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NUTRITION ENTERALE ET PARENTERALE
EN GERIATRIE
SGE COLMAR 2010
« De tes aliments tu feras une médecine »
Hippocrate (460-v.377 av. J-C.)
TECHNIQUES DE NUTRITION ARTIFICIELLE
NUTRITION ENTERALE (NE) SONDE NASO-GASTRIQUE (SNG) GASTROSTOMIE
Percutanée Endoscopique (GPE) Percutanée Radiologique Chirurgicale
JEJUNOSTOMIE NUTRITION PARENTERALE (NP)
Totale partielle
SONDE NASO-GASTRIQUE Si nutrition entérale envisagée pour une durée inférieure à 4
semaines Avantage : simple et rapide à mettre en oeuvre Complications :
traumatisme ou fausse route lors de la pose escarre colonisation bactérienne
Inconvénient : déplacements fréquents facile à arracher régurgitations et pneumopathies plus fréquentes qu’avec stomie dégradation de l’image corporelle apport nutritionnel moindre qu’avec stomie
ALIMENTATION PAR STOMIE Si la durée prévisible de la nutrition entérale
est supérieure à 1 mois
Sonde introduite dans l’estomac (ou le jejunum) par un orifice de l’abdomen : la stomie
GASTROSTOMIE PERCUTANEE Endoscopique Radiologique
GASTROSTOMIE CHIRURGICALE JEJUNOSTOMIE
GASTROSTOMIE PERCUTANEE ENDOSCOPIQUE
Simple à mettre en œuvre, disponibilité
20000 en France en 2004, 60000 aux USA en 1994, dont 75% âgés de plus de 75 ans
Anesthésie générale
Antibioprophylaxie 30 minutes avant le geste (Cefozoline ou Cefotaxime 1g)
CI absolues :
Troubles de l’hémostase Ascite, HTAP I. respiratoire Interposition d’organes Inflammation pariétale Survie < 1 mois Sténose non franchissable (ORL, Oe)
Varices oesophagiennes ne sont pas une CI hors période hémorragique
CI relatives :
- Hernie hiatale - Ulcère évolutif - Hypertension portale
GASTROSTOMIE PERCUTANEE RADIOLOGIQUE
Ponction de l’estomac par repérage radio/échoguidée Pas d’anesthésie générale Meilleur tolérance du geste si Ins. Respiratoire Risque infectieux moindre Pas de dissémination métastatique cutanée Moins utilisée en France alors qu’elle entraîne moins
de complications immédiates
=> Méthode complémentaire à la GPE : utilisée si sténose non franchissable de l’Œsophage ou pathologie ORL
GASTROSTOMIE CHIRURGICALE
laparoscopie
JEJUNOSTOMIE
Si intolérance de la nutrition en site gastrique Gastrectomie, oesophagectomie, gastroparésie,
pancréatite
Technique plus difficile, succès fonctionnel limitée, durée de vie moindre (120 j vs 740 j pour GPE)
Chirurgicale, endoscopique ou radiologique
COMPLICATIONS IMMEDIATES DE LA GPE
MORTALITE IMMEDIATE : 0,1 à 3% Laryngospasme, inhalation massive, défaillance
cardiaque
COMPLICATIONS MAJEURES : 3% Péritonite, hémorragie gastrique, fasciite nécrosante,
perforation gastrique ou œsophagienne, fistule gastro-colique
COMPLICATIONS MINEURES : 1,4 à 43% Expulsion, douleurs abdominales, enfouissement de
la colorette interne, iléus, trouble de la vidange gastrique (svt résolutifs en 48 heures)
COMPLICATIONS LOCALES DES STOMIES Granulation cutanéo-
muqueuse, bourgeonnement nitrate d’argent, chirurgie
Ecoulement de l’orifice : remise en traction après mobilisation afin d’obtenir l’abscence de jeu entre paroi abdo et fixation externe
Erythème : soins locaux antiseptique, oxyde de Zinc, crème antifongique
Abcès de paroi, escarre : soins locaux + soins spécifiques
Sonde bouchée : 10 à 20 ml d’eau à 40° avec seringue
Rupture de ballonet, dégonflement (10% à 3-4 mois)
Ablation sonde : URGENCE : pose d’une sonde gastrique ou de Foley car peut se reboucher en qq heures!
Nécrose péri-orificielle, fuite de liquide gastrique, impaction de la colorette intra gastrique : retrait de la sonde, soins locaux
CONDUITE DE L’ALIMENTATION ENTERALE
Utilisation précoce de la sonde : dans les 3 à 6 heures après la pose (sérum salé)
Soins cutanés journaliers : Lavage à l’eau savonneuse, séchage par
tamponnement, PAS DE COMPRESSE HUMIDE Hygiène buccale +++ Douche ne pose pas de problème
Rinçage à l’eau tiède avant et après chaque utilisation (alimentation ou médicaments)
Administration des médicaments en dehors de l’alimentation
Position demi-assise ou assise !!!!!!! En continu, par bolus ou nocturne Démarrage lent : 500 ml/24h Augmentation sur 3-4 jours, jusqu’à l’apport cible
(1500-2000 kcal, soit 30 kcal/kg) Lors du démarrage, éviter l’administration nocturne Préférer l’utilisation d’une pompe à la gravité car
Diminue inhalation, diarrhée, charge de travail Débit : 100-200ml/h
Maintien si possible d’une alimentation per os, même en quantité infime
Procéder à un relevé des apports effectivement administrés (svt 75% de la dose prescrite) et réevaluation 1 x /sem
Possibilité de pratiquer la NE à domicile (remboursement CPAM depuis 10 ans, prestataires de service)
COMPLICATIONS LIEES A L’ALIMENTATION
Vomissements, nausées Reflux Pneumopathie d’inhalation Diarrhée, constipation Complications ORL Contamination des apports nutritionnels
(manutention, mauvaise manipulation) Modification de la pharmacodynamie des
médicaments par rupture de galénique
INDICATION Se poser la question dès qu’un jeûne total ou
partiel d’une semaine est prévisible
Initier la nutrition d’autant plus précocement qu’il existe un état de dénutrition préalable ou un risque nutritionnel particulier
Si durée prévisible supérieure à 1 mois : stomie inférieure à 1 mois : SNG
Perception des bénéfices de la GPE par les médecins généralistes La GPE :
Améliore la survie des patients : 61,4 % est un standard de soin dans la démence avancée : >50% Réduit les pneumopathie d’inhalation : 76,4 % Accélère la guérison des escarres : 74,6 % Améliore le statut nutritionnel : 93,7 % Améliore l’autonomie : 27,1 %
Sous estimation de la mortalité à 1 mois après la pose
SHEGA JW, J Palliat Med, 2003
SURVIE DES MALADES DE PLUS DE 65 ANS APRES GPE
Survie globale quelque soit l’indication de la GPE :
80% à 1 mois 38% à 1 an
Mitchelle et Tetroe, J Gerontol, 2000
Facteurs de mortalité : -âge -cancer
Patient âgé institutionnalisé
pas de différence de survie entre les groupes avec GPE et les groupes sans GPE
Ne tient pas compte de l’indication de la pose de la GPE
SURVIE APRES GPE SELON L’INDICATION
Schneider SM, J Parenter Hébuterne X. Enter Nutr, 2001
Patients institutionnalisés avec troubles de la déglutition
Survie à 1 an SANS GPE : 39% Survie à 1 an AVEC GPE : 50%
⇒ Suggère bénéfice de la GPE en cas de troubles la déglutition
⇒ La mise en place rapide d’une GPE semble être de meilleur pronostic, ainsi que GPE plutôt que SNG
DEMENCE Démence avec anorexie en institution
Amélioration de l’état d’hydratation, du statut cognitif, de l’Albumine, de la Creat, Hb, protéines, lymphocytes, transferrine, du score de Norton…
Augmentation des événements indésirables (61% vs 34%)
Augmentation de la mortalité (42% vs 27% à )
Evaluation of the benefits of enteral nutrition in long-term care elderly patients J Am Med Dir Assoc. 2008
L’absence de bénéfice concerne tant la SNG que la GPE Altération de la qualité de vie : (JAMA, 1999 revue Medline)
Augmentation de la sensation de faim, nausée, effets indésirables liés à la NE, anxiété
Diminution du contact humain Alternative : éducation de l’entourage?
Socialisation Plaisir de l’alimentation Prévention fausse route
=>Éducation des familles, du personnel Carefuf hand feeding : a reasonable alternative to PEG tube placement in individuals with dementia J Gerontol Nurs. 2006 DiBartolo MC
ESCARRES Peu d’études de qualité NE utile en prévention?
Amélioration du score de Norton Réduction de l’incidence des escarres chez patient à
risque Bénéfice pas démontré si escarre déjà constituée :
Certaines études suggèrent bénéfices, sans pouvoir évaluer la place réelle de la NE (Métaanalyse de Stratton, Ageing Res Rev 2005)
En institution, la NE ne modifie pas l’évolution d’escarres existantes, peut entraîner leur aggravation et n’empêche pas l’apparition de nouvelles escarres (Berlowitz DR, J Am Geriatr Soc 1995 ; Quill T. Arch Inter Med 1989)
DENUTRITION La dénutrition initiale est
un facteur d’échec de la NE
Retrouvé quelques soit l’indication de la NE
Une albumine basse est associée à une mortalité plus importante à 1 mois (Friedenberg F, Serum albumin is predictive of 30 day survival after GPE
J Parenter Enteral Nutr. 1997
PATIENT GRABATAIRE
Pas d’argument en terme de survie ou confort
Incidences des pneumopathies d’inhalation supérieure à 50% si NE (Cogen R, Aspiration pneumonia in nursing home patients fed via GPE Am J Gastroenterol 1989)
PNEUMOPATHIE D’INHALATION
Efficacité non démontrée de la NE dans leur prévention NE augmente le risque de pneumopathie d’inhalation
(Cogen R, Aspiration pneumonia in nursing home patients fed via GPE Am J Gastroenterol 1989) N’empêche pas l’inhalation des sécrétions buccales NE et administration par bolus augmente le risque de reflux
ATCD de pneumopathie récente ou d’inhalation = facteur de risque de mortalité
Rôle de l’autonomie et de la déambulation, du statut nutritionnel (Hebuterne X, JAMA 1995)
CANCER Manque de données, notamment en gériatrie Importance de l’état nutritionnel initial : dénutrition
prédictif d’inefficacité et de complication (Bozzetti F Is enteral nutrition a primary therapy in cancer patients? GUT 1994)
Effets limités car hypercatabolisme permanent? Accélération de la progression du volume tumoral? Amélioration de la qualité de vie si espérance de vie
supérieure à 3 mois? (Bozzetti F, Gavazzi C, Mariani L, Cripa F. Artificial nutrition in cancer patients : which route, what composition. World J Surg 1999)
Effet sur la survie et l’efficacité des thérapeutiques?
SOIN PALLIATIF Pas de bénéfice sur la qualité de vie ou le
confort
HAS recommande de ne pas débuter de nutrition artificielle
=> Importance des explications au patient, à la famille
SITUATION AIGUE Pathologie /stress aigües réversibles avec
impossibilité transitoire de s’alimenter Sevrage possible dans environs 50% des cas si posée
pour anorexie et dans 25% des cas si troubles de la déglutition d’origine neurologique
Meilleure survie à 1 an si ablation possible: 65% et à 5ans : 43%
Schneider SM, J Parenter Hébuterne X. Enter Nutr, 2001
AVC : étude contradictoire!!
Comment prendre une décision…
Tendance à surestimer la survie des patients Tendance à penser que la nutrition va
améliorer l’évolution de la pathologie initiale Prendre en compte les facteurs de mauvais
pronostic et les comparer au bénéfice éventuel
Facteurs prédictifs indépendants de complications et de mortalité précoce
Age avancé
Escarres
Hypoalbuminémie, dénutrition sévère, hypercatabolisme
Maladie évolutive Démence
ATCD de pneumopathie d’inhalation
Comorbidités
Vie en institution/dépendance
Durée d’hospitalisation avant la pose de la G.
Facteurs favorables :
Pas de dénutrition Autonomie préservée Persistance d’une déambulation Absence d’antécédents de pneumopathie Peu de comorbidités Situation aigüe réversible
On peut distinguer 4 groupes
1er groupe : stress aigu et réversible avant de retrouver une autonomie nutritionnelle : bénéfice
2ème groupe : troubles de la déglutition séquellaire d’une affection non évolutive : bénéfice probable
3ème groupe : pathologie lentement évolutive : bénéfice possible
4ème groupe : pathologie rapidement évolutive : pas de bénéfice probable
Aspect éthique
Évaluation du rapport bénéfice/risque : principe de compétence
Principe d’autonomie Conception de la nutrition artificielle : est elle
un soin de base ou une thérapeutique? Principe de bienfaisance et de non
malfaisance Principe de justice
QUAND ENLEVER LA NE ?
Quand le patient est capable de couvrir per os 2/3 des apports depuis 1 semaine
Savoir réevaluer l’indication : Les objectifs initiaux ont-ils été atteints? Les objectifs ont-ils encore une chance d’être
atteints? En situation aigüe, durée de 5 à 8 semaines en
moyenne
NUTRITION PARENTERALE EN GERIATRIE
Si voie entérale indisponible ou insuffisante Pour mettre au repos un intestin
inflammatoire ou remplacer un intestin non fonctionnel
Totale : nécéssite voie centrale Occlusion, subocclusion chronique, grêle radique,
maladie inflamatoire intestinale Période post opératoire (iléus)
Partielle : peut se faire par voie veineuse périphérique (10 – 15 jours) si alimentation orale ou entérale insuffisante Intérêt dans les situations cliniques aigües avec
hypercatabolisme important Perfusion sous cutanée possible
si inférieure à 1 semaine Sans dépasser 500mL/j Osmolarité inférieure à 700 mOsmL
Complications de la Nutrition Parentérale Septique Pneumothorax à la pose (1 à 2%), migration, obstruction Thrombophlébite
Troubles hydroélectrolytiques : Na, K, Glycémie, surcharge hydrique : attention si diarrhée, vomissement
Carences vitaminiques : dès 1 semaines Ostéoporose : dès 1 mois
SURVEILLANCE Glycémies capillaires pluriquotidiennes Ionogramme sanguin quotidien puis 1-2x/sem NFS, CRP, Bilan hépatique, Calcémie,
phosphorémie, préalb, magnésémie 1x/sem Triglycéride Echo hépatique, vitamines ou oligo-élements
selon le contexte
Indication de la NPE Peu d’évaluation Tolérance à long terme? Nutrition parentérale partielle : cap aigü, en
attendant que la nutrition entérale soit efficace ou si NE insuffisante
Nutrition parentérale totale : ????
CONCLUSION Nutrition entérale envisagée si impossibilité
ou insuffisance de la nutrition orale Importance d’une prise en charge précoce Prise en compte des facteurs de mauvais
pronostic et des souhaits du patient Nutrition parentérale si voie entérale
indisponible ou insuffisante