nouvelle de france

16
[ www.ndf.fr ] AVRIL 2012 / N° 6 / 4€ Nouvelles de France « LA TRAGÉDIE DE SMOLENSK, UN ATTENTAT RUSSE » ENTRETIEN EXCLUSIF AVEC ARTUR DMOCHOWSKI Rencontre avec Christine Boutin : « La France se droitise » par Jean-Yves Le Gallou

Upload: mathieu-jacques

Post on 22-Mar-2016

231 views

Category:

Documents


10 download

DESCRIPTION

Le drame de Smolensk et les lacunes de l’enquête officielle, October Baby, Christine Boutin ou encore la gestion municipale des villes FN au sommaire du numéro d’avril des Nouvelles de France

TRANSCRIPT

Page 1: Nouvelle de France

[ www.ndf.fr ] AV RI L 2012 / N° 6 / 4€

Nouvellesde France

« LA TRAGÉDIE DE SMOLENSK,

UN ATTENTAT RUSSE »

ENTRETIEN EXCLUSIF AVEC ARTUR DMOCHOWSKI

Rencontre avec Christine Boutin :

« La Francese droitise »

par Jean-Yves Le Gallou

Page 2: Nouvelle de France

Nouvellesde France

2

3 MÉDIA TICSOctober Baby, les Bobards d'Or 2012

5 LE GRAND ENTRETIENArtur Dmochowski

8 L'ENQUÊTECrash de Smolensk : beaucoup de

questions, peu de réponses

10 RENCONTREChristine Boutin

11 LIVRESQUELe Maître du Haut-Château

12 ÉCONOMIEMairies FN : elles auraient mérité le triple A

14 DÉLIT D’IM@GESspécial élection présidentielle

Nouvelles de France sort son premier hors-série en avril : il sera consacré à Philippe

de Villiers. Vous pouvez le commander dès maintenant sur www.ndf.fr/horsserie

Le drame de Toulouse a permis à la gauche d'accuser, mais jamais les bonnes personnes, et de tenter de rendre responsable la droite ou plutôt sa droite. En effet, la droite lui court tellement après, en matière fiscale, d'identité ou de famille, qu'on en arrive à se demande si elle encore de droite. Mais les électeurs de droite n'ont pas le choix, ils doivent la soutenir pour ne pas subir une gauche qui se gauchise toujours plus : étatiste au possible, pro-"mariage" gay et euthanasie, désireuse d'embaucher de nouveaux fonctionnaires, de donner le droit de vote aux étrangers...

Mais revenons au drame de Toulouse et aux accusations de la gauche. En face, malheureusement, que des réactions molles alors qu'il aurait fallu poser comme préalable à la reprise des débats la présentation de ses excuses par la gauche. Qu'on se le dise, la haine n'est pas de droite (qui part de l'homme), mais de gauche (qui part d'une idée, toujours séduisante au premier abord : redistribuer, l'égalité, etc, parfois intellectuellement recherchée - le marxisme - et qui cherche à l'imposer, au mépris des réalités tangibles). Si, heureusement, le national-socialisme est unanimement condamné en France, ce n'est malheureusement pas le cas de l'international socialisme.

Comme le regrette Thierry Ardisson (un des rares animateurs "de centre droit") dans la revue Médias du printemps 2012 : "il est toujours moins infamant d'avoir été stalinien que d'avoir été d'extrême-droite. Staline est encore considéré comme moins 'grave' que Hitler. Et il n'y a jamais eu de Nuremberg du communisme..."

Car il n'y a pas de bon socialisme : le national prône la haine raciale, l'international préconise la haine sociale. Le représentant le plus emblématique de cette gauche haineuse, c'est Jean-Luc Mélenchon, qui n'hésite pas à faire huer les riches en meetings.

Le personnage lui-même n'est pas dangereux : on a connu sénateur ou ministre plus révolutionnaire et ses revenus sont ceux d'un riche (au sens où l'entendent les Français, c'est-à-dire égaux ou supérieurs à 6308 euros mensuels1). Son discours, par contre, l'est indéniablement. Les riches voleraient leur argent : qu'est-ce qui empêche un Français de se défendre contre ce vol ou, même, de voler le "voleur" ? Les discours du Front de gauche, du Nouveau parti anticapitaliste, de Lutte ouvrière et, dans une moindre mesure, du Parti socialiste sont, on le voit, porteurs de germes de violences. Ce n'est pas nouveau et le régime les tolère d'autant plus facilement que le discours républicain l'était lui-même autrefois et que la République repose sur un événement fondateur pas franchement pacifique : la Révolution française.

Il existe un antidote à la gauche, avec des effets secondaires très positifs : le conservatisme, qui promeut la liberté ET la responsabilité, donc la vraie liberté. Le vrai conservatisme ne conserve pas n'importe quoi ou à tout prix. Ce serait aussi idiot que de réformer par principe. Il conserve l'essentiel : les fondements d'une civilisation, une certaine idée de l'homme. Pour les transmettre. Autrement dit : le conservatisme est LA condition pour le progrès. Imaginez le concept révolutionnaire de tabula rasa en sciences : jamais l'homme n'aurait inventé l'ordinateur, si à chaque génération, il lui fallait réinventer, que dis-je, redécouvrir le feu ou l'électricité... Parce qu'il rejette toutes les idéologies, le seul vrai conservatisme - le conservatisme fondamental2, est un humanisme : il met l'homme au centre et promeut ce qui le grandit. ÉRIC MARTIN

1. selon un sondage Ifop publié par Le Journal du Dimanche en octobre 2011.2. Cf. mon éditorial dans Nouvelles de France de janvier (n°3).

© NOUVELLES DE FRANCE 2012PUBLICATION MENSUELLE

(CPPAP : EN COURS)SITE INTERNET (ACTUALISÉ EN CONTINU) :

WWW.NDF.FR

GUILLAUME DE THIEULLOYDIRECTEUR DE PUBLICATION

ÉRIC MARTIN RÉDACTEUR EN CHEF

PIERRE DE BELLERIVERÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT

RÉDACTION :NOUVELLES DE FRANCE

10-12 RUE ROSENWALD / 75015 PARIS01 42 50 18 63

PUIS DEMANDER VOTRE CORRESPONDANT(DE 9H30 À MIDI ET DE 13H30 À 19H EN SEMAINE)(LES MANUSCRITS NE SERONT PAS RETOURNÉS)

ABONNEMENTS : NDF-DIP18 À 24, QUAI DE LA MARNE

75164 PARIS CEDEX 19 DOMINIQUE VARENGUIN : 01 44 84 85 48

[email protected] HTTP://WWW.NDF.FR/ABONNEMENTS

PUBLICITÉ : 06 18 85 99 36

LE NUMÉRO : 4 €ABONNEMENT UN AN POUR LES PARTICULIERS

(11 NUMÉROS) : 40 € FRANCE,45 € UE, 50 € ÉTRANGER HORS-UE

ABONNEMENT DE SOUTIEN (11 NUMÉROS) : À PARTIR DE 80 €

PERSONNES MORALES(ENTREPRISES OU ADMINISTRATIONS) : 150 € HT,

TVA À 2,10 % EN SUS

SPEI, ESSEY-LES-NANCY (54)

Nouvellesde France

LE CONSERVATISME EST UN

HUMANISME

Éditorial Sommaire

Page 3: Nouvelle de France

3

Nouvellesde France

Médias tics

October Baby est sorti ven-dredi 23 mars dans 390 salles de cinéma des États-Unis. Derrière ce �lm "pro-vie" à 800 000 dollars réalisé par Andrew et Jon Erwin, la puissante American Family Association et de prestigieux sponsors comme Students for Life of America, Concerned Women of America ou Focus on the Family… Sans oublier les �gures "pro-vie" Alex et Stephen Kendrick, Dennis Rai-ney, Richard Land, Ted Baehr, Charmaine Yoest...

Le personnage principal d’October Baby, joué par Rachel Hendrix, s’appelle Hannah. À 19 ans, elle dé-couvre, suite à des problèmes mé-dicaux, qu’elle a été adoptée après avoir survécu à une tentative d’avor-tement. C’est le thème de la souf-france méconnue des survivants à l’avortement qui est abordée dans cette %ction, mais aussi de la joie du pardon. « Quand on va au cinéma, c’est pour se divertir », explique Jon Erwin. « Je veux faire rire, pleurer les spectateurs d’October Baby, leur faire vivre cette histoire ». Un do-cumentaire sur ce thème aurait été presque impossible à %lmer et trop dur à voir, continue-t-il. Élevé dans la foi chrétienne et « paci#ste pro-vie  », c’est après avoir entendu le témoignage poignant d’une survi-vante de l’avortement (Gianna Jes-sen) que Jon Erwin a décidé d’écrire October Baby, a-t-il expliqué lors d’une avant-première à la Heritage Foundation. Pour autant, il nie

tout caractère moralisateur ou por-tée politique à son %lm. Di*cile à croire, vu le contexte politique et les débats qui agitent l’opinion améri-caine… October Baby « ne vous dit pas ce qu’il faut penser ou ressentir » explique Jon Erwin, « il raconte une histoire importante au sujet de la beauté de la vie et de la valeur du pardon ». Une réalisation ni pour enfants, ni pour adultes, ni pour les hommes, ni pour les femmes, ajoute-t-il : « Je voulais faire ce #lm pour aider à réunir les familles ». Un %lm pour la famille, donc (bien que déconseillé aux moins de 13 ans),

qui devrait aider à ouvrir de graves et sérieuses discussions. «  En #n de compte, nous voulons augmen-ter la valeur de la vie humaine aux yeux des spectateurs », expliquent à Christianity Today les frères Erwin.

Au début, personne ne voulait dis-tribuer October Baby. Rendez-vous compte : un %lm sur l’avortement, un %lm contre l’avortement ! Et pourtant, les retours étaient très positifs, le single Life is Beautiful par /e A0ers, une réussite, cer-tains acteurs connus, comme John Schneider (Smallville, %e Dukes of

OCTOBER BABY : L'HISTOIRE D'UNE

SURVIVANTE À L'AVORTEMENT

D.R

.

Page 4: Nouvelle de France

Nouvellesde France

Média tics

4

Hazzard), Jasmine Guy (A Di&erent World) ou encore Jason Burkey, sans oublier Chris Sligh, %naliste du jeu de télé-réalité American Idol: %e Search for a Superstar.

Les frères Erwin tentent alors le tout pour le tout et réunissent assez d’ar-gent pour organiser une sortie limi-tée à 13 salles dans le Mississippi et dans l'Alabama le 28 octobre 2011. Résultat : plus de 8 000 dollars de revenus par écran en un week-end et la 4e place. De quoi convaincre Provident Films et Samuel Gold-wyn Films (une entreprise créée par le %ls du père fondateur d’Hol-lywood) de se lancer ! Et tant pis si, au passage, celle-ci contredit un des plus célèbres "goldwynism" selon lequel « les images sont faites pour divertir. Si vous voulez faire passer un message, appelez Western Union. »

Récompensé par le Prix du Grand Jury « Meilleur #lm de #ction » lors du Festival du %lm de Red Rock, October Baby ne déçoit pas, lors de sa sortie : 1,7 million d'euros de recettes sont réalisés lors des 3 premiers jours d'exploitation tan-

Mardi 20 mars 2012, se tenait à Paris la 3e édition des Bobards d'Or, organisée par la Fondation Polémia. Après une sélection effectuée par plusieurs milliers d'internautes, 250 invités ont désigné les meilleurs désinformateurs de l'année. La cérémonie était retransmise en direct sur ndf.fr et illustrée par les dessinateurs de Délit d'im@ges, partenaires officiels.

Dans la catégorie « Bobards de télévision », Rémy Pflimlin a été primé « pour la mise en valeur d’une fiction mensongère sur Toussaint Louverture ; un film dont le présupposé idéologique était, selon le réalisateur, de 'tordre le cou à la vérité historique au nom de la vraisemblance idéologique' ».

dis que le %lm obtient la 8e place dans le box o*ce US et même une 3e place, si l'on s'en tient au nombre de spectateurs par écrans. Pourtant, seulement 3 millions de dollars ont été dépensés pour sa distribution et sa promotion.

« Je n'espérais même pas être dans le top 10 », con!e aujourd'hui Jon Erwin. Pas mal, en e"et, pour une réalisation à 800 000 dollars, tournée en seulement 4 semaines. Conséquences de cette a%uence ? En 2e semaine, le !lm gardera ses 390 écrans et, dès le 13 avril, 100 nouvelles salles doivent le di"user. Andy Erwin, co-réalisateur, reste prudent. Tout juste admet-il « [être] vraiment heureux de ces chi#res, en particulier si l'on tient compte de la concurrence ». Son frère tente une explication : « Il y a un grand nombre de personnes qui ne voient pas leurs valeurs re$étées dans la plupart des �lms d'Hollywood  ». Autre signe encourageant : les deux frères ont reçus 300 000 dollars de dons (« inattendus », assurent-ils) rien qu'en début de semaine. Octo-ber Baby traversera-t-il un jour l'At-lantique ? Des militants "pro-vie"

français s'en inspireront-ils pour réaliser un !lm bien de chez nous, projeté dans les salles obscures a!n de toucher un public large ? A"aire à suivre...

---

Du côté des critiques... Bien sûr, certains grands médias de gauche se montrent glaciaux à l'égard d'Oc-tober Baby. Par exemple, %e New York Times, qui dénonce « un lan-gage de culpabilité et de peur » (sic) ou encore %e Daily Beast qui se moque du fait qu'Hannah, l'héroïne jouée par la charmante Rachel Hendrix, a décidé de se réserver pour son futur époux et qui raille l'absence de scènes de sexe. Mais la critique du Baltimore Sun (qui juge October Baby « poignant »), celle du Detroit Free Press, un quotidien pourtant réputé progressiste (qui trouve la réalisation « rarement di-dactique » et le message "pro-vie", « clair » mais « délivré subtilement », bien que pas emballé par le !lm) ou encore la façon dont se déroule l'entretien accordé à MSN Video par John Schneider montrent que les choses sont en train d'évoluer favorablement. ÉRIC MARTIN

Dans la catégorie « Bobards de presse », Le Parisien a été primé pour avoir « illustré en Une la manifestation anti-Poutine avec une photo d’une manifestation… pro-Poutine ». Dans la catégorie « Bobard de radio », Éric Le Boucher (Europe 1) a été récompensé « pour ses propos affirmant que l’immigration est un facteur de croissance qui élève les salaires des Français ».

Enfin, contexte international oblige, un « Bobard de guerre » a été attribué à l’AFP, « cette sacro-sainte agence de presse, suivie par tous ses confrères, qui n’a pas hésité à reprendre sans aucune vérification l’affirmation selon laquelle Kadhafi distribuait du Viagra à ses troupes pour qu’elles soient en mesure de

violer les populations civiles ».

Pas avare en distinctions, le jury a accordé une «  Brosse d’Or » à Alain Duhamel « pour l’ensemble de son œuvre, consacrée à servir le Système et le politiquement correct ».

Enfin, Jean-Yves Le Gallou, président de la Fondation Polémia, a annoncé en fin de soirée la création d’un Observatoire des journalistes et des médias qui « se doivent d’être transparents ». Objectif : «  assurer la traçabilité politique et idéologique des journalistes ». Lancement du site internet participatif de cet observatoire ? Courant mai 2012... ÉRIC MARTIN

> www.bobards-dor.fr

Désinformation : mieux vaut en (sou)rire qu'en pleurer

Page 5: Nouvelle de France

Le Grand Entretien

Nouvellesde France

5

fragments d’épave à la tronçonneuse et les déchirent avec des engins de chantier4 !Le parquet polonais mène lui aussi son enquête en Pologne mais celle-ci est très limitée puisqu’elle ne s’appuie que sur les éléments de preuves auxquels les Russes veulent bien nous donner accès. Or la collaboration avec les autorités russes est loin d’être exemplaire. Deux ans se sont écoulés et la Russie n’a transmis à la Pologne qu’une toute petite partie des preuves. Ce qui a été transmis éveille d’ailleurs souvent des doutes. Prenons par exemple les rapports d’autopsies. Les corps de deux victimes viennent justement d’être exhumés et on s’est aperçu que les autopsies faites à Moscou avaient été feintes : les organes internes n’avaient pas été examinés, aucune analyse poussée n’avait été faite, qui aurait permis d’obtenir un début de réponse sur le déroulement de la catastrophe.

Comment cela se fait-il que les Polonais aient été en grande partie exclus d’une enquête aussi importante pour eux ? Les Russes voulaient-ils cacher quelque chose ? Cela arrangeait-il les autorités polonaises ? Après tout, la Pologne n’a pas demandé le soutien de ses alliés dans cette affaire, n’est-ce pas ?Tout semble indiquer que le gouvernement polonais ne souhaite pas que la vérité soit connue. Il semble vouloir empêcher que la vérité soit connue. C’est triste à dire, mais le gouvernement de Donald Tusk se comporte comme s’il était à la tête d’un pays colonisé et qu’il travaillait pour une métropole étrangère, et non pas pour son peuple. En effet, ce gouvernement agit d’une manière totalement incompréhensible : il accepte que ce soit le principal suspect, c’est-à-dire les autorités russes, qui mène l’enquête et il ne demande à aucun moment l’aide de ses alliés de l’OTAN.Les Russes, eux, se comportent de manière très rationnelle : ils ont beaucoup à cacher, car c’est sans doute eux qui ont conduit à la catastrophe, et ils se servent de la faiblesse de Varsovie pour mener l’enquête à leurs propres conditions.

Si le gouvernement polonais n’a pas cherché à faire la lumière sur toutes les circonstances de la tragédie, cela veut-il dire selon vous qu’il avait quelque chose à cacher ?De nombreux éléments incitent à penser que les autorités polonaises ont pris part, peut-être pas en toute conscience, à un plan qui a débouché sur la tragédie. Ce qui a été essentiel en effet, c’était la séparation en deux des cérémonies nationales commémorant le 70e anniversaire de l’assassinant de 20 000 officiers polonais prisonniers de guerre à Katyn près de Smolensk. Il fallait en effet isoler le président Kaczynski et ses proches collaborateurs. Les autorités polonaises ont donc

Nouvelles de France a rencontré le journaliste polonais conservateur Artur Dmochowski, qui conteste, arguments à l'appui, la version officielle de la catastrophe de Smolensk. C'est la première fois qu'un média français se fait l'écho de cette thèse, très largement relayée en Pologne. Entretien exclusif :

À propos de la terrible catastrophe du 10 avril 2010, nous avons pu lire récemment dans Nouvelles de France2 qu'il n'existait en fait aucune preuve d'un atterrissage des pilotes sous la pression du président Lech Kaczynski. L'affaire semble entendue et, d'après les médias français, tout a été éclairci. La publication du rapport d’enquête russe va dans le même sens. Deux ans après le crash de l'avion présidentiel polonais, connaît-on ses causes et son déroulement ?Nous ne savons pas encore tout sur la catastrophe de Smolensk, mais nous en savons de plus en plus. Nous savons notamment que la version officielle présentée par les Russes est entièrement fausse. En effet, elle a été contredite par de nombreux faits qui ont vu le jour récemment. Je vous rappelle que la pseudo-enquête russe a fait porter la faute aux pilotes polonais qui auraient soi-disant voulu atterrir à tout prix à cause des pressions politiques. Or les thèses publiées par les Russes sont dénuées de tout fondement, elles s’appuient sur des indices sélectionnés et choisis avec un manque total d’objectivité et font l’impasse sur tout ce qui va à leur encontre. En un mot, c’était comme je l’ai dit une pseudo-enquête dont l’unique but était de diffuser dans les médias la thèse de la responsabilité polonaise.

Comment cela se fait-il donc qu’il y ait encore tant d’inconnues alors qu’il a été dit que la coopération entre Polonais et Russes était exemplaire ?L’enquête en Russie est menée par les seuls Russes. Que le gouvernement de Donald Tusk leur ait confié l’exclusivité de l’enquête est d’ailleurs une chose qu’on peut qualifier au minimum d’une énorme erreur mais que beaucoup considèrent même comme un acte de trahison3. Cette décision a fait perdre à la Pologne, peut-être irrémédiablement, tout accès aux principaux éléments de preuves dont beaucoup ont d’ailleurs été tout simplement détruits, endommagés ou peut-être, dans certains cas, falsifiés. L’épave de l’avion n’a pas été sécurisée et elle rouille depuis deux ans sur le béton de l’aéroport de Smolensk. Pire encore, elle a été volontairement endommagée sur les lieux de la catastrophe. Des journalistes polonais ont eu accès à des films, sans doute tournés par des soldats russes travaillant au transport de l’épave, montrant comment les militaires brisent les hublots, coupent les

Artur Dmochowski :

« La tragédie de Smolensk, un attentat russe »

Page 6: Nouvelle de France

Nouvellesde France

Le Grand Entretien

6

organisé en collaboration avec les Russes une commémoration séparée prévue, elle, pour le 7 avril et à laquelle devaient participer les premiers ministres Tusk et Poutine et dont le président Kaczynski avait été exclu (et non pas à laquelle il avait refusé de participer comme l’ont prétendu certains médias étrangers mal informés). Et quand Kaczynski a pris l’avion pour Smolensk le 10 avril, avec les 96 personnes à bord, parmi lesquelles ses principaux collaborateurs anciens et présents, l’élite de l’opposition et de la droite polonaise, la tête de l’armée (dont les chefs de l’armée de terre, de l’armée de l’air et de la marine de guerre - 7 généraux en tout ont trouvé la mort, plus qu’en perdit la Pologne pendant la deuxième guerre mondiale), les chefs d’institutions nationales qui avaient été nommés par le président (parmi lesquels le président de la banque centrale polonaise)... et le gouvernement polonais ne leur a assuré aucune protection. C’est sans doute difficile à concevoir pour le lecteur français, mais aucun agent5 des services de sécurité polonais n’attendait l’avion à l’aéroport de Smolensk6 !

Admettons, mais comment est-il possible que tant de personnalités importantes prennent le même avion pour se rendre à un aéroport qui, en plus, ne respecte aucune norme de sécurité et où les conditions météorologiques du moment sont désastreuses ?Cet aéroport respectait toutes les normes. Trois jours plus tôt, il avait accueilli les avions de Poutine et de Tusk. D’ailleurs, quelques heures après la catastrophe, Poutine y atterrissait de nouveau.Par contre c’était en effet une grosse erreur que de faire voler autant de personnes de cette importance dans un même avion. Les Russes ont pu mettre cette situation à profit. Le vol était organisé par le gouvernement polonais7, mais il faut reconnaître que la chancellerie du président a manqué de vigilance. À titre de circonstances atténuantes, il faut tout de même dire qu’étant en Europe et appartenant à la civilisation chrétienne, européenne, en temps de paix, personne ne pouvait s’attendre à ce qui allait se passer le 10 avril.

D’après le rapport officiel, il y avait du brouillard, les pilotes

ont mal lu leur altitude, l’ordre d’abandonner la procédure d’atterrissage est tombé trop tard et l’avion a accroché un arbre qui a arraché son aile gauche, à la suite de quoi il se serait retourné et se serait écrasé sur le dos, d’où l’ampleur des dégâts et l’éparpillement des débris. Est-ce que ces faits, au moins, ne font plus l’ombre d’un doute ?Non, ce n’est pas ce qui s’est passé. Dans votre question, la seule chose qui correspond à la réalité, c’est qu’il y avait du brouillard. C’est pourquoi, conformément à la procédure habituelle dans de tels cas, l’aéroport n’ayant pas été fermé par les Russes et le Tu-154 n’ayant pas été redirigé vers un aéroport de réserve, les pilotes ont entamé la descente jusqu’à l’altitude de décision, c’est-à-dire 100 mètres au-dessus du niveau de l’aéroport, pour voir si les conditions permettaient d’atterrir. Nous ne connaissons que partiellement la suite des événements mais il a été établi avec certitude que la version russe fondée sur la stupidité des pilotes et leurs décisions suicidaires était pure fiction.

Vous ne suggérez toute de même pas que c’était un attentat ?Si, c’est exactement ce que je suggère. Un des moments clés de la catastrophe, c’est la descente du Tupolev jusqu’au niveau des 100 mètres, une descente guidée par le contrôle aérien russe. C’était sans doute indispensable pour pouvoir enclencher la suite des événements qui ont conduit à la destruction de l’avion. Toutes les données divulguées montrent en effet, sans l’ombre d’un doute, qu’à partir du seuil des 100 mètres, l’avion a commencé à se comporter comme si l’équipage en avait perdu le contrôle. L’ordre de faire descendre l’avion à 100 m était d’ailleurs d’autant plus suspect que toutes les personnes présentes dans la tour de contrôle de Smolensk et toutes les personnes impliquées dans le guidage de l’avion polonais (parmi lesquelles l’officier de service à Moscou) étaient persuadées que l’atterrissage était impossible face à la détérioration des conditions météorologiques. Il avait même été convenu que le meilleur aéroport de réserve serait celui de Vnoukovo, près de Moscou.Or, contre toute attente, le général Benediktov qui dirigeait l’opération a ordonné de faire descendre l’avion présidentiel polonais jusqu’au niveau des 100 m. Cet ordre a même suscité

D.R

.

Page 7: Nouvelle de France

7

Nouvellesde France

Le Grand Entretien

des protestations chez les contrôleurs aériens mais un ordre a mis fin à leur courte dispute avec le commandement, un ordre qui a été enregistré dans la tour de contrôle : « On le fait descendre à 100 mètres, 100 mètres. Fin de la discussion ! » On sait maintenant à peu près ce qui s’est passé après. L’avion a d’abord commencé à plonger sans qu’on sache pourquoi, jusqu’à quelques mètres seulement au-dessus du sol. On ne sait pas ce qui a provoqué cette descente jusqu’à un niveau aussi bas. Le plus probable, c’est que quelqu’un a réussi à prendre le contrôle à distance du système de commandes ou du pilote automatique.Cependant le pilote, le capitaine Protasiuk, a réussi un tour de force en parvenant à faire remonter l’appareil et à sortir du vallon situé devant l’aéroport. Et c’est à ce moment-là, à environ 300 mètres de la piste d’atterrissage, que le Tupolev a, selon toute évidence et en dépit de la version officielle, explosé au-dessus des arbres. A-t-il été touché par un missile radioguidé ou y avait-il une bombe cachée à bord, ou bien a-t-il été abattu par un commando équipé d’un lance-missiles ? Peut-être le saurons-nous un jour...

Je ne comprends pas. Qui pourrait donc vouloir tuer le président Kaczynski et toutes ces personnes à bord ? Dans quel but ? Après tout, même si le déroulement de l’enquête et la scène du crash éveillent de nombreux doutes et ne permettent pas d’exclure l’hypothèse d’un attentat, il faudrait tout de même une motivation sérieuse pour un tel acte. Les prochaines élections présidentielles devaient se dérouler en Pologne à l’automne et d’après les sondages de

l’époque, Lech Kaczynski avait peu de chances de gagner une deuxième fois. Sans parler du fait qu'un tel attentat n’aurait pas pu réussir sans ce brouillard ce matin-là sur l’aéroport de Smolensk. Personne ne pouvait prévoir avec certitude qu’il y aurait un tel brouillard, n’est-ce pas ?Créer artificiellement du brouillard sur la trajectoire d’atterrissage d’un avion n’est pas compliqué à faire. Les Russes ont des équipements qui servent à créer des écrans de fumée et qui peuvent générer un tel brouillard en quelques minutes. Mais de toute façon le brouillard n’était pas indispensable pour un attentat. La thèse de l'erreur de l’équipage avancée par les Russes aurait été possible même sans brouillard.En revanche, la question sur les motifs est essentielle. Vladimir Poutine avait-il des raisons de pouvoir souhaiter la mort du président polonais ? C’est un vaste sujet, mais sans entrer dans les détails, la réponse est oui. Le président Kaczynski était le principal obstacle à la domination de la Russie en Europe centrale et orientale. Il conduisait une politique active d’alliances avec les États de la région, de la mer Baltique à la mer Noire. C’est pourquoi il y avait une hostilité visible, affichée même publiquement, du pouvoir russe envers Lech Kaczynski. Il était clair que sa politique mettant en avant l’indépendance de la Pologne et le souci de nos intérêts suscitait des réactions inamicales à Moscou. Et l’organisation en août 2008 du voyage en Géorgie de quatre présidents de pays membres de

l’Union européenne, dont la présence a contribué à sauver ce pays de l’occupation par l’armée russe qui était imminente, a été pour le Kremlin l’outrage ultime qui a débouché sur une animosité ouverte de Poutine.Dans cette situation, c’est scandaleux d’avoir permis que l’aéroport de Smolensk ne soit sécurisé que par les services russes. Cela revenait à « exposer » Lech Kaczynski et toute la délégation polonaise.

Si c’était vraiment un attentat, et notamment si, comme vous le suggérez, l’avion a explosé en vol, était-il vraiment possible de cacher cela ? Dans les environs de l’aéroport de Smolensk il y a des silos avec des missiles balistiques et la zone est donc certainement surveillée de près par les satellites américains. Dans l’hypothèse d’un brouillard artificiel et d’une explosion, les Américains n’auraient-ils pas des photographies compromettantes ?C’est sans doute le cas. Je pense que le véritable déroulement de la catastrophe est connu à Washington. Mais à partir du moment où Obama a lancé une politique de « nouveau départ » avec la Russie, la divulgation de tels faits ne l’arrangerait pas du tout. Et ce, d’autant plus que la partie la plus intéressée en théorie, c’est-à-dire le gouvernement polonais, n’a jamais demandé l’aide de ses alliés.Non seulement, d’ailleurs, elle n’a pas demandé de l’aide, mais le procureur militaire qui conduisait l’enquête côté polonais s’est vu reprendre le dossier et a été sanctionné après avoir eu des contacts avec les autorités américaines. Il y a seulement quelques jours8, le parquet a refusé la participation

à l’autopsie des deux corps exhumés d’un des meilleurs a n a t o m o p a t h o l o g i s t e s au monde, le professeur Michael Baden qui avait été tout spécialement invité en Pologne par les familles

des victimes. Le plus curieux, ce sont les mots prononcés par un des procureurs qui, pour justifier le rejet de la demande de participation du professeur Baden à l’autopsie, une demande formulée par les familles, a expliqué à ces dernières que « la Russie est une grande puissance ». Avant de s’expliquer sur un ton quelque peu hystérique : « je sais que vous pensez que je suis au service d’une puissance étrangère, mais c’est faux ».

D’après ce que vous dites, les anciens services communistes auraient apparemment conservé leur influence en Pologne ?Malheureusement oui. Prenons un exemple : l’organisation de la visite de la délégation présidentielle à Smolensk avait été confiée à un certain Tomasz Turowski, vice-ambassadeur de la Pologne à Moscou. Dans les années 80, c’était un des agents les plus précieux du bloc de l’Est au Vatican. Cet homme connaît sans doute les secrets les mieux gardés de notre époque car il était au centre des deux attentats les plus importants des dernières décennies : 19 ans avant la tragédie de Smolensk, le 13 mai 1981, il se trouvait place St Pierre à Rome au moment où Ali Agca tentait de tuer Jean-Paul II... OLIVIER BAULT

1. Artur Dmochowski est journaliste au quotidien et hebdomadaire conservateur Gazeta Polska. Né en 1959 à Cracovie, il est diplômé d’histoire de l’Université Jagellonne de Cracovie. En 1977 il a participé aux manifestations après la mort de l’étudiant Stanislaw Pyjas assassiné par les services de sécurité. Membre actif de Solidarnosc dans les années 80, il a

« La divulgation des faits n'arrangerait pas du tout Washington... »

Page 8: Nouvelle de France

Nouvellesde France

L'enquête

8

pris part à différentes publications du syndicat d’opposition et aux grèves de 1981 et 1988. Arrêté et interrogé à de nombreuses reprises par les autorités communistes, il est devenu directeur de la rédaction de l’antenne régionale de la télévision publique à Cracovie au moment du changement de régime, puis a travaillé pour différentes rédactions. Conseiller du ministre des Affaires étrangères en 1993-96, puis représentant de la Pologne dans le cadre de la mission de la CSCE en Géorgie en 1994 et de la mission de l’OSCE en Bosnie-Herzégovine en 1996. En 2006, Artur Dmochowski a présidé à la création de la chaîne historique de la télévision publique polonaise TVP Historia et a été le premier directeur de la nouvelle chaîne avant d’être remercié avec la première vague de nettoyage politique au sein des médias publics qui a suivi l’arrivée de Donald Tusk au pouvoir. Artur Dmochowski est aussi, entre autres, co-auteur, avec le reporter Mariusz Pilis, du film documentaire « Lettre de Pologne » (http://www.youtube.com/watch?v=7tXu-cu-8vY&feature=results_main&playnext=1&list=PLACE9F82D6A0666E1) tourné pour la télévision publique hollandaise et du livre publié sous le même titre. Il s’agissait du premier film polonais sur la tragédie de Smolensk.

2. www.ndf.fr/nouvelles-deurope/14-01-2012/pologne-crash-de-lavion-presidentiel-a-smolensk-le-10-avril-2010-contrairement-a-ce-qui-a-ete-dit-il-ny-aurait-pas-eu-de-pressions-sur-lequipage

3. C’est le premier ministre Donald Tusk qui a pris la décision d’accepter la proposition russe de s’appuyer sur la Convention de Chicago (et plus précisément sur son Annexe 13) qui régit les procédures d’enquête en cas d’accident dans l’aviation civile mais qui donne au pays sur le territoire duquel un avion s’est écrasé la compétence exclusive pour mener l’enquête. Il existe pourtant un accord datant de 1993 entre la Pologne et la Russie qui s’applique aux accidents dans l’aviation militaire et qui aurait permis à la Pologne, s’il avait été appliqué, de participer à l’enquête en Russie. Le Tu-154 présidentiel était un avion de l’armée de l’air polonaise et il s’est écrasé

en atterrissant sur l’aéroport militaire de Smolensk. Pour les critiques du premier ministre polonais, il aurait donc été logique de recourir à cet accord.

4. Ces films ont été diffusés à la télévision publique polonaise dans l’émission « Mission spéciale » du 21 septembre 2010. Cette émission qui existait depuis plusieurs années a été définitivement supprimée un mois plus tard par la direction de la télévision publique et les journalistes remerciés. Anita Gargas, la directrice de l’émission, est aujourd’hui journaliste pour Gazeta Polska. Le « Mission spéciale » du 21/09/2010 peut être vu sur YouTube (www.youtube.com/watch?v=uWEPV_Zzf4E). C’est en polonais, mais on y voit très bien le travail de destruction de l’épave.

5. www.ndf.fr/nouvelles-deurope/10-02-2012/crash-de-lavion-du-president-kaczynski-a-smolensk-le-10-avril-2010-premieres-inculpations-cote-polonais

6. C’est le ministère de l’Intérieur qui est responsable de la protection rapprochée des membres du gouvernement et du président de la République, or c’est son chef, le ministre de l’Intérieur Jerzy Miller, lui-même mis en cause pour les nombreuses carences du dispositif mis en place à Smolensk le 10 avril 2010, qui a ensuite dirigé la commission chargée de rédiger le rapport d’enquête du gouvernement polonais !

7. L’avion était sous la responsabilité du ministère de la Défense dirigé par Bogdan Klich, l’organisation du vol avec la Russie relevait des compétences du ministre des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski et il appartenait au ministère de l’Intérieur dirigé par Jerzy Miller d’organiser la protection du président Kaczynski et de sa délégation.

8. Notre entretien avec Artur Dmochowski s’est déroulé dans les bureaux varsoviens du journal Gazeta Polska le 23 mars 2012.

C’était il y a deux ans. Le 10 avril 2010. Un samedi matin. Toutes les télévisions montraient les mêmes images de ces débris d’avion dans les bois près de Katyn, un lieu hautement symbolique depuis l’exécution en masse d’environ vingt mille officiers et autres prisonniers polonais de l’Armée Rouge ordonnée par Staline en 1940. Et les visages en larmes de ces Polonais venus commémorer le 70e anniversaire du crime soviétique.

Une semaine de deuil et d’union nationale très vite brisée

Puis est venu le moment du deuil. À Varsovie, dès les heures qui ont suivi l’annonce de la mort du président de la République polonaise, Lech Kaczynski, de son épouse, des 88 autres dignitaires et représentants de la société civile qui se trouvaient à bord et des membres de l’équipage, 96 personnes en tout, les gens ont commencé à se rassembler spontanément devant le palais présidentiel. Nous nous y sommes rendus, avec mon épouse polonaise et notre bébé de trois mois dans son landau, pour déposer notre lampion comme des dizaines de milliers d’autres Polonais de Varsovie et d’ailleurs. Grâce à notre enfant, nous avons pu pénétrer dans le palais présidentiel pour prier un instant devant la tombe du couple présidentiel. Je dis grâce à notre enfant, car sans enfant en bas âge avec nous, il nous aurait fallu faire la queue comme ces quelque deux cent mille personnes qui attendaient leur tour pour pouvoir prier ou se recueillir, parfois en attendant douze heures ou plus. La procession a duré une semaine. Les gens portaient des pancartes avec

les photos des défunts, de nombreux drapeaux flottaient au-dessus des têtes. Même les médias "dominants", très critiques, jusqu’ici, à l’égard du président Kaczynski, se sont mis pendant cette semaine de deuil à diffuser des reportages plus flatteurs jusqu’ici passés à la trappe, car ne cadrant pas avec l’image qu’on voulait lui donner. Cela a été l’occasion pour beaucoup de Polonais de réaliser combien leurs médias « démocratiques » leur mentaient d’habitude et que la propagande ne s’était pas forcément arrêtée avec la chute du communisme : elle avait simplement changé d’idéologie et de méthode pour devenir plus raffinée, plus pernicieuse, moins centralisée et moins évidente à déceler.

Un peuple divisé

Dans ce pays traditionnellement divisé, on a même eu l’impression, un moment, qu’une sorte d’union nationale étaient née, une union nationale qui aura duré quelques jours seulement, les premières voix discordantes n’ayant même pas attendu que tout ce beau monde ait été enterré. C’est le journal de gauche aux méthodes de tabloïde Gazeta Wyborcza, farouchement opposé aux Kaczynski et à leur politique de décommunisation et de lutte contre la corruption, qui ouvrit le bal relayé par le cinéaste Andrzej Wajda. Ce dernier s’est empressé de donner des interviews dans les journaux étrangers, comme Le Monde en France, pour expliquer que c’était probablement le président Kaczynski lui-même qui avait causé sa propre mort et celle des autres victimes en forçant les pilotes à atterrir et que son frère jumeau, leader de l’opposition conservatrice, allait

DES QUESTIONS, PEU DE RÉPONSES...

Page 9: Nouvelle de France

Nouvellesde France

L'enquête

9

Abonnez-vous en ligne aux Nouvelles de France :

> www.ndf.fr/abonnements

sûrement vouloir utiliser cette tragédie à des fins politiques. Les médias polonais proches du parti du premier ministre, la Plateforme civique (PO), qui avait entretenu des conflits permanents avec le président Kaczynski depuis sa victoire aux élections anticipées de 2007, ont pris la suite en relayant avec un enthousiasme surprenant les thèses russes sur le déroulement et les causes de l’accident, formulées avant toute enquête, et sur la responsabilité supposée de Lech Kaczynski. Une responsabilité qui a d’ailleurs été formellement et définitivement démentie en janvier dernier1 après l’analyse des voix sur les copies des enregistrements des boîtes noires par les spécialistes polonais.

Il ne s’est trouvé que quelques médias d’opposition pour s’intéresser aux faits et pour publier ou diffuser, dès le début, des articles et des reportages posant des questions souvent très gênantes pour les autorités. Or les questions gênantes ne manquent pas.

Des questions restées sans réponse

Pourquoi le gouvernement polonais, responsable de l’organisation du vol tragique, n’a-t-il pas assuré un niveau de sécurité approprié2 ? Pourquoi n’a-t-il pas exigé de participer à chaque étape de l’enquête ? Pourquoi l’épave de l’avion a-t-elle été saccagée volontairement et les arbres arrachés par l’avion rasés par les Russes quelques jours après l’accident ? Pourquoi le site du crash n’a-t-il pas été sécurisé et comment se fait-il que des journalistes polonais y trouvaient, plusieurs mois après, des fragments humains et des morceaux de l’épave, comme ce radiocompas retrouvé sur le site par des journalistes du quotidien Fakt début mai 20103 ? Pourquoi les téléphones et les ordinateurs portables des passagers n’ont-ils pas été rendus à la Pologne ? Pourquoi les boîtes noires et les restes de l’épave sont-ils toujours en Russie malgré les demandes répétées, quoique peu insistantes il est vrai, des autorités polonaises.

Et pourquoi les autorités polonaises ont-elles accepté que les autopsies se fassent sans la participation de médecins légistes et de procureurs polonais ? Une question brûlante aujourd’hui : trois corps ont déjà été exhumés, dont deux tout récemment en raison des doutes suscités par les rapports d’autopsie russes4, et les médecins légistes polonais se sont aperçu que ces corps n’avaient, en fait, pas été autopsiés et que les rapports étaient en majeure partie falsifiés. Et pourtant, alors que le parquet polonais a mis près de deux ans pour enfin accepter que des autopsies soient faites en Pologne, il a refusé la participation aux autopsies, demandée par les familles, d’un expert américain de renom, Michael Baden, qui déclare être abasourdi par la manière dont les autorités polonaises

ont procédé après le crash et d’après qui il faudrait exhumer les corps de toutes les victimes pour reprendre l’enquête à zéro. Le parquet polonais a également refusé de faire une radiographie des trois corps exhumés (il s’agit des corps des députés Zbigniew Wasserman et Przemysław Gosiewski et du président de l’IPN, l’Institut de la mémoire nationale, Janusz Kurtyka) à la recherche d’éventuelles particules de métal qui pourraient se trouver dans les os s’il y a eu une explosion à bord.

Autant que les indices et les faits avérés relatifs au crash lui-même, c’est aujourd’hui la manière dont l’enquête est menée depuis deux ans, ou plutôt cette « pseudo-enquête » comme l’appelle le journaliste de Gazeta Polska Artur Dmochowski dans notre entretien, qui nourrit les spéculations sur l’éventualité d’un attentat. En effet, si la tragédie n’avait été due qu’à un concours malheureux de circonstances et de négligences de part et d’autre, comment expliquer que les autorités russes et polonaises n’aient pas voulu examiner ensemble l’épave et les corps des passagers pour montrer au monde entier et surtout à leurs propres citoyens que le Tupolev présidentiel n’avait pas explosé à l’approche du sol. Le refus de rendre les bandes originales des boîtes noires s’explique aussi bien par des négligences que par un acte criminel, mais de simples négligences dans l’organisation du vol et des erreurs de la tour de contrôle n’auraient laissé de traces ni dans les restes de l’appareil ni dans les corps des victimes.

Et si malgré ces soupçons grandissants le gouvernement de Donald Tusk peut continuer à gouverner en Pologne, c’est peut-être parce que, selon les mots de Jan Maria Rokita, un des cofondateurs du parti du premier ministre qui s’est aujourd’hui retiré de la politique, dans un entretien publié en mars par l’hebdomadaire Uwazam Rze5, parce que le peuple n’aimait pas ces personnes qui ont disparu dans le crash et qu’après la période de deuil, c’est la raillerie, de vils ricanements qui ont pris le dessus. Ce qu’il fallait, c’était générer le chaos dans les têtes. Dire que le président avait peut-être exercé des pressions, qu’il était peut-être saoul ? Que ce soient des idioties, c’est évident pour les opposants à Tusk, mais ses partisans voulaient y croire et on leur a jeté quelque chose à quoi croire. La République, c’est un peuple vivant, et celui-ci est parfois cruel. OLIVIER BAULT

1. www.ndf.fr/nouvelles-deurope/14-01-2012/pologne-crash-de-lavion-presidentiel-a-smolensk-le-10-avril-2010-contrairement-a-ce-qui-a-ete-dit-il-ny-aurait-pas-eu-de-pressions-sur-lequipage

2. www.ndf.fr/nouvelles-deurope/10-02-2012/crash-de-lavion-du-president-kaczynski-a-smolensk-le-10-avril-2010-premieres-inculpations-cote-polonais

3. http://www.fakt.pl/Znalezlismy-czesc-tupolewa-Czy-bedzie-przelom-w-sledztwie-,artykuly,71556,1.html

4. http://freepl.info/1977-autopsies-smolensk-victims-bodies-undermine-russian-version

5. http://www.uwazamrze.pl/artykul/724046,836130-Tusk--mistrz-sztuki-kiwania.html?p=6

Page 10: Nouvelle de France

Nouvellesde France

Rencontre

10

« LE PROBLÈME DU MOMENT, C'EST D'ÉTEINDRE L'INCENDIE QUE PROPAGE LA GAUCHE. »

Christine Boutin, ancienne ministre, est présidente du Parti chrétien-démocrate. Candidate à l’élection présidentielle de 2012, elle a !nalement rallié la candidature de Nicolas Sarko-zy. Elle explique aux Nouvelles de France pourquoi, selon elle, la France « se droitise ».

Le Parti-chrétien démocrate soutient le candidat du parti majoritaire à droite, pourquoi ?C’est une alliance, pour être précise. Pourquoi ? Parce qu’en retirant ma candidature, je l’ai fait avec des exigences de ga-rantie sur certains sujets de société, tels que le « mariage » homosexuel ou l’euthanasie. Nicolas Sarkozy a ainsi pris des positions très fortes dans Le Figaro Magazine. Il les a réitérées en public et en privé.Dans un entretien récemment accordé à Têtu, il s’est mon-tré beaucoup moins ferme, allant jusqu'à déclarer qu'il était favorable à la cémébration de PaCS en mairie...Moi, je trouve que le Président-candidat a réa;rmé, de façon très claire, son opposition au « mariage » homosexuel et à l’adoption. En ce qui concerne le PaCS, il n’a pas proposé de « droits » nouveaux. Mais, comme vous, j’ai trouvé gênante sa proposition de faire célé-brer le PaCS en mairie. Je préfère que cela se fasse dans les préfectures, a!n de lui enlever toute valeur symbolique. Ne croyez-vous pas qu’il serait préférable que la droite revînt sur le PaCS pour éviter d’avoir à se battre péniblement contre le « mariage » entre homosexuels ?Peut-être que cela viendra. Le problème, c'est qu’en ce moment, il y a le feu. Le problème du moment, c'est d’éteindre l’incendie.Eteindre l’incendie ?Oui, l’incendie que propage la gauche. Avec François Hol-lande au pouvoir, dès le lendemain vous auriez le « mariage » homosexuel, l’euthanasie et j’en passe. Même certains députés de droite souhaitent aller plus loin dans la modernisation du PaCS, c’est dire ! Pour le moment, le souci est donc d’éviter que le feu ne se propage. Je pense d’ailleurs que ces idées vont passer de mode.Comment cela ?Il existe une sorte de totalitarisme des progressistes qui vou-draient ringardiser tous ceux qui ne sont pas d’accord avec eux. Ils les mettent au placard de la ringardisation. Et comme certains députés veulent sortir de ce placard, ils prennent des positions surprenantes mais cela ne va pas durer éternelle-ment. Comment feriez-vous pour droitiser la droite ?La droite est diverse. Elle est composée de plusieurs courants. Je pense qu’il est essentiel qu’elle prenne conscience de l’al-térité. Tout n’est pas équivalent, tout n’est pas relatif. On est arrivé à la !n d’un cycle et aujourd’hui, je le vois bien. Je suis même surprise que Nicolas Sarkozy soit si ferme sur ces va-leurs.Cela ne l’a pas empêché de se démarquer de députés qui

ont les mêmes opinions que vous sur les sujets sociétaux tel que Christian Vanneste...Christian Vanneste, je le connais très bien et je l’aime beau-coup. Cela étant, je pense qu’il y a une certaine forme de maladresse de sa part de toujours aborder des sujets liés aux homosexuels.Vous partagez des idées avec l’UMP mais aussi avec le Front national, pensez-vous qu’une alliance entre les par-tis de droite est souhaitable et envisageable ?Je pense qu’il y a, à droite, des électeurs qui ont des points communs, que ce soit à l’UMP, au PCD ou au FN. Nous se-rons certainement amenés à travailler tous ensemble un jour.Croyez-vous que la France se droitise ou se gauchise ?Je pense que la France se droitise.Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?Je constate qu’il y a un candidat, qui est Président de la répu-blique, qui a de bonnes chances d’être élu, qui a tout le monde contre lui et qui tient bon malgré cela. Ces positions sont de droite et il est ferme sur celles-ci. Voila pourquoi je pense que la France se droitise.

Pourtant, dans le même temps, les socialistes n’ont jamais proposé un programme aussi à gauche. N’est-ce pas un peu contradictoire avec ce que vous venez de dire ?En 30 ans de vie politique, j’ai eu beaucoup de surprises. Par exemple, il y a quelques mois encore, je n’envisageais pas que la gauche et la droite s’a"ronteraient sur un projet de société radicalement di"érent. Il est juste de noter que le programme de François Hollande est très à gauche et remet en cause les fondements de tout ce qui a fait notre société. Cela étant, je maintiens que la France se droitise car pour la première fois depuis longtemps, la droite propose un choix de société radi-calement di"érent de celui de la gauche.Après avoir éteint l’incendie, comment comptez-vous res-semer et récolter une moisson abondante à droite ?En présentant des candidats PCD aux législatives. Et pour tout vous dire, je compte un peu sur un réveil des chrétiens. Les chrétiens sont trop tièdes, on ne les voit pas beaucoup. Ils devraient s’assumer davantage ! PIERRE DE BELLERIVE

CHRISTINE BOUTIN :

« LA FRANCE SE DROITISE »

D.R

.

Page 11: Nouvelle de France

Nouvellesde France

11

Mode de paiement par chèque(libellé à l’ordre de Nouvelles de France)

À compléter et à renvoyer àNDF-DIP, 18 à 24, quai de la Marne,75164 Paris Cedex 19Oui je souhaite m’abonner et recevoir Nouvelles de France tous les mois.

Abonnement un anpour les particuliers (11 numéros) :44 € 40 € Abonnement de soutien(11 numéros) :À partir de 80 €Personnes morales(entreprises ou administrations) : 150 € HT

Nom (M./Mme/Mlle)PrénomAdresse

Ville Code PostalÂge Profession

Je souhaite abonner un proche :Nom (M./Mme/Mlle)PrénomAdresse

Ville Code PostalÂge Profession

AbonnementNouvellesde France

CE MONDE EST LE NÔTRE, mais il différe. Dans ce monde, les Alliés ont été vaincus par les puissances de l’Axe en 1947 et les États-Unis ne sont plus qu’un pays soumis, partagé en trois zones différentes : la zone orientale servant de camp de concentration, la zone Pacifique sous domination japonaise et la zone centrale qui n’est qu’un petit État vassal et exploité. Dans ce monde terrible et en mutation, alors que l’on vient d’annoncer la mort du Führer et que de grands changements se préparent, plusieurs personnages évoluent parallèlement, chacun cherchant à atteindre un objectif dont dépend sa survie. Un officier de l’Abwehr en mission secrète se faisant passer pour un commercial suédois; M. Tagomi, un commercial japonais qui doit le rencontrer; Childan, un antiquaire ayant un regard ambigu sur l’occupant japonais et s’efforçant de survivre économiquement; Frank, un ouvrier américain licencié par son employeur qui tente de se reconvertir dans l’artisanat; enfin, Juliana, l’ex-femme de Frank, qui vit dans les montagnes Rocheuses et entame une liaison avec un routier italien. Tous sont reliés entre eux par un roman uchronique, La sauterelle pèse lourd, qui relate la victoire des Alliés

et dont l'auteur vivrait seul dans un château isolé du reste du monde...

Il s’agit du livre qui a vraiment lancé la carrière littéraire de son auteur Philip K. Dick, romancier aussi brillant que bizarre, en 1962 et lui vaudra le prix Hugo du meilleur roman. Œuvre fondatrice de la science-fiction, il s’agit d’une uchronie littéraire, sans doute l’une des plus fameuses de l’histoire de la science-fiction. Prenant comme cadre un après-guerre fictif où l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste et le Japon impérialiste se partagent la domination mondiale. L’arrière-plan géopolitique est bien présent, mais il sert essentiellement de décor aux trajectoires des différents personnages qui accomplissent chacun leur destinée, personnages fort bien campés et réalistes. Tous doivent, d’une manière ou d’une autre, accomplir un objectif crucial. Mais le personnage le plus fascinant est celui que l’on ne voit jamais, le mystérieux écrivain, auteur de La sauterelle pèse lourd (d’après une citation de l’Ecclésiaste, 12:5) qui vit seul et reclus dans son château et qui intéresse aussi bien Juliana, fascinée par le roman, que les services nazis. Nous avons ainsi droit à une uchronie dans l’uchronie, puisque

Livresque

ce roman imaginaire évoque une possible victoire des Alliés dans un monde dominé par l’Axe (ainsi qu’une probable guerre entre les États-Unis et la Grande-Bretagne alliée à la Russie), ironie suprême de l’univers de science-fiction. D’une manière générale, le roman s’attarde d’avantage sur la description de la vie quotidienne et de ses personnages principaux, généralement assez médiocres et désabusés, que sur l’environnement géopolitique et historique fictif. C’est dommage car ce dernier, davantage développé, aurait pu être passionnant. Mais l’ouvrage de Philip K. Dick n’en reste pas moins une histoire passionnante, crédible et sujette à une riche réflexion.

Un grand classique de la science-fiction, avec Blade runner, du même auteur. Tous les amateurs de fantastique et d’histoire, petite et grande, peuvent s'y plonger sans crainte. FRANÇOIS PRÉVAL

Le Maître du Haut-Château

Le maître du Haut Château, de Philip K. Dick, J'ai lu, collection "Nouveaux Millénaires", 2012, 346 pages, 18  €. À commander auprès du service abonnements des Nouvelles de France (+ 5 € de frais de port), 18-24 quai de la Marne 75164 Paris Cedex 19.

Retrouvez la crèmedes dessinateurs non-conformistes

surdelitdimages.ndf.fr

le blog de la culture à droite

Page 12: Nouvelle de France

Nouvellesde France

12

L’OPINION MÉDIATIQUE est unanime : la gestion des mairies FN a été catastrophique, absolu-ment ca-tas-tro-phi-que, vous dis-je. Le Front National lui-même ne cherche pas à démentir : pour cer-tains de ses dirigeants parce que les maires des villes concernées ont été exclus du FN ; pour les autres parce que, de toute façon, on ne peut rien contre une opinion médiatique aus-si fermement (même faussement) établie.

Il n’y a qu’un seul problème : cette opinion médiatique est compléte-ment à l’opposé de la réalité. Tous

les maires FN, ou ex-FN, ont rétabli la situation financière de leur ville. Ce n’est pas ici une question d’opi-nion, c’est une question de chiffres.

Pas une question d’opinion, une question de chiffres

Prenons la ville d’Orange, toujours dirigée par Jacques Bompard : quand ce militant national a pris la ville, la dette par habitant s’élevait à 1 462€ par habitant ; elle n’est plus que de 79€ par habitant en 2010 ; 20 fois plus faible qu’à Carpentras ou Cavaillon ; 40 fois plus faible qu’à Avignon. Et les taux des quatre taxes locales ont baissé. Et, pourtant, en 2010, les investis-sements à Orange restent élevés : 571€ par habitant, plus que dans les autres grandes communes du Vaucluse. Quant au taux de la taxe d’enlèvement des ordures ména-gères, c’est le plus bas du Vaucluse.

Catherine Mégret est devenue maire de Vitrolles en 1997. Elle a été réélue en 2001 (avant de perdre son mandat à la suite d’une annulation survenue dans une pé-riode particulièrement difficile pour sa formation de rattachement, le MNR). Mais, là encore, la com-

Économie

paraison des ratios financiers entre 1997 et 2001 montre l’ampleur du redressement financier accom-pli. L’endettement a baissé : pas-sant de 811 millions de francs à 687 millions de francs. Et ce, alors même que la taxe d’habitation a di-minué, que le prix de l’eau a baissé de 10% et celui de la taxe des or-dures ménagères de 25%. Dans le même temps, la capacité d’équipe-ment est remontée.

Une analyse comparable peut être faite sur Marignane dont Daniel Simonpieri fut le maire de 1995 à 2008.

Les campagnes de sidération et de désinformation

Il est d’ailleurs intéressant de rap-peler les résultats d’un sondage, publié en 2001 et portant sur l’opi-nion des habitants de Marseille, Vi-trolles et Marignane sur leur muni-cipalité : sur les faits – qualité de la gestion, fiscalité, propreté, sécurité, Vitrolles et Marignane devançaient Marseille. En revanche Jean-Claude Gaudin jouissait de la meilleure image ! On mesure ici l’effet des campagnes de désinformation et de sidération des médias nationaux

D.R

.

Page 13: Nouvelle de France

Nouvellesde France

Économie

13

ainsi que de France 3 Provence et de La Provence.

À Toulon aussi il y a eu redresse-ment financier selon la Cour des Comptes

Reste Toulon. C’est la ville la plus importante prise par le Front Na-tional en 1995. Une ville qui a cumulé les problèmes et les polé-miques. Pourtant, là aussi, le bilan financier est positif. Il y a à l’appui de cette affirmation un rapport de la Chambre régionale des comptes portant sur la période 1995-2005. Certes, le rapport ne va pas sans formuler des critiques : certaines pratiques anciennes – des avan-tages sociaux remontant aux an-nées cinquante, par exemple, ont perduré et l’absentéisme est resté à un niveau élevé. Mais l’encours de la dette par habitant a diminué, passant de 1 491€ à 1 382€ de 1997 à 2000. La capacité d’auto-financement disponible s’est aussi améliorée.

Cela n’a pas empêché les cam-pagnes de diffamation de durer jusqu’en 2010. Ainsi, lorsqu’un li-tige opposant Jean-Marie Chevalier à son successeur, agissant au nom

de la ville de Toulon, fut tranché par le Conseil d’État en faveur de l’an-cien maire de Toulon, Le Point titra sur le thème « Toulon, la facture du FN s’alourdit encore ! » Alors que le Conseil d’État venait simplement de rappeler des règles de droit ha-bituelles. Évidemment, tout cela laisse des traces dans les esprits. C’est le but d’ailleurs…

Un jugement plutôt positif des électeurs

Les électeurs locaux, eux, ont porté un jugement nuancé et souvent positif sur les mairies Front Natio-nal. Notons d’abord qu’en dehors de Vitrolles, conquise à la majorité absolue en 1997, les mairies de Marignane, Toulon et Orange ne furent gagnées, en 1995, que dans le cadre d'élections triangulaires. Les vainqueurs ne commençant leur mandat qu’avec un potentiel de moins de 40% des suffrages. Pourtant, trois des quatre maires furent réélus en 2001. Et jacques Bompard le fut à nouveau en 2008.

Après Orange, Bollène se redresse financièrement

Sa gestion d’Orange a d’ailleurs

paru si convaincante que les élec-teurs de la commune voisine de Bol-lène ont porté à la tête de leur ville Marie-Claude Bompard, la femme de Jacques Bompard. A Bollène aussi, le redressement financier est en cours : ainsi la dette par habitant est passé de 1 646€ au 1er janvier 2008 à 1 143€ au 1er janvier 2012.

Ces résultats financiers sont d’au-tant plus remarquables que, durant les mêmes périodes, l’endettement de l’État et des collectivités territo-riales a explosé. A contrario on peut dire qu’avec une gestion compa-rable à celle des villes FN, la France aurait gardé le triple A et, surtout, ne serait pas plombée par l’endette-ment excessif qui est le sien.

Cette affirmation est bien sûr po-litiquement incorrecte. Mais elle repose sur des faits et des chiffres. Ce qui la rend peu susceptible d’in-téresser les médias de l’oligarchie. Car, dans le monde médiatique, les faits comptent peu, les préjugés comptent davantage. JEAN-YVES LE GALLOU

Portrait : Jean-Yves Le Gallou, par Innocent.

Page 14: Nouvelle de France

Nouvellesde France

14

Délit d'im@ges

2012 : À CHACUN SON PROGRAMME !PAR ÉLOI www.delitdimages.ndf.fr

D.R

.

Page 15: Nouvelle de France

D.R

.

Page 16: Nouvelle de France

DAVID MIÈGE REGRETTE LE TEMPS OÙ LE VAGABONDAGE ÉTAIT UN DÉLIT...

L'EUROPE VAGABONDE, MULLER ÉDITION, 15 EUROS.