n° 11 - déc / janv 2008 · recette: soupe au potiron 12 près de ... la magie fait alors son...

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La guerre civile au Sri Lanka 2 Wroclaw 3 Fishawy 4 La pollution en Chine 5 Voyage en Mongolie 6 - 7 L’Amok 8 Un regard turc 9 Pusinski 10 Poème sur Siwa 11 Recette: Soupe au potiron 12 Près de trois mois écoulés déjà, et après ces semaines difficiles, nous voici à l’approche de Noël. Ah Noël… ! Les vacances tout d’abord, repos pour les uns, bou- lot pour les autres, mais aussi repas de fête, cadeaux et moments en famille, même si les partiels de janvier viendront nous faire replonger dans le bain rapidement. En attendant, nous proposons un nouveau petit d’horizon des cultures et pays de l’INALCO : la Chine et l’Egypte une nouvelle fois, mais aussi la Pologne, la Turquie, la Mongolie, le Sri Lanka, et pour terminer la recette d’une petite soupe du Caucase pour se réchauffer en ces jours d’hiver. En espérant que c’est toujours avec un agréable plaisir, presque aussi grand que celui que nous prenons à faire ce journal, que vous voyagerez en notre compagnie… Benjamin N° 11 - Déc / Janv 2008

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Page 1: N° 11 - Déc / Janv 2008 · Recette: Soupe au potiron 12 Près de ... la magie fait alors son œuvre, ... l’arabe, se mélangeant dans un concert

La guerre civile au Sri Lanka 2

Wroclaw 3

Fishawy 4

La pollution en Chine 5

Voyage en Mongolie 6 - 7

L’Amok 8

Un regard turc 9

Pusinski 10

Poème sur Siwa 11

Recette: Soupe au potiron 12

Près de trois mois écoulés déjà, et après ces semaines difficiles, nous voici à l’approche de Noël. Ah Noël… ! Les vacances tout d’abord, repos pour les uns, bou-lot pour les autres, mais aussi repas de fête, cadeaux et moments en famille, même si les partiels de janvier viendront nous faire replonger dans le bain rapidement.En attendant, nous proposons un nouveau petit d’horizon des cultures et pays de l’INALCO : la Chine et l’Egypte une nouvelle fois, mais aussi la Pologne, la Turquie, la Mongolie, le Sri Lanka, et pour terminer la recette d’une petite soupe du Caucase pour se réchauffer en ces jours d’hiver. En espérant que c’est toujours avec un agréable plaisir, presque aussi grand que celui que nous prenons à faire ce journal, que vous voyagerez en notre compagnie… B e n j a m i n

N° 11 - Déc / Janv 2008

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Sri Lanka : Derrière le thé, les éléphants et la cuisine épicée,une guerre civile trop longtemps occultée

Depuis plus de vingt ans le Sri Lanka est déchiré par une guerre civile qui n’ose pas dire son nom. Les ravages du récent tsunami ont radicalisé ce conflit que l’on ne peut désormais plus cacher à l’opinion mondiale. Les affrontements entre l’armée sri lankaise (composée de soldats cinghalais) et les indépendantistes tamouls sont quotidiens depuis la rupture du dernier cessez-le-feu.Les touristes en voyage au Sri Lanka n’avaient plus accès depuis longtemps à la partie nord de l’île (la partie tamoule) et les agences de voyage leur con-seillent désormais d’éviter le pays tout entier. Les O.N.G. humanitaires intervenant sur place ont peur pour la sécurité de leurs équipes depuis l’assassinat de dix-sept membres de l’association Action contre la Faim par l’armée. C’est une évidence pour tous : le Sri Lanka vit des jours sombres.

Les inégalités entre Cinghalais et Tamouls sont cri-antes. Outre les discriminations dont elle faisait déjà l’objet avant le conflit (comme les notes plus élevées requises pour l’accès à l’université), la minorité ta-moule n’a désormais plus le droit d’organiser de regroupements politiques et doit respecter un cou-vre-feu qui ne s’impose pas à la majorité cinghalaise. De nombreux témoignages recueillis auprès d’O.N.G. et d’observateurs étrangers permettent égale-ment de penser que ces discriminations en droit s’accompagnent aussi de discriminations dans les faits (priorité aux cinghalais dans les hôpitaux, dans

l’aide humanitaire…). Mais ces injustices ne sont pas les plus préoccupantes : le pays souffre en effet de la détermination des indépendantistes qui ont formé des mouvements paramilitaires et organisent des at-tentats et du durcissement des pratiques de l’armée.Au nord de l’île, les contrôles de celle-ci sont quo-tidiens et aboutissent régulièrement à des empris-onnements ou des exécutions sommaires de per-sonnes suspectées d’avoir aidé les indépendantistes. Des charniers ont été découverts ; des hôpitaux, des temples, des écoles ont été pris pour cibles par l’armée sous prétexte qu’ils serviraient de refuge aux indépendantistes. En conséquence, de nombreuses infrastructures permettant la survie des populations du nord ont été détruites. Car si tout le pays souffre de ce conflit, les premières victimes sont certainement les civils tamouls : dé-placés, bombardés, emprisonnés, torturés, pris au piège, ils vivent dans l’attente. L’attente de l’arrivée soudaine de soldats dans leurs maisons, l’attente des bombardements au milieu de la nuit, et heureuse-ment, pour certains qui gardent espoir, l’attente de la paix retrouvée.Plusieurs pays sont déjà impliqués depuis un certain nombre d’années dans la construction d’un proces-sus de paix sri lankais. Parmi les partenaires de la France, la Norvège et le Canada travaillent active-ment à créer les conditions de cette paix. Notre implication pourrait contribuer à ce que le problème soit évoqué devant l’ONU, que d’autres pays de l’Union Européenne se mobilisent, et ainsi faire évoluer favorablement le processus de paix.Chaque année, des milliers de Tamouls sri lankais nous interpellent. Ayant réussi à quitter le pays grâce à des passeurs, ils sont nombreux à venir demand-er l’asile politique en France. Les demandes sont aujourd’hui si nombreuses que le Tamoul est une des cinq langues dans lesquelles les fiches de l’OFPRA (Office Français de Protection des Réfugiés et Apat-rides) ont été traduites. Ces demandes individuelles expriment une demande collective d’aide pour re-prendre le chemin vers la paix, pour que l’espoir ne se trouve pas juste dans la fuite, mais aussi et surtout dans une vie normale, là-bas..Association des Etudiants Tamouls de France

Infos et soutien sur : www.lapaixausrilanka.com

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« Wrocław miasto spotkań »

Vous êtes-vous déjà demandé quelle était la capi-tale des lutins ? Si oui, ne cherchez plus : c’est Wrocław. Wrocław ? Mais qu’est-ce donc ? Peut-être con-naissez-vous mieux Vratislavia ou Breslau ? Tous ces noms désignent la même ville, capitale de la Haute Silésie actuellement au sud-est de la Po-logne.Actuellement ? Bien sûr, car si Wrocław a déjà été polonaise entre 990 et 1335 sous la dynastie des Piast, elle a, par la suite, changé de nation un cer-tain nombre de fois. Ainsi cette charmante ville autrefois constituée d’un petit groupe d’îles sur l’Oder a été tchèque (1335-1526), autrichienne (1527-1741), prussienne, puis allemande suite à l’unification de 1871, pour enfin redevenir po-lonaise en 1945.Au centre des intérêts de ces différents Etats, Wrocław a parfaitement su profiter de ces “changements de propriétaires”, car ceux-ci ont tenu à marquer leur présence. De la péri-ode tchèque il reste le très célèbre hôtel de ville ; de la période autrichienne, les bâtiments de l’Université dont celui de la bibliothèque ou la magnifique salle baroque Léopoldine ; de la péri-ode “allemande”, âge d’or de Wrocław, la halle du peuple.Toutefois n’allez pas croire que le multicultur-alisme de Wrocław s’arrête aux Etats auxquels elle a appartenu. Une importante communauté juive y a habité et a laissé sa marque dans la cul-ture de Wrocław. Ainsi dans le cimetière juif de 1856, aujourd’hui considéré comme un musée de l’art funéraire juif, on peut trouver les tombes d’écrivains, de peintres et de familles connues comme les Haber (Fritz Haber a reçu le prix No-bel de chimie en 1918) ou les Pringsheim, dont la fille a épousé Thomas Mann.Bien que situé à l’Ouest de la Pologne, Wrocław est le lieu de refuge de la culture orientale po-lonaise. En effet à la fin de la seconde guerre, Lwów, grande ville culturelle polonaise, a été cédée à l’Ukraine (aujourd’hui Lviv) tandis que Wrocław se vidait de sa population allemande.

Dès lors les Polonais orientaux furent dirigés vers Wrocław et avec eux leur patrimoine culturel comme la statue de l’écrivain Aleksander Fredro, le célèbre panorama de la bataille de Racławice réalisé par Jan Styka et Wojciech Kossak, ainsi que la bibliothèque de l’Institut Ossoliński.Enfin, la période communiste d’après guerre a aussi posé sa marque à Wrocław avec la mise en place d’une aiguille de 95 mètres de haut face à la halle du peuple ainsi que le bâtiment abritant le panorama de Racławice (mesurant 15 mètres sur 114 et réalisé entre août 1893 et mai 1894). La résistance au pouvoir communiste est elle aussi toujours présente dans la culture de Wrocław. En effet en 1981 Waldemar Frydrych y créa le mou-vement de protestation pacifiste “l’Alternative or-ange” (Pomanranczowa alternatywa). S’inspirant des courants surréalistes, il mettait en scène sous différentes formes leurs mascottes, les lutins. Dès lors ces derniers sont devenus les symboles de la ville et depuis quelques temps on peut les trouver pêchant sur la rive de l’Oder, tentant de pousser une grosse boule dans le centre ville ou jouant sur les lampadaires... Il faut être patient et ouvrir l’œil pour les trouver et découvrir leurs spécificités !

Pour plus de renseignements sur Wrocław : www.wroclaw.plPour plus de renseignements sur les lutins de Wrocław : www.krasnale.pl (page uniquement en polonais)

Véro

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Rêverie dans un café…

Au cœur du souk Khan el-Khalili, dans une petite venelle à côté de la grande mosquée el-Hussein, se trouve le café Fishawy. Fondé en 1849, il porte le nom du Hagg Fichmi Fishawy, grand chef de bande du quartier dans les années 30.De grands miroirs aux cadres en bois sculpté, des arches au-dessus de chaque entrée : vous êtes transportés en péné-trant dans cet endroit mythique. L’on s’assoit sur d’agréables banquettes au milieu de la venelle, ou autour de petites tables à côté, et une fois le délicieux thé à la menthe fraiche rapidement servi dans une petite théière émaillée – le meilleur du Caire selon moi – la magie fait alors son œuvre, et il ne vous reste plus qu’à regarder.Assis pendant des heures à boire du thé, le temps défile pendant que l’on con-temple un spectacle inouï et sans cesse renouvelé. On apprend énormément en regardant autour de soi et en apprenant à ouvrir les yeux... La façon dont les gens se comportent, les regards, même furtifs, que l’on peut échanger avec eux, les souri-res parfois. Fermez les yeux et écoutez... Tous les sons se confondent : le bruit des chaises, celui des verres et des théières en émail sur les plateaux en cuivre, les voix des serveurs qui réclament les chi-chas, qui passent les commandes ou qui crient “flooouuuussss” (argent) pour que le patron vienne avec son énorme liasse de billets et encaisse auprès des clients. Il y a aussi les haussements de ton des touristes qui ne comprennent pas bien ce qui se passe, l’anglais, l’espagnol, le chinois, le français, l’allemand, l’italien, l’arabe, se mélangeant dans un concert envoûtant…En ouvrant à nouveau les yeux, on assiste

à un défilé incessant, un monde en per-pétuel mouvement, celui des vendeurs de breloques en tout genre et de gadgets – si vous restez un peu plus longtemps, vous aurez l’occasion de les revoir souvent, et à chaque fois ils vous proposeront de nouveau leurs articles ! Quelques men-diants circulent entre les tables bondées et essayent de vendre des paquets de mouchoir ou des cacahuètes. Il y a aussi la femme qui passe toutes les deux min-utes vous proposer un tatouage au hen-né, et le cireur de chaussures qui fait une triste mine quand on lui dit non ou qu’il voit que vous êtes en sandales !

La richesse que vous apporte une pause – aussi longue que possible – dans ce café est incommensurable, elle est de celle qui ne se compte pas, elle est liée à l’apprentissage de la vie en Egypte, de la vie en général ! Mais ne croyez pas que cela soit réservé à cet endroit seul, toute l’Egypte est comme ça, riche de cette mixité permanente, de ces styles dif-férents à chaque coin de rue. A la regard-er, à l’écouter, à la sentir pour mieux s’en imprégner, à tenter de la comprendre et de pénétrer ses mystères, on ne peut que l’apprécier. Et apprécier ces instants, c’est au bout du compte adopter l’Egypte dans son cœur… Benjamin

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La Chine paie le prix de sa réussite

Depuis que la Chine a effectué sa révolution indus-trielle pendant l’ère Mao, le niveau de pollution n’a eu de cesse d’augmenter, jusqu’à accéder au rang peu enviable de premier émetteur de CO2 au monde, devant les USA. Après avoir longtemps nié que le pays souffrait d’un grave problème écologique, les dirigeants ont reconnu que les risques étaient grands pour la population et l’environnement.La pollution est fortement présente partout : dans l’air, l’eauet les sols. Au niveau de la pollution at-mosphérique, il semble que la majeure partie soit due à la présence d’un grand nombre de voitures extrêmement polluantes : concernant Canton et Shanghai, 80% du monoxyde de carbone vient des automobiles (rapport du 17/07/07 de l’OCDE). Autre facteur important, les usines, dont les plus vieilles furent construites sous Mao. Elles ont le double inconvénient de polluer l’air et l’eau, en rejetant leurs déchets dans les rivières, qui ne sont pas assez équipées en systèmes d’épuration. 5 des 7 grands fleuves de Chine sont pollués. Les fleuves Huai et Liao (Nord et Est) le sont au point que leurs eaux sont nocives pour la peau et ne conviennent pas pour l’irrigation des cultures. D’autre part, ces usines vétustes peuvent mener à des catastrophes telles que celle de Harbin, survenue il y a 2 ans : l’explosion d’une usine pétrochimique a privé 4 mil-lions de gens d’eau potable, à cause d’une pollution au benzène (qui provoque la leucémie).L’agence Chine Nouvelle a révélé que 800 000 à 1 200 000 bébés naissaient chaque année avec des malformations dues à la pollution. 20 à 30% peu-vent être soignés, et 30 à 40% meurent dans l’année qui suit leur naissance. Un rapport de la Banque Mondiale indiquait que la pollution tuait 750 000 personnes par an. Chiffre énorme ou pas ? Dans l’UE, 400 000 personnes meurent à cause du prob-lème de l’air, sauf que l’UE a presque 3 fois moins d’habitants que la Chine…

Pan Yue, numéro 2 de la SEPA, agence chinoise pour l’environnement, a déclaré : “Nous sommes 1,3 milliards (…) et nous avons réduit les terres arables de moitié. En 2020, nous serons 2,5 mil-liards (…) Les régions les plus dégradées ne peuvent plus nourrir la population. Il va falloir déplacer 186 millions de personnes, le reste de la Chine peut en absorber 33. Il y aura donc 156 millions de réfugiés de l’environnement.”Pour contrer tout ceci, le gouvernement adopte des mesures à grands coups de yuans : élabora-tion de véhicules fonctionnant à l’électricité ( elle-même produite par la combustion du charbon, ce qui n’arrange guère les choses), mais aussi à la pile à combustible (fonctionnant à l’hydrogène, qui ne pollue que très peu). Le problème est qu’il y a peu de stations services distribuant de l’hydrogène, des infrastructures sont donc nécessaires. Mais Pékin ne s’arrête pas là : elle dépense des milliards de yuans pour la dépollution de ses grands fleuves et de ses lacs (avec le support de l’UE, à hauteur de 175 mil-lions d’euros). Le reboisement se fait aussi, de même que la construction de dizaines de milliers de kilo-mètres d’égouts. Pékin a également ordonné la fer-meture d’usines et entreprises polluantes (+84 000 ces dernières années), ce qui a entrainé le licencie-ment d’un grand nombre de gens, et ne satisfait pas les autorités locales. Pour elles, le développement de la province passe avant toutes ces considérations écologiques. Ce qui peut paraître normal, au vu de la pauvreté de certaines provinces.Ainsi, depuis que la Chine est devenue « l’atelier du monde », elle s’asphyxie lentement. La faute revient aussi aux pays occidentaux, car jusqu’à une époque récente, outre les produits de première nécessité, la Chine ne pouvait produire pour elle-même, du fait de sa pauvreté. Ces pays continueront à mettre la pression sur le gouvernement chinois, qui ne peut de toute façon pas tout d’un coup stopper sa pro-duction. Le gouvernement est pris dans un cercle vicieux, et rien ne semble pouvoir l’en sortir.

Matthias

www.lespiedssurterre.org/chineC.htm.

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Escapade à l’Est de la Mongolie

Je suis partie 10 jours (du 20 au 29 juillet 2007) vers l’Est de la Mongolie avec Edwige et Laurence, et 5 Mongols, liés à un ami mongol (son frère, sa sœur, son ami, un ami de cet ami, et le chauffeur). Comme notre ami mongol francophone n’était pas présent, nous avons dû et pu ne communiquer qu’en mon-gol. Cela nous a permis de progresser à l’oral... - Le 1er jour, nous sommes passés devant la stat-ue de Gengis Khan, puis près d’un petit lac salé, nous sommes arrêtés au bord d’une rivière et nous y sommes baignés. Là, nous avons fait halte pour manger. Tuyaa nous a préparé un thé au lait à la mongole dans une grande soupière, et a accompli le rituel tengriste (chamanique, de « tenger », le ciel), jetant en l’air dans différentes directions un peu du thé au lait, en offrande au Ciel bleu. Plus loin, nous nous sommes arrêtés devant un ovoo (monticule de pierres sacré autour duquel les Mongols chaman-istes tournent et jettent des pierres), et nous avons passé la nuit au bord du Lac Bleu, où nous avons eu froid. Il faut dire que nous étions au Nord de la Mongolie... Mais en contrepartie, les paysages étaient superbes. - Le 2ème jour, nous avons vu des maisons dont les toits étaient aux couleurs des anneaux olympiques, près de ce qui est appelé “la cuisine de Gengis Khan”. Puis nous avons croisé un lac. Nous étions dans les paysages du Nord, du Khenti, recouverts d’arbres. Nous y avons visité un monastère boud-dhique. Là, se mêlent allègrement les rites boud-dhiques et chamaniques. Nos Mongols appuyaient leurs fronts contre un arbre sacré, lui marmonnant quelque chose, lui laissant des bonbons, des billets. Nous sommes passés par “le ventre de notre mère”, un rocher creux, puis avons siégé sur “le trône”, un autre rocher. Nous avons attaché des rubans bleus aux arbres sacrés, puis sommes redescendus vers le monastère proprement dit, que nous avons visité. Nos Mongols ont prié leurs dieux bouddhistes, et nous sommes repartis. Nous avons passé la nuit dans de petites dunes au bord de la rivière Onon. - Le 3ème jour, nous avons traversé la rivière au moyen d’un bac. Faire monter le van sur le bac a été assez sportif. À Dadal, dans le Nord, nous avons visité un mémorial à Gengis Khan, dans un camp de touristes au bord d’un lac. Puis nous avons fait une bataille d’eau dans une petite rivière. Ensuite, nous avons cherché notre chemin et un endroit pour

dormir. Nous étions en pleine steppe, et un Mon-gol, qui venait juste de chasser la marmotte, nous a invités à la partager avec lui. Nous avons installé notre campement de tentes, et il nous a apporté un poêle pour préparer la marmotte. Après l’avoir vi-dée de ses tripes, il lui a arraché ses poils, ce à quoi nous l’avons aidé, l’a peu à peu remplie de pommes de terre et de pierres chaudes, a cousu le tout, et l’a fait griller en la tournant au bout de fils de fer au-dessus du feu. Nous avons dégusté la marmotte. C’est une viande qui a bon goût. Puis nous avons chanté en mongol et en français autour du feu, ai-dés par un peu de vodka. Une fois notre nomade parti se coucher sous sa yourte, nous nous som-mes promenés sous les étoiles. Nous avons vu des étoiles filantes et dit “Ce n’est pas la mienne”, sous-entendu, “je suis encore vivant” (“Ce n’est pas moi qui viens de mourir”). Dans la campagne mongole, on voit parfaitement la voie lactée.

- Le 4ème jour, nous avons à nouveau mangé de la marmotte au petit-déjeuner. J’étais étonnée que le foie de marmotte ne soit pas aussi fort que le foie de veau. Nous sommes repartis et avons tourné autour d’un puits pour en faire jaillir l’eau. Puis, sur la route de Baruun Urt, nous avons vu des ga-zelles traverser notre route à une vitesse incroyable. Nous avons passé un pont à péage, et nous sommes baignés dans la rivière. Puis nous avons croisé des nomades en train de bâtir une yourte. À Baruun Urt, nous avons visité un musée et un mémorial, dîné chez les parents d’un de nos Mongols, puis nous sommes retournés dans la steppe pour dormir. Là, nous avons passé la nuit sous la yourte, faisant dé-placer une bonne douzaine de nomades amis de nos Mongols (c’était assez gênant, comme situation), qui ont eu la gentillesse de nous la laisser pour la nuit.

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- Le 5ème jour, après avoir assisté à la naissance d’un veau, nous avons trait les vaches et fait une petite promenade à cheval le matin. La traite n’est pas chose facile : il faut avoir le coup de main, même avec une bête docile. Ensuite, nous avons récupéré nos amis mongols à Baruun Urt (où ils avaient passé la nuit dans leur famille ou chez leurs amis). En route vers Dariganga, nous sommes allés chercher de l’eau au puits, où se trouvaient déjà des chameaux. Un de nos Mongols, qui avait bien fêté les retrouvailles avec ses amis, était complètement saoul et penchait dangereusement sur le cheval qu’il avait emprunté à un autre Mongol du crû. Ce jour-là, nous avons vu un canyon et visité la grotte de Talyn Aguy, où de superbes stalactites et stalag-mites cristallines de diverses couleurs nous atten-daient. Puis nous avons passé notre première nuit à la belle étoile au beau milieu du volcan Shiliin Ovoo, tout près de la frontière sud avec la Chine, non sans avoir d’abord photographié quelques mar-mottes espiègles. - Le 6ème jour, réveil à 4 heures du matin pour assister au lever du soleil au sommet du volcan, qui donnait sur d’autres chaînes de volcans et la Chine. Là, nous n’étions pas seuls. Des militaires tiraient en l’air pour fêter ça, et de simples mortels priaient et faisaient les rituels chamaniques (libations). Puis nous avons vu une source dont les eaux bouillon-naient dès que l’on produisait du bruit, au bord du lac Ganga. Enfin, nous sommes allés visiter une colonie de vacances au bord du lac Dagshin. Là, nous nous sommes baignés, reposés dans les dunes de sable de Moltsog, de nouveau baignés. Nous avons eu droit à des sangsues. Puis nous avons vu tuer un mouton. Après avoir incisé le ventre de la bête sur la largeur d’une main, et plongé cette main jusqu’à l’artère, sectionné celle-ci, les Mongols aid-ent la bête à mourir plus vite (pour qu’elle souffre moins longtemps) en l’étouffant. J’avais déjà vu cela à la télévision, et ce qui m’a le plus surprise était ce qui échappe au téléspectateur : l’odeur pes-tilentielle qui s’échappe lorsque les entrailles de la bête sortent de son ventre. Le soir, nous avons joué à des jeux de cartes mongols avec des gages, puis avons dormi au beau milieu d’un pré. - Le 7ème jour, après nous être réveillés parmi des chevaux qui paissaient là et avoir croisé des nomades au galop, nous nous sommes à nouveau baignés dans le lac Dagshin. Puis nous avons puisé de l’eau à une source, où buvaient aussi des chevaux

que l’on emmènerait ensuite vers l’abattoir d’Oulan Bator à pied. Ensuite, nous avons vu les hommes de pierre, membres de familles royales, plantés en terre, et nous sommes rendus juste à côté, vers la montagne sacrée Altan Ovoo. Les hommes peuvent monter à son sommet et y admirer de toutes parts le paysage environnant. Les femmes n’ont pas le droit d’en faire autant. Elles sont censées en faire 3 fois le tour. Nous nous sommes contentées d’un seul tour (et c’était déjà bien suffisant), après avoir aban-donné nos amis de sexe masculin. Puis nous som-mes retournés à Baruun Urt. Là, après être passés sur Internet dans un cyber café, puis avoir acheté de la viande dans un marché couvert, nous avons passé la soirée chez la tante de nos amis mongols, y avons préparé des buuz (sortes de raviolis à la viande), regardé des photos de famille, des dessins animés japonais en mongol à la télévision, puis, après avoir mangé nos buuz, nous sommes allés dormir dans la steppe ventée, au milieu de nulle part. - Le 8ème jour, nous avons croisé sur le bord de la route Micha, un Russe sac au dos qui se promenait là à pied près de la ville d’Öndör khaan. Là-bas, nous avons visité un mémorial de Gengis Khan, puis avons passé la soirée et la nuit au bord de la rivière Kherlen, entourée d’arbustes. Là, nous avons fait un feu géant, puis nous sommes promenés, avant de dormir. - Le 9ème jour, après une promenade et une baig-nade dans la rivière Kherlen, nous avons puisé de l’eau dans un puits, avons vu une obélisque dédiée à l’Histoire secrète des Mongols (premier ouvrage en langue mongole), puis avons pris de l’eau à la source d’eau pétillante d’Avarga-Toson. Le soir, nous nous sommes enduits d’argile et nous sommes baignés dans un lac où les Mongols se refont une santé. Après avoir puisé de l’eau, nous nous som-mes arrêtés en pleine steppe et avons dormi là, non sans avoir d’abord dûment goûté le foie gras que Laurence avait rapporté de France et chanté. - Le 10ème jour, après nous être baignés dans une rivière à fort courant, avec d’autres Mongols et des troupeaux, nous être arrêtés pour manger dans un petit restaurant au bord de la route et être repassés devant la statue de Gengis Khan en pleine steppe, nous avons rallié Oulan Bator.

Estelle

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Amok ou la fureur austronésienne

Il semble que certaines maladies mentales ne se développent que dans certaines régions du monde. On peut retrouver ce cas chez les Berserkers des peuples germains et scandinaves. Ils étaient cen-sés être des guerriers enragés, insensibles à la dou-leur et à la peur. Leur état de folie était manifeste, puisqu’ il n’était pas rare qu’ils s’entretuent, tout en étant membres d’un même groupe, ou qu’ils at-taquent des rochers et des arbres dans leur fureur. Parmi toutes les maladies mentales, les Berserkers sont certainement ceux dont le comportement res-semble le plus à celui des Amoks, car leur mas-sacre est indistinct (même si leur existence semble être plus légendaire qu’avérée). Stefan Zweig, dans son roman Amok, a décrit ce comportement ainsi :“C’est plus que de l’ivresse… c’est de la folie, une sorte de rage humaine, littéralement parlant… une crise de monomanie meurtrière et insensée, à laquelle aucune intoxication alcoolique ne peut se comparer. La cause en est, sans doute, le climat, cette atmosphère dense et étouffante qui oppresse les nerfs comme un orage, jusqu’à ce qu’ils finis-sent par éclater. Voici ce que c’est : un Malais, n’importe quel brave homme plein de douceur, est en train de boire son breuvage… Il est là, ap-athiquement assis, indifférent et sans énergie… Et soudain il bondit, saisit son poignard et se précip-ite dans la rue… Iil court droit devant lui, toujours devant lui, sans savoir où… Ce qui passe sur son chemin, homme ou animal, il l’abat avec son kriss, et l’odeur du sang le rend encore plus violent, la bave lui vient aux lèvres, il hurle comme un pos-sédé… mais il court, il court toujours, sans rien voir de ce qu’il y a à sa droite ni à sa gauche, en poussant son cri perçant et en tenant à la main son kriss ensanglanté… Les gens des villages savent qu’aucune puissance au monde ne peut arrêter celui qui est en proie à cette puissance sangui-naire… et, quand ils le voient venir, ils vocifèrent, du plus loin qu’ils peuvent, le sinistre avertisse-ment : “Amok ! Amok !” et tous s’enfuient… Mais lui, sans entendre, poursuit toujours sa course ; il court sans rien voir, et continue de tuer tout ce qu’il rencontre… jusqu’à ce qu’on l’abatte comme un chien enragé ou qu’il s’affaisse anéanti et tout écumant…”

Il semblerait que ce mal s’étende aux populations austronésiennes (malayo-polynésiennes). Certains s’accordent à dire que ce serait dû à une maladie psychiatrique, dans laquelle tous les problèmes d’un individu lui apparaîtraient comme étant insolubles (notamment, des problèmes d’ordre sexuel), et, après un moment de méditation, il se laisserait submerger par un flot d’émotions sou-dain, perdrait son contrôle, et tomberait dans une frénésie incontrôlable. Mais ce mal ne semble pas frapper que les hommes, les animaux en seraient victimes aussi. Et si effectivement les animaux étaient touchés par l’amok, on pencherait plutôt pour la thèse de Stephan Zweig. On a en effet du mal à imaginer un animal souffrant de troubles psychiatriques d’ordre sexuel…Ainsi, on a pu voir des éléphants devenir tout à coup agressifs, et se mettre à courir dans tous les sens, barrissant, frappant et attrapant avec leur trompe tout ce qui passe à leur portée, humains compris, mais aussi d’autres éléphants, ce qui a causé des morts à maintes reprises.Ce phénomène, l’amok, est classé dans la branche de l’éthno-psychiatrie, aux côtés donc, du Berserk, mais aussi de la schizophrénie, qui elle, se dével-opperait dans le monde occidental. Les psychia-tres ajoutent encore à cette liste d’autres maladies, comme la transe dans laquelle les shamans tomb-ent, volontairement parfois, au moyen de drogues, danses, musiques, et sacrifices d’animaux. C’est alors que la différence culturelle se fait sentir : l’esprit cartésien occidental les dits malades, et les membres des ethnies auxquelles appartiennent ces shamans les disent investis d’un pouvoir divin. Dieu en Orient, et fou en Occident. Matthias

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Un regard turc

Vous avez ou avez eu des problèmes de com-munication avec les Turcs en Turquie ? Cela tombe bien, nous aussi ! Mais surtout ne vous laissez pas abattre, et persévérez ! Car sous ses airs d’ours mal léché (j’en fais peut être un peu trop, mais rien ne vaut une hyperbole pour faire passer un message) se cache un être d’une grande générosité, toujours prêt à ren-dre service, sur lequel vous pouvez compter en cas de coup dur.Bien sûr, comme partout, vous trouverez des gens intéressés, dans le mauvais sens du terme, (ce caractère ayant eu tendance à se multiplier avec l’arrivée massive de tour-istes dans le pays), mais également et surtout des personnes intéressées… par l’échange et les communications, curieux d’en apprendre toujours plus sur l’autre.Mais revenons à nos moutons, nous disions que lors de la prise de contact, nous avions rencontré quelques difficultés pour commu-niquer.Qui n’a jamais eu envie, ayant posé le pied pour la première fois dans un pays, d’essayer d’approcher l’autochtone dans sa langue ? Après quelques ballades dans les rues d’Istanbul, vous vous familiarisez avec l’atmosphère ambiante. Une légère brise venant du Bosphore vous caresse le visage lorsqu’une envie pressante vous prend. Vous feuilletez votre guide avec empressement, his-toire d’y trouver le vocabulaire dont vous avez besoin. L’ayant rassemblé, vous vous adres-sez à la première personne rencontrée dans un turc approximatif : “tuvalet var mı?” Pour seule réponse, vous obtenez simultanément un haussement de sourcils, un mouvement de la tête vers l’arrière, et un son indescriptible. Là vous vous dites que votre interlocuteur n’a certainement pas dû vous comprendre, vous réitérez votre demande en désespoir de cause. Vous obtenez toujours la même réponse. Désespéré et surtout pressé vous comprenez qu’il ne sert à rien d’insister, et que la pro-chaine fois vous prendrez vos précautions avant de sortir de votre hôtel.

Comme l’Italien le Turc aime s’exprimer par gestes, et il ne s’en prive pas !!!Pour dire “oui”, il vous suffit d’incliner la tête en avant, ou d’employer un des nombreuses onomatopées bizarroïdes que vous aurez le plaisir de découvrir une fois arrivé en Tur-quie. Par contre le “non” est comme vous avez pu le constater plus haut un peu plus élaboré (lol) ; vous pouvez cependant vous contenter d’effectuer un seul geste à la fois ! N’ayez crainte, votre interlocuteur vous com-prendra quand même ! Mais attention car si en France secouer la tête de droite à gauche exprime le “non”, le Turc lui l’emploi pour signifier qu’il na pas compris. Ce n’est pas très grave me direz vous, mais ça peut être gênant dans certaines situations ! De même, d’autres “faux amis” peuvent vous mettre dans une position embarrassante. Ainsi évitez de for-mer un rond avec le pouce et l’index comme il est d’usage dans beaucoup de pays euro-péens pour signifier que vous êtes d’accord ou que “c’est super”, car en Turquie ce signe est employé pour désigner les homosexuels ! Et dans un pays très traditionaliste, vous risquez quelque ennui !Pour conclure je dirais toutefois que la com-munication doit rester un plaisir avant tout et que les difficultés à se faire comprendre, ne doivent pas nous empêcher d’aimer parler dans une autre langue. Bon voyage !

Ayla

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Bisous de République tchèque

Cet automne à Prague et à Brno (les deux plus grandes villes de République tchèque) s’est déroulée la huitième édition de Mezipatra, fes-tival tchèque du film gay et lesbien, sous le pa-tronage de Václav Havel et de l’actuel maire de Prague, le Dr Pavel Bém. Au programme : longs et courts métrages issus de toute une variété de pays, abordant de près ou de loin la problématique de l’homosexualité, tables rondes, conférences, expositions et soirées à thème LGBT*. Parmi l’offre cinématographique, une réclame attire l’attention : “le premier des films homo tchèques dont nous sommes fiers”. Le film en question, ré-alisé par Karin Babinská, est sorti dans les salles au printemps dernier, et a pour titre “Pusinky”. C’est-à-dire “bisous” — aussi se demande-t-on où les traducteurs sont allés pêcher leur idée de le rebaptiser “Dolls” en anglais... Il n’est en effet pas question de poupées dans ce film, mais juste de trois filles qui ont fini l’école et qui, à l’aube d’une vie d’adulte qu’elles n’ont pas choisi, galèrent pour comprendre et trouver ce qu’elles cherchent : l’amour, bien évidemment.

Vendula (Petra Nesvačilová), dotée de quelques kilos en trop et malheureuse en amour, Karolína (Sandra Nováková), asthmatique, qui collec-tionne les signatures de ses conquêtes dans un carnet, et Iška (Marie Doležalová), introvertie et anxieuse, forment un trio inséparable malgré leurs différences. Les vacances d’été sont arrivées ; elles projettent ensemble un voyage en auto-stop jusqu’en Hollande, où les attend un travail à la ferme. Si elles ne voient en fin de compte pas la couleur de cette Hollande, qui leur apparaît tour à tour comme un paradis de l’herbe ou comme une échéance inexorable, de tensions en crises, d’incidents en révélations, c’est sur le plan inté-rieur et sentimental qu’elles arriveront à destina-tion, en réalisant où elles se sont fourvoyées et ce qu’elles souhaitent véritablement.

“Pusinky” est en somme plus un film sur la jeu-nesse, voire un film de filles, comme l’horripilant générique le fait craindre davantage que de rai-son, qu’un “film homo” (teplý film, en tchèque) ou même qu’un “film homo tchèque”. “Ce n’est pas un film tchèque typique,” a estimé Patrycja, Polonaise, après son visionnage. Il faut reconnaî-tre que pour une fois, on échappe à la brochette d’acteurs incontournables qui, d’un film à l’autre, semblent saturer le panorama cinématographique tchèque. Par ailleurs,”Pusinky”, Dieu merci, ex-plore (aussi) d’autres voies que celle qui consiste à nous montrer ses héroïnes boire, fumer, copuler et fréquenter les boîtes de nuit pour exprimer leur dérive et leur manque de repères. La tangente est salvatrice. Elle donne lieu à des scènes qui, évitant à la fois dramatisme et exhibition, son-nent étonnament juste. Ainsi la tentation larvée, mi-consciente du suicide est-elle constamment suggérée, mais jamais sérieusement traitée : fas-cination pour une lame de rasoir, présence répétée d’étendues d’eau dans lesquelles on se baigne, on se lave et on se pousse, véhicules en marche desquels on saute (ou sous lesquels on saute ?), hauteurs depuis lesquelles on se fait peur etc. “Pusinky”, un film fait de gens à poil et de ciel bleu, avec des dialogues en tchèque entre les deux.

www.mezipatra.czwww.pusinky.cz Jeanne Corvellec

*: lesbien, gay, bisexuel et transsexuel.

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Siwa

Mes yeux s’ouvrent petit à petitEncore remplis du sommeil de la nuitAlors mon cœur fait un bon de folieLe paysage est magnifique ici…

Des dunes de sable à perte de vueLa beauté sur toute cette étendueCe ciel si bleu, si beau, si purJ’aime vraiment cet endroit c’est sûr…

Une source d’eau très chaudeL’envie de composer une odeUn grand lac froid en plein désertAvec les images je compose l’air…

Les montagnes et une zone lunaireOn croirait avoir quitté la TerreCalme et sérénité envoutantsLà-bas, on oublie le temps…

Mais encore plus que tout ceciLe meilleur réside à mon avisDans le cœur de tous les siwisDont plusieurs deviennent des amis…

Mahmoud Hassan ou LoftiYehya Mashri ou FathiTous nous apportent leur chaleurEt nous ouvrent leur cœur…

La vie ici prend tout son sensDans la paix souvent j’y pensePeut-être y finirai-je ma vieMais dans un bonheur infini…

Déchirement de quitter cet endroitCa me manque déjà tellementVivement la prochaine foisBelle oasis je t’aime tant… Benjamin

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DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Edouard LagrueREDACTION REDACTEUR EN CHEF Benjamin Wiacek ONT COLLABORE (TEXTES) Véronique An-toinette, Jeanne Corvellec, Estelle Delavennat, Ayla Durmus, Matthias Thiery, Benjamin Wiacek, l’Association des étudiants tamouls de France (AETF) ONT ILLUSTRE (IMAGES) Véronique Antoi-nette, Estelle Delavennat, Zoé Miche, Benjamin Wiacek CORRECTION Nathalie Jeandidier, Frank Schaber, Benjamin WiacekDIRECTION ARTISTIQUE GRAPHISTE/MAQUETTISTE Véronique AntoinetteEDITEUR Orient Express (association loi 1901)IMPRIMEUR Inalco, 2 rue de Lille, 75343 Paris cedex 07D’après la loi de 1957, les textes et illustrations publiés engagent la seule responsabilité de leurs au-teurs. L’envoi de textes, photos ou documents implique leur libre utilisation par le journal. La reproduc-tion des textes et dessins publiés est interdite. Ils sont la propriété exclusive de Langues zOne qui se réserve tous droits de reproduction. ISSN : 1774-0878

Le site internet de Langues zOne est toujours à votre disposition ! Venez vite y re-trouver tous les numéros au format PDF, les versions intégrales des articles, toutes les recettes, les illustrations et plus encore… A bientôt sur www.langues-zone.com !

Langues zOne est un projet participatif ouvert à tous ! Rédacteurs, illustrateurs, interviewers, photographes, graphistes, correcteurs... Nous vous invitons à nous re-joindre en écrivant à [email protected]

Soupe au potiron et aux épices

Pour survivre pendant cet hiver bien froid, Langues zOne vous propose de goûter à cette recette armé-nienne. Elle est extraite du livre Saveurs de Russie et de ses voisins, que vous pourrez acheter pour 6 euros à l’association de Clichy “Babel “(attention les stocks sont limités)

- 1,5 c. à s. d’huile- 25g de raisins secs- 340g de poireaux (lavés, coupés en deux puis finement émincés) - 1 carottes moyennes (épluchée et coupée)- 340g de potiron (épluché, épépiné et coupé en dés)- 65 ml de bouillon de volaille- poivre- 75 ml de yaourt- 210 ml de lait- 1,5 c. à s. de graines de potiron (pour la déco)

Faire dorer les graines de potiron sur la plaque du four 5 à 6 min th 200°. Réserver.Chauffer l’huile dans une casserole et y faire reve-nir les raisins secs, jusqu’à ce qu’ils soient gonflés et luisants. Les mettre sur une assiette avec une écumoire. Réserver.

Mettre le poireau et la carotte dans la même casse-role et cuire 10 min à feu doux ; ajouter les dés de potiron et cuire 10 min de plus sans cesser de rem-uer et jusqu’à ce que le poireau soit légèrement col-oré. Ajouter 210 ml de bouillon de volaille. Laisser cuire les légumes 20 min à couvert (jusqu’à ce que le potiron soit tendre)Passer les légumes au mixeur. Remettre la purée dans la casserole et incorporer le reste de bouil-lon, le lait, et le poivre. Couvrir et cuire 15 min en remuant de temps en temps. Incorporer les raisins secs avant de servir.Servir dans des bols en mettant un peu de yaourt sur chaque portion et parsemer de graines de potiron.