nuit debout à nice _ « la côte d’azur, c’est pas que des riches retraités ! »

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  • 8/18/2019 Nuit Debout à Nice _ « La Côte d’Azur, c’Est Pas Que Des Riches Retraités ! »

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    Nuit de bout à Nice : « La Côte d’Azur, c’est pas quedes riches retraités ! »

    LE MONDE | 16.04.2016 à 11h17 • Mis à jour le 16.04.2016 à 11h49 | Par Faustine Vincent (Envoyée spéciale à

    Nice)

    Le premier soir, ce fut une divine surprise. Contre toute attente, la Nuit debout organisée à la hâteà Nice vendredi 8 avril, une semaine après celle de Paris , avait rassemblé près de 500personnes, selon les organisateurs, 250 selon la police . « C’était inespéré », se souvient uneparticipante.

    Une semaine après, ce mouvement citoyen hors partis et hors syndicats, né dans la foulée de lacontestation de la loi travail , est toujours là. Chaque soir à 19 heures, une poignée de personnesrevient installer  stands et pancartes sous les arcades de la place Garibaldi, dans le vieux Nice,captant l’attention d’une centaine de personnes.

    « Dans l’arrière-pays, les cafés sont FN »

    Vendredi 15 avril, environ 400 personnes ont de nouveau convergé vers la place pour la « grandeNuit debout » promise par les organisateurs, avec la diffusion du film Merci Patron ! de FrançoisRuffin. La mobilisation a beau rester  marginale pour cette ville de 344 000 habitants, elle nourrittous les espoirs des « Nuit-deboutistes » locaux, tant le terrain leur semblait peu propice. « C’est extrêmement difficile de remuer  cette ville. Il faut se lever  tôt. Ou se coucher  tard, s’amuse JulienGirard, figure locale du militantisme associatif et engagé dans la Nuit debout. Les gens ne sont 

     pas dans la contestation, ici. Ils vivent e ntre eux » . Les participants n’ont pas de mots assez durspour qualifier  leur ville, taxée d’« égoïste », « superficielle » et « renfermée », sur fond d’inégalitéscriantes et de montée du FN (arrivé en seconde position au deuxième tour des régionales de 2015avec 36 % des voix  (/provence-alpes-cote-d-azur/alpes-maritimes,06/nice,06088/elections/) ).

    Camille, qui vit de petits boulots en parallèle de ses études sur l’environnement , fait l’aller-retour 

    Lors de la Nuit debout à Nice le 11 avril 2016. Lionel Cironneau / AP

    http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/qualifier/http://www.lemonde.fr/environnement/http://www.lemonde.fr/provence-alpes-cote-d-azur/alpes-maritimes,06/nice,06088/elections/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/qualifier/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/coucher/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/lever/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/remuer/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/rester/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/installer/http://www.lemonde.fr/loi-travail/http://www.lemonde.fr/police/http://www.lemonde.fr/paris/http://www.lemonde.fr/nice/

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    chaque jour depuis son village, à quelques d izaines de kilomètres de là, pour venir  écouter  lesdébats sur la place. « Les gens viennent parce qu’ailleurs tu ne peux pas parler  de tout ça. Tu tefais insulter  . Dans l’arrière-pays, les cafés sont FN. La loi travail  et les Panama papers, ça a été la

    goutte d’eau. Les gens en ont ras-le-bol ».

    Maria, fonctionnaire, est venue exprès de Cagnes-sur-Mer. Comme beaucoup de participants, ellen’a accepté de parler au Monde qu’en utilisant un pseudonyme. « La Côte d’Azur, ce n’est pasque des riches retraités, Estrosi et ses magouilles [Christian Estrosi, président de la régionProvence Alpes Côte d’Azur et maire Les Républicains de Nice]. Il y a des gens qui vivent ici àl’année et qui peinent à joindre les deux bouts », insiste-t-elle.

    Des zadistes et des jeunes communistes

    En une semaine, l’organisation de la Nuit debout à Nice s’est rodée, avec le soutien logistique – etdiscret – de la CGT et des jeunes communistes. Tous les soirs, pendant deux heures, l’« agora »offre à chacun le loisir de parler de ce qu’il souhaite. Viennent ensuite les « ateliers  »thématiques, regroupant une dizaine de personnes chacun. Comme dans les autres Nuits debout,il s’agit ici de « redonner le pouvoir  aux citoyens et se réapproprier la parole publique », rappelleSéverine Tessier, fondatrice de l’association anticorruption Anticor, initiatrice des « Conseilsd’urgence citoyenne »  (http://abonnes.lemonde.fr/societe/article/2016/01/18/face-a-l-etat-d-urgence-des-citoyens-font-de-la-resistance_4849014_3224.html)contre l’état d’urgence, et participante régulière à la Nuit debout à Nice.

     A cette aspiration nationale du mouvement s’ajoutent des thématiques plus locales. À Nice, laquestion de la crise migratoire, particulièrement sensible, revient régulièrement dans leséchanges. La ville est située à moins de 40 km de Vintimille, à la frontière italienne, d’où viennentles migrants. « Les réfugiés ne viennent pas pour avoir  un appart' sur la Côte d’Azur, et ne sont ici que de passage. L’idée c’est de les aider  en faisant des collectes de nourriture et de vêtements » ,explique Marina, chef d’entreprise d’une petite structure dans la communication et très impliquéedans la Nuit debout.

    L’écologie est elle aussi un thème récurrent, porté par l’indignation que soulève l’opérationd’intérêt national (OIN) (http://abonnes.lemonde.fr/planete/article/2013/07/01/l-eco-vallee-de-nice-n-a-t-elle-d-ecologique-que-le-nom_3425590_3244.html) , appelée à restructurer  le paysage de la plaine du Var. « Le projet   prévoit deremplacer  des zones naturelles par du béton », regrette Marina. Des zadistes se sont ainsi joints àNuit debout.

     Agora indignée... mais paisible

     A la différence de Paris, où la Nuit debout est peuplée en grande partie d’« intellos précaires »,celle de Nice offre une plus grande diversité de profils, de tous âges et toutes professions, mêmesi, comme le déplore une participante, « les jeunes des quartiers périphériques de Nice ne sont 

     pas là ». Nadjar, assistante maternelle et électrice « 100 % FN » depuis dix ans, est égalementvenue avec son ancien mari, Zouhair, anti-FN, pour soutenir  le mouvement.

    Cette hétérogénéité donne parfois lieu à des échanges qu’on croirait sortis d’un manuelcaricatural sur la lutte des classes. Jeudi soir, André, élégant sexagénaire à la tête d’uneentreprise et se revendiquant « gaulliste », a ainsi devisé pendant une demi-heure avec son« compatriote » Adrien, jeune poète des rues en treill is et poncho, sur « le système », le

    capitalisme, la démocratie et l’avenir du pays, chacun défendant un point de vue radicalementdifférent, mais sans hausser  le ton.

    Car l’« agora » est indignée, mais paisible. Aucun heurt n’est venu troubler  ces soirées où l’onpartage son expérience, son « ras-le-bol » et où l’on refait le monde . La préfecture, qui s’appuiesur les caméras de surveillance (omniprésentes dans la ville) et des patrouilles de police, n’a doncpas prévu d’interdire le mouvement, comme le redoutent certains organisateurs. « C’est festif et bon enfant, les gens sont corrects » , relève Florence Gavello, porte-parole de la di rectiondépartementale de la sécurité publique des Alpes-Maritimes. Le maire (LR) de Nice, ChristianEstrosi, qui avait asséné lundi que le mouvement allait « totalement à l’encontre de l’état d’urgence », se fait discret sur le sujet depuis, et n’a pas souhaité répondre aux sollicitations duMonde.

    http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/r%C3%A9pondre/http://www.lemonde.fr/le-monde/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/troubler/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/hausser/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/soutenir/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/remplacer/http://www.lemonde.fr/projet/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/restructurer/http://abonnes.lemonde.fr/planete/article/2013/07/01/l-eco-vallee-de-nice-n-a-t-elle-d-ecologique-que-le-nom_3425590_3244.htmlhttp://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/aider/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/auxiliaire/avoir/http://abonnes.lemonde.fr/societe/article/2016/01/18/face-a-l-etat-d-urgence-des-citoyens-font-de-la-resistance_4849014_3224.htmlhttp://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/pouvoir/http://www.lemonde.fr/ateliers/http://www.lemonde.fr/social-cgt/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/joindre/http://www.lemonde.fr/les-republicains/http://www.lemonde.fr/travail/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/insulter/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/parler/http://www.lemonde.fr/afrique-debats/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/%C3%A9couter/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/venir/

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