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Revue annuelle composée pour le Noël des Anciens de Coublanc Noël 2007 Numéro 13 Samedi 15 décembre 2007b Prix minimum : 3,50€

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Revue annuelle

composée pour le Noël des Anciens de Coublanc

Noël 2007

Numéro 13 Samedi 15 décembre 2007b

Prix minimum : 3,50€

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Sommaire Le latin de notre enfance,

« Bibendum », par Bernard Berthier, page 3.

Le Vitrail de sainte Marguerite-Marie, par Régis Déal, page 4.

Le Monuments aux Morts de Coublanc (III), page 6.

Perrine Vaginay (III) : Cadolon, Chauffailles, Charlieu, page 11.

Souvenirs de jeunesse de Maurice Vouillon, page 13.

Philibert Chervier : au service des au-tres, par Andrée Chervier, page 23.

Rémy Joly, maire, par Pierre Berthier, page 26.

Souvenirs de jeunesse (I), par Antonin Auclair, page 29.

Fenaisons, par Henri Vaginay, page 33. Les Fêtadieu (III),

par Claude Chevreton, page 34.

Bernard de Boissieu, in memoriam, par Pierre Lapalus, page 36.

Les autres rubriques, liste des Anciens, des dé-

cès, naissances, mariages, contributions des élèves des écoles, mots croisés, poème final, sont à peu près à leur place habituelle...

Éditorial de Anne-Claire Millord présidente de l’association du Noël des Anciens de Coublanc

Chers Anciens de Coublanc et chers lecteurs de tout âge et de tout lieu, Notre rédacteur en chef, Bernard Berthier, me laisse la parole pour vous souhaiter, au nom de toute notre équipe, un Joyeux Noël 2007. Cette année encore, plusieurs personnes ont pris la plume pour vous concocter un nouveau numéro de votre revue annuelle. Nous espé-rons que vous l’apprécierez. Saluons particulièrement dans ce numéro la participation fidèle — troisième livraison de ses souvenirs — de notre plus que centenaire, avec un texte plein de joie de vivre. Merci aus-si à Claude Chevreton, qui écrit pour nous de-puis 1996, et une fois de plus, ne nous déçoit pas. Le colis préparé chaque année pour vous, chers anciens, est financé en grande partie par le CCAS : c’est donc un cadeau de toute la collectivité. Nous recevons chaque année des dons spontanés qui viennent soutenir nos fi-nances. Depuis 1995, la revue En ce temps-là est dis-tribuée gracieusement aux anciens de la com-mune. La revue n’a cessé de s’étoffer, de nou-veaux “auteurs” venant chaque année y contri-buer. Le nombre de pages a quasi quadruplé, et avec lui le travail demandé par l’impression. La mairie ne pouvant plus assurer toutes ces photocopies, nous faisons maintenant impri-mer la revue à Roanne. Cependant cela a un coût, qui risquerait de se répercuter sur la qua-lité du colis qui vous est offert. Nous avons donc été amenés à décider que la revue serait désormais payante, espérant ainsi rentrer dans nos frais d’impression et de fabri-cation. Nos anciens continueront bien sûr à recevoir En ce temps-là gratuitement, eux qui en sont les premiers rédacteurs. Après sa parution, la revue sera déposée chez les commerçants de la commune, où chacun pourra l’acquérir pour la somme de 3,50 euros. Il me reste à vous remercier, chers lecteurs, de l’accueil que vous ferez à notre revue. Bonne lecture !

Courrier des lecteurs Votre revue, avec tous ses articles si divers, est une chose merveilleuse ; à Chauffailles, nous n’avons rien qui y ressemble...

Mme Marie-Hélène Aulas-Duray, de Chauffailles Novembre 2007

Merci de votre appréciation. Mais souvenez-vous : il y a une vingtaine d’années, votre concitoyen, M. Henri Richard, écrivait une page de souvenirs chauffaillons, voire cantonaux, à la dernière page de chaque numéro de la revue paroissiale Regards & Dialogues. C’était un très beau travail, qui mérite-rait d’être rassemblé, ou même réédité par des Chauffaillons. B.B. La photo de couverture représente la belle maison du Bourg sur la gauche de laquelle est la l’épicerie de Michèle Bernillon. Sous l’enseigne, on voit la porte du café.

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Le latin de notre enfance Bibendum

Voici enfin, dans cette chronique, du latin qui n’est pas du latin d’Église, comme cela a été le cas durant quatre ans. Cependant ce mot doit être connu de beaucoup de Coublandis.

Bibendum ! Tous les anciens songeront im-médiatement à Michelin, et à ses pneus. Si c’est l’Anglais John Dunlop qui crée en 1889 la pre-mière manufacture de pneumatiques, c’est Édouard Michelin qui invente en 1891 le pneu démontable avec chambre à air. Succès immédiat, qui va servir le sport cycliste, et l’automobile. Mi-chelin conçoit lui-même l’Éclair, la première voiture équipée de pneus (1895), et c’est une voiture munie de pneus Michelin qui la première encore, en 1899, passe le seuil des 100km/h. Le pneu équi-pera ensuite, pour obtenir des vi-tesses très inégales, les landaus d’enfant et les fameuses micheli-nes (1929).

Mais quel rapport entre Miche-lin et ses pneumatiques, et le mot “bibendum” ?

Dès 1893, le slogan de Michelin était : « Le pneu Michelin boit l’obstacle ». En effet, le pneumatique rempli d’air atténue beaucoup les inégalités de la chaussée. En 1894, le stand Mi-chelin est installé à l’Exposition universelle et coloniale de Lyon. Une pile de pneumatiques en signale l’entrée. À sa vue, Édouard Michelin dit à son frère André : « Regarde, avec des bras, cela ferait un bonhomme ! » Quelque temps après, le dessinateur O’Galop (pseudonyme de Marius Rossillon) vient montrer à André Michelin ses projets d’affiches publicitaires. C’est une image refusée par une brasserie qui retient l’attention de l’industriel. On y voit un homme d’un bel em-bonpoint qui brandit une chope de bière en s’ex-clamant : « Nunc est Bibendum ! ». Ce buveur lui rappelle l'observation faite par son frère Édouard…

Une esquisse voit le jour en avril 1898 : le gros personnage est constitué de pneus, la chope

est remplacée par une coupe remplie de débris de verre et de clous, la phrase latine a été conservée, on voit les autres convives qui se “dégonflent”, et le slogan maison est repris : « Michelin, le pneu qui boit l'obstacle ». Bibendum est né.

Une première publicité est publiée dans la presse en 1899. Soutenu par une série d’affiches de 1901 à 1913, Bibendum devient vite l’em-blème publicitaire célèbre de la marque.

Représenté en pied, avec lorgnons et cigare à la bouche, il est décliné sous d’innombrables re-présentations. Juché sur des véhicules publicitai-res, il est présent sur les circuits automobiles et cyclistes (Tour de France) et parade au défilé du

carnaval de Nice et de celui de Pa-ris. En 1908, un bureau du tou-risme est créé et Bibendum de-vient omniprésent dans la presse et les divers ouvrages édités par la maison clermontoise. (Guides, cartes routières, itinéraires, pros-pectus, cartes postales…) Sa noto-riété ne tarde pas à franchir les frontières. À partir de 1927, son effigie est partout : chez les gara-gistes, dans les voitures, dans les maisons et sous forme de chocolat pour les enfants. Mais que signifie ce nom ? Il vient en fait du début d’une ode (I, 37)

du poète latin Horace (65-8 av. J.-C). Le futur empereur Auguste est en 31 avant notre ère vain-queur à Actium. Sa flotte de guerre a bousculé l’armada de son rival Marc Antoine rallié à la reine d’Égypte Cléopâtre. Le poète Horace, ami du vainqueur, célèbre la victoire.

Nunc est bibendum, nunc pede libero pulsanda tellus… Ce qui signifie : « Maintenant il faut boire,

maintenant il faut d'un pied libéré, frapper la terre [pour danser de joie] ». Et c’est ainsi que nous retombons sur nos pieds ; pardon, sur nos pneus. Bibendum signifie « il faut boire », comme le pneu Michelin boit l’obstacle, et la voiture, d’une roue libérée, peut désormais fouler la terre joyeusement... mais prudemment : seul le pneu a le droit de boire, pas le conducteur !

Bernard Berthier

Joyeux Noël 2007

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Vitrail de sainte Marguerite-Marie Église de Coublanc, bas-côté sud, sixième vitrail à droite en entrant.

Photographie de Mélanie Berthier et Julien Berna.

Marguerite Marie Alacoque

La sainte de Vérosvres L’image que met en scène ce vitrail, le sixième à

droite en entrant dans l’église de Coublanc, peut être vue dans de nombreuses églises, notamment à la Ba-silique Saint-Pierre au Vatican. Elle contribue à la re-nommée d’une sainte bien de chez nous : Marguerite-Marie Alacoque, née à Verosvres, dans le Charolais, le 22 juillet 1647, jour de la Sainte-Marie Madeleine. C’est donc presque naturellement qu’elle trouve sa place dans l’église de Coublanc, en tant que voisine et dans ce lien avec la patronne de la paroisse.

Dès l’enfance la « tradition » montre une fille qui se détourne de toutes les tentations humaines ; d’ins-tinct elle dédie ses actes à Dieu. Son père, décrit comme chrétien modèle, assurait par sa charge de no-taire royal une bonne position à sa famille. Quand il meurt, Marguerite est âgée de huit ans ; première épreuve terrible qui contraindra sa mère, chargée de cinq enfants, de la placer chez les Urbanistes de Cha-rolles, couvent appartenant aux Clarisses. C’est là que Marguerite parfait son attirance pour le Ciel, son dé-tachement de l’humain. Elle considère les sœurs qui l’entourent comme des saintes ; elle-même veut sui-vre ce parcours de sainteté. Il lui semble alors évident de devoir « demeurer là ». Cet attachement au monas-tère, qui marquera sa vie, est rappelé sur le vitrail par les voûtes laissant imaginer une chapelle ou l’inté-rieur d’un couvent.

Guérison miraculeuse Mais, amaigrie, affaiblie par deux années de ma-

ladie, elle devra d’abord rentrer chez elle. Quatre ans sans pouvoir marcher : elle raconte que « ses os lui perçaient la peau de tous côtés ». Devant l’absence de remède, la jeune infirme fait vœu à la sainte Vierge d'être un jour une de ses filles, si elle la guérissait : elle fut exaucée. Un jour, Marguerite s'étant assise pour dire son rosaire, sa désormais « mère » spiri-tuelle intervint : « Je m'étonne, ma fille, que tu me serves si négligemment. » Cette réprimande fait en quelque sorte partie de la construction de la sainte, puisque, de même que le montre le vitrail, c’est à ge-noux, humble et soumise, que voudra apparaître la servante de Dieu.

Même si sa lecture principale reste la vie des saints, même si elle se tourne vers les pauvres et les enfants, leur apportant soins, réconfort ou instruction, même si elle met de nouveau à profit ses dons de gué-rison pour soigner sa mère, elle redoute cette vie dans le monde avec toutes ses tentations. D’autant que sa

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famille cherchait à marier cette jeune fille de vingt ans, sans se soucier de son vœu de chasteté pronon-cé innocemment dans l’enfance. Comme pour com-battre ce dilemme, elle pratique une ascèse très sé-vère, s’appliquant des souffrances corporelles im-portantes.

C’est à l’occasion de sa confirmation, en 1669, l’année de ses vingt-deux ans, qu’elle choisit d’en-trer au service du Christ. Elle ajoute à son prénom celui de Marie, choix qui deviendra officiel dès son entrée au couvent.

La Visitation Avec l’appui tardif de son frère et surtout une

extraordinaire persévérance selon son mot, « Il faut mourir ou vaincre ! », elle finit par rejoindre la com-munauté que sa vocation lui indiquait, qui devien-drait son « cher Paray ».

Dès son entrée à la Visitation, couvent sous le patronage de saint François de Sales, elle ressent une grande paix. Les mots de la jeune fille au mo-ment de quitter définitivement sa famille témoignent de sa détermination radicale : « Je ne versai pas une larme en les quittant. Car il me semblait être comme une esclave qui se voit délivrée de sa prison et de ses chaînes, pour entrer dans la maison de son Époux. »

Dès sa jeunesse, elle voulait se rapprocher de Dieu en pratiquant l’oraison, mot qu’elle emploie d’a-bord en avouant ne pas savoir réel-lement ce qu’il recouvre. Elle ac-centue ce rapprochement même physi­quement, en se plaçant le plus près possible de l’autel. No-vice au couvent, son désir d’oraison demeure ; elle demande conseil à ses supérieures, voilà la réponse : « Allez vous mettre devant Notre-Seigneur comme une toile d'attente devant un peintre ». Marguerite-Marie reprend sa place devant le Saint-Sacrement. Sur notre vitrail de Coublanc, la clochette et l’encensoir représentés sur le sol évoquent le service de la messe. L’image du livret abandonné sur le côté rappelle que le Christ s’invite et interrompt alors la prière de la fu-ture sainte. L’idée est de nous donner à voir la com-munication directe que le Christ établit avec la sœur. Ses écrits rendent d’ailleurs compte d’un dia-logue constant entre eux. Lien renforcé à l’i-mage par l’échange des regards.

Ces apparitions ont évidemment un aspect fantastique qui n’est pas oublié par le vitrail : Jé-sus flotte dans une sorte de lévitation, tel un gé-nie oriental émergeant d’un nuage de fumée.

Mais, dans la vie réelle de Marguerite-Marie, cette dimension surnaturelle perturbe la communauté qui ne recherche rien d’« éclatant ». La novice craint même d’être renvoyée et s’en inquiète auprès du Christ qui la rassure avec esprit : « Dis à ta supé-rieure qu'il n'y a rien à craindre pour te recevoir, que je réponds pour toi, et que, si elle me trouve solva-ble, je serai ta caution. »

L’apparition du Sacré-Cœur Le Christ qui lui apparaît, une plaie ouverte sur

son cœur et les traces dans les mains et les pieds laissées par les clous de la croix que le vitrail repro-duit bien, rappelle que ces stigmates lui ont été infli-gés par les hommes et qu’il en demande vengeance. Marguerite-Marie, par de multiples mortifications, portera à son tour les blessures infligées au Christ afin d’en apaiser le courroux. Le cheminement de sainteté de la religieuse passe par la souffrance.

Cela devait mener à la révélation, le 27 décem-bre 1673, des secrets du Sacré-Cœur ; cœur enflam-mé d’amour pour les hommes, et flamme transmise à la religieuse dans la communion des cœurs : « Il me demanda mon coeur, lequel je le suppliai de prendre, ce qu'il fit, et le mit dans le sien adorable, […], il [le] remit dans le lieu où il l'avait pris.»

C’est cet épisode central qui sem-ble être représenté ici avec une main tendue du Christ dans la di-rection Marguerite-Marie, l’autre désignant justement son cœur. La religieuse, le visage ici en extase, pouvait alors se réjouir d’une nou-velle plaie, une ardente souffrance. L’illustration reste fidèle à la des-cription énoncée par la sainte qui voit le cœur « comme dans un trône tout de feu et de flammes, rayonnant de tous côtés, plus bril-lant que le soleil et transparent comme un cristal. La plaie qu'il re-çut sur la Croix y paraissait visi-blement. Il y avait une couronne

d'épines autour de ce divin Coeur et une croix au-dessus. »

Le Sacré-Cœur l’irradiait tous les premiers ven-dredis du mois ; l’occasion de renouveler par elle les mystères de la Passion, avec la mission de rache-ter les péchés des hommes par son sacrifice.

Le culte du cœur du Christ avait été initié no-

« Voici ce cœur qui a tant aimé les hommes et qui en est si peu aimé. »

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Le Monument aux morts

de Coublanc (III)

Nos morts de la guerre de 1914-1918

Nous continuons la publication des fiches des soldats de Coublanc morts durant la guerre de 1914-1918. Voici donc ceux de la troisième colonne, sur la face du monument orientée à l’est.

Pour mener nos recherche, heureusement qu’Internet existe !

Notre source première est le site Mémoire des hommes, site qui, selon ses propres mots, « est destiné à mettre à la disposition du public des bases de données réalisées à partir de la numérisation et de l'indexation de fiches biogra-phiques conservées par le Ministère de la Dé-fense. Il a également pour vocation d'honorer la mémoire de celles et ceux qui ont participé ou donné leur vie au cours des conflits de l'époque contemporaine.

Plus de 1,3 million de militaires décédés au cours de la Grande Guerre et ayant obtenu la mention “Mort pour la France” figurent sur cette base de données.

Elle a été constituée par la numérisation et l'indexation des fiches élaborées au lendemain de la Première Guerre mondiale par l'adminis-tration des anciens combattants et aujourd'hui conservées par la Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives du Ministère de la Défense.

La mention “Mort pour la France” est accor-dée, suivant certaines conditions, en vertu des articles L 488 à L 492 bis du code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de la guerre.

Des compléments ou modifications pourront être apportés à cette base, soit à l'initiative de l'administration, soit à la demande des particu-liers souhaitant exercer leur droit de rectification conformément à l'arrêté portant création du site Internet Mémoire des hommes. »

Des difficultés ou des hésitations de lecture (pour François Millord et moi-même) demeu-rent, peu nombreuses. Je les indique par des

tamment par François de Sales (1567-1623), mais c’est au XVIIe siècle, avec Jean-Eudes (1672, première fête liturgique du Cœur de Jé-sus) puis Marguerite-Marie qu’il acquiert sa place dans la religion populaire. La tâche de la religieuse est de le faire connaître. Elle sera aidée en cela par le père Claude de la Colombière (1641-1682, canonisé par Jean-Paul II le 31 mai 1992), jésuite nommé à Paray, qui sera le pre-mier membre du clergé à soutenir la moniale et à faire accepter ses visions aux autorités religieu-ses.

Le 31 décembre 1684, sœur Marguerite-Marie devient la maîtresse des novices du mo-nastère de Paray-le-Monial. Elle s’attache à convertir ses consoeurs à cet amour du Cœur de Jésus, diffuse des petites images peintes desti-nées aux sœurs et aux membres du clergé de la région, fait édifier une chapelle inaugurée le 7 septembre 1688.

Deux ans plus tard, le 17 octobre 1690, elle meurt entourée par sa communauté. Dans son agonie et dans la logique de sa volonté d’humili-té, elle demande instamment qu’on ne dévoile rien de sa vie, que ses lettres soient brûlées. Mais le Christ lui adresse une dernière épreuve : ac-cepter d’être l’intermédiaire entre lui et les hom-mes.

Notre vitrail contribue aussi à cette démarche d’honorer le Sacré-Cœur. La sombre austérité de l’habit traditionnel des moniales fait ressortir par contraste le Christ dans une toge pourpre lui don-nant une véritable stature souveraine.

Les ossements de la sainte n’ont jamais quit-té le territoire de Paray, même au moment de la dispersion de la communauté pendant la Terreur, avant de voyager par le monde à partir de 2002.

En 1864, Marguerite-Marie est proclamée bienheureuse avant d’être déclarée sainte, le 13 mai 1920, par Benoît XV.

Même si la France de la troisième Républi-que, en 1873, se reconnaît « nation pénitente » en votant l’édification de la basilique du Sacré-Cœur à Montmartre, il est bien difficile et serait même dangereux de prendre en exemple les terri-bles ascèses et sacrifices de l’existence de cette sainte parodienne.

Régis Déal (Coublanc et Villepinte)

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points d’interrogation, et je mets entre crochets les let-tres qui manquent et que j’essaie de compléter. Sou-vent, la difficulté de la recherche vient du fait que les prénoms de l’état-civil, indiqués sur la fiche, ne corres-pondent pas entièrement à ce qui est inscrit sur notre monument, qui doit être le prénom usuel. Je mets en gras ce qui figure sur le monument de Coublanc. La re-cherche a été encore compliquée par des erreurs mani-festes des fiches : quand Marius est orthographié Ma-ruis, le repérage est plus compliqué…

Dans certains cas, il m’a fallu, pour décrypter quel-ques obscurités, me référer à deux sites Internet (« Historiques des régiments » et « Pages d’histoire ») donnant la liste des régiments engagés dans le grand

conflit, avec leurs mouve-ments année par année. Nous n’avons pas pu retrou-ver sur le site Internet du Mi-nistère de la Défense de ren-seignements sûrs concernant. Auguste Thomachot. Pour Émile Puillet, la fiche proba-ble n’est pas accessible. Nous poursuivrons nos re-cherches. Plusieurs surprises. Nous avons trouvé un Charles Be-noît Joly, absent du monu-ment, né à Coublanc le 28 juillet 1893, mais dont le ju-gement a été transmis à Saint-Denis de Cabanne, où il avait dû aller s’installer. Sans doute un certain nom-bre de jeunes gens ont dû être dans ce cas, par exem-ple, celui de Auguste Clau-dius Martin, né à Coublanc le 10 avril 1893, mais résidant sans doute à Saint-Igny-de-Roche et figurant sur le mo-nument de cette commune. Au contraire, dans deux au-tres cas, figurent sur cette

troisième face de notre monument des jeunes gens nés à Coublanc mais résidant ailleurs : Antoine Marie Lacôte (Belmont) et Victor Montchanin (Maizilly) — sauf er-reur d’identification de notre part. Inversement, Au-guste Labrosse, né à Tancon, est devenu Coublandi.

La recherche qui nous a donné le plus de mal a été celle de Claudius Martin. Mémoire des hommes nous en indiquait, en plus de Auguste Claudius évoqué ci-dessus, un Claudius Martin à Saint-Igny-de-Roche. Je suis allé voir le monument de Saint-Igny. En effet, ce

Lacôte André Lacôte Antoine Lacôte Antoine-Marie Lacôte Jules Lacôte Joseph Lacôte Marc Lacôte Pierre Labrosse Auguste Lathuillière Joseph Lavenir Marius Marchand Antonin Martin Claudius Mathus Joseph Millet Joseph Montchanin Jean Montchanin Victor Perrin Claudius Perrin Francisque Poizat Jean-Marie Puillet Jules Puillet Émile Thomachot Auguste

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nom y figure, parmi les morts de 1914. Car le monument de Saint-Igny est beaucoup plus pré-cis que celui de Coublanc, peut-être parce que le nombre des morts y est beaucoup moindre. Et l’on y trouve les noms rangés par année de guerre, et pour chaque nom, la date de la mort, et souvent le lieu. Mais cela ne me satisfaisait pas, et j’ai cherché à nouveau, pour trouver en-fin un Rémy Claudius Martin, que l’on devait appeler habituellement Claudius.

J’ai voulu entrer cette année dans tous ces

détails techniques, pour faciliter les recherches de ceux qui voudraient en faire sur des ancêtres ayant vécu dans d’autres villages que Coublanc.

Pour en revenir à l’essentiel, chaque fois que l’on interviewe un ancien de Coublanc, on croise un parent ou un ancêtre mort à la guerre de 1914. Pas moyen d’échapper à ce moment historique qui a endeuillé notre village comme presque tous les villages de France.

Comme l’an dernier, nous espérons que le souvenir de ces jeunes gens prématurément em-portés dans une affreuse tourmente sera un mo-ment du moins ravivé.

Bernard Berthier Lacôte André Joseph, né à Coublanc, le 21 novembre 1884. Soldat de deuxième classe. Corps : 134ème Régi-ment d’Infanterie. Matricule 0376 au corps. Classe 1904. N°173 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 1er octobre 1914 à Bois Brûlée Commune d’Apremont (Meuse). Tué à l’ennemi. Jugement transcrit le 18 avril 1915 à Coublanc (Saône et Loire). Numéro de registre 12/8/2 Lacôte Antoine, Lucien, né à Coublanc, le 11 décembre 1888. Soldat de deuxième classe. Corps : 56ème Régi-ment d’Infanterie. Matricule 03251 au corps. Classe 1908. N°1059 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 20 août 1914 au combat de Saint-Jean de Bassel (Lorraine). Tué à l’ennemi. Jugement rendu le 18 mars 1921 par le Tribunal de Charolles Jugement transcrit le 10 avril 1921 à Coublanc (Saône et Loire).

[Il y a un pâté sur le numéro du RI. Mais, heu-reusement, le site Historiques des Régiments permet de distinguer le 56ème et le 66ème RI, grâce aux indications des mouvements de trou-pes.] Lacôte Antoine Marie, né à Coublanc, le 30 juin 1879. Soldat. Corps : 126ème Régiment d’Infanterie. Matricule 4347 au corps. Classe 1899. N°[Le] 168/170 au recrutement à Mâcon/Roanne. [?] Mort pour la France le 26 septembre 1915 à Neuville Saint-Vaast (Pas-de-Calais). Tué à l’ennemi. Jugement transcrit le 26 février 1916 à Belmont (Loire). Numéro de registre [64/49] 18/6/2 [ ?] Lacôte Félix Jules, né à Coublanc, le 15 octobre 1892. Soldat de deuxième classe. Corps : 170ème Régi-ment d’Infanterie. Matricule 346 au corps. Classe 1912. N°306 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 14 mars 1915 à Mesnil-les-Hurlus (Marne). [Village détruit] Tué à l’ennemi. Jugement transcrit le 29 octobre 1915 à Cou-blanc (Saône et Loire). Numéro de registre 56/38 Lacôte Joseph Henri, né à Coublanc, le 13 juin 1888. Soldat de deuxième classe. Corps : 334ème Régi-ment d’Infanterie. Matricule 06297 au corps. Classe 1908. N°1021 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 10 octobre 1915 au com-bat de Combat de l’Hartmannswillerkopf (Alsace). Tué à l’ennemi. Jugement transcrit le 27 février 1916 à Cou-blanc (Saône et Loire). Lacôte Marc, Émile, né à Coublanc, le 24 juin 1891. Soldat de deuxième classe. Corps : 56ème Régi-ment d’Infanterie. Matricule 6812 au corps. Classe 1911. N°1276 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 5 août 1916 devant Ver-dun (Meuse) Tué à l’ennemi.

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Jugement rendu le 18 février 1921 par le Tribu-nal de Charolles Jugement transcrit le 20 mars 1921 à Coublanc (Saône et Loire). Lacôte Pierre Marie Félix, né à Coublanc, le 18 novembre 1895. Soldat de deuxième classe. Corps : 30ème Batail-lon de Chasseurs. Matricule 6764 au corps. Classe 1915. N°3380 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 25 septembre 1916 à Cléry (Somme). Tué à l’ennemi. Jugement rendu le 3 juin 1921 par le Tribunal de Charolles Jugement transcrit le 7 juin 1921 à Coublanc (Saône et Loire). Labrosse Auguste Marie, né à Tan-con, le 13 août 1883. Soldat de deuxième classe. Corps : 48ème Artillerie de campagne. Matricule 0480 au corps. Classe 1903. N°332 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 8 décembre 1917 à l’ambulance 204 à Somme-Tourbe (Marne) Des suites de blessures de guerre. Jugement transcrit le 27 février 1918 à Coublanc (Saône et Loire). Lathuillière Marie Joseph, né à Coublanc, le 7 août 1886. Soldat de deuxième classe. Corps : 85ème Régiment d’Infanterie Matricule 0936 au corps. Classe 1906. N°675 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 7 février 1917 au Bois de la Gruerie, Vienne-le-Château (Marne). Tué à l’ennemi. Jugement transcrit le 16 septembre 1917 à Cou-blanc (Saône et Loire). Numéro de registre 906/689 Lavenir Marius, né à Coublanc, [Maruis sur le site Internet, ce qui complique la recherche, sû-rement par erreur de lecture du point sur le i] le 24 mars 1892.

Soldat de deuxième classe. Corps : 134ème Régi-ment d’Infanterie. Matricule 4805 au corps. Classe 1912. N°316 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 18 novembre 1914 à Bois brûlée [sic, et c’est juste) Forêt d’Apre-mont (Meuse). Tué à l’ennemi. Jugement transcrit le 28 septembre 1915 à Cou-blanc (Saône et Loire). Numéro de registre 52/238

Marchand Antonin, né à Coublanc, le 20 janvier 1882. Soldat de deuxième classe. Corps : 24ème Régiment d’Infanterie, venu du 150 R Infan ? Matricule 0750 au corps. Classe 1902. N°502 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 13 14 décem-bre 1917 à Urvillers Canton de Moy [inhumé ?] au Grand Séraucourt (Aisne) [ou l’inverse] Tué à l’ennemi. Intoxication par gaz Jugement transcrit le 3 mars 1918 à Coublanc (Saône et Loire). Numéro de registre 4087/394 Martin Rémy Claudius, né à Cou-blanc, le 5 juin 1894. Soldat de deuxième classe. Corps : 149ème Régiment d’Infanterie 3ème Cie ou Bat ? Matricule 9509 au corps. Classe 1914. N° 825 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 10 juin 1915 à Aix-Noulette (Pas-de-Calais) Tué à l’ennemi. Disparu au combat. Jugement rendu le 20 mai 1921 Par le Tribunal de Charolles. Acte ou jugement transcrit le 9 juin 1921 à Coublanc (Saône-et-Loire)

Mathus Léon Joseph, né à Coublanc, le 14 janvier 1893. Soldat de deuxième classe. Corps : 2ème groupe d’aviation. Parc de combat 114 Matricule 14022 au corps. Classe 1913. N°546 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 20 juillet 1917 au Centre

Cyrille Auclair, un grand gaillard de 1,90 m, tué dès

août 1914

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hospitalier Fleury-sur-Aire (Meuse). Blessures de guerre. Jugement transcrit le 27 septembre 1917 à Cou-blanc (Saône et Loire). Millet Pierre Marie Joseph, né à Coublanc, le 23 avril 1894. Soldat de deuxième classe. Corps : 35ème RÉGI-MENT D’INFANTERIE [dessous] 149ème Régi-ment d’infanterie. Matricule 19796 au corps. Classe 1914. N°830 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 21 mai 1918 à Dicke-busch (Belgique). Tué à l’ennemi Jugement transcrit le 28 août 1918 à Coublanc (Saône et Loire). Montchanin Jean Sylvain, né à Coublanc, le 5 janvier 1893. Soldat de deuxième classe. Corps : 149ème Régi-ment d’Infanterie 5 b[ataill]on. Matricule 2051 au corps. Classe 1913. N°542 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 6 février 1915 à l’Hôpital Sainte-Barbe à Bruay (Pas-de-Calais). Suite de blessures de guerre. Jugement rendu par le Tribunal DC Jugement transcrit au dernier domicile à Cou-blanc (Saône et Loire). Numéro de registre 486/65 Montchanin Victor, né à Coublanc, le 2 avril 1880. Soldat de deuxième classe. Corps : 20ème Batail-lon de Chasseurs à Pied. Matricule 3196 au corps. Classe 1900. N°517 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 25 septembre 1915 au Combat de Souchez (Pas-de-Calais). Tué à l’ennemi. Jugement transcrit le 20 février 1916 à Maizilly (Loire). Numéro de registre 3147/1384/873/401 Perrin Claudius Victor, né à Coublanc, le 18 juillet 1889. Soldat de deuxième classe. Corps : 79ème Régi-ment d’Infanterie, 11ème Cie. Matricule 07231 au corps. Classe 1909. N°1260 [ ?] au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 26 septembre 1915 à Massiges [ ?] et Ripont Beauséjour (Marne). Tué à l’ennemi.

Jugement transcrit le 16 décembre 1915 à Cou-blanc (Saône et Loire). Perrin Francisque Pierre, né à Coublanc, le 10 septembre 1887. Sergent. Corps : 334ème Régiment d’Infanterie. Matricule 05604 au corps. Classe 1907. N°697 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 24 juillet 1917 à Craonne (Aisne). Tué à l’ennemi. Jugement transcrit le 11 octobre 1917 à Cou-blanc (Saône et Loire). Poizat Jean-Marie, né à Coublanc, le 22 septembre 1885. Soldat. Corps : 370ème Régiment d’Infanterie. [Note : régiment touché par les mutineries dans l’été 1917] Matricule 06690 au corps. Classe 1905. N°390 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 21 août 1917 à l’Amb[ulance] 13/8 et P.227 à Chassenny (Aisne). Blessures de guerre. Jugement transcrit le 14 octobre 1917 à Cou-blanc (Saône et Loire). Puillet Jules Marius, né à Coublanc, le 21 septembre 1894. Soldat de deuxième classe. Corps : 346ème Régi-ment d’Infanterie, venu du 4ème Régiment d’artil-lerie. Matricule 11282 au corps. Classe 1914. N°836 au recrutement à Mâcon. Mort pour la France le 16 juillet 1918 à la Ferme des Étangs (Aisne), Commune de Connigis (Aisne). Tué à l’ennemi. Jugement transcrit le 15 novembre 1918 à Cou-blanc (Saône et Loire). Puillet Louis Émile, né à ? Fiche pas disponible. Né le 17 mai 1891 — si c’est bien notre concitoyen. Thomachot Auguste, né à Coublanc. Pas de fiche.

Déjà la pierre pense où votre nom s'inscrit Déjà vous n'êtes plus qu'un mot d'or sur nos places Déjà le souvenir de vos amours s'efface Déjà vous n'êtes plus que pour avoir péri Louis Aragon, Le Roman inachevé, 1956

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Dans les deux derniers numéros, nous avons présenté la jeunesse de Perrine Vaginay, racontée par elle-même. Voici le troisième volet du triptyque de la vie de Perrine la centenaire, qui nous mènera jusqu’à aujourd’hui. Un grand merci à tous ceux qui ont contribué à rendre possible cet article en trois livraisons, et surtout à Perrine elle-même.

Pendant la guerre j’ai donc tenu la cantine de

l’usine de 1939 à 1944 ; au cours de cette pé-riode, en 1943, est née ma fille Renée.

À partir de 1945, je suis retournée à l’usine de Cadolon à l’ourdissage jusqu’à la naissance de mon fils Michel en 1950. J’avais alors 44 ans et mon mari 49.

Après la naissance de mon fils, j’ai fait du tricotage à domicile pour un atelier de Saint-Denis-de-Cabanne chez Mme Lebreton, qui ré-side aujourd’hui à la maison de retraite de Char-lieu au même étage que moi.

J’ai passé mon permis de conduire en 1954 et nous avons acheté une « Juva 4 » et après une « 2 CV ».

Je suis retour-née travailler à l’usine de Ca-dolon en 1955. J’y ai fait un peu tous les métiers relatifs

au tissage. Ensuite je suis allée à Saint-Igny-de-Roche dans les années 1960 et j’ai fini ma car-rière à Maizilly à l’usine de Michaudon en 1965. Je me suis arrêtée de travailler cette année-là, à la suite d’une attaque, suivie de ma retraite et de celle de mon mari survenue la même année. De toute façon, la cotonnière de Cadolon ferma défi-nitivement ses portes en 1966 après avoir fait faillite et au début de la crise des métiers du tis-sage. À cette même période, le quartier de Cado-lon situé sur Saint-Igny-de-Roche perdit la plu-part de ses habitants.

En 1972, nous avons déménagé pour habiter de l’autre côté du pont de Cadolon, côté Cou-blanc, dans la maison de Madame Pion, que mon

fils a acheté en 1986, après le décès de cette der-nière.

Avec d’autres retraités, nous avons créé le club des Anciens de Coublanc qui nous permet-tait de nous réunir une fois par mois, il me sem-ble, à la salle pour tous à Coublanc. Avec le club, nous faisions soit des parties de belote cha-que mois, soit un voyage chaque année, et il y avait aussi le repas des an-ciens une fois par an.

Mon mari est décédé en juin 1987 à 86 ans, l’an-née où mon fils et sa fa-mille sont ve-nus habiter dans la mai-son, ce qui m’a permis de ne pas rester seule. À partir de là, je ne suis plus re-tournée au club du troisième âge. Par contre, jus-qu’en 1999, j’ai continué régulièrement de jouer aux cartes chez moi, entourée d’amis (M. et Mme Tissier, Mme Gaillard, M. et Mme Guillard et d’autres personnes que ma mé-moire a oubliées).

C’est à cette époque, en août 1999, que je me suis cassée le col du fémur et ne pouvant rester à la maison, je me suis décidée à aller en résidence pour personnes âgées au Belvédère de Chauffail-les. J’ai passé de très bons moments, comme d’ailleurs les années d’avant, entourée de ma fa-mille, du personnel, des infirmières, des aides à domicile et des autres résidents, dont certains me rendaient souvent visite. C’est d’ailleurs au Bel-védère que l’on a fêté mon centenaire le 12 octo-bre 2006, jour dont je garde un souvenir impéris-sable. Le week-end suivant, nous avons fêté cela avec mes trois enfants, mes sept petits-enfants, et

Perrine Vaginay (III)

À Cadolon, Chauffailles et Charlieu De la seconde guerre mondiale à aujourd’hui

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mes quatre arrière-petits-enfants. Il y avait en-core deux de mes sœurs, Thérèse, âgée de 91 ans (qui est décédée depuis) et Ninette, âgée de 90 ans, qui vit toujours dans le midi de la France, ainsi que quelques neveux et nièces. Quel souve-nir ! Je ne trouve même pas les mots pour vous parler de cette journée inoubliable.

Depuis avril 2007, suite à une hospitalisation, je me suis retrouvée à l’hôpital de Charlieu en médecine et ensuite en long séjour (maison de

retraite), car je ne pouvais plus rester seule au Belvédère. Je vis mon petit train-train quotidien avec des animations (gymnastique, travail de la mémoire et la messe de temps en temps), des vi-sites régulières de ma famille et des amis. D’ail-leurs, il règne ici une très bonne ambiance. Nous avons fêté à Charlieu mon 101ème anniversaire ainsi qu’en famille, avec un repas au restaurant de Cadolon, ce qui m’a rappelé de très très bons souvenirs. D’ailleurs la salle de restaurant où nous avons mangé était l’ancienne boucherie de Noël et Noëlla Fouilland dans la période de l’a-près-guerre.

Ainsi va ma vie depuis le 12 octobre 1906, avec tous les bons et mauvais souvenirs, mais surtout les bons, entourée de gentillesse et d’a-mour.

Propos recueillis à la maison de retraite de

Charlieu par Michel Vaginay, le vendredi 9 no-vembre 2007 et mis en forme et communiqués

par Fanny Vaginay.

On s’en souviendra . Les scouts

Fin juillet, une troupe de vingt-cinq scouts de Villefranche-sur-Saône s’est installée en bas de La Roche, non loin du moulin de l’Orme, près du Pontbrenon, sur un terrain de Jean-Michel Plassard, pour un camp de quinze jours. Ils ont joué... aux pirates !

L’été pourri Au printemps, la sécheresse menaçait.

Heureusement et malheureusement à la fois, la pluie est venue, de mai à août, entravant les récoltes. Les derniers foins ont été retar-dés, par exemple jusqu’au 7 septembre pour Christophe Chavanon. Un record ?

On a volé la Vierge ! Non ! Si la Vierge et Bernadette ont dis-

paru de la grotte de Lourdes de Coublanc, c’est pour la bonne cause : leurs statues ont été gracieusement repeintes à Roanne, et remises en place à temps pour le 15 août.

Plaque commémorative à la Maison des Anciens

Après un début d’année marqué par la fin de la nouvelle tranche de travaux, et le dé-part à le retraite de deux “piliers” coublandis du personnel, Jeannine Lacôte et Ginette Perrin, la journée portes ouvertes du samedi 29 septembre 2007 a été l’occasion pour MM Jean Lautrey, maire de Coublanc, Jean-Marc Nesme, député de la circonscription et Yves Flaux, directeur de l’établissement, de découvrir une plaque commémorant la créa-tion de la MA, que je transcris :

Maison fondée en 1972 / par l’Association d’Entraide aux Personnes Agées / de Cou-blanc - St Igny de Roche / Président fonda-teur : Monsieur Jean LAUTREY / Maire de Coublanc / Inaugurée le samedi 26 Mai 1973 par / Philippe MALAUD - Ministre de l’Informa-tion / et Jacques PATAULT - Préfet de Saône et Loire / Devenue Etablissement Public Au-tonome Communal / le 01 Janvier 2005

Le site Internet de Coublanc Le site de Claude Franckart, relooké pour

la troisième fois, a vu son 10000ème visiteur cette année. Il continuera de publier l’édition numérique de En ce Temps-là. Bravo !

Bernard Berthier

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Je suis originaire de Mussy. Mes grands-parents, mes parents étaient agriculteurs à Mussy dans le hameau des Trouillets. Mon père, Jean, avait lui-même huit frères et sœurs, dont un était parti à Paris pour y être boulanger. Nous étions cinq frères et deux sœurs et j’étais le troisième de la fratrie. Plus tard, trois de mes frères allaient à leur tour devenir boulangers à Paris. Ma mère, née Marie Laroche, attendait impatiemment une fille mais c'est moi qui suis venu ; ce qui fait que quand j'étais un petit peu plus grand, c'est moi qui faisais la vaisselle et qui aidais la maman. Je suis né le 25 novembre 1927. J’aurai donc bien-tôt 80 ans.

Une enfance à Mussy Je suis allé à l'école au bourg de Mussy, à

l'école publique : il n’y en avait pas d’autre. Le premier instituteur que j'ai eu s'appelait M. Allier. Le suivant M. Julliard ; il était l'insti-tuteur des garçons ; sa femme était l'institutrice de l'école des filles. Un de leurs fils a été conseil-ler général avec Jean Lautrey. Un jour d'hiver où il avait fait -15°, une bouteille d'encre avait gelé dans un placard de la classe. L'instituteur l’a mise à chauffer sur le poêle de la classe ; nous étions trois à nous chauffer les mains auprès de ce poêle. Tout d'un coup la bouteille dont l’insti-tuteur avait oublié de retirer le bouchon explose ! Nous avons été aspergés au visage par de l'encre, et l'un d'entre nous a même reçu dans la joue un petit éclat de verre. Cela aurait pu être bien pire… L’instituteur a demandé à sa femme de nous nettoyer soigneusement nos visages écla-boussés. Cet instituteur nous a présentés au certi-ficat d'études ; c'était en 1939 ; j’avais 11 ans et demi. L'épreuve s'est passée le 4 juin, un petit peu en avance car il y avait des rumeurs de guerre. L'instituteur voulait ensuite me faire sui-vre mes classes, continuer mes études à Roanne à la rentrée de l'automne, et il venait en parler avec mes parents. Mais à cause de la guerre qui approchait, et qui a commencé le 2 septembre, on disait que Roanne et son Arsenal seraient bombardés : cela m’a dégoûté de l’idée d’y al-ler… Finalement, je suis resté à Mussy.

L'été je travaillais à la ferme. Mais les hi-vers, je suis retourné en classe : l'instituteur me

donnait des cours d'algèbre et moi je faisais lire les jeunes élèves, ce qui était d'autant plus nor-mal qu'il y avait parmi eux quelques jeunes frè-res.

Nous portions notre grain à moudre au mou-lin Robin à Chassigny, à un kilomètre de chez nous. Ce Robin habite maintenant Chauffailles. Nous l’emportions dans la voiture à cheval, et rapportions trois ou quatre sacs, environ 200 ki-los de farine. Nous recommencions l’opération quand notre réserve était finie.

À Mussy, il y avait un marchand de bestiaux, le maquignon Jean Belleville, qui me demandait de temps en temps, pour que j’aille dans les foi-res avec lui. Il m’y emmenait dans sa traction — c’était l’époque où il y avait encore des camions au “gazo” (au gazogène), par exemple Burdin, le transporteur de matériaux, en avait un. Mais pour le retour Belleville embauchait un autre gars sur place et cet autre gars et moi devions ramener les dix ou quinze bêtes qu’il avait achetées, à pied, par la route, par exemple celle de Chenelette, où il y avait une foire, jusqu'à Mussy. On faisait du quatre ou cinq kilomètres à l’heure ; il y avait toujours une bête qui s'égarait à droite ou à gau-che ; il fallait courir pour la ramener dans le lot. Heureusement à l'époque il y avait très peu de voitures sur la route. C'était vers 43, 44 ou juste après la guerre. Le même maquignon avait égale-ment des prés, à Saint-Christophe-en-Brionnais ; on y emmenait aussi des bêtes, à pied, par les routes ou les chemins de traverse.

À la ferme, chez mes parents, on plantait deux à trois hectares de pommes de terre. On avait toujours une quinzaine de cochons “à l’en-grais”, que l’on nourrissait uniquement avec les produits récoltés chez nous, sans acheter aucun granulé : des patates, bien sûr, mais aussi du sei-gle, de notre son récupéré chez le meunier, du lait écrémé. On faisait donc cuire environ cent kilogrammes de pommes de terre tous les jours. Donc pour alimenter la chaudière et le four à pain — car on cuisait aussi notre pain, et j’ai pé-tri la pâte bien souvent — on faisait au moins mille fagots tous les hivers dans nos taillis des alentours. Je me rappelle aussi avoir emmené nos cochons gras à Chauffailles pour les livrer à leurs acheteurs, après les avoir pesés à la bascule, à l’hôtel-boucherie Barbin, dans la grande rue, à

Souvenirs de jeunesse de Maurice Vouillon

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gauche en venant de Mussy ; cela faisait environ cinq kilomètres à pied : les cochons, qui se sou-lageaient tout le long de la route, arrivaient bien à jeun — et moins lourds — pour être pesés. Ils avaient les sabots abîmés par cette marche inha-bituelle et par le gel. Les derniers hectomètres étaient difficiles parce qu'ils étaient fatigués et il fallait les motiver à coups de trique.

La guerre Un matin de 1940 mon père rentre en vitesse

de Chauffailles, avec une mauvaise nouvelle : « Le viaduc va être bombardé cet après-midi ! » Nous sommes tous partis dans le bois de Dreuil-lien, du côté de Varennes, pour échapper au bombardement qui risquait d'atteindre notre mai-son, située à moins d’un kilomètre du viaduc. Mais heureusement il ne s’est rien passé.

Pour échapper au STO, qui a été institué au milieu des années de guerre par le gouvernement de Vichy à la demande de l’occupant allemand, mon père avait fait embaucher mon frère aîné, Robert, comme commis chez une femme de prisonnier à Mus-sy, chez Marcel Demurger : c’était un moyen autorisé pour ne pas partir en Allema-gne. En réalité mon frère n'y a pas fait grand-chose car ce Démurger n'était pas un paysan, mais un maçon, et il n’y avait donc rien à faire chez lui !...

Ensuite mon frère a dû monter la garde sur le viaduc avec mon père, avec des triques, à la de-mande des autorités de Vichy. Il y avait des tours de garde planifiés, nuit et jour, et la durée de la faction était de deux heures. En effet le maquis menaçait les voies ferrées et même une fois il a fait dérailler le train entre Chauffailles et le via-duc ; nous, les jeunes, avons eu la sottise d'y al-ler à vélo : c'était très risqué, car les Allemands patrouillaient avec leurs armes, pour dénicher les responsables.

Mon deuxième frère s'appelait Honoré, comme un vieil oncle tué à Verdun en 1916. Ho-noré est parti comme apprenti boulanger à Paris, à Clichy plus précisément. Car à Paris nous avions beaucoup de famille ; beaucoup de Vouil-lon s'y étaient installés, ou exilés.

Pour ma part quand mon travail à la ferme paternelle était fini, quand j'avais du temps de

libre, j'allais m'employer à la journée à droite et à gauche dans les fermes. J'étais payé mais ce n'était que de l'argent de poche.

Le service militaire Quand j'ai eu vingt ans, deux ans après la fin

de la guerre, j'ai dû faire mon régiment. Cela a commencé le 5 décembre 1947 à Verdun dans la Meuse. Mon service devait durer un an. J'étais au 40ème régiment d'artillerie. J'avais un camarade qui venait de Saint-Laurent et un autre de Saint-Symphorien-des-Bois. J'en ai retrouvé un autre de Mars mais qui avait déjà deux mois de fait : c'était un Guerre. La Saône-&-Loire avait un ré-gime particulier et les jeunes gens y commen-çaient leurs services avec deux mois de retard sur les autres, car le département était considéré comme un département agricole ; il fallait qu'on ait fini les grosses tâches de l'automne.

Au mois de mars nous avons fait des ma-nœuvres à Suippes dans la Marne. Il y a là-bas de grands terrains de manœu-vres et des champs de tir. On allait chercher les obus à Mourmelon (dans la Marne, aussi). En tant qu'artilleurs, nous nous ser-vions du canon de 75. J’é-tais pointeur. On tirait sur de vieux véhicules hors d’usage de la guerre de 14. On s'asseyait sur deux siè-ges fixés au canon, qui

était monté sur roues et bloqué à l’arrière, ou an-cré dans le sol, par une “bêche”. Je pointais avec la mire. Mon camarade, le serveur, déclenchait le coup de feu avec une ficelle. L’engin bondissait, le canon reculait d’un mètre et la première fois, dans notre inexpérience, et en l’absence de cein-tures de sécurité, nous avons été précipités un mètre en l'air, sous l'effet de la surprise et de la violence du coup. Je portais tout juste un casque lourd ; les oreilles n'étaient pas protégées du tout. Je ne me suis pas tout de suite rendu compte que j'avais perdu de l'audition. Mais au cours de ces quinze jours de manoeuvres et des tirs, à plu-sieurs reprises mes oreilles ont saigné. Le méde-cin O.R.L. que j’ai consulté plus tard à Roanne m'a dit que ces saignements étaient le signe que les tympans en avaient pris un coup et que ce n'était pas réparable. Après quatre mois de régi-ment, on a eu droit à une permission. On était revenu tout sales des jours de manœuvres, on

Un canon de 75, où l’on voit au moins un artilleur installé dessus.

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avait déchargé à la gare de Verdun le matériel qu’on avait chargé à Sainte-Menehould, et c’est au dernier moment que l’on nous avait annoncé la permission. Il avait fallu se mettre en tenue militaire de sortie sans se laver, courir à la gare de Verdun et faire la queue à trois cents au gui-chet de la gare ; le train nous avait attendus… En permission, on n’avait pas le droit de prendre la tenue civile, elle restait dans la valise jusqu’à la libération. Mais quand on a vingt ans, on est fier de se présenter au pays en tenue militaire, avec la fourragère à l’épaule !

Quelques jours plus tard, nous sommes re-tournés à notre caserne, en traînant un petit peu à l'arrivée du train : nous nous sommes permis d'aller au cinéma avant de rentrer à la caserne. On nous a passé un savon.

Je me souviens d’une autre anecdote : un ad-judant nous montrait comment se servir des gre-nades, et il se moquait de notre maladresse. Pour nous montrer le geste, il prit lui-même une gre-nade, la dégoupilla, et recula le bras pour la lan-cer ; mais il s’accro-cha à un arbuste, et la grenade tomba tout près de nous : « Couchez-vous! Tous à plat ventre ! » cria-t-il aussitôt. La grenade éclata, et blessa un peu un ca-marade. « Quel est le couillon qui a fait ça ? », cria le com-mandant. L’adjudant se dénonça…

Le 4 août 1948 fut appliquée une loi qui voulait que l’appelé sous les drapeaux qui appartenait à une fa-mille de sept enfants soit considéré comme libérable jusqu'à la fin de son année normale de services. J'ai donc été libéré à ce titre, quatre mois avant la fin de mon service, mais, à la fin d'octobre, l'armée m'a rappelé, pour des raisons exceptionnelles. Je suis reparti de Mussy le 30 octobre. Je m'en souviens car j'ai passé la nuit du 30 au 31 dans le train pour rejoindre Verdun de nuit. Le temps de reprendre la tenue militaire, nous sommes repartis avant le jour, par la route, pour arriver à Montceau-les-Mines au petit matin le jour de la Toussaint. Je me souviens très bien

de la date d’arrivée, car nos véhicules militaires croisaient les gens qui allaient au cimetière por-ter des fleurs avec leurs petits barraux.

Nous avons fait route avec toutes sortes de vieux véhicules qui dataient de la guerre de 14 et qui tombaient très facilement en panne. Il y avait des petit tanks, des auto-moteurs armés de mi-traillettes, des half-tracks dont certaines chenilles se déboîtaient au bout de quelques kilomètres, des véhicules en si piteux état qu’il fallait les faire suivre par des soldats équipés comme des pompiers au cas où les moteurs prendraient feu… À Montceau-les-Mines, nous devions sur-veiller les mineurs en grève de longue durée. Le gouvernement craignait que les poudrières et les puits de mine ne soient sabotés par des mauvai-ses têtes. Nous logions dans un garage à vélo pour les mineurs ; ce garage était libre puisque les mineurs étaient en grève. D'un côté il y avait les gendarmes ; de l'autre, nous, les troufions. Du côté des gendarmes il y en avait un de Chauffail-les, que j'ai retrouvé. On est resté à Montceau-

les-Mines de la Toussaint jusque vers le 20 no-vembre.

J'ai été démobilisé le 5 décembre 1948. Fina-lement j'avais fait une année de service.

Jardinier à Mably Cependant j’étais un peu de trop à la mai-

son : mon père avait l'aide de mon frère aîné. Il a fallu que je songe à trouver du travail. Un jour, je lis une petite annonce sur le Pays Roannais : un jardinier de Mably demandait un aide. C'était en

La maison Cotes à Mably, dans son état actuel, où l’on repère le château d’eau à droite. Le petit toit au centre abritait la pompe en contrebas. La chambre de Maurice

était sous le petit toit séparé, en fait la fenêtre le plus à droite au premier étage.

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mars 1949. Je suis parti le lundi matin à vélo pour trouver ce jardinier, nommé Cotes, et habi-tant sur la route de Roanne au bourg de Mably, dans le quartier des Sables (aujourd’hui, rue Vic-tor Hugo). Le père qui avait entre 50 et 60 ans s'appelait Joseph. Mais c'était le fils Pierre, mais on disait plutôt Albert, qui avait 28 ans, qui était maintenant le patron ; le père se contentait, avec le vieux voisin, d’en face, lui aussi jardinier, de se traiter de “brelot”, mais il travaillait tout de même. J'ai été immédiatement embauché pour un mois à l’essai. Au bout d'un mois les patrons ont accepté de m'embaucher définitivement mais j'ai demandé une petite augmentation par rapport à ce qu’on me proposait, afin d'avoir un salaire an-nuel qui soit à peu près celui d'un ouvrier de ferme à l'époque, entre 100 000 et 120 000 an-ciens francs. Avec mes premiers salaires j'ai pu m'acheter une montre.

J'habitais chez ces jardiniers dans leur mai-son du quartier des Sables. En plus de mon sa-laire j’étais nourri et couché. La propriété for-mait un enclos de 13 000 m² entourée par un mur de 1,50 m de hauteur. La surface entière était bê-chée à la main. Il y avait une maison et à côté une dépendance constituée d'un grand garage et d'une pièce pour entreposer et préparer les légu-mes. Mes patrons, Albert et son épouse, faisaient le marché à Roanne le mardi et le vendredi. En allant au marché, on livrait les épiceries en pri-meurs. Le dimanche matin, mes patrons allaient au marché à Coutouvre. Je n'y suis allé moi-même que lorsque la patronne a été enceinte de son petit Gérard.

J'ai appris à conduire à Roanne, à l'auto-école Chaumienne, vers l'église Saint-Louis, la deuxième année de mon séjour à Mably. J'ai pas-sé mon permis en 1950. Pendant quelque temps, quand mon patron a été malade, c'est moi qui emmenais la patronne au marché : je la déposais à sept heures du matin ; je retournais travailler sur l'exploitation ; et je revenais la chercher vers midi ou une heure. Ce n'était pas rien, à cause du tramway de la rue du lycée. Il était sur ses rails et prenait presque toute le passage. Le marché se tenait place de l'Hôtel de Ville.

Nous cultivions toutes sortes de légumes, salades, radis, raves, potirons, céleris, tomates, patates, asperges, et surtout les petits oignons.

Pour les asperges il y avait 1000 m² de réser-vé : 20 rangées de 50 m de long. Pour les radis, le patron avait délimité une bande d'1,50 m de large tout le long du mur ; et cela a été mon pre-mier travail de ramasser les radis. Le patron avait

préparé une planche surélevée aux extrémités, sur laquelle on s'agenouillait pour ramasser les radis à droite et à gauche sans écraser le sol.

Le terrain est très sableux, mais le patron, comme tous les jardiniers du voisinage — il y en avait une bonne centaine dans les alentours de Roanne —, l’enrichissait grâce aux “gandouzes” de la ville de Roanne. Il y avait à l'époque un ca-mion, un vidangeur, pour transporter les gandou-zes de Roanne et des environs, et le patron en faisait remplir un grand réservoir dans le coin de la propriété, et de ce réservoir le produit passait dans des bachasses régulièrement disposées ; mais aussi le camion venait vider son contenu sur les rangs d’asperges débutées dans l’hiver. Le liquide se répandait sur toute la parcelle et mettait du temps à s’enfoncer dans le sol….

Le patron embauchait des femmes les veilles du jour de marché pour préparer les bottes de ra-dis ou ramasser les haricots. Il embauchait aussi de bons vieux du coin qui aimaient à rigoler : c’était des retraités de l’Arsenal, avec qui, quand on avait fini, on mangeait la saucisse avant d’al-ler se coucher.

Les oignons À l'époque Roanne et Mably était un pays

spécialisé dans la production des petits oignons à repiquer. Mon patron semait 13 kg de graines à la mesure, c’est-à-dire sur les 1000 m² réservés à cette culture. Le semis avait lieu en février - mars. On n’éclaircissait pas les pousses, car le but était que les oignons restent petits. On dés-herbait à la main les carrés qui avaient à peu près la largeur d'une table. On se mettait à genoux dans les allées qui les séparaient. Pendant une semaine entière on restait à travailler à genoux. Les oignons étaient récoltés au mois d'août par beau temps. On se servait d’un racloir pour les déraciner, et on les laissait sécher sur le sol pen-dant deux ou trois jours puis on les rentrait au grenier sur des claies.

Alors on attendait l'hiver et ses grands gels. On montait dans le grenier, on frictionnait les petits oignons par grappes dans les mains, pour faire tomber la poussière et les tiges. On les pas-sait ensuite dans une espèce de vannoir. Il y avait beaucoup de travail fait à la main : il ne fallait pas s’oublier à se frotter les yeux ! À la veillée, jusque vers dix ou onze heures, on en mettait sur une table autour de laquelle on s’installait. On prenait les oignons un par un pour casser le reste de la queue et supprimer la chevelure de racines. Il fallait que les oignons soient propres et présen-

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tent bien… Parfois on préparait ainsi cent kilo-grammes en un soir d’oignons à repiquer.

En effet ces oignons n’étaient pas faits pour la consommation directe, mais ils étaient achetés par des marchands d’oignons à repiquer, qui ve-naient à Roanne et qui en avaient commandé au-tant à plusieurs jardiniers des environs. Un cer-tain Crétin, à Charlieu, faisait ce commerce : il passait donc des commandes à plusieurs jardi-niers, afin de préparer un wagon entier pour tel jour. Il fallait donc que nous soyons prêts à li-vrer. Ces oignons ont été vendus dans toute la France et même peut-être à l'étranger. Certains de ces oignons, qui avaient une plus grosse taille que les autres et qu'on appelait cannelards, étaient mis à part. On peut estimer que sur une tonne, il y en avait cinquante kilogrammes. Mais ils n’étaient pas perdus. On les replantait en pre-mier au printemps pour les faire germer en été et récolter les graines pour l'année suivante. En ef-fet je vous ai dit qu'il fallait 13 kg de graines. Le reste des oignons était criblé et rangé par catégo-rie de diamètre. Le prix variait en fonction du calibre.

Nous avions aussi beaucoup de carottes. L'hiver on les arrachait avant la gelée puis on les mettait soigneusement plus profond en terre, en rangs, avec les fanes pas tout à fait entièrement enterrées, en lignes : cela faisait un petit peu d'aération dans la rangée. En été il fallait arroser le jardin. Il y avait un puits et un château d’eau : l'eau était montée du puits jusqu'au réservoir en hauteur par une pompe électrique. Une fois, alors que je rentrais de mon travail juste avant l’orage, avec ma pelle sur l'épaule, l’éclair a frappé le fer de ma pelle. J’ai voulu au passage devant le bas-sin voisin du puits et de la pompe, où un bec ver-seur faisait tomber de l’eau, me rincer les mains. Je les ai vite retirées : la foudre avait fait griller la pompe et un court-circuit électrisait l’eau du bassin. Aussitôt j'ai prévenu le patron.

Repos Les dimanches, je rentrais à Mussy, sauf quand il

y avait beaucoup de neige. En été, je partais en vélo à cinq heures du matin ; je mettais environ une heure quarante-cinq pour atteindre Mussy. Au retour il me fallait une heure trente : il y avait plus de descente. J’aimais arriver tôt à la maison paternelle, pour réveiller tout le monde ! En hi-ver, je prenais le car — c’était déjà un car Mi-chel qui passait au quartier des Sables et m'em-menait à Chauffailles, d'où je prenais le train pour Mussy. Il m’est arrivé aussi d'aller prendre

le car Vallier à Châteauneuf. Le dimanche, quand j'étais arrivé, je pouvais donc aller à la messe à Mussy et parfois même aux vêpres dans l'après-midi, mais nous allions aussi en vélo, en suivant le viaduc et en passant sous le tunnel de la voie du chemin de fer, ce qui était tout à fait interdit ; avant d’entrer dans le tunnel, on écou-tait si un train n’arrivait pas… On suivait les voies jusqu'à Chauffailles pour assister à une séance de cinéma. Il y avait la salle “Le Foyer”, salle aujourd'hui fermée et qui est devenue une classe de l'école privée, et “Le Palace“, salle qui existe toujours au même endroit. Je rentrais le lundi matin à vélo, j'arrivais à temps pour le tra-vail.

D'ailleurs mes patrons étaient gentils : ils comprenaient que j'aie besoin d'un peu de temps, même le samedi soir s'il me fallait prendre le car, et me permettaient de partir à 17 h 30. Ils m'ont autorisé aussi à prendre un peu de temps dans la journée pour mes leçons d’auto-école. Nous nous entendions bien. L'essentiel était que le reste du temps je sois au travail avec eux. Les heures de travail n'étaient pas comptées…

Je suis demeuré trois ans dans cette entre-prise de jardinage. Cela a duré jusqu’à mes fian-çailles en février 1952. Je me suis marié en mai de la même année.

La maison existe encore, et peut-être est-elle habitée par le fils qui est né quand j’étais em-ployé dans cette entreprise de jardinage. C’é-taient plus des jardiniers que des maraîchers, mais on achetait cependant des fruits à des gros-sistes pour les vendre au marché ou aux épiciers-primeurs de notre clientèle. À l’époque, Roanne et Mably étaient donc un centre important de production des petits oignons. Ce n'est plus le cas maintenant. Maintenant, toutes les semences suivent des normes phytosanitaires. Il n'est plus possible pour n'importe quel jardinier de pro-duire des petits oignons à replanter…

Propos recueillis auprès de Maurice Vouillon, par Bernard Berthier, à l’Orme,

en compagnie de Juliette Chervier-Vouillon, le vendredi 16 novembre 2007

Le locataire actuel du terrain Cotes, M. Dupuis,

m’a dit, vers le 20 novembre, qu’à ses débuts comme aide de M. Cotes, il faisait encore des oignons, et qu’on se servait encore des gandouzes de Roanne. C’était en 1962 ou 1964. B.B.

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Les grandes joies de la vie

Neuf naissances d’enfants domiciliés à Coublanc (dont 5 garçons et 4 filles) ont été enregistrées à la Mairie, en 2007 : Timéo BUZET-BAGUE 12 janvier de Géraldine BOUCAUD & David BUZET-BAGUE Pont des Rigolles Thomas CHAVANON 18 janvier de Stéphanie Chavanon L’Orme Syrine BOUZIR 26 février de Hazar TILOUCHE & Mourad BOUZIR Le Foron Shanna FRUCTUS 21 mars de Ingrid LABROSSE & Rémy FRUCTUS L’Orme Célia MOREAU 13 mai de Christelle VITORINO & Régis MOREAU La Roche Ana AUBARD 11 juillet de Céline GUINET & Christophe AUBARD Bois Gauthay Quentin CHAVANON 3 août de Delphine BLANCHARD & Christophe CHAVANON La Charmaillerie Killian TROMPAT 8 août de Sabrina THOMAS & Martial TROMPAT Le Bourg Nathanaël MONTIBERT 11 octobre de Stéphanie REVY & Etienne MONTIBERT La Place Tous sont nés à Roanne Quatre mariages ont été enregistrés à Coublanc : Aurélie DANIÈRE et Jérémy GAILLARD L’Orme, 23 juin 2007 Sandrine CHABROLLE et Jean-Yves CHAVANON L’Orme, 28 juillet 2007 Maryline BOUSSAND et Loïc LACÔTE Villeurbanne, 11 août 2007 Oxana SULGINA et Gilles CHASSIGNOLLE Chauffailles, 6 octobre 2007

Tous nos vœux d’heureuse vie pour les uns et les au-

Florence Charbonnier

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Nos deuils en 2007 Parmi les Anciens de Coublanc : Marthe GARNIER, née LAGOUTTE Montbernier 27/03/1913 - 16/04/2007 à 93 ans Roger BATISTE, Croix du Lièvre 28/02/1914 - 08/04/2007 à 93 ans Maurice ROLLAND, Le Bourg 23/12/1927 - 19/01/2007 à 79 ans À la Maison des Anciens, venant d’autres communes : Elise RÉGNIER née BALLIGAND La Chapelle-sous-Dun 19/08/1908 - 12/01/2007 à 98 ans Jeanne FEUILLET née PETIT Cours 28/04/1910 - 17/10/2007 à 97 ans Anna-Maria née MUNERET-CAMPOS St-Romain au Mont d’Or 04/07/1912 - 26/07/2007 à 95 ans Marie-Louise CORNELOUP née LAMURE Chauffailles/Mussy 11/01/1914 - 21/01/2007 à 93 ans Marguerite ROBERT née BARLET Lyon 12/07/1914 - 19/10/2007 à 93 ans Fernande SOUVERAIN née BRELAUD Montceau-les-Mines 19/05/1916 - 14/11/2007 à 91 ans Germaine BOUCAUD née THIVIN St-Igny-de-Roche 22/04/1917 - 02/12/2007 à 90 ans Jean MUGUET, Chauffailles 01/03/1924 - 05/03/2007 à 83 ans Et parmi les Coublandis de moins de soixante-quatorze ans : Fernande Marie DEMURGER, née MAGNAN Le Foron 01/02/1934 - 03/09/2007 à 73 ans El-Hassan Ben Boubker CHAFAI La Perret 19/04/1956 - 13/06/2007 à 51 ans

Nos condoléances aux familles dans la tristesse

Les yeux Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux, Des yeux sans nombre ont vu l’aurore ; Ils dorment au fond des tombeaux, Et le soleil se lève encore. Les nuits plus douces que les jours Ont enchanté des yeux sans nombre ; Les étoiles brillent toujours Et les yeux se sont remplis d’ombre. Oh ! qu’ils aient perdu leur regard, Non, non, cela n’est pas possible ! Ils se sont tournés quelque part Vers ce qu’on nomme l’invisible ;

Et comme les astres penchants Nous quittent, mais au ciel demeurent, Les prunelles ont leurs couchants Mais il n’est pas vrai qu’elles meurent : Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux, Ouverts à quelque immense aurore, De l’autre côté des tombeaux, Les yeux qu’on ferme voient encore. Sully Prud’homme poète français 1839-1907

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Liste des Anciens

Nées en 1906 Marie ROLLAND Le Bourg Chauffailles Perrine VAGINAY Cadolon Charlieu Née en 1909 Marie-J. BRISSAUD Cadolon Nées en 1911 Marguerite BRISE Carthelier MA Marie DÉAL L’Orme MA Né en 1912 Jérémie THIVIND L’Orme Belleroche Nés en 1913 Robert FARGES, Le Plat Marie VILLARD La Place MA Nées en 1914 Clotilde BUCHET La Raterie Charlieu Claudia LACÔTE Le Bourg Né en 1915 François VADON Les Épaliers Saint-Maurice Nées en 1917 Marie-Rose DÉAL L’Orme Gilberte FARGES Le Plat Alice VADON Les Épaliers Saint-Maurice Nés en 1918 Suzette BARRIQUAND Montreval et Chauffailles Joseph ROUCHON Cadolon MA Nées en 1919 Marguerite AUCLAIR Cadolon MA Germaine LAMURE L’Orme Chauffailles Jeanne ROUX La Goutte-Alogne MA Nés en 1920 Antonin AUCLAIR La Place Raymonde BOUCHACOURT Le Perret MA Victoire BUCHET Les Bruyères Marie-Antoinette MICHEL Cadolon Belmont Nés en 1921 Maria AUCLAIR La Place Juliette BUCHET Le Bourg Clotilde FOREST La Place Renée RONDEL Le Bourg Yvonne VILLARD La Place

Vous êtes 93 Coublandis de 74 ans et plus. À ce nombre nous ajoutons, dans cette liste, trois noms de personnes nées à Coublanc, ou y ayant longuement vécu, ou de vacanciers très intégrés au pays, mais qui habitent depuis long-temps ou définitivement ailleurs. Neuf d’entre vous, dont les noms sont écrits en italique, habi-tent à la Maison des Anciens de Coublanc (MA). En italique aussi, le nom du hameau d’origine de ceux qui ne résident plus à Coublanc. Nous indi-

quons la ville ou le village où ils se trouvent à notre connaissance.

Cette liste ne correspond pas tout à fait aux données de l’état civil de la commune. Le ca-deau de Noël de l’association est distribué aux 93. La revue En ce Temps-là est plus largement diffusée. Notre liste est plus amicale qu’adminis-trative. Si nous avons commis quelque erreur, nous vous prions de nous la signaler, pour que nous la corrigions l’an prochain. Merci.

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Nés en 1922 Maurice BARRIQUAND Montbernier Pierre BOUCHERY Le Bourg Jacques RONDEL Le Bourg Jeanne SAMBARDIER Montbernier Nés en 1923 Jean BERTHIER La Faverie MA Andrée CHERVIER Les Génillons Thomas TARGARONA Le Bourg Nés en 1924 Germaine BERTHIER L’Orme Claude CHEVRETON La Place Marie-Rose CHEVRETON La Place Germaine COLLONGE Cadolon René DESGOUTTES Carthelier Julienne DESMURS Le Perret Lucie ROUCHON Cadolon MA Nés en 1925 Simone BOUCHERY Le Bourg Louise GRAILLOT Cadolon Marie LACÔTE Montbernier Henri SAMBARDIER La Croix du Lièvre Nés en 1926 Joanny BERTHIER, La Roche Marie-Laure CHASSIGNOLLE Cadolon Marie-Louise CHAVANON Charmaillerie Robert DESMURS Le Perret Armande TRONCY La Roche Nés en 1927 Jeanne BERTHIER La Roche Jean BOLDRINI Cadolon Joseph BURNICHON Cadolon Jeanne COLLIN Cadolon Chauffailles Gisèle MATHERON Les Genillons Pierrette TARGARONA Le Bourg Maurice VOUILLON L’Orme Nées en 1928 Maria DESGOUTTES Carthelier Juliette VOUILLON L’Orme Nés en 1929 Jeannine DEQUATRE La Charmaillerie Augustin GRAPELOUP Bonnefond Marguerite GRAPELOUP Bonnefond Louis LAURENT La Charmaillerie Nés en 1930 Claudien ACCARY L’Orme Simone ALLOIN La Bourgogne Madeleine BARRIQUAND Montbernier Germaine DÉCHAVANNE La Place Chauffailles Marie-Louise LAURENT Charmaillerie

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Nés en 1930 Hélène NEVERS Cadolon (suite) Marcelle PERRIN Cadolon Germaine SAMBARDIER La Croix du Lièvre Nés en 1931 Maurice ACCARY Le Foron Téodora BOLDRINI Cadolon Liliane CAUDIEU La Charmaillerie Charlieu René DANTON Cadolon Zahara ASKI Le Perret Nés en 1932 Josette-Simone BRISE Carthelier Geneviève CROZET Cadolon Marie-Antoinette DEMONT Les Génillons Odette GRAPELOUP La Place Jean MERCIER La Serve Urbain PANAFIEU Les Remparts Nés en 1933 Marcel BÉNAS La Serve André BUCHET La Place Bernard BUCHET Croix du Lièvre Claude CHAMBONNIER Cadolon Jeanne CHAMBONNIER Cadolon Suzanne DANTON Cadolon Raymonde DÉCHAVANNE Montbernier Jean-Claude DUCLAY L’Orme Roger JUILLARD Les Theurots Henri VAGINAY Bois Gauthay On peut ajouter à cette liste des personnes depuis longtemps en résidence secondaire à Coublanc, par-fois inscrites sur les listes électorales, ou même qui écrivent dans notre revue. Si vous connaissez d’autres personnes dans leur cas, faites-le-nous savoir. Né en 1925, Pierre BERTHIER Lyon et La Place Née en 1928, Renée LAPLANCHE, La Faverie et Fontenay-sous-Bois Né en 1932, Jean GAVET, Roanne

Le Comité du Noël des Anciens, qui a préparé le cadeau 2007 ainsi que cette revue, est

composé de Anne-Claire Millord (présidente), Bernard Berthier (vice-président chargé de la revue En ce Temps-là), Danielle Berthier-Duperron (trésorière), Anne-Marie Déal, Renée Druère, Marie-Thérèse Jarroux-Chavanon, Marie-France Vernay, Denise Déal, et François Millord.

Nos subventions proviennent pour une part des anciens eux-mêmes lors de la distribution du colis, et de particuliers à l’occasion d’événements familiaux ; pour une autre part du tronc de la Mairie en remerciement des exemplaires de cette revue que l’on est venu y prendre ; mais pour l’essentiel du CCAS de Coublanc. Nous avons aussi reçu des contributions volon-taires pour encourager le colis et la revue En ce Temps-là. Notre reconnaissance va à tous et à chacun.

L’augmentation des prix des denrées composant le cadeau nous oblige, à partir de cette année, à faire payer un prix minime pour l’achat de la revue, sauf bien sûr pour les Anciens, les auteurs d’articles et les distributeurs, à qui elle est offerte gratuitement.

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Philibert Chervier : au service des autres 1921-1981

par Andrée Chervier

Philibert est 28 août 1921, à Coublanc, dans la maison familiale de l’Orme.

Il a eu pour frère cadet Louis, futur chef de l’entreprise chauffaillonne de transports, et pour petite sœur Juliette, future épouse de Maurice Vouillon.

Enfant, il fréquente l’école de Coublanc, puis passe deux ans à Notre-Dame, à Charlieu.

À la fin de ses études, il se met à travailler avec son père à la petite ferme familiale, mais surtout au tissage, dans la cabine qui est encore à droite de la façade de la maison de l’Orme. Il fait aussi du jardinage pour des voisins, dont les Jaboulay, qui habitent au croisement de l’Orme la maison plus tard Caillot. M. Jaboulay était un militaire lyonnais, engagé dans la Résistance ; pendant qu’il menait des actions dangereuses, il espérait que sa femme et ses enfants seraient en sûreté à Coublanc. Philibert se mit aussi du côté de la Résis-tance — mais il ne m’a jamais beaucoup parlé de cette époque. Il évita le STO en allant se cacher à Perreux dans la maison d’une tante. Pour ma part, je devais ne pas être très mûre : je n’ai pas bien pris conscience des enjeux de ces années de guerre. J’avais seulement peur.

Jeunesse ouvrière chrétienne J’ai fait la connaissance de Philibert Cher-

vier à l’époque de la fin de la guerre. Il s’occu-pait comme responsable associatif d’une mai-son achetée ou louée par la JOC (Jeunesse Ou-vrière Chrétienne) de Roanne dans le hameau de Villon à Chauffailles — là où s’est installé maintenant le CAT l’Oasis. Cette maison était un centre de réunions, de récollections. J’étais chauffaillonne et je travaillais à l’usine Coil-lard, usine qui tissait de l’indémaillable et qui ensuite a fait aussi de la fabrication. J’étais aussi à la JOC, comme trésorière, et j’avais dé-cidé, dans ces années qui profitaient des pre-miers congés payés, d’emmener une huitaine de filles, mes camarades d’usine, pas jocistes, sauf ma sœur, pour une semaine de vacances

d’été dans cette maison éloignée du centre de Chauffailles — à la campagne, en somme ! J’ai alors écrit à Philibert pour lui demander de permettre ce séjour. J’ai écrit, parce que le té-léphone était un objet rare, en ce temps-là. Je connaissais un peu sa sœur Juliette, elle aussi à la JOC, mais plus jeune que moi.

Nous nous rendîmes à Villon à pied ou en vélo, emportant des provisions dans une bar-rotte à deux roues. Cette semaine à Villon, passée en amusements, en balades, a été pour toutes un moment merveilleux. Je me souviens que nous avons pris plaisir à faire une compote avec des pommes vertes, pas mûres : nous n’aurions pas aimé la manger chez nous, mais elle nous parut bonne dans ces conditions de vacances. Au retour chez mon père, qui était fabricant d’huile, j’étais si excitée, et si contente sans doute aussi de rentrer, que j’ai embrassée sur les joues un employé de mon père peu ragoûtant dans la saleté de son tra-vail !

C’est ainsi, à cause de cet épisode de va-cances, et par lettre, que mes relations avec Philibert ont commencé ; et il me plaisait : il était tellement joli ! Son sourire surtout me sé-duisait ! Mais il plaisait aussi à beaucoup d’au-tres filles… Nous nous sommes mariés le 3 mai 1946.

Au service de la commune À l’approche de son mariage, il avait son-

gé à trouver un travail mieux rémunéré : il était devenu secrétaire de la Mairie de Coublanc, en janvier 1946. Il entretenait de très bons rap-ports avec le maire de l’époque, Émile Perrin. Le salaire de secrétaire de mairie était correct.

Jeunes mariés, nous nous sommes installés comme locataires dans la maison qui est au-jourd’hui celle de Renée et Georges Druère, maison dont les Druère étaient les propriétai-res, mais qu’ils n’occupaient pas à l’époque, et nous y sommes restés jusqu’au moment où nous avons fait construire la maison de Génil-

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lon, où j’habite encore. Pour ma part, j’ai continué à travailler, non

plus à l’usine Coillard de Chauffailles, mais à domicile, pour l’usine. Je travaillais à faire du découpage de pièces qui allaient ensuite être repiquées sur d’autres tissus. Philibert allait à Chauffailles me chercher en vélo les tissus que je devais découper, et les ramenait une fois le travail exécuté. Il faisait ce voyage une fois par semaine. Nous utili-sions beaucoup le vélo. Je me souviens d’allers-retours à Chauffailles, pour visiter ma maman le dimanche ; nous étions chacun sur son vélo, mais Philibert traînait en plus le landau de notre enfant sur la route : on n’imagine plus pouvoir faire cela au-jourd’hui.

Philibert était toujours fourré à la mairie, même si le secrétariat n’était ou-vert que deux ou trois fois par semaine. Il passait du temps à plusieurs activités à but social, donnait par-fois un coup de main à la cantinière, la Maria de la Coopé, puis madame Au-volat, pour allumer son poêle ou pour l’aider si elle était en retard. Le cantonnier de l’époque était Claudius Buchet, que l’on appelait plutôt Théodore, père de Mi-chèle Chervier de La Place, mais il ne l’aidait pas spécialement. Philibert et moi, nous ne nous entendions pas avec le père Gras, curé de Coublanc depuis une bonne vingtaine d’an-nées, et plus. Nous avions connu à la JOC, et à Chauffailles, de jeunes abbés dynamiques, et le père Gras n’était plus ni jeune, ni dynami-que, ni facile à vivre. Philibert devait lui tenir tête, parfois.

Tous les ans, en décembre, pour travailler au rapprochement entre les écoles, les commu-nales, celle des garçons et celle des filles, et aussi l’école privée Sainte-Thérèse, Philibert, secondé par Élise Monbernier, par Marcel et aussi Maurice Villard, par moi, et par beau-coup d’autres encore, préparait une “séance”. Une séance, c’était une après-midi de specta-

cle (un dimanche juste avant Noël) composé de théâtre, de danse. J’aimais bien m’en oc-cuper et animer les plus grands, mais aussi les petits. De plus, on distribuait des papillotes. Philibert cherchait des fonds pour ces séances, qui étaient aussi rendues possibles par les tic-kets des entrées payantes.

Philibert, le dimanche, allait à la messe du matin (vers sept heures ?), moi j’allais à la

grand-messe, pen-dant qu’il gardait nos tout jeunes enfants. Après la messe, j’a-vais le temps d’exer-cer petits et grands, de les préparer à la danse de la séance. Le spectacle avait lieu dans la salle at-tenante au presby-tère, dans les locaux où le docteur Iracane a installé plus tard son garage et son ca-binet médical. C’est dans ces mêmes lo-caux que le club de théâtre du cercle Saint-Michel, et les Artistes de la Rue produisaient aussi leurs spectacles.

Nous avons eu quatre enfants, Michel, né en 1947, Jean-Jacques, né en 1949, Simone, née en 1953, et Monique, née en 1957.

C’est après la naissance des garçons et avant celle des filles que nous avons fait cons-truire notre maison, en même temps que la vie professionnelle de Philibert changeait, et que je me consacrais à l’éducation de mes enfants. Pour la construction de notre maison de Génil-lon, Philibert avait voulu faire travailler les corps de métier de Coublanc, les maçons Col-longe et Grapeloup, et beaucoup d’autres. Mais pour les fondations, il avait fait appel à ses amis les “Castors roannais”. C’était un sys-tème associatif des personnes qui s’entr’ai-daient pour construire leurs maisons, ou au moins faire les fondations. Philibert allait sou-vent à Roanne les samedi — en vélo —, pour travailler au service de ses camarades, qui vin-rent à leur tour l’aider à Coublanc. De temps

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en temps, j’en vois encore qui passent en voi-ture, regardent la maison, et s’arrêtent pour me dire qu’ils y ont contribué. Juste au-dessus de notre maison passait un petit sentier qui allait rejoindre la Ramborgne, comme Antonin Au-clair le dit ; ce sentier s’est perdu progressive-ment au fur et à mesure du développement de la circulation automobile…

À propos des “Castors roannais” et des problèmes d’habitat, Philibert était aussi allé, à cette époque, écouter une conférence à Roanne : M. Antoine Pinay, le fameux minis-tre des Finances et des Affaires économiques, un moment Président du Conseil (1952-1953), était venu parler pour affirmer, entre autres propos, que les individus qui ne fumaient pas et ne buvaient pas étaient sûrs d’avoir assez d’argent pour construire leur maison… D’une manière générale, Philibert était assez attiré par la ville de Roanne.

Au Crédit agricole En ce temps-là, le Crédit Agricole, sorte de

mutualité coopérative, et non pas banque à proprement parler à l’époque, se chargeait de faciliter les débuts des agriculteurs qui vou-laient s’installer. Il n’y avait pas d’agence à Chauffailles, et on a demandé à Philibert d’en créer une. C’était vers 1951, 1952. Je me sou-viens qu’une fois le père Louis Boffet (qu’on appelait Loulou), futur évêque, mais encore simple prêtre à Autun, puis à Lyon, était reve-nu à Chauffailles dans sa famille quelques jours, et avait invité Philibert à venir parler avec lui. Il l’avait incité à accepter la proposi-tion du Crédit Agricole. Finalement, Philibert a dit oui.

Au début, il n’allait à Chauffailles, pour ce nouveau travail, que le vendredi matin, jour de marché. Il a donc pu continuer à assurer le se-crétariat de la mairie de Coublanc pendant un bon nombre d’années, jusqu’en 1965, quand Mireille Joly lui a succédé (1er mars). Puis peu à peu, mais assez vite en somme, le travail a été plus prenant, d’abord tout le vendredi, puis deux, puis trois jours de semaine, puis toute la semaine. Philibert se rendait encore à Chauf-failles à vélo. Puis nous avons acheté une voi-ture, de je ne sais quelle marque, avant une Ci-troën Ami 6, et des Deux-Chevaux. L’agence s’était d’abord installée rue Achaintre, au coin de la rue Jean-Martin, au-dessus de la poste, à

la place du magasin d’électricité Pottier. Puis Philibert a contribué à son installation dans les grands locaux actuels, rue Gambetta, entre l’actuel Centre culturel du Brionnais et le cabi-net médical. Le Crédit agricole aurait voulu qu’il loge sur place, mais Philibert ne voulait pas : il se doutait qu’en étant sur place, il n’au-rait pas un moment de répit, sollicité par sa clientèle. Le Crédit Agricole a cependant pré-vu un logement à l’étage. Philibert a ensuite embauché des collaborateurs ; le premier a été M. Bidolet, de Chauffailles. Vingt-six ans après sa mort, il y a encore trois membres du personnel qui l’ont connu comme chef d’a-gence.

S’il voulait échapper à la vie chauffail-lonne, ce n’est pas qu’il fuyait le monde : il était toujours prêt à tout, ou se prêtait à tous. Une fois, pour faire plaisir à notre fils Michel, il est allé sans intention particulière à une ré-union du club de basket, l’Alerte, et il en est revenu élu président. Il ne savait pas dire non. Ce devait être vers 1965. Michel avait 18 ans, et Philibert 44 ans. Il n’est d’ailleurs resté pré-sident que peu de temps.

Malgré touts ces activités et ces services rendus, il aimait avoir un peu de tranquillité, qu’il trouvait dans la maison que, grâce à un héritage de la tante de Perreux, nous avons pu acheter aux Noës, vers 1973. Il y était heureux, et pouvait y dormir sans souci.

Sa santé n’avait jamais été parfaitement bonne, et son cœur ne devait pas fonctionner normalement, ce qui lui coupait un peu le souffle : il avait été dispensé de service mili-taire, et cela m’avait un peu inquiété, mais quand on est jeune et amoureux, on ne s’at-tarde pas sur ces choses. Depuis quelques an-nées il était suivi pour des problèmes cardia-ques, mais une crise inattendue est arrivée une nuit de 1981. Le docteur Allex l’a fait hospita-liser à Roanne, où il est décédé la nuit sui-vante, le 20 février à 22 heures.

Il allait être à la retraite en août de la même année.

Andrée Chervier, Génillon

Propos recueillis par Bernard Berthier, le vendredi 23 novembre 2007

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Parmi les figures qui ont marqué Coublanc, le rédacteur en chef de la revue En ce Temps-là m'a demandé de parler de Rémy Joly (1871-1943), mon grand-père maternel.

On ne voit bien qu’avec le cœur, dit-on. Mais même le cœur est dépendant de la raison et de l’âge. Je n’ai connu mon grand-père qu’avant mes dix-sept ans, c’est-à-dire dans ma première enfance et, d’une manière un peu plus sûre, quand j’étais encore adolescent, et que, avec mon jeune frère René, je venais de Paray-le-Monial passer mes vacances au pays natal de mes parents, à La Place, heureux d’être entouré d’affection.

Je me rappelle d’une vie “bruissante”. Il y avait, dans notre hameau, un cordonnier, un tail-leur d’habits, un boucher, trois cafés, deux épice-ries, une usine de tissage. C’était un monde ani-mé, bien différent de la vie plus repliée sur soi qu’on y mène aujourd’hui. Voici mes souve-nirs — qui ne se substituent pas à une étude his-torique objective que l’on pourrait faire avec des documents officiels.

Ainsi, Rémy Joly, après avoir été conseiller

municipal puis adjoint, a été élu et réélu maire de 1924 à sa mort survenue dans l’hiver 1943.

Ce maire de Coublanc n’en était pas moins mon grand-père, que j’aimais. L'épidémie de po-lio de 1928 m'a frappé, ainsi que plusieurs jeunes de Coublanc, alors que j’avais trois ans et que j'étais chez mon grand-père et ma grand-mère, dans leur maison de la Place (maintenant Maison des Anciens) et cela les a beaucoup peinés.

Je me souviens qu'ils m'ont offert un tricycle pour m'aider à reprendre des forces pour remar-cher… Peut-être est-ce moi, sur le tricycle, à côté de mon grand-père, sur la photo ci-dessous re-produisant un détail d’une carte postale. Bref, ce sont mes premiers souvenirs personnels.

Mais, ce qui est assez rare, mon grand père me permettait vers les années 1935 (j’avais dix ans) d'assister à la réunion du conseil municipal, qui avait lieu, me semble-t-il, au moins une fois par mois dans une salle de la Mairie. Rémy Joly conduisait les débats avec bienveillance. Chacun s'exprimait tranquillement sans éclats de voix. Cela aussi change des hurlements d'aujourd'hui, lors de réunions politiques ou même à l'Assem-blée Nationale.

Je peux donner un souvenir de ce respect mu-tuel. Il y avait alors une petite poignée de “communistes” qui, sous la direction d’un Sirot de Cadolon, je crois, réclamaient la possibilité de tenir une séance à la Mairie à la veille d'une élec-tion. À l'opposé, un autre groupe, aussi convain-cu, sous la conduite de Louis Berthier de La Ro-che, s'y opposait farouchement. Rémy Joly arbi-tra la querelle. Il permit une séance d'une heure à chaque groupe et s'engageait personnellement à faire respecter ces rencontres, mais à la condition que l'heure terminée chacun s'en aille pacifique-ment. Ce qui fut fait.

Le curé et le maire Je me souviens d'une anecdote très révélatrice

du caractère et de la conduite de mon grand-père. C'était à propos d'une élection communale. Ré-my Joly était tête de liste de modérés et chacun savait qu'il serait élu sans problème. Ses adver-saires, sans le prévenir, imaginèrent de le mettre aussi en tête de leur liste. Régnait alors dans la commune, sur le plan religieux, le père Gras, qui était un homme pas commode. C'est le moins que l'on puisse dire… En ce temps-là (quel chan-gement aujourd’hui !) il y avait deux messes le dimanche : une fréquentée surtout par les fem-mes, à 7 heures du matin, et l’autre à 9 heures, plutôt par les hommes. La messe terminée, je

Rémy Joly, maire de Coublanc

par Pierre Berthier

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puis vous affirmer que les trois cafés du Bourg ne chômaient pas pendant deux heures, et que mon grand-père, comme tous les autres, payait sa chopine. Or à la messe qui précédait l'élection dont je parle, le père Gras fit en chaire une sortie du genre suivant : « Je ne comprends pas qu'un homme qui vient à l'église puisse soutenir et diri-ger une liste de mécréants ! ». Rémy Joly qui, souvent en retard de cinq minutes, allait à la messe de 9 heures et s’ins-tallait dans le banc en des-sous de la chaire, avait l'ha-bitude de s’endormir osten-siblement pendant le prône. Ce dimanche-là, il entendit pourtant les propos du curé… Il ne s’attarda pas au Bourg comme d’habitude, mais remonta à la Place et dit à ma grand-mère : « Donne-moi mon costume de mariage. » Ce qui effraya ma grand-mère. Puis il des-cendit d'un bon pas jusqu'à la Cure. Et là, ça a dû chauf-fer. Le curé Gras a dû enten-dre qu'il devait s’occuper de ses affaires d'Église et ne pas se mêler des affaires de la Mairie. Ça a vraiment dû chauffer, car le dimanche suivant dans le sermon, le curé a consenti — spontané-ment ! — à faire une petite rectification à ses propos du dimanche précédent...

Rémy Joly, de taille moyenne, plutôt maigre, noueux et solide, n'allait pas chez le médecin : on n’y allait pas pour le moindre prétexte, comme on fait aujourd’hui. Simplement il buvait de l'eau de Vittel pour dissoudre des calculs ré-naux très douloureux à supporter. Son courage m’impressionnait aussi quand je le voyais se la-ver torse nu à la pompe qui était devant la mai-son, vers le bûcher qui a disparu — même en hi-ver par des températures frisquettes. Autre trait caractéristique : il n’écrivait que très rarement. Ma grand-mère s’en chargeait fort bien. Pour les affaires de la Mairie, il dictait au secrétaire, et ne signait qu’après une lente relecture. Je me sou-viens de Raymond Jolivet, qui montait à La Place quand il y avait du courrier urgent.

Tailleur d’habits Il exerçait le métier de tailleur d'habits. Ils

étaient plusieurs à faire ce métier dans les villa-ges voisins de Coublanc. Il avait une bonne ré-putation qui s'expliquait par une formation ac-quise dans sa jeunesse grâce à des passages de plusieurs mois chez des tailleurs de villes comme Strasbourg, Lyon, Paris. On disait le “Tour de France”. Certains artisans effectuent encore ce Tour de France.

Il travaillait tous les jours de la semaine. Il ne faut pas oublier qu'à cette époque, la se-maine de travail était plus proche de soixante heures que de trente-cinq heures. Outre une culottière et sporadiquement une giletière, il employait un ouvrier à temps plein. Les anciens de Coublanc se rappelle-ront du Paul Humbert, fortement handicapé, que mon grand-père avait voulu aider en le faisant travailler. Avant Pâques et avant Noël, des roulants qui se louaient au hasard des travaux offerts étaient embauchés pour deux ou trois mois de façon à satis-

faire les commandes urgentes à ces périodes de l'année. Ces roulants étaient parfois de bons ou-vriers, mais un peu portés sur la boisson. Il fal-lait avoir de l’autorité, il fallait savoir les utiliser sans problème ou contestation.

Bref, on qualifierait aujourd'hui cet ensemble de “petite entreprise artisanale”. Dans sa maison de la Place, devenue aujourd’hui la Maison des Anciens, maintenant très largement encerclée de nouveaux bâtiments en moellons ou en béton, ma grand-mère en plus du souci de nourrir, loger et blanchir tout le monde, tenait un commerce de mercerie dans la pièce située côté route, qu’on appelait le “magasin”. Elle ne s'arrêtait que de courts instants, généralement pour prendre des nouvelles de la famille de ses clientes. Pour en terminer sur les conditions de travail, alors que j'avais douze ou treize ans, j'avais été très étonné quand par hasard j'avais vu le chiffre d'affaires de l'artisan tailleur avec ses ouvriers et du com-merce d'une personne seule très occupée par ail-

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leurs ; le chiffre m'est resté en mémoire : c'était pour l'un et l'autre légèrement voisin de dix mille francs. Première leçon d'économie montrant la suprématie financière du négoce sur le travail ! À méditer…

Pour en revenir à de petites anecdotes, j’ai vu mon grand-père tenir tête à deux individus exi-geant qu’on leur donne des marchandises expo-sées en vitrine : « Il n'en est pas question, passez votre chemin ! » Et ils le firent, déconcertés par l'autorité qui se manifestait clairement devant eux. Il avait aussi l’habilité commerciale de lais-ser éclairée, jusque tard dans la nuit, la lumière de son atelier, visible de la Place, du côté de la maison Barriquand : il laissait ainsi croire qu’il avait beaucoup de travail, et cela lui en attirait encore plus !

Un homme politique courageux Dans les années 40, il fallait compter avec

des tickets de pain. Les communes disposaient parfois de quelques suppléments en nombre très limité. Le préfet à Mâcon en avait un peu plus. On le savait dans quelques mairies. Mais pour obtenir un supplément nécessaire pour des per-sonnes malades ou âgées, il fallait aller au chef-lieu du département et attendre d'être reçu avant d’exposer sa demande. Je me souviens d’une journée où mon grand-père, déjà septuagénaire, était allé de Coublanc à Mâcon, en vélo puis en bus à partir de Belleville, dans une seule jour-née : quel effort entre trois heures du matin et onze heures du soir ! Ma grand-mère n'avait plus voulu qu'il recommence ce périple. Elle avait rai-son.

Voilà l'homme qu’était Rémy Joly. Mais sa place et sa marque dans ce pays de Coublanc tient à son intelligence politique, au sens le plus profond de ce terme.

Après son tour de France artisanal qui avait éveillé ses réflexions, il avait deviné que le monde agricole, déjà tellement haché par la guerre de 1914-1918, se devait d'évoluer conjointement au progrès technique. De la sorte, il fallait que Coublanc accepte rapidement et si possible avant les villages voisins l'implantation de l'électricité.

Pendant quelques années deux camps se divi-saient. L'un, rassemblant principalement des agriculteurs, ne voulait pas de l'électricité : une dépense inutile. L'autre, convaincu de la nécessi-té de trouver du travail pour ses enfants, suivait Rémy Joly. Finalement, après une assez longue

et tenace rivalité, Rémy Joly l'emporta. Très ra-pidement, la fée électricité permit une explosion de vie.

Rémy Joly poussa les feux pour implanter l'industrie textile qui se développa avec une vi-gueur stupéfiante. Coublanc compta plus de deux cent métiers à tisser dans des ateliers qui furent rapidement construits, attenant à l'habita-tion principale : les fameuses “cabines”. Des usi-nes furent aussi construites ou agrandies à La Place et au Bourg. Les jeunes du pays garçons et filles trouvèrent du travail. Ourdisseuses, ga-reurs, tisseurs, etc. furent embauchés. Des soyeux de Lyon passaient chaque semaine pour fournir le travail de la semaine à venir et rempor-ter les pièces de tissu terminées. Certes, ces soyeux faisaient de gros bénéfices sur le travail des Coublandis, mais le pays tout de même s’en-richissait. La route principale fut refaite dans toute sa longueur ; les autres routes et chemins améliorés. Il n'est pas nécessaire de s'étendre sur tous les avantages de l'électricité. Elle allait per-mettre, après la mort de mon grand-père, l’utili-sation par les maîtresses de maison de la ma-chine à laver le linge et le développement des installations sanitaires. Qui ne se rappelle qu’a-vant ces progrès le linge se rinçait dans des “serves” ou des “craus”, les mains glacées par le froid des matins d'hiver ?…

En somme, Rémy Joly avait développé, enri-chi le pays; maintenu sa population, préparé l’a-venir. Gouverner, c’est prévoir.

Sait-on assez qu'un maire de village, en ce temps-là, n'était pas payé ? Rémy Joly resta maire jusqu'à sa mort. Il a bien mérité que l’on garde et que l’on évoque son souvenir…

Le temps s'est écoulé. La vie et les obliga-

tions professionnelles m’ont éloigné des change-ments et du développement survenus à Cou-blanc. Mais en évoquant Rémy Joly, un homme droit et bon, j’espère avoir contribué au projet de la revue En ce Temps-là de redonner vie, par la mémoire, aux racines du Coublanc d’aujourd-’hui.

Pierre Berthier, Lyon, novembre 2007

Sagesse familiale Là où l’âne est attaché, il broute. Un peu de fumier, l’arbre pousse. Trop, il

crève.

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Le père Dubuy En 1928, quand le père Dubuy,

missionnaire, est revenu pour des « vacances » de sa lointaine Papouasie, il impressionnait les enfants de Coublanc quand il descendait au bourg à cheval et en remontait pour retourner chez lui, à la Croix-du-Lièvre.

Les enfants des écoles remontaient d’ordinaire par le chemin de la Ramborgne, puis, pour s’amuser à retrouver le père Dubuy qui suivait les lacets de la route, ils passaient par une montée d’escaliers qui existait alors entre le chemin et la route, au niveau de l’actuelle maison Chervier, qui n’existait pas encore ; cet escalier de pierre servait de “coursière” surtout pour les Druère quand ils allaient au Bourg. Alors le père Dubuy s’inclinait du haut de son cheval, et attrapait un de nous : Maurice Villard, en l’occurrence. Nous l’envions d’être assis derrière le missionnaire sur le cheval. Mais lui, Maurice, souffrait des frottements avec la monture et était content d’arriver enfin à La Place…

L’école à Coublanc L’école des garçons était

dans le bâtiment de la mairie. Il y avait eu, comme instituteurs, Guinand et sa dame (qui s’occupait des plus petits), puis Augoyard, vers 1928, puis Michalet. Les souvenirs du père Dubuy, revenu une unique fois en vacances à Coublanc, datent de l’époque où j’étais chez M. Augoyard. M. Augoyard faisait aussi le secrétaire de Mairie, et il s’entendait bien avec mon grand-père Benoît Auclair ; ils se voyaient en particulier quand mon grand-père allait à la Mairie pour toucher sa retraite. Les filles avaient leur classe dans le bâtiment du presbytère. Elles ont

eu comme institutrice Mme Augoyard, puis une certaine Bariaud, je ne me rappelle plus, j’étais jeune. Il y a eu des changements, de temps en temps : une année, les garçons ont été à l’école au presbytère, car le maître, venant d’être père, y avait un logement plus adapté. Une autre fois, les filles et les garçons ont été ensemble à l’école de la mairie. Ce n’est qu’en 1931, quand j’avais onze ans, qu’a été créée l’école privée Sainte-Thérèse, pour les filles.

M. Michalet, qui n’était pas grand, plus petit même que moi, faisait bien apprendre. Il ne rigolait jamais. Quand j’ai eu douze ans, il nous a emmenés au certificat d’études. Nous avons réussi tous les cinq, en 1932. Tous les cinq, c’est-à-dire Aimé Fouilland et Paul Christophe (nés en 1918), Maurice Villard et Claude Lacôte (nés en 1919) et puis moi, le benjamin. Tous ceux qu’il présentait ont

réussi. Maurice Villard et Claude Lacôte ont eu deux problèmes faux, Fouilland et Christophe un problème faux, et moi, j’ai eu tout juste ! J’ai été le seul à trouver la solution de tous les problèmes… Deux filles aussi ont réussi, Victoire Chevreton et Marie Lacôte, la Marie Lacôte au Jules (son père s’appelait Jules) ; elle a

vécu ensuite à Roanne. En remontant de l’école, il n’y avait pas que le plaisir de voir le père Dubuy à cheval :

on faisait les polissons. Une fois, j’ai reçu tout près de l’œil gauche un caillou lancé par Marcel Chambrade, qui sera tué au maquis, et qui avait cinq ans de plus que moi.

Ma maison et la boucherie Mon père Claudius, fils de Benoît, ma mère

Antonin Auclair Souvenirs de jeunesse (I)

Antonin Auclair est au centre. Derrière lui, Gaston Déverchère. À droite Rémy

Auclerc, et derrière Maurice Villard.

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née Marie Bidot, ma sœur Bénédicte, née en 1913 et moi, né en 1920, nous habitions en location dans une petite dépendance de la boucherie de La Place, en contrebas. Il y avait deux pièces, et un peu plus loin une remise. L’ensemble des bâtiments comportait depuis longtemps une partie qui était une boucherie et allait le rester. À l’époque de ma naissance, c’était la veuve Monchanin qui possédait l’ensemble des bâtiments, la boucherie, et aussi l’hôtel et le restaurant au coin des deux routes. On appelait la patronne la Jérômette, parce que son homme, originaire de Coublanc, se nommait Jérôme. Il s’était tué, en 1913, dans un accident de voiture à cheval, je crois. Cette madame Françoise Monchanin a eu des locataires successifs pour la boucherie. Il y a eu, pour peu de temps, un Valvin. Puis, avant 1925, Mme veuve Debiesse. Après, il y a eu Émile Devaux, qui tuait une vache par semaine, puis, vers 1927, Jean Rolland, à la main estropiée, paralysée, qui a vécu quatre-vingt-treize ans, je crois, et son fils Claudius, qui a épousé Marie. Marie Rolland, elle, ne tuait pas les veaux, mais se débrouillait avec les cochons. D’ailleurs, ce sont les Rolland qui, après avoir racheté le fonds à un héritier de la Jéromette, peu après la mort de celle-ci, ont fait de cette boucherie une charcuterie réputée.

Je me souviens des bouchers qui, en ce temps-là, tuaient eux-mêmes des veaux, en les assommant puis en les saignant, un par semaine ; et nous, les gamins, nous allions les voir faire dans le hangar, dont la grande porte à droite de la boucherie restait ouverte pendant les opérations. Mon épouse, Maria, a le souvenir que quand elle menait ou ramenait avec son frère ou sa sœur les bêtes aux champs en passant sur la route devant la boucherie, les vaches rechignaient à passer, à cause de l’odeur du sang. Elles se tenaient le plus possible de l’autre côté de la route, sous les fenêtres de François Barriquand (aujourd’hui, la maison d’André Buchet). Elles étaient si émues qu’elles faisaient là souvent leur bouse. Je me souviens que je me précipitais pour la ramasser afin de fumer le potager, et François Barriquand qui me voyait

faire me disputait pour rire en me traitant de voleur de bouses !

C’est dans cette maison que j’ai vécu avec mes parents, sauf qu’après 1932, j’allais coucher à la Raterie, chez ma grand-mère paternelle Antoinette Lacombe, devenue veuve de Benoit Auclair, pour lui tenir compagnie le soir après le repas et au petit déjeuner, que je prenais chez elle.

Pendant la journée, ma grand-mère allait “tordre les pièces” dans les maisons du quartier, chez Dessertine, chez Maurice Villard au Bois Gauthey, chez Fargeat, pour

gagner un peu d’argent en faisant gagner du temps aux tisseurs : cela signifie qu’elle renouait le fil quand on changeait la chaîne pour tisser la soie.

Réfection de la route Le père Rémy Joly était maire de Coublanc et quasi notre plus proche voisin à La Place. On le voyait descendre à pied à la messe le dimanche : il marchait vite, mais à

petits pas. Il passait chez mon père tous les soirs. Souvent, les soirs d’été, on s’installait à plusieurs dans la cour de Claudius Barriquand, le père de Fraçois, et on mangeait ensemble la soupe, que chacun amenait de chez soi. Mon père, qui préférait un fromage bien fait, avait son emplacement réservé : une très grosse pierre taillée.

« Claudius, lui dit un soir Rémy Joly, on va refaire la route entre la limite du département et le Pont des Rigolles. Il va falloir casser beaucoup de pierres. »

Et on s’est mis à casser des pierres, les unes prises au Bys (sur Coublanc et à la limite de Mars, d’autres, calcaires, venant de Maizilly). Louis Lauriot, et Jean-Marie Vaginay, de Mars, allaient en chercher dans des chars tirés par des bœufs. Émile Déal en apportait, et Chignier, de Chauffailles, avec son camion. Nous, nous avions deux tombereaux, un petit et un gros. Nous allions chercher des pierres rondes de Maizilly (qui parfois cassaient bien, parfois étaient très dures). On chargeait les pierres à la fourche à main, et on se servait du petit tombereau pour aller remplir le gros, disposé dans un endroit

La Jérômette en 1919

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d’où on pouvait le tirer… Pour casser les pierres, on s’y est mis à

plusieurs : Claudius Raquin, Stéphane Déchavanne, Claudius Guérin, Étienne Brise, mon père et moi, qui avais un petit tas à part — j’avais un peu plus de 13 ans… Cela faisait des quantités de pierres…. Le cantonnier de Coublanc, à l’époque, c’était Hippolyte Mercier.

Une fois la réserve de cailloux préparée, on s’est mis à refaire la route, durant l’hiver 1937/1938, qui a été très doux, sans beaucoup de neige. Avant de répandre les pierres, un gros cylindre à moteur au gas-oil, propriété du département, labourait pour ainsi dire le sol, afin que l’empierrage se mêle mieux à lui. Le moteur du cylindre avait de la peine à démarrer — nous, on n’en était pas mécontents, cela retardait l’heure de la reprise du travail, ou nous changeait d’occupation : il fallait se mettre à plusieurs pour lancer la machine, en tirant sur les volants, comme pour une locomobile. Nous avions disposé les pierres le long de la route. Une espèce de gabarit nous permettait de mettre en place ce qu’il fallait de pierres, ni plus, ni moins. Parfois, pour égaliser, il fallait en rajouter un peu. Il y avait une camionnette qui avait été équipée d’une citerne : on prenait de l’eau dans le creux à Dubuy pour le haut, puis dans l’étang de la Place, puis au bourg, puis à la rivière pour le Pont des Rigolles. Il fallait de l’eau pour malaxer le gore qui devenait une boue qui s’amalgamait avec les cailloux. Nous brossions la route avec des balais pour égaliser et répartir cette boue, et le gros cylindre écrasait tout cela. Tant que la route n’avait pas séché, il ne faisait pas bon l’emprunter, même à pied. Mais ensuite, c’était très solide.

On était à peu près une huitaine sur le chantier : Marcel Dinet (qui allait mourir bientôt à la guerre), Ducharme de Cadolon, Claude Chambrade, Pierre Chevreton qui habitait vers le Bois Gauthey, deux ouvriers de Chauffailles (un Troncy dont je ne sais plus le prénom, et un qu’on appelait Mimile), le cantonnier du département, Montagne, et Busseuil, le chef cantonnier de Chauffailles, qui venait de temps en temps. Et Julien Druère, qui faisait les fossés.

Cela nous a pris trois mois d’hiver. Le chemin était à l’époque vicinal. Après, le maire a réussi à

le faire transformer en route départementale, pour éviter d’avoir à l’entretenir…

Pierres et vipères Je peux rajouter que nous avions préparé trop

de pierres : il en reste encore une quinzaine de mètres cubes dans les bois du côté de chez Raquin, à Maizilly. Ces pierres de Maizilly, quand on les ramassait, il fallait faire attention aux vipères, très nombreuses, et dangereuses, surtout en avril-mai. Ordinairement, une vipère n’attend pas qu’on s’approche d’elle. Si on fait du bruit, elle s’en va, parce qu’elle a peur. Comme disait mon père : « La vipère, elle attend la mort, ou elle la donne ! » Claudius Raquin, qui en tuait, les mettait à pendre derrière le tombereau. Il en attrapait aussi de vivantes par la queue : il ne fallait pas rater son coup. Quand elles étaient pendues par la queue, elles n’arrivaient pas à remonter la tête assez haut pour mordre. Raquin faisait cela pour gagner, en pariant, un litre de vin. Il y avait même à l’époque le père Lebreton qui les prenait derrière la tête. Quand on a agrandi l’usine de la Place, vers 1945, on est allé chercher, bien au-dessus du Bois Gauthay, sur Écoche, des pierres d’une maison en ruine, la maison Aucagne. C’est Lauriot qui les chargeait : dans chaque tombereau, il y avait au moins une vipère. Quand on les éventrait, au mois d’août, d’un coup de triandine, on voyait sortir quatre ou cinq petites vipères vivantes.

Mon père maçon quelque temps Mon père tenait la ferme de la Raterie. Mais il

y avait toujours du temps de reste, pour faire d’autres choses. La ferme, il l’a prise à la mort de mon grand-père Benoît. Avant, il était aussi

maçon. Quand il a cessé, il a passé la main à Johannès Mercier, mais une fois, en 1938, quand j’avais 18 ans, il a travaillé avec lui à défaire le carrelage de la maison qui est aujourd’hui Auclair, aux Plats. Elle appartenait par héritage à un gars de Pont-Trambouze, un nommé Monbernier qu’on appelait le Trambouzi. En défaisant le carrelage, Joseph Buchet et mon père ont découvert, en lançant les gravats, des pièces de 5 F en argent. Ils se

sont dit qu’ils avaient dû en pelleter d’autres, et j’ai été chargé de cribler le tas de décombres pour

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récupérer toutes les pièces. Le petit trésor découvert, qui avait dû appartenir au propriétaire précédent, a été partagé entre le propriétaire de l’époque et les maçons qui l’avaient découvert.

La guerre de 1940 Deux de mes oncles, Antonin et Cyrille,

étaient morts à la guerre de 14. Cyrille, un grand gaillard de un mètre quatre-vingt dix, avait même été le premier tué de Coublanc, le 29 août 1914 (cf. En ce Temps-là, n°11, Noël 2005, page 6)

En 1940, j’avais 20 ans. J’ai été appelé sous les drapeaux le 8 juin 1940, à un moment où l’armée française était déjà en déroute. Je suis parti au centre de recrutement (dépôt 145 bis) de Montélimar, le jour même de l’enterrement de ma grand-mère. « On va vous emmener en Haute-Loire », nous a-t-on dit. Au bout de deux ou trois jours de voyage dans un wagon, nous nous sommes retrouvés près de La Rochelle, à Saintes. C’était environ le 18 ou le 20 juin : les panzer divisions y ont bloqué notre corps d’armée. Nous avons été fait prisonniers, dans de grands bâtiments qui avaient dû être jadis un monastère. Il y avait encore une chapelle. Le problème, c’est qu’il n’y avait rien à manger. J’ai souffert de la faim. Chaque jour, je faisais la queue pour obtenir de la soupe ; on était en rang par dix. Je n’ai jamais pu arriver jusqu’à la soupe. On avait des pommes de terre, mais pas celles de la saison nouvelle : il fallait les trier avant de les faire cuire.

On nous a fait passer par le camp de Surgères, puis par celui de La Jarne, tout près de La Rochelle. On nous rapprochait de la “zone libre”. Puis les Allemands nous ont relâchés, près de la gare de Parsac-Gouzon, dans la Creuse. : ils avaient trop de prisonniers. Ils en ont même relâché du front du nord, comme Alexis Coppier, qui descendait du front, et a pu rentrer dans son hameau. Ils ont commencé par relâcher ceux qui habitaient à moins de cent kilomètres de Saintes, puis les autres. Un train nous a promenés en France : nous sommes passés par Bordeaux, puis dans la Creuse. On couchait sur le foin, dans des fermes. Cela a duré un mois. On était encore militaires, mais on ne faisait rien ; on passait toute la journée au bistrot.

À la fin de septembre, le régime de Vichy nous a repris en main : j’ai été envoyé dans un camp de jeunesse à Saint-Bonnet-de-Tronçais, dans l’Allier, au camp n°1. Il y avait plusieurs bataillons, nous étions peut-être un millier. On

couchait sous des tentes groupées par six. Il y avait, dans la forêt, le chêne du Maréchal. Notre travail était de bûcheronner et de faire du charbon de bois. On ne faisait pas de zèle, le militaire n’était pas trop ardent. On ne craignait pas grand-chose : vous savez ce que c’est que l’armée…

J’étais à peine arrivé que j’ai eu une permission, au début du mois d’octobre, permission qui a été renouvelable plusieurs fois, ce qui fait que j’ai passé tout mon temps à Coublanc, jusqu’à Noël, où je suis reparti pour le Cher, mais revenu en permission pour le jour de l’an 1941. Dans le Cher, j’étais à Uzay-le-Venon. C’est tout près de là que se situe Bruère-Allichamps, où, selon certains, se trouve le centre de la France. Il y a un monument d’époque romaine qui a été planté comme une colonne sur une place pour signaler ce centre. Là, je me suis occupé à ne rien faire. C’était dans la forêt de Meillant, j’étais téléphoniste à vélo. Je devais transmettre en allant à vélo les informations reçues par téléphone. On ne me voyait pas souvent au téléphone. D’ailleurs, je n’aimais pas téléphoner : avec les mauvais appareils de l’époque, on n’y comprenait rien.

On logeait dans une maison, qui était un ancien café. D’autres étaient répartis ailleurs. On devait être libérés de ce camp de jeunesse le 31 janvier. Comme j’avais eu beaucoup de permissions à l’automne, je n’ai été libéré que le 20 mars 1941. Le train du retour, que je prenais à Bruère, passait par Saint-Amand-Montrond, Montluçon, Gannat, Saint-Germain-des-Fossés et arrivait à Roanne. De Roanne, je rentrais à Coublanc à pied.

Antonin Auclair, La Raterie

Propos recueillis par Bernard Berthier les mercredi 4 avril et mardi 20 novembre 2007

La maison louée par Claudius Au-clair vers 1920, en partie cachée par un garage

neuf. La Place.

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En ce Temps-là : — Henri Vaginay, vous avez à nous raconter une anecdote concernant des fenai-sons un peu particulières, au temps de la dernière guerre… Henri Vaginay : — Pendant les années de séche-resse, en 1943 ou 1944, il arriva que des Cou-blandis que je connaissais bien partirent à plu-sieurs faire du foin à Briennon. C’était pour mon père Félix et pour Marius Belleville, de Chan-don, habitant une ferme que sa fille occupe en-core aujourd’hui. Il y avait donc mon père Félix et mon frère Raymond, qui avait quatorze ans à l’époque ; il y avait aussi Léon Vaginay, qui ha-bitait dans la maison de Jacques Devaux actuel-lement, et son ouvrier Georges Fargeat. La tâche consistait à aller travailler douze hectares de foins à Briennon, au Pont de la Teyssonne. En ce Temps-là : — C’était une expédition !... Henri Vaginay : — Ils sont partis à quatre hom-mes, plus précisément trois hommes et un gamin, quatre bœufs, un cheval, deux faucheu-ses, deux chars à bandage et… vingt-sept litres de vin ! Arrivés sur les lieux, ils s’y sont installés pour dix jours environ. Il y avait une cabane où ils faisaient la cui-sine et ils dormaient sur des lits de foin. Léon Vaginay fauchait avec les bœufs et le cheval, puis il râtelait toute la journée. Georges Fargeat était préposé à la cuisine et mon frère Raymond, le plus jeune, re-partait à minuit environ avec les deux bœufs de quatre ans et deux chars de huit cents kilogrammes chacun. Il conduisait l’attelage du haut d’un char, sauf en montant les côtes de Pouilly et de Pailleron ; là, il se plaçait devant pour encourager ses bœufs, et il arrivait à Chan-don à huit heures du matin, pour décharger un char chez Belleville, et à Coublanc à dix heures, pour décharger l’autre dans le fenil de notre mai-son du Bois Gauthay. En ce Temps-là : — Alors, là, après cette nuit de travail, il pouvait enfin se reposer ? Henri Vaginay : — Pas du tout ! Quand il avait déchargé ses chars, il cassait la croûte et repartait pour arriver à dix-huit heures dans le pré de Briennon — en sachant qu’il était passé à Char-lieu faire ferrer les bœufs. Il se couchait sur son lit de foin pour quelques heures et recommençait le lendemain, et cela pendant dix jours. Dire qu’il n’avait que quatorze ans ! Le travail des

champs n’était pas de tout repos en ce temps là !... Pour dire un dernier mot significatif, l’équipe avait démarré avec vingt-sept litres de vin pour quatre travailleurs, et le dernier jour il ne leur resta qu’un verre chacun : pour une année de sé-cheresse, cela ne faisait pas beaucoup !… Au to-tal, ils ont fait vingt chars de foin : ce n’était pas vraiment beaucoup, mais il faisait sec, cette an-née-là.

Propos recueillis pour En ce Temps-là par Ma-rie-Thérèse Jarroux-Chavanon auprès d’Henri

Vaginay, du Bois Gauthay, en octobre 2007.

À propos de Raymond Vaginay

Cette histoire nous a été racontée par Henri, le frère de Raymond, un jeune homme dont il faut dire en-

core un mot. Raymond, fils aîné de Félix et Alice Vaginay, est né en 1929. Après l’his-toire que nous venons de rapporter, il a été apprenti boulanger dix-huit mois chez Barthélemy Meunier à Mars, puis six mois apprenti pâtissier chez Auguste Pralus à Blanzy-les-Mines — c’était l’inventeur, originaire de Mars, de la fameuse “praluline”, qui s’était installé à Blanzy avant de reprendre le fond de Madame Raymond à Roanne,

là où il avait fait lui-même son apprentissage. Une fois, Raymond Vaginay a fait 80 km pour se rendre à Blanzy seul sur un tandem ; c’est que son patron Pralus, qui avait une Simca 5, avait vendu son tan-dem à Blanzy, et il fallait l’y emmener : Raymond s’en est chargé ! En 1948, âgé de dix-neuf ans, Raymond fut boulanger chez Laroche à Coutou-vre : une fois, il en ramena, de Coutouvre jusqu’au Pont de Mars, une râteleuse de vingt-six dents, ce qui veut dire d’une largeur extrême d’environ trois mètres, sur laquelle il avait mis son vélo : c’est lui qui faisait le cheval de ce bizarre attelage ! En 1949, il partit à l’armée en Allemagne, le 31 avril. Il n’en est pas revenu car il est mort acci-dentellement, à Tübingen, le premier juillet de la même année, à l’âge de vingt ans : il a été tué par le ricochet d’une balle. M-Th J-Ch

Des fenaisons peu ordinaires vers 1943, racontées par Henri Vaginay

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Les fêtadieu (III)

par Claude Chevreton

À la Place, in dipu du grand matan i falau monter les repousoirs… l’arc… un boulot… mais y’avau de monde, à peu à c’teures, yé-taut bin kazu taut près. Bien seur, y’avau tot le tin un boqueu à dzouanter, un frâ à bali-yeu, eune guirelande à racreutsieu. Mais tau-parincou nau zintindaut : « Intinssion y za-raivont ».

Hélà mon Dieu nau zéraudi un cou de pieu din un mazauti. Cré bon goui, taut le monde se métaut à cori, ché pas où, mais i coraut. Les feunes quitint leu d’vinti, les hommes métint leu veste et leu tsapia que sortin de chépaou, mais y’in navau pé tot le monde. Eune fa bien avreussieu, taut le monde se dzouantaut su le bord de la route, parsonne ne pipaut le mot. Le grou à barnau épeu-yissaut u baut de la Place, à dordeillot avu sa grande bagnière (enfin le grou à barnau, ap-pelé aujourd’hui « oncle Bernard ». Mais c’tu pour homme, astoure y’a pu besouan de l’appélé, ya kazu soixante-dix ans ka l’est mort). La pocession arèvaut. Yinfélaut en montant la Place tant que le dais arèvaut en face du repousoir. Le tcheuré infélaut vé le repousoir, laus tsintres tsintint la « tantoumergo ». Taut le monde métaut un dzenau à bas, manme les éstrafélés, le tcheu-ré balançaut sa bénédiction, les gamines ba-lancint des fleurs, les enfants de chœur ba-lancint leu zencensoirs. Après y falau béni chépakatan, à peu, bien seur, le triste roi. Après taut le monde infélaut en montant la route vé le repousoir de la Balindrade et re-bénédiction. Après direction du couté de Lartrie, repousoir u baut du dzardan à Rol-land et rerebénédiction. Après nau preunaut le tseuman que passaut devant le « casino » peu rattraper la route du bor. An kiavau le repousoir, apu itché rererebénédiction. A bon goui izi tsau-yin pas… Quatre bénédic-tions à la Place, deux u bor. A ma foi, pindin kiétau après, yétau tau près, y’avaut de monde, apeu eune bénédiction n’a jamais fait de mâ à parsonne. I m’ont dai kia azu de

momin que les premiers de la pocession ra-trapint laus daris u bau de la Place. La poces-sion teunau tot le tor du quartier. Non de goui y’avau de monde à c’tu momin. Et i fa-lu redescindre u bor. Tot le monde infélaut in déssindin la route. Et ça tsintot cré millar. Les tsintres fazint de breuyans épouvanta-bles, les tsintouzes de kignans abominables. A stutché qu’heurlaut le meu. Mais de tote façon y’étau deyor, y’avau bin place.

Les tsintouses avint étau leur bagnière. El-les portint étau un espèce de travaillon et dessus i ziavaut eune statue de la sainte Vierge, et i tsarayint sintché tau du long. Les enfants de chœur, laus pu grands, portint étau eune petiote statue, mais kikié tau don, dze la reva partin, mais peu daire qui kié taut… y’étau pas… dze vai batou daire eune bêtise ? mais y’étaut pas… le petit Jésus de Prague ??? Mais si y’étaut pas ça, y’étaut tauzeu kékin de la famille.

Tau pé un cou nau zintindaut bondonner, mais qui que fait don sintché ? Ah y’étaut les gamines des écoles. Elles zétint u milleu de la procession avu leur institutrice, mais y n’arêtaut pas eune minute, de Notre Père, de Salut Marie, de cantiques… Y ne débeussaut jamais. Mais y’étaut pas fort. Pé y’écoter i fallau être à couté. Bien seur si les gamines de l’école laïque se présintint i falaut bin les prindre. Mais elles n’étint pas bien vues. I paraît qu’elles sintint un pou le diable… en-fin y paraît… peut-être…Quand le Bon Dieu étaut su tare, a naus dizaut : « Laissis don c’taut gamans vircauter utor de ma, im’ai-gaillont avu leus zékitsans ». A peu naus as-toure naus dizont qui sintont un pou…

Y naus fazont de conte que n’ont pouan d’ème…

Ça y est vous saurez tout sur les fêtes à

Dieu. Mais vous n’y verrez jamais… Je vous le dis « tout fout l’camp »… FIN

Claude Chevreton (La Place)

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Les Fête-Dieu

À la Place, depuis tôt le matin il fallait monter les reposoirs… l’arc… un boulot… mais y’avait du monde, et quand l’heure arrivait, c’était bien presque prêt. Bien sûr, y’avait tout le temps un bouquet à arranger, une saleté à balayer, une guirlande à raccrocher. Mais tout d’un coup on entendait : « Attention ils arrivent ! ».

Hé là mon dieu, on aurait dit un coup de pied dans une fourmilière. Cré bon dieu, tout le monde se mettait à courir, je ne sais pas où, mais ils couraient. Les femmes quittaient leur tablier, les hommes mettaient leur veste et leur chapeau qui sortait de je ne sais où, mais y’en avait pour tout le monde. Une fois bien habillé, tout le monde se rangeait sur le bord de la route, personne ne pipait mot. Le grou à barnau apparaissait au bout de la Place, marchant de travers avec sa grande bannière (enfin, le grou à barnau, on l’appellerait aujourd’hui « oncle Bernard ». Mais ce pauvre homme, à cette heure il n’y a plus besoin de l’appeler, il y a presque soixante-dix ans qu’il est mort.) La procession arrivait. Tout droit en montant la Place jusqu’à ce que le dais arrive en face du reposoir. Le curé avançait vers le reposoir, les chantres chantaient le « Tantum ergo ». Tout le monde mettait un genou à terre, même les estropiés, le curé balançait sa bénédiction, les gamines balançaient des fleurs, les enfants de chœur balançaient les encensoirs. Après il fallait bénir tout le monde, et puis, bien sûr, le triste roi.

Après tout le monde enfilait en montant la route vers le reposoir de la Ballandras et rebénédiction. Après direction du côté de la Raterie, reposoir au bout du jardin à Rolland, et rerebénédiction. Après, on prenait le chemin qui passait devant le « Casino » pour rattraper la route du bourg. Et quand on repassait devant le reposoir, alors là rererebénédiction. Ah bon dieu ils ne les économisaient pas… Quatre bénédictions à la Place, deux au bourg. Ma foi, pendant qu’on y était, tout était prêt, il y avait du monde, et puis une bénédiction n’a jamais fait de mal à personne. On m’a dit que certaines fois les premiers de la procession rattrapaient les derniers au bout de la Place. La procession tenait tout le tour du quartier. Nom de dieu, y’en avait du monde en ce temps-là. Et il fallait redescendre au bourg. Tout le monde enfilait la descente.

Et ça chantait, cré milliard ! Les chantres faisaient un bruit épouvantable, les chanteuses un

boucan abominable. À celui qui hurlerait le mieux. De toute façon c’était dehors, y’avait bien la place.

Les chanteuses avaient leur bannière. Elles portaient aussi une espèce de brancard et dessus, une statue de la sainte Vierge, et elles la transportaient tout le long de la procession. Les enfants de chœur, les plus grands, portaient aussi une petite statue, mais qu’est-ce que c’était donc, je la revois pourtant, mais pour dire ce que c’était… Est-ce que ce n’était pas… je vais peut-être dire une bêtise ? mais est-ce que ce n’était pas… le petit Jésus de Prague ? Ah si ce n’était pas ça, c’était toujours quelqu’un de la famille !

Tout d’un coup on entendait bourdonner, mais qui est-ce qui fait ce bruit ? Ah, c’étaient les gamines des écoles. Elles étaient au milieu de la procession avec leur institutrice, mais elles n’arrêtaient pas une minute, et des Notre Père, et des Je vous salue Marie, et des cantiques. Elles ne débauchaient jamais ! Mais ce n’était pas fort, pour les écouter, il fallait être à côté. Bien sûr si les gamines de l’école laïque se présentaient, il fallait bien les prendre. Mais elles n’étaient pas bien vues. Il paraît qu’elles sentaient un peu le diable… enfin il paraît… peut-être… Quand le Bon Dieu était sur terre, il nous disait : « Laissez donc ces gamins tourner autour de moi, ils m’amusent avec leurs rires. » Et nous qui disions qu’elles sentaient un peu…

On nous inventait des histoires sans queue ni tête…

Ça y est vous saurez tout sur les fêtes à Dieu.

Mais vous n’y verrez jamais… Je vous le dis « tout fout l’camp »… FIN

Traduction d’Anne-Claire Millord,

révisée par l’auteur.

Humour

J’aime beaucoup les Irlandais. Ils me paraissent très Saint-Patrick. Les prêtres ont reçu les ordres. Cela leur permet d’en donner abondamment. L’avaleur n’attend pas le nombre des denrées. Une fille qui lève le pouce sur la route de Lourdes ? Une autostoppieuse…

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Bernard de Boissieu (1907-2007)

par Pierre Lapalus

Une longue vie

au service des communautés chrétiennes en Afrique et en Saône-et-Loire

À la veille de fêter son centenaire, un mois

plus tôt exactement, le père Bernard de Boissieu terminait son pèlerinage terrestre. Jamais il n'aurait espéré vivre si longtemps !

Il était né à Cuisery en 1907. En 1924, à l'âge de 17 ans, une vocation missionnaire le poussa à entrer chez les Pères blancs, ou “missionnaires d'Afrique” – tout comme le père Jo-hannès Déal. Après des études théo-logiques en Bretagne d'abord puis à Alger, il fut ordonné prêtre à Car-thage, le 29 juin 1932.

Durant quatre années, il fut mis-sionnaire au Rwanda, mais des en-nuis de santé lui imposèrent de quit-ter l'Afrique et de venir exercer son ministère dans le diocèse d'Autun, dont sa famille et son frère prêtre étaient originaires.

Nommé tour à tour à Mâcon, puis à Saint-Point et Sainte-Cécile, ensuite à Mesvres dans l’Autunois, il deviendra aumônier de l'Hôtel-Dieu de Cluny où il demeurera neuf ans dans un engagement très spécifique. À Cluny Bernard de Boissieu fut aussi le directeur de l'Archi-confrérie des Âmes du Purgatoire, archiconfré-rie créée par saint Odilon et dont l'organe était Lumière et Paix.

Sur la proposition de Mgr Le Bourgeois, il acceptera de devenir curé archiprêtre de Saint-Gengoux-le-National et donc de quitter l'équipe des six prêtres de Cluny, dont, soit dit en pas-sant, j'avais la joie de partager, dans les toutes premières années de mon sacerdoce, la vie apostolique et fraternelle, avec Bernard de Bois-sieu, de 1958 à 1966.

La solitude dans une ambiance d'indif­férence religieuse notable avec une pratique do-minicale des plus réduites et même quelquefois une hostilité affligeante, fit que son séjour, au nord de Taizé, ne dura que deux ans, de 1966 à 1968. Ce fut pour lui un temps d'épreuve. De plus, à Saint-Gengoux, l’ancien curé cohabitait dans le même presbytère que lui, à l'école libre.

Ce prêtre, Marie-Dominique Dutroncy était un homme difficile à côtoyer : il avait failli être nommé supérieur du séminaire français de Rome et était fâché de ne l'avoir pas été. Il dis-tribuait le sacrement de pardon avec parcimo-nie, en disant que dans Saint-Gengoux il n’y avait que deux personnes qui pouvaient com-mettre des péchés, le notaire et lui-même...

À sa demande réitérée de changement, l’é-vêque lui offrira de gagner le Brionnais et de devenir curé de Saint-Maurice-lès-Châteauneuf et Châteauneuf. Il exercera cette fonction d'août 1968 à septembre 1975. À cette date-là, Paul Guillet fut nommé curé de Tancon et de Saint-

Maurice. Alors Bernard de Bois-sieu, dans une semi retraite, sera autorisé à s'installer au Belvédère de Chauffailles, d'où il pourra rendre de nombreux services. C'est ainsi que durant ses vingt ans de séjour parmi nous il ne restera pas inactif : avec toute sa générosité et une certaine réserve, desservi par une surdité handica-pante, il participait notamment aux célébrations des messes le dimanche, donc de temps en

temps à Coublanc, quand cela lui était deman-dé ; sans négliger le partage habituel et régulier de quelques bouteilles de bons vins réputés du Mâconnais, dont ses neveux étaient produc-teurs.

Pour ces trente années passées parmi nous nous sommes encore et toujours d'accord dans la reconnaissance et les remerciements ample-ment mérités, même si pour quelques-uns d'en-tre nous sa discrétion ne nous a pas permis de l'apprécier à sa juste valeur.

Enfin, en 1995, âgé de 88 ans, il est autorisé à se retirer dans sa famille du Jura et en 1997 il demandera à entrer à la Maison Saint-Antoine, maison de retraite des prêtres à Autun, pour y vivre les dix dernières années de sa très longue vie.

Ses funérailles eurent lieu à Autun le 22 février de cette année 2007 et son inhuma-tion se fera dans le caveau des prêtres de la cité épiscopale.

À la suite de ses soixante-quinze ans de mi-nistère, nous rendons grâce à Dieu, et nous t'adressons Bernard, un fraternel merci.

Pierre Lapalus,

prêtre auxiliaire pour Tancon, Coublanc et autres clochers

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Élèves de l’école publique Année 2007-2008

Poèmes collectifs des CM1 et CM2

C.M.1 (9 élèves)

Julianne ACCARY, L’Orme Charlotte ARNARDI, L’Orme Jérémy BAILLY, La Place Axel BOUCAUD, La Raterie Selim BOUSSAND, La Roche Charline DEVAUX, Bois Gauthey Cassandre HUG DE LARAUZE, La Raterie Maxime KAYL, La Place Gwendoline TACITE, Le Foron

C.M.2 (12 élèves)

Alexandre BALANDRAS, La Motte (Tancon) Apolline BÉNAS, Montbernier Laurie BÉNAS, Pont des Rigolles Lucas CHARRIER, Le Foron Johan DEMONT, L’Orme Cédric DOS SANTOS, Le Perret Florian DUILLON, Cadolon Yacin EL GHAZOUANI, Le Perret Élodie FAYARD, Cadolon Daphné NICOLAS, Le Bois Gauthey Amélie PERRAT, Le Foron Loïc TRONCY, La Frique

Raconte-moi Raconte-moi, grand-père René, Toi qui aimais tant les mêlées, Qui te fait faire tous ces paniers ? Dis-moi, grand-mère Marion, Toi qui gardais les moutons, Aimes-tu la télévision ? Conte-moi, grand-mère Odile, Toi qui vivais dans les îles, As-tu vu des crocodiles ? Répète-moi, grand-père Hervé, Dans ta vie de jeune fermier, Rentrais-tu les vaches au pré ? Souviens-toi, grand-mère Gisèle, Toi qui es encore si belle, Pourquoi restes-tu demoiselle ? Raconte-moi, grand-père André, Toi qui reviens du marché, As-tu vu le père René ? Dis-moi, grand-mère Marie-Lou, Toi qui adores les bons ragoûts, Veux-tu en manger un chez nous ? Dis moi grand-mère Germaine, Toi qui cuisines de bonnes madeleines, Peux-tu me faire un pull de laine ?

Je cherche un ami Je cherche un ami de grand âge, Adorant le Bois Gauthay, Pour l’emmener marcher. Je cherche un ami de grand âge, Aimant blaguer, lire, écrire, Pour un bel éclat de rire. Je cherche un ami de grand âge, Qui soit tout le temps content : Nous serons deux frères de sang. Je cherche une amie de grand âge Dont le parfum sent le lilas Quand ses petits-enfants sont là. Je cherche une amie de grand âge Qui sache bien garder les secrets Pour lui confier les peines que j’ai.

un joyeux Noël 2007

& une

bonne année 2008

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Le Petit Journal Toc-toc Toqué

— Quelles nouvelles,

quelles nouvelles à Coublanc?

Au Foron, un dragon qui enfilait son pantalon

a trouvé un hérisson.

Aux Bruyères, dans la clairière,

une sorcière avalait sa cafetière.

Au Perret, une fée chantait, dansait,

le karaoké dans les prés.

A l'Orme, une licorne transforme

sa corne en couronne.

Aux pont de Rigolles,

un troll rigole comme un guignol avec une luciole,

sur une vieille casserole.

Aux Pins, tous les matins, un gentil lutin,

pour aller chercher son pain, court après le train.

A la Bourgogne, un ogre borgne

se cogne, et grogne, grogne, grogne.

Et à la Place, ils déplacent

leur carapace, se délassent, se prélassent,

avec des maracas dans des palaces.

Et c'est classe !

Élèves de l’école privée

Sainte-Thérèse Année 2007-2008

Maîtresse : Joëlle Courot (Saint-Julien de Jonzy-71)

C.E.1

Cycle des apprentissages fondamentaux 3ème an-née

12 élèves Maximilien ACCARY, L’Orme Leïla BOUSSAND, La Roche Nell CHATTON, La Bourgogne Morgane DOS SANTOS, Le Bourg Jeanne GUIGUITANT, Montbernier Adrien HUG DE LARAUZE, La Raterie Lara MARRARO, La Place Nadège NEVERS, Foron Coralie PASSE, Les Épalis Elza PELEGRIN, Le Bois Gauthay Valentin PONGIBAUD, Le Pont des Rigolles Joshua TACITE, Le Foron

C.E.2 Cycle des approfondissements 1ère année

9 élèves

Maëva BESANÇON, Génillon Tiffany BOUCAUD, La Raterie Eloïse CHANAVAT, Foron Est Maxime CHAVANON, Les Remparts/L’Orme Andréa DÉCHAVANNE, L’Orme Mathieu DEMONT, Les Epalis Manon DURIAUD, L’Orme Hakim EL GHAZOUANI, Le Perret Luane PRÉCLOUX, La Place Sud

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Solution de la grille n°13 de décembre 2006

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1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 A L E S R E M P A R T S B A C C U E I L L E R A C B O E N G I N O X D O S E T N A D U O E U S B R O N D S N F R E A B O N N E E S G G E N O U I S L A M H O Q U E U E U S A I G L U M E S B R J N E E S E G A R A I K E S T P E R R I N E

Mots croisés Problème n°14 par François Millord

Horizontalement : A. Ville d’origine des scouts qui campèrent à la Roche l’été der-nier. B. Bruit de bois mort. Inter-jection de l’effort. C. Messieurs. Concocta. D. Patronyme d’Her-cule, célèbre héros d’Agatha Christie. Ceux qui vont mourir le saluent. E. Coloré par le froid. Jacuzzi. F. Activité des bouil-leurs de cru, en voie de dispari-tion car le privilège ne peut plus être transmis aux enfants. G. Pronom. Article. Se dit d’un brevet qui n’a pas été garanti par le gouvernement. H. Mer la plus proche de Coublanc à vol d’oi-seau. I. Course motocycliste d’endurance comme celle du Touquet, ou compétition de pê-che à la carpe sur plusieurs jours. J. Évoluent dans l’eau. Prénom du chanteur français Ferré et du député socialiste Lagrange. K. Qui porte une touffe de plu-

mes sur la tête, phonétiquement. Rigolé. Sul-fate d’aluminium et de potassium, utilisé en teinturerie, dans le tannage des peaux, et re-commandé par Baden Powell (fondateur des scouts) pour durcir la plante des pieds ! L. Coublandi qui lança avec d’autres le Comité du Secours Catholique et la Maison des An-ciens, il fut également médaillé en tant que ré-fractaire au STO, se cachant pendant la 2ème guerre dans une ferme de la Bénisson-Dieu (prénom et nom). Verticalement : 1. Femme fatale, ou personnage théâtral de vieille femme boute-en-train. Réduisit. 2. Qui bouge. Aide au logement. 3. Parcouru. Pro-nom. Chien d’outre-Manche. 4. Procurai pour un temps. Epoque. 5. Se dit d’un métal comme le cuivre, rendu plus dense en le battant à froid ou en le passant au laminoir. Ne pas lâcher. 6. Gigotent comme des poissons. 7. « Musique » moderne, dont les textes sont plus scandés que chantés. …Ou du cochon. Conifère à baies rouges toxiques. 8. Arbre souvent confondu avec le robinier. Même la principale de Cou-blanc n’a pas de nom. 9. Note de la gamme. Souverain russe. Symbole chimique d’un gaz rare de numéro atomique 18. 10. Une poétesse de Coublanc. 11. Interjection indignée. Sans pied. Arnaqués. 12. Mettront le grain à l’abri après le battage.

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A V I L L E F R A N C H E

B A U C R A C H A N

C M M P R E P A R A G

D P O I R O T C E S A R

E B L E U I I S P A

F D I S T I L L A T I O N

G I L A L A S G D G

H M E D I T E R R A N E E

I I O E N D U R O R

J N A G E N T E L E O

K U P R I I A L U N

L A L B E R T F O R E S T

Page 40: Noël 2007 - coublanc-71.com · Mme Marie-Hélène Aulas-Duray, de Chauffailles Novembre 2007 Merci de votre appréciation. ... de sa détermination radicale : « Je ne versai pas

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Ce numéro 13 a été conçu, concocté et composé par Bernard Berthier et le Conseil d’administra-tion de l’association du Noël des Anciens de Coublanc, désormais présidée par Anne-Claire Mil-lord, avec l’aide, pour la relecture, la recherche et la fourniture de documents, de Danielle Berthier-Duperron, Anne-Marie Déal, Renée Druère, François Millord, Geneviève Le Hir, Marie-France Vernay, Marie-Thérèse Jarroux-Chavanon, Marie-Laure Chassignolle, Claude Chevreton, Martine Berthier, Claude Franckart, Régis Déal, Andrée Chervier, Maria et Antonin Auclair, Henri Vagi-nay, Pierre Berthier, Juliette et Maurice Vouillon, Odette Lardry, Pierre Lapalus, Joëlle Courot, Blandine Boinot, Perrine, Michel et Fanny Vaginay, Mireille Joly, Georgette Vouillon. Photo du vitrail par Mélanie Berthier et Julien Berna. Dessins de Jean Gavet (page de garde), de Florence Dury-Charbonnier (pages 18 et 40). Aux uns et aux autres nos remerciements.

Nous remercions la Mairie de Coublanc, et la secrétaire Marie-France Jacotey, pour la commu-nication des données officielles de l’état civil, entre autres services.

Responsable de la publication : Bernard Berthier, La Place, 71170 COUBLANC

Simples joies On trouve son bonheur dans de petites choses ; Pas besoin de trésors ou de titres glorieux ; Il suffit tout d’abord de voir la vie en rose Ou bien, plus simplement, de vouloir être heureux. Il est si bon de voir sourire ce bébé Qui joue avec son pied, regardant sa maman. Et quelque temps plus tard, il tente de marcher Et cherche l’équilibre avec des yeux brillants. Et voir ces amoureux se tenir par la main, S’enlacer doucement dans un tendre baiser… Regarder ces parents flâner sur le chemin Surveillant attendris leurs enfants s’égailler. N’est-ce pas émouvant, ces vieux couples s’aidant, Soutenant par le bras leur fidèle soutien ? Dans la famille en fête, ah ! comme il est plaisant De voir petits et grands : l’amitié quel doux lien !

Marie-Laure Chassignolle