oeil du patriote n.02 novembre decembre 2011

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Revue bimensuelle gratuite des Jeunesses Patriotes Second Numéro Novembre 2011 L’OEIL DU PATRIOTE Entretien ODP : A la découverte de « Senrevolution.com » Lettre ouverte au président Abdoulaye Wade. Quelques lignes sur la constitution. A lire dans ce numéro : Crise casamançaise au Sénégal : Comment gagner définitivement la paix. « Africains du monde, agissons ! » L’alternance générationnelle. La lutte : l’opium des sénégalais.

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Revue numéro 2 de l'Oeil du Patriote (@jeunesses patriotes)

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Page 1: Oeil du patriote n.02 novembre decembre 2011

Revue bimensuelle gratuite des Jeunesses Patriotes – Second

Numéro – Novembre 2011

L’OEIL DU PATRIOTE

Entretien ODP : A la découverte

de « Senrevolution.com »

Lettre ouverte au président Abdoulaye Wade.

Quelques lignes sur la constitution.

A lire dans ce numéro :

Crise casamançaise au Sénégal : Comment gagner

définitivement la paix.

« Africains du monde, agissons ! »

L’alternance générationnelle.

La lutte : l’opium des sénégalais.

Page 2: Oeil du patriote n.02 novembre decembre 2011

L’ŒIL DU PATRIOTE

SOMMAIRE

QUELQUES LIGNES SUR LA CONSTITUTION…………….3

« AFRICAINS DU MONDE, AGISSONS! »…………………..5

CRISE CASAMANCAISE : COMMENT GAGNER

DEFINITIVEMENT LA PAIX…………………………………7

L’ALTERNANCE GENERATIONNELLE……………………9

FENETRE PATRIOTIQUE…………...………………………10

L’ENTRETIEN ODP : A LA DECOUVERTE DE

« SENREVOLUTION.COM »………………………………….11

LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT ABDOULAYE

WADE…………………………………………………………14

LA TOILE DU PATRIOTE…………………………………...16

LA LUTTE : L’OPIUM DES SENEGALAIS………...………17

LE THEME DU MOMENT : FOCUS SUR LE TRANSFERT

D’ARGENT EN AFRIQUE…………………………………...20

LUTTE CONTRE LA MENDICITE INFANTILE : PROJET

YAYE BOYE…………………………………………………..22

L’Œil du Patriote est une revue

gratuite éditée et publiée par

les Jeunesses Patriotes.

Les Jeunesses Patriotes

constituent un mouvement

citoyen et politique sans

obédience particulière et non

partisan.

Cette revue n’a aucun but

lucratif.

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Page 3: Oeil du patriote n.02 novembre decembre 2011

Quelques lignes sur la constitution

La constitution est un document bref contenant rarement plus de 100

articles. On y définit les statuts des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire ;

c’est le texte suprême dans un état. La constitution renferme une dimension

sociale et une dimension politique et est le fruit d’un consensus. Elle marque le

principe de continuité dans une société. Ainsi dans un état démocratique on

doit transcender les vicissitudes de la vie politique et ne pas s’opposer sur la

constitution.

Pour pouvoir respecter une constitution, on doit être attentif au consensus. Or

au Sénégal, il y a une crise du consensus depuis la formation du sénat en 1998.

A partir de 2000, cela s’est aggravé et la constitution est devenue un

instrument du gouvernement. Or lorsqu'elle est traitée de la sorte, on peut dire

qu'elle a raté sa vocation. À noter que depuis l'alternance, il y a eu 17 révisions

de la constitution, cela dans des conditions parfois ahurissantes et souvent pour

régler des comptes.

Pour une bonne réforme constitutionnelle il faudrait :

D’abord penser nos institutions d’une manière globale (mérite qu’on pourrait

reconnaître aux assises nationales). Au Sénégal, il y a surtout eu beaucoup de

consensus autour de nos institutions. Ainsi du multipartisme instauré en 1974,

aux débuts de la 3ème république où le changement de constitution a été

motivé par le désir du président d’avoir la majorité à l’assemblée nationale (Il y

avait donc eu un référendum ayant abouti à la dissolution de l’assemblée), le

changement de constitution a toujours été pour résoudre des problèmes très

précis et n’a de ce fait pas été le fruit d’une réflexion collective. Donc quel que

soit le pouvoir en place après 2012, il ne pourra faire l’économie de cette

réflexion.

Ensuite, il faudrait une redistribution du pouvoir au sein de l’appareil d’état.

Dans notre constitution, le président de la république occupe une place trop

importante et possède trop de pouvoir. Vous remarquerez qu’aucune

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manifestation d’envergure ne peut se tenir sans être « sous le haut patronage

du président de la république ». Donc, il faudrait moderniser la fonction

présidentielle. Dans l’idéal, la magistrature suprême ne s’occuperait pas de

certaines fonctions prosaïques et le premier ministre aurait plus de pouvoir. Il

est inutile de rappeler que sa fonction première est d’être l’interlocuteur entre

l’exécutif et le législatif.

Enfin, il faudrait donner plus de pouvoirs à un parlement qui ne sert

absolument à rien. Les élus doivent comprendre qu’être député n’est pas une

sinécure et qu’ils ne doivent rien à personne. L’assemblée telle qu’elle est

constituée est congénitalement incapable de résoudre un problème sérieux.

Elle n’est que la chambre d’enregistrement des volontés du pouvoir exécutif ;

Les parlementaires doivent psychologiquement être prêts à exercer leur

pouvoir. Egalement, il faudrait donner plus d’indépendance au pouvoir

judiciaire. La justice est aujourd’hui rendue en fonction des normes

internationales ; Il est donc aisé de remarquer le décalage existant entre les

exigences d’une justice moderne et celle que rendent nos magistrats.

Momar K. BA

‘’Consulter la constitution du Sénégal au lien suivant :

http://www.gouv.sn/spip.php?rubrique17

Pour toute critique ou suggestion, contactez-nous à l’adresse

électronique suivante : [email protected]

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Page 5: Oeil du patriote n.02 novembre decembre 2011

"Africains du monde, agissons ! "

Plus de 50 ans d'indépendance et toujours aucun signe d’ascendance pour un

continent si riche mais dont le mot d'ordre est pauvreté. Nous sommes bien loin

de la fameuse phrase de Senghor disant qu'en l'an 2000 Dakar sera comme Paris.

Une décennie passée cette date, l’immaturité et le manque de responsabilité du

continent et surtout de ses dirigeants sévissent toujours en témoignent les

querelles et autres coups d'état incessants revendiquant même un statut naturel.

Et comment cette Afrique peut-elle s’évertuer à vouloir grandir si elle-même ne

connait pas les conditions de son existence, de sa situation ? En effet, comme l'a

si bien dit un président européen dont je

tairais le nom, « Le drame pour l’Afrique c’est

que l'homme africain n'est pas assez entré dans

l'histoire ». Et ceci n’est pas à prendre

comme une insulte mais plutôt comme la

meilleure réponse que l’on peut trouver au

problème majeur de l’Afrique : l’africain.

Rendons nous compte que depuis notre cycle primaire, ni Joseph Mobutu, ni

Thomas Sankara encore moins Cheikh Anta Diop n'ont été les clefs de voûte de

notre enseignement mais plutôt la loi Marshall, la révolution industrielle et les

deux guerres qui ont tant versé de notre sang. L'histoire dont on nous a toujours

fait part est donc non seulement sujette d’interrogations, mais elle ne nous

renseigne que très peu du pourquoi et du comment de la situation actuelle du

continent. Trop de non-dits qui font donc que les diverses versions proclamées

par nos incapables et actuels dirigeants d’avant-hier, d’hier, d'aujourd’hui et je ne

l'espère pas de demain ne sont guère fiables.

Si l’on prend l'exemple du Sénégal, de 1960 à ce jour, c'est-à-dire un demi-siècle

de souveraineté, nous remarquons encore les mêmes mœurs, les mêmes actions,

réactions et surtout les mêmes têtes qui s'agrippent follement au pouvoir

oubliant que le temps passe et chacun est fils de son temps. Ce refus de

communiquer, d’admettre son incapacité voire céder la place en cas d'échec

Parler c’est bien, agir c’est

mieux. Arrêtons donc de

parler et choisissons bien

nos dirigeants par le biais du

vote.

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Page 6: Oeil du patriote n.02 novembre decembre 2011

prouve encore l'état préhistorique du continent noir tant sur le plan politique que

social. Parler c'est bien, agir c'est mieux. Arrêtons donc de parler et agissons en

choisissant bien nos dirigeants par le biais du vote en 2012 car trop de jokers ont

déjà été grillé par ces supposés amoureux de la nation.

Néanmoins, avec un total de 2000 langues pour 53 pays (soit en moyenne 40

langues par pays) et des centaines de groupes ethniques, une communication est-

elle réellement possible ? La réponse est oui ! Arrêtons les querelles entre Diolas

et Wolofs, entre Toucouleurs et Peulhs, entre rebelles et citoyens, minimisons

l’appartenance à un pays, une région, une confrérie et même une ethnie car nous

sommes tous détenteurs d’un unique passeport mentionné : Union Africaine.

Produisons nos biens en Afrique, transformons-les en Afrique et consommons les

comme il se doit. Une chose est sûre : cette physionomie actuelle du continent

cèdera un jour ou l'autre sa place à une autonomie et ce jour là, notre petite

Afrique deviendra grande. Et en tant que citoyens et patriotes, nous ne devons en

aucun cas la délaisser dans cet état mais devons faire tout notre possible pour

que mon Afrique, notre Afrique, se vêtit de son blason d'antan en s'unifiant et par

la suite unifier nos nations. Comme l’a si bien dit notre regretté Thomas Sankara

« Nous devons accepter de vivre Africain parce que c’est la seule façon de vivre libre et

de vivre digne ».

Abdoulaye DIAGNE

Pour toute critique ou suggestion, contactez-nous à l’adresse

électronique suivante : [email protected]

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Page 7: Oeil du patriote n.02 novembre decembre 2011

Crise casamançaise au Sénégal : Comment gagner définitivement la paix.

Le 26 décembre 1982 l’Etat sénégalais commettait l’irréparable en réprimant

sévèrement la première manifestation indépendantiste à l’appel du MFDC (Mouvement

des Forces Démocratiques de Casamance). Depuis, une partie de la population issue de

la Casamance est entrée en rébellion, faisant ainsi du conflit casamançais un des plus

longs d’Afrique contemporaine. Dans la mesure où toute autorité est contestable, il va

sans dire que l’idée d’une rébellion casamançaise reste a priori envisageable puisqu’un

rebelle n’est en rien un scélérat mais celui qui s’oppose et qui remet en cause une

autorité. Dès lors, il convient de s’intéresser aux causes du conflit avant dresser le

bilan des 28 années de cette drôle de guerre pour enfin esquisser les solutions

susceptibles d’aboutir à une paix des braves.

Le conflit casamançais, à l’image de tous les irrédentismes africains, n’échappe pas à

l’approche déterministe qui fait la part belle à l’économie et à l’ethnicité. En effet, les

grilles de lecture dominantes privilégient trois hypothèses. La première est celle

ethnico-religieuse qui tente d’opposer des musulmans du nord à des chrétiens Joola du

sud. Cette hypothèse semble de plus en plus invalidée puisque 86% des casamançais sont

musulmans et que la principale zone pourvoyeuse de rebelles (le Blouf) est musulmane.

Par ailleurs, bien que le noyau dur de la rébellion soit joola la rébellion a aussi ses

Peulhs, ses Malinkés, ses Manding, ses Manjak… La seconde hypothèse socio-

économique souligne l’inégal développement de la Casamance par rapport aux régions

du nord du pays. Cette théorie de l’inégal développement entre un centre et sa

périphérie reflète une réalité indéniable : la concentration des investissements dans le

secteur Dakar-Thiès. Cependant, cela n’explique pas pourquoi la rébellion a éclaté dans

la partie la plus riche et la plus développée de la Casamance et non pas en Haute

Casamance bien plus pauvre et bien plus déshéritée. La troisième hypothèse purement

politique met en évidence des « entrepreneurs politiques » qui instrumentalisent un

discours nationaliste et populiste.

Par ailleurs, beaucoup d’eau a coulé sous le pont Emile Badiane de Ziguinchor depuis la

marche réprimée de 1982. Sol d’opposition du conflit, la Casamance paie au prix fort

cette drôle de guerre avec environ 5000 morts, d’innombrables déplacés, le tout dans

une région économiquement exsangue. De plus, la présence d’acteurs protéiformes -

ONG, MFDC, Etats (Sénégal, Gambie, Guinée Bissau) et narcotrafiquants- confère à la

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crise casamançaise une dimension sous-régionale voire internationale. Cette

complexification croissante du conflit a manifestement abouti à son enlisement mais

surtout à son singulier paradoxe. En effet, s’il est quasiment certain que le MFDC a

perdu la guerre, l’Etat sénégalais n’a pas pour autant gagné la paix. Guérilla acéphale,

matériellement affaiblie et populairement désavouée, le MFDC n’a atteint aucun de ses

objectifs. Quant au blocage du processus de paix, il est imputable au seul Etat sénégalais

qui fait preuve, par son refus d’entamer de véritables négociations avec le mouvement

indépendantiste, d’un indéniable autisme politique. Il semble que les autorités

compétentes en charge du dossier aient privilégié la « stratégie du pourrissement de

l’intérieur ». Cependant, ce choix s’avère irresponsable en témoigne la reprise des

combats en 2009 ; combats durant lesquelles quelques centaines de maquisards ont pu

tenir tête aux forces gouvernementales.

Par conséquent, les acteurs directs ou indirects de la crise s’accordent sur quelques

points afin de conclure une paix des braves :

1- Renforcer les moyens militaires de l’armée régulière

2- Permettre aux cadres casamançais de mettre sur pied les Assises du MFDC afin

que ce dernier ne puisse parler que d’une seule et même voix

3- Associer les autochtones (jeunes surtout) et les pays limitrophes (Gambie et

Guinée Bissau) au processus de paix

4- Combattre les « fossoyeurs de la paix » qui se nourrissent du sang des sénégalais

5- Investir massivement dans la région pour redynamiser son économie et pour

combattre le chômage

Les armes ont parlé. Nous avons tous écouté et tous entendu ce qu’elles avaient à dire.

Dorénavant, elles doivent se taire pour laisser place au dialogue car c’est faute d’un

véritable espace de débat que le conflit n’a pu être résolu.

Ndiengoudy SALL

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Page 9: Oeil du patriote n.02 novembre decembre 2011

L’alternance générationnelle.

Une nouvelle campagne électorale commencera au Sénégal. Dans quelques mois, les candidats à

la présidence parcourront le Sénégal. Les promesses se succéderont. Des classiques de la

politique sénégalaise.

Une question : où sont les hommes neufs? Un trait de notre système politique est la constance

des mêmes personnes avec les mêmes discours. De nos parents à nous, les mêmes leaders sont

au devant de la scène, sans interruption.

D’une part, les leaders de l’opposition veulent une alternance au sommet de l’État. D’autre part,

ils ne prônent pas l’alternance au sein de leurs partis. N’y a-t-il pas problème?

Par comparaison, les États-Unis. Il ne s’agit pas de faire l’apologie d’un système, la question de

leur dette récemment a montré tout système peut avoir des limites. Ce qui est rapport avec

notre sujet, l’alternance générationnelle. Une présidence terminée, une nouvelle s’amorce et

efface l’autre. Leur capacité de renouvellement n’est nulle part égalée.

L’exemple le plus frappant à propos du retard de nos politiciens est Internet. Ayant fait une

recherche, pour la plupart, leur page ou profil Facebook est archaïque, leur page internet pas

souvent mise à jour. Dans le reste du monde, la bataille n’est pas gagnée sur les réseaux sociaux

mais peut être perdue à cause d’eux. Une majorité de jeunes sénégalais est active sur les

nouveaux médias, une campagne spéciale sur ces réseaux peut permettre de capter plus de voix

et de réconcilier les jeunes à la politique. Dans leur info Facebook, les jeunes mettent à propos

de leur opinion politique : « apolitique », « tous des menteurs », « la politique ne m’intéresse pas ».

Tout cela parce qu’ils ne sont pas incités à participer à la vie de cité.

Aussi, la politique peut-être assimilée parfois à vendre du rêve. Le politicien sénégalais lambda ne

fait pas rêver. Ses mots sont trop recherchés, paraissent fades, manquent de naturel. Il ne se fait

connaitre qu’au moment des élections. Une fois terminées, il ne fait plus signe de vie. Il applique

la loi du « tout ou rien ». Il s’oppose à tout quand il est dans l’opposition, est d’accord avec tout

quand il est fait partie de la majorité présidentielle. Il est incohérent, ses alliances sont illogiques,

ses idéologies de base ne sont que de nom.

Comment veut-on que les jeunes s’identifient aux politiciens dans ces conditions? Le jeune veut

rêver, veut du neuf, l’immobilisme l’ennuie. Obama a mobilisé les campus américains avec une

communication innovante et un slogan inspirant. Martelly l’haïtien en a fait de même. C’est ce

que nous demandons. Nous ne voulons plus d’une politique partisane à l’extrême, des discours

mille fois entendus, zéro fois appliqués. Un rafraichissement et un repositionnement, c’est ce

que nous voulons et aussi une chance pour que nous puissions nous exprimer.

Moussa SYLLA

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Page 10: Oeil du patriote n.02 novembre decembre 2011

Les 72 heures de Njaccaar Visionnaire Africain se sont tenues du 28 au 30 octobre

dernier à Montpellier. C’est la deuxième édition de cet événement regroupant des

africains de tous les domaines afin de réfléchir sur les problèmes de notre continent.

Des ateliers ont pu être tenus (cours de wolof, initiation au braille,…). Des débats sur

divers thèmes (agriculture, état de la recherche en Afrique, …) ont pu avoir lieu et de

nombreux projets ont été présentés lors des 72H de Njaccaar Visionnaire Africain.

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L’Entretien ODP

L’activisme au Sénégal et en Afrique prend de plus en plus une dimension impressionnante. Bien que de nombreux

mouvements et associations s’activent sur le terrain, le combat sur la toile indispensable dans cette ère de

technologie prend forme. Des plateformes dynamiques et riches en information sont accessibles sur internet. Les

contenus diversifiés contribuent énormément à la conscientisation des masses africaines. Parmi ces plateformes,

Senrevolution.com s’affirme progressivement dans l’espace médiatique et numérique sénégalais. Un entretien avec

les fondateurs de ce site nous a permis de mesurer à sa juste valeur, le noble combat mené par des jeunes

conscients des enjeux de leur époque.

ODP: Quelles sont pour vous les principales motivations ayant conduit à la création

Senrevolution.com ?

Le site a été créé dans la nuit du 22 Juin (la veille du 23 Juin), une date symbolique dans

l’histoire politique, institutionnelle et populaire du Sénégal. Par remarque relative à la

volonté d’expression de la jeunesse Sénégalaise, nécessité était, non pas de créer, mais

de mettre en place un environnement tourné vers une liberté expressive. Le

soulèvement pour certains a, de plus, été un effet de mode, plutôt qu'une lutte

symbolique pour la défense du peuple, des acquis démocratiques etc… Beaucoup ont

parlé de révolution sénégalaise, mais nous sommes de ceux qui pensent que cette

dernière se doit d'abord d’être spirituelle et non physique ou armée, et l'aspect actuel

de la société sénégalaise hypothèque toute possibilité d'avoir un esprit désaliéné dans la

mesure où l’exportation d’idée en inadéquation à la vérité, importées des médias

occidentaux, devient un fait courant.

Notre démarche consiste donc à une réconciliation de l'africain avec son histoire et ses

valeurs : car comme Cheikh Anta Diop disait : « sans la connaissance de son passé, un

peuple n'est pas voué à une grande destinée »

Votre slogan "Le savoir est une arme" en dit long sur les efforts de recherche et

d'investigation consentis par vos membres. Tout de même, pouvez-nous nous

éclairer sur le message véhiculé par une telle assertion ?

« Le savoir est une arme » est simplement une injonction qui fait état des contradictions

dans les classes sociales africaines. Le savoir est souvent défini comme ce qui s'apprend à

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Page 12: Oeil du patriote n.02 novembre decembre 2011

l'école, donc le fruit d’une pratique à long terme sanctionnée par un conformisme aigu,

et elle sera une arme dans la mesure où elle permet de faire partie de l'élitisme social.

Toutefois, que fait-on du savoir de nos grands-parents ? Par savoir nous n'entendons pas

acquis scolaires, académiques mais plutôt connaissances manifestes de nos humanités

classiques. Nous voulons introduire un paradigme africain dans la conception des

choses, et cela par l'acquisition des savoirs fondamentaux et la pérennisation de ces

acquis dans les médias. Se faisant, les médias africains sont souvent de pâles copies de

ceux occidentaux encore une fois; et en cela, nous prétendons informer en nous

libérant du joug des média-mensonges. Nous vérifions toujours nos informations et de

plus publions des analyses souvent en contradiction avec la « vérité générale » que les

médias véhiculent et nous rétablissons la vérité en allant la débusquer dans l'opacité des

propagandes occidentales. En d’autres termes, nous allons du contenu manifeste au

contenu latent. En ayant conscience de cela, le jeune Africain ou simplement le jeune

révolutionnaire sera armé face au paradigme perfide du monde qu'on nous présente

aujourd'hui avec le parrainage des lobbyistes antirévolutionnaires.

Nous voulons faire de l’Afrique une nouvelle Afrique et pas une nouvelle Europe, car la

meilleure des copies ne vaudra jamais l'original d'après une expression populaire

« pensons et consommons africain » pour reprendre les termes de Sankara.

Parvenez-vous à atteindre un large public ?

Nous sommes passés de 100 à 1000 visites minimum par jour, et nous espérons que ça

va aller crescendo. Nous avons foi en notre action, la considérant ainsi comme juste et

obligatoire. Frantz Fanon disait que « toute génération doit dans une relative opacité

découvrir sa mission historique, la remplir ou la trahir »; nous sommes de ceux qui veulent la

remplir après l'avoir découverte.

Les nombreux messages de soutien nous confortent aussi dans notre position : nous

avons été sollicités pour participer au concours CHANGEMAKER réalisé par le groupe

ASHOKA qui est affilié à GOOGLE. Nous avons reçu des messages de félicitations et

d’encouragement de la part des internautes, des journalistes mais aussi d’acteurs

politiques et d'artistes comme Didier Awadi pour ne citer que ce dernier, et d'acteurs

majeurs du milieu des NTIC tel que Nate A. Richardson qui est l’ex General Manager de

Yahoo Finance et actuel Président de Gilt City.

Dans la description de votre site, vous réfutez toute affiliation à un parti politique.

Ne craignez-vous pas cependant une perversion de vos actions avec l'approche des

prochaines échéances électorales ?

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Page 13: Oeil du patriote n.02 novembre decembre 2011

Non, pas du tout, nous allons essayer de relayer les informations relatives aux élections

tout en prenant soin de garder notre neutralité. Une chose est sûre nous sommes anti-

wadiste ou simplement anti chef d'État vassal, dans la mesure où les pratiques « suzeraine

et vassale » envahissent l’ensemble de l’Afrique. Aujourd’hui, aucun candidat à la

présidentielle n’a présenté un programme qui nous parait pertinent. Le même credo est

chanté depuis les années 60, il nous manque des Sankara et des Lumumba, à intelligence

et conception innovatrice, et puisant leurs marques dans l’alter révolution. Tous ces

chefs d'Etat pseudo intellectuels ne sont pas arrivés à réaliser en 10 ans ce que Sankara a

réalisé en 3 ans. Il n’existe donc pas d'inquiétude à avoir en ce qui nous concerne,

aucun candidat politique au Sénégal n'est en accord avec nos convictions. Toutefois,

comme nous l’avons dit précédemment, nous traiterons l’information durant la

campagne électorale dans notre pays en toute impartialité dans la sphère de convenance

et d’intelligibilité.

Quel est votre rapport avec les autres mouvements citoyens présents dans l'espace

public sénégalais ?

Nous avons d'excellents rapports avec les membres du mouvement « Y en a marre »

notamment Fadel Barro qui a été séduit par notre site. Nous sommes ouverts à tout

partenariat avec tout mouvement ayant le même dessein que nous. Nous sommes

présents dans beaucoup de groupes Facebook, et recevons souvent des articles de

« révolutionnaires solitaires » que nous recontactons toujours pour en faire des

compagnons de combat. Oui la révolution spirituelle est considérée comme étant une

hérésie en Afrique dans le cadre général, nous sommes souvent traités de fous par nos

propres frères, ce qui facilite et renforce les liens entre les mouvements dits citoyens et

ayant une voix innovatrice.

A quoi s'attendre pour les mois à venir sur Senrevolution.com ?

Nous espérons continuer à grandir en terme de notoriété et de reconnaissance pas

pour satisfaire notre ego personnel mais pour créer une émulation de notre message

qui est la suite logique des combattants de la liberté, des leaders spirituels qui se sont

succéder de Toussaint Louverture à Nelson Mandela. Notre objectif est donc de

toucher une plus large palette de jeunes africains et de nous établir comme un site

référence dans l'émergence du Nouveau Citoyen Africain (NCA).

Serigne Saliou DIAGNE

Vous pouvez visiter Senrevolution au lien suivant : www.senrevolution.com

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Page 14: Oeil du patriote n.02 novembre decembre 2011

Lettre ouverte au président Abdoulaye Wade.

Excellence,

L’hypocrite bienséance exige que l’on vous traite avec déférence compte tenu de

la grandeur et de la noblesse de la fonction que vous exercez. Permettez-moi, le

temps d’une lettre, de surseoir à ce principe. Ainsi, je vous prie d’avance

d’excuser mon impertinence si tant est que mes propos puissent passer pour

telle. A l’heure où j’écris ces mots, le temps nous est compté, épargnez moi donc

ces protocolaires formules d’usages, ces lâches euphémismes, ces verbiages

intellectuellement insultants, ces langues de bois politiquement correctes, bref

tous ces discours creux et consensuels qui ôtent à ma requête toute sa

substance. Toutefois, je sais que vous ne me lirez pas, non seulement parce que

votre agenda électoral ne vous le permet sans doute pas mais aussi et surtout

parce que vous ne lisez ni n’écoutez tous ceux qui ne font votre éloge. Partisan

de la pensée unique, Vous refusez toute critique mieux vous y êtes insensible, ce

qui n’est en rien un compliment pour un homme de votre rang ; il n’y a pas

meilleur moyen de se protéger de la critique. Cependant, j’espère que les échos

de mes écrits vous parviendront car l’heure est grave. Après avoir été le

fossoyeur attitré de notre jeune république ainsi que l’unique responsable de tous

les camouflets d’une politique étrangère hasardeuse, vous engagez un rapport de

force sans précédent avec le peuple qui vous a -curieusement- porté à deux

reprises à la magistrature suprême. Démocrate de façade, Vous avez dilapidé

l’héritage démocratique, aussi anecdotique soit il, légué par le pouvoir socialiste

en embastillant arbitrairement. Vous avez mis à mal le contrat social qui

constituait le socle de notre nation au point d’engendrer une société atypique

faite d’un malin syncrétisme de méfiance et de défiance. Opposant déterminé puis

piètre président, la gérontocratie kleptocrate que vous incarnez a su instaurer

une véritable société à la Cronos qui se nourrit du sang de ses propres enfants.

On vous dit généreux envers votre jeunesse mais la véritable générosité consiste

à tout donner au présent ; ce que vous n’avez jamais daigné faire. On dit souvent

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Page 15: Oeil du patriote n.02 novembre decembre 2011

que perdre une bataille n’est pas synonyme de perdre une guerre mais il existe

des batailles sans lesquelles on ne peut gagner une guerre. Grand perdant du

front pour la conquête de la jeunesse, vous perdrez la guerre électorale de 2012.

Par ailleurs, vous avez réussi à ériger l’exception en règle et l’interdit en loi. Vous

avez encouragez le mensonge, le vol, la corruption, le clientélisme, le népotisme,

la violence et le crime. Votre passion de construire s’est progressivement muée

en passion de détruire. Vous avez pris en otage tout un peuple après avoir

organisé un pillage systématique du pays. Vous avez désacralisez la fonction

présidentielle ; vos manières nous insupportent et votre amateurisme nous

indispose. Votre prévarication n’a d’égale que votre mégalomanie. N’écoutez plus

ces cadavres ambulants, qui constituent votre entourage et qui vous persuadent

que l’exploit électoral reste encore possible. Conscients que l’échafaud les

réclame, ils tentent de différer leur châtiment en vivant par procuration à travers

votre personne. Sachez que la peur à changer de camp. Vous pouvez encore

sortir par la petite porte à défaut de pouvoir sortir par la grande. Ne vous

représentez pas. Ne nous obligez pas à choisir entre vous et le chaos. Le peuple

indigné a déjà choisi. De Sopi à Wade Dégage, beaucoup d’eau a coulé sous les

ponts. Il vous a manifestement désavoué, résolvez vous à l’évidence et soumettez

vous à ses volontés. S’il existe un temps pour vous départir de votre autisme

congénital, il vous est offert. Vous savez mieux que quiconque qu’il y a un temps

pour tout et même pour partir. Vous vous proclamez patriote, quittez le pouvoir,

vous rendrez service à la nation. Si, comme l’écrit Fanon, chaque génération doit

découvrir sa mission, l’accomplir ou la trahir, soyez persuadés que nous avons

découverts la nôtre et que nous ne la trahirons pas. Nous assumerons tout car

tout comme l’esclave incapable d’assumer sa révolte ne mérite la liberté, nous

préférerons mourir debout plutôt que vivre à genoux dans un régime liberticide.

Ndiengoudy SALL

Pour toute critique ou suggestion, contactez-nous à l’adresse électronique

suivante : [email protected]

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Page 16: Oeil du patriote n.02 novembre decembre 2011

La Toile du Patriote (Par Cheikh H.Fall – Chady90)

‘’Un nouveau médicament sur le marche sénégalais beaucoup plus efficace que tout

anabolisant l’Alternoceur 2000.

L'alternoceur2000 : médicament dont la prise dépend de la capacité de détournement de grande quantité de biens

publics. A prendre matin, midi, au goûter et soir pour plus d'efficacité. Ne pas mélanger avec de la morale de la

droiture ou de la compétence sinon ça ne marche pas. Incompatible avec la transparence et l'honnêteté aussi. Comme effet secondaire, le patient risque le limogeage, la prison à vie et la saisie des biens.

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Page 17: Oeil du patriote n.02 novembre decembre 2011

La Lutte : l’opium des sénégalais.

Dakar, à l’aurore, pendant que les

salariés de la capitale convergent vers

leur lieu de travail, les badauds, éternels

fainéants, errant à la recherche d’une

occupation journalière se tassent devant

les kiosques. Sans sou en poche, ils

avalent ou plutôt délectent les unes des

premiers quotidiens arrivés. C’est du

tout bon ce matin, comme d’habitude

quoi! Le la d’une escalade verbale peut

enfin être donné. Les paris sont ouverts :

qui gagnera à ce jeu de dénigrement, à

cette bassesse mise en scène faute de

trouver mieux à faire. Le constat est là,

somme toute alarmant : la lutte

sénégalaise s’est imposée au fil des

années comme la référence en matière de

sport, de distraction. Rien de

répréhensible de facto. Mais, voilà.

L’attraction y est telle qu’elle seule

parait occuper le devant de la scène

auprès des compatriotes du président

Wade. Les jeunes lutteurs -véritables

gladiateurs des temps modernes, non

moins valeur sûre d’une société qui se

crétinise, doit-on s’en réjouir- parvenus

par la force de leur poings et la vigueur

de leur muscle au rang de millionnaires,

adulés par la jeunesse en mal de repères,

de formation de qualité et d’emplois,

choyés par une jet-set locale

ambivalente, jouisseuse et cupide,

courtisés par les politiques en panne

d’inspiration ou en quête de popularité,

de portefeuille ministériel, bénéficient

d’une surexposition médiatique inédite

de mémoire de sénégalais .

Il ne fait pas bon par ces temps qui

courent de parler d’autre chose qui de

près ou de loin n’ait pas trait à la lutte.

Existe-t-il vraiment, dans le contexte

sénégalais actuel où ce syncrétisme

exotique du pugilat antique prend des

proportions pharaoniques de sujets qui

en soient totalement dépouillés ? Force

est de reconnaitre que non, tout au

Sénégal est lié à ce sport-culture. Les

posters des mbeurs (‘’lutteurs’’ en

wolof) trônent royalement aux côtés des

effigies des ‘’vénérés’’ cheikhs qui

naguère régnaient en maître absolu dans

l’imaginaire collectif, si elles ne sont, au

mieux, tout bonnement pas rangées dans

les placards poussiéreux, au pis, vouées

aux gémonies pour, semblerait-il, mieux

être en phase avec les nouvelles normes

du Senegal way of living. Il va falloir

qu’ils songent, ces religieux à leur faire

de la place, à ces lutteurs. Ce sont les

commerçants et autres vendeurs à la

sauvette, recyclés de première date dans

ce nouveau fleuron de l’économie

banlieusarde, qui s’en frottent les mains.

De même que la presse dakaroise qui

exploite au cynisme près voire au

ridicule le goût prononcé du lecteur du

pays de la téranga pour les écarts de

conduite de tel ou de tel autre lutteur.

Tant mieux pour eux !

Au prix de verser dans une

condescendance pour le moins abjecte

qui verrait en la lutte l’unique moyen

pour toute une jeunesse de s’en sortir,

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Page 18: Oeil du patriote n.02 novembre decembre 2011

un facteur de développement dont se

vante tant un célèbre promoteur du sérail

- peut-on légitimer le fait que les

citoyens se substituent aux gouvernants

jusque dans leurs tâches les plus

régaliennes ? -, ce sport bien de chez

nous s’est vu mythifier et ériger en un

lieu, à l’excès de compétition politique.

Et la lutte devint ainsi l’opium de tout

peuple…sénégalais qui y trouve, le

temps d’un week-end, l’exutoire tant

recherché d’un quotidien morose fait

d’oisiveté et d’insouciance de masse,

pour s’abreuver à satiété de sensations

fortes avant d’être rattrapé hébété,

comme un ivrogne après dégrisement,

par une réalité implacable.

Cette tragédie sociale noyée dans ce

pugilat sahélien aurait du constituer

autant de matière à méditation pour tout

régime politique responsable. Que nenni!

On ne change jamais une stratégie

gagnante, c’est connu. Quand ceux qui

ont les pieds dans l’eau sont les moins

perméables à leur condition de sinistrés,

les tribuns au sommet de la pyramide ne

pouvaient en demander plus. On

apprenait même, il y a quelques

semaines, que le gouvernement libéral

prévoyaient l’ouverture prochaine d’une

mutuelle de plus de 2 milliards de francs

CFA sans compter la construction d’une

arène nationale, vieille doléance des

compères du très hilarant Khadim Samb,

plus toute une litanie de projets pour, se

dit-il, ‘’assainir le milieu de la lutte’’.

Information crédible ou à prendre avec

beaucoup de précautions en cette période

de précampagne ? Rien n’est moins sûr.

Peu importe d’ailleurs qu’elle soit vraie

ou fausse, l’annonce est ahurissante pour

avoir le don d’irriter les sénégalais

conscients, ils sont peu nombreux, que

les priorités sont ailleurs. Clou de cette

sottise orchestrée de l’État : l’audience

accordée aux vedettes des arènes, Balla

Gaye 2 et Modou Lo par le vieux

potentat -moyennant des pièces

sonnantes et trébuchantes, selon bien des

indiscrétions. Officiellement, le ''régent''

les aurait reçus pour enterrer la hache de

guerre entre ces deux enfants gâtés de la

lutte sénégalaise qui se vouent une haine

viscérale. Belle initiative ! Certes. Mais

qu’est ce qu’un Chef d’ État gagnerait il

à éclipser l’intérêt général au profit du

particulier ? Et que ne gagnerait- il pas

en agissant de la sorte ! Officieusement,

en effet, la thèse de la récupération

politique est plus que jamais plausible

avec en filigrane les joutes électorales de

2012 et la hantise d’une déroute

annoncée.

L’image qui a filtré de la rencontre

montrant un Gorgui triomphalement

tenaillé par ses ‘’proies’’ du jour ainsi

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Page 19: Oeil du patriote n.02 novembre decembre 2011

que la kyrielle de courtisans qui leur

servait d’accompagnateurs est

affligeante dès lors que même nos

institutions n’échappent pas à cette

évasion des arènes. Si ce ne sont ceux là

qui les incarnent qui ne la provoquent

aux fins de mieux asseoir leur pouvoir.

Au mépris de donner au Palais de la

République l’allure d’un marché

hebdomadaire. Ce qui n’est pas une

première puisque Pape Diop, alors tout-

puissant Président de l’Assemblée

nationale n’hésitait jamais à transformer

ce dernier lieu en une ballade des ‘’gros

bras’’ à l’occasion du drapeau annuel

de lutte qui lui est dédié.

Sous peine de me voir reprocher de

dénigrer et/ou mépriser une des facettes

les plus illustres de notre culture face

aux ’’ agressions’’ de l’acculturation -je

n’en ai ni l’intention encore moins

l’intérêt-, je m’obstine à croire que des

raisons d’ordre purement fonctionnel

sont à la base de cette omniprésence

médiatique de la lutte. La pléthore de

jeunes au parcours scolaire et

professionnel désastreux, mis au ban de

la société se retrouvent avec comme

seule valeur marchande la force

physique ; heureusement, et j’insiste là-

dessus, tous les jeunes n’entrent pas dans

ce lot. En revanche, la sonnette d’alarme

mérite amplement d’être tirée eu égard

aux fâcheuses répercutions dans le long

terme du désengagement de l État dans

la gestion des affaires de la Cité à travers

un abandon de sa mission vis-à-vis des

jeunes notamment, et une légitimation de

sa rupture avec les valeurs républicaines

d’équité sociale et d’égalité.

Mais, en vérité, toutes ces

responsabilités n’incombent pas

exclusivement à l’État. Nous verserions

bien volontiers dans un radicalisme

commode en agissant ainsi. Car ne

revient-il pas, en dernier recours, à nous

populations de prendre conscience de

l’incohérence de notre démarche en

adoptant une conduite plus responsable,

plus en phase avec les réalités de notre

époque… En attendant qu’une

psychothérapie de masse ou qu’une cure

de désintoxication à grande échelle ne

soit administrée aux millions de mes

concitoyens pour qu’ils puissent

promptement se rétablir de ces démons

qui les hantent principalement les week-

end, l’opium du peuple sénégalais garde

encore de très beaux jours devant lui à

mesure que le désespoir, le pessimisme

relativement à un lendemain propice

gagnent la plupart des cœurs en

s’établissant comme les sentiments les

mieux partagés et les plus unanimement

admis du moment.

Bandiougou KONATE

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Page 20: Oeil du patriote n.02 novembre decembre 2011

Le thème du moment

‘’La capitalisation boursière récente de Money Express du groupe sénégalais Chaka révèle la forte

croissance que connait le secteur du transfert d’argent. Les compagnies de transfert d’argent

internationales s’établissent un peu partout dans les pays africains et proposent des offres des plus

concurrentielles. De nouveaux acteurs dont les operateurs téléphoniques (Orange Money au Sénégal)

et les grandes institutions de crédit se lancent dans ce secteur à forte rentabilité, constituant une

menace majeure pour les leaders de ce secteur (Western Union, Moneygram,…) et les fleurons

nationaux (Money Express et Postefinances au Sénégal). Nous partageons avec vous cette analyse

détaillée de la conquête du marché africain du transfert d’argent initialement parue sur le site

Terangaweb, l’Afrique des idées.

Afrique: la guerre du transfert d’argent aura bien lieu

Les files d’attente devant les bureaux africains de Western Union et Moneygram pourraient bientôt

n’être qu’un lointain souvenir. L’essor de l’envoi d’argent par les travailleurs migrants par téléphone

portable pourrait permettre à la concurrence de faire son entrée sur un marché très convoité : les

services de transfert d’argent.

Visa ne s’y est pas trompé et a flairé le filon : début octobre, le réseau international de cartes

bancaires a annoncé le lancement de son premier système de paiement entre téléphones

portables. Le détenteur d’une carte bancaire Visa peut dorénavant transférer de l’argent via une

application, le destinataire étant averti en temps réel de la transaction. Bien que réservé pour

l’instant à l’Europe, Visa n’a pas caché sa volonté de l’étendre rapidement au continent africain,

comme pouvait laisser présager l’acquisition en juin dernier par l’opérateur de Fundamo, une

entreprise sud-africaine spécialisée dans la technologie du mobile banking.

Contre toute attente, l’impact de la crise financière mondiale sur le transfert d’argent en Afrique

a été modéré, avec une baisse en 2009 de 6% par rapport à l’année précédente. Selon le FMI,

pour la plupart des pays africains dépendant des devises envoyées par les immigrés, les fonds

viennent du continent lui-même, et sont donc peu liés aux fluctuations conjoncturelles

mondiales. L’envoi d’argent à destination de l’Afrique est de nouveau reparti à la hausse en 2010,

avec près de 40 milliards de dollars envoyés, soit 2.6% du PIB africain, d’après les estimations de

la Banque mondiale. Le continent représente donc un marché intéressant pour les sociétés de

transfert d’argent, qui peuvent tirer profit d’un double avantage concurrentiel : la sous-

bancarisation de la plupart des pays africains, et le taux de pénétration élevé des téléphones

portables.

Le marché des transferts d’argent est pour l’instant dominé par le duopole Western Union et

Moneygram, qui trustent à eux-seuls plus de 85% des parts de marché, en captant l’essentiel de

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Page 21: Oeil du patriote n.02 novembre decembre 2011

l’argent envoyé par les immigrés à leurs familles. Apparues dans les années 1990 en Afrique et

remplaçant peu à peu les envois de fonds informels, ces sociétés de transfert d’argent (STA) ont

révolutionné le marché en permettant d’envoyer des fonds de manière sécurisée et en quelques

heures. La stratégie d’alliance de ces STA avec des opérateurs de services postaux, des

organismes bancaires et des institutions de microfinance pour rendre les clients captifs s’est

avérée payante : vingt ans plus tard, malgré les progrès technologiques et la multiplication des

agences ouvertes en Afrique, les coûts de transaction facturés sont toujours aussi élevés, et sont

difficiles à justifier, surtout lorsqu’ils atteignent 20% du montant de la transaction. Le succès

persistant de ces usuriers des temps modernes s’explique selon la Banque africaine de

développement par l’importance donnée par le travailleur migrant à la rapidité et la fiabilité de la

transaction, qui l’emporte sur le prix de cette dernière.

Le développement de l’envoi d’argent via la téléphonie mobile pourrait changer la donne en

cassant le duopole actuel, et en permettant aux banques de se positionner comme concurrents

directs des STA. La plupart des bénéficiaires des fonds ont en effet bien souvent un téléphone

portable, et seraient donc dispensés d’avoir un compte bancaire. Les banques sont de surcroît

plus compétitives concernant les commissions facturées sur les transferts, ce qui écarterait

définitivement les barrières à l’entrée de ce marché tant convoité.

L’attention portée par les banques de développement au transfert d’argent va au-delà de la

condamnation des pratiques douteuses de certaines sociétés du secteur. L’enjeu se situe

davantage au niveau macroéconomique, et plus précisément dans la capacité des Etats africains à

attirer sur le long terme les flux d’argent envoyés par les migrants les plus qualifiés, désireux de

mener des investissements durables dans leur pays d’origine. La progression des banques sur le

marché du transfert d’argent est donc décisive pour baisser les coûts des fonds transférés,

mobiliser les ressources envoyées par les travailleurs migrants et les faire fructifier sur le long

terme, à travers le financement d’équipements collectifs pour la population, et le soutien à ceux

qui désirent créer leur propre entreprise dans leur pays d’origine. L’intérêt bien entendu des

banques rejoint donc parfois celui des communautés locales.

Leïla Morghad

Cet article est initialement paru sur Terangaweb. Pour consulter des articles et

analyses sur l’économie africaine et sur d’autres thèmes, vous pouvez visiter le site

de Terangaweb, l’Afrique des ides à l’adresse suivante : www.terangaweb.com

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Page 22: Oeil du patriote n.02 novembre decembre 2011

Mendicité infantile et décrochage scolaire : Offrir l’appui financier pour

diminuer le nombre d’enfants dans les rues.

La mendicité est l’un des problèmes sociaux les plus importants au Sénégal. Les rues sont

envahies par des personnes de tout âge sollicitant aide et assistance. La fébrilité économique,

l’absence de politiques d’assistance cohérentes et le contexte social justifient pour plusieurs

acteurs aussi bien de l’État que des organisations non gouvernementales l’amplification de la

mendicité. Ce phénomène connait une recrudescence chez les plus jeunes comme en témoigne

le nombre grandissant de talibés dans les rues de Dakar et des grandes villes sénégalaises. La

déscolarisation se manifeste aussi avec prééminence chez les jeunes. Faute de soutien

économique, plusieurs jeunes abandonnent les études. Vu l’absence de mesures concrètes pour

mettre un terme à la mendicité infantile et encourager l’éducation scolaire, les initiatives

individuelles se multiplient. C’est le cas du projet « Yaye Boye : Sortir l’enfant de la rue » dont

le leitmotiv est de garantir l’accessibilité de l’éducation pour tous.

L’éducation de la jeunesse est sans aucun doute la meilleure garantie d’un avenir radieux

pour tout pays aspirant au progrès. Dans un monde où compétition et développement

s’érigent en valeurs fondatrices, le Sénégal ne peut se permettre de laisser sa jeunesse à

la rue sans formation ni éducation. C’est sans nul doute ce qu’a dû comprendre les

initiateurs du projet « Yaye Boye : Sortir l’enfant de la rue » dont l’objectif majeur est

d’assurer au plus grand nombre de jeunes sénégalais la possibilité de bénéficier d’une

éducation décente et de réduire considérablement le nombre de talibés dans les rues.

Le travail que compte effectuer les initiateurs du projet « Yaye Boye » afin de lutter

contre les fléaux que sont la mendicité infantile et le décrochage scolaire se répartit en

quatre étapes. Il urge avant tout de recenser les données relatives au phénomène des

talibés. L’insuffisance des recherches officielles conduites par le gouvernement, l’absence

des statistiques sur ce sujet et les traitements biaisés issus des rares études sur ce

phénomène contraignent l’équipe du projet « Yaye Boye » à se constituer une base de

données propre. A cet effet, une stratégie de proximité est prônée. La collecte de

données se fera avant tout dans l’environnement proche et selon les capacités

financières. De cette étude préliminaire, une évaluation financière des frais et charges

relatives à l’insertion des enfants de la rue dans le système éducatif sera effectuée en

guise de seconde étape. Le collectif pilotant le projet compte assurer l’accès à

l’éducation pour l’ensemble du cycle primaire aux plus jeunes.

La réalisation d’un tel projet étant énormément exigeante en terme financier, les

initiateurs prônent des stratégies de parrainage pour chaque enfant. Par l’appui de

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Page 23: Oeil du patriote n.02 novembre decembre 2011

parrains et de marraines, une certaine partie des frais et charges pouvant assurer aux

enfants l’accès à l’école pourra être couverte. Les responsables du projet ont

conscience des risques de décrochage scolaire de la part des jeunes (déscolarisation) qui

pourront être rencontrés dans leur action. Une évaluation des obstacles imminents et

des causes de blocage permettra aux responsables du projet « Yaye Boye » de régler de

façon spécifique les problèmes qui surgiront. C’est dans cette optique que l’équipe du

projet a noué une alliance avec des écoles publiques se trouvant dans la ville de Mbour.

En effet d’après la coordonnatrice Mme Fatou Niang Sow, le projet « Yaye Boye »

intervient en ce moment dans des écoles où des jeunes issus de milieux défavorisés sont

exposés à une possible déscolarisation. Les cas critiques sont traités dans l’immédiat afin

de permettre aux enfants de s’inscrire pour poursuivre leurs études et de disposer de

fournitures. Toujours en ce qui a trait à l’appui financier, les initiateurs effectueront des

actions solidaires telles que des levées de fonds dans le dessein de garantir le

déroulement normal de leurs activités. La mise en place de cantines scolaires offrant des

services de restauration à tous les enfants est envisagée à long terme par le projet

« Yaye Boye ». Une telle action sera d’utilité publique car elle permettrait aux jeunes

issus de milieux défavorisés de bénéficier au sein des établissements scolaires d’une

restauration beaucoup plus accessible voire gratuite.

L’élargissement des actions vers des domaines comme la prise en charge sociale,

l’assistance sanitaire et médicale ainsi que l’appui culturel constituent les objectifs visés

par la troisième étape du projet indépendant « Yaye Boye ». L’éducation des enfants

handicapés et ceux victimes des violences et sévices terribles est l’un des principaux

champs de bataille de ce volet de l’action de l’équipe de Mme Sow. L’équipe bénéficie

pour atteindre cet objectif de l’aide d’une directrice d’école à Mbour Mme Aissatou

Ndaw Traore s’impliquant activement dans l’assistance aux jeunes démunis.

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La quatrième étape et non des moindres consiste pour les responsables du projet

« Yaye Boye » à parvenir à rallier les parents et les personnes désignées responsables

des enfants. Sans leur aval, il sera impossible de conduire les enfants à l’école. Des

démarches sont prévues afin d’impliquer le plus de maîtres coraniques responsables de

« daaras ». Une aide alimentaire sera offerte dans le cadre du projet « Yaye Boye » pour

toutes les écoles coraniques coopérant volontairement et travaillant à réduire la

mendicité. Le projet « Yaye Boye » n’étant qu’à ses débuts, des changements majeurs à

la condition de jeunes enfants condamnés par des parents en fuite de responsabilités et

exploités des maitres coraniques sans foi ni loi peuvent être apportés. Cette initiative

doit recevoir auprès des autorités compétentes du soutien nécessaire afin de stopper

définitivement la mendicité au Sénégal et de limiter l’abandon scolaire prématuré. Des

ententes et partenariats commencent à être noués par l’équipe de « Yaye Boye » avec

des associations s’impliquant dans le social dont Njaccaar Visionnaire Africain selon la

présidente du projet Fatou Niang Sow.

Serigne Saliou DIAGNE

Pour toute critique ou suggestion, contactez-nous à l’adresse électronique

suivante : [email protected]

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