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îmu/co c/ i LES MACRO-SYSTEMES TECHNIQUES Alain GRAS, coll. Que Sais-je ? N 0 3266 PUF, Paris, 1997. UNE FORME TECHNIQUE SPECIFIQUEMENT MODERNE Alain Gras développe le concept de macro-système tech- nique dans un double objectif. D'abord il définit et caractérise une catégorie d'objets techniques nouveaux, c'est-à-dire propres à la civilisation industrielle moderne. Avant 1840, il n'y a pas de macro-système technique. Ceux-ci ne commencent à apparaître qu'à partir de la naissance simultanée des réseaux de voies fer- rées et du télégraphe. Dès lors vont se multiplier de grands réseaux de transports et d'échanges de flux matériels énergé- tiques et informationnels soumis au contrôle continu d'un centre. C'est ainsi que le monde contemporain est de plus en plus structuré par des macro-systèmes techniques capables d'opérer à l'échelle continentale, voire planétaire : trafic ferro- viaire, navigation aérienne, télécommunications, réseaux d'ap- provisionnement en électricité, en gaz et peut-être demain inter- net. Alain Gras procède donc à l'analyse de ces nouveaux objets techniques en caractérisant leur genèse et leur manière d'être au monde. Ce faisant, la notion de macro-système technique est uti- lisée en vue d'un second objectif : elle permet aussi à l'auteur de mettre en lumière certains aspects préoccupants de la relation entre technique et société propres à notre civilisation technicien- ne. Pour des raisons de fond, l'analyse technologique est insé- parable de la réflexion sociologique. Alain Gras montre en effet que les macro-systèmes techniques ne peuvent se développer qu'en transformant à leur manière le monde humain. Cela amène l'auteur à éclairer ce que Jacques EUul caractérisait comme l'ambivalence fondamentale du progrès technique. Dès l'introduction, Alain Gras affirme que l'homme moderne jouit d'énormes avantage sdu fait du progrès technique, qui lui a apporté plus de puissance, plus de confort, etc. Mais ces avan- tages de la technique moderne ont des contreparties ; selon lui nous les payons par plus de dépendance à l'égard de nouvelles formes de pouvoir et de nouveaux risques. Ce petit livre résume et clarifie donc les perspectives déjà dégagées par cet auteur dans ses travaux précédents et en particulier dans son livre Grandeur et Dépendance (Paris, PUF, 1993), dans lequel il montrait comment nous sommes devenus dépendants de l'infrastructure souterraine de la société, c'est-à-dire des réseaux de transports d'énergie et de communication. Or, nous dit Alain Gras, l'hom- me moderne reste ignorant du mode de fonctionnement et d'ins- cription territoriale de ces macro-systèmes techniques. Ceux-ci engendrent de nouvelles formes et de nouvelles échelles de pou- voir qui échappent aux institutions publiques traditionnelles, de sorte que le citoyen moderne se retrouve sans prise sur le fonc- tionnement et les effets de ces macro-systèmes qu'Alain Gras désigne comme les « nouveaux dinosaures ». « L'expansion de la grande technologie et la modernisation de l'économie, l'organisation planétaire des échanges et la lutte pour la possession des sources d'énergie sont des tendances qui toutes s'inscrivent dans les macro-systèmes techniques. On comprend donc non seulement leur importance géopolitique mais encore leur valeur idéologique [...]. Il est vrai que ces macro-systèmes nous apportent un grand confort et une grande sécurité dans la vie quotidienne. Cette approche critique du problème doit, par conséquent, rendre compte des énormes avantages qu'ils nous procurent sans pour autant passer sous silence les risques gigan- tesques encourus par les sociétés, qui deviennent leurs cap tives »... « Ce livre voudrait faire le point sur les macro-systèmes techniques dans la perspective bien particulière qui est la nôtre, celle de la mise en scène de la grandeur technologique et de la dépendance qu'elle peut entraîner pour le citoyen d'une démo- cratie contemporaine. Cette nouvelle forme d'abandon de sa sou- veraineté par l'individu d'aujourd'hui présente en effet un dan- ger dans un état qui se veut démocratique. La science et la tech- nique, mises à l'écart de la discussion, entraînent nécessairement des choix politiques, économiques, éthiques, qui peuvent se retourner contre la liberté de l'homme » (p. 5). UN FONCTIONNEMENT INDISSOLUBLEMENT TECHNIQUE ET SOCIAL Dans un premier temps, Alain Gras s'attache à préciser ce qui fait la spécificité des macro-systèmes techniques modernes par rapport aux réseaux techniques traditionnels. Il caractérise d'abord le réseau comme un « ensemble d'objets interconnectés S 9 «é ^ SZAntyue - Bulletin n 0 12 - Hiver 1997/1998

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Page 1: îmu/co c/ i...UNE FORMETECHNIQUE SPECIFIQUEMENT MODERNE.Alain Gras développe le concept demacro-système tech- nique dans un double objectif. D'abord il définit et caractérise

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LES MACRO-SYSTEMES TECHNIQUES

Alain GRAS, coll. Que Sais-je ? N0 3266 PUF, Paris, 1997.

UNE FORME TECHNIQUE SPECIFIQUEMENT MODERNE

Alain Gras développe le concept de macro-système tech-nique dans un double objectif. D'abord il définit et caractérise une catégorie d'objets techniques nouveaux, c'est-à-dire propres à la civilisation industrielle moderne. Avant 1840, il n'y a pas de macro-système technique. Ceux-ci ne commencent à apparaître qu'à partir de la naissance simultanée des réseaux de voies fer-rées et du télégraphe. Dès lors vont se multiplier de grands réseaux de transports et d'échanges de flux matériels énergé-tiques et informationnels soumis au contrôle continu d'un centre. C'est ainsi que le monde contemporain est de plus en plus structuré par des macro-systèmes techniques capables d'opérer à l'échelle continentale, voire planétaire : trafic ferro-viaire, navigation aérienne, télécommunications, réseaux d'ap-provisionnement en électricité, en gaz et peut-être demain inter-net.

Alain Gras procède donc à l'analyse de ces nouveaux objets techniques en caractérisant leur genèse et leur manière d'être au monde. Ce faisant, la notion de macro-système technique est uti-lisée en vue d'un second objectif : elle permet aussi à l'auteur de mettre en lumière certains aspects préoccupants de la relation entre technique et société propres à notre civilisation technicien-ne. Pour des raisons de fond, l'analyse technologique est insé-parable de la réflexion sociologique. Alain Gras montre en effet que les macro-systèmes techniques ne peuvent se développer qu'en transformant à leur manière le monde humain. Cela amène l'auteur à éclairer ce que Jacques EUul caractérisait comme l'ambivalence fondamentale du progrès technique. Dès l'introduction, Alain Gras affirme que l'homme moderne jouit d'énormes avantage sdu fait du progrès technique, qui lui a apporté plus de puissance, plus de confort, etc. Mais ces avan-tages de la technique moderne ont des contreparties ; selon lui nous les payons par plus de dépendance à l'égard de nouvelles formes de pouvoir et de nouveaux risques. Ce petit livre résume et clarifie donc les perspectives déjà dégagées par cet auteur dans ses travaux précédents et en particulier dans son livre Grandeur et Dépendance (Paris, PUF, 1993), dans lequel il montrait comment nous sommes devenus dépendants de l'infrastructure

souterraine de la société, c'est-à-dire des réseaux de transports d'énergie et de communication. Or, nous dit Alain Gras, l'hom-me moderne reste ignorant du mode de fonctionnement et d'ins-cription territoriale de ces macro-systèmes techniques. Ceux-ci engendrent de nouvelles formes et de nouvelles échelles de pou-voir qui échappent aux institutions publiques traditionnelles, de sorte que le citoyen moderne se retrouve sans prise sur le fonc-tionnement et les effets de ces macro-systèmes qu'Alain Gras désigne comme les « nouveaux dinosaures ».

« L'expansion de la grande technologie et la modernisation de l'économie, l'organisation planétaire des échanges et la lutte pour la possession des sources d'énergie sont des tendances qui toutes s'inscrivent dans les macro-systèmes techniques. On comprend donc non seulement leur importance géopolitique mais encore leur valeur idéologique [...]. Il est vrai que ces macro-systèmes nous apportent un grand confort et une grande sécurité dans la vie quotidienne. Cette approche critique du problème doit, par conséquent, rendre compte des énormes avantages qu'ils nous procurent sans pour autant passer sous silence les risques gigan-tesques encourus par les sociétés, qui deviennent leurs c a p tives »... « Ce livre voudrait faire le point sur les macro-systèmes techniques dans la perspective bien particulière qui est la nôtre, celle de la mise en scène de la grandeur technologique et de la dépendance qu'elle peut entraîner pour le citoyen d'une démo-cratie contemporaine. Cette nouvelle forme d'abandon de sa sou-veraineté par l'individu d'aujourd'hui présente en effet un dan-ger dans un état qui se veut démocratique. La science et la tech-nique, mises à l'écart de la discussion, entraînent nécessairement des choix politiques, économiques, éthiques, qui peuvent se retourner contre la liberté de l'homme » (p. 5).

UN FONCTIONNEMENT INDISSOLUBLEMENT TECHNIQUE ET SOCIAL

Dans un premier temps, Alain Gras s'attache à préciser ce qui fait la spécificité des macro-systèmes techniques modernes par rapport aux réseaux techniques traditionnels. Il caractérise d'abord le réseau comme un « ensemble d'objets interconnectés

S 9 «é ^ SZAntyue - Bulletin n0 12 - Hiver 1997/1998

Page 2: îmu/co c/ i...UNE FORMETECHNIQUE SPECIFIQUEMENT MODERNE.Alain Gras développe le concept demacro-système tech- nique dans un double objectif. D'abord il définit et caractérise

par leurs échanges de matière ou d'information ». Mais cette définition valable pour les réseaux traditionnels tels l'ad-duction d'eau, les routes, reste insuffisante : progressive-ment l'interconnexion devient indépendante du territoire géographique pour constituer à elle seule un espace à la fois virtuel et réel qui va se substituer au monde vécu, social ou naturel. C'est pourquoi Alain Gras insiste sur le fait que la naissance de l'idée de réseau est plus importante que l'exis-tence du réseau elle-même : il faut d'abord qu'émerge la représentation d'un territoire artificiel constitué par des interrelations et des flux, concept constitutif de l'imaginaire technicien moderne et qui n'a rien de naturel ni d'ailleurs de nécessaire : « si les flux passent par des réseaux, tous les réseaux n'appartiennent pas à des systèmes organisés » ; en d'autres termes, si nous avons depuis fort longtemps des réseaux, il n'était pas du tout fatal qu'ils deviennent des macro-systèmes techniques. Cette émergence caractéris-tique de notre civilisation technicienne aurait pu ne pas avoir lieu et d'autres formes de progrès technique étaient envisageables. On le voit, Alain Gras s'inscrit ici à l'encontre d'une vision déterministe de l'évolution des formes tech-niques. Pour lui l'émergence des macro-systèmes tech-niques à partir du dix neuvième siècle est commandée par une vision du monde, un système de valeurs d'où nous avons déduit un projet de civilisation technique très parti-culier : « l'efficacité n'est pas un fait objectif » (p. 11). Or, non seulement le réseau technique moderne, nous dit Alain Gras, n'est pas neutre comme idée (il est lié à des valeurs), mais il ne l'est pas non plus dans ses effets pratiques : il engendre des relations de pouvoir spécifiques et qui sont presque toujours occultées « le réseau s'inscrit dans une stra-tégie relationnelle et il exprime toujours à la fois un désir de communication et vine géographie du pouvoir parce qu'il s'accompagne d'une nécessité de contrôle des échanges » (p. 14). En effet, parce que le réseau constitue un macro-systè-me technique au sens moderne, il faut qu'il y ait non seule-ment circulation de flux, mais aussi capacité à s'informer sur ces flux et à les contrôler directement depuis le centre.

On voit donc pourquoi l'auteur s'applique à distinguer les macro-systèmes techniques des grands systèmes indus-triels (l'usine, le grand barrage, la centrale nucléaire). En effet, il faut plus que de la grandeur, de la complication et de la puissance : l'objet à lui seul reste insuffisant pour qu'émerge un macro-système technique qui est toujours nécessairement à la fois matériel et idéel : il a besoin de la participation des hommes et surtout d'un certain état d'es-prit car c'est un énorme complexe composé d'institutions, de machines et de connaissances. Le macro-système tech-nique est donc un fait indissolublement social et technique, radicalement nouveau, qui apparaît avec la société indus-trielle et réorganise non seulement la production matérielle, mais aussi l'espace, la vie sociale, les codes de comporte-ment et l'imaginaire collectif. Il en résulte - et c'est là un des points préoccupants souligné par d'autres auteurs - que l'avènement des macro-systèmes techniques instaure un nouveau rapport au monde fondé sur « la possibilité, grâce à la captation de l'énergie et à son transport, de mobiliser la puissance en tout lieu et à tout moment. Sans cet arrière-

plan imaginaire, il n'est pas possible de comprendre l'inser-tion du macro-système dans la niche écologique » (p. 38), c'est-à-dire dans le contexte technique préexistant. En d'autres termes, pour que le macro-système technique s'im-pose et fonctionne, il doit procéder à une « colonisation de l'esprit » (p. 41) et Alain Gras montre comment un discours de justification doit nécessairement accompagner l'innova-tion technique et l'élimination des autres réponses possibles. En ce sens l'objet technique est une réalité profondément sociale. Alors que le discours des promoteurs de l'innova-tion cherche toujours à le présenter comme l'aboutissement naturel d'une évolution technique soumise à une nécessité interne et donc échappant à tout débat. Alain Gras objecte qu'il faut éviter, précisément, de naturaliser l'évolution tech-nique. D'autres choix sont toujours envisageables et l'ont toujours été « Il n'existe pas de loi darwinienne de sélection des systèmes techniques » (p. 64).

PENSER AUTREMENT LE RISQUE

Outre l'apparition de nouvelles formes de pouvoir échappant aux régulations politiques classiques, les macro-systèmes techniques font apparaître de nouvelles formes et de nouvelles échelles de risque et de danger. Prenant l'exemple du premier de ces macro-systèmes techniques, à savoir le système ferroviaire, Alain Gras montre comment il a permis très tôt de mobiliser la puissance militaire à une échelle inouïe dans l'histoire. Il évoque ici le « paradigme prussien » de la naissance de la guerre industrielle de masse, analysé par Arden Bucholz : c'est bien la mise au point d'un usage stratégique rationnel des capacités du système ferro-viaire qui a permis à la Prusse, entre la guerre des Duchés contre le Danemark de 1864, et la guerre contre la France de 1870, d'augmenter de 400 % en six ans sa capacité à mobili-ser des recrues et à les envoyer au front. C'est ainsi qu'au début de la guerre de 14 passèrent « chaque 24 heures sur le Hohenzollem Briicke à Cologne, 560 convois de 54 wagons, soit 30 240 wagons par jour » (p. 68). L'ère de la guerre indus-trielle et des massacres à la même échelle est donc ouverte.

D'un autre côté, le progrès des macro-systèmes tech-niques engendre l'apparence de la sécurité : par exemple le nombre des passagers accidentés au kilomètre parcouru est 10 000 fois moindre en avion qu'en voiture. Mais il ne faut pas oublier que ces macro-systèmes techniques fonction-nent en différant le danger dans le temps et dans l'espace : ainsi l'avion met-il en péril la couche d'ozone de façon imperceptible aux voyageurs. Il n'y a pas disparition du danger mais modification profonde de la nature du péril engendré par le développement technoscientifique : « les risques, au sens des probabilités, ne sont plus calculables. Ils le sont, au yeux de l'expert du moins, pour la centrale nucléaire, mais pas pour le système électrique en temps que tel. La croissance de la demande énergétique en Asie va, entre autres, induire une forte croissance, à la fois de la pro-duction d'énergie nucléaire et d'énergie thermique à base de charbon. Comment, dès lors, évaluer les risques de pollu-

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Hon, comment comparer celle nucléaire et celle charbonniè-re ? L'effet de serre, par exemple, présente un réel danger pour l'humanité » (p. 105). Ainsi, Alain Gras conclut que « les systèmes techniques qui nous offrent un si grand confort individuel dans la vie quotidienne, nous font payer collective-ment un prix que personne ne connaît » (p. 110) et surtout des risques d'un autre ordre que ceux auxquels on pense d'ordinaire.

Tout d'abord l'instauration d'une société régulée par des macro-systèmes techniques nous expose à des risques sociaux et politiques d'un nouveau genre. Le maillage de l'espace et de la société qui leur est propre engendre en contrepartie la disqualification de territoires industriels et la marginalisation des populations qui ne « suivent » pas. Du coup nous sommes contraints, sous peine d'exclusion, de participer à un ordre social qui nous dépossède de la maî-trise des conditions de notre vie. En effet, dans un monde structuré par les macro-systèmes techniques, on assiste à une délocalisation au niveau mondial des lieux de décision au profit des centres de pouvoir industriel, financier et com-mercial de sorte que « l'espace-temps social est ainsi soumis à des contraintes qui éloignent le citoyen de toute possibili-té d'action sur l'évolution technologique » (p. 118). Or c'est bien cette évolution qui modèle et régit sa vie quotidienne « comment donc ont été opérés les choix techniques qui font que, malgré les liens traditionnels entre l'Algérie et la France, et la bien plus grande proximité du gazoduc qui ali-mente l'Espagne, ce soit le gaz russe qui ait été choisi en priorité ? Les choix techniques sont-ils soustraits à la dis-cussion publique et au choix politique ? La réponse est posi-

tive dans de nombreux cas et il est donc urgent de com-prendre comment se constitue la puissance de ces nouveaux dinosaures du XXème siècle finissant, pour que la démocra-tie et l'éthique pénètrent jusqu'au territoire des spécialistes » (p. 4).

Outre cette dépossession politique, les macro-systèmes techniques suscitent, nous l'avons dit, de nouvelles formes de dangers. Ils potentialisent de nouvelles formes de risques et d'accidents catastrophiques : voir les accident nucléaires, l'affaire de l'amiante, celle de la vache folle, etc. Reprenant les analyses de Todd LaPorte, Alain Gras termine en signa-lant deux points importants : « les effets significatifs peuvent se produire sur les générations futures et seront éventuelle-ment irréversibles, d'autant plus irréversibles qu'ils enga-gent des espaces très vastes et des durées très longues. Les responsables qui devraient connaître les enjeux sociaux et leurs conséquences ne peuvent faire des tests en temps réel ni en grandeur nature. L'enseignement tiré d'un échec sera pris en compte bien après leur action propre par d'autres qui ne se considéreront pas, précisément, comme responsables (et ne seront pas tenus pour). Les durées de vie des hommes et des phénomènes deviennent incommensurables » (p. 120).

Un livre très informé, rédigé dans vin langage accessible et qui offre vin éclairage stimulant sur l'évolution technique et sociale contemporaine.

Daniel CEREZUELLE

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