nouvelles 78 : pourquoi boycotter le botswana ?

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  • 8/7/2019 Nouvelles 78 : Pourquoi boycotter le Botswana ?

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    Survivalles nouvelles

    78

    Pourquoi boycotter le Botswana?

    www.survivalfrance.org

    Janvier 2011

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    L 'annonce du suicide,le 8 janvier dernier,d'un Amrindien dansune cellule de la gendarmerie de Camopi a dclench quelquesremous au sein des mdias,dans le monde des dcideurs et despolitiques.Ce drame de la garde vue a rappel tous que lesAmrindiens se suicident facilement en Guyane franaise. Fallait-il attendre 2011 pour s'en mouvoir ? L'alarme avait pourtant

    dj sonn en 2004,sans effet d'ailleurs, tant les ractions avaient t faibles.A cettepoque, les jeunes gens du haut-Maroni se pendaient les uns aprs les autres.

    Le suicide de Camopi a-t-il cr une prise de conscience de leur dtresse ? Quelquesvrits sont dites par certains aujourd'hui,qu'on aurait aim entendre plus tt :lesAmrindiens de la Guyane ont t oublis dans leurs forts.On a mpris leur culture.On les a tenus l'cart des changes et du progrs. On les a subordonns,prcariss, infantiliss.On a livr leurs espaces de vie aux orpailleurs du Brsil ou duSurinam.On les a empoisonns.Il n'y a pas lieu de s'tonner que ceux qui doiventmendier la Rpublique l'eau potable,l'lectricit et le tlphone, comme tantd'autres services publics,soient accabls et dsempars.Les causes tant connues, ilfaut s'entendre sur le remde.

    L'ambition de nos lus,c'est de faire des Amrindiens des Guyanais comme lesautres , par assimilation.Le moyen est simpliste :il s'agit de dsenclaver les territoireso vivent les communauts,e t sans doute,de laisser faire le commerce. Le destin desAmrindiens serait ainsi abandonn aux technocrates.Tt ou tard en effet,par l'ouestet par l'est, les routes de bitume parviendront aux portes du Parc national,l'ex-paysindien,appor tant avec elles le meilleur et le pire.

    Au contraire, le salut passe par la prise en compte du vritable enjeu :non pasdsenclaver un territoire,mais aider des peuples s'manciper, retrouver la matrisede leur avenir et s'ouvrir aux autres. Car malgr le mpris et la domination qu'ilssubissent,les Wayana,les Emerillon et les Wayampi sont encore des peuplesaujourd'hui.

    Brigitte Wyngaarde,Village Balat,Guyane franaise.

    Les Nouvelles de Survival n78, janvier 2011Prix de ce numro : 6 abonnement : 15Directeur de la publication : J.-P.RazonRdaction : S. Baillon, D. Dauzier, J.-P. RazonImprimerie : Corlet, Cond-sur-NoireauISSN : 1154-1210 CP : 1009G89188Dpt lgal : 1e trimestre 2011

    Survival International (France)

    Association reconnue dutilit publique

    Photo couverture : Un Bushman du Kalahari,Botswana Stephen Corry/Survival

    Merci Henri Lecomte, Cesar RodrguezGaravito et Brigitte Wyngaarde

    Ce numro peut tre tlcharg en format PDF ladresse suivante :www.survivalfrance.org/actu/publications

    Survival International France18 rue Ernest et Henri RousselleParis 75013T (33) 1 42 41 47 [email protected]

    Royaume-Uni6 Charterhouse BuildingsLondon EC1M 7ETT (44) 020 7687 8700F (44) 020 7687 [email protected]

    ItalieCasella postale 119420101 MilanT (39) 02 8900671F (39) 02 [email protected]

    EspagneCalle Prncipe 12, Piso 3,Madrid 28012T (34) 91 521 7283F (34) 91 523 [email protected]

    AllemagneGreifswalderstr. 410405 BerlinT (49) 30 72 29 31 [email protected]

    Pays-BasVan der Duynstraat 711051 ATAmsterdamT (31) 020-6860850

    [email protected]

    Etats-Unis2325 3rd Street, Suite 413San FranciscoCA94107T (1) [email protected]

    au sommaire

    Les oublis de la Rpublique BrigitteWyngaarde

    Echos des campagnes

    Pourquoi boycotter le Botswana? StephenCorry

    Les Indiens de Vargas Llosa Cesar RodrguezGaravito

    Faire merger la vie Nidosh Naisseline

    Dmitri Anatolievitch Medvedev! PavelSuliandziga

    Survival aide les peuples indignes dfendre leur vie, protger leurs terreset dterminer leur propre avenir

    Survivalles nouvelles

    Les oublis de la Rpublique

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    leurs rivires sont dtruites par les barrageshydrolectriques et leurs forts sont rasespour faire place aux plantations de palmiers huile. Dix mille autochtones ont t dplacspour faire place au barrage de Bakun et legouvernement du Sarawak projette d'enconstruire douze autres dans la rgion. Les

    forts dans lesquelles les Penan sont suppo-ss tre rinstalls sont dtruites grandechelle pour y planter des palmiers huile.L'objectif du gouvernement du Sarawak estde planter d'ici 2020 deux millions d'hectaresde palmiers huile.

    INTERNATIONAL Journe des droits de lhommeA loccasion de la journe internationale desdroits de l'homme des Nations-Unies,Survival a lanc, le 10 dcembre dernier,deux courts-mtrages sur la situation drama- tique des Indiens guarani du Brsil.Ces filmsmontrent la dtermination dont font preuveles Guarani pour reconqurir les terres quileur ont t spolies par les leveurs et lesplanteurs de soja et de canne sucre.

    Dclaration des Nations-UniesLe Canada a finalement dcid mi-novembred'appuyer la Dclaration des Nations-Uniessur les peuples autochtones trois ans aprsson approbation par l'Assemble gnrale.'En appuyant la Dclaration,le Canada raffir-me sa volont de nouer avec les Inuit, lesPremires Nations et les Mtis une relationfructueuse, constructive et fonde sur notre his-toire commune, le respect et le dsir de faireface l'avenir ensemble,et ce, pour accrotre lebien-tre des autochtones canadiens '.LesIndiens du Canada ont accueilli avec satisfac- tion cette dcision tant attendue.Cependant,l'Assemble des Premires Nations, l'organi-sation indigne nationale,a exprim sa viveproccupation lorsque le gouvernement aannonc que 'la Dclaration n'est pas juridi-quement contraignante, elle ne constitue pasune expression du droit international coutumier et ne modifie pas les lois canadiennes '.Un mois aprs,les tats-Unis ont officielle-ment entrin cette Dclaration,ce qui signi-fie qu'aujourd'hui,plus aucun pays ne s'y oppose. Le prsident Obama a annonccette dcision lors de l'ouverture de laConfrence sur les Nations indiennes quis'est tenue le 16 dcembre dernier laMaison Blanche.Il a dclar : 'Ce qui importebeaucoup plus que les mots - ce qui importebeaucoup plus que n'importe quelle rsolutionou dclaration - ce sont les actions qui corres-pondent ces mots '.

    Les ONG contre les gants ptroliersEn novembre,Surviv al a adress une lettrecosigne par plus de cinquante grandesONG aux compagnies ptrolires Perenco,Repsol-YPF et ConocoPhillips exigeant leur retrait immdiat des rgions habites par desIndiens isols au Prou.Des expertises

    anthropologiques ont prouv que la rgiontait habite par au moins deux groupesd'Indiens isols extrmement vulnrables auxcontacts avec le monde extrieur en raisonde leur faible systme immunitaire.

    Une cyberattaque paralyse SurvivalSurvival International a t la cible finoctobre d'une cyberattaque massive qui acaus de graves perturbations l'infrastruc- ture de son site internet. Survival prsumeque cette offensive manait soit duBotswana,soi t de l'Indonsie.Elle est en effet

    survenue une semaine aprs la diffusion sur notre site internet d'une vido montrant dessoldats indonsiens en train de torturer desPapous et quatre semaines aprs avoir appe-l au boycott du Botswana pour sa politiquerpressive l'gard des Bushmen du Kalahari.

    chos des campagnesBOTSWANAAppel au boycott des diamantsSurvival a lanc le 3 novembre un appel auboycott des diamants du Botswana pour dnoncer le traitement inflig par le gouver-nement aux Bushmen du Kalahari.Une pti- tion mise en ligne fin octobre et appelant la

    compagnie touristique controverseWilderness Safaris retirer son luxueuxlodge du territoire des Bushmen auBotswana appelait dj la mobilisation del'opinion publique internationale.La ptitionrunit aujourd'hui prs de 30 000 signaturesde plus de 80 pays. Le 19 novembre,unBushman du cur de la Rserve du Kalaharicentral s'est rendu en Gambie pour deman-der de l'aide auprs de la Commission africai-ne des droits de l'homme et des peuples.Apeine un mois plus tard,s'expr imant sur lesite de la plus importante mine de diamantdu pays,le prsi dent du Botswana a qualifidans une brusque envole les Bushmen duKalahari d'tres 'archaques','primitifs' et'arrirs'. Il a accus les Bushmen de vivre'une vie d'attards',' une vie primitive faite deprivations en coexistence avec la faune sau-vage', selon 'le mode archaque d'un gervolu o rgnaient indigence et indignit'.Les Bushmen ont fait appel le 17 janvier de ladcision de la Haute cour botswanaise ren-due l't dernier les empchant d'utiliser leur puits d'eau.Le verdict devrait tre rendu fin janvier.

    BRSILLe Nobel Alternatif un vqueL'vque catholique Erwin Krutler a reu leRight Livelihood Award,connu comme lePrix Nobel Alternatif,po ur son action enfaveur des Indiens du Brsil.Lors de la cr-monie de remise des prix en dcembre der-nier au parlement sudois,il a t honor'pour une vie entire consacre la dfensedes droits de l'homme et de l'environnementdes peuples indignes et pour ses effortsincessants afin de sauver la fort amazonien-ne de la destruction'.Il a dnonc la situationdramatique dans laquelle se trouvent lesGuarani. L'vque Krutler est engag depuislongtemps dans un combat pour la recon-naissance des droits des Indiens du Xingu,enAmazonie brsilienne, qui sont aujourd'huimenacs par le barrage de Belo Monte.

    Des Indiens nomades d'Amazoniefont appel la justiceUn groupe de dix Indiens aw a fait le longvoyage depuis leur territoire reculd'Amazonie jusqu' la capitale brsilienne

    pour exhorter les autorits protger leurs terres. Leur fort est dtruite un rythmeeffrn par les leveurs,les bcherons et lescolons qui ont tabli deux hameaux etouvert un rseau routier au sein mme deleur territoire. Les plus exposs parmi lesAw sont les petits groupes isols extrme-

    ment vulnrables.Au cours des quatre der-nires dcennies,nombre d'entre eux ontt tus par les hommes de main arms desleveurs. L'afflux d'envahisseurs ne fait qu'ac-crotre le risque de conflits violents.

    Dangers sur les Indiens isols Jos Carlos Meirelles, l'un des plus grandsexperts brsiliens sur les Indiens isols a aler- t les autorits en dcembre dernier sur lesrisques de conflits qu'engendre la prsencecroissante de bcherons parmi les groupesd'Indiens vivant la frontire entre le Prouet le Brsil. Il a insist sur le fait qu'avec lapntration des bcherons illgaux dans lesforts pruviennes,les tensions dans la rgionavaient fortement augment depuis 2006.Les Indiens isols sont extrmement vuln-rables en raison de leur faible immunit face

    des maladies telles que la grippe,la varicelleou la rougeole.Un grand nombre d'Indiensont succomb par le pass des pidmiesqui leur taient inconnues et qui ont dcimdes groupes entiers.

    Une pidmie frappe les YanomamiDbut novembre,des Indiens yanomamid'Amazonie vnzulienne ont annonc quedes dizaines de membres de leur commu-naut avaient succomb une pidmie quipourrait tre de paludisme.Des leadersyanomami ont dplor que 51 personnestaient mortes dans trois villages dont lapopulation totale tait d'environ 200.Mais lenombre exact de morts reste indtermin.

    COLOMBIEAppel dsespr des NukakUn leader nukak d'Amazonie colombienne alanc un appel dsespr pour la survie deson peuple auprs de la plus haute instancedes droits de l'homme du pays fin dcembre.Depuis que les chasseurs-cueilleurs nukak sont sortis de la fort en 1988, plus de lamoiti d'entre eux sont morts, principale-ment de maladies bnignes transmises par lestrangers. Les Indiens qui dpendent dsor-mais des aides gouvernementales pour sur-vivre s'efforcent de s'adapter leur nouveaumode de vie sdentaire en priphrie desvilles. Selon l'ONIC, l'organisation indignenationale, les Nukak sont l'un des 30 groupes

    indignes de Colombie menacs d'extinction.Survival mne campagne pour le droit desNukak retourner dans leur rserve condi- tion qu'elle soit protge et scurise etqu'ils puissent avoir accs aux services desant.

    CHILIRaid policier sur l'le de Pques25 personnes au moins ont t blesses aucours d'un affrontement avec la police venueexpulser les occupants d'un immeuble RapaNui dbut dcembre. Depuis aot dernier,des membres du peuple rapa nui occupentdes btiments sur un territoire qu'ils revendi-quent comme leur appartenant lgalement.Les Rapa Nui sont un peuple indigne poly-nsien qui a toujours vcu sur l'le de Pques,annexe en 1888 par le Chili.

    INDEUn film de Survival rcompens HollywoodLe film de Survival 'Mine :histoire d'unemontagne sacre' a t prim 'meilleur courtmtrage' dans la catgorie droits de l'hommede l'Artivist Film Festival Hollywood qui aeu lieu en novembre.Ce film qui a t vision-n sur internet par plus de 650 000 per-sonnes,relate la lutte des Dongria Kondh del'Etat d'Orissa en Inde pour sauver leur mon- tagne sacre du projet minier de la compa-gnie Vedanta Resources. En aot dernier,cette compagnie a d renoncer son projetcontrovers, le ministre indien del'Environnement layant dfinitivement gel.

    INDONSIETorture de PapousFin octobre, une vido montrant des soldatsindonsiens en train de torturer deuxhommes papous dans les hautes terres dePapouasie occidentale a suscit une vive indi-gnation de la part de la communaut interna-

    tionale. Survival a lanc un appel enquteimmdiate ;l e gouvernement indonsien aadmis que ses soldats avaient pratiqu la tor- ture sur ces deux Papous.Sur vival a gale-ment exhort le prsident nord-amricainObama suspendre l'assistance militairenord-amricaine Jakarta tant que les forcesarmes indonsiennes continueront tuer et torturer les tribus de Papouasie occidentale.

    MALAISIEMenace de l'nergie verte BornoLes tribus des forts de Borno sont expo-ses la double menace de 'l'nergie verte' :

    La presse en a parl en 2010

    BUSHMENRFI : 'Les premiers pas de l'cologiepolitique', 15 fvrier Europe 1 : 'Carnets du monde', 4avrilAFP : Botswana: la justice refuse l'ac-cs l'eau aux Bushmen, 21 juilletRTL : Botswana : les Bushmen privsd'eau par dcision de justice,22 juilletRue 89 : La Haute cour du Botswanaprive les Bushmen d'accs l'eau,26

    juilletRadio Vatican : L'glise incite un

    tourisme responsable, 27 septembreNovethic : Un tour oprateur deluxe fait polmique au pays desBushmen, 6 octobrePetit Fut 2010 : Les diamants duKalahari tchs par le sang desBushmen

    BARRAGESOuest France : Les grands barragesmenacent les indignes,15 aotLe Monde.fr : Un projet de GDF-Suez met en danger les dernires tri-bus isoles d'Amazonie, par Jean-MarieG. Le Clzio et Jean-Patrick Razon, 7avrilLibration : En Amazonie,tirs debarrage contre GDF-Suez, 16 avrilRue 89 : Jirau,le barrage de GDF

    Suez qui menace des Indiensd'Amazonie,10 juinLe monde.fr : Lula donne sonaccord la construction d'un barrage

    trs controvers sur l'Amazone, 27aotLe Monde : L'Ethiopie parie sur l'nergie hydrolectrique,9 juin

    DONGRIA KONDHLe Monde : En Inde, la tribu desDongria Kondh vit le scnario du film Avatar , 10 fvrier La Tribune : Les projets en Inde dugant minier Vedanta provoquent uneleve de boucliers des ONG, 23fvrier Libration : Les Dongria Kondh enrsistance contre une mine sacrilge,3 aotLe Temps : Une tribu rsiste contre

    une mine sacrilge, 3 aotTLVISIONFrance O , 'Plante en question' :dbat sur les peuples indignes dansle monde et en France,30 juinTV5 Monde : Les Indiens isols duProu, 20 novembreArte , 'Global Mag' : Peuples indi-gnes menacs :la lutte s'organise sur le web, 22 dcembre.

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    L 'annonce rcente duboycott lanc par Survival Internationalsur le tourisme auBotswana et les dia-mants qui y sont pro-

    duits a dj soulev d'acerbes critiqueset sans aucun doute en soulvera biend'autres,mais elles n'entameront pas notredtermination : nous ne mettrons fin notre campagne que lorsque les Bushmenseront traits avec quit et humanit -pas avant.

    Lorsque ce moment arrivera,nouspourrons alors nous rjouir que la pro-messe de Sir Seretse Khama faite dans lesannes 1960 aux Bushmen de la rservedu Kalahari ait enfin t honore : cethomme clair qui fut le premier prsi-dent du Botswana leur avait en effetgaranti qu'ils pourraient jouir ad vitameternam de leurs terres,ce qui est certai-nement la moindre des choses auxquellespouvaient prtendre les premiers habi-

    tants du pays.On leur avait promis qu'ils

    seraient traits de faon quitable, sansplus jamais subir cette discrimination quiles avait jusque-l exclus en tant qu'tresrtrogrades ou barbares.Sir Seretse avaitconscience que de telles ides ne rele-vaient que du mpris raciste affich par les colons europens envers les Africainsen gnral et entendait bien que celui-cin'avait plus sa place dans l'Afrique post-coloniale.

    Malheureusement, la dcouverted'importants gisements de diamants dansles annes 1980 mit brutalement fin cette priode de flicit.Ds lors, legouvernement botswanais ne cessa d'em-ployer toutes les manuvres d'intimida-

    tion possibles pour se dbarrasser desBushmen devenus gnants.Elles atteigni-rent leur point culminant dans les expul-sions en srie qui condamnrent la plupartdes Bushmen la dportation en 2002, ceque la BBC compara un nettoyageethnique .Le gouvernement et ses allis,y compris les autorits britanniques,dfen-dirent vigoureusement ces prtendues relocalisations . Ils nirent qu'ellesavaient t effectues par la force, se per-dant en vains discours sur les raisons quiles animaient.Ils contestrent bien enten-du la dcouverte d'un important gise-ment de diamants,se retranchant derrirel'urgente protection des espces sauvagesmenaces par la prsence mme desBushmen dans la rserve. Ce faisant,nonseulement ils investirent des sommesextravagantes dans des cabinets de rela-

    tions publiques britanniques hupps char-gs de plaider leur pitre cause, maisbernrent plusieurs dputs britanniques.

    Au moment mme o le gouverne-ment s'opposait devant les tribunaux aux

    Pourquoi boycotterle Botswana?

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    plus anciens habitants du pays,dployantdes fonds exorbitants, bien suprieurs ceux dpenss dans n'importe quelleautre affaire juridique de toute l'histoire dupays,il hlipor tait ses forces armes dansla rserve.Ainsi, en septembre 2005,sousla direction personnelle du propre avo-cat du gouvernement, des soldatsouvraient le feu avec des balles en plas-

    tique potentiellement mortelles sur lesBushmen, dont des enfants, pour lesempcher de retourner sur leurs terres.Ceux qui prtendent encore que leBotswana applique une politique de ngociation et non d'agressiondevraient regarder la ralit de plus prs.

    Les expulsions et non relocalisa- tions avaient t accompagnes del'asschement et du scellement du puitsque les Bushmen utilisaient depuis desdcennies.Elles ont finalement confirm ceque Survival a toujours prtendu : ellestaient menes de manire illgale et anti-constitutionnelle. Dans un vain espoir,le

    gouvernement et ses allis allrent jus-qu' affirmer que, dans son jugement,laCour avait insist sur le fait que les expul-sions n'avaient aucun rapport avec ladcouverte de diamants. C'tait faux : le

    tribunal n'a jamais rien dit de tel.Les rai-sons qui motivaient ces expulsionsn'avaient rien voir avec l'affaire que por-

    taient les Bushmen devant la justice.Aprs l'arrt rendu en 2006, Survival

    mit un frein sa campagne. Ce fut uneerreur.Les Bushmen nous apprirent querien n'avait chang, et ils avaient raison,mais nous esprions navement que lenouveau gouvernement aurait pureprendre ses esprits et se rendre comp-

    te que le dommage dj caus l'imagedu Botswana tait un prix bien trop lev payer pour se venger de sa dfaitedevant son propre tribunal.Ce ne fut pasle cas :a ujourd'hui les gardes forestierscontinuent de harceler les Bushmen, lepuits demeure sous scells,leurs chvreset nes sont rgulirement confisqus ...

    Les prtendues ngociations quipendant des dcennies se sont limites une ou deux runions par an au coursdesquelles on se contentait de dcider dela date des prochaines runions ont requisdes fonds importants certains manantdu Royaume-Uni destins au finance-ment dorganisations locales inefficaces.Ainsi, les Bushmen taient-ils gnrale-ment reprsents par des gens quin'avaient aucun crdit leurs yeux.

    Un juge dcide aujourdhui que lesBushmen n'ont pas le droit d'utiliser leur puits. Dans le mme temps, une compa-gnie de tourisme prtendument thique ,Wilderness Safaris,construitun lodge de luxe avec piscine en pleincur de leur territoire. Son dirigeant vientde dclarer triomphalement que si, le caschant,un Bushman apparaissait, il luioffrirait un verre d'eau. Comment celaest-il possible ? Il ne dit pas attendre d'euxqu'ils apportent leur propre verre ou exi-ger un gros pourboire pour sa gnrosit,

    Stephen Corry*

    Femme bushman revenant de la cueillette,Metsiamanong, Botswana. Alexandra Bagge/Survival

    Suite lappel au boycottdes diamants du Botswana

    lanc par Survival, cetarticle est paru dans lequotidien indpendant

    botswanais Mmegile 22 octobre 2010

    Manifestation devant la boutique De Beers Londres, le 3 novembre 2010.

    M. Cowan/Survival

    * Stephen Corry est directeur gnral de SurvivalInternational

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    il n'en a sans aucun doute pas vraimentbesoin,puisque les hommes du prsidentsigent dans son conseil d'administration.Le prsident Khama est bel et bien com-promis dans une entreprise commercialequ'il privilgie au dtriment des Bushmen.

    Et que dire de cette autre fructueuseaffaire pour le gouvernement botswanais, savoir l'important gisement de diamantssur la terre des Bushmen dont, lunissonavec la compagnie De Beers,il a long-

    temps ni la dcouverte? En 2007, DeBeers a revendu cette concession lacompagnie Gem Diamonds qui estimeson potentiel minier 3,3 milliards de dol-lars! Gem prtend maintenant tor t qu'il a obtenu le consentement desBushmen pour exploiter la mine. Mais leshabitants de Gope n'ont pas intrt seprsenter la mine pour demander boire,parce que le gouvernement a exigqu'aucun des nouveaux puits fors l'in-

    tention de la mine ne soient utiliss pour les approvisionner en eau.Les employsde la mine n'auront qu' les rediriger versle lodge touristique !

    Ceux de nos lecteurs qui se souvien-nent que le gouvernement a,tout au longdu procs qui l'opposait aux Bushmen,fermement soutenu devant les juges queles relocalisations ne visaient qu' pro-

    tger la faune, pourraient se demander quelle est l'utilit de la faune sauvage pour cette nouvelle mine de diamants. Ils nesont gure susceptibles de trouver queces relocalisations peuvent conduire unevie paisible. D'autre part, la faune n'auraaucun problme trouver de l'eau parce

    que plusieurs nouveaux puits ont texclusivement fors son intention. Leclbre joailler Tiffany qui a financ l'op-ration estime probablement qu'en tantque protecteur de la nature il pourraconvaincre sa clientle de son thique cense contribuer assainir la triste imagedes diamants de sang qui,dans d'autresparties du monde, ont financ maintesguerres civiles et fait des centaines de mil-liers de morts.

    Le second prsident du Botswana,IanKhama, ne manque pas lui-mme de conservationnisme . Il sige au conseild'adminisatrion de l'ONG nord-amri-caine Conservation International (revenuannuel suprieur 116 millions de dol-lars),un rle qu'il considre comme suffi-samment important pour justifier le tempsqu'il y passe au dtriment de ses fonc-

    tions officielles.On se demande s'il a vrai-ment lu son propre rglement intrieur qu'il est,en tant que directeur,lgalement

    tenu de faire respecter. L'organisation, y est-il indiqu, soutient le droit des peuplesindignes leurs propres systmes tradi-tionnels de tenure foncire et revendique lecontrle de ces peuples sur leurs propresterres comme condition pralable la bio-diversit.

    On peut supposer que le prsidentKhama avait oubli cette consigne lors-qu'il fit cho l'opinion de Festus Mogaesur le mode de vie des Bushmen, une fantaisie archaque destine s'teindre comme le dodo .

    Le prsident botswanais est-il le seul ignorer que cette histoire va avoir de

    lourdes rpercussions dans l'opinionpublique internationale? Il y a rarementeu de meilleure illustration de l'hostilitvindicative haine n'est pas un mot

    trop fort envers les peuples indignes dela part d' un gouvernement dont les int-rts sont troitement lis au monde desaffaires.

    C'est pourquoi Survival estime qu'il estinappropri pour les gens qui se soucientdes droits de l'homme,et plus par ticuli-rement des droits de peuples indignes,d'acheter les diamants du Botswana.L'industrie du diamant est en troite rela-

    tion avec le gouvernement botswanais etpersonne ne peut jamais savoir de quellemine provient un diamant (l'industrie sy emploie activement).Survival tente sim-plement de convaincre le public que cebijou,loin d'tre le signe de l'amour ter-nel, n'est que le symbole de la brutaleoppression des premiers habitants del'Afrique australe.

    Il y aura bien sr toujours des gens quioffriront des diamants, tout comme il y aura toujours des touristes au Botswana,mais les uns comme les autres doiventaussi tre sensibiliss sur le fait qu'ils sou-

    tiennent ainsi un gouvernement qui tireprofit de la destruction des derniers chas-seurs-cueilleurs du monde. Un boycottest videmment destin faire pression.Ilpeut tre considr comme une mesureextrme (mme si elle n'est pas aussiextrme que celles du gouvernement),mais si quelqu'un a une meilleure ide,nous sommes ouverts toute suggestionraisonnable.I

    G agner un prix Nobel c'estmourir un peu : tous les som-mets ont t conquis et onacquiert cette aura de per-fection batifique qui n'est reconnuequ'aux dfunts.

    Critiquer un prix Nobel est aussi poli- tiquement incorrect que dire du mal d'unmort. Mme si le laurat assiste impuis-sant la mort lente de son uvre deve-nue succs du jour objet de toutes sortesde flatteries - un de ces livres qui doit selire sur la plage ou dont on doit abso-lument parler dans un cocktail.

    Heureusement,le prix littraire mri- t de Vargas Llosa peut tre l'exception.Ne serait-ce que parce que l'auteur pru-vien a toujours conu l'criture commeune invitation la critique, cette discus-sion ouverte qui ne fleurit que dans lesdmocraties qu'il a dfendues toute savie.

    Eh bien, l'un des thmes centraux del'uvre rcente du Pruvien porte sur les peuples indignes.Son dernier roman,El sueo del celta (Le songe du Celte),retrace les atrocits perptres contre lesIndiens amazoniens de Colombie et duProu1. Depuis deux sicles,nous por-

    tons entirement la responsabilit del'mancipation des peuples indignes etnous avons chou a-t-il soutenu dansson discours de rception du prix Nobel Stockholm, Cette question est tou-

    jours en suspens en Amrique latine.Il nepeut y avoir aucune justification cedshonneur et cette honte .

    Les atrocits,le dshonneur,la honte :des sujets improbables pour une lecturede plage. Par consquent,avant que la dis-cussion ne devienne trop prosaque, ilconvient de poser des questions embar-rassantes.

    Que sait-on par exemple des Huitotoet des autres groupes indiens qui,commele raconteLe songe du Celte, ont t tus,rduits en esclavage,mutils,viols,dpos-sds et marqus comme du btail par les patrons du caoutchouc dans lePutumayo il y a un sicle? Aujourd'hui,nous savons que le gnocide a t telqu'entre 1900 et 1912, la population indi-gne a diminu de plus de 50 000 envi-ron 8 000.

    Mais ce que peu de gens savent,c'estque les Huitoto sont aujourd'hui aussimenacs et vulnrables qu'alors. Le dan-ger n'est plus le caoutchouc, mais la coca,le boom minier et autres conomies quiont attir les colons,les groupes arms et

    les entreprises qui ont empit sur les ter-ritoires indignes.C'est pour cette raisonqu'ils sont parmi les 34 peuples risquerecenss par la Cour constitutionnelle quia demand pour eux une protection sp-ciale en 2009.C'est pour cette raison queleur population n'a pas augment depuisla priode du caoutchouc, et qu'elle estaujourd'hui broye par l'exode forc Leticia, Florencia ou Villavicencio [villespionnires d'Amazonie colombienne etde ses confins o migrent les Indiensfuyant la violence ou les invasions].C'estenfin pour cette raison qu'ils sont tou-

    jours en attente de rponses concrtesde l'Etat l'ordre de la Cour,ou au projetde vie qu'ils prsentrent au gouverne-ment il y a quelques annes.

    Ainsi, les lecteurs qui auront t horri-fis par ce que Roger Casement,le Celtedu roman, a vu dans le Putumayo,devraient l'tre par ce qu'ils y rencontre-raient aujourd'hui ou bien par la situationde plus de 60% des peuples indignescolombiens qui, selon l'ONIC, [organisa-

    tion nationale des Indiens de Colombie]sont menacs d'extinction par la mmecombinaison de violence, d'exode,d'in-dustries minires et autres projets co-nomiques qui s'imposent sans aucuneconsultation pralable des premiersconcerns.

    Le problme c'est qu'il existe un abmeentre l'indignation sur les erreurs passeset la volont de ne pas les rpter.C'estprcisment l o Vargas Llosa se trompe.Il use de la mme loquence pour dcri-re les abus de l'Histoire que pour criti-quer le mouvement indigne qui s'oppose l'exploitation commerciale de ses terri-

    toires.L'an dernier, il s'est oppos,la lance la main, aux Indiens pruviens qui ten-

    taient d'arrter un projet de loi ouvrantleurs territoires amazoniens l'exploitationminire.Et en 2003, il a prononc ceregrettable discours Bogot,dans lequelil comparait le mouvement indigne au

    terrorisme collectiviste fond sur l'es-prit tribal manifestant d' un anachro-nisme plutt ridicule et constituant unobstacle au dveloppement, la civili-sation et la modernit .

    Ainsi l' mancipation dont parlel'crivain n'est-elle pas celle qui est dcidepar les Indiens, mais la seule qu'il consi-dre comme possible, savoir, l'cono-mie de march et la civilisation . C'estexactement ce que disaient les rcolteursde caoutchouc qui chassaient l'Indien dansle Putumayo.I

    Les Indiens de Vargas Llosa Csar Rodrguez Garavito*

    La vie mouvemente de SirRoger Casement (1864-1916),diplomate britannique connu

    pour son engagement contre les

    abus du systme colonial enAfrique et au Prou et pour s onactivisme rvolutionnaire en

    Irlande, a inspir l'crivain pru-vien Mario Vargas Llosa, prix

    Nobel de littrature 2010, pourson dernier roman El Sueo delcelta (qui paratra cette annechez Gallimard sous le titre Le

    Songe du Celte ).La traduction de cet article paru

    le 13 dcembre 2010 dans le quo-tidien colombien El Espectador

    est publie ici avec laimableautorisation de son auteur.

    Un patron caoutchoutier posant avec deux de sesIndiens (Daprs Eugne RobuchonDans le

    Putumayo et ses affluents , 1907)

    1.Le boom du caoutchouc qui dmarra la fin duXIXe sicle dans toute lAmazonie toucha particu-lirement les Indiens huitoto et leurs voisins bora,

    ocana et andoke dans la rgion situe entre lesfleuves Caqueta et Putumayo en Colombie.

    * Csar Rodrguez Garavito est professeur associet directeur du Programme de Justice globale et

    de droits humains l'Universit des Andes deBogot (Colombie),membre fondateur de

    DeJusticia (www.dejusticia.org) et ditoliariste auquotidienEl Espectador .

    Famille bushman Metsiamanong,Botswana. Alexandra Bagge/Survival

  • 8/7/2019 Nouvelles 78 : Pourquoi boycotter le Botswana ?

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    L a peur fondamentalede lhomme devant lafragilit de la vie estprsente dans toutes lessocits.La culture kanak

    et la religion, parce quelles proclamentque notre disparition physique ne signifiepas notre fin,apportent leur manireune rponse cette angoisse fondamen-

    tale en faisant de la mort un lmentconstitutif de la vie.

    Dans cet univers o lhomme nexisteque par ses relations, choisir la culturecomme fondement de notre politique de

    dveloppement appelle un engagementpour faire de chaque projet une occasiondexprimer notre croyance en la compl-mentarit entre les hommes,en la com-plmentarit entre les hommes et leur environnement,entre la vie et la mort.

    Croyance quexpriment les liens iden- titaires et dappartenance de lhomme

    kanak un lieu. Elle se fonde sur la certi- tude que celui-ci partage avec les l-ments visibles et invisibles de la nature lamme structure didentit, ce qui fait que les forts, les plages, les falaises et lesrcifs ne sont pas un simple cadre go-graphique mais lhomme lui-mme : cestl quil se reconnat,cest l quil se ralise,cest l quil perdure. Aussi,dgrader lelieu auquel il sidentifie quivaut lat-

    teindre dans ses cer titudes existentielles.Croyance quexprime encore son lien

    dappar tenance un clan, qui tait l avantsa naissance et qui continuera dtre laprs sa disparition, qui lui donne lassu-rance quil appartient une vie que le

    temps natteint pas.Pour ce faire,la soci- t kanak conjugue les diffrences entreles gnrations et entre les sexes pour faire de la mort la continuation de la vie :un ouvrage collectif pour donner un sens la vie de chacun et pour assurer la sur-vie du clan.Aussi, lui demander de renon-cer son lien dappartenance, ft-il aunom du dveloppement, revient lemenacer dans son sentiment de scuritintrieure.

    Troubl par lchec de nombreux pro- jets de dveloppement,le vieux AbrahamManane1, aprs avoir rappel que nospres et grands-pres avaient russi,eux, construire une glise par tribu sans sub-vention et dans des conditions matriellesdifficiles,nous recommanda de fairemerger la vie travers tout ce quenous entreprenons. A savoir,loger dsor-mais nos projets dans lintimit de la tribuen respectant non seulement lesprit quihabite ce lieu, mais en mme temps lespersonnes dont la fonction essentielle estde le faire vivre.I

    J e m'appelle PavelVasilievitch Suliandziga et je suis membre duConseil des nationalitsde la Fdration deRussie, et membre du

    Forum permanent des Nations-Unies sur lesquestions indignes.Je m'excuse de vous inter-rompre dans vos activits importantes quivisent au bien-tre de notre gouvernement etde mes concitoyens,cependant, pour moi,res- ter silencieux signifierait la mise en danger de laprservation et de la survie d'une trs petite et trs fragile partie de notre socit russe, savoir les peuples indignes minoritaires du Nord,dela Sibrie et de l'Extrme-Orient. Je ne vousdirai rien sur le scandale que constitue l'victionde ces peuples de leurs petites terres natales,par le biais de la gratification de leurs terrains dechasse, de pche et de pturage diversescompagnies ou autres str uctures commercialeset je ne parlerai pas non plus des suicides et del'alcoolisme qui ont atteint parmi nos peuplesun niveau qui met en pril leur survie mme.Jevous ai dj parl de tout cela lors de notrerencontre en Tchoukotka, en septembre 2008.Vous tes bien sr au courant des mesuresprises par les organismes gouvernementaux(incluant les vtres) pour amliorer la situation trs difficile des peuples indignes.

    Mais j'cris maintenant propos d'autrechose. mon avis, tous les efforts entreprispar notre gouvernement choueront obtenir quelque rsultat que ce soit du fait que nosfonctionnaires, qui a t confie cette tche,ne sont pas seulement incomptents pour rgler ces problmes divers,mais n'ont gale-ment aucun professionnalisme en tant qu'offi-ciels gouvernementaux,ce qui causera du tort notre gouvernement.

    J'ai dj mentionn notre rencontre enTchoukotka, aprs laquelle vous avez dict lesdirectives appropries aux agences gouverne-mentales. Une partie de ces directives a tmise en uvre ; malheureusement, une autrepartie ne l'a pas t. Je vous en avais inform sixmois aprs cette rencontre. Vous aviez alorsdonn de nouvelles instructions pour ouvrir une enqute sur cette question. Sur l'ordred'Igor Ivanovitch Shuvalov, vice-Premier ministre,au ministre du Dveloppement rgional dugouvernement qui tait responsable de la miseen uvre de cette directive, une enqute offi-cielle a t mene et les responsables punis.Plus tard, ces individus ont envoy une lettreconfidentielle du ministre du Dveloppementrgional au gouvernement,qui m'accusait per-sonnellement, ainsi que la direction del'Association russe des peuples indignes du

    Nord, de la Sibrie et de l'Extrme-Orient(RAIPON) d'extrmisme, de radicalisme, ainsique d'activits anticonstitutionnelles.Vous pou-vez vous imaginer que pour se venger dunaffront personnel,ces fonctionnaires ont pensque jaurai peur et que je quitterai la Russiepour l'Occident. Je n'ai pas besoin de l'Occident.La Russie est ma terre natale et mon pays, la terre natale et le pays de mes parents et demes enfants,de mes amis et de ma famille.Aulieu d'essayer d'effectuer des changements dansles lois qui concernent les droits et les intrtsdes peuples indignes minoritaires,ces officielsmettent en uvre diverses mesures qui ne

    rsolvent rien.En fait, ces rcents changementsdans la lgislation ont apport dans notre gou-vernement russe une servitude moderne pour les peuples indignes,aprs que leurs ter-ritoires de chasse et de pche eurent t bra-ds des entreprises commerciales et lor squeles reprsentants de ces compagnies dclarentaux peuples indignes : Nous ne partironspas d'ici, mais tout ce que vous pouvez obtenir nous appartient, car nous sommes les matresici. Mais les fonctionnaires du ministre duDveloppement rgional ne peuvent avoir aucune influence ce sujet,parce qu'ils ne sontpas professionnels ;ils ne savent mme pascomment vivent les gens et ce qu'il faut fairepour amliorer leur situation.

    Cher Dmitri Anatolievitch ! Personnellement, je pourrais supporter toutes les humiliationsapportes par ces gens, dans l'espoir que leur travail bnficierait notre pays et sescitoyens,les peuples indignes minoritaires,maisayant particip une mission de tlvisionconsacre aux problmes actuels des peuplesindignes minoritaires avec M.Zhuravskii,direc-

    teur du dpartement au sein du ministre duDveloppement rgional de Russie,je suis mal-heureusement convaincu que cette personnen'apportera rien de positif.De plus,il dteste etmprise les peuples indignes minoritaires,dontil est cens s'occuper des problmes par safonction.Les gens qui expriment ouvertementet publiquement leur haine des peuples indi-gnes,et qui sont incapables d'tablir des rela- tions d'affaires avec leurs reprsentants et leursorganisations sociales, ne peuvent pas et nedoivent pas participer la politique gouverne-mentale qui a trait ces peuples.Cela discrdite tous les efforts entrepris par le gouvernement

    dans son ensemble, et par vous personnelle-ment, en vue de la prservation et du dve-loppement des peuples indignes minoritairesdu Nord,de la Sibrie et de l'Extrme-Orient. J'espre sincrement que vous comprendrezque je ne veux calomnier personne ni mettre tout le monde au mme niveau.

    Cher Dmitri Anatolievitch ! Je vous deman-de de rencontrer les reprsentants des peuplesindignes minoritaires afin qu'ils puissent vousinformer de ce qui se passe actuellement etde partager leurs recommandations en vue dudveloppement de ces peuples,aussi bien quede faire des propositions et des plans au niveaude la politique gouvernementale qui les concer-ne, ainsi qu'en vue de leur plus grande partici-pation dans la vie sociale et politique de notrepays. I

    *Lettre ouverte adresse en octobre 2010 par Pavel Suliandziga,vice-prsident de lAssociationrusse des peuples indignes du Nord(RAIPON) auprsident de la Fdration de Russie.

    Faire merger la vie

    Conclusion du sminaire Laculture,fondement du dve-

    loppement de la Province des les? qui a eu lieu Jokin,

    Nouvelle-Caldonie,les 29 et30 juillet 2010.

    Une partie des participants ausminaire DR

    1.Abraham Manane tait instituteur Mar,il avait t linformateur de

    lanthropologue Jean Guiart dans lesannes 1950.

    * Nidosh Naisseline est Grand chef de Mar

    Nidosh Naisseline*

    Dmitri Anatolievitch Medvedev!*

    Famille koriak,Katchamka A.Klioutchnikova

    Pavel Suliandziga

  • 8/7/2019 Nouvelles 78 : Pourquoi boycotter le Botswana ?

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    Vient de paratre : EthniesAu Sommaire

    RIGOBERTA MENCH ANTONIOGUERREIRO N IDOSH NAISSELINENELESTEBAY RAYMOND DEPARDON M ATTHEW COON COME DAVIKOPENAWA PAUL OKALIK N APESASHINI ADOLFO PREZ ESQUIVELCLAUDIAANDUJAR ETIENNE BOIS EDGAR MORIN ROY SESANA DESMOND TUT U BRIGITTE

    WYNGAARDE A NASTASIALAPSUI JE S SI C A D ELARGY HEALY A LBANBENSA P IERRE J. BANCEL J EAN-PIERREBORIS RITA MESTOKOSHOKINDY OPOYA ANDRSCHIRINOS HUBERTREEVES JEAN-MARIEG. LECLZIO CHOPIN THERMES

    Habiter le monde.Chroniques du XXIe sicle n 35-36 hiver 2010CD inclus : Llaquiclla, musiques de Colombie et dquateur

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    Cin -dbat SurvivalLe cycle de cin-dbat de Survival reprend cette anne avec une riche pro-grammation en partenariat avec le cinma dart et dessai La Clef. Tousles premiers mardis du mois, partir du 1er fvrier, nous prsenterons desfilms de fiction ou documentaires, historiques ou contemporains, sur lespeuples indignes, en prsence de leurs ralisateurs ou de spcialistes.

    Au programme du premier semestre :

    34 rue Daubenton75005 PARIS(M Censier-Daubenton)

    Prix dentre : 7 , tarifrduit : 5,50 Carte 3 filmsde ce cycle : 15

    I Mardi 1er fvrier

    Des hommes quon appellesauvages de Alain GheerbrantI Mardi 1er mars

    Corumbiara de Vincent CarelliI Mardi 5 avril

    Tinpis Run de Pengau Nengo

    I Mardi 3 mai

    Contact Le jour o lhommeblanc est venu de Martin Butter etBentley DeanI Mardi 21 juin Spcial fte de la musique

    In the Land of War Canoes deEdward S. Curtis

    Dans la peau dun Papou faitpeau neuve!

    Notre site Dans la peau dun Papousadresse dsormais plus particulire-ment aux collgiens et lycens. On yretrouvera de nombreuses rubriques din-formation sur les peuples indignes dumonde entier et sur les menaces quipsent sur leur vie et leur environnement.Avec Nous le monde les 7-12 ans pour-ront continuer dcouvrir de manireludique la vie de trois enfants indignes travers une correspondance fictive.

    http://danslapeaudunpapou.survivalfrance.org