note de la ligue du sud n°10
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7/24/2019 Note de la Ligue du Sud n10
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Dossier n10LE LOBBYING
De la nature linfluence du lobbying aux Etats-Unis et en Union Europenne
Source : note de la Fondation pour linnovation politique de fvrier 2016: Le lobbying : outil
dmocratique
Quelques chiffres
1 500 : cest le nombre de lobbystes que compterait actuellement lUnion Europenne dans 2 600
groupes (cabinets de conseil, fdrations professionnelles, laboratoires dides,...)
3.28 : cest le nombre, en milliards de dollars, que reprsentait en 2008, le lobbying aux Etats-
Unis (selon lOCDE)
14 000 : cest le nombre de lobbystes que compterait actuellement le Royaume-Unis (selon le
Conseil de lEurope)
5 000 : cest le nombre de lobbystesque compterait actuellement le Canada, chiffre consquent
en regard dune population estime 40 millions dhabitants
N.B. : La mfiance lgard du lobbying vient de ses facults altrer le fonctionnement dmocratique. La
conception anglaise a volu vers une voie alternative et pragmatique ; incluant depuis longtemps des
groupes dintrts au cur du processus dcisionnel.
Etat du lobbying
Lapproche franaisesarticule originellement autour du culte de la volont gnrale ; elle ftpendant longtemps hostile aux lobbies dans le champ politique, perus comme la manifestation dintrts
individuels. Que reprsente le lobbying aujourdhui? Selon lOCDE, le lobbying aux Etats-Unis pserait
pour prs de 3,28 milliards de dollars (2008) et reprsentait environ 1 500 professi onnels de linfluence
accrdite au congrs. Selon le Conseil de lEurope, ils seraient 14 000 au Royaume-Unis, tout en
reprsentant un secteur de 1,9 milliards de livre sterlings (soit 2,5 Milliards deuros). Au Canada (chiffres
OCDE), ils seraient 5 000 lobbyistes - nombre consquent pour un pays de 40 millions dhabitants.
Au sein de lUnion Europenne, on compterait environ 15000 lobbyistes dans 2 600 groupes
(grands groupes, ONG, cabinets de conseil, fdrations professionnelles, laboratoires dides). Ainsi,Bruxelles est considre comme la deuxime capitale du lobbying aprs New-York.
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On note dailleurs que les lobbies sont constitutifs, ds leur origine, de la construction
europenne. Lacclration intervient ds 1980, moment durant lequel la Commission fait du lobbying un
mode de reprsentation lgitime des revendications de la socit civile, sinspirant dun systme calqu surle modle anglo-saxon. Chez ces derniers, il ne constitue pas une nouveaut ; ses promoteurs le
considrent comme une manation de la socit civile, rig contre un centralisme tatique et une
dfinition intgrale du bien-commun. Il est donc assimil un corps intermdiaire. Les auteurs de la FIP
(Fondation pour linnovation politique), tributaires dune doctrine librale, considrent que la vielle
tradition de centralisme et domnipotence tatique serait lorigine du soupon dindividualisme prt au
lobbying. Cette logique aurait pris corps ds le Moyen-Age, o lEtat aurait exerc des pressions sur les
corporations. Il aurait continu sous lAncien Rgime, avec la suppression temporaire des corporations
sous Turgot (1775), avant leur matraquage dfinitif avec la loi Le Chapelier. On mentionne en revanche un
retour en grce partiel de ces structures, par lintermdiaire du syndicalisme - loi Waldek-Rousseau(1884).La Fondation pour lInnovation Politique dfende le concept de corps intermdiaires face lEtat,
prenant appui sur la dfense des corporations ; paradoxalement, celles-ci constituaient des cibles
privilgies de nombreux libraux et furent dtruites par leurs consorts Il est important de ne pas se
leurrer sur certaines pratiques de lobbys individualistes tourns vers le profit dune minorit au mpris de
toute forme de bien-commun. La logique des corps intermdiaires se voulait enracine et charnelle
(corporations go-professionnelles, Eglise, tats-provinciaux) et tait arbitre par lEtat sans dimension
contractuelle.
La possibilit de confiscation des institutions par les lobbys les plus puissants au dtriment des
plus modestes ou la facult dingrence de lobbys trangers dans les affaires publiques nationales doit
constituer un objet de questionnement rcurrent. Cette vision se trouvant par ailleurs renforce par la
perspective du Trait Transatlantique (TAFTA).
Lobbying : la ncessit de la transparence
Le lobbying existant de facto, certains propose de lencadrer afin dviter toute forme de drive de
ses manations et viter des paradoxes institutionnels. Cette pratique peut savrer bnfique danscertains cas et par des acteurs bien dtermins. La condition principale restant la reprsentation dintrts
nationaux ou encore linformation et le conseil tous les chelons de lautorit politique. Il serait nfaste
dencadrer lgalement une pratique pour naboutir qu la lgitimation de pratiques pouvant contribuer
lalimentation de la corruption, du trafic dinfluence ou de pressions fournis par des intrts trangers.
A lchelle franaise, des affaires comme celle du sang contamin (1983-1985), du Mediator, ou
lpisode de la Grippe A (2009-2010) sont trop rvlatrices des influences excessives de lobbies
pharmaceutiques ou agrochimiques sur des institutions comme lOrganisation Mondiale de la Sant1.
1Voir Contre-lobbying : remettre le citoyen au coeur de la dmocratie, article de lObs, 20/02/2014.
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Lindpendance de certains experts doit tre mise en lumire afin de mieux contrler linfluence de ces
officines sur les plateformes dcisionnelles quelles soient europennes ou franaises. Et de fait :
linfluence de certains groupes commerciaux sur les parlementaires europens nest plus dmontrer.Engageant 548.927 euros de budget, le groupe Philip Morris avait ainsi tabli en 2013
2 un fichier
comportant les noms des dputs europens susceptibles de rpondre aux attentes du groupe de tabac.
Ce type de pratiques, qui peut engendrer la corruption, ne saurait tre laiss sans rponses ; la socit
civile dont sont garantes ces officines doit pouvoir disposer dun droit de regard sur ces dmarches.
Linscription sur un registre parlementaire (Snatet Assemble Nationale) de toute institution proposant
ses services dexpertises permettraient ainsi de prvenir toute prise dintrts financiers ventuellement
lies aux travaux proposs dans ce cadre parlementaire. Dans cette perspective, toute intervention auprs
dlus, de leur rseau proche, devrait tre contrle, de mme que la teneur et la nature des montants
engags devraient faire loffice dun examen attentif.
Il serait galement possible de faire recours au contrle des activits de lobbying par le HATVP
(Haute Autorit pour la Transparence de la Vie Publique), qui serait en mesure de fournir un rapport annuel
sur les activits de lobbying (liste obligatoire des personnes prives ou morale consultes dans la rdaction
dun projet de loi) miseauprs de chaque commission parlementaire. Un rglement intrieur en matire
de lobbying au sein des cabinets ministriels, administrations indpendantes, administrations centrales des
ministres, publications des rapports annuels permettrait de complter cette mesure. Il en va de mme
pour la mise en place dun personnel de lobbying accrdit auprs des institutions, accompagn de la
dclaration de leurs dpenses dans leurs activits dinfluences, les financements publics perus et la liste
de leurs clients.
Le premier contrle de Transparency International (2014), qui octroyait la France la note de
2.7/10 en matire de lobbying3, fait tat de la situation dsastreuse laquelle se confronte le pays. Base
sur un examen de 65 indicateurs (conditions dlaboration des lois et dcrets en France, Parlement,
instances dcisionnelles comme les cabinets ministriels, collectivits locales,...), cette note mdiocre est
reprsentative. Intgrit des changes, traabilit dcisionnelle dans le domaine public et galit daccs
vis--vis des dcideurs publics doivent urgemment tre des perspectives atteindre. Actuellement, la
traabilit relative llaboration des lois et aux dcisions publiques restent pourtant mal value ; une
importante marge de progression reste oprer tant lchelle franaise quau sein des instances
europennes.
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Philip Morris critiqu pour ses activits de lobbying, Le Figaro, 21 septembre 2013.
3La France, mauvaise lve du lobbying, Le Monde, 21.10.14.