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I. La personnalité Né à Batoum (Géorgie), le 1 er août 1891 Décédé à Bruxelles, le 21 janvier 1972 Ingénieur civil en mécanique aéronautique de l’Institut des Ingénieurs des Voies de Communications de Saint-Pétersbourg (Ne fut pas membre des Vieilles Tiges) Sa carrière - Immigré en Belgique en 1920, il obtient rapidement la petite naturalisation belge. - Il est immédiatement affecté au Service Technique de l’Aéronautique et mis en fonction d’ingénieur au Laboratoire Aérotechnique de Belgique récemmment créé à Rhode-Saint-Genèse. - Il y conduit des études mathématiques sur des phénomènes aérodynamiques encore mal connus notamment dans le domaine encore en friche relatif aux techniques et à l’aérodynamique des appareils à voilures tournantes. - En 1926, il dépose à Bruxelles un brevet d’invention pour des dispositifs nouveaux destinés aux hélicoptères multirotors. - Dès la fin des années 1920, il conçoit un projet basé sur l’utilisation de deux rotors sustentateurs disposés en tandem. Cette «˚solution Florine˚» se concrétise entre 1929 et 1939 sous la forme de trois hélicoptères prototypes. Après la 2 e Guerre mondiale, le projet d’un petit hélicoptère à quatre rotors est lancé mais ne survit pas au retrait du soutien officiel en 1949. - La grande naturalisation lui est offerte par la Belgique en 1934 en reconnaissance des services éminents rendus à la nation et à son aéronautique. - Nicolas Florine reste attaché au Service Technique de l’Aéronautique jusqu’à sa retraite en 1956. L'ingénieur Nicolas Florine est âgé de 29 ans lorsqu'il quitte la Russie et s'établit en Belgique où il arrive en 1920 (document d'identité de l'époque) NICOLAS FLORINE Pionnier belge de l’hélicoptère

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I. La personnalité

Né à Batoum (Géorgie), le 1er août 1891Décédé à Bruxelles, le 21 janvier 1972Ingénieur civil en mécanique aéronautique de l’Institut des Ingénieurs des Voies deCommunications de Saint-Pétersbourg

(Ne fut pas membre des Vieilles Tiges)

Sa carrière

- Immigré en Belgique en 1920, il obtient rapidementla petite naturalisation belge.- Il est immédiatement affecté au Service Techniquede l’Aéronautique et mis en fonction d’ingénieur auLaboratoire Aérotechnique de Belgique récemmment crééà Rhode-Saint-Genèse.- Il y conduit des études mathématiques sur des

phénomènes aérodynamiques encore mal connusnotamment dans le domaine encore en friche relatif auxtechniques et à l’aérodynamique des appareils à voilurestournantes.

- En 1926, il dépose à Bruxelles un brevet d’inventionpour des dispositifs nouveaux destinés aux hélicoptèresmultirotors.

- Dès la fin des années 1920, il conçoit un projet basésur l’utilisation de deux rotors sustentateurs disposés entandem. Cette « solution Florine » se concrétise entre1929 et 1939 sous la forme de trois hélicoptèresprototypes. Après la 2e Guerre mondiale, le projet d’unpetit hélicoptère à quatre rotors est lancé mais ne survitpas au retrait du soutien officiel en 1949.

- La grande naturalisation lui est offerte par la Belgique en 1934 en reconnaissance desservices éminents rendus à la nation et à son aéronautique.

- Nicolas Florine reste attaché au Service Technique de l’Aéronautique jusqu’à sa retraiteen 1956.

L'ingénieur Nicolas Florine est âgéde 29 ans lorsqu'il quitte la Russie ets'établit en Belgique où il arrive en

1920 (document d'identité del'époque)

NICOLAS FLORINEPionnier belge de l’hélicoptère

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II. Curriculum vitae

« Une main de fer dans un gant de velours…de triple épaisseur ! Une modestie pousséejusque dans ses derniers retranchements. L’indulgence faite homme. Un chef sachant arrondirles angles ; du moelleux dans le commandement ! Et pourtant du caractère, de la fermeté, del’énergie.

Un ingénieur osant scruter à fond une question sans crainte de trouver les faits qui enrésultent, dussent-ils ruiner les théories qui lui étaient les plus chères ; un homme de scienceétudiant plusieurs inventions à la foi, si bien que l’on se demande parfois s’il ne possède pas ledon d’ubiquité.

Mathématicien né, M. Florine se délasse en travaillant et travaille pour se délasser ».

(Victor Boin, dans la Conquête de l’Air – Bruxelles – 1er avril 1929)

***Né à Batoum au cours d’un séjour de ses parents en Géorgie, Nicolas Florine passe son enfanceet sa jeunesse à Saint-Pétersbourg où la famille habite. Il a 19 ans lorsque, accompagnant sonpère, il vient en Belgique à l’occasion d’une visite de l’Exposition Universelle de Bruxelles en1910.

Il suit les cours de l’Institut des Ingénieurs des Voies de Communication de Saint-Pétersbourg.En 1914, à 23 ans, il y obtient le diplôme d’ingénieur civil en mécanique aéronautique. Dans lemême Institut, il sera assistant du professeur S. Timoshenko, célèbre mécanicien russe. Il yrencontre un jeune ingénieur qui, vers 1910 à Kiev, avait tenté sans succès de faire voler deuxhélicoptères de sa fabrication : c’était Igor Ivanovich Sikorsky, qui réalisa son rêve bien plustard aux Etats-Unis.

Il sera aussi attaché au Service du Comité Technique de l’Administration Centrale de la Flotte deguerre aérienne russe dont le directeur était le professeur Dimitri Yacovleff (qui deviendra plustard professeur ordinaire à l’Université de Liège).

Lorsque la révolution bolchevique éclate en 1917, il décide de quitter la Russie via la Finlande. Iloffre ses services à plusieurs nations ; les Etats-Unis et la Belgique répondent favorablement

Il choisit la Belgique où il arrive en 1920, à l’âge de 29 ans. Les scientifiques belges qu’ilrencontre sont impressionnés par l’intelligence vive, le vaste savoir et le génie mathématique dujeune immigré. Sans délai, il est mis en fonction d’ingénieur au Service Technique del’Aéronautique où il est chargé d’études mathématiques sur le comportement aérodynamique desailes d’avion et sur le fonctionnement des hélices en vol.

Dès 1920, il est affecté au Laboratoire Aérotechnique de Belgique qui vient d’être créé à Rhode-Saint-Genèse. Associé à Alfred Renard, il participe à l’étude et à la construction du premiergrand tunnel aérodynamique dont se dote la Belgique.

Ses études mathématiques sur divers phénomènes aérodynamiques encore mal connus sontpubliés en Belgique et à l’étranger. Dès janvier 1922, le Bulletin n° 1 du LaboratoireAérotechnique publie une étude scientifique et mathématique intitulée Traînée induite des ailesd’avion. Plus tard sera publiée une étude monumentale d’une centaine de pages intituléeQuelques problèmes de la théorie tourbillonnaire de l’hélice propulsive et de l’aile d’avion.

Les études de Florine abordent aussi le domaine totalement en friche des appareils à voilurestournantes. Il dépose à Bruxelles le 3 décembre 1926 un brevet d’invention protégeant des

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systèmes et dispositifs nouveaux qu’il destine aux hélicoptères multirotors ; ce sont notammentles rotors en tandem tournant dans le même sens ; le contrôle des couples de réaction parinclinaison latérale des axes des rotors ; les mécanismes de commande du pas des pales de rotorsmultiples. Ce brevet sera déposé ultérieurement en Grande-Bretagne, en Allemagne et aux Etats-Unis.

Les résultats des calculs ayant conduit au dépôt du brevet d’invention sont publiés dans leBulletin du Service Technique de l’Aéronautique sous le titre Eléments du calcul de stabilitéd’un hélicoptère, étude complétée par une Note concernant l’établissement des équations dumouvement dans l’espace à trois dimensions signée par le Professeur Risack de l’Ecole Militaire.Ce document de cinquante pages est capital : il est la base des inventions et des réalisationsultérieures de Nicolas Florine.

La possibilité de réaliser les solutions novatrices issues des études théoriques prend corps en1927 lorsque la SNETA (Société Nationale pour l’Etude des Transports Aériens) apporte sonappui financier au projet d’hélicoptère présenté par le jeune inventeur. Le FNRS (Fonds Nationalde la Recherche Scientifique), dont il détient le titre de chercheur, lui apportera à son tour sonsoutien financier en 1931. Il construira ainsi trois hélicoptères à rotors en tandem – les FlorineType I, Type II et Type III - Puis après le 2e Guerre mondiale, il entreprendra la constructiond’un petit hélicoptère monoplace à quatre rotors.

L’essentiel de ses travaux scientifiques a été consacré aux hélicoptères. Mais occasionnellement,dans sa fonction d’ingénieur du Service Technique de l’Aéronautique, Nicolas Florine seraparfois chargé de conduire des équipes d’enquête et d’investigation lors d’accidents d’avionssurvenus en Belgique ou à l’étranger.

Son esprit inventif, son génie très universel le poussent aussi vers d’autres domaines de lascience. Il s’intéresse passionnément à la photographie et réalise des instrumentsstéréoscopiques. Le « cinématographe » aussi le passionne ! Il met au point et réalise undispositif d’entraînement continu des projecteurs de cinéma. Il conçoit encore un procédé decinéma « en couleur » à partir de film noir et blanc : il utilise pour cela trois objectifs associés àtrois filtres qui permettent la superposition d’images colorées.

Autre facette de son talent : la conception d’un planeur présenté en 1923 à un concours de plansde planeurs ; le beau monoplan à ailes cantilever de grand allongement (envergure de 16 m)remporte le concours.

Les mathématiques ne sont pourtant pas son unique horizon. Nicolas Florine est par exemplegrand amateur du jeu d’échec. Et, comme beaucoup d’esprits mathématiques, il est très bonpianiste ; mais il ne jouait rien de mémoire ce qui fut catastrophique lorsque, vers la fin de sa vie,un décollement de la rétine le rendit presque aveugle.

Jeune citoyen russe immigré dans notre pays et désireux de s’y établir, il demanda et obtintrapidement la « petite naturalisation » belge. La « grande naturalisation » lui fut « offerte » par laNation en 1934, une procédure inhabituelle justifiée par les services éminents rendus à laBelgique et à son aéronautique.

Attaché au STAé jusqu’à sa retraite en 1956, Nicolas Florine s’éteint le 21 janvier 1972 àBruxelles dans sa 81e année.

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III. Une réalisation exceptionnelle

LE CADRE

Au cours du premier tiers du 20e siècle, l’hélicoptère reste quasiment un « rêveinaccessible » ! ! ! Alors que l’on assiste à une évolution soutenue des performances des avionsqui deviennent rapidement « opérationnels » ( on traverse l’Atlantique Nord en 1927), onconstate tout au contraire que les progrès de l’hélicoptère restent lents et que les nombreusestentatives faites par d’audacieux inventeurs de machines à voilures tournantes sont des échecspour la plupart.

En 1922, un « monstrueux » appareil à quatre rotors, conçu aux Etats-Unis par de Bothezat, faitun vol stationnaire de 1 minute 42 secondes. Huit ans plus tard, en 1930, (l’année où Mermozréalise en avion la première liaison postale Europe-Amérique du Sud) un constructeur italien,D’Ascanio, réussit à faire voler un hélicoptère à deux rotors contrarotatifs pendant 8 minutes 45secondes. Mais tout cela ne débouche sur rien de durable.

En Belgique, sous l’égide du Service Technique de l’Aéronautique, Nicolas Florine s’attaque dèsles années 1920 aux terribles défis que posent la stabilité et la manœuvrabilité des appareils àvoilures tournantes. Il conduit à ce sujet de savantes études mathématiques et réalise denombreux essais pratiques en soufflerie aérodynamique. Les résultats obtenus le conduisent àchoisir d’expérimenter la formule de l’hélicoptère à deux rotors disposés en tandem.

En 1929, il construit un premier prototype qui servira de banc d’essai aux innovations qu’il aconçues. Un deuxième appareil, construit selon un principe identique mais amélioré, va réussiren 1933 la toute première démonstration indiscutable de la faisabilité technique de laconfiguration à rotors en tandem. L’exploit du Florine II a un retentissement mondial.

LA RÉALISATION

Pour maîtriser les problèmes récurrents qui mettent les performances de l’hélicoptère loinderrière celles de l’avion, Nicolas Florine va jeter dans la balance tout le poids de sa science, deson génie et de son inventivité. Il disposera à Rhode-Saint-Genèse des moyens modernes mis à sadisposition par le Laboratoire Aérotechnique.

Les essais des éléments dynamiques et des principaux ensembles mécaniques nécessaires à laconstruction d’un hélicoptère à rotors en tandem sont réalisés au Laboratoire, notamment sur desmodèles réduits de pales et sur des modèles réduits de rotors avec commande du pas des pales.Pour ce faire, Florine a réalisé une ingénieuse machine d’essai qui peut enregistrersimultanément sept paramètres et permet de travailler à différents angles d’attaque des pales (pascollectif), de faire varier l’incidence des pales en mouvement (variation cyclique du pas despales) et d’incliner l’axe d’hélice par rapport au vent relatif (simulation de la translation del’hélicoptère). L’équipement d’essai permet aussi de simuler et mesurer l’effet de sol sur laportance (vol à proximité du sol) et de faire fonctionner le rotor en autorotation (cas de la pannede moteur).

La solution des rotors en tandem telle que la conçoit Nicolas Florine présente une caractéristiqueexceptionnelle et innovante : celle de faire tourner les deux hélices sustentatrices dans le mêmesens. Leurs couples de réaction ne s’équilibrent donc pas mutuellement mais les calculs faits parl’inventeur indiquent que l’appareil bénéficiera ainsi pleinement des effets stabilisateursgyroscopiques et aérodynamiques inhérents à la rotation des deux voilures indépendantes. Mais ilfaut néanmoins équilibrer les couples de réaction ; pour cela Florine étudie et réalise une solution

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totalement inédite : il incline latéralement (l’un vers la gauche l’autre vers la droite) les axes derotation des rotors d’environ 7° de part et d’autre de l’axe longitudinal de l’hélicoptère et obtientainsi l’équilibrage automatique des couples ; d’autre part, par action du pilote sur les palonniers,l’inclinaison des axes peut être légèrement modifiée pour contrôler la rotation horizontale del’hélicoptère autour de son axe vertical.

En 1927, Nicolas Florine entreprend à Rhode-Saint-Genèse la construction en vraie grandeurd’un premier prototype. C’est le Florine I qui servira à mettre à l’épreuve les solutions techniqueset aérodynamiques nouvelles protégées par le brevet d’invention de 1926. Les essaiscommencent en 1929 et se poursuivent jusqu’à l’été 1930 : au cours d’un essai statique, unerupture catastrophique de la transmission endommage gravement l’appareil. Le Florine I aura,jusqu’à sa destruction, été le nécessaire banc d’essai au sol sur lequel tous les élémentsdynamiques ont été méthodiquement soumis à la torture.

En 1931, tirant parti des essais fait avec le premier prototype, il entreprend la construction duFlorine II : son fuselage en tubes soudés est fabriqué chez Alfred Renard ; le moteur en étoile à 9cylindres de 200 CV vient aussi des ateliers Renard. Un jeune ingénieur du LaboratoireAérotechnique – Robert Collin – est associé à la réalisation de l’hélicoptère dont il sera le piloted’essai. Le premier vol est tenté le 12 avril 1933 sur l’étroite pelouse entre les bâtiments duLaboratoire et la Chaussée de Waterloo. C’est le début d’une longue série d’une vingtaine devols (ce qui, pour un prototype, est exceptionnel à cette époque des pionniers) ; Ces vols, dequelques secondes puis progressivement de quelques minutes, sont émaillés de multiplesincidents techniques auxquels Florine, Collin et Renard apportent méthodiquement des solutions.A l’automne, les progrès sont marquants,  la stabilité et la manœuvrabilité sont très satisfaisantesau point de permettre, dès le 25 octobre 1933, de battre officieusement le record mondial dedurée de vol en hélicoptère : Robert Collin aux commandes du Florine II tient l’air pendant 9minutes 58 secondes. Les vols réalisés à Rhode-Saint-Genèse démontrent pour la première foisla faisabilité pratique de l’hélicoptère à rotors en tandem qui a pu voler de façon continue grâcenotamment à un système de commandes de vol efficaces, fiables et précises qui permettent aupilote de bien contrôler l’appareil autour des axes de tangage, de roulis et de lacet.

Au début de 1934, le Florine II est transporté à l’aérodrome de Haren pour y poursuivre les essaisde vol en ligne droite et en virage à des vitesses progressivement augmentées. L’appareil estdétruit le 4 mai 1934. Suite au dysfonctionnement d’un des embrayages de la transmission, lesrotors tournent à des vitesses légèrement différentes ; le pilote perd le contrôle de l’hélicoptèredont les rotors développent des portances déséquilibrées. Robert Collin, bien protégé par lefuselage en tubes soudés, sort indemne de l’accident. Fait remarquable à cette époque despionniers où les hélicoptères prototypes ont des vies éphémères , le Florine II a fait plus de trentevols d’essai entre avril 1933 et mai 1934.

Les principes fondamentaux de la « solution Florine » » n’étant pas mis en cause par l’accidentdu prototype II, la décision est prise de construire un troisième appareil de la même formule:mais le Florine III sera un bimoteur (pour la puissance et la sécurité) ; les pales des rotors serontrepliables à l’arrêt (réduction de l’encombrement au sol) ; la structure en tubes soudés seracalculée pour être plus légère que celle du Florine II. Le premier vol est fait par Collin le 15septembre 1936. Malgré les progrès techniques incorporés dans le nouveau prototype, il se révèlemoins bien né que son prédécesseur : le fuselage est allégé mais manque de rigidité, d’où unestabilité au sol et une manœuvrabilité en vol capricieuses. De brefs vols peu satisfaisants sesuccéderont jusqu’à l’automne 1937 où, au cours d’un essai, Collin perd au sol le contrôle duFlorine III qui se couche lourdement sur l’herbe. La décision est prise en 1939 de ne paspoursuivre les essais. Le Florine III, immatriculé OO-STA est radié des registres le 17 juillet1939. C’est la fin du programme d’hélicoptère à rotors en tandem tournant dans le même sens.

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Au cours de l’occupation de la Belgique pendant la Deuxième Guerre mondiale, Nicolas Florineétudie en secret un petit hélicoptère monomoteur à quatre rotors. Après la libération du territoire,le projet est approuvé et la construction du Florine IV entreprise dès 1945. L’hélicoptèrepartiellement monté ainsi qu’une maquette de soufflerie à l’échelle 1/5 seront exposés au Salonde l’Aéronautique de Bruxelles en 1947 où l’on annonce les essais pour 1948. Mais le soutienofficiel au Florine IV est suspendu avant finition de l’hélicoptère ; le projet est définitivementabandonné en 1949. Ceci marque pour Nicolas Florine la fin des travaux officiels consacrés enBelgique à la conception et à la fabrication d’appareils à voilures tournantes.

LE CONTEXTE

Pour évaluer l’importance exceptionnelle et la portée internationale de la contribution pionnièrede Nicolas Florine aux progrès de la technologie complexe de l’hélicoptère, il convient de situerson œuvre dans le contexte des progrès de l’aéronautique dans son ensemble au début du 20e

siècle. On voit ainsi apparaître l’écart profond qui s’est creusé entre, d’une part, l’évolutionrapide des performances des avions et, d’autre part, l’évolution à peine ébauchée des giravions.Quelques points de repère balisent cette période ( les dates relatives aux hélicoptères sont enitalique) :

1903 – premier vol piloté d’un avion (Wilbur et Orville Wright)1907 – en France, un appareil à deux rotors aurait effectué le premier vol libre d’hélicoptère

d’une durée de quelques secondes (Paul Cornu)1908-1910 – en Russie, Igor Sikorsky tente sans succès de faire décoller deux hélicoptères1909 – première traversée de la manche en avion (Louis Blériot)1914-1918 – sur les champs de bataille de la Grande Guerre, les avions des deux camps font

quotidiennement de l’observation , du bombardement, de la photographie et s’affrontentdans de furieux combats tournoyants

1914 – en Belgique, l’Ornis (un rotor principal sustentateur et un rotor de queue anticouple) estessayé sans succès (Henri Gérard)

1922 – aux Etats-Unis, un hélicoptère à quatre rotors sustentateurs fait un vol stationnaire de 1min 42 sec ; ce serait une première mondiale (Georges de Bothezat)

1927 – première traversée de l’Atlantique Nord en avion (Charles Lindberg)1930 – première liaison postale aérienne Europe-Amérique du Sud (Jean Mermoz)1930 – en Italie, un giravion à deux rotors coaxiaux conçu par D’Ascanio établit le record du

monde de durée de vol en hélicoptère (8 min 45 sec)1933 – un avion Potez 50 atteint l’altitude de 13.660 mètres (Gustave Lemoine)1933-1934 – l’ingénieur belge Robert Collin aux commandes de l’hélicoptère expérimental

birotor en tandem Florine II à moteur Renard effectue une trentaine de vols à Rhode-Saint-Genèse et à Haren

1935 – premier vol d’essai du Douglas DC-3, précurseur du célèbre C-47 Dakota1939 – en fin d’année, premier vol stationnaire entravé (appareil relié au sol par des câbles ) de

l’hélicoptère Vought-Sikorsky VS 300 à rotor principal sustentateur et rotor de queueanticouple

1941 – après deux années de tribulations, d’essais difficiles et de multiples modifications descommandes, Igor Sikorsky achève la mise au point de son petit giravion qui, dans saversion VS 300-E devient le premier hélicoptère monorotor utilisable ; il sera commandéen série par l’armée américaine

On voit ainsi que au moment où Nicolas Florine calcule (dans les années 20), puis conçoit et faitvoler (dans les années 30) ses prototypes d’hélicoptères expérimentaux, des centaines d’avionsdémontrent déjà de par le monde une belle maturité : ils sont opérationnels dans de nombreusesapplications civiles et militaires

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Par contre, au cours de la même période, les résultats simplement satisfaisants enregistrés par desappareils expérimentaux à voilures tournantes sont rares et en général peu significatifs. Celas’explique par l’extrême complexité des solutions aérodynamiques, mécaniques et industriellespropres aux hélicoptères, dont les éléments dynamiques sont soumis aux dangereuses vibrationsdes arbres de transmission et aux énormes contraintes engendrées par la force centrifuge dans lesrotors en mouvement.

Ceci met en exergue le caractère précurseur des études et réalisations de Florine : on constate eneffet que, après la remarquable série de vols du Florine II, il se passera six ans avant que IgorSikorsky (dont on dit souvent qu’il est le père de l’hélicoptère utilisable) termine l’étude de sonhélicoptère et réussisse un premier vol stationnaire à bord de son VS 300 dont la laborieuse miseau point complète prendra deux ans de plus, jusqu’en 1941.

Quant à la formule des rotors en tandem dont le Florine II a démontré la valeur, elle fut repriseplus tard par Frank Piasecki qui grâce, d’une part, aux progrès technologiques réalisés entre-temps et, d’autre part, à l’apport de moyens financiers militaires américains, réussit à faireaboutir la complexe solution des hélicoptères multirotors défrichée 12 ans plus tôt par NicolasFlorine..

Ce qui distingue particulièrement l’œuvre de Florine, c’est son approche scientifique de lacompréhension et de la maîtrise progressive des phénomènes complexes liés au fonctionnementen vol des voilures tournantes. Beaucoup parmi les pionniers de cette époque avouaient « seconfier souvent à leur boule de cristal » avant de se résoudre à tester de manière empirique desremèdes successifs à des problèmes lancinants. Au contraire, le savoir universel et le géniemathématique de Florine lui ont permis de comprendre les causes des problèmes constatéspendant les essais et d’y apporter rapidement des solutions calculées avec précision, tant pourl’aérodynamique des pales et des rotors que pour la maîtrise du problème critique des vibrationsdes ensembles mécaniques..

EN CONCLUSION

Il n’est pas téméraire d’affirmer que, dès 1930, Nicolas Florine maîtrisait les éléments de base dela formule des rotors en tandem. Ainsi dès cette époque, son œuvre pionnière a porté la Belgiqueà une position d’avant-garde dans ce domaine.

Par des études scientifiques et des réalisations concrètes, laNation a contribué de façon significative aux progrès de latechnique balbutiante de l’hélicoptère en général et del’hélicoptère multirotor en particulier.

Il est reconnu au niveau international qu’avec le Florine II,propulsé par un moteur Renard et piloté par l’ingénieurd’essai Robert Collin, Nicolas Florine a dès 1933 démontré,pour la première fois et de manière répétitive, la valeurpotentielle de la formule de l’hélicoptère à rotors en tandemen réalisant à Rhode-Saint-Genèse de nombreux vols biencontrôlés et un record du monde officieux de durée de vol.

Faute de moyens financiers suffisant et en l’absence d’unengagement ferme des autorités civiles et militaires du pays,le développement de son projet prometteur ne put être pousséassez vite et assez loin pour déboucher à temps sur« l’hélicoptère pratique » tant recherché.Nicolas Florine, ingénieur au Service

Technique de l'Aéronautique de Belgiquevu par le caricaturiste Delp (La Conquête

de l'Air -Bruxelles - avril 1929)

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IV. BIBLIOGRAPHIE ET TÉMOIGNAGES DIVERS

OUVRAGES ÉDITÉS

BESSER, Rolf – Technik und geschichte der Hubschrauber (Band 1)Bernard und Graef Verlag – 1982 – München

L’auteur confirme que la disposition en tandem des rotors d’un hélicoptère fut démontrée avecsuccès pour la première fois par Nicolas Florine en Belgique. Comparant le Florine II(1933/1934) et le prototype XHRP-1 de la «banane volante » de Piasecki, Besser écrit quel’hélicoptère Florine est une préfiguration des appareils Piasecki et Vertol Seaknight et Chinook.

BOULET, Jean – L’hélicoptère raconté par ses pionniers (1907-1956)Editions France Empire - 1982 - Paris

Dans son livre, l’auteur (ancien Directeur des Essais en vol de la Division Hélicoptères del’Aérospatiale) consacre un important chapitre à l’œuvre de Florine. Il considère qu’il fut ungrand pionnier de l’hélicoptère et est un des grands noms de son histoire.

DUMOULIN, Alphonse – Les hélicoptères Florine 1920-1950 - La Belgique à l’avant-gardede la giraviation

Mémoires de l’Aviation belge – 1999 – Coédition FNAR et AELR – BruxellesHistorique de l’ensemble des travaux de Nicolas Florine sur les hélicoptères multirotors étudiéset développés en Belgique pendant une trentaine d’années.

LIBERATORE, Eugene – Rotary Wing Handbooks and HistoryPrewitt Aircraft Company -1954 – Clifton Heights, PA, USA

Réalisée à la demande des forces armées américaines, cette étude de plusieurs milliers de pagesrecense l’ensemble de tout ce qui a été imaginé ou réalisé de par le monde dans le domaine desvoilures tournantes (de Leonardo da Vinci…..aux années 50). L’étude américaine mentionneplusieurs fois les travaux de Florine.

ÉTUDES PUBLIÉES

DESCAMPS, Alphonse – Contribution à l’étude des voilures tournantesSociété Royale des Ingénieurs industriels N° 5 – 1948 – Bruxelles

L’auteur a, comme aspirant-chercheur du FNRS, participé avec Florine à des essais en soufflerieaérodynamique réalisés en 1935 sur des modèles de pales et de rotors pour le Florine III. Il décritces essais et commente les résultats obtenus.

FLORINE, Nicolas – Eléments du calcul de la stabilité d’un hélicoptèreBulletin du STAé N° 10 – 1930 – Bruxelles

Ce savant document de 50 pages est capital : il est la base des inventions et réalisations deNicolas Florine dans le domaine des hélicoptères multirotors.

FLORINE, Nicolas – HélicoptèreBrevet d’invention n° 338.599 – 3 décembre 1926 – Bruxelles

Document descriptif et illustré de la « solution Florine » relative à un hélicoptère birotor entandem ou à un trirotor en triangle.

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NOUVELLE BIOGRAPHIE NATIONALE(Sous les auspices de l’Académie Royale de Belgique)

JAUMOTTE, André (Baron) – Nicolas Florine, Ingénieur au Service Technique de l’Aéronautique

NBN, Tome 3 – 1994 – BruxellesL’Académie Royale de Belgique recense depuis 1866 les Belges qui ont acquis une grandenotoriété. Elle fait publier, sous la plume de rédacteurs éminents, leur notice biographique quimet en valeur le personnage et son œuvre et assure ainsi la pérennité de l’hommage de la Nation

DOCUMENTS DIVERS

FLORINE, Nicolas – Les recherches sur l’hélicoptère au STAéDocument dactylographié (10 pages avec photos et dessins) – 1931

L’auteur fait le point sur les travaux, études et réalisation depuis les années 20.

HELICOPTER CLUB OF GREAT BRITAINThe First Belgian Helicopter – 5 march 1992

Considérant que le Florine II fut effectivement le premier appareil à rotors en tandem à avoirvolé avec succès et que cet exploit fut une contribution marquante à l’histoire des débuts de lagiraviation, le Helicopter of Great Britain a pris l’initiative de présenter à la signature del’ingénieur Robert Collin, pilote d’essai du Florine II, un document écrit intitulé « The FirstBelgian Helicopter » décrivant et authentifiant les vols historiques faits à Rhode-Saint-Genèse en1933.L’acte original fut signé par Robert Collin le 5 mars 1992 à Bruxelles. Il est conservé auInternational Helicopter Museum de Weston-super-Mare dans le Somerset ; il fait partie de lacollection de documents historiques authentifiant des « premières » remarquables réalisées pardes pionniers de l’histoire de l’hélicoptère.

MAGAZINES ET JOURNAUX

BOIN, Victor – Monsieur Florine, Ingénieur au Service Technique de l’Aéronautique civileBelge

La Conquête de l’Air - 1er avril 1929 – BruxellesL’auteur (à l’époque directeur-rédacteur en chef du bulletin officiel de l’Aéro Club de

Belgique) trace d’une plume incisive un saisissant portrait de Florine qu’il connaît bien. Il publiedans le même bulletin une caricature du savant ingénieur dessinée par Delp.

DUMOULIN, Alphonse – Nicolas Florine et Alfred Renard réunis pour un record mondiald’hélicoptère

Aviastro – octobre 1991 – BruxellesA l’occasion du centenaire de la naissance du génial inventeur, l’article rappelle la fructueuse

collaboration entre Florine (concepteur d’hélicoptères) et Renard (celluliste et motoriste) quipermettra au Florine II (piloté par Robert Collin) de battre officieusement le record mondial dedurée de vol en hélicoptère en octobre 1933.

DUMOULIN, Alphonse – Les hélicoptères Florine : la preuve par deux.Le Fana de l’Aviation – n° 405 – août 2003 – Paris Clichy

Dans la rubrique « Découverte » de ce magazine, l’article met en lumière le fait (généralementoublié) que le premier hélicoptère à deux rotors en tandem qui vola de manière contrôlée – leFlorine II – fut conçu et construit en Belgique dès les années 30.

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EUAN HOOPER, W – Fifty year of tandem rotor helicopter engineeringVertiflite – January/February 1993 – USA

L’auteur était à l’époque Director of Vehicle Technology à la Helicopter Division du BoeingDefense and Space Group. Il rend hommage à Nicolas Florine qui en Belgique en 1933 avait faitvoler un hélicoptère birotor en tandem « utilisant une commande différentielle de pas collectifdes rotors ». Parlant ensuite du grave problème des commandes en tangage rencontré en 1945par Piasecki, il explique que ce dernier dût se résoudre à inclure dans son prototype birotor unecommande différentielle de pas collectif ; et l’auteur ajoute : « Remarquons au passage que c’estle système de contrôle en tangage utilisé sur le tandem de Florine en 1933 ».

FLORINE, Nicolas – Les progrès récents de l’hélicoptèreLa Conquête de l’Air – 1er décembre 1933 – Bruxelles

Dans cet important article, l’inventeur résume la portée de son projet et explique ledéroulement de l’ensemble des études et essais à Rhode-Saint-Genèse depuis les débuts dans lesannées 20 jusqu’au succès du Florine II à l’automne 1933.

LACAINE, Jean – Nouvel appareil à voilure tournante – L’hélicoptère FlorineLa Nature N° 2925 – 15 mars 1934 - Paris

Dans cet article bien documenté basé sur les données du brevet d’invention de 1926, l’auteurexplique en détail le fonctionnement des commandes du Florine II qu’il illustre d’un dessin trèsclair.

von BAUMHAUER, A.G. - Hélicoptère (sic) van FlorineAlgemeen Handelsblad - December 1933 – Amsterdam

L’auteur est un ingénieur hollandais qui a participé à la conception d’un hélicoptèremonorotor que l’on fit voler aux Pays-Bas de 1928 à 1930 mais sans grand succès. Mis aucourant des succès enregistrés par Florine en octobre 1933, il est venu à Rhode-Saint-Genèsepour discuter avec son confrère et assister aux vols du Florine II qu’il décrit de manièreprofessionnelle et élogieuse.

ENREGISTREMENTS SONORES ET ENREGISTREMENTS TV

ENREGISTREMENT DE L’ÉMISSION RADIO RTBF (BRUXELLES-CAPITALE) en directde Rhode-Saint-Genèse le 25 octobre 1993 pour commémorer le 60e anniversaire du vol«record de durée » du Florine II. (Cassettes audios numériques originales conservées dans lesarchives de la Section Air et Espace du MRAH)

Cet enregistrement fait entendre notamment une interview téléphonique de Robert Collin,pilote du Florine II en 1933/1934.

ENREGISTREMENT DE L’ÉMISSION TV RTBF (CHARLEROI) titrée « INEDITS ».Cette séquence diffusée le 23 janvier 1982 est consacrée en partie aux réalisations de Nicolas

Florine.

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SECTION AIR ET ESPACE DU MUSÉE ROYAL DE L’ARMÉE ETD’HISTOIRE MILITAIRE

ESPACE D’EXPOSITION « FLORINE »Cet espace situé, sur la galerie du grand hall, explique à l’aide de textes, de photos, de dessins

et de plans l’oeuvre de Nicolas Florine dans le domaine des hélicoptères multirotors. Il montreaussi la maquette de soufflerie (échelle 1/5) du projet Florine IV à quatre rotors.

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Les faits rapportés ci-devant ainsi que lestémoignages internationaux contenus dans labibliographie sont une incontestable reconnaissance dugénie, de la science mais aussi de la prescience deNicolas Florine. Il fut un remarquable pionnier del’hélicoptère, un très humble savant et inventeur queson pays d’adoption omit longtemps d’honorer.

En inscrivant Nicolas Florine sur les feuillets duprésent Mémorial, la Société Royale Les Vieilles Tigesde l’Aviation belge a souhaité participer concrètement àl’hommage posthume qu’il mérite et à contribuer à lapérennité du souvenir de son œuvre

Texte rédigé par Alphonse DumoulinNicolas Florine, chez lui à Uccle en mai 1961

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Dessins joints au Brevet d'invention n° 338599 déposé à Bruxelles en 1926.Les figures 1, 3 et 4 montrent la configuration de l'hélicoptère à 2 rotors en tandem tournant dans le même sens.La figure 2 montre une configuration possible à 3 rotors qui sera expérimentée en vol en 1947 en Grande-Bretagnepar La Cierva Autogiro Co Ltd sur son Air Horse W11 (le plus grand hélicoptère du monde à cette époque).Les figures 5 (de profil) et 6 (de face) montrent le moyeu rotor avec les mécanismes de commande du pas des pales.La figure 7 est un schéma des commandes de variation collective et cyclique du pas des pales ainsi que de lacommande d'inclinaison des axes des rotors.

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Rotor arrière du Florine IIOn voit entre autres la "cloche porte-hélice"; les haubans supérieurs et inférieurs (3 par pale); lesbielles de commande obliques venant du poste de pilotage vers le moyeu d'hélice; l'extrémité del'arbre de transmission arrière.Sur cette photo de 1934, le professeurAuguste Piccard, savant aérostier et premier explorateur de lastratosphère terrestre (ses travaux et ses vols sont comme ceux de Florine subsidiés par le FondsNational de la Recherche Scientifique de Belgique), est venu s'intéresser aux expérimentationspionnières menées par son confrère belge (en vêtement blanc) et par le pilote Robert Collin (tête nue).Le garçon, à droite sur la photo, est Jacques Piccard, fils du professeur; dans les années 60, ils'attaquera avec succès à l'exploration des fosses abyssales à bord du bathyscaphe conçu par son père.Quant à Bertand Piccard, fils de Jacques, il marquera la science de la fin du 20ème siècle enréussissant l'exploit du premier tour du monde sans escale en ballon libre.

L'hélicoptère Florine II en vol au-dessus de l'étroite pelouse du Laboratoire Aérotechnique deBelgique à Rhode-Saint-Genèse, au sud de Bruxelles, au cours de l'été 1933.L'évènement est exceptionnel et attire beaucoup de curieux.

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Monté au centre du fuselage, le moteur à 9 cylindres en étoile Renard 200 est surmonté d'unventilateur à 4 pales en bois. L'inventeur Nicolas Florine est debout aux côtés de l'ingénieur-piloteRobert Collin assis dans le poste de pilotage.L'hélicoptère est toujours posé sur son chariot de transport au sol.

Robert Collin assis aux commandes du Florine II.Sur le manche, on voit un volant horizontal que le pilote, par rotation, utilise comme commandedu pas collectif des pales des deux rotors.

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Evènement à Rhode-Saint-Genèse le 25 octobre 1933 !!! Collin, aux commandes de son docileFlorine II, améliore officieusement mais incontestablement le rord du monde de durée de vol enhélicoptère en tenant l'air pendant 9 minutes 58 secondes.

Le Florine II en vol stationnaire, vu de l'avant.On remarque bien l'inclinaison des axes des rotors dont la valeur a été calculée pour annuler lescouples de réaction.

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Le 4 mai 1934, le Florine II (qui avait déjà fait plus de 30 vols depuis le printemps 1933) évolueau-dessus de l'aérodrome de Haren, au nord de Bruxelles. On remarque le carénage en aluminiumajouté autour du ventilateur pour améliorer le refroidissement du moteur. Quelques instants plustard, l'hélicoptère s'écrasera sur l'herbe. Suite à un glissement accidentel dans un des embrayagescentrifuges montés sur les arbres de transmission, Robert Collin a perdu le contrôle del'hélicoptère.

Vue de la maquette d'essai en soufflerie (échelle 1/5) du projet Florine IV dont la réalisation futlancée après la 2ème Guerre mondiale. Cette maquette, restaurée par l'Institut von Karman deDynamique des fluides, est exposée à la Section Air et Espace du Musée Royal de l'Armée etd'Histoire Militaire à Bruxelles.

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Vue en plan du projet d'hélicoptère quadrirotor Florine IV qui fut abandonné en 1949.

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