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Table des matières Table des matières Avant-propos Avant-propos Les langues anciennes au baccalauréat 3 Les programmes 3 L’épreuve écrite 4 La nature de l’épreuve 4 Les attentes du correcteur 5 L’épreuve orale 5 La nature de l’épreuve 5 Les attentes de l’examinateur 6 Les sites à consulter 6 Pourquoi des annales de latin et de grec ? 7 Des propositions pour le professeur 7 Une aide pour les élèves 7 La conception de l’ouvrage 7 Quelques conseils pratiques pour préparer les épreuves 8 L’épreuve écrite 8 L’épreuve orale 9

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  • Table des matièresTable des matières

    Avant-proposAvant-proposLes langues anciennes au baccalauréat 3

    Les programmes 3

    L’épreuve écrite 4La nature de l’épreuve 4Les attentes du correcteur 5

    L’épreuve orale 5La nature de l’épreuve 5Les attentes de l’examinateur 6

    Les sites à consulter 6

    Pourquoi des annales de latin et de grec ? 7

    Des propositions pour le professeur 7

    Une aide pour les élèves 7

    La conception de l’ouvrage 7

    Quelques conseils pratiques pour préparer les épreuves 8

    L’épreuve écrite 8

    L’épreuve orale 9

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  • Première partiePremière partieL’œuvre au programme 11

    PÉTRONE, Satiricon 13

    Le roman latin (et grec !) 13

    Un genre hybride 13

    Rhétorique et lieux communs dans le roman grec d’amour 14

    Le roman latin : un genre insaisissable 15

    La réception par le public : entre réticence et plaisir 15

    L’énigme Pétrone 18

    L’arbitre des élégances sous Néron ? 18

    Un romancier flavien ? 19

    Un auteur ludique qui se met en scène dans son roman ? 19

    Le SATIRICON 21

    Titre et signification 21

    Un roman fragmentaire, riche en rebondissements 22

    L’ancêtre du roman picaresque ?  23

    Le festin chez Trimalcion 24

    L’hôte, les convives et le menu 25

    L’aff ranchi dans l’Empire romain : une situation diff icile 28

    Le banquet : une institution sociale codifiée 29

    La signification de l’épisode : quelques pistes supplémentaires 30

    ÉPREUVE ORALE : étude de six extraits 36

    Extrait 1 – portrait de Trimalcion en action (§ 27-28) 36

    Extrait 2 – la maison de Trimalcion : entrer et sortir (§ 28-29 et § 72.8-73.1) 48

    Extrait 3 – un banquet épicurien ? (§ 34) 60

    Extrait 4 – à l’école d’Échion (§ 46, texte et traduction) 73

    Extrait 5 – l’arrivée d’Habinnas (§ 65) 84

    Extrait 6 – funèbre mise en scène (§ 77.7-78, texte et traduction) 93

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  • ÉPREUVE ÉCRITE : étude de trois extraits 102

    Extrait 1 – une venatio dans un triclinium ! (§ 40-41) 102

    RÉPONSE AUX QUESTIONS 106

    Extrait 2 – on n’échappe pas à son milieu : l’aff ranchi qui se voulait esthète (§ 50-52) 111

    REPONSE AUX QUESTIONS 115

    Extrait 3 – histoire de loup-garou ! (§ 61-62) 119

    REPONSE AUX QUESTIONS 124

    CORRIGÉ DES QUESTIONS 127

    TRADUCTION DU FESTIN CHEZ TRIMALCION, § XXVII-LXXVIII La traduction est celle de Louis de Langle, Paris, 1923. 131

    MÉNANDRE, le Dyscolos 173

    MÉNANDRE, UN ATHENIEN DU IVe SIECLE AVANT J.-C. 173

    Le contexte politique 173L’emprise de la Macédoine sur la Grèce 173L’épopée d’Alexandre 173Les Diadoques et la naissance du monde hellénistique 174

    Un nouveau rapport au monde 174Dans l’ensemble de la Grèce 174À Athènes : la gestion de Démétrios de Phalère 175

    Ménandre, l’Athénien : vie et œuvre 175

    LE THEATRE GREC ET LA COMEDIE 177

    Une célébration religieuse et civique 177

    Les conditions de la représentation 178

    Les trois stades de la comédie 179La comédie ancienne 179La comédie moyenne, la Mésè 180La comédie nouvelle, la Néa 180

    LE DYSCOLOS 181

    La date, le titre, le papyrus, la forme métrique et les antécédents 181

    L’intrigue 181

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  • La peinture des caractères 182

    La force comique  183

    La postérité de la pièce 184

    ÉPREUVE ORALE : étude de trois extraits 190

    Extrait 1 – première rencontre de Sostrate et de Cnémon (I, 3, v. 153-178) 190

    Extrait 2 – Sicon, le cuisinier, II, 3 (v. 393-426), texte et traduction 200

    Extrait 3 – la houe dans le puits ! III, 7 (v. 588-609) 212

    ÉPREUVE ÉCRITE : étude d’un extrait 221

    La faute de Cnémon, IV 5 (v. 711-747) 221

    CORRIGÉ DES QUESTIONS 225

    CORRIGE DES EXERCICES 228

    TRADUCTION DE LA PIECEMarie-Paule Loicq-Berger (juin 2005) 231

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  • Deuxième partie Deuxième partie Les objets d’étude 263

    Interrogations philosophiques 265

    Choix de vie, construction de soi 265

    Agir et vivre dans la cité : éthique et morale 265

    L’absence de passions ou le bonheur du sage 266

    L’amitié, une valeur philosophique essentielle 266

    Accepter son animalité : les Cyniques 267

    L’épicurisme 269

    Épicure et les épicuriens 269

    Lucrèce, poète épicurien 269

    La conception du monde 270

    La théorie épicurienne de la connaissance 270

    Le bonheur épicurien 270

    Le stoïcisme 273

    D’Athènes à Rome : quelques points de repères 273

    Le monde selon les Stoïciens 274

    Le bonheur du sage 274

    L’homme et l’au-delà 276

    Le voyage chez Hadès, entre poésie et philosophie 276

    Images platoniciennes de l’au-delà 277

    L’au-delà selon Aristote 278

    Figures de philosophes 280

    Sagesse et savoir : une quête sans fin 280

    Une figure philosophique ambiguë : Socrate 280

    Quelques anecdotes 281

    Les 15 mots-outils à savoir 283

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  • Interrogations scientifiques 285

    Les sciences de la vie 285

    Les phénomènes physiques 285

    Le monde animal 286

    Connaissances et exploitation des ressources naturelles 287

    L’astronomie 289

    Quelques rappels lexicaux 289

    L’observation scientifique du ciel 289

    L’astronomie au quotidien 291

    La dimension cosmologique et philosophique 291

    Astres, catastérisme et poésie 292

    La médecine 294

    Médecine et religion 294

    Figures de médecins chez Homère 294

    La médecine rationnelle à l’époque classique 295

    La médecine jusqu’à Galien 295

    La zoologie 298

    Une petite définition ! 298

    Histoire et zoologie 298

    Un eff ort de classification scientifique : l’apport d’Aristote 299

    Zoologie, exotisme et littérature : le roman grec 299

    Le rêve 301

    Un peu de vocabulaire ! 301

    Rêve et science médicale : entre pratiques religieuses et pratiques empiriques 302

    Le rêve, entre vérité et mensonge : la dimension littéraire 303

    Rêve et réflexions philosophiques 304

    Les 15 mots-outils à savoir 306

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  • Interrogations politiques et juridiques 307

    Idéaux et réalités politiques 307

    De la philosophie à la politique : petit détour lexical 307

    Une petite république de soldats paysans : l’idéal romain 307

    Conquête du monde et croissance des appétits : tristes réalités 308

    L’empire, entre idéal et réalité 309

    La notion de décadence : le mythe de l’âge d’or, l’idéalisation du passé 312

    Temps mythique et temps historique : du illo tempore au hic et nunc 312

    Hésiode : le mythe des races selon le poète grec 312

    La transposition romaine : l’âge d’or 313

    Les mutations culturelles et religieuses 315

    Le déclin des dieux traditionnels 315

    L’essor des religions à mystères et des cultes orientaux 316

    Principe divin et christianisme : entre philosophie et religion 317

    Justice et société (Grèce) 319

    Vivre ensemble : Thémis et Dikè 319

    Le fonctionnement de la justice : entre rhétorique et pragmatisme 319

    Une justice absolue : les réponses de Platon et d’Aristote 320

    Réflexions sur la cité (Grèce) 322

    Qu’est-ce qu’une cité grecque ? 322

    Des constitutions diverses pour un même idéal 322

    Quand la cité devient une coquille vide… 323

    Les 15 mots-outils à savoir 325

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  • PÉTRONE, Satiricon,§ XXVII-LXXVIII

    « Le festin chez Trimalcion »

    Le roman latin (et grec !)

    ▶ Un genre hybrideLe roman est étymologiquement un texte écrit « à la manière des Romains », romanice, « en langue romane », c’est-à-dire une langue latine déformée par les habitudes articulatoires des divers peuples de l’Empire romain qui l’ont adoptée ; le romanz en ancien français désigne donc d’abord un écrit en français vulgaire (par opposition au latin, la langue des savants), puis, à partir du XIIe siècle, un conte, une « estoire » ou une nouvelle qui ont été traduits du latin, ou rédigés directement en français, primitivement en vers (octosyllabes). Il n’y a donc pas, à proprement parler, de « roman antique », même si nous ne nous priverons pas d’utiliser ici cette appellation de synthèse.

    Genre hybride, le « roman » grec et latin a emprunté à la fois à l’épopée, notamment homérique, à l’histoire, aux récits de voyage et à l’ethnographie, à la comédie nouvelle (dont Ménandre est le représentant le plus célèbre), à la tragédie, surtout celle d’Euripide, à la poésie alexandrine et à la rhétorique. À l’image de la satura / satira, il est composite et le mélange qui le constitue fait qu’il est « partout chez (lui) », sans constituer « un genre bien à part », comme le notait déjà Sainte-Beuve à propos du roman grec (Nouveaux Lundis de 1862, Lévy frères, Paris, t. 2, 1864, p. 422). Littérature d’évasion, « qui se veut de divertissement », il allie « le plaisir du récit », né de la primauté accordée à la fiction, à « un nouveau rapport au monde et à une nouvelle représentation du monde », plus individualiste, selon E. Wolff (p. 9, référence dans la rubrique Vous voulez en savoir plus ?). C’est donc, comme le remarque Jacques Rancière, un « faux genre, un genre non générique qui n’a cessé de voyager, dès sa

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    naissance antique, des temples sacrés et des cours princières aux demeures des marchands, aux tripots ou aux lupanars, ou de se prêter, dans ses figures modernes, aux exploits et aux amours des seigneurs comme aux tribulations des écoliers ou des courtisanes, des comédiens et des bourgeois » (La parole muette, Paris, Hachette, 1998, p. 29). C’est là un aspect dont a hérité l’heroic fantasy, qui procède d’une même logique, même si le contexte est plutôt celui du Moyen Âge, comme dans L’Épée de vérité (The Sword of Truth), de Terry Goodkind, Le Trône de Fer (Game of Thrones), de George R. R. Martin ou encore le Seigneur des anneaux de Tolkien, qui ont donné lieu à de célèbres adaptations cinématographiques ou télévisées…

    ▶ Rhétorique et lieux communs dans le roman grec d’amour

    C’est donc une atmosphère particulière que crée le roman, à partir des caracté-ristiques de la civilisation dans laquelle il est produit : au fantastique médiéval des œuvres d’aujourd’hui, reflet du malaise social et existentiel actuel, répond le merveilleux mythologique gréco-romain, avec ses grandes (et petites !) figures, ses généalogies complexes, ses cadres géographiques divers, ses histoires à rebondissements. Mais, au fond, la « recette de fabrication » reste identique et procède du recyclage de thèmes universels, de « lieux communs propres au genre » et plus ou moins diversement organisés et exprimés, d’une façon qui n’est pas sans évoquer les Progymnasmata (exercices techniques servant à la formation des futurs orateurs) pratiqués dans les écoles de rhétorique antiques. C’est particulièrement vrai de l’ἐρωτικὸ ς λό γος grec, qui, comme le dit E. Wolff , « est topique, c’est-à-dire qu’il raconte inlassablement la même histoire » (p. 13), dont l’unité est assurée par l’amour qui unit les héros et que contrarie une Τυχή capricieuse. Sont ainsi déclinés, comme des passages obligés : le coup de foudre et l’opposition de l’entourage, la séparation des héros, leurs « inlassables voyages en Méditerranée et en Orient à la recherche l’un de l’autre, chacun quittant un endroit précisément au moment où l’autre y parvient » (Wolff , p. 21), les enlèvements par des pirates ou des brigands, les menaces de mort (voire des morts qui semblent eff ectives, comme chez l’iro-nique Achille Tatius), les reconnaissances, les quiproquos, l’instabilité du statut social qui fait passer les personnages de l’état de prince à celui d’esclaves, la torture, la violence sexuelle dont il faudra se préserver pour garder sa pureté, etc. Décidément, la Carte du Tendre n’est pas loin et le roman précieux pointe déjà son nez !

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    ▶ Le roman latin : un genre insaisissableLe roman latin semble plus sensible au concret des passions et des pouvoirs, aux réalités sociales, au quotidien et il ne fait pas de l’amour le sujet principal de l’intrigue. Il nous est connu principalement par trois auteurs, postérieurs au Christ, même s’il subsiste des noms et des fragments d’écrivains antérieurs, notamment le rhéteur Albucius, sans doute né entre 60 et 55 av. J.-C., écrivain dont Pascal Quignard, qui en fait un romancier, revisite l’œuvre (Albucius, Paris, 1990). Il s’agit de :

    Pétrone, Le Satiricon Apulée de Madaure (près de l’actuelle Constantine, en Algérie), au IIe siècle,

    Les Métamorphoses, Metamorphoseon libri, connues aussi sous le titre que nous a transmis Saint Augustin (Cité de Dieu, XVIII, 18), L’Ane d’or, Asinus aureus

    Anonyme (daté par Wolff , p. 58, du IIIe siècle, pour l’original, remanié au Ve ou VIe siècle), L’histoire du roi Apollonius de Tyr, qui « par plusieurs aspects, (…) se rapproche des romans grecs », mais présente des « thèmes qui lui sont propres (…), notamment celui de l’inceste » (Wolff , p. 59).

    Ainsi, le roman latin échappe à toute caractérisation de synthèse. En eff et, comme le dit Wolff , chacune des œuvres que nous avons conservées ne présente « guère de points communs : l’Histoire du roi Apollonius de Tyr s’inscrit dans la tradition du roman grec et devait être à l’origine un roman d’amour, mais la nature, le sujet et le sens véritable du Satiricon (qui ne se voulait peut-être pas un roman) et des Métamorphoses demeurent diff iciles à établir. Il n’y a pas de spécificité du roman latin » (p. 71).

    ▶ La réception par le public : entre réticence et plaisirInvite au voyage et au dépaysement, tant par son intrigue que par sa nature, on comprend que le roman ait pu déconcerter les lettrés et ce dès l’époque romaine. Heurtés dans leur sensibilité par ces récits en prose aux multiples rebondissements, dont il n’est pas toujours facile de saisir la cohérence ni la vraisemblance logique, ils se sont montrés réticents et méfiants. Comme le rappellent R. Brethes et J. Ph. Guez, cette hostilité académique a conduit à une mise à l’écart du canon des grands auteurs : les romans grecs et latins sont rejetés aux marges de l’espace littéraire. Cependant, ils ont été lus et suff isamment appréciés pour être recopiés et pour nous parvenir, ne serait-ce que sous forme de fragments. La vogue des traductions au XVIe siècle et son engouement pour Héliodore ou Achille Tatius, les transpositions, musicale

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    (Ravel) ou dansée (Nijinski), de Daphnis et Chloé de Longus au tout début du XXe siècle, la réinterprétation du Satiricon par Federico Fellini attestent de leur vitalité et de leur modernité…

    Maintenant que vous voilà mis en appétit, il va être temps de passer à table et d’abord de découvrir notre hôte, le mystérieux Pétrone !

    ZOOM SUR… LE ROMAN GREC

    « Issu de la tradition populaire des conteurs, influencés par la grande prose des historiens grecs » (P. Grimal, Romans grecs et latins, Paris, Pléiade, 1958, p. XII), puis refaçonnés par les écrivains de la seconde sophistique, le roman grec ne se réduit pas à l’ἐρωτικὸ ς λό γος : c’est un genre d’une grande diversité (romans « historiques », mythologiques, biographiques, de voyage, d’utopie…), dont l’origine est mal connue.

    Le corpus canonique du roman grec d’amour, que nous avons conservé, se compose de 5 auteurs : Chariton d’Aphrodisias, Les aventures de Chéréas et Callirhoé (« fin du Ier siècle, voire avant ») ; Xénophon d’Ephèse, Les Éphésiaques ; Achille Tatius d’Alexandrie, Les aventures de Leucippé et Clitophon (sans doute « constitué de deux strates diff érentes ») ; Longus, Daphnis et Chloé (tous trois « du IIe siècle »), Héliodore d’Émèse : Les Éthiopiques (« milieu du IIIe siècle »).

    Si les deux premiers auteurs sont relativement simples (lecture au premier degré), les trois autres demandent à être décryptés (parodie, fausse simplicité, lecture philosophique), parce qu’ils jouent sur les codes du roman grec.

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    LE SAVIEZ-VOUS ?

    Si l’origine du roman nous est inconnue, l’une de ses racines est sans doute l’épopée sumérienne de Gilgamesh, qui a circulé dans tout le Proche-Orient du XXVe au VIIe siècle avant J.-C. et qui a été traduite en babylonien, assyrien, hittite et hourrite. Un vrai best-seller ! Cette épopée romanesque raconte la quête d’un demi-dieu, roi-bâtisseur des remparts d’Ourouk vers 2800 ou 2600 avant J.-C. ! En voici les derniers mots :

    Celui qui a tout vu,celui qui a vu les confi ns du pays (…)il a fait un long chemin.De retour, fatigué mais serein,il grava sur la pierrele récit de son voyage

    (traduction du poète et musicien syrien Abed Azrié, Paris, Berg International, 1979).

    VOUS VOULEZ EN SAVOIR PLUS ?

    Vous pouvez lire :

    Les textes, disponibles

    ▶ soit dans l’édition de la Pléiade (Romans grecs et latins, traduits par P. Grimal, mais sans les Éthiopiques !, Paris, 1958),

    ▶ soit dans celle des Belles Lettres, R. Brethes et J.-Ph. Guez (éd.), Romans grecs et latins, Paris, 2016, dans une traduction qui se veut moderne et libre ; Danielle van Mal-Maeder, qui a « traduit » Apulée, aff irme ainsi : « je suis devenue auteure de ma traduction. À la toute fin, j’ai carrément mis de côté le texte latin et j’ai travaillé exclusivement sur le texte français pour lui donner un souff le et un rythme propres. Le fait que l’ouvrage ne soit pas une édition bilingue, autorisait de chercher une autre forme de fidélité » (in Le Temps, 4 juin 2016). 

    Des analyses, notamment :

    ▶ la petite synthèse, claire et précise, d’Étienne Wolff , Le roman grec et latin, Paris, Ellipses, 1997.

    ▶ Pour les plus curieux et les plus courageux (l’ensemble fait près de 800 pages) : Présence du roman grec et latin, textes réunis par R. Poignault, avec la collaboration de S. Dubel, Clermont-Ferrand, 2011.

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    L’ESSENTIEL À RETENIR

    Le « roman antique », nourri de rhétorique, puise à des genres littéraires divers.

    Il apporte au lecteur le dépaysement de la fiction et le plaisir des intrigues à rebon-dissements (roman grec d’amour).

    Le roman latin, représenté essentiellement par Pétrone et Apulée, n’a pas de spéci-ficité propre.

    L’énigme Pétrone

    Petronius Arbiter, qui nous ouvre les portes du festin off ert par Trimalcion, s’est eff acé derrière ses personnages et il se refuse à nous, jusque dans son nom « qui a été porté, à Rome, par plus de quatre-vingt-dix personnages importants » (Wolff , p. 38) ! Voyons donc quelles sont ses diverses facettes.

    ▶ L’arbitre des élégances sous Néron ?Dans ses Annales (XVI, 17-20), Tacite nous off re une « biographie » de Pétrone qui a longtemps eu les faveurs du public lettré, même si le récit de l’historien romain ne parle pas du Satiricon. Il nous dit seulement que Caius Petronius, proconsul en Bithynie et consul suff ect en 61 ou 62, fut le favori de Néron ; pour déterminer ce qui était « agréable » et « délicat », amoenum et molle adfluentia (§ 18), l’empereur se rangeait à l’avis de celui que l’on surnommait « l’arbitre des élégances », elegantiae arbiter. Personnage voluptueusement raff iné, erudito luxu, il fut victime de la jalousie du préfet du prétoire, le puissant Tigellin, qui dénonça à Néron son amitié avec le sénateur Scaevinus, impliqué dans la conjuration de Pison (65). Emprisonné à Cumes, Pétrone se suicida, non sans envoyer à Néron le livre de ses dépravations : « il traça le récit des vices du prince, en les attribuant à des débauchés et des femmes et en indiquant le caractère inédit de chaque accouplement et il envoya cet écrit cacheté à Néron ; puis il brisa son anneau, pour qu’il ne servît, dans la suite, à faire des victimes » (§ 19). C’est là une vie qui est familière à tout lecteur du célèbre roman de H. Sienkiewicz, Quo vadis ? (1895).

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    Pour beaucoup d’universitaires, Petronius Niger, parfois prénommé Titus, est donc l’auteur du Satiricon. Ainsi P. Grimal aff irme que « toutes les allusions contenues dans le Satyricon nous reportent à l’époque des empereurs julio-claudiens : Tibère, Caligula, Claude, Néron. Il n’en est aucune qui nous oblige à descendre à une époque plus basse » ; selon lui, le récit des Annales de Tacite (XVI, 19) contient « le souvenir, assez déformé, du Satiricon » (p. 4).

    Cette thèse a été revisitée en 1998 par un prêtre, G. G. Gamba (Petronio Arbitro e i cristiani. Ipotesi per una lettura contestuale del Satyricon, Roma, Las). Selon lui, le Satiricon, « aujourd’hui quasi unanimement attribué à Petronius Arbiter, et daté des années 65-66 ap. », présente, au niveau de la terminologie et du récit, des points de contact, des ressemblances avec les écrits bibliques et particulièrement le Nouveau Testament. D’après lui, Pétrone aurait, comme Néron, adhéré à la foi chrétienne dans sa jeunesse avant de se tourner vers « le père de la vérité, le sage Épicure » (Sat. 132. 15) ; son roman serait une apologie personnelle cryptée, une sorte d’Apologia pro vita sua, adressée à l’Empereur, capable d’y reconnaître les allusions à leur commune adhésion passée au christianisme. Dans cette perspective, le festin de Trimalcion serait en lien avec « l’expérience chrétienne de Pétrone » (deuxième partie), tandis que Trimalcion coderait l’apôtre Pierre… Tout une symbolique et un bien subtil programme !

    ▶ Un romancier flavien ?Mais, outre le fait qu’il est impossible, – à tout le moins bien diff icile ! – de rédiger un roman aussi long que le Satiricon en quelques heures, certains indices semblent renvoyer à une époque plus tardive. René Martin, s’appuyant sur certains éléments romanesques et stylistiques, voit en Pétrone un aff ranchi (ou le fils d’un consul, ancien aff ranchi) qui aurait vécu sous Domitien (« Le Satyricon peut-il être une œuvre du IIe siècle ? », p. 609, Aere perennius, Presses de la Sorbonne, 2006, p. 603-610).

    L’époque flavienne est le terminus post quem actuellement admis, comme le dit Florence Dupont : « le haut-empire, qui trouve son apogée sous les Antonins – date au-delà de laquelle on ne peut faire descendre « Pétrone » – connaît la paix et la prospérité intérieures » (Le plaisir et la loi, Paris, 1977).

    ▶ Un auteur ludique qui se met en scène dans son roman ? Une autre hypothèse, également présentée par R. Martin, fait de Pétrone le secrétaire de Pline le Jeune (vers 61–114), parce que celui-ci porte le nom d’Encolpe, qui est aussi celui du narrateur du roman et que sa personnalité,

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    qui allie sérieux et fantaisie, semble assez proche de celle du héros narrateur. L’auteur se mettrait ainsi humoristiquement en scène, comme pour souligner la fictionnalisation à l’œuvre dans son roman, conçu comme un jeu de voix diverses et d’enchâssements multiples.

    Notons également les deux allusions que nous avons à Pétrone, l’une chez Macrobe, à la fin du IVe siècle, dans le Commentaire sur le Songe de Scipion, où il souligne, chez Pétrone, la multiplicité des « intrigues emplies d’aventures amoureuses imaginaires », l’autre chez Sidoine Apollinaire, au Ve siècle, qui fait de lui un Marseillais.

    On le voit, Pétrone se dérobe à nous (certains universitaires voient même en lui un être de papier, un peu comme Homère) ; il reste mystérieux et, peut-être, n’est-ce pas la moindre de ses qualités que d’aiguiser l’ingéniosité intellectuelle de ceux qui s’intéressent à lui… Quoi qu’il en soit, il nous reste l’œuvre qui existe pour nous, fragmentaire, certes, également mystérieuse, et pourtant séduisante et tout aussi intrigante que son auteur…

    VOUS VOULEZ EN SAVOIR PLUS ?

    Le site que wikipédia consacre à Pétrone mérite d’être consulté : il est très détaillé et vous permet de lire en lien certaines des analyses citées (le lien est donné en note).

    Pour le plaisir, vous pouvez lire les romans de H. Sienkiewicz, Quo vadis ? (Poche, 2001) et de Pierre Combescot, Ce soir on soupe chez Pétrone, (Poche, 2006).

    L’ESSENTIEL À RETENIR

    Pétrone nous reste mystérieux, mais on voit généralement en lui :

    soit, un proche de Néron, condamné à mort en 65,

    soit, un romancier ayant vécu à l’époque de Domitien (51-96).

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