muller - vers l’intermédialité

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  • dossier mdiamorphoses99

    Lintermdialit, un workin progressLa notion dintermdialit semble actuellement tre la

    mode dans la communaut des chercheurs en tudes

    mdiatiques. Le succs du concept, au cours des deux der-

    nires dcennies, est le signe quil correspond des

    besoins thoriques et historiques. Toutefois, il convient de

    rester prudent et critique. Actuellement la notion dinter-

    mdialit ne propose pas encore de systme thorique clos

    capable de traiter tous les phnomnes intermdiatiques

    ou historiques, ceci malgr les diffrents postulats ou

    essais pour construire un tel systme de systmes 2. Il faut

    donc continuer rflchir sur ses bases thoriques, ses

    interactions avec dautres perspectives des tudes mdia-

    tiques, et aussi tenir compte de ses options thoriques en

    matire dhistoire des mdias.

    Malgr leurs prtentions, les propositions thoriques

    actuelles qui nous promettent une approche comprhen-

    sive 3 ne rpondent pas aux objectifs formuls. Leurs cat-

    gories analytiques ne couvrent quune partie trs restreinte

    des processus et phnomnes intermdiatiques. Elles ont

    des affinits exagres ou exclusives avec la littrature,

    avec les relations (inter-)mdiatiques de celle-ci, avec les

    thories littraires ou intertextuelles. Autrement dit, les

    mdias audiovisuels et digitaux avec leurs interactions

    complexes sont ngligs. Je doute galement quil soit pos-

    sible de construire un systme comprhensif pour tous les

    processus en question ; je propose, la place dun tel

    super- ou mga-systme, un travail historique, descriptif et

    inductif qui nous mnera progressivement vers une archo-

    logie et une gographie des processus intermdiatiques

    incluant les nouveaux mdias 4. Suivant cette approche, la

    notion dintermdialit renvoie un processus, un work

    in progress. Cependant, il importe de ne pas oublier que la

    notion dintermdialit se dveloppe dans des contextes

    sociaux et historiques spcifiques. Elle est donc lier non

    seulement des pratiques mdiatiques et artistiques et

    leurs influences sur les processus de production de sens

    dun public historique, mais aussi des pratiques sociales

    et institutionnelles. La socialit de lintermdialit serait

    donc un des facteurs cruciaux explorer 5.

    Le concept et la notion dintermdialit sont situer dans

    un contexte historique, la fois acadmique, social et insti-

    tutionnel. En consquence, lhistoire de lintermdialit

    nous conduit nous interroger, par exemple, sur le dve-

    loppement des Geisteswissenschaften, des humanits, des

    sciences et des sciences sociales du XVIIIe au XXe sicle, sur

    la division entre les diffrentes disciplines acadmiques

    (entre les diffrents arts ?), sur les ides du romantisme,

    sur les arts modernes 6, ainsi que sur les institutions aca-

    dmiques, surtout de lUniversit occidentale.

    On pourrait voir dans lavnement du concept dinterm-

    dialit, une stratgie institutionnelle et territoriale 7 : linter-

    mdialit serait le produit dun rflexe de survie des

    institutions universitaires qui ne peuvent plus btir leur lgi-

    timit scientifique sur un partage disciplinaire strict du

    savoir. Dans ce sens, la notion dintermdialit serait

    (comme la notion dekphrasis) la fois un indice du dclin

    ou de la fin de linstitution de lUniversit occidentale et un

    point de dpart pour le dveloppement de moyens de

    recherche qui nous permettraient de nous regarder comme

    des chercheurs faisant de la recherche. Faut-il alors considrer

    Jrgen E. Mller Vers lintermdialit

    Vers lintermdialitHistoires, positions et optionsdun axe de pertinence1

    Jrgen E. Mller, universit de Bayreuth (Allemagne)

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  • dossiermdiamorphoses

    Vers lintermdialit Jrgen E. Mller

    100

    Ltymologie de la notion dintermdialit nous renvoie

    aux jeux de l tre entre , avec ses dimensions de valeurs

    compares, et aux diffrences matrielles ou idelles entre

    des personnes ou des objets mis en prsence, cest--dire

    la matrialit des mdias 10. La question de laccessibilit

    des processus intermdiatiques dans les productions

    audiovisuelles ressort du cadre des premires analyses.

    Lide que lintermdialit est un phnomne fuyant et

    seulement accessible travers les traces quelle a laisses

    dans les audiovisions 11 me semble aujourdhui un point de

    dpart important par rapport aux perspectives et au sta-

    tut de ltude des uvres intermdiatiques. Je partage cet

    intrt pour la recherche des traces ; par contre, malgr les

    demandes dune thorisation largie de la notion, la plu-

    part des modles tentant de rendre opratoire le concept

    dintermdialit, quils soient systmatisants, clos ou mta-

    disciplinaires 12, ne me semble pas trs convaincant.

    cette lumire, les illusions perdues 13 concernant les

    options de laxe de pertinence intermdiatique seraient

    avant tout le rsultat dattentes exagres comparables

    celles que nous avons connues avec la notion dintertex-

    tualit ou avec la force systmatisante de la smiotique.

    Les apports de notre approche se caractriseraient donc

    plutt par ses capacits repenser les histoires des mdias

    et non fournir une thorie des thories des mdias ide

    un peu nave qui ne tient pas compte de la complexit des

    phnomnes qui sexprime par exemple dans le nombre

    exorbitant dinteractions intermdiatiques possibles. Com-

    ment construire un systme pour tous ces types dinterac-

    tions possibles ou ralises ? Il est prfrable de concevoir

    lintermdialit comme un axe de pertinence historique

    plutt que thorique.

    Les discussions de la notion dintermdialit ont aussi mis

    au jour la ncessit de dlimiter ses contours par rapport

    la notion dinterartialit 14. Les points communs indnia-

    bles des deux notions, par exemple les processus de trans-

    formation de certaines productions esthtiques, ne

    devraient pas masquer le fait que ces termes nous enga-

    gent sur des terrains de recherche diffrents. Lintermdia-

    lit opre dans un domaine qui inclut les facteurs sociaux,

    technologiques et mdiatiques, alors que linterartialit se

    limite la reconstruction des interactions entre les arts et

    lhistoire du concept dintermdialit comme un symptme

    de la fin de lUniversit ? Cette question provocatrice, pose

    par James Cisneros 8, va nous amener esquisser une petite

    histoire ou archologie de lintermdialit.

    Lintermdialitcomme nouvelle approche ?Pour moi et plusieurs collgues, le point de dpart de cette

    nouvelle approche fut la ncessit de tenir compte du fait

    que concevoir les mdias comme des monades isoles

    tait devenu irrecevable. Les thories et les histoires des

    mdias ne correspondaient plus aux besoins de la recher-

    che qui commenait se consacrer aux phnomnes

    audiovisuels et littraires actuels ou historiques et leurs

    interactions complexes. cette poque, la notion dinter-

    mdialit se fondait sur le fait quun mdia recle en soi

    des structures et des possibilits dun ou de plusieurs autres

    mdias et quil intgre son propre contexte des questions,

    des concepts et des principes qui se sont dvelopps au

    cours de lhistoire sociale et technologique des mdias et de

    lart figuratif occidental 9 . La recherche en intermdialit

    devait donc tenir compte des relations mdiatiques varia-

    bles et des fonctions (historiques) de ces relations . Les

    principaux domaines envisags taient :

    a) les processus intermdiatiques dans certaines produc-

    tions mdiatiques ;

    b) les interactions entre diffrents dispositifs ;

    c) une rcriture intermdiatique des histoires des mdias.

    Mme si les contours et la porte de la notion dinterm-

    dialit restaient prciser, il tait vident ds le dbut que

    les mdias devaient tre considrs comme des processus

    o il y a des interactions permanentes entre des concepts

    mdiatiques qui ne peuvent tre confondus avec une sim-

    ple addition ou juxtaposition. Il allait aussi de soi que

    cette approche se basait non seulement sur lanalyse syn-

    chronique des mdias, mais aussi, ou dabord, sur les dve-

    loppements historiques des mdias, frayant ainsi le

    chemin de nouvelles histoires. Les effets socio-historiques

    de ces phnomnes se trouvaient au centre de la recher-

    che. Ces ides fondamentales me paraissent toujours vala-

    bles, mais il est utile de tenir compte des ractions

    suscites par cette position.

    Media16_p074p110 24/03/06 14:35 Page 100

  • dossier mdiamorphoses101

    les procds artistiques, et sinscrit plutt dans une tradi-

    tion potologique . Il nous faudrait donc focaliser notre

    attention sur le statut que nous donnons aux objets de

    recherche et aux consquences qui en rsultent.

    Bien entendu, lavnement dun axe de pertinence inter-

    mdiatique est non seulement la consquence des nou-

    velles interactions post-modernes entre les mdias et les

    productions mdiatiques, mais aussi dun nouveau para-

    digme en sciences humaines (en Geisteswissenschaf-

    ten ), allant de la textualit la matrialit 15. cet gard

    nous pouvons en effet constater un changement dans

    lorientation globale des sciences humaines. Le partage

    entre les diffrentes disciplines des humanits (et des

    sciences) vers la fin du XIXe sicle, lorientation vers le

    texte et la lisibilit hermneutique de diffrents textes

    ont fourni la base principale (et invitable) au dsir de

    runification des disciplines spares, dabord par des

    lectures textuelles du monde, ensuite par la reconnais-

    sance des phnomnes intertextuels et le dveloppement

    de diffrentes intertextualits dans les annes soixante

    et soixante-dix. Il va de soi que les capacits explicatives

    dun tel univers textuel devaient aboutir une impasse

    qui ne pouvait tre contourne quen sengageant sur le

    chemin de la matrialit 16 de la communication.

    La question de la matrialit constitue de manire expli-

    cite ou implicite un prsuppos de toutes les approches

    intermdiatiques se basant sur les interactions entre diff-

    rentes matrialits mdiatiques. Cest seulement tra-

    vers cette interaction entre composants htrognes que

    nous pouvons considrer les processus intermdiatiques

    comme ayant lieu ENTRE les matriaux (ils sont des/en

    inter-matrialits) et ne laissant de traces que dans ces

    matriaux. La notion dintermdialit nous renvoie donc

    aussi la matrialit des mdias et, en mme temps, aux

    interactions entre ces matrialits ; mais ceci ne devrait pas

    empcher dy inclure les questions de la signification et de

    la fonction sociale et historique de ces processus. Lappro-

    che intermdiatique nous permettrait ainsi de reconstruire

    historiquement ces processus complexes oscillant entre

    interactions mdiatiques et significations 17. Ceci me parat

    tre une perspective prometteuse que jillustrerai, la fin de

    cet article, par lexemple de la tlvision.

    Mais avant de dvelopper quelques-unes des options princi-

    pales de lapproche intermdiatique, faisons un bref dtour

    par lhistoire ou la prhistoire de ce concept dans le cadre

    des esthtiques, des potiques et des thories des mdias 18.

    Les textes cits nous serviront de base pour constituer une

    archologie des rflexions et des traces intermdiatiques.

    Vers une archologiede lintermdialitLimitons-nous une revue gnrale, ce qui nous permettra

    ensuite dlaborer notre axe de pertinence.

    La notion dintermedium apparat ds le Quattrocento ita-

    lien o lintermedio tait un interlude thtral ou musical.

    la Renaissance, il devient un genre scnique indpen-

    dant de la pice principale.

    Coleridge cra le terme intermedium en 1812. Pour lui,

    intermedium dsigne un phnomne narratologique bas

    sur les fonctions narratives de lallgorie en tant quinter-

    medium entre personne et personnification, entre le gn-

    ral et le spcifique.

    Clver souligne dans son livre Interart Studies : An Intro-

    duction que les classifications esthtiques et scientifiques

    ont longtemps voil laspect intermdiatique des po-

    tiques classiques 19. En Occident, on analyse les mdias

    sparment, alors quil semblerait que Aristote voyait la

    posie et la musique comme une unit intermdiatique. La

    critique exprime par le poticiens du XIXe et XXe sicles

    son encontre, selon laquelle il aurait nglig dtablir une

    taxinomie des diffrents arts et genres, semble reflter une

    Geisteswissenschaft obsde par la classification et lint-

    gration des mdias dans une taxinomie, approche ngli-

    geant la ralit intermdiatique en la mettant au service

    de thories juxta-mdiatiques.

    Le mot de Simonides de Kos, la peinture comme une

    posie muette , dans les Moralia de Plutarque 20, est une

    des premires rflexions sur linteraction entre les mdias.

    Cette perspective est reprise pendant la Renaissance ita-

    lienne : selon Giordano Bruno 21, il y a des liens inspara-

    bles entre musique, posie, peinture et philosophie. Un

    pote produit des images partir de visions et de sons.

    Cette ide semble trs moderne et pourrait renvoyer, par

    exemple, lart vido.

    Jrgen E. Mller Vers lintermdialit

    Media16_p074p110 24/03/06 14:35 Page 101

  • dossiermdiamorphoses

    Vers lintermdialit Jrgen E. Mller

    102

    leurs premiers contours. Pendant les annes soixante-dix,

    lintertextualit a subsum plusieurs processus dornavant

    nomms intermdiatiques, et aujourdhui le sous-ensemble

    de lintramdialit 28 renvoie des phnomnes intertex-

    tuels. voquons quelques points de contact dans lhistoire

    des deux notions.

    En laborant le principe dialogique de Bakhtine, Julia Kris-

    teva a li le concept du formalisme russe la tradition de

    la smiotique franaise et au postmodernisme du groupe

    Tel Quel. Lintertexte acquiert la qualit dune formation

    culturelle qui se trouve dans des interactions complexes

    avec dautres formations. Le fondement thorique de

    lanalyse des dynamismes entre les textes (culturels) et leurs

    locuteurs rside dans ces deux propositions de Kristeva :

    Nous appellerons intertextualit cette interaction textuelle

    qui se produit lintrieur dun seul texte ; pour le sujet

    connaissant, lintertextualit est une notion qui sera lindice

    de la faon dont un texte lit lhistoire et sinsre en elle 29.

    Pour Kristeva, les intertextes (culturels) se caractrisent par

    une rorganisation et une redistribution permanentes

    entre diffrents systmes de signes ; ce qui signifie que ces

    textes impliquent aussi des passage[s] dun systme de

    signes un autre 30 . La production de sens peut, par

    exemple, seffectuer sous la forme du passage dune nar-

    ration orale un texte crit, mais aussi sous la forme dune

    redistribution de plusieurs systmes de signes diffrents,

    comme le carnaval, la posie, etc. Toute pratique signi-

    fiante serait ainsi un champ de transposition de divers sys-

    tmes signifiants qui nous mnerait vers des lieux

    dnonciation et des objets dnots toujours pluriels,

    clats , ou vers la polysmie 31.

    La fameuse affirmation de Roland Barthes selon laquelle

    nous ne nageons que dans des inter-textes nous ache-

    mine vers le dynamisme dun univers textuel o la fonction

    des intertextes peut tre conue comme une sorte de mta-

    structure de la production et de la rception littraire 32.

    partir de cette mta-structure, Genette a propos la notion

    de transtextualit quil diffrencie en cinq sous-catgories :

    intertextualit, paratextualit, mtatextualit, hypertextua-

    lit et architextualit 33. Sa proposition sest rvle tout

    fait valable dans le cadre de la thorie et de lanalyse nar-

    ratologiques, y compris du film et des mdias audiovisuels.

    Chez Lessing, les effets des uvres dart sont lis aux struc-

    tures spcifiques des mdias 22. Cette nouvelle manire

    denvisager le lieu et la fonction de diffrents mdias 23 est

    une des bases de lart moderne et de lesthtique du

    romantisme au XIXe sicle. Se situant entre les mdias, les

    uvres dart romantiques ouvrent de nouvelles dimen-

    sions de lexprience spectatorielle. La posie ne se borne

    pas au mot parl ou crit, mais se ralise dans la musique

    ou les arts plastiques et plus tard dans le cinma voir par

    exemple Cocteau.

    Lintermdialit du romantisme implique non seulement

    une interaction entre les arts traditionnels, mais les

    mdias et les dispositifs servent aussi de modles concep-

    tuels et de mtaphores des processus littraires, histo-

    riques et mythiques 24. Dans le Poetic Drama, les structures

    de la thtralit pntrent la posie et vice versa ; elles

    conduisent de nouvelles dimensions spectatorielles/lec-

    torielles 25. Leffet wagnrien du Gesamtkunstwerk 26 sob-

    tient par la transgression de frontires mdiatiques ainsi

    que par la constitution de nouvelles formes mdiatiques et

    donc spectatorielles.

    Au dbut du XXe sicle, Mnsterberg, Balazs, Eisenstein,

    Bazin (avec sa notion de cinma impur) tentrent de lier

    recherche thorique et pratique esthtique ; ce fut un tour-

    nant important au vu des tendances ultra-classificatrices

    ou taxinomistes du sicle prcdent.

    Dans son dernier livre sur lnonciation filmique, Christian

    Metz propose dix ou onze figures nonciatives 27. Il ne parle

    pas explicitement dintermdialit, mais il fait cependant

    des rflexions subtiles sur des phnomnes intermdia-

    tiques (autorflexivit du film, interactions entre image,

    son et musique, etc.). Il serait donc productif de relire Metz

    et dautres thoriciens des mdias sous laxe de pertinence

    de lintermdialit.

    Intermdialit et intertextualitIl me semble que lmergence de la notion dintermdia-

    lit peut tre rapproche de celle de la notion dintertex-

    tualit. Les deux notions ont dabord t accueillies avec

    scepticisme par la communaut des chercheurs ; puis elles

    se sont fray un chemin et, mesure de leur acceptation

    grandissante, se sont enrichies, tandis que seffaaient

    Media16_p074p110 24/03/06 14:35 Page 102

    VAIOResaltado

  • dossier mdiamorphoses103

    Dune certaine manire, la mise en application genet-

    tienne de laxe de pertinence intertextuel qui chez Kris-

    teva restait ouvert des processus intermdiatiques est

    symptomatique du dveloppement du concept. Lintertex-

    tualit sest rvle une notion trs confortable pour les

    chercheurs en littrature, leur permettant daborder les

    interactions et les liens entre les textes (plus ou moins lit-

    traires). Mais cette orientation a aussi conduit trs vite

    une limitation de la recherche la littrature et aux textes

    crits et, par consquent, une omission des aspects sp-

    cifiques des mdias et de leurs matrialits, y compris du

    rle de la rception. Les processus inter-mdiatiques

    ntaient plus suffisamment reconnus ou, sils ltaient, ils

    taient conus comme une sous-catgorie marginale dun

    systme taxinomique de lintertextualit. Plett, par exem-

    ple, parle dun transfert de signes dans le cadre de media

    substitutions 34 , mais pour lui la catgorie de linterm-

    dialit est subordonne des formes de transformations

    intertextuelles orientes vers la substitution mdiatique 35

    et ngligeant tous les aspects dynamiques et interactifs de

    cette notion.

    Pourtant, lintertextualit se prsente aujourdhui comme

    un concept-clef des tudes culturelles et littraires ; et un

    concept qui, aprs son succs des annes quatre-vingt,

    savre toujours utile pour toutes sortes danalyses. Cest

    pourquoi nous pouvons nous demander quel serait, par rap-

    port la catgorie de lintertextualit, le bnfice spci-

    fique de celle dintermdialit. Le potentiel de la notion

    dintermdialit me parat rsider dans le fait quelle trans-

    gresse les restrictions de la recherche sur le mdia littra-

    ture , quelle opre une diffrenciation des interactions et

    des interfrences ENTRE plusieurs mdias, et quelle oriente

    la recherche vers les matrialits et les fonctions sociales de

    ces processus. Dans un souci de clarification, il semble utile

    de distinguer galement cette notion dun autre terme la

    mode, celui d hybride ou d hybridation .

    Intermdialit et hybriditCes termes sont trs couramment utiliss non seulement

    dans le champ des humanits, mais aussi dans les scien-

    ces ; nous sommes confronts une sorte dinflation de

    ces notions dans beaucoup de disciplines. Une des raisons

    possibles de la fortune actuelle du terme hybridit

    semble rsider dans son utilit pour lanalyse et la des-

    cription dune grande quantit de processus disparates qui

    stendent de la biologie jusquaux tudes des mdias ; en

    outre, on ne peut nier les liens troits entre cette notion et

    les dveloppements (post-)modernes de la deuxime moi-

    ti du XXe sicle dans les socits de lOuest et dans leurs

    paysages mdiatiques. Les htrognits, les clectismes,

    les collages, les fusions seraient des phnomnes typiques

    de cette priode (mais pas aussi nouveaux quon le dit sou-

    vent), dont les thories concernant les socits et les

    mdias essayeraient ainsi de tenir compte.

    De ce point de vue, il y a, bien sr, des parallles tablir

    avec lhistoire et lutilisation de la notion dintermdialit

    au XXe sicle, puisque celle-ci vise aussi ces phnomnes

    de fusion de mdias ; et dans beaucoup de prises de posi-

    tions thoriques, les termes hybride ou hybridit

    sont utiliss dune manire non rflchie pour dsigner des

    processus intermdiatiques 36. Dans certaines propositions

    rcentes, les mdias hybrides sont subsums sous le

    terme de mdias plurimdiatiques 37 , mais on ny trouve

    aucune diffrenciation ou confrontation des notions

    dintermdialit et dhybridit.

    La notion dhybride dsigne non seulement la fusion de

    deux concepts diffrents dune mme langue (comme

    l tre entre et la matrialit de linter-mdialit qui

    relvent dun mme systme linguistique), mais aussi la

    fusion de deux termes de deux langues diffrentes : le

    terme latin ibrida (btard, mtis) et le terme grec

    hubris (excs) 38. Le terme hybride est donc fond sur

    le processus mme quil signifie.

    Dans les discours franais du XVIIe et XVIIIe sicles,

    l hybride et l hybridit deviennent des catgories

    importantes pour la description de nouvelles fonctions

    esthtiques qui sopposent la strilit des uvres

    traditionnelles. Mais ces termes commencent vite

    jouer aussi un rle dans les sciences du XIXe et du

    XXe sicles, o ils dsignent une combinaison de quali-

    ts et de caractristiques qui, pourtant, doivent tre

    distingues 39.

    Les usages de ces termes dans les thories de la culture et

    des mdias offrent une grande varit. Lhybride intervient

    Jrgen E. Mller Vers lintermdialit

    Media16_p074p110 24/03/06 14:35 Page 103

    VAIOResaltado

  • dossiermdiamorphoses

    Vers lintermdialit Jrgen E. Mller

    104

    laxe de pertinence intermdiatique semble offrir des avan-

    tages que je dcrirais de la manire suivante :

    Le niveau de dveloppement de lapproche intermdiatique

    permet des recherches synchroniques et diachroniques din-

    teractions mdiatiques qui se distinguent par des catgo-

    ries et des rsultats trs diffrencis ceci par comparaison

    avec les procdures et les rsultats souvent trs gnraux

    du concept dhybridit.

    tant donn que la catgorie de lhybride est explicite-

    ment utilise pour la description de presque tous les ph-

    nomnes de nos socits (post-)modernes, elle court un

    trs grand risque de dilution dans des gnralits socio-

    mdiatiques. Lintermdialit, comme je la conois,

    nexclut pas la dimension sociale et les fonctions sociales

    de ces processus, mais les traite en relation avec les pro-

    cessus intermdiatiques. Laxe de pertinence intermdia-

    tique devrait nous prvenir contre une intermdialisation

    gnrale des phnomnes sociaux. Ce qui ne veut pas dire

    que notre axe de pertinence ne serait pas capable de

    stimuler la recherche dans le domaine social, mais il y a

    dautres concepts et disciplines sans doute plus utiles pour

    cette sorte de recherche.

    Lhistoire des mdiascomme archologieintermdiatiqueAujourdhui, la conception linaire de lhistoire des

    mdias (audiovisuels) est obsolte. Il est gnralement

    accept quil ny a pas une Histoire des mdias, mais des

    histoires et que, par consquent, des concepts soi-disant

    tablis comme la notion de cinma des premiers

    temps ne sont que des bquilles fragiles et problma-

    tiques dont les prsupposs institutionnels et culturels

    sont remettre en question. Ceci implique que toute

    recherche concernant larchologie 44 de lhistoire de

    laudiovisuel et des mdias audiovisuels articule claire-

    ment son approche ou son axe de pertinence par rap-

    port aux phnomnes mdiatiques faisant lobjet de son

    analyse. Dans le cadre dune tude historique et inter-

    mdiatique des sries audiovisuelles et culturelles, il est

    tout dabord ncessaire de dfinir cette approche ainsi

    que son potentiel.

    dans la description dinteractions multimdiatiques qui

    mnent au dveloppement de sous-systmes de commu-

    nication (par exemple newsgroups ou chatrooms 40) par

    lrosion de gender roles et jusquaux dissolutions post-

    modernes de lidentit du sujet 41. Lhybridit renvoie

    donc aussi la crise, lincohrence et la multiplicit

    du sujet qui se rend compte de sa ngation ou de sa

    nantisation.

    Bakhtine que nous avons dj mentionn propos de

    lintertextualit nest pas le seul dvelopper la notion

    dhybridation ( propos dune nonciation mlangeant

    deux langues sociales) : pour Marshall McLuhan, lhybride

    et le btard constituent des catgories centrales pour la-

    nalyse des fonctions des mdias. Des hybrides mdia-

    tiques nous confrontent avec des nergies qui librent

    notre perception de ses schmas habituels 42. McLuhan

    conoit lhybridation comme une catgorie historique qui

    se manifeste dans un grand nombre de fusions ou de

    mlanges mdiatiques.

    Aujourdhui, dans les discours sur les mdias, ce terme

    renvoie plutt des aspects thoriques et synchroniques.

    Il vise les relations homme-machine , les interactions

    entre le biologique et le mcanique , les corporali-

    ts , les technologies et les socits , les relations

    entre musique et images dans les clip-vidos, les cons-

    tructions de nouvelles temporalits a-chronologiques et

    de nouveaux enchanements , les interactions entre le

    rel et le virtuel , le croisement des codes , la disso-

    lution de lopposition binaire de gender roles et le rem-

    placement de catgories dichotomiques par des

    rhizomes 43 . Lhybride risque de devenir un terme attrape-

    tout.

    Bien quil mette laccent sur les fusions ou les mlanges

    mdiatiques, ce qui rvle certainement une proximit et

    une complmentarit avec lintermdialit, le concept

    dhybridit a longtemps paru considrablement plus sta-

    tique. Lide dune combinaison dentits ou de mat-

    riaux mdiatiques isols , exprime dans plusieurs

    approches, entrane lhybridit vers la catgorie de la

    multi- et non pas de linter-mdialit. Bien sr, au cours des

    annes passes, nous avons pu constater une dynamisa-

    tion du concept dhybridit. Pourtant, encore aujourdhui,

    Media16_p074p110 24/03/06 14:35 Page 104

    VAIOResaltado

  • dossier mdiamorphoses105

    Dans lesprit dune telle histoire/archologie, lavne-

    ment des diffrents mdias serait conu comme un pro-

    cessus de ruptures, de transitions, dinnovations, de

    rencontres de sries culturelles 45 ces dernires inscri-

    tes dans diffrentes temporalits, et tenant compte par

    exemple de la non-contemporanit de sries et mdias

    simultans. Notre axe de pertinence mne donc une his-

    toire rhizomatique liant les ples de la technologie, des

    sries culturelles, des mentalits historiques et des pra-

    tiques sociales qui se situe dans un domaine autrefois

    considr comme la chasse garde de lhistoire gnrale

    ou contemporaine. Pourtant, cette histoire ne peut se

    limiter aux mdias dits traditionnels, institutionnaliss et

    tablis au cours des sicles passs, mais doit galement

    inclure limagination, les utopies et les pratiques mdia-

    tiques oublies, ainsi que les reprsentations textuelles,

    picturales et pragmatiques des mdias anciens, virtuels et

    nouveaux. Les histoires existantes des mdias sont en

    effet entoures dun ensemble dhistoires non-crites des

    visions historiques de ces mdias ainsi que des mdias

    oublis.

    Il nest pas non plus vident dcrire lhistoire dun mdia

    (encore moins celle dun mdia naissant), car il nest pas

    sr quon puisse parler de mdias distincts. Tout mdia fait

    invitablement partie de rseaux complexes. Lorsque lon

    parle de la tlvision, ce dont on traite est la tlvision

    en tant que rseau mdiatique . Par consquent, la ques-

    tion se pose de savoir sil ne faudrait pas chercher crire

    lhistoire des rseaux mdiatiques plutt que les histoires

    de mdias soi-disant distincts. Les rseaux existent sous

    forme denchevtrements de sries culturelles qui inter-

    agissent, ce qui conduit la notion de mdias distincts

    (qui nexistent pas proprement parler, dautant plus que

    les mdias sont toujours inscrits dans une chronologie

    transformatrice), clairement dfinis et dots dune spci-

    ficit propre 46.

    Cela implique que les histoires de dispositifs tels que la

    tlvision ne peuvent se contenter de commencer au

    moment de leur apparition, de leur naissance mat-

    rielle (quelle quen soit la forme), mais doivent prendre

    en compte les premires esquisses utopiques ou technolo-

    giques. Les visions et utopies des diffrents mdias audio-

    visuels et de leurs fonctions sociales savrent alors tre

    des amalgames de connaissances et didologies histo-

    riques et technologiques se mlant aux dsirs, aux besoins

    et aux utopies sociales.

    Dans les crits concernant la thorie et lhistoire des

    mdias, la notion de fonction sociale et historique des

    mdias nest gure labore. Cest peut-tre une cons-

    quence de lorientation structuraliste et post-structura-

    liste de ces thories, ainsi que des tendances

    isolationnistes des histoires dites traditionnelles des

    mdias, qui se prsentent souvent sous forme dhistoire

    nationale, conomique ou de la rception, pour ne pren-

    dre que quelques exemples. Mme dans les rcentes his-

    toires/archologies novatrices, la question des fonctions

    sociales des processus intermdiatiques nest pas explo-

    re. Il sagit donc dorienter notre axe de pertinence non

    seulement vers les aspects mdiatiques, technologiques

    et gnriques des rencontres des mdias, mais aussi et

    surtout vers les fonctions de ces processus en tant quils

    agissent dans des rseaux de sries culturelles. Selon

    nous, la fonction de ces processus est comprendre

    comme un ventail deffets ralisables par les produc-

    teurs et, surtout, par les consommateurs des productions

    mdiatiques ; ceci vaut autant pour lindividu que pour

    un groupe social spcifique. Ces effets peuvent avoir un

    impact tant au niveau de certaines ractions/activits

    cognitives, motionnelles ou esthtiques, qu celui des

    valeurs ou du comportement social. Autrement dit,

    quand on parle de la fonction des processus intermdia-

    tiques inscrits dans des rseaux de sries culturelles, il est

    important de bien dfinir le mode ainsi que le niveau

    fonctionnel dont on traite.

    Le cas paradigmatiquede la tlvisionNos premiers pas vers ltablissement dune archologie

    intermdiatique de lide de tlvision nous ont permis

    de dcouvrir les romans de Tiphaigne de la Roche, Giphan-

    tie (1760), et celui dAlbert Robida, Le Vingtime sicle

    (1883). Ces auteurs conoivent la tlvision (le tl-

    phonographe , le miroir magique , comme ils lappel-

    lent) comme un amalgame de sries technologiques

    Jrgen E. Mller Vers lintermdialit

    Media16_p074p110 24/03/06 14:35 Page 105

    VAIOResaltado

  • dossiermdiamorphoses

    Vers lintermdialit Jrgen E. Mller

    106

    intermdiatique de mdias prexistants et de genres tra-

    ditionnels, ceci lintrieur dun rseau de sries culturel-

    les et technologiques qui devait mener la constitution et

    linstitutionnalisation du nouveau mdia. Dans cette pre-

    mire phase, la varit terminologique correspond une

    certaine forme dinscurit du spectateur par rapport

    la Gestalt de la tlvision et ses fonctions possibles.

    Au-del de lhistoire de la seule notion de tl-vision (et

    de ses variantes), on constate de nombreux processus

    intermdiatiques concernant les interactions entre le

    dispositif tlvisuel mme et les autres dispositifs et gen-

    res traditionnels. Il nous est bien videmment impossible,

    dans le cadre restreint de cette illustration paradigma-

    tique, de prsenter le dtail des processus intermdia-

    tiques oprant dans les rseaux de sries culturelles et

    technologiques inscrivant la tlvision, par exemple, entre

    la radio, le cinma, le thtre, etc. 51 Nous nous contente-

    rons dindiquer la prsence dun processus intermdiatique

    presque oubli et dnumrer quelques genres intrins-

    quement intermdiatiques.

    La tlvision et l intermedia film

    Avant lutilisation de camras lctroniques, la transmis-

    sion live de certains vnements (souvent des vnements

    sportifs) ntait possible que par linterposition dune pro-

    cdure cinmatographique dans la production/reproduc-

    tion de ce quon voulait donner voir. Sans

    l intermedia-film (vritable nom anglais dun lment

    du dispositif, que les Allemands dsignaient en utilisant le

    vocable de Zwischenfilmverfahren), sans lutilisation des

    possibilits techniques du dispositif cinmatographique, il

    aurait t impossible de procder la diffusion dun pro-

    gramme live (ou, plutt, dit tel, puisque la retransmission

    se faisait avec un dcalage de quelques minutes) 52.

    La tlvision et les mdias audiovisuels de la premire partie

    du XXe sicle

    La tlvision de la fin des annes trente croise, par exem-

    ple, le cinma parlant, dont le dveloppement se confirme

    dans les pays les plus avancs . Elle croise aussi, la

    mme poque, la radio, un mdia fort rpandu dans les

    socits occidentales et qui est alors en train de devenir le

    et culturelles impliquant un ventail dinteractions inter-

    mdiatiques 47.

    On dtecte des symptmes semblables dimbrication inter-

    mdiatique dans la remarquable inventivit terminolo-

    gique de la priode dmergence du dispositif. Ces

    phnomnes sont hautement visibles dans la phase

    initiale dinstabilit 48, notamment dans la qute capri-

    cieuse de la notion adquate du dispositif. Dans le

    contexte linguistique allemand, on parle cette poque-l

    de (drahtloses) Heimkino [dun cinma domicile (sans

    cble)], (drahtloses) Fernkino [dun cinma distance

    (sans cble)], Fernseh-Rundfunk [dune tlvision-radio],

    Ton-Bild-Empfnger [dun rcepteur de sons et images],

    Fern-Seh-Sprecher [dun (haut) parleur tl-vision], Fernseh-

    Wochenschau [des actualits tl-visuelles], ou bien Fern-

    sehfilm-Theater [du thtre tl-filmique] 49. En anglais, il y

    a les termes de bairdvision (daprs Baird, un des inven-

    teurs de limage mcanique de la tlvision), bairder, end-

    view, farsight, ingazer, optiphone, radiovista, telescriber,

    the apparatus, the looker, etc. 50

    Toutes ces notions indiquent les origines intermdiatiques

    dun processus, o le mdia tlvision a d trouver sa

    place et imposer ses structures mdiatiques entre les

    mdias tablis. Aujourdhui, un dveloppement compara-

    ble a lieu dans les nouveaux domaines de lInternet et de

    la tlvision interactive.

    Ces notions confortent la thse que les caractristiques et

    possibilits de tout nouveau mdia ne peuvent tre

    conues et inscrites au cours de leur premire phase qu

    partir des catgories de sries culturelles prexistantes et

    des mdias prexistants. Elles confirment la fameuse thse

    de McLuhan selon laquelle le contenu dun nouveau

    mdia est constitu des anciens mdias. Ces termes souli-

    gnent aussi les difficults inhrentes la dfinition des

    activits et des nouveaux rles des utilisateurs du rseau

    intermdiatique tlvision pendant les annes vingt et

    trente. (La dsignation des utilisateurs a galement suscit

    un grand nombre de nologismes fonds sur des notions

    combines.)

    Retenons que pour les premiers visionnaires, lintrt sp-

    cifique du nouveau mdia tlvision rsidait dans ses

    diverses possibilits de combinaison dynamique et

    Media16_p074p110 24/03/06 14:35 Page 106

  • dossier mdiamorphoses107

    Leitmedium de lpoque. Nous savons aussi que les pre-

    miers genres et les genres actuels de la tlvision se trou-

    vent dans des interactions multiples avec des genres

    tablis de la radio, de la pice radiophonique, du cabaret,

    du thtre populaire ou du vaudeville. Ainsi, par exemple,

    les retransmissions des vnements sportifs la tlvision

    sinscrivent dans la continuit des transmissions radiopho-

    niques du mme type dvnement. Une histoire interm-

    diatique des genres de la tlvision reste crire.

    La tlvision dans les encyclopdies

    Les encyclopdies et les dictionnaires permettent de cerner

    une grande partie des premires conceptions crites de

    diffrents mdias. Ces ouvrages, qui permettent aussi de

    retracer la vision que lon avait des dfinitions technolo-

    giques et des fonctions des nouveaux mdias, ambition-

    nent de prsenter un rsum de lensemble du savoir

    historique et social dune socit, dans tous les domaines

    possibles. La documentation accumule au cours de notre

    tude des volumes historiques des principales encyclop-

    dies franaises, anglaises, allemandes et nerlandaises

    nous permet de reconstruire le dveloppement historique

    des concepts des mdias cinma et tlvision en tenant

    compte de leurs inscriptions dans des sries culturelles, de

    leurs ruptures par rapport ces sries, ainsi que de leurs

    r-accentuations sous des conditions socio-historiques et

    technologiques changeantes.

    La fonctionnalit du nouveau mdia tlvision

    Comme nous lavons dj mentionn, un des plus grands

    obstacles qui se prsente au moment de lintroduction

    dun nouveau mdia dans la vie sociale vient du fait que

    les contours de ce mdia sont encore flous et que per-

    sonne ne sait encore quoi faire du dispositif en question,

    voire de ses productions. Ainsi, par exemple, un film publi-

    citaire du ministre des Postes allemandes a propos en

    1939 une sorte de mode demploi de la tlvision lin-

    tention des futurs utilisateurs 53.

    On trouve le mme phnomne dans le tout premier

    volume de la revue anglaise Television, qui avait prcis-

    ment pour objectif de propager ce nouveau mdia en

    Angleterre, et dans lequel un avocat de la merveilleuse

    tlvision explique lpouse dun paysan les avantages

    du mdia en train de natre :

    Yer intelligence , says I, keeping polite wi difficulty,

    would upset the digestion o a scheep. However, Ill put it

    simpler. Its a bittie like wireless. At one end yeve got a sort

    o camera affair which takes pictures and at the ither end

    yeve got a receiving set wia bit screen where ye can see the

    pictures jist as if ye were sitting aside o the camera. Only

    there no exackly the ends o anything for thers naething

    atween them but only the etherial ether. And its all been

    invented by a braw Scots laddie. Is that no wonderful ?

    Ay says Jeanie, it sounds no bad 54.

    On voit bien que la valeur spcifique du mdia venir se

    rapporte aux caractristiques et aux fonctions dautres

    sries culturelles et technologiques, soit la radio et la

    camra (photo ou cinma).

    La description des composants de la tlvision, quon

    trouve dans ce journal, donne une excellente ide de lin-

    sertion intermdiatique et historique du nouveau mdia

    dans un rseau prexistant de sries culturelles. Les sries

    principales sont : la radio, llectricit, la chimie, la mca-

    nique, loptique et la cinmatographie qui sont numres

    sur la couverture de la revue.

    Notre reconstruction du concept de tlvision et des pro-

    cessus intermdiatiques entre sries culturelles et tradi-

    tions gnriques dmontre que, dans la phase de

    lavnement de ce mdia et de sa premire utilisation, il y

    a une grande incertitude quant lavenir de ses usages.

    a tlvision doit trouver une place elle doit trouver sa

    place dans le rseau des mdias et des sries culturelles

    prexistantes ; et elle doit aussi dvelopper des fonctions

    sociales qui la distingueront des autres mdias.

    En guise de conclusionSi nous repensons notre introduction une archologie

    de la tlvision, nous pouvons constater aujourdhui des

    phnomnes comparables dans les sries culturelles et

    technologiques des mdias digitaux. Par exemple, dans le

    cas des mdias soi-disant interactifs, les procdures et

    options de lInternet transforment le spectateur (le on-

    looker ) des annes trente en user ou surfer , amen

    tablir ses propres programmes et ses propres

    Jrgen E. Mller Vers lintermdialit

    Media16_p074p110 24/03/06 14:35 Page 107

  • dossiermdiamorphoses

    Vers lintermdialit Jrgen E. Mller

    108

    Notes

    1 Je tiens remercier vivement Olivier Nilsson-Julien (Londres) et AnnaWiehl (Bayreuth) pour leur soutien dans la rdaction de cet article,ainsi que Gilles Delavaud et Thierry Lancien pour leur relecture atten-tive.

    2 Voir Mathias Mertens qui nous donne une sorte de tour dhorizondans son livre Forschungsberblick Intermedialitt . Kommentierun-gen und Bibliographie, Hannover, Revonnah, 2000.

    3 Cf. Werner Wolf, Intermedialitt ein weites Feld und eine Heraus-forderung fr die Literaturwissenschaft , in Herbert Foltinek et Chris-toph Leitgeb (d.), Literaturwissenschaft intermedial, interdisziplinr,Wien, Verlag der sterreichischen Akademie der Wissenschaften, 2002,p. 163-192 ; Irina Rajewski, Intermedialitt, Tbingen/Basel, A. FranckeVerlag, 2002 ; Yvonne Spielmann, Intermedialitt. Das System PeterGreenaway, Mnchen, Wilhelm Fink Verlag, 1998 ; Peter V. Zima (d.),Literatur intermedial. Musik, Malerei, Photographie, Film, Darmstadt,Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1998.

    4 Sur la recherche intermdiatique concernant les nouveaux mdias, jerenvoie au concept de remediation labor par Jay David Bolter etRichard Grusin dans leur livre Remediation. Understanding New Media,Cambridge, Massachusetts/London, MIT Press, 2000.

    5 Cf. Marion Froger, Jrgen E. Mller (ds.), Intermdialit et Socialit,Mnster, Nodus, 2006.

    6 Cf. Peter von Zima, sthetik, Wissenschaft und wechselseitige Erhel-lung der Knste. Einleitung , in P. V. Zima (ed.), op. cit., p. 1-28.

    7 Ici je suis James Cisneros, The Remains to Be Seen. Intermedialityand Institution , in Marion Froger, Jrgen E. Mller, ibid.

    8 Dans son article The Remains to Be Seen , ibid.

    9 Jrgen E. Mller, Intermedialitt. Formen moderner kultureller Kom-munikation, Mnster, Nodus, 1996 ; et Jrgen E. Mller, Lintermdia-lit, une nouvelle approche interdisciplinaire : perspectives thoriques etpratiques lexemple de la vision de la tlvision , in Cinmas 10, n 2-3, printemps 2000, p. 105-134.

    10 ric Mchoulan, Intermdialits : Le temps des illusions perdues ,in Intermdialits, n 1, printemps 2003, p. 9-27 ; ici p. 11 et 15.

    11 Cf. Joachim Paech (d.), Film, Fernsehen, Video und die Knste. Stra-tegien der Intermedialitt, Stuttgart, Metzler, 1994.

    12 Cf. Spielmann, ibid. ; cf. Zima, ibid.

    13 ric Mchoulan, ibid.

    14 Cf. Joachim Paech, Intermedialitt. Mediales Differenzial und trans-formative Figurationen , in Jrg Helbig (d.), Intermedialitt. Theorieund Praxis eines interdisziplinren Forschungsgebiets, Berlin, ErichSchmid Verlag, 1998, p. 14-30 ; ici p. 17 ; Claus Clver, Interart Studies :An Introduction, Bloomington, University of Bloomington Press, 1996 ;Walter Moser, Linterartialit : pour une archologie de lintermdia-lit , in Marion Froger, Jrgen E. Mller (d.), ibid.

    15 Je partage le point de vue que Hans Ulrich Gumbrecht a dveloppdans son article Why Intermediality, if at all ? , in Intermdialits,n 2, Raconter , automne 2003, p. 173-178.

    16 Cf. Hans Ullrich Gumbrecht et K. Ludwig Pfeiffer (ds.), Materialittder Kommunikation, Frankfurt a.M., Suhrkamp, 1988.

    17 Ici je suis Hans Ulrich Gumbrecht, op. cit., p. 176.

    18 Une archologie de ce concept devrait/pourrait, bien sr, inclureaussi des documents et des textes des alchimistes, des encyclopdis-tes, etc., je suis en train dtudier ces sources et jespre pouvoir pr-senter quelques premiers rsultats en 2006. Sur les origines du conceptdintermdialit, voir aussi mon article Intermedialitt als poetologis-

    narrations . Les fonctions sociales de la tlvision en

    interaction avec les mdias digitaux sont (toujours) floues

    et la question qui simpose nouveau question dj

    pose par William Uricchio et dautres est la suivante :

    Cest quoi, la tlvision ? 55 Je ne puis mempcher dy

    ajouter : La tlvision, avec ses jeux intermdiatiques,

    quest-ce que cela nous fait ? Une archologie interm-

    diatique de la tlvision nous aidera mieux comprendre

    les processus interactifs complexes de ce mdia avec dau-

    tres mdias dans son pass, son prsent et son futur ; en

    mme temps, elle nous permettra dtudier et de re-cons-

    truire les fonctions sociales de ces processus, aussi bien

    pour la production de sens par les spectateurs/utilisateurs

    que pour la ralisation dactions sociales.

    Mais revenons pour finir au point de dpart de cet article.

    Malgr quelques illusions perdues que je considre

    dailleurs comme un phnomne assez salutaire, lintro-

    duction de nouvelles notions ou de nouveaux termes

    devrait toujours aller de pair avec beaucoup de sobrit et

    un minimum dillusions , laxe de pertinence intermdia-

    tique me parat toujours prometteur.

    En dpit des rflexions thoriques complmentaires qui se

    poursuivent actuellement, auxquelles dailleurs je contri-

    bue avec quelques propositions 56, je pense que loption

    principale de cette approche consiste plutt en des recher-

    ches historiques en une archologie intermdiatique des

    mdias parmi les rseaux de sries culturelles et technolo-

    giques. Une telle archologie devrait tenir compte des

    aspects fonctionnels qui ont tendance devenir de plus en

    plus complexes. Ceci grce aux nouveaux enjeux interac-

    tifs et combinatoires entre mdias, sries techno-culturelles

    et traditions gnriques. Une reconstruction archolo-

    gique de ces processus et de leurs fonctions sociales por-

    tant sur des cas paradigmatiques ou des phases de

    ruptures mdiatiques nous donnera ainsi une meilleure

    comprhension des interactions entre des vecteurs

    sociaux, culturels, technologiques et esthtiques et nous

    mnera llaboration de profils fonctionnels. Ceux-ci

    incluront un ventail dactions du rcepteur ou du public

    qui stendra de lexprience esthtique plus ou moins per-

    sonnelle jusquaux formes du comportement social dindi-

    vidus ou de groupes sociaux 57.

    Media16_p074p110 24/03/06 14:35 Page 108

    VAIOResaltado

  • dossier mdiamorphoses109

    ches und medientheoretisches Konzept. Einige Reflexionen zu dessenGeschichte , in Jrg Helbig, op. cit., p. 31-40.

    19 Cf. Claus Clver, ibid.

    20 Cf. Plutarch, Moralia, Harvard, Harvard University Press, 1936,p. 501. [Plutarque, uvres morales, Paris, Livre de Poche, 1996, 1998,1999]

    21 Cf. Giordano Bruno, De imaginum, signorum et idearum composi-tione, 1591 ; cf. aussi la traduction anglaise Giordano Bruno, On theComposition of Images, Signs & Ideas, New York, Willis, Locker & Owens,1991 [en franais, Giordano Bruno, uvres compltes, Paris, Belles Let-tres, 1993]

    22 Voir ce sujet louvrage dErnest W.B. Hess-Lttich, Kommunikationals sthetisches Problem, Tbingen, Narr, 1984, p. 203 ss.

    23 Il faut rester bien conscient du fait que malgr toutes les intersec-tions possibles les termes mdias et arts ne sont pas des syno-nymes. Avec le terme mdias , nous envisageons surtout les aspectsmatriels, communicationnels et esthtiques lis aux dispositifs ; les arts se caractrisent par les fonctions esthtiques de certaines uvres.

    24 Voir par exemple Thomas Carlyle dans son livre On Heroes, Hero-Worship and the Heroic in History, New York, Macmillan, 1987.

    25 Voir ce sujet par exemple le livre de Rolf Eichler, Poetic Drama. DieEntdeckung des Dialogs bei Byron, Shelley, Swinburne und Tennyson,Heidelberg, Carl Winter Universittsverlag, 1977.

    26 Wagner crit par exemple le 16 aot 1853 Franz Liszt : Il me sem-ble parfaitement improbable que mes efforts naient obtenu commersultat que cette malheureuse uvre dart particulire que lon aappel uvre dart totale . Cit par Erika Fischer-Lichte, DasGesamtkunstwerk . Ein Konzept fr die Kunst der achtziger Jahre ? ,dans Maria Moog-Grnewald et Christoph Rodiek (d.), Dialog derKnste. Intermediale Fallstudien zur Literatur des 19. und 20. Jahrhun-derts. Festschrift fr Erwin Koppen, Frankfurt a.M./Bern/NewYork/Paris, Peter Lang, 1989, p. 61-74 ; ici p. 73.

    27 Cf. Christian Metz, Lnonciation impersonnelle ou le site du film,Paris, Klincksieck, Mridiens , 1991.

    28 Cf. Irina Rajewski, ibid.

    29 Julia Kristeva, Narration et transformation , in Semiotica, n 1,1969, p. 422-448 ; ici p. 443.

    30 Julia Kristeva, La rvolution du langage potique : lavent-garde lafin du XIXe sicle, Lautramont et Mallam, Paris, Seuil, 1974, p. 59.

    31 Op. cit., p. 59 ss.

    32 Cf. par exemple Michael Riffaterre, LIntertexte inconnu , in Inter-textualits mdivales. Littrature, 41, fvrier 1981, p. 30.

    33 Grard Genette, Palimpsestes, Paris, Seuil, 1982. Pour une discussionplus dtaille de ces termes, cf. mes remarques dans mon livre Interme-dialitt. Formen moderner kultureller Kommunikation, op. cit., p. 100.ss.

    34 Heinrich F. Plett, Intertextualities , in ibidem, Intertextuality,Berlin/New York, Walter de Gruyter, 1991, p. 3-29 ; ici p. 20.

    35 Thus it seems justifiable to call this kind of intertextuality interme-diality , ibid.

    36 Cf. par exemple lexplication de ce terme dans un des meilleurslexiques de la thorie des mdias : Helmut Schanze (d.), Metzler Lexi-kon Medientheorie Medienwissenschaft, Stuttgart/Weimar, J.B. Metzler,2002. L se trouve la phrase : Lhybridation est courante dans les casdintermdialit primaire des pratiques communicationnelles, aussi biendans les cultures orales que dans celles de lcriture. (op. cit., p. 141).Il est vident que l hybridisation est ici conue comme sous-catgoriede lintermdialit .

    37 Cf. Irina O. Rajewski, op. cit., p. 197.

    38 Cf. Tiphaine Samoyault, Lhybride et lhtrogne , in Nolle Battet al. (d.), LArt et lHybride, Saint-Denis, Presses universitaires de Vin-cennes, 2001, p. 175-186 ; ici : p. 175.

    39 Cf. Irmela Schneider, Von der Vielsprachigkeit zur Kunst der Hybri-dation Diskurse des Hybriden , in Irmela Schneider et ChristianW. Thomsen (d.), Hybridkultur Medien Netze Knste, Kln, WienandMedien, 1997, p. 13-66.

    40 Cf. Helmut Schanze (d.), Metzler Lexikon Medientheorie Medienwis-senschaft, op. cit., p. 141.

    41 Cf. Sandro Bernardi, Le Minotaure cest nous De Godard Paso-lini , in N. Batt et al. (ds.), LArt et lHybride, op. cit., p. 117-129.

    42 Lhybridation ou la rencontre de deux mdias est un moment devrit et de dcouverte qui engendre des formes nouvelles. Le parallleentre deux mdias, en effet, nous retient une frontire de formes etnous arrache la narcose narcissique. Linstant de leur rencontre nouslibre et nous dlivre de la torpeur et de la transe dans lesquelles ilstiennent habituellement nos sens plongs. Marshal McLuhan, Pourcomprendre les mdias, trad. J. Par, Paris, Mame/Seuil, 1964, p. 75.

    43 Cf. Irmela Schneider, op. cit., p. 33 ss.

    44 Sur le concept d archologue ou d archologie , je suis les pro-positions de Siegfried Zielinski, Archologie der Medien. Zur Tiefenzeitdes technischen Hrens und Sehens, Reinbek bei Hamburg, rororo,2002.

    45 Je suis trs reconnaissant Andr Gaudreault de mavoir convaincude lutilit de ce concept pour une archologie intermdiatique.

    46 Je suis ici largumentation dAndr Gaudreault.

    47 Cf. mon article Wege einer vernetzten Mediengeschichte. Zur inter-medialen Funktions-Geschichte der Television , in Esta locura por lossuenos Traumdiskurs und Intermedialitt in der romanischen Literaturund Mediengeschichte, sous la direction dUta Felten, Michael Lommel,Isabel Maurer Queipo, Nanette Riler-Pipka, Gerhard Wild, Heidelberg,Winter, 2006. p. 405-430 ; ici p. 418 ss.

    48 Voir la proposition dAndr Gaudreault et de Philippe Marion dedistinguer trois phases dans lhistoire dun mdia : la phase chaotiqueet floue du dbut, la phase de linstitutionnalisation et enfin la phasede lhybridation. Cette distinction me semble trs utile. Un mdianat toujours deux fois , in Andr Gaudreault, Franois Jost (d.),Socits et Reprsentations, n 9, La croise des mdias , avril 2000,p. 21-36.

    49 Nous nous rfrons ici larticle de Monika Elsner, Thomas Mller etPeter M. Spangenberg, Zwischen utopischer Phantasie und Medien-konkurrenz. Zur Frhgeschichte des Deutschen Fernsehens (1926-1935) , dans Helmut Kreuzer et Michael Schanze (d.), Bausteine.Kleine Beitrge zur sthetik, Pragmatik und Geschichte der Bildschirm-medien. Siegen, Arbeitshefte Bildschirmmedien, 1988, p. 23-31 ; icip. 28. Cf. aussi Jrgen E. Mller, Tele-Vision als Vision : Thesen zurintermedialen Vor- und Frhgeschichte des Fernsehens , in Ernest W.B.Hess-Lttich (d.), Autoren, Automaten, Audiovisionen. Neue Anstze derMediensthetik und Telesemiotik, Wiesbaden, Wissenschaftliche Buch-gesellschaft, 2001, p. 187-208.

    50 Cf. R.B. Burns, British Television. The Formative Years, London, PeterPeregrinus Ltd., 1986, p. 353 ; voir aussi ce sujet Thomas Steinmaurer,Tele-Visionen. Zur Theorie und Geschichte des Fernsehempfangs, Inns-bruck, Studien Verlag, 1999, p. 120 ss. Jai effectu une petite tudehistorique des termes et des concepts de la tlvision dcrits et dfi-nis dans les encyclopdies et dictionnaires allemands, franais, anglaiset nerlandais des annes 1880-1970 dans mon article Wege einervernetzten Mediengeschichte. Zur intermedialen Funktions-Geschichteder Television , ibid.

    Jrgen E. Mller Vers lintermdialit

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    Vers lintermdialit Jrgen E. Mller

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    55 Cf. William Uricchio, What is Television ? , manuscrit, Utrecht 2001.

    56 Ceci dans le cadre dun livre que je suis en train dcrire avec JrgHelbig et qui paratra en 2006. Cf. Jrg Helbig, Jrgen E. Mller, Inter-medialitt. Eine Bestandsaufnahme und Einfhrung, Frankfurt a.M.,Suhrkamp, 2006.

    57 Cf. par exemple Peter Berger et Thomas Luckmann, The Social Cons-truction of Reality, Harmondsworth, Penguin, 1991.

    51 Cf. Jrgen E. Mller, Tele-Vision als Vision , ibid.

    52 Voir ce sujet Siegfried Zielinski, Audiovisions. Cinema and Televi-sion as Entractes in History, Amsterdam, University Press, 1999.

    53 Cf. mon article, Tele-Vision als Vision , ibid.

    54 Richard Carol, Jock Mc Kay. Televisionary , in Television, vol. 1,n 3, 1928, p. 32 et p. 44 ; ici p. 32.

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