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Mémento :
Le végétal, la ville et le bâti
Jean Renaudie (1925 – 1981) lançait des graines sur les
terrasses de son centre-v ille d’Iv ry -sur-Seine, Friedensreich
Hundertw asser (1928 – 2000) mettait au centre de ses préoccupations la relation de l’habitant av ec l’ex térieur et la
nature… Si la mise en œuv re de la v égétation a été
longtemps le fruit de gestes d’architectes considérés parfois comme originaux v oire marginaux, aujourd’hui, l’imbrication
du v égétal et du bâti dev ient au cœur des préoccupations de l’acte de construire.
Ce livret ex plore les pistes et donne des conseils de
v égétalisation des façades pour le climat français. Nous écartons, dans ce document, pour év iter de l’alourdir, la
v égétalisation des toitures.
Sans logique de frontière, une approche transversale
conduit à traiter de façon équiv alente le végétal et le minéral,
sans scinder le bâtiment (enveloppe et son intériorité) av ec l’ex térieur. L’acte de v égétaliser les façades de bâtiment
rentre pleinement dans cette démarche de non opposition, mais au contraire de symbiose pour créer un cadre de v ie
compatible av ec les envies d’aujourd’hui et les
préoccupations de dév eloppement durable.
«««« C ertains disent queCertains disent queCertains disent queCertains disent que
les maisons sont faites de murs.les maisons sont faites de murs.les maisons sont faites de murs.les maisons sont faites de murs. J e dis qu’elles sont faites deJe dis qu’elles sont faites deJe dis qu’elles sont faites deJe dis qu’elles sont faites de fenêtres.fenêtres.fenêtres.fenêtres. »»»»
Friedensreich Hundertw asser
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Pourquoi se préoccuper du végétal lorsqu’on parle du bâti ?
Le v égétal représente de nombreux atouts dans les enjeux sociétaux et env ironnementaux actuels. Alors que la v ille ne cesse de croitre, augmentant l’éloignement du citadin à la pleine nature, le besoin de
renouer avec le végétal devient une réelle demande. De plus, le v égétal présente de nombreuses qualités
climatiques notamment pour la réduction des effets des ilots de chaleur urbains (ICU)1 . Il s’agit en effet d’un v éritable défi à relev er pour les prochaines années, étant donné le réchauffement particulièrement aggrav é
depuis les années 20002.
Alors que nous viv ons aujourd’hui ce qui est estimé être la 6e catastrophe en termes de disparition des espèces3
(la 5e catastrophe a vu disparaitre les dinosaures. A ce titre, le sommet de la Terre de Rio de Janeiro considère la préservation de la biodiversité comme un des enjeux majeurs du dév eloppement durable) le rôle du végétal en
façade comme refuge ou garde-manger pour les oiseaux , inv ertébrés ou mammifères est manifeste.
Il est cependant nécessaire pour trouv er une cohabitation pacifiée entre humains et animaux, de mettre en place
certaines précautions.
Si l’utilisation du végétal en façade ou en toiture est facile à mettre en œuv re lors de la construction neuv e (même si cela peut représenter un coût pour prendre en compte le poids), il peut être parfois plus difficile pour un
bâtiment ex istant. Toutefois, toute façade peut serv ir de support au v égétal. Même si cela fait appel au volontariat
(et au bon ou mauvais goût) de chacun des habitants, tout effort de végétalisation dans ce contex te de dév eloppement durable est à encourager. On peut également envisager lors de réhabilitation ou de ravalement
de façade d’en mettre en place les moy ens.
N’importe quelle fenêtre d’un immeuble peut serv ir de support à des
plantations conséquentes. En revanche, il faut s’assurer du bon maintien des jardinières lors de tempêtes ou simple coup de v ent.
1 - Bibliographie : Sous la direction de J.J. Terrin : Villes et changement climatique, îlots de chaleur urbains Ed. Parenthèses, nov. 2015 - Coll. La ville en train de se faire 2 - Bibliographie : - Katia et Guy Laval : Incertitude sur le climat, Ed. Belin, coll. Pour la science, 2013 - Emmanuel Le Roy Ladurie, Daniel Rousseau, Anouchka Vasack : Les fluctuations de climat de l’an mil à aujourd’hui, Ed.
Fayard, 2011 3 - Bibliographie / sites internet :
- www.planetoscope.com/biodiversité
- Terre de France, une histoire de 500 millions d’années - Charles Frankel, coll. Science ouverte, Ed. du Seuil, fév. 2007
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La plantation sur balcons et
terrasses est la première façon, la plus évidente, de v égétalisation
des façades. Il faut en rev anche s’assurer que le
poids de la terre gorgée d’eau des
jardinières, est bien pris en compte dans la surcharge des planchers.
Un balcon peu large mais équipé de fils verticaux peut être
l’occasion d’y installer des bacs
dans lesquels seront plantés des plantes grimpantes.
Dans l’habitat, cette configuration suppose le volontariat et en conséquence une incitation forte de la part des bailleurs ou
copropriétaires. Sauf à faire de ce passage un espace accessible
collectiv ement.
Certains bailleurs sociaux mettent en place des jardinières sur les balcons et offrent des graines aux habitants pour les inciter au jardinage.
La plantation sur balcon peut-être un moy en de se protéger du regard et
du soleil, là où d’autres priv ilégierons des parasols.
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Ici, la façade doublée
d’une pergola 4 plantée de plantes à feuillage
caduc offre aux bureaux, l’ombre en été et
l’ensoleillement en hiv er.
Pour traiter un pignon av eugle de faible intérêt, la plantation de plantes grimpantes (à feuillage caduc et
persistant) est un moy en qui nécessite un faible encombrement au sol.
A terme cette installation permettra un abri pour les oiseaux et insectes, sans grande gêne pour les habitations v oisines.
Il faut en revanche penser à la protection des pieds en limite d’espaces publics afin d’assurer les plantes contre
les chocs mécaniques et les liquides néfastes (détergents, urines, sel de déneigement, etc…).
4 Biopark - Centre de biotechnologies, Paris, livré en 2006.
Maître d’ouvrage : SAGI / Maitres d’œuvre : Valode et Pistre, BECT, Clima plus
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Bref historique de l’utilisation du végétal dans la construction
Le v égétal associé à la construction a été longtemps assimilé dans nos sociétés occidentales à la notion d’abandon et de manque d’entretien, voire de délabrement. Nous pouv ons prendre en exemple Théophile
Gautier dans le Capitaine Fracasse qui en donne d’ailleurs une très belle description lorsqu’il évoque les ruines
du Castel de Sigognac.
L’architecture vernaculaire
Pourtant :
- Le v égétal apporte de l’ombre. Son emploi a été largement utilisé le long des routes et des rues pour son
confort estiv al des parcours et des espaces publics. L’ombre profite également aux intérieurs de bâti. Dans de nombreux pays du pourtour méditerranéen (en Espagne et en Italie notamment5), des pergolas
recouv ertes de v égétaux viennent protéger les cours et façades des habitations pour les préserver de la chaleur et de la lumière trop forte.
- L’architecture v ernaculaire utilise en symbiose le minéral et le v égétal, notamment dans les pays où les contraintes thermiques fortes et le bois de chauffage inex istant, nécessitent d’utiliser au mieux l’inertie des
matériaux pour le stockage de chaleur.
En Scandinav ie, les toits sont recouv erts de mottes de terre v égétalisées6.
En Islande, une épaisse couverture v égétale v ient recouv rir au max imum le bâti pour le protéger du froid et des cendres
v olcaniques.
Les architectes ont réutilisés ces concepts dès les années 60/70 dans le grand courant de l’architecture solaire,
créant des maisons enfouies dans le sol végétalisé sur le dessus et largement ouv ertes au sud. A Paris, le palais omnisport7 de Bercy est construit en 1984, sur un principe similaire.
- Le v égétal assure également la perception du cycle des saisons (comme le fleurissement saisonnier des toits en chaume en Normandie) et la force v itale. Des études montrent son intérêt dans la guérison de malades et de
notre bien-être psy chique.
Culture hydroponique et murs végétaux : de nouveaux concepts et modes de culture
L’accélération des études sur l’agriculture au XVIII et XIXe siècles ont conduit à mieux comprendre les besoins du v égétal. Dès lors que le rôle de l’eau et des nutriments a été compris, les chercheurs ont pu mettre au point
des systèmes de culture hors sol (culture hy droponique : culture de plantes sur un substrat neutre et inerte irrigué par un courant d’eau, de nutriments et de produits phy tosanitaires). Né en Allemagne au XIXe siècle, ce
sy stème a été développé par les Américains lors de la 2e guerre mondiale et est dev enu depuis, un des systèmes
le plus utilisé dans la production agricole maraichère. Sur ce modèle, Patrick Blanc développe un système à la v erticale sur un support de feutre horticole à partir des
années 1990. Le concept de mur vivant ou mur végétal, mur jardin ou bien encore écosy stème vertical est né.
5 - Bibliographie : Bernard Rudofsky : L’architecture insolite, Ed. Tallandier, Paris 1979 pour la version française 6 - Bibliographie : Nigel Dunnet et Noël Kingsbury : Toits et murs végétaux, Ed. du Rouergue, Rodez 2005 pour la version française 7 Architectes et ingénieur du projet : Michel Andrault, Pierre Parat, Aydin Guvan, Jean Prouvé
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A la suite, Jean-François Daures en 2000 propose le concept de « pix els » pré-v égétalisés modulables et de
nombreux laboratoires de recherches continuent à améliorer la fonction de ces sy stèmes verticaux.
Aujourd’hui de nombreux fabricants proposent des murs v égétalisés prêts à l’emploi8, brev etés. Si tous étaient à l’origine composés de plantes exotiques, aujourd’hui, les recherches portent sur des murs porteurs de plantes
locales, dans un souci de dév eloppement durable afin de minimiser l’emploi de produits phy tosanitaires (PM :
interdiction des produits phy tosanitaires en espaces publics à partir du 1er janv ier 2017).
Nous ferons en conséquence la distinction entre : - Mur v égétalisé, sur lequel poussent des plantes dont le sy stème racinaire en est indépendant.
- Mur viv ant ou mur v égétal, support de culture composé du substrat où les plantes puisent leurs
ressources. (Notons la distinction entre un PCVV pour paroi complex e v égétalisée verticale et PCVH pour paroi complex e
v égétalisée horizontale qui correspond à une toiture v égétalisée.)
L’espace urbain s’empare de ce concept pour résoudre la problématique de la pollution, du bruit et afin de réduire
le ruissellement trop rapide des eaux de pluie. Des essais et recherches sont en cours.
Place de la Nation à Paris : un mur v égétal pour réduire la pollution,
récupérer l’eau de pluie et réduire la chaleur, associé à un banc.
Un panneau solaire permet l’alimentation électrique du contrôle de gestion.
Un brev et déposé par Green City
Le végétal en intérieur
Outre le v égétal en ex térieur, le v égétal ex iste aussi en intérieur.
Les améliorations nav ales et de conservation des denrées au XVIII et XIXe siècles, facilitent les importations de
plantes ex otiques géliv es qui obligent à les préserv er en intérieur, au grand bonheur de nombreux citadins9.
L’industrialisation au XIXe siècle des profilés métalliques et de grandes plaques de verre permet de créer des serres / jardins d’hiv er en ex tension directe du bâti10. Le v égétal joue alors un rôle social, esthétique, mais
également de protection solaire et d’humidification de l’air intérieur ambiant.
Bien entendu, les murs v égétaux , nouv eaux venus depuis les années 2000, sont également disponibles en
intérieur. Outre leur intérêt esthétique, leur principal atout est essentiellement acoustique. Ils peuvent jouer également un rôle dans l’absorption des COV de l’air ambiant.
8 - Fabricants : Végétalis et Greenwall, Plant Mat Systems, Le Prieuré etc… 9 - Bibliographie : Andrée Corvol : Les Arbres voyageurs, Ed. Robert Laffont, Paris 2005 10 - Bibliographie : G. et J.M. Alexandroff : Architectures et climats, soleil et énergies naturelles dans l’habitat, Ed Berger-
Levrault, Nancy 1982
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Mémento pratique : végétalisation de façades
Bibliographie :
- L’ami des jardins et de la maison : Les plus belles plantes grimpantes
Hors série n°804, 1994 – coll. Viv re au jardin
- Truffaut : La taille, encyclopédie pratique Ed. Bordas, oct. 2000
- Nigel Dunnet et Noël Kingsbury : Toits et murs végétaux Ed. du Rouergue, Rodez 2005 pour la v ersion française
- Edmund C. Snodgrass et Lucie L. Snodgrass : Guide des plantes de toits végétaux
Adapté par Christophe Valay é, Ed. du Rouergue, Rodez 2008 pour la v ersion française - Lucy Huntington : Un jardin sans allergie
Ed. Ey rolles, janv . 2006 pour la v ersion française
Généralités – plantes grimpantes
� Intérêts :
+ Effet thermique :
Fraicheur : par l’ombre et son év apotranspiration (confort d’été) Confort ambiant (régulation de l’hy grométrie)
Limitation des chocs thermiques / inertie (confort d’été et d’hiv er)
+ Limitation du ruissellement : le feuillage retient l’eau de pluie + Isolation / absorption acoustique
+ Qualité de l’air ambiant (la pollution reste sur le feuillage, la plante capte le dioxy de de carbone
et produit de l’ox y gène) + Effet sur la biodiv ersité (nourriture et abri pour les insectes, petits mammifères et oiseaux )
� Conditions :
+ Les v égétaux doiv ent être peu parfumés ou fructifères pour év iter les insectes en trop grand nombre ;
+ Les végétaux doiv ent être choisis afin de limiter les risques d’allergie / atopie (anaphy laxie,
asthme, conjonctiv ite, affection de la peau, gastrite, rhume des foins, otite…), causés essentiellement par les grains de pollen, les spores des moisissures, le contact av ec la sève et
les poils des plantes ;
+ Attention à l’orientation (meilleure ex position : ouest pour le soleil et la pluie) ; + Attention à la présence de courant d’air qui peut être néfaste pour les plantes, mais également
qui augmente de façon importante les contraintes sur la structure porteuse ;
+ Attention au débord de toit (ombre / pluie) : prév oir un drainage périphérique éventuellement en
pied de bâtiment si le sol est trop humide ou un arrosage automatique si a contrario, le sol est trop sec.
� Plantation :
+ En pot : limitera la hauteur de la plante / fragilise la plante
(prév oir un arrosage automatique et un entretien fréquent) + En pleine terre : fosse de 80 x 80 x 80 cm minimum à éloigner du pied de la façade et du
débord de toiture
� Entretien : + Conduite des plantes grimpantes les 2 premières années puis taille tous les 2 ans env iron
� Choix du ty pe de plante et de support : + à feuilles caduques ou persistantes (attention une plante persistante demandera un support
plus solide qu’une plante à feuillage caduc) ;
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+ en fonction de son système d’accroche : plantes rampantes, plantes v olubiles et à v rilles,
grimpantes à crampons adhésifs ; + Attention, selon le ty pe de v égétal, le support pourra être différent et dev ra être plus ou moins
résistant (et couteux ) : les rameaux ligneux (glycine) demande un support particulièrement
solide, au contraire d’une liane annuelle dont la partie disparait chaque année.
NB : Si une plante grimpante monte généralement v ers la lumière et le soleil, elle peut également descendre v ers
le sol selon la loi de la grav itation. On peut donc imaginer une
plantation à partir d’une toiture ou d’une succession de balcons pour y
faire descendre une ou des plantes,
en absence d’espace nécessaire en pied de bâtiment, ou de support
pour la guider v ers le haut. Il faudra
cependant v eiller dans ce dernier cas, à ce que la plante ne soit pas
trop ballotée lors de grand v ent.
Ici un ex emple de mur et tête de mur recouv erts de clématites
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La v igne vierge (Parthenocissus)
av ec ses crampons peut recouvrir un immeuble entier (ici R+7).
L’Ampelopsis (souv ent appelée
également v igne v ierge), s’empare
quant à elle de la partie basse, profitant des lianes de la
Parthenocissus comme support.
Ses branches peuvent retomber
comme ici depuis le haut du mur de
clôture.
Comme toute plante à feuilles
caduques, il sera nécessaire de
faire attention au bon ramassage des feuilles à l’automne, qui peuv ent
être glissantes sur le sol et venir également boucher les gouttières.
La taille de la liane est à prévoir
régulièrement autour des baies.
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Plantes grimpantes sur un mur - sans support
� Plantes grimpantes à crampons qui s’accrochent sans besoin de support Ces plantes s’accrochent soit par leurs racines aériennes adhésives (comme le lierre) soit par des coussins
adhésifs (comme la v igne v ierge) qui leur permettent d’adhérer à une surface.
� Intérêts :
+ Coût limité à la seule plantation
+ La plupart de ces plantes peuv ent monter sur 3 niv eaux , voire plus.
� Inconv énients :
+ Difficultés d’interv ention sur façade à la suite du dév eloppement de la plante + Détérioration de la façade si les joints sont défectueux
+ Actions chimiques et mécaniques des crampons pouv ant être cause de désordre
� Conditions : + Il faut que la façade soit suffisamment poreuse pour que la plante s’y accroche
Brique, béton pas trop lisse
(prév oir év entuellement un grillage en galv anisé ou léger bouchardage) Ev iter les façades en grès, granit, enduit plastifié, mur maçonné à la chaux hy draulique
naturelle ou à la terre + Attention au poids : Inapproprié pour un mur constitué d’un parement ou en pierre calcaire (car
trop tendre)
+ En façade chaude (sud et ouest) éviter les murs trop clairs (ray onnement lumineux et de
chaleur néfaste) ou trop sombre (absorption néfaste de chaleur trop forte)
� Plantes :
Racines aériennes en crampons : Pour ex térieur : Hedera, Campsis, Decumaria barbara, Hydrangea anomala spp.
Petiolaris, Schizophragma
Pour climat doux ou méditerranéen : Decumaria sinensis, Ficus, Hydrangea
serratifolia (ou integerrima)
Coussinets adhésifs : Pour ex térieur : Parthenocissus
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Le feuillage caduc de la v igne-v ierge offre de belles couleurs à
l’automne et laissera la trame de
ses lianes sur le mur pendant l’hiv er.
Le lierre, au feuillage persistant,
peut couv rir un sol comme une
façade. Selon l’essence, l’impact du lierre
sera plus ou moins sombre.
Plantes nécessitant un support, éloigné de la façade
� plantes grimpantes et arbustes sarmenteux Plantes grimpantes et arbustes sarmenteux (arbustes à longues tiges lâches av ec ou sans épines).
Ces plantes s’accrochent soit en s’enroulant autour d’un support (clématites), soit en s’accrochant à l’aide de leur
épines (rosiers sarmenteux ), soit en s’accrochant à l’aide de v rilles (passiflores, chèvrefeuilles…).
Pour les arbustes sarmenteux , le support doit être horizontal et il faudra y guider et attacher les tiges sur la longueur.
En rev anche, pour les plantes grimpantes à vrilles qui s’accrochent sur un support, celui-ci sera de préférence
v ertical.
� Intérêts :
+ Pas de détérioration de façade / Protection de la façade car év ite les chocs thermiques + Interv ention facilitée sur façade par la suite
� Inconv énients : + Coût du support
� Conditions : + Créer un support : treillage ou fils tendus
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Espace entre le support et le mur : mini 5 cm
(10 cm est bien : bonne circulation de l’air pour év iter moisissure et échauffement) Attention à la durée de v ie de ce support
et à sa résistance par rapport au poids de la plante + poids neige et pluie Pour fils tendus, espacement de 25 à 40 cm entre 2 fils horizontaux, selon le ty pe de plante. A relier par tendeurs
v erticaux pour améliorer la couv erture végétale.
Si seconde façade en v égétal av ec éloignement important : attention à l’arrachement lié à la prise au v ent
� Plantes : + un chèv refeuille s’enroule facilement autour d’un support v ertical grâce à ses v rilles
+ un jasmin, plante sarmenteuse aura besoin d’un support plus complex e et il faudra attacher ses
tiges une par une lors des 2 premières années.
+ Un houblon s’enroulera autour d’un fil sur une hauteur importante. Si chaque année la liane meurt, une nouv elle tige apparait l’année suiv ante. Il sera en conséquence nécessaire tous les
2 à 3 ans de couper à ras les tiges mortes.
La tige d’une glycine enserre de
façon étroite et av ec vigueur son
support qui peut alors se déformer et se tordre sous l’étouffement. Il
en sera de même pour les descentes des eaux pluv iales si on
n’y prête pas attention et qu’on la
laisse s’y enrouler.
Au contraire, la liane de la vigne vierge s’enroule de façon plutôt lâche
autour de son support, créant moins de dégât.
La liane de l’Aristolochia s’enroule
ici de façon étroite autour du câble inox
Celle de la vigne reste
indépendante de son support: ce
sont les pétioles v olubiles qui assurent à la plante sa capacité à
y grimper.
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Attention aux gouttières…
La gly cine peut monter assez haut. Il faut la guider au début et la contraindre par des tailles importantes pour une belle floraison.
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NB : Dans ce tableau, nous distinguons les plantes géliv es, des plantes rustiques. Toutefois, certaines plantes
indiquées comme pouv ant être installées en ex térieur peuv ent être sensibles à des hiv ers rigoureux . Nous avons éliminé les plantes ne poussant qu’en serre sous nos climats.
Sans sy stème d’accroche : à guider et palisser
Pour l’ex térieur : Berchemia, Jasminum nudiflorum, Rubus
Pour climat doux ou méditerranéen : Agapetes, Allamanda, Asarina, Berberidopsis,
Bomarea, Calceolaria pavonii, Canarina, Cantua, Cardiospermum, Clianthus, Solanum, Streptosolen
Av ec sy stème d’accroche par épines : à guider et palisser Bougainvillea, Rosa, Smilax
Volubile lâche Pour l’ex térieur : Berberidopsis, Muehlenbeckia
Pour climat doux ou méditerranéen : Beaumontia, Billardiera, Cionura (attention aux
réactions cutanées), Kennedia, Lapageria rosea, Senecio
Volubile serrée Pour l’ex térieur : Actinidia, Akebia, Celastrus orbiculatus (NB : plante envahissante),
Dregea, Humulus, Kadsura, Lonicera, Parsonsia, Phaseolus (annuelle : haricot),
Polygonum, Schisandra, Stauntonia, Trachelospermum, Vigna, Wisteria
Pour climat doux ou méditerranéen : Aristolochia durior, Gelsemium, Hardenbergia,
Jasminum officinale, Jasminum polyanthum, Lardizabala, Mandevilla, Merremia,
Av ec sy stème d’accroche : pétiole v olubile Pour l’ex térieur : Ampelopsis, Vitis
Pour climat doux ou méditerranéen : Cissus, Distictis, Passiflora,
Av ec sy stème d’accroche par v rilles : vrille attachée à la tige Pour l’ex térieur : Clematis
Pour climat doux ou méditerranéen : Rhodochiton
Av ec sy stème d’accroche par v rilles : vrille foliaire
Pour l’ex térieur : Lathyrus, Mutisia oligodon
Pour climat doux ou méditerranéen : Bignonia, Cobea, Eccremocarpus
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Pour accompagner partiellement une façade : Le végétal à distance
Arbres d’alignement
� En espace public : pas de maîtrise pour le propriétaire des logements
� Intérêt par rapport à la biodiv ersité, à l’effet climatique (contre ICU), et contre la pollution
Selon les recherches, ce sont les arbres qui sont les plus appropriés pour la résorption de l’effet des ICU et pour fav oriser la biodiversité (à condition qu’ils soient eux -mêmes div ersifiés dans leur représentation au sein de la
v ille) bien loin dev ant les toitures v égétalisés, les arbustes et les façades v égétalisées.
En effet, les arbres produisent de l’ombre qui réduit l’absorption de chaleur et leur masse végétale retient l’eau de
pluie fav orable à la régulation de chaleur, capte le diox y de de carbone et produit de l’ox y gène… Toutefois, leur besoin en eau est tel qu’il peut être problématique en période de sécheresse.
Selon la transparence du feuillage, l’ombre est plus ou moins soutenue. La gêne d’un feuillage très dense en milieu urbain amène certains riv erains à rejeter ce principe de plantation
surtout lorsqu’il est très proche de la façade. Au contraire, un feuillage léger peut apporter une certaine intimité au logement.
� Attention donc à l’éloignement entre la façade et l’arbre � Le choix des arbres sera fait en fonction de son feuillage plus ou moins sombre et dense
� Le ty pe d’enracinement (racine piv otante à privilégier), son besoin en eau (celui d’un peuplier est tel que
l’arbre trop près d’un bâtiment peut v enir le déstabiliser), la sécurité structurelle (le robinier au bois très dur, casse facilement surtout s’il est taillé, pouvant présenter un danger lors de période venteuse. Le
tilleul au bois souple se taillera parfaitement et permettra une formation en rideau, palissée ou en plateau), seront également des critères de choix important.
Le Gleditsia triacanthos inermis au feuillage léger peut être planté facilement sur trottoir étroit
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Plantation d’arbustes en pied de façade
� Intérêts :
+ Valorise des pieds d’immeubles + Anti-graffiti
+ Recul du passage piéton par rapport au rdc ce qui préserv e l’intimité des logements
� Inconv énients : + Entretien / taille en cas de faible emprise entre terrain priv é et public
+ Ne couv re que le seul rez-de-chaussée
� Conditions :
+ Nécessite un recul entre le pied de l’immeuble et la limite de l’espace public pour la fosse de
plantation et l’épaisseur du v égétal (prév oir mini 80 cm) + Nécessite un arrosage, v oire un apport nutritif
+ En fonction de sa localisation, prévoir une protection contre la pollution (mégots, sel de
déneigement, acide de l’urine canine notamment…)
En pleine terre, une haie de charmes
pour camoufler des v entilations de
parking. NB : L’espace de plantation est trop
faible pour permettre le maintien des plantes fortement sollicité coté rue. A
l’arrière de l’immeuble, le même
sy stème présente une meilleure pérennité car éloigné de la circulation.
En jardinière, pour camoufler des v entilations de parking.
NB : L’ampleur du système permet un développement important des v égétaux. A contenir par un entretien régulier, pour conserv er le
passage sur trottoir.
Ici des Pyracantha palissés sur un mur : pour un superbe effet automnal.
Un rosier sarmenteux offre des tiges suffisamment solides pour monter
sans réel besoin de support. En rev anche, il faudra les accrocher ponctuellement à la façade.
40 cm
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Des études ont montré le pouv oir d’absorption des pollutions aériennes par les plantes. Des essais (brev etés) de
captage des polluants et de traitement de l’air ont été réalisés (notamment au droit des v entilations de la Maison de la Radio à Paris). Une documentation du bureau d’études Phy torestore, inventeur du projet, est accessible
depuis internet sur le sujet.
Plantes en pots sur balcon ou accrochés en façade
Comme nous l’av ons vu cette solution la plus courante est facile à mettre en œuv re.
� En espace priv atif : est fonction du v olontariat indiv iduel
� Intérêt social d’appropriation (et donc de respect) de son env ironnement proche.
Plantation d’arbres en pied de murs
Potager du roi à Versailles Mur support de pommiers et poiriers :
En assurant l’agriculture en v ille, ce système présente un intérêt
supplémentaire.
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Plantation de grimpantes sur support éloigné d’une façade
La liane est ici éloignée de la façade, créant ainsi un passage protégé du
soleil.
La structure légère a été prév ue le
temps d’un événement… Il aurait été nécessaire pour un usage pérenne de
la prév oir plus solide et bien fix ée.
Vigne sur une structure métallique en
deux ième paroi d’un mur. Se méfier toutefois d’un support
métallique qui peut chauffer for tement
en plein été et bruler les plantes.
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Pour prendre du recul Si la végétalisation des façades est à promouv oir pour son intérêt multiple, il semble cependant nécessaire de
s’interroger sur sa sy stématisation et sur le discours tenu à ce propos.
Les plantes ne sont pas sans danger pour l’homme. Certes les études montrent que ce sont surtout les pollutions
chimiques11 qui fav orisent les allergies et maladies. On estime que la population au contact de ces polluants dév eloppe une sensibilité importante et on compte une aggravation certaine dans les prochaines années. Dans
ce contex te, les allergies aux plantes dev iennent de plus en plus fréquentes et grav es.
� Faire très attention au choix des plantations. � Afin d’év iter une dispersion de pollen, placer les plantes à fort potentiel de pollen en dehors des
circulations des v ents dominants.
Vouloir imposer des plantes souv ent exotiques, ou issues de cultiv ars, peut fav oriser certaines espèces animales
au détriment d’autres et détruire des équilibres… � Priv ilégier les essences locales ou acclimatées depuis très longtemps ;
� Ev iter les effets de mode pour limiter l’omniprésence de certaines essences et au contraire, fav oriser
une certaine div ersité. Les plantes sont maintenant élev ées dans des conditions de moins en moins respectueuses de l’environnement
comme la culture hors sol, et en dehors de nos frontières obligeant à leur transport énergiv ore. L’intérêt écologique s’en trouv e ainsi fortement minimisé.
� S’assurer au minimum des conditions de formation des sujets amenés à être plantés
Les systèmes PCV sont tous brev etés. Si leur mise au point nécessite de lourdes recherches, qui justifient cette
précaution, cela ne va pas sans un questionnement sur l’accès à tous de ces systèmes. On peut également
redouter que l’utilisation du v égétal lui-même devienne à terme, l’objet de brev et, comme cela devient le cas av ec les OGM.
Ces sy stèmes nécessitent également une mise en œuv re complex e et un entretien conséquent. Les végétaux ont besoin d’eau et de produits nutritifs qui doivent être rigoureusement contrôlés.
Disposés dans des conditions ex trêmes, les végétaux sont fragilisés, nécessitant le recours aux produits
phy tosanitaires. L’utilisation de panneaux solaires pour fournir l’énergie nécessaire à la gestion du cycle de l’eau et des
nutriments, représente une consommation de produits rares pour leur fabrication, même s’ils sont producteurs d’énergie renouv elable ;
Les nutriments doiv ent être rigoureusement contrôlés obligeant à une production de ty pe industriel ;
On peut également se poser la question du recyclage : quel devenir pour les réseaux d’arrosage, les tissus et autres matériaux de construction de ces sy stèmes ?
Nous v oy ons que tous ces dispositifs sont difficilement justifiables au regard du dév eloppement durable.
Si les plantes captent la pollution, elles ne doiv ent pas être les seules solutions au problème. La v olonté affichée aujourd’hui de végétaliser à tout v a, doit s’accompagner également d’une réelle volonté de limiter les pollutions
chimiques, électromagnétiques, etc… et nous v oyons que nous en sommes loin. Penser la v égétalisation des
façades pour se donner bonne conscience doit être év ité à tout prix. Mais v égétaliser le cadre bâti dans un but d’agrément de notre cadre de vie et comme un des moy ens parmi d’autres pour améliorer le climat et la
biodiv ersité, est certainement à env isager.
11 Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publié en mars 2016 sur une étude effectuée en 2012 ,
- 12,6 millions de décès dans le monde seraient dû à « la pollution de l’air, de l’eau et des sols, l’exposition à des
substances chimiques, le changement climatique, et les rayons UV » - 8,2 millions de décès liés à des maladies non transmissibles (AVC, cancers, maladies respiratoires …) seraient
attribuables à la pollution de l’air
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AUTEUR :
E. Wittmer, architecte dplg, s’est engagée très tôt dans les questionnements du rapport végétal / bâti. Aujourd’hui, se définissant comme urbaniste-paysagiste, elle travaille essentiellement avec les communes sur
leurs problématiques d’aménagement. https://fr.linkedin.com/in/elvirewittmer
Parce que l’union fait la force, elle a fondé le collectif +CACTus : https://www.collectifcactus.com/elvire-wittmer