La mort de l'Oiseau - dans les bois !

Gérard de Nerval Poésie et Souvenirs

Sources : www.oiseaux.net ; Damien Thiebault

L'été, l'Oiseau cherche l'Oiselle ; Il aime - et n'aime qu'une fois ! Qu'il est doux, paisible et fidèle, Le nid de l'Oiseau - dans les bois !

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PROTOCOLE D’ELEVAGE DE PSITTACIDES Maxime BONNELLE Parc Zoologique de la Barben, F-13330 La BARBEN INTRODUCTION Beaucoup de personnes adoptent des psittacidés comme animal de compagnie, hors il est important de connaître leur mode de vie afin d'optimiser leur maintenance en captivité. Pour ce faire, j'ai choisi de différencier deux types d'élevages qui influenceront sur le choix des oiseaux, de dire comment former un couple et leur sexage. Je vais également vous parler de leur habitat, de leur alimentation et brièvement de leur reproduction. Pour exemple je m'appuierai sur le Gris du Gabon (Psittacus erithacus erithacus), car c'est un oiseau de taille raisonnable, souvent rencontré en captivité. La maintenance de ces oiseaux ne sera pas la même suivant ce que l’on attend d’eux. C'est-à-dire que les contacts seront plus ou moins fréquents si l’on veut en faire des oiseaux familiers ou des reproducteurs. La nourriture sera différente, elle sera ciblée pour le bien de l’animal. LE CHOIX DES ANIMAUX Pour une personne qui aurait envie de reproduire ses oiseaux, je conseillerai d’acquérir des oiseaux élevés par leurs parents, qui n’auraient presque pas eu de contact humain à la naissance, cela facilitera pour les oiseaux, le choix d’un partenaire. La plupart des oiseaux imprégnés ne reconnaissent pas leurs congénères comme étant de leur espèce. Pour constituer un couple sain, il faut savoir que chez de nombreux perroquets le choix du partenaire se fait au plus jeune âge et qu'ils restent fidèles toute leur vie. L'idéal est de mettre les oiseaux en groupe et d'observer la formation des couples. Ainsi un oiseau isolé va chercher un partenaire et tenter des approches vers celui qui lui convient. S'il n'est pas repoussé par des coups de becs significatifs, il continuera de s'approcher de plus en plus jusqu'à effleurer les ailes ou le bec du prétendant et le couple sera bientôt formé. A partir de ce moment là, ils feront toutes leurs activités ensemble : dormir, recherche de nourriture, toilettage, etc. Ils s'influencent en tout. En liberté le perroquet trouve toujours un partenaire de sexe opposé, ce qui n'est pas le cas en captivité où parfois il n'y a que des perroquets de même sexe. Dans ce dernier cas, l'un des deux va rapidement prendre le rôle et le comportement du sexe opposé.

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LE SEXAGE DES OISEAUX Pour être sur d’avoir un couple, proprement parlant, le mieux serait de les faire sexer. Pour cela plusieurs solutions sont possibles. Le sexage par palpation Il faut être particulièrement expert pour sexer les oiseaux, en palpant les os pelviens situés dans la région du cloaque. Chez la femelle, ils sont évidemment plus écartés pour permettre le passage des œufs. Il existe aujourd'hui deux méthodes plus fiables : le sexage par endoscopique et le sexage par ADN. Le sexage par endoscopie Il s'agit d'observer les organes sexuels à l'intérieur du corps de l'oiseau. Cette intervention est pratiquée sous anesthésie générale par un vétérinaire qui endort l'oiseau grâce à un gaz spécial et bien au point. Il incise ensuite légèrement la paroi abdominale pour y introduire une fine sonde lumineuse à l'intérieur du corps. Dans le cas d'un mâle, les deux testicules sont repérés au-dessus des reins de façon extrêmement nette et sans ambiguïté. Dans le cas d'une femelle, l'ovaire unique est plus flou à la vision mais reste identifiable. Le sexage par ADN Il est extrêmement simple, puisqu'il se fait à partir de quelques gouttes de sang ou à partir de 2-3 plumes impérativement retirées à l'oiseau (ne pas se servir des plumes tombées naturellement). Il n'y a pratiquement pas de stress sauf au moment de lui enlever les plumes : c'est la raison pour laquelle il est préférable de le faire quand l’oiseau est jeune. La méthode est sûre à 100 % et le délai de réponse est court. C’est la solution que je préconise, car elle demande très peu de manipulations. L’ACCLIMATATION Ensuite pour la personne qui souhaiterait avoir un oiseau familier, je l’inciterais à le prendre jeune et élevé à la main. Très tôt, il est essentiel pour le jeune perroquet d’avoir une bonne socialisation et à la base, c’est le propriétaire qui a le devoir de pourvoir à son éducation. Le bébé nourri à la main doit apprendre à devenir un bon oiseau de compagnie et s’adapter à l’environnement humain. Le jeune doit développer son identité et pour ce faire, il a besoin d’un environnement stimulant et d'une vie sociale riche. S’il n’est pas habitué aux déplacements dès son jeune âge, il pourra développer des périodes de stress lorsque des changements brutaux se produiront au long de sa vie. Une éducation attentive et beaucoup d’aventures sécuritaires font une énorme différence sur le développement émotionnel et psychologique du jeune perroquet. Voici quelques comportements qui seraient bien d’avoir avec le jeune perroquet : - Prendre du temps pour éduquer, caresser, jouer et stimuler l’oiseau en dehors des heures de nourrissage. - Encourager la curiosité de l’oiseau en lui faisant vivre des aventures, en lui proposant des

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changements sécuritaires. Le nourrir à des endroits différents. Lui présenter une grande variété de nourriture. Lui faire explorer son territoire. Lui montrer à jouer en lui présentant des jouets et en jouant avec lui.. Le faire manipuler par différentes personnes. Lui parler beaucoup pour le stimuler au langage humain. Prendre le temps de commencer son éducation de base (viens, ne mords pas, doucement, reconnaître son nom, goûte, etc.), lentement et surtout patiemment. - Les perroquets sont des animaux très intelligents et qui ont besoin de direction. Il ne faut pas prendre pour acquis qu’un oiseau nourri à la main par les humains sera garant d’un bon perroquet de compagnie. C’est au propriétaire de prendre au sérieux l’éducation de l’oiseau, c’est à ce moment précis que le caractère de l’animal sera modelé. L’HABITAT DU PERROQUET Pour un couple de gris en phase de reproduction, il est nécessaire que la volière soit à l’extérieur dans un endroit calme et peu fréquenté. La cage doit être assez spacieuse, c’est à dire au moins trois mètres carrés pour une hauteur de quatre mètres. Ces oiseaux n’ont pas de mal à s’acclimater au climat de chez nous, cependant la volière doit être ombragée pour les chaleurs de l’été, et il doit y avoir un abri pour les intempéries et surtout contre le gel en hiver. Le couple doit disposer de branches solides (les résineux sont à éviter) qu’ils pourront se servir comme perchoir et se faire le bec ; d’un nid fermé sur le dessus, (un tronc d’arbre creux, environ 45 cm de hauteur et 30 cm de circonférence) et de différents matériaux pour qu’ils puissent composer le fond (copeaux, fines branches, feuilles, morceaux de tissus etc..). Cependant je dispose moi-même un tapis de copeaux au fond du nid, la sciure étant à éviter à cause de la poussière. Il est préférable de distribuer la nourriture en hauteur et d’accès facile pour vous, afin de déranger au minimum le couple. La nourriture ne doit pas être non plus trop proche du nid. Les perroquets aiment faire leurs toilettes, ainsi une gamelle d’eau assez grande (30 cm de diamètre) peut être disposée sur le sol. Il est possible de leur donner régulièrement des branches d’arbres fraîches avec leurs feuilles pour les divertir. Le perroquet de compagnie devra disposer d’une cage à l’intérieur de la maison. Les dimensions minimales de la cage sont en relation directe avec la taille de l'oiseau. Il doit pourvoir battre des ailes en toute tranquillité et sa queue ne doit pas frotter aux parois. Le perroquet est un oiseau grimpeur, veillez à lui offrir une cage dont les barreaux sont horizontaux : il escaladera avec plus de facilité... Un modèle vendu en animalerie avec ouverture sur le dessus (environ 1 m de large, 50 cm de profondeur et 2 m de hauteur) est tout à fait adapté pour l’oiseau de type Psittacus erihtacus. N'hésitez pas à lui construire une aire de jeu à l'extérieur de sa cage sur laquelle il aura tout le loisir de faire des acrobaties et de l'exercice. Le meilleur endroit pour mettre la cage est dans la pièce la plus fréquentée de la maison, à l'exclusion de la cuisine à cause des vapeurs de graisse. Placez sa cage dans un endroit clair et peu encombré, pas trop près de la fenêtre (attention aux courants d’air) mais avec vue au travers. Evitez cependant que sa cage soit sur le passage ce qui peut être source de stress pour lui et mettez la sur un socle stable ou une table pour qu'elle ne risque pas de tomber. Le fait d'adosser la cage à un mur donnera à votre perroquet un sentiment de sécurité. La hauteur idéale de la cage permet à l'oiseau de vous regarder dans les yeux : s'il est installé trop bas, ce sera source d'anxiété pour lui. Les perroquets proviennent presque exclusivement de zones où l'humidité atmosphérique est élevée. C'est elle qui donne cet effet cireux à leurs plumes et les fait briller. L'air desséché de nos appartements et les conditions climatiques radicalement différentes sont à l'origine de leur plumage terne. Cela peut aller jusqu'à

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des démangeaisons dues à la sécheresse. Il est donc nécessaire de ne pas les installer trop près d'un radiateur et de veiller à ce que l'air ambiant soit assez humide : n'hésitez pas à lui proposer une baignoire ou à le pulvériser régulièrement. L'important concernant l'emplacement de la cage est de choisir un endroit sans courant d'air et avec des variations de température raisonnable. Pour la nourriture, veillez à ce que les gamelles (en inox) soit bien maintenues, sinon l’affreux aura vite fait de les prendre dans son bec et de tout renverser par terre, c’est un jeu comme un autre. Apportez-lui régulièrement des nouveaux jouets pour qu’il ne s’ennuie pas.

L’ALIMENTATION Pour la majorité des becs crochus, la nourriture est constituée de graines, de graines germées, de fruits et légumes frais à l’exception des Loridés qui ont une alimentation très particulière. Les semences les plus communément utilisées sont les graines de tournesol, le blé, le maïs, l'avoine, le riz, le chanvre, le lin, la nigelle, le colza, le panic, le millet et l'alpiste. Un grainetier ou un magasin d’alimentation diététique peuvent fournir ce type de graines. Bien sur des mélanges sont déjà constitués dans le commerce. Plusieurs compositions de graines sont disponibles, le mélange perroquet qui sera adapté pour ce type d’espèce : Aras, gris du Gabon, Amazones, Cacatoès, Eclectus, grand Vasa, etc… Le mélange grande perruche pour ce genre d’espèce : Inséparable, Pennant, omnicolores, barabans etc… Et le mélange perruche pour ceux-ci : Perruche Ondulée, Bourke, Perruches souris, Perruches Catherine etc. En ce qui concernent les fruits, il suffit qu'ils soient frais, bien murs et si possible avec une pulpe non aigre, ce qui laisse une grande variété de choix : pommes, poires, bananes, cerises, kiwis, pêches, abricots, etc. Les fruits secs sont aussi très appréciés : arachides, noix, noisettes, amandes, figues sèches, dattes... Les légumes sont eux aussi riches en vitamines et oligo-éléments et permettent de donner une alimentation variée : certaines salades (chicorées, laitues ou endives), carottes, choux, brocolis, branches de céleris, concombre etc… On donnera à nos amis les perroquets des graines germées, celles habituellement données, mais aussi avoine, froment, lentilles, millet, graines de cresson, raifort, luzerne, moutarde et lin. Dans ce cas, il est inutile de lui adjoindre un complément vitaminé. Et à l’occasion, on peut leur donner des fruits rouges de type mûres, framboises, fraises, myrtilles. Attention d'enlever tous les soirs le reste des graines germées, car elles développent rapidement des champignons. De plus et en fonction de leurs besoins, on leur administrera des compléments en vitamines et minéraux. Beaucoup de perroquets, surtout élevés en solitaire, reçoivent une nourriture trop peu variée, composée essentiellement de graines du commerce et d'un quartier de pommes, ce qui est à l'origine de carences en vitamines et de maladie du foie.

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Le tableau ci-dessous vous aidera à équilibrer les repas de votre compagnon à plumes. Vitamine A Liposoluble

Nécessaire à la croissance, à la vue nocturne,

légumes verts et jaunes : choux, chicorée, carottes, fruits frais.

Vitamine D Liposoluble

Intervient dans la formation des os, le métabolisme du calcium et du phosphore, nécessaire à l'absorption du calcium.

huile de foie de morue, huile de saumon, jaune d'œuf

Vitamine E Liposoluble

Protège les tissus de l'oxydation huiles végétales, graines et céréales, germe de blé, laitue.

Vitamine B1 Participe à la dégradation des hydrates de carbones, influence la fonction cardiaque et les nerfs.

Céréales de grains entiers, levure, œufs.

Vitamine B2 Hydrosoluble

Nécessaire au métabolisme cellulaire et à la transformation des aliments en énergie. influence la production hormonale

Céréales et graines, œufs, légumes verts, levure.

Vitamine B6 Hydrosoluble

Présente dans la formation des globules rouges et des anticorps.

Céréales et graines, levure, germe de blé, bananes, légumes.

Vitamine H, Hydrosoluble

Nécessaire au métabolisme des hydrates de carbones, des protéines et des graisses

Jaune d'œuf, légumes verts.

Vitamine C Hydrosoluble

Participe à la synthèse du tissu conjonctif, des hormones et à la cicatrisation.

Agrumes, baies, chou, pommes de terre, légumes frais, tomates, kiwis, cassis.

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Apportés par l'alimentation, les sels minéraux et oligo-éléments sont également des éléments indispensables. En voici les principaux Calcium Composant des os, participe à

la synthèse et à la libération des neurotransmetteurs

Les amandes, noix, noisettes, les fruits secs (figues, dattes) pissenlit, cresson, soja en grains, gravier, os de seiche, coquille d'huîtres ou d'œufs broyés

Chrome Intervient dans le métabolisme et dans la production d'énergie

Levure de bière, huiles végétales, céréales, graines.

Iode Régulateur du fonctionnement thyroïdien

ananas, légumes verts.

Fer Essentiel à la vie, il est à la base de l'hémoglobine, véhicule l'oxygène des cellules.

Ortie, jaune d'œuf, lentilles, amandes, abricots, cresson, noisettes, huîtres, céréales complètes.

Magnésium Constituant des os, mais son action est plus cellulaire, il intervient dans les réactions énergétiques

Flocons d'avoine, légumes verts, fruits secs (noix, noisettes, cacahuètes)

Manganèse Intervient dans la croissance osseuse, et la souplesse des cartilages. Anti allergique universel.

céréales complètes, ananas, légumineux, amandes, bananes.

Potassium Intervient dans l'équilibre acido-basique, il régule la teneur cellulaire en eau, transmet l'influx nerveux aux muscles.

Bananes, légumes frais et secs, fruits frais, champignons.

Sélénium Anti oxydant puissant surtout en synergie avec Vit C, E et A.

Levure de bière, ail, oignons, chou, céréales, ananas.

Zinc Entre dans plus de 100 fonctions enzymatiques, c'est un indispensable.

Coquille d'huîtres, cresson, céréales, champignons, noix, brocolis, oignons, jaune d'œuf.

Suivant les espèces d’oiseaux que vous possédez, certains apprécieront des insectes vivants tels que : sauterelles, blattes, grillons, vers de farine etc… De plus ils permettront un apport important en protéines. Important : n'oubliez pas l'eau fraîche qui doit être renouvelée chaque jour.

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Veillez à donner une nourriture riche en calcium, pour le couple reproducteur, sachant qu’elle servira à la calcification des œufs et la bonne formation osseuse des futurs oisillons. Il est important que tous les repas soit consistants et riches en choix afin de subvenir au besoin des bébés. Il n’est pas rare de voir chez les oisillons des déformations osseuses dues à la négligence du nourrissage. En ce qui concerne les Loris et Loriquets, ils ont des exigences alimentaires radicalement opposées aux groupes précédents. Ne pas tenir compte de leurs spécificités, entraînerait à terme des carences majeures. C'est la raison pour laquelle ils auront quotidiennement une pâtée de la consistance d'un yaourt obtenue en mélangeant trois morceaux de fruits de saison, une portion de miel, une portion de viande hachée et précuite, une portion de céréales réduites en poudre (riz et maïs), une cuillerée d'huile de foie de morue et si possible un peu de pollen. Des pâtées pré conditionnées existent dans le commerce et sont spécifiques à l'alimentation des Loridés. En outre, au printemps, ils raffoleront de petites branches fleuries pleines de bourgeons. Attention : Des aliments peuvent être toxiques comme l’avocat, la rhubarbe, le persil ou le chocolat qui contient de la caféine ou encore le laurier rose. D’autres sont déconseillés comme les produits laitiers, les oiseaux n’étant pas aptes à les digérer, les pépins qui contiennent un dérivé de cyanure ou les produits alcoolisés (contrairement à ce que le perroquet pourrait vous faire croire). LA REPRODUCTION Les femelles âgées de moins de sept ans ne se reproduisent pas alors que les mâles peuvent se reproduire à partir de deux ou trois ans. Comme je disais plus haut, les couples se forment pour la vie. Former un couple est une opération assez difficile. Votre choix n’est peut être pas celui de votre perroquet. L’idéal serait de laisser se former un couple dans un groupe de plusieurs individus. S’il vous est possible, installez plusieurs nids à des endroits et hauteurs différentes pour qu’ils puissent choisir eux même celui qui leur conviendra. Les Gris du Gabon se reproduisent peu importe la saison. La femelle pont environ trois ou quatre œufs et c'est elle qui les couve alors que le mâle vient la nourrir dans le nid. Elle quitte le nid que le matin ou tard le soir pour aller boire et déféquer. L’incubation dure environ 30 jours. Quand les bébés viennent au monde, les huit premiers jours, c’est la femelle qui nourri les bébés. En fait le mâle lui, nourri la femelle qui elle, ira ensuite nourrir ses petits. Ensuite les deux parents nourrissent leurs petits. A deux mois et demi, les jeunes Gris sont bien emplumés. Au fil des jours les jeunes deviennent de plus en plus bruyants. Certains commencent à jeter un coup d’œil à l’extérieur. Les jeunes sont sevrés vers le troisième mois ou quand les jeunes rentrent en compétition avec leurs parents pour la nourriture. Nourrir les jeunes à la main, demande de la disponibilité et de la patience, car le nourrissage commence vers six heures, toutes les deux heures, jusqu'à vingt deux heures mais fera des oiseaux apprivoisés. Vous aurez alors besoin d'une nurserie qui reproduira la chaleur et l'humidité du nid. Même dans un cadre artificiel, en respectant cette hygiène de vie, vos animaux pourront s'intégrer à votre environnement. Ce mode de vie permettra une éventuelle reproduction. Gardons à l'esprit qu'il est de notre devoir d'apporter les soins nécessaires à nos animaux captifs, leur bien-être s'en trouvera amélioré.

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ALIMENTATION DES OISEAUX SOUS FORME D’EXTRUDES : INTERETS ET LIMITES Julie FOUCART Société Saint-Laurent, Z.A. du Bouillon, F-79400 La Chapelle Saint Laurent

INTRODUCTION - Les enjeux de l’alimentation en captivité Tous les oiseaux, quels qu’ils soient, maintenus en captivité, requièrent l’apport d’une alimentation équilibrée, nécessaire pour leur bien-être et leur survie. Nous savons désormais que les erreurs nutritionnelles sont un frein considérable au bon déroulement de programmes de reproduction mis en œuvre, compte tenu de leur impact sur la mortalité, les pathologies et la fertilité de ces animaux. Ces dernières années, de nombreux progrès ont été réalisés dans la compréhension des besoins nutritionnels de ces oiseaux et les recommandations pour leur alimentation ont évolué. Il est notamment apparu qu’une alimentation basée sur des mélanges de graines n’était pas forcément la plus adaptée et serait à l’origine des problèmes de malnutrition rencontrés. Face à ce constat, une nouvelle gamme de produits alimentaires a vu le jour : les aliments industriels composés complets sous forme d’extrudés. Bien que ces produits aient été développés il y a plus d’une vingtaine d’années aux Etats-Unis, ils ont fait leur apparition beaucoup plus récemment en France. La question qui se pose est alors la suivante : quel intérêt y-a-t-il à substituer un aliment traditionnel par un aliment industriel ? Y-a-t-il des désavantages sous-jacents ? Nous tâcherons d’apporter ici des éléments de réponse à ces questions.

RAPPELS : SYSTEME DIGESTIF & REGIMES ALIMENTAIRES DES OISEAUX La variété des régimes alimentaires est très grande chez les oiseaux : granivore, insectivore, carnivore, frugivore, nectarivore, piscivore, omnivore, charognard. Les vrais sténophages (= qui ne se nourrit que d'une seule catégorie d'aliments (exemple : hirondelles et martinets mangeant uniquement des invertébrés aériens)) sont rares. L’appareil digestif des oiseaux peut être décrit comme suit. Nous présentons ici les parties principales de leur anatomie digestive en tachant d’apporter des précisions quant à leur fonction, et des exemples illustrant des adaptations à des régimes alimentaires spécifiques. Le bec permet aux oiseaux de saisir les aliments, de décortiquer une graine, de déchiqueter une proie, de briser la coque d’une noix, etc. La cavité buccale comprend la langue et les glandes salivaires. Dès ce niveau de nombreuses adaptations au régime alimentaire s’observent. Par exemple, chez les nectarivores de la famille des Loriinae, la langue est extensible et pourvue de papilles allongées en forme de poils de brosse. Cela leur permet de récolter aisément le pollen des fleurs ainsi que d’augmenter la surface de contact et de favoriser l’aspiration du nectar par capillarité. Le bec s’adapte également à la structure des fleurs : il est fin (contrairement aux granivores : large bec puissant), allongé et recourbé.

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L’œsophage présente parfois un renflement plus ou moins accentué, le jabot. Il s’agit de la première poche digestive. Les aliments y subissent un premier ramollissement. Il sert également de réservoir à la nourriture ingérée. Ce jabot permet notamment aux oiseaux d'avaler rapidement leur repas et de le régurgiter plus tard pour nourrir leurs petits ou pour alléger leur poids lorsqu’il faut fuir un danger. Chez les pigeons et les tourterelles, le jabot possède deux petits appendices arrondis qui, à l'époque de l'incubation, sécrètent une matière caséeuse, « le lait de pigeon », destinée à nourrir les jeunes pendant les premiers jours de leur existence. L’estomac où s’effectue la digestion à proprement parler, est divisé en deux parties : - le proventricule (ou estomac glandulaire ou ventricule succenturié) contenant des glandes digestives et muqueuses, dont la sécrétion imprègne les aliments, - le gésier (ou estomac musculaire) : les aliments y subissent un broyage mécanique. Les oiseaux étant dépourvus de dents, ils doivent broyer leurs aliments après les avoir avalés. Ils possèdent donc ce gésier, dont la paroi musculaire puissante compresse la nourriture. Chez les granivores, ces parois musculaires sont renforcées par des lames cornées qui aident au broyage des grains et des noyaux. Certains oiseaux avalent même de petites pierres (particules minérales insolubles) qui s'arrêtent dans le gésier et y font office de meules, érodant la surface des graines afin de les rendre directement attaquables par les enzymes digestives. On appelle cela du grit. On ne retrouve pas ce grit chez les oiseaux décortiquant préalablement l’enveloppe fibreuse de leurs graines L’intestin où se poursuit la digestion. Il aboutit au cloaque où débouchent également les conduits urinaires et sexuels. Le cloaque communique avec l'extérieur par l'anus. Les glandes annexes UTILISATION D’EXTRUDES DANS L’ALIMNETATION D’OISEAUX CAPTIFS Qu’est-ce que l’extrusion ? Le but est d’élaborer un aliment formulé complet, offrant simultanément tous les nutriments dont l’oiseau a besoin, dans des proportions adéquates, dont la qualité sanitaire est contrôlée, et directement prêt à être consommé.

Les premières étapes de fabrication sont les suivantes : Broyage des matières premières préalablement pré-mélangées, réduites ainsi en fines particules dont la granulométrie est contrôlée Tamisage du produit pour une sélection des particules de dimension appropriée Homogénéisation : les matières premières réduites en particules sont introduites uniformément dans un mélangeur. Ceci permet la production d’un mélange homogène. Cette homogénéité doit se maintenir dans le temps et dans l’espace. En effet, l’animal doit pouvoir bénéficier de tous les éléments nécessaires à chaque prise alimentaire. Pressage : L'extrusion est un procédé technologique de traitement hydrothermique des matières premières. « Extruder » signifie littéralement « pousser dehors. Le produit est en

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effet forcé à s’écouler à travers un orifice de petite dimension, encore appelé filière, sous l’action de pressions élevées, grâce à la rotation d’une ou plusieurs vis d’Archimède. La haute pression obtenue est de 40 à 120 bars. Une partie de cette énergie mécanique est convertie en chaleur. Le produit préalablement humidifié est alors porté à très haute température (environ 150° C) et soumis ainsi à une cuisson très brève. C’est pour cela qu’on parle de cuisson-extrusion. L’eau contenue dans le produit avant la filière se vaporise instantanément à la sortie du système, créant une structure alvéolée, de faible densité. A la sortie de l’extrudeur, les produits contiennent en moyenne entre 16% et 25% d’humidité. Ils doivent généralement subir un séchage afin de diminuer le taux d’humidité. L’aliment est ensuite refroidi. Au final, les extrudés secs sont enrobés par une suspension d’arômes, d’autolysats, de vitamines liposolubles dans de la graisse chaude. Ils peuvent aussi être enrobés par des solutions sucrées mélangées à des arômes. Cette dernière étape est capitale car elle détermine l’appétence du produit via son odeur, son goût et sa couleur. L’extrusion permet l’obtention de produits d’une très haute cohésion offrant une grande résistance à l’écrasement (dureté), à l’abrasion et aux chocs (friabilité) et au délitement en milieu liquide. Il est à noter que la section de la filière peut être de différente forme et de différent diamètre permettant la production d’extrudés de géométrie et taille variable. Par comparaison, les aliments granulés (en anglais = « pellets ») sont fabriqués par compression sous de plus basses températures. Intérêt des extrudés Ce nouveau mode d’alimentation des oiseaux se heurte encore à un important scepticisme de la part des éleveurs. Mais il convient d’insister sur le fait que le recours à ce type d’aliment offre un très grand nombre d’avantages que nous tenterons de mettre ici en lumière. Une alimentation équilibrée

Lorsque vient le moment de nourrir son ou ses oiseaux, il est important de bien comprendre les principes de base déterminant les avantages et désavantages des différents aliments et leur rôle dans l'apport en vitamines, minéraux, protéines et matières grasses. En effet, de nombreux problèmes de santé rencontrés chez les oiseaux sont dus à une alimentation mal équilibrée par la personne en charge de la préparation des repas. Il est apparu que les oiseaux (notamment les oiseaux exotiques) nourris avec des mélanges de graines sont victimes de nombreuses pathologies alimentaires. Ces mélanges sont souvent déséquilibrés au point de vue composition. Les troubles rencontrés (obésité, paralysie, hypocalcémie, goitre, abcès, mauvais plumage, mal de ponte, mortalité embryonnaire, diminution de résistance aux maladies, etc.) sont essentiellement dus à une teneur inadéquate en vitamines, minéraux (calcium, phosphore, sodium, etc.) et oligo-éléments (iode, manganèse, sélénium, etc.) et à un apport insuffisant en acides aminés essentiels (lysine,

méthionine, etc.). C'est pourtant avec ces acides aminés que l'organisme reconstitue les matières protéiques dont il a besoin. Il est vrai que de nombreuses marques ont tenté de palier à ce problème. Certains mélanges de graines sont ainsi saupoudrés de compléments en vitamines et minéraux. Néanmoins, comme l’enveloppe de la graine est souvent retirée par l’oiseau, l’ingestion de ce complément est faible et peu efficace.

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Certains éleveurs tentent alors de rééquilibrer l’apport nutritionnel en accompagnant les graines d’un assortiment de fruits. Cependant, il ne faut pas oublier que les valeurs nutritionnelles données pour les mélanges de graines sont souvent relatives à la graine entière. Or lorsque les oiseaux décortiquent ces graines, il est difficile de savoir l’apport nutritionnel de ce que l’animal avale réellement. Par conséquent, les rations alimentaires constituées de graines et fruits sont souvent déséquilibrées. Par ailleurs, dans ces cas d’alimentation par mélange de graines, l’ajout de compléments vitaminés et de minéraux, notamment dans l’eau de boisson, ne serait être entièrement satisfaisant. En effet, dans l'eau, certaines vitamines sont très vite détruites par la lumière et les supports de ces mélanges sont une source de nourriture pour les germes, altérant ainsi la qualité de l'eau. En outre, certaines études ont démontré que l’ajout d’édulcorants dans l’eau de boisson a un impact négatif sur la consommation des perruches. Par conséquent des vitamines dans cette eau pourraient avoir un effet répulsif sur l’animal. On peut toutefois apporter les vitamines en les incorporant dans des pâtées, fruits ou légumes. Néanmoins, la quantité absorbée par chaque oiseau est impossible à contrôler, pouvant induire des carences ou, à l’inverse, des excès tout aussi nocifs pour l’animal. Enfin, il ne faut pas oublier que les oiseaux ont grandement tendance à avoir recours à un tri sélectif de leurs graines. Ils privilégient alors les plus oléagineuses (c'est-à-dire riches en graisse) (exemple : tournesol, arachide), au dépend de graines plus maigres. Ceci conduit à de graves carences et à des problèmes de poids (avec des conséquences dramatiques telles que des problèmes cardiovasculaires). Face à ce constat de malnutrition, des aliments industriels de type extrudés se sont développés. Ils se sont révélés d’un intérêt considérable car ils permettent de proposer des aliments complets contenant tous les nutriments nécessaires, dans des proportions optimales, couvrant ainsi tous les besoins nutritionnels de l’animal. Le pourcentage de matière grasse est alors plus bas que dans des régimes où les graines oléagineuses sont majoritairement consommées. Il est vrai que la chaleur du procédé d’extrusion induit une destruction relativement importante des arômes naturels, vitamines et provitamines. La structure de certaines protéines peut aussi être modifiée. Mais les fabricants rééquilibrent les ingrédients détruits avec des éléments de synthèse. Ces extrudés sont ainsi le plus souvent supplémentés en minéraux et vitamines, avec incorporation d’acides aminés et acides gras essentiels. Les extrudés pour Perroquets et Perruches contiennent en plus un supplément en iode afin de prévenir les affections de la glande thyroïde, si fréquentes chez ces oiseaux. Grâce à ce procédé de fabrication, il est possible de proposer une gamme d’extrudés adaptée : - à chaque stade de la vie de l’animal : oiseaux adultes (entretien), oiseaux en pleine croissance, oiseau en période de reproduction (les aliments d’élevage ont une plus grande teneur en protéines, vitamines et acides aminés permettant de soutenir ces oiseaux de la reproduction jusqu’au nourrissage des jeunes). Ainsi, à partir des mêmes matières premières il est possible d’obtenir des aliments de formules analytiques variables et ajustées. - à la taille de l’oiseau et de son bec. En outre, on sait que les oiseaux ont tendance à trier leurs graines selon leur préférence pour certaines couleurs ou certains parfums. Certaines marques commercialisent alors des extrudés ayant différentes couleurs. Cela permet à l'oiseau réalisant un tri sélectif d'avoir tout de même une alimentation parfaitement équilibrée.

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Un certain nombre d’études comparatives apportent désormais la preuve qu’une alimentation par extrudés permet une amélioration de la santé des oiseaux, une meilleure résistance aux maladies et un net bénéfice du point de vue de la reproduction. Cas particulier des oiseaux nectarivores Dans la nature, les oiseaux nectarivores se nourrissent de nectar, riche en sucre mais presque dépourvu de protéines. Pour cette raison, ces oiseaux ont toujours besoin en plus d’une source de protéines. La plupart des nectarivores ingèrent des insectes vivants comme apport protéinique. En revanche, les loris se nourrissent du pollen des fleurs pour subvenir à leurs besoins en protéines. Le pollen leur apporte aussi des vitamines (B et C notamment), est riche en potassium et phosphore et contient beaucoup d’acides aminés libres, en particulier de la proline. Les loris se nourrissent accessoirement de quelques fruits et parfois de graines ou d’insectes. Les oiseaux nectarivores captifs sont nourris à l’aide d’aliment liquide et sucré. Néanmoins, certains fabricants ont mis au point des extrudés spéciaux pour loris. Ces extrudés doivent être donnés en complément du régime principal et en aucun cas être utilisés comme base de l’alimentation. Mais pourquoi leur donner des extrudés ? L’aliment « nectar » fourni en captivité a une courte durée de vie. S’il n’est pas consommé rapidement, il doit être renouvelé. Il est donc impératif de nourrir les loris deux fois par jour. Si l’éleveur ne peut réaliser un deuxième service, les extrudés permettent d’assurer un apport nutritif suffisant pour ces oiseaux.

Aspect sanitaire

Outre l’intérêt nutritionnel, le recours à une alimentation sous forme d’extrudés joue un rôle non négligeable d’un point de vue sanitaire : L’extrusion (c'est-à-dire la haute température (+ de 150° C)) permet de détruire ou en tout cas réduire les germes (contenus dans un aliment cru normal), et les champignons pathogènes présents dans la nourriture. Ce procédé inhibe notamment l’action toxique des aflatoxines (= métabolites toxiques produites par des champignons ayant un effet nocif sur les animaux) pouvant être présentes dans les matières premières. Le risque d'infection de l’animal par l'alimentation est donc diminué. Néanmoins, en éliminant les bactéries potentiellement pathogènes, cette cuisson élimine aussi les bonnes, notamment celles utiles à la digestion. L’utilisation de graines et de fruits peut engendrer de graves problèmes d’hygiène : - les mélanges de graines hébergent souvent des parasites, et contiennent davantage de poussières que les aliments extrudés, - le sol de la cage est rapidement jonché d'enveloppes de graines, - les fruits pourrissent, etc. Ces débris alimentaires peuvent avoir tendance à attirer les nuisibles tels que les rongeurs, importants vecteurs de maladies. De plus, dans un souci d’exposition des animaux (zoos, etc.), ils peuvent avoir un aspect visuel négatif sur le visiteur. Les extrudés apportent ainsi une amélioration hygiénique considérable.

Enjeux économiques

Des personnes pourront rapidement objecter que l’utilisation d’une alimentation de type extrudé a un coût beaucoup plus important qu’une alimentation en graines et fruits. Il est cependant à noter un certain nombre de points allant à l’encontre d’une telle affirmation:

Digestibilité

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Il est vrai qu’à poids égal les aliments extrudés sont plus chers que les mélanges de graines. Toutefois, ce qu'il en coûte pour nourrir un oiseau ne doit pas être calculé en kilogramme de nourriture, mais plutôt en kilogramme d'énergie digestible. Les extrudés ont un taux de digestibilité plus important (en effet, le broyage et la cuisson des matières premières (et parfois l’ajout de probiotiques ou d’enzymes dans la formule) rendent la nourriture beaucoup plus digeste, entièrement assimilable - en outre, avec un taux d’humidité de moins de 15%, ces aliments comportent plus de 85% de matière directement utilisable). Par conséquent, la consommation est inférieure : pour un apport nutritif égal, une quantité moindre d’extrudés (~1/3 de moins) est nécessaire comparativement à une nutrition en graines, fruits, etc.

Pertes et gaspillage Les pertes d’aliments s’avèrent moins importantes dans le cas d’un nourrissage par extrudés : - Pour une certaine quantité de graines fournie à l’animal, si l’on retire les cosses ainsi que les graines non mangées, on se rend compte que la quantité réellement ingurgitée n’a pas un rapport prix/poids des plus intéressants. L’enveloppe représente en effet entre 18 et 69% du poids total de la graine. Une telle perte ne se retrouve pas pour les extrudés contenant presque exclusivement de la matière assimilable. - Grâce à l’extrusion, les aliments ont une très bonne tenue ; il y a donc moins de gaspillage. Dans certains cas, les oiseaux ont tendance à mettre les aliments extrudés dans l’eau, ceci pouvant engendrer une perte de tout ou partie de la nourriture, et une salissure de l’eau. Une des solutions pouvant être proposées pour remédier à ce problème consiste à éloigner l’abreuvoir de la mangeoire. En outre, un tel comportement de l’oiseau peut révéler que ce dernier préfère que ses extrudés soient ramollis. Par conséquent, humidifier au préalable les extrudés permettrait d’éviter que l’animal n’aille tremper son aliment dans son eau de boisson. - Le fait que les oiseaux ne puissent pas trier les composants permet de réduire le gâchis de nourriture. - Les extrudés ont une conservation plus longue et plus facile.

Compléments En alimentant les oiseaux avec des extrudés, il n’est pas nécessaire d’acheter des compléments vitaminés.

Commodité d’utilisation et gains de temps L’utilisation des extrudés offre un gain de temps important. Ils permettent : - de ne pas passer de temps trop important à préparer la ration alimentaire (création d’un mélange de graine, en faire germer certaines, équilibrer avec des fruits, etc.) - les extrudés ne nécessitent en effet aucune préparation. - un stockage aisé (endroit propre et sec) (un seul type d’aliment et non une multitude de matières premières, pas de nécessité d’une cuisine pour la préparation des aliments, de réfrigérateur, etc.) - de réduire l’insalubrité et donc le travail de nettoyage des cages / volières. Tout ceci induit de fait une réduction des coûts financiers.

Frais annexes Les oiseaux captifs nourris avec des extrudés ont une meilleure santé car ils ont à disposition une alimentation plus équilibrée. Par conséquent, les frais médicaux (vétérinaire, médicaments) seront moins importants que pour des oiseaux mangeant des mélanges de graines. En outre, ces animaux auront une durée de vie plus longue, une croissance optimale, une meilleure fertilité et un pourcentage d'éclosion plus élevé.

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Aspects comportementaux

Ce type d’aliments complets formulés se heurte encore à de nombreux opposants. Pour beaucoup c’est « contre-nature ». Cet argument est notamment avancé pour les oiseaux qui normalement décortiquent leurs graines en milieu naturel et à qui l’on donne un aliment entièrement et directement consommable en captivité. Cela peut paraître inadapté à leur physiologie et à leur comportement. En outre, il y a, selon certains, un risque que cela engendre une baisse de l’activité pouvant nuire à leur bien être. Néanmoins, il ne faut pas perdre de vue qu’avec des extrudés, les oiseaux doivent quand même passer du temps à manger leur aliment : ils le dépiautent en effet par petits morceaux. De plus, certaines marques commercialisent des mélanges d’extrudés ayant des goûts et des couleurs variables permettant tout de même à l’oiseau de faire un tri selon ses préférences. Par ailleurs, il est possible de donner quelques fruits et légumes en plus des extrudés. L’enrichissement de leur milieu de vie peut aussi se situer dans l’aménagement de la cage (branchages, os de seiche, jouets, etc.) afin de palier à tout ennui potentiel. Habituer les oiseaux aux extrudés Il est nécessaire de remplacer progressivement la nourriture habituelle par les extrudés afin d'éviter des problèmes de digestion et de stress. La quantité de nourriture habituelle peut être baissée selon le principe suivant : - Première semaine : 25% d’extrudés + 75% de nourriture habituelle - Deuxième semaine : 50% d’extrudés + 50% de nourriture habituelle - Troisième semaine : 75% d’extrudés + 25% de nourriture habituelle Il est essentiel que la quantité totale donnée soit limitée à la ration journalière habituelle. Beaucoup de propriétaires d’oiseaux ont baissé les bras face à la difficulté rencontrée pour accoutumer leurs oiseaux aux extrudés. Les échecs auxquels ils ont dû faire face sont en fait souvent le résultat d’une mauvaise estimation de la consommation alimentaire de leurs animaux, voire sont dus au fait que la ration de nourriture habituelle n’était pas diminuée. Par ailleurs, il est essentiel de faire preuve d’une grande persévérance. Pour une meilleure habituation, il est conseillé de mélanger les extrudés avec la nourriture habituelle. Il est important de ne pas modifier l’alimentation d’un animal en mauvaise condition physique, en période de mue ou de reproduction. Cette modification est en effet source de stress. De même, il est plus risqué d’effectuer cette transition en hiver. Avec la chute des températures, les besoins énergétiques augmentent et il peut être dangereux de prendre le risque que l’oiseau refuse son nouvel aliment. En période de transition il est capital de surveiller le poids de l’animal, son état général, ses fèces, etc. Les jeunes oiseaux s'habituent plus rapidement à une nouvelle alimentation. Il est donc indiqué de les familiariser, le plus tôt possible, avec une nourriture en extrudés. En outre, la conversion sera plus facile avec des oiseaux ayant l'habitude d'une alimentation variée. Une méthode très efficace pour convertir un oiseau difficile est de le placer avec un oiseau déjà habitué aux extrudés. Durant la période se situant entre l'éclosion et celle où les jeunes sont capables de se nourrir seuls, les parents mangent de préférence un aliment tendre. Les extrudés ramollissent dans le jabot, ils peuvent donc être donnés plus facilement aux oisillons. Par conséquent, la transition vers l'aliment en extrudés se fait aisément durant l'élevage. En outre, au moment du sevrage les jeunes oiseaux n'apprendront que lentement à décortiquer des graines. Parallèlement, les parents les nourriront de moins en moins. Si, à ce moment, les

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extrudés sont offerts aux jeunes, ils les prendront plus volontiers afin de satisfaire facilement leur faim. A la fin de la période d’adaptation, une alimentation composée à 100% d’extrudés peut être donnée. Néanmoins, il est possible de rajouter (même si ce n’est pas nécessaire) des fruits et légumes au régime à condition que ces ajouts ne dépassent pas 20% de la ration alimentaire totale afin d’éviter une perturbation de l’apport nutritif et de l’équilibre alimentaire. Ces fruits et légumes peuvent alors constituer une source d’eau intéressante surtout par temps chaud. Quoiqu’il en soit, les extrudés ne doivent pas être donnés ad libitum. En revanche, l’eau doit être fournie à volonté en raison d’une alimentation par des produits secs. NOUVELLE GAMME DE PRODUITS POUR LA SOCIETE SAINT-LAURENT Les tableaux ci-dessous vous permettront de découvrir les produits extrudés que la Société St Laurent - Division Top Duck est désormais en mesure de vous proposer. Avec cette nouvelle gamme alimentaire, nous espérons répondre ainsi à vos attentes, vos besoins et à ceux de vos oiseaux. Nous vous remercions par avance pour la confiance que vous nous accorderez et nous nous tenons à votre disposition pour tout renseignement complémentaire.

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Extrudés Kaytee

Désignation Réf. Conditionnement

Gamme "Original" croquettes brunes de forme identique

Extrudés Maintenance* - Perroquets

K57016 18,15 kg

Extrudés Reproduction* - Perroquets

K57017 18,15 kg

Gamme "Rainbow" croquettes de taille, de forme et de couleur variées

Extrudés Adolescence* - Perroquets

K57005 1,13 kg

Extrudés Maintenance - Perroquets

K57006 766 g

K57007 1,13 kg

K57008 9,07 kg

Extrudés Maintenance - Grands Perroquets

K57009 766 g

K57010 1,13 kg

K57011 9,07 kg

Extrudés Reproduction - Grands Perroquets

K57012 18,15 kg

Extrudés Maintenance - Perruches

K57000 397 g

K57001 11,35 kg

Extrudés Maintenance - Calopsittes

K57002 397 g

Extrudés Maintenance – Toucans (& Mainates religieux et autres becs fins)

K57004 1,13 kg

* Extrudés Maintenance : Pour oiseaux adultes en période de repos Extrudés Reproduction : Pour oiseaux adultes un peu avant et pendant la période d'élevage

Extrudés Adolescence : Pour jeunes perroquets du sevrage à la première mue

Extrudés Grain’Ailes

Désignation Réf. Conditionnement

Extrudés - Perroquets / Grandes Perruches - Extrudés de forme ronde et de couleurs variées

ALD010 1 kg

ALD009 10 kg

Extrudés - Perroquets / Grandes Perruches avec ajout de fruits secs ALD001 10 kg

Extrudés - Inséparables / Perruches / Calopsittes - Extrudés de petite taille et de couleurs variées

ALD011 1 kg

ALD003 10 kg

Extrudés - Canaris - Extrudés de petite taille et de couleurs variées

ALD012 1 kg

ALD005 10 kg

Extrudés - Mainates / Universel - Différentes couleurs (principalement marron)

ALD013 1 kg

ALD008 10 kg

Extrudés – Toucans, Calaos - Extrudés de forme ronde et de couleurs variées

ALD014 1 kg

ALD017 10 kg

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Les Grain’Ailes référencés ALD010, ALD009, ALD011 et ALD003 conviennent également aux Touracos et aux Pigeons Frugivores.

Extrudés Avi Plus

Désignation Réf. Conditionnement

Extrudés Frugivores Avi Plus - Aliment complet pour les oiseaux frugivores (Protéines : 18 %, Graisse : 7 %)

Parfumé au cassis

PA030 5 kg

Parfumé à l’orange

PA031 5 kg

Extrudés Lundi Extrudées flottantes combinant de façon optimale nutriments, vitamines et minéraux pour une composition équilibrée.

Hygiénique : pas de risque de contamination par mycose,

Garantie sans conservateur ni farine de mammifères,

Croquettes extrêmement fermes, résistantes aux intempéries, non poussiéreuses et économiques,

Temps de flottabilité important,

Contient du véritable sel marin et des algues spiruline pour un régime naturel.

Désignation Réf. Conditionnement

LUNDI Micro - Formulé de façon idéale pour la croissance de toutes les espèces. Les jeunes, juste éclos, l'absorbent spontanément. Distribuer sec et/ou à la surface d'un récipient rempli d'eau. Convient toute l'année aux limicoles. Protéines : 35 %

LUN01 15 kg

LUNDI Regular - Aliment d'entretien idéal pour les oiseaux aquatiques d'ornements (canards, oies, cygnes, grues, flamants …). Protéines : 20 %

LUN02 15 kg

LUNDI Regular avec Colorant - Idem LUN02 mais supplémenté en Canthaxanthine pour les flamants roses (à raison de 20 mg par kg).

LUN05 15 kg

LUNDI Premium - Nourriture de haute énergie pour tous les canards marins. Complément durant la mue Idéal pour tous les oiseaux d'eau en période de reproduction. Protéines : 30 %

LUN03 15 kg

LUNDI Premium avec Colorant - Idem LUN03 mais supplémenté en Canthaxanthine pour les flamants roses en période de reproduction

LUN06 15 kg

LUNDI Exquisit - Nourriture de base spécifique pour oiseaux marins exigeants (forte teneur en protéines : 35%), avec des algues spiruline de grande qualité pour un plumage

brillant et haut en couleur ainsi que pour une excellente condition des oiseaux.

LUN04 15 kg

LUNDI Ibis

- Aliment spécifique pour Ibis - Protéines : 45 %

Diamètre des croquettes : 5 mm LUN07 15 kg

Diamètre des croquettes : 8 mm LUN08 15 kg

LUNDI Frugivores - Aliment spécifique pour les Toucans, Calaos, Touracos, etc. LUN15 10 kg

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LA GENETIQUE AU SERVICE DE L’ELEVAGE DES OISEAUX Frédéric HERVE Genindexe, 6, rue des sports, F-17000 LA ROCHELLE

Pour les oiseaux, l'outil génétique est utilisé à plusieurs fins : - le sexage des espèces ne présentant pas de dimorphisme sexuel. - le dépistage de pathogènes. LE SEXAGE PAR ADN De nombreuses espèces d'oiseaux exotiques sont sexuellement monomorphes : les mâles et les femelles ne sont pas morphologiquement différentiables. Le sexage par ADN est un outil efficace destiné à aider les éleveurs d'oiseaux dans le choix de leurs reproducteurs. Cette méthode repose sur le fait que les mâles et les femelles possèdent des chromosomes sexuels différents. Le déterminisme du sexe chez les oiseaux est inversé par rapport à l'espèce humaine : c'est le chromosome sexuel femelle qui détermine le sexe de l'oiseau. En effet, les femelles possèdent un chromosome Z et un chromosome W (ZW) alors que les mâles possèdent deux chromosomes Z (ZZ). Concrètement, pour sexer un oiseau, Etape 1 : Envoi de plumes (courrier classique) arrachées à l'oiseau. Etape 2 : Réception des plumes et identification de chaque lot selon un codage interne. Etape 3 : Préparation à l'extraction d'ADN avec report du codage des plumes sur le matériel d'extraction. Etape 4 : Extraction d'ADN : découpe de la base de la plume pour isoler le bulbe de l'ADN. Etape 5 : Purification : isolation de l'ADN à tester par centrifugation (10 000 g) sur membrane de silicone. Etape 6 : Amplification par PCR fluorescente (Polymerase Chain Reaction) de la séquence d'ADN portant l'information sur la nature du sexe de l'animal. Afin de différencier les deux sexes, on va amplifier, sur les chromosomes sexuels, des fragments de tailles différentes. Chez les mâles, un fragment du chromosome Z mesurant 372 paires de base (Paires de base (pb) : unité de mesure de la taille des fragments) est amplifié. Pour les femelles, en plus de ce même fragment, on amplifie, sur le chromosome W cette fois, un fragment de 400 pb.

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Etape 7 : Lecture des résultats à l'aide d'un séquenceur. La fluorescence des fragments amplifiés est détectée par le séquenceur qui va les transformer en profils visibles à l'aide d'un logiciel adapté. Les mâles ont des produits de PCR de taille identique : le profil montre un seul pic à 372 pb

Les femelles présentent des produits de PCR de deux tailles différentes : le profil donne deux pics à 372 pb et 400 pb Etape 8 : Edition des comptes-rendus d'analyses. Etape 9 : Conservation de l'ADN à – 20° C pour la réalisation d'autres analyses. DEPISTAGE DES PATHOGENES Un exemple : La Maladie du Bec et de Plumes (PBFD) La maladie du bec et des plumes (Psittacine Beak and Feather Disease) est une maladie chronique qui se caractérise par une perte et une dystrophie des plumes, une déformation du bec et qui conduit à la mort de l'animal. L'agent responsable de la PBFD est un virus de la famille des Circoviridae. La maladie est fort probablement originaire d'Australie et a envahi les autres continents suite au commerce et à l'échange d'oiseaux. La maladie est présente en Australie, en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. La plupart des psittacidés sont sensibles au virus PBFD, toutefois les plus affectés sont les Cacatoès, les Gris du Gabon les Eclectus et les Inséparables. Les premiers signes cliniques sont l'apparition de plumes nécrotiques et mal formées. En général, la PBFD est une maladie du jeune oiseau (jusqu'à 3 ans) mais elle a été signalée chez des individus âgés de 20 ans, cliniquement sains auparavant. Le virus peut se transmettre de la mère aux petits (élevés par les parents) par inhalation ou ingestion de poussières de plumes ou de fèces infectées. Les particules virales présentes dans les

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poussières de plumes ou de fèces peuvent se transporter par les vêtements, les nids, les ustensiles, les filets et les courants d'air. Ces particules restent viables dans l'environnement pendant de long mois, bien après que l'oiseau infecté ait disparu. Beaucoup d'oiseaux infectés décèdent dans les 6 à 12 mois après l'apparition des signes cliniques, toutefois, certains oiseaux ont survécu 10 à 15 ans. La mort est souvent liée à des infections secondaires qu'elles soient bactériennes, virales ou parasitaires. DIAGNOSTIC La PBFD peut être suspectée chez n'importe quel oiseau présentant une perte progressive et un développement anormal des plumes. II est impossible cependant de déterminer si un individu est infecté par le virus au seul examen des plumes, d'autres maladies pouvant en effet provoquer une anomalie des plumes. N'importe quel agent qui affecte l'apport sanguin des plumes peut provoquer des anomalies semblables à celles observées en cas de PBFD; ces agents incluent des attaques virales ou bactériennes, la malnutrition, un traumatisme, une réaction hormonale et une réaction à certains traitements médicamenteux. A l'inverse, des oiseaux porteurs du virus peuvent présenter des plumes parfaitement normales. Auparavant, la méthode permettant de diagnostiquer la PBFD était la mise en évidence des particules virales dans les cellules du follicule et/ou de l'axe de plume. Ceci exige une biopsie chirurgicale de la plume affectée et de son follicule. Puisque le virus de PBFD n'affecte pas toutes les plumes en même temps, cet essai peut donner des résultats faussement négatifs si le tissu prélevé ne contient pas le virus. L'analyse de l'ADN par PCR, essai qui détecte la présence du virus PBFD dans le sang de l'oiseau, est la seule méthode efficace disponible pour détecter le virus de PBFD chez un oiseau avant que les lésions de plumes ne soient présentes. Cependant, un échantillon négatif ne prouve pas qu'un oiseau est exempt de virus parce qu'une période d'incubation allant jusqu'à 4 semaines peut être nécessaire pour que le virus puisse être détecté dans le sang. Quelques oiseaux infectés par le virus (test positif) peuvent ne jamais montrer de signes cliniques. Certains oiseaux infectés, alors testés positifs, combattent l'infection et peuvent donc être testés négatifs quelques semaines après un premier test positif. Par conséquent, il est recommandé de tester à nouveau (sans frais supplémentaires) n'importe quel oiseau positif au PBFD 90 jours après l'essai initial. Si le deuxième prélèvement est de nouveau positif, on peut considérer l'oiseau comme infecté de manière permanente et s'attendre à ce qu'il manifeste des signes cliniques. GENINDEXE met la génétique à disposition des éleveurs d'oiseaux mais également des éleveurs ovins, bovins, canins, félins, etc... Pour obtenir plus d'informations sur nos tests ADN, n'hésitez pas à nous contacter. GENINDEXE Tél. : +33 (0)5 46 30 69 66 – Fax. : +33 (0)5 46 30 69 68 Email : [email protected] – Site internet : www.genindexe.com

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LA MIGRATION DES OISEAUX Mickaël JARDIN LPO PACA, Rond point Beauregard, Villa La Paix, F-83400 HYERES LES PALMIERS

Le diaporama se développe en plusieurs parties qui permettent d’aborder, dans son ensemble, le phénomène de la migration des oiseaux. PRESENTATION DE LA LPO La LPO, Ligue pour la Protection des Oiseaux, est une association nationale ayant vu le jour en 1912 à l’initiative de quelques amoureux des oiseaux qui voulaient préserver de la disparition certaine une espèce d’oiseau marin devenu aujourd’hui notre emblème : le Macareux moine. Pour ses sites de nidification, cette espèce est aujourd’hui uniquement présente sur la réserve naturelle des sept îles, au large des côtes d’Armor, en Bretagne. Par la suite, un siège national fut créé à Rochefort, en Charente-Maritime. L’objet de l’association est l’étude et la protection des oiseaux ainsi que des écosystèmes qui leurs sont associés. L’engouement des naturalistes pour l’étude et la protection des oiseaux étant très important, un ensemble de délégations régionales, groupes et relais se sont mis en place au niveau national afin d’agir efficacement sur l’ensemble du territoire. La LPO a aussi pour mission d’accueillir et de sensibiliser le public à la connaissance et la protection des oiseaux. Au niveau national, la LPO compte 39 000 membres. La LPO PACA, dont le siège est basé à Hyères, dans le Var, est forte de 3 000 adhérents. La LPO est le représentant français de Birdlife internationale. LA MIGRATION On caractérise le phénomène migratoire comme étant une adaptabilité de certaines espèces à des facteurs biotiques (ex : ressources alimentaires) et abiotiques (ex : climatologie, météorologie) se modifiant à l’approche de l’hiver. En d’autres termes, on peut dire que la migration est un moyen de survie alimentaire pour des espèces qui ont un régime alimentaire très spécifique avec disparition totale de leurs ressources en période hivernale. Même si certaines ressources alimentaires (ex : les baies, les graines) sont disponibles en automne et en hiver, bon nombre d’espèces ont un régime alimentaire ne leur permettant de les exploiter.

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Les turdidés comme les grives consomment beaucoup de baies en automne et hiver, leur permettant de limiter leur déplacement alors que des oiseaux exclusivement insectivores sont obligés de déserter leur aire de nidification. La migration n’est pas le simple fait des oiseaux. La migration existe aussi sur terre (ex : migrations des gnous en Afrique, migrations des rennes…), dans l’eau (migration du saumon, du plancton, baleine…), dans l’air (ex : papillons monarques, vulcains, certaines libellules…). Suivant leur aptitude ou non à se déplacer, les oiseaux seront soit migrateurs, soit sédentaires. Le facteur déclenchant et prédominant dans le phénomène migratoire n’est pas, comme beaucoup le pensent, le froid ou la disparition des ressources alimentaires mais le photopériodisme décroissant c’est à dire la diminution de la durée du jour. La durée d’ensoleillement qui diminue engendre des modifications hormonales et physiologiques chez les espèces migratrices dès la fin de l’été. Ainsi, par exemple, beaucoup d’espèces effectuent une mue complète (les adultes essentiellement, les jeunes de l’année ayant déjà un plumage neuf) afin de disposer d’un plumage neuf et en parfaite état pour affronter les milliers de km à parcourir. Aussi, les migrateurs mangent le plus possible pour emmagasiner des réserves de graisse. Ces réserves de graisse sont le « carburant » des oiseaux migrateurs. Si bien qu’un petit oiseau comme le Rouge gorge qui pèse une quinzaine de grammes en période de nidification pourra doubler son poids dans les semaines précédant son départ. L’oxydation des réserves de graisse qui sont situées sous la peau, les muscles et dans l’abdomen permet l’hydratation des muscles pendant les déplacements. Par conséquent, la combustion de ces réserves oblige les oiseaux à effectuer régulièrement des haltes migratoires pour se reposer et surtout pour refaire le plein de nourriture (restauration des réserves de graisse). Les haltes migratoires sont d’autant plus importantes quand les oiseaux sont sur le point de traverser des milieux hostiles (ex : traversée de la méditerranée, traversée du Sahara). Enfin, des espèces pouvant être territoriales en période de nidification, retrouvent des comportements grégaires à l’approche du départ en migration. Les rassemblements sont observés chez beaucoup d’espèces et particulièrement chez les passereaux. On peut voir en cela une stratégie d’entraide pour faire effet de masse à l’approche d’un prédateur (faucon) (comme les bancs de poissons qui se resserrent à l’approche des dauphins par exemple). Aussi, les oiseaux peuvent se communiquer les meilleurs sites d’alimentation. LES DIFFERENTES CATEGORIES D’OISEAUX MIGRATEURS On peut établir 3 grandes catégories d’oiseaux migrateurs. Les migrateurs totaux ou trans-sahariens Comme leur nom l’indique, les migrateurs trans-sahariens sont des oiseaux qui traversent le Sahara. Se sont des migrateurs qui parcourent de grandes distances (au moins 2000 km) et ou

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100% des individus de l’espèce quittent la zone de nidification pour rejoindre une zone d’hivernage très éloignée. Certaines espèces peuvent aller jusqu’en Afrique australe. Les migrateurs trans-sahariens appelés aussi long-courriers sont des oiseaux ayant une spécificité alimentaire très stricte (unique et même nourriture toute l’année : pas d’adaptabilité alimentaire). Les migrateurs partiels Pour ces espèces qualifiées aussi de moyen-courriers, il y a un chevauchement entre les quartiers de nidification et les quartiers d’hivernage. Au sein d’une même espèce, certaines populations sont migratrices (celles situées les plus au nord) alors que d’autres sont sédentaires (climat tempéré relativement favorable toute l’année, ex : France), d’où cette qualification de « partiels ». Au plus loin, les migrateurs partiels vont jusqu’en Afrique du Nord. Les migrateurs partiels modifient leur régime alimentaire en fonction des saisons. Les migrateurs altitudinaux Il s’agit d’une petite quantité d’espèces vivant en haute montagne et qui descendent en moyenne montagne ou dans les vallées pour éviter les rigueurs du climat. Ces migrateurs parcourent quelques dizaines de Km (rarement plusieurs centaines). LES DIFFFERENTES TECHNIQUES DE VOL Il existe 3 grandes techniques de vol. Le vol plané Le vol plané est utilisé par les espèces de grande taille et ayant une surface alaire importante. Les rapaces et les cigognes sont des adeptes du vol plané. Ces oiseaux utilisent les courants ascendants appelés aussi ascendance thermique dans lesquels ils cerclent pour prendre de l’altitude. Arrivés en haut de l’ascendance, ils se laissent glisser en vol plané jusqu’à la prochaine ascendance ou ils recommenceront. Ces oiseaux peuvent donc parcourir des centaines de kilomètres sans battre des ailes. Ils sont des grands économiseurs d’énergie. Le vol battu Le vol battu est une stratégie diamétralement opposée au vol plané. Cette technique concerne les oiseaux de petite taille (exemple : les passereaux), qui ne possèdent pas de surface alaire importante. Pour avancer, ils n’ont autre solution que de battre des ailes en permanence. Ils utilisent donc une force musculaire qui nécessite de grande perte énergétique. Le vol en formation Le vol en formation concerne le plus souvent des oiseaux grégaires de grande taille (exemple : grues, cormorans). Il s’agit d’une stratégie à économie d’énergie dans la mesure ou les oiseaux prennent la forme d’un « V » pendant la migration. L’oiseau en tête de formation subit une forte prise au vent mais ceux placés dans son sillage bénéficient de son aspiration. Pendant que les oiseaux en tête de formation battent des ailes, les autres peuvent exécuter quelques plané. Les oiseaux de tête sont régulièrement relayés par ceux préalablement reposés.

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LES DIFFERENTS MOYENS D’ORIENTATION Les oiseaux migrateurs s’orientent avec plusieurs moyens. Ils n’utilisent pas une mais plusieurs méthodes pour s’orienter, le plus généralement : Repérage stellaire (soleil, lune) Repérage par les champs magnétiques terrestres Repérage par mémoire visuelle Pour 99 % des espèces migratrices, le comportement migratoire, le date de départ, le trajet à réaliser et la destination pour le site d’hivernage sont préétabli génétiquement (innés). Seules quelques espèces comme les grues, les oies, les bernaches, les cygnes acquièrent ces aptitudes par l’apprentissage. Les jeunes de l’année suivent pour leur premier voyage leurs parents ou d’autres adultes ayant l’expérience du trajet migratoire. Leur du chemin retour, au printemps suivant, ces jeunes oiseaux seront en mesure de revenir seuls par mémoire du chemin « aller », même si le plus souvent ils sont totalement autonomes dans leur deuxième année. LES MOYENS DE RECONNAISSANCES DES OISEAUX MIGRATEURS Il existe 2 principaux moyens de connaissance des oiseaux migrateurs Le baguage Autrefois, les plus grands scientifiques comme Buffon ne pouvaient imaginer et concevoir que certains oiseaux migraient. Par exemple, ils pensaient que le Rouge queue à front blanc se transformait en Rouge gorge à l’approche de l’hiver, que le Coucou devenait l’Epervier. Les hirondelles passaient l’hiver en s’envasant dans les marais. Par la suite, certains admettaient que les petits passereaux pouvaient partir en se cachant dans le plumage des grands oiseaux migrateurs. La technique du baguage des oiseaux a donc énormément fait avancer la connaissance. Le CRBPO, Centre de Recherche sur la Biologie des Populations d’Oiseaux, sous l’égide du Muséum d’histoires naturelles de Paris, coordonne et centralise l’ensemble des programmes de baguage au niveau national. Les bagueurs sont des personnes bénévoles, habilitées à le faire et détenant un matériel adapté pour la capture des oiseaux. La démarche consiste à capturer des oiseaux afin de les munir d’une bague adaptée à l’espèce sur laquelle figure un numéro unique. Le nom du muséum ayant délivré la bague est aussi inscrit (ex : 49873 Muséum Paris). Pour chaque capture, les bagueurs effectuent un ensemble d’observation et de relevé : espèce, âge, sexe, poids, état des réserves de graisse (adiposité), état du plumage, longueur de l’aile pliée… Toutes les informations sont notées par le bagueur et les informations retournent au muséum. L’objectif du baguage consiste surtout à effectuer des re-captures afin de contrôler les oiseaux bagués. Ainsi, il est possible de contrôler un oiseau à plusieurs milliers de kilomètre du lieu où on lui a posé la bague. Par exemple, des oiseaux bagués en Europe peuvent être capturés de nouveau quelques jours ou quelques semaines plus tard en Afrique. On peut donc connaître les vitesses moyennes de déplacement des espèces, les routes migratoires empruntées et les lieux

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d’hivernage de chaque espèce. Au niveau international, l’ensemble des muséums sont en mesure de s’échanger des informations de baguage. Le suivi des populations par l’observation A l’échelle nationale, il existe une trentaine de sites d’observation de la migration des oiseaux. Sur des points stratégiques pour l’observation des flux migratoires, les ornithologues se retrouvent pour scruter le ciel à l’aide de jumelles et de longues vues. Le suivi est scientifique et une présence quotidienne est assurée. L’objectif du suivi ornithologique est de déterminer pour chaque espèce migratrice : L’amplitude (ou période) migratoire : les dates extrêmes relevées lors du passage. Le pic ou « rush » de migration : journée(s) où le flux est maximal par espèce. Les effectifs des populations (dénombrement). La distribution horaire des flux (heures de passage). Les dates moyennes de départ des espèces migratrices.

Un suivi régulier sur plusieurs années permet, dans un premier temps, de caractériser la migration en calculant des moyennes sur ces critères. Sur le long terme, corrélée au suivi d’autres sites, l’étude peut montrer l’évolution des effectifs d’une espèce et son état de conservation, ainsi que d’éventuelles modifications dans les voies et/ou dans les dates de migration préférentielles. En région PACA, depuis 2001, la LPO PACA et son réseau d’observateurs animent chaque automne, avec l’aide du Conseil Général, le camp de migration du Fort de la Revère. Le site est basé sur le Parc Naturel Départemental de la Grande Corniche, sur les hauteurs d’Eze. Chaque automne, du 25 août au 12 novembre, un suivi quotidien permet de dénombrer entre 80 et 150 000 oiseaux migrateurs, avec environ 80 espèces différentes. Le site permet aussi d’accueil et de sensibiliser 2 000 visiteurs au phénomène de la migration des oiseaux. LES MENACES PESANT SUR LES MIGRATEURS Les oiseaux migrateurs rencontrent de multiples dangers tout au long de leur parcours : Destruction des milieux naturels pouvant servir d’escale, de repos, d’alimentation

pendant la migration. Braconnage et chasse. Lignes électriques sur les routes migratoires. Eoliennes sur les voies migratoires. Agriculture intensive. Intempéries, orage, vent. Désertification des sites d’hivernage. Prédateurs, …

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CONCLUSION Le phénomène de la migration des oiseaux est immuable. Les ornithologues et chercheurs ont beaucoup fait avancer la connaissance mais une part de mystère subsiste encore. De nos jours, la perte de biodiversité est plus forte que jamais à l’échelle planétaire. La destruction des milieux naturels au profit de l’urbanisme et de l’industrie est exponentielle. Si nous n’y prenons pas garde, nous risquons de perdre ce patrimoine commun qui constitue un pont vivant entre les peuples. Chaque citoyen est aujourd’hui en mesure de faire changer le cours des choses pour que chacun et les générations futures puissent encore s’émerveiller devant le spectacle de la migration des oiseaux. Vous pouvez aussi agir. Pour en savoir plus Faune et Nature « La migration des oiseaux sur le littoral méditerranéen », 88 p. LPO PACA Tél. : 04.94.12.79.52 [email protected] – Site internet : http://paca.lpo.fr

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LES OISEAUX DES ILES DE MARSEILLE : LE CAS DU GOELAND LEUCOPHEE Mehdi DOUAFLIA INTRODUCTION Le Goéland leucophée (Larus michahellis) est une espèce abondante sur les archipels marseillais. Le recensement des Goélands leucophées nicheurs nous permet d’évaluer l’évolution de cette espèce sur les archipels marseillais afin de savoir si sa population est en augmentation ou en diminution, en fonction des différents recensements réalisés ces dernières années. Le recensement des goélands est effectué tous les cinq ans sur les deux archipels (Riou et Frioul) afin de connaître le nombre de couples nicheurs présents sur les deux archipels. La méthode de comptage par secteur utilisée pour réaliser ce recensement est une étude à longs termes. Les premiers recensements ont eu lieu en 1923, et depuis 1995, des recensements exhaustifs sont réalisés tous les cinq ans. Ce suivi de la population de goéland nous permet de connaitre l’évolution des effectifs nicheurs des archipels marseillais. PRESENTATION GENERALE DES ILES DE MARSEILLE Structure de gestion L'Archipel de Riou fait partie du Site Classé des Calanques (Décret du 28 août 1975). Cette protection a été complétée par le décret du 27 décembre 1976 qui étend les limites du Site Classé des Calanques au Domaine Public Maritime sur une distance de 500 mètres au droit du site. Ainsi, en juillet 1992, l'ensemble de l'Archipel de Riou devient propriété du Conservatoire du Littoral. Situation géographique La cité phocéenne est riche d’un territoire insulaire constitué de deux archipels (figure 1)

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Figure 1 : Localisation des archipels Marseillais - L’Archipel du Frioul est constitué des îles de Pomègues et de Ratonneau (203 ha), reliées entre elles par la digue Berry, ainsi que du Tiboulen de Ratonneau et de l’île d’If (où se trouve le célèbre Château d’If) à l’ouest de la rade de Marseille. La ville de Marseille est propriétaire de l’archipel et confie la gestion de son patrimoine naturel au C.E.E.P. (convention 2003-2005). Elle en a fait pour partie un « Parc Maritime des îles du Frioul » (PMIF). Celui-ci a une superficie de 152,5 ha terrestre et 800 ha marins. - L’Archipel de Riou au sud, faisant face aux calanques de Marseille, est constitué des îles et îlots suivants : Tiboulen de Maïre (2,3 ha), Maïre (28 ha), Jarron et Jarre (21ha), Plane ou Calsereigne (15ha), le Petit Congloué (0,5ha), le Grand Congloué (2,3ha), les Impériaux (0,2ha), et Riou (90ha). Tableau 1 : Caractéristiques principales des îles de MarseillE

Nom de l'île

Surface (en ha)

Altitude maximum (en m)

Distance à la côte (en m)

Petit Congloué 0,5 30 3200 Grand Congloué 2,3 50 3500 Tiboulen de Maïre 2,5 47 750 Jarron 3 33 780 Château d'If 3,5 22 1450 Plane 15 22 2150 Jarre 18,5 57 800 Maïre 28 141 50 Pomègues 89 86 1800 Riou 90 191 3000 Ratonneau 95 74 1800

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Flore de l’Archipel de Riou C’est une végétation basse et rare, constituée de matorral bas. L’archipel donne au monde végétal une extrême diversité. Sur les 324 espèces de plantes répertoriées, 18 sont protégées par la loi dont 7 protégées au niveau national et 11 protégées au niveau régional. Cependant, la rareté de certaines espèces s’accorde avec leur vulnérabilité. L’essentiel des taxons recensés se structure autour de grands groupements. On distingue : - la végétation halophile caractérisée par Limonium pseudominutum (Petite saladelle) (Livre Rouge, Annexe IV), Crithmum maritimum (Crithme maritime), Thymelea tartonraira (Livre Rouge, Annexe IV), Coronilla valentina (Coronille de Valence) (Livre Rouge, Annexe IV), Camphorosma monspeliaca (Camphre de Montpellier), Inula crithmoides (Inule perce-pierre), Sueda vera (Soude ligneuse) et Frankenia hirsuta (Frankenia hirsute) ; - la végétation halo-résistante dominée par des espèces de garrigue littorale comme Teucrium polium (Germandrée purpurine), Astragalus tragacantha (Astragale de Marseille) (Livre Rouge, Annexe IV), Helicrysum stoechas (Immortelle) et Thymelea hirsuta (Thymélée hirsute) (Livre Rouge, Annexe IV), Senecio cineraria (Cinéraire maritime) ; - la végétation halo-nitrophile composée notamment de Lobularia maritima (Corbeille d’argent), Lavatera arborea (Lavatère arborescent) ; les buissons xérophytiques symbolisés par Pistacia lentiscus (Pistachier lentisque) et Rosmarinus officinalis (Romarin) ; - la végétation arborée : Pinus halepensis (Pin d’Alep), Quercus ilex (Chêne vert) et Ficus

carica (Figuier). La faune de l’archipel de Riou : Les mammifères Lapin de garenne : Oryctolagus cuniculus Rat noir : Rattus rattus Chèvre domestique : Capra aegagrus Molosse de cestoni : Tadarida teniotis

Les reptiles Lézard des murailles : Lacerta muralis Phyllodactyle d’Europe : Euleptes europaea Couleuvre girondine (Frioul) : Coronella girondica

Les rapaces diurnes Faucon pèlerin : Falco peregrinus Faucon crécerelle : Falco tinnunculus

Les rapaces nocturnes Grand duc d’Europe : Bubo bubo Chouette chevêche : Athene noctua

Les oiseaux littoraux et pélagiques Goéland leucophée : Larus michahellis Puffin cendré : Calonectris diomedea Puffin Yelkouan : Puffinus yelkouan Océanite tempête : Hydrobates pelagicus

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Goéland leucophée : Larus michahellis

Grand duc d’Europe : Bubo bubo

Puffin Yelkouan : Puffinus yelkouan

Cormoran huppé de Méditerranée : Phalacrocorax

aristotelis desmarestii Les Puffins cendré et yelkouan, et l’Océanite tempête font partie de la famille des procellariidés.

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L’archipel de Riou est un des rares sites abritant des colonies de reproduction de ces trois espèces. Ces espèces nichent uniquement sur les îles, dans des terriers, sous les blocs rocheux ou dans les failles, à l’abri des prédateurs aériens. Ils ne viennent à terre que la nuit et seulement pour les besoins de la reproduction. L’ensemble des 2 archipels sont de première importance pour la nidification des oiseaux marins pélagiques puisqu’ils abritent prés de 30% de la population française de Puffin cendrée, plus de 10% de la population de Puffin yelkouan et abritent la seule population française continentale connue de la sous espèces méditerranéenne d’Océanite tempête. Cormoran huppé de Méditerranée (Phalacrocorax aristotelis desmarestii) L’Archipel de Riou est le seul site de reproduction de France continentale ; l’espèce y niche depuis 1999. L’Avifaune nicheuse de l’Archipel de Riou Choucas des tours : Corvus monedula Fauvette mélanocéphale : Sylvia melanocephala Rougequeue noir : Phoenicurus ochruros Monticole bleu : Monticola solitarius Martinet à ventre blanc : Apus melba Martinet pâle : Apus pallidus

HISTORIQUE Le premier dénombrement d’une colonie de Goéland leucophée sur les îles de Marseille a était effectué au début du siècle dernier (1922, 1923), elle mentionnait alors une centaine de couples. Depuis, une véritable explosion démographique a eut lieu, particulièrement depuis les années 1970. La population nicheuse s’élevait à près de 12 000 couples en 2000 sur l’archipel de Riou, alors qu’elle était de 8 250 couples en 1995. Ce spectaculaire accroissement démographique est du au caractère anthropophile et à la grande plasticité écologique de l’espèce qui a su exploiter les ressources humaines mises à sa disposition par les décharges à ciel ouvert. L’abondance de ces ressources entraîne une diminution du taux de mortalité hivernale des cohortes les plus jeunes et un meilleur succès reproducteur. L’analyse des pelotes de réjections a mis en évidence une dominance d’éléments provenant des décharges d’ordures ménagères. Cette surpopulation de goélands entraîne des perturbations écologiques importantes sur l’Archipel de Riou, où les densités maximales sont de l’ordre de 133 couples par hectare ! LE CAS DU GOELAND LEUCOPHEE SUR L’ARCHIPEL DE RIOU Biologie et écologie du Goéland leucophée Le Goéland leucophée (Larus michaellis) appartient à la famille des Laridés qui regroupe entre autre les mouettes et les goélands. Cette espèce fait partie des grands goélands holarctiques, qui se caractérisent par une grande taille, une tête blanche, un bec jaune à tâche rouge au gonys (angle de la mandibule inférieur) en période de reproduction, une queue blanche et des ailes grises. Le Goéland leucophée est très proche du Goéland argenté (Larus argentatus), qui est présent sur la façade Nord Atlantique de l’Europe, ils se différencient par la couleur de leurs pattes. Chez le Goéland leucophée les pattes sont jaunes alors que chez le Goéland argenté elles sont couleur chaire.

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Le Goéland leucophée est une espèce grégaire et forme des colonies importantes. Les couples se forment dès la fin du mois d’octobre sur les colonies littorales et pondent dès la mi-mars et jusqu’à la mi-mai en Méditerranée. Problèmes causés par les goélands sur l’Archipel de Riou Cas de prédation Les cas de prédation sur certaines espèces d’oiseaux sont importants pendant la période de nidification du Goéland leucophée. En effet, les goélands doivent effectuer des recherches alimentaires plus poussées pour le nourrissage des jeunes. Les autres espèces d’oiseaux qui nichent aux mêmes périodes sur les îles peuvent être la proie des goélands qui s’attaquent aussi bien aux poussins qu’aux adultes. De plus, les espèces en halte migratoire sur le site à cette période, peuvent également être prédatées. Nitrification du sol La nitrification du milieu a des conséquences graves sur la végétation. Les Goélands sont la cause de cette nitrification par leurs excréments (fientes), qui vont transformer les composés organiques azotés dans le sol en nitrate. L’enrichissement des sols en nitrates et en phosphates par le biais des déjections provoque une prolifération des plantes rudérales et nitrophiles, au dépend de la flore indigène des îles et de la biodiversité en générale. METHODE Afin d’étudier l’évolution de la population nicheuse de Goéland leucophée, dont les archipels Marseillais abritent 75% de l’effectif en Région Provence Alpes Côte d’Azur, le CEEP organise tous les 5 ans, et ce depuis 1995, le recensement exhaustif des individus nicheurs sur l’ensemble des îles et îlots des archipels de Riou et du Frioul. Recensement L’intérêt d’une étude de comptage de goéland est de connaître le nombre de couples nicheur sur les archipels marseillais. Méthode de comptage des nids Suivant la localisation et la topographie, 3 méthodes sont utilisées : - le comptage à pied, nid par nid lorsque la totalité de la colonie est accessible, - le comptage à l’aide de jumelles d’un point haut pour les quelques colonies difficilement accessibles, - le comptage à l’aide de jumelles depuis une embarcation semi-rigide pour les sites non accessibles depuis la terre. Pour chaque île, plusieurs secteurs ont été délimités par des repères topographiques : versants, lignes de crêtes, sentiers, pistes, fonds de vallons, etc. Pour chaque secteur, un contrôle des comptages est réalisé pour permettre l’estimation de la proportion de nids non comptabilisés (taux d’oubli). Chaque compteur est muni d’une feuille de comptage sur laquelle il note tous les nids rencontrés ainsi que le nombre d’œufs qu’ils contiennent. Les poussins sont comptabilisés comme un œuf et signalés sur la fiche afin de pouvoir comparer les dates d’éclosion sur les différentes îles.

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Une feuille de comptage est utilisée pour un seul secteur ! L’effectif de Goéland leucophée étant important, le dénombrement doit se faire en déposant un marqueur dans chaque nid afin d’éviter les comptages multiples. Des pâtes de type « macaronis » sont déposées dans chaque nid pour indiquer qu’il a été comptabilisé. Contrôle et estimation du taux d’oubli Etant donné la difficulté d’effectuer un recensement exhaustif des effectifs des grandes colonies de Laridés, il convient d’affecter un facteur de correction aux décomptes. Ce facteur peut être obtenu en réalisant, le même jour, un second passage sur les colonies en notant le nombre de nids marqués au premier passage ou non marqués (c'est-à-dire non comptés). La formule pour calculer ce taux d’oubli est :

marqués nids de Nombremarquésnon nids de Nombre

oublid'Taux

Lors de l’analyse des résultats, le taux d’oubli pondère le nombre de nids comptés, afin de déterminer un nombre de nids estimés.

comptés nids de Nombre x doubliTaux comptés nids de Nombre estimés nids de Nombre

Déroulement du comptage Durant le recensement quinquennal, l’ensemble des îles des archipels du Frioul et de Riou, soit une quinzaine d’îles et îlots, est prospecté. Etant donné la situation des îles, et l’absence de navettes d’acheminement sur l’Archipel de Riou, la météo conditionne l’accessibilité aux sites, et donc le déroulement du recensement. L’équipe réalisant le recensement (une dizaine de personnes par jour) est alignée le long d’une des limites de zone afin de couvrir la largeur ou la longueur du secteur. Chaque personne est espacée d’une distance variable de 5 à 10 m selon la superficie. Lorsque un secteur présente une surface trop importante, il est divisé en plusieurs sous secteurs afin de faciliter la prospection et de minimiser les oublis. Le recensement est effectué en balayant la zone en zigzag tout en suivant un transect.

RESULTATS Limites Le nombre d’individus recensés est de manière générale toujours inférieur au nombre d’individus réels, car la période de ponte est étalée dans le temps et les nids peuvent disparaître. Le nombre de nids comptabilisé sera donc en deçà de la réalité. Résultats du comptage en 2005 et comparaison avec les années 1995 et 2000 De manière générale, on a constaté par rapport aux années précédentes que la population de Goéland leucophée est en augmentation sur les deux archipels. Néanmoins elle peut diminuer ou augmenter d’une île à l’autre. Sur l’Archipels de Riou, les résultats des prospections menées en 2005 montrent une augmentation des populations de plus de 50% entre les deux derniers recensements réalisés en 2000 et 2005. Dans le même laps de temps, l’Archipel du Frioul a lui connu une augmentation de sa population nicheuse de Goéland leucophée de 250%.

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Le graphique ci-dessous (graphique 1) schématise l’évolution des populations nicheuses des archipels marseillais depuis le début du siècle.

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2000

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1923 1949 1963 1980 1995 2000 2005

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Archipel Riou

Archipel Frioul

Graphique 1 : Evolution depuis le début de siècle de la population de Goéland leucophée nicheuse sur les Archipels Marseillais D’un point de vue global, on remarque que les secteurs à fortes densités en 2000 le sont restés en 2005. Les secteurs les plus favorables sont saturés, les jeunes couples de goéland ont donc été contraints de nicher sur des secteurs à plus faibles densités, moins propices à la nidification (terrain en pente, falaise rocheuse, proximité d’un sentier, etc.). L’espace occupé par la colonisation des goélands a donc encore augmenté. Par ailleurs, les îles de Plane et de Riou, premières îles à avoir été colonisées, semblent aujourd’hui totalement saturées. Les derniers secteurs à posséder une densité inférieure à 50 nids/hectare sont des zones de falaises, ou des secteurs ayant un relief très accidenté. Les observations faites sur les îles de Jarre-Jarron et de Maïre sont le prolongement de la colonisation. Sur Jarre-Jarron les secteurs dont la densité a augmenté sont localisés sur la façade Nord, tandis que sur Maïre les effectifs ont augmentés en face Sud, probablement du au fait de la saturation de la façade Nord. Cette saturation progressive des îles d’Est en Ouest correspond finalement aux différentes étapes de la colonisation du Goéland leucophée sur l’archipel. Notons enfin que la très forte densité de goélands nicheurs sur les îles de Marseille peut amener ces derniers à nicher en ville… PROPOSITION DE GESTION Le Goéland leucophée étant une espèce protégée, toute intervention avec cette espèce est soumise à une réglementation. Fermeture des décharges à ciel ouvert La fermeture des décharges à ciel ouvert (principales sources de nourriture) est une méthode efficace pour diminuer les effectifs reproducteurs. On peut donc espérer que la fermeture des décharges à ciel ouvert de l’agglomération marseillaise aura les mêmes effets que ce qui a été observé pour les populations de Goéland argenté en Atlantiques, c'est-à-dire : une augmentation de la mortalité des adultes et des jeunes se nourrissants dans les décharges ; une baisse des capacités reproductives des femelles et du succès de reproduction. Précisons enfin que les fermetures des décharges à ciel ouvert de Pierrefeu (83) en 1994 et de Brest (29) en 1988, ont provoqué des chutes d’environ 30% des effectifs de

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Goéland leucophée pour le Var et de Goéland argenté pour le Finistère, dans les premières années qui ont suivi. Stérilisation des œufs de goéland L’objectif principal de la stérilisation des œufs de goéland est de freiner le processus de dégradation de la flore locale et d’appauvrissement des habitats insulaires observés sur les colonies de Goéland leucophée, en limitant les apports en matière organique par la suppression de la phase d’élevage des jeunes. Principe Les sites de reproduction sont parcourus à pied par équipe de deux personnes : une personne portant un pulvérisateur rempli d’huile végétale (du type tournesol) et la seconde un carnet de terrain sur lequel est reporté les indications concernant le contenu du nid. Pour chaque nid trouvé, le nombre d’œufs présent dans le nid est reporté puis les œufs sont traités à l’aide du pulvérisateur. Le pulvérisateur permet de déposer de l’huile végétale, ce qui a pour effet de stopper le développement de l’embryon en évitant ainsi les échanges par les pores d’oxygène entre l’extérieur et l’intérieur de l’œuf. Ainsi les parents continuent à couver leur ponte. Cette méthode est préférée à la destruction des pontes car la femelle a la capacité d’engendrer une ponte de remplacement. La suppression des éclosions limite l’apport de nitrates en évitant les déjections des jeunes et l’apport de matières organiques apportées par les parents au nid lors du nourrissage des jeunes. La stérilisation des nids de goéland est effectuée durant la reproduction comme pour le recensement. Autre méthode directe et indirecte Il existe des méthodes indirectes qui limitent les ressources alimentaires des goélands par l’installation de filets ou des méthodes directes de tir des adultes, d’empoisonnement et de destruction des nids (le ramassage des œufs nécessite de repasser plusieurs fois durant la période de ponte afin d’éviter les pontes de remplacement). DISCUSSION Le recensement 2005 des Goélands leucophées nicheurs évalue la population nicheuse de l’archipel de Riou à 15121 couples reproducteurs. La plus grande colonie de l’archipel se situe sur l’île de Riou avec 8215 couples recensés. Les effectifs reproducteurs ont donc augmenté de 84,12 % depuis le dernier recensement, effectué en 2000, passant ainsi de 6111 couples à 8215 en 2005. La plus forte croissance a eu lieu sur l’île de Riou où les effectifs sont passés de 6111 à 8215 couples. L’augmentation des effectifs traduirait donc la poursuite de la colonisation des îles de Riou. Cette colonisation s’est poursuivie de manière constante depuis 1923 (100 couples). C’est à l’heure actuelle l’île de Riou où le taux est le plus fort, avec un accroissement de 23,47 % par an. Les moyens humains mis en œuvre pour les deux campagnes de recensement sont différents. En 2000, 51 journées/homme on été nécessaires pour effectuer le recensement, alors que cette année le recensement a mobilisé l’équivalent de 174 journées/hommes. Cette augmentation des moyens est susceptible d’influencer la qualité du relevé des effectifs de Goéland leucophée. Cependant, il faut noter que le taux d’oubli moyen affecté aux effectifs

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comptés en 2000 était de 30 % pour 20,37 % cette année ce qui permet une comparaison valide entre les deux années. L’importante hausse des effectifs sur Riou ne peut être expliquée qu’en partie par une meilleure qualité des données de 2005, grâce à un effort en journées/homme augmenté de 350 % entre les deux dénombrements. La méthode employée cette année est la même que l’année 2000. Le taux d’oubli réalisé après chaque recensement d’un secteur afin de pondérer l’effectif compté varie de 0 à 60 %. La différence s’explique par quatre principaux facteurs :

La topographie des secteurs : les oublis ont tendance à être plus conséquents dans les zones où le relief est accidenté et dans les zones de falaise, et moins conséquents dans les zones planes.

La végétalisation des secteurs : le repérage des nids est plus aisé lorsque la végétation est peu dense. Il peut par conséquent augmenter dans les zones fortement végétalisées, où les nids sont répartis autour des buissons, voire dans les buissons.

Le nombre et l’assiduité des participants : dans les secteurs où la superficie est importante, le nombre de personnes doit être conséquent afin de limiter les oublis et de maximiser les chances de couvrir toute la surface. L’assiduité des participants provoque également des variations non négligeables du taux d’oubli. Une majorité des oublis a notamment été constaté par le non marquage des nids vides, souvent non considérés comme tel.

Les zones où le recensement s’est effectué à la jumelle, un taux d’oubli de 40 % a été affectées. Les deux méthodes (recensement à pied nid par nid et recensement à la jumelle) ont été comparées, et qui ont permis de déterminer ce taux. Les différents recensements de couples nicheurs de Goéland leucophée (Larus michahellis) réalisés depuis le début du siècle sur les archipels marseillais montrent une constante augmentation de la population. De plus, les analyses du recensement de 2005 confirment les résultats obtenus en 2000 qui alertaient déjà sur l’évolution des effectifs. CONCLUSIONS Le Goéland leucophée (Larus michahellis) est une espèce surabondante sur la partie Sud-est de la France. Le recensement de 2005 a confirmé les prévisions de 2000 puisque les fortes densités de goélands observées cette année ne sont que le prolongement annoncé de la colonisation qui a commencé au début du 20ème siècle sur la pointe Sud-est de l’île de Riou. En effet, le Goéland leucophée engendre de nombreuses nuisances en milieu urbain mais surtout en milieu naturel sur la flore et la faune. Les îles de Marseille abritent plusieurs espèces protégées, c’est pourquoi depuis la création de la Réserve Naturelle de l’Archipel de Riou en 2003, un plan de gestion est progressivement mis en place. La fermeture des décharges à ciel ouvert ordonnée par la Communauté Européenne, est sensée être effective depuis 2002, devrait permettre une réduction des ressources disponibles pour les goélands, et par conséquent une baisse des effectifs de Goéland leucophée. On pourrait ensuite espérer une inversion du processus de développement des espèces végétales nitrophiles et une recolonisation des sites dégradés par la flore indigène des îles.

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L'ELEVAGE DE MANCHOTS A MARINELAND Bruce WALTON Marineland, 306, avenue Mozart, F-06600 ANTIBES

Marineland développe depuis de nombreuses années l'élevage de manchots de Humboldt (Spheniscus humboldti), de manchots royaux (Aptenodytes patagonicus) et de manchots Gorfous Sauteurs (Eudyptes chrysocome) dans le parc. LES TECHNIQUES DE REPRODUCTION Elles sont au nombre de deux : - La reproduction des colonies du parc, depuis l'accouplement jusqu'à la ponte sur place. - Le prélèvement d'œufs en milieu naturel, aux Iles Crozet (en Terres Australes et Antarctiques Françaises), dans le cadre d'un programme scientifique en collaboration avec le CNRS (Centre National de Recherche Scientifique) et l'IPEV (Institut Paul Emile Victor). Il s'agit de prélever des œufs condamnés par la colonie, et de faire naître des bébés manchots d'une génération sacrifiée. Chez les Gorfous Sauteurs entre autres, deux œufs sont pondus à quelques jours d'intervalle. Or, le premier œuf est systématiquement délaissé au profit de la deuxième ponte. C'est donc l'opportunité de créer une population de manchots sans toucher aux populations naturelles existantes. UN PROTOCOLE AU CAS PAS CAS La description des protocoles adoptés à Marineland pour l'élevage des poussins manchots a, comme intérêt principal, de montrer que chaque protocole doit être adapté et ajusté aux différents paramètres pratiques de chaque projet : nombre d'animaux à élever, espèces concernées, chronologie des éclosions, mais aussi moyens humains et techniques disponibles etc. C'est l'ensemble de ces compromis entre données scientifiques et contexte sur le terrain, qui assurera un équilibre stable et la viabilité du protocole à long terme. CONCLUSION Certains paramètres d'élevage sont bien sûr indispensables, comme la parfaite connaissance des données biologiques de croissance pour chaque espèce, mais la conclusion à retenir des expériences de chacun est que l'observation et l'analyse de son propre contexte d'élevage sont des guides essentiels pour établir un bon protocole et assurer la réussite du projet : accompagner le développement de l'animal jusqu'à maturité.

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DETENTION ET REPRODUCTION DE RAPACES DIURNES David LEROYER Parc Zoologique de la Barben, F-13330 La BARBEN PRESENTATION J’ai toujours marqué un intérêt prononcé pour la faune sauvage, en particulier pour l’ornithologie. J’ai suivi un cursus scolaire en biologie qui m’a permis d’acquérir certaines connaissances sur la biologie animale et principalement sur les activités liées aux processus vitaux -Physiologie, Biochimie, Microbiologie et Ecologie-. Après une année de licence en Biologie des organismes, j’ai effectué mon service national actif sur la Base Aérienne 125 d’Istres dans la section fauconnerie. C’est durant ces 18 mois que je me suis familiarisé aux maniements des oiseaux de proies et des techniques de vols utilisées dans la lutte contre le péril aviaire. S’en est suivi 3 ans sur Paris à m’occuper d’un équipage de fauconnerie –Haut et Bas vol – et un retour depuis avril 2003 au Parc Zoologique de la Barben où je m’occupe actuellement du poste Carnivore. Je ne traiterais donc ici que des espèces de rapaces que je connais le plus, à savoir celles utilisées en fauconnerie : Faucons Pèlerin - Falco peregrinus Gerfaut - Falco rusticolus Sacre - Falco cherrug Lanier - Falco biarmicus Hobereau - Falco subbuteo Autours des palombes - Accipiter gentilis Epervier d’Europe - Accipiter nisus Buse de Harris - Parabuteo unicinctus DETENTION La réception Les oiseaux arrivant d’un éleveur ou d’un particulier ont très souvent voyagé dans une caisse étroite voir un vulgaire carton scotché lors de saisie. L’idéal étant, après un examen visuel et une palpation des ailes, des tarses et du bréchet de les relâcher dans une volière de

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quarantaine, au calme et à l’écart de toutes agressions sonores. Les oiseaux retrouveront d’eux même, après quelques jours, un tempérament posé et serein. Ces volières doivent être de dimensions réduites afin de limiter les accidents dus à la virulence du stress provoqué par le transport. Pour éviter toujours ces débordements d’activité - l’oiseau peut se jeter au sol, contre les murs ou en direction du ciel - on préférera des murs pleins, un toit constitué de filet souple, un nombre restreint de perches et juste une petite partie couverte en cas d’intempéries. On disposera au sol une cuvette de type gamate de maçon, pas trop haute, remplie d’eau. Le nourrissage s’effectuera sur une tablette fixée le long d’une des parois et les aller et venues des soigneurs augmenteront progressivement jusqu’à ce que le pensionnaire se calme définitivement. Pourra alors commencer la phase de socialisation. Cette étape est incontournable pour permettre les futures manipulations : le vol ou la présentation au public. L’oiseau devra d’abord recevoir des entraves. On dit qu’il sera armé. Ces entraves se composent de bracelets fixés sur les tarses, de jets qui relient les bracelets au touret et d’une longe permettant d’attacher l’individu à son bloc ou à une perche. Par ces entraves, l’oiseau sera tenu au poing durant de longues heures et nourri exclusivement sur ce dernier. Pour certains oiseaux, cette approche de l’humain est beaucoup plus difficile que pour d’autre. On devra par exemple percher l’oiseau avec soi durant la journée et pratiquer d’autres activités à proximité. Le refus de s’alimenter sur le poing les premiers jours est « normal ». Un rapace peut sans aucun souci supporter une diète totale durant quelques jours s’il a bien était remonté en poids lors de son arrivée dans la volière de quarantaine. Une fois que l’oiseau se tient sans chuter volontairement au poing et qu’il accepte la nourriture, on le dira socialisé et on obtiendra un individu calme et « bien dans sa tête » vis à vis de l’homme. A ce stade, on peut commencer le travail avec le chaperon. Les trois types de détention 3 possibilités s’offrent pour la détention proprement dite des oiseaux : au bloc, au trollet ou dans une volière d’exposition. Cette dernière ne nécessite pas d’imposer les entraves à l’oiseau. On peut le laisser libre totalement, même si des bracelets restés sur les tarses peuvent faciliter d’éventuelles manipulations. Les volières de présentation peuvent être de taille et d’aspect divers. Le tout étant qu’elles offrent reposoirs, perches ou plates-formes, et des abris contre les intempéries et la chaleur. On veillera également à ce que les oiseaux aient un minimum de recul dans ces volières afin qu’ils puissent s’isoler à leur convenance. Les rapaces, sauf quelques espèces reconnues, ne se tolèrent pas entre eux en dehors des périodes de reproduction. On évitera donc les conflits en utilisant une volière par individu. On mettra à disposition des oiseaux de l’eau de boisson et pour le bain. Mettre un oiseau au bloc est conseillé pour des individus qui doivent être manipulés régulièrement, qui chassent ou qui doivent assurer un spectacle. Cette solution est plus astreignante que la volière mais évite les pertes de temps consacrées à récupérer son oiseau dans un espace en trois dimensions -type volière-. De plus, la mise au bloc d’un oiseau est

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réalisable sur presque tous les terrains. On préféra tout de même enfoncer son bloc dans un gazon bien vert et à l’ombre (d’arbres centenaires de préférence…). Selon les espèces détenues, on envisage 2 types de blocs bien différents : Le genre Falco, dont les représentant se posent naturellement sur des surfaces planes rocheuses, nécessite des blocs dont la partie servant de support à l’oiseau est plat. Cette partie sera recouverte de moquette de type TURF. Presque toutes les autres espèces se perchant sur des arbres, on préféra des supports cylindriques recouverts de cordage synthétique ou de moquette de type TURF. Il est impératif que les oiseaux se perchent, dans les deux cas, sur des surfaces permettant un passage aisé de l’air entre la main et le support. De même, tous ces supports doivent permettre un écoulement de l’eau de pluie pour éviter aux oiseaux les bains de pieds forcés. Cela permettra d’éviter de gros problèmes liés au podagre. La mise au bloc nécessite d’avoir a disposition un local où les oiseaux passeront la nuit. Il est certain que des espèces comme les gerfauts ou les autours des palombes, de taille conséquente, ne craignent ni le froid, ni les éventuels rôdeurs nocturnes -chats ou micro mammifères-, il n’en est pas de même pour des espèces comme les hobereaux ou les éperviers d’Europe. Dans tous les cas, la prudence impose une mise en sécurité des oiseaux durant la nuit. Ils seront donc installés dans un local carrelé possédant des perches fixes sous lesquelles seront tendues des bâches permettant aux oiseaux de prendre appui pour remonter en cas de chute. Ce local ne nécessite pas de chauffage mais doit être suffisamment isolé pour être hors gel (pas moins de 2 ou 3 degrés). Il devra bien sur être nettoyé et ventilé tous les jours. Le trollet se présente sous la forme d’une mini volière qui permet à l’oiseau de naviguer d’une perche haute sous abris vers un bloc au sol à l’air libre. L’oiseau reste retenu entre ces 2 agrès par un système de longe fixée au sol ou coulissant sur un câble. La longueur du trollet dépend évidement de la place disponible mais n’est pas essentielle. Le plus important étant la largeur de l’installation qui doit permettre le vol entre les 2 éléments. Cette solution est très souvent utilisée pour des oiseaux en mue lorsque la place nécessaire à la fabrication d’une volière n’est pas disponible. En outre, le trollet permet de conserver une certaine proximité du soigneur avec son oiseau. Comme la volière, ce procédé ne nécessite pas de manipulation systématique journalière. On apportera bien entendu de l’eau au pensionnaire. L’ALIMENTATION Elle sera composée de : - Poussins d’1 jour : toutes les espèces. Facilement quantifiable et riche en calcium - Caille non plumée : toutes les espèces. Très riche en calories. Principalement pour la reproduction et les oiseaux en mue. - Cou de poulet ou de canard : toutes les espèces. Maigre (un peu mois pour le canard). Très bon pour l’usure des becs. - Lapin nain (0.5 à 1.2 Kg) : autours des palombes, gerfaut et Harris. De temps en temps, assez maigre mais bon stimulus pour la chasse. Tous les aliments sont éviscérés avant d’être donnés aux oiseaux (sauf les poussins…)

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La quantité distribuée par individu est variable selon l’espèce, la période de l’année et son utilisation. Pour information, 2 poussins journaliers donnés à une buse de Harris mâle, avec un jour de jeun par semaine, le maintiennent en poids. Cette alimentation est distribuée et livrée congelée par la société : Saint-Laurent S.A.

Dès réception, les colis sont entreposés dans un congélateur à – 20° C. La décongélation est effectuée la veille dans un réfrigérateur pour le lendemain. Un apport, en vitamines et oligo éléments, annuel est donné à toutes les espèces durant leur mue. Laboratoire VIGUIE Gamme Océmue

Dans tous les cas, on s’attachera à varier les types d’aliments pour éviter diverses carences et pour favoriser l’usure naturelle des becs. Le nourrissage sur des prises de chasse sera éviter afin de ne pas transmettre des germes ou des parasites pathogènes aux oiseaux. Les oiseaux doivent être vermifugés tous les 4 mois. Strongol : 15 mg/Kg

LA CONTENTION Dès que l’oiseau est socialisé, on peut commencer le travail avec un chaperon. Il se présente sous la forme d’une coiffe de cuir qui s’ajuste sur la tête de l’oiseau en ne laissant dépasser que le bec. On le choisit en fonction de chaque individu pour qu’il s’adapte parfaitement aux commissures et à la cire du bec. On termine l’ajustement en le resserrant avec les tirettes. Le chaperon obstrue totalement la vue de l’oiseau. Il atténue le stress lié aux manipulations et aux transports. Certains oiseaux sont susceptibles de vouloir ôter le chaperon avec leurs pattes mais cette habitude est vite effacée en le nourrissant déjà chaperonné. Le chaperon est alors assimilé à une expérience agréable. Pour ma part, j’utilise des chaperons anglo-indiens souples et légers et très ouverts à l’arrière. Ils permettent de chaperonner rapidement et restent confortables pour l’oiseau. Il est déconseillé d’utiliser des chaperons pour le transport des Autours et des Harris car ces deux espèces tolèrent très mal le fait d’être « couvertes ». Lors de leur manipulation, j’utilise des chaperons dits « à aigle » qui se posent et s’enlèvent très rapidement. Pour des oiseaux habitués à l’homme et aux exercices (spectacles, vols de chasse, etc.…), les déplacements ne posent aucun problème. Il suffit d’approcher le poing ganté des pattes de l’oiseau. Celui-ci montera de lui-même et pourra être déplacé à volonté. Le genre Falco nécessite, toute fois, d’être chaperonné pour éviter tout stress dû au voyage. On les place sur des perches de transport de diamètre faible pour permettre un bon ancrage des mains Pour les autres espèces, Autours et Harris, on préfère les enfermer dans des caisses de transport aérées, hermétiques à la lumière et munies en leur centre, de perches. Ces caisses ne doivent pas être trop larges et profondes pour éviter que les oiseaux ouvrent leurs ailes mais suffisamment hautes pour qu’ils puissent se reposer sur la perche sans endommager leur balai. Pour des oiseaux non socialisés (sortie de volière ou jeunes de l’année), les transports se font en caisses très étroites et vides. On peut disposer de la moquette de type TURF au sol mais on évite la pose d’une perche qui pourrait blesser l’oiseau lors de ses débattements, quelques plumes souillées, froissées ou cassées valent toujours mieux qu’une aile luxée ou cassée.

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Les espèces citées en introduction ne présentent qu’un seul danger potentiel : leurs serres. Les coups d’ailes et les pincements de bec n’étant pas très violents. Pour attraper un oiseau et l’abattre, on le chaperonne, on saisit les tarses par l’arrière, on rabat les ailes sur le corps de l’oiseau et on l’installe à plat sur le dos sur un support ou sur les genoux d’un autre soigneur. On peut alors manipuler les doigts, observer les tarses et les ailes, faire les soins nécessaires ou tailler le bec. Concernant la taille des becs, elle est facilement réalisable sans l’intervention d’un vétérinaire. Le principe étant de ne jamais toucher à la mandibule inférieure et de bien respecter l’emplacement naturel de la dent centrale supérieure. Il vaut mieux dans tous les cas pratiquer des petites retouches tous les 15, 20 jours plutôt que d’altérer la matrice du bec en voulant trop redessiner un bec abîmé. Les traitements médicamenteux et les pansements lourds doivent être réalisés par un vétérinaire compètent et ne peuvent être laissés aux soins du propriétaire. LA REPRODUCTION DU FAUCON PELERIN Généralités Le faucon pèlerin fait partie de l’ordre des Falconiformes, appartient à la famille des Falconidés du genre Falco et de l’espèce peregrinus. Son habitat est varié mais il apprécie les espaces ouverts tels que les landes, les plateaux de moyenne montagne, les reliefs et les falaises pourvu qu’il y trouve en abondance proies pour la chasse et des emplacements où nicher. Il est presque exclusivement ornithophage mais préfère les proies de tailles moyennes comme le pigeon, le vanneau, la grive, la perdrix ou le choucas des tours. La plupart des faucons pèlerins se reproduisent pour la première fois à l’âge de 2 ou 3 ans et l’union peut durer toute la vie. Le site de nidification est très souvent un aplomb rocheux le long d’une falaise et à même la pierre. La ponte a lieu entre la fin mai et la mi-avril. Les 3 ou 4 œufs généralement pondus (1 à 6 maximum) à 48 ou 72 heures d’intervalle sont couvés principalement par la femelle ; le mâle s’occupant d’apporter les proies. Les œufs sont couvés durant 29 à 32 jours. Les jeunes sont nourris par la femelle et restent à l’aire entre 42 et 48 jours mais sont dépendants des parents durant les 8 semaines suivantes. Reproduction naturelle Les sujets en âge de se reproduire seront tout d’abord placés dans une volière modulable, séparés par une double paroi métallique, en vue de visualiser leurs comportements réciproques et de les familiariser l’un à l’autre. Au début de la période de reproduction, si ces comportements s’avèrent positifs – grattage de l’aire et forts caquètements « kek, kek, kek » de la femelle, intérêt prononcé du mâle – le couple peut être réuni. La volière de reproduction doit être assez spacieuse pour accueillir les 2 individus. Elle doit comporter une aire constituée d’un plateau en hauteur, surplombé par une hôte (ressemblance

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avec un aplomb rocheux). On dispose une couche de 4 cm d’épaisseur de petits graviers de rivière sur l’aire. Dès le début de la période de reproduction, le nourrissage doit être fractionné en 4 donnes – 8h, 11h, 14h, 18h – afin d’optimiser les comportements reproducteurs, récupération de la nourriture par le mâle et passage de cette dernière entre les 2 partenaires. Dans mon cas, si l’accouplement, la ponte et la couvée se révèlent normaux, je laisse les parents s’occuper des jeunes afin d’éviter toute imprégnation à l’homme des oisillons. En revanche, si la femelle ne couve pas, il faut alors prélever les œufs de nuit en les remplaçant par des leurres en plâtre pour que la totalité de la ponte ait lieu. Ils sont alors placés en incubateur à 37° C avec une hydrométrie proche de 69%. On suit la variation du poids de l’œuf (perte de 15% du poids sur 32 jours) par pesée journalière et on ajuste le taux d’hygrométrie en fonction de cette variation. Si les relevés indiquent une stagnation du poids de l’œuf ou une diminution trop faible par rapport à la droite théorique de perte de poids, on abaisse progressivement le taux hygrométrique de l’incubateur jusqu’à ce que les variations de poids soient à nouveaux parallèles à la droite théorique. On agit inversement si les relevés indiquent une baisse trop brutale du poids de l’œuf. Après 32 jours d’incubation, au PIP (première écaille de l’œuf, soulevée par le poussin) les œufs sont placés en couveuse à 35° C. On peut aider l’éclosion en enlevant délicatement les parties d’écailles craquelées. Il peut s’avérer que le sac vitellin ne soit pas totalement résorbé. On doit donc effectuer une ligature pré vitelline si le développement de l’oisillon est à terme ou post vitelline si l’oisillon a encore besoin d’énergie pour son développement. Après éclosion, de 24 à 72 heures, les oisillons sont nourris 4 fois par jour – 6h, 12h, 18h, 23h – avec de la caille non désossée passée assez grossièrement au mixeur. On diminue graduellement la température de la couveuse pour l’amener à 20° C en 10 jours. Au 11ème jour, les oisillons doivent être remis avec leurs parents ou une mère adoptive pour éviter l’imprégnation. On peut retirer les jeunes faucons de la volière parentale vers l’âge de 8 semaines. La ponte de remplacement est possible chez le faucon pèlerin. Il suffit de récupérer les œufs en prenant soin de les remplacer au fur et à mesure par des leurres. Lorsque la ponte est achevée (1 à 6 œufs), on retire de nuit l’ensemble des leurres. Le couple reproduira alors toutes les étapes en vue d’une 2éme nidification. Insémination artificielle Elle peut être l’unique possibilité d’obtenir de jeunes oiseaux si les couples ne s’entendent pas ou si l’un des spécimens est stérile. Concernant les sujets détenus qui ne sont pas imprégnés, la procédure pour le mâle est : - Abattre l’oiseau - Effectuer un massage ventral par pression de la main du haut vers le bas ventre - Récupérer la semence dans des capillaires - Ré effectuer un léger massage ventral

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- Diluer la semence dans un sérum physiologique - Vérifier au microscope la bonne vitalité des spermatozoïdes Pour la femelle, il faut le plutôt possible après chaque ponte d’œuf : - Répéter les 2 premières opérations du mâle - Effectuer des pressions sur la zone de l’oviducte - Sortir l’oviducte - Injecter par micropipette la semence dans le col de l’oviducte - Ré effectuer un léger massage ventral Concernant les sujets imprégnés, ils restent instinctivement sensibles aux différences climatiques liées à la période de reproduction -baisse des températures, diminution de la durée d’ensoleillement-. Les deux sexes étant dans des volières séparées, on passera beaucoup de temps avec eux en essayant un maximum d’effectuer des contacts homme/oiseau. A terme, le mâle déposera sa semence en notre présence (sur un couvre chef ou un gant prévu à cet effet) qu’on récupéra à l’aide de capillaires et la femelle prendra une position de réceptivité qui facilitera l’insémination à l’aide d’une micropipette (tête vers le bas, croupe en l’air et rectrices en éventail).

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LA COULEUR CHEZ LES OISEAUX Christophe CANDET Parc Phœnix, 405, promenade des Anglais, F-06200 NICE

INTRODUCTION Quoi de plus coloré qu’un vol de flamants roses au-dessus du lac Victoria ou qu’une nuée d’aras Macao dans la forêt amazonienne ? En effet chez les vertébrés, c’est sans doute chez les oiseaux que l’on rencontre le plus de couleurs. Mais ces magnifiques tableaux vivant résultent d’une savante et complexe alchimie que nous allons essayer de décortiquer dans les quelques lignes qui vont suivre. La coloration des plumes résulte de deux phénomènes : - Phénomènes chimiques : les pigments ou - Phénomènes physiques, optiques : absorption, interférences de la lumière LES PIGMENTS Deux grandes familles de pigments produisent les couleurs des plumes : les caroténoïdes et les mélanines. Les caroténoïdes proviennent de l'alimentation. En effet les oiseaux (comme les autres animaux) ne fabriquent pas de caroténoïdes. Ces pigments sont fabriqués par les végétaux chlorophylliens (photosynthétiques). Ils donnent du rouge au rose très dilué, du jaune vif au crème en passant par le jaune pâle et de l'orange. Ils vont s'accumuler dans les plumes et plus précisément a la surface de l’écorce des barbes. Ils doivent leur couleur aux radiations lumineuses qu'ils renvoient (phénomène de réflexion). Ainsi un caroténoïde rouge renvoie le rouge et la plume apparaît rouge Ces pigments sont fournis par la nourriture et ne subissent pas ou peu de transformation chimique avant de se déposer dans les plumes. Prenons l’exemple des flamants : leur principale nourriture est composée de petits crustacés du genre Artemia salina qui en se nourrissant d'algues synthétisent ces pigments caroténoïdes, colorant ainsi le plumage en rouge. Les flamants ingèrent aussi directement ces algues Chez d'autres oiseaux, le jaune, le rouge, sont acquis par la consommation d'insectes qui ont mangé des plantes contenant les pigments transmis ensuite aux plumes. Il arrive qu’une nouvelle couleur apparaisse dans le plumage provenant d'une nouvelle alimentation, comme chez les Jaseurs dont les plumes jaunes à l'extrémité de la queue peuvent devenir orangées ou rouges selon l'espèce de fruit mangé. Les mélanines quant à elles, sont synthétisées par l'organisme. On distingue la mélanine noire ou eumélanine et les mélanines brunes ou phéomélanines. C’est une série de réactions chimiques, constituant la mélanisation, qui est à leur origine.

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Quand la mélanisation arrive à son terme, on obtient un produit très élaboré qui est l'eumélanine ; chimiquement, c'est un polymère, autrement dit un enchaînement complexe de molécules semblables. Si la mélanisation est imparfaite, s'il n'y a pas polymérisation, on obtient des molécules plus simples qui forment la phéomélanine. Les phéomélanines donnent des bruns plus ou moins dilués, mais peuvent aussi donner un roux. L'eumélanine très dense, produit la couleur noire, ce qui est dû au fait que ce pigment absorbe toutes les radiations lumineuses qu'il reçoit et n'en renvoie donc aucune. Si les caroténoïdes et les mélanines occupent souvent des régions bien distinctes dans une plume, la mélanine pouvant être à la base et le caroténoïde à l'extrémité de la plume, les mélanines peuvent coexister pour donner un mélange de noir et de brun. Les mélanines sont mises en place dans la plume en voie de croissance par des cellules migratrices, qui peuvent la déposer d'une manière précise. Il en résulte la possibilité de dessins très variés et très fins (stries, ponctuations), alors que les caroténoïdes forment des taches plus ou moins étendues. Nous venons d’aborder l’origine de certaines couleurs chez les oiseaux mais qu’en est-il pour le reste (bleu, vert… ;) LES COULEURS D’ORIGINES PHYSIQUES OU STRUCTURALES Il n'y a pas de pigment bleu chez les oiseaux où pourtant cette couleur est bien répandue. Chez eux, le bleu est produit par décomposition de la lumière ou diffraction, provoquée par des microstructures. Le bleu des oiseaux est donc une couleur structurale. La décomposition de la lumière est produite par de très petits granules (micro granules) situés dans de grandes cellules formant une couche structurale. Cette couche est localisée dans les barbes des plumes, dans la profondeur de leur écorce. La taille des microgranules est de l’ordre du 1/10éme de micron, comme celles des longueurs d'onde des radiations lumineuses. Il en résulte que ces microgranules dévient les radiations de courte longueur d'onde et donc le bleu, alors que les autres radiations pénètrent dans la moelle des barbes où de la mélanine noire va les absorber. La moelle est en effet riche en eumélanine qui est sous forme de molécules géantes incrustées dans les parois cellulaires. Les microgranules sont également constitués d'eumélanine. Celle-ci a un rôle absorbant quand elle est compacte et noire, mais quand elle est diffuse, elle est source de diffraction et produit du bleu. A partir de la toutes les déclinaisons, toutes les nuances sont alors possibles. Prenons le cas d’une perruche ondulée : ses couleurs de base sont le jaune et le vert. Le vert provient de la superposition d'un bleu structural et d'un jaune caroténoïdien ; le pigment jaune étant placé à la surface de la couche structurale. Une mutation en supprimant le caroténoïde a produit la perruche bleue. Une autre en supprimant la mélanine a été à l'origine de la perruche jaune. Chez la perruche cinnamon, le remplacement de la mélanine noire par de la mélanine brune a donné des plumes brunes. Un remplacement partiel chez une perruche bleue conduit au violet, où du brun se mêle à un bleu structural Chez une perruche gris-vert, la couche structurale est désorganisée et se confond avec la moelle. En l'absence du caroténoïde, cette perruche est grise.

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Les barbules ont un rôle important dans l'obtention des nuances d'une couleur principale. Ainsi un bleu pâle s'obtient chez une perruche bleue par des barbules incolores ; la lumière non diffractée qu'elles renvoient dilue le bleu produit par les barbes. En se chargeant progressivement de mélanine noire, les barbules rendent le bleu de plus en plus pur et donc plus intense et plus sombre ; quand elles sont entièrement noires, on a un bleu cobalt. Un même phénomène permet le passage d'un vert clair, à un vert de plus en plus pur. Dans le même temps on constate que la couche structurale d'une barbe s'enrichit en mélanine ; car, parmi ses cellules géantes, des éléments d'un bleu ou d'un vert plus pur apparaissent, et finalement la totalité de la barbe devient plus sombre. Le mauve est obtenu par dilution du violet : les barbules contiennent de la mélanine brune diluée et les barbes, d'un brun plus sombre, renferment des traces de mélanine noire dans la couche structurale. La mélanine joue donc un rôle très important dans les couleurs des oiseaux. Les plumes irisées Passons maintenant au fabuleux cas des plumes irisées comme celle du paon ou du colibri. Selon l'inclinaison des plumes dans un rayon de soleil, on peut voir un violet succéder à un bleu, un orangé succéder à un jaune ou à un brun

Pour bien comprendre le rôle de la lumière dans la couleur des plumes, il faut nous intéresser à nouveau a la structure des plumes. Une plume comprend un axe, et de chaque côté de cet axe, se trouvent des ramifications, ramifications que l'on appelle les barbes. De chaque côté de ces barbes, nous avons d'infimes barbules, et, fait remarquable, les barbules se voient très bien parce que c'est elles qui miroitent

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Quand la lumière rencontre un objet, elle peut être réfléchie, elle peut traverser l'objet et elle peut être aussi diffractée. Il y a diffraction lorsque la lumière au contact d'un corps, généralement de toute petite taille, est décomposée en différentes radiations. Et il arrive que certaines de ces radiations s'éteignent, d'autres au contraire sont renforcées et c'est du renforcement de certaines radiations, de l'extinction d'autres, que naissent toutes les couleurs que nous avons chez le paon. En observant au microscope électronique une plume, on s’aperçoit que ces barbules sont composées de micro lamelles rigoureusement parallèles formant un réseau. Lorsque des radiations lumineuses correspondant à une couleur rencontrent deux lamelles successives et qu'elles continuent leur chemin, il peut y avoir un décalage entre ces deux radiations lumineuses de telle sorte qu'elles s'annulent. Et si elles s'annulent, il va y avoir disparition d'une couleur à l'intérieur de la lumière reçue par la barbule. Mais qui dit disparition d'une couleur, dit automatiquement apparition de la couleur complémentaire. Donc par conséquent, des radiations sont renvoyées par les micro lamelles, les autres, qui continuent leur chemin, sont absorbées et la couleur qui va apparaître va dépendre essentiellement de l'écartement entre les micro lamelles, écartement qui est de l'ordre de la longueur d'onde, c'est-à-dire de quelques dixièmes de microns, quelques dix millièmes de millimètre. Pourquoi les couleurs vont-elles changer ? L'explication est simple : lorsqu'on a affaire à deux lamelles, suivant que la lumière est plus ou moins inclinée, le chemin parcouru par la lumière pour aller d'une micro lamelle à la suivante n'est pas le même, et par suite, il suffira que l'inclinaison de la lumière varie par rapport aux micro lamelles pour que la couleur change légèrement parce que ce ne sera pas les mêmes, ce ne sera pas les mêmes radiations qui seront éteintes. Et c'est ainsi qu'on passera d'un bleu à un vert ou encore d'un rouge à un orangé. De plus comme il est nécessaire que les radiations non réfléchies soient absorbées, les microstructures sont toujours associées à de la mélanine noire dont le rôle est de les éliminer. Ainsi chez le paon, les barbules à couleurs structurales reposent sur des barbules riches en mélanine noire et les irisations d'une aile de corbeau se détachent sur le noir du plumage. Un paon dépourvu de mélanine conserve ses dessins mais son plumage est blanc. Contrairement aux micro granules, les micro lamelles peuvent produire toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. LE CAS PARTICULIER DES TOURACOS Sans entrer dans les détails des mutations et anomalies génétiques rencontrés en captivité, une famille d’oiseau vient mettre à bas cette théorie des couleurs pigmentaires et structurales : il s’agit de la famille des musophagidés (ou touracos ) ; Il existe quelque 18 espèces de touracos, oiseaux frugivores vivant en Afrique, au sud du Sahara. On les trouve en Afrique occidentale, au Zaïre, au Malawi. Certaines espèces sont largement répandues et d'autres sont plus localisées. Le touraco ne vit que là où il y a des arbres. Certains préfèrent les forêts denses au feuillage persistant, d'autres s'accommodent des savanes sèches du littoral sud-africain. Le plumage de l'oiseau présente des couleurs adaptées à son environnement: plus terne pour les espèces de brousse, il est essentiellement vert pour les touracos forestiers. Cette couleur

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n’est pas une couleur structurale, mélange de mélanine (brun) et carotène (jaune) comme chez les autres oiseaux, mais est due à un seul pigment particulier, la touracoverdine. Le pigment rouge des ailes et de la tête, appelé touracine, ne se retrouve chez aucun autre oiseau au monde. Ces couleurs forment un excellent camouflage, les marques rouges ne s'apercevant qu'en vol. La touracine est un complexe à base de cuivre (uro-porphyrine) qui a la propriété d’être soluble dans l’eau. C’est ainsi que sous certaine condition ces oiseaux peuvent « déteindre » sous la pluie. Nous avons essayé de percer en quelques lignes le mystère de la couleurs des plumes oiseaux Elle est souvent due à une association entre des caroténoïdes et de la mélanine. Alors, on peut se demander mais à quoi sert cette couleur ? La réponse a une telle question nécessiterait un autre article voir un livre ; La couleur, c'est un peu la carte d'identité de l'oiseau. La couleur, en caractérisant l'espèce, favorise les rassemblements, les regroupements entre oiseaux, et, en quelque sorte, ils se protègent mutuellement parce qu'ils ont la même couleur. L'importance de la sélection sexuelle chez les oiseaux permet de penser qu'elle a pu jouer un rôle important dans leur évolution. Les biologistes, comme tous les observateurs attentifs de la nature, le savent bien : les femelles préfèrent les mâles les plus colorés. Depuis peu, des scientifiques français et britanniques ont démontré qu'il existait effectivement un lien direct entre les couleurs vives des oiseaux mâles, leur résistance aux maladies et leur succès auprès des futures mères. les caroténoïdes augmentent les capacités de défense naturelle des oiseaux, en stimulant la production d'anticorps et en absorbant certains radicaux libres, molécules nocives pour leur organisme. Une couleur vive est donc un signal de bonne forme physique, qui contribue à favoriser la reproduction. En revanche la phaéomélanine qui par sa couleur rappelant le sol et les feuilles mortes favorisait le camouflage des femelles. Il est cependant des oiseaux où mâle et femelle bien que très colorés soient pratiquement semblables (diamants à gouttelettes, chardonneret) ; la richesse du plumage n'est donc pas nécessairement liée au sexe mâle. Quand est-il aussi des oiseaux dont la livrée est – à nos yeux – plus que modeste (moineau, merle…) ? LES ABERRATIONS DE COULEURS : LE CAS DES HALF-SIDERS Les oiseaux dits half siders sont une curiosité d'élevage, et leur étude s'est donc faîte à partir des élevages. Ils sont méconnus des ornithologues qui cependant ont signalé dans quelques ouvrages, la présence dans la nature, de curieux oiseaux dont le plumage était mâle d'un côté du corps et femelle de l'autre. C'est ainsi qu'on a pu voir un bouvreuil pivoine dont la poitrine était rose vif d'un seul côté. Cette particularité qualifiée de gynandromorphisme est rarissime dans la nature, mais connue des éleveurs et une étude systématique a montré qu'elle pouvait s'observer chez de nombreuses espèces et qu'elle ne se limitait pas au sexe. En effet, les croisements entre deux variétés de couleurs différentes peuvent donner des individus présentant de part et d'autre du corps les deux phénotypes des parents. C'est ainsi que l'on a pu observer des perruches ondulées bleues d'un côté du corps et vertes de l'autre ou bien mi-grises, mi-bleues ; des canaris blancs d'un côté, jaunes (ou rouges) de l'autre ; des Inséparables (Agapornis) mi-mauve, mi-bleus ; etc. Plus curieux sont les canaris dont la huppe ne concerne qu'une moitié de la tête ou ces diamants de Gould qui cumulent quatre particularités différentes : poitrine mi-blanche, mi-

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violette, masque mi-rouge, mi-noir. De tels oiseaux ont été appelés half-siders par les éleveurs anglais ("deux moitiés côte à côte") ; en France, on les a appelés "panachés symétriques". Le gynandromorphisme a été observé chez des papillons et en laboratoire chez des drosophiles. L'éminent généticien T.H. MORGAN a expliqué le phénomène par une répartition anormale des chromosomes sexuels, lors de la première division d'un œuf. Chez le drosophile, le sexe est déterminé par la présence d'hétérochromosomes X et Y, le mâle ayant XY et la femelle XX. Ceux-ci forment une paire et normalement, dans un œuf, la paire XY se divise pour donner XXYY se répartissant en XY et XY dans les deux cellules-filles. Mais un accident peut se produire et on peut obtenir XX et yY, le couple yY non viable est alors remplacé par un couple XY, d'où deux phénotypes, l'un femelle, l'autre mâle, qui vont se juxtaposer. La symétrie fondamentale de l'organisme les répartit de part et d'autre du corps. Chez les oiseaux (tout comme chez des insectes), le sexe est également déterminé par des hétérochromosomes, mais chez eux, c'est la femelle qui a deux hétérochromosomes différents Z et W, dont la répartition anormale entraîne le gynandromorphisme. Dans le cas plus général des half-siders, c'est également une répartition anormale d'un couple de chromosomes qui est en cause. Ainsi en croisant une perruche bleue (mutée) avec une perruche verte (type sauvage), on peut obtenir des half-siders mi-verts, mi-bleus. Cela suppose que les deux moitiés du corps ou du moins de la peau relèvent de gènes différents. Supposons que la couleur verte soit due à un gène y dominant et la couleur bleue à son allèle récessif b. Les embryons issus du croisement d'une perruche verte et d'une perruche bleue recevront le couple de chromosomes Yb et donneront des perruches de couleur verte mais porteuses de bleu sauf si ce couple Yb se divise anormalement ! Il peut en effet donner YY et bb et on aura de part et d'autre du corps deux couleurs différentes... La rareté des half-siders montre qu'il y a normalement un contrôle embryonnaire qui élimine les anomalies, mais qu'une défaillance de ce contrôle est possible. Certaines mutations de couleur sont liées au sexe, par suite, le gynandromorphisme peut s'accompagner de la coexistence de couleurs différentes. Ainsi un diamant de Gould peut être mi-mâle, mi-femelle et présenter un masque mi-rouge, mi-noir. Chez cet oiseau, le sexe se lit sur le plumage : le mâle, de type sauvage, a une poitrine violette, la femelle une poitrine mauve, de plus chez celle-ci la séparation entre la couleur de la poitrine et celle du ventre est assez confuse alors qu'elle est très nette chez le mâle. Très exceptionnellement deux couples de chromosomes différents peuvent être concernés. Contrairement à ce que l'on peut croire, l'intérêt des oiseaux half-siders est exceptionnel. D'abord par le fait que les oiseaux sont les seuls vertébrés à présenter cette anomalie. Bien qu'il existe en élevage, notamment chez des reptiles, des mutations de la couleur, aucun serpent, aucun lézard n'ont présenté ce phénomène, qui ne s'observe d'ailleurs, ni chez les chats, ni chez les chiens. Le contrôle embryonnaire évoqué plus haut serait particulier aux oiseaux et en rapport avec l'importance prise chez eux par le plumage. L'existence des half-siders est une confirmation de la théorie chromosomique de l'hérédité. Elle contribue à la connaissance de la génétique du plumage des oiseaux de cage. Les caractères concernés dépendant d'allèles (variantes d'un même gène), et les cas les plus complexes permettent de repérer des liaisons entre gènes. Ainsi chez le gould, la couleur du masque est liée au sexe mais pas celle de la poitrine. Chez la perruche ondulée, on constate que la même paire de chromosome porte les gènes intervenant dans l'apparition de la couleur de fond : le vert. Il s'agit des gènes commandant le dépôt du caroténoïde, la mise en place de la microstructure source du bleu, le déroulement de

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la mélanisation, le dosage mélanine noire/ mélanine brune aussi bien dans les barbes (facteur violet) que dans les barbules (facteur foncé). Le fait que chez un half-sider bicolore, comme la perruche ondulée mi- verte, mi-bleue, la séparation entre les deux couleurs soit imparfaite, montre qu'une migration de cellules cutanées en dehors de la limite normale est possible. Cela confirme ce que l'on savait sur les migrations cellulaires au cours de la croissance d'un individu. Les observations portant sur la sexualité des half-sider sont très intéressantes. Ainsi on a pu faire l'autopsie d'un diamant de Gould réunissant deux phénotypes; à gauche celui d'un mâle à tête orange, à droite celui d'une femelle à tête rouge. Deux paires de chromosomes étaient concernées : celle formée par les chromosomes sexuels dont dépendait le sexe mais aussi la présence d'un caroténoïde dans le masque et la paire portant les gènes déterminant la couleur du caroténoïde. Pour qu'un caroténoïde soit présent, il faut que le dépôt de mélanine du masque soit partiellement inhibé et cette inhibition est provoquée par un gène dominant lié au sexe. On pouvait s'attendre à trouver à gauche un testicule et à droite un ovaire. Mais contrairement à cela, l'oiseau avait à gauche un testicule atrophié, petit et mou, et à droite un testicule normal, ferme rosé et fonctionnel. Ce qui était en rapport avec le comportement de cet oiseau qui, s'il était mort avant de se reproduite, avait montré un comportement de mâle. Cela montre que la réalisation du sexe, chez les oiseaux, n'est pas simplement génétique. Initialement il y a deux gonades rudimentaires qui peuvent évoluer dans le sens mâle ou femelle. Dans la moitié droite, on à un plumage femelle, dû à la présence d'œstrogènes, et cependant un ovaire n'apparaît pas ! C'est donc qu'à droite, la gonade est insensible aux œstrogènes. A gauche, où on a un plumage mâle, mais la gonade est atrophiée et cela bien que l'hormone femelle soit véhiculée par le sang et que la destinée normale de cette gonade soit de devenir un ovaire. Il faut donc supposer que si l'action n'a pas lieu, c'est parce qu'il manque à la gonade les récepteurs indispensables pour qu'agisse l'hormone femelle. Ils sont absents parce que ce côté est génétiquement mâle. Ainsi pour qu'apparaisse un ovaire, il faut une prédisposition génétique (seule la gonade gauche peut devenir un ovaire), et un sexe de type femelle qui va conditionner la présence des récepteurs et la production de l'hormone femelle. En l'absence d'un ovaire à gauche, la gonade droite évolue en testicule. On n'a pas observé la reproduction d'oiseaux mâles à gauche et femelles à droite. En revanche un half-sider, femelle à gauche et mâle à droite, a pondu et s'est comporté comme une femelle normale. CONCLUSION Toute aussi éclatante soit-elle, la couleur ne fait pas tout. On touche là un des mystères de l'histoire de l'évolution de la vie sur notre planète et la couleur des oiseaux n'est sûrement qu'une infime partie de la réponse.

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ELEVEURS AMATEURS, DE LA COLLECTION A LA CONSERVATION DES ESPECES EX SITU Alice MAURISOT Amicale des Eleveurs de Passereaux (AEP), 53, chemin de la Quinine, F-84200 CARPENTRAS EVOLUTION DES OBJECTIFS ET DES PRATIQUES DES AMATEURS D’OISEAUX Réservée à une élite fortunée jusqu’au milieu du XXème siècle, la détention d’oiseaux exotiques d’agrément par des amateurs s’est démocratisée et massifiée depuis plusieurs décennies. À l’instar des ménageries et zoos d’antan, les passionnés d’oiseaux ont d’abord cherché à acquérir et collectionner de nombreuses espèces venues des quatre coins du monde, pour la distraction et le prestige, sans se soucier du bien-être et de la reproduction des spécimens prélevés dans le milieu naturel. Les oiseaux dont la reproduction était couramment obtenue se limitaient alors aux « oiseaux de cage » granivores et peu exigeants, principalement les Canaris. Les tentatives d’élevage en captivité d’espèces plus délicates étaient fort rares et souvent réservées à des experts liés au milieu scientifique et naturaliste de l’époque. Pour la majorité des amateurs, « les petits passereaux exotiques ne se reproduisaient jamais en captivité », et d’ailleurs à quoi bon chercher à obtenir leur nidification, quand le commerce international des oiseaux de capture permettait d’acquérir d’innombrables spécimens à des prix dérisoires ? En 1960, l’Australie a interdit les exportations des oiseaux de sa faune sauvage vers les autres pays. Les amateurs européens se sont trouvés privés, entre autres, d’une source de petits passereaux très colorés, les célèbres Diamants. Devant cette situation, les amateurs d’Estrildidés australiens n’ont eu d’autre choix, pour conserver dans leurs cages et volières des spécimens de ces espèces tant appréciées, que de tout tenter pour perpétuer des souches de ces espèces en captivité. La majorité des espèces de Diamants australiens a pu s’implanter avec succès chez les amateurs européens, avec de grands efforts au début pour faire naître les premières générations en captivité à partir des derniers spécimens capturés dans la nature et de leurs descendants. Les pionniers de ce type d’élevage se sont souvent laissé guider par l’expérience, faute de disposer de méthodes d’élevage éprouvées. Petit à petit, les souches captives se sont adaptées de mieux en mieux à leurs conditions de vie, et l’élevage de ces petits passereaux australiens est aujourd’hui à la portée de chacun sans grandes difficultés, comme en témoigne le nombre élevé de ces oiseaux chez les amateurs européens après des décennies sans aucune importation. Au bout de quelques années, les lignées domestiquées de certaines de ces espèces sont devenues très courantes et aussi populaires que le Canari (Diamant mandarin, Diamant de Gould…). Depuis les années 1970-1980, de grands progrès ont été faits dans la nutrition animale. De nouveaux aliments (souvent élaborés en collaboration avec des parcs zoologiques) ont été commercialisés, mettant à la portée de nombreux amateurs la possibilité de garder plus

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facilement en bonne santé des espèces d’oiseaux délicates, notamment les espèces partiellement ou totalement insectivores, frugivores ou nectarivores. La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES ou Convention de Washington), adoptée en 1973 et rassemblant aujourd’hui 169 États, a permis de contrôler et restreindre le prélèvement de spécimens dans le milieu naturel, pour éviter que certaines populations animales soient surexploitées. Les conséquences dramatiques de la capture et des conditions de transport d’animaux sauvages pour le commerce international ont été maintes fois portées à la connaissance du grand public par les médias. Les quotas d’importation d’oiseaux exotiques sauvages ont régulièrement diminué depuis les années 1990. Ces tendances ont peu à peu fait germer dans l’esprit des amateurs le souci de respecter et préserver la faune sauvage même au-delà de nos frontières, ainsi que la préoccupation d’obtenir la reproduction en captivité de toutes les espèces d’oiseaux détenues, à des fins sportives mais aussi dans le but de conserver la biodiversité des espèces présentes chez ces anciens « collectionneurs », devenus désormais « éleveurs amateurs d’oiseaux d’agrément ». Depuis 2007, toute importation d’oiseaux sauvages capturés dans la nature est interdite dans la Communauté européenne. Cette mesure de prophylaxie contre la menace de l’influenza aviaire hautement pathogène apparue en Asie en 2004 ferme définitivement l’approvisionnement du commerce de l’oisellerie en plusieurs centaines d’espèces de petits passereaux africains, asiatiques et américains, qui ne sont pas menacées dans leur milieu naturel et ne font donc pas l’objet de programmes d’élevage scientifiques. Les amateurs d’oiseaux ont donc un nouveau défi à relever : conserver des souches des espèces les plus variées à partir des spécimens encore vivants dans leurs cages et volières, pour pouvoir faire découvrir leur diversité aux générations futures. L’AMATEUR ET SES OISEAUX, UN QUOTIDIEN DE SOINS ET D’OBSERVATION Les oiseaux de l’amateur sont souvent différents de ceux que l’on peut admirer dans les parcs zoologiques : disposant de moyens réduits et d’installations à petite échelle, l’amateur d’oiseaux recherche en priorité des espèces de petite taille, très jolies à observer de près, qui s’habituent rapidement aux rituels de nourrissage et d’entretien instaurés par leur soigneur et ont un comportement passionnant dans une cage ou une volière d’agrément. Ces mêmes espèces passeraient inaperçues du public dans un parc zoologique, où les animaux spectaculaires, peu farouches et de grande taille sont mis à l’honneur : grands mammifères avant tout, et parmi les oiseaux perroquets, palmipèdes, échassiers, rapaces, calaos… Avant même l’acquisition d’un oiseau, aussi commun soit-il, l’amateur passionné accorde un soin particulier à l’accueil de son nouveau pensionnaire. Pour le guider dans ses démarches, il dispose d’une littérature spécialisée qui a fortement évolué. Les chapitres du logement, de la nutrition, de la reproduction et de la santé ont été considérablement développés dans les ouvrages récents, certains proposant même des programmes nutritionnels calqués sur les menus pratiqués par des parcs ornithologiques et centres d’élevage du monde entier. L’arrivée des nouveaux oiseaux adultes est généralement suivie d’une période de quarantaine et d’acclimatation, à l’écart des spécimens déjà présents dans le cheptel. L’amateur a ainsi

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tout le loisir d’observer l’état de santé de l’oiseau et de lui fournir des soins appropriés à ses besoins au moment de l’acquisition : examen physique de l’oiseau, logement en cage ou volière séparée des autres animaux, alimentation riche et variée, traitements antiparasitaires et, si besoin est, anti-infectieux, anti-stress... Suivant les cas, il y ajoute un supplément de chauffage ou de lumière se rapprochant graduellement des conditions habituelles, une alimentation spéciale évoluant progressivement vers le régime habituel, le sexage par ADN à partir d’un échantillon de plumes (pour les espèces dépourvues de dimorphisme sexuel), etc. Une fois que l’état de santé de l’oiseau est jugé satisfaisant, il rejoint un logement temporaire ou définitif en compagnie d’autres spécimens. Suivant la saison et l’espèce, la priorité est alors donnée à un hivernage optimal, à la formation des couples ou à la préparation à la reproduction. Dans chacun des cas, des soins spécifiques sont apportés chaque jour : menu approprié, compléments alimentaires, conditions de température et d’hygrométrie, aménagement et hygiène de la cage ou de la volière, et surtout une observation attentive de l’état de santé et du comportement de chaque spécimen. Plus l’oiseau est petit, plus les maladies et les accidents ont des conséquences rapides et dramatiques. L’amateur consacre souvent plusieurs moments de la journée à cette prise d’informations cruciales, ce qui lui permet d’agir vite s’il y a un problème. Le temps fort de l’année de l’amateur d’oiseaux est sans doute la période de reproduction. Elle suit une préparation aussi minutieuse qu’empirique, fruit des résultats d’expériences antérieures réussies, auxquelles viennent s’ajouter les informations générales sur les mœurs de l’espèce ainsi que les pratiques ayant donné des résultats satisfaisants dans d’autres élevages en captivité. Une bonne connaissance des besoins de l’espèce est nécessaire : certains oiseaux aiment vivre en compagnie de leurs congénères et apprécient d’être en communauté, même pour se reproduire. Certains s’accordent avec les espèces de taille similaire, mais n’hésitent pas à courtiser les autres espèces avec lesquelles ils cohabitent ; l’amateur doit séparer les volatiles concernés pour éviter les hybridations. D’autres oiseaux sont territoriaux et ne supportent pas la présence d’un congénère du même sexe dans leur cage ou même dans la volière voisine, notamment à la saison des amours. D’autres enfin sont très sociables, mais tellement timides qu’ils gagnent à être séparés par couple dans une cage ou volière individuelle, pour oser construire leur nid sans crainte… En cas de succès, les jeunes oiseaux nés en captivité et élevés par leurs parents sont retirés de leur cage ou volière de naissance une fois qu’ils ont atteint leur indépendance, pour permettre aux parents de recommencer une nichée ou simplement de se reposer en évitant la promiscuité occasionnée par un nombre d’oiseaux trop élevé. Parfois hélas, les parents refusent d’élever leurs petits, pour des raisons diverses (mort d’un parent, perturbation du milieu, nourriture inadéquate ou insuffisante…). Deux solutions peuvent être envisagées : confier les petits à des parents adoptifs, oiseaux de la même espèce ou de la même famille connus ou sélectionnés pour leurs qualités de nourriciers hors pair ; ou élever les oisillons à la main en les réchauffant dans une éleveuse (ou dans le nid d’un couple d’oiseaux bienveillants !) pour remplacer la présence des parents sur le nid, et en utilisant des aliments complets pour oisillons. Cette dernière méthode est également utilisée pour amener à maturité de jeunes oiseaux d’espèces à tendance carnivore comme les Mainates, qui dévorent parfois leur propre progéniture. L’élevage à la main exige énormément de savoir-faire, de temps et de dévouement, d’autant plus que l’espèce élevée est de petite taille.

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Ainsi, l’éleveur amateur a un contact privilégié quotidien avec ses oiseaux, qui fait de lui un expert capable de détecter, voire d’anticiper les problèmes de santé, les mésententes entre individus et les tentatives de nidification. DES AMATEURS S’UNISSENT POUR CONSERVER DES ESPECES EX SITU

Depuis plusieurs années déjà était annoncée la disparition de toute possibilité d’obtenir des oiseaux exotiques sauvages. Si l’élevage des psittacidés en Europe a connu un essor ne justifiant plus l’acquisition d’oiseaux sauvages depuis déjà plusieurs années, l’arrêt des importations, désormais officiel, contraint les amateurs de petits passereaux exotiques à changer de comportement. Même pour ceux qui disposent déjà de quelques oiseaux nés dans leur propre élevage, il est impossible désormais d’acquérir un spécimen pour former un couple reproducteur non consanguin en faisant appel au marchand animalier local ou au grossiste de la région. Pour les élevages d’espèces rares, délicates ou nécessitant des installations spécifiques ne permettant pas de détenir aisément plusieurs couples dans une installation d’amateur, cette mesure, qui sans doute aura la vertu de diminuer la pression infligée par l’homme sur les populations d’oiseaux sauvages, occasionne une situation de crise. Force est de constater que très peu d’amateurs se sont investis avec un succès durable dans l’élevage de certaines espèces pourtant populaires auprès du grand public et prolifiques dans leur pays et leur climat d’origine, mais très exigeantes ex situ. Cette difficulté est particulièrement aiguë pour les oiseaux insectivores (Mainates, Gobemouches asiatiques), frugivores (Tangaras, Jaseurs) et nectarivores (Souimangas), ainsi que pour certains oiseaux à dominante granivore (Passerins). Pour de nombreuses espèces, il reste cependant un fort potentiel de reproduction en captivité. L’élevage de différentes familles d’oiseaux a été pratiqué, étudié et relaté à de nombreuses reprises dans les magazines spécialisés. Reste à optimiser ce potentiel, en renforçant le maintien des souches existantes et en organisant la coopération entre les amateurs. Notre association, créée en 2003, a pour objectifs d’encourager et développer l’élevage amateur des Passereaux et autres oiseaux « à bec droit » afin de contribuer à la conservation des espèces dans le respect de la législation en vigueur ; de publier des informations sur les oiseaux et faciliter la communication entre les membres, notamment par Internet ; et enfin de recenser et suivre dans une base de données informatisée de type « studbook » les lignées d’oiseaux élevées par les membres. Elle aide ses membres à identifier les spécimens détenus (espèce, sous-espèce, variété, sexe), et à les recenser dans une base informatisée, permettant à chaque membre de voir immédiatement les besoins et possibilités d’échanges d’oiseaux. Elle favorise le partage et la diffusion de pratiques zootechniques permettant le maintien et la reproduction d’espèces ou sous-espèces « pures », en évitant les hybridations et la pollution génétique des souches. Elle évalue chaque année les réussites d’élevage des membres dans une base informatisée. Elle se base sur une gestion raisonnée du stock d’oiseaux détenus, pour maintenir chez ses membres un nombre suffisant de couples reproducteurs sains et non consanguins. Elle ambitionne, grâce à un système de livre généalogique informatisé, d’aider ses membres à programmer des accouplements judicieux pour limiter la consanguinité éventuelle du cheptel au fil du temps. Elle s’attache enfin à l’aspect amateur et sans but lucratif de l’activité d’élevage. La majorité des espèces de Passereaux détenues par nos membres sont granivores, avec en premier lieu des oiseaux de la famille des Estrildidés (78 taxons) et de la famille des

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Fringillidés (44 taxons). Plusieurs autres familles sont bien représentées : Cardinalidés (9 taxons), Embérizidés (8 taxons), et parmi les insectivores-frugivores-nectarivores, Timaliidés (11 taxons), Sturnidés (7 taxons), Zostéropidés (5 taxons), Turdidés (5 taxons). Quelques autres espèces sont élevées également chez nos membres, principalement des Columbidés, des Phasianidés et des Touracos, sans oublier les petits Psittacidés courants chez beaucoup d’amateurs. Le total du cheptel est évalué à plus de 2500 spécimens. Sur trois années d’élevage complètes, on recense plus de 1000 jeunes Passereaux nés dans les élevages amateurs de nos membres. Ces oiseaux nés en captivité ont déjà permis, bien avant l’arrêt des importations, de former de nombreux couples reproducteurs de différentes espèces au sein du cheptel de notre association, sans abuser des ressources de la nature. Chaque année, nous perfectionnons nos outils de communication afin de faciliter la mise en commun des informations concernant nos oiseaux et nos expériences d’élevage. Nous sommes prêts à coopérer avec les autres entités européennes poursuivant les mêmes objectifs. Certains de nos membres sont également en contact avec des parcs zoologiques avec qui des échanges d’oiseaux ont été réalisés. SERONS NOUS CAPABLES DE RELEVER LE DEFI ? Probablement pas pour toutes les espèces importées autrefois, mais nous mettrons tous nos modestes moyens en œuvre pour sauver un maximum de ces espèces dans nos cages et volières, et il passera sans doute un grand nombre d’années avant que tous les Passereaux que nous aimons aient disparu de nos élevages… Pour en savoir plus : https://eleveurs-de-passereaux.org

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BIOLOGIE DE LA CONSERVATION DU ARA DE BUFFON : 12 ANNEES D’EXPERIENCE 1994-2006 Olivier CHASSOT, Guisselle MONGE, Arias & George V.N. POWELL Présenté et adapté par Olivier ARNOULT Act For Natur, 31 Avenue Princesse Grace, MC-98000 Monaco

LE ARA DE BUFFON Le ara de Buffon (Ara ambigua) a une distribution limitée aux terres basses et humides de l'Atlantique d'Amérique Centrale, depuis le Honduras jusqu'au nord de la Colombie, avec une population isolée en Équateur. Au Costa Rica, son aire de nidification se limite actuellement, approximativement, à 600 km2 de forêt tropicale très humide au nord du pays dans la zone frontalière avec le Nicaragua. Cet oiseau majestueux est en danger d'extinction et, dépend étroitement de l'amandier de montagne (Dipteryx panamensis). Un arbre gigantesque qui émerge de la canopée, autant pour se nourrir que pour nicher. LE PROJET Le Projet de recherche et de conservation du Ara de Buffon a été lancé par le Dr. George V. N Powell. Il se consacre, depuis 1994, à l'étude de la biologie de la conservation du ara de Buffon dans le nord du Costa Rica et possède la base de données biologiques la plus importante sur cette espèce. Le Projet bénéficie totalement du soutien administratif du Centre Scientifique Tropical depuis 1997. La préoccupation du Dr. Powell était justifiée. En effet la première phase de l'étude a déterminé que l’aire de distribution du ara de Buffon au Costa Rica avait été réduite de 90%, depuis le début du XXéme Siècle. Grâce aux études préliminaires nous avons pu vérifier que la distribution limitée du ara de Buffon, due à sa dépendance à un complexe ajustement de ressources alimentaires impliquait que la protection de son habitat et de ses ressources profiterait à une multitude d'autres espèces forestière du même écosystème. La capacité de cette espèce d'exercer "un effet parasol" pour la flore et la faune de l'habitat qu’elle occupe, justifiait son étude afin d’établir des priorités de conservation, puisque la zone ne dispose d’aucune aire protégée importante. La Zone Nord a souffert le taux de déforestation le plus élevé du pays durant les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, laissant moins de 30% de la forêt en pied. Toutefois, plusieurs études scientifiques soulignent le haut niveau de biodiversité des forêts où le ara de Buffon survit, parmi les plus divers d'Amérique Centrale. Durant les premières années d'étude, nous avons estimé une population de ara de Buffon d’environ 35 couples reproducteurs. Nos aras disposent de la Réserve Biologique Indio-

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Maíz au Nicaragua, où ils rencontrent une étendue d’habitat propice à leur développement. Toutefois, les incursions de bûcherons costariciens deviennent, chaque jour, plus fréquentes de l'autre côté de la Rivière San Juan. Cette réserve, une des plus importantes d'Amérique Centrale, n’est donc plus à l'abri des tronçonneuses. Actuellement, notre population de ara de Buffon se trouve dans un état précaire et fragile. La moindre modification de ses conditions de vie peut la porter à l'extinction. LES RESULTATS DE LA RECHERCHE Avant cette étude, on connaissait mal l'écologie du ara de Buffon. On pensait qu'ils migraient saisonnièrement et utilisaient une variété d'habitats à différentes altitudes. Son nid n’avait pas été décrit par les scientifiques et son principal habitat et ses sources d'alimentation étaient faiblement identifiés. L'objectif de cette étude a été de compiler l’information de base sur son habitat et ses nécessités spatiales, afin d'établir des priorités de conservation d'habitat suffisantes pour soutenir une population viable dans les forêts humides de terres basses au Costa Rica. Une recherche préliminaire a été lancée en 1993. Un projet complet de recherche avec radio télémétrie a débuté en 1994 jusqu'en 2000. La télémétrie nous a permis de déterminer les rangs familiaux et l'utilisation d'habitat par les aras de Buffon. Nous avons contrôlé, par ailleurs, l'état de tous les nids connus ou possibles et collecté l’information sur les caractéristiques des nids. Finalement, nous avons étudié la phénologie des espèces arborescentes desquelles nous avons découvert qu'elles font partie du régime des aras de Buffon. Notre base de données étendue inclut l’information sur : Aire de reproduction au Costa Rica Information générale sur la nidification Emplacements de nidification Fidélité aux nids Défense de la source de nidification Productivité de nids Première année de survie pour juvéniles Population non reproductrice Patrons de migration Conduite alimentaire

LE PLAN DE CONSERVATION La survie de la lapa verte dépend de la disponibilité d'un habitat adéquat et intact. C’est pour cette raison que nous avons proposé durant l'année 1998 la mise en oeuvre d'un plan de conservation en partenariat avec plusieurs acteurs locaux et nationaux. Le but était de protéger un habitat suffisant pour maintenir une population reproductrice petite mais saine au Costa Rica. Cet audacieux plan de conservation intégral est maintenant connu comme "Corridor Biologique San Juan-La Selva", et inclut la création "du Refuge National de Faune Maquenque" en 2005, avec une surface de 54.000 hectares d'écosystème naturel qui comprend l’aire de nidification du ara de Buffon.

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En ce sens, nous avons obtenu la restriction voir l’interdiction de couper la forêt, dans la zone critique de nidification du ara de Buffon, et la promulgation partielle d’un moratorium sur la coupe de l'amandier. Pour un développement durable de la Zone Nord et pour la conservation du ara de Buffon, nous encourageons les propriétaires d’aires boisées à exploiter de manière durable leurs forêts au moyen de l'extraction de produits non ligneux, tels que les plantes médicinales, les fruits et les semences. Nous soutenons les alternatives de reboisement avec des espèces d’arbres indigènes pouvant également convenir à l’ara de Buffon, à travers un Paiement de Service Environnemental économiquement favorable à ces types de projet. Pour faire face au pillage de nids, nous avons développé, au début du projet, un programme intensif d'éducation environnementale dans les Communautés de la zone d'influence durant 18 mois. LE CORRIDOR BIOLOGIQUE La zone de forêt tropicale atlantique humide du nord de Costa Rica maintient le seul habitat viable de plaine, capable de péréniser la continuité du Corridor Biologique Mésoaméricain entre le Costa Rica et le Nicaragua, la brèche la plus importante dans la route du Corridor entre le Honduras et la Colombie. Le Corridor Biologique San Juan-La Selva (246.608 ha) promouvoit la restauration et la connexion entre des fragments de forêt de la Cordillère Volcanique Centrale et la Station Biologique La Selva (125.691 ha) dans le nord du Costa Rica, unis avec le Refuge National de Faune Barra del Colorado (102.165 ha) et le Parc National Tortuguero (29.068 ha) sur la côte des Caraïbes du Costa Rica. En même temps, la connexion devient beaucoup plus importante si l’on considere son union avec l’étendu complexe qui inclut la Réserve Biologique Indio-Maíz (306.980 ha), Punta Gorda (54.900 ha) et Cerro Silva (339.400 ha) dans le Sud-est du Nicaragua. Le Corridor Biologique San Juan-La Selva consolidera ces six aires protégées en une seule unité biologique qui totalise 1.204.812 ha. L'unité de conservation centrale du Corridor Biologique San Juan-La Selva est le Refuge National de Faune Maquenque, au sud de la Réserve Indio-Maíz et contigu à la limite ouest de Barra del Colorado. Cette nouvelle aire protégée conserve la portion du corridor avec le pourcentage le plus élevé de couverture forestière. La forêt tropicale humide de l'Atlantique contenue dans la proposition de Corridor et des aires protégées que celui-ci relie, est biologiquement diverse, contenant une estimation de 6.000 (36 espèces) plantes vasculaires (nombre d'espèces vulnérables et en danger d'extinction entre parenthèse), 139 (32 espèces) de mammifères, 515 (64 espèces) oiseaux, 135 (35 espèces) reptiles et 80 (45 espèces) amphibiens. L'ALLIANCE Le Comité Exécutif du Corridor Biologique San Juan-La Selva s'est officiellement formé en mars 2001 suite à une alliance entre le Centre Scientifique Tropical, la Société pour la Conservation de la Vie Sauvage (WCS), l'Organisation pour les Études Tropicales (OTS), le Corridor Biologique Mésoaméricain, le Projet de Recherche et de Conservation du Ara de Buffon, l'Association pour le Bien-être Environnemental de Sarapiquí (ABAS), l'Association pour la Conservation de la Flore et Faune Sauvage, l'Association pour la Conservation et la Gestion Forestière de San Carlos, Amis du Ara de Buffon, l'Association pour le Volontariat, Recherche et Développement

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Environnemental, le Centre de Droit Environnemental et des Ressources Naturelles, l’Aire de Conservation Huetar Norte, l’Aire de Conservation Cordillère Volcanique Centrale, la Réserve Biologique La Tirimbina, la Municipalité de San Carlos et la Municipalité de Sarapiquí. Par la suite, en 2002, nous avons crée le Bureau Local du Corridor Biologique San Juan-La Selva à Puerto Viejo de Sarapiquí, à charge d'ABAS. Le Comité a son siège au Centre Scientifique Tropical, à San Pedro de Montes de Oca, San José, et assume la responsabilité de coordonner et de promouvoir la mise en oeuvre du Corridor. Chacune de ces organisations a des responsabilités bien définies au sein du Comité Exécutif du Corridor. LES ALTERNATIVES Le territoire du Refuge National de Faune Maquenque est le secteur de conservation principale dans le Corridor. Il est considéré comme prioritaire. Trois secteurs de priorités intermédiaires constituent les "noyaux" du Corridor ; le territoire rémanent comprend la matrice du Corridor. L'objectif de cette initiative est la préservation de 100% de l'habitat des noyaux et de 50% de la matrice moyennant le Paiement de Services Environnementaux adressé à des propriétaires privés. Ces stimulants financiers influencent fortement les tendances d'utilisation de la terre dans cette région et s'étendront grâce à une plus grande promotion afin d’augmenter la participation des propriétaires terriens à une échelle majeure et avec des critères de connectivité biologique, comme condition pour développer le Corridor. La création de Maquenque produira des sources d'emploi dans un secteur qui dépend actuellement et essentiellement d'activités forestières et agricoles limitées. Les servitudes écologiques ont prouvé être des mesures effectives pour obtenir la conservation de lieux scéniques d'intérêt touristique au Costa Rica. Ils pourront être utilisés dans les noyaux et dans la matrice du Corridor. Les populations du Costa Rica et du Nicaragua prennent davantage conscience du besoin de conserver leur environnement. Des espèces comme le lamantin et le ara de Buffon font partie de leur legs naturel National. Le programme d'éducation environnementale enseigne aux élèves comment les efforts de conservation qui préservent et relient les habitats isolés peuvent soutenir la protection de telles espèces d'importance Nationale. En outre, l'initiative travaille une stratégie de développement d'éco-tourisme communautaire associée à la mise en oeuvre de la "Route d'Oiseaux du Corridor Biologique San Juan-La Selva". Tout le processus du Corridor est promu par le Comité Exécutif du Corridor Biologique San Juan-La Selva, avec l'appui du Centre Scientifique Tropical dans la coordination et l'administration des ressources. Aujourd’hui, le Comité est intégré par une alliance de 20 institutions. NICARAGUA-COSTA RICA Au Nicaragua et au Costa Rica, de grandes étendues de forêts vierges sont menacées par l'extraction forestière rapide qui avance tant dans la zone tampon de la Réserve Biologique Indio-Maíz comme dans la zone nord du Costa Rica. Dans ces zones, les

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bûcherons profitent de l'absence d'une politique de développement intégral et de mécanismes qui assurent la gestion rationnelle des ressources forestières. Le processus de collaboration entre le Costa Rica et le Nicaragua dans l’agenda environnemental est le résultat de plusieurs ateliers pour construire un modèle intégral qui a été entamé durant les années quatre-vingt avec l'initiative SI-A-PAZ (Système International d’Aires Protégées pour La Paix). En avril 1999, la Réserve de la Biosphère du Sud-est du Nicaragua a été créée. En 2000 et 2001, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a favorisé des rencontres binationales entre des institutions nicaraguayennes et costariciennes, en dévellopant un réseau de groupes de travail des secteurs environnementaux, académiques, culturels et médiatiques. À partir de 2001, le Corridor Biologique Mésoaméricain a soutenu des initiatives de collaborations binationales qui ont puisé leurs racines dans le processus de SI-A-PAZ, lesquelles ont conduit à l'identification du Corridor Biologique Binational El Castillo-San Juan-La Selva, où précisément le ara de Buffon, espèce emblématique, se développe et se reproduit. La campagne binationale "Sauvons le ara de Buffon" est en marche depuis 2001 entre Fundación del Río au Nicaragua et le Centre Scientifique Tropical au Costa Rica. L'expérience de la coordination des efforts binationaux démontre que les aires protégées du Nicaragua et du Costa Rica maintiennent un lien biologique et social évident dans le bassin de la Rivière San Juan. En 2002, nous avons décidé de fortifier l'identification d'acteurs avec des actions concrètes, comme cela a été le cas, par exemple, de la cristallisation sur le thème du ara de Buffon : nous avons effectué onze ateliers binationaux sur la biologie et la conservation du ara de Buffon au Nicaragua et cinq festivals binationaux. Cette collaboration a été fructueuse dans la zone d'amortissement de la Réserve Biologique Indio-Maíz. Ce processus a également conduit à la création de la Commission Binationale du Corridor Biologique El Castillo-San Juan-La Selva en novembre 2002, laquelle est intégrée par des agences gouvernementales, des municipalités et des ONG des deux pays, dans le but d'articuler les actions binationales qui, jusqu'à présent, étaient développées de manière conjointe mais informelle. CONCLUSION Notre aventure pour conserver la population du ara de Buffon et l'habitat que ce superbe oiseau représente, est clairement orientée vers le renforcement des liens de collaboration entre le Nicaragua et Costa Rica.

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INFLUENZA AVIAIRE : UN PEU D’HISTOIRE ET DE GEOGRAPHIE… Françoise PEYRE DDSV 79, 210 Avenue de la Venise verte, F-79022 NIORT

INTRODUCTION Les grippes, dues à des virus Influenza de la famille de Orthomyxovirus, touchent de nombreuses espèces d’oiseaux et de mammifères. Celles des oiseaux, plus spécifiquement nommées pestes aviaires ou influenza aviaires, génèrent de graves épizooties, causant de lourdes pertes économiques. De plus, depuis 1997, avec le foyer de Hong-Kong, le risque s’est avéré de contamination directe de la poule vers l’homme. Il s’agit donc effectivement d’une zoonose. Depuis 1999, le nombre d’épizooties dues à différents virus Influenza a beaucoup augmenté, touchant tous les continents. L’apparition du virus H5N1 en 2003, en Asie a placé l’Influenza aviaire hautement pathogène au rang d’une des principales maladies émergentes rencontrées actuellement en médecine vétérinaire d’autant qu’elle s’est accompagnée de contaminations humaines. Une nouvelle pandémie de grippe humaine étant toujours redoutée, la psychose a flambé lorsque le virus s’est propagé d’Asie, en Europe puis en Afrique. EN FAIT, CETTE MALADIE ETAIT-ELLE DEJA RECONNUE PAR LE PASSE ? Son identification ne peut être certaine au travers des descriptions de chroniqueurs anciens puisque le tableau clinique n’est pas spécifique et qu’il faut avoir recours à des recherches en laboratoire pour établir le diagnostic. Tout d’abord, il paraît nécessaire d’apporter quelques éclaircissements sur le nom de cette maladie : Grippe, Peste, Influenza ? Le terme grippe : il a l’avantage de ne pas être équivoque. Il s’agit d’une maladie très contagieuse due à un virus Influenza. En revanche la définition d’une peste, est plus floue, même si on ne s’en tient qu’au monde médical et qu’on exclut tout de suite le dernier alinéa du Petit Robert (femme, fillette insupportable, méchante). Jadis toute maladie qui tuait massivement les animaux ou l’homme

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était une peste. Puis en médecine humaine le terme s’est cantonné à la ravageuse maladie bactérienne, transmise par Yersinia pestis, communément qualifiée de bubonique. En médecine vétérinaire, cette dénomination est attribuée à des maladies virales de différentes espèces (aviaire, porcine, bovine, équine) ; pour les oiseaux le terme peste aviaire concernait deux maladies ; elle est désormais réservée à celle qui nous intéresse ; donc peste aviaire est synonyme d’Influenza Aviaire Hautement Pathogène. Quant à l’autre, pseudo peste aviaire, il s’agit de la maladie de Newcastle, due à un virus différent mais pouvant entraîner des symptômes similaires. Enfin, depuis la psychose de fin 2005-début 2006, le terme de grippe aviaire n’est plus employé pour la maladie animale afin d’éviter tout amalgame. Voici quelques éléments d’histoire, empruntés à un bel article du Docteur Jean Blancou, Président de l’Académie vétérinaire de France et de la Société française d’histoire de la médecine et des sciences vétérinaires. De l’antiquité jusqu’au XIXéme siècle, les chroniqueurs de la plupart des pays européens mentionnent des épisodes très marquants de mortalités massives d’oiseaux. Dans l’antiquité : mortalité concomitante du bétail, de l’homme et des oiseaux, en 1200 avant JC, en 430 avant JC, en 218 avant JC, en 43 avant JC (décrite par Virgile). Depuis le Moyen Age : - en 671 : mortalité massive de différentes volailles en Angleterre, - en 1276 : très forte mortalité d’oiseaux sauvages de toutes espèces sur le territoire autrichien, - en 1366 : forte mortalité en Angleterre chez les moineaux, suivi d’une maladie épidémique mortelle chez les êtres humains, - en 1578 : épizootie frappant les poules à Paris, - en 1614 : épidémie mortelle chez les hommes en Bohème, contemporaine d’une épizootie chez les poules, - en 1656 : énorme mortalité de pélicans aux Antilles, - en 1718 à 1721 : en Silésie, les oies sont d’abord particulièrement touchées, puis la maladie s’étend aux cigognes, - en 1763 : épizootie aviaire dans toute l’Europe, - en 1774 : 600 oies seraient mortes au bord de la Meurthe en Lorraine, après avoir présenté des symptômes de diarrhée et des vertiges, - en 1789 : épizootie grave chez les poules en Italie du Nord, avec lésions sur les appareils

respiratoires et intestinaux, A partir du XIXème : - en 1830 et 1831 : série d’épisodes de mortalité aviaire, dans toute l’Europe. En Pologne, une description précise que les oies furent les premières attaquées, puis les canards et les dindons et en dernier les poules. La maladie affectait également les canards sauvages. Les symptômes sont évoqués : « les poules, canards, oies, … devinrent tristes, ne mangèrent plus, la tête enfla, devint bleue et bientôt la mort entra », - en 1841 : des canards sauvages, la plupart morts sont rejetés par la mer sur la côte landaise, jusqu’à 20 000 oiseaux,

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- de 1880 à 1900 : de nombreux épisodes de mortalité de volailles, dont certains dus à la peste aviaire, - en 1948 : cas très probables de peste aviaire chez des poules, des dindons et des canards en France. Bien sûr toutes ces épizooties ne sont pas systématiquement imputables à des foyers d’influenza aviaire hautement pathogène. Toutefois certains symptômes ou traits épidémiologiques, notamment l’apparition de l’épizootie chez les anatidés, évoquent bien cette maladie. Par ailleurs, certains chroniqueurs relèvent une concomitance entre épizootie aviaire et épidémie. C’est en 1926 que Doyle décrit précisément un foyer d’une maladie contagieuse des volailles à Newcastle upon Time et la différencie épidémiologiquement de la peste aviaire vraie : la maladie de Newcastle est identifiée. Toutefois il faudra attendre 1955 pour que les deux virus soient bien différenciés. En 1981, devant la grande variabilité des virus influenza aviaires, on décida de différencier les virus influenza aviaires faiblement pathogènes (IAFP) des virus hautement pathogènes (IAHP) responsables donc de la peste aviaire. DEPUIS L’IDENTIFICATION VIRALE DU VIRUS IAHP De 1955 à 2004, vingt-cinq épizooties de peste aviaire ont été recensées dans le monde principalement chez le poulet et la dinde. Depuis 1999, les épizooties ont été plus fréquentes (ou mieux déclarées) et outre la mortalité, les abattages plus massifs ; deux cents millions d’oiseaux ont été éliminés. Citons quelques foyers marquants : - 1983-1984 : en Pennsylvanie sur du poulet, par un virus H5N2. 17 millions d’oiseaux furent abattus pour éradiquer la maladie, - de 1995 à 2003 : le Pakistan subit trois épizooties dues à un virus IAHP, le H7N3, - en 1997 déjà un virus H5N1 à Hong Kong décime des élevages de poulets. A noter qu’un virus homologue à 97,8% avait affecté en 1996 des oies de la province de Guangdong en Chine, sans faire l’objet de mesure. Le virus aviaire s’avère pathogène pour l’homme par contact direct ; 6 décès humains sont déclarés. Plus de cent millions d’oiseaux sont abattus, - en 1997 en Italie par un virus H5N2 sur du poulet, - en 1999, toujours en Italie par un virus H7N1 sur des dindes. Epizootie plus meurtrière qui entraîne l’abattage de 14 millions d’oiseaux, - en 2003, une épizootie due à un virus H7N7 se déclare aux Pays-Bas ; il est particulièrement meurtrier, 30 millions d’oiseaux meurent ou sont abattus. La Belgique et l’Allemagne seront contaminées, - en 2004 : au Canada, avec un virus H7N3 sur du poulet,

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- en 2004 : au Texas, une autre épizootie due à un virus H5N2. L’EPIZOOTIE ACTUELLE A H5N1 A la même époque que ces deux derniers foyers, une épizootie due au virus H5N1 est déclarée en Asie : Corée du Sud et Indonésie (11 décembre 2003), Vietnam (27 décembre 2003), Japon (12 janvier 2004), Cambodge (11 janvier 2004), Hong-Kong (19 janvier 2004), Thaïlande et Le Laos (19 janvier 2004), Chine (27 janvier 2004). Cette maladie, désormais au cœur des débats, s’enflammait. La maladie aurait débuté en Chine, gros exportateur de volailles. Puis par échanges commerciaux, la Thaïlande et le Vietnam auraient été contaminés. Entre mai et août 2005, des foyers sont découverts en Russie et au Nord-Est de Kazakhstan. Le Sud de la Russie croit sa contamination imputable aux oiseaux migrateurs ; en fait les foyers se déclarent le long du trajet du Trans-Sibérien, montrant le rôle majeur des échanges commerciaux. Toutefois, les oiseaux migrateurs ont fait le relais également pour propager la maladie. Echanges commerciaux ou migrations d’oiseaux sauvages, l’origine de la contamination des pays ou continents n’est pas toujours probante. En août 2005, la Mongolie est touchée ; puis la Roumanie, la Turquie et la Croatie en octobre 2005. Début février 2006, des oiseaux sauvages, morts sont positifs au H5N1 en Grèce, et en Italie. L’Afrique est également touchée ; le Nigeria déclare des foyers sur des élevages de volailles. Malgré les mouvements migratoires, des importations de volailles depuis les pays asiatiques endosseraient plutôt la responsabilité de la contamination. L’Allemagne, et notamment l’île de Rügen (100 oiseaux sauvages au 1er mars) dans la mer Baltique, l’Autriche, la Hongrie, la Suède, la Pologne, la Suisse sont dans les mêmes périodes contaminées. Un Fuligule milouin trouvé mort est reconnu positif en France, dans l’Ain, le 18 février 2006. D’autres oiseaux, principalement des anatidés et notamment des cygnes s’avèrent contaminés, toujours dans la région de la Dombes. Un élevage de dindes est contaminé et abattu le 24 février 2006. Un cygne sauvage trouvé mort le 28 février est positif dans le département des Bouches du Rhône, le seul oiseau qui sera analysé positif en France hors du département de l’Ain. La propagation du virus en Afrique évolue vers le Niger, puis l’Egypte qui mi-avril compte 133 foyers, 4 personnes décèdent pour 12 cas humains recensés. L’Ouganda, le Cameroun sont contaminés. La suspicion d’infection porte sur 8 autres pays africains. Fin avril, la situation est toujours très préoccupante en Asie ainsi qu’en Afrique. Le Proche et Moyen Orient sont contaminés. En Europe, les pays de l’Est recensent des oiseaux sauvages positifs, ainsi que des foyers en élevage, notamment 51 élevages familiaux en Roumanie.

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L’Allemagne totalisera 286 cas sur l’avifaune, 1 foyer dans un élevage. Le virus H5N1 sera également isolé sur 3 chats et une fouine dans l’île de Rügen. En France 42 résultats positifs portant sur 65 oiseaux seront issus de 1995 analyses. Depuis mai 2006, les informations se sont faites plus rares. EN 2007 Le journal de Monde du 23 janvier relate une certaine recrudescence au Vietnam, en Corée du Sud, en Chine, au Japon. La situation est toujours préoccupante en Egypte et en Indonésie qui compte chacune un nouveau cas humain. Le courrier international N° 844 du 4 au 10 janvier évoque l’isolement d’une nouvelle souche dite « du Fujian » particulièrement virulente, en Chine. Le 19 janvier, le virus fait sa réapparition dans un élevage hongrois. Puis au 3 février, un élevage de 130 000 dindes est contaminé par un virus H5N1 de souche asiatique en Angleterre dans le Suffolk. CONCLUSION Cette courte rétrospective permet de comprendre que d’innombrables épisodes de mortalité d’oiseaux domestiques et sauvages sont survenus par le passé. Le foyer actuel de virus H5N1 qui tend à perdurer met en évidence que la non déclaration et l'inertie au départ de l’épizootie, associées aux croissants échanges commerciaux désormais à dimension mondiale grève considérablement les moyens de lutte mis en œuvre. Si 165 cas humains sont à déplorer depuis le début du foyer, la contamination est cependant restée sporadique. Si le risque de panzootie n’est donc pas prédictible, les conséquences économiques sont quant à elles très lourdes. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES - La Dépêche vétérinaire du 24 décembre 2005 dossier réalisé par le Professeur Jeanne Brugère-Picoux, de l’ENV Alfort - La longue histoire des « pestes aviaires » par le Dr Jean Blancou, Président de l’Académie vétérinaire de France et de la Société française d’histoire de la médecine et des sciences vétérinaires - Communiqués de presse du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche - Grippe aviaire – Les bonnes questions, les vraies réponses – Jeanne Brugère-Picoux

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ACT FOR NATURE Olivier ARNOULT Act for Natur, 31, avenue Princesse Grace, MC-98000 Monaco

INTRODUCTION En 2007, Un amphibien sur trois, Près de la moitié des tortues d’eau douce, Un oiseau sur huit, Et un mammifère sur quatre Sont menacés d’extinction. L’extinction d’un nombre croissant d’espèces de la faune et de la flore de notre planète, qui en appauvrissent la diversité biologique, représente un défi majeur. L’homme est responsable, que ce soit de manière directe ou indirecte, du déclin des espèces. La destruction et la fragmentation des habitats constituent les principales menaces, auxquelles il faut ajouter la surexploitation de notre environnement à des fins agroalimentaires ainsi que le commerce des animaux et ses dérivés qui alimentent la pharmacopée traditionnelle. De plus, la pollution et les maladies qui en résultent, l’introduction d’espèces invasives et les changements climatiques sont autant de facteurs d’affaiblissement du nombre des espèces. Il s’agit donc, aujourd’hui, de redéfinir et de repenser la manière dont nos sociétés doivent réagir face à cette menace mondiale, et notamment les moyens par lesquels les gouvernements et les acteurs économiques peuvent s’investir pour relever ce défi. Chaque jour, un grand nombre d’espèces animales et végétales disparaissent de la planète. Pourtant, les causes de ces extinctions sont clairement identifiées et les solutions à mettre en œuvre pour leur sauvegarde ont déjà fait leurs preuves. MISSION ET VISION Mission La mission d’Act for Nature est d’agir en faveur de la conservation des espèces animales et végétales en voie de disparition et qui figurent sur la « liste rouge » des espèces menacées de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).

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Dans chacun de ses projets, Act for Nature s’attache à sensibiliser ou toucher les populations locales afin de les impliquer dans ses programmes. SLOGAN “ Protéger la Nature, c’est Respecter la Vie “ PRINCIPES D’ACTION Une mission de conservation. Grâce à une équipe professionnelle et pluridisciplinaire, Act for Nature s’implique dans des missions de conservation et des créations de projets, inscrivant l’ONG ainsi que la Principauté de Monaco dans un processus de développement durable en terme de conservation de la biodiversité. Un moyen essentiel : la sensibilisation des populations. La participation et la sensibilisation des populations locales aux enjeux écologiques sont des éléments essentiels de la conservation des écosystèmes. Par des missions sur le terrain, Act for Nature contribue, en finançant des actions, à l’implication des populations locales dans la protection et le respect du patrimoine de leurs régions. Une action scientifique concrète sur le terrain. Act for Nature soutient et donne les moyens nécessaires à des spécialistes qui s’investissent dans des programmes de conservation à long terme d’espèces animales et végétales menacées d’extinction. En accord avec des instituts de recherche, des études in situ ou ex-situ sont financées et coordonnées par l’association. Le choix des programmes est défini par le comité scientifique d’Act for Nature qui se compose d’experts internationaux. Une communication médiatique et institutionnelle. La conservation des espèces menacées passe par l’information : quel est l’état général de la diversité biologique, à quel rythme s’appauvrit-elle, o% constate-t-on les pertes et quelles en sont les causes ? Act for Nature s’attache à développer sa communication, dans le domaine médiatique et institutionnel, à l’échelle locale, nationale et internationale. Elle implique aussi les jeunes générations dans des projets à visée pédagogique. Pour atteindre les buts que s’est fixé Act for Nature, il est essentiel d’obtenir le soutien de partenaires, des médias et de la société civile afin de poursuivre et développer ses actions. Une newsletter mensuelle est diffusée à nos membres et partenaires, rendant compte des activités de l’association.

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LES HOMMES Le comité exécutif Monsieur Jean Pierre Pastor : Président - Cofondateur Monsieur Stéphan Pastor : Vice - Président Madame Danielle Matile Narmino : Secrétaire Général Monsieur Philippe Ortelli : Secrétaire Général Adjoint Monsieur Olivier Arnoult : Directeur - Cofondateur Madame Simone Dumolard : Trésorier Le comité scientifique Docteur Nigel J. Collar : Leventis Fellow in Conservation Biology ; BirdLife International & Université de Cambridge, Grande-Bretagne. Monsieur Richard Gibson : Conservateur des collections de reptiles et amphibiens, Zoological Society of London (ZSL), Londres, Grande-Bretagne. Docteur Yves Handrich : Ecophysiologiste, chargé de recherches au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Strasbourg, France. Monsieur Michel Hignette : Ichtyologiste, Directeur de l’aquarium de la Porte Dorée, Président de l’Union des Conservateurs d’Aquariums (UCA), Paris, France. Docteur Pierre Moisson : Vétérinaire, Directeur du Parc zoologique et botanique de Mulhouse. Membre de la Société Française de Primatologie (SFDP). Docteur Roland Seitre : Vétérinaire, photo reporter animalier, attaché au Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, section Ornithologie et Mammalogie, Marray, France. Monsieur Roland Wirth : Président et cofondateur de deux ONG de conservation, Zoological Society for the Conservation of Species and Population (ZGAP), Stiftung Artenschutz, Munich, Allemagne. Docteur Jean-Marie Solichon : Directeur du jardin exotique, Président de l’Association Internationale des Amateurs de Plantes succulentes (AIAPS), Monaco. Le comité d’honneur SAS le Prince Albert II de Monaco Monsieur Patrick Poivre d’Arvor : Journaliste - écrivain Monsieur Spencer Hodge : Artiste peintre animalier Monsieur Marc Raquil : Athlète de haut niveau Monsieur Donald Grant : Auteur - Illustrateur Monsieur Pierre Frolla : Plongeur Apnéiste - Athlète de haut niveau

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REALISATION EN RAPPORT AVEC L’EDUCATION ET L’ENVIRONNEMENT Monacology : Semaine Monégasque de sensibilisation à l’environnement À l’occasion de la semaine européenne du développement durable organisée du 30 mai au 5 juin 2005 à travers toute l’Europe, la Principauté de Monaco s’est également mobilisée avec Monacology : une initiative conjointe d’Act for Nature et du Stars’n’Bars. Lors de sa première édition monégasque en 2005, Monacology a eu pour objectif d’informer et d’encourager la jeunesse, le grand public, mais aussi les décideurs et dirigeants d’entreprise à s’engager en faveur de la protection de l’environnement. La 2éme édition de Monacology a reçu le soutien de Son Altesse Sérénissime le Prince Souverain Albert II et a pris place du 5 au 11 juin 2006 sur le quai Antoine 1er. Cette année, Monacology a accueilli des visiteurs encore plus nombreux, dont des écoles de la Principauté de Monaco. En 2007, la troisième édition s’annonce déjà riche en activités ludiques et pédagogiques pour la sensibilisation à l’environnement. Évènements thématiques selon les programmes Nuit du Sifaka, Dîner Lapin des Boschimans... Opération Nettoyage du Larvotto en partenariat avec l’École Bleue Vendredi 18 août sur la plage du Larvotto, une action de sensibilisation pour la protection du littoral et de nettoyage du Larvotto a débuté à l’initiative d’Act for Nature et de l’École Bleue. Une opération qui a reçu le soutien de l’ensemble des commerçants du Larvotto ainsi que du CESMM (Club d’Exploration Sous-Marine de Monaco), de l’AMPN (Association Monégasque de Protection de la Nature) et de la FMAS (Fédération Monégasque des Activités Subaquatiques). Cette journée de lancement comprenait, en premier lieu, la distribution par les enfants de l’École Bleue de cendriers de plage aux estivants : 1200 cendriers ont été offerts jusqu’à la rentrée scolaire. En parallèle, une opération de nettoyage des fonds marins a été menée au niveau de la réserve du Larvotto. Des plongées en snorkelling et bouteilles se sont déroulées en matinée afin de récupérer les quelques détritus qui ont été, ensuite, traités par la SMA (Société Monégasque d’Assainissement). Cette double opération avait pour but de sensibiliser les estivants aux problèmes de pollution du littoral, lieu de villégiature et de vie, qu’il est essentiel de préserver. Plantation d’un Pin Wollemi dans les jardins Saint-Martin de la Principauté de Monaco Act for Nature et Wollemi Pine International se sont associés afin d’offrir un Pin Wollemi au Gouvernement Princier. C’est à l’occasion d’une plantation officielle par Son Altesse Sérénissime le Prince Albert II de Monaco et de L’Ambassadeur d’Australie pour la France S.E. Madame Penelope Wensley AO que cet arbre fit son entrée en Principauté. La plantation fut précédée par une conférence de presse où on pouvait découvrir l’histoire de ce pin et rencontrer les représentants du programme. Originaire de Nouvelle-Galles-du-Sud, le pin Wollemi est un véritable fossile vivant. C’est une espèce végétale considérée comme l’une

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des plus anciennes et des plus rares au monde, dont l’histoire remonte à l’époque des dinosaures. On la pensait éteinte, elle a pourtant été redécouverte par hasard en 1994, dans une vallée secrète d’Australie. Depuis, on considère que le pin Wollemi est l’une des plus grandes découvertes botaniques du XXe siècle. Le Pin Wollemi est l’objet d’un programme de conservation, son introduction dans les Jardins Botaniques du monde entier permet d’étudier son adaptabilité face à des conditions climatiques différentes de son lieu d’origine. À ce jour il y a moins d’une centaine de spécimens encore vivants dans la nature. PARTICIPATION ET CREATION DE PROJETS DE CONSERVATIONS Conservation du langur de Cat Ba (Trachypithecus poliocephalus) au Vietnam : conservation de l’un des primates les plus menacés d’extinction (CR), avec seulement 64 spécimens recensés. La fragmentation de son habitat et la continuelle pression humaine sont les principales causes de sa raréfaction. Après avoir pu mettre fin en braconnage, ce programme entame sa deuxième phase d’action, à savoir : - Enrayer la fragmentation de son habitat en limitant la déforestation. - Poursuivre les recherches sur la biologie de l’espèce - Evaluer et améliorer les mesures de protection - Sensibiliser les populations locales Protection de l’habitat et conservation du lapin des Boschimans (Bunolagus monticularis) dans la région du Karoo, en Afrique du Sud : ce lagomorphe est le plus menacé de la planète avec seulement 250 sujets adultes. La culture intensive et le pastoralisme sont les principaux facteurs de disparition de cette espèce. En effet, ce lapin réside dans une niche écologique très spécifique où la moindre interaction de l’homme a des conséquences désastreuses. Ce programme est principalement axé sur la coopération des propriétaires terriens. Restauration de l’habitat du chinchilla à longue queue (Chinchilla lanigera) au Chili, et réimplantation de différentes essences végétales endémiques : conservations d’une espèce de rongeurs fortement menacée d’extinction (CR) et même considérée comme éteinte au siècle dernier. Ces actions ont pour but de favoriser le retour du chinchilla (décimé pour le commerce de sa fourrure : 21 millions de spécimens en une soixantaine d’années). Création de corridors forestiers pour la conservation de l’habitat du grand ara de Buffon (Ara

ambigua), deuxième plus grand psittacidé d’Amérique du Sud. Ce programme piloté par une ONG costaricienne à la particularité de gérer une réserve biologique privée. Il permettra le rassemblement des populations fragmentées du lapa Verde, nom local de cet oiseau qui est en passe de devenir un des emblèmes du Costa Rica. Par la création d’un corridor forestier entre le Costa Rica et le Nicaragua, cette action permet à court terme l’établissement d’une importante zone forestière protégée, pouvant optimiser la conservation de l’ensemble des espèces qui y résident. Etude des causes de disparition du Vanneau sociable (Vanellus gregarius) : cette mission rassemble des scientifiques de plusieurs pays et a pour but d’identifier et analyser les causes du rapide déclin de cet échassier. Elle étudie les facteurs déterminant la biologie de reproduction sur les derniers sites de nidification connus au Kazakhstan.

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Programme d’Etude et de Conservation du Propithèque de Perrier – Madagascar. Ce projet, lancé en mars 2006, se concentre sur la 3éme espèce de primate la plus menacée au monde : le Porpithèque de Perrier (Propithecus perrieri). Ce lémurien endémique de Madagascar est en effet fortement menacé avec une population effective de 250 individus. Un volet majeur de ce programme, l’implication des populations locales (par la formation de rangers, la mise en place d’activités économiques de substitution…) La fragmentation du territoire et le braconnage sont les obstacles majeurs à sa survie. Act for Nature en association avec d’autres organisations internationales a ainsi lancé ce programme le 21 mars 2006 à l’occasion de la Nuit du Sifaka. PARTICIPATION DANS DES ACTIONS CIBLEES DE RECHERCHE Sauvetage des lamantins au Sénégal : il y a quelques mois, un groupe de lamantins était piégé dans un bras mort du fleuve Sénégal. La baisse des eaux le condamnait à mort… Grâce à la mobilisation internationale de nombreux partenaires, une opération de sauvetage et de suivi scientifique a pu être lancée. Act for Nature, partenaire du sauvetage, a ainsi pu agir rapidement afin de rechercher des fonds en urgence pour l’achat entre autres des bouées ARGOS nécessaires à l’opération. La Tortue à éperon (Centrochelys sulcata) espèce vulnérable faisant face à de hauts risques d’extinction. Originaire de la région subsaharienne d’Afrique ce chélonien est considéré comme la troisième plus grosse espèce de tortues terrestres. Le programme de conservation de cette espèce, auquel Act for Nature a pris une part active en 2006, a pour but de recueillir des tortues dans un parc créé non loin de Dakar afin de faire reproduire l’espèce. 25 tortues à éperons seront relâchées au Sénégal prés de Katané, en juillet 2006. Des suivis télémétriques et des recherches par des étudiants sont en cours afin d’assurer la protection de cette espèce et sa pérennisation dans le milieu naturel. Pour en savoir plus : Act for Nature 31, avenue Princesse Grace , MC-98000 Monaco Tel : +377 97 98 17 07 - Fax : +377 97 98 17 08 e-mail : [email protected] - web : www.actfornature.org Références bancaires : IBAN MC88 3000 2032 4300 0007 1398 Y77