Module: Diagnostic de l’Exploitation Agricole et système d’élevage

Destiné aux étudiants de Master I en Production Animale.

Département des Sciences Agronomiques. FSNV. Univ Setif1

Semestre II de l’année universitaire 2019/2020

Enseigné par Dr. Mebarkia Amar

mebarkia.mokrane@gmail.com

Définition

Diagnostic : est une démarche d’investigation, qu’ensuite il doits’appuyer sur des valeurs de référence et, qu’en dernier lieu, undiagnostic peut être analytique ou global.

Un diagnostic est une démarche d’investigation visant à identifier, àapprécier les forces à exploiter et les faiblesses à corriger, et à enchercher les causes.

Pour pouvoir identifier et apprécier des forces et des faiblesses, ilest nécessaire de comparer les résultats obtenus avec des valeurs deréférence ou des normes.

Les solutions proposées pour résoudre un problème sont de typecuratif ou préventif.

Diagnostic de l’exploitation agricole et système d’élevage

Définition du concept : Système d’élevage :

• l’ensemble des techniques et des pratiques mises enœuvre par une communauté pour exploiter, dans unespace donné, des ressources végétales par desanimaux, dans des conditions compatibles avec sesobjectifs et avec les contraintes du milieu.

• Le système d'élevage mettent en œuvre des modesd'utilisation de l'espace, des relations entreproductions animales et productions végétales et desmodes de valorisation des productions.

Les éléments et les caractéristiques d’un diagnostic global

• Les objectifs d’un diagnostic d’exploitation sont les suivants :

– analyser le fonctionnement global de l’entreprise, sa viabilitépour comprendre la cohérence du système exploitation-famille,

– mettre en évidence les forces (points forts) et les faiblesses(points faibles) de l’exploitation,

– chercher les causes des forces et des faiblesses,

– identifier les marges de progrès,

– améliorer le fonctionnement de l’exploitation agricole,

– arriver à un projet d’amélioration.

Le diagnostic est une démarche qui croise 3 éléments : un objet,

un jugement d’expert et des critères de jugement

Un objet

Un jugement d’expert

Des critères de jugement

Diagnostic

La démarche de diagnostic

1. Le diagnostic s’exerce sur un objet.

Porte-t-il sur l’ensemble de l’exploitation ou une partie de celle-ci(un atelier, une activité particulière d’un atelier ; par exemplel’alimentation hivernale du troupeau laitier) ?

Le diagnostic est-il global ou partiel ?

Est-il technique, économique, financier, relatif à l’organisation dutravail, est-ce un diagnostic environnemental ?

Doit-il être succinct et rapide ou approfondi ?

Qui demande le diagnostic : l’agriculteur, le conseiller de gestion, lebanquier,……?

Où en est l’exploitation dans son histoire ? Est-ce une exploitationqui vient de se constituer? de développement ou, à l’inverse, dedéclin? L’exploitation est-elle en grande difficulté ?

2. Le diagnostic suppose un avis d‘expert.

Le diagnostic suppose une capacité d’expertise.

L’expert formule un avis argumenté sur la situation de l’exploitation àpartir des résultats obtenus par cette dernière dans le temps(évolution des résultats) et en les comparant à un référentiel.

L’expert doit être capable de juger de la cohérence des résultatsobtenus par rapport à la conduite globale de l’exploitation.

La qualité d’un diagnostic va dépendre du référentiel de l’expert(connaissance et expérience de terrain).

L’expert peut être le conseiller de gestion, le banquier, le fiscaliste, lejuriste, l’étudiant en stage.

3. Le diagnostic fait appel à des critères de jugement.

Dans la mesure où l’élaboration d’un diagnostic sollicite un avis ou un jugement d’expert, il ne peut y avoir jugement sans critères, sans indicateurs de jugement.

Le diagnostic est à la fois le résultat d’un travaild’expert

il doit être validé auprès de l’agriculteur qui a, luiaussi, un point de vue sur sa propre situation.

Le diagnostic est donc une démarche pédagogique etinteractive entre l’expert et l’agriculteur.

La qualité du diagnostic dépend non seulement duréférentiel de l’expert mais aussi de la qualité de ladémarche de diagnostic et de l’approche globale

• Le diagnostic est à la fois le résultat d’un travaild’expert mais il doit être validé auprès del’agriculteur qui a, lui aussi, un point de vue sur sapropre situation.

• Le diagnostic est donc une démarche pédagogiqueet interactive entre l’expert et l’agriculteur.

• La qualité du diagnostic dépend non seulement duréférentiel de l’expert mais aussi de la qualité de ladémarche de diagnostic et de l’approche globale.

Étape 1: Réaliser une approche globale de l’exploitation agricole

Le diagnostic global de l’exploitation agricole porte sur le fonctionnementglobal de celle-ci et s’appuie sur l’approche globale de l’exploitation agricole.

L’AGEA fournit un ensemble de connaissances et d’indicateurs sur lefonctionnement de l’exploitation, vu comme un système complexe.

Elle permet de décrire et de comprendre le fonctionnement de l’exploitation.

Le diagnostic global permet de détecter et d’analyser les points forts et lespoints faibles de ce fonctionnement et d’émettre un avis.

Pas de diagnostic global sans approche globale et la qualité du diagnosticdépend de la qualité de l’approche globale.

Donc réaliser une approche globale de l’exploitation agricole, c’est :

Elaborer un schéma de fonctionnement (ou schéma décisionnel) le plusexplicite et le plus précis possible

Modéliser le système de production ou le système opérant del’exploitation.

1. Élaborer un schéma décisionnel explicite

• Premier principe de l’AGEA: les agriculteurs ont de bonnes raisons de faire ce qu’ils font

• Les résultats obtenus découlent, pour une bonne part, des décisions prises par l’agriculteur.

Les éléments qui constituent la situation sont à analyser en distinguant lesfacteurs favorisants (atouts) et les facteurs défavorisants ou limitants(contraintes). Les atouts et contraintes correspondent au réel perçu par lesacteurs de l’exploitation (exploitants, membres de la famille), et on peut doncLes classer en 3 grands types :

– Les atouts et contraintes de l’environnement, qu’il soit naturel, économique,social, culturel, agricole,

– Les atouts et contraintes de l’histoire de l’exploitation et de la famille,

– Ceux qui concernent les facteurs de production (le foncier, les bâtiments, lesréférences de production, le matériel, le cheptel et, le plus important, le facteurhumain).

• Les atouts et contraintes sont interdépendants les uns des autres.

• Place de l’AGEA voir schéma sur Word

2. Modéliser le système de production

• Deuxième principe de l’AGEA: l’exploitation agricole est vuecomme un système qui est « un ensemble d’éléments en

interaction dynamique organisés en fonction d’un but »

• Les différents éléments qui constituent le système de

production dans le cas d’une exploitation en polyculture-élevage

se décomposent en 3 sous-systèmes que sont :

– le sous-système de culture,

– le sous-système d’élevage,

– le sous-système fourrager.

• Le système de production dépend des atouts et contraintes del’environnement et des facteurs de production

• Chacun de ces sous-systèmes peut être lui-même subdivisé enautant de « sous sous- systèmes ». Exemple: le sous-systèmed’élevage peut être formé de plusieurs ateliers : vacheslaitières - vaches allaitantes – taurillons – bœufs - veaux de lait- génisses d’engraissement - atelier hors-sol…

• La complexité du système de culture dépendra de l’assolement de l’exploitation.

Aboutir au diagnostic global

Une synthèse hiérarchisée des différents diagnostics:

• Les trois dimensions du diagnostic global: économique – sociale – environnementale

• Réaliser le diagnostic global d’une exploitation agricole: prendreen compte l’ensemble des diagnostics et en faire une synthèsehiérarchisée.

• classer les différents points forts et points faibles, ilconviendrait éventuellement de mettre en œuvre un projetd’amélioration.

RÉCAPITULONS

• Réaliser un diagnostic global sur une exploitationagricole nécessite:

• de prendre en compte le fonctionnement global del’exploitation grâce à la méthode de l’AGEA,

• de réfléchir, dans l’élaboration du diagnostic, auxmultiples interactions existant entre les différentsdiagnostics (ou diagnostics partiels).

• Un diagnostic global n’est pas une simple addition desdifférents diagnostics réalisés sur l’exploitation

• Mais il doit être une synthèse hiérarchisée de cesdifférents diagnostics.

La cohérence du système exploitation:

vous devrez être capable :

d’identifier les éléments principaux de la cohérenceéconomique et financière de l’exploitation;

d’évaluer la cohérence du système de production et desa conduite technico-économique ;

de porter un avis sur le bon équilibre social del’exploitation.

• Qu’est-ce que la cohérence ?

un système cohérent : «présente des parties en rapportlogique et harmonieux, dont toutes les parties setiennent et s’organisent logiquement « bonéquilibre d’un système »

GUIDE d’UN BON DIAGNOSTICil s’agira à :définir les concepts liés aux exploitationsagricoles ;

énumérer les éléments de structuration desexploitations agricoles ;

énumérer les différents domainesd’identification des problèmes dans la conduited’une exploitation agricole et les éléments àobserver ou à recueillir ;

disposer des méthodes de collecte et detraitement des données.

RESULTATS ATTENDUS A L’USAGE DU GUIDE

Les conseillers devront être capables de :

• collecter les données géographiques etdémographiques sur l’environnement desexploitations agricoles ;

• décrire et caractériser les exploitations agricolesrencontrées, les problèmes liés à leur conduiteainsi que les stratégies endogènes de résolutiondes problèmes ;

• ébaucher les besoins d’appuis aux plans technique,économique et organisationnel.

L’exploitation agricole, dans une approche systémique,constitue un ensemble de plusieurs sous-systèmes avec aucentre l’agriculteur et son personnel. Les sous-systèmes sontmultiples et les plus important:

• le système agraire (périmètre agricole et mode d’exploitation) ;

• le système de culture (spéculations végétales et forestières exploitées,interrelations et modes de production et d’exploitation) ;

• le système d’élevage (spéculations animales, interrelations et modes deproduction et d’exploitation) ;

• le système post-récolte (produits et modes de conservation) ;

• le système de commercialisation.

A chacun de ses sous-systèmes, s’ajoute les référentielstechniques mis en œuvre ainsi que les stratégies mises enplace pour optimiser les rendements

Encart n° 1 : Définition de système• un ensemble d’éléments reliés les uns aux autres

par des liens fonctionnels.

• En agriculture et dans un système d’élevage, onpeut retrouver, à titre d’exemple, les élémentscomme la terre, les espèces végétales disponibles(utiles ou non), différents types d’animaux (ovinset volaille par exemple), les ressources en eau et lamain-d’œuvre disponible.

• Chacun des éléments apporte quelque chose àl’autre du système : les espèces végétales quipeuvent nourrir les animaux et ceux-ci, lorsqu’ilssont nombreux peuvent apporter des matièresfécales à la terre, etc.

Système de production

Système post

récolteSystème de

culture

Systèmes Agraires

Systèmes d’élevages

Ressources

matérielles et

financières

Connaissances

et

compétences

techniques

Force de travail

Produits matériels :Matières versées en

autoconsommation

Revenu monétaire issu de

la cession ou de la vente

Patrimoine physique, etc.

Produits immatériels :Sécurité alimentaire

Allègement des travaux

Savoir-faire Amélioration statut

social, etc.

Système agraire• mode d’exploitation du milieu, adapté aux conditions

bioclimatiques d’un espace donné et répondant auxconditions et besoins sociaux du moment.

• C’est « l’association des productions et des techniquesmises en œuvre par une société rurale pour exploiter sonespace, gérer ses ressources et satisfaire ses besoins. ».

• c’est un système de force de production qui intègre lepaysage agraire (structure agraire et habitat) et lastructure foncière (propriétaires terriens, modes defaire-valoir, pratiques successorales) pour engendrer desproduits répondant aux désirs des ruraux.

• La structure agraire est constituée de la formedominante des champs, leur superficie moyenne, leurmode de groupement, les aménagements effectués

Système de production• La préparation et la combinaison de ces ressources font suite à

une prise de décision par les producteurs généralement baséesur le vécu et/ou des données chiffrées.

Système de culture• C’est l’ensemble des cultures sur une parcelle ou un ensemble

de parcelles traitées de façon homogènes pour un ou plusieursobjectifs donnés et qui mobilise les ressources naturelles, letravail et d’autres moyens de production.

Système post-récolte• l’ensemble de produits de récolte provenant d’une production

ou de toute autre forme d’acquisition et traité de façonhomogène en vue d’atteindre un objectif ou une combinaisond’objectifs précis.

Système d’élevage• Il regroupe l’ensemble composé des ressources disponibles ou

allouées, de l’animal et de l’homme en interaction dynamiquepour la satisfaction des objectifs fixés par l’homme.

DIVERSITE DES EXPLOITATIONS AGRICOLES

• Cette diversité vient du niveau de capitalisation, desactivités pratiquées, de l’accès à l’information et desrésultats techniques et économiques. La connaissancede ces critères permet de mieux cibler les actions enfaveur des exploitations et d’identifier les catégoriesd’agriculteurs susceptibles d’être intéressées par uneinnovation.

• il est proposé au conseiller agricole de se baser sur unminimum de critères pour catégoriser les exploitationsagricoles.

DEMARCHE GENERALE D’EXECUTION D’UN DIAGNOSTIC

• collecter et traiter les informations indispensables àl’identification des problèmes et des opportunités, àl’analyse de problèmes essentiels et à la proposition desolutions potentielles.

• Pour cela, le conseiller doit, sur la base desconnaissances déjà disponibles :

• identifier au cours du diagnostic des thèmesd’investigation. Il s’agit d’abord de thèmes ouvertspermettant d’identifier les problèmes ressentis et lessolutions disponibles, puis de thèmes de plus en plusfocalisés sur les besoins des agriculteurs ;

• analyser, au fur et à mesure, les informations collectéespour se construire une image synthétique des problèmes-clés et de leurs solutions potentielles.

• Le diagnostic devra s’attacher à décrire :

• les pratiques et les différents niveaux de décision àchacune des échelles géographiques (qu’est-ce quise fait ? Qui décide de quoi ?) ;

• les interactions entre ces échelles.

• Le premier travail de diagnostic, diagnostic initial,s’attachera aux échelles de la commune, du villageet de l’exploitation agricole dans leur ensemble.

• réaliser le diagnostic approfondi qui lui permettrad’aller au niveau des sous-unités du système deproduction.

• QUELQUES PRINCIPES CONCOURANT A UN BON DIAGNOSTIC1- Fiabilité du diagnostic:

la description : Elle doit être objective et rechercher lesrelations qui existent entre les différentes observations ou lesdifférents phénomènes rencontrés ;

l’interrogation: Les questionnements doivent être focalisés surl’origine des phénomènes et les facteurs ou mécanismes quiexpliquent ces phénomènes ;

le test : il conduit à la vérification des hypothèses qui ont étéfixées lors des interrogations. La vérification se fera par le biaisdes observations ou des enquêtes et les résultats sontprésentés aux paysans pour des ajustements à partir de leursréactions ;

la conclusion : elle constitue le résultat du diagnostic et permetde définir ou de circonscrire les actions à mener.

2- Concertation au moment du diagnostic

• Les observations et les analyses doivent être confrontées à celle des paysansqui font partie intégrante de ce système.

• Le bon diagnostic doit être partagé et doit se dérouler dans un véritabledialogue entre acteurs (celui ou ceux qui font le diagnostic et ceux pour qui lediagnostic est réalisé).

• La fiabilité et le degré de concertation mis en place au moment d’undiagnostic le rendent efficace.

• Le conseiller doit être capable de le mener avec dextérité tout en utilisant lesoutils adaptés.

3- Focalisation progressive des thèmes• C’est une démarche d’apprentissage exploratoire au début puis de plus en

plus focalisée sur des problèmes-clés identifiés.

• Il n’est pas question de se baser sur des a priori en ce qui concerne la naturedes problèmes que rencontrent les paysans, même si le conseiller travailledepuis plusieurs années dans la zone !

• Donc le conseiller devra commencer avec des méthodes d’investigation luipermettant d’identifier les problèmes ressentis et perçus.

4- Démarche itérative de collecte et d’analyse• C’est une démarche analysant immédiatement les informations collectées et

s’appuyant sur les nouvelles connaissances ainsi acquises pour décider desinformations à recueillir.

• pas de longs questionnaires ni de longs traitements informatiques ; lesenquêtes, les analyses et les notes se font simultanément.

• Elle favorise le réajustement immédiat des thèmes d’investigation et lavérification ou le complément d’informations si nécessaire. Chaque phase decollecte est construite sur les questions qui ont émergé de la phaseprécédente.

5- Triangulation• se baser sur les premières impressions recueillies, combiner les sources

d’informations et les points de vue avant de statuer sur la véracité d’uneinformation (trois sources pertinentes).

6- Ignorance Optimale

• C’est une démarche visant à limiter la collecte d’informations au strictnécessaire.

• Quelle que soit l’échelle géographique dans laquelle on se trouve dansl’établissement d’un diagnostic, la démarche et les principes restent lesmêmes.