moliere pastorale comique

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Pastorale comique de Molière PERSONNAGES : IRIS, jeune bergère. LYCAS, riche pasteur. PHILENE, riche pasteur. CORIDON, jeune berger. BERGER ENJOUE. UN PATRE. La première scène est entre LYCAS, riche pasteur, et CORIDON, son confident. La seconde scène est une cérémonie magique de chantres et danseurs. LES DEUX MAGICIENS DANSANTS sont : Les sieurs La Pierre et Favier. LES TROIS MAGICIENS ASSISTANTS ET CHANTANTS sont : Messieurs Le Gros, Don et Gaye. Ils chantent : Déesse des appas, Ne nous refuse pas La grâce qu'implorent nos bouches; Nous t'en prions par tes rubans, Par tes boucles de diamants, Ton rouge, ta poudre, tes mouches, Ton masque, ta coiffe et tes gants. O toi ! qui peux rendre agréables Les visages les plus mal faits, Répands, Vénus, de tes attraits Deux ou trois doses charitables Sur ce museau tondu tout frais ! Déesse des appas, Ne nous refuse pas La grâce qu'implorent nos bouches; Nous t'en prions par tes rubans, Par tes boucles de diamants, Ton rouge, ta poudre, tes mouches, Ton masque, ta coiffe et tes gants. Ah! qu'il est beau, Le jouvenceau ! Ah ! qu'il est beau ! ah ! qu'il est beau !

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Pastorale comiquedeMolirePERSONNAGES :IRIS, jeune bergre. LYCAS, riche pasteur. PHILENE, riche pasteur. CORIDON, jeune berger. BERGER ENJ OUE. UN PATRE.La premire scne est entre LYCAS, riche pasteur, et CORIDON, son confident.La seconde scne est une crmonie magique de chantres et danseurs.LES DEUX MAGICIENS DANSANTS sont : Les sieurs La Pierre et Favier.LES TROIS MAGICIENS ASSISTANTS ET CHANTANTS sont : Messieurs Le Gros, Don et Gaye.Ils chantent :Desse des appas, Ne nous refuse pas La grce qu'implorent nos bouches;Nous t'en prions par tes rubans, Par tes boucles de diamants, Ton rouge, ta poudre, tes mouches, Ton masque, ta coiffe et tes gants.O toi ! qui peux rendre agrablesLes visages les plus mal faits,Rpands, Vnus, de tes attraits Deux ou trois doses charitablesSur ce museau tondu tout frais !Desse des appas,Ne nous refuse pasLa grce qu'implorent nos bouches; Nous t'en prions par tes rubans, Par tes boucles de diamants, Ton rouge, ta poudre, tes mouches, Ton masque, ta coiffe et tes gants.Ah! qu'il est beau, Le jouvenceau !Ah ! qu'il est beau ! ah ! qu'il est beau ! {C0A8C59F-6E8F-43c4-8453-65D208276F40}{78EC98A0-7640-49EE- BFFD-402A86D475A2}{C0A8C59F-6E8F-43c4-8453-65D208276F40}Qu'il va faire mourir de belles ! Auprs de lui les plus cruelles Ne pourront tenir dans leur peau.Ah ! qu'il est beau ! Le jouvenceau!Ah ! qu'il est beau ! ah ! qu'il est beau ! Ho, ho, ho, ho, ho, ho. Qu'il est joli, Gentil, poli!Qu'il est joli ! qu'il est joli ! Est-il des yeux qu'il ne ravisse ? Il passe en beaut feu Narcisse, Qui fut un blondin accompli. Qu'il est joli, Gentil, poli! Qu'il est joli ! qu'il est joli ! Hi, hi, hi, hi, hi, hi.LES SIX MAGICIENS ASSISTANTS ET DANSANTS sont : Les sieurs Chicaneau, Bonard, Noblet le cadet, Arnold, Moyeu, et Poignard.La troisime scne est entre LYCAS et PHILENE, riches pasteurs.PHILENEchante :Paissez, chres brebis, les herbettes naissantes; Ces prs et ces ruisseaux ont de quoi vous charmer; Mais si vous dsirez vivre toujours contentes,Petites innocentes,Gardez-vous bien d'aimer.(LYCAS, voulant faire des vers, nomme le nom d'IRIS, sa matresse, en prsence de PHILENE, son rival, dont PHILENE en colre chante.)PHILENEEst-ce toi que j'entends, tmraire, est-ce toi Qui nommes la beaut qui me tient sous sa loi ?LYCASrpond. Oui, c'est moi; oui, c'est moi.PHILENEOses-tu bien en aucune faonProfrer ce beau nom ?LYCASH ! pourquoi non ? h ! pourquoi non ?PHILENEIris charme mon me : Et qui pour elle aura Le moindre brin de flamme, Il s'en repentira.LYCASJ e me moque de cela. J e me moque de cela.PHILENEJ e t'tranglerai, mangerai, Si tu nommes jamais ma belle : Ce que je dis, je le ferai,J e t'tranglerai, mangerai, Il suffit que j'en aie jur : Quand les dieux prendraient ta querelle, J e t'tranglerai, mangerai, Si tu nommes jamais ma belle.LYCASBagatelle, bagatelle. La quatrime scne est entre LYCAS et IRIS, jeune bergre dont LYCAS est amoureux. La cinquime scne est entre LYCAS et un ptre, qui apporte un cartel LYCAS de la part de PHILENE, son rival.La sixime scne est entre LYCAS et CORIDON.La septime scne est entre LYCAS et PHILENE.PHILENE, venant pour se battre, chante.Arrte, malheureux, Tourne, tourne visage, Et voyons qui des deux Obtiendra l'avantage.(LYCAS parle, et PHILENE reprend.)C'est par trop discourir, Allons, il faut mourir.La huitime scne est de huit paysans, qui, venant pour sparer PHILENE et LYCAS, prennent querelle et dansent en se battant.LES HUIT PAYSANS sont : Les sieurs Dolivet, Paysan, Desonets, Du Pron, La Pierre, Mercier, Pesan et Le Roy.La neuvime scne est entre CORIDON, jeune berger, et les huit paysans, qui, par les persuasions de CORIDON, se rconcilient, et, aprs s'tre rconcilis, dansent.La dixime scne est entre PHILENE, LYCAS et CORIDON.La onzime scne est entre IRIS, bergre, et CORIDON, berger.La douzime scne est entre IRIS, bergre, Philne, LYCAS et CORIDON.PHILENEchante.N'attendez pas qu'ici je me vante moi-mme : Pour lechoix que vous balancez, Vous avez des yeux, je vous aime, C'est vous en dire assez.La treizime scne est entre PHILENE et LYCAS, qui, rebuts par la belle IRIS, chantent ensemble leur dsespoir.PHILENEHlas ! peut-on sentir de plus vive douleur ? Nous prfrer un servile pasteur ! O ciel!LYCASO sort!PHILENEQuelle rigueur !LYCASQuel coup !PHILENEQuoi ! tant de pleurs,LYCASTant de persvrance,PHILENETant de langueur,LYCASTant de souffrance, PHILENETant de vux,LYCASTant de soins,PHILENETant d'ardeur,LYCASTant d'amour,PHILENEAvec tant de mpris sont traits en ce jour ! Ah! cruelle!LYCASCur dur!PHILENETigresse!LYCASInexorable!PHILENEInhumaine !LYCASInflexible!PHILENEIngrate !LYCASImpitoyable !PHILENETu veux donc nous faire mourir ? Il te faut contenter.LYCASIl te faut obir.PHILENEMourons, Lycas.LYCASMourons, Philne.PHILENEAvec ce fer finissons notre peine,LYCASPousse!PHILENEFerme!LYCASCourage !PHILENEAllons, va le premier.LYCASNon, je veux marcher le dernier.PHILENEPuisqu'un mme malheur aujourd'hui nous assemble, Allons, partons ensemble.La quatorzime scne est d'un jeune berger enjou, qui, venant consoler PHILENE et LYCAS, chante.Ah! quelle folie De quitter la viePour une beautDont on est rebut! On peut pour un objet aimable, Dont le cur nous est favorable, Vouloir perdre la clart; Mais quitter la vie Pour une beaut Dont on est rebut, Ah ! quelle folie !La quinzime et dernire scne est d'une gyptienne, suivie d'une douzaine de gens, qui, ne cherchant que la joie, dansent avec elle aux chansons qu'elle chante agrablement. En voici les paroles.PREMIER AIRD'un pauvre cur Soulagez le martyre, D'un pauvre cur Soulagez la douleur. J 'ai beau vous dire Ma vive ardeur, J e vous vois rireDe ma langueur. Ah! cruelle, j'expire Sous tant de rigueur.D'un pauvre cur Soulagez le martyre,D'un pauvre cur Soulagez la douleur.SECOND AIR Croyez-moi, htons-nous, ma Sylvie,Usons bien des moments prcieux;Contentons ici notre envie, De nos ans le feu nous y convie; Nous ne saurions, vous et moi, faire mieux.Quand l'hiver a glac nos gurets, Le printemps vient reprendre sa place, Et ramne nos champs leurs attraits; Mais, hlas ! quand l'ge nous glace, Nos beaux jours ne reviennent jamais.Ne cherchons tous les jours qu' nous plaire, Soyons-y l'un et l'autre empresss;Du plaisir faisons notre affaire, Des chagrins songeons nous dfaire : Il vient un temps o l'on en prend assez.Quand l'hiver a glac nos gurets, Le printemps vient reprendre sa place, Et ramne nos champs leurs attraits; Mais, hlas! quand l'ge nous glace, Nos beaux jours ne reviennent jamais.L'GYPTIENNE QUI DANSE ET CHANTE est : Noblet l'an. LES DOUZE DANSANTS sont :Quatre jouant de la guitare : Monsieur de Lulli, Messieurs Beauchamp, Chicaneau et Vagnart.Quatre jouant des castagnettes : Les sieurs Favier, Bonard, Saint-Andr et Arnold.Quatre jouant des gnacares : Messieurs La Marre, Des-Airs second, Du Feu et Pesan.FIN