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Synthèse des diagnostics agraires
Districts de Kinkala, Louingui, Boko, Loumo, Mindouli et Kindamba
Zoé Münch Juillet 2014
Ircod Alsace Conseil départemental du Pool BP 02 Kinkala Département du Pool République du Congo Téléphone (+224) 06 873 03 97 [email protected]
Siège social Ircod Alsace Espace Nord-Sud 17 rue de Boston F-67000 Strasbourg [email protected]
www.ircod.org
PROFAP Professionnalisation et structuration des filières agricoles pour le développement rural de six districts du Pool
Table des matières
Sigles et Acronymes ................................................................................................................2
Index des figures ....................................................................................................................3
Contexte et objectifs de la synthèse .......................................................................................4
Enjeux et défis du monde agricole ..........................................................................................5
Le Congo : un pays au potentiel agricole inexploité ............................................................5
Eléments de présentation : climat, géologie ...................................................................5
Un contexte de reconstruction du secteur agricole .......................................................11
Focus sur le département du Pool ....................................................................................13
Problématiques actuelles..................................................................................................15
Analyse des systèmes culturaux dans le Pool ........................................................................16
Les systèmes de culture ...................................................................................................17
Les systèmes d’élevage .....................................................................................................21
Comparaison économique des différents systèmes de production ...................................24
Aspects socio-économiques et humains ...............................................................................26
Aspects sociologiques des exploitants ..............................................................................26
Aspects économiques .......................................................................................................27
La société agricole et ses perspectives de développement ...................................................28
Le PROFAP : un appui de l’Ircod aux filières agricoles ........................................................28
Comment améliorer la production agricole et le revenu des exploitants ? ........................29
Conclusion ............................................................................................................................32
Annexes ................................................................................................................................34
2 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
Sigles et Acronymes
CNSEE : Centre National de la Statistique et des Etudes Economiques
DDA : Direction départementale de l’Agriculture
DDE : Direction départementale de l’Elevage
FCFA : Franc des Communautés Financières d'Afrique
FMI : Fonds Monétaire International
GVA : Groupe de vulgarisation agricole
Ircod : Institut régional de coopération développement
OFNACOM : Office National de Commerce
ONCPA : Office National de Commercialisation des Produits Agricoles
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PACD : Projet agropastoral de coopération décentralisée avec le département du Pool
PIB : Produit Intérieur Brut
PROFAP : Professionnalisation et structuration des filières agricole pour le développement
rural de six districts du Pool
RDC : République Démocratique du Congo
SP : Système de Production
UL : Union Locale
VAB : Valeur Ajoutée Brute
3 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
Index des figures
FIGURE 1 : CYCLE DE CULTURE …………………………………………………………………..……………………….. 6
FIGURE 2 : CARTE PEDOLOGIQUE DU DISTRICT DE KINDAMBA …………………….……………………………. 8
FIGURE 3 : PRESENTATION DES SOLS DU DEPARTEMENT ……………………………………………..…………… 9
FIGURE 4 : GRANDES ETAPES ET DEFIS DU MONDE AGRICOLE …………………………………………………. 13
FIGURE 5 : PRESENTATION DES DISTRICTS DU POOL ……………………………………………………….…….. 14
FIGURE 6 : PRESENTATION DES SYSTEMES DE CULTURE ET D'ELEVAGE …………………………….………… 16
FIGURE 7 : LOCALISATION DES SYSTEMES DE CULTURE ET D'ELEVAGE ……………………………..………… 17
FIGURE 8 : COMPARAISON ECONOMIQUE DES SYSTEMES DE PRODUCTION ………………………….…….. 25
FIGURE 9 : CARTE PEDOLOGIQUE DU CONGO …………………………………………………..…….….. ANNEXE 1
FIGURE 10 : TABLEAU COMPARATIF DES SYSTEMES DE PRODUCTION …………………….….……. ANNEXE 2
Toutes les figures sont issues des diagnostics suivants :
- Doniphan Hiron : diagnostic du district de Kindamba commandité par le CDP, Triangle
Génération Humanitaire et l’Ircod.
- Damien Joubert : diagnostic des districts de Louingui, Boko, Loumo (Grand-Boko),
commandité par le CDP, Initiative Développement et l’Ircod.
4 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
Contexte et objectifs de la synthèse
Dans le cadre de la professionnalisation de la structuration des filières agricoles pour le
développement rural de 6 districts du Pool (PROFAP), le Conseil départemental du Pool
(CDP) et l’Institut régional de coopération développement (Ircod Alsace) ont réalisé, en
partenariat avec les ONG Initiative Développement et Triangle Génération Humanitaire, des
diagnostics agraires dans les districts de Kinkala, Louingui, Boko, Loumo, Mindouli et
Kindamba.
Cette démarche de diagnostic approfondi vise, avant d’entreprendre toute action de
développement agricole, à connaître la situation agraire de référence. Le diagnostic permet
de comprendre le milieu agro-écologique, de connaître l’histoire agricole de la zone, la
diversité des exploitants via l’élaboration d’une typologie, de définir et décrire les systèmes
de culture et d’élevage pour caractériser les systèmes de production et de comparer les
performances techniques et économiques des agriculteurs.
L’agriculture est, en effet, une activité complexe, dont les enjeux touchent aussi bien à
l’économie, à l’environnement qu’aux capacités humaines et techniques, tout en ayant des
impacts sur le développement socio-économique du territoire. Ainsi, il est apparu essentiel
aux partenaires de comprendre ces enjeux, afin de pouvoir orienter l’élaboration d’une
véritable stratégie agricole au niveau du département du Pool.
La présente analyse vise à fournir aux décideurs du département et à l’ensemble des
partenaires impliqués dans le développement rural, des éléments synthétiques de
compréhension du contexte agraire et des besoins du territoire et des acteurs, mais
également du potentiel existant sur lequel bâtir. Ces éléments permettront d’alimenter
l’élaboration concertée de la stratégie agricole départementale.
Cette synthèse est élaborée à partir des travaux réalisés par :1
- Damien Joubert – diagnostic des districts de Louingui, Boko, Loumo (Grand-Boko),
commandité par le CDP, Initiative Développement et l’Ircod
- Trésor Mabiala – diagnostic du district de Kinkala commandité par le CDP et l’Ircod
- Crédo Ngouissani – diagnostic du district de Mindouli commandité par le CDP et l’Ircod
- Doniphan Hiron – diagnostic du district de Kindamba commandité par le CDP, Triangle
Génération Humanitaire et l’Ircod
1 La présente synthèse a été réalisée dans le cadre d’un stage au siège de l’Ircod, sous la coordination de la chargée de
mission Congo, Anne-France Wittmann et avec l’appui du chef de projet PROFAP, Pierre Damien Bascou.
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Enjeux et défis du monde agricole
Le Congo : un pays au potentiel agricole inexploité
Eléments de présentation : climat, géologie
Un climat Soudano-Guinéen : Le Congo se caractérise globalement par un climat Soudano-Guinéen avec deux grandes
saisons marquées : une saison des pluies d’octobre à avril et une saison sèche de juin à
septembre. Le ralentissement des pluies en janvier-février est appelé petite saison sèche.
Celle-ci est plus marquée dans les districts de Boko et Loumo que dans le district de Kinkala.
Dans le département du Pool, la pluviométrie annuelle peut divergée en fonction des zones
concernées. Ainsi, elle est de 1300 mm pour le Grand Boko en saison des pluies et en saison
sèche. Contrairement aux districts de Kinkala, Mindouli et Kindamba où elle est comprise
entre 1400 et 1800 mm.
La température moyenne est de 25°C, avec des mois plus froids (18°C) : juin, juillet et août.
Les systèmes de cultures sont majoritairement pluviaux à l’exception du maraîchage irrigué.
Les cycles de cultures sont déterminés par :
- les saisons sèches de juillet-août-septembre et janvier-février qui permettent l’ouverture
des parcelles agricoles (défriche, brûlis, travail du sol), la récolte et le séchage du maïs et
du foufou
- et par les périodes pluvieuses pour le semis, bouturage.
6 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
FIGURE 2 : CYCLE DE CULTURE
7 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
Un plateau de savane et de forêts galeries : L’analyse géologique passe par l’étude des roches mères et des formations de couvertures
de la région.
Le soubassement est granitique. Il affleure dans la partie Nord-Ouest du district de
Kindamba. Il est recouvert par des grès dans la partie Est du district de Kindamba et par des
schisto-calcaires dans la partie Sud et Sud-Ouest du district et dans le district de Mindouli.
Le Grand Boko et le district de Kinkala sont constitués de trois roches gréseuses d’âge et de
composition différents.
Ces couches géologiques atteignent plusieurs centaines de mètres, elles ont été fortement
érodées formant ainsi des sols pouvant atteindre plusieurs dizaines de mètres d’épaisseur.
La roche mère n’est visible qu’au niveau des cours d’eau très encaissés.
Ces différents types de roches sont altérés par le climat (altération ferralitique) et donneront
des sols de natures variées. (Cf. Figure 9 : Carte pédologique du Congo située en annexe 1 et
Figure 2 : Carte pédologique du district de Kindamba ci-dessous)
- Sur les grès de la série de l’Inkissi dans le Grand Boko, Mindouli-Est et Kinkala, le sol est
sablo-argileux
- Sur les grès des plateaux Batéké (grès polymorphes) dans le Grand Boko, Kindamba Est
et Kinkala, le sol est nettement plus sableux (Massésé)
- Sur les grès de la série de Mpioka dans le Grand Boko, Kinkala et Mindouli-Est, le sol est
nettement plus argileux rendant le sol plus difficile à travailler
- Sur les schisto-calcaires dans le Sud du district de Kindamba, le Nord-Est de Kinkala et
Mindouli, le sol est argileux
- Sur les granits dans le Nord-Ouest du district de Kindamba, le sol est argileux
8 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
FIGURE 2 : CARTE PEDOLOGIQUE DU DISTRICT DE KINDAMBA
En termes de potentiel agricole, globalement, les sols de la zone sont peu fertiles et fragiles
étant de nature sableuse. Leur faible teneur en éléments nutritifs est soumise au lessivage
par les pluies. Nous pouvons craindre une tendance à l’acidification en cas de dénudement
répété des sols avec une diminution progressive de la fertilité, plus particulièrement sur les
parties sableuses, drainant davantage et possédant un faible pouvoir fixateur. Quant aux sols
argileux, ils possèdent un pouvoir fixateur plus important, sont mieux structurés, et
présentent ainsi une fertilité supérieure. Lors de la mise en culture, la reconstitution du
couvert végétal et/ou son enrichissement par de la matière organique est nécessaire pour
assurer la régénération de la fertilité et leur exploitation sur du moyen/long terme.
9 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
Les sols à l’échelle du paysage : Le relief de la région est accidenté, composé de collines dont les sommets varient entre 500
et 680 mètres.
- Sur les pentes de savane, les sols sont très érodés et la fertilité physique est quasi nulle.
L’horizon organique (le profil fertile du sol) disparaît complètement dès que la pente
dépasse 20%, rendant ces zones quasiment inexploitées.
- Les meilleurs sols se trouvent en bas des pentes ; mieux structurés et aérés, ils
présentent une meilleure composition chimique (colluvions). Ces zones sont mises en
valeur par de l’agriculture en abattis-brûlis et concernent essentiellement les cultures de
manioc, de maïs, d’ananas, de courges et de légumes feuilles.
- Encore plus bas, au niveau des bas-fonds, se trouvent les sols les plus fertiles. En effet, de
par leur richesse en minéraux, en matières organiques et en eau, ils rendent le
maraîchage possible toute l’année.
- Au plus près des rivières se rencontrent les sols hydromorphes (saturés en eau). Ces
zones inondables ne sont pas mises en valeur en saison des pluies. En revanche du
maraîchage y est pratiqué en saison sèche.
Enfin, dans les plaines de colluvionnement (vallée de la Louenga, Loumemezi), les sols
issus de colluvions enlevés aux collines environnantes sont constitués d’argiles et de
limons fins à 60% et d’une teneur importante en sables fins (25 à 40%). Ils sont
généreusement pourvus en matières organiques, dessinant les contours de savanes
riches en espèces fourragères propices à l’élevage de ruminants.
FIGURE 3 : PRESENTATION DES SOLS DU DEPARTEMENT
Forêts inexploitées
Cultures vivrières
Maraîchage toute l’année
Prairies pour élevage de ruminants
10 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
La végétation naturelle et la mise en valeur agricole : En fonction des sols et du relief, différentes formations végétales sont présentes.
Des forêts denses sont présentes sur les sols argileux issus de roches granitiques et
métamorphiques (Nord-Ouest du district de Kindamba) ou sur les affleurements schisto-
gréseux.
Des forêts sur sols argilo-sableux (Kibouma) et sur sols sableux (Masséssé) sont présentes
dans le centre du grand Boko et Kinkala. Grâce à une bonne teneur en matière organique (4
à 7%), du fait de la présence forestière, ces zones peuvent être cultivées pendant 2 à 3 ans.
Ce mode de production ne permet pas une mise en culture durable des sols qui s’épuisent
au-delà de 3 ans, après quoi les agriculteurs doivent changer de parcelles. Néanmoins, ces
agriculteurs préfèrent les sols de forêts argilo-sableux plutôt que sableux car la production
est meilleure et les forêts moins denses, ce qui rend le défrichage plus facile.
Les forêts galeries sont présentes autours de tous les cours d’eau sur une bande plus ou
moins large. La teneur en matière organique est importante. Ce sont des zones fertiles et
mises en culture (Cf. Figure 3 : Maraîchage en saison sèche).
Il existe deux types de savanes selon les sols argilo-sableux (Kibouma) ou les sols sableux
(Masséssé) provenant des grès Batékés.
- Les savanes sur sol argilo-sableux sont densément arbustives, avec un tapis herbacé
dense. Nous les trouvons dans les districts du Grand Boko, de Kindamba-Ouest, et
Mindouli-Sud-Est.
- Les savanes sur sols sableux (Masséssé) sont peu arbustives avec un tapis herbacé bas et
clairsemé. Nous les trouvons dans les districts de Kinkala, Mindouli-Est, centre du Grand
Boko, Kindamba-Est.
Sur sols argileux (vallée de la Louenga et du Niari) et argilo-limoneux issus des schisto-
calcaire (Mindouli à Tonato), nous observons des savanes arbustives à strate herbacée
dense, dépassant deux mètres de hauteur. Des espèces ayant de bonnes valeurs fourragères
sont présentes : Hyparrhenia (espèces d'herbes de la famille des Poaceae), Panicum
maximum (panic maximal).
Sur les zones squelettiques et gravillonnaires, se trouvent également des savanes.
11 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
Un contexte de reconstruction du secteur agricole
La structuration du monde agricole congolais est relativement récente. En effet, c’est une
économie avant tout rurale et rudimentaire basée sur des systèmes de chasse, de pêche et
de cueillette qui subsiste jusqu’au milieu du XXème siècle, avant de disparaitre à l’arrivée des
colons.
Les années 1940 marquent un premier tournant dans l’agriculture congolaise avec
l’introduction d’une politique agricole plus extensive par les colons français. Cette
démarche se concrétise par l’introduction de nouvelles variétés « exotiques » (telles que la
courgette, le poivron, le riz et les arbres fruitiers), ainsi que par la constitution d’un cheptel
bovin grâce à l’importation de ruminants venus d’Europe. Les districts de Loumo et Mindouli
(centre de Mpassa) ont accueilli ces premiers élevages, et c’est cet héritage historique qui
explique aujourd’hui, la recrudescence des cheptels dans ces deux districts. S’il y a eu une
véritable intensification de la production agricole au courant de ces années, les
agriculteurs/éleveurs ont attendu longtemps avant de vivre de leurs productions. A la fin des
années 1950, la culture de l’huile de palmier permet enfin aux exploitants d’accumuler de la
trésorerie en exportant leurs productions vers l’étranger, leur offrant de réels bénéfices
pour faire de nouveaux investissements.
L’indépendance en 1960 marque un nouveau tournant dans l’histoire de la structuration du
monde paysan, en ce sens elle permet à l’Etat de reprendre la main sur sa politique agricole :
c’est dans ce contexte que furent mises en place des structures publiques de
commercialisation (OFNACOM : Office National de Commerce), de collecte des produits
A RETENIR
Bas-fonds et forêts galeries : situés en bas de pente, ce sont les sols les plus
fertiles qui bénéficient des sédiments transportés par l’eau de pluie depuis les
savanes en amont. Ils sont riches en éléments organiques offrant de très bons
rendements pour les cultures.
Les savanes : situées plus en amont, les pluies successives lessivent ces sols qui
deviennent très peu fertiles et offrent de maigres résultats en culture.
Les forêts en pente : avec les eaux d’infiltration qui s’écoulent depuis les savanes,
ces forêts retiennent une partie des éléments organiques et la chute de
fruits/feuilles de ses arbres permet un apport en matière organique très bénéfique
pour les cultures. Cependant, son relief accidenté ne permet pas l’utilisation de
machines et rend difficile tout type de culture.
12 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
primaires (ONCPA : Office National de Commercialisation des
Produits Agricoles) ainsi que des politiques de stabilisation des
prix (qui ne furent plus indexés sur les cours internationaux).
Tous les outils institutionnels sont mobilisés pour augmenter
la production agricole. Le désenclavement des zones rurales
est encouragé (entretien des pistes Brazzaville – Kinkala –
Boko et Kinkala – Mindouli – Kindamba) rendant possible la
commercialisation de produits périssables (fruits et légumes).
L’augmentation du cheptel bovin est aussi intensifiée.
Néanmoins, de nombreuses difficultés apparaissent : lourdeur
bureaucratique, circuits commerciaux incontrôlables provoquant la hausse des déficits et la
dégradation des services. Même si des programmes nationaux encouragent les exploitants à
se regrouper pour améliorer la structuration du monde agricole, les résultats ne sont pas à la
mesure des actions investies puisque les exploitants n’arrivent plus à dégager des revenus
réguliers et suffisants pour assurer leurs subsistances. C’est dans ce contexte d’incertitude et
d’instabilité que la ferme de Voka développe un système de métayage bovin à l’instar de la
ferme d’Etat de Mankoussou.
Les infrastructures publiques (entreprises d’Etat, offices nationaux) sont supprimées au
début des années 1980 et mettent un point final à l’interventionnisme étatique dans le
secteur agricole. Sous l’impulsion du FMI (Fonds Monétaire International) et de la Banque
Mondiale, des politiques de restructuration et de maîtrise des dépenses sont entamées,
auxquelles suivent des périodes de forte instabilité. En dépit de ces mesures, la
modernisation de l’agriculture et la diffusion de techniques nouvelles restent toujours au
cœur des acteurs du monde agricole (comme l’illustre la création des fermes de
démonstration ou encore le projet fruitier de Boko mis en place par la coopération
française). Les événements des années 1990 réduisent à néant les efforts accomplis depuis
de nombreuses années, décimant les cheptels et détruisant les cultures et voies de
communication.
Le contexte politique actuel permet le retour progressif des populations vers le Pool, grâce
à la mise en œuvre de politiques de décentralisation et de municipalisation. La demande est
forte au niveau national ce qui permet le développement de cultures plus rentables
(production maraîchère et grenadille dans le grand Boko et Kinkala, diffusion de boutures
saines de manioc et production de riz à Kindamba) et la relance de l’élevage avicole, porcin,
bovin, et de petits ruminants.
13 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
FIGURE 4 : GRANDES ETAPES ET DEFIS DU MONDE AGRICOLE
Focus sur le département du Pool
Le département du Pool se situe en périphérie de la capitale. Autrefois appelé « le grenier de
Brazzaville », le département peine actuellement à reconstituer son tissu socio-économique,
suite aux événements des années 1990, qui l’ont particulièrement marqué.
Composé de 13 districts (Cf. Figure 5), il se compose de 4 bassins agro-environnementaux :
- Le bassin Nord (en bleu) qui, grâce à ses vastes plaines, rassemble la majorité des
exploitations mécanisées
- Le bassin Nord-Ouest (en rouge) est caractérisé par des cultures maraîchères, de manioc,
et des élevages piscicoles et bovins
- Le bassin Centre (en jaune) dans lequel se trouvent des exploitations de polyculture et
d’élevage ainsi que de la pisciculture
- Le bassin Sud (en vert) qui, en plus de l’élevage de bovins, de la culture maraîchère et de
manioc, cultive des vergers d’arbres fruitiers.
Période coloniale
•exploitation de la main-d'oeuvre
•désorganisation du tissu social productif
L'indépendance
•économie de rente qui favorise une crise de la
dette
•commercialisation difficile de l'agriculture
familale
L'Etat marxiste-léniniste
•bureaucratisation écrasante
•concurrence déloyale des importations sur l'agriculture locale
La Guerre civile 1997-99
•anéantissement du cheptel et des voies de
communication
•fuite des populations locales
14 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
FIGURE 5 : PRESENTATION DES DISTRICTS DU POOL
15 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
Problématiques actuelles
- Souveraineté/sécurité alimentaire : Le Congo ne peut pas répondre à la demande en
produits alimentaires de sa population parce que seulement 1.5% des terres arables sont
cultivées2. La participation du secteur agricole dans le PIB (Produit Intérieur Brut) est
inférieure à 6%. De fait, les importations augmentent fortement, passant de 2 965,9
milliards de FCFA en 2008 (environ 4,6 milliards d’euros) à 5 044,4 milliards de FCFA en
20113 (environ 7,7 milliards d’euros), ce qui accroît davantage la dépendance du pays
aux cours des marchés internationaux (bourse de Chicago pour les céréales notamment).
La sécurité alimentaire est un objectif à atteindre pour lutter contre la volatilité des prix
dont sont victimes les familles les plus vulnérables et, à plus large échelle, contre le
phénomène d’appauvrissement.
- Santé : Il s’agit d’un secteur fortement lié aux problématiques agricoles, puisque la santé
dépend de la quantité et de la qualité des fruits et légumes, et de la viande consommée.
Cependant, nous constatons aujourd’hui que 39% des adultes n’arrivent pas à couvrir
leurs besoins alimentaires journaliers et à atteindre les 2400kcal par jour recommandés.
16% des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition chronique4. Ces déficits
nutritionnels ont des conséquences graves sur les populations les plus fragiles (femmes,
enfants, personnes âgées), parmi lesquelles nous comptons l’insuffisance pondérale
croissante chez les enfants, les carences en fer et en vitamines des femmes enceintes
entrainant des déficiences mentales sévères chez leurs nourrissons.
- Aspects socio-économiques : La population congolaise est une population jeune (plus de
40% des congolais ont moins de 15 ans5), attirée par la vie dans les grandes villes offrant
plus de services (transports, électricité, salaires plus élevés, etc.). Cet exode rural a pour
principale conséquence une urbanisation trop rapide de la ville, (source de pollution,
d’aménagements urbains non règlementés, de trafic routiers désorganisés, etc.) laissant
les campagnes désertes. Ces jeunes qui s’installent en ville sont une perte considérable
de main-d’œuvre pour l’agriculture, main-d’œuvre qui se fait plus rare, donc plus chère.
Le développement du monde agricole doit alors prendre en compte ces aspects socio-
économiques afin de renforcer des mesures d’incitations à l’installation des jeunes en
milieux ruraux pour redynamiser les campagnes et assurer le renouvellement des
générations d’agriculteurs-éleveurs.
2 Banque de France, Rapport annuel de la zone Franc, 2011. 3 Banque de France, Rapport annuel de la zone Franc, 2011.
4 Cadre de programmation pays-FAO, 2013-2016, Congo-Brazzaville, p 9-11.
5 Enquête démographique et de santé du Congo (EDSC-II), Centre National de la Statistique et des Etudes Economiques (CNSEE), Brazzaville, 2011-2012.
16 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
Analyse des systèmes culturaux dans le Pool
Lors de l’élaboration des diagnostics agraires, plusieurs typologies de systèmes d’élevage et de culture ont été rencontrées et peuvent être schématisées comme suit :
FIGURE 6 : PRESENTATION DES SYSTEMES DE CULTURE ET D'ELEVAGE
Dans les districts du Sud du Pool, ces systèmes d’exploitation se localisent sur des espaces
très spécifiques, en fonction du relief et de la nature des sols. Le schéma suivant illustre la
répartition de ces exploitations sur le paysage des trois districts de Boko, Louingui et Loumo.
Systèmes de culture et d'élevage
Systèmes agricoles
Manioc et cultures
associées
Maïs, arachide, soja
Maraîchage en pleine saison
ou demi-saison
Tomates, ciboules, choux,
aubergines, poivrons, piments
Arboriculture Banane,
mangue, colas, safoutiers
Systèmes d'élevage
Bovins
Porcins
Ovins
Caprins
Aviculture
Pisciculture
17 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
FIGURE 7 : LOCALISATION DES SYSTEMES DE CULTURE ET D'ELEVAGE
Les systèmes de culture 6
Les systèmes de culture tels que décrits ci-dessous ont été observés dans les zones d’études
des districts de Kindamba, Loumo et Boko. L’ordre dans lequel ils sont détaillés n’est pas
anodin. En effet, les systèmes de manioc, en premier dans la liste suivante, constituent une
activité de base pour ces paysans qui, à mesure qu’ils gagnent en technicité et trésorerie, se
dirigent vers des systèmes plus complets, alliant la culture du manioc à d’autres cultures
maraîchères et/ou fruitières.
S’il s’agit d’un système de culture ou d’élevage, nous considèrerons respectivement l’unité
de mesure de VAB/ha7 et de VAB/animal reproducteur.
Ces revenus ne sont cités qu’à titre indicatif et changent en fonction de différents facteurs :
- Les lieux de culture : les bas-fonds et les forêts en bas de pentes sont beaucoup plus
fertiles que les savanes.
- La proximité de la main-d’œuvre bon marché : plus on s’éloigne de la frontière avec la
République Démocratique du Congo (RDC), plus la main-d’œuvre est chère.
- La proximité avec les lieux de commercialisation : vendre sa production au marché local
coûtera ainsi moins cher qu’à Brazzaville.
- Le degré d’utilisation d’intrants (fumier, engrais chimiques etc.).
6 Systèmes de culture tels que décrit dans le rapport « Etude sur l’appui à la production de matières premières pour l’alimentation animale dans un contexte vivrier » de Damien JOUBERT, 2013.
7 Valeur Ajoutée Brute/ha : (Produit brut/ha)- (Consommations intermédiaires/ha)
18 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
Manioc*Arachide / jachère 4 ans :
Localisation : en savane, sur terres argileuses ou bas-fonds plats.
Les semis de l’arachide et le bouturage du manioc se font en même temps. C’est une activité
essentiellement féminine.
Technique employée : sur 6ha. Soit désherbage-brûlis-labour en présence de Patorium, soit
labour profond et désherbage des adventices à la main si Imperata cylindrica (Japanese
Blood Grass : herbe de sang japonaise).
Avantages : Besoin de main-d’œuvre extérieure pour des opérations de défrichage,
désherbage, confection de buttes.
Facteur limitant : il faut beaucoup de main-d’œuvre pour l’ouverture du champ en savane.
Inconvénients : L’arachide, cible des ravageurs (singes et rats), est en disparition du fait des
difficultés d’évacuation (rareté du passage du camion), des changements climatiques
(manque de pluies ou mauvaise application du calendrier agricole) et de l’insuffisance de la
semence.
Revenus : Revenu agricole / actif : 35 200 FCFA (environ 53,50€)
Manioc*Soja :
Ce système suit le même itinéraire technique que le système « Manioc*Arachide ».
Avantages : Le soja représente une bonne source d’apports protéiniques.
Inconvénients : Le travail du soja demande beaucoup de main-d’œuvre et de transformation
(doit être torréfié). Le soja est confronté aux mêmes problèmes que l’arachide.
Revenus : VAB/ha : 6 724 200 FCFA (environ 10 250€) pour culture en forêt, 292 300 FCFA
(environ 445€) pour culture en savane
Manioc*Courges*Maïs*Légumes :
Localisation : au Sud du district de Loumo, en savane sur des sols argileux.
Technique employée : Association de la culture du manioc à d’autres variétés (tomates,
légumes feuilles, courge, maïs). Le manioc nécessite différentes opérations manuelles :
défrichage, abattis, brûlis, buttage, prélèvements de boutures, bouturage et semis d’espèces
associées, récolte de ces espèces, sarclage et récolte du manioc. C’est une activité surtout
féminine.
Avantages : On associe le manioc à des espèces de cycles courts à croissance rapide. En plus,
chaque espèce correspond une période donnée revenu toute l’année. La récolte du
manioc est cyclique revenus hebdomadaires. Les semences de courges sont
autoproduites.
Inconvénients : Forte demande en main-d’œuvre extérieure, Capacité d’emploi de main-
d’œuvre est le facteur limitant.
Revenus : VAB/ha : 53 014 FCFA (environ 80,70€). Revenu agricole compris entre 432 929 et
588 000 FCFA (environ 660 et 894€) selon la quantité de produits de manioc et de produits
maraîchers commercialisés.
19 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
Courges*Manioc :
Localisation : au Sud du district de Loumo, en savane sur sols argileux, mais il faut faire
attention à proscrire les champs avec de l’Imperata cylindrica. Les courges sont vendues ou
consommées localement sous forme de bibété ; les graines séchées sont vendues à
Brazzaville. C’est une activité essentiellement féminine.
Technique employée : écobuage, c’est-à-dire combustion lente sous terre pour une
meilleure incorporation des minéraux et une amélioration du pH. La récolte des courges
s’effectue en juillet-août.
Avantages : Les semences de courges sont autoproduites. Bons rendements en manioc
grâce à la technique d’écobuage.
Inconvénients : Système très exigeant en main-d’œuvre
Revenus : valeur non calculée
Maraîchage traditionnel / jachère 4 ans :
Localisation : bas-fonds, dans des espaces en colluvions et humides. Maraîchage de la
tomate, aubergine, gombo, piment.
Technique employée : abattis brûlis sur champ
Avantages : Très peu de produits phytosanitaires sont nécessaires. Les semences sont
autoproduites. Très peu de préparation de terrain.
Inconvénients : Des compétences techniques sont nécessaires pour la réalisation des canaux
d’évacuation. Il faut changer de champ chaque année à cause de l’enherbement.
Revenus : valeur non calculée
Maraîchage sur planche en saison sèche :
Localisation : bas-fonds
Technique employée : désherbage, restructuration des planches, repiquage des plants. La
récolte a lieu de septembre à novembre pendant la période des plus bas prix.
Avantages : Utilisation du même terrain chaque année. Utilisation d’une pépinière améliore
les rendements.
Inconvénients : Nécessité d’une trésorerie pour faire l’abattage de départ. Difficulté de se
procurer du fumier.
Revenus : VAB/ha : 4 873 000 FCFA (environ 7 408€)
Maraîchage sur planches en saison des pluies :
Objectif : profiter de la période de hauts prix de la saison des pluies pour vendre
Technique employée : labour peu profond
Avantages : Vente de la production à des prix plus attractifs qui compensent des
rendements faibles. Pas besoin d’arroser les cultures (tâche qui prend le plus de temps).
Inconvénients : Nécessité de compétences techniques et d’une pépinière. Besoin d’intrants
chimiques et organiques à cause de la pluie et de la chaleur. Faible disponibilité du fumier.
20 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
Banane :
Localisation : près de la frontière de la RDC, district de Loumo, en bas-fonds.
Technique employée : sarclage et renouvellement des drageons.
Avantages : Demande peu de travail par hectare, la production est croissante les deux
premières années.
Inconvénients : La culture est rapidement abandonnée au-delà de 4 ans. Système de culture
risqué car les bananeraies sont très sensibles aux maladies. Système peu répandu.
Revenus : VAB/ha : 4 814 428 FCFA pour culture pure (environ 7 318€), 2 001 936 FCFA pour
culture associée (piment et tabac) (environ 3 043€)
Grenadille / jachère 7 ans :
Localisation : bas-fonds sur terrains hydromorphes.
Technique employée : C’est une culture récente, qui nécessite des tuteurs
abattis-brulis pour préparer le terrain. La production est vendue à Brazzaville
Avantages : Production échelonnée dans le temps. Moindre travail par rapport au manioc.
Inconvénients : Besoin de beaucoup d’eau et de matière organique. Durée de vie limitée des
plants (entre 3 et 6 ans) qui sont la cible de ravageurs. Facteurs limitants : coût des fils pour
les tuteurs et coût de la main-d’œuvre.
Revenus : VAB/ha : 1 211 025 FCFA (environ 1 841€) et 2 881 250 FCFA (environ 4 380€) si
utilisation de la débroussailleuse
Gingembre / jachère 4 ans :
Localisation : près de la frontière avec la RDC, en forêt.
Technique employée : abattis brûlis de juin à septembre, puis labour profond en septembre.
Nécessité de creuser des sillons dans le sens de la pente pour drainer l’eau. Le bouturage se
fait en octobre avec beaucoup de sarclage.
Avantages : Comme c’est un cycle long, la production peut être vendue lorsque les prix sont
les plus élevés.
Inconvénients : cycle long (2ans)
Revenus : VAB/ha : 693 809 FCFA (environ 1 055€)
Arboriculture :
Localisation : sur les pentes de savanes
Technique employée : vergers organisés en étage fruits à jus dans les bas-fonds,
avocatiers au 1er étage, safoutiers au 2nd, litchis et manguiers au 3ème. Les pare-feux sont
faits avant septembre.
Avantages : Opérations techniques sont rares à l’exception du sarclage
Inconvénients : nécessité de recourir à une main-d’œuvre extérieure importante, manguiers
sont très sensibles aux maladies.
Revenus : VAB/ha : 2 005 000 FCFA (environ 3 048€)
21 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
Les systèmes d’élevage
Porcs naisseurs-engraisseurs à base d’aliment complet extérieur à l’exploitation :
Exploitants : Ce sont souvent de grands maraîchers propriétaires
Objectif : produire du fumier
Infrastructures : des bâtiments en dur avec un sol bétonné pour mieux récupérer le fumier,
à proximité du foyer.
Exploitation : 2 truies et 1 mâle. Sur une portée, 70% des porcelets sont vendus en porcs
charcutiers. Porcs sont vendus et abattus à Brazzaville. L’aliment est formulé par l’éleveur.
Avantages : Sécurisation du fumier pour la production maraîchère. Sécurisation de l’aliment
du bétail qui est composé de déchets maraîchers.
Inconvénients : Besoin de trésorerie pour la construction des bâtiments.
Revenus : VAB/animal : 37 916 FCFA (environ 58€)
Porcs engraisseurs à base d’aliment complet de race améliorée :
Exploitants : Grands maraîchers
Objectif : L’engraissement de porcs de race Large White (les porcs prennent ainsi plus de
82kg en 6.5 mois).
Infrastructures : espaces de confinement dans des bâtiments en dur. L’aliment de bétail est
acheté à Voka.
Avantages : Demande très peu de temps de travail (uniquement la distribution quotidienne
d’aliment et le nettoyage régulier)
Inconvénients : Facteur limitant : l’aliment de bétail est très difficile à avoir
Revenus : VAB/animal : 39 625 FCFA (environ 60€)
Porcs élevés traditionnellement en parc :
Objectif : limiter la dépendance aux intrants extérieurs.
Avantages : Les porcs sont métissés entre la race locale et la race améliorée pour valoriser
une alimentation à base de tubercules de manioc. La plupart des porcelets sont vendus pour
ne pas avoir trop d’animaux à nourrir. Les mâles sont renouvelés tous les 4 ans pour éviter
toute consanguinité. Tous sont vendus sur pieds localement.
Inconvénients : Le fumier n’est pas valorisé
Poules pondeuses :
Exploitants : principalement de gros ou petits maraîchers
Infrastructures : le confinement se fait dans des bâtiments en durs
Exploitation : 30-175 sujets de race améliorée Isa Brown selon la taille de l’exploitation. Les
poulets entrent en production à 5 mois jusqu’à 15 mois. Les œufs sont vendus à Brazzaville
ou localement.
Avantages : valorisation du fumier
22 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
Inconvénients : Besoin de trésorerie important. Prix élevé de l’aliment de bétail
Revenus : VAB/animal : 4 385 FCFA (environ 7€)
Poulets de chair Sussex :
Exploitation : 3 mâles et 7 femelles de race améliorée (race Sussex mise en place par
l’Ircod) sont gardés en production pendant 18 mois. Les œufs Sussex sont couvés par la race
locale, 8% sont gardés pour éclore.
Trois types de produits vendus : les jeunes poulets (< 3 mois), les œufs fécondés de race
pure et les œufs de table.
Avantages : Bonne valorisation des poulets à la réforme (5 000 FCFA/unité, environ 7,60€)
Inconvénients : Problème d’accès à l’aliment, exploitants rentrent dans un cercle vicieux :
l’aliment est trop cher ils cessent de l’acheter poules pondent moins VAB devient
négative.
Le temps consacré à la surveillance des poussins est important.
Revenus : VAB/animal : 17 340 FCFA (environ 26,50€)
Poules en divagation :
Exploitation : accessible à tous
Elevage de poules de race locale en divagation qui remplit surtout une fonction sociale
(disponibilité en viande pour la famille, peut être offerte aux invités)
Avantages : Sécurisation de l’aliment qui vient des déchets ménagers.
Revenus : VAB/animal : 430 FCFA (environ 0,65€)
Bovins naisseurs-engraisseurs :
Exploitants : ruraux tirant leurs revenus hors agriculture, ou urbains qui veulent constituer
une épargne. Mais aussi des congrégations religieuses ou des agriculteurs métayers.
Le cheptel évolue en parc clôturé et est rassemblé en parc de nuit. L’aliment provient du
pâturage et est complété par une pierre à lécher. Le système trouve son origine à la ferme
de Voka.
Avantages : Les exploitants sont des propriétaires. La transhumance n’est pas nécessaire
pour la gestion du pâturage en saison sèche
Inconvénients : Le coût initial est important. Prix du fil barbelé très élevé.
Revenus : VAB/animal : 97 205 FCFA (environ 148€)
Bovins en métayage :
Objectif : l’exploitant veut constituer un capital sur pied. 4 animaux sont reçus par
l’exploitant qu’il devra rendre au bout de x années.
Avantages : le métayage permet de constituer une épargne facilement mobilisable
Inconvénients : il faut avoir les infrastructures de démarrage (fils barbelés, parcs de nuit)
Revenus : VAB/animaux : 75 236 FCFA (environ 115€)
23 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
Pisciculture :
Infrastructures : 3 étangs de 30m² environ, creusés dans le cadre de groupes d’entraide.
L’espèce produite est le Tilapia nilotica (poisson de la famille des Cichlidae), dont l’aliment
est à base de son de blé. Les poissons et les alevins sont vendus. Cet élevage remplit une
fonction de complément alimentaire pour la famille et de don.
Avantages : L’espèce de Tilapia Nilotica se reproduit très facilement.
Inconvénients : Faible disponibilité de l’aliment les poissons ne sont pas suffisamment
nourris surpopulation de petits poissons < taille marchande les revenus sont trop
faibles pour acheter du son de blé toute l’année.
Revenus : VAB/an : 50 500 FCFA (environ 77€) dans le cas où l’étang est construit dans le
cadre d’un groupe d’entraide
24 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
Comparaison économique des différents systèmes de production
Les systèmes de production ou « SP » décrits ci-dessous, correspondent à la combinaison de
certains systèmes de culture et d’élevage. En effet, souvent les exploitants rencontrés
associent des cultures « de base » comme le manioc et l’arachide, avec d’autres cultures et
élevages plus techniques (la grenadille, le gingembre, la banane, mais aussi l’élevage de
poules pondeuses, de porcs naisseurs-engraisseurs, de bovins) à mesure que leurs
compétences techniques et leurs trésoreries s’améliorent (Cf. Annexe 2). Pour ce faire,
plusieurs conditions doivent être réunies :
- Habiter près d’une piste en état qui permet le passage régulier et sûr de camions
- La maîtrise technique pour faire du maraîchage en saison des pluies (utilisation d’une
motopompe, mise en place d’une pépinière)
- Avoir des capacités d’investissement suffisantes : Ex : pour passer du SP6 au SP7,
l’exploitant qui cultive du manioc vivrier et quelques planches de maraîchage en saison
des pluies (SP6), devra investir dans une motopompe capable de lui dégager du temps,
pour élever des ruminants propres au SP7.
SP1 : « Le manioc pour vivre, l’arachide pour la reconnaissance sociale » en savane et en
forêt avec un actif seul à Boko, Loumo et Louingui dans les zones les plus enclavées.
SP2 : « Le manioc assure l’essentiel du revenu et le maraîchage de saison sèche permet
d’améliorer les ventes » avec un couple à Boko, Loumo et Louingui près des routes
goudronnées.
SP3 : « Le manioc et l’arachide pour vivre, et quelques poules en divagation comme fonction
sociale » avec une personne seule ou un couple dans les zones enclavées.
SP4 : « L’élevage de porcs pour valoriser les tubercules de manioc » avec des jeunes couples
localisés dans des zones périphériques accessibles.
SP5 : « La grenadille comme source de revenus pour des exploitants ayant déjà accumulés »
avec des femmes seules (veuves) habitant dans des zones périphériques.
SP6 : « Maraîchage toute l’année et manioc, entre complémentarité et concurrence » avec
des couples jeunes sur les grands axes de communication pour faciliter la commercialisation.
SP7 : « Culture du manioc vivrier et maraîchage en saison des pluies » produits par des
couples jeunes près des axes marchands.
SP8 : « Culture de la banane dessert, associée à du haricot, l’élevage de petits ruminants
permet un complément de revenus. » Les ménages sont de 2-3 actifs habitant sur l’axe
Inkala-Matiba.
SP9 : « Culture de la banane plantain dans la forêt de Bangou où les sols sont les plus riches.
Le peu de main-d’œuvre nécessaire permet de dégager du temps pour l’élevage de bovins
en parcs » par des ménages de 2-3 actifs près des pistes de Foralac.
25 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
SP10 : « Des grands maraîchers pour la commercialisation et l’élevage de ruminants ou de
volailles pour sécuriser l’apport en fumier », mis en œuvre par un ménage de 3 actifs et d’un
salarié permanent, localisé près des axes passants de Louingui, Boko et Loumo.
SP11 : « Un verger d’arbres fruitiers comme source principale de revenus qui permet
l’élevage de porcs ou de poissons comme activité complémentaire » avec un homme seul ou
un ménage de 2 actifs.
FIGURE 8 : COMPARAISON ECONOMIQUE DES SYSTEMES DE PRODUCTION
Seuil de survie : minimum vital que doit dégager un actif pour sa survie et celle de ses
dépendants (alimentation, vêtements, santé, logement), est de 471 000 FCFA (environ 716€)
par an et par actif.
Seuil de sociabilité: correspond au seuil de survie auquel s’ajoutent les habits de sorties, les
communications et frais de transport ainsi que les dépenses sociales pour se maintenir dans
la société (frais de mariage et d’aide à des proches en deuil). Ce seuil a été calculé à 584 000
FCFA (environ 888€) par an et par actif.
230000
830000
1430000
2030000
2630000
3230000
3830000
4430000
SP1 SP2 SP3 SP4 SP5 SP6 SP7 SP8 SP9 SP10 SP11
Comparaison économique des SP
VAB/ha minimum VAB/ha max Seuil de survie Seuil de sociabilité
26 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
Aspects socio-économiques et humains
Aspects sociologiques des exploitants
La majorité des familles exploitantes vivent dans une situation précaire. Afin de mieux
comprendre les obstacles auxquels ils font face quotidiennement, nous dresserons le
portrait d’une journée type d’un ménage d’agriculteurs/éleveurs dans les districts Sud du
Pool.
Une famille d’exploitants se compose
généralement d’un couple (homme-femme) et
de leurs quatre enfants. La mère cultive une
petite parcelle d’environ 0.25ha de manioc
associé à quelques autres variétés (tomates-
sauce, arachide, maïs) pour lui permettre de
tirer un revenu toute l’année. En effet, les
récoltes de manioc étant tardives (septembre
n+1), la famille doit trouver de quoi survivre
entre les mois intermédiaires.
La préparation du champ, le rouissage des tubercules dans la rivière, la transformation en
foufou ou en chikwangue ; toutes ces étapes demandent un investissement en temps et en
main-d’œuvre très important pour un maigre salaire de 500 000 FCFA/actif/an (environ
760€), soit à la limite du seuil de survie. Pour sécuriser l’apport en nourriture de la famille, le
père cultive en saison sèche quelques planches maraîchères dans la forêt avec du gombo, de
la ciboule, du piment et des aubergines locaux. Ces planches maraîchères ne nécessitent que
peu d’entretien, même si le ménage utilise de plus en plus des engrais chimiques afin
d’assurer de meilleurs rendements. Tous participent à la tâche, les enfants de la famille sont
ainsi sollicités durant les vacances scolaires pour l’arrosage et le sarclage des cultures.
Si la famille, au fil des ans, a réussi à mettre un peu d’argent de côté, elle investit dans un
premier temps dans quelques poules laissées en divagation et qui lui permettront d’avoir un
peu de viande, puis dans un second temps, dans deux ou trois cochons, en général 2
femelles et 1 mâle, qu’elle nourrit avec le reste de déchets issus du maraîchage, et les
épluchures de tubercules de manioc.
Pour les familles installées depuis longtemps, certaines ont pu hériter de terres qu’elles
mettent à profit en installant des parcs propices à l’élevage de ruminants (notamment
27 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
porcins et bovins). Les propriétaires alors partis s’installer en ville depuis longtemps,
reviennent progressivement à la campagne afin d’investir dans l’élevage. Habitant parfois à
des kilomètres de leurs exploitations, ils délèguent alors la gestion du cheptel à un ouvrier
agricole, un bouvier, qui se charge d’approvisionner les bêtes en aliments, de les soigner,
d’entretenir le parc ainsi que les prés.
Ce bouvier fut engagé soit depuis la RDC voisine, soit dans les campagnes profondes (à
mesure que l’on s’éloigne de la frontière). En commençant très jeune, il n’a pas pu aller à
l’école : ses compétences il les tire de ses expériences de « terrain ». Ainsi, en tant
qu’ouvrier agricole, c’est de lui que dépend la bonne marche de l’exploitation.
Aspects économiques
En dépit d’une amélioration progressive du revenu agricole de ces agriculteurs/éleveurs à
mesure qu’ils investissent dans leurs exploitations, leur situation n’en reste pas moins
précaire. Pour quelles raisons ?
La première tient à la vulnérabilité de ces familles vis-à-vis des aléas climatiques. En effet,
nombre d’entre elles n’ont pas encore les moyens ou la technique suffisante pour mettre en
place des canaux d’évacuations des eaux adaptés ou des pépinières protégeant les cultures
les plus fragiles de la pluie. Cette dépendance aux aléas climatiques est particulièrement
prégnante en saison des pluies, puisque les pistes en terre deviennent totalement
impraticables, rendant très difficile l’accès aux marchés de Brazzaville, lieu privilégié de
commercialisation des cultures maraîchères, porcines, bovines etc.
La deuxième raison tient quant à elle aux carences nutritionnelles en raison d’une
alimentation peu équilibrée et variée. Les conséquences sur la santé et l’espérance de vie
touchent particulièrement les populations les plus vulnérables (femmes et enfants). Les
conditions d’accès à des structures de soins sont un obstacle supplémentaire à
l’amélioration des conditions de vie de ces populations, particulièrement dans cette région
où sévissent la tuberculose et le paludisme.
La troisième raison relève du manque de compétences techniques des exploitants en
matière d’élevage. En effet, les techniques de reproduction et de suivi sanitaire des animaux
sont encore peu répandues ou mal appliquées : les carnets de santé des animaux ne sont pas
complétés et il n’est pas rare de rencontrer des cas de consanguinité dans les troupeaux. Ce
manque de formation dans les techniques de reproduction pèse lourdement sur ces éleveurs
dont les cheptels s’appauvrissent peu à peu et leurs revenus avec.
28 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
La société agricole et ses perspectives de développement
Le PROFAP : un appui de l’Ircod aux filières agricoles
L’Ircod-Alsace et ses partenaires, en appui au Conseil départemental du Pool, ont initié
depuis 2013 un projet de professionnalisation et de structuration des filières agricoles de six
districts. Ce projet, dans la continuité du PACD (Projet Agropastorale de Coopération
Décentralisée), a pour objectif final la structuration du monde agricole de la région du Pool.
De manière concrète, le projet PROFAP propose de suivre la trame de travail suivante :
Le PROFAP, s’il est en phase de répondre à ses objectifs, cible avant tout les agriculteurs
les moins fragiles, souvent propriétaires de leurs terres et dont les revenus ont permis
d’investir dans la construction de bâtiments en dur, de couloirs de contention et de parcs
en fils barbelés. L’enjeu actuel est donc de permettre à de plus petits exploitants d’entrer
dans ce programme et de bénéficier de cet appui.
- Appuyer la filière bovine par la formation et le suivi de 10 éleveurs et la
distribution de 40 bovins en métayage. Les exploitants touchés
appartiennent au SP6, possèdent un parc bovin et ont pour objectif
d’appuyer de nouveaux éleveurs du SP111.
- Appuyer la filière avicole par la formation et le suivi de 340 éleveurs. Dans
cette branche du projet, nous comptons très peu d’éleveurs du SP1 qui n’ont
pas les revenus suffisants pour avoir un poulailler. Par ailleurs, l’appui de la
filière avicole touche surtout les systèmes de production situés au-dessus du
seuil de survie.
- Appuyer la production d’aliment de bétail par la formation, le suivi et
l’approvisionnement de 300 producteurs et le soutien à 3 fabriques
d’aliments de bétail. Cet appui cible essentiellement les producteurs de maïs
propre aux SP1 et SP2.
- Appuyer la structuration des filières en se basant sur les groupements déjà
existants (Unions locales (UL), Groupes de vulgarisation agricole (GVA),
plateforme de concertation). L’Ircod apporte un soutien institutionnel en
renforçant la formation en matière de gestion, d’organisation etc.
29 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
Comment améliorer la production agricole et le revenu des exploitants ?
Appui institutionnel :
Renforcer la structuration institutionnelle
des Unions locales à l’échelle locale et
départementale.
Approfondir les connaissances en matière
d’organisation et de gestion avec l’action de
l’Ircod.
Communication/concertation :
Répertorier régulièrement le
prix des produits agricoles en
fonction des lieux de
commercialisation. Diffuser ce
répertoire au niveau des
villages/Unions locales.
Perpétuer l’organisation de
bourses agricoles en invitant des
fournisseurs d’intrants.
Répertorier les formateurs du
département sur une fiche, à
actualiser régulièrement, en
mentionnant les compétences
de chacun (connaissances sur
l’utilisation d’engrais, de machines…), gérée par le conseiller agricole du CDP.
Organiser des réunions d’informations entre producteurs d’aliment de bétail et éleveurs
(voir ceux qui habitent dans les mêmes zones pour faciliter le transport).
Union départementale
Unions locales Unions locales Unions locales
Unions locales
Gestion du fonds de
cotisation
Répertoire des zones
productives
Gestion service de transports
Diffuser informations
30 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
Formations :
Pérenniser les capacités de formation des centres de Voka et Loukoko en augmentant le
nombre de bénéficiaires. Introduire un volet formation sur les systèmes agro-forestiers pour
favoriser le renouvellement de la fertilité des sols et sur la mécanisation.
Appuyer les pôles d’expérimentations dans les centres de formations. Autonomiser
financièrement ces pôles en instaurant un tarif pour aller les visiter.
Mettre en place au niveau du CDP un système de promotion des pôles d’expérimentation :
communication via les émissions de la radio de Kinkala.
Approfondir le soutien financier des centres de formation de Voka et Loukoko par la DDE
(Direction départementale de l’Elevage) et la DDA (Direction départementale de
l’Agriculture) : plutôt que ces institutions financent directement les formations, passer par
les Unions locales.
Créer une grille tarifaire pour les formations incluant des tarifs « adhérent » aux Unions
locales et « non adhérent ».
Transports :
Faciliter la commercialisation des produits agricoles Améliorer l’état des pistes dans les
zones où la production agricole est la plus importante.
Responsabiliser les Unions locales en leur confiant la charge de répertorier les zones les plus
productives et d’actualiser cette base de données régulièrement.
Service de transports pour la commercialisation de la production :
Créer un répertoire de transporteurs, diffusé dans les Unions locales, donnant des
informations sur : la ville de départ, le prix des trajets et les coordonnées
téléphoniques.
Liens CDP - Centres de formations
•Politique de communication efficace pour rechercher de nouveaux bénéficiaires
Liens Centres de formations - Pôles d'expérimentation
•Appuyer les visites des pôles dans le cadre de la formation
Liens CDP - Unions locales
•CDP verse subventions à la formation directement aux UL
•Mise en place d'un tarif préférentiel pour formation et visites des pôles.
Responsabilisation des UL : prise en main du secteur agricole par les paysans.
Autonomisation du système de formations
31 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
Mettre en place un fonds de cotisation alimenté par les adhérents des Unions
locales. A long terme, ce fonds pourra permettre aux agriculteurs de mutualiser leurs
moyens pour mettre en place un service de transports de marchandises.
Renouvellement des actifs :
Renforcer le système de prêts à l’installation des jeunes sortant des centres de formations
de Voka et Loukakou par le Conseil départemental du Pool. A terme, ce système pourra être
géré par les Unions locales.
Approfondir les étapes qui suivent l’installation des jeunes agriculteurs en prodiguant des
services de suivi et de conseils techniques efficaces pour les orienter dans leurs choix.
Durabilité de l’agriculture :
Promouvoir à tous les échelons du secteur agricole la notion de durabilité : une agriculture
qui soit plus respectueuse de l’environnement dont les ressources (terre et eau) sont gérées
afin de diminier l’impact de l’agriculture sur l’environnement.
Se focaliser sur l’utilisation croissante des produits phytosanitaires : renforcer la formation
sur leurs utilisations et sensibiliser les agriculteurs vis-à-vis des impacts sur la santé et
l’environnement.
32 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
Conclusion
Pourquoi cette synthèse ?
La rédaction de cette synthèse s’inscrit dans la continuité du projet de professionnalisation
et de structuration des filières agricoles du Pool entre le Conseil départemental du Pool,
l’Ircod et la Région Alsace. Ce projet veut aller au-delà d’une simple structuration du monde
agricole, puisqu’il représente un premier pas vers l’élaboration d’une politique agricole
départementale.
Ce monde agricole peut paraître complexe de prime abord, inaccessible pour les personnes
extérieures à ce secteur si particulier. Aussi, cette synthèse a pour but de simplifier le
paysage agraire des districts étudiés. Son objectif principal est de comprendre, de mesurer
et par la suite, de modéliser les réalités agraires. A travers nombre de schémas et de
« systèmes », il entend rendre intelligible le fonctionnement des exploitations agricoles et
mettre en lumière les conditions de vie des paysans qu’elles soient bonnes ou mauvaises.
Plus qu’une simple synthèse, ce document est un outil d’aide à la décision, mis à disposition
des élus du département pour dessiner les contours d’une politique agricole à l’échelle du
département.
Comment dessiner les contours d’une politique agricole ?
Pour développer une politique agricole cohérente et efficace, il faut comprendre comment
interagissent les Hommes et les Territoires. De ce fait, les différentes étapes des diagnostics
agraires deviennent des éléments essentiels de compréhension du secteur agraire : cette
synthèse a ainsi traité des thèmes complémentaires tels que l’analyse des sols et des reliefs,
la comparaison économique des systèmes de cultures et d’élevages rencontrés, en passant
par les portraits sociologiques des agriculteurs et des éleveurs. Ces données ont ensuite été
reliées les unes aux autres, entrecroisées : elles ont abouti in fine à quelques conclusions
majeures. En effet, il ressort actuellement deux problématiques qui pèsent sur le
développement de l’agriculture :
- L’accès au foncier : car ce sont essentiellement les personnes les plus aisées qui
disposent des meilleures terres. Situées dans les bas-fonds ou en bas de pentes, ces sols
bénéficient d’un apport en eau et en éléments organiques important ce qui permet la
culture de variétés à forte valeur ajoutée telle que la banane, la grenadille ou le piment.
Ces exploitants monopolisent les meilleures terres, laissant aux paysans les plus fragiles
la culture des sols en haut des collines, proches de la savane et dans les forêts en pente.
Les sols sont pauvres, érodés et le relief accidenté rend la culture très difficile.
33 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
- Le manque de formation : L’accès à des structures de formation reste marginale en dépit
de la multiplication des fermes pilotes (à Voka et à Boko). En conséquence, les paysans
les plus isolés et les plus fragiles peinent à se former à de nouvelles techniques qui
pourraient améliorer leurs rendements, contrairement aux exploitants plus aisés. Ainsi,
en perpétuant des techniques transmises par leurs parents (abattis-brûlis par exemple),
ces paysans participent sans le savoir à l’érosion et à l’appauvrissement des sols :
paradoxalement, ceux qui dépendent le plus de terres fertiles et propres participent à
leur disparition. Par ailleurs, l’introduction progressive d’intrants chimiques chez ces
paysans sans formation préalable représente une véritable menace pour leur santé et
l’environnement.
Quelles perspectives à moyen terme ?
Ces problématiques citées ci-dessus illustrent les obstacles rencontrés pas les exploitants du
département du Pool. La synthèse s’est attachée à proposer des solutions concrètes qui
touchent non seulement à ces problèmes mais également à des enjeux plus larges comme le
renouvellement des actifs agricoles, la question des transports et l’introduction du principe
« d’une agriculture durable ».
Si la synthèse propose une liste d’actions tangibles, elle n’en reste pas moins incomplète. Car
cette démarche de synthétisation ne représente qu’un cadre de réflexion à l’attention de
décideurs. Ces actions invitent à être approfondies, débattues, et adoptées par tous les
acteurs agricoles et publics du Pool, la concertation demeure un gage de réussite sans
laquelle une politique agricole ne saurait fonctionner.
34 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
Annexes
Annexe 1 : Figure 9 - Carte pédologique du Congo
Annexe 2 : Figure 10 - Tableau Comparatif des systèmes de production
35 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
FIGURE 9 : CARTE PEDOLOGIQUE DU CONGO
36 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
FIGURE 10 : TABLEAU COMPARATIF DES SYSTEMES DE PRODUCTION
N° District
(localisation) Description
Main
-
d'œ
uv
re
fam
ilia
le
Main
-
d'œ
uv
re
tem
po
rair
e
Su
rface
dis
po
nib
le
Acc
ès
au
fon
cier
Desc
rip
tio
n
Syst
èm
e d
e
cult
ure
Desc
rip
tio
n
Syst
èm
e
d’é
lev
age
VAB
SC/ha VA
B
SE
/an
imal
Rev
enu
ex
plo
itati
on
(VA
N)
Rev
enu
par
act
if
Commerciali
sation
1 Louingui, Boko,
Loumo. Zones les
plus enclavées
(pas de piste ou mauvais
état)
Culture de manioc en forêt et arachide en
savane. Pour l'autoconsommation et
la commercialisation des surplus.
1 H/F seul
Très peu (moins de
13%)
6 ha oui 4 ha de manioc; 0,4 ha
arachide
et quelques planches
de légumes feuilles
quelques poules en divagation
De 352900 à 787650 FCFA
0 De 35290
0 à 78765
0 FCFA
352000 FCFA
Très peu
2 Louingui, Boko,
Loumo.
Zones accessibles (près de la
route
goudronnée)
Culture de manioc en forêt et arachide en
savane avec maraîchage
de saison sèche. Certains développent
aussi un atelier grenadille ou porcs.
Autoconsommation de manioc et
commercialisation importante du manioc
et des produits
maraîchers.
1 couple
Beaucoup pour le
maraîchag
e
10 ha
oui 9 ha de manioc; 0,4 ha de
manioc*arachide et 0,05 ha de
maraîchage en S-
sèche
de 865858 à 1176000
FCFA
432929 à 588000 FCFA
Locale ou Brazzaville (revenu plus
haut)
37 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
3 Kindamba. Zone
enclavée
(tous le district de
Kindamba)
Culture de manioc et d'arachide. Parfois
quelques planches de
maraîchage et de banane en bas de pente
(pour les revenus les plus haut)
1 pers. Seule
ou
couple
1- 2,5 ha
quelques poules en divagation
de 300000 à 900 000
FCFA
300000 à 900000 FCFA
4 Louingui, Boko, Limo.
Dans les zones
périphériques
Culture dominante de manioc et élevage à la
corde de porcs. Certains exploitants combinent
avec le SP1 en cultivant
beaucoup de manioc, qui est valorisé en
servant de nourriture pour les porcs.
Maraîchage en saison sèche. Parfois banane
comme activité complémentaire
couples jeunes
Beaucoup de main-d'œuvre
extérieure pour la
culture du manioc
oui 11ha de manioc
Porcs : 2 truies et
leurs suites
200230 FCFA
306410 FCFA
105000FCF
A
De 384160 à 9 966 237
FCFA
Locale
5 Louingui,
Boko, Limo. Dans les
zones périphériques
Culture Grenadille pour
exploitants ayant accumulé de l'argent grâce au maraîchage.
Culture du manioc pour autoconsommation.
femme
s seules
10h
a
oui 4 ha de
manioc; 0,4 ha
arachide et qq
planches de
légumes feuilles,
6 ha
pour la grenadill
e
1700000
FCFA grenadille
/
de
1380000 à 1400000 FCFA
Locale
38 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
6 Louingui, Boko, Limo. Sur les axes
importants de
communication (Kinkala-
Boko, Louingui-
Sakamesso- Moulenda,
Voka- Kimpala)
Maraîchage toute l'année et manioc
couples jeunes.
Beaucoup pour le
manioc.
oui 9,6ha pour
manioc,
0,1ha pour
maraîchage
2 000 000 à 1 400
000
FCFA
0 De 985 140
2 267 947
FCFA
locale, sur les axes de
communicati
on
7 Louingui, Boko, Limo. Près des axes
passants
Dans la continuité du SP5, vers intensification
et apprentissage de
techniques maraichères: maraîchage en saison des pluies et manioc
vivrier. Maraîchage de SS est abandonné
possibilité de faire 2 cycles de chaque culture
en SP. Certains exploitants investissent
dans une motopompe
Couples
jeunes.
oui 0,2 ha maraîchage 3,6
ha pour manioc
1 146 721 FCFA
0 De 240 270 à 4 079 520
FCFA
locale, sur les axes de
communicati
on
8 Kindamba, axe Inkala-
Matiba
Culture de la banane, culture vivrière du
haricot qui est
commercialisé et élevage de petits
ruminants
ménage de 2 à 3 actifs
0,6ha
Terre louée cultur
e de banane en forêt
0,25 ha pour
haricots
Surtout ovins
quelques
caprins en divagation
69200 FCFA
VAB/mère ovins: 156 800
par achat, 68 800
par métayage
de 953 615 à 1 100 214
FCFA
commercialisation banane
sur place
(extérieur forêt
Bangou)
39 PROFAP – Ircod – Synthèse des diagnostics agraires – Zoé Münch – Juillet 2014
9 Kindamba. Près pistes de
la Foralac
Culture de la banane dans la forêt de Bangou et élevage de bovins et
petits ruminants. La femme cultive manioc
associés+ arachide, l'homme cultive la
banane.
1 actif seul ou ménag
e de 2 actifs
Beaucoup récolte de banane et
le défrichage
0,6ha pour la banane
Bovins en parcs
553 200 FCFA
VAB/mère par
achat: 88
100 VAB/mère/métay
age:
16 700 FCFA
de 2 073 851
à
2 577 647 FCFA
à Bangou, à Kindamba et Brazzaville
pour la vente de Banane.
10 Louingui, Boko, Limo
Grands maraichers avec utilisation de
motopompe pour
augmenter la surface et la productivité. Poules
sont élevées pour valoriser le fumier sur
les cultures. Dès lors, 3 cycles de production
maraichère sont possibles.
ménage de 3 actifs
1 salarié permanen
t
< 2 ha
propriétair
e
élevage entre 30 et
175
poules pondeuses de race Isa
Brown
dans un bâtiment en dur, 2 truies et
leurs
suites
1 415 902 FCFA
(113748
pour porcs, 1 302 154
pour
volailles)
De 8 848 365
à
14 383 091 FCFA
Locale
11 Kindamba Arboriculture associée à des cultures de bases et petit élevage de porcs
ou de poissons.
ménage à 2 actifs
ou homme seul
Main-d'œuvre
pour
désherber les vergers
Héritiers de terres
personnelle
s
élevage de quelques porcs ou
pisciculture (tilapia Nilotica)
VAB/an >9 000
000
FCFA
entre 2 438
000 à
4 468 000
FCFA
9 027 700 FCFA si élevage
porcins, 8 386 600 FCFA pour
pisciculture
Vente à Kindamba
ou
Brazzaville