mitterrand : l'obs de la victoire

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  • 8/7/2019 Mitterrand : l'Obs de la victoire

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    'EDITORIAL DE JEAN D'ANIEL" " ' 5 'uelle fete! Et quelle:dsllvrance ! Cornrneile pays en avait;besoin! Et comme illait oublh~ legoOt de la victoire !Au point:e, dtrnanche soir, inforrnes des resultats,s inconnus qui mit envahi nos bureaux:us adjuraient de leur donnerune confir-ation; de leur promettre qu'ils n'allaient:

    s' etreclt'i9us, que tout n'allait pas, uneis encore, rentrer dans l'ordre, cet ordrepouvant etre que celui de I'~chec.ttardons-nous un moment, tout de,erne, cela n'est pas si courant, sur cetteresss populaire : ce qu'il y a eu peut-etre, plussaisissant, dans la manifestation de[ole, c'est qu'on n'y decelait aucune cer-ude ni Io l dans une ideoloqie : aucunemission au' profit d'un hornrne. .Jarnaissse ne fut a ce point lucideet personnea exprirne une illusion sur des lendemainsi soudain chanteraient, C'etait bien plu-une euphorique reappropriation de touss droits, y compris celui de se tramper;droit du risque _, pourquoi pas? ~ais que l'on prendrait snfin soi-rnerne.ne fete qui donne bien la mesurede eentiment d'exclusion ressenti par la majo-e des Franr;:ais. Une fete qui deeoncertequene pouvaient prevoir ceux qui n'ontla bouche que les mots d'usage, d'expe-

    de competence.C'est cette explosion d'alleqresse popu-ire, baptisee evidernment (( desordre ifor la circonstance, que redoutait Ie plusclasse qui s'etait lnstallea assez durable-nt au pouvoir pour s'en croiredetentricer privilege de droit divin. Ce n'est pas Ieonopole excluslf de la droite. Tout pou-ir tend a perseverer dans son etre, Auut d'un certain temps, I'eventualite debandon de ce pouvoir est envisaqeemms une- depossession abusive, uneurpation. II reste que, lorsque c'est laoita qui tient les cornrnandes. elletrouve tres vite ce sentiment bien monar-ique qu'elle doit son privilege plus a lature des choses qu'a la volonte popu-ire, Voila qui peut expliquer leschainernents rageurs et vindicatifs deisca.rd et des siens, all fur et a mesure'ils etaient intorrnes de la probabllite deur echsc. On les a 'VLlS alors se departirr tteele'gance cou rtoisedont iIsa s'ernpanacher. Ce n'est pointnt leurs 'arguments' qui, personnellernant,'ont choque : dans l'inevitable mani-

    chsisme d'une campagne electorale, onpouvait tres bien s'attendre a ce que fatutilisee contra Mitterrand la differenceentre la (( plate-forme de gouvernement )l,du candidat a la presidence et Ie (( Projetsocialists du premier secretaire, Ce qui aete, en revanche; inattendu, c'est de voir,a certains moments, Ie visage de Giscardse deforrner dans les rides de la barons. II.a sans doute traverse une rude annee etfait' une rude campagne. On esperait nean-rnoins de lui plus d'allure dans l'adversite,Void done Francols Mitterrand au boutd'un chemin qU8"personne ne Ie vovait par-courir, a la tete d'une gauche que per-sonne ne creditait d'une victoire et d'unpays dont On prevovait qu'il suivrait Iernouvernentvqeneral dans les idemocratiesoccidentales, celui d'un retour au conserva-tisme et a la reaction. II est Ie premier pre-sident de gaUChe eluausuffrage universal.II est Ie premier, dspuis 1956, et .aprestrolsvalues tentatives, a ramener la gauche aupouvoir. lIa cree une force autonome quine doit plus rien au parti communiste.Nous avons ete parfoissi exigeants, silrnpatients l Comment pourdons-nous luimarchander notre admlrativs gratitude?Unesi grande et sisavante obstinationdans l'epreuve ; uneaptitude si deconcer-tante a puiser dans l'obstacle Ie goGt ducombat plutOt que les raisons du ranonce-ment: une Tacon si impressionnante des'accommoder de l'impopularite, de la ver-satilits des uris. de J' ingratitude des autres,assures que I'ein est de voir les uns et lesautresse transformer en laudateurs etcourtisans Ie jour venu; une telle foi, faiteautant de candeur que de volontarisme,dans.ce (( peuple de gauche dont il sera itle herault predestine etdans ce pavsaqede 1 8 France dent il constituerait l 'indsra-cinable cornposante: void bien, decide-rnent, autant de traits qui campent un per-sonnage hors serie. On l'a vu dans la nuitde dimanche, lors de sa declaration : c'estIe plus gaullien des dirigeants de la gauchequi va s'installer a l 'Elysee.Comme si, dansIe long combat qu'il a livre centre Ie Gene-ral de Mai~58, Francois Mitterrand s'etait, aforte d'hostile intirnite. lrnpreqne des incli-nations de son glorieux adversaire. Stupe-fiant ltineraire : cet homme a decide unjour qu'il convenait de ressusciter unegrande force, socialiste; que, pour ce faire,ilfallalt s'unir au parti communiste, avec Iesecret espoir de 'l'affaiblir ; que, pour obte-

    nir cet affaiblissernent, 11allait viser lacquete du pouvoir en exploitant la constion et en entrainant l'electorat cornrnuncentre Ie gre de ses propres dirigeants.non content d'avoiratteint taus ces otits, il est, de plus, arrive au pouvoir.l 'opiniatrete gaullienne au service de l'blumiste.On peut done cornpter sur une pernalite de cette trempe. Et des maintenpour se fa ire une idsa zrssez forte dfunction, en particulier comrnesupreme des arrnees et comme maitrepolitique etranqere. D'ou I'on peut tireconclusion, deja, qu'il n'v aura pas bcoup de possibilites de cornpromisdes formations ou des hornrnes qui netageraient pas sesconceptions. Lesocialiste pourra bien negocier tels ouaccornrnodements pour des program'de desistement ou de qouvernernent.nouveau president de' la Republiquepourra pas se Iaisser imposer, POUT sonen Europe et dans Ie rnonde, un inflecsernent, 51 fa'ibJequ'il soit, des positqu'il a solennellement fixees. Et cela rtre Jalimite des ententes que d'aucunsjettent de lui dicter. En un mot, lesgeants comrnunlstes savent bien qu'a ldes, 'fins la possibilite d'un dialoguel'eventuelle presence de ministres comnistes dans Ie futur gouvernement depasser par un remaniement de certaineleurs options fondarnentales.

    O n peut penser adans la rnernepective, que, cois Mitterrandqardsra de porter atteinte a une contion legitimee a partir du moment ouvlent de permettre.l'arternarrce. Une cotution qui procure preeisement au presde la HepubJique une latitude de manceassezgrande contre les assauts evende ses ennernis ou de ses trop 'enbrants allies. Sans doute s'est-il engamodifier la DUree du rnandat presidentiadeqre de rssponsabilite du gouvernemet Ie scrutin. Mais den ne presse, et lachaine echeance des elections legislaconduit' a des imperatifs prioritaires.Mais, sl ce n'est paint encore la finVo Republique, e'est deja" bien sur, ld'une longue periods d'anesthesle.

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    tait pas une perioda de despotisme. IIrait meme vain de pretendre que cetteriode a ete entierernent negative. La sta-ite a ses avantages et elle finit mernaparniser des.equllibres et des repartitionstaches ou chacun arrive a croire qu'il yuve son compte, sinon sonEn revanche, cette periods a ete celie deconfiscation de I'esprit de liberte, Onut tres bien disposer des libertes et nes eprouver Ie besoin de se servir de faerte. La nation, alors, n'est plus I'affairetaus. Chacun s'en remet aux cornpe-

    I). C'est Ie repliement de toutes lestegories de citoyens sur des soucisclusivernent corporatistes. Dans uneriode de crise de I'universel au, commeffirme un philosophe, les lieux detenteursverite sont reputes etre scientifiques,

    ne elitistes et inaccessibles, on finit parconduire comme si la charge de la citeI'imagination des rapports sociaux ~

    ient reservses aux seuls professlonnels j,ne certaine classe. C'est cet etat ~prit qui a ete, dimanche soir, pulverise, ~est cette recuperation de la liberte quiait exploser la fete.Cela, Francois Mitterrand I'avait prevu etmpris. II a su eviter de parler des preble-de I'emploi en termes rniserabilistes ; ila evoques en homme fier, capable de

    mprendre la fierte blesses du chorneursiste. Revenant de loin sur ce theme etrs qu'iI a ete toute sa vie preoccupe denite administrative de la France, il arouve dans I'opposition les pesanteurs decentralisation et Ie fait qu'elle conduisaitque citoyen a subir sa vie plutot qu'a landre en charge. Je ne sais pas, commessurent de nombreux experts, sansun doute dignes d'estime, si la politiqueRaymond Barre avait sa coherence etmanquait pour reussir que d'une forte

    lonte politique. Nous savons, en revan-e, qu'elle ne suscitait aucun elan,une mobilisation, qu'elle n'avait aucunertu contagieuse d'entrainement. Laance de Francois Mitterrand, ce n'estut-etre pas tant de trouver des solutionsnedlates et magiques a la crise mais desr et de multiplier ces espaces deerte, ces besoins de participation, ceslontes de se battre qui sont les caracte-tiques du reveil d'un peuple enfin

    J. D.

    Ie

    La place de la Bastille, Ie 10 mai.Jarnais liesse ne fut 5i lucide

    Lesmanceuv r esde i u i n.Les perdants du 10 mai veulentleur revanche aux pro chaines legislatives. Mais Giscard et Chirac. se disputent la direction des operations

    Un bouleversement a bien commencedimanche soir. Tout le monde I'a senti. Ce n'esten rien Ie chaos annonce par l'ex-majoritequand elle essayait, en vain, de susciter unultime reflexe de peur.L'originalite de la situation creee par l'elec-tion de Francois Mitterrand est pourtant qu'ellelaisse Ie jeu democratique totalement ouvert. Ladroite, pendant toute la campagne, a battu lesestrades pour convaincre les electeurs que la vic-toire d'un president socialiste creerait Ie desor-dre, puisque Ie candid at du P .S. osait annoncerqu'iI dissoudrait l'Assemblee nationale q ue le sFrsnceis ont due II y a trois ans , Giscard Ierepetait encore vendredi dernier. Or, des diman-che soir, Chirac, Giscard et Poniatowski annon-

    caient tous les trois. plus ou moins clairement,qu'une occasion de revanche allait bient6ts'offrir. Ponia l'a meme dit sans fioritures, ason habitude, en affirmant que les Francaischoisiront dans six semsines .une nouvellemsiorit de deputes et qu'ils auront ainsi lepossibilite de se reptendre .n a ajoute : Desa present, je prends les contacts necesseires pourassurer le vicioire du troisieme tour. Une fan-faronnade de plus pour Ie prince qui, sans nai-vete aucune, souligne de cette facon qu'iln'accepte -pas Ie verdict des electeurs ou, dumoins, qu'il espere bien Ie remettre en questionMais c'est la regie. 11est sain - Francois Mit-terrand n'a jamais dit autre chose - que I'occa-Le Nouvel Observateur 45

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    PECIAL ELECTIONSuite d6 ls page 45sian soit donnee aux Francais de mettre enaccord la majorite pariementaire et la rnajoritepresidentielle qui vient de se manifester - etavec queUe nettete l' - sur son nom. S'ils enecidaient autrement, eh bien il faudrait trouvern modus vivendi..Mais la nouvelle opposition - c'est-a-dire laroite - commet peut-etre une imprudence enresent ant ces elections legislatives - qui seeroulernnt vraisemblablement les 21 et 28 juincomrne un troisieme tour , comme si cetteonsultation etait en somme une belle entreeux comptetiteurs qui auraient rem porte cha-un une manche . C'est faire bon marche dea preeminence, de la speeificite du president dea Republique dans le systeme tel qu'il est leguear les precedents occupants de I'Elysee. Laecon a ete trop longtemps serinee, et Sur tauses tons, pour qu'elle soit oubliee justement Ieour ou Ie peuple de gauche sort de SOn exil.Mais enfin, cette echeance nouvelle est impor-ante. Et chacun, deja, de s'y preparer. C'este moment de se souvenir du temperament debssseut de Giscsrd, rappelle ainsi un de se sBsttu, il n'aura de cesse qu'il ti'sit:

    le pall voir perdu. Les allusions itne eventuelle retraite studieuse dans Ie Val-de-oire n'auraient done ete que propos en I'air ?n peut Ie penser. Et croire plutot qu'il etaitrneme avant la sanction du scrutin, itnnoncer la creation d'un grand parti liberalil prendrait la tete. Aujourd'hui, demain,n peu plus tard ... Poniatowski a entrouverttte porte.Un obstacle juridique pourrait-il entraver ceecommencement de Valery Giscard d'Estaing ?n a fait observer qu' en qualite d' ancien presi-ent de la Republique il siegera desorrnais deroit au Conseil constitutionnel. II ne pourraitfirement pas cue membre de cet areopageupreme et depute en rneme temps. Mais ilevrait, s'il Ie desire, pouvoir se dernettre de ceroit a sieger au Conseil contiruticnnel, Certainsn doutent, qui pensent que cet honneur ne peuttre recuse : on pourrait renoncer It sieger -incent Auriol Ie fit, naguere - mais non pasmettre sa demission. Une bien mince querelle,inalement. Si Giscard veut mil i ter , il le fera ...Parce qu'il est convaincu du desir de l'ex-resident de reprendre du service, Jacques Chi-e n'a lui-mente pas perdu une minute. U'etair que 20 h 30, dimanche soir, quand il fitette premiere et breve declaration appelant a unsans esprit partisan et affir-ant qu'il etait decide a poursuivre Ie com-

    I).La troisieme voie

    Comme il etait transparent, ce soir-la, Chi-! 11 ne reussissait absolument pas a plaquerur son visage la plus legere ombre de tristesse ...our lui, Ie troisietne tour I), c'est une realite,spere-t-il, vraiment, endiguer Ie courant socia-ste qui gonfle? Pas sur. Mais laminer le gis-ardisme ne doit pas lui paraitre impossible.hirac, Giscard : non, ca ne sera pas Ie mememerne si la gauche reste un adversaire

    Apparaitre, Ie premier, comme Ie plus efficacechef de guerre de la droite, c'est Ie premierbjectif du maire de Paris. 11 a ete battu et n'a que 18 070 des voix au premier tour?ertes. Mais Giscard est chasse de l'Elysee. E'est cette sancticn-la, la plus voyante, que le ~blic retiendra. Du rnoins l 'espere-t-il . iEn tout cas, Jacques Chirac a deja mis son < 5mee en marche. Vendredi dernier, quarante-uit heures avant Ie vote, ses lieutenants finis-aient deja d'attribuer les investitures aux candi-

    dats R.P.R. dans Paris ... Et les chiraquiensn'iront pas par quatre chemins. Le raisonne-ment qu'ils proposeront aux Francais est sim-pie: une politique, celle de Giscard, a echoue.VOUSne voulez pas de I'autre, ceIle des socialis-tes, et des comrnunistes ? Votez pour Chirae,qui propose une troisieme voie. Voila qui pro-met une chaude ambiance entre partenaires del'ex-majorite.

    Le R.P.R. pretend rneme pouvoir ainsi obte-nir plus de 155 elus, effectif actuel de songroupe parlernentaire. (L' Assernblee elue en1978 compte 15 5 R.P.R. et 11 9 U.D.F., soit 274deputes formant la rnajorite , et, d'autrepart, 117 socialistes et apparentes et 86 cornmu-nistes, soit 203 gauche ; il y a aussi 14 non-inscrits.) .

    On a gagne !Au vrai, les neo-gaullistes esperent que se pro-duira a leur profit, a droite, un phenornene defoealisationcomparable It celui qui se dessine, agauche, au benefice des socialistes. Mais Ie P . S.a, pour lui, trois avantages additionnes : I 'acces-sion de Francois Mitterrand it !'Elysee, I'excel-lent score obtenu des Ie premier tour et l'affai-

    blissernent du P .C.F. C'est tout cela qui lui per-met desperer , des ces legislatives, les premiersinterets de son placement elyseen, Et tel de sesconcurrents lui predit deja, sans excessive gene-rosite, 200 a 210 deputes. On parle meme d'une simulation que les services du ministere deI'Interieur auraient faite, au vu des resultats dupremier tour: Ie P.S., aurait conc1u cette etude,pourrait peut-etre obtenir a lui seul la majoriteaosolue des sieges (performance que seuleI'U .D.R. reussit en 1968, avec 37,3070 au pre-mier tour) ou en approche r.Trop tO t pour de telles hypotheses, sansdoute; imprudent aussi. L'evidence de cettedynarnique, nee du succes remarquable, bienplus large qu'on avait pu Ie prevoir , s'est cepen-

    dant imposee aussitot. Elle n'est pas-etrangere

    au ton nouveau ado pte des dimanche sGeorges Marchais et les dirigeants duNalls sottunes prets a prendre tout dnos responssbilites ei a negocie.r. Ptemps avant, au contraire, Marchais doncroire qu'il avait pris son parti des propostes de Francois Mitterrand: il n'y auraitnegociations avant Ie premier. tour des leves puisque Ie candidat socialiste n'enpas. Mais, en pratique, ee changementest sans consequence.La direction du Parti comrnuniste frasimplement, ne peut que prendre en comnettete de la victoire de Mitterrand. Setants - sans doute plus si n cerement quechais, Laurent, Juquin et les autres - ontOn a gagne ! De jeunes comrnunistesalles chanter la victoire it la Bastille avso ciali s tes ...Tout cela explique que Georges Marchadfi retrouver, devant l'evidence democratdes 'accents unitaires . Mais, en realP.C. ne souhaite certainement pas la concd'un accord quelconque avant les legislative23 mars, Marchais annoncait que chaqueirait it ces elections avec son propregramme: il n'a pas dfi changer d'avis.

    Les communistes, en. effet, ne veulent ppeuvent pas se presenter a une table de netion avec, Pour seule carte, les 15,34 070 drecueillies par Marchais Ie 26 avril. II leucf!'abord tenter de se degager de cette positifaiblesse, la pire - lle I'oublions pas -aient connue depuis 1936. Faire mieux, umieux du rnoins, c'est un prealable imperMais lorsqu'en 1958 le P.C.F. perdit ulion et demi de suffrages, descendant de 2a 19,2 070, il esperait aussi recuperer: II nvint jamais, bien que le P.S. de I'epoque fgiquement affaibli.Oui, un bouleversement a bien commde se produire Ie 10 mai 1981 en France.

    GEORGES MA

    Valery Giscard d'Estaing votant ii ChanonatPas question de retraite studieuse )

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    SPECIAL ELECTIO

    M I T T E R R A N DA U R E M D E l - V O U S D E l 'H I S T O I R E

    Le secret de la victoire du candidat socialiste c' est qu'il a subeneficier a la fois de l'union de la gauche, a laquelle il a taut travaille,et de la rupture de cette union Le premier service que de Gaulle nousend, c'est de tsite que les republicains seettouvent et se reconnsissent, La proceduren'est point Iorcemcnt pour nous mais l'espe-anee est de notre c6te. Quand il jugeait ainsi,en 1962, l'election du president de la Republiqueau suffrage universel, concedant cette uniqueertu a un systeme daventure >I, Francoisirterrand n'imaginait pas qu'il en serait, dix-euf ans plus tard, par un renversement ironi-que de la vie, le triomphateur et l'heritier legi-time. II en a pourtant parfaitement compris etrepare les conditions.Dimanche, Ies Francais ont vote sur le cho-age et sur la crise. Mais, en profondeur,omme touj ours , ils ont pris parti pour derands syrnboles politiques. Giscard a paye laaiblesse de son pouvoir d'incarnation .iationale,itterrand a gagne grace a l'image qu'i! a reussiIi construire - au it reconstruire - de lui-

    eme, Pourtant, Ie resultat du 10 mai etait ecritn fiIigrane dans Ie scrurin du 26 avril : car

    l'echec comme Ie succes se sont joues d'abord,et de facon decisive, Ii I'Interieur de chacun desdeux camps. Mitterrand a gagne parce que Iepremier tour a marque sa maitrise, durementconquise, du probleme cornmuniste. Giscard aperdu faute d'avoir su rassembler sa majorite.

    Au lendemain du premier tour les observa-teurs n'ont pas su apercevoir I'erosion de ladroite : or l'examen des resultats rnontre que, siI'addition potentielle de Francois Mitterrandetait en effet a peine plus heureuse qu'en 1974,celle de Valery Giscard q'Estaing I'etair, enrevanche, beaucou p moins. Les 3,8 % de voixLalonde (centre Ie 1 , 3W o de voix Dumont en1974), qui ant cette fois fleuri dans Ia fractureentre les deux blocs, onr masque la distorsion deleurs resultats et Ie tassement des voix conserva-trices, POUT effacer ce rnauvais depart, il auraitfallu, cette fois, beaucoup plus delan au candi-dar sonant.

    D'autant que l'examen des chiffres remer enmernoire un autre fait, lui aussi bien oublie : en

    1974, I'activisme electoral d u second ton'avait pas prof'ite a la droite, malgre le talede son candidat et centre le sentiment generaSur cinq abstentionnistes du 5 mai 1974, tros'etaient, Ie 19, decides pour Francois Mitterand. Quant a Valery Giscard d'Estaing,n'avait presque jarnais reussi a simplement addtionner Ies voix reunies par les diff'erents canddats de droite du premier tour. De la Vendeblanche au Pas-de-Calais rouge, c'est encorequi vient de se passer. Meme dans son Puy-deDome natal, Giscard n'arrive pas a faire I'addtion de taus Ies suffrages maioritaires,C'est qu'il est a la fois un excellent candidade primaires mais un mauvais rassembleur dedroite tout entiere. Le premier trait a ete illustren 1974 par l'ecrasement de Chaban : incarnanparfaitement l'une des familles de la droite,sortir d'un gaullisme rombe en desherence, ildonne a Ia tradition bourgeoise liberale l'eclade son ambition et de sa rapidite d'esprit. S

    Le Nouvel Observateur

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    ECIAL ELECTION

    Devant Ie sl.ege du P .S" aprss l'annonce tJe la victoireles Francais ant vote sur Ie chornaqe, sur la crise . .. et sur I'image de Mitterrand

    iblesse de rassernbleur, deja visible alors, alate dimanche : il est part out tres au-dessousl'addition potentie11e des voix de la majorite.autoritaire pour ce qu'il a de libeml, tropgant pour ce qu'il a de Ieroce, marque plusnecessaire par lcs croyances d'un.lieu et par l'assurance d'avoir epouse 'devant Madame la France , il a i.GUS lessauf celui, Oi l s'illustra .de Gaulle, deet d'arnarrer a droite les voix depopuliste et de la jeunesse.Son

    nce televisee - autant que sa courte victoire1974 - aura longtemps carnoufle ce handi-, decisif dans un match de cette nature.l'ecrit (a peu pres) Chateaubriand dans Mernoires d'outre-tombe i), ilest sage demontrer au peuple que des hommes populai-n y a dans Ies chiffres de ce second tour unu collectif de sensibilite : le rejet d'unmmeet d'un style.A l'heure ou nous ecrivons, il est impossiblesavoir dans quelles proportions les electeursmanquent a Giscard sont des abstenticnnis-du premier tour qui ont vote a gauche auond, des ecologistes ou deschiraquiens, II est'ir pourtant que beaucoup de ces derniers,

    ii. l'Impetuosite de leur leader, ne Bet pas crus tenus cette fois par un appel aion majoritaire volcntairement trop nuance,Correze, ou Francois.Mitterrand gagne treizents entre les deux tours, est I'exemple type ..is la mauvaise grace est perceptible dans lesparisiens, surtout ceux a u Jac-Chirac avait obtenu le 26 avril la majorite :douzieme, le dixcneuvieme, Ie vingtieme.ais, meme lorsque 1'on abandonne ces terresclientele, pour faire, la tournee des di':parte-ts ruraux a u Chime, au premier tour ,avaitnquis l'ensemble de I'electorat gauiliste par-lement perdu par Chaban, on' retrouve lesmes electeurs maussades ou deconcertes : deVendee (oil. Giscard manque son addition des de six points) aux Vosges (de 4 %)et auvados (de 4,5 0 7 0 ) . Comme les electorats.R. et U.D.F. se ressemblent beaucoup pluse eux, sociolagiquemem et cu!turellement,les deux eiectorats de gauche, onpeut ii.

    c{)UP sur lite dans ce s incartades rnassives lavariante conservatrice de l'allergie au presidentsortant,Pent-on aussi aisernent retrouver dans leschiffres Ia trace de Ja mauvaise humeur des eco-logistes ? De taus les. electeurs, ceux-ci sent les'plus volatiles, les plus independents du systernedes partis; d'ou la coquetterie .mise par BriceLalonde . a ne pas designer le carrdidat de sonchoix, Mais chacun sait aussi que Ie gros de latroupe ecologistecampe dans les classes moyen-Des salariees et chez les jeunes electeurs : cest-a-dire, t re s e xa ct er ne nt , chez ceux qui votentmajoritairement a gauche ..

    Desannees de batailleFinalement, ils ont suivi, pour les deux tiersd'entre eux, leur pente socials et culturelle, sil'on en -juge par les chiffres de la Savoie, du

    Loud, de l'Aisne. II semble meme que le voteecologiste bascule d'autant plus a gauche que

    l'affrontement droite-gaucae est plus ancieplus brutal (comrne dans le cas du FinistereCotes-du-Ncrdet de la Loire-Atlantique).

    Mais tout cela mls ensemble: la rnauvhumeur des chiraquiens, la fidelite des ecolore s a leur logique, a quoi il Iaut ajouterdoute un vote juif de sanction, toutn'aurait pas 'suffi a la victoire de Francoisterrand dimanche. Apres tout, cinq centvoix Chaban avaient manque a Giscard en 1et les voix Dumont, mains nombreuses queles de Lalonde il est vrai, avaient aussi penchgauche. Ce qui a assure, la victoire ducandidsocialiste, et qui constitue le fait le plus imtant du scrutin, est la discipline de I'electcommuniste, C'est en meme temps le vrai triphe de Francois Mitterrand: car, s'il a bencie, negativement, de la Iassitude d'une grapartie des Francais a I'egard du presidentrant, les voix communistes, au 'contraire, ilfallu des annees de bataille pour les corrque

    L~ jeu de I'oieL'election de dimanche couronne, a gauIe deroulementd'une histoire apparemrnenttradictoire et pourtant continue. Francois

    terrand,qui a rate d'un cheveu la victoire isept ans, est elucette fois-ci comrne surIacee d'une .gauche qui, depuis lors, n'avaitde gagner du terrain : sur la carte que void,departements qui basculent .a gauche Illustcette extension nationale du vote socialiste..gression qui peut aussi s'ecrire en terrnes deports internes ii. la gauche" comme si Ia gadesunie avair plus de rayonnernent electoralla gauche unie et comme si Francois Mitterrrecueillait sans coup Ierir les petits heritiersles de la gauche protestataire comme de lache liberale, ce qui se voit ilpiein dansCharente-Maritirne de Michel Crepeau. Pbien entendu, les voix communistes, passans aucun traumatisme de l'anatherne au rarnent 'et qui ont apporte dans Ies terres ro(la Somme, le Gard), comme dans les municlites communistes (Reirns et Le Havre) Ies85 0 7 0 des beaux SOifSde I'unite.II faudra doric reviser: la conviction classselon Iaquelle une dynamique unitaire est inpensable a la gauche pour gagner un scrnational. C'est que Francois Mitterrandencaisseet quasiment unifie en sa personnebenefices des deux conjonctures, celie de l'u

    rnaiorite de gensiiges, d'aqriculteurs et' d'inactC'est dire qu'ils ressernblent cornrne des frerespratlquants reguliers dela droite, bien que rnonantis de biens et de dipl6mes. Cetts reselve demnie et frileuse, experts dans I'isoloir a falre penca droite une France de, gauche, paraissait deveternellement fournir 1 1 la rnajorite des presidetailles il sa mesure.

    La . gauche avait done fini par oublier que Ie stin presidentiel com porte pour el!e aussi des avanges, II contraint I'electeur a considerer sa voix psonnelle comme I'arbitre de la situation. De plucompte tbutes les voix.La gauche peul bcomme elle. vient de Ie taire, progresser de 2dans Ie Bas-Rhin, 'cela ne risque pas, a' des legisves, de ohanger la couleur de ses deputes, tousdroite, bien entendu. A lapresidentielle, en revche, cette poignee de voix, meme grappilh~esurterms ingrates, vient armndir la recolte du candide gauche. Ainsi 'Iemecanisme presidentiel n'aseulement impose Ie tassemblement d'wne gau~parpillee, iI en a assure et enfin traduit la crsa~.

    L E M E C A N I S M E P R E ' S I D E N T I E ~ LLa.gauche n'a cesseos penser I'echeance presiden-tielle comrne peu compatible avec sa propre victoire.Le second tour de l'electlon jxesiuentielle est eneffet un scrutin tres partlculler, qui nationaliseI'enjeu, parts un agressi(]angage binaire et rnalrneneles sentiments nuances. Or la gauche - .et miimeI'extreme-gauche - salt comment talre elire desconseillers et des maims par des stecteura moceresqui se laissent allera franchir pour la circonstanca Ii:!fron tiere droite"f1au c he .Elle est deja mol ns habile a .leur faire choisir des deputes. Elle ne 58 croyeit pascapable de leur imposer un president, coniraint parla logique de I'afffontement a sortir de sa poche undrapeau beaucoup trap voyant.

    l'election presidentielle comporte pour la gaucheune difficulte supplernemaire. EUea la proprh~te dedebusquer toute une population calfeutree, recem-ment decrite par Colette. Ysmal SOUS Ie nom devotants presidentiels v. Les (i votants presidenctiels .!} boudent tous les scrutins, municipaux, canto-naux 0u legislatifs, et ne se fisque nt a ux urMsqU'une fois tous les sept ans, II y a panni eux une

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    ECIAL ELECTioN- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -1981974 L A F R A N C E D E G A U C H E

    Vjngt-d~ux departaments dans lesquelsValery Giscard d'Estaing avait ete majori-taira en 1974ont, cette fols-ci. opte pourFrancois Mitterrand. II s'agit des departe-ments sulvants : Hautes-Alpes, Ardeche,Aube, Calvados, Ch"arente-Maritime,Cote-d'Or, Doubs, Eure, lndre-et-Loire,Jura, Loir-et-Cher, Loire, Haute-Ma.rne,

    Puv-de-Dome, Rhone, Haute-Saene. Sar-the, Savoie, Selne-et-Marna, Vienne,Yonna, Hauts-de-Seine. Un seul departe-mont a. suivi une evolution inverse: IeVar. Giscard d'Estaing y est majoritairealors que Mitterrand I'avait ernporte en1974.

    t celie de la rupture de l'unite. II a e t c I'hommel'Union de la Gauche, l'artisan de la reinte-ration descommunistes dans la conquete dud'Etat. Cette union brisee, par leuraute, non la sienne, Francois Mitterrand a leouble privilege de mobiliser leurs souvenirs ete capitaliser leurs erreurs : il est elu par lesoix communistes mais il protege les Francaisles communistes, II profite de l'union ete sa rupture. A l'inverse, le P.C. patit deseux: dans I'unite, son effritement n'a cesse dedans les chiffres par rapport au P .S. ;il etait masque par les progres de l'ensem-de hi gauche, notamment dans 1a conquetees municipalites ou au second tour des legislati-es. Dans la desunion, accorripagnee par la vio-sectaire et ouvrieriste, voici que cet effrite-ent prend une allure de catastrophe, accelereear la brutalite du tournant antiunitaire : leC. illustre et cumule les inconvenients desux polit iques successives et contradictoires.A la fin des fins, Mitterrand avait doncendez-vous avec la chance. Lui qui, a u jeu de'oie de la politique, s'est souvent retrouve it la

    ase depart, le voila qui termine premier et qu impoche toute la mise. II a cornbattu la consti-ution qui lui donne le pouvoir. II etait l'hornmee I'Union de la Gauche et c'est dans la desu-ion qu'il conquiert l'Elysee. II etait, depuis958, I'anti-de Gaulle et dirnanchesolr, depuishateau-Chinon, les Francais ont vu revivre un

    certain style gaullien. Tout ce qu'i! a ete a finipar Ie servir. Tout ce dont il a et e n'a plus, ducoup, aucune importance. L'ardoise ou sesadversaires inscrivent son itineraire cornplique

    -- les coups recus et donnes, sa longue obst intion de partisan s'efface devant le role qI'attend. FRANCOISFURE

    et JACQUES OZOUF

    l i S i E 5 U L T A T S D E P A R I S1974

    2e tour1981

    1e tour 2e tourAbstentions........... 17,2 Abstentions .."..... ,. 14,7 Abstentions. ... 22,4 Abstentions .... ".... 17,2

    Le tableau cl-dessus permet de comparer. en pourcentages, les resultats des deux tours de relection presidentielle de 1974 et de 1981 a Paris. On y mesure d'autant mieux Ie recul de Giscard et leprogres de Mitterrand, entre les deux tours de 1981. que rexemple de Paris est peu favorable aleader socialiste.

    Glscard.. . .. . , .. . " .. .. . 39,5Chaban....... 13,8Royer.. 3,1Divers droite _]J!

    58,2M itterrand. ,... 37,3Laguiller 1,;;Krivine... 0,4

    39,2

    Dumont .

    Giscard56.9

    Mitterrand43,1

    2,3

    Giscard.. "." 26,0Chirac 27,0Debre "........... 1,8Garaud ~

    56,624.69,21,72,1~39.44,1

    Giscard53,5

    Mitterrand .Marchais,." ,... "..Laguiller , ,.. ".Crepeau , ,.Bouchardeau .

    Mitterrand46.4

    Lalonde...

    Le Nouvel Observateur

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    ECIAL ELECTION

    Mcrcred i27 mai 1981, dix heures mo ins dixrnatin , la loule se bouscule devant le 57 , rueFaubourg-Saint-Honore. De grosses voirures

    rent une par unc dans la COlli de 1 'Elysee, le scus font crisser lc gravicr. Descendent Pierreauroy, Michel Rocard , puis Jacques Delors,aude Cheysson... Les huissiers ouvrcnt lesrtieres, la Joule applaudii , Dix heures, le pre-er conseil des ministres du premier gouverne-nt de la gauche commence. Dans la grande

    l es r ni ni st r es lOU[ frais e rn ou lu s de co uv re ntlrundaisnns du pare par les baies ouvertes,l e r no nd e est sais i d'un petit Irisson : quel-

    e chose vient de changer en France. Maisac reme 11 t quai ?Le. parlernent., en etfct, est virtuellernent dis-s par Ie president Mittenand. II ne se reunir a

    qu'en session extr aordinairc, en ju ille t ,res lcs elections legislarives prcvues Ies 21 etjuin. Daus eel iruervalle, qu'on appelle dejas soixante jours de Mitterrand , que va-t-ilpasser? Er d'abord, pourra-t-on , sans voterlois, prendre les mesures polulques et econo-ques hardics que les Francais attcndent, fairee aux situations imp revues ; bref, pourra-t-onment gouverner ?Evidemment, oui. En Iabsence duparlernent,g ouvernernent peut proceder par decret.s, er lemp ainsi couvert CSt exrrernernent large: en76, Raymond Barre avait, par decret , cree laa la Condition feminine et imposedernnite secheresse , decide la constructionne usine d'enrichissement d'uranium etlecage des prix pour trois mois. Mieux: en68, le gouvernement Pornpidou, pendant lege du parlerneru , augrnente le S.IVI.LC., lesraites, les allocations f'amiliales et les salaires

    fouctionnalres. I I rerabl iI Ie co n trole desnges et ti ra 745 rn illions de dollars sur leEn 1981, pourquoi se priverait-on de tels

    ? On sait evidemrnent tout ce qu'on neut pas faire pendanrces soixante jours ; sanste, impossible de toucher a la duree legale duvail, qu'il s'agisse de la semaine de trente-q heures, de 1a retraite i\ soixante ans ou de

    SS O I I A N T EP R M I R SJOU.

    Voici lesmesuresque le nouveau presidentpeut deciderde prendre des soninstallation it l'Elysec

    la cinquieme semaine de conges payes. Pas ques-tion 110li. plus de, nationalisarions, de creationd'impots nouveaux, ou de recruternent de fonc-tionnaires supplernentaires. Mal, beaucoup dechases sont possibles, sur le plan politique,socia I, financier et eco nornique.

    10 POLITIQUE]I Iaut organiser d ' abord les elections legislati-yes. Sek)J1 quel mode de scrutin ? Si on veutchoisir la proportionnelle (qui a la preference duP .S., car elle eviterait la negociation dudeuxieme tour avec Ie P. C.), 11 faut f ai re v ot erune loi, done convoquer l'actuelle Assernblcedes Ie lendemain de I'election, fiit-ce pour la dis-

    A la BoAtteaux coups-de

    /

    soudre ensuiie. .J uridiquerneut possible,quement peu probable. L'election devraitse faire au scrutin actuel, m aioriraire atours. En revanche, au P,S., certains pserieusernent a modi fier '(par decret, c'estble) Je decoupage des cir conscriptions. Acat entre reus, qui a deja change I'issue ddes elections.Ensuite, classiquement, on peut s'attcndes changements d.hommes :lUX pastes clehaute f union publique. Lc secretaire gde l'Elysee. le directeur du Tresor, Ie dirdu Budget. le gouverneur de la Banqufrance. les prefers et les recteurs d'Acadcomptent parmi les .quelqne cinq cents persqui Iont " tatUIHI,) la France ... au quempechent, En 1968, Pornpidou avait pousouci du detail jusqu'ji s'occuper personment des nominations de .sous-prefets. Openser ique Francois Mitterrand n'ira pasloin mais que certains prefers, au' moins,deplaces.Enfin, on doit savoir tres vile au I'onfaudra done, des Ie depart, mettre en chun veritable plan, POUT trenre mois au 'Comme J'actuel VIlle Plan de Giscardjamais ~te soumis au parlement, il ne sera.pas necessaire de I'annuler,Pour mernoire - tout le rnonde y pensepersonne ne l'evoque -, il faut aussi envde possibles debordements a gauche, protions a droite. Et savoir comment mail'ordre dans la rue ou ernpecher de trop ggreves d'E.D.E ou des transports en comentre autres, La, des requisitions sent posparticulierement pour la S.N.G.F. ou lesles nueleaires. Un gouvernement de gaucs'y resoudrait qu'en route derniere extrmais la possibilire existe (elle avail dailleurutilisee dans I'interregn e Pompidou de 19

    2 SOCIAL1936, ce Jut le Front populaire et Ies

    payes. 9u'esl-ce qui rnarquera J 9R J '! QImages tortes, dynamiques, entrainantes ..pas trop couteuses pour une economic enOn pense tout de suite a line augmentation

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    M.I.e. (qui se situerait aux alentours de300 F), sur laquelle les trois centrales syndica-travaiIlent deja. Puis a une augmentation desocations familiales et de l'aide au logement25 010en juin 81 , puis 25 % en janvier 82).une suppression du ticket moderateur. II restee Ie choc, ce serait, sans doute, I'adoption decin qu ie me se main e de conges payes pourus. Impossible a faire passer globalement sansvote d'une loi mais possible a negocier , bran-e par branche. Les syndicats seront done trese convoques,3 FINANCIERLa politique de la France ne se fail pas a larbeille mais c'est Iii. pourtant que peuventmorcer les grandes debacles et tes derapageslitiques cotiteux. II faudra done surveilier laurse, capable de coups de sang et de coups deDes la prise de pouvoir par Francoisitterrand, Ies gros capitaux (qui avaient jouescard) essaieront sans doute de s'envoler versSuisse ou d'autres paradis. Cette hemorragiet-elle ineluctable'! Non. Le gouvernementut tout simplement appliquer strictement Ientrole des changes tel qu'iJ existe (sans etreujours applique) depuis 1946. Mais it a aussiaucoup d'autres armes si les valeurs s'effon-'ent ou sf l'or flambe: a la demande du minis-des Finances, les agents de change ferme-Ies cotarions, en tout ou en partie. Evi-mment, on verrait alors les valeurs Roussel-laf ou Saint-Gobain, nationalisables, se cotersur le trotroir devant Ie restaurant Gallopin.ais on' eviterait Ia panique et la speculation,itte a revenir a la norme, Ie coup de feusse. S'i1 Ie fallait vraiment, on irait me mequ'a fermer et la Bourse, et Ie marche desMais ce serait a la toute derniere4 ECONOMIQUEC'est la que Ie champ d'action est Ie plusste et Ie plus divers (1). Pour financer lalance indispensable - ali men tee des Ie debutle s augmentations de sa laire s, les m es uresciales, les travaux d'utilite publique qu'enga-raient de leur propre initiative les collectivitescales - Ie gouvernement dispose quand memene ou deux cagnottes non soumises a lai : les six milliards et demi du Fonds d' Actionnjoncturelle et les neuf milliards de decouverta la Banque de France. II ne peut paseer d'imp6t nouveau, et notamment it ne peuts instaurer l'impot sur la fortune: Mais ilestujours possible de jouer sur la T.V.A. paremple, en ne mettant en recouvrement qu'unertie de laT. V.A. pour les produits de pre-necessite, quitte a regulariser ensuite auan legislatif',Surtout, Ie gouvernement lancerait, des quessible, un grand emprunt, assez attractif pourreveler efficace, Une politique du credit,sencadre et rendu plus accessible pour Ies cre-ts au logement, par exemple, et une indexationI'epargne populaire- un Iivret A de Caissepargne ou de Credit mutuel indexe, parmille -completeraient l'arsenal mis en placeur accompagner et soutenir la relance, quit demarrer .tout de suite, 'sans attendre eniIlet ou en aoiit la premiere session extraordi-ire du parlement.

    On devrait done pouvoir demarrer les mesuressentes, tout en mettant en chantier les mesu-a long terme. Soixante jours, c'est long.ais ce temps' peut, si on le veut, ne pas etre

    JOSETIE ALIA(Enquete de Dominique Thiebaultl( l ) VOir en page 55 l'article de Roger Priouret .

    SPECIAL ELECTIONLe Iv ierd u p r e s i d e n tMitterrand s'est appuye sur euxpendant sa campagne. Ils l'aideront dans sa presidence,Kathleen Evin vous les presente

    JeanGlavany.Paulette Decraene, Marie-Claire Papegay. Michel Vauzelleavec Nathalie Duhamel Enfin, les dlfficultes commencent ! )} Travailler avec Francois Mitterrand est toutun art. Son election it la presidence de la Repu-blique regle deja, pour ses collaborateurs, deuxdifficultes majeures : la diversite des secretariatset les frequentes absences du patron . Parle-mentaire, el u local, chef de parti, Francois Mit-terrand, comme tous les responsables accaparespar des taches aussi multiples que diverses, etaitdevenu un etre insaisissable. D'autant qu'iI atoujours voulu, rneme en dehors des periodeselectorales, rnaintenir son tour de France desmeetings. II se trouvait, en consequence, perpe-tuellement en deplacement , Francois Mitterrandsavait d'ailleurs jouer avec une habilete consom-mee de cette situation pour ecarter tes geneurs etles solliciteurs. Entre son- secretariat prive ins-talle a son domicile, rue de Bievre, et anime parMarie-Claire Papegay ; son secretariat personnelau P .S . con fie it Paulette Dccraene ; et le secre-tariat du conseil general de la Nievre it Nevers,il avait deja une serieuse marge de manoeuvre.

    A cette situation Ie nouveau president de laRepublique ajoute un art tres particulier d'utili-ser les' competences at les bonnes volontes, IIconfie systematiquernent a deux ou trois person-nes des missions pratiquement similaires. His-toire de recouper, histoire aussi de he pas don-ner de gage, de toujours rester libre de ses mou-vements. II peut d'autant plus aisernent recouririt cette methode qu'il entretient avec ses collabo-rateurs des rapports que l'on serait presquerente de qualifier d' amoureux , en ce sens

    que Francois Mitterrand ri'hesite jarnais it jouerla seduction personnelle pour conquerir unfidelite. Et, comme la vie lui a appris a connaitre les vanites humaines, il distribue volontiersles titres de conseiller. C'est ce qui expliquequ'i1 use un grand nornbre de collaborateurs. Les services de la PrevisionA tous les niveaux, les arbitrages que FrancoisMitterrand sera amene a rendre seront fonctionde ses choix politiques, Ainsi, pour prendreI'exernple de l'economie, au moins trois sensibilites - pour ne pas dire ecoles -s'expriment parmi les socialistes. Et ce, a to ules echelons. Entre les reformistes consequents,comme Jacques Delors et Claude Cheysson, eles marxistes convaincus, comme Pierre Joxe eJean-Pierre Chevenernent, oscillent ceux quI'on pourrait qualifier de centristes : et quont nom Laurent Fabius et Pierre BeregovoySans rneme parler de Jacques Attali, plus ideologue que gestionnaire, plus hornrne de contactque cadre politico-administratif rnais dontpresence it I'Elysee, apres Ie 24 mai, est pratiquement assuree. Sans parler non plus dMichel Rocard et de ses equipes, qui campentun peu en marge en rongeant leur frein.

    Les strates se retrouvent lorsque \'on pousseplus avant I'exploration du tissu socialiste poudecouvrir les techniciens encore peu connusqui seront demain ii. d es posies des, Ainsi, c'es

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    CIAL ELECTIONde fa page 5Jnom d'une sensibilite reforrniste que desnciers comme Jean Saint-Geours et Jeanlassieux travaillent depuis des annees pour Ie. L'un et l'autreont appartenu it des cabi-ministeriels sous la IVe Republique. Jeant-Geours, cinquante-six ans, inspecteur desnces et membre du Club de Rome, dirigeellement Ie groupe S.E.M.A.-M.E.T.R.A.

    ien patron de la direction de la Prevision, ilmpte Michel Rocard dans son equipe.an Deflassieux, cinquante-six ans egale-t, milite dans Ies rangs socialistes depuissous Ie pseudonyme deJean-Pierre Barel.st aujourd'hui directeur du secteur interna-'al du Credit, Iyonnais.l'inverse, Christian Goux, cinquante et unen paraissant dix de moins, bien qu'etantrru maire de Bandol (Var), demeure un pas-ne de l'econornie, matiere qu'ilenseigne.he de Pierre Joxe, il se definit en souriant

    membre de l'extretne aile gauche dumais reste surtout un specialists des preble-de planification. II a d'ailleurs consacre sae', en 1966, a I 'Horizon previsionnel .Ie s deux, on peut citer Alain Boublil,e-deux ans, charge de mission au Plan. IIremarquable de constater que la plupart desomistes du P .S. sont issus des services eco-iques de la Prevision. II" est vrai que, pourien pouvoir, il etait plus facile de laisser desbres de l'opposition phosporer sur Ie longe tandis qu'eux se reservaient Ia' gestiouediate. Didactique et volubile, Alain Boublilrejoint Ie P.S. qu'en 1976 mais a assure Ietar iat de sa commission economique sous Ied'Antoine Laurent. C'est lui qui ale relais de Michel Rocard durant rete depour negocier avec Ie P.C. F. la liste des

    , bien sur, c'est le domaine economique quint Ie plus I'attention , le nouveau presidentmanque pas de collaborateurs competentsd'autres secteurs.Les petits bureaux

    armi" eux, emergent Catherine et Pierretous deux universitaires et specialis-de droit public. Lui," cinquante ans, etait

    bre de la S.F.LO. - meis dans l'opposi-a Guy Mollet , precise-t-ilv C'est a sande que son epouse , quarante-cinq ans,

    d bleu outrerner et sourire eclatant, a com-e de participer, en 1973, aux reunions due des experts mis en place par Francoisrrand. Depuis r975, elle s'etait vu confiersponsabilite d'un secteur essen tiel : la fonc-publique. A elle done derrepondre auxdications des fonctionnaires mais aussi deles chasseurs de tete afin de repereri eux ceux qui pourront etre mobilises une[a gauche parvenue au pouvoir.

    tre technicienne dejaau travail depuis dess, Nicole Questiaux. A cinquante ans, ellela premiere femme cornmissaire dugouver-pres l'assemblee du Contentieux dueil d'Etat, sans perdre pour autant sond' etudiante studieuse, D' abord .specialisee

    les questions europeennes, elle animerd'hui la commission Culture du P.S. et see passionnee par les questions d'informa-et de television. "les' 'speculations sur Ie futur appareil gou-

    mental priment, savoir qui s'installera dansetits 'bureaux, sou vent bas de plafond, deee n'est pas moins important. Outre lestaires habituelles de Fran~ois Mitterrand,horptnes et une femme ont constitue I'ossa-de son cabinet de campagne.

    Nathalie Duhamel, trente-deux ans, niece deJ.-J. S.-S. et belle-fille de Mendes France.Blonde et fragile, elle assume la del icate fonc-tion de coordonner les relations 'de FrancoisMitterrand avec la presse, depuis la campagnede 1974.

    Michel Vauzelle, trente-six ans, avocat, Entreau P.S. en 1976 a la section d'Arles, iI seretrouve adjoint au maire communiste de la villel'annee suivante. Ce juriste, charmeur et pleind'humour, est, en outre, le gendre de JacquesFauvet, directeur du Monde ),. Le nouveaupresident de la Republique francaise fut ternoinit Son mariage. Echange de bans precedes : c'est'lui qui I'avait defendu au proces de Radio-Riposte ,une des radios pirates du P .S.Jean Glavany, trente-deux ans, Je plus jeunede l'equipe, est un pur prcduitde l'ecurie Mit-terrand. Entre en 1976 it I'Assernblee nationalecomme assistant du groupe socialiste charge duCadre de vie, ce jeune docteur en economicpasse par Sciences-Po se retrouve, trois ans plustard, attache a la personne du premier secre-taire du P .S. Mais pour quai faire? ,dernande-t-il, un peu effare, Iorsque celui-ci luien fera Ia demande. A vrai dire, il ne peut gueremieux definir ses fonctions aujourd'hui, ce quine veut pas dire qu'il manque de travail ni qu'ils'en plaigne, "

    Outre ces collaborateurs directs, le cercle des amis charges de mission offre une reserveappreciable de conseillers plus ou moins offi-ciels, que tous Ie s presidents 'de la V< Re publ i-que onttoujours jugee indispensables it I'exer-cice du pouvoir , Parmi eux, Francois Durand deGrossouvre, soixante-trois uns, ancien medecindevenu industriel et proprietaire terrien dansI'Allier, qui n' a pas quitte son presidentdepuis la Resistance et qui I'accompagne dansto us ses deplacements, Homme des missions dis-cretes, des dejeunerssecretset des entrevues fur-rives,' il est en quelque sorte a Francois Mitter-rand ce que Victor Chapot etait it " Valery Ois-card d'Estaing. Un titre que pourrait egalementrevendiquer , pour partie', Andre Rousselei,cinquante-neuf ans. P . -D.G. des Taxis 0-7, cetancien depute de la fugace F.G.D.S. a ere m em -bre des cabinets du ministre Mitterrand sous laIV- Republique et fut rappele en serviceactif a chaque campagne presidentielle, Neserait-ce qu'en raison de ses relations dans lesmilieux industriels, qui' font merveille dans cesoccasions. II n'attend qu'un mot pour reprendredu galon. "

    D'autres encore auront leurs petites ou leursgrandes entrees au chateau . Teis RolandDumas et Robert Badinter, amis de longue dateet missi dominici agrees ; ou Bastien Leccia,ex-depute des Bouches-du-Rhone et camarade deResistance - un des seuls it tutoyer Ie presi-dent; au encore Jean-Paul Martin, ancien pre-fet, et Pierre Nicolay, conseiller d'Etat, tousdeux ex-membres de ses cabinets ministeriels,Pourtant, si beaucoup se croient appeles, peuseront elus, La fonction presidentielle imposeune certaine dose dingratitude. Pour les socia-listes, qui, it tort ou it raisori, croient avoir desperspect ives minlster iel les, la situation ise com-plique du fait que deux equipes vont se succecterit breve echeance. D'une part, Ie gouvernementde transition qui va preparer les elections legisla-tives de juin, puis, en juiUet, un nouveau gou-vernement compose en fonction des reSultats dunouveau serutin.Les plus habiles se demandents'il ne vaut pas mieux attendre ceUe secondeetape plutot que de risquer un passage ephemeredans les palais gouvernementaux.

    KATHLEEN EVINet THIERRY PFISTER

    L E N A U F R A GD E G I S C A I DDe l' emerveillementde la reussite, il y a sept anl'amertume du congedieme

    Ce K.O. I'a surpris incredule. Ainsi, l'imsible etaii survenu ! L'inconcevable s'etaitlise! Pour la premiere Iois, son destin luinait Ie dos. Et ce vn'etait pas Ie faithomme, comme Ie general de Gaulle, qui ljadis chasse du ministere des Finances coun domestique . C'etait Ie fait de la madu peuple francais. Enferrne en fin de, jodans son chateau de la Varvasse, it Chan(Puy-de-Dome), Valery Giscard d'Estaingse dechirer brutalement dimanche le voilequi, depuis vingt-trois ans, retient la Fdans les filets de la droite et qui, depuisans, la maintient, inhibee, so us Ie charrneparole.' '

    VincoHable expertCe soir-la, c'est un peu de ses certitudess'evanouissent : non,laFrance ne veut plugouvernee par un centre qui s'est touincarne dans la droire ; .oui, des gaullistesadmis ce qu'il jugeait, lui, inadmisible, a

    que la France soit lc seul pays d'Eutopedentale dont le president sereit elu avec decommunistes , et lis ont joint leurs suffragceux de la gauche. L'enchantement a priLa part de l'electorat qui rnanifestait a chscrutin des velleites d'autonomie auxquelleut fallu prendre garde, voila qu'en ce joursif elle a Iermement choisi la liberte ... Emalgre les pesanteurs sociologiques, rl'appel de derniere heure d'un Chirae resiboire Ie calice [usqu'a la lie, malgre Id'empressement de la direction du P.C.faire elire, son vieil adversaire de la gauche.

    Est-ce possible? Giscard opere tres viretablissement,' Rien ne pourra le convaincre-la France ne se repentira pas rapidernent dchoix. Le 30 avril il avait evoque rdevantcents representants des professions Iibl'hypothese de sa defaite, Se flattant d'avoirla France en dehors de toute secousse emique au societe 'malgre la plus grandemondislc depuis les etmecs ttente , ilcluait: Les Franceis s 'en rendront comp'je ne suis pas elu, Dans ma retreiie du VLoire, je semi l'homme le plus populsirFrence: Conclusion qui prend aujourdvaleur d'avertissement. Nul u'imagine enque ce sera sur les cinq cents hectaresdomaine de l'Etoile, a Authon, que Giscarfaire fructifier sa popularite si dIe doit luinir un jour. C'est sur Ie champ pcilitiqueemend recolter. Avis a Chirac : pour prendtete de la majorite, pour jouer Ie recoursse retrouveront face it face.Milis, en attendant, c'est sur Ie passefaut seretourner pour com prendre commenseptennat commence dans I'allegresse clu tphe se termine dans l'amertume d'un congmemo On' y voit alors que Giscard a treb

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    r trois obstacles qu'il n'a pas pu ou vouluincre et qu'il n'a pas reussi a contourner. Laise , d'abord, dans laquelle a sombre sa reputa-on de competence; l'etroitesse de son assiseectorale, ensuite, qu'il n'a pas pu elargir enles moyens qu'il fallait ; Mit terrandfin, dont il a voulu ignorer les capacites dessembleur, aveugle qu'il etait par Ia rupture denion de la Gauche et les divisions internes durti socialiste.La crise: il faudra longtemps, trop long-a Giseard pour voir que les chocs petro-rs et les dereglements monetaires de 1973amorcaient pas seulement une crise mais unepture des equilibres mondiaux. Premieres vic-es probables, les pays qui, comme la France,nt depourvus de matieres premieres et d'ener-

    et, durant douze mois au moins, ilredecouvrirachaque marin Ie bonheur toujours nouveaud'avoir W: elu, Un bonheur it ne pas savoirqu'en faire. Alors i1 invente, il innove, il se reveun personnage.' N'a-t-il pas reussi it se faire pas-ser, lui, un ministre des Finances chevronne,pour un homme d'Etat tout neuf ? II remonte apied les Charnps-Elysees, il adopte Ie complet-vest on it la place du frac sur sa photo officielle:II fait modifier Ie rythrne de la Marseillaise ,II serre la main d'un prevenu dans une prisonIyonnaise. II fait defiler l'armee Ie 14-JuiUetdans les quartiers populaires. Il invite deseboueurs a son petit dejeuner. Du changement,en voila, et sans grand risque, comme prom is.On rit, on se moque, Quand soudains'amorce un train de vraies reformes : etablisse-

    . C'est seulement avec l'arrivee de Raymonda Matignon que la direction de I'economievient un imperatif pOUTl 'Elysee. Mais Ie cho-ge augmente, I'inflation ne recule pas, et Gis-d, elu sur sa reputation de ministre desances sans pareil, d' incollable expert enances et en economic. prrd pe u a peu danspinion les plumes de paon qui, dans desps plus calmes, l'avaient pare. Quand ilsurera l'ampleur des desastres qui menacentpays occidentaux, il n'y trouvera qu'une rai-supplementaire de renvoyer aux calendes lesorrnes qu'il avait un moment envisagees,

    Qu'on se souvienne des debutsdu septennat. ..27 mai 1974, le troisieme president de laRepublique annonce, comme dans un porte-Une ere nouvelle s'ouvre pour 1a II Ie croit parce qu'il croit en lui. IIIe premier emerveille par ce qui lui arrive;

    ment de la majorite a dix-huit ans au lieu devingt et un, loi sur l'mterruption volontaire degrossesse, divorce par consentement mutuel(tous textes votes grace a la gauche, d'ail leurs) ,eclatement de l'O.R.T.F. et autonomic des troischaines (ref'orme qui, du reste, ne tiendra passes promesses), A voir Giscard s'auaquer apresque tons 1es tabous de sa clssse ,d'aucuns se demandent s'il ne va pas, en fin decompte, s'attaquer it ses privileges, s'il ne va pasdefier ta gauche sur son propre terrain. De fait,il demande it Pierre Sudreau un rapport sur lareforrne de I'en tre prise ; il fait rnettre en chan-tier une ref'orrne fonciere ; il entend faire voterune loi taxant les plus-values,Mais il ne change pas de camp: le rapportSudreau reste au fond d'un tiroir : la reforrnefonciere, qui devait briser la speculation,demeure sans eff'et ; la taxation des plus-values

    SPECIAL ELECTIONsera mise it mal par Ie parlement, De la ref'orrnregionale, jadis tarte a la creme du candidat,ne sera plus question. Et c'en sera fini des refermes, jusqu'a ce que Giscardprovoque oaccepte la loi Securite et Liberte 1Se retrouvant tel qu'en lui-merne des generations de conservateurs l'ont forme, Giscardn'abordera jamais la moindre reforrne de structure. Ainsi perdra-t-ill'occasion de tenter d'elargir au centre-gauche et a la gauche une rnajoriteetriquee, Ce rr'etait pas chose aisee sans douteIes socialistes ne mettant aucune bonne volontea se laisser circonvenir par Ie liberalisme avanceGiscard, quel que filt son reve a I'origine de somandat, s'est. Yesigne avec complaisance amauvais vouloir de ceux qui l'avaient elu.Que se serait-il passe si, pour former cgroupe central dominant dour il dessine touse ul te s contours dans Democratic Irancaise il s'etait, en arrivant a I'Elysee, abandonne it spremiere intuition : dissoudre I'Assemblee poutenter, dans la foulee de l'election presidentielle,d'eIiminer les gaullistes, dam il ne croyait toujours pas qu'ils pussent survivre a la disparitiondu general de Gaulle? II ne I'a pas ose : smajorite etait infime, et I'opposition n'attendaitque l'heure de la revanche. II choisit done Chirae comme Premier min istre, a charge pour lude giscardiser les siens. On sait ce qu'il eadvint. Chirac, peu soucieux de suicide politique, arrache I'U.D.R. a ses etats d'ame rebelleset a ses tropismes giscardiens. II en prend la tetpuis quitte Matignon avec fracas. Pour plus dsecurite, il fondera, a son usage personnel,R.P.R., qu'il dressera un beau jour en face dGiscard. Pendant ce temps-la, impavide, Mitter-rand gagnait son pari pas a pas: les municipa-les, les cantonales, les legislatives meme..; .L es jeux sont faits. Mitterrand arrive amoment ou Giscard a accompli son plan de carriere. Celui-ci avaitete elabore de longue datedepuis son enfance doree de premier -ne choye ereconnu d'ernblee comme Ie meilleur;depuis son adolescence de brillant sujet, polytechnicien et enarque sorti dans la botte depuis ses premieres armes politiques dans lecabinets rninisteriels ; depuis sa premiere campa-gne electorale pour Ie siege que son grand-peteBardoux lui abandonna dans le Puy-de-D6me.

    La chance decisiveSon ami de toujours, Michel Poniatowski,raconte : Le 6 juin 1%3, il m 'a dit qu'il serai

    president de 1a Republique, et commem il s'ptendrsit. Psi note a l'epoque sur man agendace qu'il me diseit, et j'ai garde 1a page. Vepres coup, c 'e st a ss ez e x traordinaire. De faiten 1963, il y avait a peine un an que Giscard,rompant avec Ie vieux C.N.J.P. (Centre nationaldes Independants et Paysans) attache a I'Algerietrancaise, entrainait une poignee d'eIus dans Isill age du general de Gaulle. Le jour o u rlOUSsommes eutres dans 1a msjorite, devait-il expliquer plus tard, ce n'etsit pas pour en sortir.C'etsit pour succeder au general de Gaulle.Onze ans plus tard, il etait dans la place. CEuvrant au depart du General en votant Nonau referendum de 1969, ilavait saisi I 'occasionde s'ouvrir la voie. En mourant prematurement,Georges Pompidou lui offrait, cinq an s plustard, sa chance decisive. Qu'attendre de pius dudestin?Giscard, apres sept ans de pouvoir solitaire,lui demandait encore un petit supplement. U nelui a pas ete accorde. Giscard, disait un jourRaymond Aron, ignore que I'histoire eST tragi-que. II sait depuis dimanche que l'eehec esamer.

    IRENE ALLIERLe Nouvel Obssrvateur 5

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    CIAL ELECTION Syndicats :le s c in q p rio rite sLa victoire de la gauche ne relance pasI'unite daction et annonce peut-etre des renversementsd'alliances entre les centrales

    Entin .r ", lance tout emu Edmond Maireapprenant Ie score de Francois Mittcrrand.acques Chereque poursuit : La victoire duI socisliste eta it neccssairc pour iendrele cimugemctu. Meis nous VOIl/OIlS,eussi, petticipct j 1 .1 cons/ ruction du eb en -: Ni precipitation ni surenchere. La

    veut ( gsgncr pour Iongtetnp , Elleeut accepter la prophetie d 'un proche deard : l\-1ai~ oui, ls gauche gegtic. POIll"huit mois. /vpres, [l011.scueillcrons lc POlI-, pour qu.uante-cinq ans ... u 213, rue La Fayeue, la joie est moins evi-e. La C.G.T. ne s'est ralliee au candida!aliste que contrainte et [orcee. Entre lestours, Georges Seguy declarait devant samission executive: (( Le svsreme electoralidentie! ne sert pas la democretie. 11 hsndi-le mouvement ouvrier revolutionneire ,il expliquait le ralliernent de sa centrale:otre appel a voter pour Frsncois Miuerrende limite pes a bettre Giscsrd. C'est un inves-ment et Ilne gsrentie pour l'evenir, en fOIlC-de nos propres objectiis. Le soir dutour, le secretaire general de la C.G. T.ente l'ardoise : Nous vou/ons des reponsesedietes aux rcvctulicstions essentieiles des

    eilleurs et ie mise en ceuvre des moyens snti-La victoire de la gauche nece pas l'unite d'action ; au contraire, elleIes desaccor ds C.G.T.-C.P.D.T. etnce peut-etre des renversements d'alliancesIe monde syndical.Les fruits d u soutien

    base aurait peut-etre pu imposer aux cen-ouvrieres de reprendre Ie chemin den. En rea lite , personne n'v croit. Certes,grands mouvements sociaux sont imprevisi-; mais cette rois, en dehors de la e.G. 1'.,yndicats sont d'accord : il n'y aura pas demobilisation. Jl n'y aura pas de deborde-s, et la joie - reelle - des travailleurs ne

    pas assez forte pour transformer en unrnouvernent populaire les mouvements qui,ement, eclateront., ici ou lit; rnerne si laT. rente de mobiliser les travailleurs desprises nationalisees et nationalisables. Cetteire a com me un gout amer. Les temps sontiles ...En J9]6, explique Llll vieux syndicaliste,une gauche unie qui avail gagne, ellaT. etait a/ors la w:ule granoe centraleiere. En 1968. lr: P.S. n'existajl pas encore;auche se chcrchait ; mals sur Je terrain socialsion eWit grallde. Par SOil 1ntransigeance,atronal avail brise des :;niFes IOIl.!wes ers en 1967. [J y avait dOIlC-une feelle -~JJobi1i-et un desir de revanche. )Hais i1 fl 'y avair

    la crise. Aujourd'hui. la gallche arrive auir en desordre. Certes, Je patronat a filitller les grandes negociations sur III duree duil; mais il n 'y a pas eu de grel.'es significa-

    truvsilieuts, malgre; certains discouts demagogi-ques, en connaissenl le poids. Ainsi lcs premiers roles reviennent aux sy ndi-cats, alors que depuis quelques annees ils assis-te nt irn pu iss an ts it untassement r egulier dunombre de leurs adherents. II est vrai, les dec-tions prud'homales loru prouve , que leur repre-sentativite reste indiscuiable. lis vont done trou-ver dans cette victoire ,,\ I'arrache un nouvelespoir, un elan nouveau. La politique contrac-tuelle, les negociations vent etrc rclancees, et lessyndicats pourront plus f'acilernent -Illobiliser

    le defile du ler MaiOn reveleurs troupes, Sans doute, Ie patronat conserveen grande partie son pouvoir economique ; maisil se trouve desormais en face d 'un pouvoir poli-tique qui peut Ie contraindre it negocier.

    Les synrJicats sont d'accord sur cinq prioriles: I'emploi, la retraiLe, Ie S.I\1.l.e., les alloca-tions aux personnes agees et les aJlocationsfamiliales. Tous savent que FralllYoi; I 'Vlitlerrandn'a pas besoin d'attendre les resullals des pro-

    ces cinq domaines et lancer ainsi les basesnouvelle politique sociale. La, cependant,tent les convergences.La e.F.D.T. a toujours eu des rapportsciles avec Francois Mitterrand - il ne compas bien cette centrale trop pleine d'Imaginaet it laquelle il manque un appareil solimais les ceder istes esperent en fin recoltefruits de leur soutien au candid at socialisteC.F.D.T, reve detre entendue et prec responssbilite , Pour construite le chrnenr , rue Cadet, on table sur la ra Oui, le president dolt Ires vile snnoncecrestions d'emplois, de nouvelles possibilitpreretrsitc, des mesures en teveut des petsiigccs et des [emillcs. 11 doit uussi relsnpolitiquc contrectuellc. Muis ettention, autel' Ie S.M. l .C brutslemcttt pourrsit eiredeire !Ce seteit, ell e ti et , m e ttr e en questipolitique selsriulc. Poutquoi Ile pas s'enpluto! il eugmctitct le pouvoir d'uchet decards de cittq ou six points cheque anneCertaines promesses inquieient la C.F.D.T.,s'interroge sur l'entourage du president. Ltrale de la rue Cadet esper e pourtant etrcdue, d'autant plus .que F.O., la F.E.N.c.G.c. se battront , sans doute, sur laligne.

    Les dossiers et les ficellesLa C.G.T., ce n'est lin secret POUI' persveut aller beaucoup plus vite et. beaucouploin. ( If tsudre, declarai t Georges Seg5 mai, dans line interview accordee aOuest", engugct el6 Ie lendemain du stour des negociutions .sur les oroblettics em/oues et socieux ... If n'y aura "uculled'observer UJJettcve. II ajoutait que la Cest favorable a des negociations du type denelle ct evoquait les rnoyens necessaireschanger de politique, les Iameux ( movenscepitslistes . , c'est-a-dire lcs nauonalisatio

    La C.G.T chois i t done, cornm e clle ldepuis UD certain tem ps, de sc presenter cIe syudicat Ie pILI'. exigeant dans la defensinrerets des rravailleurs. Toutetois, cette atla conduit it lisolernent. En ef'Iet, aucunsyndicat ri'est favorable it un nouveaunelle. La majorite des ceutrales souhairentreunion avec les partenaires politiques pournir les objectifs et les processus de ncgociatmais ce SOIll les partenaires sociaux qui densuite se rencontrer , pour discuter, Lccord est auss i patent sur l e s na tional is a timeme si les positions sont plus diverscs.netionnlisetions ? oo; dit-on it la C.f.Dnieis decidons d'sbotd pour quoi en ieite.L'attiwde de la e.G.T. a surement poude reconquerir une panie de ses adherenaussi de camoufler ses problernes intD'autant que, pour cornpliquer Ie realignede la C.G.T., les elections legislatives VOTllver tres vireo La C.G.T. pourra-t-elle , cetrencore, rouler pour le P.e. '?Dans ce contexte social et politique, il edent que Ie choix du Premier ministreministres du Travail, de l'lndustrie et decation sera determinant. II faut it chacunqualre postes IHl homme qui connaissc lesiers et to utes les ficelles de la politique cotuelle. Du cote de la F.E.N., on glisse :de Grenelle, if ne fa u t .sllrtoll t pas ungna n I. Exit un candidat. Rue Cadet, ceimaginent deja Jacques Ddors a Matignon.reve... Folls comprenez, dit un rescap1936, il fallt des hOlJJmes qui sachent raux pressions du P.e. et de 1a CG. T. Dmenl, l'union n'es! pas pour demain.

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    le s a rm e s econom iqu esd u p res id en tLes Francais attendent maintenant de-rancois Mitterrand qu'il tienne ses promesses. Roger Priouretdit ic i ce qu'il peut faire, et dans quels delais

    Reunion C.G.T. a Renault-BillancourtQuelle attitude adoptera le patronat 7

    Francois Mitterrand, proclameelu , n'accede politique : que faire pour servir Ie mieuxpouvoir que Ie 25 maio II n 'a jusque-la que I'ancienne majorite aux ires proches electionsux armes de taible portee. D'une pan, Ie Ian- legislatives ? Et pour permettre, ceue autrege: cclui qui a mene un combat elm peut el bataille gagnee, de retrouver un equilibre ?it , une fois elu, parler comme le president de Beaucoup imaginent qu'apres l'election de Fran-s les Fr ancais, D' all tre part, la negociation : cois Mitterrand , ce sera la grande peur de larencontrera, pour les sender rnais aussi pour classe dirigeante, comme en 1936. Ce n'est pas

    ercher des accords, les syndicats, les organisa- sur, en raison precisernent de ce troisiemens profession uelles, les associations. Mais la tour) que constitueront les elections legislati-taille des interets va se derouler dans I'imme- ves. On peut tres bien avoir affaire a un patro-t , sans qu'il soit en prise directe sur I'evene- nat intransigeant, pret il. affronter les greves,nt. declarant qu' il n' ira pas au-d cia des engage-La bataille sociale, d' abord. Dans les usines et ments coruenus dans Ie programme approuvebureaux, ce sera dans un premier temps, la par r es e le c teu rs , donc qui soppose a tout cee, puis, bienrot , viendront les revendications. qui ressernblera a une augmentation generale dese lc nouveau president ait assure tout de suite salaires - que n 'a pas promise Francois Miner-'1 ses prornesses, routes ses prom esses - er rand. On peut aussi bien trouver un pat ronates sont substantielles -, seroru tenues ne qui lache tout et joue 1a carte du pire. Troisiemenge rien a deux faits essenriels. Le premier: hypothese, point invraisemblable : des attitudessalaries sont convaincus que les enrreprises dif'erentes d'une entreprise a l'autre - les diri-vent aller au-dela et que la vicroire de la geants des secteurs ou il n'y a pas de reelle con-che dolt se traduire pour eux par un gain de currence , de la banque aux artisans organises, seuvoir d'achat. Aux postes moyens et modes- montrant les plus" cornprehensifs .qu 'occupent la plupart d 'entre ClIX, onsure souvent mal les exigences de la concur-ce exterieure et le poids de l'energie chere ; etdro i[e s' es [ trop bien servie de ces realiresTIme de prerexres pour rejeter routes leurscndications. Beaucoup, helas ! restent per-des qu'on pourrait degager plus d'emplois etorder des rernuner ati o ns plus elevees si oninalt la concurrence etrangere. Le secondt est l'attitude des communistes: ils ontoncc des luttes ) ; ils ont ete trap affaiblispremier tour de scrutin pour les engager aus-t ; mais Ie climat social leur donnera I'occa-n d' agir a travers la C.G. T. et ils ne s' en pri-lH pas.Quelle altitude adoptera Ie patronat? Der-Ie souci. - legitime - de preserver la com-it ivi tc exterieu re et in terieme des prod ui ts

    striels frano;:ais,il y aura une arriere-pensee

    Calendrier precisDeuxierne terrain de bataille, lie au premier:

    l'econornie elle-rneme, ou, pouretre plus precis,la marche des affaires, Les consommateurs,dont les achats ont de faibles ces temps der-niers, peuvent changer d'attitude par cr ainte depayer plus cher plus tard. Us peuverit done seprecipiter dans Ies boutiques, chez Ies conces-sionnaires en automobiles et chez les agents etpromoteurs immobiliers. C6te positif ; on assis-terait ainsi Ii une reprise temporaire de la crois-sance qui, du commerce, se repercuterait aI'industrie, dont la production est aujourd'huiinf e rieure de 6 070 a celie de I' an dernier. C6tenegatif: les prix, tous liberes aujourd'hui, nemaDq ueraient pas d' augmenter. La repercussionsur Ia bataille precedente est facile imaginer :

    SPECIAL ELECTIONdes firmes qui marchent rnieux seront pretes Iplus de concessions sur les salaires puisqu 'ellespourront repercuter les majorations accordees,

    Troisierne aspect de Ia bataille : lc Franc.Beaucoup d'etrangers - industriels, negociants,banquiers, producteurs de matieres premieres -corruncrcem avec la France. D'autres, des petro-liers ar abes en particulier , ont place de I'argenten francs dans nos banques et dans les derniersemprunts d'Etat. Taus peuvent liquider cesavoirs. Des Francais fortunes, et d'autres qui lesont rnoins, renteront d'cxpatrier leurs capiraux.Les societes multinarionales effectueront destransferts de fonds. Rien ne s'oppose a ces mou-vements. Done, le Franc sera attaque. Endautres terrnes, il sera plus ou rnoins massive-ment offer! a la vente sur le marche des chan-ges.

    La responsabilite de le def'endre appartiendr anon pas a Francois Mitterrand mais a Raymond'Bane. Des contacts seront pris, sans doute parJacques Delors, aussi bien avec I'ancien Premierministre qu'avec M. Renaud de La Genniere,gouverneur de In Banque de France, qu'avecJ acq u es Wahl, secreta ire g e n e ra l de I' Elysee.Trois eventualites sont possibles: soit def'en-dre Ia parite actuelle du franc dans Ie cadre duS.M.E. (systems mouetaire europeen), en utili-sant les reserves d' o r et de devises de la Banq uede France, qui depassent trois cents milliards defrancs; soit sortir Ie Franc du S.M. E. et le lais-ser f'lotter su r le marche des changes j usqu' a cequil retr ouve un point d'equilibre ; soit adopterun systerne plus cornplexe et qui fonctionne enBelgique: d'une part, il y aurait un Franc com-mercial a sa valeur actuelle pour routes lesimportations et exportations de marchandises etde services; d'autre part, un Franc flottantpour l es cap it aux (par exemple, un e voiture alle-mande serait payee au cours actuel du Markmais une action de Volkswagen serait acheteebeaucou p pi us chef par I' interrn ediaire d' u nFranc financier affaibIi).

    Le 25 mai, Francois Mitterrand s'installe il'Elysee, nomme son Premier ministre et, surproposition de celui-ci, les autres rnembres dugouvernement, dissout I'Assemblee nati onale etprevoit 1es elections Iegislatives pour les 21 et28 juin.II doit continuer a mener les trois bataillesprecedentes qui ne seron t pas achevees, II devraattendre une nouvelle Assernblee pour appliquerson programme dans quatre domaines : la .f'isea-lite (il ne peut pas toucher aux impots) ; lasernaine de trente-cinq heures (la loi de quaranteheures reste en vigueur) ; les nationalisations ;l es p ou vo ir s des comites d'entreprise. En revan-che, il peut tout de suite augmenter le S.M.I.C.,les allocations aux families et aux handicapes, Ierninirnum-vieillesse, l'allocation au logement.S'Il ne peut modifier le budget, il peut anticiperl'utilisation des credits (par exernple, pour lebatiment) et mettre en oeuvre les 6,5 milliardsdu Fonds d'Action conjoncturelle prevus pour1981, creer des ernplois publics, modifier I'enca-drernent du credit, retablir Ie contr61e des chan-ges, ernettre des emprunts. II n'a pas I'intentionde retablir Ie contr61e des prix. Toute la ques-tion est de savoir s'il accoroera d'emblee cesaugmentations de pOllvoir d'achat, comme Ie luidcmandent ses conseillers politiques, ou s'i! lesetalera dans Ie temps avec un calendrier precis,comme Ie lui demandent Pierre Mendes Franceet Jacques Delors.La reprise economique sera ainsi assuree.Mais Ies recettes correspondant aux diversesdepenses ne Ie seront pas. Pas plus que la stabi-lite des prix. Ce sera Ie probleme d'apres leseli'ctioDs Jegislati ves. R . P .