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N O U de l'histoire, il arrivera juste « un p'tipot trop tard ». D Le Sourire qui mord est mainte- nant diffusé par Gallimard. Une nouvelle collection sans texte est née, Grands petits livres, avec deux titres, Les dessous du sable, d'Anne Galland et Nicole Claveloux. Six enfants et un adulte découvrent à la plage une étrange sculpture à moitié enfouie, et chacun selon sa personnalité s'active autour, dessus ou dedans. Nicole Claveloux rend un hommage manifeste aux bébés de Maurice Sendak, mais le style pictural qu'elle adopte ne fait pas l'unanimité. Pas évident non plus, l'album de Christian Bruel, Didier Jouault et Pierre Wachs Vous oubliez vo- tre cheval. Des images ouvertes pour raconter les histoires qu'on veut autour d'un animal par double page, à gauche en noir et blanc, à droite en couleur, dans un graphis- me proche de la publicité. Pour les plus grands, les ado- lescents, Christian Bruel et Anne Bozellec proposent Venise n'est pas trop loin, une histoire d'ado- lescentes racontée comme une en- quête policière à partir de quelques pistes, sur les difficultés de grandir et de s'assumer. Belle mise en page, illustration très présente avec des combinaisons de noir et blanc et de couleurs, de photos, de dessins et de collages. Envoûtant ! CONTES D Chez Albin Michel jeunesse, La chevauchée du Baron, «les aventures du Baron de Miinchhau- sen comme il les a racontées à Adrian Mitchell, avec les illustra- tions faites sur le dos d'un cheval par Patrick Benson », ainsi que l'indique la page de titre. Album très joliment illustré. Adaptation libre et brève de quelques-unes des aventures du Baron. Vous oubliez votre cheval, Sourire qui mord. La petite sirène, de Hans Chris- tian Andersen, illustrée par Monika Laimgruber. Traduction de Soldi, le plus ancien traducteur français d'Andersen. Texte très fidèle, pré- senté en deux lourdes colonnes, un peu trop serré. Grandes illustrations colorées auxquelles un peu plus de nostalgie n'aurait sans doute pas nui. Cela dit, une version honnête d'un conte très connu et très aimé. Une nouvelle collection, Dis-moi une histoire, avec quatre titres : Le livre des sorcières, Cendril- lon et autres contes, La Belle et la Bête et autres contes, Hansel et Gretel et autres contes, dans une présentation sympathique. Mais à y regarder de plus près, les 1986 : l'année du tigre (éditions de l'Arbre). illustrations sont souvent médiocres et les textes trop abrégés, ce qui tend à rendre les histoires squeletti- ques. Dommage, car le choix des textes, sans être toujours d'une très grande originalité, est bon. Aux éditions de l'Arbre (42, rue de la Chaussée, 02460 La Ferté- Milon), un recueil de contes chinois, Dans la gueule du tigre, pré- sentés et traduits par Dominique Hoizey. Treize courtes histoires où le tigre est toujours présent : par- fois, il se fait berner par plus petit que lui, parfois il prend les traits d'une belle femme séduisante et cruelle, parfois il est victime inno- cente comme dans « Pourquoi le tigre s'attaque à l'homme ? » Joli format, illustrations en noir et blanc, rares mais de qualité. Un objet charmant pour de bien beaux contes. D Chez Delagrave, la suite de la réédition des Histoires comme ça de Rudyard Kipling en albums séparés, avec Le Léopard et ses taches, L'enfant d'Eléphant et Le Rhinocéros et sa peau. Des illustrations souvent décevantes et surtout bien encombrantes. D Aux Deux Coqs d'or, dans la collection Contes-histoires, La Souris des villes et la Souris des champs, de Lorinda Bryan Cauley, dans une version beaucoup plus développée que la fable de La Fontaine. Nombreux détails illustrés qui plairont aux petits enfants : nourriture, promenades, descrip- tions des intérieurs des maisons. Illustrations conventionnelles mais charmantes (dommage que leur reproduction soit un peu floue). C est tout à fait vrai ! d'Ander- v^sen: court récit, qui mérite d'être davantage connu, sur l'art et la manière de déformer les propos du voisin. La traduction de Christine de Cherisey nous a paru plus agréa- ble à lire que celle de La Chesnais. Cette histoire ironique est bien servie par les illustrations très drô- les de François Crozat qui, par le format, l'espèce d'exagération, conviennent tout à fait au récit. Mais n'y-a-t-il pas un décalage entre la signification de cette histoire un peu difficile et la forme même de ce livre-album ? 12 /LA REVUE DES LIVRES POUR ENFANTS

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Page 1: N O U - Bibliothèque nationale de Francecnlj.bnf.fr/sites/default/files/revues_document... · un hommage manifeste aux bébés de Maurice Sendak, mais le style pictural qu'elle adopte

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de l'histoire, il arrivera juste « unp'tipot trop tard ».

D Le Sourire qui mord est mainte-nant diffusé par Gallimard. Unenouvelle collection sans texte estnée, Grands petits livres, avec deuxtitres, Les dessous du sable,d'Anne Galland et Nicole Claveloux.Six enfants et un adulte découvrentà la plage une étrange sculpture àmoitié enfouie, et chacun selon sapersonnalité s'active autour, dessusou dedans. Nicole Claveloux rendun hommage manifeste aux bébésde Maurice Sendak, mais le stylepictural qu'elle adopte ne fait pasl'unanimité.

Pas évident non plus, l'album deChristian Bruel, Didier Jouault etPierre Wachs Vous oubliez vo-tre cheval. Des images ouvertespour raconter les histoires qu'onveut autour d'un animal par doublepage, à gauche en noir et blanc, àdroite en couleur, dans un graphis-me proche de la publicité.Pour les plus grands, les ado-lescents, Christian Bruel et AnneBozellec proposent Venise n'estpas trop loin, une histoire d'ado-lescentes racontée comme une en-quête policière à partir de quelquespistes, sur les difficultés de grandiret de s'assumer. Belle mise en page,illustration très présente avec descombinaisons de noir et blanc etde couleurs, de photos, de dessinset de collages. Envoûtant !

CONTESD Chez Albin Michel jeunesse, Lachevauchée du Baron, «lesaventures du Baron de Miinchhau-sen comme il les a racontées àAdrian Mitchell, avec les illustra-tions faites sur le dos d'un chevalpar Patrick Benson », ainsi quel'indique la page de titre. Albumtrès joliment illustré. Adaptationlibre et brève de quelques-unes desaventures du Baron.

Vous oubliez votre cheval,Sourire qui mord.

La petite sirène, de Hans Chris-tian Andersen, illustrée par MonikaLaimgruber. Traduction de Soldi,le plus ancien traducteur françaisd'Andersen. Texte très fidèle, pré-senté en deux lourdes colonnes, unpeu trop serré. Grandes illustrationscolorées auxquelles un peu plus denostalgie n'aurait sans doute pasnui. Cela dit, une version honnêted'un conte très connu et très aimé.Une nouvelle collection, Dis-moiune histoire, avec quatre titres : Lelivre des sorcières, Cendril-lon et autres contes, La Belle etla Bête et autres contes, Hanselet Gretel et autres contes, dansune présentation sympathique. Maisà y regarder de plus près, les

1986 : l'année du tigre(éditions de l'Arbre).

illustrations sont souvent médiocreset les textes trop abrégés, ce quitend à rendre les histoires squeletti-ques. Dommage, car le choix destextes, sans être toujours d'une trèsgrande originalité, est bon.

• Aux éditions de l'Arbre (42, ruede la Chaussée, 02460 La Ferté-Milon), un recueil de contes chinois,

Dans la gueule du tigre, pré-sentés et traduits par DominiqueHoizey. Treize courtes histoires oùle tigre est toujours présent : par-fois, il se fait berner par plus petitque lui, parfois il prend les traitsd'une belle femme séduisante etcruelle, parfois il est victime inno-cente comme dans « Pourquoi letigre s'attaque à l'homme ? » Joliformat, illustrations en noir etblanc, rares mais de qualité. Unobjet charmant pour de bien beauxcontes.

D Chez Delagrave, la suite de laréédition des Histoires comme ça deRudyard Kipling en albums séparés,avec Le Léopard et ses taches,L'enfant d'Eléphant et LeRhinocéros et sa peau. Desillustrations souvent décevantes etsurtout bien encombrantes.

D Aux Deux Coqs d'or, dans lacollection Contes-histoires, LaSouris des villes et la Sourisdes champs, de Lorinda BryanCauley, dans une version beaucoupplus développée que la fable de LaFontaine. Nombreux détails illustrésqui plairont aux petits enfants :nourriture, promenades, descrip-tions des intérieurs des maisons.Illustrations conventionnelles maischarmantes (dommage que leurreproduction soit un peu floue).C est tout à fait vrai ! d'Ander-

v^sen: court récit, qui mérite d'êtredavantage connu, sur l'art et lamanière de déformer les propos duvoisin. La traduction de Christinede Cherisey nous a paru plus agréa-ble à lire que celle de La Chesnais.Cette histoire ironique est bienservie par les illustrations très drô-les de François Crozat qui, parle format, l'espèce d'exagération,conviennent tout à fait au récit.Mais n'y-a-t-il pas un décalage entrela signification de cette histoire unpeu difficile et la forme même dece livre-album ?

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N O u V uD Chez Flammarion, dans la col-lection Castor Poche, deux bonsrecueils: L'oiseau du grena-dier, contes d'Algérie, de RabahBelamri (qui a publié par ailleursdeux recueils de contes chez Publi-sud : Les graines de la douleur etLa rosé rouge). Dix-sept contes dontles thèmes nous sont souvent bienconnus mais présentés de telle ma-nière qu'ils nous semblent toutneufs. Ainsi « La mère indigne »,conte cruel, ou encore « La princes-se et le serpent », peut-être le plusétrange de tous, dans lequel uneprincesse achète son malheur pourune mesure de semoule. Majoritéde contes merveilleux tous plusbeaux les uns que les autres, avecquelques respirations durant lesdeux séries d'histoires d'animaux.A lire absolument.Contes des rives du Niger, deJean Muzi. Choix varié de vingthistoires : contes merveilleux, fa-bles, comme « La traversée du fleu-ve », contes-devinettes comme « Lesmenteuses » ou « Les poltrons ». Onretrouve avec amusement dans « Lechamp du génie » une version duconte retranscrit par Cendrars etdevenu si célèbre grâce à NacerKhemir et Catherine Zarcate. On yretrouve aussi des motifs bien con-nus en Europe. A noter une trèsjolie version des Fées dans « Lavengeance de l'orpheline ». Récitsplutôt courts au style rapide. Trèsfacile à lire (attention toutefois àune trop grande concision qui abou-tit, page 105, à un petit passageincompréhensible).

D Chez Griind, dans la collection« Légendes et contes de tous lespays », des Contes juifs. Plan enhuit parties, autant que la lampede Hanoucca a de flammes, quipermet de passer en revue toutessortes de récits concernant lesgrands moments de la traditionjuive. Les origines, David et Salo-mon, le prophète Elie, les grands

L'année du grenadier, dessin de Rolf Weijburg,

rabbins, les Sérafades, les Ashkéna-zes, les Hassidim et ceux de Chelm.A la fin de chaque chapitre, deuxfables. Bien sûr, les histoires deChelm écrites par Singer ou cellesde Salomon dites par CatherineZarcate, c'est autre chose. Mais cecin'est déjà pas si mal pour nousfaire pressentir la variété et larichesse d'une tradition trop malconnue.

D Larousse propose une nouvellecollection, Classiques juniors, trèsscolaire dans sa présentation: desefforts dans la mise en pages et lalisibilité, mais des illustrations leplus souvent vilaines. Voici six con-tes:

Flore et Blanchefleur : versionabrégée en français moderne de cerécit du XIIe siècle qui nous raconteles amours touchantes de ces deuxenfants nés le même jour, la chré-tienne fille de captive et le païenfils de roi. On pourra préférerl'adaptation moins sèche publiée

Contes des rives du Niger,dessin de Rolf Weijburg,Castor poche

Castor poche.

chez Casterman dans la collectionl'Ami de poche.

La Barbe-bleue, Le Chat bot-té, de Charles Perrault : texte con-forme à l'édition de 1697. Illustra-tions très médiocres. Il existe d'au-tres éditions intégrales avec, entreautres, les illustrations de GustaveDoré. Celle-ci ne paraît pas s'impo-ser.

La Belle et la Bête, de MadameLeprince de Beaumont. Texte fidè-le. Mise en page agréable. Illustra-tions particulièrement laides et sou-vent illisibles.

Les trois jouveanceaux et lestrois fées, adaptation en françaismoderne de cinq textes du XVIe

siècle, très drôles, souvent très pro-ches des contes populaires. Malheu-reusement un peu sec. Pour unefois, les illustrations sont accepta-bles et dans l'esprit des récits.Les fleurs de la petite Ida :contes. Petite anthologie conte-

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nant trois contes d'Andersen: lerecueil contient, outre le texte quilui donne son titre, « La petite filleet les allumettes » et « Le vilainpetit canard ». Traduction de Soldi.Illustrations très laides.La clé d'or et autres contes deJakob et Wilhelm Grimm. Troistraducteurs pour cette anthologie.Dommage que l'on n'ait pas davan-tage utilisé les traductions de Mar-the Robert : seules les versions desdeux derniers contes sont d'elle.Les illustrations qui se veulent icihumoristiques sont d'une exception-nelle vulgarité. On se passera facile-ment de ce recueil.

D Chez Lifo, dans la collectionJunior Poche, une anthologie deContes populaires russes re-cueillis par Afanassiev. Choix variéqui complète d'une certaine maniè-re celui publié chez Maisonneuveet Larose : à côté des contes merveil-leux, on trouve des randonnées etdes histoires d'animaux. Texte unpeu sec. Petite illustrations sympa-thiques en noir et blanc en débutde chaque chapitre. Une excellentesurprise.

D Chez Messidor-La Farandole,dans la collection 8. 9. 10, Lepalmier menteur et autres con-tes racontés par Luda et illustréspar Françoise Boudignon. Une lé-gende et six contes de divers pays :Birmanie, Japon, Turquie, Inde,

Dessin d'Anatole Mariengof, Lito

Angleterre, Suisse et même... Texas.Histoires de sagesse et de ruse dontle trait commun est l'humour, parmilesquelles on retrouvera avec plaisirune version d'« Un sou pour voir »de Zemach. Illustrations en noir etblanc sans prétention qui scandentbien les récits. Mais pourquoi cesquelques pages noyées d'un mauvepeu appétissant et qui n'ajouterien? Inutile de rappeler le talentde Luda.

D Chez Nord-Sud, un conte desfrères Grimm illustré par Bernadet-te: Les Nains. On se souvientde cette histoire très connue ducordonnier ruiné, sauvé par les tra-vaux nocturnes de deux petits bon-shommes tout nus. Les iÛustrationsde Bernadette conviennent cettefois très bien à ce récit genre contede Noël ; leur ambiance gentille etheureuse est tout à fait bienvenue.

Bonne traduction — on regretteratoutefois beaucoup celle du titre :il ne s'agit en effet pas ici de nainsmais de lutins, ce qui nous sembletrès différent ; le mot utilisé par lesGrimm était pourtant sans équivo-que. Il demeure qu'il s'agit d'untrès bel album à donner dès 4-5 ans.

D Chez Seghers, une nouvelle édi-tion des Histoires merveilleu-ses des cinq continents, de Réet Philippe Soupault. En un seul etgros livre, tous les contes parusdans la précédente édition en deuxvolumes, avec en plus 35 autrescontes. Un classique que toute bi-bliothèque doit posséder en prioritéet en plusieurs exemplaires, ainsique quiconque aime les contes.Cette nouvelle présentation intimi-dera malheureusement peut-être lesplus jeunes à qui s'adressent pour-tant aussi toutes ces histoires.

Pour les inconditionnels de la B.D.Pour les refractaires à la lecture

il existe une collectiondrôle, actuelle, originale, très illustrée

bref... IRRÉSISTIBLE

c'est &te ute ÀecAela collection qui permet de découvrir le plaisir de lire

18 titres parus magnard jeunesse

N°109-ÉTÉ 1986 /15

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N O u V uD Chez Stock, dans la collectionNouveau cabinet cosmopolite, ungros recueil de trente-deux Contesd'Isaac Bashevis Singer reprendun certain nombre de textes parusprécédemment dans d'autres collec-tions pour jeunes, mais qui nousoffre en outre quinze récits inéditsen France. Réjouissons-nous. Pré-sentation austère sans illustration,selon le vœu de l'auteur : « A traversce volume, je suis heureux dem'adresser à mes jeunes lecteursuniquement à l'aide de mots. Jecontinue à croire qu'au commence-ment était le Logos, le pouvoir duverbe ». Donc, plutôt pour les plusgrands.

ROMANS• Aux éditions de Y Amitié, cinqromans différents et très inégaux.Dans la collection Bibliothèque del'amitié, un nouveau Sautereau :La cité des brumes, où l'onretrouve les thèmes chers à l'auteur(illusion/réalité, voyage à traverstemps, destin, mort, souvenir) àtravers l'histoire de Josik, jeuneorphelin parti « au-delà » à la re-cherche d'une vieille femme quivient de mourir en lui laissantune photo de sa jeunesse... Quêteinitiatique qui, malgré la qualitéde l'écriture, ne parvient pas àentraîner vraiment le lecteur.Qui a volé mon chien ? deMichel-Aimé Baudouy. Dans le pluspur style « Club des Cinq » : Til, lemagnifique chien des Pyrénées dutrès respecté colonel Léonard, a étéenlevé. Gilles mène l'enquête avecses amis.

Méli-Mélodrame, de GérardBialestowski. Dans un petit villagede viticulteurs, Vincent découvre lecinématographe et rêve de passerde l'autre côté de l'écran. Hélasn'est pas Woody Allen qui veut etl'auteur choisit de montrer quela réalité et le quotidien peuventdevenir plus palpitants qu'un film

Dessin de Pef pour La folle cavale

à force de fugues, retrouvailles avecun père assassin malgré lui, amoursenfantines et happy-end ! Le styleest plutôt lourd, le ton mièvre,l'ensemble vieillot.Le Prince d'Aeropolis, texteet illustrations de Jean Alessandrini,est un récit de pseudo science-fiction qui met en scène un enfanthandicapé parti vivre de folles aven-tures au « Pays de l'Imagination ».Un livre pavé de bonnes intentions,mais l'on grince des dents tant lesjeux de mots du héros face à sonhandicap sont de mauvais goût.L'auteur est visiblement plus àl'aise dans la SF que dans le « mes-sage social » !

Dans la collection Les maîtres del'aventure, Ali de Bassora, vo-leur de génie de Paul Thiès(Grand Prix du livre pour la Jeunes-se 1985 du Ministère de la Jeunesseet des Sports). Un jeune esclaveréussit à échapper à sa conditiongrâce à sa roublardise : entre leroman d'aventures et les Mille etune nuits. Certains sont gênés parce décalage et trouvent le style

— LEÏLA —

manière de » trop appliqué.D'autres jugent ce récit au contraireadmirablement construit, enlevé etplein d'astuce.

D Chez Bordas, dans la nouvelleprésentation de la collection Auxquatre coins du temps, la suite,attendue mais décevante, de Touf-depoil: La folle cavale deToufdepoil, de Claude Gutman,où Bastien retrouve son chien, ren-contre d'anciens copains soixan-te-huitards de son père, passe desvacances avec sa mère et fait laconnaissance de sa belle-mère. Au-tant d'événements et de situationscaricaturales qui retirent de la forceau récit. On est loin du premierépisode. On se surprendrait mêmeà ressentir une certaine méfianceenvers le style bien particulier deGutman. Gare au systématisme !

D Aux éditions du Centurion, untrès bel album : Leïla, de SueAlexander. Comment Leïla, la filledu cheik Tarik, va aider son père àsupporter puis accepter la dispari-tion de son fils aîné. Un sujet grave,abordé dans un récit très court. Lalangue est belle, les illustrationspleines pages de Georges Lemoinesuperbes.

D Aux éditions du Cerf dans lacollection des Contes du 7e jour,deux nouveaux récits de Jean-Olivier Héron sur la création : Lelait et le miel et Le sang deton frère. Toujours aussi vivantset écrits dans une langue admirable,avec une mise en page soignéeet des illustrations de qualité. Unhumour certain mais pour quelpublic ? (Fiche dans ce numéro.)

16 /LA REVUE DES LIVRES POUR ENFANT