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•1- -33-- courageuse, et patriotique op riioi plaide eu sa faveur; elle recommande sa mémoire à notre sympathie, et nous empêchera de lui reprocher avec trop d'aigreur certaine erreurs qui trouvent d'ailleurs leur excuse, sinon leur jus- tification, dabs les passions violentes qui agitèrent son - époque. EXIbIL du P:ct, de l'Académie Impériale des SCIeOCS,BeIIe S Lettr OÔ et Arts de Rouen, année 1859-1880. - - kouen.— I. P . de À. Péroa H /

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-33--

courageuse, et patriotique op riioi plaide eu sa faveur;elle recommande sa mémoire à notre sympathie, et nousempêchera de lui reprocher avec trop d'aigreur certaineerreurs qui trouvent d'ailleurs leur excuse, sinon leur jus-tification, dabs les passions violentes qui agitèrent son

- époque.

EXIbIL du P:ct, de l'Académie Impériale des SCIeOCS,BeIIeS LettrOÔet Arts de Rouen, année 1859-1880.

- - kouen.— I. P . de À. Péroa

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•- PIERRE COCHON,

-•.•- AUTEUR DELACIJRO1VÏQUENÛRMA1VDÈ;

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• • •• - M. Cli, DE BOBILLARD DE BEAJJREPAIRE.

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NOTHSUR'--

J PIERRECOCHON,AUTEUR DE LA CHRONIQUE NORMANDE.

l. Lb: DE ItOBILLARD DE I1EAUREPAIRE.

Trois auteurs normands, de condition et de mérite trèsdivers, nous ont transmis de précieux renseignements sut -l'histoire de notre pays pendant l'dccupation anglaise; cesont Thomas Basin, Robert-Blondel , et un personnagejusqu'à présent peu connu et d'un nom peu agréable,

- Pierre cochon, qu'il faut se garder de confondre, malgréun semblant d'homonymie, avec l'évêque de Beauvais,Pierre Cauchon, si tristenient célèbre par le procès de laPucelle.

Nous ne tenons pas compte de l'auteur, d'ailleurs inconnu,• de la dernière patie des Chroniques de Normandie, impri-

mées par Letalleuren 18Y. Cet ouvrage, complètementnul au point de vue littéraire, n'offre, même à l'envisagercomme simple source d'information, qu'un intérêt assez

• médiocre; c'est un docunent très sec, et en même tempsassez suspect, dont il me parait peu probable qu'on puissejamais tirer grand parti. Nous ne - revendiquerons pas non

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plus pour notr&pros'ince la Chronique de la J-' ii celle, écritePourtan t par un bailli de Bouen ; nous convenons qu'il yaurait peu de justice à élever une pareille prétention- -parce que, si Guillaume Cousinot de Montreuil (I) flous

appartient par l'unedc ses fonctions publiques, il nousest étranger par [,a circonslgnce d'après laquelles'établit d'ordinaire, le droit d'un pays à la gloire desécri-vains. Réduite aux trois noms que nous avons cités en

•commençant, et que personné ne peut lui disputer, làpart de la -Normandie paraîtra encore assez avanta

- -geuse.-M. Jules Quiherat nous a donné, dans les Mémoires

de la Société de l'ifistoiré de France leà oeuvres complètesde Thomas Basin. F a fait revivre.à nos yeux, dans tinebiographie non moins remarquable paria solidité dél'éiu-dition que par la netteté et la vigueur du st yle, les traits

- de, cet homme d'une originalité si trarichée,que son raremérite, malgré le désavantage d'une naissance obscure ,fit nommer à l'un des sièges épiscopaux les plus impor-tants de notre province. M. .Vallet-Viriville, collègue de

- - M. Quicherat à UEcole des Chartes, dans un intéressantMémoire publié par la Société des , Antjqtiaircs de Nor- ,L

mandie , nous a fait connaUre Robert Blondel; et toutdernièrement, à la suite d'un excellent texte de dbux

•chroniques importantes qu'il asu, à l'aide d'ingénieuseset persévérdntes recherches, restituer à leurs véritables -

(I) Guillaume Cousinot, son oncle, l'aulcur de [.a desnobles, avait quelque IienJui-niine avec Ta ville de Rouen; En• I412 alors qu'il n'étaitque simple avocat au Parleme.t de - Paris, -

son mérite l'avait (ait choisir par l'archevepte-de Bouen, Louis deHarcèurt, pour conseiller pensionnaire avec Jean Perier, André Cotinet Nicole de Savigny. II touchait à ce titre 10 1. d'appointementspar an. Les gages des autres pensionuairés étaient cependant d'untiers plus élevé. ( Archives de ta Seine-Iszfdneure. - amples deÉArchet'éc/eé.)

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auteurs, la Geste des nobles et la Chronique de la Pucelle, lesavant professeur vient de publier,. sous-le titre de chro-nique nonnande, la patie du manuscrit de Pierré Cochonrelative au règne de Charles YJI , époque intéressanteentre toutes

'et dont il e fait, depuis plusieurs années,

l'objet principal de ses travaux. Cette clirrnique est aceoru-pagnée d'une notice sur son auteur, et d'une descriptiondu manuscrit (le la Bibliothèque impériale d'après lequelelle a été publiée; La description est très détaillée; ellene laisse rien à désirer sous le rapport du soin et del'exactitude. Quant à la notice bioraphique , elle contientmalheureusement' peu (le renseignements précis. Pour lacomposer, M. Yallet-Virisille se trouvait réduit aux seulséléments iie lui fournissait la chrotiique elle-même. Or,ce document est extrêmement sobré de détails qui soientpersonnéls au chroniqueur très rarement on le voit semettre en scène; il ne se nomme que deux fois,.une seulefois à la première personne, et c'est même là le seulindice certain qui . révèle en liii l'auteur de la Chroniqudà laquelle est attaché son nom'. Les Archives de la Seine-'Inférieure m'ayant fourni un certain nombre- de reii-seignements sur Pierre Cochon,. je me sui permis dereprendre en sous-oeuvre sa biographie. J'ai, du reste,été encouragé à entreprendre cc 'travail S par. M. ValletsViriville lui-même, qui j bien éloigné d'imiter le traversde certains esprits, distingués d'ailleurs, lesquels souf-frent difficilement que personne pénètre sur! le terrain deleûrs recherches, a mis à rua disposition, avec une extrêmecourtoisie, la copie du -manuscrit de Pierre Cochon, qu'ildevait à la libéralité de

M. Floquet. Cette étude lui appar-tient donc -,

il un double titre, puis4ue- c'est lui-même qui:

m'en a inspiré l'idée, et qu'il m'a procuré, autant qu'il l'a,pu, les moyens de l'écrue.--

A lire la Chronique normande, on devine de suite le

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'pays dè celui qui l'a composée. Lèstyle sent son terroir,et nous indique que nous ayons affaire à un enfant dupays de Caux ; le cette double ss sont souvent remplacéspar h; lu disparaît du pluriel des substantifs et desadjectifs. Bien d'autres remarques pourraient être :faitestant sur les désinencesdes mots que sur tes expressionselles-mêmes. Mais ce qui frappe iien plus que ces par-ticularités de style, c'est le soin -extrêmeavec lequel -Pierre Cochon relève la qualité de cauchois dans les personnages qu'il met en scène. A chaque page, le pays deCaux est nommé, tandis qu'on ne rencontre pas uneseulemention des pays qui J'avoisinent: le Vexiu,ie Roumois.,.!.e pays de Bray.' -.

ParlÀnt de maître Jean Petit, l'apologiste du meurtredh4uc'd'Qrléans Pierre Cochon , pour qu'on n'en ignore,note à deux fois que ce docteur, était natif -du pays deCaux. S'il mentionne, dans un autre endroit, le pèlerinagedès Fèvres en .Allemagne, ce mouvement remarquabléqui entraîna vers les rives du Rhin, où régnait la paix,où le commerce florissait encore, une foute considérablede Normands empressés d'échapper aux calamités quidésolaient la France, Pierre Cochon distingue dans la foule((ceux de Caux, de Rouen et d'entobr Rouen. » La mortalitéde 1446 le frappe principalement, en ce qu'elle sévit èsparties d'entour.ouen- et ès pWrties de Caux vers Fouille etBans-le-comte. Ailleurs , à 'propos des ravages commispar les Français dans le Val-de-Dun il laisse échapperces paroles inàres «Item, ès dit an et mois d'août, fitlivré le chastel d'Aurnalle aux fratcliois paf un prebtre -

'lequel ic fit onquessi mauvese journée etIuivousit mieux,après ce'que il fù baptisié', que sa mère lui eût jeté la yôtecontre la pa'roy;. car il vint une- manière de 'larrons quiapatissoient 'les villes et prenoient prisonniers de tous estas'ètles rnest oient à grosses finances; et s'allèrent rendre avec ewlx

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plusieurs gensgens du pays de Caux, rnerdalle et trun.ndal . le , quifaisaient tant de mauls qve c'estoit merveille: Et fallutque -les riches •• hommes de Caux espcialmnent d'An fl'ay,des parties d'environ et du Val-de-Dun se retraïssent les -unys à Rouen, les autres à Dieppe, et les autres' à Cau-dtbec. »

- A cette époque pourtant, qu'avait donc de si extraor-dinaire un fait pareil, et quelle circonstance Ipi valaitl'honneur d'être rapporté? Quel village était à l'abri dupillage soit de la part des Anglais, soit de la part desFrançais, si ce n'est même des deux côtés à la rois? -Lamention d'unévénernent aussi commun, et plus encorele ton irrité et -passionné avec lequel il est raconté, suffi-rraient pour révéler qu'il s'agissait 4'uhe contrée qui étaitparticulièrement chère à notre auteur. Ce n'était pas seulement son pays, c'était sa paroisse mmc qui était encause.

Nous n'en sommes pas du reste, réduit, sur ce joint, -aux conjectures. II nous apprend lui-même, dans nn.con-trat de fondation du 4 11 mars 137, qu'il était natif deFontaine-le-Dun, bobrg important de la vicomté d'Ar-qués, aujourd'hui dàns l'arrondissement de Dieppe. L'in-térêt qu'il portait à Rouen s'explique aussi naturellementque son amour pour le pays de Caux ; c'était là, en effet,que-s'était écoulée sa jeunesse et que le retenaient sesfonctions. -

Ces fonctions étaient celles de notaire apostolique et dela Cour archiépiscopale. Il signe, eu cette qualité, avecGuilI. Manchon, les lettres de Zanon, évêque de Lisieux,.relativés à des reliques de saint Cande, déposées à Saint-Cande-le-Vieux de Rouen, le 2à juillet i45(1); le tes-

(I)Kt-ctorque scu curatus alterius porcionis parrochie deFontibus-Duni cujus parrohie sum oriund,is. ,. (Arels. etc h. Seine-infécieure .. - Ca ria taire des notaires.)-

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Lainent du (lÙC de Bedford, le * novembre 1435 «Et egoPeirus Cochon, presbycr, )lothomagensis diœcàispublicusapostolica et imperiali auctorita gibljs curie que archiepiscopalisjuraius notarius (1). Cetre"attestat ion est suivie,selon l'uage; du signe manuel- eu de la marque.

Pour nous faire une juste idée de la position sociàle denotre chfoniqueur, il ne sera pas inutile d'entrer ici dansquelques détails sur la corporation à laquelle il apparie-liait, d'autant plus qu'elle n joué autrefois un rôle assezimportant , et-qu'elle esfen géuéral peu connue.

Les notoires apostoliques, ou, comme ils s'intitulaient,les notaires établis par autorité apostolique et impériale,remplissaient les fonctions d'officiers publics dès le iresiècle. .Dans.le principe, ils n'avaieht été établis que pourLes villes d'Italie soumises au pouvoir des elnpereur tdes papes; mois l'utilité de cette institution ayant étéreconnue, ils se répandirent bientôt au-delà des Alpes,et, au xllI e si&le , on les rencontre presque partout. ARouen,' ils étaient organisés en confrérie, sous le titre de:Notre-Da ine_de_saint_jIare, dès l'année 'I76 ( e ) . Auxv' sièèle, du teiup&de Pierre Côehon, une donation mi-portante mit cette confrérie en lumière et assura sonexistence. Un de ses compatriotes, Guil1atiiie LtCras,curé de .Cliponville-en_Cau .x , notaire et auditeur destéuidins en Cour dEglise, conçut le projet de fonder unechapelle qui - pût servir 1e siége. aux pieuses réunionsde ses confrères. Dans ce but, il' jeta les yeux stfr unterrain du Clos Saint-Marc, qui avait été la premièredemeure des Cordeliers, quand ils étaient venus s'établit

(I) Arc!,, de If, Seine-Inférieure , F. tic Saint-Can,Ic-le-Vjcux CLvin Chapitre de la Cal h&lralc- (2) Rcq. vie Tabcl/jo,,,,. tic Feo,,cn , et _aux Arc!,. de h, Seine-

'Jnferieurv,, Cucul, ries notaires , f0 V. t' -

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à Rouen, ait siècle, et où, pendant longtemps, l'officedivin avait été célébré. Ce terrain appartenait aitde la cathédrale de flouca et passait encore pour un lieusacré, bien que, depuis de longues années, oit n'' 4tplus que des ruines. Guillaume Le Cras se le lit céderpar les-chanoines moyennant une rente annuelle de20 I. t. , et sous cette condition, que le patronage-de la

• - chapelle, une fois fondée, appartiendrait, après la mort du• - fondateur, au chanoinè qui aurait l'administration du col-

lège des Clémentins (1er août 4434!) (1). Le Cras fit immé-diatement commencer les travaux; mais la mort Je surpritavant quils fusseùt- achevés. Toutefois , soit nepérit pas avec lui. Soit et son héritier, Jean LeCras , elérc de Rouen, donna suite à ses volontés; et,pouf se débarrasser d'un soin au quel il n&se sentait paspropre, il proposa aux notaires de leur abandonner taplace et les édifices commencés,- à charge de continueractivement les travaux, de faire dire des prières pour lui,et de lui reconnaître, avec le titre de hienfaiteur, le droitd'être inhumé dans la chapelle. Il leur donna, en outre, lebôn missel de son oncle, uncalice et une rente de 4 I.10 s. ' sur l'église dEtran. 'Ces -conditions furent accep-tées ave&empressement par la confrérie des -notaires, quise composait alèrs, indépendamnent des autres confrères,de douze prêtres, parmi lesquels flguçait Pierre Cochon. L'an4435, la chapelle était construite; les autels furent bénitsle 5 mars 1436 par Pasquier, évêque de Meaux, vicaire-général de l'archevêque Louis de Luxembourg. Enfin,cette même année, le 45 octobre, le Chapitre de la cathé-drùle reconnut aux notaires le -droit de proposer à son

(I) Il est mention, dans une charte de Richard, dit le i3ruiuende Londinières , de vt3nirahic homme maUre Alexa,edre , chanoinede Rouen et notaire du pape Don, j ni pape notant - flcenubrn1200. ( Arch. de la .Ç.ine.h,féri ii, e,F. du Cltnpitre.

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agrémedt, comiûe chapelain de Saint-Marc, un prêtre deleur confrérie. Pierre Cochon fut pedant quelque tempshonoré de cette charge; niais nous ne saurions dire pré-cisément à quelle époque (1).

Cette confrérie était administrée par un prévôt et pardeux autres officiers, le clavier et le fauteur; l'un éhargé degarderies clefs, ainsi que le noml'indique; l'autre de te-nirregistre de ceux qui manquaient aux assemblées. Cha-que samedi, on se réunissait à la, chipel

1

le4 et l'absenceétait punie d'une amende de deux deniers (2). II fallaitaussi, une fois par année, venir prendre place à un-ban-quet de frérie le jour (le la Nativité de Notre-Seigneur.Un règlement de , l'officiai de Rouen, du 3juillet 4*05 (3);en faisait une obligation à tous ceux qui exerçaient.l'otlIcedu notariat dans la Cour archiépiscopalc-- Par un autre règlement, l'officiai permit aux notaires des'affilier des membres étrangers, en bornant, toutefois,l'effet de :cette faveur à la faculté d'assiter aux officescélébrés dans la chapelle (.). Ces confrères se 'recru-laient, -pour laplupart sans doute , parmi les jeunesclercs ou, comme où les appelait ordinairement parmiles enfants de la Cour (ptieh curie)', qui étudiaient, sousla direction des notaires, la manière de rédiger les actesen latin et en français, en suivant; au tribunal de l'officiai,

(I) Dans ['Obituaire de la chapelle Saint-Marc, le titre de clin-pelain est 'tonné à Pierre Cochon, r 7. « Februarius 22. CathedraS. Petri. Ohitus Domini Petri cochon, presbvteri , capcllani contra-ti'ie, in quo celebrahjtur trcs misse, uns solen,nis de fcsto, alla hassa4eEeata Maria, atia de Requiem, » D'après les statuts de la confrériedes notaires ( pcnutt. octobre' 1436), te chapelain était désigné àla nomination des chanoines pat' le prévôt et les frères' notaires.

C,'u-tui.des notaires, r t. y» .) -(2) 16M., r ixiit,.(3) 16M., P zilli.(1J ltd., f0 xtv. y'.

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les affaires ecclésiastiques. extrêmement nombreuses alors,puisque toutes les questions relatives au mariage et auxtestaments étaient du ressort (le la juridiction de l'Eglise.Ces clercs, en entrant dans l'étude d'un notaire aposto-lique, payaient pour leur bienvenue une somme de 20 s..,dont une noitié allait pour l'entretien de la chapelle, etl'autre moitié pour un modeste régal offert à tous lesenfants de la Côur: Il consistait en pâtés que l'on allaitmanger dans quelque taverne honorablement famée. Lebut était de procurer aux clercs l'occasion de faire con-naissance, et d'entretenir entre eux de bonnes relations deconfraternité. Plus tard , ce repas frugal dégénéra; ildonna lieu à des scènes de débauche, à des disputes et àde folies dépenses. L'official, fidèle gardien de l'honneurdu corps, supprima les petits pâtés et décida qu'à'l'avenirles 20 s. de hienvenué seraient affectés uniquement àl'entretien de la chapelle (4). Les notaires rédigeaient,pour les parties , les actes ecclésiastiques et étaient enmême temps greffiers de la Courd'Eglise. On sait puS leprocès de condamnation delà Pucelle a été écrit par deuxnotaires de la Cour de Rouen.

Ils tenaient leur qualité du Saint-Siége en veitu d'unecommission directe, ou indirectement par l'intermédiaired'autres notaires auxquels elle atait été conférée , avecpouvoir de la transmettre. Les anciennes ordonnances

• distinguent bien, -il- est vrai, les notaires apostoliquesdes notaires épiseopauxdont les provisions émanaient del'évêque (e), niais il est certain que la plupart, sinon tous

(I) (Jatte!. des-notaires • r XL. -

(2) Les chanoines de itouen, pendant la vacance de l'archevêché,en 1443, nommèrent pour officia] Jean Bidault. Dans sa commis-sion,on voit qu'ils lui déléguèrent le pouvoir: AdvocatoS, nota-nos • tabelliones • et procuratores, sufilcientès tamen et ydoneos incoi-in Rolhoniagcnsi creandi et ordinandi , atquc jiiramenta cires

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les -notaires apostoliques, étaient, à Ronén, notaires d& laCour d'église, et que, vers la fit[ du xvi' siècle, c'étaienten Normandie , les seuls auxquels 011 reconnût qualitépour les actes ecclésiastiques; le Concile de' Rouen del'année 1581, nous en fournit la preuvé: 'Les évêques denotre province réclamèrent du pape l'autorisation d'insti-tuer des notaires apostoliques pour leurs diocèses, enfaisant remarquer qu'il n'y eu était plus un nombre suffi-saht,ce qui tenait, suivant eux, à'ce'u'e le Saint-Siègene créait que très rarement des notaires , en leurleur attri-huant le pouvoir de.transn]ettfe. & d'autres leur qualité (1).

On n 'avait: pas toujours eu de sembUibles inquiétudesLotit au contraire, dès j e' xrsièclè, les notaires étaientassez nombreux. Un temps de Pierre Cochon, il y avaità Rouen pour le moins douze prêtres notaires et quatorzefrères, non compris les enfants de la c6icr (2). Dans tasuite, ce nombre s'accrut eonsidérablemeiît. En 4476, laconfrérie de Saint-Marc se composait de quarante-cinqnotaires, dont un seul est désigé comme résidant -en de-hok de Rouen, et de trois nouveaux qui fat entrecus cetteannée-là. 'En 149%, il n'y eut qu'un seul 'notaire de créé,mais la confiéri& ne - comprenait Pas moins de , quatre-vingt-trois notaires; procbreurs on sergents en Cour -d'église, sans compter les èlerc.s dont le iombre devaitêtre fort éle vé, puisqu'on n admit cette année jusqu'àqkiarante-cinq. Dans le nombre des qStrevingt-trâis

hec necessarja «cii requiiita ai, eis rcefpieidi. o 20 ('ctoI,i'e I t43.Arch. de Fa Seine,znfé.r/eur., F. du Chapitre, C. fl, 2° liasse.)

Ce texte faI,lit que les officiaux avaient aussi-W pouvoir tic créerdes notoires.

(I)- D. Bessin, 1., 211(2) Contrat 'di, 16 octobre 1436 onze pitres notaires et quinze

antres notaires (le la cour d'église, à ' Banco. ( Reg. du Tabelflonn,de Roue,, , ail l'aloi, 4e Justice.

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notaires, 011 remarque près d'une cinquantaine de nomsqui sont précédés dit titre de wai Ires ou de tn essires , quatrechanoines de Rouen , trois avocats, le curé de Bouteilleset l'officiai de Montivilliers.

Au xvle siècle, le nombre des notaires s'éleva encoreet devint véritablement abusif (1) ; il diminua 2ar l'effetde l'édit du mois de septembre 1547 et de l'ordonnancede4550.- -

M. Vallet-Virivillle a supposé que Pierre Cochon de-vait être né antérieurement à 1360, parce pid le manus-crit qui ehntient sa chronique débuté par nu tableau desPâques qui s'étend de cette année à 1425, et qu'il' existegénéralement une; certaine coïncidence entre la périodede'temp qu'embrassent ces sortes de tableaux et la vie.des auteurs. D'ailleurs, le style et le ton avec- lesquels lenarrateur traite des événements joestérieurs à 1360,- luiparaissaient indiquer un contemporain. Ces raisons inc

- sembleraient sans doute aussi plausibles qu'ingénieuses,si je n'avais d'ailleurs des motifs décisifs pour penser quePierre Cochon n'a pu naître avant 4360. En effet-, enadmettant le compte de M. Vallet-Viriville, Pierre Cochonserait mort plus que nonagénaire ;son frère Jacques auraiteu lui-même une très longue -tieillesse , puisqu'il est mortchanoine de Rouen en 1473. Ce ne seraient pas les seulsc,xemples de longévité que fournirait cette famille : en4437; Pierre Cochon aurait eu près de quatre-vingts ans,-et pour-tant nous voyons, par un acte de fondation enfaveur des notaires de Rouen , qu'il avait encore à cetteépoque son père et sa mère. Il a plus: son père vivaitencore en 4447, ainsi qu'on le voit pr le testament de

- Jacques Cochon.

(I) Arc!', de lez Seine-lafétieure. - Comptes du Collige desnotaires, dc H76 à 555.)- --

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Toutefois, si nous ne pouvons remonter au--delà de1360, il ne nous est pas possible non plus de descendre -bien au-dessous de 1380.

Il est cértaifi que, dès4406, Pierre Cochon était àRouen, et déjà il était assez avancé en âge pour se rap-peler plus tard, avec précision, un fait de cette époquedont il déclare avoir été le. témoin le départ de Jean deGràville pour l'armée de talais. Il 'décrit avec détail lessuperbes habillements de c

et opulent chevalier, et les

riches harnais de ses chévaux.En 1409, au plus jard, Pierre Cochon travaillait t la

rédaction de sa Chronique ; une pareille occupation nepeut guère faire supposer moins d'une vingtaine d'années. -Je croirais donc, qu'il et né vers 1390, cc qui en fait,à quelques années près, le contemporain te Guill..Man-ehon, dont il fut pendant longtemps le collègue et l'ami.

Il est à présumer que ce qui l'avait attiré à Rouen, loinde son pays natal et de sa famille, c'étaient les coursdes Ecoles du Chpitre encore florissantes alors, et l'ds-

oir de se faire attacher en qualité d'enfant de /a Cour auCollége des notaires.

Il n'est pas impossible.-que postérieurement, ainsi cillele conjecture M. Vallet-Viriville, il soit allé prendre sesgrades à l'Université de Paris, et que ce soit 1k, au milieude l'ardente jeunesse de ce temps, qu'il ait adopté cesopinions hardies qui nous -frappent dans sa Chronique.Une chose pourtant m'en ferait douter: Pierre Cochon neparaît avoir été 'maître en aucune -faculté; il appaÈtenaità une famille peu aisée, et d'ailleurs il lui était possiblede parvenir aux fonctions qu'il n .remplies-sans. quitter -Rouen ,en travaillant dans l'étude d'un notaire de la Courarchiépiscopale. -

Quoi qu'il casait, il était certainement dans cette, villeau déhut.de la conquête de Ilenri V; il décrit en homme

I.

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-qui les a vus les costumes des soldats anglais lors de leurdescente enNorinandie ;ct , à la manière dont il s'exprime,on voit qu'il put se rendre compte par ses yeux des dégâtsque commirent les Frantais aux environs de Rouen, après -la prise de Harfieur. 1-

Ce quime ferait croire que, vers 4421, il devait êtreattaché à l'officialité, c'est q&il consigne dans sa Chro-nique, à propos de la réforme de là monnaie , cette re-n2arue assez insignifiante, que la Court de l'officiai et lesplez du royétoient à forte monnoge. -

En 4425, il n'y e plus lieu de douter qu'il ne fût notaire, -puisqu'il se cite lui-jiiêmc.avec sa qualité, comme ayantassisté à une cérémonie qui dut le ravir: à l'ameadelioflo-rableque le lieutenant général (lit de Rou,en, PierrePpolin, fut obligé de faire à l'Archevêché en punitiond'avoir violé le privilége de saint Romain.

Nous constatôns sa présence à .Rouen cii juillet 1 429,lors de l'entrée de Henri Y]. Le 8 août 1433, il assistecomme témoin à l'acte parlequel le neveu dede Guillaume

• Le Cras abandonna aux notaires l'emplacement d6 Saint-Marc; le 25 mars 4436 , il est présent à la bénédictiondesàutels .de cette chapelle (4). Cette même année, ilprend, en même temps que le titre de notairé, col ui decuré de Yitcfleur porté précédemment par Manchon (2).Il ne garda cette cure qu'assez peu de temps; il en obtint- -une, vraisemblablement plus avantageuse, et qui 'à coupsûr, lui fut plus chère, puisqu'elle:. le ramenait au lieu desa naissance, la cure ou plutôt l'une desportions de la

- cure de Fontaine-le-Due;- '. ..-Pierre Cochon était attaché de coeur à la confrérie des

notaires; il leur donna, le 4er avril: 4437, un jardin' -

(i) Arek. dc. k Sei,ze-Inferieurc. - Cartul; des notairès, f' V.

(2) Id,, ibid., ! LXVII.

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situé en la paroisse Saiifltaciou, qu'il avait acheté, l47 juillet. 1436, de Michel Basin, le frèr de l'évêquàde Lisieux (4); mais il s'en réserva In jouissance pour lui,pour son frère Jacques, pour Jean soit et Jeapue samère. Il ajouta â cett donation 42 L in s. t., n charge deles emplo yer, dans un délai de six ans à l'achat 'de 42 S.64. t. de rente, Pour cela; les notaires étaient tenus defaire, célébrer perpétuellement, pour le salut-de son âme etpour ses parents; une messe solennelle àdiacre et à sous-diacre, le jour de la chaire de saint Pierre, et aussi ce mêmejour une messe basse pendant laquelle on devait dis'triburune 'somme de 90 s. entre les prêtres et les frères pré-sents; fallu, le 3sèpternhre 4438, il acheta 60s. de renteà Iéritge sur une maion Sise kflouen. rue duFiIs-Guy(2)-(nous en avons fait la rue du Figuier), qu'il donna, le25 juillet 1439, au prévôt et aux frères de la Cour d'égliseetà leurs successeurs

L'époque de la mort de Pierte Côchon ne peut, ainsi -que celle de sa naissance, être déterminée que par conjec-ture; il vivait certainement le 8 mars 4442, puisqueson nom est -rappelé dans une donation de Manchon,, quiporte cette date et se trouve , insérée au- cartulaire des -

- notaires apostoliques, fo XLVIL, Cette époque petit êtrereculée, avec une rigoureuse exactitude, à l'aide d'in- -

-ductions -tirées de ce même manuscrit. Un acte signé de-P. Cochon, portant la date du 25 janvier 4439 ( y. s.),est inséré au fo xxxvi; cet acte est écrit de la même 'mainqu e les cahiers qui précèdent. Or, sur un de ces cahiersa été transcrit un acte de l'année: I 4&3, mercredi après la

(I) drch. de la Seine1nfer1e111*e. - Canut, des notaires, f' LXVII.(2) !d-, ibit, f' xxxv, v°.(a) Id., ibid., r xxxvi. - On 'voit, à la suite de l'acte, le signe

manuel de Pierre cochon.

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Saint-Pierre. C'et -donc très certainement postérieure-ment à cette date que doit être chercl?ée celle de la mortde Pierre Cochon.

Le testament de Jacques Cochon, fait en 1447; necontient aucun legs en faveur de son frère, cc qui sem-blerait impliquer le prédécès de celui-ci, si, dans cet acte,il n'était mention d'un autre testament malheureusementdisaru , et si, à la dernière, ligne, on ne remarquaitcetteformule Actum est hoc in domo i}la•. P., (lui me sembledésigner cette maison de PierreCochon , qui était devenueJe domicile de toute la famille (4).

D'ailleurs, en consultant les comptes du clerc de ville,receveur chargé de la perception des rentes dues au Cha-pitre de la cathédrale à l'intérieur de Rouen, on voitqu'en l'année 1449, le Chapitre reçut de Pierre. Cochon,,pour une maison faisant le coin du petit clos Saint-Marc,une rente de 15s. ((In parvo clanso S. Hard, «DominoPetro Cochon, pro Guillelrno fil«rgueritte, pro dorno.facieiue

'cunurnnparvi elausi xv. s. » En 1 456, il y a changement denom. C'est Jacques Cochon qui paya la rente au Chapitrede Rouen. (2) Pierre Cochon avait dû mourir dans lespremiers mois de cetteannée, peu de temps avant Man-chon, puisque nons voyons, Je dernier jour de mai, ledéport de Fontaine-le-Dun baillé, par l'archevêque de

(t) xi-ch. de la Seerie-lnférieure. F. du Chapitre..Tcstaments des- -chaoines. -.-

(2) Are),. de la Seine-Inférieure, F. du chapitre. - Comptes de- P4rc/,e*ée.hé, de la Saint-Michel 14,,5 à la Saint-Michel 1456.

« Le départ dé Fontriine-le-Dun n. été baillé le derrenier jour deun ay à messire Simon Alexandre pour 'vi. I. V. s., dont appartientà inondit ? polir les deux pars luit. itr. L itt. d.

- . La grande portion ,le Fontaine.Ie-Dun devint aussi vacante l'annCesuivante; comme cette portion avait été vacante le jour delaMadeleine 1445 • à une époq&e où Pierre cochon pot'tait déjà letitre de curé de Fontaine-le-Don, j'en conclus qu'il n'était curé

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Rouen à messire Simon Alexandre polir vi I. y S. (1). Jesuppose que Pierre Cochon passa, dans cette paroisse, lesdernières années de sa vie, et que ce fut là qu'il inourukJe ne n'expIiqucrais pas autrement l'omission de sortdans un grand nombre d'actes où sont mentionnés la plu-part des notaires de la Cour d'Eglise. Le 19 août 1458,,messire Jacques Cochon, alors curé de Grainville-la-Teinturière, ratifia la fondation que son frère avait faiteen faveur de la chapelle Saint-Mare, le 4°ivril 1437.

Pierre Cochon appartenait à une famille peu aisée. Lamaison de sop père, que nous supposons avoir été JeanCochon, bourgeois de Rouen, paroissien de Saint-Godard,fut. décrétée sur les poursuites de ses créanciers, en4432 (2).

Son frère, nominé Jacques, embrassa la même carrièréque lui. C'est sans -douter le frère de notre chroniqueur,que nous voyons; sous le nom deJacquet Côchozi, chargépar le promoteur de Rouen, en 1429, de se rendre àDieppe pour procéder à une enquête de tUa et rnoribussur aucuns qui portoient graut rigueur à 3fonseigneur (3)..Postérieurement au 8 août 4433, mais avant-l'année 1436,il faisait partie de la confrérie de Saint-Marc en qualité defrère notaire. Peu de temps après, on le voit prendre letitre de prêtre notaire: Il fut nommé notaire du Chapitre

que de la seconde portion: c'était celle-là qui était à la dispositionde larchevéque.

Ou sait que le déport était le droit que l'archevêque de Rouenavait, à la vacance d'un bénfiee par la mort du titulaire, d'entoucher les revenus pendant un certain temps. Les droits de départétaient baillés à ferme.

(I) Arc?., de la Seine-Inférieure- - Cartu!, des noft,ire,, f" LXX.(2 Id.; ibid., P ci.(3) Compte de t'Arehe.'éché de Rouen, de la saint-Miche 1428 à

la Saint-Michel 1329:

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de Rouen le 23 février 1'446, et, comme tel, il fut chargéde la rédaction des délibérations, (I). Jl donna si démis-sion de cette charge' le 8 novembre 1448; il obtintensuite la - cure de Grainville-la-Teinturière; enfin le4 décembre 1465 il fut nommé chanoine de Rouen etmourut en possession de ce double titre le 44 avril 1473.La confrérie des notaires lui avait donné une marque de saconfiance, en le choisissant pour chapelain (juillet 4454),et, à son tour, il témoigna l'intérêt qu'il lui portait efaisant construire , à ses frais , le bout de la chapelleSaint-Marc, et en y faisant une fondation de trois messes,le 25 juillet, jour de la fête de saint Jacques , son pa-tron. Il fut inhumé, dans la cathédrale, en fac 'e des Fonts-Baptismaux.

Je ne sais si l'on doit rattacher à la même familleun nommé Jean Cochon, curé de Saint-Martin-sur-Renelle,à Rouen, et en mémé temps chapelain de la chapelleSaint-Eustache en la nef de Notre-Dame; homme d'uncaractère violent, et qui eut 'de fréquents démêlés avec lajuridiction du chapitre (2)..

Tous ces minces détails relatifs à la famille d'un hommequi n'a droit qu'à une célébrité assez médiocre, courentrisque de paraître superflus. J'ai hâte de l'envisager soifsun point de vue différent et plus digne de fixer notreattention.

Comme écrivain: Jierre Cochon diffère essentiellementde la plupart des chroniqueurs de son temps. Froissard etMonstrelet, ses contemporains, soutenus et défrâyés parles hauts et puissants eigneurs dont ils étaient les fami-

(t) Jrch. de la Seine-Inférieure. - Reg. capital. de ta catlzé-- draie; Obil. et Cartûl. des notaires.

- (2)-D1ibrations du mars 1443, 9septembre 1447,18 mars etS novembre 1448, 4août 1450 25janvier 1458, dans les Reg. capituf.-

- ' de fa Cathédrale,-. --2

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hors, ont pu entreprendre dé longs et coûteux voyagesjour voir les anciens chevaliers et escuyers qui avoient estéen taits d'armes et pour recueillir (le 1a . bouchc des hérautset des poursuivants les renseignements (lui devaient servirde matériaux àeurs vastes eqmp'ositions. Aussi ne faut-ilpas s'étonner, si parfois ils se trouvent dans la nécessité'd'acquitter, par des élogessuspects, la dette de la recon-naissance. C'est pour l'instruction des nobles qu'ils' écri-vent; et,, comme les armes faisaient alors leur professionfavorite,c'est le côté militaire de l'histoire qu'ils s'at-tachent,principalement à faire connaître. Sous leur plume,abondent ces longs récits de bataille, de défis et-de tour-Bois qui intéressent au plus haut point la vanité des fa-milles, êt excitent le courage des capitaines par le souve-nir des hommes vaillants qui les ont précédés. Il n'en estpas de tnêdne de notre chroniqueur. Pour lui, point depuissnts protectetirs qui aient suppléé, par, leurs iibé-ralités, à l'insu(Ïisance de ses ressources personnelles, etqui lui aient fourni le moyefi d'entreprendre ces pérégri-nations dispendieuses, indispensables alors, pour appren-dre avec quelque détail les événements accomplis. Il n'a,selon toute apparence, yoyagé que du pays de CaHX, Sa -terré natale, à ilouen , sa ville1111e d'adoption , et sa vie s'estécoulée tout entière dans les obscures fonctions du nota-riat apostolique et d'une cure de campagne. Les faitsantérieurs à l'époque qu'atteignent ses souvenirs, il lesraconte d'après quelques chroniques qu'il aura peut-être.

• eu l'occasion de consulter àla bibliothèque du Chapitre dela cathédrale de Rouen, dès lors organisée et même publi-que, , du moins dans une certaine mesure. Lorsqu'il entient à l'hisioire de son temps, il parie fréquemment, soiten témoin oculaire, soit en homme qui a ouf dire; et, bienque placé sur- un théâtre restreint-et privé de ces hantesrèlations qui permettent de pénétrer les secrets de la poli-

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tique, il a tinté un certain nombre de faits curieux quel'histoire doit recueillir. Il écrivait, du reste, sans pré-tention et probablement pour lui seul, se plaçaflt à un -pdint de k-tic boûrgeois; sicette expression nous est per-mise; On est frappé de sa manière de dire, rude et vul-gaire, lorsque parcourant le livre de M. Vallet-Virjyille,onen vient'à lui, après avoir lu la Geste des nobles etla Chronique de la Pucelle, oeuvres très remarquables, lapremière surtout, par l'élégante simplicité dit sou-vent aussi par la délicatesse de la pensée. Dans la Cire-nique de Pierre Cochoh, rien qui révèle la culture lit-téraire ni le sentiment de l'élégance. Le défaut de trn-sitions, loin d'être dissinulé, est nettement accusé pardes formules hhnales et (lui se reproduisent avec unefastidieuse uniformité. Le récit est assaisonné de pro-verbes; d'ex pressioiis triviales et qbelquefois grossières.Et cependant, malgré tous ces défauts, l'intérêt est loinde manquer à cette chronique; elle ne ressemble aau-cune autre; elle a un caractère très prononcé d'origina-lité qui tient à cc qu'elle reflète ,fidèlement les senti-ments de la classe moy enne k laquelle Pierre' Cochonappartenait. Ei lui, nous retrouvons un t ype propre àfaire connaître l'esprit de la bourgeoisie au commence-ment du 1ye siècle; et c'est parce que nous nous enformons cette idée, que nous nous croyons permis deretracer aussi complètement que possible lés traits désa physionomie morale. -

Et d'abord , Pierre Cochon se montre extrêmementsoucieux du sur( du peuple. Que de fois, en parlànt desaides qui étaient levées -et de la façon dont le royaumeétait administré, il déplore la maiiïère dont «se dépendoitl'argeni du po-vre peuple de France. . ... .-,dontle ponte-peuple estait tout essillié et detruit? »

Il rapporte, sans_faire entendre qu'il La désapprouve-,

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cette proposition d'un avocat de 'Paris, maître Jen desMareS, que é le roy ne ses conseilz ne pourraient /'aireun pettp(e, mais un péuple ferait bien nug roy. n Il savaitpoutant que cette parole avait coûté la tête à celui quil'avait proférée, et qu'on en avait fait un crime de lèse—majesté. -

Il porte un jugement peu favorable sur la conduite et- la moralité de la noblesse;' il ne l'attaque pas en tant-qu'instittion,mais il est scandalisé à-la vue de ses moeurslicencieuses que ne faisait plus pardonner le prestige dos

• services rendus à l'Etat sur les champs ,de bataille, depuisqu'elle avait laissé infliger au royaume les plus sanglantesdéfaites qui ternissent l'éclat de notre ancienne gloiremilitaire: ,

S'il fallait prêter trop d'attention h ces éternels regretsdu passé exprimés sous toutes les formes dans les div&rsmonuments de notre littérature, on serait assez embar-rassé pour déterminer à quel siècle se rencontre cet étatde - perfection - relative auquel il eût été souhaitable des'arrêter. En admetta'ht que cette question puisse être -résolue avec certitude , quèlle difficulté sa soluÈion neprésente-t-elle pas, puisqu'elle suppose l'appréciation dudegré de bonheur et de moralité des peuples, chosesmystérieuses de-leur nature, lors même qu'on. en bornel'examen 'à l'époque contemporaine. Quoi qu'il en soit,chacun se fait là-dessus une opinion, à sa guise. Notrechroniqueur s'était fait la sienne: il rapportait, au milieu,du xiv' siècle, le commencement de la décadence, dontle plus rdmarquablè symptôme fut, la démoralisation (le lanoblesse. Sous l'année 4344, il place cette réflexion

- « Et estoit pour lors bon temps, et estaient les nobles- du royaume prudehommes et poioient bien et tendient• convenant;, car, se aucun chevalier ou aucun escuier en

ce temps vous deust argent et vous .promeist en foy de

ra

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gentillesse que vous serés poié à tel terme, il ne vousfausist point que vous ne fussiés prié, et iJiex soit commeil en est à présent. a, Cette décadOEucc vhit à la suite de l'af-reuse mbrtalité de 1348, qui aurait titi cependant ramenerl'humanité à des idées sérieuses: « Vint alors, dit-il -, unnouvel monde qui delessièrent la greigneur partie de lapreudommie et des vestenres alissienneset pristr€nt cou-viat abiÉ comme souliersà bec de porc laines qui avoientun quartier delouc, plumes d'austruches et de fesant, etse mua bien le monde. u

Lé dépit que causàit à Pierre Cochon la conduite de lanoblesse, perce dans une foule de récits, notamment danscelui d'une entreprise des nobles du pays de Caux, en1357, qui avait pour but le pilldge de la ville de Rouen-,tentative qui non-seulement échoua, mais qui fut sévè-rement-punie, grâce à l'énergie du maire de la ville. lilui arrive pourtant de parler avec sympathie de certainsgentilshommes, entre autres du sire de Graville. de M. deTorchy, tué à Poitiers , au frein du roi ; il est vrai quel'un et l'autre étaient du pays de Caux (1).-

Il serait injustè, d'ailleurs, de supposer qu'il ait par-tagé toutes l'es idées de son temps. Il détestait les Jacques;qui, du reste, n'en voulaient guère moins au clergé qu'àla noblesse il dit d'eux « Et avaient une très mal voieprise qu'il ne derneurertat ou il converseront nul noble nefaine, ne eiifans, ne manoirs, maisoni qu'il n'ar4issent ettl4assent , et eusse4t fait partout , s'ils eusseat régné, sna:isDiex ne seuil pas. » Il applaudit à la bataille qui coûta-la

(I Et y mourut à cet tssaut de bon chevaliers de Fiancé etde Normandie, et y mourut M. de Torchi au train du roy; et c'estle eomrnenehenient des diz enfans de Torelli et deanoura à la mèredudit chevalier neuf fllz dont l'alnsné n'avait pas douze ans; et leduc Chiirles les anis, tant comme il vesq'li, et-fluant il tu roy aprèsSo T i père, il les av;tnchn , ainsi connue cliaseun vit cil Ce temps. n

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vie kArtevelle « Et fit une très frérilleiisejournée, quise les /lamens eussent eue la journée pour cuiz, toute n'obleicheet.jentillessc, clergié et riches bourgeois et-gens de nom etd'estat eussent esté rués jus t gouvernés par merdalle et gensde néant, mais à Dieu ne plut pas. » Aussi n'hési te-t-1 pasà appeler la victoire remportée sur les Liégeois « une -belle, et noble victoire.» Ayant à prendre parti pour l'unédes deux puissantes factions qui divisaient la société àcette époque, les Bourguignons et les Armagtiacs , il semet résolument dit des-premiers: En cela , il ne fai-sait que suivre

'la tendance générale de la bourgeoisie et

]'Opinion qui dominait à Ilouen', 'oit l'industrie et le eorn-merec avaient créé, en dehors de la noblesse, des fortunèstrès considérables, et développé des idées d'indépen-dance. La Bourgogne, en effet , - (c'était ainsi que PierreCochon l'entendait, et le plus 91rand nombre avec lui ),représentait la cause du peuple, la cause de la réforme, de -.l'abolition ou de la diminution des ailes, la cause du gou-vernement dii pays par les trois états, spécieux prétextes -sous lesquclsse voilait l'énergique et perséverante ambitiond'une famille qui fut, pendant près d'un siècle, le fléau dela France Cette cause qui passionnait les esprits, était

-vivement combattue par le duc d'Orléans, « qui désiroità avoir tailles et à destruire le royatune et en avoir par

- devers lui la finanche », Orléans qui , de méme que lareine, « ne cont. endoit fors â essiliier le peuple par yrôssestailles t, Orléans, dont Pierre Cochon dse dire « Oneques

• si mauvaise créature ne lii comme il étoit1 u Non contentde lui reprocher ses moeurs dissolues et la mauvaise admi-

• nistration du royaumu, deux points sur lesquels il seraitdifficile de le défendre, il l'accuse d'avoir, par une sélé-ratesse inâuïe , tenté (l'empoisonner le roi au Mans , et,plus tard , d'avoir voulu Je brûler vif au milieu de soupalais. à cette fète des honnies suvages qui se termina

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d'une façon si déplorable. Mille - bruits fâcheux couraient- 'parmi la foule. C'était l'opinioii ùon-seulement de notre

chroniqueur, niais encore d'un grand nombre de sescontemporains,-que le due d'Orléans , liEnt qu'il vécut, eutrecours à toute sorte de moyens criminels, à la magie,aux sortilèges, pour faite mourir son frère « qui tantestoit aillé de son peuple. » Charles VI lui-même, disait-off,

- - « déciaroit qu'il était en santé ou en maladie , comme mons':d'Orléans coulait . , '. .-

Rempli de l'indignation la plus vive contre le ducd'Orléans, -Pierre Cochon ne trouve rien de- lamentableni de criminel dans son assassinat. Il rapporte le dis-cours de Jean Petit, sans rien dite autre chose de cettemisérable apologie que ce -simple mot: « Ce fut une granthardiesse. n Il rappelle, sans la flétrir, cette lâche accla-mation du peuple après la perpétration du forfait: Bencet

soit qui tel coup y rua, car s'il eust plus ves qui , il eust détruittout le royaume. il n'a pas même une pardie de pitié. pour.la veuve de la victime; il annonce sa mort en ces termes:«'Elle trespassa 3e jour dMihbre I tOS, laquelle quidoitestre rovne deFrance; mais, par la grace -de Dieu, ellefailly à sonentente. »---.

Au milieu de tous ces écarts d'opinion, il conservait - -cependant Une sbrte . de culte pour la royauté de sonipays.Bien qu'il écrivît sous Henri V et sous Henri VI, dans tinpays où il étilit de mode de regretter le temps ôù l'Angle-terre et le duché le Normandie appartenaient au mêmemaître, il donne raison à Philippe-Auguste contre JeanSans-Terre, le plus «inauiis que ôribques fast , car itestoit -

- cont'oiteus et trais t.res. » Philippe VI de Valois, qui seprévUurdè la Ibi salique pour exclureexclure Edouard iII d'An-gleterre de la couronne de France, et qualifié de bon

prodonnne; c'est pour lui le bon roi Philippe. Charles V,

qui chassa létratiger, lui Parait aussi très grand -i sage

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prince, et qui gouverna son royaume . diligeniment toutson tem ps. Il n'est pas jusqu'à Çharles VI pour lequelil ne professe un religieux amour. IL se garde de luiimputer les malheurs qui désolèrent son règne, et dont ilfut, par l'effet, moins l'auteur que le triste, et l'innocenttémoin; c'était, dit-il, « ÎtIV très vaillant prince, voulantl'union (le l'église, bien amoureux de soh peuple, se, liiez luieust envoie' santé. » -

Entre• tous les rois , un seul est traité- par, lui avecne extréine sévérité; 'c'est le roi Jean, auquel l'histoire;

souvent capricieuse dans 'ses jugements, n pourtant (lé-cerné le titi'e de Bon. Pierr'e Cochon ne le lui et pasaccordé. Tout au contraire, il le déclare « le »lus mauvezet le plus cruel qui oncqucs fus!; n le digne fils de la reine«:Jeanne de Bourgogne, la plus détestable créature qui eutparti, qui. détestoit les Normans et les villains, et ciisoitque 'ung villaun, ma'rcha'nt ou bourgeois, ne devàit avoirque 5 S. et un asué et estre veslu de teille. »,

Cette citation nous j évèle un' autre côté des opinionsde Pierre Cochon, son attacl)-enient aux priviléges de laPro'vinee de Normandie. Cette Jeanne de Bourgogne,qu'il . vient' de traiter si durement, il l'accuse (l'avoir« par -sa grant nueivestié cuidé faire mourir un des vieil-leurs clièvaliers de Normendie et des plus pieulz , nommé' -messire Rober! Bertran. Cétoit, dit-il, un des chevaliersdu royaume que le roy amoit le tuiez , dont la royneesraget de deul pour ce qu'il estoit Normans. u Une aide -avant été assise sur la Norinandie, en 1334, il remarque -que c'était « contre la coutume de A1 ormandie. » SousVannée 1339, il rappellà l'assemblée -de Vernon et laproposition faite par les barons Normands de combattreles Anglais, h leurs frùis, moyennant qu'on leur promitde les tenir paisiblement dans letiis franchises et liber -tés. « Quand le roy Philippe entendit cette'responce ., il fu

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tant juteux que ce fil une grant merveillt , et ditchest- très noble et gracieuse responce. Mas les. Bourguignons et

autres envieux deè Nom ans ne virent que orgueil et outre-cuidance, et par leur cabale, la proposition des barons néfut point agréée , ce dont il sen est puis ensuis mont demaulx et dommages. n

En 1350,-à propos des gabelles imposées en Normandie,il rappelle le mécontentement des nobles de la province.

• Us se plaignirent ouvertement ait et lui dirent qu'ilne les tenait pas en leurs franchise* et libertés commeses prédécesseurs; rie quoy le roy en avoit trop grant dent,et une ou deux fois s'en corn.plegnoit à ses eon.seulx endisant < Ne cheviré—je point à- ces IsTormans? n Et leshain gueux des 1'%Tonnans distrent « Sire, prenés itti. ou V.des gregniex et plus notables et leur faites trenchier le col;etjaznés ne terrés Nor,?ans qyi ose mot dire de contre vousne contre votre Conseil;n dont ce lui lu très snairés conseil,

Nor—et qui l'eust conseillié qu'il eust tenu ses hommes demandie en leur pais, franèhises -et libertés, ils l'eussent bieneoriseillié, que par tels conseulx tout le royaume en a esté

- destruit. Aussi estoit—il mal content des Normanz qui lui- faisoien t trop (le paine qui S les tenoit en leurs franchises,

6oinme ses prédécesseurs rois. nPrêtre attaché à la Cour archiépiscopale de Rouen

Pierre Cochon tenait énergiquement pour les privilègesde la justice, ecclésiastique, et vo yait de très mauvaisoeil les entreprises continuelles des officiers du roi. Onpeut en juger par la manière dont il s'exprime sur- lecompte de deux baillis de Rouen, Hugues de Donquerreet Jean Davy, sire - de Saint—Père. Le premier violal'imnùinité-ecçlésiastique en faisant enlever de force, del'enceinte de la cathédrale de Rouen , des prisonniersqui s'y étaient refugiés pour jouir du droit d'asile, et enfaisant mettre la main sur des chapelains revêtus de

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l'habit de l'Eglise. u , il ne fit •oneqtccs si grant folie; ne• oneques puis n'ut joyc et li prit maladie, (le qnoy il mou-

sut en Pouvereul tout escommuniclijé. n Lautre, au con-traire, était un « noble chevalier, bon justicier, et si ama

• l'église. Mais Wy régna que environ 1. ans, dont la villeet bourgois et ciergié furent bien dolens qu'il se parti sitosi comme il fis(. n'- Entre les archevêques de flouen, il eu-fut un qui s

• distingua tout particulièrement par le soin qu'il lirit dedéfendre les priviléges de l'Eglise. Le portrait que PierreCochon en a tracé vaut la peine d'être rapporté en entier,comme étant de nature h donner une juste idée des pas-sions auxquelles donnaient lidu oes conflits qui _s'élevaiezgsi fréquemment entre iesdeux juridictions:

« En l'an 1374, il avait à Rouen en Normandie unarchevesque frôre au compte dAlenchon nommé Ph-lippe dA lenchon, lequel estoit un bon prodonime et chaste,et soustenoit au fort à garder les ]ihertéz et franchises desainte église à son povoir, et en ce temps le rey Charlesde Vallois et premier nommé Karles- de la dite tignielequel envoya à Ilouen un hailly nommé Oudart Satain-ville [sic] (aucauz diseient qu'il estait son fil; de hast; qu'ilen estoit je ne say,) mais il haoit l'église et fort la fouI-bit et partroubloit au plus qui povoit; dont mout des-pleisoit audit archevesque ,et ne lepovoit amender; et lesamis dudit archevesque vdulloient ledit baitlyzudr, maizil deffeùdit qq'il ne lui feissqnt mal. Et faisoit entendantau roy que, se il estoit en son archevesquié, qui lui gaste-roit sa temporalité et mist le roy en si graiit indinatiozicontre sondit àrehevesquc qu'il escript au pappe GrinTjoire lie qui le meist hors -et lui donnast autre bénéficehors de son royaume; et te pappe otempéra et osbéi àlà requeste et mi ota son archcvêquié, et I'einroia ailpatriarchié tic Jerusalem qui estit petit bénéfice à tel

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homme de 'si noble ligne ;dont le pappe fistmal , et fabien hiasîné de ses cardinalz et dc tout le mondé, caril. deustavoir gardé Hestat (le SaintC église, et il la foullatrès lourdement. Ainsi fi le bon prodomme bouté horsde son archevèsqulé 'podr garder l'estat de sainte église;et puis le roy envoie sondit haiHy hrs de Rouen, et s'enalla à Mascon estre hailly par crainte des amis audit Phi-lippe d'Allcnèhon; et quant ledit pappe Gringoire1fumort à Rouine et la division vint à l'église et' l'arche-vesque de Bar fut eslea pappe à Boume et nommélir-han 6e, regarda que le han prodomrne Philippe d'Allenehoiïqui, pour garder sainte eglise fa bouté hors de sa nationet envoié en estrange contrée et qu'il estoit (le la nobleligne de France et qu'il estoït prodontine et chaste, le

, reïinst de son Conseil, et le pourvey (le vivre selon sonesta( et sa ligne, et le fist un (le ses eardinalz; et aprèsla mort dudit pappe il fa Su des cardinalz pappe ; maizil ne le vaut aceter, se n'estoit du bon gré du roy deFrance son cousin ; lequel lui escript que quant il le soitet il l'en voulloit crèrre, il soit par autre election où il'aroit point dedivision. Ainsi pas4a le temp, et le

bon prodoinine flua ses jours. Dïex en ait l'unie en sonparadiz. Amen. ))

L'attachement de Pierre Cochon aux privilèges de lajuridiction eeelésiatique ne fut pas sans lui attirer d'assezfâcheux désagrénitnts. En1 433, un clerc rut saisi à laCour atehiépiseopale par les sergents du roi pour une

-' aûaire qhe l'on prétendait faire rentrer dans la catégoriemal définie et fort élastique des cas royaux. Le clercse défendit et fut sans doute, sinon aidé d'une manière

• active, au moins encouragé dans sa résistance par les- conseils et les murmures de quelques témoins. Cochon avaitassisté à cette scène, assis sur son siége , et pendant qu'ildictait ses nôtes. On l'accusa (l'avoir fait iiti grand hahay

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coutre le serynt, et on mit 'la main sur lui, comme ayantété promoteur de noises. on ne concluait à rien moinsqu'au .bannisée,nent, confiscation de biéns, de héritages ettous les mau.lz du monde. Force lui fut de comparaîtredevant le bailli. Mais celui-ci ne put le contraindre àprêter serment eu parole de prêtre, ce qui eût été re-connaître la compétence du tribunal sèculier, au pré-judice dc l'église et au mépris du privilége clérical. Lebailli, qui était Anglais, s'emporta« Ne fust-il point,

- s'écria-t-il, si grand nlaistrc en cette ville de Ilouen- - qui ne fist serinent (levant moy. » Mais ce( accès de

colère n'ïmposà point à notre, chroniqueur; il persistadans so.n'refus et retourna hravetnent dans sa prisond'où un ordre de ]'autorité supérieure le fit sortir 'Où, bout

•de quelques jours:L'ardeur des opinions politiques de Pierre -Côchon

ieut pas d'influence sur ses convictions religieuses. Ilvivait dans un temps de schisme, et lesdôfections étaientassez nombreuses pour qu'il y eût du iiiérite. à 'ne passe laisser ébranler. Pour lui, c'est toujours avec ména-gement et avec respect qu'il s'exprime sur le 'compte deceux que l'Eglise co nsi dère-comme les vrais successeursde saint Pierre. Lè cardinal Pie -rre de Lune, qui pré-tendit àla papauté sous lejioni de Benoît XIII, est traitéde faux regnart. Clérnen(VH , que le roi Charles Yessaya de soutenir contre Urbain YJ ne lui inspire pas

• plus de sympatlne. .11 rappelle que ce prince frémissaità l'article de la mort, à lu vue du trouble de sainte église.Enfin la joie qu'il éprouva de voir le schisme éteint en

' 4409, pour trop peu d'années' malheureusement, éclateavec une touchante franchise dans les lignes suivantes« Quant chascun -saut ces nouvelles, oucques de souvenird'homme tel joie tw fis dernenée et non sanz cause, et eucliascune cité où ces nouvelles -estoient venues, messes so.a

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lempnelles du S.. Esprit et de N. D. estaient chantéezet tant comme l'en rnettoit à dire ces messes, toutes leàcloches des moutiers sonnoient, et après ce au soir, faireles feilz ès places où l'en les fait à la S. Jehan, et fairetel jbie, ,menesteriex cerneresbatements que oncques l'en nevit faire si beax dsbatemeuts à la S. ,Jel4an , et les reli- -giex desdites citez tant reniez que rnendianz faisoient !esfeuiz en chantant matez et ballades, et aussi faisaientles prestres séculiers. Or merchion Dieu omnipotent nousqui à ce jour estion en vie que en noz jours avons veupais en sainte église. n

Il est présumable que la maturité de l'âge tempéraS qu'il y avait d'exagéré dans ses sentiments politi-ques. Les événements, d'ailleurs, renfermaient pont tousune grande et sévère - leçon. ils étaient de nature à foireouvrir les yeux 'aux plus aveugles, à calmer l'enthou-siasme des plus exaltés.

• Les Anglais étaiént venus, appeléset favorisés ouver-tement par les chefs de ce parti de Bourgogne qui s'étaittant 'targumédu bien public et de l'intérêt du peuple. LaFrance fut alors cruellement punie de ses discordes in-testines; non-seulement ta guerre ruina pour dé longueannées notre agriculture et notre commerce; notre natio-nalité mémo lift en péril, et les excès d'une démocratieprécoce compromirent le développement de ces institut-tiens lihérâles dont on avait vu en Fronce des germes' desi belle espérance dès le commencement du xiv' siècle.Pierre Cochon n'aimait pas ces étrangers. il écrivait sachronique à Rouen, dans ta capitale - du pays de conquête,dons un temps où le sentiment national paraissait le pins -affaibli, et jamais cependant il ne lui échappe un ihotqui puisse donner à penser qu'il ait eu pour eux la moin-dre affection. La bataille d'Azincourt, qui inaugura en

• -France leur domination, liii inspire cette phrase.m4lan--

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colique « Or est cette bataille passée, et le tueur du 901/d'En gleterre grandement énorguely d'avoir eu Si bonnefortune, et Dieu soufe-y que ainsi fa. Et les trespassés enla bataille ehascun porta en son pais enterrer, et chez quidenourêrent en vie le roy les /ist mener n sa terre engrdnt honneur pour luy et à très gra•nt confusion potir lerolalme de France, et toutes voies, se le duc de iJou.rgongneeust seu cette aventure, ïl n'eust pas eues les «hanches -au roy d'Engkerre; tuais quant le fait est fait, le Conseil

-en est pris. u Ailleurs, parlant (les soldats hourgiignonsqui s'introduisirent à Honen en 4417, sous prétextede garder cette ville contre l'ennemi, il les signalecomme s'étant montrés miedx anytois que franchois. Sonamour pour la Bourgogne ne l'aveuglait doue qu'à moitié,et assurément ce sentiment ne fut pas assez vif pour luifairé Souscrire aux conditions de l'alliance anglaise et sup-porter, d'un coeur résigné, l'envahiscnient dit royaume.A la dureté, disons le mot, à la brutalité- des terniesqu'il emploie pour annoncerles premiers échecs de nosennemis, 011 peut croire qu'il eût été homme à les coin-battre. Ce qui mérite encore plus cl : tre remarqué, c'esCla convenance avec laquelle il parle de 1aiucelle. Il

• croit que les Français, sehs le coniunan jicinent de cettehéroïne, se seraient emparés (le Paris, si ou les eut laissé,

• faire. Il se réjouit du résultat de la bataille (le Jargeaù,qui fut si fatale à l'armée • anglaise en la privant de.

- ses chefs les plus habiles. « Là furent, dit-il , Ànyloistrès bien catrés, plus que caques mais n'avoient esté enFrance, et s'en vouloient retourne » en Angleterre et tessierainsi le pays, se le Régent leur èust sou fl'ert; et estoient«donc Anglois si abblis que ung Franchois en eust caehiétrois- u •

La Chronique normande s'arrête brusquement, à l'année1430, 111 moment précis, suivant la remarque de M. Vallet-

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Viriville, où la . Pucelle arrive à ilouen phur comparaîtredevant.ses juges. Cette interruption subite ne s'expliquepas par la mort de l'auteur; Pierre Cochon , comme nousl'ayons vu , a dû mourir vers 1436; elle ne s'explique pasnon plus par le peu d'intérêt des événements. Les recher-ches de M.. J. Quicherat prouvent que le supplice de laPucelle eut un immense retentissement par toute la chré-tienté, et il'est indubitable qu'il dut très vivement impres-sionner ceux qui, placés sur le lieu même de ce funèbredrame, purent en suivre les différentes scèes et être lestémoins de son tragique dénouement. Ces deux raisons

- exclues, une autre se présente. Pierre Cochon ne pou-vont, sans se colupromettre , parler en faveur de laPucelle, ni manquer de respect envers sa mémoire sans -mentir à sa conscience, on 'conçoit assez naturellementqu'il ait gardé le silence. Cette hypothèse, proposée parM. Vailet-Viriville , paraît admissible à Première tue;elle acquerra un nouveau degré de probabilité , si on litavec attention les derniers chapitres de la Chroniquenormande, et si l'on réfléchit à la position de son auteur.

Le sacre du-roi à Iteinis était envisagé comme un desobjets de la mission proidentiellede Jeanne d'Arc. Cettecérémonie, d'une importance extrême dans lés idées del'ancien temps, eut lieu en dépit de tous les obstacles,et au milieu de circonstances qui lui prêtèrent un carac-tère miraculeux dont les Anglais eux-mêmes furent sin-gulièrement frappés. Or, à partir du sacre de fleims, ils'opère un changement dans la manière dont notre chro-n iqil eul: parle.de Charles VIT. Il ne s'agit'plos du dauphin,du fils de Charles VI, roy de France. C'est Charles quechacun doublait, c'est le roi de France. Le titre usurpé parHenri VI, et consacré par les usages de la chancellerieanglaise , est rendu par Pier Cochon à-celui qui devaitlégilimement le porter.. -

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De plus, Pierre Cochon était le confrère de GuillaumeManchon et de Colles dit lioscguillaume ,quhiustrumen-tèrent dans le procès de la Pucelle; et très certainementl'ami du premier (1) ; par leur manière de voir, il estpermis de juger de la sienne. L'un et l'autre ayant àdéposer au sujet de Jeanne d'Arc, lors du procès de réha-bilitation , 'rendirent en sa faveur le plus touchant témoi-gnage. Suivant la déclarat j oh de Colles, les jugés encou-rurent le mépris du peuple par !'inique sentence qu'ilsprononcèrent. Après le supplice , on les montrait aisdoigt, et ils n'inspiraient que de l'horreur. Manchondisait que ic jamais ne ploura tant pour chose quilui advint,et que par nng mois après tic s'en povoit bonnement ap-paiser. Pour quoy d'une partie de l'ardent qu'il «voit eu du -pro= , il acheta un petit enessel qu'il «t'oit encore-s, afinqu'il eust cause (le prier pour elle » (2).

Ainsi donc,, indépendamment de l'interruption subitede la Chronique, les liaisons de notre chroniqueur etcertains termes qu'il emploie soin des indices reihar-quables de l'opinion qu'il s'était formée de laPucelle , et,par une conséquence naturelle, dê la prétendue légitimitédes droits de l'Angléterre è la couronne de France. Cette

(I) En tré à peu près eut nième temps que Manchon dan'SI, confré-

rie des notaires, Pierre cochon lui succéda co'mnie curé de Vite-fleur; il fut nommé avec lui exécuteur tetamcntaire du no-taire Pierre Le YÇohlc, Je O août 143$. (Cariai, des notaires,('Lvii.) -- -.Pierre et Jaeqdes Cochon sont les seuls témoins qui ;.figurent

dans la donation de Manchon en faveur de la chapelle Saint-Mare,du S mars 1442. (Ibid., f" xlvii.)

(2) M. Jules Quieherat, Procès de condzrnnr,t ion et de réhabili-tation de Scanne d'Ai-c, t. Il, p- 16. - Manchon devint curé deSaint-Nicolas-le .pejnteur à Rouen, et proniotçijr de la Cour d'église.Il fit une fondation à la chapelle de Saint-Mare, Je 19 novembre1440. lI mourut en 1466.--