oeil du patriote n.03 fevrier 2012
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La revue L'Oeil du Patriote qu'edite Jeunesses Patriotes (Senegal) vous propose son troisieme numero avec plusieurs analyses sur la situation actuelle du pays.TRANSCRIPT
Revue bimensuelle gratuite des Jeunesses Patriotes –
Troisième Numéro – Février 2012
26 Fevrier 2012 : LE Rendez-Vous Historique
L’OEIL DU PATRIOTE
Le Sénégal vers l’émergence ?
Votre regard
A toi cher peuple sénégalais !
A lire dans ce numéro :
Le Sénégal va mal
L’union fit la farce
Ces élections ne doivent pas avoir lieu
L’ŒIL DU PATRIOTE
SOMMAIRE
EDITORIAL…………………………………………………….3
LE SENEGAL VERS L’EMERGENCE?..……………………..5
LE SENEGAL VA MAL……………….....……………………7
CES ELECTIONS NE DOIVENT PAS AVOIR LIEU…..……9
A TOI CHER PEUPLE SENEGALAIS!……..………………11
UN REGARD SUR LA TOILE……………………………….13
L’UNION FIT LA FARCE……………………………………14
QUAND LE VIN EST TIRE, IL NE FAUT PAS LE BOIRE...18
VOTRE REGARD…………………………..………...………21
L’Œil du Patriote est une revue
gratuite éditée et publiée par
les Jeunesses Patriotes.
Les Jeunesses Patriotes
constituent un mouvement
citoyen et politique sans
obédience particulière et non
partisan.
Cette revue n’a aucun but
lucratif.
2
De terre de Téranga à terre d’impunité : Aux sénégalais de
sauver leur terre d’hospitalité
S’il ya un régime que je peux juger à sa juste valeur, c’est bien celui de Wade. Sous
Diouf, j’étais trop jeune pour m’enquérir de la situation politique et sociale de la terre de
Téranga qui m’a bercé. Tout jeune, l’élection du président Abdoulaye Wade en 2000 est
restée gravée dans ma mémoire. Les images de la campagne du Sopi en 2000 relayées par
la Radio télévision sénégalaise sont toujours fraîches dans ma mémoire notamment les
foules monstres que mobilisait ce « Messie » à Grand-Dakar et Niary Tally dans ses
derniers jours de campagne. Le jour de sa victoire au second tour le chant des foules qui
marchaient vers le groupe Walfadjri pour les féliciter de leur travail patriotique dans la
publication des résultats résonne toujours fort dans mes oreilles. « Ablaye fallou na kou
ko begne sa … » criait la foule hystérique qui envahissait les rues de la Sicap de façon
phénoménale. Douze années après, le chant n’est plus le même. Divers slogans « Y en a
marre », « Wade Dégage » entre autres témoignent d’un ras le bol collectif des
populations sénégalaises. Ce peuple qui aime tant se remettre à Dieu face à toutes les
épreuves semble ne plus pouvoir supporter le lourd fardeau que lui fait porter le pape du
Sopi. Le « Messie » sous son règne n’a engendré que grandes déceptions. Il a trahi les
idéaux de démocratie et de respect de la république dont il se targuait tant lors de ses
batailles d’opposant.
Douze années de corruption, d’injustice, de népotisme, de violation des règles
fondamentales dont la constitution du Sénégal font dire qu’il y a assez du système Wade.
Le Sénégal qui tirait sa stabilité grâce à sa diversité dans l’union risque d’éclater avec un
prolongement du régime de Wade et de sombrer dans le club des Etats faillis. Le
magistère de Wade a eu pour impact de mettre un accent sur les différences des
populations sénégalaises tant du point de vue social, économique que religieux. A côté
des citoyens lamda, il y a le sénégalais au-dessus des lois qui, oublie toute morale au cas
où il en aurait et se sert des moyens de l’Etat à des fins personnels sans pudeur ni
décence. A côté du sénégalais (Gorgorlou) qui se démêle nuit et jour pour assurer le
nécessaire à ses parents et proches, il y a le sénégalais qui se permet d’exhiber aux yeux
de tous richesses acquises sur le dos du contribuable et prestige. Près du sénégalais qui
croupit en prison depuis des années sans bénéficier d’un procès, il y a un sénégalais qui
arbitrairement instrumente des baïonnettes sans cervelle pour casser leurs manifestants de
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frères et arrêter arbitrairement des citoyens qui revendiquent les droits que leur garantit
une constitution qu’ils ont librement adopté en 2001. Des pages et des pages peuvent être
rédigées sur les inégalités qu’a créées le système Wade mais là n’est pas l’objet. Le mal
est déjà profond, il est tant de déraciner l’arbre libéral. Le 26 février est un rendez-vous
avec l’histoire auquel les sénégalais devront répondre. Ils auront la possibilité de mettre
fin à l’impunité et l’arbitraire qui ont embarqué dans notre chère pirogue et la font
tanguer dangereusement. Il est de notre responsabilité de ne pas laisser ce pays chavirer.
Il nous a été remis dans un état qui n’est pas exempt de reproches, tout de même il était
stable malgré l’épineux conflit au Sud du pays qui perdure. De même, les institutions
républicaines assuraient l’égalité et le respect mutuel qui sont les socles de toute
démocratie. Il est de notre devoir d’offrir aux générations futures un Sénégal de liberté,
d’égalité où les citoyens auront les moyens nécessaires à leur épanouissement social et
personnel.
Chacun de nous se doit contribuer à la reconstruction du Sénégal avec ses moyens.
Arrêtons de nous contenter de nos propres personnes. La réussite nationale entrainera
nécessairement des réussites personnelles bien qu’à des degrés variables. Le moment de
faire fi de nos différences est arrivé. L’intérêt de la nation prime sur tout. Vous êtes en
mesure de libérer le Sénégal et de redorer le blason de la Téranga. Aucun système ne peut
perdurer dans le mensonge, l’hypocrisie, l’intimidation, la forfaiture et l’oppression. A
nous de décider de porter le coup de grâce ou de laisser la dictature s’installer.
Serigne Saliou DIAGNE
- Note : Pour ce numéro, les rubriques « La toile du
Patriote », « Le thème du moment » et Fenêtre patriotique
ne sont pas disponibles. Elles seront incluses dans notre
prochain numéro.
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Le Sénégal vers l’émergence ?
Le Sénégal affiche un palmarès économique inscrit dans une dynamique de croissance
faible mais continue avec des impacts exogènes négatifs nous provenant des crises qui
secouent les mondes économique et politique ces cinq dernières années.
A mon avis au delà des variables quantitatives modélisées et liées entre elles par des
schémas macroéconomiques sophistiques, l'émergence est une affaire d'état d'esprit par
excellence car demandant une dose énorme d'efforts et de travail à tous les niveaux de la
société. La clé pour occuper une place valeureuse sur la scène économique mondiale, de
disposer d'armes pour s'affirmer et imposer sa présence c'est de produire.
Mais si on tient réellement à examiner notre identité macroéconomique et déceler les
facteurs bloquants ou les éléments favorables, à mon avis on peut s'intéresser à plusieurs
aspects. Il faut cependant rappeler que la structure de notre économie dépend fortement:
- de notre propension a consommer, de là on retrouve toutes les mesures incitatrices de la
demande ponctuelle et/ou différée,
- du dynamisme du secteur prive qui tire l'investissement, de là on crée des richesses à
répartir et distribuer tout en alimentant une forte activité du crédit à l'économie par les
banques primaires,
- de la qualité des dépenses publiques qui doivent être dédiées a l'établissement des
conditions optimales au déroulement d'un jeu économique sain, infrastructures
performantes et adéquates aux besoins exprimés ou constatés, lois rationnalisant
l'environnement économique...
- de l'efficacité de la politique fiscale aux fins de résorber un déficit budgétaire à
contrôler et de faire face aux dépenses incompressibles découlant de la politique
d'endettement public de l'Etat et d'entamer le programme de crédit prévu aux postes de
l'exercice budgétaire,
- de l'exacte réalité économique traduite par la valeur réelle de la monnaie qui, dans sa
masse en circulation, doit traduire, lorsqu'on prélève l'effet de l'inflation, la densité des
transactions.
Fort de cet éclairage, nous disposons désormais des moyens (non-exhaustifs) pour nous
forger une opinion.
Nous évoluons dans une économie souffrant de multiples obstacles à la production et au
développement durable. La crise énergétique que nous traversons irradie ses effets nocifs
jusque dans l'intimité ténébreuse de nos foyers en passant par des PME qui accablées,
déposent leur bilan et des transporteurs à bout de souffle qui s'acharnent sur des usagers
désolés. De plus, il n'existe pas de politique cible emploi, ce qui est aisément
compréhensible connaissant le niveau de qualification professionnelle des demandeurs
d'emploi sur le marche du travail malgré les réformes du code du travail pour encourager
5
les patrons à recruter. Ce qui nécessairement réduit le niveau global des revenus des
ménages et donc affecte la consommation immédiate. Le coût de la dette fixe par les
établissements de crédit au Sénégal reste encore élevé pour des entreprises encore fragiles
et soumises a des aléas coercitifs même si le taux de bancarisation en nette progression
présage des facilites d'accès au crédit. Les prix des denrées de premières nécessités ont
flambée sur les marches mondiaux et réduit le niveau de vie des sénégalais.
L'éducation qui, selon toute vraisemblance, absorbe 40% du budget présente des taux de
réussite effrayants aux examens nationaux cruciaux éminemment liés aux innombrables
grèves des enseignants du moyen et du secondaire (à noter ici, un taux de scolarisation de
l'ordre de plus de 85%).
Le dossier épineux de la sante nous renseigne sur la délicatesse et le malaise des
dispositions relatives à la sécurité sanitaire. L'obsolescence des infrastructures sanitaires
est une insuffisance majeure des services de santé du territoire et le retard dans les
rappels de vaccination fait peser une menace réelle d'épidémie.
Cependant, des résultats probants ont été enregistres. Les réalisations en matière
d'autosuffisance alimentaires doivent pousser les autorités publiques à renforcer et
protéger un secteur primaire balbutiant et trop dépendant des conditions climatiques.
L'organisation du travail administratif, trop approximative, subit une reforme dans les
procédures institutionnelles de contrôle des dépenses publiques afin de rendre efficace les
actions de l'Etat et d'instaurer une gestion axée sur les résultats. Ce qui nous laisse
entrevoir un recul raisonnable de la corruption.
La stabilité politique qui a toujours été une des forces du Sénégal demeure sa
caractéristique la plus certaine même si l'on atteste d'une incertitude avérée à la veille des
échéances électorales présidentielles. La solidité des partenariats extérieurs qu'a noué le
Sénégal surtout dans le cadre de la coopération Sud-Sud et de la longue entente séculaire
avec les pays arabes ouvre un canal privilégie vers une rentrée importante de capitaux
étrangers sous forme d' I.D.E. Et la nouvelle forme de collaboration qui unit désormais le
FMI, la BM, les bailleurs de l'OCDE ou du Japon positionne le Sénégal sous un angle
plus souverain économiquement et comme un acteur reconnu dans l'environnement
géostratégique régional, lui octroyant une nouvelle gamme de possibilités de financement
sous réserve d'une certaine orthodoxie dans la gestion publique et un respect scrupuleux
des OMD et des Arrangements Cadres.
En définitive, nous sommes une économie "en voie" de développement et nous avons des
sacrifices à consentir afin de lancer le pays sur la rampe du progrès des mentalités appuyé
par une volonté politique responsable et après, seulement, nous pourrons envisager une
ascension économique. Un mouvement d'ensemble, homogène, volontaire est la
condition sine qua non de l'accession du Sénégal au statut d'économie émergente.
Cheikh Ahmed Tidiane FALL
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Le Sénégal va mal
Pendant longtemps, le Sénégal a toujours caressé cette idée de Sartre, « l’enfer, c’est les
autres ». Conforté dans son idée par les déboires de ses voisins, le Sénégal est resté sur
ses lauriers. Chaque jour, de nouveaux précédents dangereux se créent. Il y a une
ambiance généralisée de faillite et à tous les niveaux. Tous autant que nous sommes,
sommes responsable.
Le football, actualité oblige est la face visible de l’iceberg. Avant la CAN, un constat de
médiocrité prévalait, des victoires sans saveur, un jeu nul, une faillite technico-tactique.
Préférant l’occulter, des expressions telles « nous sommes favori », « notre équipe est
l’une des meilleures sur le terrain » ont été utilisées et abusées pour nous berner dans une
supposition de victoire finale. La déclaration de Souleymane Diawara n’est pas anodine :
« On a sous-estimé les Zambiens ». C’est cette mentalité qui existe majoritairement chez
les sénégalais. Nous sommes meilleur et nous avons rien fait pour être meilleur. La
société laisse passer l’hypocrisie et la dénonce quand il n’y a plus moyens de reculer.
Aujourd’hui, la stabilité du pays est en jeu. Pendant longtemps, des barrières ont toujours
existé pour empêcher tout clash sérieux. C’était l’ère des guides religieux responsables.
Si aujourd’hui, nous n’acceptons pas une succession monarchique à la tête de l’État,
devons-nous accepter des successions monarchiques religieuses. Au nom de quoi, ton
père fut mon marabout et toi tu seras le marabout de mon fils? L’Islam est-il héréditaire?
Des miracles réalisés par ton père ou grand-père suffisent ils pour faire de l’Islam une
théocratie héréditaire?
Un pays fort a besoin d’une classe politique forte et responsable. Que voyons-nous
aujourd’hui? Des politiciens mus par des intérêts personnels et des caprices de parvenu.
L’arrogance est la norme chez les politiciens. La déclaration de Monsieur le Président de
la République en dit long sur la pensée des hommes politique : « J’ai une mission
historique à remplir au service de mon pays ». Il est une pensée récurrente chez ces
politiciens que le Sénégal ne peut exister sans eux. Pire, depuis l’indépendance, le
Sénégal a connu la même clique. Si la démocratie n’est pas acceptée à l’intérieur du parti,
alors comment pouvons-nous être sûr qu’elle sera respectée à l’échelon de l’État. Une
anecdote révélatrice, au moment où la situation était la plus tendue le 27/ Janvier, les
leaders de l’opposition ont disparu comme par miracle.
N’a-t-on pas l’habitude de dire « qu’un pays n’a que les dirigeants qu’il mérite »? Si
Fukuyama analysait la société sénégalaise comme il le fait à propos de d’autres sociétés
7
dans son ouvrage La confiance et la puissance, sans doute il conclurait que le Sénégal
n’est pas une société de confiance. Les rapports entre sénégalais sont teintés de mépris,
crainte, chacun voyant son voisin comme son ennemi. De petites anecdotes sont
révélatrices. On attend la veille du départ à l’étranger pour l’annoncer. Cette fameuse
phrase littéralement traduite « la rue est la rue des rois ». De cela, chacun peut se
permettre de jeter les ordures dans la rue. Un comportement que le sénégalais à
l’extérieur ne fera jamais.
Tout avancement demande travail. Parler est facile, s’arroger d’un droit ou d’un prestige
est aisé. Le Sénégal gagnerait à se questionner. Nous ne sommes pas plus intelligents que
nos voisins. La Nation sénégalaise a été bâtie sans les politiciens et continuera à exister
sans eux. La responsabilité et notre devoir voudrait que nous laissons le pays dans un état
meilleur ou au pire équivalent à comment nous l’avons trouvé à nos enfants. Le monde ne
nous attend pas, le monde ne nous fera pas de cadeau. Épargnez-nous ces querelles
d’enfants et commençons à régler les problèmes d’adulte.
Moussa SYLLA
Pour toute critique ou suggestion, contactez-nous à l’adresse
électronique suivante : [email protected]
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Ces élections ne doivent pas avoir lieu
Ces élections ne doivent pas avoir lieu. J'ai écouté les développements de ces dernières
48h et ceci est pour moi, la meilleure solution pour garantir la stabilité du pays, éviter de
nouvelles pertes humaines et prendre le temps d'organiser un scrutin sans contestation
possible. Je décline dans les lignes suivantes, mes arguments et mes propositions
alternatives.
1 - Mes arguments
Une partie de l'opposition, avec à sa tête Macky Sall de l'APR et Moustapha Niasse de
Bennoo, tient absolument à la tenue de l'élection demain Dimanche 26 Février 2012 et dit
en même temps qu'elle ne reconnaitra pas Abdoulaye Wade comme Président de la
Réupblique si d'aventure il venait à être élu. Or cette posture est foncièrement belliqueuse
et va à l'encontre d'une quelconque stabilité du pays car on ne peut pas participer à une
élection avec un adversaire et dire, avant la tenue du scrutin, que cet adversaire ne peut
pas gagner cette élection. Cette attitude que je qualifie volontiers de nihiliste, embrasera
le pays à coup sûr. José Mourinho ne peut pas dire à Josep Guardiola "Jouons un match
mais si vous gagnez nous ne reconnaitrons pas votre victoire". Cette attitude est la pire de
toutes, pire même que celle d'Abdoulaye Wade car elle fera bien plus de morts que les 9
déjà déplorés lors de cette campagne.
Ces élections ne doivent pas avoir lieu car la grande majorité de l'opposition, pour ne pas
dire toute l'opposition, n'a ni confiance dans la transparence du scrutin ni dans le conseil
constitutionnel qui a déjà pris fait et cause pour Me Wade en violant la constitution. Or
on ne peut pas organiser des élections dans ce climat de défiance. Le respect du
calendrier électoral, qui n'est rien d'autre qu'un calendrier, ne doit pas nous pousser à aller
vers des élections qui généreront à coup sûr des contestations. Et en Afrique qui dit
contestations post-électorales, dit pertes de vies humaines.
2 - Mes propositions
Maintenant, il est sûr que le Président candidat Wade ne retirera pas sa candidature, car il
a été légalement propulsé dans le processus de l'élection par le Conseil Constitutionnel
même si celui ci est probablement corrompu. Son cap, celui des FAL2012 est très
déterminé à faire participer le président Wade à ces élections. Etant donné que c'est eux le
camp du pouvoir, il faut que l'opposition, à laquelle je pourrai m'identifier, mette de l'eau
9
dans son vin et...reconnaisse cette candidature. Cette concession faite, le pouvoir sera
obligé d'en faire sur l'autre revendication de l'opposition c'est à dire la transparence du
scrutin. Cette transparence pourra se matérialiser par l'éviction d'Ousmane Ngom du
poste de Ministère de l'Intérieur et son remplacement par un haut gradé de l'armée, un
homme neutre et dont l'intégrité morale fera consensus entre pouvoir et opposition. Cette
transparence pourra également se matérialiser par la nomination d'un nouveau conseil
constitutionnel, composé d'hommes faisant consensus entre le pouvoir et l'opposition.
Tout ceci ne peut bien évidemment ne peut se faire en moins de 24h avant la tenue des
élections, c'est pour cela que je demande également un report de l'élection de 8 mois, le
temps de mettre en place ces changements qui garantiront un scrutin transparent auquel
Abdoulaye Wade pourra participer et au sortir duquel aucune contestation ne sera
possible aussi bien au niveau du pouvoir qu'au niveau de l'opposition.
En résumé, voilà ce que je propose dans le sens d'une résolution de la crise :
- Le report de l'élection au mois de Septembre 2012
- La prorogation du mandat du Président Wade jusqu'à Octobre 2012 c'est à dire jusqu'à
la prestation de serment du nouveau président.
- La reconnaissance officielle et par écrit de la candidature de Me Abdoulaye Wade par
les membres de l'opposition en vue des élections de Septembre 2012.
- La Suppression du ministère chargé des élections
- La Transmission des prérogatives du ministère chargé des élections au Ministère de
l'intérieur
- La Nomination d'un haut gradé de l'armée au ministère de l'intérieur en lieu et place
d'Ousmane Ngom.
- La nomination de nouveaux magistrats dans le conseil constitutionnel faisant consensus
entre le pouvoir et l'opposition.
Fary NDAO
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À toi cher peuple sénégalais!
« Après un saut si tu atterris sur du feu, il te reste un autre saut à faire » disait Léopold Sédar
Senghor. Cette citation a tout son sens aujourd’hui dans le contexte politique actuel du
Sénégal. En effet, la majeure partie des sénégalais disait que si la candidature de Wade est
validée, il n’y aurait pas d’élections à défaut de quoi, ils résisteront jusqu’au bout. La suite
des événements avait montré que le Conseil constitutionnel a validé la candidature de Wade
d’où la ruée de tous les candidats de l’opposition vers le M23.
Cette ruée a naturellement entrainé une clause disant que ces derniers seront solidaires et
mèneront une bataille commune jusqu’au retrait de la candidature inconstitutionnelle de
Wade. C’est ainsi qu’ils s’étaient tous mis d’accord pour que leurs discours d’ouverture de
campagne soient tous identiques et qu’ils auront comme centre d’intérêt la non-
reconnaissance de la candidature du leader du «sopi». Mais à la surprise généralisée de tous
les membres du 23 et des sénégalais qui avaient eu à lire la résolution signée par tous les
candidats opposants ; Macky Sall et Moustapha Niasse avaient défailli en dévoilant leurs
propres programmes ; premier acte de trahison pour des responsables qui aspirent à diriger le
pays alors qu’ils ne respectent même pas leurs signatures oh combien importantes. Certains
restaient encore optimistes et pensaient que c’était juste une erreur de communication, mais
les jours subséquents ont finis par confirmer la lâcheté de ces soient disant leaders crédibles.
Cependant, pour les gens qui ont une bonne lecture de la politique, ces actes ne font
qu’agréger et certifier la nature irresponsable de ces candidats. En effet, n’est-ce pas Macky
qui voulait entendre Karim pour qu’il rende compte de sa gestion nébuleuse de l’ANOCI à
l’Assemblée nationale et après que Wade soit sorti de ses gonds, il a aussitôt saisi les
personnes influentes afin qu’elles jouent la médiation entre lui et Wade disant qu’il regrette
d’avoir pris cette initiative ? Pour ne citer que ce cas …Vient maintenant le tour de
Moustapha Niasse qui disait en 2007 qu’il est déjà vieux et qu’il ne pourrait plus diriger le
pays après 2012 par conséquent, il ne demandait qu’un seul mandat afin de prendre sa retraite
politique en 2012. Ainsi, les années passent, et ce même Niasse est encore candidat à la
présidentielle de 2012 pour dire qu’il a fait du « wax waxeet » alors comment peut-on être
aussi septique en pensant que ce dernier va créer une transition ? Réveille-toi mon peuple !
Ces candidats ont finalement trahi le M23 et le peuple en acceptant non seulement la
candidature de Wade mais aussi et surtout en acceptant d’aller à l’élection avec lui.
Parallèlement, les vrais leaders patriotes (Cheikh Bamba Diéye, Idrissa Seck, Ibrahima Fall et
Youssou Ndour) empruntaient chaque jour la direction de la place de l’indépendance pour
dire non et en même temps sensibiliser l’opinion nationale et internationale sur la gravité de
la présence de l’intrus Wade. Et si aujourd’hui l’union africaine et la CEDEAO ont dépêché
11
Obasanjo, c’est grâce à ce travail de dénonciation sculpté par ces vaillants dirigeants et
patriotes hors pair. Maintenant que les défaillants ont fait le tour du Sénégal et ayant réussis à
regrouper des personnes qui viennent juste assister à leurs meetings par simple curiosité et
non pas par conviction, ils se sont bombés le torse et sont tombés sur un narcissisme sans
commune mesure pour reprendre les mots de feu Kéba Mbaye, le juriste exemplaire.
Mais ce qu’ils ignorent c’est que Dakar, Diourbel et Thiès ont 52,3% et Saint-Louis 7,5%,
Kaolack 6,6% ce qui fait que ces 5 régions regroupent 66,4%de l’électorat sénégalais et tous
les sénégalais savent que ces candidats qui ont trahi le peuple sont loin d’être populaire dans
ces régions. Vous comprendrez par là qu’aller aux élections serait un suicide qui ne serait
bénéfique que pour Wade et Idrissa. Alors si Idy qui est conscient de ces données persiste et
signe que Wade ne doit pas se présenter, c’est par ce qu’il veut tout simplement épargner le
peuple de troubles de lendemain électoral.
Par ailleurs, ces chefs de partis qui s’entêtent à aller aux élections risquent de courir de toutes
leurs forces pour rester sur place, car si élections y’aura, Wade est capable de forcer la
barrière comme il l’a fait aisément sur sa candidature et le présidant du Conseil
constitutionnel le proclamera tout bonnement vainqueur comme l’avait fait Yao Ndré en Côte
d’Ivoire en faveur de Laurent Gbagbo. Je ne suis pas «senghorien» mais sa citation est bien
d’actualité. En outre que feraient ces candidats ? Signer un nouveau pacte avec le diable pour
aller en guerre contre Wade et sacrifier encore et encore nos frères, nos sœurs, nos cousins,
nos oncles, nos papas et maman ? N’est-ce pas vrai l’adage qui disait « mieux vaut prévenir
que guérir » alors chers assoiffés de pouvoir, penser à la protection de notre constitution qui
a été votée en majorité par tous les citoyens sénégalais et refusons d’être ingrats envers ces
personnes qui avaient voté pour une constitution meilleure et qui ne sont plus parmi nous
dans ce bas monde.
Chers compatriotes, un mort de plus, un mort de trop ; le choix historique est là…que ceux
qui veulent aller aux élections, acceptent la victoire éventuelle de Wade s’ils ne sont pas
capables de le faire, mieux vaut s’opposer déjà à sa participation, car le peuple sénégalais a
toujours refusé, refuse et refusera jusqu’à la fin des temps de suivre l’exemple des « moutons
de Panurge ».
Vive le Sénégal ! Vive mon peuple !! Que Dieu nous bénisse tous !
Ababacar THIAM
Cet article est initialement paru sur Senrevolution.com
12
Un regard sur la toile sénégalaise
Dans le cadre du scrutin présidentiel sénégalais qui se tiendra ce dimanche 26 février, la plateforme citoyenne
« Voix des Jeunes » a mené à travers les réseaux sociaux un sondage national public afin de cerner les diverses
tendances électorales. Le sondage a enregistré la participation de nombreux internautes sénégalais qui ont pu
voter pour un des quatorze candidats en course pour la magistrature suprême. Le E-Vote selon « Voix des
jeunes » visent exclusivement à montrer « les positions de la communauté des internautes sénégalais ». Nous
vous présentons les résultats du E-Vote de www.voixdesjeunes.net
13
La division dans l’opposition Sénégal est sa plus grande faiblesse. Elle conforte aussi le président
sortant dans sa logique d’être « dans un combat sans adversaire ». Lors de l’émission Le Débat sur
France 24, Antoine Glaser avait lui aussi souligné qu’il ne faut pas négliger la division des opposants.
Bien que le « tout sauf Wade » domine sur toutes les tendances présentement, les contradictions et les
divergences au sein de l’opposition peuvent miner le fonctionnement politique et étatique du pays au cas
où le PDS connaîtrait une défaite. L’Œil du Patriote vous propose une analyse produite au lendemain
du clash au sein Benno Siggil Senegal avec la rupture entre Moustapha Niasse et Ousmane Tanor
Dieng investis respectivement par les coalitions Bennoo Siggil Senegal et Bennoo ak Tanor.
L’union fit la farce
La coalition Benno Siggil Senegaal
traverse depuis quelques semaines des
heures troubles. Tout semblait pourtant
bien parti depuis que l’opposition, dans
sa proportion la plus importante, s’était
enfin retrouvée autour de « l’essentiel »
après la monumentale erreur politique de
juin 2007 ; quand ses gourous décidèrent
de boycotter purement et simplement les
législatives. Les regrets voire des
remords ne tardèrent alors pas à
remonter à la surface, à l’issue de ce
scrutin largement snobé par les électeurs
sénégalais majoritairement déçus des
mesures impopulaires du fraîchement
réélu Abdoulaye Wade. Ce boycott,
véritable désillusion pour nos opposants
locaux, leur servira cependant de
tremplin et de viatique nécessaire en
prélude aux joutes électorales de 2009 et
du tant convoité fauteuil présidentiel.
Les municipales de 2009 devaient alors
faire office de l’essai qui était censé
préfigurer le grand saut vers la
magistrature suprême. Pour un coup
d’essai, ce fut un coup de maître.
Comme des petits pains, la coalition
Benno Siggil Senegaal, la bannière sous
laquelle un conglomérat de formations
politiques composé du Parti pour
l’indépendance et le travail (PIT), de
l’Alliance des forces du progrès du
progrès (AFP) de l’ancien pilier du camp
socialiste Moustapha Niasse, du Parti
socialiste (PS) drivé par Ousmane Tanor
Dieng, la Ligue
démocratique/Mouvement pour le parti
du travail (LD/MPT) d’Abdoulaye
Bathily, pour les formations les plus en
vue, s’était regroupé, rafla la majorité
des collectivités locales. Même le
symbole Dakar, longtemps chasse gardée
des partis au pouvoir, n’a pu résister à la
déferlante Benno. La stabilité et l’union
qui ont toujours fait défaut aux partis
d’opposition face au dinosaure en place
semblait vouées aux gémonies tant la
14
détermination des uns et des autres
paraissait infaillible, presque. Des
concessions importantes avaient été
annoncées en vue de la grande bataille
électorale. Une entente cordiale
rejaillissait en leur sein. Mais hélas à
mesure que l’échéance électorale profile
à l’horizon, les desseins présidentiels de
tout un chacun refont surface.
Les appétits s’aiguisent davantage. Tels
des crocodiles dans une marre, la
cohabitation entre les « colocataires »
devient exécrable. Les sorties
médiatiques se multiplient, les logiques
partisanes se substituent à la volonté
unitaire affichée des débuts. La réalité du
navire Benno fait jour au moment où
seuls de rares pessimistes, mais non
moins avertis de la situation politique du
Sénégal s’y attendaient. L’idylle était
trop belle pour être honnête. A moins de
trois mois d’une bataille qui promettait
naguère le glas du règne libéral, c’est
plutôt le contraire qui est sur le point de
se concrétiser, le Waterloo Benno étant
sur toutes les lèvres.
Le divorce est aujourd’hui imminent; il
semblerait même, désormais, consommé
entre ces partenaires d’un temps, à en
croire bien des indiscrétions.
L’ingénieuse idée d’une coalition, qui
avait redonné, non seulement, du baume
au cœur à une opposition sclérosante et
désabusée par des revers consécutifs
antérieurs à la maestria de 2009, mais
l’avait surtout doté d’une âme, a subi
une sérieuse entorse dont elle éprouvera
beaucoup de mal à se relever, à quelques
encablures de la présidentielle.
Ce désaccord a néanmoins le don de
mettre à nu toute la stratégie fantaisiste
de Benno qui a longtemps consisté à
faire croire aux sénégalais qu’une
coalition était la seule voie d’une
alternance politique (ce qui en soi n’est
pas si fantaisiste que cela), mais
l’illusion la plus niaise aura été leur
obstination, en dépit des conflits de
leadership internes entre Tanor et Niasse
notamment et même Cheikh Bamba
Dièye, à une candidature unique. Le
second écueil d’envergure auquel s’est
heurté Benno Siggil Sénégal concerne
les critères de sélection de ce candidat
unique. Autrement dit sur quelles bases
retenir les candidats ? Pour ce, la
dernière présidentielle devrait-elle
constituer l’unique baromètre, sachant
bien sûr que la donne a certainement
évolué sinon varié depuis lors? Ou plutôt
ne devrait-on pas orienter la sélection
vers des primaires où, réunis en congrès,
les militants des partis membres de la
coalition éliraient à la majorité (la
majorité qualifiée si possible pour plus
de légitimité) ? Cette dernière alternative
paraissait plus plausible, en tout cas plus
démocratique, en plus d’avoir l’avantage
de sonder l’électorat de Benno. La
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démocratie viendrait alors d’en bas car
ne provenant plus exclusivement des
détenteurs provisoires du pouvoir. Ce
qui, par ailleurs, conforterait une
démocratie fortement tropicalisée. Mais
en lieu et place, on eut droit à un
florilège de supputations quand
l’adversaire lui se dresse en ordre de
bataille, prêt à en découdre.
Loin de vouloir réduire l’opposition
sénégalaise à la seule coalition Benno
Siggil Senegaal encore moins prétendre
proposer, dans ces lignes, le candidat
idéal ou la recette miracle de la victoire
d’une quelconque formation politique, il
y va juste d’un constat que je pense
unanimement partagé : une page
prometteuse de l’histoire politique du
Sénégal vient d’être, c’est ma conviction
et les générations futures sauront
certainement en tirer toutes les leçons
qui siéent, tournée. Certes la politique
est avant tout une compétition pour
l’exercice du pouvoir et que tout homme
actif dans le milieu nourrit le rêve avoué
ou non (secret de polichinelle!) de
présider aux destinées du Sénégal. Tanor
et Niasse (les prétendants naturels à
l’illusoire investiture Benno)
n’échappent pas à ce sort dont recèlent
tant les arcanes de l’éternel hier.
Pourtant, mise à part toute fourberie à la
Scapin de dernière minute à craindre
toujours d’un politique, qu’avait-il,
Tanor ou Niasse, à perdre en s’alignant,
de façon spontanée, derrière un candidat
issu d’un « large consensus » et en
l’auréolant de son soutien, dans l’optique
d’une réforme du régime politique
sénégalais avec la primature comme
centre de gravité du pouvoir ? Le
premier comme le second perdrait tout !
Tanor, pur produit du socialisme
senghorien, bercé dans la cour du
président poète, compagnon loyal et
successeur patient de Diouf, ne voudra
pour rien au monde, surtout pas pour un
Niasse qui ne cesse de dégringoler
depuis sa percée de 2000, laisser filer sa
chance dans une élection très indécise où
il serait particulièrement gauche de vite
trancher. En dépit de ses lacunes liées
essentiellement à sa personnalité peu
charismatique, médiocre orateur, il a
quand même un avantage psychologique
certain sur son rival pour l’avoir devancé
d’un cheveu, en 2007.
Mais Tanor est loin d’être amnésique
tout comme ses compères du PS au point
accorder leur confiance à Moustapha
Niasse, ancien camarade socialiste qui,
en rejoignant l’ennemi juré Abdoulaye
Wade, pour ce qui allait couronner la
première alternance politique de
l’histoire du Sénégal indépendant, leur
avait planté l’estocade. Que dire alors de
dire Niasse, sinon qu’à 72 ans, 2012
reste, sans doute, la dernière perche à
saisir avant une mise au ban de la scène
politique. Il se retrouve mutatis mutandis
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dans la même posture que Wade en
2000, le glaive de Damoclès au-dessus
du crâne. Aussi Niasse et toute
l’intelligentsia «progressiste» ne
gardent-ils encore pas le traumatisme de
leur mésaventure avec le grand manitou
du Sopi. Qui ne se souvient pas de
l’éviction inélégante de Niasse&Co.,
quelques mois après le succès électoral
du vétéran Wade, grâce à un apport
conséquent de l’électorat de Niasse.
Quoi qu’il en soit, il transparaît un
manque criard de confiance entre les
leaders de cette coalition. Chacun
craignant de l’autre une espièglerie. Et
comme dans un lambi golo ou jeu du
plus filou, c’est au plus veinard
qu’échouera le gain de la partie. Une
chose, au moins, semble on ne peut plus
certaine, le camp libéral et autres
candidats étiquetés indépendants
bénéficient là d’une aubaine inespérée
dans une jungle où aucune miette n’est
offerte à l’adversaire, en pareille période
qui plus est, et qui risque d’être décisive
sur la balance électorale. D’autant plus
que certains membres de l’opposition ont
décidé de faire de la déroute de Wade en
2012 leur principal slogan de campagne.
Incohérence, maladresse verbale,
résignation, ignorance, dans quel registre
classer cette tacite validation de la
candidature de Wade, émanant de ceux-
là même qui l’ont combattue sur tous les
fronts? Le traquenard semble s’être
refermé sur les traqueurs, de la façon la
plus perfide. A malin, malin et demi
chers messieurs!
Bandiougou KONATE
Pour toute critique ou suggestion, contactez-nous à l’adresse
électronique suivante : [email protected]
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« Quand le vin est tiré, il ne faut pas le boire. Sauvons donc
lucidement notre pays »
Maintenant que le vin est tiré, ne le buvons pas. J’ai d’autant plus de raisons de le dire.
Eduqué, dans une famille de confession catholique et de culture casamanço-bissau-guinénne,
j’ai pourtant été préparé à ne pas boire du vin ou au moins à ne pas en abuser, afin de garder
la lucidité nécessaire pour éviter le pire. Ayant aussi vécu dans le très viticole bordelais (le
pays du vin français), j’ai appris encore qu’on n’est pas obligé de pratiquer la maxime bien
française qui veut qu’on boive le vin quand il est tiré. J’ai donc compris la non-obligation de
la radicalisation sur nos convictions au point d’aller vers le suicide collectif.
J’ai tout de suite pensé, après la validation par le Conseil constitutionnel des candidatures des
prétendants à la présidence de la République, qu’un biais important a été introduit dans
l’élection avec les conséquences que voici :
1- Le désaveu du Conseil constitutionnel par la quasi-totalité des candidats en lice pour la
présidentielle. La récente sortie d’Abdoulaye Wade lors d’un meeting tenu à Thiès sur son
intervention pour l’arrêt des poursuites contre Idrissa Seck dans l’affaire dite des chantiers de
la même ville ôte à cette institution le peu de crédit qui lui restait aux yeux de l’opinion.
2- Le dévoiement de la campagne en tant moment de communication avec les citoyens et
surtout de propositions de visions, de projets de société au profit d’une démarche de
contestation de la validation de la candidature d’Abdoulaye Wade de la part de l’opposition
et une assurance inexplicable à gagner au 1er tour de la part du camp présidentiel.
3- L’application arbitraire de la part des pouvoirs publics des dispositions légales portant sur
les mobilisations collectives citoyennes et la campagne électorale qui envenime une
atmosphère politique hautement inflammable.
4- Les violations flagrantes des droits fondamentaux y compris les bavures policières
mortelles. Déjà plus d’une dizaine de compatriotes ont perdu la vie dans cette violence
anomique, certaines victimes ayant payé hors des champs de confrontation.
5- Les divers appels à l’insurrection, à la révolution, à la résistance de leaders dits de la
société civile (Abdou Aziz Diop, M23), Cyrille Touré alias Thiat (Y en a marre), Cheikh
Tidiane Gadio (Luy Jot Jotna), Macky Sall (Maky 2012), Idrissa Seck (Idy4president),
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Ibrahima Fall (Taxaw Temm), Cheikh Bamba Dièye (Benno Jubbel)… présagent des
affrontements à tout le moins mortels.
6- Les communications incendiaires, provoquantes ou au moins banalisantes de certaines
autorités de l’État autour des drames vécues dernièrement : Djibo Leyti Kâ clamant la paix au
moment où des manifestants incendiaient et saccageaient des biens publics suite à la décision
du Conseil constitutionnel, Ousmane Ngom évoquant la thèse de l’accident au sujet de la
mort de l’étudiant Mamadou Diop, Serigne Mbacké Ndiaye, accusant une partie de
l’opposition qui serait impopulaire de mettre le pays à feu. Cela aggrave la situation.
7- Le déplacement de la crise (que symbolise ici le feu dévastateur) vers d’autres secteurs
(scolaire, universitaire, syndical, religieux…) et la confusion des genres en matière de
violence rend la situation encore plus complexe, suscitant ainsi la haine, la xénophobie et les
règlements de compte à caractère confessionnel pour ne pas dire confrérique. Sur ce point, la
bombe lacrymogène ayant touché les fidèles en prière dans la mosquée El Hadji Malick Sy a
exacerbé la tension.
8- La défiance des manifestants vis-à-vis des forces de l’ordre, incarnation de la puissance
publique, est plus que jamais défavorable à l’État, fragilisé par un ministre de l’Intérieur
dépassé par la tournure des événements et obligé d’appeler ses hommes à un peu plus de
retenue. Le symbole est mort par la banalisation. Conséquence : les foules gagnent du terrain,
les groupuscules prolifèrent, les foyers de tensions se démultiplient et les forces de l’ordre
elles-mêmes se sentent en danger. Elles sont désormais exposées à la criminalité de la foule.
La foule, c’est tout le monde et personne. Elle ne pense pas, elle tue.
9- Le silence (stratégique ?) coupable d’Abdoulaye Wade et de tout son appareil partisan face
à une série de perte de vies humaines, d’insécurité totale et surtout de belligérance en latence.
Point n’est besoin d’être expert pour faire ces constats. Les faits sont plus forts, plus parlant
que toute forme de narration et de commentaire. Etre lucide, c’est regarder tout cela en face.
Alors, face à cette explosion sociétale itinérante (je pèse mes mots), il faut agir de façon
réaliste, froidement et au détriment des intérêts d’individus, de clans ou de coalition pour
sauver le Sénégal. C’est ma conviction, naïve peut-être, mais sincère. Il faudrait donc, saluant
le courage et la lucidité de certains compatriotes (le député Wack Ly du PDS, le sénateur
Charles Mendy du même parti, l’honorable ancien député Moussa Tine et bien d’autres),
travailler dans le plus bref délai au report de l’élection de ce dimanche 26 février 2012. C’est
suicidaire de prétendre, comme le porte-parole du palais de la République et des membres de
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la coalition Macky 2012, qu’un scrutin régulier, fiable, transparent et démocratique peut
avoir lieu dans la situation actuelle.
Dès lors, il faut un dialogue sincère qui doit garantir entre autres :
1- Le retrait de la candidature d’Abdoulaye Wade et l’acceptation d’une candidature
alternative de sa coalition. La reconnaissance de la nation pour sa contribution au dynamisme
démocratique sénégalais.
2- La négociation d’un dispositif lui garantissant une sortie très honorable, une non-chasse
aux sorciers à l’égard de sa famille biologique et politique en cas d’actes illégaux constatés
durant son exercice, mais une juste application de la loi.
3- La mise en place urgente d’une instance de réconciliation et de pacification de l’espace
public virtuel et physique, de sécurisation des individus, des biens de toute nature et des
activités de toutes organisations politiques et citoyennes.
4- Le renforcement du processus électoral, au besoin par l’implication de nouveaux acteurs
dignes de confiance et faisant l’unanimité auprès des différents acteurs en compétition.
A ce stade de la crise, seule la responsabilité et le sens de l’intérêt collectif doivent
l’emporter. Les appels de Cheikh Tidiane Gadio et de Macky Sall à la formation d’un
gouvernement parallèle selon qu’Abdoulaye Wade gagne simplement l’élection (pour l’un)
ou qu’il la gagne au premier tour (pour l’autre) nous mettent par anticipation au cœur de la
situation vécue par la Côte d’Ivoire et la Libye. La crise serait d’autant plus grave que nous
payons déjà en Casamance un très lourd tribut qui viendrait gonfler une dette que nous
serions incapables d’honorer. Une explosion définitive du pays nous enfoncerait dans un
gouffre profond et pour de très longues années. Qui y gagnera ? Ni Monsieur Gadio, ni
Monsieur Sall, ni un autre des 14 candidats. Qui perdra ? Tout le Sénégal et, avec elle, toute
l’Afrique. Alors, ne buvons pas de ce vin, préservons-le dans notre chère et indivisible cave
qu’est le Sénégal.
Patrice CORREA
Cet article est initialement paru sur Senrevolution.com
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Votre Regard
Nous vous proposons à travers cet espace, les avis et opinions de citoyens en quelques lignes sur les
événements marquants de l’actualité au Sénégal et dans le monde. En cette période d’instabilité au
Sénégal, nos contributeurs se sont prononcés sur les tensions électorales.
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Notre Sénégal dont on était si fier, notre Sénégal qui
était un Etat exemplaire respecté et que tous les pays
africains adulés, s’est aujourd’hui transformé en un
piteux champ de bataille. Présentement le Sénégal est
dans un état de chaos total et est divisé en quatre
parties. En premier lieu, les hommes du président un
groupe constitué des ministres du PDS, des malfrats
qui en ont que pour leurs comptes dans les banques.
Viennent ensuite les marionnettes du ministre de
l’intérieur précisément « les forces du désordre » qui
pensent qu’elles sont en état de siège et qui en
profitent pour vider leurs anciens stocks d’armes sur le
peuple sénégalais. A cela s’ajoute ceux à qui le peuple
ne fait plus confiance c’est-à-dire le « Benno Sigil
Sénégal », Macky Sall, Idrissa Seck et Cheikh Tidiane
Gadio. Et enfin à la tête de la pyramide on y retrouve
les jeunes qui en ont ras le bol de leur président et de
sa bande d’incompétents, des jeunes qui veulent
travailler, étudier et vivre dans les conditions les plus
décentes. On y retrouve aussi Cheikh Bamba Dieye et
Ibrahima Fall des héros de la nation, des hommes
intègres et dignes de confiance qui n’ont pour seul et
unique but que de libérer le Sénégal et lui rendre son
image que lui enviaient les autres pays quitte à ce
qu’ils y laissent leur vie. Ils sont de vrais modèles pour
la jeunesse qui commence à perdre tout repère sous le
poids de l’anarchie que ce vieux président et sa meute
ont installés dans notre cher pays.
Par Mame Ngalla Niang
Pa
La situation actuelle au Sénégal est préoccupante. J’ai
grandi à l’extérieur du pays mais j’ai toujours perçu le
Sénégal, comme l’un des pays les plus démocratiques
de l’Afrique de l’Ouest, laïque et pacifique. Or, la
tournure de la campagne présidentielle menace ces
fondamentaux.
Je pense, notamment, à la candidature
anticonstitutionnelle du président sortant qui remet en
question la formation du conseil constitutionnel et sa
faculté à respecter les principes démocratiques. À
quand le changement ?
Par ailleurs, cette candidature a donné lieu à des
affrontements violents provoquant des morts et des
blessés qui mettent le pays en deuil. Pire encore,
certains agents de la police ont violé un lieu de culte.
Jusqu’où allons-nous? Je m’en inquiète comme
beaucoup de mes compatriotes vivant au Sénégal et
ailleurs. Malheureusement, cette situation ne semble
pas susciter l’intérêt du chef de l’État…
J’ai donc espoir que le peuple sénégalais fera le choix
d’un successeur intègre qui saura rétablir la fierté de
notre pays et nous mener vers un développement juste
et responsable…
Par Awa Gueye
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