nos adhérents et leurs voitures christian geismar

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Nos adhérents et leurs voitures No 12 : Christian Geismar, Eldorado 1980. La bonne fée électricité a souri sur le berceau de Christian Geismar. Quittant l’école à quatorze ans avec un CEP, l'avenir de ce jeune parisien semblait obscur dans un pays obsédé par le ‘bac-bac-bac’ et la gouvernance par ‘énarque’. Mais, heureusement, apprenti chez un électricien, il se montra très vite doué pour apprendre et naturellement ingénieux, comme Kettering ou Brush. Entré à 'Electricité de France' il est monté très vite dans la hiérarchie au moment de la conversion du pays de 110 à 220 volts, dont il est devenu un spécialiste. Ainsi commencèrent ses premiers voyages en outre-mer comme conseiller technique – la cité de New York incluse. Mais, évidemment, ce chemin prit fin avec la dernière conversion et Christian a saisi l’occasion de se tourner vers l’autre pilier de notre économie moderne – le gaz naturel. Grâce à une brève expérience sur les moteurs à réaction des avions, il a été chargé de la mise en route de turbines pour la compression de gaz – une activité qui l'a emmené de la Norvège à l’Argentine, ainsi qu'à plusieurs autres

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Page 1: Nos adhérents et leurs voitures Christian Geismar

Nos adhérents et leurs voitures No 12 : Christian Geismar, Eldorado 1980.

La bonne fée électricité a souri sur le berceau de Christian Geismar. Quittant l’école à quatorze ans avec un CEP, l'avenir de ce jeune parisien semblait obscur dans un pays obsédé par le ‘bac-bac-bac’ et la gouvernance par ‘énarque’. Mais, heureusement, apprenti chez un électricien, il se montra très vite doué pour apprendre et naturellement ingénieux, comme Kettering ou Brush. Entré à 'Electricité de France' il est monté très vite dans la hiérarchie au moment de la conversion du pays de 110 à 220 volts, dont il est devenu un spécialiste. Ainsi commencèrent ses premiers voyages en outre-mer comme conseiller technique – la cité de New York incluse.

Mais, évidemment, ce chemin prit fin avec la dernière conversion et Christian a saisi l’occasion de se tourner vers l’autre pilier de notre économie moderne – le gaz naturel. Grâce à une brève expérience sur les moteurs à réaction des avions, il a été chargé de la mise en route de turbines pour la compression de gaz – une activité qui l'a emmené de la Norvège à l’Argentine, ainsi qu'à plusieurs autres destinations. Maintenant il est retraité et consultant pour l’industrie gaz naturel. Il a du temps pour ses autres passions – la restauration de sa maison dans son village bien aimé – St Dyé sur Loire - et, bien sûr, ses voitures de collection, son Eldorado de 1980 de préférence.

L’Eldorado chez elle. En pleine restauration de sa seconde maison à St Dyé, Christian n’a pas encore eu l’occasion d’améliorer la grange qui héberge ses classiques. Mais un lieu sec et sécurisé est suffisant pour la levrette de Detroit.

Page 2: Nos adhérents et leurs voitures Christian Geismar

Christian possède des Cadillac depuis des années. Il a l’habitude de les garder, chacune, longtemps. Sa première fut une Sedan de Ville ’59 (dont nous avons vu l’aileron dans le Bulletin No 13)qu' il a achetée en 1970 et vendue (‘un peu fatiguée’ nous a-t-il dit) 989.000Kms plus tard. Sa seconde fut une Eldorado de 1974 qu’il a achetée en 1976 avec 14.000 kms au compteur. Il l’a vendue dix ans plus tard après avoir parcouru plus de 250.000 Kms. Son Eldorado actuelle a roulé plus de 207.000 Kms avec Christian au volant et il en est toujours satisfait. Peut-être il remplacera-t-il sa Mercedes coupé par une Allanté ‘si une bonne occasion se présente’, mais, comme n’importe quel ingénieur, Christian connait l’art de la patience.

Elégant sous n’importe quel angle, le dessin de Wayne Kady est plein de petites touches qui nous rappellent la glorieuse tradition de Cadillac.

Son Eldorado actuelle est en parfait état, comme vous pouvez l'imaginer. La naissance de ce modèle est la conséquence de plusieurs facteurs imprévus. En 1973 les pays Arabes producteurs de pétrole, avec une unanimité extraordinaire, punirent les Etats-Unis en imposant un embargo sur les exportations du liquide vital, à titre de représailles pour les munitions offertes par ce dernier à l’état d’Israël pendant la ‘Guerre de Yom Kippur’. En quelques jours les prix à la pompe atteignirent des sommets jamais vus depuis 1887. Avec un moteur de 8,2 litres et une immense soif, Cadillac se trouvait très mal placé sur le marché.

Pour les dirigeants de General Motors il était évident que dorénavant le prix des carburants en Amérique resterait sujet aux tergiversations politiques du Moyen Orient et que Cadillac aurait besoin d’une voiture plus adaptée à une essence chère. Ainsi, pour motifs attribuables à la survivance de l’état juif - et, plus tard, la chute du Shah d’Iran (1979) - est conçue et née une des plus élégantes et sportives voitures jamais sorties des lignes de montage de Detroit depuis la 2eme Guerre mondiale : l’Eldorado de 1979, attribuée à la main de Wayne Kady, dont celle de Christian a succédé en 1980.

Cadillac avait essayé une ‘voiture personnelle’ auparavant : le très belle Eldorado de 1967, mais – comme la légendaire jeune mariée italienne – elle a encore pris de l'embonpoint chaque année et est devenue la vaste gourmande 8,2 litres de 1971. L’Eldo de 1979 est de 500Kgs moins lourde et de 50cms plus courte que sa devancière du millésime 1978 et, évidemment, avec un moteur plus petit – mais quand même de plus de 5 litres. – beaucoup plus économique en carburant.

Tristement, pendant les années ’80 Cadillac fit d'autres efforts pour créer une voiture luxueuse mais économique avec, parfois, des résultats qui marquent le point bas dans les réussites de la compagnie – mais ça c’est une histoire pour un autre jour. Restons avec la voiture de Christian : légère, belle, rapide, confortable et fiable. Rien de surprenant que notre l’ingénieur - si pratique, si calme et sage – l’ait gardée si longtemps et n’ai aucune envie de la changer.