mon sentiment après avoir lu le rapport de la copie · l’amour de ma vie, et le manque aussi...

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Mon rapport à ma famille. Mon sentiment après avoir lu le rapport de la copie

du Service Social de l’enfance du 07/04/1972 et que je ne peux publier sous peine de poursuites, puisqu’il y a les noms, les prénoms, les dates de naissance de ma grand-mère, arrière-grand-mère, frères, sœurs et l’ami de ma grand-mère, mon sentiment reste le même, avant et après, ma famille est toujours restée pauvre avec des problèmes de santé divers, avec des aides de ceci de cela et ne travaillant pas beaucoup. Seule mon arrière-grand-mère touchait une retraite. Les 11 pages de ce rapport démontrent les conflits internes des adultes pour la garde et l’éducation des enfants, le besoin toujours grandissant pour notre bien-être et surtout la dégradation assez rapide des relations entre ma mère et ma grand-mère. Le départ définitif de ma mère du foyer et les aventures ou rencontres amoureuses de celle-ci avec plusieurs hommes.

Pour le reste, moi en tant qu’enfant en bas âge, je n’ai que des souvenirs de tendresse, d’affection et un amour indéniable pour ma grand-mère qui est et reste l’amour de ma vie, et le manque aussi avec les années de sa disparition ce 3 juin 1971 à l’âge de 43 ans d’une longue maladie et les événements qui en

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découleront, notre départ à l’orphelinat, puis le placement dans cette famille de « désaccueil » en juin 73 qui reste pour moi, avec le recul, une horreur, un drame, une haine, qui me poursuivra tout au long de ma vie d’enfant, d’adolescent, d’adulte.

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L’histoire de ma vie, c’est l’histoire d’un petit garçon qui est arrivé à la vie vraiment par hasard après que sa mère en ce début d’année 1966 eut une relation coup de foudre un weekend avec un sdf prénommé Mohamed qui prit ses jambes à son cou lorsque ma mère lui annonça qu’elle était enceinte, « la bravoure des mecs », selon les dires de ma mère.

Sa grossesse a été assez mouvementée après plusieurs problèmes que peut rencontrer une femme enceinte, mais qui fut pris à temps, heureusement pour moi.

À l’époque, ma mère était une très belle femme, blonde qui aimait beaucoup les arabes et comme ma famille habitait avenue de Choisy dans le 13ème arrondissement de Paris, elle n’avait que l’embarras du choix puisqu’à l’époque le 13ème arrondissement était un quartier maghrébin et non chinois comme aujourd’hui.

Durant toute sa jeunesse, ma mère a enchaîné les relations amoureuses plus ou moins passionnées avec des hommes nord africains, c’était l’époque de l’insouciance amoureuse. « Les jeunes faisaient l’amour à tour de bras » et il y avait du travail car nous étions 20 ans après la guerre 39/45 et la

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République voulait des enfants, des enfants, des enfants. À l’époque, il n’était pas rare d’avoir 4,5 voire plus d’enfants par famille pour peupler la France, ses villes et ses villages.

Ma mère a fait beaucoup d’enfants comme d’autres femmes d’ailleurs avec différents hommes. Elle était, enfin je crois, épanouie sexuellement sans pour cela se laisser dicter la loi d’une société moralisatrice.

Elle m’a raconté que certains hommes voulaient l’enfermer dans les chambres d’hôtel et la faire travailler pour eux. Elle ne se laissait pas faire, qu’elle avait le droit de se sentir Femme, aimer les hommes et l’amour sans pour autant être considérée comme une pute ou une salope, tous ces préjugés d’une société dirigée par les hommes, faites pour les hommes où l’on doit les regarder comme des rois du monde parce qu’ils ont une petite bite et que c’est eux qui dirigent et moi je rajoute en mon nom que dans les histoires de cul qui tournent mal et bien que la salope n’est pas celle que l’on croit.

À TOI MA BELLE

Paroles : Daniel MULLER

Il y a des journées soleil Et des soirs de déprime Il y a des journées galères Et même des soirs de crimes T’as traversé le nuage Sans trop d’égratignure Mais tes années courage Ont marqué ta figure

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REFRAIN Chanson pour toi Et n’oublie pas De ces jours triste et malheureux Subis pour quelques messieurs Pour leurs plaisirs occasionnels Où ils se font la part belle Chacun devra porter sa croix Et la pute, mon gars N’est pas celle qu’on croit Des années et des hivers À être dehors le cul à l’air Ça laisse des traces indélébiles Et ta vie n’a rien de facile Tu te coltines des nuits entières Des puceaux, des séniles, des pervers T’as encore la force de sourire Pour ton honneur et ton avenir

REFRAIN Chanson pour toi Et n’oublie pas De ces jours triste et malheureux Subis pour quelques messieurs Pour leurs plaisirs occasionnels Où ils se font la part belle Chacun devra porter sa croix Et la pute, mon gars N’est pas celle qu’on croit J’adorerais voir sur les trottoirs Quelques proxos en porte-jarretelles Quelques clients en robe charnelle Leur faire subir quelques instants

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Tous mes désirs, toutes mes déviances Les relâcher avant le printemps Qu’ils soient marqués profondément ! Le métier pute, c’est fatigant

REFRAIN Chanson pour toi Et n’oublie pas De ces jours triste et malheureux Subis pour quelques messieurs Pour leurs plaisirs occasionnels Où ils se font la part belle Chacun devra porter sa croix Et la pute, mon gars N’est pas celle qu’on croit

Tous droits réservés par DANIEL MULLER

Ma mère avait un travail de manutentionnaire qui ne la motivait pas.

Elle était très instable professionnellement. Elle ne s’entendait pas très bien avec sa mère, elle

se méfiait aussi de l’ami de celle-ci Monsieur Djadoun, qui à plusieurs reprises, avait essayé d’abuser d’elle dès 15 ans et les années qui suivirent.

Moi, enfant en bas âge, j’ai un souvenir heureux de ces années-là.

L’appartement trop petit, les fréquents conflits toujours grandissants entre ma mère et ma grand-mère. D’ailleurs, ma mère n’est pas restée longtemps avec nous.

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Si j’en crois le rapport social du 12/04/1972, j’ai donc grandit un temps avec ma grand-mère, mon arrière-grand-mère et Monsieur Djadoun, l’ami de ma grand-mère.

À cette époque, j’étais petit mais la situation n’était pas triste, je n’étais pas triste. On n’avait rien mais j’étais heureux en famille qui m’apportait, attention, amour et tendresse… Tendresse, j’ai bien dit Tendresse.

Oui surtout celle de ma grand-mère. J’ai adoré cette femme que je pensais être ma mère qui me câlinait et m’aimait avec l’attention qu’est en droit d’attendre un enfant de mon âge.

Elle nous aimait plus que tout. Je dis nous puisqu’il y avait mon frère ainé, né 18 mois avant moi.

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Avec qui j’ai partagé la chambre à coucher, les jeux, les bagarres, les pigeons sur le balcon, les chats et tout le reste de la galère quotidienne de ma famille en manque d’argent, de travail et surtout d’espoir.

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Et puis, il y a eu la maladie chronique de ma grand-mère, plus forte, plus intense de jours en jours et sa disparition le 3 juin 1971 que je ne comprenais pas. S’enchaine notre placement à l’orphelinat Saint Michel à Morangis (91) et le petit bonhomme que j’étais a beaucoup pleuré. Parfois, je restais seul avec mes absences. Trop petit pour agir et pourtant jamais assez « vieux » pour encaisser ce que la vie, la situation, la destinée m’infligeait.

PETIT BONHOMME

Paroles : Daniel MULLER/Ganaël ; 23/09/2004 – Enregistrement : 06/02/2008

Petit pas grand escalier. Pensionnat drôle de foyer. Au milieu de tous ces gens, Le petit garçon attend. Petit bonhomme aux grands yeux tristes, Petit nom sur une grande liste, Commence son premier tour de piste Petit clown au cœur d’artiste.

REFRAIN Le petit garçon de l’orphelinat des années 70 Avec des arbres pour seuls complices (Quatre murs qui jouent les mamans,) Il rêve bercé par le vent, Entre les cris des surveillants. Il attend, il attend Il attend d’être grand.

Petit pas trop grand couloir Il avance poussé par l’espoir

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Dans ce labyrinthe dérisoire Personne pour lui dire au revoir. Petit bonhomme sans un bagage Dans un dortoir un peu trop cage. Viens tourner une autre page. Petit clown au cœur courage.

REFRAIN Le petit garçon de l’orphelinat des années 70 Avec des arbres pour seuls complices (Quatre murs qui jouent les mamans,) Il rêve bercé par le vent, Entre les cris des surveillants. Il attend, il attend Il attend d’être grand.

Le petit garçon de l’orphelinat des années 70 Le petit de l’orphelinat Le petit, c’était moi.

Tous droits réservés par DANIEL MULLER

Enfin quand je dis la Vie, je devrais dire les gens, leur petit pouvoir pas très sympathique, qui comme je vous l’ai expliqué dans ce chapitre se sont cachés derrière leur autorité, pour exprimer leur perversité.

Toute ma vie, j’ai détesté les petits pouvoirs, les grands aussi d’ailleurs, vous savez ceux qui font que les individus se sentent en dessus des autres et pensent avoir le droit de décider de Vie, de Mort, de sanctions sur un enfant, un adolescent voire un adulte. Des méthodes et des comportements qui méritent à mes yeux le mépris.

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Placement en famille d’accueil, sans demander l’avis des enfants. On nous mettait au « vert » à la campagne, souvent, très souvent dans des fermes. Dans les années 1970, quelle était la mentalité de ses personnes ? Pas très ouverte, pas très intelligente. Elles prônaient une éducation très conservatrice, dominatrice, perverse, extrêmement malsaine ou tout simplement le système fermait les yeux sur l’éducation des enfants. La société de ces années a créé ses démons pour des décennies à venir. À cette époque, les enfants n’avaient aucun droit, ils étaient à la merci de l’humeur et du caractère de ces gens. La main leste, la fessée fréquente, le déculottage systématique et l’abus psychologique sur l’enfant étaient « leur éducation ». Et cette putain d’hypocrisie, de fausse gentille à chaque visite des éducateurs du placement familial.

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Je garde au plus profond de moi des séquelles énormes de cette période qui aurait dû être la plus belle pour construire ma vie d’homme. Pendant 18 ans (1973-1991) j’ai été écrasé, humilié, rejeté par ces

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gens qui devaient soi-disant nous « élever ». Élever mais comment ? Sans honneur, sans respect, sans éthique, et la tendresse qu’on doit donner à un « môme » qui leur était confié. J’allais devenir un homme perdu au fur et à mesure des années, un homme sans repère, blessé dans sa chair.

Aujourd’hui, je peux vous dire que dans mon adolescence et ma vie de jeune adulte, j’étais un mec affreux, horrible qui agressait, fessait des mecs, humiliait des mecs. Toutes ces années détruites, à qui la faute ? À qui le droit ? À quoi le devoir ? J’arrive seulement aujourd’hui en 2011 grâce à la chanson, le sport, le fantasme de tendresse de très jolis garçons aux splendides culs, à comprendre mes névroses, atténuer mes pulsions, maîtriser mes colères de toutes ces années de profonde souffrance.

Je suis un pervers repenti qui a compris que le mal qu’il a subit ne s’effacera jamais mais j’’ai trouvé la force et l’intelligence de pouvoir jouir de ces fantasmes dominateurs avec des mecs bien « salopes » et consentants.

Le rapport d’avril 72 m’apprend certaines choses mais dans l’ensemble, il reflète bien mes ressentis, la maladie, le manque d’argent, le manque d’envie de travailler des membres de ma famille et à se contenter de survivre avec les multiples aides que percevaient ma grand-mère, mon arrière-grand-mère et Monsieur Djadoun qui engendraient bien des conflits sur l’éducation, l’organisation des journées des enfants que nous étions.

Malgré tous ces problèmes d’adultes, j’étais heureux de vivre, j’étais câliné par les membres de ma famille. Je faisais partie intégrale de leur quotidien et tellement prioritaire de leur cœur.

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J’ai sincèrement adoré ces quelques années passées avec eux et je ne les oublierais jamais.

Je ne sais pas où sont enterrées ma grand-mère et mon arrière-grand-mère mais quand je regarde le ciel, je sais qu’il y a quelqu’un là-haut quelque part qui veille sur moi.

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Quelques années plus tard en 1999, j’ai fait des recherches pour retrouver le reste de ma famille, frères, sœurs, mère pour savoir, connaître, les connaître mais j’ai très vite arrêté. Leur désintérêt m’a donné l’impression de vouloir en permanence m’obliger de les porter à bout de bras et je n’avais pas les moyens financiers, ni l’envie de cela.

Je venais en mai 1999, le 5 exactement, de couper les ponts avec cette saloperie de famille d’accueil et je ne voulais surtout pas le fardeau de ma famille.

Je voulais tout simplement faire des recherches pour comprendre mon histoire, et non pas la subir à nouveau, « savoir d’où je viens et où je vais ».

I/ Mon rapport à l’enfant

Un enfant doit grandir avec les idées que lui transmettent ses parents et surtout pouvoir se faire sa propre idée des choses de la vie, des gens, du système dans lequel il grandit, pour garder une part de rêve et de découverte de sa propre existence.

Enfin quand je dis « doit grandir » avec les idées de ses parents, tout dépend de ses parents !!! Et malheureusement, lorsqu’ils sont ivrognes, drogués, racistes, homophobes et j’en passe, l’enfant doit prendre

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les jambes à son cou dès sa majorité. Un enfant ne peut pas se construire sans ses parents mais très bien se reconstruire. Aujourd’hui, je le fais à travers mes chansons, au quotidien aussi par rapport aux gens que je rencontre, dans mon travail ou ailleurs.

Je n’ai pas fait d’enfants, par peur, par choix où cette société vous fait croire que c’est le B-A BA de la vie. Pour quel résultat, qu’allez-vous leur laisser ? Dans ce monde qui va à sa perte, par les hommes, le fric, si dérisoire, tellement dérisoire, n’oubliez jamais… Que nous sommes de passage et que nous avons tous eu un début et qu’il y aura évidemment une fin.

Période 1974-1975-1976-1977

Ces années, pour moi furent très difficiles. Elles représentent toutes les souffrances, les humiliations, les traumatismes et les névroses contre lesquels je me bats encore aujourd’hui. Je vous disais au début de mon livre que l’avenir d’un enfant se joue les dix premières années de sa vie et qu’il fallait surtout respecter ces trois mots essentiels pour son futur comportement d’adulte « Respect, Dialogue, Confiance ».

Maintenant, je vais vous dire ce qui a déclenché l’être que je suis aujourd’hui. C’est le passage le plus important et le plus dur de mon livre.

Cela s’est passé entre 1974 et 1975, cela faisait 10 mois ou un peu plus, je ne sais plus, mon cerveau ne veut plus se souvenir. Moi qui ai la mémoire des dates, je n’ai pas celle-ci, enfoui ou effacé ce traumatisme, cette très grave humiliation subit comme un viol déclenchera plus tard chez moi un désir sexuel de fesser les beaux garçons, de les