numéro 2 décembre 2016 - oncfs.gouv.fr · a l’inverse, c’est dans la moitié nord que l’on...

14
L’agenda du Réseau . 2 Les Infos du Réseau . 2 Le réseau en 2016 . 4 Résultats Abondance et reproduction... 5 Relation avec habitat et renard. 7 Actualités scientifiques Tularémie : quoi de neuf ? .. 9 Le virus RHDV2 présent chez le Lièvre 10 Renards, lièvres et campagnols . 11 Etude GPS en cours dans l’Oise et la Somme . 12 Conférences mondiales 2016 et 2017..... 13 Insolite : Le Lièvre dans l’art paléolithique et antique ... 14 Numéro 2 Décembre 2016 Le Réseau Lièvre poursuit son déve- loppement. Il compte désormais 25 sites : 7 de plus que lors de son lance- ment en 2015 ! Des sites supplémentaires sont néan- moins les bienvenus, notamment dans les régions et types de milieux les moins représentés. N’hésitez pas à nous contacter pour demander des précisions sur les protocoles à mettre en place pour rejoindre le Réseau. Les premiers résultats apportent quel- ques enseignements mais nous sa- vons que les possibilités de répondre aux questions posées seront encore plus importantes après plusieurs an- nées de suivi. Les réunions annuelles et cette lettre d’info permettent quant à elles des échanges qui n’existaient que trop ra- rement avant la création du Réseau Lièvre. Les trois réunions organisées en juin 2016 ont ainsi rassemblé plus de 100 personnes. A nous de poursuivre nos efforts pour que ces suivis de populations et ces rencontres nous soient utiles à tous dans la durée ! Jean-Sébastien Guitton et Bernard Mauvy (Responsable scientifique et Administrateur du Réseau Lièvre) EDITORIAL SOMMAIRE Contact : Bernard Mauvy / [email protected] / 04.73.16.25.94 Le virus RHDV2 présent chez le Lièvre

Upload: dotuyen

Post on 23-Dec-2018

216 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Numéro 2 Décembre 2016 - oncfs.gouv.fr · A l’inverse, c’est dans la moitié nord que l’on enregistre les plus for-tes valeurs. Un seul site du sud de la France affi-che une

L’agenda du Réseau . 2 Les Infos du Réseau . 2 Le réseau en 2016 . 4 Résultats Abondance et reproduction.. . 5 Relation avec habitat et renard. 7 Actualités scientifiques Tularémie : quoi de neuf ? .. 9 Le virus RHDV2 présent chez le Lièvre 10 Renards, lièvres et campagnols . 11 Etude GPS en cours dans l’Oise et la Somme . 12 Conférences mondiales 2016 et 2017... .. 13 Insolite : Le Lièvre dans l’art paléolithique et antique . .. 14

Numéro 2 Décembre 2016

Le Réseau Lièvre poursuit son déve-loppement. Il compte désormais 25 sites : 7 de plus que lors de son lance-ment en 2015 ! Des sites supplémentaires sont néan-moins les bienvenus, notamment dans les régions et types de milieux les moins représentés. N’hésitez pas à nous contacter pour demander des précisions sur les protocoles à mettre en place pour rejoindre le Réseau. Les premiers résultats apportent quel-ques enseignements mais nous sa-vons que les possibilités de répondre aux questions posées seront encore plus importantes après plusieurs an-nées de suivi. Les réunions annuelles et cette lettre d’info permettent quant à elles des échanges qui n’existaient que trop ra-rement avant la création du Réseau Lièvre. Les trois réunions organisées en juin 2016 ont ainsi rassemblé plus de 100 personnes. A nous de poursuivre nos efforts pour que ces suivis de populations et ces rencontres nous soient utiles à tous dans la durée ! Jean-Sébastien Guitton et Bernard Mauvy (Responsable scientifique et Administrateur du Réseau Lièvre)

EDITORIAL SOMMAIRE

Contact : Bernard Mauvy / [email protected] / 04.73.16.25.94

Le virus RHDV2 présent chez le Lièvre

Page 2: Numéro 2 Décembre 2016 - oncfs.gouv.fr · A l’inverse, c’est dans la moitié nord que l’on enregistre les plus for-tes valeurs. Un seul site du sud de la France affi-che une

2

Voici les temps forts qui rythment chaque année l’activité du Réseau Lièvre.

Janvier-Mars : Dénombrements nocturnes Mars-Avril :

Saisie des résultats (cristallins, tableaux de

chasse, dénombrements)

Juin (3 dates) :

Réunions du Réseau

Septembre-Décembre : Collecte des yeux

Novembre-Mars : Collecte des tableaux de

chasse et analyse des cristallins

Décembre :

Lettre d’infos du Réseau

L’AGENDA DU RÉSEAU

LES INFOS DU RÉSEAU

Les analyses conduites dans le cadre du Réseau Lièvre nécessitent de pouvoir com-parer l’abondance du lièvre (et du renard) estimée sur les différents sites. Pour éviter que cette comparaison ne soit trop biaisée par les différences d’ouverture du milieu et/ou de microrelief, les surfaces réellement éclairées à partir des points ou des seg-ments vont devoir être évaluées.

La méthodologie retenue pour effectuer les relevés a été simplifiée au maximum ; elle résulte d’un compromis entre la précision recherchée et la facilité/rapidité de ré-alisation.

Un fichier « excel » contenant toutes les informations et consignes nécessaires ainsi qu’un tableau de saisie seront bientôt à votre disposition sur la page internet du Ré-seau Lièvre, sur le site de l’ONCFS.

Merci de réaliser ces relevés dans le courant de l’hiver 2016/2017 si possible.

MESURE DES SURFACES ÉCLAIRÉES

FICHIERS SUR

INTERNET

Le site internet de l’ONCFS contient une page consacrée au Réseau lièvre. Elle va être progressivement étoffée et vous y trouverez prochainement les dernières ver-sions des protocoles et des fiches de saisie, ainsi que les lettres du Réseau.

http://www.oncfs.gouv.fr/Les-reseaux-de-correspondants-ru95/Reseau-Lievre-ar1831

Page 3: Numéro 2 Décembre 2016 - oncfs.gouv.fr · A l’inverse, c’est dans la moitié nord que l’on enregistre les plus for-tes valeurs. Un seul site du sud de la France affi-che une

3

PRODUIT POUR

CRISTALLINS

Pour la conservation des yeux de lièvres, nous utilisions depuis plusieurs années le « GLYOXAL » (commercialisé sous le nom d’ « EXCELL PLUS »). Suite à des diffi-cultés d’approvisionnement, le laboratoire MMFrance qui le fournissait nous a proposé un nouveau produit que nous avons testé en 2015.

Les tests ayant été concluants, nous avons lancé en 2016 une double collecte sur 3 sites du réseau dans le but d’estimer la relation entre le poids du cristallin conservé dans le Pomol et celui du cristallin conservé dans le Formol (à partir duquel nous pou-vons estimer la date de naissance d’un jeune lièvre). Les 2 cristallins de chaque lièvre ont donc été prélevés, l’un étant conservé dans du Pomol et l’autre dans du Formol. Par ailleurs, nous avons proposé à ceux d’entre vous qui avaient besoin de produit pour la campagne 2016 d’acheter ce nouveau conservateur.

Or, nous nous sommes rendu compte en fin d’année que le produit qui vous a été livré en 2016 n’est manifestement pas le même que celui que nous avions testé en 2015 et qu’il n’a pas les propriétés d’un conservateur. En effet, les yeux conservés dans le Po-mol cette année se sont rapidement dégradés et les cristallins se révèlent inexploita-bles.

Nous sommes en contact avec le fournisseur pour comprendre les raisons de cette si-tuation très fâcheuse. Nous vous tiendrons informés et vous indiquerons dès que pos-sible quel produit utiliser lors de la prochaine saison de chasse.

BROCHURE DES RÉSEAUX

L’ONCFS a édité en 2016 une brochure sur les réseaux de suivi de la faune sau-

vage. Le Réseau Lièvre, dernier né de la série, y est donc présenté.

Nous avons distribué ce document de 96 pages lors des réunions de juin 2016 mais il est également téléchargeable sur le site internet de l’ONCFS. Nous pouvons également vous fournir des exemplaires papier.

SAISIE DES RÉSULTATS

Les fichiers de saisie des résultats seront prochainement accessibles sur la page internet du Réseau Lièvre, sur le site de l’ONCFS. Pour nous permettre de vous res-tituer l’essentiel des résultats lors des réunions du Réseau de juin, nous vous de-mandons de nous renvoyer les fichiers de saisie complétés avant la fin du mois d’a-vril.

Page 4: Numéro 2 Décembre 2016 - oncfs.gouv.fr · A l’inverse, c’est dans la moitié nord que l’on enregistre les plus for-tes valeurs. Un seul site du sud de la France affi-che une

4

LE RÉSEAU ACTUEL : 25 TERRITOIRES DANS UNE DIVERSITÉ DE RÉGIONS ET D’HABITATS

Le Réseau compte actuellement 25 territoi-res, répartis dans un grand nombre de ré-gions et dans une diversité de types d’habi-tat. L’objectif est d’intégrer progressivement des territoires situés dans de nouvelles ré-gions ou de nouveaux départements, en maintenant la diversité des habitats.

La Figure 1 (ci-contre) présente la localisa-tion des 25 territoires. Le numéro renvoie au Tableau 1 (ci-dessous) qui détaille les infor-mations relatives à chaque territoire.

N° Nom du site Département HabitatIntégration

réseau

Surface

(ha)

Méthode de

dénombrement

1 Beauce 28 - 41 - 45 2015 6981 EPP

2 Champagne berrichonne 18 - 36 2015 8188 EPP

3 Gâtinais 77 2015 40873 IK

4 Juniville 08 2015 21162 EPP

5 Plateau picard 60 2015 4603 IK

6 Santerre 80 2016 13186 IK

7 Authion 49 2015 6481 EPP

8 Bas Verdon 83 2016 40654 IK

9 Bourbonnais 03 2015 31494 EPP

10 Lauragais 81 2016 19557 EPP

11 Plaine de Valence 26 2016 25401 IK

12 Rouillacais 16 2015 14734 EPP

13 Bassin du Puy 43 2016 37279 EPP

14 Causse Comtal 12 2016 22211 EPP

15 Champsaur 05 2016 8337 IK

16 Charollais 71 2015 11144 EPP

17 Marche 23 2015 17489 EPP

18 Planèze 15 2015 35032 IK

19 Premier plateau jura 25 2015 41368 EPP

20 Sauveterre 48 2015 48313 IK

21 Bocage 61 2015 16176 IK

22 Monts lyonnais 42 - 69 2015 18314 IK

23 Vendelais 35 2015 25523 IK

24 Comtat 84 2015 19520 IK

25 Minervois 11 2015 27506 IKViticole

Céréalier

Diversifié

Herbager

Mixte

Page 5: Numéro 2 Décembre 2016 - oncfs.gouv.fr · A l’inverse, c’est dans la moitié nord que l’on enregistre les plus for-tes valeurs. Un seul site du sud de la France affi-che une

5

RÉSULTATS

ABONDANCE EN 2016 ET PROPORTION DE JEUNES EN 2015

TAUX DE RENCONTRE DU LIÈVRE

Afin de comparer l’abondance du lièvre (et du re-nard) estimée sur les différents sites du réseau, les données sont toutes exprimées en Taux de Ren-contre (nombre moyen d’individus vus par point). Ainsi, pour les sites suivis par la méthode IK, celui-ci est divisé par 2,5 en considérant que 1 km de circuit équivaut approximativement à 400 mètres de circuit. Ce coefficient a été ajusté par rapport à l’année dernière.

Les valeurs de TR s’échelonnent de moins de 0,5 à plus de 6 lièvres par point (Figure 1). Près de la moitié des sites présentent toutefois des valeurs inférieures à 1. Ceux-ci se concentrent dans la moitié sud du pays à l’exception de 2 d’entre eux qui se trouvent au nord-ouest. A l’inverse, c’est dans la moitié nord que l’on enregistre les plus for-tes valeurs. Un seul site du sud de la France affi-che une valeur supérieure à 3.

DENSITÉ DE LIÈVRES

Les densités estimées là où sont mesurées les dis-tances de détection attestent de la large gamme de variation de l’abondance du lièvre sur les sites du réseau : de moins de 5 à plus de 30 lièvres par km²

(Figure 2). Les faibles et fortes densités sont distri-buées de façon similaire à ce qui a précédemment été décrit pour le TR.

COMPARAISON AVEC LES DONNÉES DE 2015

Une différence significative entre 2015 et 2016 n’est observée que pour les sites du Gâtinais et du Plateau picard (à la hausse) et celui de la Marche (à la baisse). Néanmoins l’étude d’une tendance d’évolution n’est réellement pertinente qu’après plusieurs années de suivi.

PROPORTION DE JEUNES AU TABLEAU DE CHASSE

Les analyses de cristallins montrent elles aussi une variabilité importante, le % de jeunes dans les ta-bleaux de chasse s’échelonnant de 40 à 70% (Figure 4). On remarque cependant la large prédo-minance des sites dont les valeurs sont inférieures à 60% (14 sur 20). Parmi ceux-ci, 6 affichent moins de 50% de jeunes, soit moins de 1 jeune par adulte dans le tableau de chasse.

A noter qu’un gradient géographique semble se dessiner avec des niveaux du succès reproducteur plus faibles à l’ouest qu’à l’est.

Figure 2 : Taux de rencontre du Lièvre en 2016 sur les 25 territoires du Réseau Lièvre (nombre de liè-vres par point, estimé directement ou à partir d’un indice kilométrique)

Figure 3 : Densité de lièvres estimée par distance sampling en 2016 sur 13 territoires du Réseau Liè-vre.

Page 6: Numéro 2 Décembre 2016 - oncfs.gouv.fr · A l’inverse, c’est dans la moitié nord que l’on enregistre les plus for-tes valeurs. Un seul site du sud de la France affi-che une

6

DÉROULEMENT DE LA SAISON DE REPRODUCTION

L’analyse des mois de naissance des jeunes liè-vres tués à la chasse montre une augmentation progressive des naissances jusqu’à un pic en juin et juillet (Figure 5). Comme il s’agit des jeunes ayant survécu jusqu’à la chasse, l’histogramme est influencé à la fois par la répartition des naissances et par la survie des levrauts qui peut être différente d’une saison à l’autre.

Les informations mentionnées par les chasseurs sur les flacons contenant les cristallins renseignent pour leur part sur la fin de la saison de reproduc-tion, en déterminant la proportion de hases adultes allaitantes ou gestantes suivant la période où elles ont été prélevées. Le calcul a été fait par période de 15 jours, de mi-septembre à fin novembre, ce qui représente la totalité de la période de chasse pour la quasi-totalité des sites.

D’après ces données recueillies en 2015 (Figure 6), la proportion de femelles adultes allaitantes est de l’ordre de 30% pour la 2ème quinzaine de sep-tembre. Elle décroit ensuite progressivement jus-qu’à mi-novembre. Ces valeurs sont sensiblement inférieures à celles estimées dans le passé (de l’or-dre de 50% en septembre et 30% jusqu’à mi-octobre) mais on peut penser que les chasseurs n’ont pas systématiquement vérifié, ou pas su dé-terminer, si les hases étaient allaitantes ou pas, ce qui conduit à une sous-estimation de la proportion de femelles qui allaitent à une période donnée.

Cette sous-estimation est sans doute encore plus nette pour l’estimation de la proportion de femelles gestantes car seules l’éviscération de l’animal et l’examen attentif de l’utérus peuvent révéler la pré-sence de jeunes embryons. Les valeurs obtenues sont néanmoins non négligeables puisque ce sont 10% des hases qui ont été identifiées comme ges-tantes jusqu’à mi-octobre (Figure 6).

Nous essaierons de prendre en compte à l’avenir ce risque de sous-estimation.

Figure 4 : Nombre de jeunes par adulte au tableau de chasse en 2015 sur 20 territoires du Réseau Liè-vre (entre parenthèses : % de jeunes au tableau).

Figure 5 : Mois de naissance des jeunes tués à la chasse en 2015 dans les territoires du Réseau Liè-vre, estimé par pesée du cristallin (n = 1295)

Figure 6 : Proportion (probablement sous-estimée)de hases adultes allaitantes et gestantes lors de la saison de chasse 2015 (divisée en quinzaines = Q)

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

Septembre

2ème Q

Octobre

1ère Q

Octobre

2ème Q

Novembre

1ère Q

Novembre

2ème Q

% allaitantes % gestantes

0%

5%

10%

15%

20%

25%

J F M A M J J A S

Page 7: Numéro 2 Décembre 2016 - oncfs.gouv.fr · A l’inverse, c’est dans la moitié nord que l’on enregistre les plus for-tes valeurs. Un seul site du sud de la France affi-che une

7

RELATION AVEC L’HABITAT ET L’ABONDANCE DE RENARDS

TAUX DE RENCONTRE DU RENARD

A l’instar du lièvre, le TR concernant le renard pré-sente une forte variabilité (Figure 7). Le nombre de contacts reste cependant relativement limité sur près de 2/3 des sites où moins d’un individu a été observé pour 10 points éclairés (15 sites sur 24). Fait remarquable : aucun renard n’a été contacté lors des dénombrements de 2015 et 2016 sur le site des Monts du Lyonnais.

Sur 3 sites, le nombre de renards observés est en revanche nettement plus important, avoisinant 1 contact pour 2 points.

DESCRIPTION DE L’HABITAT

L’analyse de la composition de la surface agricole des différents territoires (données Recensement Général Agricole) permet de proposer une typolo-gie des habitats. Elle sera à l’avenir étoffée de don-nées descriptives supplémentaires.

On peut regrouper les 25 territoires en 5 types d’habitats (Figure 1, page précédente) : céréalier, diversifié, herbager, mixte (herbages et maïs) et viticole. Mais on peut aussi utiliser des variables qui décrivent de manière synthétique l’habitat. Ces variables sont obtenues grâce à une analyse statis-tique nommée « analyse en composantes principa-les » (ACP). Dans notre cas, la première variable obtenue décrit l’opposition entre les milieux herba-gers et les milieux cultivés (en particulier les céréa-les). La deuxième variable décrit l’opposition entre les territoires ouverts (avec une forte proportion de surface agricole utile) et des territoires avec vignes, vergers et zones forestières.

RELATION AVEC L’ABONDANCE DU LIÈVRE

Les premières analyses réalisées en cumulant les données de dénombrement de 2015 et 2016 mon-trent que l’abondance de lièvres est significative-ment corrélée à ces variables d’habitat, ainsi qu’à l’abondance de renards. Comme attendu, le taux de rencontre du lièvre est d’autant plus élevé que le milieu est ouvert, qu’il est composé d’une forte proportion de céréales (et donc une faible propor-tion de surfaces en herbe) et que l’abondance du renard est faible. Les figures 8 et 9 montrent les relations obtenues (après transformation logarith-mique) pour la variable qui décrit la dominante her-bagère et pour l’abondance de renards.

Figure 7 : Taux de rencontre du Renard en 2016 sur les 25 territoires du Réseau Lièvre (nombre de renards par point, estimé directement ou à partir d’un indice kilométrique)

Taux de rencontre Renard

Taux d

e r

encontr

e L

ièvre

Figure 8 : Relation entre le taux de rencontre re-nards et le taux de rencontre du lièvre. Données : 25 sites du réseau, années 2015 et 2016.

Page 8: Numéro 2 Décembre 2016 - oncfs.gouv.fr · A l’inverse, c’est dans la moitié nord que l’on enregistre les plus for-tes valeurs. Un seul site du sud de la France affi-che une

8

SUCCÈS DE LA REPRODUCTION

Les analyses ne mettent pas en évidence d’effet significatif de l’abondance du renard sur le succès de la reproduction du lièvre. Cela ne signifie pas que la prédation n’a pas d’effet mais simplement qu’elle n’explique pas les variations du succès de la reproduction observées pour cette seule année 2015. En revanche, on note un effet significatif du type d’habitat : les territoires en habitat céréalier ont un succès de reproduction significativement supérieur (61% de jeunes), et ceux en habitat mixte ont un succès de reproduction significative-ment plus faible (51% de jeunes) que les 3 autres types d’habitat qui ont un succès de reproduction intermédiaire (environ 56% de jeunes en moyenne).

CHRONOLOGIE DES NAISSANCES

L’étalement des naissances des jeunes lièvres ayant survécu jusqu’à la chasse est différent selon le type d’habitat (Figure 10). Le pic de naissances est davantage marqué entre mai et juillet dans le milieu céréalier que dans les autres milieux. Ces résultats seront à conforter et à affiner avec les données des prochaines années (notamment dans le milieu viticole qui présente une taille d’échantil-lon encore insuffisante) mais on perçoit déjà que ces données recueillies dans des habitats contras-tés devraient nous permettre de mieux comprendre les facteurs qui jouent un rôle important sur la sur-vie des levrauts.

Dominante céréalière vs. Dominante herbagère

Taux d

e r

encontr

e L

ièvre

Figure 9 : Relation entre le 1er axe de l’ACP (valeurs faibles = dominante céréalière ; valeurs fortes = dominante herbagère) et le taux de ren-contre du lièvre. Données : 25 sites du réseau liè-vre, années 2015 et 2016.

Figure 10 : Mois de naissance des jeunes tués à la chasse en 2015 dans les territoires du Réseau Lièvre en fonction du type d’habitat. Le chiffre mentionne la taille d’échantillon.

Céréalier (n = 408)

0%

10%

20%

30%

J F M A M J J A S

Diversifié (n = 319)

0%

10%

20%

30%

J F M A M J J A S

Herbager (n = 301)

0%

10%

20%

30%

J F M A M J J A S

Viticole (n = 48)

0%

10%

20%

30%

J F M A M J J A S

Mixte (n = 219)

0%

10%

20%

30%

J F M A M J J A S

Page 9: Numéro 2 Décembre 2016 - oncfs.gouv.fr · A l’inverse, c’est dans la moitié nord que l’on enregistre les plus for-tes valeurs. Un seul site du sud de la France affi-che une

9

ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES

Ces dernières années, plusieurs études publiées dans des revues scientifiques ont concerné l’évolu-tion de la tularémie en France.

SYMPTÔMES

Cette maladie provoque chez l’homme des formes variées qui dépendent de la voie de contamination. L’inoculation cutanée, la plus fréquente, par piqûre de tique ou simple contact, provoque des atteintes ganglionnaires. L’ingestion entraine une forme oro-pharyngée ou digestive. La forme pulmonaire (en cas d’inhalation) est mortelle dans 30% des cas environ en l’absence de traitement. L’incubation dure environ une semaine et est suivie d’une fièvre ondulante et d’un affaiblissement.

Chez le lièvre, la maladie est généralement mor-telle en 2 à 15 jours. La rate est le plus souvent hy-pertrophiée et piquetée de minuscules abcès. La confirmation nécessite une analyse bactériologi-que.

MORTALITÉS GROUPÉES OCCASIONNELLES

L’impact global sur les populations de lièvres sem-ble très limité mais on observe parfois des foyers épizootiques, comme celui décrit entre janvier et mars 2011 à Habarcq dans le Pas-de-Calais (Decors et al., 2011). En moins de 3 mois, 51 liè-vres morts de tularémie ont été retrouvés, principa-lement dans le nord-ouest d’un bois de 110 hecta-res, dans un secteur de forte densité de lièvres.

EVOLUTION EN FRANCE

Depuis le début des années 2000, entre 40 et 120 cas sont détectés dans la faune sauvage chaque année par le réseau SAGIR. Entre 2002 et 2012, près de 700 lièvres ont ainsi été confirmés comme porteurs de la bactérie Francisella tula-rensis, mais elle a aussi été identifiée chez 4 la-pins, 2 chevreuils et 1 sanglier (Moinet et al., 2016).

Sur la même période, 433 cas humains ont été re-censés (et seulement 2 morts) mais, même si sa déclaration est obligatoire depuis 2002, l’incidence de cette maladie reste sans doute encore sous-estimée (Figure 11 ; Mailles et Vaillant, 2014). 41% des personnes atteintes s’étaient vraisemblable-ment contaminées en manipulant un lièvre. La pi-qûre par une tique et l’inhalation au cours de loisirs d’extérieur sont d’autres voies de contamination courantes (16%).

HIVER 2007-2008 : RECRUDESCENCE DE CAS

Sur la période 2002-2012, l’hiver 2007-2008 fait figure d’exception puisque les nombres de cas humains et de cas de lièvres atteints de tularé-mie ont été doublés, sans qu’on puisse encore l’expliquer (Mailles et al., 2010). La répartition géo-graphique des cas de tularémie animale a été su-perposable à celle des cas humains, avec des foyers dans le grand Ouest, le Sud-Ouest et l’Est du pays.

Références :

Decors, A., Lesage, C., Jourdain, E., Giraud, P., Hou-bron, P., Vanhem, P., & Madani, N. (2011). Outbreak of tularaemia in brown hares (Lepus europaeus) in France, January to March 2011. Euro Surveill, 16(28), 19913.

Mailles, A., Madani, N., Maurin, M., Garin-Bastuji, B., & Vaillant, V. (2010). Excès de cas humains et animaux de tularémie en France au cours de l’hiver 2007–2008: émergence ou phénomène isolé?. Médecine et maladies infectieuses, 40(5) : 279-284.

Mailles, A., & Vaillant, V. (2014). 10 years of surveillance of human tularaemia in France. Eurosurveillance, 19(45).

Moinet, M., Decors, A., Mendy, C., Faure, E., Durand, B., & Madani, N. (2016). Spatio-temporal dynamics of

tularemia in French wildlife: 2002-2013. Preventive Ve-terinary Medicine, 130 : 33-40.

TULARÉMIE : QUOI DE NEUF ?

Figure 11 : Nombre de cas humains de tularé-mie par million d’habitants entre 2002 et 2012

(d’après Mailles et Vaillant, 2014)

Page 10: Numéro 2 Décembre 2016 - oncfs.gouv.fr · A l’inverse, c’est dans la moitié nord que l’on enregistre les plus for-tes valeurs. Un seul site du sud de la France affi-che une

10

LE VIRUS RHDV2 EST PRÉSENT CHEZ LE LIÈVRE D’EUROPE

TRAVAUX ITALIENS

Des équipes italiennes avaient déjà mis en évi-dence la présence du virus RHDV2 chez deux es-pèces de lièvres : Lièvre corse (Lepus corsicanus) et Lièvre du Cap (Lepus capensis). Comme nous, ils l’ont récemment identifié chez le Lièvre d’Eu-rope, en Italie et en Espagne, mais de manière sporadique, alors que nous avons mis en évidence sa large répartition en France.

QUELLE RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DU VIRUS EN FRANCE ?

Une carte des départements touchés ne serait pas très informative. En effet, de nouvelles recherches sont en cours sur des lièvres analysés par le ré-seau SAGIR ces dernières années, ce qui conduit régulièrement à identifier le RHDV2 chez cette es-pèce dans de nouveaux départements. Ce n’est pas parce que nos analyses ne mettent pas encore en évidence le virus dans un département qu’il en est absent. En réalité, il est très probable que tous les départements soient concernés puisqu’on trouve ce virus chez le lapin dans toute la France.

Références :

Camarda, A., Pugliese, N., Cavadini, P., Circella, E., Capucci, L., Caroli, A., ... & Lavazza, A. (2014). Detec-tion of the new emerging rabbit haemorrhagic disease type 2 virus (RHDV2) in Sicily from rabbit (Oryctolagus cuniculus) and Italian hare (Lepus corsicanus). Re-search in veterinary science, 97(3), 642-645.

Puggioni, G., Cavadini, P., Maestrale, C., Scivoli, R., Botti, G., Ligios, C., ... & Capucci, L. (2013). The new French 2010 Rabbit Hemorrhagic Disease Virus causes an RHD-like disease in the Sardinian Cape hare (Lepus capensis mediterraneus). Veterinary research, 44(1), 1.

Velarde, R., Cavadini, P., Neimanis, A., Cabezón, O., Chiari, M., Gaffuri, A., ... & Capucci, L. (2016). Spillover Events of Infection of Brown Hares (Lepus europaeus) with Rabbit Haemorrhagic Disease Type 2 Virus (RHDV2) Caused Sporadic Cases of an European Brown Hare Syndrome‐Like Disease in Italy and Spain. Transboundary and Emerging Diseases.

COMMUNIQUÉ DE PRESSE DE L’ONCFS (01/06/2016)

Au début des années 1980, deux maladies mor-telles de type hémorragique sont apparues chez le lièvre et le lapin domestique et sauvage. Ap-pelées EBHS (European Brown Hare Syndrome) chez le lièvre et VHD (Viral Haemorrhagic Di-sease) chez le lapin, elles sont dues à deux vi-rus différents de la famille des Calicivirus.

Ces maladies sont surveillées et étudiées en France grâce au réseau d’épidémiosurveillance SAGIR, administré par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) et la Fédération nationale des chasseurs (FNC), en partenariat notamment avec les Laboratoires Départementaux d’Analyses Vétérinaires (LDAV).

Des recherches ont été réalisées récemment par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du tra-vail) et l’ONCFS pour comprendre l’origine de la mort de lièvres d’Europe présentant les mêmes symptômes que l’EBHS mais pour lesquelles les analyses conduites ces dernières années dans un cadre diagnostique ne permettaient pas de détecter la présence du virus de l’EBHS. Ces recherches ont montré que, parmi les lièvres analysés en 2015 par le réseau SAGIR et pré-sentant des symptômes évocateurs de l’EBHS, 55 étaient porteurs du virus de l’EBHS et 40 étaient porteurs du virus RHDV2. Ce virus, ap-paru en 2010 en France, est proche du virus d’o-rigine de la VHD chez le lapin et est aujourd’hui responsable de 98% des épidémies de maladie hémorragique chez cette espèce.

Ces résultats montrent donc que le virus RHDV2 peut passer d’une espèce à l’autre et provoque chez le lièvre d’Europe des lésions similaires à celles provoquées par le virus de l’EBHS. Ces infections de lièvres par le virus RHDV2 ne constituent pas un phénomène isolé puisqu'en 2015, elles se sont produites dans 21 départements différents et elles représentent plus de 40% des épidémies de maladie hémor-ragique chez le lièvre. Toutefois, les données recueillies dans le cadre de SAGIR ne montrent pas de recrudescence de maladie hémorragique chez le lièvre en 2015. Rien n'indique donc à ce stade que le passage du RHDV2 au lièvre s'ac-compagne d'un accroissement de l'impact de la maladie hémorragique, connue en France de-puis le début des années 1980.

Les outils de diagnostic utilisés en routine par les LDAV dans le cadre de SAGIR vont être adaptés dans les prochains mois pour améliorer la surveillance du RHDV2 chez le lièvre et suivre sa progression spatio-temporelle.

Page 11: Numéro 2 Décembre 2016 - oncfs.gouv.fr · A l’inverse, c’est dans la moitié nord que l’on enregistre les plus for-tes valeurs. Un seul site du sud de la France affi-che une

11

RENARDS, LIÈVRES ET CAMPAGNOLS

REPORT DE PRÉDATION DU CAMPAGNOL VERS LE LIÈVRE ?

Guillaume Halliez a soutenu en novembre 2015 une thèse financée et dirigée par la Fédération Dé-partementale des Chasseurs du Doubs et l’Univer-sité de Bourgogne-Franche-Comté. Elle porte sur les relations entre pratiques agricoles, prédateurs et proies dans deux contextes montagnards et her-bagers (Massif Jurassien et vallée alpine de la Haute-Romanche) (Halliez, 2015). Un des objectifs était de tester l’hypothèse d’un report de prédation selon laquelle les renards auraient tendance à s’in-téresser davantage aux lièvres et levrauts quand les populations de campagnols (qui connaissent des cycles démographiques) sont en déclin.

Une analyse des données d’abondance de campa-gnols et de dénombrements de renards et lièvres montre tout d’abord que l’IK lièvre est plus faible quand l’IK renard est élevé et quand l’abondance de campagnols est faible. Ces relations n’expli-quent cependant qu’une petite part des variations d’IK lièvre observées.

DES LEURRES POUR IMITER LES LEVRAUTS

Une expérimentation a par ailleurs été conduite dans le Massif Jurassien en disposant dans la na-ture 500 «leurres» (morceaux de viande envelop-pés, d’environ 180g, ce qui correspond à un levraut de deux jours) pendant 5 nuits (Halliez, 2015). Des pièges photographiques posés à proximité permet-taient d’identifier le prédateur qui découvrait cha-que leurre. La moitié des leurres ont été « prédatés » pendant les 5 jours. Les principaux prédateurs observés sont le renard (26%), les cor-vidés (25%), les chiens (10%) et les chats (10%). La « survie » des leurres était plus importante quand le couvert végétal était important. Les leur-res étaient trouvés d’autant plus rapidement que la densité de prédateurs était élevée mais aussi quand les campagnols étaient abondants et en phase d’augmentation (même si d’autres facteurs semblent jouer un rôle important).

Ces différents résultats (relations entre IK et rapidité de la découverte des leurres) sont com-patibles avec l’hypothèse d’un report de préda-tion. Les analyses montrent cependant que l’inten-sité des effets reste mesurée.

MOINS IL Y A DE CAMPAGNOLS, PLUS LE RENARD MANGE DE LIÈVRES

Une étude menée en Pologne renforce également cette hypothèse. Panek (2009) a en effet observé dans des zones de forte densité en lièvres (10-30 lièvres / km2) que le nombre de restes de lièvres trouvés à proximité des terriers de renards était plus élevé lorsque la densité de micromammifères était faible.

LA SURVIE DES LEVRAUTS DÉPEND DE L’HABITAT

Les leurres carnés mimant des levrauts ont égale-ment été utilisés en Suisse (Fernex et al 2011). Les principaux prédateurs identifiés par pièges photo-graphiques étaient les corneilles (44%), les chats (20%), les chiens (18%) et les renards (9%). La « survie » des leurres placés au centre des parcel-les cultivées ou en jachères fleuries était nettement meilleure que celle des leurres placés en bordure de ces parcelles ou dans des parcelles labourées ou en prairie de fauche. Ces résultats éclairent sur l’importance de l’habitat dans la survie des le-vrauts.

Références :

Fernex, A., Nagel, P., & Weber, D. (2011). Sites with reduced predation risk to young hares within an agri-cultural landscape. Mammalia 75 (2011): 395–397

Halliez, G. (2015). Pratiques, prédateurs, proies, pullula-tions de campagnols prairiaux et biodiversité. Thèse de doctorat. Université Bourgogne-Franche-Comté. 200pp.

Panek, M. (2009). Factors affecting predation of red foxes Vulpes vulpes on brown hares Lepus europaeus during the breeding season in Poland. Wildlife Biology, 15(3) : 345-349.

Photo : Luc Barbier / ONCFS

Page 12: Numéro 2 Décembre 2016 - oncfs.gouv.fr · A l’inverse, c’est dans la moitié nord que l’on enregistre les plus for-tes valeurs. Un seul site du sud de la France affi-che une

12

ETUDE GPS EN COURS DANS L’OISE ET LA SOMME

L’ONCFS et les FDC 60 et 80 mènent une étude avec le soutien financier de la FRC Hauts-de-France et la FNC pour estimer la survie des jeunes lièvres pendant leur premier été et pour décrire leur utilisation diurne et nocturne de l’habitat.

Le suivi est réalisé grâce à des colliers GPS qui transmettent leurs données à une plateforme inter-net via le réseau GSM (téléphonie mobile). Une localisation est enregistrée toutes les 3 heures pen-dant une durée d’environ 4 à 5 mois. La première

année a permis d’obtenir quelques résultats pro-metteurs mais elle a surtout été l’occasion d’opérer des modifications sur les colliers pour améliorer leur fiabilité.

En matière de description de l’utilisation de l’habi-tat, on perçoit déjà l’intérêt de cette technique qui apporte des données inédites. La figure 12 montre l’exemple de la dispersion d’un jeune lièvre qui quitte son domaine vital de naissance pour s’instal-ler dans un autre secteur, à 2,5 kilomètres. Le point situé entre les 2 secteurs montre que l’animal a ré-alisé un trajet à la fois rapide et direct. La figure 13 présente les localisations diurnes et nocturnes d’un lièvre. Celui-ci passe la journée dans une parcelle qui présente un couvert important et la nuit dans une parcelle plus ouverte.

Figure 12 (à gauche) : localisations d’un lièvre par GPS. Les points clairs correspondent au début du suivi, les points foncés à la fin du suivi. Données ONCFS et FDC60/80.

Figure 13 (ci-dessous) : localisations diurnes (points blancs) et nocturnes (points noirs) d’un liè-vre par GPS. Données ONCFS et FDC60/80.

Page 13: Numéro 2 Décembre 2016 - oncfs.gouv.fr · A l’inverse, c’est dans la moitié nord que l’on enregistre les plus for-tes valeurs. Un seul site du sud de la France affi-che une

13

CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES LAGOMORPHES 2016

Tous les 4 ans est organisée une Conférence mon-diale sur les Lagomorphes (World Lagomorph Conference) consacrée aux recherches sur les es-pèces de lapins, lièvres et pikas. Après le Portugal, le Mexique et l’Autriche, c’était au tour des Etats-Unis d’organiser l’édition 2016, en juillet, à Turlock (Californie).

Deux agents de l’ONCFS y ont participé et ont pré-senté des travaux menés sur le lièvre (strongylose pulmonaire, effet de la limitation du renard, pré-sence du virus RHDV2) et sur le lapin (souches non pathogènes de RHDV, dispersion des jeunes, impact d’une épidémie de RHDV2).

Parmi les interventions des chercheurs étrangers qui ont retenu notre attention, citons :

• Une étude menée en Suisse pour rechercher des

levrauts (notamment avec des caméras thermi-ques) et étudier leur survie au cours des pre-miers jours. Les premiers résultats obtenus avec 65 levrauts démontrent l’effet négatif des précipi-tations et l’effet positif de certains milieux (betteraves ou jachères).

• Un modèle mathématique de démographie du

lièvre pour estimer le taux de prélèvement dura-ble par la chasse, réalisé par des Autrichiens. En prenant en compte l’effet des variations climati-ques et d’autres facteurs imprévisibles, ils esti-ment en moyenne à 10-15% le taux de prélève-ment durable.

• Des études américaines sur l’impact du réchauf-

fement climatique sur le Lièvre d’Amérique et le Pika. Elles s’intéressent par exemple aux chan-gements de comportement induits par une aug-mentation de la température, aux gènes respon-sables du changement de couleur pendant l’hiver ou à l’impact d’un pelage de couleur inadaptée à l’environnement, qui induisent une baisse de la survie hebdomadaire estimée à environ 5%, ce qui peut avoir des conséquences importantes.

• Des exposés méthodologiques sur des colliers GPS et des pièges photographiques. Ces outils ouvrent des perspectives importantes pour ré-pondre à de nouvelles questions.

La prochaine conférence mondiale aura lieu en 2020 en France et sera co-organisée par l’ONCFS.

UNION INTERNATIONALE DES BIOLOGISTES DU GIBIER 2017

La prochaine conférence internationale de l’UIBG (IUGB en anglais) qui a lieu tous les deux ans sera organisée par l’ONCFS à Montpellier du 22 au 25 aout 2017.

Les interventions scientifiques (en langue anglaise) s’adressent aux chercheurs internationaux qui étudient les espèces gibiers et la faune sauvage en général, ainsi qu’aux gestionnaires de populations et d’ha-bitats.

C’est l’occasion de partager les derniers résultats obtenus dans divers domaines de recherche.

Site internet : http://iugb2017.com

Page 14: Numéro 2 Décembre 2016 - oncfs.gouv.fr · A l’inverse, c’est dans la moitié nord que l’on enregistre les plus for-tes valeurs. Un seul site du sud de la France affi-che une

14

INSOLITE

LE LIÈVRE DANS L’ART PALÉOLITHIQUE ET ANTIQUE

La rubrique « Insolite » de la précédente « Lettre du Réseau Lièvre » était consacrée aux écrits de Gaston Phebus, au 14ème siècle. Cette fois-ci, nous remontons encore davantage le temps : on trouve en effet trace du lièvre dans les œuvres ar-tistiques de la préhistoire et de l’antiquité !

ANTIQUITÉ ROMAINE ET GRECQUE

On trouve par exemple un lièvre mangeant une grappe de raisin sur cette mosaïque romaine da-tant du 3ème siècle avant JC (source : Altes Mu-séum de Berlin / Anagoria).

Il est aussi représenté dans cette céramique grec-que du 6ème siècle avant JC (source : British Mu-séum de Londres).

Les auteurs grecs ont d’ailleurs décrit avec préci-sion le comportement et la reproduction du Lièvre. Aristote précise par exemple que « la hase conçoit en toute saison et qu'elle met bas tous les mois ». L’espèce est ainsi associée symboliquement à une activité sexuelle continue.

ART PRÉHISTORIQUE

Les lapins ou lièvres sont assez rares dans l’art paléolithique. Sur les parois des grottes, une seule figuration est certaine. Elle se trouve dans la grotte de Gabillou en Dordogne, datée entre 45000 et 10000 ans avant JC, et représente sans doute un lièvre (ci-dessous).

Les gravures sur des objets sont un peu plus nom-breuses, sur des os ou des plaquettes de grès par exemple. Celle ci-dessous représente vraisembla-blement un lapin et provient de la grotte de La Mar-che, dans la Vienne.