Lanabellia

Nefermepastaporte

Tome2

NishaEditions

Copyrightcouverture:AleksandrDoodkoISBN978-2-37413-252-5

www.nishaeditions.com

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@NishaEditions

NishaÉditions&Lanabellia

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TABLEDESMATIERESPrésentation

1.Moncorps,cetraître

2.Lecadeaudéfendu

3.Lesoiseauxd’Alessandro

4.Meilleursennemis

5.Cerclevicieux

6.Viveledimanche!

7.L’explosiondessensations

8.Perspicacitéfraternelle

9.Ilestparti

Àparaître

1.Moncorps,cetraître

JelistranquillementlasuitedeNosétoilescontrairessousmacouetteetj’aifermélaporteàclef.Jechiale, c’est trop triste…Je suis totalementabsorbéepar l’histoire,maisc’est sanscompter lespetitstambourinementsàmaportequejesnobe.Ilinsiste.

Ilvafinirparréveillermasœur!

Untrucglissesousmaporte.

C’estpasvrai,qu’est-cequ’ilestchiant!

Jemelève,ramasseleboutdepapieretessuiemeslarmesaupassage.

[Bébé,allez,ouvre.J’aiunfilmpourtoi.]

Jechercheunstylo.

[NON!]

Hop,jerenvoielemessagedel’autrecôtéetretournemeglissersouslesdraps.Ahnon,ilenrenvoieun!C’estladernièrefoisquejemelève!

[Nosétoilescontraires]

Ah, j’avoueque là, ilmarqueunpoint.Çame tentebienquandmême…Il aunebonnemémoire. Ilarriveraitpresqueàm’impressionner.Maisilnem’aurapassifacilement.Jereparsversmonlitavantdem’arrêter,hésitante.Ohilm’énerve!Etpuisaprèstoutcen’estqu’unfilm…

J’ouvrelaporteetletrouveplantélà,unpetitsouriretropmignonsurleslèvres.Non,Emily,arrêteça!Jedressemonmajeurdevantsonnez.

– JetepréviensDévin,justeunfilm!

Ilnemerépondpasetm’attrapelamainpourm’entraîneràtraverslecouloir.Ilm’emmèneoù?Danssa chambre, apparemment. Monsieur est bien équipé, mais c’est le foutoir là-dedans : télévision,ordinateur,troisguitaresetdespartitionsquitraînentpartout.Ilrefermederrièrenous.

– Installe-toisurlelit.

Dévin secomportecommeside rienn’était. Il aapparemmentoubliéqu’hier soir il était entremesjambes.Jefrissonne.Pourquoijerepenseàça,moi?Contente-toideregarderlefilm,Emily.

Il grimpe àmes côtés etme tend le bras pour que jem’installe. Je secoue négativement la tête. Ilm’attrapeetm’yplacedeforce.

Jerâleoupas?Non,plusviteçafinit,plusvitejeseraidansmachambre.Jemefaufilesouslesdrapspourcréerunedistance,maispasdebol,ilserelèvepoursemettreenboxer,seglisserprèsdemoietmereprendre dans ses bras de force. Sa divine odeur nem’aide pas du tout àme concentrer sur le petitécran.Maparole,ilsluiontoffertunpackagedephéromonesàlanaissance?

Concentre-toi,Emily!

Jen’arrêtepasdepleurerdevantl’histoire.CesontlesgrandeseauxetDévinsemoquedemoi.

– Etvoilà,c’estterminé.J’yvais!

Jem’élance,maisilm’attrape,metired’uncoupsecetjemeretrouveàcalifourchonsurlui.

Jenecroispasquec’était auprogramme…Saufquemon regardnequittepas le sienetnosdoigtss’entrecroisent.Jemesenstoutebizarre…Merde,ilserapproche…Hein?Moiaussijemerapproche?Sabouche frôle lamienne,moncœurmenacedebondirhorsdemapoitrine…Ses lèvresétudient lesmiennes,chaudesetdélicates.Mabouches’entrouvre,commesielleavaitacceptéàmaplace.

Sonbaiserest…Waouh…Qu’est-cequ’ilembrassebien!Noslanguessecaressentetsamainglissederrièrematêtepourmerapprocherunpeuplusdelui.Jen’aipasenviequeças’arrête…Moncerveaua perdu toutes ses connexions logiques. Ilme retourne pourm’allonger sur le lit tout en continuant àdévorermabouche.Torride,cebaiser…

Maisqu’est-cequejefabrique?

Ehbien,jem’accrocheàsoncouetjeleluirends,aussipassionnéequelui.Quandilmelâche,jesuisà bout de souffle et lui aussi. Nous nous regardons un moment et je crois que nous sommes dansl’incompréhensionlaplustotale…Nousvenonsdenousembrasser,etdésespérémentenplus!Commeuncouplefouamoureuxquines’estpasvudepuissixmois.

Là,çafoutlatrouille…

Reprends-toi,Emily!

Jelerepousse,merelèvevite,trèsviteetcoursrejoindremachambre.Jem’enfermeàclefetmelaisseglisserlelongdelaporte.Jepasselamainsurmeslèvres…Ilyaunbordelmonstredansmatête.Jenesaismêmepluscommentjem’appelle…

J’essaiedereprendremesesprits.

– Emily,ouvre.Ilfautqu’onparle.

Oui,ondoitarrêterçaimmédiatement!J’ouvreetfixelesolpourplusdeprécautions.

– Regarde-moi.

Ilsoulèvemonmentonetrevoilàsesbeauxyeuxgris.

– Embrasse-moiencore.Ilfautquejesachesic’estpareilladeuxièmefois.

Jen’aipasletempsderéfléchirqueseslèvresontdéjàtrouvélesmiennes.J’enailachairdepoule.Jesuissoulevéedeterreetmesjambess’enroulentautourdelui.

Conclusion:lasensationestlamêmeaudeuxièmeessai,autroisièmeaussietmêmeauquatrième…

***

J’ouvreunœil:ilyaunpoidssurmoncorps.J’essayedemelibérer,maisDévinestàmoitiésurmoi.Merde,ilaencoredormilà…Enplusonestdimancheetmasœurestàlamaison.Heureusementqu’elleaunsommeildeplomb.Maculpabilitérevientenforce.Qu’est-cequim’apris?EmbrasserDévinunebonne partie de la nuit… Cette fois, je perds complètement les pédales… Il faut arrêter les dégâtsimmédiatement,çavabeaucouptroploin.

– Dévin,réveille-toi.

Ilronronne…C’estchou,ça…

– Allez,Dévin.– Jesuisfatiguéetjesuisbien.

Ilinstallesatêtesurmapoitrine.Jeluidonneunetapesurlefront.

– Réveille-toigrandnigaud,j’aiàteparler!

Il s’étire et se redresse, les yeux pas encore entièrement ouverts. J’attends un peu, pour qu’ilcomprennebiencequej’aiàluiannoncer.

– Bon,çayest?Tuesavecmoi?– Ouais.

Ilbaille,génial!

– Uncafé?– Avecplaisir.

Jeme lève le plus discrètement possible, file à la cuisine préparer deux tasses et remonte aussitôt.Monsieurenaprofitépoursemettreàplatventre,enétoiledemer.Jen’avaisjamaisfaitattention,maisil a un de ces culs ! Je contemple le chef d’œuvre unmoment enmemordillant la lèvre avant demelancer.

– Dévin,caféine!

Ilmerépond,latêteencoreenfouiedansl’oreiller.

– Tuabuses,Emily.Onestdimanche.– Detoutefaçon,ilvafalloirqueturetournesdanstachambreoucelledemasœurparcequ’ellene

tarderapasàseréveiller.

Etilronchonneenplus!

Ah!Masœurselève!Là,onestmal!

– Dévin,dépêche-toi!Tudoisfilerd’ici,Tracyestdebout.– Ellefaitchier,celle-là!

Ilseredresse,attrapesoncaféetlesirotetranquillement.Ilavraimentledonpourmemettrelesnerfsàvif!Etmasœurquiestlevée…

– Ilfautquetupartesd’ici,secoue-toi!Onremetladiscussionàplustard.

Jepasselatêteparlaporteetdistinguedubruitdanslacuisine.

– Allez,dehors!

Ilprendtoutsontempsenplus.Jerefermederrièreluietsouffleunboncoup.Lespetitesmontéesdestressdèslematin,çacommenceàdevenirépuisant.

***

Nousnoussommessciemmentévitéstroisjoursentiers,nuitscomprises.J’avouequejen’aipastrèsbiendormi.Ilmefautunepérioded’adaptation.

J’aibienvucequeçadonnaitlesfoisprécédentes:lesnuitsétaientcourtesetjetournaiscommeuneâme en peine en attendant qu’il donne signe de vie.Nous n’avons pas eu notre conversation alors laquestionrestelamême:est-cequec’estvraimentterminéouest-cequ’aucundenousdeuxn’oseaborderlesujet?

Mais aujourd’hui,mercredi, jene travaillepas, donc il seradifficiledenepas se croiser. J’espèrequ’ilaprévuquelquechosecarj’aimeraisbienliretranquillementsurla terrasse, ilyaunmagnifiquesoleil.

Ilestquatorzeheures lorsquejemerisqueenbas.Personne.Jemeprépareunsandwichetfilesansbruitversmontransatavecunbouquin.Cettefois, jemesuispréalablementenduitedecrème.Àpeinedixminutesplustard,masœurarrivetoutsourireets’assiedsurlesiègevoisin.

– Alors,avecDemsey?

Jenelèvepaslatêtedemalecture.

– Çava.

Çam’étonneraitbeaucoupqueçaluisuffise,maisj’auraitentélecoup.

– Tuluienasparlé?– Pourquoiluienparlerais-je?Onestensembledepuisseulementcinqjours,jenechantepasçaàtous

lesmecsquejerencontre.

Ellevamelaisserlire,oui!

– Tusais,Emily,Demseyatrenteans,cen’estplusungamin,ilnejouerapasàladînetteavectoi.Ilasûrementd’autresattentes.

Je lève les yeux vers elle, surprise. Trente ans ? Je lui en donnais tout au plus vingt-cinq. Je suischoquée…Jeferaisbiendem’intéresseràl’âgedesgensdetempsentemps.JemedemandebienquelâgeaDévin…

– Franchement,jenelecroyaispassivieux.– Ouais,jesais,moinonplus.Entoutcas,illesportebien.C’estsûrementpourçaqu’ilestplusposé

que les autres.Mais c’est unhomme,Emily.Alors avoue-lui avant qu’il ne tente quoi que ce soit quipourraittegêneraffreusement.

C’estcertain,Demseyestattirant,maisjen’aipasencoreenvisagécecôté-làdenotrerelation,c’esttroptôtpourmoi.Etpuis,mamésaventureavecEdwardm’arefroidie.

– J’aiunpeupeurdesaréaction.Imaginequeçalerebute.

Ellelèvelesyeuxauciel.

– Neracontepasn’importequoi!Aumoins,ilnepourrapasnierquetuesunefillebienetpasunedecestraînéesquitournentautourdeluisanscesse.Mêmesijesuiscertainequ’illesaitdéjà.

Oui, c’estvraiqueDemseyest très correct avecmoi. Je l’aidéjàvuavecquelquesnanaset, encetemps-là,ilnesegênaitpaspourlestripoterenpublic.Ilneseconduitpasdecettemanièreavecmoietj’apprécie.

– J’essayeraideluiexpliquer,maisjenevoispastropcommentm’yprendre.– Dis-luifranchement.Iln’yapasdehonteàavoir.Etpuis,s’ilnecomprendpas,tuledégages.

Maisjen’aipasenviedeledégager!

– Tuassûrementraison.

C’estvraiqueDévinnes’estpasmoquédemoiàcesujetetpourtant,ilauraitpus’endonneràcœurjoie.Certes,ilautilisélechantage,maisilnel’arépétéàpersonne.Enfin,jepense.

Tracyestrepartiecommeelleestvenue.Sescopinesl’attendaientpourdévaliserlesboutiques.Jemesuispréparéeunthéglacé.Jesuisdansmonunivers,entêteàtêteavecunlivre,suruntransat,ausoleil.Quedemanderdeplus…

Àpeineai-jeavaléunegorgéequequelqu’unsonneàlaporte.Sérieusement,c’estimpossiblederestertranquilleplusdequinzeminutesici!Jemerelèvepourallerouvrirenposantmonbouquinetmonverreàcontrecœur.

– Demsey?– Saluttoi!

Ilm’attireàluietsaboucheseposesurlamienne.J’adoresesbaisers,maisjenesaispaspourquoi,ilsnem’apaisentpasautantqued’habitude.Seslèvresmeparaissentmoinsattirantes.Pasaussidoucesetenvoûtantesque…

Stop!

– Jecroyaisquetubossais.

Demseytravailleàtempspartieldansunmagasindemusique,cequiluiconvientàmerveille.Ilaimebeaucoupsonmétierpuisqu’ilestdirectementliéàsapassion.

– J’aiunpeubâcléleboulot,jemerattraperaidemain.J’avaisenviedepasserdutempsavectoi.

Je luioffreunsourire timide.Jenesouhaitepas luimontrerquecetteattentionmetouchebeaucoup,autrementilpenseraquejesuisdéjàaccro.Jeremarquesaguitarequ’ilporteenbandoulière.

– Tucomptesrépéterteschansons?– Ouais,etjesupposequetoituvaslire.

Unénormesourires’invitesurmonvisage.

– Tusupposesbien.

Je lui sersun thé, l’entraînevers la terrasseet il s’installe toutnaturellement sur le transat à côtédumien.Ilsortsoncahieretattrapesaguitare.Jenesuispasseule,maislesnotesquicommencentàtitillermes oreilles m’enchantent. Il est très concentré et j’en profite pour l’observer. Il griffonne, glisse soncrayonentresesdents.Jetrouveça…terriblementsexy.

Demseyme plaît vraiment beaucoup. Il neme dérange pas du tout dansma petite tranquillité et jepourraistrèsvitem’habitueràdesmomentscommecelui-ci.Jemesurprendsàsourire.Jeluiavoueraimavirginité,ilcomprendra,c’estcertain.Ilestintelligentetilnejugejamaislesgens.

Jereplongedansmonlivreet,parmoment, jefermelesyeuxpour l’écouter.C’est trèsagréable.Unvacarmesoudaindans le salonattiremonattention. Je jetteunœil à travers labaievitrée :Dévinestrentréetimpossibledel’ignorer.Unvraibulldozercemec.

Demseyjetteunœilàsontour.

– SalutDaney!– Ah,t’eslàtoi!J’aiessayédet’appeleraumoinsdixfois.– Ouais, j’ai coupéma sonnerie.Emily lit etmoi j’essaie de retravailler une anciennemusique que

j’avaislaisséeenplan,alorsnousavionsbesoindecalme.

J’aimebiencetteréponse.

– Salutlacoincée,tuessaiesencorederessembleràuneécrevisse?– Vavoirailleurssij’ysuis,ledébilemental!

Nospremiersmotsentroisjours…Étrangement,çameréjouiraitpresquedel’entendre.

Monbouquinm’échappedesmains.J’auraisdûleprévoir!

– LaCitédesténèbres,c’estquoicetrucencore?

Ilretournelelivredanstouslessens.

– Dévin,rends-moiça!

Ilsebarreaveccecon!Jemeredresse.Demseyposesaguitare,déjàprêtàselever.

– Tuveuxquejelecalme?– Non,restelà.J’aideschosesàmettreaupointaveclui!

Jefonceàl’intérieur.Oùest-ilpassé?Iln’estpasenbas,c’estcertain.Jejetteunœilàl’étage.Danssachambre?Non.CelledeTracy?Nonplus.Lasalledebain?Toujourspas.Nemeditespasqu’ilaosé ! Je file à toute vitesse dansma chambre et le trouve tranquillement installé surmon lit en traind’attaquermonbouquin.Ilmerendrafolle!Jerefermelaportederrièremoi.

– Surtout,netegênepas!– J’aimebientonlit.– Onpeutéchangersicen’estqueça!– Tuviens?

Quoi?Iltendsonbrasversmoi.Ilmepousseàbout!Ilsecroittoutpermisetpourtantjesuisplantéedevantluiàhésiter.

– Tun’esvraimentpasnet!Demseyestenbasjeterappelle!– Etalors?

Ilm’énerve!

– Maismerde,Dévin,réveille-toi!Jen’aipasenviedefoutreenl’airmarelationaveclui,c’estunmecbienetc’estlapremièrefoisqueçam’arrive.Toi,tut’enfoussimasœurnoussurprend!Tusaisquec’estàmoiqu’elleenvoudra!

Ilme jugedu regardun instant, pose le livre et se redressepour s’asseoir auborddu lit. Il a l’airdrôlementsérieuxd’uncoupetfixelesol.

– J’aiessayédetelaissertranquille,maisjen’yarrivepas,Emily…J’aiunputaindebesoindepasserdutempsavectoi.

Moncœuraloupéunbattement…Quellesincérité!VenantdeDévin,çatientdumiracleetc’esttrès…déstabilisant.Jemeradoucis.

– D’accord,situenasenvie,c’estpossible.Maisentantqu’amis.Plusdetrucsbizarres,OK?

Uneétrangepesanteurrègnedanscettechambre.

– Situveux…

Savoixestbizarre.D’uncoup,j’ail’impressiondemetransformerenDévinetluienTracy…C’estglauque…

Ilmesaisitparlataille,maisjelerepousse.

– Qu’est-cequejeviensdedire!– Undernierpourscellernotrepacte.

Sontonestdevenucharmeurtoutàcoup.Ilm’empoignepourm’entraînersurluietnouséchouonssurlematelas.

– Arrêteça,Dévin.C’estimpossible.– Biensûrquec’estpossible,parcequetuenmeursd’envie.

Jen’aipaseuletempsderépondrequesalangueestdéjàdansmabouche,s’affairantàtourmenterlamienne.Mesmainsfilentdanssescheveuxetjemecollecontrelui.

Pourquoi, alors que je refuse, mon corps accepte-t-il, lui ?Mon tee-shirt tombe par terre.Merde,qu’est-cequ’ilfait?Ilmeretournesouslui.

– Dévin,arrête.– Tun’espastrèsconvaincante.

Ilmordillemestétonsàtraverslesatindemonsoutien-gorgeetl’effetestimmédiat:jemetortille.

– Emily!

Merde,c’estDemsey!

– Pousse-toi,Dévin!

Ilsemetàrireetroulesurlecôté.J’enfilemonhaut,etjesensmesjouess’empourprer.

– J’arrive!

Ilmeretientparlatailleetsecolleàmondos.

– Cesoir?– Quoicesoir?– Jelaisseraimaporteouverte,siçatetente.– Çanemetentepas!– Onverraça…

Ilpeuttoujoursrêver!Jemedégagedesaprise,leplantelàetdescendsretrouverDemsey.

– Çava,Emily?Tuesrougecommeunepivoine.– Euh…Oui!JemesuisénervéeaprèsDévin,jenelesupporteplus!– Jeluiparleraisitulesouhaites.

Ilestdansmachambre,cen’estpaslemomentidéal.Jemesensmal,commeprisedansunétauquiseresserredeplusenplusautourdemoi…

– Non,çaira.Jeluiaibalancésesquatrevérités.Ildevraitcogiterunbonmoment.

Çan’aeuaucuneffet.Àcroirequel’engueuler,çal’excite,cetobsédé!

Ilfautqueças’arrête.Jecommenceàavoirlesnerfsàvifàcausedumanquedesommeil.Quandilestlà,onnedortpresquepasetquandiln’estpaslà,jecumulelesinsomnies.EtsijeproposaisàDemseyderester?Jemetâte : ilseméprendrapeut-êtresurmes intentionsetpenseraque jedésireallerplusloin.

Jenesaispluscommentm’ensortir…

2.Lecadeaudéfendu

Demseyetmoipassons lasoiréeenlacésdevant la télévision,masœurayanteu labienveillancedetraînersonbouletàl’étagepournouslaisserdel’intimité.

– Monange,tuaimeraisquejeremetteunfilm?

C’estlatroisièmefoisqu’ilm’appelle« monange »aujourd’huietàchaquefois,moncœurexécuteunpetitbonddansmapoitrine.

– Non,j’aibesoindeteparlerdequelquechose.

Ilmedévisage,surprisparmontongrave.Ilparaîtinquiet.Jesuiscertainequ’ilcroitquejem’apprêteàlequitter.

– Ilyaunsouci?

Je l’enlaceafinde l’embrasseret le rassureraupassage,mais lebaiserestunpeuplus intensequeprévuet jeme retrouve sur ledos, lui allongé surmoi.Pourquoi à chaque foisque j’ai l’intentiondediscutersérieusementavecunmec,jemeretrouveàl’horizontaledansdespositionsunpeutropintimes?Quoique,lesbaisersdansmoncousontplutôtagréables.

– Demsey,jevoulaistedireque…

Zut,jeperdsmesmots.Ilmecaresselajouedudosdelamainetmebouffelittéralementdesyeux.

– Jet’écoute.

Arrêtedemeregardercommeça,tumedéconcentres!

– Commentt’expliquerça,jen’aijamais…Enfin,tuvois…

Unpetitsouriresedresseaucoindeseslèvresetjen’arrivepasàendéterminerlacause.

– Jenevoispas,maisjem’endoute.

Quoi?

– Commentça,tut’endoutes?– Jenesuispasidiot.Jel’aideviné,mêmesijen’enétaispascertainàcentpourcent.

Cemecestétonnant.

– Etçateposeunproblème?Jepréfèrequetusoisfranc.

Jeretiensmarespiration.

– Nonaucun,j’aitoutmontemps.

Ouf!Ilestparfait!Jesuissoulagéefinalementqueçacesoitsibienpassé.Masœuravaitraison.

***

Demseyestreparti ilyadeuxheureset jevireetrevireentremesdrapsdansmonlit, luttantcontrel’enviededonnersatisfactionàlapropositiondeDévin.

Uneheuretrente:j’essaiedelire.Dévinestdanssachambre.Impossibledemeconcentrer…

Uneheurequarante:jesuisdanslacuisine,jemeprépareunetisanepourtenterdemedétendre.Ildortsûrement…

Uneheurecinquante:jemedouche…etjel’imagineavecmoi…Mauvaistrip.Pourquoijem’imagineça?

Deuxheuresdix:jetourneenronddansmachambre.Cettemêmechambreoùilesttellementvenuquejelerevoisdanschaquerecoin…Souslelit,surlelit,entremesjambes…

Deuxheuresquinze:jemeremetsaulit.ArrêteEmily,c’estridicule.Tuesridicule.Ildort.

Deuxheuresvingt:yenamarre!

Arméedemoncoussin,jetraverselecouloiretouvrelaportedelachambredeDévin,quiestallongésursonlit.Ilmesouritaussitôtettapotelaplaceàcôtédelui.

– Unfilm,bébé?– Ouais.

Jegrimpeetm’adossecontrelemontantdulit,caléeavecmonoreiller.

Qu’est-ce que je fous là ? Je suis vraiment une grandemalade ! Enfin,maintenant que j’y suis, j’yreste…Pourquoisuis-jeattiréeparluicommeparunaimant?Dèsquelanuittombe,j’ail’irrésistiblebesoindeleretrouver.Plusriennecompte.J’enoubliemasœuretDemsey.J’ail’impressiondeneplusriencontrôler.

Dévinse lèveetchercheun film.Sondosnu, largeetmusclé,estàmaportéeet jemesurprendsàl’admirer.Monpetitmoiintérieurmerappellequecen’estpasbienetquejedevraisretournerdansmachambreaupasdecourse.SaufqueDévinsepencheenavantpourattraperjenesaisquoi.Monpetitmoiintérieurhurle,tentedemeraisonner,maisjel’envoiebouler.

Ilmebalanceunsacenserecouchant.

– Tiens,ça,cen’estpasvulgaire.ÇateserviraavecDemsey.

J’attrapelesachet tombésurmesjambes.J’ensorsunboutdetissuensatinblancet l’observe.Unenuisette?Oh,c’estcourtcetruc…Lefeumemonteauxjouesenl’espaced’uneseconde.

– Tuastrouvéçaoù?

J’espèrequ’ilnel’apaspiquéàmasœuroupireencore,qu’elleappartientàunedesesex.

– Je l’aiachetéecetaprès-midi.Porteunepetiteculotteblancheavec.Un trucsexy,pasun trucdeviergeeffarouchée.

MêmesiDévinn’estpasladélicatesseincarnée,cegestemetouche.

– C’estgentilça.– C’esttoutsaufgentil.– Commentça?– Jesuisunconnard,toutlemondelesait!

Merde…J’aiunpincementaucœur.

– Nedispasça.Tusais,tuesunmecbienquandtut’endonneslapeine.Regarde,grâceàtoi,j’aiévitéla pire connerie dema vie avec Edward. Tum’as aussi empêchée de partir avec ton frère alors quej’étaissaoule.Tu t’esoccupédemoiquand jevomissaispartout.Turetiens lenomde tousmes livrespourmemontrer leurs adaptations cinématographiques etme faire plaisir. Et tu répondsmême àmesquestionsstupides.

Ilmesouritet,soudain,toutseconnectecommeparmagiedansmoncerveau.

– Jereviensdanscinqminutes!

Ilmeregardecommes’ilnecomprenaitrien,cequiestsûrementlecas…Jefoncedansmachambre,monsachetàlamain.Jefouilledansmontiroiràsous-vêtementsetdénicheuneculotteendentelleblanche,puisfileàlasalledebain.Jemedébarrassedemonpyjama,enfilelaculotteetlanuisettequim’arriveaurasdesfesses.Jem’observeunmoment:c’estjoli.Jelâchemescheveuxetlescoiffeunpeu.

Monpetitmoi intérieur tire la sonnetted’alarmepourm’avertirque jem’apprêteà faireuneerreur,maisjenel’entendspas.

Jesorsdelà,inspireunboncoup,traverseànouveaulecouloirdiscrètement,entredanslachambreenrefermantsoigneusementderrièremoi.Quand jeme retourne,Dévinafficheunair surpris, laboucheàmoitiéouverte.

– Merdealors!

Jem’attendaisàautrechose,peut-êtredepluséloquent,maisbon…c’estDévin.

– J’aimeraisquecesoittoi.– Quoi?– Jeveuxquecesoittoimonpremier.

Etjesuisdéterminée.Ilpassesamainsursanuqueetsecouelatêtecommes’ilnecroyaitpasàcequejevenaisdeluiannoncer.

– MaisoùestpasséeEmily?– Turefuses,c’estça?

Il se redresse et se lève, s’avance versmoi enm’admirant dans lesmoindres détails. Il saisitmonvisageentresesmainsetm’embrassetendrement.

– Ohquenon.J’enaienvie.Trèsenvie.

Ils’assiedsurlelitetmetirejusqu’àmecalerentresesjambes.Ilcaressedélicatementmescuissesenmescrutantavecenvie.Sesyeuxs’attardentsurchaquepartiedemoncorps.

– Putain,t’estropbellecommeça!

Jen’angoissepasautantquejel’avaisimaginé.Peut-êtreparcequec’estDévinetquej’aidéjàfranchicertainesbarrières avec lui.Sesmains remontent surmes fesses et je frissonne. Il descendmaculottedélicatement,laissantsesonglescaressermapeautoutdulong.

– N’aiepaspeur,oniradoucement.Situasmal,tum’arrêtes.

Sesyeuxs’embrasent.Ilécartemesjambesavecunpiedetselaissedoucementglisseràgenoux.Enleregardant dans cette position, je sens déjàmon envie de lui se propager dans chaque cellule demoncorps.Jenesaispasexactementcequejesuiscenséefaire…

Ilembrassedélicatementmescuissesenmetenantfermementparlesfesses,s’immisceàl’intérieurengoûtant chaque centimètre de ma peau. Lorsque sa langue s’infiltre entre mes lèvres, mes jambestremblent imperceptiblement. Au deuxième passage le long de mon intimité, je frémis. Je risque detombersijerestedanscetteposition:mesjambesnecoopèrentplusvraiment.Ilcontinueinlassablementsadélicieusetorture:jevaism’écrouler.Iladûlesentirpuisqu’ilmesoulèveetm’allongedélicatementsurlelit.

– Tuesvraimentmagnifique,Emily.

La tendresse de ses mots résonne au plus profond de mon être. J’observe cet homme sublime sepencher au-dessus demoi,me contempler longuement, intensément. Le bout de ses doigts caressemapeau,soulève,puisôtemanuisette.Seslèvresseposentsurmonventre,commencentl’ascensiondemoncorps,alternantbaisersetcoupsde langue.Marespirationdevientsaccadée, jemecambre. J’aienviequ’ilmepossède,d’êtreàlui.Jenesauraisdirepourquoi,maisj’aiconfianceenlui.

Saboucheseposesurundemesseinsetilsoupireenattrapantleboutentresesdents,sansromprel’intensitédenotrecontactvisuel.Laréactionestimmédiate:montétonsedurcitetjemecambreencoreplussoussesmordillements.

Il attrapemon visage entre ses paumes pourm’embrasser avec une telle ferveur quemon corps entremble.Ilseredresse,descendsonboxerpourlibérersonérectionetmabouches’entrouvre.

Impossible,çanerentrerapas!

Je le regardeavecappréhensionenfilerunpréservatif tandisqu’ilmerassured’unsourire.Unéclatbrillantornesesprunellesgrisesetenvoûtantes.

– Net’inquiètepas,tuesconçuepour,bébé.

Jeresteunpeuinquiètemalgrétout,maissescaressessurmeshanchesm’apaisentimmédiatement.Son

corpsrejointlemien,mesjambess’écartentnaturellementpourlelaissers’engouffrerentre.Moncœurbatirrégulièrementetmarespirationestentrecoupée.Ilembrasselecreuxdemoncou,sonsoufflechaudsurmapeaum’effleureetm’enivre.Sesmainsdétaillentmescourbesavecdélicatesse,elleseffleurentlentement mes seins, ma taille, mes hanches, mes fesses, mes cuisses… Toutes ces sensations sontnouvellespourmoi.Jemesuisimaginéetantdefoiscemoment-là,maisenréalitéc’estmillefoismieux.Sonsexecaressel’entréedumienetmeprocured’irrésistiblesfrissons.Jedésespèredesoncontact.Mespenséesm’échappent,segorgentd’envie,endiguentmacrainte.Jen’aijamaiseuautantbesoindequelquechose.C’estplus fortquemoi, j’enserre seshanchesavecmes jambes, luimontrantmondésird’allerplusloin.

Jeretiensmonsoufflequandils’immiscedoucementenmoi…Aucunedouleur,c’estassezétrange…Étonnant, mais agréable, très agréable. Je ne peux m’empêcher de le bouffer des yeux. Ce mec estvraimentmagnifique!Attentifàchacunedemesréactions,ilrecule,revientdoucementenmepénétrantplusprofondémentetilétouffemonpetitcridesurprise,sabouchesurlamienne.Lesmusclesbandés,ils’immobilise,melaissantletempsdem’habituer.Jemesensentièrementemplie.Monventresecontracteautourdelui,m’offrantunevaguedeplaisir.Mesmainshésitantesglissentsursanuqueetjemenoieaufonddesesyeux.J’enveuxencore…

– Çava?

Savoixrauquemeprocuredesfrissons.J’acquiesceavecunsourireetm’accrochedésespérémentàluialorsqu’ilcommencesesva-et-vient.Lepetitgémissementquifiltreentresesdentsestdélicieux.

Samainmecaresse,seslèvresm’embrassentettoutcebouillonnementdansmoncorpsmesubmerge.Je gémis en me cambrant sous lui. Il accélère le mouvement, épiant chacune de mes réactions. Mesdernièresangoissess’envolent,mabouches’entrouvresousmonsoufflesaccadé.Jegémis.Enmoi,c’estl’affolement.J’ail’impressionqu’onm’ainjectéunedosedeplaisirenintraveineuse,sepropageantdanstoutmonêtreàunevitessefolle.

Mes ongles s’accrochent à ses épaules. Ses paumes encerclent ma taille. Ses coups de reinsdeviennent plus brutaux. Ohmon dieu, c’est tellement bon ! Qu’est-ce qu’ilm’arrive ?Mes jambestremblent,mavuesebrouille,jenepeuxcontenirmonplaisirquijaillitdemabouchesouslaformedesonprénom.Ilcontinueencoreetencore.Jesuissurlepointdedéfaillir.Unspasmeviolents’emparedemoi.Jelâcheprise,melaissehapperparcetourbilloninconnu.Jemeperdsdansuncridésespérétandisqu’unrâleprofonds’échappedeseslèvresentrouvertes.Toutexploseenmoi.

Bonsang!Waouh!

Àboutdesouffle,soncorpssepressecontrelemien.Ilnichesatêtedansmoncoupourprofiterdumoment.J’ail’impressiond’êtredansducoton.

Ilfinitparreleverlementon.

– Onrisqued’avoirdesproblèmes,bébé.

Jeleregardesurprise.

– Pourquoi?– Onaétébeaucouptropbruyants.

Là,jemesensmal.Ilseretireetjegrimace.=

– Tutesensbien?– Trèsbien.

On m’avait expliqué que la première fois était généralement douloureuse. Et bien, loin de là, jepourraisrecommencertoutdesuites’ilnevenaitpasdem’endissuaderparcettedéclarationplombante.Maintenant,jesuisinquiète.

– Commentonvaexpliquerça?

Unlongsilences’imposeetjel’observe.Qu’est-cequisetramedanssatête?

– J’inventeraiunmythopourTracy.Dugenrequej’airamenéunegonzesseàlamaisonetbasta.Elleferasacrisehabituelleettoutrentreradansl’ordre.

Jeresteperplexefaceàsadésinvolture.Cettesituationmedépassetotalement.Jesuisperdue.Laseulechosedontjesuiscertaine,c’estqu’ilfautquejeparted’icietvite.

– Ceseraitpeut-êtremieuxquejeretournedansmachambre.

Ilattrapemanuisetteetm’aideàl’enfiler.

– Oui,c’estmieux.

Unsilences’installe,puisilajoute.

– Nefermepastaporte…

Ça signifie qu’il compte me rejoindre ? Pour une fois, l’idée me plaît. Je me lève et attrape moncoussin.

C’estquoiça?Dusang…Beurk!Jefileàladouche.***

Laculpabilitén’apasencoreprispossessiondemonesprit:jesuisencoreperchéetrèshautsurmonpetitnuage.C’estundesmomentslesplusimportantsdemavieetj’éprouvelebesoind’enprofiter.Àplatventresurmonlitdansmanuisettetoutedouce–cadeaudeDévin–jesouriscommeuneidiote.

Ohlaboulette!

Jeviensd’annonceràDemseyquejesuisviergeetmaintenantjenelesuisplus.Pourquoia-t-ilfalluquejeluiavoueaujourd’hui?Etpourquoiest-cequej’aichoisiDévin?PourquoipasDemsey?Cequiauraitétébienpluslogique!Maisqu’est-cequinetournepasrondchezmoi?

– Jolievue!

Jesursaute.Jen’aipasentenduDévinarriver.

– Tucomptesmelaisseruneplaceoutupréfèresquejepionceparterre?

Jemeretourneetm’assieds.

– Tucroisquec’estunebonneidéequetudormesicicettenuit?

Ilgrimpesurlelitetmebasculeenarrière.

– Chut!Dorsmaintenant.

3.Lesoiseauxd’Alessandro

Loin dansmon sommeil, jem’agite à l’écoute de petits bruits de plus en plus forts. Je crois qu’onfrappeàlaporte,maisj’aidumalàouvrirlesyeux.

– Emily!

Jemeredressed’uncoup,enpanique.

– Dévin,réveille-toi.

Ilgrogne.

– Non.– Souslelit,dépêche-toi!– Çavapasrecommencer!– Grouille!

Ilselaissenégligemmenttomberenbasdulitetrampeendessous.

– Emily,ouvre,ilfautquejeteparle!– Oui,j’arrive!

Jebalaie lachambreduregard.Riennetraîne.Merde, jesuisennuisette!J’attrapeunechemisedenuitdansmonarmoire,l’enfilepar-dessusetfonceouvrir.Masœurentrecommeunbouletdecanonetlescernessoussesyeuxnemedisentrienquivaille.

– T’enasmisdutempsàouvrir.– Tum’excuseras,maisjedormais!

Ellesoupireets’avachitsurlematelas.

– Jesuisàbout,Emily…– Qu’est-cequ’ilsepasse?

Commesitunelesavaispas.

– JecroisqueDévinaramenéunefillehiersoir.

Respire,Emily!Oh,jemesensmal.Untsunamideculpabilitém’assailleviolemmentetjem’assiedsavantqu’unmalaisemeprenne.Àcroirequeladernièrefoisnem’avaitpassuffi…Querépondreàça?

– Jen’airienremarqué.

Ellelèvesesyeuxtristesversmoietj’aidumalàgardermacontenance.

– Sérieusement,tun’asrienentendu?– Non,riendutout.Ilestencoreavecelle?

Enplusdementir,j’enrajouteunecouche…

– Non,sachambreestvideetcettenuitj’aiessayédem’yrendre,maisj’avaistroppeurdecequej’yauraistrouvé.

Parler sincèrementàmasœuralorsquesonmecest sousmon lit, c’estplutôtdélicat, surtoutquandladitefilledecettenuitestjusteenfaced’elle.Mondieu,qu’est-cequ’ilm’apris?Pourquoimesuis-jecomportéedecettefaçon?Jesuisunevraieégoïste…

TantpispourDévin!

– Quitte-leTracy.C’estlemomentoujamais,autrementiln’arrêterapasetceseradepireenpire.– J’ensuisconsciente,maisjen’yarrivepas.– Merde,Tracy!Réagis!– J’aimerais bien être comme toi, Emily. Tu es posée, tu réfléchis avant d’agir et du coup tu t’es

dégotéeunmecgénialquiteplacesurunpiédestal.

J’aiperdudixcentimètresen l’espaced’uneseconde.Jeravale labouleaufonddemagorge.C’estvraiqueDemseyestgénial.Maismoi…Jesuisunemoinsquerien.Oùsontpassésmonbonsensetmesprincipes?Qu’est-cequeDévinm’afaitpourquejeperdelespédalesàcepoint?

Stop.J’arrêteçatoutdesuite.Jenepourraijamaissupporterdelesregarderenfacesiçacontinue.

– Tusais,jenesuispasmieuxqu’uneautre.

Jesuispire…Ah,ellepleure.Jel’enlace.Ilfautabsolumentclorecetteconversation,sinonjerisquedecraquer.

– Tracy,ondevraitsepréparerpourleboulot.Nousallonsêtreenretard.Tuverras,touts’arrangera.

Elleessuieseslarmes.

– Oui,tuasraison.

Siellenesortpasd’iciimmédiatement,jevaisfinirparpleurerettoutluiavouer.Ellem’embrasse,selèveets’éloigne.J’ail’impressionqu’elletraînetoutesapeinederrièreelleetjemesensmal,trèsmal.

J’attendsquelquesminutesettournelaclefdanslaserrure.Dévins’extirpeaussitôtdesacachetteavecunregardinquiet.

– C’étaitmoinsdrôlequeladernièrefois.

J’acquiesceetilm’attrapepourmeserrerdanssesbras.

– Dévin,onarrêtecettefois.Etvraiment.Jenesuispluscapabledesupportercettesituation.

Ils’écarteetm’étudieunmoment.

– Tuculpabilises?– Biensûrquejeculpabilise!C’estmasœur…Etpuis,j’aiavouéhieràDemseyquej’étaisvierge…

Jemedébrouillecommentmaintenant?– Ah,merde.

Jesoupirelonguement.J’ail’impressionqu’unpoidsénormes’estinstallésurmesépaulesetessaiedem’enfoncerdanslesol.Monpetitmoiintérieurmerappellequ’ilm’avaitprévenu…

Ildéposeunbaisersurmatête.

– Bébé,ontrouveraunesolution.

Jelerepousse.

– Elleesttoutetrouvéelasolution!Tusorsdecettechambreettun’yremetsplusjamaislespieds!Ontireuntraitsurtoutça.

Évitedeleregarder…Autrementturetomberasdanssesbras.Ilnerépondpasetjefinisparjeterunœildanssadirection.Ilestassisetfixefroidementunpointimaginairedevantlui.

– Dévin,ilfautvraimentquetupartes.

Ilse lèveensilenceetouvrelaportesansmêmevérifierquelavoieest libre.Impossibledeluienvouloir : je viens de l’expédier sans grande délicatesse. Et maintenant, après tout ça, je dois partirretrouvermesboîtesàchaussuresetmesclientsdésagréables.Superjournéequis’annonce…

***

Jepasse lamatinéeàme torturer l’esprit. Jen’aipersonneàquimeconfier,personneenmesuredem’aideràyvoirclair.Monseulami,c’estDemsey.Lameilleuresolutionseraitsûrementdemesauverloin, très loin… Mais avec quel argent ? Ou alors j’avoue tout à Demsey, au risque de le perdredéfinitivement…Oujedislavéritéàmasœur:etellenemelepardonnerajamais…

***

Jefinisàquinzeheuresetprendsunbuspourrentrer.Jemeprécipiteaussitôtdansmachambrequejeferme à clef avant de m’effondrer sur le lit pour pleurer. Je passe tout mon après-midi dans un étatléthargique.Macervellemenaced’exploseràforcederetournerleproblèmedanstouslessens…Jen’aitrouvéaucunesolutionviable. Jesoupire longuementetplongema têtedans l’oreiller. Jesursauteà lasonneriedemontéléphone:c’estDemsey.

– Monange,tuescheztoi?

Horsdequestionqu’ilmetrouvedanscetétat,jenesupporteraipassonregardsurmoi.

– Jenesuispastrèsbien,jemesuiscouchée.– Tuveuxquejet’emmènechezunmédecin?

Ilestadorable…

– Non,çaira.Jecroisquec’estjusteuncoupdefatigue,jenedorspasbiencesdernierstemps.– Repose-toialors.Onseverrademain.– Merci,àdemain.

Je raccroche et souffle un coup,mais, forcément, comme c’est impossible de rester tranquille danscettemaison,quelqu’unfrappeàmaporte.

– Emily,ledînerestprêt.Tudescends?– Jen’aipasfaim.

– Ouvre.– Laisse-moi,Tracy.Jenesuispasbien,jemerepose.– Commetuvoudras.Jetegardeuneassietteaucasoù.– Merci.

Aprèsunenouvellelonguesériedepleursincontrôlés,jefinisenfinparmecalmer.Siçacontinue,jerisquedeperdrelaraison.Ilfautquejem’occupe.Delalecture,vite!Jemelèvepourfouillerdansmescartonsdelivresquej’avaisremontésetentassésdansuncoindemachambre.

Jesuisassiseparterreetjecréedespiles:j’aidéjàtoutlu.Jen’aimepaslesbibliothèquesparcequej’aimegardermeslivres.C’estsûrementuntoc,maissij’enemprunteun,jesaisquejen’arriveraipasàlerendre.

Jemeretournevivementverslaporte :j’aientendudubruit.Jedécouvreunpapiersurlesolderrièremoi.Iln’apasosérecommencerquandmême?

J’attrapelepetitpapierethésiteunlongmomentavantdeledéplier.

Emily,Danscettelettre,jeseraientièrementsincèreavectoi.Jesuisdésolédet’avoirentraînédansmes

travers.Neterendspasmalade.Neculpabilisepas,cartoutvientdemoi.Toutestentièrementdemafaute.C’estmoiqui t’aiharcelée,qui t’ai faitduchantage,qui t’ai forcéeàm’accepterdanstonlit.Et

j’aitoutmisenœuvrepourquetufinissesdanslemien.Jesuisuncalculateur,unmanipulateurettuétaislaproieidéale:unefillenaïveetinfluençable.Maintenant,relèvelatêteetreprendstavielàoùtu l’as laissée.Efface les erreursque j’ai commisesde tamémoire et profite pleinementde chaqueinstant.Je te promets de te laisser tranquille et de redevenir ton meilleur ennemi, d’être toujours aussi

détestableetinsolent.Ilneterestequequelquessemainesàmesupporter,aprèsjequitteraitasœurettavie.Tudevraisouvrirtaporte,ilyaquelquechosepourtoi.Pasmoi,jeterassure…D.

JelislalettredeDévinaumoinssixfoisavantdemedécideràouvrir.Effectivement,iln’yaqu’unpetit paquet et une assiette avec un sandwich poulet mayonnaise. Je ramasse les deux, refermesoigneusementderrièremoietmerassiedsàmêmelesol.

J’hésiteàouvrirlepaquet,lepoussefinalementsurlecôté.Monventregargouilleaffreusement,jen’aipresquerienavalécesdeuxderniersjours.J’attrapelesandwichetcroquededansenrelisantencoreunefoismalettre.

LefaitqueDévinveuilleendosserlatotalitédenoserreursmetouche,maisjesuisdésarméedevantsesmots:ilsseveulentcruelsenverslui-mêmeetrassurantsenversmoi.J’ail’impressionqu’ilsouhaiteprendremapeineetlaporteràmaplace…

Je craque, attrape le paquet et y découvreun livre.Un sourirem’échappe. Je caresse la couverturedeSoiedeAlessandroBarrico.J’enaientenduparlé,maisjenel’aijamaislu.Trèsbonchoix,Dévin…J’ouvreàlapremièrepagepourydécouvrirunpetitmot.

«Les oiseaux volaient avec lenteur,montant dans le ciel puis redescendant, comme s’ils avaientvoulul’effacer,méticuleusement,avecleursailes.»AlessandroBarrico.

Trèsbeau.Jesuisagréablementétonnée.L’aurait-ilvraimentlu?

Jegrimpesurlelitavecmonencaspourm’attaqueravecenvieauxpremièreslignesdulivre.

4.Meilleursennemis

J’aipasséunematinéedeboulotplutôtcorrecte.Monlivrem’a tenuéveilléeunebonnepartiede lanuit et pourtant, çava. Jeme sensmieuxqu’hier :Dévin aprisunepartiedemon fardeauet a allégél’autreavecunejoliedistraction.Jenesaispassijedevraisleremercieroum’abstenir…Jechassedumieuxquejepeuxmaculpabilité.Dèsqu’elletentedes’emparerdemoi,jeluttepournepasperdrelaface.

Àlamaison,j’airetrouvémaplacesurlaterrasse,maisaujourd’huilesoleilestcaché.Dommage.Jegrignotetranquillementdesgâteaux.Demseyestavecmoi,surl’autretransatetgriffonnedanssoncarnet.Onaéchangéseulementtroisouquatremots.Iln’yapasdemalaise,j’appréciejustelemomentcommeDévinmel’aexplicitementdemandédanssalettre.Jeprofitedechaqueinstant.

– Monange,çat’ennuieraitdelirecetexte?

J’attrapesoncahierpourétudierunehypothétiquefuturechanson.C’estbeaucoupplusnoirqu’àsonhabitude,maisDemseyaimevarierlesstyles.Jemedemandequellemélodieadopterpours’harmoniseravecdetellesparoles.

– Regardeici.Àtaplace,jerajouteraisquelquechose.Jetrouvequeçacréeundécalageparrapportaurefrain.

Iljetteunœiletsourit.

– Tuasraison.– Tumelachanterascelle-là?

J’aimeraisvraimententendrelerésultat.

– Biensûr.Oualors tupeuxm’accompagnerplus souventauDrek,ça tepermettraitdedécouvrir lerendusurscène.– Tusaisquecen’estpasmontruc.– Jesais.Jetentaismachance.– Jeviendrai,plustard.Pourl’instant,j’aieumadose.

Ilritdeboncœur.

– Oui,j’imaginebien!

Entre la tromperie d’Edward, la déclaration d’amour de Demsey et ma cuite, mes deux dernièressoiréeslà-basontétéassezmouvementées.Jenesuispasprêtederéitérerl’expérience!

Ah!Laported’entréevientdeclaquerviolemment,cequiannoncel’arrivéeimminentedeDévin.

Ildéboulesurlaterrasse.

– Salut,dindon!– Vatefairevoir,Dévin!

J’aipresqueenviederire,maisjereplongedansmonlivrepourreprendremonsérieux.

– Demsey,àquelleheureestlarépèteaujourd’hui?

Celui-ciarracheunepagedesoncahier.

– Dix-huitheuresetnesoispasenretardcettefois!Tiens,essaiedebosserlà-dessus.– Mouais,OK.

Ildisparaîtaussitôtàl’étage.Nousretournonschacunànosactivités.Jeporteunnouveaugâteauàmabouche,maispousseuncristridentlorsqu’untorrentd’eaus’abatsurmoi.Monbiscuitramollitentremesdoigtset tombe.Jesuisentièrement trempée…JelèvelesyeuxpourapercevoirDévinàsafenêtre,unseauàlamain.

– Dévin,espècede…– Fallaitpasmangermesgâteaux,lagoinfre!

C’est étrange, je n’arrive pas à être en colère. Au contraire, j’ai presque envie d’éclater de rire.Demseyenrevanche,s’estlevébrusquement.Ilnesemblepastrèscontent.Jel’attrapeauvolavantqu’ilnepasselesportesvitrées.

– Tuvasoù?– Luidéfoncerlatête!

Troptard,jerigole.

– Maisqu’est-cequit’arrive?Pourquoitutemarres?

Jetordslebasdemontee-shirt.

– Parcequej’ail’habitude,net’inquiètepaspourmoi.Jemevengeraitouteseule,commeunegrande.

Ilmedévisageavecdegrandsyeux,l’airinquiet.

– Tuescertaine?

Jesensbienqu’iladumalàsecalmer.D’ailleurs,c’estlapremièrefoisquejelevoisénervé.

– Oui,certaine.Retournetravailler,jemontemechangeretj’arrive.

Demseyseplieàmademandeàcontrecœuretn’essaiepasdecachersonmécontentement.

Jequittelaterrasse.Ah,chouette,ilyauneserviettesurlarambardedesescaliers.MerciDévin!Jefoncemechangeretredescendstoutaussirapidement.J’afficheunsouriremachiavéliqueàlavuedesavesteaccrochéeauporte-manteau.

– Demsey,s’ilteplaît,aide-moi.

Ilmerejoint.

– Qu’est-cequetufabriques?– Ouvre-moiça,jetemontre.

IlétirelapochedelavesteencuirdeDévinetjeplongelacuillèredansmonpotdeconfiture.

– Emily!Ilvatetuer!– Net’inquiètepaspourmoi.L’autre,maintenant.

Il rit. Je crois quema petite vengeance lui plaît bien finalement.Ma sœur rentre aumoment où jerefermelepotquejeplanquerapidementderrièremondos.

– OùestDévin?

Aïe,elleestenpétard!Çarisquedebarderencorepourlui.Apparemment,ilsn’ontpasencoreeudediscussionsurcettefameusenuit,àmoinsquecesoitencoreautrechose.

– Àl’étage.

Nousl’observonstouslesdeuxgravirlesmarchesetDemseymedévisage.

– Qu’est-cequ’ilaencorefoutu?– Ilaramenéunefilleici.

Ohlamenteuse!Enfinnon,pasentièrement.Vite,jedoiséviterlesujetoùjemesentiraiencoremalàl’aise.

– Iln’apasosé?– Si,ilaosé.

Jefoncedehors,jen’aiplusenvied’entendreparlerdecettehistoire.

Enhaut, ça chauffe.Tracy hurle aprèsDévin. Je n’aimerais pas être à sa place,mais comme à sonhabitude,ilsetait.Demseyfixelafenêtredel’étage.

– Commentlesupporte-t-elle?

Jehausselesépaules.

– Aucuneidée.

Quelquesminutesplustard,lesbootsdévalentlesescaliers.Cen’étaitpeut-êtrepaslemomentpourlaconfiture…Oh,etpuistantpis.Detoutefaçon,ilesttroptard.Jemeplanquederrièremonbouquin,quiaupassage,n’apasétéépargnéparl’arrosagedeDévin.Ça,c’estmoinsdrôle…

– Emily!

Je sursaute quand j’entends Dévin hurler mon prénom. Demsey est plié de rire sur son transat.Apparemmentlascènequisedérouledevantsesyeuxl’amuseénormément.Moi,jen’osepasregarderetmepinceleslèvrespournepasrigoler.

Laported’entréeclaqueànouveau.

– Ilestparticommeça?

Demseyadumalàsereprendre.

– Non,ilajetésavesteaumilieudusalonetm’aoffertunmagnifiquedoigtd’honneur.Çavousarrive

souvent?– Oui,detempsentemps.

Jesourisenrepensantàtouteslescrassesqu’ons’estdéjàfaites.

– Vousvousdétestezàuntelpointquejen’osepasimaginercequeçadonneramaintenantqu’ilsquatteici.

Situsavais…

– Çaempirera,jesuppose.

Bon,iln’aimeraitpasparlerd’autrechose?Jem’efforcedenepluspenseràcettehistoire,àéloignermaculpabilité,maistouteslesconversationstournentautourdemonnouveauetenvahissantcolocataire.

Respire!***

Demseyestpartipoursarépèteavantleconcertdecesoiret,miracle,Tracyadécidédenepaslessuivre afin de passer sa soirée avecmoi. J’ai ramassé la veste deDévin,mais je l’ai raccrochée auporte-manteauenl’état.Magrandesœurserongelesonglesdepuisvingtminutesaumoins.

– Tracy,tusouhaitesenparler?

C’estparpolitessequejeluidemandecarjen’aivraimentpasenvied’abordercesujet.MaisTracyrestemasœur,c’estmonrôledel’écouteretd’êtrelàpourelle,saufquejenecomprendstoujourspassonentêtement.J’aimeraistellementqu’elleouvrelesyeuxunebonnefoispourtouteetqu’ellearrêtedesefairevulgairementpiétiner.

– Non,jenepréfèrepas.J’espèrejustequeçaluiferalespiedsquejenelesuivepas.

Tuparles!Ilvas’endonneràcœurjoieaveclesfillestoutelasoirée!

– Oui,tudevraisarrêterdecourirderrièreluicommeunpetitchien.

Elleeststresséeetn’arrivepasàledissimuler.

– J’aiquandmêmeunpeupeurqu’ilrencontrequelqu’und’autre.– Ilrencontredestasdenanastouslesweek-ends,çanelechangerapasdesaroutine.

Je refoule le pincement dansma poitrine en réalisant que je suis également dans la liste. Et elle estlongue.Trèslongue…

– C’estvrai,maisimaginequ’iltombeamoureuxcettefois.

Dévin,amoureux?AutantcroireauPèreNoël…

– Pas de risque, ce n’est pas dans sonvocabulaire.Arrête avecDévin etmets nous un film. Je filechercherunpotdeglace.

Letempsqu’ellemange,ellearrêterademesaouleraveclui.Jenesupporteplusqu’onmeparledeDévin sans cesse alors que je n’ai personne à qui exprimer ma souffrance. Je serre les dents. Cettesituationmedépasse,jenesuispluscapabledesupporterlesjérémiadesincessantesdemasœur.

– Bonneidée.

Nousvoilàtranquillementinstalléesquandmontéléphonesonne.

– Bonsoir,maman.

Tracy lève lesyeuxauciel.Ellesontune relation trèsconflictuelleetc’estprincipalementpourcetteraisonquenousavonsdéménagéàquatreheuresderoutedelamaisonfamiliale.

– Commentteportes-tu,machérie?– Trèsbien.– Est-cequetuastrouvéunnouvelemploi?

IlfaudraitdéjàquejememotivepourpréparerdesCV.

– Non,pasencore.– Netedécouragepas,tuesintelligente.Jesuiscertainequetutrouverasquelquechosedemieux.

Mamèrepensequejesuisquelqu’unquiréaliseradegrandeschosesdanslavie,maislefaitquejesoispartieavecTracyluiresteentraversdelagorge.

– Ettasœur,elleestencoreaveclebarman?

MesparentsdétestentDévin.Onsedemandebienpourquoi…

– Toujours.Tuaimeraisquejetelapasse?

Monpèrerâlederrière:ilécoutesûrementlaconversation.

– Oui.

JetendsletéléphoneàTracyquiaffichedesyeuxénormesensecouantlatêtefrénétiquement,maisellefinitpars’ensaisir.

– Ouais,maman.

Elleéloignelecombinédesonoreille,mamèrehurledéjàsurelle.

– Je fais ce que je veux ! Je suis majeure, je te rappelle…Ça ne te regarde pas… Emily ? Non,personne…Ilestlebienvenu.

Ellemelanceunclind’œiletjelèveunpouceapprobateur.

– Allez,c’estbon.Bonnesoirée,bisouàpapaetàTom.

Elleraccrocheentirantlalangueàl’écran.

– Donne-moilepotdeglace!

Jeleluitends.

– Tuasassuré,Tracy!– Ouais,jesais.DéjàquetuneluiavaispasannoncépourEdward,alorssielleapprendquetusors

avecunmembredugroupe,ellenousferaunesyncope.Ah,etTomnousrendrapeut-êtrevisite,ilestenvacances.

Tom,c’estnotrepetitfrère.Ilatoutjusteunandemoinsquemoi.C’étaitunaccident,commemamèreleluirépètesouvent.Lepauvre…

– Ceseraitchouette,onnel’apasvudepuislongtemps.Ilresteraitplusieursjours?– Oui,maisjenesaispasexactementcombien.Ilnousappelledanslasemaine.– Ildormiraoù,ducoup?

Jel’observeavecattentionsecreuserlesméningespourtrouverunesolution.

– Jedormiraiavectoi.– Ohnon,turonfles!Tun’asqu’àdormiravecDévin,aprèstout,c’esttonmec.– C’estque…Cen’estpasaussisimple.DisonsqueDévinnesupportepasdedormiravecquelqu’un.

Ahbon?Onenapprendtouslesjours…

– Vraiment?– Ouais,ilatoujoursétécommeça.Jenevoulaispastel’avouerquandilaemménagéici,pouréviter

uneréflexion,maisaupointoùj’ensuis,autantêtrehonnête.

Jevoisbienqu’elles’attendàcequejerâle.Pourtant,jen’enrajouteraipas.Elleadéjàassezàfaireaveclui.

– Étonnant,ilestvraimentbizarre.

Surtoutqu’avecmoi,ildortcommeunemarmotte!Enfin,dormait…

– Jesais…– Bon,onleregardecefilm?

***

Ilestuneheuredumatin, jebaille toutes lescinqminuteset j’aienvied’unedouche.MaismasœurrefusedemontertantqueDévinn’estpasrentréetneveutpasattendretouteseule.Nousentendonsenfinlavoituredansl’allée.Ellesejettesurluidèsqu’ilposeunpiedàl’intérieurenl’examinantsoustouteslescoutures.

Ellecroitqu’ilacachéunefillesoussontee-shirtouquoi?

Jelessuisdansl’escalieretlemanègedemasœurpourl’attirerdanssonlitestvraimentridicule.Jefile dans ma chambre chercher mes écouteurs et fonce dans la salle d’eau. Un bon bain avant de secoucher,voilàcequ’ilmefautpourdormir.Surtoutquemasœurcommenceàhausserleton…Jeplacelesécouteursdansmesoreilles.

Parfait…

***

Jenesaispascombiendetempsjesuisrestéedansl’eau,maislorsquej’ensors,elleestfroide.Jene

mesuispasrelaxéeàcepointdepuislongtemps.J’ouvrelaporteettombenezànezavecDévin.

– Tufoutaisquoilà-dedans,sérieux?Jepoireautecommeunconpourprendreunedouchedepuisaumoinsunedemi-heure!– Enquoiçateregarde?

Jelecontournepourmerendredansmachambre.

– Peste!– Bonnenuitàtoiaussi.

Alors,onfermebienlaporteàclef,sait-onjamais:ilal’aird’avoirbuquelquesverres.Jemejettesurmonlitpourterminermonbouquin.Jesuisunpeudéçue,ilnemerestequequelquespagesetaprèsjen’aiplusrien.Ilfaudraitvraimentquejeprévoisunpetittourenville.

***

Terminé,c’estofficiel, jen’aiplusrienpourm’occuper.Toutà l’heurej’étaisnazeetmaintenant, jepètelaforme.EtsijerépondaisàlalettredeDévin?Enfin,justepourluiraconterquej’aiaimélelivre.

J’attrapeunstyloetcherchequoiécrire.Jenesaispastropparoùcommencer.J’improvise,onverrabien.

Dévin,Premièrement : très bon choix de livre. J’aurais peut-être quelques remarques,mais la littérature

n’est pas forcément un sujet qui te passionne. Certains passages sont un peu comme une musiqueapaisante,rythmésparladouceuretlasensualité.Pourunmusicien,j’espèrequetusaisisl’image…Je ne sais même pas pourquoi je te raconte ça. De toute façon, c’est la dernière page de mon

calepin,doncjenepourraipasrecommencermalettre.Deuxièmement: tonmotd’hierm’abeaucoupaidée.Mêmesi jenesuispasentièrementd’accord

avecl’ensemble,j’avouequelerésultatdoitêtreceluiquetuespérais.Jemesensmieux.Jetiensàteremercierpourça.Troisièmement:jeteprometségalementd’êtretoujoursaussidétestableetinsolente.Jecomptete

pourrirlavielepeudetempsqu’ilteresteàpasserici.Tameilleureennemie.

Jenemerelispas,autrement, jedéchireraiscette lettre.Jepasse la têteà laportedemachambre :personne.Jefonceàl’autreboutducouloir,laglissesouslaportedeDévinenfrappantunefoisetmesauve à toutes jambes. Et si ma sœur était dans la pièce ? Je grimace à cette idée, mais trop tard,impossibledelarécupérer.Etaprèstout,jen’airienécritdedéplacé.

Jem’enfoncesousmacouetteetfixeleplafondunlongmoment…

5.Cerclevicieux

Jemeréveilledetrèsbonnehumeur.Jenetravaillepasaujourd’huietj’aitoutleweek-endpourmoi.J’enfilemeschaussonsetdescendsmeprépareruncafé.Ilestmidi,j’aipasséunenuitcorrecte.Masœurest au travail et il n’y a pas de bruit. Je suppose que je serai un peu tranquille. Je boismon café etm’évertueàrangerparceque,depuisqueDévins’estinstalléici,c’estvraimentlefoutoir.

Illaissetraînersesaffairespartout!Àpeinelevée,ilm’énervedéjà…

Jejuretouteseuleàchaquefoisquejeramassequelquechosequiluiappartient.Jefourresesquinzemillevestesdansleplacardsinonleporte-manteaurisquedes’écrouler.D’ailleurs,jenecomprendspaspourquoiilenaautantalorsqu’ilatoujourslamêmesurledos.

Hein ?Quelqu’unmepousse dans le placard et je n’ai pas le temps de réagir, la porte est aussitôtrefermée.

– Dévin!

Jebeugleentapantdetoutesmesforcescontrelaporte.

– Qu’est-cequ’ilya,bébé?– Ouvreimmédiatement!– Alorscommeça,tucomptesmepourrirlepeudetempsqu’ilmeresteàpasserici?

Bon,essayonsdel’amadouerunpeu.

– C’étaitfaçondeparler.– Causetoujours,bébé!Jetelaisse,unfilmm’attenddansmachambre.Jeteprometsdepenseràtoi.

Quoi?

– Dévin!

Sespasrésonnentcontrelesmarchesdel’escalier.Oh,ilfaitnoirlà-dedans!L’angoisse…

– Dévin!Merde,reviens!S’ilteplaît!

J’attends:personne.L’enfoiré!Jeledéteste!

Je trouveunepositionunpeuplusconfortableenempilantà tâtonsdesvestesetm’assieds. Ilme lepayera ! Et j’attends. J’attends. J’attends encore, guettant le moindre bruit. J’ai l’impression d’êtreenfermée depuis des heures lorsque je reconnais le bruit familier de clefs dans la serrure de la ported’entrée.

Tracy!

Jetambourinedésespérément.

– Tracy,ouvre-moi!

Heureusement,elles’exécuterapidement.Lalumièrem’éblouitetjeplisselesyeuxpourladistinguer.Elleal’airsacrémentsurprise.Tum’étonnes…

– Ben,qu’est-cequetufouslà-dedanstoi?

Jesorsduplacardcommeunefurie.

– C’esttonconnarddemecquim’aenfermée:ilvamelepayer!

Jejetteunœilàlapiledetrucsàluiquej’avaiscommencéàentasserdansuncoin.Tul’aurasvouluDévinDaney,àmontourdejouer!Jedénicheunepairedeciseauxdanslacuisinesousleregarddésabusédema sœur. Eh hop ! C’est qu’il estmieux ce joli tee-shirt avec des franges.Ah, c’est quoi ça ?Unmagazinesurlesguitares?Impeccable,j’aimebienlesconfettis!UneclefUSB?Hop,dansmapoche!Çameservirapeut-êtreunjour.Unshort?Hop,encoredesfranges!Avectoutça,ilpourrasedéguiserenPocahontaslebeaugosse!Jedéchirequelquesfeuillesetéparpilleletoutaupieddel’escalierpourquandMonsieurdaignerasortirdesachambre.

Quelcon!

Fière demon chef d’œuvre, jemeprépare un autre café etme jette allègrement sur le canapépourregarder la télévision. Je souris plus que je ne m’intéresse au programme. L’irrésistible envie dedécouvrirsaréactionestbientropprésente.Ah,montéléphone!

– Monange,jepeuxpasser?– Oui,biensûr.Jet’attends.– Super,àtoutdesuite.

Merde,jesuisencoreenpyjama!J’enjambel’amoncellementetfoncemedoucher.Jem’habille,memaquillerapidementetattachemescheveux.Çaferal’affaire!

JeredescendsaumomentoùDemseyfrappe.Jeluisautedessusetl’embrasse,heureusedelevoir.

Ilrestemédusédevantmonpetitbazar.

– Maisilsepassequoiici?

Tracysortlatêtedelacuisine.

– C’estencorelaguerreentreDévinetEmily.

Demseyécarquillelesyeux.

– Çacommenceàallerloinvotrepetitjeu.

Jeposemesmainssurmeshanches.

– Jesuisrestéepresquedeuxheuresenferméedansleplacarddel’entrée!Jetrouvequec’estunjusteretourdeschoses!

Jerelèvelatêteetfileausalon.Demseymesuitdeprès.

– Emily,çam’inquiètevraimentvotrepetitmanège.

Jem’installe,biencaléecontrel’accoudoirducanapé.

– Tut’inquiètespourrien.

Jevoisbienquemaréponsenelerassurepaslemoinsdumonde.Jemelaisseglisserdanssesbrasetnousnous lançonsdansunenouvellesériequisemblesympa.D’unœildistrait je regarde l’épisode,àl’affûtdumoindrebruitquimesignalerait l’arrivéeimminentedemondétestablecolocataire.Ah!LespasdeDévin…Jejubiledéjàetunsouriresedessinesurmeslèvres.

– Emily,bordel!Planque-toitoutdesuite!

Jemeredressed’uncoupaurugissementdeDévinquirésonnedanstoutelamaison.Demseym’imiteets’interposerapidemententreluietmoi.

– Emily,jetejurequesijet’attrape,tuprendscher!– Dévin,calme-toi!Cen’estpaslemoment,onvaêtreenretardàlarépète.

Ilfulmine,tournelestalonsetfonceàl’étage.

JesenslepoidsduregarddeDemseys’abattresurmoi.Ilseretientdebalanceruneréflexion.Oui,vule niveau d’adrénaline qui coule dansmes veines, il vautmieux te taire ! Je le soupçonne surtout detemporiserpouréviterquel’onsedisputeaumomentoùilsdoiventpartirrépéter.Jel’accompagneàlaporte.Ilsemblelégèrementénervé.

– Dévin,bouge-toi!

Il déboule dans l’escalier avec sa guitare. Nos regards se croisent et s’affrontent, la tensionélectriquedupetitcouloirestàsonparoxysme.Jen’aiqu’uneenvie:luisauterdessus!

Demseylepoussedansledospourl’éloigner.

– Allez,avance,j’aideuxmotsàtedire!

Étrangement,Dévinnerétorquepasets’exécute.J’ail’impressionqueDemseycomptesemêlerdecequiestarrivé.

Àpeineai-jeletempsdemerasseoirdanslecanapéqueTracydébouleavecsonsacdevoyagesurledos.

– Tuparsoùcommeça?– ChezSophie.Onsorts’éclaterdansunenouvelleboîte.

Qu’est-cequiluiarrive?

– PasauDrek?– Non,j’aidécidémechangerlesidéesetpeut-êtrebienquemoiaussi,jedraguerai!

Ehbien,sijem’attendaisàça!

–Tuasentièrementraison.Maisqu’est-cequit’asvaluunélectrochocpareil?– Ilnemetoucheplusdepuisunmoment,alors ilnefautpasexagérer !Ça lui remettra les idéesen

placesijemeconduiscommelui.

Ah bon… Il a peut-être trouvé une nouvelle proie…Ellem’inquiète un peu,mais dans un sens çal’aideraitpeut-êtreenfinàpasseràautrechose.

– Faisattentionàtoi,surtout.– Net’inquiètepasmaman,jesuisunegrandefille!

Jelèvelesyeuxauciel:ellem’exaspèrequandellejoueàça!

***

C’est versminuit que je décide d’abandonnermon livre, fatiguée par cette journée éprouvante. Lesyeuxmepiquentetjen’aiqu’uneenvie:mecoucher.Maislorsquej’ouvrelaportedemachambre,c’estl’horreur!Dévinatoutretournéetvidélecontenudemonarmoiresurlelit.

Oh,c’estpasvrai!

Jefoncejusqu’àsachambreetjesuisagréablementsurpriseparlefaitquecetabrutin’aitpaspenséàlaverrouiller.Jeluirendslapareilleenyprenantungrandplaisir.J’aimêmedessinésursesoreillersdeuxjolissmileysaumarqueur.Indélébile,biensûr.

Jejetteunderniercoupd’œilàmonchefd’œuvreetretournedansmesquartiers.Iln’yaplusqu’àattendre…J’enprofitepour ranger,cequin’estpasuneminceaffaire : ilavraiment toutdéballé.Jerageetjureàtoutva.Alorsquejeplielederniertee-shirt,ilmesemblel’entendrerentrer.Jecollemonoreilleàlaporte:ilestdanslacuisine.Bon,ilsebougeunpeusérieux!Qu’est-cequiluiprendautantdetemps?J’aihâtedesavourerl’effetdemapetitevengeance!Jem’assiedsenattendantqu’ildaignemonter.

JesursauteaurugissementdeDévin,jecroisbienquejemesuisassoupie.Jeregardemontéléphone.Effectivement,jemesuisendormieunebonnedemi-heure.

Àpeineuneminuteplustard,jel’entendsredescendre.Qu’est-cequ’ilfabrique?Étrange…Jemelèveenayant l’intentiondemeglissersousmesdraps,mais jesursauteànouveauquandil frappeungrandcoupàmaporteavectouteladélicatessequilecaractérise.

– Salepetitepeste,sorsdecettechambreimmédiatementoujedéfoncelaporte!

Levoilàenfin!Jevaislaluifaireàl’envers:j’adoptemavoixlaplusdoucepossible.

– Oui,Dévin?Qu’ya-t-il?Tusaisbienquejen’ouvrepluslanuit.

Ilfrappeviolemment.Ungrandcoupdepiedsûrement.

– Emily,putain!Ouvrecetteporte!– Bonnenuit,Dévinet…Bonrangement!

Jemeforceàrirepourqu’ilmonteunpeuplusenpression.

– Alorstuveuxjouer,bébé?Devinecequej’aidanslamain.

Quoi?

– Net’avisepasdetoucheràmesaffaires!

Jel’entendsexécuterlescentspassurlepalier.

– Donc,c’estquoicetruc?After…Tuaimescelivre,Emily?

Ohnon,pasça!

– Dévin,netouchepasàmesbouquins!– Ouvrealors!– Non!– Trèsbien.Ducoup,qu’est-cequetuendis?Tuaimeraisquejet’enliseunpetitpassageavantde

l’effeuiller?

Iln’oserapas!

– N’essaiemêmepas,jetepréviens!– Alors,«Monréveilvasonnerd’uneminuteàl’autre.J’aipassélamoitié…»

Ohquesi,ilose!Jevaisletuer!Jedéverrouilleetsorsentrombe,maisilestdéjàdansl’escalier.Jemeprécipitederrièrelui.

Ilcourtjusqu’ausalonetseperchesurlecanapé.

– «lamoitiédelanuitéveillée,comptantleslignesdupapierpeint…»– Rends-le-moi!

Je sautille devant lui,mais c’est inutile : déjà qu’il est grand, sur le canapé j’ai juste l’impressiond’êtreridiculementpetiteetimpuissante.Ilattrapelapage,unsouriresadiquesurlevisage.Sesyeuxme

fixent,medéfientavecarrogance.

– Bébé,est-cequetuveuxouvrirlesparispourvérifiersij’ensuiscapable?– Net’avisepasoutumelepaieras!

Latensionesttellequej’enailachairdepoule.Jeletoised’unregardnoir.

– Ettucomptestevengercomment,lepuceron?

Ohputain!Ill’auracherché!

Jefonceverslaported’entréeetcoursjusqu’àsavoiture.Jemeplaceducôtédroitetposeleboutdelaclefquej’aiattrapéaupassagesurlacarrosseriedesapetiteFordMustangShelbyadorée,aumomentoùilapparaît.

Ilfonceversmoiets’arrêteàdeuxmètres,unemainenavant.

– Emily,non!– PosecebouquinDévin.Jetejurequej’ensuiscapable!

Nosregardss’affrontentetpersonnenebaisselesyeux.Latensionestàsoncombleetj’enserrelesdentsderage.

Ileffectueunpasdansmadirection,ouvrantlelivre.

– Tutouchesàmacaisse,jedéfoncetoustescartons!

Ilavanceencorededeuxpasetmesdoigtssecrispentsurlaclef,monsangcognecontremestempes.

– Poseceputaindelivre!

Ilyadelafureurdanssesyeuxetnoscrisrésonnentdanstoutelarue.

– Posecetteputaindeclef!

Nousrestonsstoïques.Noussoutenonsleregardl’undel’autreavecunetelleintensitéquelaclefetlelivretombentausolenmêmetemps.Maboucheseretrouvesurlasiennesanssavoircomment.

Ilmedévorelittéralement.Mesdoigtss’accrochentàsescheveuxquejetiresansménagementetmes

jambess’enroulentautourdelui.Samainmaintientfermementmanuque,noslanguessecaressentavectantdeferveurquec’enestpresqueindécent.

Ilreculeetmepoussejusqu’àlafaçadepourmecollerbrutalementcontrelemur.Notrebaiserestdesplus intenses. Il n’y a plus rien autour de nous, plus aucun bruit à part nos soupirs désespérés. J’aitellementenviedeluiencetinstantquemoncorpsestenfeu.

Il trouveà tâtons laported’entrée, commenceàgrimper les escaliers,maisnousnousécroulonsenpleinmilieu.Jeluiarrachesontee-shirtpourpassermesdoigtssursesépaulesnues.

Jemordsletatouagequiluirecouvrelebras.Ilgémitsousmesdentsetsesmainsmesoulèventparlesfessespouracheverdemonterà l’étage. Ilme lâchesur ladernièremarche,sa langueglissantdans lecreuxdemoncou.

Nos regards se croisent l’espace d’un instant et chacun regarde la porte de l’autre. Nous nousrepoussonsaumêmeinstant.

– Mauvaiseidée.

Lesmotssontsortisdemabouchesansquejem’enrendecompte.

– Ouais.

Nousnousdétournonstrèsviteetfonçonsdansnoschambresrespectives.

Neteretournepas…Neteretournesurtoutpas.

Je déploie un effort surhumain pour franchir le seuil et refermer derrièremoi. Jeme laisse glissercontrelepanneaudebois,jusqu’àcequemesfessestouchentlesol.Moncœurbatlachamade.Jetentedemecalmeretderetrouverunerespirationàpeuprèscorrecte.Jenecomprendsrienàcequ’ilsepasseentrenous.Çadevientingérable…Flippant.Jenecontrôleplusrien.

6.Viveledimanche!

Cedimanchematins’annoncespécial:cequiestarrivéhiersoirmerendperplexe.Jenetrouvepasd’explicationlogiqueàmoncomportement.L’introspectionquej’aitentéed’effectuerunebonnepartiedela nuit n’a pas été fructueuse et le bilan s’avère totalement nul. En bref, je ne comprends pas ce quim’arrive.Peut-êtrequejeperdslaraison,toutsimplement…

Jesorsdemonlit,pastotalementréveillée.J’ouvrelaporteetbuttecontrequelquechose.Jebaisselatêtepourtrouvermonbouquinetuncalepintoutneufsurlesol.Jesourisetlesramassepourlesposersurmonlit.Ilesturgentdemettremeslivresenlieusûrdanscettechambre.Jem’yattelleraiaprèsunboncaféetunpetitdéjeuner.

Jedescendsàlacuisine,oùj’observelecafécouler.Jebaillesansgrandeélégancelorsqu’unemainattrapefermementmahancheetqu’uncorpsrobustesecollecontremondos.Jetressaille…Lesoufflesurmanuquemecaresse : j’enperds toute contenance. Je saisque c’est lui…Pourquoi est-ceque jen’arrivepasàeffectuer lemoindregeste?Soncorpsbrûlantsecolleencorepluscontremoi, samainm’attire contre son érection.Mabouche s’entrouvre,ma respiration restebloquéedansmapoitrine. Ilglissequelquechosedanslecreuxdemapaumeetfrôlemonbrassurtoutelalongueur.J’enfrisonne.Jesuisparalysée…

Savoixestbeaucouptropsuave,beaucouptropcharnellepouruneheuresimatinaleettousmessensentrentenébullition.

– Onnepeutpaslutter,Emily…Tulesaisaussibienquemoi.

Ildisparaîtcommeilestarrivé,m’abandonnant,pantelante.Impossibledemesouvenirlepourquoidema présence ici… J’aperçois la cafetière et me rappelle que c’est un café que je souhaitais…Maismaintenant,c’estunwhiskyqu’ilmefaudrait!

Qu’est-cequ’ilvientdesepasser?Jeserretoujourslepetitpapierdansmapaume,impossibledemesouveniroùsontrangéeslestasses.

Ohmondieu,j’enperdstousmesmoyens!Reprends-toiEmily!

– Qu’est-cequ’ilt’arrive?

Jesursauteettentedeglisserlepetitmotdansmapoche,maisjesuisenpyjama.J’esquisseunvaguesourireàmasœur.

– Tuestouterouge,Emily.Tutesensbien?

Elles’approche.Oh,non!Trouvequelquechose!

– Je…Jesuisunpeuperturbée,j’aifaitundrôlederêve.

Maisqu’est-cequejeraconte?Ellerigoledoucementetsonvisageadopteuneexpressionbizarre.

– TuasrêvédeDemsey,hein,avoue?

Demsey ? Euh… oui, Demsey. J’acquiesce. De toute façon, qu’est-ce que je pourrais inventerd’autre…Jetented’extirperunetasseduplacard,maisellesaisitlepapierentremesdoigts.

Ohmerde!

J’essaiedeluiattraperlebras,envain.Elleseretourne.Non,pasça!

– Rends-lemoi,Tracy!

Ellesemetàlireàhautevoix.Jemesensdéfailliretm’accrocheauplandetravail,jesuisfoutue…

– « Quandjetetoucheraipourlapremièrefoisceseraavecmeslèvres[…]Puisàlafinjebaiseraitoncœur,parceque je teveux.Jemordrai lapeauquibatsur toncœur[…]À la fin je tedonneraiencoreundébut.Toutpeuttournerrond,tusais,sionévitelesconneries. »AlessandroBarrico.SignéD.

J’attendslescris,leshurlements,unegiflepeut-être…

– Ohla la,Emily tum’étonnesque tufassesdesrêvesdefousavecunmotpareil !Tuas tropde lachance,qu’est-cequ’ilestromantiqueDemsey!

Jeme retourne, ahurie.Ellepapillonnecommeunegaminedans lapetite cuisine.Et sesparolesmereviennent:«signéD.».Lesoupirdesoulagementquitraversemeslèvresestplusbruyantqueceàquoijem’attendais.

– Oh, Emily, ne t’inquiète pas, je sais garder un secret. Et puis, c’est normal de faire des rêvesérotiques.

Ellegloussecommeunedinde.Ilfautquejechangedesujet.

– Tuesbienmatinale.Ettasoiréealors?

Ellebaisseimmédiatementd’untonetparaîtsupergênée.

– Jeteraconteraiquandonseraseules.

Elledésignel’autrepartiedelamaisond’unsignedetête.

– OK,pasdesoucis.

IlyauraitdoncdeschosesqueDévindoitignorer?Macuriositéestplusfortequemaraison,maisilvafalloirm’armerdepatience.J’attrapemonpetitmot,lepaquetdegâteauxetfileausalon.Dévinestdéjàinstallédevantlatélévision.Merde,si jetenteundemi-tour, ilsentiraquejesuismalàl’aise.Jerelève la tête etm’assieds à l’opposéducanapé. J’essaied’avoir l’air leplusdétenduepossible : cen’estpasgagné.

Masœurnousrejointenfin.J’ail’impressionquelajournéeentières’estécouléetellementletempsmeparaît long.La pesanteur ambiante est des plus inconfortables.Tracy est entre nous deux et se tortillecommeuneanguille.Bon,jecroisqu’elleaimeraitvraimentcracherlemorceau.Ilfautquejetrouveuntruc.

– Tracy,j’aienvied’unemanucure.

Elleadoreça.Moinon,maisc’estlepremiertrucauquelj’aipensé.Ellesautesursespieds,enchantéeparlanouvelle.

– Jecourscherchercequ’ilfaut!– Attends,nousseronsmieuxdansmachambre.

Monsieur le connardde service est totalement ailleurs. Jemedemandemême s’il a remarquénotreprésence. Je me suis certainement fatiguée à chercher une excuse pour rien. Nous montons dans machambre.Ma sœur a étalé sonmatériel sur mon lit. À la base c’était une excuse, je ne désirais pasvraimentunemanucure,maisvu sonenthousiasme, jen’aipasenviede luiplomber lemoral.Ellemeparaîtdéjàassezstresséecommeça.

– Bon,tucracheslemorceau!

Elleattrapemamainetunvernissansleverlatête.

– J’aicouchéavecunmechier.

– Cen’étaitpaslebutdetasoirée?

C’estcequej’avaiscrucomprendre,pourtant.

– Si,maiscen’estpasçaleproblème.

Cen’estpaspossibledetournerautourdupotcommeça!

– Accouche!

Sesjouessonttoutesrouges.

– LemecenquestionestunpotedeDévin.

Jenevoispaslesouci.

– Ilestamiaveclamoitiédelaville,alorstuavaisàpeuprèsunechancesurdeux.

Je ris,maisme reprends aussitôt en remarquant son expression fermée.Elle repose lamainqu’elleavaitcommencéeàpeinturlureretmefixedroitdanslesyeux.

– C’étaitSando.

Jelaregarde,bouchebée.Merdealors!Ilnemanquaitplusqueça!

– T’essérieuse?Maisqu’est-cequit’aspris?

Sandoestuncoureurdejuponinvétéré.Dévinestunpetitjoueuràcôtédelui.Sicederniersecontentededraguerlaplupartdutemps,sonpotelesenfilesansregarderàlaquantité,niàlaqualitéd’ailleurs.

– Jenesaispas.Onestsortisenboîte,onesttombéssurluietJamie.J’avaisunpeubu,donc…– EnfinTracy,c’estSandoquoi!Ildevaityavoiruntasd’autresgars,non?

Personnellement,rienqu’àl’idéequ’ilposesesmainssurmoi,j’enaidéjàlanausée.OK,ilestbeau,onnepeutpas lui enleverça,maisquandmême !Quant àmoi, je feraisbiendeme regarderdansunmiroiravantdeparler:Dévinn’estpasunangenonplus.

Arrêtedelajuger,tunevauxpasmieux!

Elletrituresesdoigtsunlongmomentsansrépondre.

– Tracy,c’estunaccident,cen’estpasbiengrave.

Ellem’octroieunlégersourire.

– J’aipeurqueçasesache.

Oui,surtoutqueSandoaimebeaucoupsevanterdesesconquêtes.

– Tusais,mêmesiDévinl’apprend,çanepourraitqueluirendrelamonnaiedesapièce.– Oui,jemedoute.C’estpourlegroupequejem’inquiète.J’aicouchéavecunautremembreetsiça

vientàsesavoir,j’aipeurqueçaclashentreeux.

Oups…Moi,jen’avaismêmepassongéàcetteéventualité…

– Ilnes’envanterapas,rassure-toi.SandoapeurdeDévin.Jenesaispaspourquoid’ailleurs,maisilnesefrotterapasàlui,jepeuxtel’assurer.

Ellemedévisageavecunairdepetitchienbattu.

– Tuessûre?– Certaine!

Pasvraiment,maissiças’ébruite,jetrouveraibienunmoyendefermersonclapetàSando.

– Bon,etmesonglesalors?

Ehbienvoilà!Ellem’offreunbeausourire.

Ellecontinuesontravail.MaislamusiquedeChrisIsaakWickedgameenvahitl’étage.Maparole,ilestsérieuxlà?Lacuisineneluiapassuffipouraujourd’hui?Masœurfredonneetmoij’aienviedemejeterparlafenêtre.Etenplus,ilaugmenteleson.

Allons-ygaiement!

– J’adorecettechanson!

Oui,moiaussijel’adorais.Avantaujourd’hui…

– Mouais.

Je crois qu’il a trouvé un nouveau jeu : il cherche àme déstabiliser par tous lesmoyens. Je doistrouveruneparadeetvite.Ilfautabsolumentquej’arrêted’êtremaladroiteetluimontrerqu’aucontraire,çanemefaitnichaudnifroid.Laplaylistquisuitestdumêmeacabit.Aprèstout,s’ilveutjoueràça,qu’ils’amuse!Leschansonsnesontpasdéplaisantesetilyaduménageenretard.Unefoismesonglessecs, j’attaque l’étageavecmonaspirateur et je commencepar le couloirpour l’énerverunpeu. Il nes’écoulepasdeuxminutesavantqu’ilsoitplantésurlepasdelaportedesachambre.Jel’ignore.Ceconéteintl’aspirateur.

– Tun’entendspasquej’écoutedelamusique!– Ettoi,tuneremarquespasl’étatdelamaison?Tun’espasàl’hôtel,jetesignale!– J’aiunemeufpourça!

Enfoiré!

– Non,maistuteprendspourqui?C’estquoicetteréponsedemachorétro!

Etenplusilsemarre!

Jerallumeetlesnobe.Saufquemonsieurnerentrepasdanssachambre.Ilm’observetranquillement,lesbrascroisés.

– Tucomptesmeregarderlongtempscommeça?– Jeneteregardepas,jetemate!

Putain,ilnevoudraitpascrierunpeuplusfortaucasoùmasœurn’auraitpasentendu?OK,iljoueàça?Qu’ilprofitedelavuesiçal’enchante.Jeprendsl’airleplusdégagépossibleetcontinue.

Masœurdébouledanslesescaliersavecsonseauetsaserpillière.

– Jetedonneuncoupdemain.– Super!

Ducoup,ildisparaîtaussitôt.

MerciTracy!

***

Deuxheuresdeménageplus tard, je suis avachie sur le canapé,uneassiettedepâtesdans lamain,Dévin installéd’uncôté,Tracyde l’autre.L’ambianceest étouffantedansce salon.Personneneparle.Juste le fond sonore d’une sitcom nullissime que ma sœur affectionne. Si c’est comme ça tous lesdimanches,jerisquedemetrouverunloisirenpleinair.

Montéléphonesonneetnoussursautonstouslestrois.Jefixel’écranetresteinterditedevantlenomd’Edwardaffichésurl’écran.Qu’est-cequ’ilmeveutlui?

– C’estqui?

Masœurmedévisageetjelaregarde,hébétée.

– Edward.

Ellefroncelessourcils.Jecroisel’espaced’uninstantlesyeuxdeDévinbraquéssurmoi.Jedétourneaussitôtlatête.

– Neluirépondpas.– Jenecomptepaslefaire.

Lasonneries’arrêteetjereçoisunmessage.Ilmedemandedelerappeler.Apparemmentilaimeraitmeparler.

Non,maisilrêvelui!

Et c’est reparti la sonnerie retenti à nouveau.Dévin s’empare demon portable et je reste surpriselorsqu’ilaboieunallôagressifdanslecombiné,masœurmeregardeuninstantetnouslevonslesyeuxverslui.

– Non,ellerefusedeteparler…Horsdequestion…Qu’est-cequetuluiveux?…Net’avisepasdetepointerici,tuserasprévenu!…Ellen’enarienàfoutredetoi,connard!

Ilraccrocheetmebalanceletéléphone.

– C’estréglé!

Tracyserisqueàprendrelaparole.

– Ilvoulaitquoi?

– Lasauter,sûrement.

Masœural’airoutrée,pasmoi.

– Dévin!– Jen’ensaisrien.Ilsouhaitaitluiparler.Ilamenacédeseramenerici,siellenerépondaitpas.Donc

voilà,çarevientaumême.

Jemeredressed’uncoup.

– Iln’oserapasseramenerici?– Qu’ilsepointe,jelerecevraiavecuncoupdepiedaucul!

Sijem’attendaisàça!J’espèrequ’ilnes’aventurerapasjusqu’ici,j’aidéjàassezdesouciscommeçasansqu’ils’ajouteàlaliste…

7.L’explosiondessensations

Jefixeleplafonddemachambre.J’airelulapetitecitationdeDévinunnombreincalculabledefois.Jetourneenrond,c’estdevenumonpetitritueldelanuit.Jem’ennuie.Masœurrit.Elleestsûrementaveclui.Jevaisregarderlatélévision.Puisqu’ilssontoccupés,personnenemedérangera.Jedescendsleplusdiscrètementpossibleetfonceauréfrigérateurchercherdelaglace.Jem’installeconfortablementsur lecanapéavecunplaid.Jezappepourtenterdetrouverunprogrammecorrect.J’auraisdûinviterDemsey,maisjenepensejamaisàcegenredechoses:sionnem’appellepas,jen’ypensepas.Iln’estquevingt-troisheures,ilseraitpeut-êtrepartantaprèstout.J’attrapemonportable.

– Monange!

Ilyabeaucoupdebruitderrièrelui.

– Salut,qu’est-cequetufais?– JesuisauDrekavecSandoetJamie.

J’entendsdesgloussementsféminins.Jemeredresse.

– Etlesfillesderrière?

Jen’enrevienspasd’avoiroséposercettequestion!

– Riend’intéressant,desamiesdeSando.

Cetteréponsenemesatisfaitpasentièrement.

JesursauteenapercevantDévinouvrirlaportevitréeetentrerdanslesalon.Cen’étaitpasluiavecmasœur?Elleétaitautéléphonealors…

– Emily,tuasl’airétrange.Tuaimeraisquejepassetechercher?– Jesuisenpyjamaet,franchement,leDrekundimanchesoir,trèspeupourmoi.

Dévins’assiedjusteàcôtédemoi:plusprès,cen’estpaspossible…Ilglissesamainsurmacuisse.J’essaiedelarepousser,maisillareposeàchaquefois.J’abandonneenlevantlesyeuxauciel.Jemeconcentresurmonappel.

– Tuviendrasdemain?– Oui,maisj’aimeraisbeaucoupquetudécouvreségalementmonchezmoi.

DemseyestencolocationavecSando,alorsj’imaginedéjàletableau!

– Ahnon,avoirSandosurledos,çanem’intéressepas!

Merde!Dévinm’embrassedanslecou!Cen’estpassidésagréable…

– Jepasseraialors.Tubossesjusqu’àquelleheure?

J’aivraimentdumalàtenirlaconversation.JerepousseDévin,maisilestpirequ’unesangsue.

Etmoi, je suis incapablede résister.Foutue contradiction ! Je ferme lesyeux l’espaced’un instant.Mince,qu’est-cequ’ilm’ademandédéjà?

– Euh…jusqu’àquinzeheures.

Mavoixétaittrèsétrange.Jecachelecombinédansmapaumeetchuchote:

– Putain,Dévin,arrêteça!

Aucuneffet…

– Jequitteleboulotàdix-septheures,jepasseaussitôt,çateconvient?

JecouinelorsqueDévinmemordillelelobedel’oreilleetluibalanceuncoupdepoingdansl’épaule.Pastrèsefficacenonplus.

– Parfait.Demsey,tum’asmanquéaujourd’hui,tusais.– Pourquoinem’as-tupasappeléalors?– Jenesaispas,ilmesemblequetum’avaisprévenuquetuavaisunrepasdefamille.

Maisqu’est-cequ’ilfabriquel’autre?Ilm’asoulevéeducanapé.Impossibledeprotester,jesuisautéléphone!

– Oui,maisjepouvaistoujoursm’éclipser.Tuesmapriorité,monange.

Faitchier,ilmesortdestrucsd’enferetmoijeneparvienspasàmeconcentrer!PourquoiDévinme

monteàl’étage?Enplus,ilmebalancecommeunsacsursonépaule.Jeluiassènedescoupsdansledospourqu’ilmelâche,maisilm’endissuadeenfaisantminedemelâcher.Jem’accrocheparpeurdetomber.

– Tuesadorable.Çaseraitsuperdesortir,pourêtreenfinseuls.

J’insistebiensurlafindemaphraseetmeprendsuneclaquesurlesfesses.Jecouine.

– Çava,Emily?

JemassacreDévindèsquejeraccroche!

– Oui,jemesuiscognéelepied.Tunem’aspasrépondu,moncœur.

Etbam!Unedeuxièmeclaquebeaucoupplusforteetilmejettesursonlit.

– Moncœur?Çameplaîtça!Toutcequetuvoudras.

Merde,Dévin!Non,pasça!Jeluitapesurlatêtepourl’empêcherd’enlevermonshort.Ilfautquejeraccroche!

– Génial!Àdemainalors.

J’aiperdumonshortetDévinaenlevésonhaut.Lavache,qu’est-cequ’ilestattirantavecceregard-là!Oh,j’aichaud!Emily,concentre-toisurDemsey!

– Àdemain,monange,faisdebeauxrêves…Ah!Aufait,j’oubliais!

Ilauraitpuoublierjusqu’àdemain…Ohnon,ilfautvraimentquejeraccroche…LalanguedeDévinsefaufiledéjàentremescuissesetjenemesenspluscapabled’articulerquoiquecesoit.Cettesituationdevientinsoutenable!

– Oui.

Monouiétaitpresqueinaudible.Dévinplanteunregardmalicieuxsurmoietmemurmurederépéter.Connard!

– J’aieuunepetitediscussionavecDévin.

J’inspirebrusquement.Jeserrelespoings,mecontorsionnesoussesassauts.Ilveutmamort?

– Vraiment?

Ohmerde,jesuisàbout…J’essaiedetirerlescheveuxdeDévinpourleretirerdelà,maisçal’exciteencorepluscecon!

– Ilteficheralapaix,ilapromisdefaireuneffortetd’êtreplusagréable.

Tum’étonnesqu’ilestplusagréable!J’étouffeungémissementsousmesdoigts.

– Super…Merci…

Oh la,mavoix est bizarre. J’ai vraiment trop chaud…Uncoupd’œil auvisagedeDévin entremescuissesetmatensiongrimpeenflèche.J’hyperventile…

– Allez,jetelaisse,tuasl’airfatiguée.

Cettefois, je luiappuiesur la têtepourqu’ilcontinue,complètementhaletante, lâchantprisesous lavaguedeplaisirquim’envahittouteentière…

– Oui.

Jememords,luiraccrocheaunezetmecambrel’instantd’aprèssousuneviolentedéferlante,jouissantsousmamainplaquéesurmabouche.Lavache…C’étaituntrucdefou!J’enailecœurquicogneàm’enboucherlestympans,leregardbloquésursonvisageauxtraitssiparfaits.

Je leveux!Jemeredresseet sautesur luipourarrachersonpantalonet sonboxer, lesourirequ’ilaffichemestimuleencoreplus.Ilestindécent,brûlantetd’unebeautéàcouperlesouffle.

– Hum…Bébé,approche.

Ilm’attraped’uncouppourmecolleràlui,écrasedésespérémentsabouchesurlamienneetjeleluirends bien.Nos langues se rejoignent et s’emmêlent,monventre se creuse et son torse se déploie. Jem’accroche en enfonçant mes ongles dans son dos, suis avec passion et émerveillement le sillonlégèrement creusé de sa colonne vertébrale, qui révèle sesmuscles. Tout ça pourmoi ! Il attrape unpréservatifetjeleregardel’enfilerenmemordantlalèvrededésir.Cequiluiplaîtvisiblementpuisqu’illasaisieaussitôtpourlamordilleràsontour.

J’aspirebrusquement,entresoulagementetplaisir lorsqu’ilmebasculesousluietmepénètreaussitôtavecunrâlequimefaitl’effetd’unebombedesensations.Dévins’enfonceenmoietsefige.Seslèvresattaquentlecreuxdemoncou.Sesmainss’attardentsurmesseins,enpincentlespointes,lesfaisantroulerentresonpouceetsonindex.Monrythmecardiaques’emballe.Laboucheentrouverteetlesyeuxfermés,je

bascule la tête en arrièrepour luidonner libre accès àmagorge.Sesdoigts explorentmoncorps avecdélicatesse, laissant traîner derrière eux des nuées de frissons.Quand j’ai la sensation quema tête vaexploser,ilamorceuncoupdereinsbrutal.Jegémissousl’effetdesurprise.Ils’arrêteànouveau.Jeletoisedetraversetilmelanceunsourireemplideconcupiscencequimetorpilledel’intérieur.

– Qu’est-cequetuveux,bébé?– Toi,jeteveuxtoi…Maintenant…

Mavoixsupplianterésonneàmesoreillesetjesoupiredeplaisirquandilmedonneenfincequejedésire.Ilonduledivinementsurmoi.Jesuisentotaleadmirationdevantsoncorpsetsesmusclestendus.Ilavraimentuncorpsdemalade!

Jemesynchroniseàsonrythmeetsensdéjàleplaisirm’envahirparvaguesdeplusenplusfortes.Monsangbouillonnedansmesveines.Frontcontrefront,ilplantesonregardhypnotiquedansmesyeux,sonsoufflechaudrecouvremabouche,etsesmainsbrûlantescaressentmapeau,demesseinsjusqu’àmeshanches.Jeperdsencoreunpeupluspied.

Jesoutienssonregardetsonmouvements’accélère,nosgémissementssemêlent,lapulpedeseslèvresm’effleure.J’aienviedemeredresserpourlesrejoindre,maisilattrapemespoignetsetlesplaqueau-dessus dema tête. Je geins enme cambrant d’autant plus, serrant les cuisses autour de lui, le corpstremblant. Il m’épie, m’envahit, me trouble de ses prunelles sombres et ardentes, attend mes petitssoubresauts pour planter sa bouche sur lamienne et enfonce sa langue enmoi aumêmemoment où jejouis.Sesbrasm’enserrent,m’accompagnent,metransportentquandsoncorpssetendetqu’ilmerejoint,encontinuantàm’embrasser,lâchantunultimegémissement.Ilmepressetellementfortquej’aidumalàrespirer,maisjem’enfous,j’aimececontact…

– Dévin,ouvrecetteporte!

Noussursautonsenmêmetemps.

– Merde!Bébé,souslelit!

Je récupèremesaffairesetmeprécipiteendessous tandisqueDévinenfilesonboxer.Putain, ilmebalancelacapotejustedevantlenezcecon!Ilouvreetmasœurdéboulecommeunefuriedanslapièce.Jeretiensmonsouffle.

– Dévin,c’estquoicesbruitsquejeviensd’entendre!– Unfilmdecul,pourquoi?Tuaimeraisregarderavecmoi?

Comments’arrange-t-ilpourreprendresonaplombaussivite?

– Oui.

Merde!Jel’entendsgrimpersurlelit.Ohlagalère!Visiblement,ilatoutprévu…

– Prendmoidanstesbrasaumoins!– Ouais.

Quelleconversation !Lasoiréevaêtre longue ! Jemecaledumieuxpossible.Pourquoimesuis-jemisesurledos?Quelleconne!Lesbruitsdefond,n’enparlonspas…Quedubonheur!Jeragetouteseule.Unemainsebalancejustedevantmesyeux.Ilcherchequoi?Ah!Lamiennepeut-être.J’entremêlemesdoigtsauxsienssanstropréfléchir.Apparemment,c’estbiencequ’ilvoulait.

Lasituationestdespluscocasses:ilmecaressedélicatementavecsonpouce.

Noussommesvraimentunemaisondefous!

Etvoilà,plusqu’àattendrequelefilmsetermine.J’espèrequ’ilnedurepastroisplombes.

– Arrêtedemecollercommeça!– Dévin,pourquoimerepousses-tutoutletemps?

Voilàautrechose!Qu’est-cequejenedonneraispaspourêtredansmonlit!

– J’aipasenvie,c’esttout.

Moi par contre, j’ai envie de rire, même si je ne devrais pas. Cette situation est affreusementridicule…

– Allez,viens.– Merde,lâche-moi!Dégagedanstachambre,tumesaoules!

OhDévin,tuabuses!

– J’enaimarre,tun’esqu’uncon!– Oui,bonnenuitàtoiaussi.

Tracyse lèveet s’enfuit.Dévin lasuitpour refermer laporteet jesorsdemacachette. Ilmefoncedessusaussitôt.

– Qu’est-ceque…

Ohbenoui…Jesuistoutenue.

– Jeviensdemetaperunfilmdeculenpensantàtoitoutdulong,alorsmaintenant,deuxièmeround!

Oh…

Sousmonregarddélicieusementaffolé,ilmontelesondelatélévisionàfondetmejetteàplatventresur le lit, sans grand ménagement. Mon cœur fait du yoyo et tout s’enchaîne entre son caleçon quej’aperçoisvoleràl’autreboutdelachambreetsesmainsquim’attrapentparleshanchespoursoulevermesfessesverslehaut.Enprime,jemeprendsuneclaque,çadevientunehabitude!

Ilcaressemonintimité,enfonceundoigtenmoi,metourmenteavecbeaucoupd’adresse.Moncorpstressailleetmondossecreusepourluidonnerencoreplusdeliberté.Jesuissansdessus-dessous,perduedanslessensationsqu’ilmeprocure.Ilmemasse,s’introduit,ressort,encerclemonclitoris…Jegémis,froisselesdrapsquandilenajouteunsecondets’activeendesva-et-vientindescriptibles.Jevaisjouirs’ilcontinue…Maisilretiresesdoigtsjusteavant.Jerâle,souffleensecouantfaiblementlatête.Et,sansprévenir,ilmeflatted’uncoupdelangueavidequiprovoquedesfrissonsjusqu’auboutdemesorteils.Ohoui! Ilcaressemesfesses,s’aventure làoùje l’attends,s’écarte,serapproche…Sonsouffle…Jemeurs…Ohçayest!Non,non,non!Oùest-il?Hop,uneclaque.

– Dévin…

Pourtouteréponse,ilmepénètred’unviolentcoupdereinsetjegémisenm’accrochantdésespérémentauxdraps.

Ohlavache!

– Maintenant,jeveuxt’entendrecrier.

Avec une voix pareille, il ne faudra pasme le répéter deux fois…Son bassin claque brusquementcontre mes hanches. Je laisse aussitôt mon plaisir s’extérioriser et il répond en écho. L’effet estdévastateur : ildécuplechacunedemessensations.Çamebrûle,m’étourdit,etmeplongedansunétatsecond.

Putainilvamerendrefolle!

Il continue sonva-et-vient et jen’enpeuxdéjàplus. Je suis totalement à samerci et j’aimeça…Ilenroulemescheveuxautourdesonpoingetmemaintientfermementlahanchedel’autremain.Ilestplusbrutal.Jesuisincapabledebouger,cettesensationdivinequimeparcourtesttoutaussiviolente.Mavoix

n’est plus que gémissement. Il s’arrête simplement pour avoir le plaisir dem’entendre le supplier decontinuer…J’exploselittéralementetm’effondreenl’entraînantavecmoi…

***

Même si je n’ai pas d’expérience, je suis certaine que niveau sexe, il n’y a sûrement pasmeilleurpartenairequeDévin.Detoutefaçon,uncranau-dessus,c’estl’arrêtcardiaque…Jecommenceàdevinerpourquoilesfemmesluicourentaprèsmêmes’illestraitemal.

Etlui?Ehbien,c’estaprèsmoiqu’ilcourtetjenecomprendspaspourquoi…Jenevoisaucunelogiquelà-dedans.Au moins, je suis certaine que ce n’est pas pour le sexe qu’il est là puisque je dois êtrenullissimeaulit.Jen’airienpourmoi:jenesuispasaimable,jenesuispasunebeautéfatale.Certes,cen’estpaslacatastrophenonplus,maisiln’yariend’extraordinaire.Enplus,jesuisunratdebibliothèquecommelerépètetoujoursmasœur.Enfinbref,jen’airienpourplaire.

Voilààquoijesuisentraindepenserenobservantlespilesdeboîtesàchaussuresquis’étalentàpertedevuedevantmoi.Qu’est-cequejem’ennuie…Ilestquinzeheuresetjesorsenfindelà.Jefaisunpetitcrochetpourm’acheterdeslivresetdécidederentreràpieds,carlesoleilestaurendez-vous.J’aipasséunenuitmerveilleuse,sionometcertaineschosesauxquellesjen’aipasenviederepenser.Jesuislégère.Jegardelesreprochespourplustard.Pourtant,j’arriveauboutdemarue,troublée.J’ail’impressionquequelqu’unmesuit.J’accélère lepas.Jen’osepasmeretourner,peut-êtreest-cemonimagination,maisuneétrangesensationdemalaisenemequittepas.

Cen’étaitpasmon imagination.Je reconnais trèsbien le4 x 4qui roulemaintenantàmahauteur. Jegardelerythme.Jeneveuxpasvoirsonconducteur.

– Emily,arrête-toi,s’ilteplaît.

Jeneprendspaslapeinedetournerlatête.

– Vatefairevoir,Edward!– J’aibesoindeteparler!– Jen’airienàtedire!

Maisqu’est-cequ’elleestlonguecetterue!Jerejoinsenfinlamaison.

– Emily,bordel,arrête-toi!– Lâche-moi!

Ohnon,cen’estpasvrai!Ilsegareetsortentrombe.J’essaied’atteindrelaported’entrée,maisilmechoppelebrasjusteavant.

– Nemetouchepas!

Jetentedelerepousser.Ilmelibèreets’écarted’unpas.

– Emily,écoute-moi!– Non!Dégaged’ici!– Jesuislàpourm’excuser.Jeregrettetellement.

Maisjem’enfousdesesexcusesàlacon!

– Tantmieux!– Neleprendspascommeça,laisse-moiunedeuxièmechance,mapuce.

Iltenteunenouvelleapprocheetessaiedemetoucher.Jerecule.

– Emily,s’ilteplaît.

Il réussit àm’agripperànouveaupar lebras.D’uncoup, sapoigne seveutplusbrutale,monpoulss’accélèrealorsquejepeineàmedégager.

– Nemetouchepas!Tumefaismal!

Laported’entrées’ouvrebrutalementetunesilhouettesejettesurEdward.Dévin!

Jen’aipasletempsderéagir:iladéjàdécrochéunedroiteàEdwardquivacilleets’écroule.Jerestepétrifiée.Dévinesthorsdelui,poingsetmâchoireserrés.

– Tuneposespastessalespattessurelle,connard!

Ilfautquej’intervienne,ilvaletuer!

– Dévin,arrête!

Je hurle tellement fort qu’il suspend son poing en plein élan etme regarde un instant, hébété. Il seredresseetfoncesurmoipourm’enlacer.

– Tun’asrien,bébé?– Non,contrairementàlui!

JeluidésignedudoigtEdward,lesmainsplaquéessursonvisage,dusangcoulantentresesdoigts.Jecrois bien que Dévin lui a pété le nez. Ed tente de se relever, Dévin se détourne demoi aussitôt etl’empoigneparletee-shirt.

– Tuasexactementcinqsecondespourdégageroujefaisfairetroistoursàtamâchoire!

Monexdétalecommeunlapinetgrimpedansson4 x 4sansdemandersonreste.Dévinnebougeplusd’unpouceetobservelavoiturejusqu’àcequ’elledisparaisseauboutdelarue.Jem’approche.

– Euh…etmaintenant?

Ilhausselesépaules.

– J’ensaisrien.Maiss’ilporteplaintececon,jesuismal!Surtoutquec’esttotalementsongenre!Ilyadeuxans,ilaétéjusqu’auprocèscontreungarsdontlepitbulll’avaitmordu!

Merde,onestmal!Ilfautquejetrouvequelquechose,horsdequestionqu’ilarrivequoiquecesoitàDévinparmafaute.

– J’aiuneidée: jeporteplainteavant lui.Jen’aiqu’àexpliquerqu’ilmeharcèleetn’arrêtepasdem’appeler. Je t’avoue qu’en plus, ça me rassurerait de savoir qu’il ne tentera plus de m’approcher.Imaginesij’avaisététouteseule!J’enrajouteraijusteunpeu.

Dévinmedévisage.

– Tuferaisvraimentçapourmoi?– Ouais,jelisbeaucoupderomans,çaaidepourl’imagination.

Dévinarboreunpetitsourireencoinquandj’attrapemontéléphone.J’aicommel’impressionqu’ilestadmiratif.Commequoi,ilm’arrived’êtresurprenanteparfois!

– Tuessûredetoi?Tunepaniqueraspasdevantlesflics?– Tu rigoles ? Je n’ai pas peur quand tu temets en rogne et je ne connais personne capable de te

surpasser!

Ilsemetàrireetplacemamaindanslasienne.QuandDévinestenpétard,toutlemondesebarre.Moijamais. Je lui tiens souvent tête sans hésitation, alors ce ne sont pas des uniformes quim’impressionneront.

– Allez,amène-moiaupostemaintenant.Commeça,ceserafait!

***

Aprèsdeuxheurespasséesaupostedepolice, jesorsenfin.Commec’est lapremièrefoisetquejen’aipasenvied’entameruneprocédurejudiciaire,j’aiposéunemaincourante.Lapolicelepréviendraets’ilcontinue,jepourraiporterplainte.

Demseynousarejointlà-bas.Ilétaitenpaniquelepauvre,etenplus,j’aiétécontraintedeluimentiràluiaussi…

NoussommesàprésenttouslestroisdanslavoituredeDévin,roulantendirectiondelamaison.Jenemesenspastrèsfière,maisjemeconvaincsquec’estpourlabonnecause.Mêmesipersonned’autrequemoinejugeraitDévincommeunebonnecause.Demseyl’aremerciéunnombreincalculabledefoisdem’avoiraidée.Àl’écouter,ilm’apresquesauvélavie.

Unefoisrentrée,toutlemondeestaupetitsoinavecmoi.Masœurmeprépareunplateautélé,DemseycherchedesfilmspourmoisurInternetetmêmeSando,quis’estinvité,nem’importunepas.Dévinestleseuldanssoncoin,ànepasdécrocherunmot.Unecertainepesanteurs’installedanslapièce.MasœurévitesoigneusementdecroiserleregarddeSando,Dévinceluidemasœur,moiceluideDemseyàcausedemaculpabiliténaissanteet,pourterminer,SandoceluideDemsey.Pourcesderniers,jemedemandebienpourquoid’ailleurs.

Quellesoirée!

Auboutdeplusieursminutespasséesàobservercepetitmonde,monpetit-amilâcheenfinsonPCpourm’enlacer.

– Jeresteavectoicettenuit,monange.

Sijerefuse,çaparaîtralouche…

– Oui,jepréférerais.

Pourquoiest-cequej’angoisse?

Dévinselèvebrusquementetsedirigeverslaported’entrée.Ilattrapesavesteetfoncedehors.Masœurseprécipitederrièrelui.Maisqu’est-cequ’illuiarrive?

Ill’asûrementrapidementvirée,carellerevientpresqueaussitôtavecunetêtededésespérée.

8.Perspicacitéfraternelle

Pourêtrehonnête,mapremièrenuitavecDemseyétait…spéciale.Déjàparceque,misàpartDévin,jen’avaisjamaisdormiavecunautremec.Àyréfléchir,si :Edward,maisj’aidéjàeffacécetévénementdemamémoire.Demseyn’ariententé.Jecroisqu’aveccequiestcensém’êtrearrivée,ilnevoulaitpasprofiterdelasituation.

Luiaussiaundecescorps!Cen’estpaspossible!Àcroirequelesmembresdugroupesesonttousrencontrésdansune agencedemannequins.Peut-être pas Jamie,mais les trois autres ont dupotentiel,c’estindéniable.

C’étaitquandmêmebizarredepasserlanuitdansd’autresbrasqueceuxdeDévin.J’aiuneimpressionétrange:celledeletromper…Lematinjemesuissentiemal,sanscomprendrepourquoi.C’estDemseyquejetrompeetnonlecontraire.Pourtant,c’estbienl’effetinversequejeressens.Cedoitêtreparcequej’aiprisl’habitudededormiraveclui.

Dévinn’estpasrentrédepuistroisjours.Cen’estpaslapremièrefoisqueçaluiarrive,alorsj’essaiedenepasm’inquiéter.Masœurestencolèrecontrelui.Elleestpersuadéequ’ils’esttrouvéquelqu’und’autre,parcequ’ilneluirépondpasautéléphone.Jesuisvraimentgrave :hiersoir, jesuisallée liredanssachambrepoursentirsonodeur…S’ilsavaitça,ilsemoqueraitcertainementdemoi.

Quelqu’unklaxonneetj’exécuteunsacrébondsurlecanapé.Sic’estcequejepense,monfrèreestenavance!Tométaitcenséarriverversvingtheures!Jesorsentrombedelamaisonpourcourirjusqu’àsavoitureetluisauterdanslesbras.Jenel’aipasvudepuislongtemps.Sescheveuxblondsontpoussé.Ilressembleàun surfer commeça. Je le trouvechangé.Tometmoi avons toujours été très liés etnotrepetiteannéed’écartyestsûrementpourbeaucoup.Jeremarquequ’ilmedétailleégalement.

– Tusaisquetuarrivaispresqueàmemanquersœurette!– Presque?– Bon,OK,tum’asmanqué.Joliebaraque!

Jeluisourisetl’entraîneàl’intérieur.

– OùestTracy?– ElleestauDrek.C’estleconcertdugroupecesoiretelleestpartieessayerdeparleràDévinavant

leurentréeenscène.– Onlesrejointaussi?

Mauvaiseidée.

– Tuperdslaboule!

Ilarboreunepetitetêtesupplianteetdegrandsyeuxvertstouttristes.

– OK,maispastroplongtemps.

Maispourquoijeluicèdetoujourstout?

– Tuvois,quandtut’endonneslapeine,tupeuxêtregentille!– Tom!– Allez,emmène-moivisiter!

Ilmepoussedansledos.

Letourdupropriétaireterminé,nousmangeonsunmorceauetjemeprépare.Jememaquilletandisquemonfrère,assissurlabaignoire,meracontedepuisvingtminutescequiluiestarrivécesderniersmois.

– Parlonsunpeudetoimaintenant.Tuasunmec?

Qu’est-cequ’ilestcurieux!J’avaispresqueoubliécetraitdecaractèreagaçant.

– Euh…Ouais,enfinc’estrécent.– Ilvientavecnous?– Ilseradéjàlà-bas,c’estunmembredugroupe.

Jel’aperçoisdanslemiroirsourireàpleinesdents.

– C’estmamanquiseracontente!

Jemeretourneetluifourremonmascarasouslenez.

– Jetepréviens,tun’enparlespas!

Illèvesamaindroite.

– Jelejurem’dame!

Monfrèren’a jamaisétéunebalance,donc je luiai toujoursaccordémaconfiance lesyeuxfermés,maisjepréfèreleprévenir.

– Bon,ondécolle.Tuesprêt,toi?– Ouais,partonsdécouvrirce fameuxbar !Tracyn’arrêtepasdemebassineravecçaàchaquefois

qu’ellem’appelle.

Lepauvre,ilrisqued’êtredéçucomparéàladescriptionqu’elleadûenjoliveràoutrance.

– Ah,parcequetucroisTracytoi,maintenant?– Non,maismacuriositél’emportehautlamainetpuis,j’aimeraissurtoutrencontrersonfameuxmec.

Mamanledétestetellementqu’ilnepeutquemeplaire!

Monfrèreaussiestenconflitavecnotremèreetchercheàlaprovoquerpartouslesmoyens.

– Tu devrais arrêter ton petit jeu avecmaman ou ça finira comme avecTracy : tu retrouveras tesvalisessurletrottoir.

Ilm’attrapeparlesépaulespourm’ameneràluitoutendescendantlesescaliers.

– Maismasœurpréféréeseralàpourm’accueillirsiçaarrive!

Benvoyons!Jeletoiseetgrimpedanssavoiture.

Unefoisarrivés,ilsegaredevantleDreketobserveunmomentlebâtiment.

– Jevoyaisçapluspetit.– Normal.Cheznous,toutestminuscule.Tun’esplusàlacampagnep’titfrère.

Il sort de la voiture et observe un groupe de filles entrer dans le bar. Un sourire plus qu’éloquentapparaîtsurseslèvres.

– Jesensqueçavaêtresympa.– Avance,idiot!

Ah,lesmecs,touslesmêmes!

Leconcertadéjàcommencéetlasalleestpleineàcraquer.Nousnetrouvonspasdeplacesdoncnousimitonslaplupartdesgens:nousrestonsdebout.JenedistinguepasTracy,maisjesupposequ’elleest

devantl’estradeàsedéhancher.Aveccemonde,pasévidentdelatrouver.

JecroiseleregarddeDemsey,quim’adresseundecessourires!Ilestsurprisetraviapparemment.Aussitôtlesfillesgloussentcommedesdindes.Qu’est-cequec’estagaçant!

Mes yeux dévient sans trop le vouloir sur Dévin. Lui aussi est surpris, mais pour le sourire, onrepassera ! Il fixe mon frère à plusieurs reprises. C’est vrai qu’il n’est pas au courant de sa visitepuisqu’iladésertélamaison.

– Vraimentsympal’ambiance!– Çateplaît?

Monfrèresuitdelatêteunepetitebrunequipassedevantnousetjeluibalanceuncoupdecoude.

– Oh,jeteparle!

Ilrit.

– Carrément!

Sesyeuxtraînentpartout.J’espèrequ’ilnevoudrapasrestertoutelasoirée…

– Alorsc’estleguitaristetonmec?

Jemeretourneverslui,choquée.

– Quoi?– Vous n’arrêtez pas de vous regarder. Mais ne t’inquiète pas, je suis sûrement le seul à avoir

remarqué.Tu saisque je suis trèsobservateur etpuis,vucomme ilme toiseméchamment, je supposequ’ilestjaloux.

Maisqu’est-cequ’ilraconte?

– Non,cen’estpaslui!Neracontepasn’importequoi!

Il est surpris etmoi jedois êtrepâle commeunmort à lapenséequ’il ait réussi àdécelerquelquechose.Ilfautquej’aplanisselasituationetvite.

– Sérieusement,cen’estpaslui?

– Noncen’estpaslui.C’estDemsey,lechanteur.Leguitariste,c’esttonautrebeau-frère!

Ilgloussecommeunidiot.

– Tutetapeslesdeux,avoue!

Jerisquedemesentirmals’ilcontinuecommeça!Jesecouefrénétiquementlatête.

– Tom,merde,nemeparlepascommeça!Jesuistagrandesœur!– Prends-moipourunconaussi.Jeteconnais,Emily.Etmieuxquepersonne.

Monfrèreetmoiétionstrèsprochesavantquejenequittelamaison.Cepetitconmeconnaîtparcœur.Maisjenem’attendaispasàcequecesoitàcepoint-là!Jesuismal!

– Amuse-toi,aulieudetirerdesconclusionstotalementridicules.

Ilpinceleslèvresetsesyeuxmedétaillent.Jevireaurouge.Ilfautabsolumentquej’évitederegarderDévin. Je me concentre sur Demsey.Après tout, c’est lui mon mec. Je suis à mon maximum d’auto-persuasion quand ma sœur nous rejoint en percutant deux ou trois personnes sur son passage et sautedirectementaucoudeTom.Elleextériorisesajoiesanshonte,alorsquemoijemecacheraisbiendansuntroudesouris.Maisqu’est-cequejefouslà?J’essaiedemefourrerdansunrecointandisquemasœurentraînemonfrèreaubar.

– Eh,Emily!

JemeretourneettombeenfaceàfaceavecDann.Jel’avaispresqueoubliélui!Jeveuxrentreràlamaison!

– Salut.– Tusaisquej’attendstonappeldepuispresquetroissemaines?

Tantqueça?

– Désolée,jen’aijamaisretrouvétonnuméro.

Ilnesemblepasmecroire.Pourquois’approche-t-ilaussiprêt?Je l’entendais trèsbiende làoù ilétait.Jereculed’unpas.

– Ceneseraitpasuneexcusebidon?

Pourunefoisquejedislavérité,onnemecroitpas…

– Non,maisdetoutefaçon,jesuisavecquelqu’unmaintenant.

Ilserenfrogne.

– Çanemedérangepas.

Décidément,c’estdefamille!

– Moisi.

Menteuse!

– C’estlegrandblondavecquituesarrivé?

Qu’est-cequeçapeutluifoutresérieux?

– Non,c’estmonfrère.

Merde,ilserapprocheencoreetjesuisdéjàcontrelemur.Réveille-toi,Emily!Jelerepousseduboutdesdoigts.

– Iln’estpaslàalorstonmec?– Si,ilestjustederrièretoi.

Jenesaispascommentilestarrivélà,maisDemseyestplantédanssondoset,franchement,jesuissoulagée.

– TujouesàquoiDann?– Demsey!

Dannnousdévisagetouràtour,surpris.

– Dégagedelà!– Oh,tranquillemec.Ondiscutait,net’énervepas!

Demseym’attrape par le bras etm’extirpe demon trou en lançant un regard noir àDann. Celui-cin’insistepasetdisparaîtdanslafoule.Ilcommenceàmefaireflippercetype.Demseym’entraîneetje

nedemandepasmonreste.Maisiln’étaitpassurscène?

– Monange,çava?

J’avouequ’ilm’aunpeuperturbée.

– Oui,oui.Net’inquiètepas.– Jem’inquiètetoujourspourtoi,Emily.

Demseyest tellementadorable.S’ilapprenaitquoiquecesoit, jesuiscertainequeça ledétruirait…Oh,jemesensmal.Maculpabilitéreprendledessusàunevitesseaffolante.

– Vousnejouezplus?– J’aiunpeuaccélérélapause,maisonreprenddansunevingtainedeminutes.

Jenesuispasbiendutout.Ilestindispensablequejeréussisseàmecalmer.

– Ilfautquej’ailleauxtoilettes.– Tuaimeraisquejetecommandeunverreenattendant?– Oui,s’ilteplaît.Uncoca.

Jefileaussivitequepossibleenzigzagantpourmefrayeruncheminjusqu’aucouloir.

J’accèdeàpeineàl’entréequ’unemainsaisitmatailleetmecolleàunmur.Jepaniquedéjà.JesuissoulagéequandjelèvelatêteetaperçoislevisagedeDévin.Ils’approchedemonoreille.

– TuneprendspastonpiedavecDemseypourquetuencherchesdéjàunautre?

Quoi?

Il me lâche et disparaît la seconde suivante. Je suis toujours contre le mur, comme une idiote. Jen’arrivepasà réalisercequ’ilm’abalancé…Maispourquoimesort-ilun trucpareil? J’aienviedechialer…Jecoursendirectiondestoilettesetm’yenfermepouressayerderecouvrermesesprits.

Dequeldroitose-t-ilmeparlercommeça?Putain,quelconnard!Lacolèreremplacepeuàpeumastupéfactionetjesorsentrombe.Ilvam’entendre!Jefonceensensinverseetl’aperçoisàl’autreboutdubar,franchissantlasortie.Jebataillepouravancerentrelesgensquientraventmaprogression.Ilsn’ontpasautrechoseàfairechezeux,sérieux?

J’éviteDemsey et pousse la porte pour tomber sur ce connardqui roule unepelle à une fille ! J’aienviedel’insulter!Deluiarracherlesyeux!J’ail’habitudedelevoirseconduirecommeçapourtant…J’aijusteenviedepartirencourant…Non,ilfautquej’yaille.Courage!

Ilm’avuapprocheretrepoussel’autrebécasse.

– Désolé,maisdemandeàunautredetebaiser.

Quelenfoirésérieux!Lafillerestehébétéeenfacedelui.

– Allez,casse-toi!

Il lui a aboyé dessus. Elle recule et me contourne en me dévisageant. Je ne baisse pas les yeux.Dégage,connasse!JerejoinsDévinetpointemondoigtsoussonnez.

– Pourquituteprends,espècedeconnard?

Iln’apasl’airtrèscontent,maisilnem’impressionnepas.

– Vas-y,dégageaussi,lacoincée!

S’ilcroitquej’abandonneraiaussifacilementilsefourreledoigtdansl’œil!

– Tum’insultesettumedemandesdedégager?Horsdequestion!Etmaintenant,tum’écoutes!

Ilnesedémontepasetnousnousaffrontonsduregard.Latensionestàsoncomble.

– Jen’écouteriendutout,j’aieucequejevoulais!Arrêtedebouffermonoxygèneetretournetefairetroncherpartesmecs!

Jeserrelespoingsderage.Jeluiencolleraisbienunepouravoirosémesortiruntrucaussihorrible!

– Tun’esqu’unputaind’enfoiré,Dévin.Jetedéteste!

Ilarboreaussitôtsonairarrogant.

– Tantmieux,puisquemoiaussi!

Ilmebalanceça,lesourireauxlèvres.Jelehais!

– Vas-y,rigole.Maisenattendant,Demseymefaitcrierbienplusfortquetoi!

Ilachangédetêted’unseulcoup.Jecroismêmequ’ilablêmiettantmieux,c’esttoutcequ’ilméritecetenfoiré!Jetournelestalonsetreparsverslebar.Masœuretmonfrèresortentaumêmemoment.Jelescontourneenlesregardantdetravers.Cen’estpaslemomentd’essayerdemeparler!

JefoncesurDemseyetattrapesonvisageentremesmainspourl’embrasser.Ilestsurprissurlecoup,maism’enlacetrèsvitepourmerendremonétreinte.Cen’estpasbien,maisjem’enfousroyalement.

JedéchargemacolèredansmesbaiserspourDemsey,pourceluiquiméritequ’onl’aime!

9.Ilestparti

Uneheureplustard,jesuisunpeupompetteetjedanseavecTom,Tracyetunefille…Jenelaconnaispas,maisapparemmentmonfrèreoui,vuqu’ils’initieàlaspéléologiedanssabouche.

C’estfoutu,jerigole.

J’aibesoind’unautreverreparcequelavoixdeDévintentedes’infiltrerdansmatêtepar touslesmoyensafindemetourmenter.J’avaisdécrétéquejeneboiraisplus,maisc’estimpossible.Puisqu’iln’yapasmoyenquequelqu’unmeramène,jesuisobligéedesupporterleregarddececondeguitaristesurmoi.Alorsautantmecomportercommesij’allaistrèsbien!Envérité,jemesensvraimentmal…

J’aienviedeclaquerlesquatreoucinqfillescolléesaupodium.Ellesm’énerventàgloussercommedesdindesdevanteux!

Ah,super!Unverre!Mercimonfrère!Qu’est-cequ’ilfaitchaudici!

Jedanse,rigoleetjenesaispaspourquoijen’arriveplusàquitterDévindesyeux.Jesuisconscientequecen’estpasbienetqu’onrisqueraitdemesurprendre,maismonpetitmoiintérieurestivreluiaussi.

Lepiredetout,c’estqueDévinsoutientmonregard…

Merde,jecroisqueDemseyacaptéuntruc.Tantpis,Dévinestbientropsexy,j’aienviedeleboufferdesyeux!Onm’attrapelementon.

– Emily,arrêteça!

Tommedévisageet,pourtouteréponse,jememarre.Pourquoimetourne-t-ildansl’autresens?Lavueestbeaucoupmoins sympade l’autre côté ! J’essaiede lutter,mais il neme laissepas le choix.Bon,tantpis,j’abandonne…

Ah!C’estleslowquiannoncelafin.Jemebarre!Monfrèrem’attrapeparlebras.

– Viensdanseravecmoi.

OK.

– Emily,tum’expliquescequ’ilsepasseavecDévin?– Rien.

Ouf,j’arriveencoreàmentir…Enfin,jecrois.

– Arrêtedeme raconterdesbobards, tu saisque jedétesteça !QuandTracyme l’aprésenté toutàl’heure, il avait l’air super perturbé et, comme par hasard, vous étiez tous les deux dehors laminuteprécédente.

J’aidumalàanalysercequ’ilmeraconte.

– Oui,OK,yauntruc!

Pourquoij’ailâchéça?

– Putain,j’enétaissûr!Merde,Emily,çacraint.

Pourquoijerigole?Iln’yariendedrôle.

– Oh,Emily!T’esavecmoi?– Pastrop.– Faitchier,jeteramèneàlamaison.

Il part prévenirTracy et j’attends.Oh, il n’y a plus demusique !Dommage…Pas grave puisqu’onrentreapparemment.Jemelaisseentraînerparmonfrèrejusqu’àlavoiture.Étrange,cen’estpascelledeTomça…Tantpis, jemeblottie sur le siègepassageretm’endors.Quiest-cequimeporte?J’adorecetteodeur.Jefourrematêtedanssoncouetmurmure.

– Dévin.– Oui,bébé.

J’aimequandilm’appellecommeça…

– Jetedéteste.– Moiaussi.

Chouette,unlit!

Ah,maismonpantalon!Oh,aprèstout,cen’estpaslapremièrefoisqu’ilmedéshabille.Jeglousse.Il

nesedéconcentrepasetjemeretrouvedansmonpyjamalapin:soitilacruquejen’enavaisqu’un,soitill’aimebien.

Pourquoipart-il?Jeneveuxpas!Jetendslamainverslui.

– Dévin,non!

Ilrevientetmeposeunbaisersurlefront.

– Jenedormiraiplusavectoi,bébé.

Ilsoupirelonguementets’éloigne.Jen’aipluslecouragedel’appeler.Ilfautquejemerepose.Jesuisépuisée…

***

Leréveilsonne.Oh,matête!Jemesensvaseuse!Jemeredressedansmonlitavecunpeudemal.Jesursauteàlavueducorpsàcôtédemoi:monfrèredortcommeunbébé.Commentest-onrentrésdéjà?Toutestflou,ilmefautuneaspirineetàboire.

Jemetournepourmelever,maisfinalement,jen’aiqu’àtendrelamainpoursaisirlejusdefruitetmoncachet.Enprenant leverre,quelquechosetombeà terre, jemepenche.Hou!Mauvaise idée!Jevaisattendreunpeu.Bougerestinenvisageable.J’aimalpartoutetj’aiunpeulanausée.

Finalement,jemelaisseglisserausoletattrapecequim’aéchappé:c’estunefeuillepliéeenquatre.Jesaisdéjàdequielleprovient.Jemesouviensdem’êtreengueuléeaveclui.Ilm’aparlécommeàunemoins que rien…Et il a précisé qu’il ne dormirait plus avecmoi… J’avalemon cachet et déplie lepapieravecprécaution.

Emily,Pourrépondreàtalettre,j’aitrèstrèsbiensaisil’image.Jeterassure,j’aiquandmêmequelques

facultés mentales malgré ce que tu penses. Et pour répondre à une question que tu te posessûrement:oui,j’ailulelivre.Sionavaiteudutemps,jet’auraissûrementparléd’Afterégalement.Jenesavaispasquetu lisaiscegenredechoseset jesuisplutôtsurpris: tun’espeut-êtrepassicoincéequeçafinalement:-).(j’aicrucomprendrequetuaimaislessmileys,alorsvoilà.)Bon,passonsàcequej’aiàtedire.:-(Jeparscesoir:unamim’héberge.Cettefois,jeprometsdetelaissertranquille.Demseyestunmec

bien,ilt’aimecommeunfou,tuserasheureuse,crois-moi.Jenet’auraisrienapportédebonàpartdesennuis.Jen’arriveplusàgérerlasituationettoinonplus.Situsavaistoutcequej’aienviedet’avouer,maisjenepensepasquecesoitbonpournous.

Tuesunique,bébé.Nechangesurtoutpas!Tonmeilleurennemi.<3

Merde,ilpart…Ilm’abandonne…

C’estcertainementunebonnechose…

Pourquoiest-cequejepleurealors?

Ilmefautunedouche,jetravaillecematin.Commentvais-jem’ensortir?

Aprèsm’êtrerendueavecdifficultéjusqu’àlasalledebain,jeglissedanslefonddelabaignoire,lejetenpleinetêtepourm’aideràyvoirplusclair.Desbribesd’imagesmereviennententêtepêle-mêle.Jemerevoisdanssesbraset,laseconded’après,ons’insulte.Puisilposeunbaisersurmonfront…Jen’arrivepasàymettredel’ordre.

Jemesensmal,danstouslessensduterme.Jen’enpeuxplus,matêtemenaced’exploser!Jen’arrivepasàm’imaginersanslui,sanspouvoirlevoir…oumêmeletoucher…ouencoresentirl’odeurdivinedesapeau…

Lecœurbattant,jem’habilleenvitesseetfoncejusqu’àsachambre.

Non!Iladéjàemmenésesaffaires…Jem’écroulesursonlit,fourrematêtedanssonoreiller,respire,m’imprègnedecequ’ilrestedesonparfum.

Jefinisparmereleveraprèsunlongmomentd’apitoiement.Ilfautquandmêmequejebosse.J’essuielalarmequis’estéchappéesurmajoueetreparsavecsoncoussindanslesbras.Jesuisridicule,maisj’enaibesoin.Jeleglissesousmonlit.Tomdorttoujoursetjel’observeuninstant.Ilalesourireauxlèvres.Çameréjouitqu’ilsoitavecmoi,c’estdéjàça…

JedescendsrejoindreTracyàlacuisine.Elleaunesaletête.J’aicommel’impressionqu’elleapleurétoutelanuit.Mêmesijepensequejen’aipasmeilleuremine…

– Çava,Tracy?

Oh,mêmemavoixmedonnemalaucrâne!Ellesecouelatêtenégativement.Jenepeuxdécemmentpasluiavouerquejesuisaucourantqu’ilestparti.

– Qu’est-cequ’ilsepasse?

Ellefuitmonregard.

– Ilestparti.

Jelaprendsdansmesbras.J’enaipeut-êtreautantbesoinqu’elle.

– Ilreviendra,net’inquiètepas.

Maispourquoiraconterçaalorsquejen’ycroispasmoi-même?J’aimalauventre,c’estaffreux.

Savesten’estplussurleporte-manteau…

***

Lamatinéeaétédesplushorribles…J’avaisl’impressionquelesol tanguaitet lesclientsparlaienttellementfortquej’aicruquematêteallaitvraimentexploser.

Tomestvenumerécupéreràlasortie,ensuperforme.Ilmeparletoutlelongdutrajet,maisjen’écouterien.J’observelepaysagequejeconnaisdéjàparcœurdéfilerparlafenêtre.

– Emily,tum’écoutes?– Non.– Sympa!– Jen’aipasenvied’êtresympa,j’aiunegueuledeboiscarabinée.– Tun’avaisqu’àpasboirecommeça!– Jesuismajeureetvaccinée!

Jedescendsdelavoitureetclaquelaportière…Mauvaiseidée,lebruitrésonnepuissancedixdansmatête.Monfrèrem’emboîtelepaspourrentrer.

– Ondevraitpeut-êtreavoirunediscussion?

Lâche-moi!

– Pasmaintenant.

Ilm’attrapeparlebraspourmetournerdeforceverslui.

– Si,maintenant.OnprofitequeTracysoitencoreauboulot.

Jen’aipasenviedemeprendreunsermon.

– Trouve-moiuncachetdéjà!– OK.

Jem’affalesurlecanapéetilarrivecinqminutesplustardavecunverred’eauetuncompriméquejem’empressed’avaler.

– Tuasfaim?

Hautlecœur…

– Non!– Alorsquesepasse-t-ilavecDévin?– Jenesaispastrop,onadérapéjecrois.– Commentça«onadérapé»?

Jenevaispasluidonnerdesdétailsnonplus!

– Tun’aspasbesoind’ensavoirplus.– Jevois…Plusieursfois?– Oui.

Jenesuispastrèsfièred’avouerçaàmonpetitfrère.

– Tul’aimes?

Quoi?C’estquoicettequestionridicule?Jenepeuxpasl’aimer,c’estlepetitamidemasœur!

– Arrêteavectesquestionsdébiles!– Tracym’aappelépendantsapause.

Aïe!

– Est-cequ’elles’estrenducomptedequelquechosehier?– Non,ellen’étaitpas loinde tonétat. Il l’attendait et ils se sontengueulésdevant lamaison. Il est

rentréetilaembarquésesaffaires.

Eh bien, je suis soulagée de savoir qu’elle n’a rien capté parce que je me revois en train de ledéshabiller du regard.Certains passages restent flous,mais je le vois encore comme s’il était devantmoi…Ilétaittellement…Oh,jem’égarelà…

RetoursurTerres’ilteplaît,Emily!

– J’airemarqué…Ilatoutpris.– Elleaimeraitbienqu’onailleauconcertdecesoirpourréussiràavoiruneconversationaveclui.

Pourchanger…

– Jepensequeçanesertàrien,maisbon,sielleytient,emmène-la.– Tuviens?

Sesyeuxmescrutentetjedétesteça.

– Non.

Je sens bien que j’aimismon frèremal à l’aise,mais il est trop tard pour effacermes conneries.J’utilisel’excused’êtremaladepourm’éclipserdansmachambre.Jetirelecoussindesousmonlitetplongelatêtededans.Aprèstout,cen’estqu’unoreiller,jeneculpabiliseraipaspourça…

Dévinm’abalancédeschoseshorribles,hiersoir,maisjen’arrivepasàêtrefâchéecontrelui.Jenepensequ’àuneseulechose:c’estterminéetjeneleverraiplus…

J’attrapesalettrequejerelisplusieursfois.J’aiunebouledanslagorge,c’estaffreux!Pourtantc’estlabonnesolution:ilpartettoutredevientnormalpourmoi.Maisnon,jeleveuxauboutducouloir.Jeveuxmeprendrelatêteaveclui,ledétester…

Si je lui réponds, peut-être qu’il reviendra. Il le faut. Mon petit moi intérieur me le déconseillevivement,mais je l’emmerde ! J’attrapemonnouveaucalepinet tapotedessusavecmoncrayon. Il estindispensablequejetrouvequelquechosepourl’ameneràchangerd’avis.

Dévin,Jesuisconscientequelasituationn’estpassimple.Jesaiségalementquecequetuesentrainde

faire est certainement lameilleure solution,maisonpourraitpeut-êtredevenirdevraisamis. Je teprometsdeterepoussersil’ombred’undérapageseprofileàl’horizon.Horsdequestionquetupartesmaintenant,j’aivraimentenviedeparlerd’Afteravectoi.Etpuis,

quisechargerademedénicherlesadaptationsdemeslivres?Avecquijemedisputerai?Quimeprépareraunjusdefruitetdescachetsquandjeseraimal?À

quiposerai-jemesquestionsstupides?Nem’abandonnepas…J’aibesoindetoi.:-(Jenefermeraiplusmaporte…Tameilleureennemie<3

Je ne sais pas si çamarchera. Je la glisse dans une enveloppe et referme le tout. Je descends lesescaliersquatreàquatre.Monfrèreestsurlaterrasse.Jefonceavantdechangerd’avis.

– Tom,tupourraisdonnerçaàDévinpourmoi?

Ilmeregardeetjelislasurprisedanssesyeux.Ilattrapel’enveloppe.

– Jesupposequeçanesertàrienquejetedemandecequetuluiasécrit?

Trèsperspicace.

– Surtoutn’oubliepasetsoisdiscret.– Pourquoitunevienspas?– Jesuistropmalettusaistrèsbienquejen’aimepassortir.

Ilhausselesépaules.

– Amuse-toiunpeu,sérieux!

Lesdistractions,cen’estpasçaquimanqueici…Enfin,quandDévinestlà…

– Jefilechercheruntrucàgrignoter.– Ouais,c’estça,Emily.Changedesujet!

Jeluitirelalangueetrentre.J’espèreparveniràretrouverunpeudecalmemaintenant.

Montéléphonesonneetjel’extirpedemapoche.

– Salut,monange.

Merde,hieronnes’estmêmepasrevus.PauvreDemsey,jel’aiencoreplanté!

– Coucou,çavatoi?– C’estplutôtàtoiqu’ilfautdemanderça.– Pasterrible,j’aibeaucouptropbuhier.

Jecroiselesdoigts,j’espèrequ’ilnes’estaperçuderien…

– Oui,ça, j’airemarqué.Onn’apaseuletempsd’endiscuter,maistum’avaisparléd’unesortieentête-à-tête,tutesouviens?

Jemesouvienssurtoutdelaclaquequej’aiprisesurlesfessesàcemoment-là!

– Oui,trèsbien,maissituprévoyaisçapouraujourd’hui,jenesuisvraimentpasdansmonassietteetmonfrèreestàlamaison.

– Non,rassure-toi.Jemedoutaisbienquetuneseraispasenforme,maisSandorentrebientôtquelquesjourschezsesparents,doncj’aurail’appartementpourmoitoutseulsiçatetente.

Jenesuispastrèsenclineàréfléchiràl’heurequ’ilest.J’enaidéjàpleinlatête.

– Jenesaispasencorequandmonfrèrerepart,maisjepensequeoui,pourquoipas.

Jen’aipasvraimentenvied’yaller,maisc’estnormal.Jesuistropmalpourenvisagerquoiquecesoitaujourd’hui,enfinpresque…

– Génial,onenreparlera.Jesuisauboulot,jedoistelaisser.Est-cequetuvienscesoir?

– Ohnon,j’aibesoindedormir,maisonsevoitdemain.– OK.Àdemain,monange.– Àdemain.

Apparemment,iln’apasdesoupçons…Ouf!Jefilechercherunpaquetdechips,laseulechosequinem’écœurepas,etmejettesur lecanapéavec ledeuxièmetomedeTheMortal Instruments. Jeplongedansl’histoireenespérantoublierunpeumavie,sanssuccès.Jesuisobligéederelirelesphrasesdeuxfois, jenecomprends rien.Je le referme,agacée.Masœurarrive.Elleavraimentunesale tête !Ellepasse devant moi avec un léger sourire à peine forcé et rejoint Tom sur la terrasse. Je les entendsdiscuter.

– Tracy,çatedérangesijedorsdanslachambrelibrecesoir?– Ouais,çamedérange,surtoutsiDévinrevient!– Ets’ilnerevientpas?

– Pourquoituinsistescommeça?Tum’énerves!

Elleestvraimentàprendreavecdespincettes!

– Parceque j’aiprévude revoir la filled’hier, alors jepensaisque, éventuellement, jene rentreraispeut-êtrepasseul.

Jemelèvepourlesrejoindreetvenirausecoursdemonfrère.

– JedormiraiavecTracyousurlecanapésielleronfle.Jetelaissemachambre.

Ilm’embrassedeboncœursurlajoue.

– Toi,tueslameilleuredessœurs!Jemontemepréparer.

Nousn’allonsquandmêmepasluipourrirsonséjouretjeluidoisbiença.Ilm’asauvéelamisehieret,enplus,ilamalettredanssapoche.J’espèrequ’ilnem’oublierapas.

***Lamaisondésertée,mevoilàseuleavecmoi-même,latélécommandeàlamain.Déjàdeuxheuresque

jezappesansrelâche.Jem’ennuie:iln’yariend’intéressantàlatéléetjen’arrivepasàmeconcentrerpourlire.J’aiembarquél’oreillerdeDévinetunplaid.Jepensequ’ilvautmieuxquejepassemanuitici,caravecmasœur,jenedormiraisûrementpas.

Jesuisstressée.JemedemandesiTomaremismalettre.J’attrapemontéléphonepourluienvoyerunmessage. Il met un temps pas possible àme répondre, mais lorsquemon portable vibre enfin, jemedépêched’ouvrirleSMS.

[Colislivré,mêmepasdepourboire!]

Ilréussitàm’arracherunsourire.

Voilà,c’estréglé,ill’a…Jestresseetmerongelesongles.Jemerelèvepourm’atteleràlavaisselleetnettoyerunpeulacuisine,puismerassieds…Pourmerelevercinqminutesplustard.Jetourneenronddanslesalon,c’esthorribled’attendre.Jesuistotalementridicule,cen’estpascommes’ilallaitfranchirlepasdelaporteoumerépondrecesoir!

Ilfautvraimentquej’arrêteaveccettehistoire.Jefonceprendreunbain,redescendsmeconcocterunsandwich,meprépareunchocolatchaud,rangelesalonetm’attaqueaunettoyagede labaievitrée.Jesuiscomplètementfolle!Totalementcrevée,maisjen’arrivepasàresterenplace.

Ilsrentrentenfin!Ilestuneheuredumatin,monfrèrepasselaporteaveclafilledelaveilleetfonceen haut avec elle en me saluant à peine.Ma sœur suit quelques secondes après… Personne d’autre.J’auraisdûm’endouter…

– Tracy,alors,commentças’estpassé?

Elles’assiedsurlecanapéetjel’imite.

– Iln’apasvoulum’adresserlaparole.

Elleyarrivetoujours,habituellement!Jesuisaussidéçuequ’elle…

– Jesuisdésolée.– Moiaussi.Jemontemecoucher,tum’accompagnes?– Non,vas-y,repose-toi.Jenesuispasfatiguéeetjepréfèredormirici.

Jem’enrouledansmonplaidetenfoncematêtedansl’oreillerdeceluiquiacrééunvideenmoi…

J’aicommelavagueimpressiond’avoirànouveauquinzeans…

Retrouvezletome3dèsle24juin!

Déjàdisponibleauformatpapier!

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Quelquestitresdenoscollections

Quelquesextraits

Lachute

TwinyB.

PruneLinan,vingt-septans,n'estpasunejeunefemmeaumodedevieconventionnel.Écorchéeparundramefamilial,alcool,sexe,drogueetrock'n'rollrythmentsesjournées.Quipourraitlasauversicen'estlemystérieuxAdamReed,rencontrélorsd'unesoiréebranchée?Prunedécouvrequelebruntatouén'estnul autre que le leader du célèbre groupeTheRebels. Le chanteur réussira-t-il à apprivoiser la jolieblonde?Pruneparviendra-t-elleenfinàouvrirsoncoeur?

ParTwinyB.

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Extrait

Elle est toute mon opposée, mariée depuis bientôt huit ans avec Dominique, un puissant avocat ;obstétricienne, car elle adore les bébés.Vous savez, ces petites bêtes à quatre pattes qui ne font quepleureretremplissentleurscouchesd’unehorriblechosenauséabonde.Elleenad’ailleurseudeux,unpetitgarçondemaintenantseptans,Gabrieletunefillettedecinqans,Ania.Onnes’entendpasvraiment,maisons’aime.Notreenfancechaotiquenousabeaucouprapprochées.Jevisdanslamaisond’amisquisetrouvesurleurterrain.Pourquoiirais-jem’embêteràpayerunloyer,alorsquel’onm’offrelelogis?

Jetravailleactivement,maisjesorsaussibeaucoup.«Abus»estlemotquimedéfinitlemieux.Jemedélectedetouslespéchéspossibles.Alcool,drogue,sexe,séduction...lavieesttellementfadesanstoutça.

J’aibesoindemesentirvivante.

J’aiunepartenairedesoiréeetdefolie,Lilly,mameilleureamiedepuisnosdouzeans.Onaaccomplilesquatrecentscoupsensembleetonadore se roulerdespellespouremmerder lesgros lourdsde lanight.Côté professionnel, je ne ressemble pas au traditionnel agent immobilier de la Côte d’Azur. Je ne

connaispaslesparfaitspetitstailleurspourcoincéesducul.Jesuisblonde,j’adorelestatouagesetlesfringuessexy.Laviem’adonnéuncorpsàrendrevertesdejalousielesfemmesetaguicherleshommes.Mariéoupas,peum’importe,silapersonnemeplaît,jefonce.Cen’estquepourunenuit,alorsquilesaura?

Monpatron,lui,estassezcool.Àlabase,ilnevoulaitpasm’engageràcausedemonstyle,maisjeluiairamenétroisgrosclientsqu’ilconvoitaitdepuisdeslustres.Lespreuvesl’ontdécidé.L’essentiel,c’estd’augmenterlechiffred’affaires.Ilrêveraitquej’écartelescuissespourlui.Ilsaitquejeluiapprendraitoutessortesdechoses,commeaucunefemmeauparavant.Ilsuffitdevoirlegenredecageotsavecquiilsort:chignonparfait,boucheenculdepouleetj’enpasse.Maisjepréfèregardercettetensionélectriqueentrenous.Commeça, les joursoù j’arriveen retardou les lendemainsdegrossesoirée, ilme laissetranquille.Jenesuispasdugenrepudique,cequihorripilematrèschèresœurette.Sonmarimelancequelquesœilladesdetempsentemps.Maiscen’estpasunenfoiré,ill’aimeetjelerespectepourça.Aujourd’hui,jesuisenvacancespourplusieurssemaines.L’étébatsonpleinetlespeopledébarquent

àSaint-Tropez.Mégasoiréesetgueulesdeboisenperspective.Jesuisauborddelapiscine,entraindepeaufinermonbronzage.J’ai rendez-vousdans troisheuressur leportavecmapoupée,Lilly.Cesoir,noussommesinvitéesàuneboatparty.

Alia,lesvoleursdel’ombre

SophieAuger

Vadim dérobe aux riches propriétaires des toiles de maîtres pour les rendre à leurs véritablespropriétairesmoinsfortunés.Hautain,méprisant,ilenchaînelesfillesetlessoiréesextrêmes.Maislorsqu'ilrencontreàSaintPétersbourgladouceetfragileAlia,saviebascule.Quatreansplus

tard,leurscheminssecroisentànouveauetilrisqueratoutpourlasauverd'undestinbrisé.

ParSophieAuger.

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Extrait

«JesuisVadim,voleurdel’ombre.Êtes-voussûrdevouloirentrerdansmavie?»

Jeudi–16h30–Paris,chambred’hôteldeVadim.

Jesuisréveilléparlalumièredujourquiinondelasuiteàtraverslafenêtre.Cinquantemètrescarré

dansundesplusgrospalacedelaville.Lit«kingsize»,drapsensoie,petitsalonpersonnel,jenemeprivederien.

Jepousseungrognementetmerecouvrelatêtedelacouette.

Quiestl’abrutiquiaouvertceputainderideau!

J’aiunmaldecrânedigned’unrouleaucompresseur.Ilm’écraselestempesetmaboucheporteencorelegoûtdelavodkaetdelaclopefroide.

–Vadim!OhVadim!Ilesttempsdetebouger!

Lavoixdemonamiraisonnedansmatêtecommeunmarteaupiqueur.

–PutainDimitri,pourquoitumeréveilles?Quelleheureest-il?–Ilestbientôtdix-septheures…Etjeterappellequecesoir,unegrosseopérationnousattend.–Etcelanécessiteunréveilaussiviolent?–Tutefousdemoi!C’estlaquatrièmefoisquejemepointedanstachambre!J’aidéjàvirélesdeux

minettes qui t’ont servi de petit-déjeuner et je suis revenu nettoyer les traces de ta saleté de poudreblanchedanslasalledebains.–OhDimitri,tudevraisvraimenttelâcherunpeumongrand,çateferaitdubien.–Maisc’estlecasVadim,nousavonsjustedeuxdéfinitionsdifférentesdulâcher-prise…

Dimitriestplusqu’unsimplepartenairede«boulot».C’estmonfrère.Pasceluiquelesangtedonne,celuiquelecœurchoisit.Nousavonsgrandiensemble,nosparentsayantles«mêmesactivités».Ilestceluiquimeraisonneetjesuisceluiquiledéraisonne.

Ilauncôtégrandrêveurquim’amuseautantqu’ilm’agace,maisilatoujoursétélàpourmoietm’asortiplusd’unefoisdesmerdesdanslesquellesjemesuisfourré.

Lui et moi sommes radicalement opposés. Dimitri le grand blond aux yeux bleus et à la mâchoirecarrée;moilebrunauxyeuxnoirs,auxtraitsfinsetàl’airmauvais.

C’est la seule personne sur cette putain deTerre en qui j’ai une confiance totale.La seule à qui jepourrai confier ma foutue vie. Il est le seul qui me connaisse parfaitement. Du moins presqueparfaitement.

–Dim,net’inquiètepas,jeseraiprêtàtemps.Unedouche,uncafé,éventuellementunepetitepipedelaréceptionnistedel’hôteletjesuistonhomme.

Ilmeregardeensecouantlatête,maisjesaisqu’aufond,jel’amuseunpeu.

–Àquelleheureestletopdépart?–Vingt-troisheures.–Ettuosesmeréveilleràdix-septheures?Dis-moiquetuplaisantes!–J’aimeraisrevoirdeuxtroischosesavectoiavant.–TuesunhommebeaucouptroporganiséDim,tudevraisimproviserunpeuplussouvent.–Jepréfèreéviter.–Tuesd’unennui…–EttoitujouesaveclefeuVadim.Unjourtufiniraspartebrûler.–Cetteexpressiondemerdenepeut-êtrequefrançaise.–Effectivement,maistudevraislaconsidérerunpeuplus.–Jeteprometsdelaconsidérer.Unjour.Dansuneautrevie.

Jemelèveetbalancemonoreillersurlatêtedemonami.Illesaisiauvoletmelerenvoie.

Nousavonsvingt-sixans,noussommesjeunes,noussommesriches,noussommeslibres,nousavonslaviedevantnous.

Dumoinsc’estcequenouspensions.

Maistoutpeutchangersivite…

Àparaître

CollectionDiamantnoir

FannyCooper

Playandburn–17juin2016

Déjàdansvostablettes

Collection«Glamouretsuspens»

MisterWilde–EmmaLoiseau

EmmaWilde,saison1et2–LouDuval&EmmaLoiseau

RugbyBoy,saison1et2–LouDuval,

Phoenix–EmmaLoiseau

Alia,lesvoleursdel’ombre–SophieAuger

CollectionDiamantnoir

Lachute,saisons1et2–TwinyB.

Nerougispas–Lanabellia

CollectionCrushStory

Legoûtduthé,celuiduvent,saisons1et2–EveBorelli.

Journald’ungentleman–EvadeKerlan

HollywoodenIrlande–ElisiaBlade

Séduire&Conquérir–ElisiaBlade

Loveonprocess–Rachel.

ShineandDisgrace–ZoeLenoir.

Collection«l’héroïne,c’estvous!»

LaLunedemieldeSarahTrace–DynaAvril

Backtoschool–DynaAvril

Auteur:Lanabellia

Directeursdecollection:ValentinMoulinetLaëtitiaHerbaut

NishaEditions

Cognaclaforêt

N°Siret51078346700044

N°ISSN:2491-8660