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1 Mission d’évaluation des membres du cluster protection à Tahoua 16 – 18 juillet 2018 Contexte La commune rurale de Tillia occupe la partie septentrionale de la région de Tahoua. Elle est située en pleine zone sahélo-saharienne, comptant 278 villages, hameaux et campements dont quatre villages administratifs que sont Tillia, Télemcès, Gawaye et Gambane, et comprenant une population de 38 994 habitants dont 20 064 hommes et 18 930 femmes (RGP/H recensement général de population et de l’habitat 2012). Depuis 2012, le département de Tillia fait face à une insécurité qui devient de plus en plus grandissante dans la bande nord malienne, frontalière avec le Niger. Ceci est dû à la présence de plusieurs fractions des groupes armés non étatiques (Groupe d’auto défense Ighad et Allié (GATIA) ; MNLA (mouvement national pour la libération de l’Azawad), Peulhs armés du groupe Almourabitoune ; MUJAO et autres) qui contrôlent la zone et commettent des menaces et exactions sur la population civile. Participants de la mission du cluster protection à Tahoua

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Mission d’évaluation des membres du cluster protection à Tahoua

16 – 18 juillet 2018

Contexte

La commune rurale de Tillia occupe la partie septentrionale de la région de Tahoua. Elle est située en

pleine zone sahélo-saharienne, comptant 278 villages, hameaux et campements dont quatre villages

administratifs que sont Tillia, Télemcès, Gawaye et Gambane, et comprenant une population de 38

994 habitants dont 20 064 hommes et 18 930 femmes (RGP/H recensement général de population

et de l’habitat 2012). Depuis 2012, le département de Tillia fait face à une insécurité qui devient de

plus en plus grandissante dans la bande nord malienne, frontalière avec le Niger. Ceci est dû à la

présence de plusieurs fractions des groupes armés non étatiques (Groupe d’auto défense Ighad et

Allié (GATIA) ; MNLA (mouvement national pour la libération de l’Azawad), Peulhs armés du groupe

Almourabitoune ; MUJAO et autres) qui contrôlent la zone et commettent des menaces et exactions

sur la population civile.

Participants de la mission du cluster protection à Tahoua

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Les départements de Tillia et Tassara dans la région de Tahoua sont les plus affectés par ce climat

d’insécurité dans les localités maliennes avec des impacts sur le territoire nigérien, ce qui a conduit

le gouvernement du Niger à reconduire les mesures d’état d’urgence dans ces deux localités en 2018

(y compris le couvre-feu et la fermeture des marchés d’Intikane et d’Agando).

Le département de Tillia est à la frontière avec le Mali au nord-ouest (350 km de frontière), avec le

département d’Abala et Flingué à l’ouest, avec la région d’Agadez et l’Algérie au nord-est. Cette

position géographique, avec une frontière très poreuse qui favorise les échanges socio-économiques

entre le Mali et l’Algérie et des liens familiaux entre les différentes communautés des pays voisins,

favorise des mouvements constants de population.

En effet, depuis 2012, la région de Tahoua continue d’enregistrer des vagues progressives de

mouvement de réfugiés maliens vers le Niger. A la date du 28 février 2018, 3 297 ménages de 18 221

individus (chiffres CNE février 2018) sont installés dans la zone d’accueil des réfugiés (ZAR) à

Intikane. Des flux migratoires sont enregistrés vers l’Algérie et la Libye en provenance d’autres

départements tels qu’Abala, Bagarwa et issus des mouvements internes de cultivateurs saisonniers

et de nomades transhumants.

Par ailleurs, la commune de Tillia subit les effets conjugués de la désertification, de l’érosion

hydrique et éolienne d’une part, et d’autre part de la forte pression animale et la baisse progressive

de la pluviométrie occasionnant une importante dégradation des ressources naturelles.

Au cours des derniers mois, plusieurs cas d’incursions et exactions des groupes armés non identifiés

ont été rapportés dans la bande frontalière avec le Mali et sur les axes commerciaux ainsi que des

saisies d’armes à feu et des produits liés au trafic sur des voyageurs en provenance de l’Algérie et la

Libye.

Le rapport de la mission de monitoring de protection dans le département de Tillia, ayant eu lieu

du 28 mars au 2 avril 2018, met en avant les risques de protection dans la région.

Lors de cette mission, il est ressorti lors des entretiens avec les différents groupes que la situation

sécuritaire demeure très critique et préoccupante. Sur les 132 personnes interviewées, 84%

estiment ne pas se sentir en sécurité et les raisons évoquées sont les suivantes : le département de

Tillia possèdent 350 km de frontière avec le Mali avec une seule position fixe des militaires à

Agando, malgré les patrouilles mixtes à Tillia, Telemces, Intikane Tagaramgaram, Assageygey, Akayas

qui ne permettent pas la couverture totale de la zone, l’existence de plusieurs pistes non officielles

et non contrôlés qui conduisent au Mali ; l’absence de l’Etat et d’interlocuteur gouvernemental du

côté du Mali ; la prolifération des armes dans la zone et la non dénonciation des suspects par crainte

de représailles (les groupes de jeunes ont fait mention de « loi du silence »).

Plusieurs types de mouvements de population ont été rapportés par les différents groupes : les

mouvements pendulaires des populations entre le Mali et le Niger (réfugiés et retournés) ; les

mouvements internes saisonniers des populations nomades ; les mouvements migratoires (Algérie,

Libye) ; et de possibles mouvements de déplacement interne suite à l’insécurité et aux opérations

militaires en cours.

Les nouveaux arrivés en provenance du Mali au cours du mois de mars 2018, rencontrés à Tillia,

donnent comme raison pour ce mouvement les facteurs suivants : le contrôle, l’appropriation, et la

répartition des zones de commandement par les différents groupes armés non étatiques opérant

dans la partie nord malienne problématique ; l’instauration et la mise en pratique de la « sharia»

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comprenant plusieurs contraintes, obligations et restrictions applicables à toutes personnes

résidants dans les localités sous leur contrôle et qui sont entre autres le port obligatoire de hidjab, la

fermeture obligatoire des points de vente à l’heure des prières, le payement de la dime/ zakat et la

justice coranique ; la recrudescence des conflits intercommunautaires ; la menaces des bandits

armés, les attaques, et plusieurs autres violations de droits.

Suite aux diverses évaluations multisectorielles dans le département de Tillia, il est ressorti que le

conflit intercommunautaire en cours entre quelques communautés Touaregs et Peulhs au nord Mali

et nord du département d’Abala (Niger) ayant causé plus de 70 personnes tuées à la fin du mois

d’avril 2018, les personnes menacées (en majorité des Peulhs) se déplacent vers Agando pour celles

venant du Mali et vers Assageygey pour les personnes déplacées internes venant de Abala.

Les tensions communautaires du nord Mali ont entrainé une vague de déplacements à Agando, les

personnes laissant derrière elles pour la plupart leurs habitats, animaux et autres biens. Elles sont

accueillies à Agando par la population hôte qui partage avec elles les maigres ressources dont elle

dispose malgré sa vulnérabilité. Certains d'entre eux, particulièrement les enfants, trouvent à

manger au niveau du camp militaire. Cette situation d'extrême vulnérabilité les expose à plusieurs

problèmes et risques de protection.

Les tensions communautaires du nord Mali ont également entrainé une vague de déplacements à

Agando puis Assagueyguey. Les personnes interrogées affirment ne pas être bien sécurisées dans

l’endroit de déplacement et relèvent des actes de tracasserie ou de violence quelconque suite aux

tensions intercommunautaires survenues dans le passé.

C’est dans ce contexte et pour suivre les actions de protection dans la zone, qu’une mission

d’évaluation des membres du Cluster Protection au Niger a été menée à Tahoua du 16 au 18 Juillet

2018.

Objectifs

Déterminer l’impact de l’insécurité et des mesures de sécurités prises sur la population en

termes de risques de protection ;

Evaluer les besoins de protection ;

Prendre contact avec les acteurs présents dans la région.

Personnes et institutions rencontrées :

La police nationale ;

Lee conseil régional ;

Le juge des mineurs ;

La DRPF/PE ;

Des acteurs travaillant dans le cadre de protection ;

Le point focal de la CNDH Tahoua ;

Des focus groupes (discussions de groupe avec la population à Tahoua) : jeunes filles, jeunes

garçons, hommes (leaders), femmes, personnes vivant avec handicap.

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Participants

Membres du cluster protection - plus spécifiquement CNDH, ONG ADESA, ONG ADKOUL, ANTD,

CONCERN, COOPI, DRC, HI, IEDA, OXFAM, UNFPA, UNHCR, comprenant le lead du SCVBG, la co-

facilitatrice du SCPE, et un représentant de la co-facilitation du cluster protection.

Jour 1 - 16 juillet 2018

Briefing sécuritaire (UNDSS)

Partie nord à la frontière avec le Mali : Etat d’urgence, sécurité volatile ;

Depuis 2016 pas d’enlèvement, mais vigilance toujours nécessaire ;

Opération militaire (« CHARE ») en cours dans la zone de Tillia-Tassara : patrouilles militaires

pour sécuriser la zone ;

Attaques dans le sud de la région surtout les jours de marché, de la part de bandits armés

(vers le sud) ;

Autres incidents sécuritaires : le 6 juillet un mort, incidents de circulation ;

Inondation : surtout dans la partie sud, beaucoup de dégâts matériels suite aux pluies du 15

juillet ;

Dans le nord (Tillia – Tassara) : nécessité d’une escorte miliaire ;

Dans le sud (Bagarua) : possible accès sans escorte, mais il y a les opérations ;

Prolifération d’armes légères (liée au trafic qui passe par Agadez), peu de dénonciation par

peur de représailles ;

La cellule de coordination civilo-militaire (CIMCORD) est active.

Rencontre avec les acteurs de protection (analyse du contexte)

Les acteurs APBE et ASB ont été suggérés par OCHA au vu de leur connaissance du contexte.

APBE :

Zone nord : on note une baisse de la fréquence des actes de banditisme (coupeurs de route,

pillage en moto pendant les jours de marché) qui influait sur la circulation de personnes et

de biens (surtout au niveau de Tassara et Tchintabareden) ;

Marchés encore fermés ;

Conflit intercommunautaire du côté du Mali – impacts sur la population :

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Stigmatisation de la communauté peuhle à cause des conflits intercommunautaires au

Mali : risques d’agression, de frustration et de marginalisation des membres de cette

communauté ;

Impacts notés sur la population en termes de santé, des armes circulent dans la zone, les

motos facilitent les actions des bandits (même s’il y a des patrouilles elles ne couvrent

pas toute la zone) ;

Braquage + règlement de compte entre communautés en conflit ;

Question de cohabitation entre le sous-groupe de touareg (daoussak) en conflit avec les

peuhls, risque d’une implication de toutes les communautés (« affiliation » entre

ethnies) ;

OCHA :

Impact sur la population des mouvements de population : l’accueil de personnes déplacées

pèse sur les infrastructures, sur les problématiques liées à l’hygiène et l’assainissement et

sur la sécurité alimentaire ;

Intervention RRM ACF (MSA) couplée à IRC (ERP) ;

Le gouvernement ne veut pas de sites à moins de 50 km de la frontière ;

Question de mixité de la population vulnérable : population hôte, retournés, PDI, réfugiés ;

Problématique d’assister les populations nomades ;

Attention à ne pas créer des conflits suite au ciblage de l’assistance : nécessité d’inclure la

population hôte ;

ONG ADKOUL (monitoring hebdomadaire des incidents de protection) :

Eviter la frustration de la population hôte, exemple du cas d’Intikane : les réfugiés et

retournés étaient assistés, après intervention de l’Etat les retournés n’ont plus été assistés,

créant des frustrations et des mouvements (vers le Mali puis à nouveau vers le Niger) ;

Conflit interethnique à Intikane : un représentant de chaque ethnie a été choisi pour

constituer un comité de sages afin de mener des discussions interethniques et résoudre le

conflit ;

ZAR : Comité de vigilance communautaire en place, nécessité de soutien (risque d’être

exposé aux menaces, manque de moyens) ;

ZAR est devenue une zone de transit et de trafic d’armes.

Rencontre avec la police

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Zone nord : absence de l’état malien, il n’y a pas un interlocuteur pour la question

d’infiltration de la frontière ;

Petit banditisme ;

La police n’intervient pas au niveau des zones frontalières (reçoit des personnes arrêtées par

les FDS/gendarmerie) ;

Conséquences de la situation : insécurité, la police n’est pas impliquée, pas de service à

Tillia, c’est plutôt la gendarmerie et l’armée ;

Absence des institutions : manque de services étatiques à cause de l’insécurité, manque

d’un officier de police judiciaire dans la zone ;

La population est très mobile : beaucoup de jeunes femmes mariées mais les maris ne sont

pas présents ;

Problème de déscolarisation et absentéisme (Tabala), cas d’exploitation des enfants, la

mendicité des enfants et des femmes est accrue avec la situation d’insécurité dans le nord ;

Trafic illicite/traite de personnes incluant des enfants (vers l’Algérie) ;

Problème des enfants de la campagne qui sont amenés dans les écoles coraniques au Nigeria

(en groupes de 50 enfants de 13-14 ans) ;

Les personnes déplacées sont plus exposées à ces risques parce qu’elles sont plus

vulnérables ;

Arrivée des PDI/réfugiés dans la périphérie de Tahoua, à côté des marchés.

Attentes vis-à-vis du cluster : formation sur la question de déplacement – réfugiés/PDI, définition,

comment se comporter avec les déplacés et les orienter.

Rencontre avec le Conseil Régional

La rencontre s’est effectuée avec le 1er Vice-président du Conseil régional et le Secrétaire Général.

Il existe un observatoire régional sur la migration à Tahoua dont le secrétaire général du

Conseil régional est le rapporteur. Cet observatoire est décentralisé et organise deux

rencontres intercommunales par an avec l’ensemble des acteurs et responsables.

L’Observatoire fait l’analyse de la situation et propose des solutions ;

Impact : selon le Conseil régional, la situation d’insécurité et la migration augmentent la

pression sur les services sociaux de base (eau, santé, etc.), due à l’arrivée de nouvelles

personnes ;

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Il existe une commission paix et sécurité dédiée à la prévention et à la gestion des conflits

communautaires. Elle est composée de 13 membres et est appuyée par la Haute Autorité à

la Consolidation de la Paix (HACP) ;

On signale des conflits autour des points d’eau ;

Problématiques de protection : déscolarisation des enfants liée au mouvement de

population, vulnérabilité des femmes chef de ménage (ou seules avec les enfants à cause du

départ des maris), risques de braquages, attaques physiques ;

Rencontre avec le Juge de Mineurs du Tribunal de Grande Instance de Tahoua

Clarification du mandat et fonctionnement du Cluster Protection par l’équipe d’évaluation ;

Cas concret présenté par le juge : deux enfants orphelins du Nigeria arrivés à Tahoua avec

leur mère qui s’est mariée 3 fois, confiés à un marabout (prise en charge ADKOUL

pour demande d’asile) ;

Dans la région il existe des familles d’accueil spontané (FAS) mais pas de familles d’accueil

temporaires (FAT), le juge signale un manque de suivi des enfants ;

Situation des enfants : une étude de 2015 de la direction nationale statistique présente les

données sur le taux de couverture vaccinale, la malnutrition, le mariage précoce (par

exemple par rapport à l’âge lors du premier mariage : 85% des femmes se sont mariées

avant l’âge de 20 ans) ;

Rencontre des participants de la mission du cluster avec le Conseil régional

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Mouvement des enfants : Tahoua est une zone de transit, on signale en particulier que la

population de Zinder traverse Tahoua vers l’Algérie ;

Traite d’enfants : la région est ainsi une zone de passage de femmes seules avec plus de 10

enfants (filles surtout) vers l’Algérie ; la pratique de « confiage » des enfants aux marabouts

(en groupes de 30-40 enfants) les expose à la mendicité (concerne surtout les garçons) ;

Dans le cas de ma réunification familiale des enfants victimes de traite, il y a un manque de

moyen pour faire le suivi après leur retour dans la communauté ;

Autres problématiques de protection de l’enfance : délinquance juvénile ; mariage d’enfant ;

déscolarisation ;

Les problèmes de protection structurels sont liés à la pauvreté, l’analphabétisme, le haut

taux de foyers monoparentaux ;

Le juge n’a pas d’information sur des cas de protection de l’enfant liés au déplacement dans

la zone frontalière de la région ;

Il signale toutefois des possibles risques d’enlèvement/association des enfants aux groupes

armés ;

Comité local de protection de l’enfant (crée en 2018) ; présidé par le juge des mineurs, la

DRPE, des associations d’artisans, leaders religieux etc., appuyé par des ONG. Ce mécanisme

dispose d’un plan d’action annuel : création de relais communautaires dans les

quartiers/villages ; sensibilisation sur la protection de l’enfant ; formation aux comités mises

en place, etc. La mise à jour du plan est prévue à la fin de l’année ;

Formation suivie en juin 2018 sur la migration des enfants (UNICEF-OIM) ; le juge a tenu une

formation des acteurs en gestion de cas.

Rencontre avec la Direction Régionale de la Promotion de la Femme et de la Protection de

l’Enfant (DRPF/PE)

L’équipe a rencontré le directeur régional et le divisionnaire protection de l’enfant (Direction de la

Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant).

La région dispose d’un mécanisme communautaire en matière de protection de l’enfant et

mouvements de population dénommé le Comité régional protection de l’enfant sous le

gouvernorat, qui descend jusqu’au niveau des départements (services départementaux). A

noter que le volet mouvements de population n’est pas opérationnel ;

Insuffisance de personnel (2 personnes + 1 volontaire) ;

Il existe des comités et relais locaux où tous les services techniques sont impliqués ;

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Au niveau des communes, le comité communal de protection de l’enfant est présidé par les

maires, au niveau des villages il existe des comités villageois. Cette approche est développée

au niveau des communes de convergence en situation normale ;

La Direction n’a pas d’information sur la situation d’urgence pour laquelle elle ne mène pour

le moment aucune action ;

Faible échange entre la DRPF/PE et les acteurs humanitaire (notamment les agences des

Nations Unies et les ONG) ;

Risques de protection :

- Il y a des cas de VBG en milieu scolaire qui ne sont pas identifiés et notifiés ;

- Cas de sexe de survie par des femmes à Madaou et Konin ;

- Mutilations génitales féminines (MGF) à Dan Gouriya ;

- Mariages précoces ;

- Exploitation et traite des enfants ;

- Tensions inter communautaires ;

- Manque de document d’état civil ;

- Abus sexuels.

Attente vis-à-vis du cluster : plus grande implication de la DRPF/PE dans les missions d’évaluation et

suivi des activités de protection.

Jour 2 – 17 juillet 2018

Rencontre avec le Chef de Canton

Les déplacés sont venus s’installer au compte-goutte et non pas en groupes massifs ;

Des personnes viennent s’installer aux alentours des grandes villes quand les récoltes sont

mauvaises (les femmes recherchent des activités domestiques, les hommes trouvent une

rémunération en coupant le bois) : certains repartent ensuite quand d’autres décident de

rester ;

Pas beaucoup de visibilité sur les mouvements de population venue du Mali ;

Un tissu de solidarité existe (population hôte qui se mobilise parfois pour apporter une aide

aux déplacés) ;

Problème du manque d’occupation de la jeunesse, de centres de formation et

d’opportunités économiques (favorisant la consommation de substances illicites, la

circulation d‘armes, les coupeurs de route) ;

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La ville de Tahoua connaît cette année des cas d’inondation suite aux pluies tombées depuis

le 15 juillet 2018 ;

La pratique du mariage précoce existe, mais elle est en diminution grâce aux activités de

sensibilisation menées par l’association des chefs traditionnels en partenariat avec certaines

agence des Nations Unies ;

Les chefs traditionnels font également des médiations en cas de conflits conjugaux.

Attente : Le chef de canton a surtout sollicité les partenaires à appuyer la région dans la lutte

contre le chômage, la délinquance juvénile.

Rencontre avec le point focal CNDH à Tahoua

Activités d’investigation sur les centres de détention, maisons d’arrêt, brigade gendarmerie,

commissariat de police (problèmes identifiés : manque de bâtiments et d’hygiène ; cas de

tortures par les gardes) ;

Visites d’investigation au niveau des CSI et des écoles, planification des visites des

entreprises ;

VBG : problème de déni de ressources (limite d’accès à l’héritage/au droit foncier pour les

femmes qui est lié à la coutume, aux lacunes législatives, à un manque d’application des

lois ; violences conjugales et domestiques (répudiation des femmes, garde des enfants en

cas de divorce) ;

Rencontre des participants de la mission du cluster avec le Chef de canton

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Manque de sensibilisation sur les rôles et questions de genre pour un changement de

comportement et connaissance des droits humains (en particulier des droits de femmes et

des enfants) ;

Arrestations arbitraires : des cas signalés mais réglés directement par la police ;

Enfants : déscolarisation en particulier des filles surtout en milieu rural, liée à la coutume

mais aussi au manque de structures d’accueil pour les filles en âge d’aller au collège

(manque de tuteur, abandon scolaire) ; problème de grossesses précoces (adolescentes) ;

exploitation des enfants (travail domestique) ; manque de structures scolaires adaptées

pour les enfants en situation de handicap ;

Aucune information sur la situation de la frontière avec le Mali ;

La CNDH prévoit de mettre en place une antenne CNDH pour la région de Tahoua.

Attente vis-à-vis du cluster : renforcement de capacité sur la collecte et partage de données et

informations de protection.

Rencontres avec la communauté de Tahoua

Les thématiques de protection ont été discutées avec la communauté de Tahoua à travers

l’organisation de cinq focus groupes : un groupe de leaders hommes, un groupe de femmes, un

groupe de jeunes garçons (entre 18 et 25 ans), un groupe de filles (entre 11 et 22 ans) et un groupe

de personnes en situation de handicap (PSH).

L’objectif de ces discussions de groupes était de comprendre l’opinion de la population locale de

Tahoua sur les thématiques liées à la protection dans la zone. Les discussions dans chaque groupe

ont été guidées sur les questions de protection générale, protection de l’enfance, VBG et pour le

groupe de personnes avec handicap sur des questions spécifiques liées à leur situation. En générale

on remarque peu de connaissance par rapport à la situation des déplacés dans la zone frontalière.

Cependant les discussions de groupe ont permis de faire ressortir les principaux risques et

problèmes de protection aperçus par la communauté de Tahoua.

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Les points les plus importants ressortis de la discussion avec chaque groupe sont les suivants :

Protection générale

En général toutes les personnes rencontrées affirment que les résidents de la région de Tahoua se

sentent en sécurité pour le moment et ne relèvent pas de limitations à leur mobilité. Les leaders

communautaires affirment ainsi que le Niger est entouré par la menace venant des pays voisins

(Mali, Burkina, Nigeria) et plusieurs efforts sont faits par les FDS pour préserver la sécurité. De plus,

les leaders sont informés des exactions des bandits armés au nord de Tahoua, de la fermeture des

marchés et ils ont parlé de la bonne circulation des personnes et des biens sauf dans les communes

de Tillia et Tchinta. Pour le groupe de femmes, la cohésion sociale est encore bonne entre les

populations habitant la ville de Tahoua, ce groupe ignore la situation dans le nord de Tahoua

(départements de Tilla et Tassara).

Par rapport aux incidents de protection ils signalent des cas de vol et de petit banditisme (selon les

jeunes surtout à cause du chômage), l’extorsion de biens, la consommation de stupéfiants, qui

contribue par fois à provoquer des bagarres surtout entre les jeunes. Le groupe des jeunes filles a

par ailleurs mentionné des cas de meurtres, et l’importance du nombre de cas de viols.

Certains groupes (jeunes, PSH) sont au courant de problème d’insécurité dans la zone nord à travers

les amis ressortissants de cette zone et les informations qui arrivent à travers les réseaux sociaux.

Toutefois et comme le groupe des femmes ils n’ont pas une connaissance détaillée de la situation

des déplacés.

Par rapport aux mouvements de population observés à Tahoua, la plupart sont des mouvements

migratoires.

Focus groupe avec les jeunes filles

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Les conflits intercommunautaires entre agriculteurs et éleveurs sont connus par les leaders et les

jeunes de Tahoua. Les leaders affirment qu’ils arrivent à gérer les conflits à l’aide des structures en

place et à les influencer par le mixage des ethnies à travers le mariage. Suite aux conflits

intercommunautaires en cours au Mali il est possible qu’il y ait des répercussions dans certaines

communautés de la région de Tahoua, d’où la nécessité de renforcer les activités de sensibilisation.

Egalement, les mouvements des éleveurs venant du Mali peuvent provoquer des conflits

intercommunautaires entre éleveurs dus aux aires de pâturage.

Les personnes les plus exposées aux risques d’atteinte à la personne sont, selon tous les groupes

interviewés, les enfants, les femmes et jeunes filles, les personnes en situation de handicap et les

personnes âgées. En particulier on signale parmi les femmes et jeunes filles celles cheffes de

ménage, seules ou veuves.

Les leaders communautaires et les jeunes affirment que la prise en charge des personnes à besoin

spécifique se fait par la solidarité communautaire, tandis qu’aucune prise en charge spécifique n’est

faite actuellement.

Enfin par rapport à la documentation civile, les différents groupes de la population, en dehors de

celui des femmes, ont parlé des difficultés d’obtenir les actes de naissance et d’autres pièces

d’identité civile, spécialement en milieu rural. Les leaders signalent également que plusieurs

accouchements se font à domicile, ce qui limite le taux d’enregistrement des naissances. Les groupes

des jeunes filles et des PSH ne signalent aucune difficulté pour l’obtention de pièces d’état civil.

Protection de l’enfance :

Les questions de séparation familiale sont très peu connues par les groupes enquêtés. Les jeunes

ont parlé des cas des enfants abandonnés (surtout les enfants nés hors mariage) et plus souvent en

milieu rural, ils disent qu’il n’y a pas de mécanisme de réponse à ces cas. Les jeunes filles ont

également mentionné les cas de jeunes filles enceintes chassées de chez elles.

Concernant les formes de violences courantes contre les filles et les garçons, les groupes ont listé les

châtiments corporels, les travaux pénibles, les agressions physiques, l’exposition surtout des filles au

sexe de survie, à cause du manque de moyens de la part de la famille. Une autre problématique des

enfants est la déscolarisation, surtout des filles qui arrivent à terminer l’école primaire mais

difficilement à continuer les études, particulièrement en milieu rural.

Les auteurs des violences envers les enfants sont surtout les parents et selon les leaders aussi les

garçons plus âgés dans la communauté.

Les leaders affirment qu’il existe des cas de mariages d’enfants, mais ils remarquent une réduction

grâce aux activités de formations et de sensibilisation mises en place par UNFPA et la DRPE. L’âge

varie entre 13 et 14 ans pour les filles et plus de 17 ans pour les garçons.

Au contraire les jeunes garçons disent qu’il n’y a pas de cas de mariage précoce, même s’ils signalent

que le mariage est une des causes de la déscolarisation des filles en particulier en milieu rural. A

l’inverse, les jeunes filles ont particulièrement souligné l’importance du nombre de mariages

précoces.

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Tous les groupes signalent qu’il y a des cas de violences sexuelles envers les filles et des cas de filles

qui pratiquent le sexe de survie. Selon les leaders, les cas de violences sexuelles sont fréquents et les

auteurs sont les jeunes garçons qui prennent des drogues. Par ailleurs, le groupe des jeunes filles

signalent quant à elles que l’ensemble des catégories d’hommes (âgés, jeunes) sont auteurs de

violences sexuelles.

Les principales causes de blessure et décès citées par les jeunes sont les accidents routiers et le

paludisme, qui cause souvent la mort d’enfants mineurs de moins de 10 ans.

Les jeunes pensent qu’il n’y a pas de groupes d’enfants qui sont marginalisés et même les enfants

porteurs de handicap ont la possibilité d’accéder à l’école et sont intégrés. Les jeunes filles ont

cependant indiqué une très forte discrimination à leur encontre.

Par rapport au travail des enfants, il concerne les filles et les garçons et il s’agit surtout des travaux

agricoles, des corvées d’eau, des travaux dans le ménage, la vente ambulante mais en général il ne

s’agit pas de travaux dangereux (bien que le groupe des jeunes filles ait mentionné la mendicité et la

pratique du vol). La communauté a tendance à corriger les parents qui exposent leurs enfants aux

travaux dangereux. Toutefois les jeunes signalent un grand nombre d’enfants « talibés », qui sont

confiés par leurs parents aux marabouts et qui sont obligé de mendier sur la route. Cette pratique ne

concerne que les garçons. Ils citent aussi le cas des enfants qui accompagnent les personnes avec

handicap.

Violence Basée sur le Genre :

En général, tous les groupes ont connaissances des différents types de violence basée sur le genre,

tels que le viol, l’agression sexuelle, l’agression physique et psychologique. Par contre bien que les

leaders, les femmes et les filles reconnaissent que le mariage des enfants est fréquent dans la région

de Tahoua, les jeunes et les PSH ne considèrent pas que cette pratique soit fréquente. Les leaders

interviewés ont connaissance de tous les types de VBG et savent bien les expliquer et les définir car

ils ont reçu plusieurs formations données par UNFPA.

Les types de VBG les plus répandus dans la communauté sont : les agressions physiques, le déni de

ressources et les mariages précoces (sauf pour le groupe de jeunes qui affirme qu’il n’y a pas des cas

de mariage d’enfant). Le groupe des jeunes filles a également particulièrement mis en avant la

prévalence de cas de viols et d’agressions sexuelles.

Les groupes les plus exposés sont les enfants et les femmes. Le groupe de PSH a parlé de l’existence

des cas de VBG chez les personnes handicapées.

Les auteurs présumés sont les parents pour les mariages précoces et le conjoint pour les violences

conjugales et le déni des ressources. Concernant les agressions sexuelles et les cas de viols, le groupe

des jeunes filles a considéré l’ensemble des catégories d’hommes (âgés, jeunes) et a mentionné le

cas d’hommes en quête de richesse qui violent des jeunes filles (incluant des handicapées) dans le

cadre de rituels.

Par rapport aux mécanismes communautaires de prévention de VBG, les groupes des hommes ont

signalé qu’ils existent des structures communautaires mises en place dans chaque quartier et

formées par le UNFPA, et ils ont signalé le référencement de cas à la DRPF/PE, la Direction régionale

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de la population et à la justice. Cependant les groupes des femmes et de jeunes filles n’ont pas

connaissance de ces mécanismes.

Pour répondre aux cas de VBG, les jeunes garçons affirment qu’il faut d’abord alerter le chef de

quartier et ensuite signaler le cas à la police. Ils ont remarqué que les services médicaux sont

payants, ce qui limite les personnes à signaler les cas et aider les victimes. Les jeunes filles indiquent

qu’il faut se rendre au centre de santé (seule si majeure ou accompagnée des parents si mineure) et

porter plainte. Elles ont indiqué se rapprocher de leur mère ou d’une amie si elles se trouvent en

situation d’agression sexuelle ou viol. Egalement, elles notent un changement des mentalités et

considèrent que la communauté soutient psychologiquement les survivantes.

Plus en général, les services disponibles pour la prévention et la prise en charge sont : des

sensibilisations, le service médical, les services sécuritaire et juridique. Pour le groupe des jeunes

filles, peu d’informations ont été partagées sur l’accès réel à ces services.

Il existe des cas de professionnelles du sexe et de sexe de survie, concernant les femmes et les

mineures. Ces femmes et filles sont mal appréciées et discriminées par la communauté, et

considérées comme des délinquantes. Concernant le sexe de survie, plusieurs groupes ont

mentionné le phénomène d’ « imitation », soit de jeunes filles (souvent mineures) qui se prostituent

pour accéder à des effets vestimentaires et de beauté. Le paiement des frais de scolarité a

également été mentionné. Les clients sont les hommes de la communauté, les jeunes adolescents et

les adultes. Les femmes ont également précisé en indiquant les enseignants, les personnes riches, et

certains chefs religieux. La pauvreté est le facteur principal qui conduit les femmes et les filles à

pratiquer le sexe de survie. Comme solution les leaders proposent la mise en place d’AGR, l’appui

des familles et des filles et des sensibilisations sur les risques, ainsi que sur les responsabilités des

parents. Les jeunes filles considèrent qu’accéder à un travail pour les femmes permettrait de réduire

le phénomène. Elles n’ont pas une connaissance précise des textes de lois et de la réponse actuelle,

mais elles souhaitent que l’Etat prenne des dispositions pour punir les clients. A noter également

qu’elles ont mentionné que les représentants de la loi peuvent être les auteurs de VBG ou clients de

prostitution, ce qui ne favorise pas une prise en charge réelle des cas.

Enfin, concernant les facteurs de risques exposant aux VBG, le groupe des jeunes filles a indiqué

l’absence des parents ou des responsables du foyer (être seule à la maison favoriserait les cas de

viols et agressions sexuelles), les sorties tardives dans l’obscurité. Elles ont également mentionné

qu’être femme ou enfant chef de ménage, ou pratiquante du sexe de survie favorise ces agressions.

Personnes avec handicap :

Le groupe rencontré était composé de 8 membres de la Fédération Nigérienne des Personnes

Handicapées (FNPH). Par rapport à la participation et l’inclusion sociale ils ne signalent pas de

problématiques particulières sauf des petites incriminations dont certains d’entre eux sont victimes

(difficultés d’avoir un époux ou épouse à cause du handicap). Globalement, les personnes porteuses

de handicap sont perçues positivement au sein de la communauté et compte tenu du handicap, les

membres de la famille, considèrent positivement leurs parents handicapés et les mettent souvent en

premier rang dans les sphères de prise de décisions.

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Par contre ils signalent des difficultés pour accéder aux infrastructures et services tels que les bus,

les toilettes, les points d’eau, les écoles qui manquent des mesures d’accessibilités (manque

d’enseignants spécialisés, absence de continuum post primaire).

L’ONG CADEV et HI fournissent un aide technique aux personnes avec handicap (tricycles, cannes

blanches, béquilles, orthèses, appareillage audio). Les informations sur les appuis et aides au

développement sont généralement véhiculées par la FNPH.

Il y a des activités économiques pour un nombre restreint des handicapés. Les secteurs concernés

sont : maroquinerie, menuiserie métallique et bois et la couture.

Par rapport aux difficultés le groupe a signalé : la non implication dans le processus de diagnostic et

les problèmes de protection de droit à l’alimentation (ils ont reçu 15 sacs de céréales donnés par la

Ministre de la Population, mais qu’ils estiment très insuffisants). Enfin ils souhaiteraient avoir un

appui pour la mise en place d’AGR, un renforcement de capacités, et une réduction des frais

médicaux.

Jour 3 – 18 juillet 2018

Débriefing de la mission d’évaluation

A la fin de la mission une restitution des résultats à été faite au président du conseil régional et au

chef de canton, afin de présenter les données et les informations collectées et les différentes

problématiques de protection ressorties lors des discussions, ainsi que les actions en cours par la

DRPF/PE et les acteurs de protection dans la région. Les recommandations ressorties pendant

l’évaluation (voir ci-dessous) ont également été présentées lors du débriefing.

Formation sur la protection des personnes déplacées internes

Le concept de PDI est nouveau, peu connu par une partie des acteurs et de la communauté de

Tahoua et souvent les PDI sont confondues avec les réfugiés et les retournés. La dernière journée a

pourtant été consacrée à la formation de 18 membres du Cluster Protection présents à Tahoua, sur

la protection des Personnes Déplacées Internes (PDI), les sources et les cadres légaux pertinents

pour la protection et l’assistance aux PDI (Principes directeurs, Convention de Kampala). La

formation a été animée par l’officier de monitoring de protection de l’UNHCR, qui faisait partie de

l’équipe d’évaluation.

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Recommandations

Aux acteurs humanitaires :

- Partager avec les autorités administratives et locales ainsi que les populations concernées la

méthodologie de ciblage des bénéficiaires pour les assistance e et les critères d’identification

des bénéficiaires pour éviter les tensions intercommunautaires suite à l’assistance

- Veuillez au respect du principe « do no harm » lors de nos activités dans la communauté

- Améliorer la communication et le partage des données en lien avec nos activités sur le

terrain avec les autorités administratives et locales ainsi que les directions régionales

sectorielles

Au Cluster Protection :

- Mener une étude sur les possibles conflits intercommunautaires dans la région de Tahoua

(possible implication de SFCG à travers la méthodologie du conflict scan)

- Faire un plaidoyer au conseil régional pour la mise en place d’un observatoire des

mouvements de population dans le département de Tillia, qui puisse intégrer le suivi des

mouvements des populations déplacées internes

- Renforcer les capacités des FDS sur les questions de protection et sur les principes directeurs

relatifs aux personnes déplacées internes

- Mettre à disposition du point focal CNDH des outils de collecte des incidents de protection

et violations de droits

- Mettre en place les activités de monitoring de protection dans la région de Tahoua

- Assurer une majeure implication de la DR/PF/PE dans les missions d’évaluation de

protection

Au SCPE :

- Faire une évaluation sur la protection de l'enfance en lien avec la situation d'urgence et de

déplacement (impliquer la DRPE)

- Réaliser une session de formation sur la protection de l’enfance aux acteurs de protection de

la région de Tahoua

- Assurer un suivi des plans d'action sur les Comités de protection judiciaire juvénile en

collaboration avec le juge de mineurs

Au SCVBG :

- Réaliser une session de formation sur les questions de VBG aux autorités administratives et

sécuritaires (conseil régional, FDS, etc.) de Tahoua

- Appuyer la DRPE/PF pour la réalisation d'une cartographie protection focus PE & VBG

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Annexes :

- Listes de présence

PC_Tahoua_juill2018_listes présence acteurs.pdf

- Cartographie des acteurs réalisée avec la DRPE

A la DRPF-PE :

- Transposer les mécanismes communautaires de protection de l'enfance en situation de

développement sur les zones de conflits et élargir aux autres questions de protection

- Assurer le suivi de protection de protection dans le département de Tillia (suite au

mouvement de population)

Au Conseil Régional :

- Intégrer la collecte systématique des données sur les PDIs en collaboration avec les

autorités locales et l’Etat civil

- Réactiver les Comités des sages pour appuyer les acteurs humanitaires pour les activités

communautaires de protection (prévention, gestion des conflits intercommunautaires)

- Elargir l’observatoire à d’autre type de déplacement (en plus de migration)